Trois Couleurs #68 – Février 2009

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CINÉMA I CULTURE I TECHNOLOGIE

NUMÉRO 68 I FÉVRIER 09

SEAN PENN

LE GAY POUVOIR





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SEAN PENN, PHOTOGRAPHIÉ PAR PHILIPPE QUAISSE

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CINÉMA 6_ 14_ 16_

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Tendances, Ciné fils, Regards croisés, Scène culte FOCUS : The Wrestler de Darren Aronofsky EN COUVERTURE : Harvey Milk Portrait de Sean Penn, entretien avec Gus Van Sant et Lance Black Z32 : Entretien avec Avi Mograbi Critiques de Bellamy, Eden à l’Ouest, Tulpan, Gran Torino, Revanche, 35 Rhums LE GUIDE des sorties en salles

CULTURE 42_ 44_ 46_ 48_ 50_

DVD : Valse avec Bachir, le documentaire dessiné LIVRES : Jonathan Coe, gentleman mélancolique MUSIQUE : Le folk sauvage et racé de Will Oldham LES BONS PLANS DE RADIO ART : Vides au Centre Pompidou

TECHNOLOGIE 52_ 54_ 54_ 58_

RÉSEAUX : L’informatique dans les « nuages » JEUX VIDÉO : La dématérialisation, mode d’emploi VOD : Mala Noche de Gus Van Sant SCIENCE-FICTION : Le Polaroid PoGo

ÉDITO + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + ++ + + + + + + + + + +

SOMMAIRE # 68

ÉTATS RÉUNIS « Les écrivains américains devraient vivre dans les marges, et se montrer plus dangereux. » L’auteur de cette phrase, Don DeLillo, a publié en 1971 un ouvrage dont le titre est devenu un genre artistique en soi : Americana. Ce livre, son premier, retrace la trajectoire d’un cadre de la télé yankee, qui, écœuré par «l’American way of life », s’improvise cinéaste d’avant-garde. C’est bien sous le signe de l’americana que se présente ce numéro. Dans Harvey Milk, Sean Penn incarne un activiste gay passé de l’ombre au pouvoir – parcours similaire à celui du réalisateur, Gus Van Sant, qui n’a cessé de bifurquer entre underground et Hollywood. Films cousins, Gran Torino et The Wrestler content eux aussi les fêlures de l’Amérique minoritaire, sur fond de catch, de guerres ethniques et de Springsteen crépusculaire. Bruce Springsteen ? Obama en a fait l’un de ses héros, de même l’acteur et chanteur country Will Oldham, interviewé dans ces pages. Quant à Sean Penn, c’est une chanson du « Boss » qui lui a inspiré sa première réalisation, The Indian Runner. Springsteen, ou comment bourlinguer entre marges et mainstream, rednecks et homos, serial killers et ouvriers white trash… De l’autoroute aux bas-côtés, la route n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle file et dévie, de traverse. _Auréliano TONET

ÉDITEUR MK2 MULTIMÉDIA / 55 RUE TRAVERSIÈRE_75012 PARIS / 01 44 67 30 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION > Elisha KARMITZ I DIRECTEUR DE LA RÉDACTION > Elisha KARMITZ elisha.karmitz@mk2.com I RÉDACTEUR EN CHEF > Auréliano TONET aureliano.tonet@mk2.com / troiscouleurs@mk2.com RESPONSABLE CINÉMA > Sandrine MARQUES sandrine.marques@mk2.com I RESPONSABLE CULTURE > Auréliano TONET I RESPONSABLE TECHNOLOGIE > Étienne ROUILLON etienne.rouillon@mk2.com I STAGIAIRE > Juliette REITZER, Raphaëlle SIMON, Victoire SOULEZ I ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Claire BASTIN, Isabelle DANEL, Pascale DULON, Clémentine GALLOT, Donald JAMES, Rémy KOLPA KOPOUL, Titiou LECOQ, Jérôme MOMCILOVIC, Sophie QUETTEVILLE, Bernard QUIRINY, Anne-Lou VICENTE I ILLUSTRATIONS > Thomas DAPON, DUPUY-BERBERIAN, Fabrice MONTIGNIER, Pierre ROUILLON DIRECTRICE ARTISTIQUE > Marion DOREL marion.dorel@mk2.com I IMPRESSION / PHOTOGRAVURE > FOT PHOTOGRAPHIES > Philippe QUAISSE (COUVERTURE) / Volker DOHNE, ADAGP / Emmanuelle JACOBSON ROQUES / DR PUBLICITÉ > RESPONSABLE CLIENTÈLE CINÉMA > Laure-Aphiba KANGHA / 01 44 67 30 13 laure-aphiba.kangha@mk2.com I DIRECTEUR DE CLIENTÈLE > Daniel DEFAUCHEUX / 01 44 67 68 01 daniel.defaucheux@mk2.com CHEF DE PUBLICITÉ > Solal MICENMACHER / 01 44 67 32 60 solal.micenmacher@mk2.com © 2009 TROIS COULEURS // issn 1633-2083 / dépôt légal quatrième trimestre 2006. Toute reproduction, même partielle, de textes, photos et illustrations publiés par MK2 est interdite sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur. // Tirage : 200 000 exemplaires // Magazine gratuit // Ne pas jeter sur la voie publique.


© Emmanuelle JACOBSON ROQUES

Croque-madame

À la ville comme à l’écran (Je te mangerais, en salles le 11 mars), Judith Davis impose un mélange subtil d’intelligence et d’instinct. Portrait par le menu d’une actrice qui mord la vie à pleines dents. Il est pire mise en bouche : on a découvert Judith Davis dans Jacquou le croquant, craquante en paysanne sans prétentions, entourant Jacquou d’un amour protecteur. Un personnage porté par des choix viscéraux, à l’image de celle qui l’incarne à l’écran. Guidée par l’envie, c’est au hasard de sa rencontre avec une troupe de comédiens que Judith s’initie aux saveurs du théâtre. Diplôme de philo en poche, elle crée la compagnie L’Avantage du doute, pour laquelle elle joue, écrit et met en scène. Le profil type de l’intello ? La belle balaie d’une phrase toute tentative de mise en boîte : « J’aime d’abord les rôles qui parlent de notre vie, de notre monde tel qu’on le voit à notre âge. Je n’ai pas ce fantasme, qu’ont certaines, de jouer la prostituée ou la droguée, et ne fais aucune différence entre cinéma et télé si le projet me tient à cœur. » Cette recette maison lui vaut d’être choisie par Sophie Laloy pour le rôle principal de Je te mangerais. Sa beauté franche et charnelle illustre à merveille l’ambivalence de Marie, femme-enfant impulsive qui éveille les appétits amoureux de sa colocataire, Emma. La vingtaine resplendissante, miss Davis évoque dans un éclat de rire son prochain rôle, « une protestante réac’ et coincée », pour la série TV Les Vivants et les morts de Gérard Mordillat. Entre ascèse et gourmandise, Judith marie les ingrédients avec un plaisir qui ne manque décidemment jamais de goût, ni de sel. _Juliette REITZER

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TENDANCES

CALÉ

DÉCALÉ

RECALÉ

Les gays

Les transgenres

Les hétéros

Deux jeunes femmes se dévorent dans l’épicé Je te mangerais, tandis le couple Sean Penn / James Franco boit du petit lait dans Harvey Milk : rarement l’homosexualité avait nourri le cinéma avec autant d’ardeur.

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Icône des sexualités indécises, Antony sort un troublant nouvel album, et en profite pour faire réaliser son dernier clip par les « frères » Wachowski, connus pour leurs penchants trans. Un détail tout sauf neutre.

Beyoncé houspille la gent masculine (If I Were A Boy), Rachida Dati dissimule ce papa qu’on ne saurait voir et Les Noces rebelles cartonnent en salles : le modèle du couple hétérosexuel branle de tous ses pieds.



Mise au poing

Sur le ring se joue bien plus qu’un combat. Les adversaires y gagnent un destin, une rédemption, une revanche sociale. Et les cinéastes, leurs plus beaux récits. Champion toute catégorie du box(e)-office grâce à la saga des Rocky, Sylvester Stallone a fait du ring le lieu d’enjeux idéologiques. Avec Rocky IV, la série culmine à l’occasion d’un affrontement homérique entre l’Amérique libre et la Russie communiste. Mais, loin de la Guerre Froide, Rocky Balboa clôt de manière mélancolique cette épopée de la gagne. L’Italo-Américain raccroche les gants, tout comme Jake La Motta, reconverti en tenancier minable de restaurant, et à qui Scorsese consacre le sublime Raging Bull. La chorégraphie des combats de ce filmuppercut renvoie dans les cordes tous les réalisateurs tentés de rendre hommage au noble art. Michael Mann s’y cogne pourtant et porte à l’écran la destinée exceptionnelle du boxeur activiste Mohamed Ali (Ali). Côté français, Lelouch retrace l’idylle d’Edith Piaf et de Marcel Cerdan (Edith et Marcel). Par amour d’une femme, les pugilistes sont prêts à se coucher. John Wayne reconquiert au poing les sentiments de sa femme dans L’Homme tranquille de John Ford. Kubrick mêle boxe et sentiments dans son très stylisé Baiser du tueur. Autres hymnes à l’amour conjugal, Nous avons gagné ce soir et Marqué par la haine de Robert Wise, deux films sur fond d’honneur et de combats truqués. La corruption gangrène le ring, comme dans Snake Eyes de De Palma où les pourris finissent mal. Des managers véreux arbitrent le destin de leurs protégés, au risque de leur unité familiale (Rocco et ses frères) ou de leur vie (Homeboy). Mais des entraîneurs deviennent des figures paternelles substitutives pour des boxeuses (Million Dollar Baby, Girlfight), en quête de reconnaissance familiale. Pour son fils, un boxeur déchu livre son dernier combat dans Le Champion, un mélo de King Vidor qui arrache les larmes des yeux. Les mêmes qui jaillissent de rire devant Charlot boxeur, où l’élastique Chaplin jongle plus qu’il ne se bat. Le mot de la feinte ? _S.M.

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CINÉ FILS

La bande originale

BRIGITTE ENGERER « Je te mangerais » (Naïve) « L’intérêt d’une musique classique est de nous donner beaucoup de rigueur dans l’émotion. » Le cinéaste Jean Renoir entendrait sans doute dans la BO de Je te mangerais une harmonieuse illustration de son propos. Résultat d’un accord parfait entre la réalisatrice Sophie Laloy et la pianiste Brigitte Engerer, qui joue son propre rôle dans le film, la bande-son offre à ce conte saphique le plus troublant des écrins. Parmi les pièces maîtresses figurent la grave Pavane pour une infante défunte de Ravel, et surtout Chiarina de Schumann, sublime point d’orgue. _J.R.

Le ciné livre

STÉPHANE BOUQUET ET JEAN-MARC LALANNE « Gus Van Sant » (Cahiers du cinéma) Cinéaste de l’adolescence en crise, nourri de westerns, de faits divers et de photographie, Gus Van Sant déploie une filmographie aussi protéiforme qu’admirée. Agrémenté de quelque 250 photos, l’ouvrage compte une quinzaine de chapitres, soit un par long métrage. De Mala Noche (1985) à Harvey Milk (2009), thèmes, esthétique et influences de chaque film sont placés dans une perspective chronologique, offrant au lecteur un fil directeur pour mieux appréhender une œuvre « à la fois neuve et prise dans le mouvement d’une génération. » _J.R.



REGARDS CROISÉS

Rourke vs Stallone

Illustration : Fabrice MONTIGNIER

Poids lourds du cinéma des années 1980, leurs insuccès répétés ont mis KO Mickey Rourke et Sylvester Stallone, une décennie plus tard. Mais en bons champions du box-office, ils se relèvent aujourd’hui, prêts à livrer un nouveau combat.

Q

uand on prend pour sujet le déclin d’une star comme Mickey Rourke, il est impossible de manquer son film. Darren Aronofsky l’a compris et livre avec The Wrestler un documentaire en filigrane sur l’ancien sex-symbol, responsable de l’érotisation du contenu d’un frigo dans Neuf Semaines et demie. La gueule d’ange, aujourd’hui défigurée par son passé de boxeur, les excès de boisson et la chirurgie esthétique, fait un retour remarqué depuis les années 2000, après avoir joué pour Coppola, Cimino et Schroeder. On le retrouve dans The Pledge de Sean Penn et dans Sin City de Roberto Rodriguez, où sa métamorphose impressionne. Quant à Sylvester Stallone, son come-back est unanimement salué dans Copland de James Mangold en 1997. Si Rourke, qui a remporté de nombreux combats de boxe professionnels, a choisi le ring contre le cinéma au moment où sa carrière culminait, Stallone ne l’a jamais vraiment quitté. Grâce à la série des Rocky, il accède au succès. Une notoriété gagnée au poing pour cet Italo-Américain. Six films plus tard (dont quatre qu’il réalise), il clôt sa saga avec le mélancolique Rocky Balboa. Autre obsession de sa vie, le personnage d’ancien vétéran du Vietnam, Rambo. Il annonce, en 2008, l’écriture d’un quatrième et dernier volet. Cette montagne de muscles, gonflée aux anabolisants, a prouvé qu’il était un scénariste plutôt doué, capable d’enrichir ses histoires d’une dimension politique. Loin de son image de héros décérébré de films d’action, il ambitionne même de réaliser un biopic sur l’écrivain Edgar Allan Poe, qu’il affectionne. La rencontre au sommet entre les deux acteurs a lieu en 2000. Considérés comme has been, ils se donnent la réplique dans Get Carter. La critique fait la moue. Cabossés mais encore vaillants, ces deux pugilistes réitèrent l’expérience dans The Expandables, un film d’action, actuellement en production, réalisé par Sly, avec Jet Li et Forest Whitaker. Un nouveau round triomphal ? _S.M.

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SCÈNE CULTE Le Secret de Brokeback Mountain

La montagne sucrée LA PETITE HISTOIRE : Gus Van Sant, qui a abordé à plusieurs reprises le thème de l’homosexualité, notamment dans son nouveau film Harvey Milk, devait initialement porter à l’écran la nouvelle d’Annie Proulx. Ce projet de western gay lui tenait à cœur, lui qui s’était essayé au genre en 1993 avec un road movie lesbien et satirique, Even Cowgirls Get The Blues. C’est finalement le Taïwanais Ang Lee qui relève le défi, mais il se heurte aux refus de nombreux acteurs. Avant sa disparition prématurée en janvier 2008, Heath Ledger accepte d’interpréter un cowboy homo, face à Jake Gyllenhaal. Le film remporte le Lion d’or à Venise.

LE PITCH : Jack (Gyllenhaal) et Ennis (Ledger) se rencontrent au cours de l’été 1963 sur le mont Brokeback, où ils sont employés comme bergers. Rapidement, les deux hommes se rapprochent et vivent une idylle, loin de l’Amérique conformiste de l’époque. Pendant vingt ans, les deux amants se retrouvent par intermittence, jusqu’au moment où la situation leur devient insupportable. Ils se voient une dernière fois sur le mont Brokeback…

ENNIS [très énervé, il hurle] : Je vais te dire une seule chose, Jack « le sale » Twist, et je ne blague pas. Toutes les choses que j’ignore pourraient causer ta mort si jamais je les apprenais. Je ne blague pas !

me parles du Mexique et tu me dis que tu me tueras parce que j’ai besoin d’une chose que je n’ai presque plus ! Tu n’as aucune idée à quel point tu me manques ! Je ne suis pas comme toi. Je ne peux pas me contenter de quelques baises en montagne, une ou deux fois par an ! Tu es trop pour moi, Ennis. Enfant de chienne de fils de pute ! J’aimerais savoir comment te laisser… ENNIS [les larmes lui montent aux yeux] : Alors pourquoi tu ne le fais pas ? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ? C’est à cause de toi que je suis comme ça ! Je ne suis nulle part, je ne suis nulle part !

JACK : Hé bien en voilà une, et je ne le dirai qu’une fois !

JACK [il s’approche d’Ennis et veut le prendre dans ses bras] : Ça va…

ENNIS : Vas-y !

ENNIS [rejetant Jack violemment] : Lâche-moi !

JACK : On aurait pu avoir une belle vie ensemble ! Un ranch à nous ! Mais tu n’en voulais pas, Ennis ! Alors, ce qu’on a maintenant, c’est le mont Brokeback ! Tout part d’ici, c’est tout ce qu’on a. J’espère que tu sais au moins ça, si tu n’en sais jamais plus… Compte les fois où on a été ensemble, en près de vingt ans. Mesure la laisse que tu m’as passée autour du cou, et seulement après, tu

JACK [il prend Ennis de force dans ses bras] : Ça va aller, ça va aller… [il craque] Va chier, Ennis… ENNIS [s’effondre dans les bras de Jack] : Je ne peux pas vivre comme ça, Jack.

Le Secret de Brokeback Mountain (Brokeback Mountain), un film d’Ang Lee, scénario de Diana Ossana et Larry McMurtry (2005, DVD disponible chez Universal).

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THE WRESTLER

SORTIE DE SCÈNE

..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... THE WRESTLER ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... UN FILM DE DARREN ARONOFSKY ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... AVEC MICKEY ROURKE, MARISA TOMEI... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... DISTRIBUTION : MARS ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ÉTATS-UNIS, 2008, 1H45 ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... ..................................................................... SORTIE LE 18 FÉVRIER ..................................................................... ..................................................................... .....................................................................

ROURKE // ARONOFSKY Immense film balafré, requiem pour un catcheur en bout de course, The Wrestler de Darren Aronofsky ressuscite le très déglingué Mickey Rourke. Un tour de force sur fond d’Amérique en lambeaux, montrée au crépuscule de sa puissance. ans la série « que sont-ils devenus ? », Randy Robinson, jadis icône flamboyante du catch, est aujourd’hui un lutteur cardiaque et décati. Manutentionnaire dans un supermarché le week-end, il vivote dans un mobile-home parqué sur un lotissement crépusculaire. À la poursuite de sa gloire passée, «The Ram » rejoue sans fin des combats outranciers, inversement proportionnels au dénuement et au vide affectif de son existence. À ce chemin de croix quotidien viennent se greffer l’espoir d’une rédemption familiale (avec sa fille, Evan Rachel Wood) et une love-story contrariée (avec Marisa Tomei, en strip-teaseuse débordée). Cette étoile déchue du catch est campée, synchrone, par une épave du cinéma américain,

D

bras de fer de deux ans, Aronofsky est parvenu à imposer Mickey Rourke contre Nicolas Cage, tout en réunissant une improbable coproduction franco-américaine. La postérité donnera sans doute raison à ce choix imprudent, la résurrection de Rourke ayant été sanctifiée par la presse et l’industrie, qui a récompensé sa performance dans The Wrestler d'un Lion d’or à Venise et d’un Golden Globe. Comme pour valider ce come-back, la tête brûlée sera bientôt à l’affiche de The Expendables, Iron Man 2 et Sin City 2. « C’est un acteur qui aime la compétition et le challenge », commente Aronofsky, qui semble avoir employé son temps à canaliser Rourke. L’acteur infernal a en effet consciencieusement sabordé sa carrière, refusant de nombreux rôles (Pulp Fiction,

« J'AI EU L'IMPRESSION DE FAIRE UN DOCUMENTAIRE SUR MICKEY ROURKE JOUANT UN CATCHEUR. » DARREN ARONOFSKY Mickey Rourke, lui-même ancien boxeur dont le visage cabossé témoigne d'une carrière tumultueuse. Méconnaissable, il arbore pour l’occasion une crinière blonde peroxydée. Réalisateur à la réputation mitigée, Darren Aronofsky a un temps incarné le monopole de la modernité, avec Pi et Requiem For A Dream, à la fin des années 1990. En 2006, le cinéaste new-yorkais avait vu trop grand avec The Fountain puis, survivant à ce naufrage, il a ressorti de ses placards un vieux projet, l’idée d'un film thématique sur le catch, qu'il nourrissait depuis sa sortie d’école de cinéma. Il en a développé le scénario avec Robert Siegel, ancien journaliste de l'hebdo satirique The Onion. En un sens, The Wrestler peut être vu comme un pari sur Hollywood : au terme d'un 14 I TROIS COULEURS_WWW.MK2.COM_FÉVRIER 09

Les Incorruptibles...) et s’adonnant aux excès en tous genres. Un échec dont Rourke ne se cache pas : « Si j'avais su que cela me prendrait quinze ans pour revenir, j'aurais fait autrement. J'ai tout perdu. » Révélé chez Coppola dans Rusty James et chez Cimino avec L'Année du dragon, Rourke est un abonné des nanars et des rôles sulfureux (Neuf Semaines et demie, Angel Heart). Longtemps poids moyen, issu de la même école de boxe que Mohamed Ali, il a fini par ranger ses gants au placard en 1973. Avant de s'y remettre en 1991 et de raccrocher définitivement en 1995, défiguré. À 55 ans, il a dû suivre une préparation physique de deux mois pour The Wrestler : «C’est le film le plus difficile que j'ai jamais fait », avouait-il au New York Film Festival en septembre dernier, comparant la lutte à de la danse, plus qu'à de la boxe.


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FOCUS

Parabole à peine masquée du septième art, The Wrestler rend hommage à la mystique kitsch et saturée d’un sport qui possède lui aussi ses stars, bariolées et rugissantes : de grands gaillards aux sobriquets exotiques («The Ayatollah», « Necro Butcher », « Lex Lethal »…), en slips fluo moulants, s'étripant à l'agrafeuse et à la fourchette. Le film ne fait aucun mystère du commerce cru des corps : « Cela m'intéressait de montrer comment des gens sacrifient leur corps, leur vie et leur âme pour divertir les autres», explique le cinéaste (dans la même veine, il prépare en ce moment The Fighter, avec Mark Wahlberg). Hormis l’hilarant Super Nacho, le catch n’a pas encore connu son heure de gloire au cinéma, contrairement à la boxe, consacrée sous des formes diverses

encombré par son propre corps. «J'ai souvent eu l'impression de faire un documentaire sur Mickey Rourke jouant un catcheur, je voulais que ce soit le plus vrai possible », précise-t-il. Cette mise en scène dépouillée, qui puise autant dans le néo-réalisme italien que dans le cinéma américain indépendant d’une Laurie Collyer (SherryBaby), enregistre la vie précaire qui palpite sous le programme imposé du drame. «J'ai été formé par le cinéma vérité, c'est une forme que j'aime et que je voulais revisiter depuis longtemps. C'était un tournant radical après The Fountain. » Écartelé entre prise mâle (la testostérone fatiguée de Rourke, icône des «dude movies») et prise femelle (la touche mélodramatique apportée par la fille et la strip-teaseuse), The Wrestler porte

« SI J'AVAIS SU QUE CELA ME PRENDRAIT QUINZE ANS POUR REVENIR, J'AURAIS FAIT AUTREMENT. J'AI TOUT PERDU. » MICKEY ROURKE chez Keaton, Scorsese, Stallone ou Mann. Pourtant, avec la rigueur de son cérémonial et sa brutalité frelatée, ce sport immensément populaire aux États-Unis est d’abord affaire de mise en scène. Roland Barthes en a d’ailleurs fait le trope d’une Mythologie : «Le catch n’est pas un sport, c’est un spectacle, écrit-il. Le public se moque complètement de savoir si le combat est truqué ou non, et il a raison ; il se confie à la première vertu du spectacle, qui est d’abolir tout mobile et toute conséquence. »

un regard sans complaisance sur une Amérique en débris, celle des faubourgs blancs paupérisés. Pas un hasard si le film se clôt sur un morceau du chantre de l’americana «white trash », Bruce Springsteen. « Ma seule foi réside dans les fractures et les bleus que j’exhibe / Je sors toujours avec moins que je n’avais en arrivant », chante le « Boss » dans cette ballade acoustique expressément composée pour le film. Un générique en forme d’éloge funèbre qui adoucit un peu, pour notre héros, le gouffre qui s’ouvre devant lui après être entré de plain-pied dans la légende.

Ironiquement, c’est en filmant un sport où le simulacre est roi qu’Aronofsky s’est enfin débarrassé des gadgets visuels qui paralysaient son cinéma. Avec sobriété, il promène sa camera à l’épaule sur la carcasse de ce personnage

_Clémentine GALLOT

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HARVEY MILK

SEAN PENN

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LE CŒUR SUR LA MAIN Il y a un an tout juste, Into The Wild le consacrait cinéaste de premier plan. Avec Harvey Milk de Gus Van Sant, son plus beau rôle depuis longtemps, Sean Penn prouve qu’il reste un acteur précieux. Portrait d’un écorché vif. qui voudrait percer le code de la filmographie de Sean Penn, une image de 21 Grammes offrait, il y a cinq ans, une possible clef. Dans le film d’Iñárritu, où il joue un professeur d’université cardiaque, une scène le montre, littéralement, le cœur sur la main : fraîchement transplanté, son personnage est alité et on lui glisse dans la paume, archivé dans un bocal, l’organe malade qu’on vient de lui tirer de la poitrine. L’image est un raccourci pertinent parce que Penn est probablement, de toute sa génération, l’acteur le plus viscéral, un corps éternellement secoué par un bouleversement intérieur qu’il s’agirait, toujours, de faire remonter à la surface. Du très beau Comme un chien enragé, qui le révélait face à Christopher Walken, à La Dernière Marche (où il incarnait un autre condamné à mort), Penn joue à vif, comme on le dirait d’une blessure, et comme s’il lui fallait commencer par disséquer ses personnages, pour faire palpiter le jeu au rythme de leurs humeurs.

A

Enfant du sérail (père cinéaste, mère actrice), Sean Penn est nourri au lait d’une tradition, très seventies, d’acteurs expressionnistes et électriques, dont il revendique l’héritage : ses affinités avec Dennis Hopper (il joua sous sa direction dans Colors, et lui offrit un rôle dans The Indian Runner, son premier film en tant que metteur en scène) et Jack Nicholson (qu’il a dirigé deux fois, dans The Crossing Guard, puis The Pledge) n’ont rien pour surprendre. Il paya même un double tribut à ces monstres du Nouvel Hollywood en baptisant son fils «Hopper Jack». Acteur par deux fois pour De Palma (Outrages, L’Impasse) et Terrence Malick (La Ligne

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rouge, le prochain Tree of Life), on sait aussi l’admiration qu’il portait à Cassavetes, à qui il dédia The Indian Runner. Lequel Cassavetes, avant de mourir, voulait lui confier le rôle de She’s So Lovely, finalement réalisé par son fils Nick, et pour lequel Penn reçut un prix d’interprétation à Cannes. De Cassavetes, Penn a hérité une notion du jeu comme événement purement physiologique, une manière de donner corps, littéralement, à ses personnages, et puis de précipiter ce corps dans un torrent d’affects. Logiquement, il a joué beaucoup de personnages borderline, excessifs, tous au bord d’un semblable abîme : chiens fous (Comme un chien enragé, Colors), addicts en tous genres (alcoolique dans She’s So Lovely, cocaïnomane dans L’Impasse), psychotique (L’Assassinat de Richard Nixon), salaud hystérique (Outrages), assassin repentant (La Dernière Marche), jusqu’au père ivre de chagrin de Mystic River, de Clint Eastwood. Les rôles sont divers, mais l’exécution régulière, invariablement volcanique : toujours, il y a quelque chose qui remonte, secoue le corps, le plie à son diktat – et d’ailleurs Penn ne met rien d’autre en scène quand il dirige Viggo Mortensen dans The Indian Runner, puis Nicholson dans The Crossing Guard : il les soumet à une identique et douloureuse gymnastique. Forcément, au-dessus d’une pareille formule, pour efficace qu’elle est (Penn collectionne les récompenses), plane le spectre du surjeu et de la pure « performance » (son rôle d’imbécile heureux, de sinistre mémoire, dans Sam, je suis Sam). Ses détracteurs pointent ses tics, le jugent trop grimaçant, et il est arrivé, c’est vrai, que l’on


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PORTRAIT

Extraits de Harvey Milk (en haut), Mystic River (en bas à gauche), Outrages (en bas au milieu) et Sam, je suis Sam (en bas à droite).

se lasse de ce faciès sempiternellement affligé, ce coulis de visage sur un gâteau d’affects, devenu trop identifiable, jusqu’à l’auto-caricature. Alors que le doute menaçait de s’installer durablement, Sean Penn revient à son meilleur dans Harvey Milk. Pas tant parce qu’il se serait débarrassé de ses grimaces : au contraire, son visage semble ne s’être jamais autant plié, déplié, replié. Seulement, les fils qui en commandent la torsion sont moins visibles, ou, du moins, raccordés à des affects moins identifiables, plus mystérieux. Les plis qui, ici, creusent le visage, se referment sur une profondeur qui faisait défaut à ses précédents personnages, lui offrant de redéployer une gamme qu’il n’avait pas exploité de la sorte depuis L’Impasse, qui reste probablement son plus beau rôle à ce jour.

centrale du ciné-monde, comment se poursuit le dialogue entre les rôles et l’homme public ? Retiré loin du barnum hollywoodien (il vit désormais dans la baie de San Francisco), moins prompt aux excès (il fut, à l’époque, l’un des derniers compagnons de beuverie de Bukowski), définitivement consacré pour son œuvre de cinéaste (Into The Wild, nouvelle tranche d’americana qui le voit explorer les grands espaces dans le sillage de Thoreau, fit l’unanimité), et invité l’an dernier à présider le jury du Festival de Cannes, Penn semblé s’être, pour le moins, assagi. Pourtant la rage demeure, recyclée dans un militantisme fiévreux qui l’a vu, ces dernières années, devenir la personnalité hollywoodienne la plus engagée depuis Jane Fonda. Désormais, la presse se fait l’écho d’un Sean Penn citoyen du monde : elle lui

« PENN A JOUÉ BEAUCOUP DE PERSONNAGES BORDERLINE, EXCESSIFS, AU BORD D’UN SEMBLABLE ABÎME. » À un journaliste américain qui lui demandait récemment où il puisait son énergie, après plus de vingt-cinq ans de carrière, il répondait vivement : «la rage». Il y a fort à parier que, vingt ans en arrière, il aurait fait une semblable réponse. De ses rôles d’écorchés vifs à son caractère de tête brûlée, il n’y avait qu’un pas, que la presse ne se privait pas de franchir, commentant la moindre de ses frasques – de son mariage turbulent avec Madonna au séjour qu’il fit en prison après avoir tabassé un figurant sur le tournage de Colors. Vingt ans plus tard, tandis qu’il est devenu une figure

ouvrait ses colonnes à l’occasion de ses fréquents voyages en Irak ou de ses rencontres avec Hugo Chavez, tandis qu’il désertait les tapis rouges pour les tribunes. Nul doute, alors, que cette reconversion de la tête brûlée en activiste ne fut pas tout à fait étrangère à son immersion dans la trajectoire politique d’Harvey Milk. _Jérôme MOMCILOVIC

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HARVEY MILK

GUS VAN SANT

AUX AGUETS

Premier politicien américain à afficher ouvertement son homosexualité, Harvey Milk a milité en faveur de l’égalité des droits des gays jusqu’à son assassinat, en 1978. De la honte à la fierté, de New York à San Francisco, son parcours nous est raconté par Gus Van Sant et son jeune scénariste, Lance Black, à l’origine d’un biopic admirable. us, avec Harvey Milk, vous revenez à une forme de cinéma plus classique. Pourquoi ? GUS VAN SANT : J’ai fait récemment beaucoup de longs métrages dont les scénarios, scènes ou dialogues se répondent. Dans Harvey Milk, je raconte une histoire sur un mode moins contemplatif que dans mes derniers films. Au stade du montage, la structure du récit a commencé à devenir plus traditionnelle, du fait du rythme rapide de la narration.

G

En quoi l’histoire d’amour entre Harvey Milk et Scott Smith, joué par James Franco, était-elle déterminante pour la structure du film ? LANCE BLACK : Cette histoire est la plus substantielle que Milk ait vécue. Tout le film s’articule autour d’elle, jusqu’au flash back final. Le film se base sur des faits réels. Milk a vraiment sacrifié sa relation pour son combat.

désormais le mariage qu’aux personnes de sexe opposé, ndlr], la communauté se mobilise de nouveau. Harvey a montré la voie. Je vis en Californie, où les mots «gay» et « mariage» ne sont jamais prononcés ensemble. Donc, d’une certaine manière, nous avons perdu. Je rêve d’une loi fédérale qui reconnaisse l’égalité de nos droits. La scène où Dan White, l’assassin de Milk, s’apprête à accomplir son geste meurtrier évoque Elephant, jusque dans le traitement du son. Êtes-vous d’accord ? GVS : Josh Brolin, qui joue White, nous a donné des suggestions pour filmer cette scène. Il est vrai qu’on voit son personnage emprunter des couloirs, avant d’aller descendre Milk. Mais je n’ai pas fait référence de manière consciente à Elephant. Ce climax est lyrique et nous voulions que chaque plan le soit d’une certaine façon.

« HARVEY MILK A PERMIS À BEAUCOUP DE GAYS DE SORTIR DU PLACARD, D’ÊTRE ENTENDUS. » GUS VAN SANT Considérez-vous que Milk a gagné la lutte pour l’égalité des droits des homosexuels ? GVS : Milk, le premier, a donné une tribune à un mouvement qui s’est développé pendant dix ans. Il a permis à beaucoup de gays de sortir du placard, d’être entendus, même si les évènements à San Francisco n’ont jamais eu de répercussions à un niveau national. LB : La lutte continue, mais elle est en sourdine depuis que Milk est mort. Les progrès sont lents aux États-Unis. Après l’adoption de la proposition 8 en novembre 2008 [modification de la Constitution de l’État de Californie, qui n’autorise 18 I TROIS COULEURS_WWW.MK2.COM_FÉVRIER 09

Le film laisse entendre que Dan White était peut-être gay. Qu’en pensez-vous ? GVS : Harvey Milk le prétendait, mais je n’en suis pas certain. LB : Peut-être était-ce une face cachée de sa personnalité ? Harvey appréciait Dan mais, les deux dernières semaines de sa vie, il a commencé à raconter autour de lui que c’était un homosexuel refoulé. Mon défi, en tant que scénariste, était de comprendre la motivation de l’acte de Dan White. Il était frustré à bien des niveaux et pas seulement sexuels, mais surtout politiques. Je ne pense pas qu’il était homophobe, mais il appartenait au San Francisco conservateur. Son


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ENTRETIEN

histoire familiale entre aussi en ligne de compte. Son père était un héros, pas lui. Tous ces éléments convergent... Anticipant sa mort, Harvey Milk a enregistré un testament audio qu’on entend en voix off. L’avez-vous écouté intégralement ? GVS : Il existe quatre versions de cet enregistrement. Je crois avoir écouté la troisième et Sean Penn a eu accès à deux d’entre elles. Milk en avait fait plusieurs car il voulait les transmettre à différentes personnes. Les bandes ne devaient être écoutées qu’après sa mort, dans le cas où il serait assassiné. Elles avaient pour vocation de désigner son remplaçant à la mairie de San Francisco. LB : Il y avait là une vraie matière dramatique car Harvey savait ce qu’il faisait. On pourrait le taxer d’égocentrisme, sauf qu’il avait raison. GVS : Il avait reçu beaucoup de menaces de mort donc il n’était pas sans ignorer que quelque chose de fâcheux pouvait lui arriver. Pouvez-vous nous parler des différentes archives que vous avez utilisées dans le film et notamment celles du début, où des policiers font une descente dans un bar gay ? GVS : C’est le fruit de nombreuses recherches. Nous avons accumulé beaucoup de matière : archives télévisuelles, coupures de journaux, photographies du quartier de Castro, où Milk s’était établi. Ces documents nous ont aidés à reconstituer l’ambiance de l’époque, en plus du travail sur les costumes qu’a fourni l’équipe technique. Nous avons décidé d’avoir recours à des images d’archives car il nous fallait des plans de foule. Nous n’avions pas nécessairement le budget pour les tourner. Celles qui ouvrent le film datent de 1951 et se passent à Miami.

Pourquoi le film n’a-t-il pas pu être réalisé avant 2008 ? LB : Gus voulait réaliser ce film depuis 1992. Mais les studios à l’époque auraient orienté l’histoire sur la vie politique à San Francisco. C’était avant Brockeback Mountain, donc avant que les financeurs ne réalisent qu’ils pouvaient faire un film hollywoodien rentable, avec un personnage principal gay. Gus tenait à son projet et l’a défendu. Nous n’avons rencontré aucune censure. C’est un grand changement par rapport aux années 1990. Considérez-vous qu’Harvey Milk est un film éducatif sur la condition homosexuelle ? LB : 75% des personnes qui ont vu le film aux États-Unis sont hétérosexuelles. Quant aux gays, beaucoup y sont allés avec leurs familles, dans un but pédagogique. Ce film peut aider des jeunes gens de ma génération, pas forcément gays, qui ont besoin de reconnaissance. Il faut que la communauté homosexuelle réalise que si elle a perdu la proposition 8, c’est parce qu’elle a réitéré les erreurs du début des années 1970. Pensez-vous que l’arrivée au pouvoir d’Obama va changer la donne ? LB : Les démocrates ont la réputation de soutenir les gays, mais on verra bien. Bill Clinton avait suscité de grands espoirs en son temps et pourtant, les lois les plus régressives ont été votées sous son mandat. L’administration Obama doit reconnaître nos droits si elle veut notre soutien et nos votes. _Propos recueillis par Sandrine MARQUES

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Z32

AVI MOGRABI

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UNE TRAGÉDIE ISRAÉLIENNE Célèbre pour son irrévérence, le cinéaste israélien Avi Mograbi recueille dans son nouveau film, Z32, les propos d’un officier de Tsahal ayant participé à un crime de guerre. Il en profite pour renouveler les codes du genre documentaire, auquel il greffe masques numériques et chœurs antiques. oila le type d’œuvre à faire mentir ceux qui croient que tous les documentaires se ressemblent. Depuis des années, en une belle poignée de films, le réalisateur Avi Mograbi n’a cessé de faire bouger les frontières du genre, à un niveau tant politique qu’esthétique. Engagé, mais jamais manichéen, son cinéma secoue fort, très fort. On n’est pas habitué à autant d’irrévérence au sujet d’Israël de la part d’un citoyen israélien. On n’est pas habitué à autant d’intelligence au cinéma. Promettons, à qui découvre ce film, un véritable choc. L’énigme du titre nous a été expliquée par le réalisateur lors de son passage à Paris : «Depuis des années, je travaille

V

très compliqué à faire ! On peut néanmoins dire qu’il y a des restes de ces idées dans le film. » Après s’être entretenu avec le jeune homme plusieurs fois, Avi Mograbi lui a confié une caméra pour qu’il se filme lui-même. Dès les premières images, il se révèle dans son intimité, en compagnie de sa petite amie. La relation entre l’officier et cette femme ouvertement pacifiste semble des plus inhabituelles. Elle s’adresse à son amant de manière franche, directe et amicale. L’homme espère le pardon. Elle cherche à être rassurée. « Au moins ça te travaille », dira-t-elle. Le point de vue de la jeune femme guide tout le film. Peut-on tout pardonner ? Comment, en attendant le pardon, partager le même toit ?

« CE SOLDAT AURAIT PU ÊTRE MON FILS. L’ARMÉE L’A TRANSFORMÉ EN UNE MACHINE À TUER. » A. MOGRABI bénévolement pour une organisation qui collecte des témoignages de soldats ayant effectué leur service dans les territoires occupés. J’ai écouté des douzaines et des douzaines de personnes. Z32 est le numéro d’archive du témoignage du soldat que j’interroge. » Ce qui émeut le plus dans ce témoignage d’un ex-soldat d’élite ayant participé à une sanglante mission de représailles, c’est la forme qui le met en valeur, inattendue et grinçante : Z32 fascine tout autant par son histoire que par le parti pris radical adopté, celui d’une tragi-comédie burlesque et musicale. « Avant même de commencer à filmer, j’avais plusieurs idées pour la construction du film. L’une était d’enregistrer le soldat assis face à la caméra. L’autre consistait à transposer le témoignage écrit du soldat en un opéra. C’était 20 I TROIS COULEURS_WWW.MK2.COM_FÉVRIER 09

Une histoire qui s’adresse, en filigrane, à tous les citoyens des pays en guerre : « Ce qu’a fait le soldat, explique Avi Mograbi, relève de notre responsabilité. C’est notre armée et d’une certaine manière c’est moi, avec mes impôts, qui finançons de telles opérations. » Z32 ne dévoile jamais les visages du soldat ou de la jeune femme. Le jeune homme apparaît d’abord « flouté », puis « masqué ». C’est à cette condition qu’il a accepté de jouer le jeu. Car aujourd’hui, il craint d’être reconnu par des Palestiniens ou par un tribunal militaire... « Pendant le tournage, nous avons fait des tests pour appliquer un masque numérique en deux dimensions. Nous avons finalement retenu des masques 3D créés par un ordinateur, appliqués sur les visages des protagonistes après le tournage. Parfois,


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RENCONTRE

pour des raisons techniques, il se passe de drôles de choses. Le masque n’est pas animé et pourtant on a l’impression qu’il change, qu’il s’adapte selon ce qu’il se passe dans la voix, dans les yeux du personnage. » Car, derrière les masques, transparaissent les lèvres et les yeux. S’ils préservent l’identité, les masques soulignent et amplifient l’émotion. Qu’il s’agisse de la gêne ressentie par la jeune femme ou du plaisir pris par le soldat à commettre un meurtre... Un plaisir obscène : « Ce qui a déclenché en moi l’envie de faire le film autour de ce soldat en particulier, c’est que cet homme, s’il exprimait aujourd’hui des remords, admettait également avoir pris du plaisir en commettant

vous vous saluez. Il existe un temps avant, pendant, et après l’interview. C’est compliqué. Que puis-je faire, moi, face à un homme qui a commis un tel crime ? Qui s’adresse au soldat? Est-ce le réalisateur ou bien l’être humain ? » Toutes ces questions sont soulevées dans Z32 par le réalisateur lui-même. Il y occupe la place centrale d’un chœur antique qui va avec ses chansons teinter le film d’une amertume caustique et le transformer radicalement. « La musique permet de prendre de la distance, d’élargir le sujet. » Les textes des chansons, écrits par le cinéaste, s’inspirent directement de discussions entre lui et son épouse, que l’on ne voit jamais. Cette dernière lui déclare,

« S’IL EXPRIME AUJOURD’HUI DES REMORDS, LE SOLDAT ADMET ÉGALEMENT AVOIR PRIS DU PLAISIR EN COMMETTANT SON CRIME. » A. MOGRABI son crime. » Le masque transforme le soldat en une sorte d’acteur anonyme ; loin de la cacher, il révèle la face sombre de l’homme à côté de nous. En nous ? « Je pense que ce soldat est une personne ordinaire. L’armée l’a transformé en une machine à tuer. Cela aurait pu être mon fils, le fils du voisin, de votre voisin. D’une certaine manière, vous pouvez dire que ce soldat aurait pu être moi. C’est difficile à croire, mais j’y crois. Et, dans ce sens, mon film dit peut être quelque chose sur nous... » Avi Mograbi ne livre pas de documentaires bourrés d’images archives, engourdis par une voix grave soporifique. Ce qu’il documente se trouve moins du côté du factuel que de l’humain. « Quand vous faites un film, vous commencez par rencontrer la personne avec qui vous le faites. Vous vous rencontrez, RETROUVEZ L’INTERVIEW FILMÉE D’AVI MOGRABI SUR WWW.MK2.COM

entre autres, que le soldat masqué ne peut pas être un sujet de film : « Je pense qu’elle veut dire qu’il ne devrait pas faire l’objet d’un film, mais l’objet d’une action politique. Je pense aussi que si elle dit cela, c’est parce qu’elle parle de mon engagement. Qui suis-je ? Un réalisateur, un artiste ou une personne qui s’engage moralement, politiquement?» Avi Mograbi appartient à une minorité invisible (20 % de la population) de pacifistes, de non-sionistes. Il est malgré lui devenu leur porte-parole : « Comparé à ce qui vient de se passer à Gaza, mon film est léger. Nous sommes aujourd’hui dans le cercle vicieux de la guerre et je ne vois aucune porte de sortie. C’est ça, la réelle tragédie ! » _Donald JAMES

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BELLAMY

GARE AU VIEUX DRILLE Pour ses 50 ans de cinéma, Chabrol signe Bellamy, un film de jeune homme. Libre, lumineux, plein d’amour et de malice, un brin anar et saupoudré de mélancolie, aussi. Au passage, il dirige pour la première fois Gérard Depardieu, et ça valait l’attente. l s’appelle Bellamy (presque) comme chez Maupassant, il est commissaire, comme chez Simenon, et bon enfant, comme chez Courteline. Ça se passe du côté de Nîmes, mais aussi à Sète, où les immortelles chansons de Georges Brassens flottent comme de gentils fantômes. Il y a une histoire d’escroquerie à l’assurance et de disparition. Traîne aussi un rôdeur insistant, qui fait penser à notre fin limier que les choses ne sont pas uniquement ce qu’elles ont l’air d’être. Car bien qu’en congés et voué aux mots croisés, à la sieste et à la réfection d’étagères, bien qu’entouré de sa femme, aimante et aimée, et de son demi-frère, mi-adoré, mi-détesté, Bellamy n’en reste pas moins flic. Il ne peut s’empêcher de mener son enquête. Gérard Depardieu est Bellamy : carrure imposante, nonchalance apparente, fêlure invisible. Il y a bien longtemps qu’on ne l’avait vu ainsi sur un écran, à la fois lui et un autre, en toute simplicité, en toute évidence. Claude Chabrol et sa scénariste Odile Barsky ont écrit ce personnage pour lui. Il est le pivot d’un film solaire qui ne néglige pas sa part d’ombre, d’un polar classique qui n’oublie pas son supplément d’âme. La lumière du Sud se conjugue à l’éclat et à la pureté des sentiments de Bellamy pour son épouse (la douce – et trop rare – Marie Bunel). La noirceur des desseins de quelques aigrefins fait écho aux sombres souvenirs enfouis du petit frère alcoolique, mauvais sujet pas vraiment repenti (Clovis Cornillac, excellent). Si les situations pèsent parfois, les dialogues, eux, s’envolent sans prévenir, se font délicieux, malicieux : – Vous êtes revenus pour des clous ?, demande la vendeuse du magasin de bricolage. – J’espère pas !, répond le commissaire. Dans cette œuvre libre et libertaire, la gaieté rend heureux, même si le bonheur n’est pas (toujours) gai ; le crime ne paie pas, les criminels non plus, d’ailleurs ; et le respect de la loi n’empêche pas un certain désordre de régner. _Isabelle DANEL

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Parce que c’est la première fois que Chabrol écrit un ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ scénario en pensant à un acteur, et pas le moindre : ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Gérard Depardieu. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour le très bel hommage, tout en duplicité, rendu aux ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ romans de Georges Simenon. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Parce qu’on y sifflote du Brassens. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................

............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ UN FILM DE CLAUDE CHABROL ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ AVEC GÉRARD DEPARDIEU, CLOVIS CORNILLAC, MARIE BUNEL… ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ DISTRIBUTION : TFM // FRANCE, 2009, 1H50 ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ SORTIE LE 25 FÉVRIER ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................



EDEN À L’OUEST

HOMÈRE PATRIE À travers une Odyssée-fable qui rompt avec son ton habituel, Costa Gavras livre un regard grinçant mais jamais misérabiliste sur l’accueil des étrangers aujourd’hui. Rencontre avec un cinéaste solaire et engagé. on, ce film n’est ni homérique, ni biblique – si ce n’est qu’il parle d’humanité. Elias traverse la Méditerranée pour gagner Paris, ville des lumières. Sur son chemin, il rencontre des gens qui l’aident, d’autres qui le rejettent ou l’utilisent… Le personnage d’Elias est avant tout un révélateur des contradictions des pays d’accueil, comme nous le confie le réalisateur : « Je voudrais qu’avec ses yeux, on découvre notre société, même les choses qu’on ne veut pas voir ou qu’on ne voit plus.» Costa Gavras, qui a lui-même émigré de Grèce quand il était jeune pour s’installer en France, signe ici, comme à son habitude mais de manière plus personnelle, un film engagé. Il veut dénoncer ce «racisme exaspéré» entretenu par le discours sécuritaire des hommes politiques. De fait, Elias est traqué en permanence par la police, au point d’être effrayé par tous les uniformes et de détaler devant des pompiers, comme Charlie Chaplin devant les matelots dans Les Temps modernes ! L’auteur d’Amen se défend cependant de dramatiser la situation. C’est d’ailleurs l’un des points forts du film, qui évite l’écueil du misérabilisme en optant pour un ton volontiers léger et lumineux : « C’est un film solaire. Ce que le soleil éclaire est très dramatique, mais le soleil est toujours là... » Elias est un personnage de fable, naïf et peu disert, qui se retrouve à son insu dans des situations burlesques. Il s’apparente à un extraterrestre, qui méconnaît nos (étranges) convenances et parle peu, ou alors dans une langue inventée (par Gavras) : «J’ai fait exprès qu’on ne sache pas d’où il vient. Le problème n’est pas son origine ; c’est d’abord un être humain, et il doit être considéré comme tel, basta. » Avec Eden à l’Ouest, Gavras a voulu rendre hommage à tous les émigrés, ces «personnes de qualité, au caractère trempé». Il y est parvenu.

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_Raphaëlle SIMON

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............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ UN FILM DE COSTA GAVRAS ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ AVEC RICCARDO SCAMARCIO, JULIANE KÖLHLER, ULRICH TUKUR, ÉRIC CARAVACA... ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ DISTRIBUTION : PATHÉ // FRANCE, GRÈCE, 2008, 1H50 ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ SORTIE LE 11 FEVRIER ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ RETROUVEZ L’INTERVIEW FILMÉE DE COSTA GAVRAS SUR WWW.MK2.COM


TULPAN

DRESSER L’OREILLE Documentariste reconnu, Sergey Dvortsevoy réalise une première fiction bouillonnante, qui a pour décor la splendeur désertique des steppes kazakhes. Célébration magistrale de la vie quotidienne, Tulpan est aussi un formidable récit initiatique. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour le mystère qui entoure Tulpan, une fiancée ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ qu’on ne voit jamais à l’image. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour les facéties involontaires des animaux ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ auxquelles répond l’énergie des enfants. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour la séquence de mise bas qui devrait susciter ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ des vocations vétérinaires. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................

............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ UN FILM DE SERGEY DVORTSEVOY ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ AVEC ASKHAT KUCHINCHIREKOV, SAMAL YESLYAMOVA … ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ DISTRIBUTION : ARP SELECTION // KAZAKHSTAN, ALLEMAGNE, 2008, 1H40 ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ SORTIE LE 4 MARS ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................

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ulpan a beau s’ancrer au fin fond du Kazakhstan, parmi les nomades, son propos universel abolit toute frontière géographique. De retour parmi les siens après son service militaire, Asa souhaite se marier. Mais ses oreilles hypertrophiées déplaisent à Tulpan, l’une des rares épouses potentielles alentours. Asa va apprendre à grandir au contact de la nature et à dépasser cet échec. La vie s’engouffre dans chacun des plans que compose avec art le réalisateur. Des animaux entrent et sortent du champ, un enfant court en tous sens devant la caméra, des cris couvrent les dialogues. À ce sujet, Sergey Dvortsevoy confie : « J’adore quand l’inattendu fait irruption, quand les choses surviennent par hasard. J’ai toujours aimé les réalisateurs qui se servent de ce qui entre dans le champ et arrivent à l’utiliser à bon escient. » Tulpan se regarde autant qu’il s’écoute. Les oreilles, responsables du malheur sentimental du héros, deviennent la métonymie lumineuse d’une œuvre comme chambre d’échos de la vie turbulente environnante. Le camarade d’Asa, sorte de Mad Max survolté des steppes, carbure à la disco de Boney M, tandis qu’une gamine chante à tue-tête des ritournelles et que les animaux mêlent leurs clameurs à ce joyeux brouhaha. «Cette respiration due au son est capitale, précise le réalisateur. Même si on a une image vide à l’écran, elle vit grâce au son qui transforme l’énergie de chaque plan. » Reste la scène pivot du film, un long plan séquence de dix minutes où une brebis met bas. Le héros change à partir de cette séquence qui entérine son passage à l’âge adulte. En délivrant la bête, il se libère de ses oripeaux juvéniles. Les conditions qui ont entouré la conception de cette scène furent si difficiles que le cinéaste la qualifie de «miracle sur pellicule ». À l’image du film, récompensé notamment par le Prix Un Certain Regard et le Prix de l’Éducation nationale. Devant tant de beauté, en effet, impossible de rester sourd. _S.M.

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GRAN TORINO

PÈRE ET IMPAIRS À 78 ans, Eastwood s’improvise mathématicien virtuose. Derrière la chronique parentale de Gran Torino se cache en effet un formidable film-somme, où le cinéaste fait prendre la tangente à son propre mythe.

G

ran Torino commence et finit sur un enterrement – et pourtant, d’un deuil à l’autre, toutes les hypothèses de ce film éminemment mathématique auront été invalidées, déplacées, retournées. Équation de départ : soit l’acariâtre Walt Kowalski (Clint Eastwood), exouvrier de chez Ford, vétéran de la Guerre de Corée, resté fidèle à son quartier de Détroit, dont il constate avec aigreur l’évolution démographique – ces dernières années, plusieurs familles asiatiques se sont installées alentours. Engoncé dans ses préjugés, le vieil homme fait du surplace, à l’image de la rutilante Ford Gran Torino 1972 qui ne quitte jamais son garage. Son épouse, récemment décédée, tenait à ce qu’il passe à confesse ? Il oppose une fin de non-recevoir au Père Janovich, venu à cet effet. Son fils se soucie de sa santé vacillante ? Il l’envoie balader sans ménagement. Un événement, cependant, dérègle le statu quo : la tentative de vol de la Gran Torino par le jeune Tao, ado introverti manipulé par le gang du quartier. Trouvant là sa matrice, l’intrigue s’affole, glissant de symétries subtiles en vendetta exponentielle, jusqu’à la résolution, christique et cruciforme, du problème. C’est d’ailleurs dans sa structure ultra-géométrique que réside la beauté du film. Le long d’une pelouse ou d’un pâté de maison, Eastwood miniaturise à grands traits les contours de sa propre mythologie. Tout y est, ou presque : le justicier carré et solitaire (fantôme de l’inspecteur Harry ou des westerns léoniens), le passage de relais générationnel (Un Monde Parfait, Million Dollar Baby), l’irruption endémique du Mal (Mystic River), le souvenir traumatique du front (Mémoire de nos Pères, Lettres d’Iwo Jima), la force inébranlable des femmes (L’Échange), la dernière sortie du héros fatigué (Space Cowboys)... Boucler la boucle sans pour autant cesser d’avancer : pas de doute, les calculs d’Eastwood s’avèrent toujours aussi justes. _Auréliano TONET

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............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour les dialogues jouissifs, d’une grossièreté ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ au couteau, entre Eastwood et son coiffeur. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour la classe de la Ford Gran Torino 72, rendue ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ célèbre par la série Starsky & Hutch. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour la manière dont le cinéaste revisite son mythe, ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ et son rapport à l’Amérique. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................

............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ UN FILM DE CLINT EASTWOOD ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ AVEC CLINT EASTWOOD, BEE VANG, AHNEY HER… ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ DISTRIBUTION : WARNER // ÉTATS-UNIS, 2008, 1H55 ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ SORTIE LE 25 FÉVRIER ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................



REVANCHE

RÉDEMPTION Auteur de cinq longs métrages, dont deux seulement distribués en France, l’Autrichien Götz Spielmann traite dans Revanche de la perte et du rachat. Nominé aux Oscars 2009, un film empreint de poésie et d’humanité, qui révèle un grand cinéaste.

R

evanche : le titre évoque un film noir, un récit de vengeance. Il n’en est rien : c’est avant tout une histoire de sentiments. Alex est très amoureux de Tamara, une jolie prostituée ukrainienne qui officie dans le bordel où il travaille à Vienne. Ensemble, ils entreprennent un braquage pour se construire une nouvelle vie, loin de leur milieu sordide. Mais l’opération tourne mal et Tamara se fait abattre par un représentant de l’ordre. Alex se retire dans la ferme isolée de son grand père, qui jouxte la maison du policier responsable de la mort de sa compagne. Il se livre dès lors à un combat intérieur : comment prendre sa revanche sur cet homme ? Nécessairement par vengeance ? Pour y répondre, Spielmann construit son film autour d’une double rupture. D’ordre formel d’abord : le ton change radicalement au cours du film. La première partie, urbaine, obéit aux codes du film de genre. Revanche s’ouvre comme un thriller et s’ancre dans le milieu de l’argent, de la violence et de la prostitution. Spielmann, qui avait pu choquer avec son précédent film Antares, expose de nouveau des scènes de sexe crues, parfois brutales. Mais une fois qu’Alex se réfugie à la campagne, le film bascule. Surgissent alors le silence, la solitude, les sentiments contradictoires de personnages tourmentés par la culpabilité, la haine ou l’amour. Loin du simulacre des villes, la vérité peut éclore, si l’on veut bien la nourrir. La mise en scène, précise et épurée, permet aux émotions de naître avec justesse – voir l’utilisation ultra-sensuelle des murmures de la campagne, suscitant tour à tour l’angoisse ou l’apaisement. L’autre rupture est d’ordre symbolique. Revanche conte l’histoire d’une rédemption, celle d’un homme qui va comprendre, au gré des rencontres, où se trouve sa réelle consolation. Entre les lignes d’un thème plutôt sombre, Götz Spielmann figure que tout a un sens, avec une grande poésie. _R.S.

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............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour la manière sensible et sensuelle avec laquelle ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Spielmann filme la campagne. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour les acteurs qui expriment avec justesse ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ des sentiments complexes. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour l’émotion que véhicule le personnage du grand............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ père, interprété par Hannes Thanheiser. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................

............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ UN FILM DE GÖTZ SPIELMANN ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ AVEC JOHANNES KRISCH, URSULA STRAUSS, ANDREAS LUST... ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ DISTRIBUTION : MK2 DIFFUSION // ALLEMAGNE, 2007, 2H01 ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ NOMINÉ À L’OSCAR DU MEILLEUR FILM ÉTRANGER ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ SORTIE LE 11 MARS ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................



35 RHUMS

TRAINS DE VIE Avec 35 Rhums, Claire Denis livre une chronique familiale sensible. Observant avec délicatesse un amour filial, elle capte le mouvement secret des sentiments, les pulsations urbaines et la beauté des visages. Hypnotique.

C

haque film de Claire Denis repose sur une croyance absolue dans la puissance de la mise en scène. Économie de dialogues, geste épuré, son cinéma s’adresse aux « sensations qui deviennent une histoire », comme le confesse la réalisatrice de Trouble Every Day. L’argument de 35 Rhums est simple. Lionel (Alex Descas), conducteur de RER, élève seul sa fille Joséphine (Mati Diop). Leur relation fusionnelle pourrait être celle d’un couple. Mais Noé (Grégoire Colin), un voisin solitaire, aime Joséphine. Le moment inéluctable de la séparation est venu pour le père et la fille. Minimaliste, 35 Rhums se réfère « au cinéma d’Ozu, où le père devient l’ange protecteur de la famille ». Or, Lionel doit accepter que sa fille suive son propre chemin. Filmés avec la sensualité qui caractérise la cinéaste, les corps portent la marque de leur devenir. Une volonté pour Claire Denis de «transmettre ce qui est inscrit sur un visage, autrement dit, une destinée ». La séquence d’ouverture de 35 Rhums donne la tonalité mélancolique d’ensemble. Sur le quai de la gare, Lionel regarde les trains passer, en s’allumant des cigarettes. La nuit tombe sur Paris. Le temps se dilate, une atmosphère onirique s’installe. La partition du groupe anglais Tindersticks insuffle au film sa sourde langueur urbaine, qui s’origine dans le roulement des trains. «Il y a une telle similitude entre la caméra et le train qui roule, une espèce de rythme, de défilement. Je me suis inspirée du film muet allemand de Walter Ruttman, Berlin, La Symphonie d’une grande ville », commente Claire Denis. La présence de la chanteuse et icône Ingrid Caven consacre la musicalité de 35 Rhums : « La filmer était impressionnant. Elle a quelque chose de très rare : elle est fraîche. » Parenthèse poétique du film, le voyage en Allemagne scelle les derniers instants de communion entre Lionel et sa fille, avant que le train de la vie ne l’emporte au loin. _S.M.

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............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour la jeune Mati Diop, dans le rôle de Joséphine, ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ qui fait des débuts à l’écran prometteurs. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour Alex Descas, en père secret et aimant, tout en ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ émotion retenue. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ Pour la magnifique photographie d’Agnès Godard, ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ fidèle complice de la réalisatrice. ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................

............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ UN FILM DE CLAIRE DENIS ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ AVEC ALEX DESCAS, MATI DIOP, GREGOIRE COLIN, INGRID CAVEN... ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ DISTRIBUTION : WILD BUNCH // FRANCE, 2008, 1H40 ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ SORTIE LE 18 FEVRIER ............................................................................................................ ............................................................................................................ ............................................................................................................ RETROUVEZ L’INTERVIEW FILMEE DE CLAIRE DENIS SUR WWW.MK2.COM




LE GUIDE

DES SALLES

DU MERCREDI 11 FÉVRIER AU MARDI 17 MARS

La Petite Fille de la terre noire - Un film de Jeon Soo-il

SOMMAIRE SORTIES DU 11 FÉVRIER 34_Tony Manero de Pablo Larrain // La Petite Fille de la terre noire de Jeon Soo-il // Doute de John Patrick Shanley // La Légende de Despereaux de Sam Fell et Robert Stevenhagen 35_Ricky de François Ozon SORTIES DU 18 FÉVRIER 35_Le Code a changé de Danièle Thompson // Ferien, chronique d’un été de Thomas Arslan // Au diable Staline, vive les mariés ! d’Horatiu Malaele et Vlad Paunescu SORTIES DU 25 FÉVRIER 36_Boy A de John Crowley // 14 kilomètres de Gerardo Olivares // Nord Paradis de Christophe Lamotte SORTIES DU 4 MARS 36_Last Chance For Love de Joel Hopkins 38_Delta de Kornel Mundruczo // Pelléas et Mélisande, le chant des aveugles de Philippe Béziat // Pour un fils d’Alix de Maistre SORTIES DU 11 MARS 38_ Le Déjeuner du 15 août de Gianni Di Gregorio 39_ Je te mangerais de Sophie Laloy // Villa Amalia de Benoît Jacquot // Welcome de Philippe Lioret // Loin de la terre brûlée de Guillermo Arriaga LES ÉVÈNEMENTS MK2_40 > 41

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LE GUIDE_DES SORTIES EN SALLES

TONY MANERO

LA PETITE FILLE DE LA TERRE NOIRE

Un film de Pablo LARRAIN Avec Alfredo Castro, Amparo Noguera, Hector Morales… Distribution : Sophie Dulac // Chili, Brésil, 2008, 1h38 // Sortie le 11 février

Un film de JEON Soo-il Avec Yu Yun-mi, Park Hyun-woo, Jo Young-jin... Distribution : Zootrope Films // Corée du Sud, 2008, 1h29 // Sortie le 11 février

Santiago, 1978 : le régime de Pinochet fait régner un climat de suspicion et de terreur généralisé. Quinqua maniaque, danseur amateur et larron de bas étage, Raul Peralta ne jure que par La Fièvre du samedi soir. La tenue prochaine d’un concours du meilleur «sosie de John Travolta», organisé par la télé chilienne, attise l’obsession du vieil adolescent... Film cru et frontal, porté par une interprétation compulsive, Tony Manero vaut surtout pour son idée-force : faire du disco un exutoire des frustrations sexuelles, culturelles et politiques de la société chilienne, participant autant à sa libération qu’à son acculturation.

Entre un frère attardé et un père à la dérive, l’univers d’une fillette bascule. Accrochées au flanc des collines charbonneuses, les maisons et la neige hivernale sont le terrain de jeu de la pétillante Young-lim. Alors que l’exploitation minière locale tend à disparaître, entraînant les hommes dans sa chute, l’innocence de la petite fille contraste avec le spectacle d’une humanité piétinée. Par son traitement documentaire, cette fable sociale dépeint le mode de vie d’une région sud-coréenne, en même temps qu’elle véhicule des problématiques universelles. Bluffants, les jeunes acteurs sont à découvrir absolument.

_A.T.

_J.R.

INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS

DOUTE

LA LÉGENDE DE DESPEREAUX

Un film de John Patrick SHANLEY Avec Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams… Distribution : Walt Disney // États-Unis, 2008, 1h45 // Sortie le 11 février

Un film de Sam FELL et Rob STEVENHAGEN Film d’animation Distribution : Universal // États-Unis, 2008, 1h30 // Sortie le 11 février

1964, New York : réputée pour son sens de la discipline, la directrice d’une école catholique du Bronx accuse un prêtre de pédophilie auprès d’un élève noir, sans preuve tangible... En portant sa pièce à succès à l’écran, John Patrick Shanley confirme son talent de dramaturge et parvient avec subtilité à laisser planer le doute. Si le style est quelque peu académique, le bras de fer entre les deux acteurs principaux est vraiment explosif. Les répliques fusent et Meryl Streep convainc autant en nonne sévère aux certitudes inflexibles, que Philip Seymour Hoffman en prêtre sensible et progressiste. Une apologie du doute, accessible à tous.

Despereaux Tilling réussira-t-il à rendre sa soupe, sa princesse et sa joie de vivre au royaume de Dorr ? Cette petite souris intrépide aux très grandes oreilles préfère lire les livres que les manger et rêve de devenir chevalier. Mais il brise les codes de ses craintifs congénères. Banni, Despereaux échoue alors chez les rats où il fait la connaissance d’un autre marginal : Roscuro. Adapté d’un best-seller de la littérature pour enfants écrit par Kate DiCamillo en 2003, La Légende de Despereaux se pose en fable moderne digne des meilleurs contes de Walt Disney. Sa morale ? La taille importe peu lorsqu’il s’agit de changer le monde…

_R.S.

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_Victoire SOULEZ NB : nous n’avons pas pu voir ce film dans nos délais de fabrication.


LE GUIDE_DES SORTIES EN SALLES

RICKY

LE CODE A CHANGÉ

Un film de François OZON Avec Alexandra Lamy, Sergi Lopez, Mélusine Mayance… Distribution : Le Pacte // France, Italie, 2008, 1h30 // Sortie le 11 février

Un film de Danièle THOMPSON Avec Karin Viard, Dany Boon, Marina Foïs, Patrick Bruel… Distribution : StudioCanal // France, 2008, 1h40 // Sortie le 18 février

François Ozon est un cinéaste-caméléon ; après son romanesque Angel, il se lance dans un trip kafkaïencomique qui a le mérite de surprendre. Pas d’insecte monstrueux ici, mais Ricky, joli bébé joufflu issu de l’amour de deux ouvriers banlieusards (Lamy et Lopez). À la stupeur de ses parents, l’enfant se voit pousser deux ailes de poulet dans le dos… Ricky est un film hybride, mi coq-mi poulet, à la croisée de la chronique sociale, du fantastique, de la comédie et du mauvais goût délicieux. Ce n’est pas tous les jours qu’on ose nous montrer un bébé volant se vautrer avec fracas après s’être pris une porte. Et rien que pour ça, ça vaut le coup d’œil.

Y a-t-il une recette infaillible pour réussir un dîner entre amis ? Que les liens soient anciens ou nouveaux, familiaux, professionnels ou occasionnels, c’est la loterie. Cette soirée-ci n’échappe pas à la règle : concoctée par Danièle et Christopher Thompson, elle brasse avec malice la réalité des quadras – lassitude du couple, angoisses professionnelles, vieillissement, ressentiment et pardon... Les personnages sont si joliment dessinés qu’on s’y retrouve, soi ou son entourage! Ajoutez à cela onze comédiens impressionnants d’abattage, et vous avez les ingrédients indispensables pour réussir une comédie… _I.D.

_R.S.

FERIEN, CHRONIQUE D'UN ÉTÉ

AU DIABLE STALINE, VIVE LES MARIÉS !

Un film de Thomas ARSLAN Avec Angela Winkler, Karoline Eichhorn, Uwe Bohm… Distribution : Les Acacias // Allemagne, 2008, 1h31 // Sortie le 18 février

Un film d’Horatiu MALAELE et Vlad PAUNESCU Avec Doru Ana, Alexandru Potocean, Medea Andreea Victor… Distribution : Castel Films // Roumanie, 2008, 1h27 // Sortie le 18 février

L’été, les vacances, la famille. Le paradis… ou l’enfer ? Sous une lumière chaude et idyllique, des enfants jouent, une table se remplit de mets à l’ombre d’un gros arbre, des corps s’alanguissent dans la maison. Mais la grand-mère est malade, la mère regrette son premier mari, la fille cache une aventure… Sous le calme apparent règne la tempête. Malgré une impression de déjà-vu, cette chronique familiale pleine de non-dits captive comme un reportage sur nos propres vies. La beauté des images et la présence à la fois radieuse et opaque d’Angela Winkler, figure éternelle du cinéma allemand engagé des années 1970, font le reste.

Metteur en scène de théâtre reconnu, le Roumain Horatiu Malaele livre un premier film tragi-comique à cheval entre Chaplin et Kusturica. Roumanie, de nos jours. À l’occasion d’un reportage sur des phénomènes paranormaux, le maire d’un village rasé par les communistes nous raconte son histoire. 1953 : Mara et Iancu sont sur le point de célébrer leurs noces, mais la mort de Staline interdit toute festivité ; les mariés et leurs invités trouvent malgré tout un subterfuge pour poursuivre la fête… On rit, on pleure et on ne peut qu’admirer la scénographie de ce film minuté, qui confirme la qualité de la nouvelle vague roumaine.

_I.D.

_V.S.

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BOY A

14 KILOMÈTRES

Un film de John CROWLEY Avec Andrew Garfield, Peter Mullan, Katie Lyons, Shaun Evans… Distribution : Pyramide // Grande-Bretagne, 2008, 1h40 // Sortie le 25 février

Un film de Gerardo OLIVARES Avec Adoum Moussa, Illiassou Mahamadou Alzouma, Aminata Kanta… Distribution : Colifilms // Espagne, 2007, 1h35 // Sortie le 25 février

À 24 ans, après avoir passé toute son adolescence en prison, Jack pense pouvoir reconstruire sa vie. Notamment grâce au soutien de Terry, assistant social, sorte de père putatif. Mais le passé ressurgit… Oscillant entre le thriller et le drame social « made in Britain », le réalisateur anglais John Crowley porte très haut, dès ce premier film, l’ambition de ses nombreux sujets : la culpabilité, la nocivité des médias people, l’impossible rémission... Mais c’est avant tout dans ses creux que se révèle tout le plaisir de Boy A, et notamment dans la relation filiale qui unit Andrew Garfield et Peter Mullan, deux très grands acteurs, émouvants et justes.

Ce docu-fiction, ovationné au Festival de Valladolid, conte le périple de trois jeunes Africains qui veulent gagner l’Europe pour réaliser leurs rêves. Sur leur chemin, avant de traverser les 14 kilomètres qui séparent les deux continents, ils font face au désert indomptable, aux douaniers sans pitié, aux passeurs cupides, à la faim, à la mort, au désespoir... La naïveté de la romance liant les personnages est compensée par l’approche documentaire, qui dénonce les obstacles inhumains que doivent surmonter ces immigrés clandestins. Un sujet original, courageux et retentissant, sublimé par une photo magnifique. _R.S.

_D.J.

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NORD PARADIS

LAST CHANCE FOR LOVE

Un film de Christophe LAMOTTE Avec Aurélia Petit, Jean-Michel Fête, Marie-Rose… Distribution : Pierre Grise // France, 2008, 1h55 // Sortie le 25 février

Un film de Joel HOPKINS Avec Dustin Hoffman, Emma Thompson, Kathy Baker… Distribution : La Fabrique de Films // États-Unis, 2008, 1h33 // Sortie le 4 mars

Le Nord est ici moins exotique que dans les Ch’tis, mais tout aussi humain. Si ce documentaire bénéficie de l’engouement provoqué par Danny Boon pour sa région, tant mieux ! Nord Paradis observe au plus près des êtres ordinaires luttant pour survivre dans une casse automobile tenue par la vraie tante du réalisateur. Ce dernier se cache derrière deux comédiens : Aurélia Petit, qui pose des questions, et JeanMichel Fête, qui prend sa place dans la parentèle. Un dispositif nécessaire pour dire la difficulté de témoigner en étant juge et partie. Et pour entraîner le spectateur au cœur d’un univers à la fois dur et simple.

Trouver l’amour lorsque l’on n’est ni exceptionnel, ni beau, ni heureux et qu’on a plus de 40 ans : oui, oui, c’est possible ! Du moins, c’est ce que démontre Joel Hopkins avec son second film, une comédie romantique moins conventionnelle qu’il n’y paraît. Harvey Shine (Dustin Hoffman), compositeur de jingles de pub ringards, est sur le point de se faire renvoyer lorsqu’il se rend à Londres pour le mariage de sa fille. Il y fait la connaissance de Kate, une employée d’aéroport qui déploie toute son énergie à s’occuper de sa mère paranoïaque. L’histoire est touchante et Emma Thompson épatante en quadra effrayée à l’idée d’une possible seconde jeunesse.

_C.B.

_V.S.

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DELTA

PELLÉAS ET MÉLISANDE, LE CHANT DES AVEUGLES

Un film de Kornel MUNDRUCZO Avec Orsolya Toth, Félix Lajko, Lili Monori… Distribution : Le Pacte // Hongrie, Allemagne, 2008, 1h32 // Sortie le 4 mars

Un film de Philippe BÉZIAT Documentaire Distribution : Les Films Pelléas // France, 2008, 1h48 // Sortie le 4 mars

Prix du Jury mérité à Cannes, Delta nous emmène sur les rives du Danube où un frère et une sœur décident de s’isoler, loin d’une communauté de rustres villageois. Ils construisent une maison sur pilotis, qui abrite leurs amours. Leur relation immorale attise la jalousie des autochtones frustrés. La violence explose. Sublime plastiquement, Delta se charge d’une tension sexuelle dès les premiers plans. Le retour au primitif déchaîne les pulsions. Mundruczo observe une humanité guidée par ses bas instincts, à la manière de Béla Tarr, crédité dans les remerciements. Le couple taiseux formé par Orsolya Toth et Félix Lajko, anges parmi les gueux, captive.

Juin 2007 : Pelléas et Mélisande de Claude Debussy est montré au public moscovite pour la première fois. Adapté d’une pièce de Maeterlinck, mis en scène par Olivier Py, dirigé par le chef d’orchestre Marc Minkowski, cet opéra onirique conte l’histoire de deux amants maudits, victimes de la jalousie du Prince Golaud. Au milieu d’élégants passages d’opéra filmé, le documentariste Philippe Béziat insère divers entretiens illustrant la difficulté de monter un spectacle lorsque les cultures s’opposent. Gagné par « l’aveugle » – thème clé de l’œuvre selon Py –, on accepte de ne pas tout saisir pour se laisser souffler par la magie de la représentation.

POUR UN FILS

LE DÉJEUNER DU 15 AOÛT

Un film d’Alix DE MAISTRE Avec Miou Miou, Olivier Gourmet, Kevin Lelannier… Distribution : Rezo // France, 2008, 1h37 // Sortie le 4 mars

Un film de Gianni DI GREGORIO Avec Gianni Di Gregorio, Valeria De Franciscis, Marina Cacciotti… Distribution : Le Pacte // Italie, 2008, 1h25 // Sortie le 11 mars

Un jeune garçon prétend être Toni, l’enfant disparu neuf ans plus tôt alors qu’il avait six ans. Il ment, mais le spectateur est le seul à connaître la vérité. Ce «retour» bouleverse non seulement la vie de « sa» famille et notamment de Catherine, « sa » mère, mais aussi celle d’Omer, l’inspecteur de police chargé de l’enquête. Adapté d’un fait divers réel, ce premier long métrage interroge la vérité et les formes qu’elle peut prendre. Si l’on est heurté par certaines invraisemblances, l’observation du mensonge à l’œuvre chez les trois personnages principaux est passionnante. Au lieu de les juger, on se prend d’empathie pour ces âmes souffrantes.

Et si le cinéma italien était vraiment en train de ressusciter? Sans atteindre ni la force ni la rigueur formelle des comédies d’Ettore Scola ou Dino Risi, Le Déjeuner du 15 août mélange habilement tendresse et cruauté. Ce premier film met en scène un quinquagénaire vivant seul avec sa vieille mère. Pour que la copropriété efface ses lourdes dettes, il accepte d’accueillir une, puis deux, puis trois nonagénaires. Le scénariste et réalisateur, co-signataire de l’adaptation de Gomorra de Matteo Garrone (ici producteur), interprète avec un naturel confondant le rôle principal et dirige de main de maître les quatre mamies, actrices débutantes.

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_I.D. RETROUVEZ L’INTERVIEW FILMÉE DES QUATRE COMÉDIENNES SUR WWW.MK2.COM

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LE GUIDE_DES SORTIES EN SALLES

JE TE MANGERAIS

VILLA AMALIA

Un film de Sophie LALOY Avec Judith Davis, Isild Le Besco, Johan Libéreau… Distribution : Little Stone et Studio 37 // France, 2008, 1h36 // Sortie le 11 mars

Un film de Benoît JACQUOT Avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois… Distribution : EuropaCorp // France, 2008, 1h34 // Sortie le 11 mars

De l’étreinte à la lutte, deux jeunes filles font l’expérience du tourment amoureux dans un premier film convaincant. Pour suivre les cours de piano du Conservatoire de Lyon, la candide et sensuelle Marie s’installe dans l’appartement d’une amie d’enfance, Emma. Entre les deux étudiantes naît une relation ambigüe, mélange de fascination, de désir et de peur. La réalisatrice et musicienne Sophie Laloy s’inspire ici de sa propre histoire pour instaurer une atmosphère inquiétante. Portées par la musique de Schumann, les actrices explorent l’obsession amoureuse dans un corps-à-corps troublant, illustrant avec justesse une passion vampirique.

Partir : pas pour mourir un peu, mais pour vivre beaucoup. Est-ce parce qu’elle a vu son mari en embrasser une autre ? Est-ce parce qu’elle a retrouvé un ami d’enfance ? Ou parce qu’elle a la sensation que son art, la musique, ne lui suffit plus ? Ann, du jour au lendemain, part sans laisser la moindre trace. Elle s’installe dans une maison cachée au cœur d’une île italienne (la villa Amalia du titre), et reprend goût aux petits riens et au grand tout. Aucune explication, juste des sensations. Pour adapter Pascal Quignard, Benoît Jacquot, toujours aussi lacanien, convoque des images sensuelles et une interprète idoine.

_J.R.

_C.B.

RETROUVEZ L’INTERVIEW FILMÉE DE L’ACTRICE JUDITH DAVIS SUR WWW.MK2.COM

WELCOME

LOIN DE LA TERRE BRÛLÉE

Un film de Philippe LIORET Avec Vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey Dana… Distribution : Mars // France, 2008, 1h55 // Sortie le 11 mars

Un film de Guillermo ARRIAGA Avec Charlize Theron, Kim Basinger, Jennifer Lawrence… Distribution : Wild Bunch // États-Unis, 2008, 1h48 // Sortie le 11 mars

Bilal, un jeune Kurde, veut traverser la Manche et croise un maître nageur. Nous sommes à Calais, où les migrants sont bloqués, et où les autochtones baissent les yeux. Simon va les ouvrir, d’abord pour épater la femme qui l’a quitté, ensuite parce que Bilal le touche. À la lisière du documentaire, Philippe Lioret dresse un état des lieux de la France en tant que «terre d’accueil». Il le fait en toute justesse, sans pathos. D’une caméra attentive, il embrasse le décor, capte la détresse des clandestins, exalte la beauté qu’il y a à s’impliquer. La rencontre de l’homme sans rêves et du garçon irréaliste est de ces histoires qui nous hanteront longtemps.

Pour son premier passage derrière la caméra, Guillermo Arriaga inscrit son film dans la veine des scénarios qu’il signait pour son compatriote, le Mexicain Iñárritu. Deux histoires s’entrecroisent : celle de Sylvia, jeune femme dépressive qui multiplie les aventures sans lendemains, et celle de Gina, mère de famille retrouvée morte quinze ans plus tôt avec son amant, après l’explosion mystérieuse de leur caravane au Nouveau Mexique. Si la réalisation est moins maîtrisée que dans les films d’Iñárritu, Arriaga confirme son talent pour les jeux de pistes mélodramatiques et invente une temporalité qui fait éclater à elle seule toutes les vérités.

_I.D.

_R.S.

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ÉVÉNEMENTS DES SALLES MK2

LES CYCLES NOUVEAU RENDEZ-VOUS MK2 Beaubourg propose les soirées-débats Vis-à-vis. Visà-vis est un dialogue entre un artiste invité et un cinéaste à travers son film. À l'occasion de la première de ces soirées, le 5 mars à 20h, MK2 Beaubourg invite l’écrivain Emmanuel Adely qui aborde le cinéaste Peter Watkins par l'intermédiaire de son film Punishment Park.

FOCUS CINEMA DU RÉEL

MK2 PARNASSE_Les vendredis et samedis soirs à la séance de 22h pendant tout le mois de février.

Depuis sa création il y a 30 ans, Cinéma du Réel s'est imposé comme le festival de référence du cinéma documentaire en France. Toujours à l'écoute de la diversité des écritures, des formes et des idées, il rassemble aujourd'hui un public large, fidèle, attentif et curieux à l'actualité du cinéma documentaire et à son évolution. Cette année, le spectateur est invité à braver les frontières anciennes et à effectuer un voyage transversal au sein d'une programmation toujours plus riche et foisonnante qui dessine une autre géographie du rapport du cinéaste au monde. Cinéma du Réel distribuera une carte géographique représentant un territoire imaginaire, celui de l'état du paysage documentaire.

LES MATINÉES DES QUAIS

MK2 BEAUBOURG_Du 11 au 17 mars.

MK2 BEAUBOURG_Première séance le jeudi 5 mars à 20h.

LES SÉANCES INTERDITES À l'occasion de la ressortie en copie neuve du tout premier film de Steven Spielberg, Duel, le MK2 Parnasse a sélectionné pour ses Séances interdites de février deux films cultes du réalisateur : E.T. L'extraterrestre (1982) et Jurassic Park (1993).

CYCLE RENÉ FÉRET Au programme : L’Enfant du pays, Mystère Alexina, Baptême, Comme une étoile dans la nuit MK2 QUAI DE SEINE_Samedi et dimanche à partir de 10h30.

LES MATINÉES DU MK2 HAUTEFEUILLE DIPTYQUE PHILIPPE GARREL Depuis le 21 janvier, le MK2 Hautefeuille propose un cycle autour du réalisateur Philippe Garrel. Au programme : Les Amants réguliers, La Frontière de l’aube AUTOUR DE LOS BASTARDOS : LES MIRAGES Au programme : Los Olvidados (1950) de Luis Buñuel, Sangre (2005) d’Amat Escalante, Wassup Rockers (2005) de Larry Clark, De l’autre côté (2006) de Chantal Akerman (à partir du 04/02), La Zona, propriété privée (2008) de Rodrigo Pla, Batalla en el cielo (2005) de Carlos Reygadas (sous réserve en février / mars), La Influencia (2007) de Pedro Aguilera (sous réserve en février / mars) MK2 HAUTEFEUILLE_Depuis le 28 janvier.

AVANT-PREMIÈRES Z32 Avi Mograbi viendra présenter son film Z32, qui fut montré dans le cadre du Festival d’automne. Le réalisateur débattra avec le public à l’issue de la projection. MK2 BEAUBOURG_Lundi 9 février à 20h30.

WELCOME Le MK2 Quai de Seine accueillera Philippe Lioret et Vincent Lindon (sous réserve) pour une projection en avant-première de Welcome, l’histoire de Simon, maître nageur à la piscine de Calais qui, pour reconquérir et impressionner sa femme, prend le risque d'aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage. L’équipe du film sera présente à la fin de la projection pour débattre avec le public. MK2 QUAI DE SEINE_Lundi 9 février à 20h30.

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COURT MÉTRAGE SOIRÉE BREF Reprise du Festival de Clermont-Ferrand 2009, une sélection internationale. «Cette année, 4785 films ont été proposés aux sélectionneurs de la compétition internationale du Festival de ClermontFerrand. Un peu plus d’une centaine de titres ont été retenus parmi lesquels nous avons extrait ceux de ce programme qui veut faire honneur à la diversité de l’expression à l’œuvre dans la forme brève.» Jacques Kermabon Au programme de cette soirée : Doxologie (Doxology) de Michael Langan, Les Chaussures d’Aristeu (Os Sapatos de Aristeu) de Luiz René Guerra, Danse macabre de Pedro Pires, Une Métaphysique de l’enfance (Kodomo no keijijogaku) de Koji Yamamura, Mon Lapin Hoppy (My Rabbit Hoppy) d’Anthony Lucas, Le Clou (Naglinn) de Benedikt Erlingsson, Quatre (Styri) d’Ivana Sebestova, Love You More de Sam Taylor-Wood. MK2 QUAI DE SEINE_Mardi 10 février à 20h30.

POUR LES ENFANTS MK2 JUNIOR PLUTÔT FANTÔME OU PLUTÔT MIGOU ? Niko le petit renne, Laban le petit fantôme, Mia et le migou, Les Nouvelles Aventures de la petite taupe, 1, 2, 3…Léon!, Peau d’âne, Le Cheval venu de la mer. Dans sept salles MK2 jusqu’au 3 mars. À l’occasion de la sortie de Ponyo sur la falaise, la prochaine édition de MK2 Junior (à partir du 4 mars) se penchera sur les films d’Hayao Miyazaki et des productions des studios Ghibli.


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PARTENARIATS LE RENDEZ-VOUS DES DOCS Ce mois-ci, le Rendez-vous des docs accueillera MariePierre Duhamel, programmatrice, membre du comité de sélection de la Mostra de Venise, autour de la projection de La Chouette aveugle de Raoul Ruiz. Au cours d’un débat, Raoul Ruiz a déclaré : «Je n’adapte pas une œuvre littéraire, je l'adopte. » Cette déclaration trouve dans La Chouette aveugle une parfaite illustration car cette version du livre de Sadegh Hedayat additionne les transpositions et, dans sa grande liberté, en restitue fidèlement l’essence. Avant tout célébration du rôle fantasmatique du cinéma, le film réitère la complexité du récit, son caractère labyrinthique et comme lui, nous fait perdre pied machiavéliquement. Ce bijou baroque, fruit de l’imagination flamboyante de Raoul Ruiz, est à déguster plusieurs fois. Hypnose garantie. MK2 QUAI DE LOIRE_Lundi 23 février à 20h30.

LE THÉÂTRE DU VIEUX COLOMBIER

DANS LES LIBRAIRIES À LA LIBRAIRIE DU MK2 QUAI DE LOIRE La librairie du MK2 Quai de Loire et les éditions Capricci vous invitent à une rencontre autour de Werner Herzog avec Emmanuel Burdeau et Hervé Aubron, à l’occasion de la parution des ouvrages Manuel de survie et Conquête de l'inutile. La rencontre sera suivie de la projection de Grizzly Man de Werner Herzog à 20h30 (billets en vente avant la séance). MK2 QUAI DE LOIRE_Jeudi 12 février à 19h30.

La librairie du MK2 Quai de Loire et les éditions Emmanuel Proust vous invitent à une rencontre-dédicace avec Stefan Astier, à l’occasion de la parution de sa bande-dessinée Negev T.2, L’Enfant démon. MK2 QUAI DE LOIRE_Samedi 21 février à partir de 16h.

La librairie du MK2 Quai de Loire et les éditions Attila invitent Frédéric Ciriez à bord du Zéro de conduite pour une carte blanche sur le thème de la mer et des filles de joie, autour de son livre Des Néons sous la mer, paru aux éditions Verticales. Le jeudi 5 mars à 19h30 (nombre de places limitées, inscription au préalable auprès de Sophie à la librairie ou par tél. : 01 44 52 50 70) Après la lecture-balade sur le Bassin de la Villette, une rencontre aura lieu à la librairie. MK2 QUAI DE LOIRE_Jeudi 5 mars à 19h30.

À LA LIBRAIRIE DU MK2 BIBLIOTHÈQUE La librairie du MK2 Bibliothèque accueillera l’écrivain Leslie Kaplan pour une dédicace de son nouveau roman Mon Amérique commence en Pologne. Une carte blanche en matinée lui sera proposée à cette occasion afin de revisiter son univers à travers le cinéma.

En partenariat avec le théâtre du Vieux Colombier, le MK2 Quai de Seine propose une carte blanche à Muriel Mayette (metteur en scène de La Dispute, de Marivaux) sur le thème de l’expérience monstrueuse. Au programme : Soirée de présentation le 23 février à 18h30 suivie d’une rencontre au Mcafé. Projection à 18h00 du film Les Liaisons dangereuses, de Stephen Frears. Tarif : 7,20 €, 6 € pour les abonnés à la Comédie Française et les spectateurs de la pièce munis de leur billet.

Et en matinée à partir du 24 janvier : « L’expérience monstrueuse » : Elephant Man de David Lynch Le Limier de Joseph Mankiewicz Les Chasses du comte Zaroff de Ernst B. Schoedsack Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway Cube de Natali Vicenzo Les Liaisons dangereuses de Stephen Frears MK2 QUAI DE SEINE_Samedi et dimanche à partir de 10h30.

EXPOSITION Aalto et ses vidéos s'installent au Bibliothèque du 14 février au 1er mars prochain. Le MK2 Bibliothèque accueillera des projections d’images basées sur le travail et les visuels de Romain Tardy alias Aalto, pour faire découvrir une création numérique originale, spécialement créée pour le site, dans toute sa complexité architecturale. Dès la tombée de la nuit, le hall s’animera de gouttelettes, de personnages, d’images en deux dimensions, de contrastes noirs et blancs, et ce, jusque sur l’extérieur par le jeu de transparence qu’offrent les grandes baies vitrées du complexe. MK2 BIBLIOTHÈQUE_Du 14 février au 1er mars.

MK2 BIBLIOTHÈQUE_Dimanche 22 février.

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DVD Valse avec Bachir, le témoignage dessiné

Documentaire d’animation, Valse avec Bachir réinvente le témoignage et redessine les contours d’une tragédie où traumatisme, culpabilité et mémoire s’entrechoquent.

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omment dire l’horreur quand elle se dérobe à la mémoire? C’est à cet écueil que fait face Ari Folman, après qu’un vieil ami lui confie un rêve récurrent, lié à la période où ils servirent dans l’armée israélienne. Mais de son service militaire, Folman ne garde aucun souvenir. Pour combler la béance, il entreprend de recueillir des témoignages de ceux qui prirent part à la première guerre du Liban en 1980 et, notamment, au terrible massacre de Sabra et Chatila. Ce travail introspectif accaparera le réalisateur pendant quatre années, jusqu’à l’obsession : «Ce processus a pris le contrôle sur ma vie. On y pense tous les jours. Petit à petit, j’ai rassemblé les pièces du puzzle.» Sur la base d’un documentaire classique, constitué d’une série d’interviews, un storyboard puis 2000 planches ont été tirés. Le résultat impressionne. La splendeur graphique se met au service d’un récit relié au subconscient, fragmentaire à l’image de la mémoire morcelée du réalisateur. «La mémoire perdue, les rêves, les hallucinations – il nous fallait une forme spéciale pour raconter cette histoire », commente Ari Folman, pour qui « tout le sujet du film est de rester connecté à son passé». Le retour du réel, dans un final fulgurant, replace les faits dans leur tragique mesure : «Des milliers de personnes sont mortes au Liban. Ce n’est pas que du dessin. » Plus qu’un film d’animation étonnant, Valse avec Bachir est un exorcisme magistral. _S.M.

Propos d’Ari Folman recueillis au Festival de Cannes 2008. DVD disponible aux Éditions Montparnasse, le 4 mars 2009.

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Crayon témoin BE HAPPY DE MIKE LEIGH MK2 Édition Poppy a 30 ans et une joie de vivre inébranlable. Quand son optimisme se heurte aux aléas de la vie londonienne, c’est pour mieux rebondir. Mike Leigh signe un bel hommage à la vie, soutenu par l’actrice Sally Hawkins, récompensée par un Golden Globe.

KUNG-FU PANDA DE M. OSBORNE ET J. STEVENSON Paramount Po le panda, promis à une carrière de cuisinier, n’a qu’un seul rêve : devenir maître du kung-fu. Grand succès de l’été 2008, entièrement réalisé en images de synthèse, le (gros) bébé des studios DreamWorks est toujours aussi maladroit et hilarant.

LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE DE RÉMI BEZANÇON Studio Canal À travers cinq journées particulièrement marquantes, Rémi Bezançon brosse le portrait d’une famille, des années 1980 à nos jours. Un film drôle, audacieux et poignant qui cumule huit nominations aux Césars 2009. À voir absolument.

LE RIDEAU DE SUCRE DE CAMILA GUZMÁN URZÚA Épicentre Films La réalisatrice nous emmène dans le Cuba paradisiaque de son enfance, à travers des photos, chants et témoignages qui content les espoirs plus ou moins déçus de sa génération. Un état des lieux intime et passionnant.

8 FILMS D’ÉRIC ROHMER Opening Les jeux de l’amour et du hasard vus par Rohmer en huit films piochés dans ses Contes moraux et ses Comédies et proverbes. Sous le patronage de Pascal et Marivaux, ses éloquents antihéros s’embourbent dans de délicieux imbroglios amoureux… par R.S. et J.R.

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S’il fut aussi boxeur, footballeur et matador, Oscar « Budd » Boetticher est surtout une figure incontournable de .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. l’âge d’or du western américain. Scénariste et réalisateur, il signe dans les années 1950 une dizaine de pépites .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. du genre parmi lesquelles Ride Lonesome (La Chevauchée de la vengeance en VF), Comanche Station ou .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. Buchanan Rides Alone. Tous trois, ainsi que The Tall T et Decision At Sundance, sortent pour la première fois .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. en DVD dans un coffret Sony Pictures. En bonus, les commentaires cinéphiles et admiratifs de deux autres .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. _J.R. pointures, Clint Eastwood et Martin Scorsese. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. ..............................................................................................................................................................................................................................

ACTUALITÉ ZONE 1

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LIVRES Jonathan Coe tombe le masque

Gentleman mélan Après son diptyque sur l’Angleterre des années 1970 à nos jours, Jonathan Coe passe en mode mineur avec La Pluie, avant qu’elle tombe, un roman intimiste, sobre et délicat. Et si le prince de l’ironie à l’anglaise était avant tout un vrai pessimiste ?

C

’est un grand type flegmatique et discret, doté de bonnes manières apprises à Cambridge, d’une diction exquise et de chemises bien coupées : en un mot, Jonathan Coe a tout du gentleman british tel qu’on l’imagine en France, même si lui proteste gentiment quand on le lui dit. Pourtant, derrière ses allures de gendre idéal se cache l’un des sujets les plus caustiques de sa Majesté. Né à Birmingham en 1961, Coe fait partie de la génération des Will Self et des Tibor Fischer, ces quadras qui se sont imposés dans les années 1990 au milieu de grands aînés comme Martin Amis ou Ian McEwan. Aujourd’hui, il est considéré des deux côtés de la Manche comme l’un des meilleurs écrivains anglais vivants, compliment qu’il accueille toujours avec une équanimité polie et un petit sourire en coin.

Quoi qu’il en soit, la machine est lancée, et le public hexagonal conquis : sa très hitchcockienne Maison du sommeil récoltera le prix Médicis en 1998, et ses deux romans sur l’Angleterre contemporaine, Bienvenue au club et Le Cercle fermé, connaîtront un formidable succès. Avec cette saga plus ou moins autobiographique dans laquelle il revisite l’histoire sociale et culturelle anglaise, Coe a donné son œuvre la plus ambitieuse et, sans doute, la plus aboutie ; pensée d’un trait (« Les deux romans ont été conçus ensemble, et je les regarde comme un seul ensemble de 900 pages »), elle a également été la plus difficile à écrire. Est-ce pour cette raison qu’il change diamétralement de registre aujourd’hui ? La Pluie, avant qu’elle tombe nous entraîne en effet sur un terrain auquel il ne nous avait guère habitués : celui du roman psychologique, avec une narration linéaire et, pour la première fois, un texte à la première personne,

Il s’en est pourtant fallu de peu pour qu’il n’emprunte une toute autre voie, celle de la musique. AVEC CE TEXTE EN MODE MINEUR, Pendant ses études de lettres (on lui doit une thèse sur Fielding), il passe des heures à gratter COE RÉVÈLE SA NATURE D’OBSERVATEUR sa Fender et à écouter les groupes de rock progressif des années 1970, Soft Machine, INQUIET ET DÉSILLUSIONNÉ. Henry Cow et autres représentants du «Canterbury comme pour symboliser un virage introspectif. L’histoire Style », genre dont il est fanatique. À 20 ans, il joue est à la fois simple et captivante : peu avant de mourir, dans un groupe influencé par les Smiths, expérience la vieille Rosamond a enregistré sa confession, peu concluante qui nourrira par la suite son roman quelques heures de bandes durant lesquelles elle Les Nains de la mort. Il fait ensuite une brève commente vingt photos à l’intention d’une jeune incursion dans le jazz puis, comprenant que son fille aveugle. D’un cliché à l’autre, des destins se avenir n’est pas là, revient à ses premières amours, dessinent, des personnages prennent corps, des l’écriture, et devient journaliste. Très vite, des projets drames se jouent : avec le talent qu’on lui connaît, littéraires font surface : il se jette à l’eau en 1987 Coe tisse les fils de son intrigue familiale et met en avec La Femme de hasard, un roman marqué par scène le sentiment mélancolique que procurent le la littérature d’avant-garde des années 1960 (il a passage du temps et l’absence de plan dans nos écrit une biographie de son principal représentant, vies. «Le sens qu’elle recherchait était perdu, conclutl’énigmatique B.S. Johnson). Dans l’ensemble, c’est il dans les dernières pages. Pire encore : il n’avait un bide : le livre ne lui rapporte que 200 £ et constitue, jamais existé.» Avec ce beau texte en mode mineur, selon ses termes, « le non-événement littéraire des Coe renonce à masquer son pessimisme sous l’humour années 1980». Coe persévère néanmoins avec Une ravageur qu’il utilise habituellement, et révèle sa vraie Touche d’amour, Les Nains de la mort, puis, enfin, nature : celle d’un observateur inquiet et désillusionné, Testament à l’anglaise, le livre qui lui apporte la célébrité, convaincu que la vie est absurde mais trop élégant en 1994. Cette satire sans pitié de l’Angleterre des pour s’en plaindre. Quand vous lirez ce livre, faites années Thatcher fait de lui un écrivain politique, mentir son titre : avec la pluie en arrière-fond sur vos image qu’il n’accepte pourtant qu’à moitié : « J’ai vitres, le décor sera parfait. cru que le roman pouvait avoir un impact politique _Bernard QUIRINY quand j’ai écrit Testament..., mais aujourd’hui je Jonathan Coe - La Pluie, avant qu’elle tombe, Traduit de l’anglais par Serge et Jamila Chauvin, Gallimard, 249 p., 19,50 € suis convaincu du contraire. »

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colique

LA SÉLECTION par P.D., S.Q. et R.S. MON AMÉRIQUE COMMENCE EN POLOGNE LESLIE KAPLAN , Roman, P.O.L. Roman des origines, celles d’une Américaine à Paris, roman d’apprentissage à travers des cultures, des livres, des films et l’Histoire : en ce sens, magnifique autobiographie de tout le monde, dans une écriture à la fois fluide et ancrée dans le réel.

AU FOND DE L’INCONNU POUR TROUVER DU NOUVEAU LINDA LÊ Roman, Christian Bourgois Visitant sa bibliothèque au hasard d’une insomnie, Linda Lê en extirpe des figures qui lui sont chères et nous offre un florilège d’auteurs à lire ou relire, éclectique et très personnel.

PARIS-BREST, TANGUY VIEL Roman, Minuit Une histoire de famille, le «partir-revenir» du fils prodigue, à la manière de Tanguy Viel, brouillant les pistes du biographique avec des éléments éminemment romanesques, dans une construction et un phrasé très travaillés.

JOSÉ LAPIN TOME 1 Album jeunesse, dès 4 ans, Emmanuel Proust

Quand José Lapin croise Alain le bonhomme de neige et lui demande son nez, donc sa belle carotte, pour nourrir sa famille nombreuse, le dilemme est épineux. Dans l’adversité, c’est le partage et l’amitié qui priment.

NOMBRIL SANS FOND DASH SHAW Bande dessinée, Éditions Çà et Là La famille Loony (« timbrée ») se réunit le long de 720 pages au formalisme délirant. Sur fond de monochromes naïfs, silences et non-dits sont sous-titrés avec malice. Une chronique intime magnifiée par un dessin virtuose.

LE SITE http://www.tristramshandyweb.it Quelques mois après la sortie de Tournage dans un jardin anglais, le méta-film où Michael Winterbottom raconte l’impossible adaptation du Tristram Shandy de Sterne, pourquoi ne replongeriez-vous pas dans ce roman-culte qui a inventé l’expérimentation littéraire ? Pour l’explorer à fond, rien de mieux que ce site, qui dissèque le livre et utilise l’hypertexte pour renouveler sa lecture. Il faut s’accrocher un peu pour surmonter l’obstacle de la langue, mais découvrir ce chef-d’œuvre dans sa mise en page originale numérisée tout en naviguant parmi les les références est un vrai plaisir.

_B.Q.

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MUSIQUE Le folk sauvage et racé de Will Oldham

Entre chien et lo Au moment où il publie Beware (PIAS), bel album faussement apaisé, nous avons rencontré Will Oldham, alias Bonnie ‘Prince’ Billy. Entre la chaleur de la niche et l’immensité des plaines, le prince de la country refuse de choisir.

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n le rencontre pile au moment où il ne redneck (casquette, moustache, jogging), tantôt fallait pas – à moins que ce ne soit, en d’une élégance très dix-neuvièmiste (barbiche réalité, l’heure la plus propice. Will Oldham coloniale, gilet vintage, bijoux discrets), Oldham semble est de passage à Paris le jour de l’investiture en mue permanente, à l’instar d’un répertoire qu’il ne de Barack Obama, et notre entretien se déroule à cesse de faire évoluer au gré des réinterprétations l’instant même où le Président prête serment. Rivé studio ou des transfigurations live. La beauté malingre au téléviseur, œil humide, poils dressés, Oldham de ses premiers albums, enregistrés sous divers couine, jappe, glapit, avant de lâcher : «Cette élection pseudos (Palace Brothers, Palace Music, Palace), m’inspire un immense espoir, en même temps, je l’a-t-elle intronisé roi du folk alternatif, dit « lo-fi » ? l’avoue, qu’une peur sans fond. » Le voilà, au tournant du millénaire, qui se rebaptise Crainte et confiance : les deux pôles de la bête sont Bonnie ‘Prince’ Billy, et s’intronise country singer identifiés. Il y a quelques années, l’animal publiait émérite, geste ferme et faconde évidente : «J’aime Wolf Among Wolves, une chanson au texte explicite : la force des disques de Bonnie ‘Prince’ Billy ; j’y « Pourquoi ne suis-je pas aimé tel que je suis – continue à chanter mes défaillances, mais d’une comme un loup parmi les loups, et non un chien parmi JE CONTINUE À CHANTER MES DÉFAILLANCES, les chiens ? » Oldham n’a pas MAIS D’UNE VOIX PLUS ASSURÉE. lu La Fontaine, mais son œuvre ne cesse de réactualiser le dilemme de la fable, sur voix moins tremblante, plus assurée. » un plan tant sentimental qu’artistique : domestication Louveteau chétif ou cador boiteux, à la croisée du ou liberté, telle est la question. Ces derniers mois, bébé et du vieillard, Oldham n’est jamais meilleur que le barde se sent plutôt « canin », nous dit-il, mais lorsqu’il se trouve en lisière – ruptures, rencontres, son nouvel album, Beware, « sonne Croc-Blanc ». aurores (At The Break Of Day). « J’ai tendance à Il précise : « Mon précédent disque, Lie Down In préférer les chansons qui, dans leur écriture ou dans The Light, était serein, accueillant. Celui-ci l’est sans leur interprétation, parviennent à mêler des émotions doute un peu moins. » Un peu moins : la nuance contraires. » Du sortir du lit (After I Made Love To You) s’impose, en effet, car à la première écoute Beware à l’antichambre de la mort (I See A Darkness), son déborde de chaleur, d’allégresse, avec ses chœurs timbre androgyne organise la rencontre de la haute de cocker, ses guitares chihuahua, son pédigrée culture européenne et de l’americana la plus terreuse. country. C’est en flairant du côté des paroles qu’on Natif de Louisville, en plein Midwest, Oldham a cerne l’humeur moins servile du canidé – Death Final, étudié dans une prestigieuse université de la côté You Don’t Love Me, You Are Lost, ou le chef-d’œuvre Est (Brown). Ses chansons célèbrent tant Pouchkine manifeste I Don’t Belong To Anyone… que R Kelly, quand ses collaborations courent «Je chérie la musique, car elle m’aide à établir une d’obscurs folksingers scandinaves (Nicolai Dunger) forme de communauté, tout en me permettant, en monstres sacrés soul (Candi Staton) ou country parfois, de prendre un certain recul. » Autrement dit, («chanter avec Johnny Cash fut pour moi une leçon Oldham est un clebs qui s’autorise, les soirs de pleine épique »). On ne s’étonne guère, dès lors, que le Lune, à déchirer laisse et collier pour s’ébrouer en bonhomme ait mené une carrière parallèle de garou égaré. Versant toutou, l’ami Will fait montre comédien, de ses débuts chez John Sayles en 1989 d’une fidélité sans pareille à l’égard de son public, à ses récentes prestations chez Kelly Reichardt qu’il choie au rythme d’un disque tous les six mois, (Old Joy). En salles au printemps, le magnifique ou presque. Versant Gévaudan, l’homme cultive un dernier film de celle-ci, Wendy And Lucy, chante la mythe de chanteur secret et imprévisible, dissimulé faune des créatures en partance – sans-abris, chiens derrière une épaisse forêt de poils blonds qu’il perdus... Oldham y campe un rôle à sa mesure : hobo agence selon l’inspiration du jour – jusqu’à arborer, patibulaire, cabot pelé, loup errant. comme cet après-midi-là, une insolite « barbe_Auréliano TONET catogan ». Tantôt vêtu de la panoplie du parfait

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LA SÉLECTION

par A.T.

ALAIN SOUCHON « Écoutez d’où ma peine vient » EMI À la panne sèche, la « Souche » préfère les peines humides, égrenées avec la légèreté rêveuse qui le caractérise. Servi par des arrangements soignés, cet album le capte à son meilleur – politiquement intime, intimement politique.

ANTONY AND THE JOHNSONS « The Crying Light » Beggars Il y a ceux qu’il énerve, et ceux qui le vénèrent : sexuellement flou, Antony ne laisse pas indifférent. Voix soyeuse, production lustrée, son nouvel album caresse ses admirateurs dans le sens du poil.

LONEY DEAR « Dear John » EMI Tout est précieux chez ce Suédois chéri : synthèse réussie des Beach Boys, Radiohead et Sufjan Stevens, ses popsongs à étages empilent chœurs, cuivres, clochettes et synthés avec un enthousiasme contagieux.

ALELA DIANE « To Be Still » Fargo Revoilà Alela, mi-Californienne mi-louve, qui chante l’Amérique des origines, celle du gold rush, des westerns panoramiques, violons country, boiseries folk, et puis cette voix superlative, qui à coup sûr vous laissera coi.

ANIMAL COLLECTIVE « Merriweather Post Pavilion » PIAS Le pavillon du titre est une salle de concert en plein air du Maryland. Pour lui rendre hommage, ces Américains psyché-freak signent une prodigieuse symphonie panthéiste, toute de sonorités stellaires, à faire trembler le cosmos.

LE SITE www.fredoviola.com New-Yorkais lunaire, Fredo Viola évolue à cheval entre futur proche et passé (dé)composé. Essentiellement vocales, les mélopées de son splendide premier album, The Turn, combinent la pureté altière des grands compositeurs baroques, Monteverdi en tête, et l’intelligence fureteuse de contemporains amis, Björk, Massive Attack, Radiohead ou David Byrne. Son site web est à l’avenant, esthétique Renaissance sublimée par des fonctionnalités au ludisme et à l’élégance hors du commun. À noter qu’une interview filmée de Fredo Viola est disponible sur www.mk2.com.

_A.T.

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LES BONS PLANS Kompilés par Rémy Kolpa Kopoul

Les bons plans Honneur aux dames de pique, ladies d’or de la voix et plus ! Quant aux as de carreau du groove, ils portent bonheur au hip hop ou à l’électro. Les rois de trèfle du monde dit «world» prennent racine en ville. Plus trois évènements... joker ! Décidément, Paris est... à cœur ! PARIS ON DA GROOVE Concerts, clubbing, grand’messe : qu’il soit d’ici ou d’ailleurs, le groove est entré dans Paris. BLACKALICIOUS > 17/02 > NEW MORNING Deux des piliers de Blackalicious sont de retour à Paris ! Le duo de San Francisco et du hip hop crew Quannum, vus cet automne en guests du duo (parisien) Bumcello, n'ont aucune barrière dans la musique. Les tchatcheurs ont le flow généreux et souvent surprenant. P_FUNK SOCIALIBRIUM > 26/02 > NEW MORNING Derrière ce nom tarabiscoté, une machine à funk emmenée par Bernie Worrell, l’emblématique clavier du P-Funk (compagnon d’armes de George Clinton, des Stones et de Talking Heads) et Blackbyrd McKnight, guitariste pilier de cette galaxie P-Funk pendant vingt-cinq ans et sideman d’élite pour Sonny Rollins et Herbie Hancock. DJ SPINNA PLAYS MOTOWN (FREE YOUR FUNK) > 27/02 > BELLEVILLOISE Deux ans après une nuit d'anthologie Prince vs Michael Jackson au Bus Palladium (comme à New York), DJ Spinna revient, cette fois à la Bellevilloise. Le producteur et remixeur de tout ce que la planète conte d'activistes du hip hop (entre autres), mixera toute la nuit 50 ans de Motown. Q-TIP > 9/03 > ÉLYSÉE MONTMARTRE Après un long silence (discographique), celui qui fut l’âme de A Tribe Called Quest revient avec un nouvel album judicieusement titré The Rennaissance. Producteur pour Nas ou Whitney Houston, guest sur d’innombrables galettes hip hop et aussi acteur au cinéma, QTip reste un incontournable de la scène rap new-yorkaise. SOCALLED > 10/03 > CAFÉ DE LA DANSE Son tube You're Never Alone a fait le bonheur des auditeurs de Nova. C'est avec son projet hip hop (toujours Klezmer) que le jeune prodige canadien SoCalled, DJ voltigeur, musicien et rappeur (en anglais et yiddish !) au flow iconoclaste, trafiquant particulièrement barré de sons synthétiques, revient avec son humour décapant. HUGH COLTMAN > 11/03 > ALHAMBRA Depuis l’été dernier, la voix de Hugh Coltman s'est nichée sur les ondes de Nova. L’ancien chanteur de The Hoax roule solo, doucement d'abord avec Voices puis en swingant avec Could You Be Trusted. Toujours est-il que le Britiche installé en France est en tournée et c'est à l’Alhambra qu'il livre son folk blues nouvelle génération. GENERAL ELEKTRIKS > 17/03 > MAROQUINERIE Le groupe d’Hervé Salters est aussi à sa manière un fournisseur d’énergie. Sauf qu’il s’agit de groove, que le leader du groupe délivre avec une rare intensité. L’homme aux claviers, un Français résidant en Californie, est une inépuisable mine de tubes (underground). En témoigne un tout nouvel album qu’il vient rôder chez nous.

CES DRÔLES DE DAMES Fado, électro, soul, Brasil, tzigane, afro : les girls ont de la tenue! BEVINDA CHANTE GAINSBOURG > 12/02 > DUC DES LOMBARDS Bevinda, Portugaise basée à Paris depuis un bail, a déjà huit albums à son actif sur le chemin d'un fado de l'imaginaire. Cette fois, elle revient à la langue française de ses débuts (rock), avec une gageure, la relecture «sud» de l'invétéré urbain qu'était le jeune Gainsbourg (1958 > 68). Très cabaret, à la fois glamour et décalé. Culotté.

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SANDRA NKAKÉ > 13/02 > MAROQUINERIE Sandra Nkaké a une voix que le milieu musical se dispute. Magic Malik et les Troublemakers ont couché sur leur album respectif ce grain soul qui fait la différence et une aisance bienheureusement insolente, un souffle... à couper le souffle. Son album Mansaadi est gorgé de soul & funk. La crème de la scène groove parisienne l'entoure. LEÏLA > 23/02 > CAFÉ DE LA DANSE Elle est une des grandes figures de l'électro-pop britiche : née en Iran, Leïla Arab, installée à Londres, se convertit à l’électro, parfois minimaliste, et épaule Björk dans ses 1er enregistrements dès 94, avant de rouler solo. Elle fait à présent partie de l’écurie WARP, «ze» label de la scène électro anglaise, et poursuit son alchimie avec le rock. MARIA BETHÂNIA > 24/02 > SALLE PLEYEL Le (petite) sœur de Caetano Veloso est une véritable diva au Brésil, depuis ses débuts entre Vinicius de Moraes et les Tropicalistes. Baignant dans les traditions mystiques (le candomblé, culte afrobrésilien) et urbaines (la samba), elle se fait rare à Paris, où elle chanta jadis à la Mutualité «only for women» ! Son récent duo avec la Cubaine Omara Portuondo est miraculeux. ERIKA SERRE & EMIGRANTE > 26/02 > DIVAN DU MONDE Une petite bombe d'origine hongroise, croisement tonique de la rockeuse intrépide et de la tzigane effrontée. Erika Serre, douée d'une voix tonitruante qui n'a d'égal que son tempérament, est entourée d'un septet de musiciens qui passent du jazz au tzigane et au blues avec une belle désinvolture. Kusturica et Tony Gatlif l'ont repérée. CANDI STATON > 8/03 > ALHAMBRA Plus de 40 ans d'amour et de combat en musique pour celle que l'on appelle « sweatheart of soul » (le cœur de la soul), survivante d'un parcours chaotique. Sa ténacité vaudra à Candi de conserver son espoir intact. C’est le témoignage de ce que le gospel et la soul ont apporté, force et amour. Une leçon pour tous. AYO > 11 AU 14/03 > OLYMPIA La jeune Nigériane a fréquenté les studios de Nova avant que le succès hexagonal ne la transforme en disque d'or. Le titre de son premier album, Joyful, se lit d'ailleurs sur son visage éternellement souriant. Ayo ne reste heureusement pas, comme elle le chante, Down On My Knees. Le nouvel opus l’impose parmi les grandes. ASA > 16/03 > OLYMPIA La France est curieusement terre tremplin pour les jeunes Nigérians (Seun Kuti) et plus encore Nigérianes, comme Ayo (sur la même scène ces jours-ci) et Asa. Asa, le faucon, fait mouche avec Fire On The Mountain, tranquille et puissante chanson soul acoustique et premier disque (de platine). Asa est sur orbite.

LE TOUR DU WORLD Réunion, Bamako, London, Rio, Amsterdam : Paris, capitale des ailleurs... RENÉ LACAILLE > 12/02 > NEW MORNING Infatigable animateur des scènes réunionnaises, René Lacaille fête à Paris ses 55 ans de carrière, avec son accordéon et la ribambelle d'instruments qu'il pratique, de la guitare au ukulélé, plus la gouaille méga tonique qu'il déploie depuis ses débuts aux « Bals poussières » puis au « Kabar », ce cabaret « kreyol » de son île natale qu’il exporte à Paris.


CHEICK TIDIANE SECK / MARCIO FARACO (AU FIL DES VOIX DU MONDE) > 14/02 > ALHAMBRA Clavier, compositeur, arrangeur et directeur musical, Cheick Tidiane Seck est le grand sorcier malien du son, de Salif Keita à Dee Dee Bridgewater puis a son compte (album Sabaly). Faraco, le Brasilo-Parisien, nous propose Um Rio, son cinquième album, au-delà des eaux de la bossa nova, explorant cette douce veine de la samba, espiègle ou nostalgique. NITIN SAWHNEY > 20/03 > ALHAMBRA Comme Talvin Singh, Nitin Sawhney est un des tenants de cette Asian Vibe apparue au milieu des années 1990 à Londres. DJ, multi-instrumentiste, producteur, Nitin Sawhney en est à son huitièmealbum. London Undersound, toujours aussi... londonien: ramage oriental, plumage électro aux mille reflets. Tout simplement classieux. AMSTERDAM KLEZMER BAND > 20/03 > BELLEVILLOISE De Hollande, encore peu connu à Paris, voici l'Amsterdam Klezmer Band, mi-groupe mi-fanfare, totalement déjanté, mixant gypsy balkanique, marche turque et hip hop yiddish, 10 ans d'âge et autant d'albums au palmarès. Le dernier s’appelle Zaraza et propose des ambiances particulièrement vitaminées. Yop la au pays des Bataves ! DAVY SICARD > 6/03 > CIGALE Quand la chanson-maloya lé là, la Réunion lé là ! La Réunion est à l’honneur à travers l’un de ses musiciens les plus riches et charismatiques, Davy Sycard, adepte d’un maloya moderne et envoûtant. Le maloya est un rythme qui met en transe les corps et les esprits, né de la fusion d'expressions musicales des esclaves africains.

VERY SPECIAL Jazz manouche sur canapé cordes, Magma quadra et New York qui relooke Gainsbourg. BIRELI LAGRENE / STOCHELO ROSENBERG / FLORIN NICOLESCU & C° (SYMPHONIC DJANGO) > 12 AU 14/02 > CIRQUE D’HIVER Django Reinhardt en rêvait mais il est mort quelques mois avant son exécution. Du coup, il aura fallu attendre 55 ans pour voir sur une scène son œuvre en version symphonique. Avec les Norvégiens du Kristiansand Symphony Orchestra, et en solo, rien moins que Bireli Lagrene et Stochelo Rosenberg aux guitares et Florin Nicolescu au violon. MAGMA A 40 ANS > 12 AU 14/02 > CASINO DE PARIS Le groupe hexagonal a toujours provoqué emballement (novateur) ou rejet (crypto secte). Voici, pour fêter les 40 ans du groupe, trois Casino de Paris. Pour la nouvelle génération des Magma addicts comme pour les quinquas ventripotents, la bande à Vander reste fidèle à ses fondamentaux (textes en kobaïen, langue inventée sur tapis rock avec ingrédients jazz). JOHN ZORN & TZADIK JOUENT GAINSBOURG > 25/02 > SALLE PLEYEL En 1997, le plus arty des aventuriers new-yorkais, John Zorn, refaisait une beauté très Greenwich Village à Gainsbourg sur son label Tzadik. Il récidive sur scène avec une élégance déjantée qui aurait plu au maître. « Notre » Serge appartient à la planète !


ART Vides au Centre Pompidou

© Volker DÖHNE, Krefeld // ADAGP, Paris

Du 25 février au 23 mars, le Centre Pompidou présente Vides, une rétrospective d’expositions «vides», de 1958 à nos jours. Le musée se met à nu pour évoquer l’une des tendances de l’art moderne et contemporain : son désœuvrement...

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uelque 1500 m2 du Musée national d’art moderne, perché au quatrième étage du Centre Pompidou, abritent l’exposition Vides qui, comme son intitulé le laisse deviner, est entièrement vide. Circulez, il n’y a rien à voir! Seuls des cartels à vocation pédagogique sont là pour resituer dans leur contexte respectif les neuf propositions retenues par les commissaires de l’événement, à commencer par celle que fit Yves Klein en 1958 à la galerie Iris Clert. L’artiste fut le premier à se risquer à montrer l’invisible et à dématérialiser l’œuvre, ce que l’art conceptuel, privilégiant l’idée à la forme, s’emploiera à faire à partir des années 1960. Faire l’expérience du vide – ou plutôt des vides car, s’ils se ressemblent tous ici en apparence, ils ont chacun leur signification propre –, c’est ce que propose cette rétrospective atypique dont le désœuvrement fait écho au contexte dans laquelle elle vient aujourd’hui s’inscrire : une crise dont on espère qu’elle ne fera pas le vide autour d’elle, y compris dans les musées, autrement que pour des motifs artistiques... _Anne-Lou VICENTE Centre Georges Pompidou, place Beaubourg, 75004 Paris. Bethan Huws - Haus Esters, 1993, Krefeld - Germany - Installation view Exhibition Bethan Huws, Museum Haus Esters Krefeld, 1993

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Art sous vide LA SÉLECTION par _A.-L.V DOMINIQUE BLAIS 12 FÉV. - 11 AVRIL Dominique Blais explore les seuils de la perception visuelle et auditive à travers des installations faisant intervenir le son ou l'évoquant en creux. Son exposition Décélération nous invite à prendre le temps de faire l'expérience du regard et de l'écoute. Galerie Edouard Manet, 3 place Jean Grandel, 92230 Gennevilliers.

MARIO GARCIA TORRES 20 JANVIER - 22 MARS L'artiste mexicain figure parmi les jeunes héritiers de l'art conceptuel, dont il s'emploie à revisiter l'histoire. Ses installations et interventions, d'une grande sobriété formelle, exploitent le potentiel fictionnel de l'absence. Jeu de Paume - Concorde, 1 Place de la Concorde, 75008 Paris.

GAKONA 12 FÉVRIER - 3 MAI Le nom de l'exposition renvoie à un petit village du centre de l'Alaska abritant un programme de recherche électromagnétique qui alimente rumeurs et fantasmes... Constituée de quatre expositions personnelles, Gakona explore la dimension cachée de l'œuvre d'art. Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, 75016 Paris.

UN PLAN SIMPLE 7 JANVIER - 11 AVRIL Le collectif de commissaires Le Bureau / présente le premier volet de sa trilogie Un Plan simple. Perspective explore un mode de perception visuelle appliqué à l'exposition, construite sur une succession de plans qui, superposés, font image. Maison Populaire, 9 bis rue Dombasle, 93100 Montreuil.

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BlackJack est une nouvelle maison d’édition dont les publications sont dédiées à la création contemporaine. Parmi .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. celles-ci, Mécanique Magenta, un road trip en compagnie de l’artiste Pierre Malphettes ; Me, Myself And I, réunissant .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. les carnets de dessin de Bruno Peinado ; et le déjà culte French Connection, une bible de 800 pages consacrée à la .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. scène artistique française. Si l’ouvrage ne prétend pas à l’exhaustivité, il dresse un large panorama de la création .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. dans l’Hexagone, à travers 88 artistes vus sous l’œil et la plume de 88 critiques d’art. .............................................................................................................................................................................................................................. _A.-L.V .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. ..............................................................................................................................................................................................................................

LE SITE

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RÉSEAUX Le « nuage » informatique : une révolution, pour quels risques ?

Le Net dans les n

Illustration : Pierre ROUILLON

Les météorologues du web sont catégoriques : délaissant les disques durs, nos données migrent vers un mystérieux « nuage ». Derrière cette expression nébuleuse se cache la prochaine révolution informatique...

J

usqu'à présent, nos fichiers informatiques (textes, photos, vidéos) étaient mémorisés dans le disque dur de notre ordinateur. Conséquence du boum du réseau Internet, ces données se retrouvent de plus en plus souvent stockées sur la Toile, par le biais de sites comme Flickr, YouTube, Facebook ou via nos propres boîtes mails. Grâce à un système d'identifiant et de mot de passe, celles-ci deviennent consultables depuis n'importe quel poste, on dit qu'elles sont « externalisées ». Résultat : nombre de fabricants mettent sur le marché des ordinateurs ultra-portables, qui servent essentiellement d'outils pour EN CE DÉBUT D’ANNÉE, LE FBI A DÉCLARÉ REDOUTER se connecter à Internet. Plus besoin d'une bécane surpuissante, puisque la UN ” 11 SEPTEMBRE INFORMATIQUE ”... plupart des logiciels que nous utilisons au quotidien sont directement disponibles en ligne : le contenu du disque dur est transféré dans ce que l'on nomme désormais le « nuage ».

«

»

L'expression pourrait laisser penser que les données sont miraculeusement préservées au-dessus de nos têtes, dans une sorte d'apesanteur enchanteresse. En réalité, elles ne sont pas plus dématérialisées qu'avant. Toutes ces informations sont stockées non pas dans les nuées mais bel et bien sur terre, dans des centres nommés « data centers », sorte de hangars géants très gourmands en énergie et contenant des centaines de milliers d'ordinateurs. Si Google est le propriétaire du plus grand nombre de «data centers», Microsoft se lance également dans l'aventure. Depuis peu, il propose un service de disque dur virtuel aux utilisateurs de sa messagerie. Mais dans cette course pour le titre de roi des nuages, les clients les plus intéressants restent les entreprises. Les avantages pour ces dernières ne sont pas négligeables : coût de fonctionnement moins élevé, mutualisation des moyens, plus grande flexibilité d'utilisation. Un peu à l'instar de la logique qui a prévalu au

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temps du développement de l'électricité, où un petit nombre d'entreprises se sont spécialisées dans la production et la distribution d'énergie aux autres en fonction de leurs besoins. Pourtant, la révolution des nuages semble susciter la méfiance chez la majorité des entreprises. En premier lieu se pose le problème de la confidentialité de leurs données. Est-ce que cela ne risque pas d'accroître les risques de piratage industriel ? Le second danger, évident, est celui qu'implique une dépendance totale à Internet : la mise en réseau des informations les rend par définition plus vulnérables. En ce début d'année, le directeur-adjoint de la division informatique du FBI a déclaré redouter un « 11 septembre informatique » sous la forme d'une attaque de pirates – ce que les experts nomment le « Cybergeddon », apocalypse cybernétique qui prendrait par exemple pour cible le système bancaire. Un scénario pas si surréaliste à une époque où les piratages à but politique se multiplient. Le conflit israélo-palestinien connait lui-même un prolongement sur le web, des centaines de sites israéliens ayant été attaqués au moment où l'armée pénétrait la bande de Gaza. Quant à la mésaventure de Marc L., elle illustre les impacts possibles du nuage sur nos vies privées : ce jeune architecte bordelais s’est fait tirer le portrait par le magazine Le Tigre, dans son édition de novembredécembre. Problème : le journaliste n’a jamais rencontré Marc, mais s’est contenté de rassembler les infos disponibles sur le web (Facebook, Flickr & co). Une enquête qui va suffisamment loin dans l’intimité du jeune homme pour que ce dernier décide de porter plainte. On souhaite bien du courage au juge : qui blâmer ? Le journaliste ? Les cieux ? Ou l’inconscient qui a empli les nuées de la foudre qui lui est retombée, in fine, dessus ? _Titiou LECOQ

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uages SOYONS CONCRETS De l’homosexualité dans le foot à la « drunkorexie », Abstrait-Concret déterre les infos insolites avec une subjectivité et une virulence rafraîchissantes. www.abstrait-concret.com

FAC OFF Le blog d'un brillant maître de conférences en sciences de l'information. Très mobilisé contre la réforme de l'université, il prouve que les profs sont moins rétrogrades qu'il n’y paraît. http://affordance.typepad.com/mon_weblog

BLOG D'UNE JEUNE FILLE DÉRANGÉE Sur ce blog espiègle, pas de Castor, mais un Intégriste, des perles de pluies et Jean Rochefort. Racontées d’une voix atone, ces saynètes drôlatiques sont d'une efficacité rare – et littéraire. www.simonedebougeoir.fr

LA REINE MARGAUX Les « blogs dessinés » ont le vent en poupe. Les blogs de filles aussi. Autant dire que Margaux Motin, trait dynamique et humour corrosif, a tout pour être la reine du web en 2009. http://margauxmotin.typepad.fr/margaux_motin

MAMAN, J’AI RÉTRÉCI LES PHOTOS Un site qui transforme vos photos de paysages ou vos portraits en étranges maquettes miniatures, déréalisant vos souvenirs de vacances. Bienvenue chez les Lilliputiens. http://tiltshiftmaker.com _par T.L.

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MOT @ MOT WTF [dubløvetef] sigle .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. (Sigle construit à partir de l'anglais « What The Fuck », que la décence qui anime ces pages nous conduit à .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. traduire par « saperlipopette, mais on s'en moque, non ? ») .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. 1. interjection. Utilisée par les internautes francophones, la formule est entrée dans le lexique hexagonal par le .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. biais des jeux en ligne transfrontaliers. Qualifie la plupart du temps une information jugée digne de très peu .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. d'intérêt. Nicolas s'est fait un tour de rein en dansant la carioca à Rio ? WTF, sérieux... .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. 2. n.c. Personne dont l'exposition médiatique est disproportionnée par rapport aux faits. Julien Coupat, serial .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. saboteur présumé de caténaires TGV, c'est le WTF du terrorisme. .............................................................................................................................................................................................................................. _E.R. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. ..............................................................................................................................................................................................................................

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JEUX VIDÉO La dématérialisation, mode d’emploi

Sortie de boîte Il a plus de 20 ans mais il mue toujours. En 2008, le jeu vidéo est le seul produit culturel à avoir pris le virage de la dématérialisation numérique, avec ce qu’il faut de conviction pour que cela marche. Dis-moi comment tu l’achètes, je te dirai quel joueur tu es...

Extrait du jeu Super Street Fighter Turbo HD Remix

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st-ce la fin des étagères ? Les vinyles sont retournés à la cave, les CD sont numérisés sur iPod et bradés sur eBay, dans moins d’un an le livre électronique sera banalisé. On ne peut même plus compter sur les boîtes colorées des jeux vidéo pour couvrir ses murs. Ressortez vos posters de poneys, la ludothèque en dur, c’est du passé. Les pontes de la musique et de la vidéo ont crié au massacre avant de s’y mettre frileusement, VOD et iTunes Store aidant. Aujourd’hui, tout le monde salue l’abandon des DRM sur les fichiers musicaux, comme si on gravait un nouvel article sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Or, il ne s’agit que d’un retour salutaire et tardif sur des excès commerçants liberticides. Plus discrète, la virtualisation des supports du jeu vidéo ne fait pas débat. Pourquoi ? Parce que cette industrie a su offrir un éventail de modalités d’achat qui est en adéquation RESSORTEZ VOS POSTERS DE PONEYS, LA avec les profils multiples des joueurs. LUDOTHÈQUE EN DUR, C’EST DU PASSÉ.

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Le branché, d’abord. Ce nouveau venu, né sur les « live » des consoles de salon ou PC, a troqué le cordon ombilical contre un câble Ethernet. Ça fait une paye qu’il n’a pas mis les pieds dans un magasin. Il télécharge tout depuis son canapé, directement débité sur son compte bancaire. Dépités, les magasins qui ont pignon sur rue ? Pas tant que les jeux seront aussi chers. L’occasion reste une manne et un marché à lui tout seul, avec argus et tout le toutim. S’il est trentenaire, le branché télécharge des remix haute définition des classiques de l’âge d’or. Une réédition « HD Remix » de Super Street Fighter Turbo, sorti à l’origine en 1994 sur bornes d’arcade, est disponible depuis novembre sur le Xbox Live Arcade, depuis février sur le Playstation Store. Idéal pour raviver l’effet madeleine…

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Dernières catégories de joueurs : l’addict et le globe-trotter sont des rejetons biberonnés au jeu vidéo dématérialisé. Pour eux, la boîte de jeu est au mieux un tribut nostalgique, au pire un relent du marketing collector. Le premier ne jure que par le format feuilleton : un titre divisé en saisons et épisodes. Un rythme télé qui va de pair avec une liberté de ton rare. Si Aosphere est prévu pour le premier trimestre 2009, les épisodes détonants de Sam & Max sont déjà disponibles : 8 euros l’épisode, moins de 25 pour une saison en entier. Armé de son iPhone (la nouvelle console de 2009, soit dit en passant), le globe-trotter est le petit dernier de la bande. Le bigophone d’Apple est en passe de concurrencer la DS et la PSP. Une évolution prometteuse, portée par les excellents Rolando ou SimCity. _Étienne ROUILLON

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Le DDL. Cousin paresseux du branché, le « DDL » préférera le Direct Download (« sortie virtuelle », ou DDL). Le jeu DDL ne sort pas en magasin mais uniquement sur les plateformes de « live » ou en téléchargement sur le Net. Le seul moyen pour que des petits studios tirent leur épingle de jeux sortis de nulle part, à la rafraichissante créativité. On pense à Braid ou World of Goo, les héritiers de Tétris. Leur succès tient dans la simplicité de leur concept, la qualité de rendu et leur prix qui avoisine les 15 euros. Cependant, le joueur DDL est souvent pris pour une vache à lait quand on lui propose de télécharger des mises à jour onéreuses, avec de nouveaux niveaux ou costumes de personnages. De fait, nombreux sont les gamers qui pestent contre le DDL, lorsqu’il opère comme un cache-misère complétant, contre monnaie sonnante, des jeux trébuchants, développés à la va-vite. D’autres DDL leur donnent tort, apportant un nouveau contenu pertinent à un jeu déjà terminé (dans la lignée des add-ons ou « extensions », pendant physique des DDL). Ainsi, l’épique GTA 4 se voit doté en février d’un nouveau chapitre tout de cuir revêtu : The Lost And Damned.

MIRROR'S EDGE Hop ! Si vous rêvez de faire des sauts de cabri dans les buildings de la Défense mais que votre médecin n'est pas chaud, optez pour les yamakaseries virtuelles de ce titre vertigineux. Disponible : Janvier // Éditeur : Electronic Arts // Plateforme : PC

TOM CLANCY'S H.A.W.X. Cui-cui ! Faites comme l'oiseau qui vit de bombes et de gazole frais. Cette superbe simulation d'aviation est dotée d'un système de commandes vocales, pour les manchots du manche à balais. Disponible : Février // Éditeur : Ubisoft // Plateforme : PC, Xbox 360, PS3

LE PARRAIN II Clac ! Baffes en costard et intimidation. Mêlant stratégie et action dans l'univers du deuxième opus cinématographique, Le Parrain II a des airs de GTA pour gentlemen chatouilleux. Disponible : Février // Éditeur : Electronic Arts // Plateforme : PC, Xbox 360, PS3

STREET FIGHTER IV Hadoken ! Distribution de mandales pour tous : joueurs chevronnés, trentenaires nostalgiques, chômeurs désœuvrés. Le plus grand jeu de baston de tous les temps revient enfin. Disponible : Février // Éditeur : Capcom // Plateforme : PC, Xbox 360, PS3

KILLZONE 2 Buzz ! Un développement de quatre ans, soutenu par un battage hollywoodien. Le jeu de tir le plus attendu de l'année arrive dans votre salon pour de bon, et c'est très bon. Disponible : Février // Éditeur : Sony // Plateforme : PS3 _par E.R.

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LE SITE www.ski-challenge.com .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. « T'as froid ? Tu t'es fait pipi dessus dans ta combi ? T'as de la neige plein les oreilles ? T'en fais pas, tout ça, .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. c'est dans la tête. » Vous aussi, la logique des moniteurs de ski vous échappe. Vous aussi, vous préférerez .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. défier au chaud les meilleurs fondeurs du monde virtuel, sur les pistes de Ski Challenge 09. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. Ce jeu gratuit est sponsorisé par une chaîne de télévision suisse. Reprenant les tracés et le calendrier .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. des compétitions officielles de la saison 2008-2009, Ski Challenge devrait réunir cinq millions d'adeptes .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. cet hiver. Tout schuss. .............................................................................................................................................................................................................................. _E.R. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. ..............................................................................................................................................................................................................................

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MALA NOCHE de Gus Van Sant La sortie en salles d’Harvey Milk de Gus Van Sant est l’occasion de (re)découvrir Mala Noche, son tout premier long métrage, resté inédit en France pendant plus de dix ans.

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ourné en 1985 dans la hâte et l’illégalité, le premier film de Gus Van Sant annonce son œuvre à venir, en même temps qu’il s’en distingue. Mala Noche met en scène un jeune Américain (le poète Walt Curtis, dont le film est l’adaptation des mémoires) qui tombe éperdument amoureux. L’objet de cette passion ? Johnny, jeune émigré clandestin mexicain qui tente de survivre dans les rues de Portland, avec pour seules armes l’insouciance et l’insoumission adolescentes… À rebours des chefs-d’œuvre minimalistes du début des années 2000 (Elephant, Gerry), le style foisonne de références et de propositions. Très travaillé, le noir et blanc évoque tour à tour l’expressionisme allemand, le muet, ou l’esthétique intime et fragmentée d’un John Cassavetes. Gus Van Sant s’essaie aussi à des jeux expérimentaux plus personnels avec les paysages ou la lumière, hyper contrastée et stroboscopique. Au passage, le réalisateur en profite pour aborder ses futurs thèmes de prédilection : Amérique des rues et des marges, personnages impénétrables, amours contrariées, errance, solitude, homosexualité teenage… Splendide œuvre de jeunesse, Mala Noche est un film frontal et plein d’espoir, de douce folie et de joie. _R.S. ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

PÉRIPÉTIES PÉRIPATÉTICIENNES Dans Revanche, en salles le 11 mars, une prostituée du quartier rouge viennois espère changer de vie. Au cinéma, le boudoir des filles de joie attire autant qu’il effraie, ambivalence incarnée à la perfection par Catherine Deneuve dans Belle de jour : Séverine, sage épouse, se vend chaque jour dans une maison close. Dans J’embrasse pas de Téchiné, la prostitution est pour Pierre le seul moyen de s’en sortir, alors que dans Leaving Las Vegas, c’est auprès d’une callgirl que Nicolas Cage trouve son unique refuge.

HIBOUX, CAILLOUX, BIJOUX Claude Chabrol sort le 25 février son nouveau film, Bellamy. Avec presque 60 films en cinquante ans, le maître du suspense à la française s’apprécie aussi sur MK2 VOD : Les Bonnes Femmes (1960) illustre déjà la proximité du tragique et du léger, quand une jeune vendeuse croise la route d’un dangereux sadique. Dans Le Cri du hibou (1987), c’est la jalousie qui conduit au meurtre, alors que dans La Fleur du mal (2002), un sordide secret de famille hante plusieurs générations.

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Retrouvez actuellement plus de 900 films sur www.mk2vod.com



SCIENCE-FICTION La chronique des objets de demain... Le Polaroid Pogo

Portraits crachés L’appareil photo festif revient sous une forme numérique : le Polaroid Pogo. Cette rotative nomade vous permet d’imprimer les photos prises depuis votre téléphone. Dans le feu permanent de l’objectif, vis ta vie de Jim Carrey dans The Truman Show…

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eurones éméchés? Aucun souvenir de la soirée ? Épieu merci, aujourd’hui quand tu vas guincher en mode nocturne, quarante gonzes te crucifient sur leur iPhone. Tous les dimanches sur Fessebook, avant même l’heure de la messe, ma frimousse en photo régurgite un cocktail dans l’oreille de ma cavalière, d’une litière pour chat ou d’un ficus en plastoque.

Le premier cliché est pour la bimbo du soir, fan absolutiste de son Ken. « Tiens, regarde. C’est ton grand Meaulnes qui cherche du bout de la langue des noises aux molaires de ta meilleure amie. Bien cadré, non ? » La photo suivante, pour la bonne poire qui nous reçoit : une photo de l’hominidé déchiré qui essaye d’apprendre à marcher au poisson rare de papa. Pour le militant WWF, une épreuve de lui, roi de la piste mention Travolta, en train d’écraser le poisson oublié sur le parquet par le sieur torché. En bonus pour la bonne poire : un tirage de la fine équipe qui essaye de réaliser « le plus gros cappuccino du monde » dans sa baignoire. Pour la maréchaussée qui tonne à la porte : la ligue « what else » qui maintient que l’on peut ranimer le poisson en le plongeant dans une solution caféinée. La dernière, je la garde pour ma mère, faire-part graphique de mon absence au déjeuner dominical : une photo de moi en comparution immédiate pour « atteinte à la vie privée à visée terroriste ».

Illustration : Thomas DAPON

Ce soir, fête qui lacère sa daronne. Armé de mon imprimante Pogo, je vais me venger de ces paparazzis de la micropeopolisation. « C’est une soirée sans photos », prévient Vadim, vigie vigilante. Je passe avec mon matériel contre un bakchich de crise : l’essence de mon briquet. Petit tour dans l’appart’ et mitraillage à tout-va du tout-venant, suivi de l’impression directe des photos. Début de la distribution punitive.

_E.R.

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CLINS D'ŒIL .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. 129,90 €. C'est le prix de l'imprimante Polaroid Pogo. Elle fonctionne à l'ancienne, sans encre ni ruban. C'est la .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. mystérieuse « activation thermique », signature de la marque, qui révèle instantanément la photo sur le papier. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. Marc L. C'est le nom de l’architecte qui a fait les frais du premier « portrait Google », publié dans l’édition de .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. novembre - décembre du magazine Le Tigre. Le journaliste a utilisé Google, Facebook ou Flickr pour scanner .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. la vie de Marc avec une effarante précision, sans jamais le rencontrer... .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. 4 143 litres. Le record du plus grand café du monde a été battu le 11 octobre 2007 par le Colombien Mauricio .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. Cadavid. Santé. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................................................................................. ..............................................................................................................................................................................................................................

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