Trois Couleurs #74 – Septembre 2009

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SEPTEMBRE 2009

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CINÉMA CULTURE TECHNO

by

MICHAEL

FASSBENDER

LA CLASSE EUROPÉENNE


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ÉDITO

À DÉCOUVERT Quel est le propre des personnages incarnés par Michael Fassbender ? Ils finissent tous par se découvrir. Dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino, l’espion cinéphile Archie Hicox se trahit d’un geste coupable. Dans Fish Tank, le parfait Connor s’avère être un amant moins idéal qu’il n’y paraît. Dans Angel, Esmé l’adultère tombe pareillement le masque, tandis que son génie artistique est in fine reconnu à sa juste valeur. Même reconnaissance tardive pour l’Irlandais bobby sands, enfin, qui devient à sa mort l’icône du camp républicain dans Hunger de steve McQueen. Fassbender : le patronyme lui-même semble jouer à se faire peur – à un « i » près, il était confondu avec une autre gloire cinéphile, 100 % teutonne celle-là. Car Michael, lui, est bel et bien bi-national, père allemand, mère irlandaise, né à Heidelberg mais grandi à Killarney. Ce qui lui fait dire, dans l’entretien qu’il nous a accordé : « Je me sens très européen. Nous avons appris à cohabiter de manière unique et à apprécier une variété de cultures dans un espace très concentré. Je puise beaucoup dans cette richesse. » L’Europe, voilà une clef pour appréhender le parcours de ce comédien ambigu, capable de jongler de l’entertainment le plus hollywoodien (300) aux films d’auteurs les plus audacieux (Fish Tank), de l’incarnation la plus animale (Eden Lake) à la faconde la plus fluide et polyglotte (Inglourious Basterds), du dévoilement le plus intégral (Hunger) au travestissement le plus costumé (Angel). Dans leur film culte, La Classe américaine, Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette font dire à Gary Cooper (aka George Abitbol, aka « l’homme le plus classe du monde ») : « Excuse-moi de te dire ça mon petit José, mais tu confonds tout, tu fais un amalgame entre la coquetterie et la classe, tu es fou. » Et si la « classe européenne », c’était, précisément, amalgamer classe (incarnation, instinct) et coquetterie (faconde, fard) ? Ne le dites pas à Michael Fassbender ; il risquerait de se découvrir. _Auréliano Tonet


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by

ÉDITEUR MK2 MULTIMÉDIA 55 RUE TRAVERsIÈRE_75012 pARIs 01 44 67 30 00 Directeur de la publication & directeur de la rédaction Elisha Karmitz (elisha.karmitz@mk2.com & troiscouleurs@mk2.com) Rédacteur en chef & chef de rubrique « culture » Auréliano Tonet (aureliano.tonet@mk2.com) Chef de rubrique « cinéma » sandrine Marques (sandrine.marques@mk2.com) Chef de rubrique « technologies » étienne Rouillon (etienne.rouillon@mk2.com) Direction artistique Marion Dorel (marion.dorel@mk2.com) sarah Kahn (sarah.kahn@mk2.com) Design sarah Kahn Correcteur Jean-Christophe Manuceau Ont collaboré à ce numéro Ève beauvallet, serge bozon, Isabelle Danel, Rafik Djoumi, pascale Dulon, Clémentine Gallot, Joseph Ghosn, Jacky Goldberg, Florian Guignandon, septime Meunier, Wilfried paris, sophie Quetteville, bernard Quiriny, Juliette Reitzer, Adrien Rohard, Violaine schütz, Raphaëlle simon, bruno Verjus, Anne-Lou Vicente Illustrations Dupuy & berberian Photographie de couverture Fabrice Dall’Anese pour Première Photographes Fabrice Dall’Anese pour Première (dossier Fish Tank), Richard Dumas (rubrique « In situ »), René Tanguy (dossier « Miossec »), Mathieu Zazzo (rubrique « Coup pour coup ») Publicité Responsable clientèle cinéma Laure-Aphiba Kangha 01 44 67 30 13 (laure-aphiba.kangha@mk2.com) Directeur de clientèle hors captifs Daniel Defaucheux 01 44 67 68 01 (daniel.defaucheux@mk2.com) © 2009 TROIs COULEURs issn 1633-2083 / dépôt légal quatrième trimestre 2006. Toute reproduction, même partielle, de textes, photos et illustrations publiés par MK2 est interdite sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur. Magazine gratuit // Ne pas jeter sur la voie publique

SOMMAIRE # 74 3 éDITO 6 COUp pOUR COUp > Jack Lang 8 sCÈNE CULTE > Hunger 10 pREVIEW > Panique au village

12 LES NEWS 13 CLOsE-Up > Emile Hirsch 14 LE K > District 9 16 KLAp ! > Sherlock Holmes 18 pAssERELLEs > Vanessa bruno 20 LE pROFIL FAKEbOOK DE… > Jimi Hendrix 22 FIGUREs DE sTYLE > Le Petit Nicolas 24 UNDERGROUND > Taken by Trees 26 IN sITU > Air en studio 30 LE bUZZLE > Viva La Colifata 32 AVATARs > Colin McRae : Dirt 2

35 LE GUIDE 36 sORTIEs CINé 48 sORTIEs EN VILLE 58 LA CHRONIQUE DE DUpUY & bERbERIAN

60 DOSSIERS 60 MICHAEL FAssbENDER DANs FISH TANK 68 LA DANSE DE FREDERICK WIsEMAN 70 JACQUEs RIVETTE pAR sERGE bOZON 72 REpORTAGE À bREsT AVEC MIOssEC

77 LE BOUDOIR 78 DVD-THÈQUE > Les Enchaînés, film-matrice 80 CD-THÈQUE > La pop japonaise en exil 82 bIbLIOTHÈQUE > Tom Robbins 84 bD-THÈQUE > Black-out de Floc’h & Rivière 86 LUDOTHÈQUE > Batman 88 HOLLYWOOD sTORIEs > Les Rejetons, épisode 2 90 sEX TApE > Thirst, ceci est mon sang

VOUS SOUHAITEZ COMMUNIQUER DANS APPELEZ-NOUS ! 01 44 67 48 01

?


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© Mathieu Zazzo

COUP POUR COUP /// TApAGE, RATTRApAGE, DéCRYpTAGE

La gratuité NE SUFFIT PAS MUSÉES HAUTS, MUSÉES BAS

Louvre, Orsay, Cluny, panthéon : autant de musées qui n’imposent plus de débourser un centime à certains visiteurs privilégiés. Depuis avril 2009, en effet, les musées nationaux sont gratuits pour les jeunes de moins de 26 ans et les enseignants. Les autres, comme avant, attendront dans la file. JACK LANG, le chantre de la culture vue de gauche, donne son avis en sortant son billet – d’humeur, forcément. _propos recueillis par Adrien Rohard

Ce n’est pas une bonne idée, la gratuité des musées ? Si, mais nous n’assistons là qu’à l’aboutissement, au point d’orgue, d’une série d’expériences, certes plus partielles, car limitées à certains jours, qui allaient déjà dans le sens de la gratuité des musées. Moi-même, lorsque j’étais aux responsabilités, j’avais

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mis en place un plan pour les arts à l’école, où l’éducation culturelle avait été inscrite comme obligatoire. Depuis, ce plan a été ébréché et il ne faut surtout pas s’imaginer qu’établir la gratuité des musées pour les jeunes et les enseignants suffise. Est-ce que la gratuité va donner un second souffle aux musées, ou les mener à l’agonie ? Personne n’ignore que nous sommes en pleine période de vache maigre. Sur ce front-là, le ministère de la Culture est en première ligne et il n’est pas totalement impensable que la gratuité des musées soit une source d’appauvrissement supplémentaire. Pourtant, ailleurs, à Londres notamment, la gratuité est une chose entendue… J’aime, lorsque je suis à Londres, entrer et sortir du musée, puis y revenir comme je l’entends. Cela crée un autre climat culturel, un climat de liberté incroyable. il faut que l’on réussisse cela en France, à une seule condition : que la gratuité des musées ne soit pas un marché de dupes où la puissance publique ne compensera rien financièrement. Je le redoute, pourtant.

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SCèNE CULTE /// HUNGER

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LE DéBut DE La FaiM LE PITCH 1981, Bobby Sands (Michael Fassbender) et d’autres activistes de l’ira sont détenus à la prison de Maze, en irlande. Face au refus du gouvernement thatcher de leur accorder le statut de prisonnier politique, ils se livrent à une grève de l’hygiène, sans résultat. Lors d’une entrevue avec le prêtre Dominic Moran, Bobby annonce qu’une nouvelle grève va débuter…

LE PRÊTRE : Message reçu. ta famille le sait ? BOBBY : Je leur ai fait savoir. LE PRÊTRE : tu leur as parlé ? BOBBY : ils viennent dans deux semaines, on en parlera. LE PRÊTRE : Comment vont-ils réagir ?

BOBBY : Je faisais de la course à pied, petit.

BOBBY : À votre avis ?

LE PRÊTRE : Je m’en serais douté, vu ton endurance. De la course à pied. Je te comprends mieux.

LE PRÊTRE : Et ton petit ? [Bobby prend une cigarette et l’allume] Qu’est-ce qui a changé depuis la dernière fois ?

BOBBY : J’aimais bien. Pour moi, c’est ça la campagne. Fallait me retenir à l’arrivée, sinon je continuais à courir. On était des couillons de la ville qui avaient peur des vaches. C’était marrant.

LE PRÊTRE : Peur des vaches ? BOBBY : une trouille bleue. Ces monstres qui font du lait et des steaks ! L’horreur ! La prochaine fois, je naîtrai à la campagne. Le grand air, les oiseaux, c’est le paradis.

BOBBY : La dernière grève a capoté. trop de pathos. Sept hommes ont commencé en même temps. ils n’auraient pas sacrifié le plus faible. Du coup, on était une proie facile pour les anglais, et on a perdu. Cette fois, un homme commencera tous les 15 jours. Celui qui meurt est remplacé. On est nombreux, il y a 75 volontaires. LE PRÊTRE : Pour l’amour de Dieu !

LE PRÊTRE : Oui. Et tu apprendras à te détendre.

BOBBY : On l’a fait savoir aujourd’hui.

BOBBY : Oui. Peut-être, qui sait ? J’ai jamais essayé. J’entame une grève de la faim le 1er mars. C’est ça que je voulais vous dire.

LE PRÊTRE : Ce qui a changé, c’est que cette fois, tu vas mourir. BOBBY : Possible.

Un film de steve McQueen scénario de steve McQueen et Enda Walsh, 2008, DVD disponible chez MK2

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10 PREVIEW


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PANIQUE AU VILLAGE Quand indien et Cowboy décident de construire un barbecue, à l’occasion de l’anniversaire de Cheval, la catastrophe n’est jamais bien loin… Vincent Patar et Stéphane aubier donnent vie aux figurines de notre enfance dans un film d’animation frappadingue, où les voix de Jeanne Balibar, Benoît Poelvoorde ou Bouli Lanners servent la drôlerie des répliques. Pour sa quinzième édition, l’étrange Festival consacre une rétrospective aux deux artistes belges, l’occasion d’explorer les coulisses de leur bijou d’animation, grâce à une exposition. une carte blanche est, par ailleurs, donnée aux artistes, qui présentent leurs films préférés. À travers trois heures de projection, une immersion dans l’univers absurde et enfantin du duo le plus créatif de l’animation actuelle. _sandrine Marques Sortie le 28 octobre // L’Étrange Festival, du 4 au 13 septembre, au Forum des Images, www.etrangefestival.com


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LEs

NEWS

SECOUEZ, AGITEZ, SAVOUREZ : L’ACTU CINÉ, CULTURE, TECHNO FRAÎCHEMENT PRESSÉE

CLOSE-UP Révélation d’Into the Wild, EMILE HIRSCH irradie dans Hôtel Woodstock, le nouveau Ang Lee. Derrière le hippie hype et hyperactif se cache un comédien sensible. « Il sera le meilleur, sauf s'ils le détruisent avant » : prononcée par un patron d'écurie à propos de son poulain campé par Emile Hirsch, dans le très beau Speed Racer des frères Wachowski, cette sentence indique la ténuité du fil sur lequel marche l'acteur de 24 ans, subtil équilibriste au visage adolescent, dans la noble lignée river Phoenix / Johnny Depp. écartelé entre une aura de premier de la classe (il est en charge des discours d'Harvey Milk dans le film éponyme de gus Van Sant) et des penchants mutins, parfois jusqu'à l'auto-destruction (par exemple dans Into The Wild de Sean Penn), Hirsch, qui a quitté le lycée avant d'avoir son bac, est l'une des plus belles promesses que compte aujourd'hui Hollywood. rien d'étonnant, donc, à ce qu'ang Lee l'ait choisi pour incarner, dans l’attachant Hôtel Woodstock, un boy fraîchement revenu du Vietnam, icare aux ailes trop vite cramées. _Jacky Goldberg sEpTEMbRE 2009

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14 NEWS /// pOLĂŠMIQUE

K

LE

IL Y A CEUX qU’ IL ÉNERVE ET CEUX qUI LE VÉNèRENT

DiStriCt 9 Au sud, du nouveau. blockbuster futuriste et controversÊ, District 9 du sud-Africain NEILL BLOMKAMP a pris la tête du box-office amÊricain, et divisÊ notre rÊdaction. Entre paris et Le Cap, nos journalistes n’ont pas vu le même film‌ science-frictions. _par Êtienne Rouillon (à paris) et septime Meunier (au Cap)

LA qUESTION (depuis paris)

LA RÉPONSE (depuis Le Cap)

Ă€ la production de cet ovni, Peter Jackson (Le Seigneur des anneaux), plus connu pour son sens du dĂŠtail que pour ses prises de positions politiques. Surprenant alors de trouver des ĂŠlĂŠments chocs, pouvant masquer le message humaniste avancĂŠ (critiquer la gestion postapartheid des populations noires Ă Johannesburg). Dans D9, les extraterrestres, figurant les populations des townships, sont bestialisĂŠs. ils urinent sur leurs maisons, sont friands de pâtĂŠe pour chat et dĂŠcrits comme des ÂŤ ouvriers sans chef Âť, fourmis dĂŠnuĂŠes de libre-arbitre. au contact des aliens, des NigĂŠrians obscurantistes prostituent leurs femmes et se livrent Ă des rites cannibales douteux, opposant bons et mauvais sauvages. question : au-delĂ de ses impressionnantes qualitĂŠs formelles, District 9 vĂŠhicule-t-il une idĂŠologie discutable ?

Non, D9 n'a rien d’idĂŠologique. avec cette satire enjouĂŠe, Blomkamp a su transcender toutes ses influences (Kafka, Carpenter, Verhoeven‌), y compris celle de son producteur, et revisite les cinquante dernières annĂŠes d'un pays qu'il a quittĂŠ Ă sa majoritĂŠ : les expĂŠrimentations scientifiques sur les Noirs, les mafias nigĂŠrianes, le 62e bataillon, la sorcellerie, les ĂŠmeutes xĂŠnophobes dans les townships... et la destruction du District 6 au Cap, dernier espoir de mĂŠtissage d'une afrique du Sud qui voit aujourd'hui ses communautĂŠs repliĂŠes sur elles-mĂŞmes. ÂŤ Toutes ces thĂŠmatiques font partie de mon inconscient, elles se sont parfois invitĂŠes Ă mon insu Âť, nous explique-t-il. Ni bons ni mĂŠchants donc dans son film, Ă l'image de ÂŤ la relation amour-haine Âť qu'il entretient envers Johannesburg. Le renouveau de la SF politique passe bien par l’Afrique du Sud.

Distribution : Metropolitan Filmexport // Afrique du sud, 2009, 1h52 Sortie le 16 septembre

LA RÉPLIQUE

 je t’aime bien. je te tuerai en dernier  (LA PETITE TYLER, DANS FISH TANK EN SALLES LE 16 SEPTEMBRE)

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16 NEWS /// KLAp ! /// ZOOM SUR UN TOURNAGE

NOM D’UNE PIPE plus proche de la bD de Lionel Wigram que des originaux d’Arthur Conan Doyle, GUY RITCHIE dépoussière Le mythe de Sherlock Holmes. Dopé à l’action, le détective se bat comme jamais, et tombe amoureux. _par sandrine Marques

Spectaculaire, mon cher Watson ! Sherlock Holmes promet d’être explosif, et ce dès le générique, qui réunit robert Downey Jr. (dans le rôle-titre) et Jude Law (le Dr. Watson). Plus aventurier que jamais, l’illustre détective use de ses talents de boxeur et d’épéiste. « Ce sera une production de grande envergure, viscérale et intellectuelle, où le génie de Holmes filtrera jusque dans l’action », a déclaré ritchie, qui a repris le projet après la défection de Neil Marshall. Prévu pour sortir en février 2010,

Sherlock Holmes met au jour la bestialité du détective, comme le laisse apparaître la bandeannonce où on le découvre torse nu, ensanglanté, en plein combat. une prouesse qui n’a pas été sans conséquences pour robert Downey Jr : une scène de bagarre l’a laissé K.O. pendant le tournage ! une histoire d’amour achève de pimenter le film. Non pas entre Holmes et son acolyte, Watson, comme l’avait laissé entendre un buzz persistant (et le souvenir du chef-d’œuvre de Billy Wilder, La Vie privée de Sherlock Holmes) ; mais avec irène adler (rachel Mcadams), la seule femme à pouvoir se mesurer au détective. révélé en 1998 par Arnaques, crimes et botanique, guy ritchie s’est illustré avec des histoires de gangsters arnaqueurs, entre le polar, le thriller et la comédie. il poursuit ici le mélange des genres, en passant le mythe Sherlock Holmes à la loupe grossissante.

INDISCRETS DE TOURNAGE Bertrand Tavernier devrait débuter mi-septembre en Auvergne le tournage de son adaptation de La Princesse de Montpensier de Madame de La Fayette. Mélanie Thierry, Lambert Wilson et Gaspard Ulliel figurent au générique de cette histoire d'amour contrariée. Mathieu Amalric poursuit le tournage de sa comédie itinérante et colorée, Tournée. Il y incarnera l'heureux producteur d'une troupe de strip-tease «new burlesque» qui émoustille les cabarets portuaires français, du Havre à Toulon.

paul Giamatti devrait remplacer sean penn pour camper avec benicio Del Toro un des Three Stooges, célèbre trio comique américain du milieu du siècle dernier. En charge de la réalisation, les frères Farrelly entameront le tournage à l'automne.

LA TECHNIQUE LE « TRACKING » Dès ses courts métrages, bien avant District 9, Neill Blomkamp s’était rendu maître de l’intégration d’effets à des images « prises sur le vif ». une bonne intégration débute avec un bon « tracking » : sur le plateau sont disposées de petites boules de couleurs, afin que les ordinateurs « comprennent » la déformation de perspective et de parallaxe du plan tourné avec les comédiens. ainsi, lors de l’élaboration d’un alien en numérique, la déformation de perspective appliquée à l’alien sera exactement la même qu’autour des comédiens, donnant l’illusion que tous ont été filmés par la même caméra, au même instant. _R.D. // District 9 de Neill blomkamp, en salles le 16 septembre

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18 NEWS /// pAssERELLEs

De film en aiguille La collection automne-hiver 2009-2010 sera collector ou ne sera pas. Démarche multimédia inédite, le poème visuel vanessabruno met en scène l’actrice Lou Doillon, qui incarne la féminité mouvante et émouvante chère à la créatrice VANESSA BRUNO et à sa complice, la réalisatrice STÉPHANIE DI GIUSTO. Une passerelle tissée entre mode et cinéma à découvrir le 9 septembre au MK2 bibliothèque et sur le site www.vanessabruno.com. Rencontre. _propos recueillis par sarah Kahn

V

anessa, pourquoi choisir le support vidéo pour promouvoir votre nouvelle collection ? Vanessa Bruno : J’ai toujours travaillé

avec des femmes à forte personnalité, notamment des actrices : Hélène Fillières, Maïwenn Le Besco, Léa Seydoux ou Clotilde Hesme. En faisant ce film, je voulais me consacrer à celles qui donnent vie aux vêtements. Par ailleurs, mes collections m’inspirent toujours des images poétiques…

Stéphanie Di Giusto : Exactement. C’est un poème visuel et sensoriel, avant d’être une vidéo. On est proche de l’expérimentation. Le travail de Vanessa a toujours comporté une facette expérimentale. avant de faire des défilés, elle réalisait des installations artistiques, qui mettaient en scène ses collections. Elle a toujours plébiscité les manières atypiques et différentes de présenter la mode. Ce film en est un exemple.

Vanessa, vous avez choisi la vidéaste et photographe Stéphanie Di Giusto pour la réalisation de ce film de quatre minutes. Une femme à votre image, artiste et indépendante… V.B. : Je suis quelqu’un d’assez fidèle et ma collaboration avec Stéphanie date de huit ans. Nous évoluons autour des mêmes sensibilités et quand on a pensé à un film, il était évident qu’elle le réaliserait. Elle possède un univers qui lui est propre. Quand je fais une collection, j’ai besoin de la scénariser, de raconter une histoire en périphérie, pour que cela fasse rêver. Stéphanie m’a toujours aidée à donner une dimension visuelle à ces histoires.

S.D.G. : Je traduis en images son univers, il résonne dans ce que je fais. On parle la même langue artistique. Lorsqu’on évoque les comédiennes qui nous inspirent, ce sont les mêmes noms qui reviennent : Charlotte rampling ou Diane Keaton à leurs débuts, Nastassja

Kinski dans Tess. La structure du film est très proche de celle de son défilé – enfin, de l’impression que son défilé m’a donné, ce mouvement si particulier...

L’héroïne du film est l’actrice Lou Doillon, par ailleurs égérie de votre collection printemps-été 2009… V.B. : Pour moi, Lou incarne parfaitement la marque car elle donne au vêtement une dimension de « vraie fille ». Ce n’est pas juste un mannequin. À travers son travail de comédienne, elle diffuse une certaine aura cinéphile et onirique, mais cela ne gomme pas son coté urbain et authentique, au contraire…

S.D.G. : D’ailleurs, pour un film de mode, c’est un film très réaliste. Même si l’on recherchait une certaine sophistication, on a tourné en lumière naturelle. C’est ce que l’on aime chez la femme : le naturel.

Votre film sera projeté le 9 septembre en avant-séance au MK2 Bibliothèque. Pourquoi avoir choisi MK2 pour promouvoir cette collection ? V.B. : Quand on travaille dans la mode, le cinéma est une source d’inspiration inépuisable. Cela va de soi, en tout cas pour moi. MK2 soutient un cinéma indépendant et de qualité, que j’apprécie. ils ont le courage de faire réagir le spectateur, en montant des projets inhabituels et précurseurs dans les salles, comme cet échange entre mode et cinéma.

En parlant d’échanges, avez-vous vu le film Brüno ? V.B. : Mais bien sûr ! [rires] À la sortie de l’avantpremière, vous n’avez pas vu Bruno habillée en Brüno ?

vanessabruno Un film de Stéphanie Di Giusto, avec Lou Doillon Le 9 septembre en avant-séance au MK2 Bibliothèque et sur www.vanessabruno.com


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© stephanie Di Giusto.

«Vanessa a toujours plébiscité les manières atypiques de présenter la mode.»


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20 NEWS /// LE pROFIL

DE...

Jimi Hendrix Lunettes-Soda-Dragibus : paré pour la projection céleste d’Hôtel Woodstock. Il y a 69 minutes

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Ang Lee a tagué Jimi sur une vidéo :

Informations

Hôtel Woodstock Durée : 2h00 Producteur : Universal Pictures Date de sortie : 23 septembre 2009

Réseaux : Woodstock, Swinging London Surnoms : « Le sauvage de Bornéo », « Voodoo Child » Date de naissance : 27 novembre 1942 à Seattle Date de décès : 18 septembre 1970 à Londres Formation : Garfield High School (enfin pas jusqu’au bout)

Jimi Hendrix a joué à Guitar Hero World Tour Morceau : Purple Haze par The Jimi Hendrix Experience Score : 100 % Le 25 août à 17h39 – Commenter – J’aime

Emploi : Guitar hero, dieu immortel du rock Objet fétiche : Fender Stratocaster

Santana, le 25 août à 17h41 « Rah… je suis toujours bloqué à 97%, comment tu fais le larsen de l’espace à la fin ? » Jimi, le 25 août à 17h42 « Tu peux pas test, mec. »

Vêtements préférés : Vestes pourprées, velours poudrés

John Lennon a invité Jimi à rejoindre le groupe Lenny Kravitz fait rien que nous piquer des idées

Situation amoureuse : C’est compliqué

Le 14 août à 18h04 – Commenter – J’aime

Amis

Afficher tout

Jimi Hendrix Jimi a joué au quizz « Quel pyromane es-tu ? » Et le résultat est : « Mélomane » Le 7 août à 15h57 – Commenter – J’aime Jim Morrison, le 8 août à 17h58 « T’es gentil Jimi, mais pendant que tu faisais la première partie de Johnny Hallyday, moi j’allumais le feu, et pas n’importe lequel… »

Elvis Presley

B.B. King

Barack Obama

Bob Dylan

Curtis Mayfield

Eric Clapton

Jimi a rejoint le groupe Legendary Pictures annonce

un biopic sur Jimi Hendrix Le 2 août à 12h16 – Commenter – J’aime – Devenir fan Andre Benjamin, le 5 août à 14h24 « Hey baby je suis pressenti pour gratter dans tes santiags, t’es foxy ok ? »

NB : Profil fictif réalisé par E.r., a.t. et S.K. à partir de faits et déclarations authentiques.

Citation favorite : « La connaissance parle, mais la sagesse écoute. »

1969 amis

Le 3 septembre à 10h23 – Commenter – J’aime


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22 NEWS /// FIGUREs DE sTYLE

DU LIVRE AU FILM, UN PERSONNAGE CHANGE DE TENUE

LE PEtit NICOLAS En 1959, rené goscinny, papa du petit gaulois astérix, et le dessinateur humoristique Jean-Jacques Sempé créent Le Petit Nicolas dans le numéro de Pâques de Sud Ouest Dimanche. Extrait du carnet de note de notre jeune héros : « Élève turbulent, souvent distrait. Pourrait faire mieux. » Pour raconter les punitions, la cour de récré et les gros yeux du pion, on ne pouvait en revanche faire mieux que Sempé et goscinny. « Terrible », comme dit Nicolas.

Cinquante ans plus tard, c’est l’acteur Maxime godart qui enfile le gilet rouge, sous l’œil du réalisateur Laurent tirard (Molière). La « chouette » vie de Nicolas est un chaos tranquille régi par le chahut. Mais quand le monde des adultes lui souffle aux oreilles la possible arrivée d’un petit frère, le petit Nicolas craint d’être délaissé. Pire, ses parents (Kad Merad et Valérie Lemercier) pourraient l’abandonner comme le Petit Poucet…

Le Petit Nicolas : Le ballon et autres histoires inédites de René Goscinny et Jean-Jacques sempé (IMAV éditions)

Le Petit Nicolas de Laurent Tirard // Avec Maxime Godart, Valérie Lemercier… // Distribution : Wild bunch // France, 2008, 1h30 // Sortie le 30 septembre

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24 NEWS /// UNDERGROUND /// DÉJà CULTE, BIENTôT DANS LES BACS

tOur DE CHANT Du Grand Nord suédois aux soufis pakistanais, TAKEN BY TREES invite à un voyage musical moins exotique qu’ésotérique, entre folk de bois et derviches, dont on revient retourné.

COPIER COLLER

_par Wilfried paris

Elle se fait appeler taken by trees – littéralement, « éprise d’arbres » en VF. Victoria Bergsman, rameau délicat du groupe the Concretes, et joli sifflet soufflé sur le Young Folks de Peter Bjorn & John, sort des bois son deuxième solo. une exploration moins touristique qu’introspective, où l’âme nage et se noie dans la foule, la musique, les couleurs, l’amour (et la violence aussi) du Pakistan. Belle tête chercheuse d’un total dépaysement, la jeune Suédoise s’est plongée dans la musique traditionnelle de Lahore, avec pour seuls compagnons le guitariste andreas Soderstrom et son filet de voix doucement errant, entre musiciens arnaqueurs et extrémistes religieux, avant de trouver salon hospitalier chez un artiste abritant un lion de compagnie (!). L’album, enregistré à moitié en extérieur, avec « le son des oiseaux, des insectes » et des musiciens locaux (des collaborateurs de Nusrat Fateh ali Khan), ressemble au voyage initiatique soufi, de l’annihilation de l’ego dans l’ivresse (To Lose Someone) à l’apaisement de l’âme dans une nouvelle conscience spirituelle – la« confession » d’Hermann Hesse, Bekännelse, clôt le disque. album de voyage, de rencontres (Victoria y détourne le My Girls d’animal Collective en My Boys) et de retour sur soi, East of Eden est surtout un lancinant chant d’amour, qui regarde les vagues (Watch the Waves) et les renvoie vers l’horizon. Taken by Trees – East of Eden (Rough Trade / beggars)

>> avec Truelove’s Gutter, son sixième album, Richard Hawley croone ses plus belles « torch songs », en fin spéléologue des cavités amoureuses.

>> Clair-obscur des arrangements, voix panoramique, lyrisme arasant : l’anglais serait-il le Roy Orbison des années 2000 ? En tout cas, il en a le profil.

LE MYSPACE CHARTS DE LA RÉDACTION THE DODOS – Fables – 32 815 lectures www.myspace.com/thedodos Les trois premiers albums de ces Californiens nous faisaient un peu somnoler, mais leur nouveau, Time to Die, sonne le réveil : frais, pop, vitaminé.

PHANTOM fEAT. LIO – Je ne suis encore prête – 9 274 lectures www.myspace.com/phantomfeatlio Quand elle ne distribue pas des bleus, Lio se déguise en noire punkette, et traîne avec de drôles de Fantômas belges. La voilà dans de beaux draps.

ZAK LAUGHED – The End has no End – 3 419 lectures www.myspace.com/zaklaughed Âgé de quinze ans à peine, ce folksinger clermontois renvoie les Strokes à la maternelle avec cette version cristalline de leur classique.

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BuLLE D’AIR Grand disque de studio, Love 2, sixième album de AIR, est aussi leur meilleur. En douze plages sans fausse note, il synthétise ce qui distingue le duo parisien : musicalité geek, safaris mystiques, sensualité diaphane, alliance des contraires (anges et robots, bach et star Trek...). Co-responsable de cet état de grâce : leur nouveau « sanctuaire », à belleville. Visite guidée.

© Richard Dumas

_propos recueillis par Auréliano Tonet


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27 NEWS /// IN sITU

« LOVE 2, C’EST LE RETOUR DU VOCODEUR À LA AIR, DES VOIX D’ANGES, CHAUDES, SENSUELLES, CARESSANTES. »

L

ove 2 a été entièrement enregistré ici, dans votre nouveau studio. Peut-on dire de ce lieu qu’il est le « troisième homme » du disque ? Nicolas Godin : Je redoutais que, une fois installés dans notre super studio, on perde le plaisir de jouer ensemble, qu’on s’institutionnalise. Or, contre toute attente, nous avons joué notre musique la plus spontanée depuis dix ans. On a retrouvé quelque chose de juvénile, d’adolescent dans la manière de penser nos morceaux. Jean-Benoît Dunckel : On a fait confiance au studio pour régénérer notre son, pas à un producteur. C’est le retour de air qui produit de a à Z sa musique, comme on le faisait à nos débuts. Le seul invité du disque est notre batteur. Love 2 est un pur album de air. il signe la réintégration du groupe. tous nos instruments étaient à portée de main, on ne perdait pas de temps à trifouiller les machines, on jouait, tout simplement. Les morceaux ont jailli de manière cinétique.

Pourquoi avoir investi dans un studio personnel ? NG : On a senti le vent tourner : avec la crise, les budgets consacrés à l’enregistrement sont de plus en plus maigres. Du coup, on a eu envie de construire un endroit duquel on ne pourra jamais être délogés. On cherchait un lieu où l’on pouvait à la fois répéter, enregistrer et stocker notre matériel. une base, un quartier général, où l’on puisse effectuer les branchements tel qu’on l’entend, sans interférences. On sait maintenant que quoi qu’il arrive, on fera des disques jusqu’à la fin de notre vie. Quelle est l’histoire de ce lieu ? NG : Quand on est arrivés, c’était un terrain vague, utilisé comme lieu de stockage par les déménagements Odoul. il n’y avait pas de murs, que de la terre… un vrai désert au milieu de la ville ! L’architecture de la cabine fait penser à la pochette de votre deuxième album, qui représentait un studio imaginaire, en plein canyon… JBD : C’est juste, la réalité rejoint le fantasme. On a baptisé l’endroit le studio atlas, à cause de la rue

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de l’atlas qui ne passe pas loin. Comme quoi, les déserts nous poursuivent…[rires] Dix ans après Moon Safari, vous renouez avec un certain exotisme, comme l’indique le titre de plusieurs morceaux : Tropical Disease, African Velvet, Night Hunter… Le safari, cependant, n’a plus grand-chose de lunaire… JBD : C’est un disque très marin – ce studio en serait l’embarcation… En fait, on n’aurait pas dû s’appeler air, mais Eau. [rires] il y a quelque chose de très liquide, de très fluide dans notre musique. Les arpèges de piano ressemblent aux battements de l’eau… Le piano est omniprésent sur nos disques, notamment sur celui qu’on a réalisé pour Charlotte gainsbourg. il occupe d’ailleurs une place centrale dans cette pièce. NG : De la même manière que le lion est le roi de la jungle, le piano est le roi des instruments. Pour moi, le côté tropical du disque vient des films de tarzan, tu sais, lorsque le héros est seul dans la nuit et entend des bruits dans le lointain… C’est un sentiment d’effroi assez délicieux. Les titres des morceaux sont volontiers compacts et euphoniques : Be a Bee, Eat my Beat, Sing Sang Sung… NG : On aurait dû bosser dans la pub, et écrire des slogans. [rires] Nous utilisons les mots comme des instruments, des percussions. Leur sonorité nous importe davantage que leur sens. À l’image de votre musique, le studio est scindé entre deux pièces, l’une dévolue aux instruments acoustiques, l’autre au matériel électronique… NG : tout à fait. il y a toujours eu autant d’acoustique que d’électronique dans nos albums, malgré notre étiquette « électro ». Dans la cabine, on trouve les synthés, les boîtes à rythme et les ordinateurs, tandis que la grande pièce accueille les instruments acoustiques : Moog, theremin, Mellotron, Fender rhodes, clavecin, orgue, Wurlitzer, vibraphone, guitares, piano, batterie... Jean-Benoît a plutôt tendance à utiliser les claviers, moi les guitares. Quant aux micros, on les place de manière empirique. L’esthétique régit notre organisation de l’espace : il faut que le studio soit beau à regarder.

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© Richard Dumas

28 NEWS /// IN sITU

« LES MORCEAUX ONT JAILLI DE MANIÈRE CINÉTIQUE. » Sur Love 2, on note le retour de l’une de vos « signatures » sonores : le vocodeur… NG : Oui, cela faisait deux disques qu’on ne l’utilisait plus. En arrivant ici, on a déballé tout notre matos, et on est tombés sur nos vieux vocodeurs. Love 2, c’est le retour du vocodeur à la air, des voix d’anges, chaudes, sensuelles, caressantes, pas des voix de robots à la Kraftwerk – malgré toute notre admiration pour Kraftwerk. Autre instrument plébiscité sur Love 2 : la batterie… NG : On l’a achetée à L.a., c’est une rodgers, elle a un son d’enfer. On l’entend pour la première fois sur la B.O. de Virgin Suicides, un album très rythmique. La batterie, c’est le carbone 14 de la musique : un son de caisse claire te dit vraiment en quelle année un disque a été enregistré. C’est pour cela qu’on a longtemps hésité à incorporer cet instrument. Dans Moon Safari, il n’y avait pas de batterie, parce qu’on était à la quête d’une musique intemporelle. Là, je ne sais pas pourquoi, on s’est complètement libérés. il nous a fallu dix ans pour ne plus avoir peur d’utiliser des batteries à gogo. Enregistrez-vous en analogique ou en numérique ? NG : Nous vivons avec notre époque. Certes, nous jouons avec beaucoup d’instruments vintage, de type analogique, non pour recréer tel ou tel son du passé,

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mais parce que ça sonne d’enfer. Cependant, nous enregistrons sur une console numérique, le support idéal selon nous pour capturer le jaillissement créatif de manière immédiate et exhaustive. Si nous enregistrions sur bandes, comme Steve albini, le disque aurait été tout autre. J’aperçois une partition de Bach sur le piano. Un compositeur très mystique… JBD : Cet endroit est notre sanctuaire. Le sanctuaire de air. C’est un lieu de vie, qui concentre tous nos claviers, toute notre histoire, notre âme. Pour ma part, je fais beaucoup de yoga ici, parce qu’il n’y a pas de bruit. J’atteins un état de zen incroyable. Vous avez failli appeler votre album Jesus 2. Pourquoi avoir bifurqué vers Love 2 ? JBD : Parce que Jésus est amour. [rires] NG : Jésus 2, il y avait un côté blague de potaches dont on se méfie… Mais je suis un grand fan de Jésus. il m’a été révélé par la série documentaire Corpus Christi de Jérôme Prieur et gérard Mordillat. C’est mon année Jésus, je me suis acheté un crucifix… JBD : Jésus est d’ailleurs le grand absent du logo de Justice : où est-il passé ? Quelle utilisation future imaginez-vous pour ce lieu ? NG : On a déjà commencé à enregistrer la B.O. de Malls R Us, un documentaire sur les centres commerciaux réalisé par Helene Klodawsky, une Canadienne. Le film décrit leur impact moral, mystique, sociologique, financier, écologique sur nos sociétés. Parallèlement, on travaille sur la bande-son du film adapté du manga de Jirô taniguchi, Quartier Lointain. JBD : Pour ma part, j’aimerais beaucoup composer la B.O. d’un blockbuster américain de sciencefiction, comme Star Trek. Quelque chose de grand.

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30 NEWS /// LE bUZZLE

LE NET EN MOINS FLOU _par étienne Rouillon

BUZZ’ART

STATUTS qUOTES séléction des meilleurs statuts de FACEBOOK Adrien : Certes il y a eu des licenciements au sein de la société, mais le gars qui ne tire pas la chasse a manifestement conservé son poste. Sandrine : « Un intellectuel, c'est quelqu'un qui entend le mot ”pipe” et pense à Magritte. » (alan Patrick Herbert) Joe : M. et Mme Fucking ont un fist… Julien : Court plus vite que les contrôleurs de la ratP… Adeline : Miss Dominique va bien, elle a repris trois fois des frites.

LOCO MOTIVÉ Le cœur sur la main, l’ex-Mano Negra MANU CHAO publie sur le web Viva la Colifata, bel album enregistré avec les pensionnaires d’un hôpital psychiatrique argentin. Dièses sans bémols au-dessus d’un nid de casse-cou de la poésie : la radio La Colifata, «la folle» ou «le chtarbé» en argot argentin, émet depuis 1991 dans le studio de fortune d’une cour de l’hôpital psychiatrique Borda à Buenos aires. au programme chaque samedi, poèmes, chansons et débats conçus par les locaux « loco ». Les fous du micro revendiquent des millions d’auditeurs, parmi lesquels l’ému Chao. Le musicien vient sporadiquement, depuis une dizaine d’années, accompagner les textes accrocheurs des

patients avec les croches de sa guitare impatiente. après avoir fait jouer quelques malades dans son clip Rainin’ in Paradize, réalisé par Emir Kusturica, il met en musique cet album de fous qui parlent d’un monde qui marche sur la tête – le nôtre. Des psaumes feu follets, égrenés dans un cerveau-trip gracieusement proposé sur le Net, en téléchargement libre. Le site appelle quand même aux dons pour la radio, qui est dans le rouge. Pas fous non plus.

Vincent : C'est triste, il aura donc fallu que je tombe dans une douve à Saint-Malo pour que Les Inrocks parlent de moi. Christophe : Plus tard, j'empêcherai mes enfants de faire La roux. Robert : alain Bashung en « concert à emporter » ???! ah non, un cancer l'a emporté, ok, sorry... Mathieu : L'homme est mi-singe, micochon, mi moot moot. Alexandre : « La carrière d'une star commence quand elle ne peut pas entrer dans son soutien-gorge et finit quand elle ne peut plus entrer dans sa jupe. » (Orson Welles) Tony : L’ukulélé est à la guitare ce que le string est au caleçon.

Les dons du son sur www.vivalacolifata.org

APPLIS MOBILES BESCHERELLE Dur de conjugué les verbes, on as vite fais d’oublié pendant l’été. Heureusement que l’on peu compté sur ce conjugueur incollable, qui ai cachez au fond de la poche. La béquille as tout fair d’une rentrée réussie. Plateforme : iPhone et iPod touch // Prix : 2,99 €

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MÉTRO PARIS La réalité augmentée investit la capitale. Visez la rue avec la caméra de votre appareil et des icones vous indiqueront, en superposition, l’emplacement des stations métro à proximité ou encore le trajet à suivre jusqu’au McDo après le ciné. Plateforme : iPhone 3GS // Prix : 0,79 €

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MAL BUZZÉ

TWITOUILLAGE Chaque mois un phÊnomène du Net touillÊ via TWITTER

Literalvideo 97 following 80 followers http://twitter.com/literalvideo recense les productions estampillĂŠes ÂŤ literal music videos Âť, principe de dĂŠtournement des paroles d’un clip musical des annĂŠes 1980 ou 1990. Le chanteur y dĂŠcrit littĂŠralement ce qui se passe Ă l’Êcran pour mieux souligner les effets cinĂŠmatographiques et esthĂŠtiques douteux de l’Êpoque (la machine Ă faire du vent dans les cheveux, par exemple). twitto-florilège :

C’EST DE LA BOMBE, DÉBIT !

Take on Me – A-ha Première ÂŤ literal vid’ Âť du Net, avec de vrais bouts de rotoscopie indigeste.

Notre prĂŠsident et les 3 suisses victimes cet ĂŠtĂŠ du ÂŤ Google bombing Âť : mais qui a appuyĂŠ sur le dĂŠtonateur ?

Hooked on a Feeling – David Hasselhoff Le pilote de K2000 en tenue d’esquimau dans un dÊrapage visuel mal contrôlÊ.

Demandez ÂŤ inadmissible incompĂŠtence Âť Ă google, il vous rĂŠpondra ÂŤ 3 Suisses Âť. Le pâtre des dĂŠbits du Net cornaque dans ce qu’il pense ĂŞtre la bonne direction. La faute Ă des ÂŤ hacktivistes Âť de l’urL, qui le rendent chèvre. Le ÂŤ google bombing Âť (ou ÂŤ bombardement google Âť en VF) profite d’une faiblesse de l’algorithme du moteur de recherche : si de nombreux sites dĂŠcident de renvoyer vers les 3 Suisses (qui a refusĂŠ d’honorer des commandes de tĂŠlĂŠviseurs, mettant les ÂŤ google bombeurs Âť en pĂŠtard) en utilisant la mĂŞme expression, google associera les deux termes. Ă€ la mi-juillet, ÂŤ trou du cul du web Âť renvoyait Ă la page sarkozy.fr, en rĂŠaction Ă la loi Hadopi. Dernièrement, en tapant ÂŤ Chuck Norris Âť, on ĂŠchouait sur une fausse page google annonçant : ÂŤ Google ne cherchera pas Chuck Norris car il sait qu’on ne cherche pas Chuck Norris, c’est lui qui vous trouve. Âť

NSFW

– [enesefdubləve] sigle.

Penny Lane – The Beatles Fondus enchaÎnÊs, surimpression prÊcieuse, les Fab’ font un four avec ce film de vacances en sortie de route. Total Eclipse of the Heart – Bonnie Tyler Les occurrences surrÊalistes de ce manifeste grotesque accouchent d’un nanar adulescent. November Rain - Guns N’Roses Neuf minutes et treize secondes de tout à l’ego en sol pleureur, interprÊtÊ par l’inÊnarrable axl rose. Under The Bridge - Red Hot Chili Peppers Filtres colorÊs sur permanentes dÊcolorÊes. DÊcoiffant.

MOT @ MOT

(AbrĂŠviation de la formule anglaise ÂŤnot safe for workÂť, qui signifie ÂŤpeu sĂťr pour la pĂŠrennitĂŠ d’un CDDÂť) 1. Mention accolĂŠe Ă un mail ou Ă un lien ĂŠchangĂŠ par Internet, mettant en garde l’utilisateur contre les risques qu’il prend Ă l’ouvrir au boulot. ÂŤhttp://berlusconi.com/video/callgirl/bonsbaisersderussiedanslelitdepoutine => NSFWÂť 2. adj. Qualifie une action irresponsable, car perpĂŠtrĂŠe dans l’enceinte de son lieu de travail, entrainant une sanction administrative ou salariale. ÂŤMonsieur Chatel, le petit Martin de la 6ème B a fait sa rentrĂŠe avec une grippe NSFW. On va devoir abattre tout le troupeau.Âť

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32 NEWS /// AVATARs /// UN JEU VIDÉO EXPLIqUÉ à ...

CraSH TEST Affichant de nombreux jeux de rallye au compteur, la série des Colin McRae fait une embardée réussie du coté des courses à grand spectacle, avec Dirt 2, qui en a sous le capot. On s’y croirait. Un peu trop, à en croire mon prof’ d’auto-école…

ALTER GAMO

_par étienne Rouillon

« HACHE. Mais monsieur puisque je te jure que j’ai pas fait exprès de m’encastrer dans ce kiosque à journaux ! Promis, mon truc, c’est la presse gratuite. Si j’ai lâché le volant des deux mains ? C’est que j’ai senti venir l’éternuement, et comme moi aussi je dis non au virus de la grippe, bah j’ai cherché mes coudes pour me moucher. Faut pas prendre la mouche monsieur. C‘est pas grave si ta Panda a l’air de s’être fait braconner à la hache, dis-moi où est le bouton replay et on rejoue ce virage. HEIN ? Comment c’est pas de série dans ton tacot ? C’est que j’ai fait mes classes sur Colin McRae Dirt 2, moi. t’entraves rien ? tu parles d’un professionnel... Pas besoin de cours sur simulateur quand j’ai Dirt 2 dans mon salon. C’est le nec plus ultra du photoréalisme avec des caméras au poil pour gratter les virages au cordeau. HAINE. Entre les voltiges aux X-games de L.a. et les raids dans le désert marocain, je te mets la haine sur tous les terrains en te regardant verser dans une rizière chinoise. HUN. Là où je roule, des vocations repoussent. En attendant les pompiers… un petit Mario Kart sur ma game Boy ? » Colin McRae Dirt 2 // éditeur: Codemasters // plateforme: ps3, pC, X360, Wii

OLIVIER, 33 ANS, BARMAN RÉTRO GAMO QUOI DE NEUF DUX ?

Enterrée en 2001, la Dreamcast fut la dernière console de Sega – et la première connectée au Net. Les développeurs de Hucast refusent de couper le cordon en proposant cet automne Dux, un jeu de tir arcade au look organique. Un titre mort-vivant pour nostalgeeks d’outre-tombe.

Je joue peu aux jeux vidéo. Cela dit, quand j’ai cassé ma play station, j’en ai racheté une uniquement pour God of War ! Kratos est le seul personnage qui me motive à finir un jeu. J’ai aussi une Wii, sur laquelle je joue au golf avant d’aller bosser, histoire de faire un peu d’exercice… » Envoyez-nous votre photo et celle de votre avatar à troiscouleurs@mk2.com, nous publierons les meilleures.

Dreamcast // Hucast // 24,90 € sur www.hucast.net

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LE

GUIDE CALENDRIER MALIN POUR AVENTURIER URBAIN

DU MERCREDI 9 SEPTEMBRE AU MARDI 13 OCTOBRE

« VIVRE SOUMIS, CE N’EST PAS VIVRE. » FaNNy arDaNt

P.36

SORTIES EN SALLES SORTIE LE 9 SEPTEMBRE 36 Cendres et Sang de Fanny ardant SORTIE LE 16 SEPTEMBRE 37 Rien de personnel de Mathias gokalp SORTIE LE 16 SEPTEMBRE 38 Humpday de Lynn Shelton SORTIE LE 30 SEPTEMBRE 39 Mary et Max. d’adam Elliott SORTIE LE 7 OCTOBRE 40 Funny People de Judd apatow LES AUTRES SORTIES 42 Ma vie pour la tienne ; À propos d’Elly… ; À Deriva ; Ultimate Game ; The September Issue ; L’Armée du crime ; Fish Tank ; Violent Days ; London River ; Le Dernier pour la route ; Hôtel Woodstock ; L’Affaire Farewell ; Je suis heureux que ma mère soit vivante ; 500 jours ensemble ; The Informant ! ; Au voleur ; Les Joies de la famille ; Le Syndrome du Titanic ; Victor ; Mères et filles

46 LES ÉVÉNEMENTS MK2

P.36

Exposition Mary et Max. Soirée Zéro de Conduite

SORTIES EN VILLE 48

CONCERTS Les cinq ans de Ground Zero L’oreille de… Passion Pit

50 CLUBBING La nuit électro au Grand Palais Les nuits de… Brodinski

52 EXPOS 23’17 à Mains d’œuvres Le cabinet de curiosités : ionesco à la BNF

54 SPECTACLES Gwénael Morin à aubervilliers Le spectacle vivant non identifié : Woyzeck on the Highveld

56

RESTOS Sven Chartier au Racines Le palais de… Vanessa Bruno

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36 CINÉMA

SORTIE LE

09/09

Cendres et Sang 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1...Pour être surpris par Fanny Ardant réalisatrice, dans un registre où on ne l’attendait pas. 2...Pour apprécier les ressemblances entre la réalisatrice et son actrice, Ronit Elkabetz. 3...Pour le regard plein d’amour posé sur les hommes du film, dignes, fiers et beaux.

ŒIL POUR ŒIL Un film de Fanny Ardant // Avec Ronit Elkabetz, Abraham Belaga… Distribution : Alfama // France-Roumanie, 2008, 1h45

pour ses débuts de réalisatrice, FANNY ARDANT célèbre la liberté avec Cendres et Sang, tragédie surprenante et atemporelle sur fond de haines ancestrales. _par Juliette Reitzer

Filmée dans une campagne roumaine battue par les vents, l’histoire pourrait se situer en Sicile ou en albanie, là où les hommes sont irréductibles, où l’honneur et les dettes de sang priment le droit civil. Jeune fille, Judith a épousé le fils du clan rival au sien. Son mari a été assassiné, et Judith vit depuis dix ans exilée en France, avec ses trois enfants. Mais son passé la rattrape quand elle est invitée au mariage d’une cousine : sous la lumière écrasante d’un pays figé dans le temps, son retour réveille les haines séculaires… Si Cendres et Sang a la solennité d’une tragédie – poids du destin, passions meurtrières… –, la mécanique implacable du sort est contrariée par le personnage de Judith, figure libre par excellence. Crinière brune et talons hauts dans la terre aride –comme pour piétiner les « cendres » du titre, vestiges de son passé meurtri –, elle s’oppose, aime, s’affranchit. À l’image de ce film sombre et intense, hors du temps et des modes.

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FANNY ARDANT quel est votre rapport à la tragédie ? J’ai été très impressionnée par la tragédie grecque, par la violence subie, qu’on pense inéluctable. Je voulais que l’histoire se déroule comme une tragédie, où une erreur involontaire entraine une cascade d’évènements sur lesquels l’homme n’a aucune prise. Mais j’ai voulu rappeler que chaque être humain a la possibilité de dire non. C’est ce que fait le personnage de la mère… Oui, elle connaît les codes mais passe pardessus, parce que vivre soumis, ce n’est pas vivre. sa première erreur a été d’embrasser un homme du clan ennemi, et cet homme a été assassiné. Dix ans plus tard, elle paie le prix de sa liberté par un nouveau drame. En quoi cette expérience de mise en scène nourrit-elle votre carrière d’actrice ? J’ai découvert grâce au film que j’adorais être actrice. Quand j’étais derrière la caméra, je crevais d’envie de jouer. Je me suis aperçue à quel point il est difficile d’entrer dans l’univers d’un metteur en scène. C’est la richesse du métier d’acteur : se laisser porter.

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37 CINÉMA

SORTIE LE

16/09

Rien de personnel 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1...Pour l’originalité du montage, qui évoque les expérimentations d’Alain Resnais ou de Chris Marker. 2...Pour l’ensemble des comédiens, qui excellent dans cet habile jeu de dupes. 3...Pour la peinture acide du monde de l’entreprise et de ses enjeux de pouvoir.

MAL COSTUMÉ Un film de Mathias Gokalp // Avec Jean-Pierre Daroussin, Mélanie Doutey… // Distribution : Rezo // France, 2008, 1h31

Une soirée d’entreprise tourne à la mascarade… Avec Rien de personnel, démystification acerbe du monde du travail, MATHIAS GOKALP signe un premier film audacieux, qui avance masqué. _par sandrine Marques

réunis à l’occasion d’un pince-fesses, des cadres se confrontent à des acteurs, déguisés en coaches, sous l’œil d’un évaluateur. un comédien pousse dans leurs derniers retranchements une décideuse ambitieuse et un délégué du personnel trop empathique. Mais, à son insu, il révèle une stratégie sournoise de licenciements… Le tartuffe, par qui la vérité éclate, est incarné par Jean-Pierre Darroussin, excellent dans le registre de la duplicité. Sous son impulsion, les masques tombent et les apparences travesties se dévoilent peu à peu, grâce à un montage volontairement partiel jusque dans le dernier tiers du film. Pour son premier long métrage, Mathias gokalp place haut ses ambitions narratives, en bousculant le récit traditionnel. il ne donne pas à voir un mais trois films, manipulant le spectateur, au même titre que ses personnages se laissent abuser par les faux semblants. répétées à trois reprises, les scènes s’enrichissent de nouveaux

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points de vue, et gagnent, au fil des visions, un sens radicalement différent… Le scénario emprunte son originalité au théâtre classique. Pas seulement parce que l’intrigue se déroule dans une unité de lieu et de temps, mais parce que le réalisateur s’amuse à redistribuer les rôles à l’envi. Chez Shakespeare ou Marivaux, les valets se font régulièrement passer pour les maîtres. Dans Rien de personnel, un agent d’entretien endosse le costume d’un puissant patron, sans que personne ne trouve rien à redire. Pour réjouissante que soit la multiplication de ces impostures, elle révèle in fine la face obscure de l’entreprise, théâtre de la cruauté et temple des convoitises. Dans la lignée de ses précédents courts métrages (Mi-temps, Le Droit Chemin), qui dépeignaient une âpre réalité sociale, Mathias gokalp poursuit son propos sur l’époque avec inventivité.

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38 CINÉMA

SORTIE LE

16/09

Humpday 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1...C'est la première greffe réussie entre la sensibilité Apatow et le style de comédie Sundance. 2...Les deux comédiens principaux, Mark Duplass et Joshua Leonard, sont d'authentiques révélations. 3...Le film navigue assez brillamment entre esprit potache et questionnements existentiels.

COUP DE SOLEIL Un film de Lynn Shelton // Avec Mark Duplass, Joshua Leonard… // Distribution : Pyramide // États-Unis, 2009, 1h35

Du nouveau sous le soleil de la comédie U.s. estampillée sundance : avec Humpday, LYNN SHELTON questionne intelligemment l'identité masculine, tout en déployant une drôlerie constante. _par Jacky Goldberg

Dans le landerneau de la comédie indépendante américaine (Little Miss Sunshine, Sunshine Cleaning et autres coups de soleil pris en cabine u.V. plutôt qu'à l'air libre), Humpday frappe par sa crudité, sa qualité d'écriture et sa capacité à tenir la distance malgré un pitch improbable, qui aurait pu tourner à la pochade. Le film débute par les retrouvailles de deux amis après plusieurs années de séparation ; l'un est casé (Ben), l'autre paumé (andrew), et tous deux décident, après une soirée alcoolisée, de coucher ensemble, sous l'œil d'une caméra. Pas un comingout, non, seulement un pari idiot : participer à un festival de porno amateur (le « Humpfest »), où leur réalisation brillera sans nul doute par son originalité – deux hétéros qui s'enfilent, pensez-vous. Mais tandis qu'ils se posent la question d'actualiser leur défi, Ben et andrew s'entraînent mutuellement sur un terrain glissant...

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En poussant à l'absurde le principe de « bromance » popularisé par Judd apatow (mix de brother et romance, récit d'amitié virile où l'homosexualité reste en embuscade), Lynn Shelton sonde avec humour les troubles identitaires de jeunes adultes américains, partagés entre une vie de couple pépère et les vertiges de la bohème. Bien qu'elle se conforme à un certain académisme post-Cassavetes (nonchalance du cadre, goût de l'improvisation, dilatation des engueulades en cuisine), la jeune réalisatrice – dont c'est le troisième long métrage mais le premier distribué en France – en évite les écueils majeurs.ainsi, elle s'emploie davantage à explorer en surface les effets (comiques) de ses dérèglements successifs qu'à y chercher d'introuvables abîmes existentiels.D'une drôlerie constante et interprété par deux acteurs excellents (Mark Duplass et Joshua Leonard, qui mériteraient d'être plus célèbres), Humpday est bel et bien la comédie Sundance qu'on n'attendait plus. WWW.MK2.COM


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39 CINÉMA

SORTIE LE

30/09

Mary et Max. 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1...En V.O., pour Philip Seymour Hoffman (prodigieux). 2...En VF, pour Jean-Claude Grumberg (inattendu et génial). 3...Quelle que soit la version, pour l’épatante musique de Dale Cornelius.

LETTRES ET LE NÉANT Un film d’Adam Elliott // Avec les voix de Philip Seymour Hoffman, Toni Collette… // Distribution : Gaumont // Australie, 2008, 1h32

premier long métrage d’animation de l’Australien ADAM ELLIOT, Mary et Max. déroule la correspondance de deux laissés-pour-compte. Rien que du bonheur ! _par Isabelle Danel

Chez adam Elliot, les hommes et les femmes ont de petites vies et de gros soucis. ils ne possèdent rien d’autre que la force des faibles, celle qui fait avancer, bon gré mal gré… Le magnifique court métrage Harvie Krumpet, qui valut en 2004 un Oscar à ce réalisateur australien alors âgé de 32 ans, était déjà de cette eau-là. Dans Mary et Max., son premier long primé au Festival d’annecy, il raconte l’amitié épistolaire née par hasard entre une gamine de huit ans, vivant dans la banlieue de Melbourne, et un quadragénaire phobique résidant en plein cœur de New york. Leur point commun ? Le goût du chocolat et le manque d’amour. Suivent vingt-deux années d’échanges drôles, incongrus et vivants. Dans des tons bruns et bistres pour Mary Dinkle, ses « yeux couleur gadouille », sa mère portée sur le sherry, sa soif des « autres » et ses questions cruciales (« D’où viennent les bébés en Amérique ? ») ; dans un noir et blanc porté sur le gris pour Max Horowitz, ses

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obsessions, ses angoisses, ses paniques – il est atteint du syndrome d’asperger, une forme d’autisme–, son singulier regard sur le monde. ici et là, jaillit une tâche de rouge : la fleur dans les cheveux de Mary, le pompon sur le crâne chauve de Max… ils ne sont ni beaux, ni laids, ni héroïques, ni passionnants, ils sont, tout simplement. Moyens, normaux (même dans leurs «anormalités»), universels, en somme. Dans ce conte emballant sur la différence et la solitude, les personnages de pâte à modeler sont plus humains et émouvants que bien des acteurs de chair et d’os. Par la grâce de l’humour et de la justesse qui émane de leur univers, par l’impressionnant travail sur les voix du narrateur et de ces héros ordinaires. après Là-haut et Number 9, ce nouveau chef-d’œuvre du cinéma d’animation prouve indéniablement que de ce côté-ci, un vent nouveau souffle, aussi rafraîchissant qu’ébouriffant.

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40 CINÉMA

SORTIE LE

07/10

Funny People 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1...Seth Rogen, qui est à Apatow ce que Léaud était à Truffaut, est en train de devenir un très grand acteur. 2...C'est la plus brillante dissection du rire depuis Man on the Moon de Milos Forman. 3...Tous les personnages secondaires, même les plus infimes, sont attachants et importants pour le récit.

LE RIRE, MODE D’EMPLOI Un film de Judd Apatow // Avec Adam Sandler, Seth Rogen… // Distribution : Universal // États-Unis, 2008, 2h16

producteur-phare du renouveau de la comédie U.s., JUDD APATOW livre Funny People, sa troisième réalisation, bouleversante plongée dans les mécanismes du rire contemporain, et grand film d’auteur, aussi ample que réflexif. _par Jacky Goldberg

Pratiquement inconnu il y a cinq ans, Judd apatow a réussi à marquer durablement de son empreinte le cinéma américain, en réalisant, produisant ou écrivant certains des plus beaux films consacrés à l'adolescence – et à sa perpétuation chez les adultes. ainsi, de 40 toujours puceau à En cloque mode d'emploi, de Freaks and Geeks (la série fondatrice, en 1999) à Supergrave, apatow et sa troupe ont su établir, mieux que quiconque, la cartographie des maux et émois du mâle contemporain. Sa troisième réalisation, Funny People, creuse un peu plus encore ce sillon. impressionnante par son ampleur narrative et ses incessants changements de ton, cette comédie volontiers dramatique suit les errements d'un acteur arrivé au sommet climatisé de sa carrière (adam Sandler, très convaincant dans ce jeu de massacre partiellement autobiographique), à qui l'on annonce soudain qu'il est atteint d'une grave leucémie.

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refusant de céder à l'abattement, il prend sous son aile protectrice (autant que rapace) un jeune standup comedian, talentueux mais légèrement pataud (Seth rogen, l'alter ego du roi Judd), avec lequel il repart à l'assaut des théâtres de ses débuts… Que se passe-t-il lorsqu'on introduit un virus dans le corps comique ? Ombre de la mort, vampirisme de la jouvence, élans romantiques contrariés, amitiés trahies : Judd apatow libère un cortège de spectres menaçants au-dessus de son film mais parvient, par on ne sait quelle magie vaudou, à les empêcher d'y déverser leur bile noire, pour en tirer plutôt une sève revigorante – un art d'équilibriste qu'il partage avec James L. Brooks (Spanglish), Blake Edwards (dernière manière, celle de Ten et That's Life !) ou Hal ashby (Harold et Maude). il ne lui reste désormais plus, pour égaler ses maîtres, qu'à écrire un grand film de femmes.

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42 CINÉMA

AGENDA SORTIES CINÉ 09/09 _par s.M., J.R., I.D., C.G. et R.s.

SORTIES DU

MA VIE POUR LA TIENNE de Nick Cassavetes Avec Abigail Breslin, Cameron Diaz… Metropolitan, États-Unis, 1h47

anna a été conçue pour sauver sa sœur, atteinte d’un cancer. adolescente, elle attaque ses parents en justice afin qu’ils ouvrent les yeux sur la situation, violente pour toute la famille. adapté d’un best-seller, ce mélo assumé est à voir avec un paquet de mouchoirs.

À PROPOS D’ELLY... de Asghar Farhadi Avec Golshifteh Farahani, Taraneh Alidousti… Memento, Iran, 1h56

un groupe d’amis, en week-end au bord de la mer Caspienne. Lorsqu’Elly, invitée pour rencontrer le célibataire de la bande, disparaît, les mensonges bénins se muent en grave quiproquo. une réflexion sur la responsabilité, servie par des acteurs parfaits.

À DERIVA d’Hetor Dhalia Avec Vincent Cassel, Camilla Belle… Universal, France-Brésil, 1h43

une adolescente s’éveille à la sexualité, et découvre que son père romancier a une liaison. un récit d’apprentissage sensible, magnifié par la lumière du Brésil. avec un Vincent Cassel lusophone convaincant et Laura Neiva, jeune révélation à suivre.

ULTIMATE GAME de Mark Neveldine et Brian Taylor Avec Gerard Butler, Michael C. Hall... Le Pacte, États-Unis, 1h45

Dans cette parabole futuriste, gorgée de références au cyberpunk et à l’âge d’or de la science-fiction, joueurs et personnages réels se confondent. Les réalisateurs, aficionados de la testostérone geek, sortent l’artillerie lourde mais sophistiquée. ET AUSSI CETTE SEMAINE : CENDRES ET SANG de Fanny ardant (lire la critique p.36) 36 VUES DU PIC SAINT-LOUP de Jacques rivette (lire la critique p.70)

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SORTIES DU

16/09 THE SEPTEMBER ISSUE de R.J. Cutler Avec Anna Wintour, Jean-Paul Gaultier… Diaphana, États-Unis, 1h28

Comment s’élabore le très attendu numéro de rentrée de Vogue ? Des shootings de mode aux choix éditoriaux, ce documentaire dresse le portrait de la « papesse de la tendance », anna Wintour, rédactrice en chef aussi intransigeante qu’omnipotente.

L'ARMÉE DU CRIME de Robert Guédiguian Avec Simon Abkarian, Robinson Stévenin… StudioCanal, France, 2h19

C'est le nom attribué, en 1944, à un groupe de jeunes résistants juifs, émigrés de toute l'Europe et morts pour la France. très impliqué, guédiguian peint avec didactisme le quotidien de ces héros, incarnés par un casting irréprochable.

FISH TANK d’Andrea Arnold Avec Michael Fassbender, Katie Jarvis… MK2, Grande-Bretagne, 2h02

À Cannes, andrea arnold a obtenu un Prix du Jury mérité pour son portrait d’une adolescente en crise, troublée par le charismatique amant de sa mère. épaulée par un Michael Fassbender parfait, la jeune Katie Jarvis est une révélation. ( lire le dossier p.60)

VIOLENT DAYS de Lucile Chaufour Avec Frédéric Beltran, Franck Musard… Shellac, France, 1h44

avec ce premier long métrage tourné en 2004, la scénariste et productrice Lucile Chaufour crée l’ovni rétro de la rentrée, un faux documentaire en noir et blanc sur des rockeurs français d’origine ouvrière qui rêvent d’amérique. À découvrir. ET AUSSI CETTE SEMAINE : DISTRICT 9 de Neill Blomkamp (lire la critique p.14) HUMPDAY de Lynn Shelton (lire la critique p.38) RIEN DE PERSONNEL de Mathias gokalp (lire la critique p.37)

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AGENDA SORTIES CINÉ 23/09 SORTIES DU

LONDON RIVER de Rachid Bouchareb Avec Sotigui Kouyate, Brenda Blethyn… Tadrart, France-GB, 1h28

Les attentats de 2005, à Londres. Ousmane et Elisabeth cherchent leurs enfants respectifs. il est noir, musulman et vit en France ; elle est blanche, protestante et fermière à guernesey. Sublime duo d’acteurs et sujet fort, par le réalisateur d’Indigènes.

LE DERNIER POUR LA ROUTE de Philippe Godeau Avec François Cluzet, Mélanie Thierry… Wild Bunch, France, 1h47

Hervé se rend dans un institut pour guérir de son alcoolisme. au contact des autres, il découvre ce qu’il veut faire de sa vie. D’après le roman autobiographique d’Hervé Chabalier, ce premier film porte un regard exhaustif sur une maladie de notre temps.

HÔTEL WOODSTOCK d’Ang Lee Avec Demetri Martin, Émile Hirsch… Universal, États-Unis, 2h

ang Lee revient sur la naissance du festival de musique le plus mythique de l’histoire du rock, avec une comédie sympathique où affleurent ses thèmes de prédilection : l’identité sexuelle, l’émancipation, les marges... un récit d’initiation très flower power.

L'AFFAIRE FAREWELL de Christian Carion Avec Guillaume Canet, Emir Kusturica... Pathé, France, 1h53

au début des années 1980 à Moscou, une taupe du KgB révèle un secret-défense soviétique à un indicateur français. avec une intense précision documentaire, Christian Carion revient sur la plus grande affaire d'espionnage de la guerre froide.

ET AUSSI CETTE SEMAINE : DÉMINEURS de Kathryn Bigelow LA PROPOSITION d’anne Fletcher


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44 CINÉMA

AGENDA SORTIES CINÉ 30/09 SORTIES DU

JE SUIS HEUREUX QUE MA MÈRE SOIT VIVANTE de Nathan et Claude Miller Avec Vincent Rottiers, Sophie Cattani… Metropolitan, France, 1h30

adopté à cinq ans, thomas passe son adolescence à chercher sa vraie mère. Miller, père et fils, signent un film sur la filiation, l’amour et le pardon. acteurs au cordeau, sujet dur et bouleversant. un must.

500 JOURS ENSEMBLE de Marc Webb Avec Zooey Deschanel, Joseph Gordon-Levitt… 20th Century Fox, États-Unis, 1h36

un couple se forme, s’aime, se défait au rythme des saisons. Leur histoire, aux accents universels, est racontée selon une chronologie originale, dans un Los angeles qui n’a jamais été filmé de manière si romantique. une comédie sentimentale attachante.

THE INFORMANT ! de Steven Soderbergh Avec Matt Damon, Scott Bakula… Warner, France-États-Unis, 1h47

Le renouvellement artistique permanent qui anime Steven Soderbergh est sans doute sa plus grande force. avec Matt Damon en agent double entouré d’une flopée d’acteurs comiques, cette comédie grinçante renoue avec la série des Ocean’s.

AU VOLEUR

07/10

SORTIES DU

LES JOIES DE LA FAMILLE de Ella Lemhagen Avec Gustaf Skarsgard, Torkel Petersson… Equation, Suède, 1h43

Dans une Suède de carte postale, un couple gay se frotte aux joies de l’adoption : suite à une erreur administrative, c’est un ado rebelle qui débarque chez eux… Couleurs acidulées et ton décalé pour cette comédie romantique rafraîchissante.

LE SYNDROME DU TITANIC de Nicolas Hulot, Jean-Albert Lièvre Documentaire Mars, France, 1h30

Coréalisé par Nicolas Hulot et le créateur de l’émission Ushuaïa, un documentaire militant qui replace la terre à l’échelle de la galaxie, pour mieux nous alerter sur l’état de la planète. Et prendre conscience qu’il est encore temps de réagir…

VICTOR de Thomas Gilou Avec Pierre Richard, Sara Forestier… TFM, France, 1h35

Stagiaire dans la presse people, alice se prend de pitié pour son voisin octogénaire (Pierre richard). Pour le sortir de sa solitude, elle organise un concours : le gagnant adoptera le papy… une comédie générationnelle au propos généreux.

MÈRES ET FILLES

de Sarah Leonor Avec Florence Loiret-Caille, Guillaume Depardieu… Shellac, France, 1h40

De Julie Lopes-Curval Avec Catherine Deneuve, Marina Hands… Bac, France, 1h45

une dérive au fil de l’eau, sensuelle et libertaire, pour un couple en cavale : c’est à ce voyage que nous invite la talentueuse Sarah Leonor qui filme le parcours de deux rebelles, en rupture avec la société. un film sensible et affranchi, comme ses héros.

retour en Bord de mer , titre de son premier long métrage, pour JulieLopes Curval. Dans ce décor, elle installe un drame familial intimiste qui met en perspective la condition des femmes et leur émancipation. À voir pour les comédiennes, exceptionnelles.

ET AUSSI CETTE SEMAINE : MARY ET MAX. d’adam Elliot (lire la critique p.39) LE PETIT NICOLAS (lire l’article p.22) THIRST de Park Chan-wook (lire l’article p.90)

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ET AUSSI CETTE SEMAINE : LA DANSE de Frederick Wiseman (lire la critique p.68) FUNNY PEOPLE de Judd apatow (lire la critique p.40)

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46 CINÉMA

LES ÉVÉNEMENTS BASTILLE

BIBLIOTHèQUE

HAUTEfEUILLE

ODÉON

QUAI DE LOIRE

BEAUBOURG

GAMBETTA

NATION

PARNASSE

QUAI DE SEINE

CINÉMA

PASSERELLES

FLASHBACKS & PREVIEWS

LE DIALOGUE DES DISCIPLINES

DU 13 AU 16 SEPTEMBRE / LA RENTRÉE DU CINÉMA Dans toutes les salles MK2 et pour toutes les séances, un tarif exceptionnel de 4 euros par entrée ! Plus d’infos sur www.rentreeducinema.com.

VENDREDI 11 SEPTEMBRE - 20H / RENCONTRE / THIERRY ACOT-MIRANDE avec les éditions Monsieur toussaint Louverture, rencontre-lecture autour du recueil de nouvelles Temps gelé ; nouvelles et novelas.

JEUDI 17 SEPTEMBRE - 19H30 / RENCONTRE / ALESSANDRO JODOROWSKY En partenariat avec les éditions K-inite, rencontre-dédicace autour du recueil d’entretiens réalisés par Jean-Paul Coillard de la Cage, suivie de la projection de Santa Sangre à 20h30.

SAMEDI 19 SEPTEMBRE – 11H / CINÉ-BD En partenariat avec Dargaud, Floc’h et François rivière viendront présenter Black-Out. rencontre suivie de la projection du Colonel Blimp, de Michael Powell.

LUNDI 28 SEPTEMBRE - 20H30 / RENDEZ-VOUS DES DOCS tous les derniers lundis du mois à 20h30, l’association Documentaires sur grand écran organise une soirée documentaire. Bamchade Pourvali, écrivain de cinéma, viendra présenter S.O.S à Téhéran de Sou abadi. MARDI 29 SEPTEMBRE - 20H30 / SOIRÉE BREF – FESTIVAL DE VENDÔME En présence de la plupart des réalisateurs, carte blanche au Festival de Vendôme. Soirée organisée par le magazine Bref. ER

JEUDI 1 OCTOBRE – 20H / Soirée en partenariat avec l’association « Les yeux de l'ouïe » Projection du film Nostalghia d'andreï tarkovski, suivie d’un débat.

JEUDI 24 SEPTEMBRE – 19H30 / SOIRÉE ZÉRO DE CONDUITE avec les éditions attila, lecture-ballade sur le bassin de la Villette, autour des textes d’H. Melville (Moby Dick, Phébus), P. gadenne (Baleine, Actes Sud), J. trinian (La Baleine scandaleuse, Gallimard) et C. Moore (Le Secret du chant des baleines, gallimard). En présence d’a. audouard (L’Arabe, éditions de l’Olivier). insc. au 01 44 52 50 70. VENDREDI 25 SEPTEMBRE - 19H30 avec les éditions Cambourakis, soirée « en démence » autour d’Un homme si simple d’andré Baillon et Gentil Chapon touche du bois de Léon Schwarz-abrys.

MARDI 6 OCTOBRE - 20H30 / MARDIS DU COURRIER INTERNATIONAL L’Héritage de l’Exxon Valdez du cinéaste canadien robert Cornellier. Projection suivie d’un débat en présence du réalisateur et d’un journaliste de Courrier International.

JEUDI 1ER OCTOBRE - 19H30 / RENCONTRE / ANNE LUTHAUD avec les éditions Verticales, rencontre-lecture autour de l’ouvrage Comme un mensonge, suivie de la projection à 20h30 de Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère de rené allio.

JEUDI 8 OCTOBRE - 19H / RENCONTRE / ÉRIC DUFOUR ET JEAN-JACQUES MARIMBERT avec les éditions Vrin, à l’occasion de la parution de l’ouvrage Analyse d’une œuvre : l’homme à la caméra Dziga Vertov. rencontre suivie de la projection de L’Homme à la caméra à 20h30.

SAMEDI 3 OCTOBRE - 15H À 18H / RENCONTRE / AMÉLIE NOTHOMB avec les éditions albin Michel, à l’occasion de la parution de son nouveau roman Le Voyage d’hiver.

JUNIOR* LE PETIT FUGITIF Cité par truffaut comme inspirateur de la Nouvelle Vague, nominé aux Oscars 1954, Le Petit Fugitif nous conte la folle escapade d’un (tout) petit garçon seul dans une fête foraine new-yorkaise. À ne manquer sous aucun prétexte. JUSQU’AU 29 SEPTEMBRE ET DU 30 SEPTEMBRE AU 20 OCTOBRE *découvrez toute la programmation junior sur www.mk2.com

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UVREZ DÉCO ÉMA LE CIN S T DAN N E M E AUTR K2 ! M S E L L LES SA

FOCUS

_par J.R.

EXPO MARY ET MAX. Pour accompagner la sortie en salles le 30 septembre de Mary et Max., le nouveau bijou du cinéma d’animation tout droit débarqué d’australie, le MK2 Bibliothèque se fait l’écrin de documents exceptionnels et inédits. Croquis préparatoires, story-board, making-of intégral, photographies du tournage et plein d’autres surprises sélectionnées par le réalisateur adam Elliot, lauréat du Cristal du long métrage au dernier Festival d’annecy. une manière ludique et instructive d’entrer dans l’univers en pâte à modeler de Mary et Max, deux amis que tout oppose sauf leur solitude et leur passion pour le chocolat… À partir du 21 septembre au MK2 Bibliothèque.

SOIRÉE ZÉRO DE CONDUITE avant le retour des ondées et autres morosités post-estivales, embarquez pour une balade-lecture sur le bassin de la Villette à bord du bateau reliant les cinémas MK2 Quais de Seine et Quai de Loire. En partenariat avec les éditions attila, Sophie Quetteville, commandant de bord bienveillante (et responsable de la librairie), organise chaque mois un voyage littéraire d’une demi-heure qui vous fait naviguer autour d’un thème lié à l’univers marin… La séance du 24 septembre met le cap sur un banc de célèbres cétacés, avec au programme la lecture d’extraits de Moby Dick d’Herman Melville (Phébus), Baleine de Paul gadenne (actes Sud), La Baleine scandaleuse de John trinian (gallimard) et Le Secret du chant des baleines de Christopher Moore (éditions de l’Olivier). antoine audouard, matelot invité, sera également à bord pour présenter son nouveau roman, L’Arabe (éditions de l’Olivier). En fin de croisière, une escale est prévue à la librairie, pour prolonger cette belle rencontre sur la terre ferme… Jeudi 24 septembre à 19h30. Gratuit. Inscription auprès de Sophie à la librairie ou au 01 44 52 50 70.

LES CYCLES TERRES BRÛLÉES À partir du 9 septembre, avec les œuvres Z32 d'avi Mograbi (2008), Inland de tariq teguia (2008), Dernier Maquis de rabah ameur Zaïmeche (2008) et Adieu Gary de Nassim amaouche (2008).

L’INSTANT VOLÉ À partir du 2 septembre, le MK2 Hautefeuille programme les deux dernières œuvres, ancrées dans la réalité sociale de l’angleterre, du cinéaste britannique Shane Meadows : Somers Town (2008) et This is England (2006). GÉOGRAPHIE DE LA BLESSURE L'atelier de l'image du MK2 Hautefeuille programme, à partir du 2 septembre, Hunger de Steve McQueen, Caméra d’or à Cannes en 2008, œuvre organique et claustrophobe où le corps est l’ultime arme de résistance. COMÉDIES MUSICALES 1 Du 3 au 13 septembre, en partenariat avec Jazz à la Villette : Stormy Weather de andrew L. Stone, Top Hat de Mark Sandrich, Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, L’Entreprenant Mr Petrov de Mark Sandrich, Que le spectacle commence de Bob Fosse. COMÉDIES MUSICALES 2 Du 3 au 13 septembre : Tous en scène de Vincent Minnelli, Chantons sous la pluie de Stanley Donen, Banana Split de Busby Berkeley, West Side Story de robert Wise et Jérôme robbins et Dancer in the Dark de Lars Von trier.

Toute la programmation sur mk2.com

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© Antoine Lepoutre

CONCERTs

48 SORTIES EN VILLE

Yeti Lane

CHANT DE RUINES Les cinq ans de Ground Zero petite entreprise qui ne connaît pas la crise, le disquaire parisien Ground Zero invite amis (Herman Dune, Yeti Lane, Kim…) et clients à fêter ses cinq ans à la Maroquinerie. Du chantier aux chanteurs, enchantés. _par Wilfried paris

« C'est ce qu'il reste quand il n'y a plus rien... ground Zero a ouvert au moment où les gens ont arrêté d'acheter des disques... » Né en septembre 2004, Ground Zero fête fièrement ses cinq ans d'existence. Désormais installé rue Sainte Marthe dans le Xe, le magasin, fondé par Franck Pompidor (membre des Hush Puppies), s'est donné pour mission de perpétuer l'ambiance «old school» du disquaire comme lieu d’échange et de conseil, en pleine crise de l’industrie discographique. «En travaillant dans la distribution de disques, je me suis aperçu qu’il n'y avait pas de lieu dédié au rock indépendant à Paris, à la différence de Londres ou Berlin.» Ground Zero perdure en défendant les nouveautés indie les plus pointues, en dénichant des perles vintage (garage, krautrock, postpunk…), en variant les formats (CD, vinyle) et en multipliant les shows-case au sein même de la boutique. Pour son anniversaire, Ground Zero passe du show-case au concert all-stars à la Maroquinerie, invitant ses amis (et souvent clients) : David « yaya » Herman Dune en solo (héros antifolk et désormais vraie star du songwriting amoureux), Low anthem (« des américains entre Fleet Foxes et Tom Waits» dixit le disquaire), Kim (notre Beck français, touche-à-tout sur-vitaminé) et yeti Lane, grande révélation de la rentrée. Les anciens Cyann & Ben, désormais œuvrant en trio, se sont affranchis d’un certain lyrisme éthéré au profit d’un indie-rock plus mélodique et vertical, faisant monter le classicisme pop (Syd Barrett, Elliott Smith en ligne de mire) sur des rythmiques enlevées, poussées de synthés krautrock, hypnoses de guitares afro et harmonies supérieures. Le disquaire a bon goût. Le 26 septembre à la Maroquinerie, dès 19h, 13 €, avec David « Yaya » Herman Dune, Low Anthem, Yeti Lane et Kim (feat. ALB backing band) Ground Zero, 23 rue Sainte Marthe, 75010 Paris sEpTEMbRE 2009

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L’OREILLE DE… PASSION PIT

fLEET fOXES, LE 16 SEPTEMBRE AU GRAND REX, DèS 20H, 27 € « On ne les a jamais vus en concert, mais je pense que ça ne va pas tarder. Je connais bien leur album, Fleet Foxes, que j’ai beaucoup écouté. Leur point fort, c’est la voix, le chant, les harmonies vocales, que je trouve de très grande qualité. Estce parce qu’ils viennent de Seattle? En tout cas, leurs dons vocaux les distinguent des scènes musicales en vogue, celle de Brooklyn par exemple, où il y a à la fois d’excellentes formations mais aussi beaucoup de musique sans intérêt. » _propos recueillis par C.G

Passion Pit en concert le 7 novembre à la Cigale, dès 18h, 30 €, dans le cadre du Festival des Inrocks. Manners de Passion Pit (Columbia) et Fleet Foxes de Fleet Foxes (Bella Union) déjà disponibles.

AGENDA CONCERTS

_par W.p.

1 DOMINIQUE A Le grand a met au carré son récent «double album» (La Musique et La Matière) avec Dominique A… de jour et Dominique A… de nuit, invitant Joy, Winter Family, Jérôme Minière ou Chapelier Fou. 24h schizo. Le 12 septembre à La Ferme du Buisson, à Noisiel, dès 13h30, de 10 € à 28 €

2 ADAM GREEN & CARL BARÂT troubadour new-yorkais et ex-Moldy Peaches, adam green rencontre le lad virtuose et ex-Libertines, Carl Barât, pour un concert à quatre mains, entre fantaisie cabaret et réalisme anglais. Duo de charme. Le 18 septembre au Centre Georges Pompidou, dès 20h30, de 14 € à 18 €

3 A CERTAIN RATIO après ESg et Liquid Liquid, c’est la version anglaise du «post-punk» de la fin des 70’s (la voix de ian Curtis posée sur des beats disco-funk) qui remonte sur scène et cahote le corps des danseurs. Shack up ! Le 3 octobre au Plan, à Ris Orangis, dès 20h, 23€

4 PASCAL COMELADE Comelade, avec son Bel Canto Orchestra et une ribambelle de toy-pianos, rend un « hommage dégénéré à des musiques de bal relativement imaginaires ». répétition (Steve reich), tradition (tango), jouets joués. Les 15 et 16 octobre au Centre Georges Pompidou, dès 20h30, de 14 € à 18 €

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© Collection Grand palais, François Tomasi

CLUbbING

50 SORTIES EN VILLE

PALAIS ROYAL La nuit électro au Grand Palais Le Grand palais renoue avec la tradition avant-gardiste qui le caractérise depuis l'exposition universelle de 1900, et ose une surprise de taille : accueillir la piste de danse la plus royale d'Europe. _par Violaine schütz

Certes, on se souvient avec émotion d'une soirée « fête foraine » organisée pendant la Fiac, déroulant grande roue et autres attractions pour fêtards adulescents, et plus récemment de l'impressionnante yves Saint-Laurent donnée en son sein par Pierre Bergé. Mais la nef du grand Palais transformée en dancefloor abritant 5 000 clubbers, voilà qui demeurait encore de l'ordre du fantasme pour amateur de décalages électros. C'est ce pari audacieux, et nettement plus élégant que l'investigation du Stade de France par la bande à guetta, que relèveront le 25 septembre prochain la Lune rousse (à l'origine des soirées Panik et des cinemix), artevia (agence d'ingénierie culturelle derrière certaines éditions de la Nuit blanche, de La Force de l’art, etc.) et SFr (en sponsor). Pour Charlotte Decroix, attachée de presse de la Lune rousse, « il s’agit de faire vivre une expérience musicale inédite dans un lieu extraordinaire, entre grand messe et rave party... » Le plateau est en tout cas un rêve éveillé, à la hauteur du décor, classé monument historique, qui l’accueille. avant minuit, étienne de Crécy, l’une des dernières figures encore vertes de la « French touch », offrira un vrai live électronique animé par la présence d'un cube éclairé de 9 mètres, tandis que le jeune parisien Mondkopf, issu de deuxième vague de l'électronique à la française, offrira un set d'électro christique et torturée. également de la party, Birdy Nam Nam, passés maîtres dans l'art du platinage artistique, devraient épater la galerie avec leur nouveau live et ses lumières laser à mi-chemin entre la pyramide de Daft Punk et les sabres de george Lucas. Si l’on ajoute les mixes éclectiques et exigeants de Felix Da Housecat, Matias aguayo et DJ Hell, voilà qui devrait rendre cette nuit aussi historique que son hôte… Le 25 septembre au Grand Palais, de 18h à 6h, 23 €, avec Étienne de Crecy, Birdy Nam Nam, Mondkopf, Felix Da Housecat, DJ Hell, Matias Aguayo, Surkin…

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© Gaetan Verboven

LES NUITS DE… BRODINSKI

« Le clubbing c'est ma vie, mon gagne pain, mais c'est aussi ma passion et quand les gens sont présents, attentifs, prêts à faire la fête, la soirée est incroyable – je voudrais à jamais m'en souvenir. Pour ma première résidence au Social Club, Brodinski presents, je suis très heureux de pouvoir enfin inviter les gens que j'aime dans un endroit que j'apprécie vraiment. Je crois même que c'est le club ou je me sens le plus comme à la maison… » _propos recueillis par V.s.

Brodinski presents, le 18 septembre au Social Club, avec Brodinski, Round Table Knights, Renaissance Man, Bok Bok, dès 23h, 13 €

AGENDA CLUBBING

_par V.s.

WARP/ED rencontre au sommet entre Londres et Paris, cette soirée combine l'intelligence du mythique label Warp à la puissance de feu des non moins cultes Ed Banger. résultat ? un line-up de haute voltige où se croiseront Mr Oizo, Sebastian, Clark et le rare mais précieux Jackson. Entente plus que cordiale en perspective… Le 18 septembre à la Villette, dès 23h, 22,5 €

LE BAL POP Dernière édition du Bal Pop, organisé par le DJ / entertainer guido, et c'est lui qui en parle le mieux : « Douze heures de musique en plein air, des transats, du poulet, du bœuf, des frites, de la salade aussi, du gazon, des arbres... pour danser, chiller et bronzer dans le seul club de Paris où l’on peut fumer. Enfants et chiens bienvenus ! » Le 19 septembre au Parc de Bercy, terrasse du « 51 », de 14h à 2h, gratuit

RDV 10H00 En résidence à la Favela Chic (hôte des fiestas brésiliennes les plus chaudes de la capitale), l’agence 555 Lab se lance dans le clubbing participatif. Le principe ? On apporte ses cinq remixes préférés, que l’on joue en DJ d’un soir pour gagner une flopée de cadeaux et / ou la reconnaissance (sans prix) d'un public transi. Bon esprit ! Le 1er octobre à la Favela Chic, gratuit jusqu'à 23h, 5 € après sEpTEMbRE 2009


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© Catherine brossais - Conseil général du Val d’Oise

EXpOs

52 SORTIES EN VILLE

Dominique Petitgand, Quelqu’un est tombé, installation sonore pour 6 haut-parleurs, 1993 / 2009, vue partielle de l’exposition Quelqu’un est tombé, Abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen-l’Aumône, 2009.

ÉCOUTEZ VOIR 23’17 à Mains d’œuvres Jusqu’au 25 octobre, Mains d’œuvres présente l’exposition 23’17 : soit le temps qu’il vous faudra pour écouter et regarder les œuvres des quatre plasticiens du son réunis pour l’occasion… _par Anne-Lou Vicente

affichant la durée de son propre contenu pour titre, l’exposition 23’17, qui inaugure la nouvelle saison de l’espace d’exposition de Mains d’œuvres à Saint-Ouen, pointe d’emblée la temporalité inhérente à l’art sonore. Le son, matière invisible, se déploie dans le temps et l’espace et s’incarne ici dans des œuvres qui se donnent à voir autant qu’elles se donnent à entendre. Quatre artistes, quatre œuvres, et autant de « séquences » visibles en simultané mais successivement audibles, afin d’éviter les interférences et préserver l’écoute. telle une constellation sonore, l’installation de Dominique Blais diffuse, à travers une trentaine d’enceintes sphériques suspendues au plafond, une bande son abstraite composée de craquements et de crépitements collectés lors d’enregistrements effectués à l’extrême Nord de la planète, dans une magnétosphère chargée de particules résiduelles provenant des vents solaires. Pascal Broccolichi, dont le travail consiste lui aussi bien souvent à donner à entendre l’inaudible, fait littéralement vibrer le lieu au moyen d’un dispositif au sol permettant d’appréhender l’espace par un jeu d’échos. Occupant l’un des murs, l’œuvre de Jérôme Poret, entre tableau, écran et enceinte, combine son et lumière dans un crescendo synesthésique réalisé à partir de la captation sonore de l’activité de Mains d’œuvres, ainsi mise en abyme. Quant à Dominique Petitgand, dont la matière sonore est nourrie de voix, de bruits, de murmures et de silences, il tisse un récit flottant émanant de cinq haut-parleurs dispersés dans l’espace où déambule le spectateur-auditeur. Jouée en boucle, cette partition à quatre temps fait apparaître, au delà des éléments matériels qui en ponctuent le parcours, un flot de réminiscences et d’images qui résonnent dans chaque esprit, comme autant d’échos et de projections vers des temps et des espaces autres. Jusqu’au 25 octobre à Mains d’œuvres, 1 rue Charles Garnier, 93400 Saint-Ouen. Jeudi-dimanche, de 14h à 19h, et sur rendezvous. Entrée libre.

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ABONNEMENT CINĂŠMA CULTURE TECHNO

LE CABINET DE CURIOSITÉS

by

Manuscrit de Eugène Ionesco pour Le Roi se meurt, avec dessins des quatre rois / bNF, dÊpartement des Arts du spectacle, fonds Ionesco

IONESCO Ă LA BNf Ă€ l’occasion du centenaire de sa naissance, la bibliothèque François Mitterrand rend hommage Ă Eugène ionesco (1909-1994) Ă travers l’exposition de près de 300 pièces rĂŠunissant photographies, croquis, manuscrits, notes personnelles et autres documents audiovisuels inĂŠdits. L’Êcrivain français d’origine roumaine a fondĂŠ le ÂŤ thÊâtre de l’absurde Âť, entre comique et tragique, cultivant le non-sens jusqu’au fantastique. La Cantatrice chauve ou RhinocĂŠros ont notamment rendu cĂŠlèbre ce membre de l’acadĂŠmie française, qui ĂŠtait aussi clown et dĂŠfenseur des droits de l’homme‌ Du 6 octobre au 3 janvier 2010 Ă la BNF - François Mitterrand, Quai François Mauriac, 75013 Paris, Galerie François 1er.

AGENDA EXPOS

_par A.-L.V.

SIMON STARLING Thereherethenthere est la première exposition monographique en France consacrĂŠe Ă l’artiste britannique, dont l’œuvre pointe les consĂŠquences ĂŠcologiques, ĂŠconomiques et culturelles des phĂŠnomènes de dĂŠplacement induits par la mondialisation. Du 18 septembre au 27 dĂŠcembre au MAC/VAL, place de la LibĂŠration, 94404 Vitry-sur-Seine.

CAPTURING TIME Pour sa première exposition conçue Ă partir de sa collection, Kadist art Foundation a choisi le thème intemporel du temps, qui dĂŠfile ou s’arrĂŞte Ă travers les Ĺ“uvres de six artistes, dont Simon Starling, Katinka Bock et tacita Dean. Du 13 septembre au 8 novembre Ă la Kadist Art Foundation, 21 rue des Trois Frères, 75018 Paris.

DAVID LYNCH Le cinĂŠaste et plasticien amĂŠricain investit les vitrines des galeries Lafayette, transformĂŠes en ÂŤ street museum Âť sur le thème ÂŤ Machines-Abstraction-Femmes Âť. une dizaine d’installations qu’accompagnent projections et lithographies prĂŠsentĂŠes Ă la galerie des galeries. Du 8 septembre au 3 octobre aux Galeries Lafayette, 40 boulevard Haussmann, 75009 Paris.

â€?NE MANQUEZ PLUS UN NUMÉRO ! ABONNEZVOUS ! â€? • 84 PaGeS de CuLture • tOute L’aCtuaLitÉ du CinÉma • deS dOSSierS, deS POrtraitS et deS interVieWS eXCLuSiVeS • rendez-VOuS Sur WWW.mk2.COm O Oui je souhaite m’abonner Ă Trois Couleurs pour 1 an (10 numĂŠros) pour seulement 14,90 â‚Ź je choisis mon mode de paiement : O chèque O rib merci de renvoyer ce formulaire Ă l'adresse suivante : abonnement magazine trOiSCOuLEurS, MK2 MultimĂŠdia, 55 rue traversière, 75012, Paris. Pour un paiement par chèque, adressez votre chèque Ă l'ordre de MK2 MultimĂŠdia

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spECTACLEs

54 SORTIES EN VILLE

AUX MASQUES, CITOYENS Gwénael Morin à Aubervilliers Les murs dépouillés des Laboratoires d’Aubervilliers sont le bastion, depuis janvier 2009, du « Théâtre permanent » de GWÉNAEL MORIN. Derrière ce gargantuesque projet, pas d’autres fards que ceux du théâtre… _par Ève beauvallet

Janvier 2009 : armés de papier kraft, renforts de cartons et bataillon de tip-ex, on hisse maladroitement une pancarte devant les Laboratoires d’aubervilliers : « Théâtre permanent ». Qu’on se le dise, gwénael Morin et ses acteurs ne la décrocheront qu’un an plus tard, après avoir offert, gratuitement, un corps-à-corps jovial et musclé avec six pièces du répertoire (Lorenzaccio, Tartuffe, Bérénice, Antigone, Hamlet, Woyzeck), après avoir pressuré chaque texte tous les soirs, donné des ateliers le matin, répété l’après midi encore. Huit mois donc que le projet naissait, avec l’ardeur du manifeste et l’espièglerie de l’école buissonnière. Distribution interchangeable, textes polycopiés épinglés au mur, spontanéité des harangues, Morin aime ce théâtre qui surgit des situations les plus quotidiennes « comme pendant un mariage, où quelqu’un se lèverait d’un coup sur une table, commencerait à parler. Je fantasme sur ces situations où l’espace s’ordonne et les limites entre ce qui est réel et ce qui ne l’est plus se redéfinissent ». implanté au cœur d’aubervilliers, le «Théâtre permanent» aurait pu céder aux délires pré-pubères et mal épilés d’un « théâtre à message ». Mais on est bel et bien au théâtre, qui, tel que l’invente Morin, prend les allures d’un ring de boxe investi par des acteurs tout-terrain. ils virevoltent, pour l’heure dans le jardin des Laboratoires, autour de la figure d’antigone et de son légendaire combat qui, selon l’artiste, «n’a rien d’héroïque. Il est, au contraire, un peu comme celui des punks, très conformiste, voire réactionnaire». un Antigone avec ce titre précautionneusement succédé de la mention « d’après antigone de Sophocle » : avertissement courtois pour qui ne conviendrait pas qu’il « ne s’agit pas tant de servir les textes classiques que de s’arranger pour qu’ils nous servent ».

Antigone (d’après Sophocle) jusqu’au 30 septembre aux Laboratoires d’Aubervilliers, entrée libre, www.leslaboratoires.org sEpTEMbRE 2009

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LE SPECTACLE VIVANT NON IDENTIfIÉ

WOYZECK ON THE HIGHVELD En 1992, le réalisateur de film d’animation William Kentridge entre dans la troisième dimension. Spécialiste du dessin au fusain, il hisse alors, sur les tiges en bois de la Handspring Puppet Company, le Woyzeck de Büchner. Le même personnage qui avait prêté sa misère au film de Werner Herzog est ici téléporté dans les plateaux miniers de Johannesburg, sous les traits d’un travailleurmigrant. Liés par de solides ficelles poétiques, le plasticien et les marionnettistes sud-africains reprennent en chœur ce poème charbonneux, pour une complainte visuelle tout en bois articulé. _E.b

Du 23 au 27 septembre au Centre Georges Pompidou, www.centrepompidou.fr

AGENDA SPECTACLES

_par E.V.

1 UN FUNAMBULE Pendant la tournée de sa grosse production Blanche Neige, le chorégraphe angelin Preljocaj est resté seul, à aix-en-Provence. C’est là qu’après quelque vingt ans de travail, il a esquissé ses premiers pas en solo. Dans l’ombre, Jean genet chuchote avec lui les paroles sauvages de son Funambule, poème qui se fait ici support d’une danse du déséquilibre et de l’esseulement. Du 3 au 15 septembre au Théâtre des Abbesses, www.theatredelaville-paris.com

2 SACRIFICES On déplore suffisamment de one-man-show bidons pour ne pas prêter attention à celui-ci. très finement écrit, plus proche de gary que de Bigard, Sacrifices est un coup de poing au féminin que Nouara Naghouche lance avec un improbable accent algériano-alsacien, tout droit issu de la banlieue de Colmar. Le 2 octobre au Sel, à Sèvres, www.sel-sevres.org

3 LA DOULEUR Séance de rattrapage pour qui n’aurait vu Dominique Blanc magnifier La Douleur de Marguerite Duras. un texte discret dans le corpus de l’auteur, où Duras se remémore les heures postLibération, celles de l’attente du mari déporté et de l’angoisse du vide. Sans fioritures, Patrice Chéreau orchestre la voix assommée de l’actrice et la fait résonner dans les profondeurs de l’Histoire. Du 17 septembre au 11 octobre au Théâtre de l’Atelier, www.theatre-atelier.com

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© bruno Verjus

REsTOs

56 SORTIES EN VILLE

Sven Chartier

LA LEçON DE PIANO sven Chartier au Racines De retour d’Océanie et d’Asie, SVEN CHARTIER donne la grande leçon d’une cuisine brute et simple où se tissent en un même lieu, fraîcheur du geste et de l’esprit : Racines. _par bruno Verjus (www.foodintelligence.blogspot.com)

Racines, le restaurant, c’est Pierre Jancou. Cet orfèvre en produits l’a greffé au sein du pré-phylloxérien passage des Panoramas. Racines : une cave à manger, comme une boîte ou plutôt un gros casier à bouteilles, forgé de métal et adouci de bois, où règne sans partage l’esprit du bon. ici, les hommes de goûts sont à table, en salle, en cuisine, au jardin, au champ, à la vigne et au chai. De son court passé, Sven, 23 ans, garde comme essentiel son travail avec arnaud Daguin, qu’il admire : « Il m’a fait comprendre la cuisine. » Et avec alain Passard, le Maître, « l’affirmation » de ce qui fait sens en cuisine. En salle et aux vins, un jeune prodige « breton », Ewen. il offre aux dives bouteilles et à ses vignerons fétiches (Brignot, Beauger) une langue inédite. Les mots y rivalisent d’audace et, comme les flacons servis, goûtent juste ! Seul au piano, Sven Chartier porte à notre profit cette contrainte, pour cuire à l’essentiel. urgence, simplicité, sobriété, cuisine d’attention, de cœur, de savoir-faire. Voilà les mots qu’il aime dire et qui augurent de cette leçon d’instantanés. Des produits sélectionnés tant pour leurs qualités organoleptiques que pour celles de leurs producteurs. Bien loin du name dropping, les plats du chef font écho aux légumes d’annie Bertin avec le ris d’agneau aux petits pois et marjolaine ; aux volailles de Pierre Duplantier, avec le canard au sang ou la poularde aux légumes ; au lard de Fausto guadagni, avec les Saint-Jacques au lard de Colonnata et topinambours. À propos des intitulés de ses plats, Sven Chartier dit : « Ma cuisine ne s’écrit pas, elle ne peut pas s’écrire, ce serait surenchérir. » La surenchère réside la dimension immédiatement poétique de ses plats– cette évidence du goût qu’ils nous offrent en partage. Papilles bercées de l’émotion d’une cuisine qui, loin de se chercher, vient à nous. Racines, 8 passage des Panoramas, 75002 Paris. Tél. : 01 40 13 06 41. Fermé samedi et dimanche. sEpTEMbRE 2009

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LE PALAIS DE… VANESSA BRUNO

LE CHATEAUBRIAND « J’apprécie beaucoup ce lieu, tout d’abord pour son coté « bistrot parisien pur jus ». Les produits utilisés sont issus de cultures et élevages authentiques, ainsi que les vins, qui sont bios. J’aime aussi l’ambiance, bon esprit, conviviale. Enfin, j’admire l’inventivité et l’inspiration du chef, iñaki aizpitarte, qui sait mieux que personne réinventer les associations de saveurs : brandade de morue, mousse au chocolat au piment d’Espelette… un moment tout en goûts et en couleurs ! » _propos recueillis par s.K.

Le Chateaubriand, 129 avenue Parmentier, 75011 Paris. Tél. : 01 43 57 45 95

Où MANGER APRèS… _par b.V.

LE PETIT NICOLAS Chez Le Passage pour le jeune iacopo Chomel, un chef de 23 ans, et son papa pour le service en salle. Des plats simples et des prix malins, autour de produits chinés au proche marché d’aligre. Le Passage, 18 passage de la Bonne Graine, 75011 Paris. Tél. : 01 47 00 73 30

36 VUES DU PIC SAINT-LOUP Chez Le Cul de poule pour les « 36 vues » sur les beaux produits français : annie Bertin pour les herbes, la maison aimé à Dax pour le bœuf de Chalosse, Ospital pour la charcuterie basque, et le Mas Foulaquier pour ses crus de… Pic Saint Loup. Le Cul de poule, 53 rue des Martyrs, 75009 Paris. Tél : 01 53 16 13 07

VICTOR Chez Le Cheri Bibi pour son esprit de famille, sa déco adaptée, sa cuisine comme à la maison : lentilles, harengs, côte de veau, frites... maison, tiramisu, le tout arrosé de flacons tirés de derrière les fagots. Le Cheri Bibi, 15 rue André del Sarte, 75018 Paris. Tél. 01 42 54 88 96

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58 LA CHRONIqUE DE

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© Fabrice Dall’Anese pour Première

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DOSSIER /// FIsH TANK

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bête de guerre (Inglourious Basterds) ou bête de sexe (Fish Tank), MICHAEL FASSBENDER instille une présence animale à ses rôles, qui se manifeste par un instinct de préservation forcené. Amputés (Angel), torturés (Eden Lake) ou amaigris (Hunger), ses personnages livrent toujours une lutte acharnée, avant la capitulation. Des rôles qui emblématisent la volonté de fer de l’acteur irlandais, qui s’est hissé à la hauteur des plus grands d’Hollywood. Une bête de somme dont le talent éclate de nouveau dans Fish Tank, où il campe un amant ambigu. Interview. _propos recueillis par sandrine Marques et Auréliano Tonet

V

ous incarnez souvent des personnages qui tombent le masque. Dans Inglourious Basterds, Archie Hicox se trahit par un geste de la main. Dans Angel, on apprend qu’Esmé était adultère. Dans Fish Tank enfin, on découvre que Connor, l’amant rêvé, est en fait père de famille. Qu’est-ce qui vous attire dans ces rôles ambigus ? J’aime beaucoup interpréter des personnages doubles ou m’impliquer dans des films très équivoques. En tant que spectateur, je trouve ça plus intéressant quand le film m’interroge, plutôt que quand toutes les réponses me sont données. D’Hunger à Fish Tank, vos personnages sont souvent tiraillés par des problèmes moraux. Considérez-vous Connor comme quelqu’un de mauvais ? Je n’aime pas l’adjectif « mauvais » et ne suis pas certain de le comprendre. Plus exactement, je ne pourrais pas approcher un personnage qui aurait pour caractéristique d’être « mauvais », parce je ne pourrais pas du tout me le représenter. Je prends en compte ses motivations et les moyens à sa disposition. Dans Fish Tank, Connor est quelqu’un qui n’a pas le sens des responsabilités et qui fuit les difficultés. il est inconséquent, ce qui pourrait le faire passer pour un lâche. Cependant, je ne le considère pas comme quelqu’un de malveillant, ses intentions sont louables.

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Selon moi, son comportement vis-à-vis de Mia est amoral quand il tire avantage de son statut d’homme idéal, comme un professeur avec son élève. C’est un homme profondément faible. Dans la majorité de vos films, vous utilisez votre corps d’une façon remarquable. Pourquoi les cinéastes aiment-ils tant vous malmener, d’après-vous ? Peut-être les metteurs en scène aiment-ils tous crucifier leurs acteurs ! La dimension corporelle a toujours été très importante pour moi. La manière dont un personnage bouge et se tient me permet de découvrir qu’il est. avec le corps, vous pouvez véhiculer un tas de choses : la confiance qu’a le personnage en lui, le métier qu’il exerce, ses origines sociales, son état d’esprit, ses intentions... Il y a un vrai bestiaire dans Fish Tank. Pensez-vous qu’il souligne les penchants primaires de votre personnage ? Je n’ai jamais perçu Connor comme un prédateur. il n’est pas si calculateur. Je n’ai reçu que la partie du scénario qui concernait mon personnage, aussi je n’étais pas au courant qu’il y avait tous ces animaux dans l’histoire. après avoir vu le film, je pense que le cheval est l’animal le plus emblématique. Mia veut libérer cette bête pleine d’entrain de ses chaînes.

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62 DOSSIER /// FIsH TANK

« PEUT-ÊTRE LES METTEURS EN SCÈNE AIMENT-ILS TOUS CRUCIFIER LEURS ACTEURS ! » Dans Inglourious Basterds, Archie Hicox parle un allemand presque parfait. Dans quelle mesure vos origines mixtes vous aident-elles à aborder des rôles multiculturels ? Je me sens très européen [de père allemand et de mère irlandaise, Michael est né à Heidelberg, en Allemagne, mais a grandi à Killarney, en Irlande, ndlr]. Nous avons une histoire dont la diversité et les échanges font qu’on apprend beaucoup les uns des autres. Nous avons appris à cohabiter de manière unique et à apprécier une variété de cultures dans un espace très concentré. Je puise beaucoup dans cette richesse. Plus spécifiquement, pour le film de tarantino, j’avais l’avantage de savoir parler allemand. Mais j’étais un peu rouillé. J’ai travaillé avec un répétiteur germanique et je n’avais plus qu’à pratiquer la langue, encore et encore. C’est aussi simple et ennuyeux que cela.

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Le film 300 vous a ouvert les portes d’Hollywood. Regrettez-vous parfois vos débuts de comédien amateur ? une grande part de moi admire et regrette cette période où l’on se bat pour travailler. Cela vous donne une avidité, une force et une exigence qui peuvent se dissoudre dans le succès. Si l’on compare ce parcours à l’ascension d’une montagne, le plus important réside-t-il dans la progression ou dans l’arrivée au sommet ? Ceci étant dit, je ne voudrais pas revenir à la période où je prenais des cours de comédie, sachant ce qui m’est arrivé par la suite… Comment vous sentez-vous à Hollywood ? J’occupe une position privilégiée, que je ne considère pas comme acquise. il y a beaucoup de réalisateurs que j’admire et avec qui j’aimerais travailler. Je suis le plus heureux des hommes car je travaille, alors que j’ai passé des années à me languir après des rôles. Pas le droit de se plaindre ! Quels sont vos projets ? Je viens d’achever le tournage d’un western, intitulé Jonah Hex de Jimmy Hayward, avec Josh Brolin, John Malkovich et Megan Fox. Je me suis beaucoup amusé. Là encore, je m’estime heureux de m’être mesuré à de telles pointures. Blockbusters ou films d’auteur, je ne vois pas la différence à part le nombre de personnes impliquées dans le processus. après, je fais mes devoirs de la même manière !

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64 DOSSIER /// FIsH TANK

KatiE JARVIS

« LORSQU’ON A TOURNÉ LA SCÈNE DE SEXE, MICHAEL FASSBENDER ÉTAIT AUSSI NERVEUX QUE MOI ! »

COMME UN POISSON DANS L’EAU Repérée sur un quai de gare, la révélation de Fish Tank, KATIE JARVIS, fait à 17 ans des débuts remarqués. Dans le rôle d’une ado rebelle, troublée par le nouvel amant de sa mère, la comédienne en herbe éblouit. Rencontre. _propos recueillis par sandrine Marques

Fish Tank décrit une société et une famille dysfonctionnelles. Est-ce un film qui reflète bien la réalité britannique actuelle ? Ma vie ne ressemble pas à cette dure réalité. Mais à l’école, j’ai croisé des gens issus de milieux sociaux très défavorisés. Je pense que de ce point de vue-là, le film est très réaliste. Avant d’être découverte dans Fish Tank, à quoi ressemblait votre vie ? Je venais de quitter le lycée et j’allais entrer à l’université. Je remplissais mon dossier d’inscription quand on m’a annoncé que j’avais décroché le rôle de Mia. Étiez-vous attirée par le métier de comédienne ? Ce métier m’a toujours intéressée. Je n’ai jamais pris un seul cours de comédie de ma vie, mais jouer devant la caméra m’est venu naturellement. La musique et la danse hip hop rythment le quotidien de Mia. Comment avez-vous investi sa culture ? Contrairement à mon personnage, je n’écoute pas beaucoup de musique, même si ma préférence va au rap et au r n’b. J’aime les Pussycat Dolls, Eminem ou Justin timberlake. Comme je ne savais pas danser, j’ai répété avec un prof’ de break-dance. J’ai travaillé pendant un mois, à raison de cinq jours par semaine. C’était très dur. sEpTEMbRE 2009

Vous partagez des scènes compliquées avec Michael Fassbender. Vous a-t-il aidé ? C’est un acteur chevronné et son expérience m’a été profitable. La scène de sexe a quand même été la plus difficile. andrea arnold m’avait expliqué que ce serait filmé avec pudeur. Quand on a tourné la scène, Michael a multiplié les plaisanteries car il était aussi nerveux que moi ! Entre Kierston Wareing qui campe votre mère et la bienveillante Andrea Arnold, quelque chose de très maternel semble s’être joué pendant le tournage… tout à fait. andrea, la réalisatrice, a été comme une seconde mère pour moi. Nous étions très proches. Ses encouragements m’ont portée. De même, mes relations avec Kierston étaient fusionnelles car nous travaillions ensemble, du matin au soir. Vous êtes devenue mère, ce qui explique votre absence à Cannes. Comment gérez-vous ces grands bouleversements dans votre vie ? Le film et mon bébé sont arrivés en même temps dans mon existence, un peu comme des accidents heureux. Ma vie a changé du tout au tout. Souhaitez-vous poursuivre votre carrière d’actrice ? Plus que jamais ! On m’a déjà envoyé quelques scénarios mais je ne veux pas me lancer à l’aveuglette. Je prends le temps de la réflexion. J’aimerais ne pas me cantonner à un style particulier de cinéma. WWW.MK2.COM


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66 DOSSIER /// FIsH TANK

PêCHE MIRACULEUSE Doublé gagnant pour ANDREA ARNOLD. Après Red Road, prix du jury à Cannes en 2006, la britannique a récidivé cette année avec Fish Tank, lui aussi primé sur la Croisette. Dans les filets de la cinéaste-pêcheuse ? Des êtres fragiles et imparfaits, une misère sociale larvée, et des rêves, beaucoup. _par étienne Rouillon

Dans le bestiaire de Fish Tank (« aquarium » outreManche), on trouve du fretin, tranché menu par une caméra alerte. La réalisatrice plonge crûment dans un vivier de l’Essex. Elle y dégote un banc d’alevins fiévreux, lassés de tourner en rond. C’est le mal social des films de Ken Loach, qui grippe les relations entre une mère et son ainée Mia (Katie Jarvis), âgée de 15 ans. Dans ce microcosme où prolifèrent canettes émoussées et cendriers chargés, les injures filiales ont des allures de quintes de toux. Mais quand le nouvel amant de maman s’en vient agiter le bocal familial, un vent d’air frais souffle sur la maisonnée. Le poissonclown Connor (Michael Fassbender) tire dans son sillage des sourires en forme de demi-victoires thaumaturges : une ballade heureuse à la campagne, un simple « bonjour » sans jurons tamisent les tensions. Dans l’aquarium bétonné où elle évolue, Mia fait aussi la rencontre d’une jument en fin de course, qu’elle se promet de libérer de ses chaînes. Désir projectif d’évasion : Mia est un poisson claustrophobe qui aspire à de grandes chevauchées. un hippocampe donc, nageoire dorsale du film, qui ondule sur le hip-

hop de Nas ou de gang Starr. Mia danse le break, sans talent mais avec conviction, dans des scènes où sa respiration scande les gestes, comme un MC lâche ses vers. On y croit : Mia sort de sa coquille. Le parfait Connor l’incite à s’inscrire à un concours de danse, début de rémission avant la rechute. Car le mal qui baigne le quartier imbibe jusque sa passion : au fond, dans cet aquarium, on ne danse que pour s’effeuiller et séduire. Dans ses eaux tourbeuses, le concours de danse devient casting pour strip-tease. Mia se fait Lolita pour l’inconséquent Connor, qui perd pied et dérape… une fois brisé le verre incestueux (ciselé par un Fassbender orfèvre), andrea arnold s’émancipe du réalisme social de Loach pour un onirisme de la banalité, marque de fabrique déjà apposée sur son premier long Red Road. Fil rouge du ressac, la chanson California Dreamin’ de Bobby Womack accompagne cette traversée en eaux troubles, et offre une vision singulière du mantra « sea, sex and sun ». Capitaine virtuose, andrea arnold filme comme personne l’incapacité d’hommes et de femmes ordinaires à sortir la tête de l’eau.

Un film d’Andrea Arnold // Avec Katie Jarvis, Michael Fassbender… // Distribution : MK2 Diffusion // Grande-Bretagne, 2009, 2h02 Prix du jury au Festival de Cannes 2009 // Sortie le 16 septembre

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68 DOSSIER /// LA DANsE

PaS DE DEUX Le temps d’une Danse de haute volée, le documentariste américain FREDERICK WISEMAN poursuit sa radiographie des relations entre l’homme et les institutions – ici, le ballet de L’Opéra National de paris. _par Juliette Reitzer

Bruit feutré des chaussons sur les parquets vieillis, silhouettes gracieuses et chignons serrés… Pendant douze semaines, Frederick Wiseman a posé sa caméra au cœur du Palais garnier, berceau du prestigieux Ballet de l’Opéra National de Paris. Depuis 1967 et son premier documentaire sur un asile pour aliénés criminels, Titicut Follies, le cinéaste américain n’a cessé d’étudier l’homme par le prisme des grandes institutions : il alterne ici séquences dansées et scènes de bureau avec une même attention. Manière de suggérer que la gestion d’une machine comme l’Opéra National de Paris n’est pas si différente de la rigueur avec laquelle les danseurs entretiennent leur corps… Objet de nombreux plans de coupe – escaliers, sous-sols, couloirs… –, l’imposante bâtisse apparaît comme une métaphore de l’institution qu’est la prestigieuse compagnie, le cinéaste instaurant un effet de miroir entre les danseurs et l’édifice qui les accueille. Même stabilité imposante, même puissance, même marques laissées par le temps : tandis que des ouvriers colmatent patiemment les fissures d’un plafond, les danseurs assistent à une réunion sur le régime de leur retraite… Le traitement du temps qui passe, voilà d’ailleurs l’une des forces de Wiseman, cinéaste des institutions aux antithèses du film institutionnel. Par de très longs plans, il dilate le temps jusqu’à l’abstraction, donnant au spectateur la troublante impression d’assister lui-même aux événements. La caméra se fait alors réplique du miroir des salles de danse, témoin muet et impartial : Wiseman n’impose pas de point de vue, il laisse libre cours à l’interprétation et réaffirme ainsi avec brio le mécanisme de son cinéma – subtil dialogue entre rigueur du propos documentaire et poésie.

LES IMAGES PAS SI SAGES DE FREDERICK WISEMAN Observateur de la société contemporaine à travers la vie quotidienne de ses institutions – prison, armée, hôpital, école, grand magasin… –, le documentariste américain Frederick Wiseman compare son approche à celle d’un pisteur : « C’est comme suivre les traces de l'abominable homme des neiges. On ne le voit jamais. Mais, finalement, chaque film est une empreinte. » La Danse n’est pas sa première incursion dans l’univers chorégraphique. En 1995, dans Ballet, il avait suivi la troupe de l'american Ballet theater, selon un même dispositif exhaustif et épuré. De l’activité artistique à la logistique, une manière iconoclaste d’entrer dans la danse. _s.M.

Un film de Frederick Wiseman // Documentaire // Distribution : Sophie Dulac // France, 2008, 2h38 // Sortie le 7 octobre

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70 DOSSIER /// 36 VUEs DU pIC sAINT-LOUp

LE PEtit CirQuE grEC

DE JACQUES RIVETTE Nous avons demandé au cinéaste et critique serge bozon d’écrire sur 36 vues du Pic Saint-Loup, le nouveau film de JACQUES RIVETTE. Verdict ? « Le plus beau Rivette. »

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_par serge bozon

L’esthétique du cirque est inacceptable à l’écran parce que le cinéma est susceptible du maximum de signification et que le cirque n’a que le minimum de sens à nous offrir : le geste du clown n’a d’autre répondant que lui alors que le geste d’un homme sur un carré de toile blanche peut contenir l’univers. » (Michel Mourlet)

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un italien mystérieux (Sergio Castellitto, admirable de technicité) suit pendant plusieurs jours la caissière provisoire (Jane Birkin, admirable de non-technicité) d’un cirque itinérant, revenue après une longue absence. Les artistes (andré Marcon, Jacques Bonnaffé, Julie-Marie Parmentier, tintin Orsoni) doutent, désertent, les amoureux aussi, il fait beau. Les villages, tous autour du Pic Saint-Loup, se ressemblent.

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« COMMENT UN CLOWN DOIT-IL TENIR SON ASSIETTE VIDE (DROITE, COUCHÉE) ? » La caissière avait quitté le cirque lorsque son premier amour est mort pendant un numéro de fouet. accident ou crime ? Quinze ans ont passé, elle ne sait toujours pas. Ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’a pas réussi à oublier cet amour. L’italien voudrait l’aider, mais il ne sait pas encore comment. En attendant, il regarde tous les soirs le spectacle. rivette ne s’est jamais intéressé qu’à l’art, et ce d’un point de vue purement théorique, à savoir comment répondre à la question de Platon : qu’est-ce que la beauté? il est sidérant de le voir ici, soixante ans après, creuser encore et toujours le sillon de ses premiers textes : rossellini (la beauté comme inséparable du hasard) et Hitchcock (le récit comme inséparable d’une faute), disons la lutte de la grâce et de la culpabilité. La nouveauté, c’est que l’articulation n’est pas ici la catharsis théâtrale où l’héroïne se libère du poids fini de la faute par l’impondérable de l’improvisation infinie, mais le cirque, et cela change tout. Le cirque, c’est plus primitif et grotesque que le théâtre (improvisé ou pas). alors rivette retrouve enfin la nudité frontale du tout premier spectacle. Et ce qui gêne parfois chez lui (les jeux de mots cossus, la virtuosité à vide, l’enferment livresque) est toujours là, mais tendu sans filet par la pauvreté du cirque. Ce qui vaut pour le numéro d’un trapéziste vaut pour tout le film : il y a un jeu constant et non ludique, je dirais même massif et architectural, comme dans certains Preminger (Sainte Jeanne), entre l’artificialité absolue des scènes et la simplicité absolue de leurs enjeux – comment s’approcher d’une femme (quel premier mot, geste), comment un clown doit tenir son assiette vide (droite, couchée), comment une femme écrasée par son passé peut marcher sur un fil (trop ou pas assez légère, tomber ou s’envoler), pourquoi un numéro ne plaît qu’à un seul spectateur (il se

trompe ou ils se trompent) ? une fois que le premier mot et la dernière position de l’assiette seront trouvés (ce qui prend du temps, le temps d’une vocation), c’est fini, on peut ouvrir le rideau devant ce spectateur solitaire : le spectacle a trouvé son autonomie. une autonomie expansive, car ce spectateur solitaire va bientôt entrer à son tour sur scène – sommet du film, ivresse des métamorphoses en temps réel et indistinction des coulisses, de la salle et de la scène (vieux rêve moniste du cinéaste : il n’y a plus qu’un seul espace). Comme toujours chez rivette, le film relève ainsi de l’art préparatoire. Ce qui est mystérieux, ce n’est pas que « the show must go on », comme chez Cukor (A Star is Born), mais qu’il soit simplement possible. rivette ne s’est jamais intéressé qu’à la possibilité de l’art. Son maître, renoir, s’est intéressé à tout. au terme de son œuvre, le disciple rejoint le dernier renoir (Le Petit Théâtre de Jean Renoir) en restant obstinément fidèle à ce qui les sépare. Le privilège de l’âge, ce n’est pas de capitaliser ses acquis, mais de se demander, seul à seul, ce qu’on est encore capable de faire ainsi, seul. Ce fut aussi la question du dernier tati (Parade). Sans les immeubles de Playtime, les voitures de Trafic… que suis-je capable de faire ? Quels tours ? Ceux du cirque, justement. Et du cirque le plus pauvre. Sans animaux, sans trapèzes, sans musiciens, sans maquillages, sans paroles, sans athlètes, sans costumes, sans jongleurs, sans magiciens, sans clowns : juste un mime. tati fait une dernière fois le boxeur, le gardien de but, le pêcheur, le cavalier et le chef d’orchestre. D’où le didactisme socratique de tels films : on apprend mieux quand le maître n’a plus rien. Ou encore : ce qu’on peut enseigner seul, c’est son plus intime héritage. Et cet héritage ne se perdra pas, car il n’y a que ce qu’on a appris qui demeure (d’où les deux enfants à la fin de Parade). Le reste n’est pas vraiment à nous. Encore une leçon socratique. De tels films aident à comprendre pourquoi ce qu’il est de coutume d’appeler « le miracle grec » a duré si peu de temps. Les miracles sont fragiles, ils se dissipent vite, comme une métamorphose qui tourne. Le dernier rivette, contrairement au dernier renoir et au dernier tati, n’est pas une succession de sketches et d’intermèdes. C’est un récit. L’histoire d’une guérison dans et par le cirque, d’où la présence de numéros bruts en son cœur. Par ce récit troué de ces blocs, rivette prouve que Mourlet a tort. Et rohmer raison : « Le cinéma, c’est aussi le cirque, les marionnettes, le cabaret, du moins le fleuve immense dans lequel ces innombrables ruisselets des arts dit mineurs finissent par se jeter, accédant, sinon à l’existence, du moins à la prolongation de celle-ci, en un mot à l’éternité. »

Un film de Jacques Rivette // Avec Jane Birkin, Sergio Castellitto… // Distribution : Les Films du Losange // France-Italie, 2008, 1h24 // Sortie le 9 septembre

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Après un exil prolongé en belgique, le brestois CHRISTOPHE MIOSSEC rentre à bon port. son nouvel album, Finistériens, coréalisé avec Yann Tiersen, mesure le chemin parcouru depuis ses débuts arrosés (Boire, en 1995). L’auteur breton aurait-il, en cours de traversée, perdu de sa verve houleuse ? Nous sommes allés vérifier sur place... Reportage. _par Auréliano Tonet

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© René Tanguy

Ça va ? – Bah, nickel. Bas de Siam, quoi. – T’es venu faire un tour sur Brest, t’es venu te perdre ? – Non, j’fais gaffe, ça devient dangereux. – Tu t’es fait mal ? – Oh, des merdes. On s’fait vieux, quoi. » Nous sommes rue de Siam, l’artère principale de Brest. À peine commencée, notre interview avec Christophe Miossec s’interrompt quelques minutes, le temps qu’une vieille connaissance – un ex-barman – prenne des nouvelles de son ami chanteur. Lequel nous confie, peu de temps après : « La seule chose dont je me suis lassé, ce sont les nuits de bistrots, à enchaîner les « pistes ». À l’époque de mon premier album, il y a quinze ans, c’était carrément un style de vie. On était intenables. À la brestoise, t’as toujours l’impression que c’est plus à fond qu’ailleurs. » rangé des bouteilles, l’auteur de Boire ? On veut bien le croire, à le voir ainsi boitiller, canne à la main – une douleur au genou qu’il traîne depuis quelques saisons (« la scène », explique-t-il). Peur soudaine : et si l’ex-danger ambulant de la chanson française était en train de muer en sympathique curiosité locale, clopin-clopant son petit bonhomme de carrière ? En 2004, sur Brest, tube improbable et bouleversant, il soldait ses comptes avec la rue de Siam, « ses nuits d’ivresse » ; il y a deux ans, il publiait la compile Brest off ; l’hiver dernier, il faisait la tournée des salles bretonnes avec l’hommeorchestre yann tiersen ; cet automne, il sort avec le même tiersen Finistériens, septième album qu’il entend « vendre dans les bars-tabac pour touristes, l’été, au rayon musique bretonne ». rock indé – comme indépendantiste ? il s’en défend : «J’aime jouer avec ce côté local, mais j’ai horreur du folklore. Je voulais que le disque sente le coin, sans régionalisme. » ... WWW.MK2.COM


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© René Tanguy

74 DOSSIER /// MIOssEC

« À LA BRESTOISE, T’AS TOUJOURS L’IMPRESSION QUE C’EST PLUS À FOND QU’AILLEURS. » Finistériens est le premier album de Miossec depuis qu’il est rentré d’un exil prolongé à Bruxelles. Le quadra a l’air heureux de nous raconter, comme un tonton à son neveu, ses allers-retours chez tiersen l’insulaire : « Tous les deux jours, j’embarquais pour Ouessant avec un copain pêcheur, après sa pêche, au milieu de colonies de phoques. » D’un même ton goguenard, il narre les « matlav’ à pompon » de son enfance portuaire, les posters de jadis (« Brest, la plus belle rade du monde »), les potes « agriculteurs ou chercheurs à Ifremer » qu’il s’est faits à Locmaria-Plouzané – son nouveau port d’attache, à quinze bornes de Brest. aux municipales de 2008, Miossec s’y est présenté « en dernière position » d’une liste « plus ou moins de gauche ». un nom, une signature : en 2009, Miossec, c’est d’abord cela. Ces dix dernières années, il a écrit

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pour Birkin, greco, Dani (« les femmes, c’est le pied absolu »), Johnny, Bashung... L’ancien journaliste de Ouest France s’est taillé une plume reconnaissable entre toutes. Finistériens en porte – nécessairement – la marque : science des infinitifs (Fermer la maison), questionnement expert (« À quoi pensent les joggeurs du dimanche ? »), art du détail et de la parenthèse – Seul ce que j’ai perdu (m’appartient à jamais)… un style qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher de la ville qui l’a enfanté, Brest, alliance de neutralité et de particularismes, de brèches et d’occlusions : îlot étatique en plein Finistère, ville dite « blanche » pour ses façades reconstruites mais noire par son chômage endémique, ancien bagne fortifié par Vauban devenu port colonial d’envergure… En ancien breton, Brest signifie « mamelon » : « C’est une ville plus nourricière que Provins ou Moulins, c’est sûr », résume Miossec, qui l’a larguée une première fois pour globe-trotter de rédac’ en rédac’ (La réunion, Nouvelle Calédonie, Madagascar, Haïti…), y est revenu enregistrer Boire, avant de se faire entendre chez les Belges, jusqu’au récent come-back. « Est-ce que désormais tu me détestes d’avoir pu un jour quitter Brest ? », chantait-il il y a cinq ans, tel un fiston à sa maman. Doit-on lui en vouloir de chercher aujourd’hui à recoudre le cordon ? Sous le rétroviseur de sa bagnole, un Elvis plastifié pend et gigote, taquin. Ce qui désarme, chez Miossec, c’est cette manière de faire du déséquilibre une force, ces mélodies qui clochent mais sonnent juste, ces rimes heurtées, saccadées, hoquetant un trop-plein de syllabes avant de miraculeusement retomber sur leurs pieds. Boire, Baiser, À prendre : bizarre qu’aucun de ses albums ne s’appelle Branler, tant se tient là

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a parfois senti le « chien mouillé », au contact de collaborateurs plus ou moins inattendus (Jouan, Bondu, Jouanest, les Valentins hier, tiersen aujourd’hui). il a trouvé le titre de Seul ce que j’ai perdu dans son dico de citations, aux chiottes : « J’adore les WC. J’y lis Lire au cabinet d’Henry Miller, sous un poster de Crumb intitulé Comment garder ton cul propre… » Derrière l’institution brestoise s’agite donc encore le vaurien juvénile ; derrière le baigneur en eau douce se meut toujours le bagnard vacillant. La mort de Bashung, au printemps dernier, le laisse sans voix, ou presque : « Ce n’est toujours pas assimilé. À Bruxelles, je n’habitais pas loin du studio où Alain enregistrait. Je lui rendais souvent visite, avec une pile de textes. Le seul qu’il a retenu, c’étaient en fait cinq chansons condensées en une. Du coup, quand le type n’est plus là, les regrets sont éternels. » Même mésaventure avec le cinéma, sur un mode bien moins tragique : « On m’a proposé pleins de trucs. Soit le scénario était nul, soit le film ne se faisait pas, soit finalement je n’étais pas pris. Le seul film que j’ai tourné, c’est un court métrage pour Canal + intitulé Le genou blessé et l’homme debout. Ça ne s’invente pas ! »

« TOUS LES DEUX JOURS, J’EMBARQUAIS POUR OUESSANT AVEC UN COPAIN PÊCHEUR, APRÈS SA PÊCHE, AU MILIEU DE « JE VOULAIS QUE COLONIES LE DISQUE SENTE DE PHOQUES.» LE COIN, SANS RÉGIONALISME. »

l’essence de son génie. Son expression brestoise préférée ? « Partir à dreuze », c'est-à-dire partir de travers ou, plus prosaïquement, en couilles. Miossec n’est jamais aussi bon que tanguant entre deux eaux, et, de ce point de vue, Finistériens ne manque pas de sel : disque de ruptures (amoureuses, géographiques, professionnelles), il ne « fait que danser, tourner, valser sur le fil du rasoir » (CDD). Jamais surligné, l’ancrage local clapote en pointillé, par vaguelettes. Sur Loin de la foule – sommet de lyrisme rentré –, le choc des arrangements houleux de tiersen et des mots rocailleux du Brestois éclaboussera même les oreilles les plus hermétiques. Capitaines courage, les deux musiciens ont tenu à présenter leurs compos sur scène avant de les coucher sur disque : « La tournée nous a permis d’éprouver les morceaux, de voir s’ils tenaient la marée. C’était complet partout. Comme quoi, les gens sont encore capables d’aller voir des concerts où ils ne connaissent qu’une chanson… » En mai dernier, Dominique a, ami et camarade de promo, publiait La Musique, son premier disque de chambre depuis La Fossette : « Avec cet album, tu mesures le chemin parcouru par Dominique en quinze ans… », confie Miossec, admiratif. De Boire à Finistériens, de Brest à Locmaria-Plouzané, il y a, de même, bien plus qu’une quinzaine de kilomètres. Le papa de Recouvrance a aéré son écriture, qui

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Son père sapeur était en première ligne, nous dit-il, « lorsque Pierre Joxe a envoyé les CRS bastonner les pompiers lors de la visite de Mitterrand à Brest ». Miossec fils, lui, est interdit d’arsenal pour avoir déclaré sur Thalassa qu’il «désamiantait les bateaux, gamin ». il y a peu, l’équipe de football locale, le Stade Brestois (berceau de David ginola, Paul Le guen ou Stéphane guivarc’h, aujourd’hui en L2) le sollicite pour composer l’hymne du club : « J’étais surmotivé. Malheureusement, un ami à moi, chanteur, s’est battu avec le Président pour une histoire de cravates. Ça a capoté, à la brestoise. » Peu avant son terme, l’interview est perturbée par l’arrivée d’un deuxième audacieux. Crayon tendu, celui-ci demande à Miossec « un autographe, pour [sa] femme ». Le chanteur de charme s’exécute avec zèle, et gribouille lignes sur lignes. Préoccupé, l’homme s’enquiert : « Vous ne lui mettez pas votre numéro de portable, au moins ? » rassurez-vous : même rentré au bercail, Miossec continue de créer le danger. Finistériens de Miossec (pIAs) // sortie le 14 septembre

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BOUDOIR ÉBATS, DÉBATS, CABAS : LA CULTURE DE CHAMBRE A TROUVÉ SON ANTRE

« J’AI CONSTRUIT MON FILM ESPiON(S) COMME UNE VARIATION PERSONNELLE DES ENCHaîNéS. » NiCOLaS SaaDa P.78

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CD-THèQUE

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LES ENCHAÎNÉS, film-matrice

KUMISOLO, TENNISCOATS… : la pop nippone en exil

BIBLIOTHèQUE TOM ROBBINS, icône underground

BD-THèQUE FLOC’H & RIVIÈRE : la ligne claire dynamitée

LUDOTHèQUE BATMAN ARKHAM ASYLUM, trop bath

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78 LE BOUDOIR /// DVD-THÈQUE

Guillaume Canet dans Espion(s) de Nicolas Saada

CHaîNE EN OR LES ENCHAÎNÉS, FILM-MATRICE Moderne et impertinent, Les Enchaînés (Notorious en V.O.) était le film d’Hitchcock préféré de Truffaut (avec Fenêtre sur cour). Aujourd'hui encore, il inspire des œuvres aussi différentes qu' Espion(s), Étreintes brisées ou OSS 117, Rio ne répond plus… _par Raphaëlle simon

au pic de sa période « films d'espionnage », Hitchcock se sa signature, suggérant par l’image ce que les héros lance dans un projet audacieux : un an avant Hiroshima, taisent. il appuie son intrigue sur une affaire d'uranium trafiqué par un groupe de nazis en exil, dont ledit Sebastian rien d'étonnant, donc, à ce que ce chef-d'œuvre (Claude rains). alicia (ingrid Bergman), fille dépravée continue de nourrir nombre de films contemporains, d'un ami de Sebastian, est contrainte de suivre l'agent qu’ils se revendiquent (Le Plaisir de chanter d’ilan Devlin (Cary grant) au Brésil pour épouser Duran Cohen, qui mêle romances et filatures) et épier le malfrat. Délaissée par Devlin, qui ou pas (le récent Non, ma fille tu n’iras pas accepte mal ce mariage, elle est bientôt danser de Christophe Honoré, dont un plan démasquée par Sebastian… Si l’allusion à cite explicitement Notorious) du genre l'uranium vaudra au cinéaste d'être poursuivi de l’espionnage. « J’ai construit mon film par le FBi pendant trois mois, elle n'est que Espion(s) comme une variation personnelle le prétexte déclencheur de l'intrigue véritable. des Enchaînés », va même jusqu’à affirmer Hitchcock s'intéresse avant tout au malentendu Nicolas Saada. un jeune Français (guillaume amoureux, malmenant ses héros dans un jeu Canet) est enrôlé par la DSt pour séduire de séduction cruel. Couple le plus glamour l'épouse (géraldine Pailhas) d'un homme du moment, Bergman et grant échangent lié à des terroristes syriens. Contexte oblige, au début du film « le plus long baiser du l'uranium fait place au nitrométhane, et cinéma» (deux minutes trente), ponctué de Espion(s) de Nicolas rio, à Londres. Dans ce subtil jeu de miroir répliques pour contourner le seuil des trente saada (TF1 Vidéo) entre mission d'espionnage et de séduction, secondes toléré par la censure. Comme le l'enquête reste un prétexte pour raconter souligne truffaut, « la grande réussite de Notorious, c'est une histoire d'amour forcée, qui s'humanise au gré du qu'il atteint le comble de la stylisation et le comble de quotidien. avec réalisme, Saada enchaîne ses deux la simplicité ». Hitchcock crée une tension dramatique espions dans des émotions ordinaires : la peur, la avec un minimum d'éléments, focalisant le suspense culpabilité, le désir... sur trois objets qui donnent lieu à des gros plans devenus mythiques : la bouteille de vin (qui contient Dans Étreintes brisées, almodóvar condamne, de même, l'uranium), la clé de la cave, la tasse de café empoisonné. Léna (Pénélope Cruz) à une double vie : passionnée il consacre alors sa grammaire du détail qui deviendra avec son amant réalisateur, de façade avec Ernesto,

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« LE COMBLE DE LA STYLISATION ET DE LA SIMPLICITÉ. » truFFaut, au SuJEt DES ENCHAÎNÉS

LE COFFRET

son mari riche et jaloux. Comme Sebastian, Ernesto est à la fois cruel et amoureux, puissant et fragile. Comme alicia, Léna n'est pas une femme fatale mais une femme condamnée à la fatalité, qui doit ramper pour survivre. au-delà de la « scène de l’escalier », référence flagrante aux Enchaînés, c'est surtout à travers la sobriété de la mise en scène, qui témoigne de la maturité du cinéaste espagnol (personnages assagis, intrigue mélo), que l'influence d'Hitchcock se fait ressentir. Enfin, dans un tout autre registre, OSS 117, Rio ne répond plus reprend le décor et les baisers fougueux de Notorious, en jetant son espion (Dujardin a l'élégance de grant – la fougue misogyne et inculte en plus) à la poursuite de nazis, dans un rio sixties et exotique. Si l'on n’est pas prêt de revoir Hitchcock siroter une coupe de champagne au détour d'une fête nazie, ses Enchaînés risquent d'irriguer de leur poison sublime le cinéma longtemps encore.

_J.R.

JUSTICE À VEGAS

DE RÉMY BURKEL

(ARTE ÉDITIONS)

Série documentaire sans concession, Justice à Vegas passe au crible cinq affaires criminelles en dix épisodes de cinquante-deux minutes. La violence s’incarne ici comme le reflet désabusé d’une société d’argent et d’apparence, qui trouve à Vegas son point névralgique.

LE COUP DE CŒUR DU VENDEUR COFFRETS ALEXANDER KLUGE (FILMMUSEUM)

Figure importante du nouveau cinéma allemand des années 1960-70, au côté de Fassbinder, Wenders ou Herzog, alexander Kluge reste peu connu en France. Pas moins de trois coffrets regroupant une quantité importante de longs et de courts métrages paraissent en DVD ces jours-ci (en import) – en attendant la suite dans les mois à venir. Formellement novatrice, mêlant documentaire et fiction, montage et détournements d’images, l’œuvre passionnante de Kluge s’interroge sur la place de l’individu dans la société, et questionne l’identité de l’allemagne, passée et présente. _Florian Guignandon, vendeur à la boutique du MK2 Quai de Loire

_par J.R.

DVD REVANCHE

DE GÖTZ SPIELMANN (MK2 ÉDITIONS)

Employé d’un bordel, alex braque une banque pour offrir une nouvelle vie à celle qu’il aime. Mais la jeune prostituée est tuée par un policier… Revanche entraîne ses personnages vers la rédemption, de la jungle urbaine à une nature où s’exacerbent les émotions.

THE WRESTLER

DE DARREN ARONOFSKY (WARNER HOME VIDEO)

Ex-gloire du catch, le « Bélier » ne se produit plus que dans des salles de quartier, pour quelques billets... Lion d’or à Venise, The Wrestler est un vibrant portrait de l’amérique white trash en même temps qu’un biopic déguisé de Mickey rourke, poignant en colosse amoché.

LA VENUS DES MERS CHAUDES DE JOHN STURGES (ÉDITIONS MONTPARNASSE)

Bravant tous les dangers, cinq amis naviguent à la recherche d’un trésor englouti en mer des Caraïbes. Les nombreuses scènes d’action sous-marine en technicolor ont fait forte impression en 1955, mais moins sans doute que le bikini de la brune Jane russell…

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© samuel Kirszenbaum

80 LE BOUDOIR ///CD-THÈQUE

Kumisolo, Parisienne d’adoption

EurO J-POP LA POP JAPONAISE EN EXIL En exil plus ou moins prolongé, d’acides voix nippones s’en viennent susurrer comptines sucrées et hits pop sur le continent européen, de la kawaï KUMISOLO aux Tokyoïtes TENNISCOATS. J-pop returns ? _par Wilfried paris

Prolongement d’une scène expérimentale extrêmement patrie de la Nouvelle Vague et de la haute couture, fertile dans les 70’s et 80’s (Plastics, after Dinner, ground comme Kahimi Karie (filet de voix pour qui composèrent Zero, Boredoms, Melt Banana…), la pop japonaise connut Momus, Katerine ou Louis Philippe), tujiko Noriko son âge d’or dans les années 1990, par l’entremise (électronicienne chez Mego), Mami Chan (électrod’Haruomi Hosono. Sorte de Brian Eno poétesse pop de la constellation Bimbo nippon, le fondateur de yellow Magic tower) ou encore Kumi Okamoto, aka Orchestra libéra la J-pop du joug de sa Kumisolo, tiers charmant du groupe langue et participa à sa reconnaissance Konki Duet. arrivée à Paris en 2001 pour internationale, en produisant et/ou étudier le cinéma français, Kumi est révélant les teenage-idols nationales devenue la mascotte de la petite famille Flipper’s guitar (comportant Keigo électronique gravitant autour des labels Oyamada, futur Cornelius, inspiré par active Suspension et Clapping Music : la pop anorak de aztec Camera, Pale « J’ai commencé à m'intéresser à la Fountains ou the Pastels) et leurs culture française au lycée : j'écoutais succédanées : Pizzicato Five, Kahimi l'émission de radio de Kahimi Karie et Karie, Fantastic Plastic Machine, Cibo de Pizzicato Five, grâce à laquelle j'ai My Love For You is A Cheap Pop Matto... On appela cette nouvelle Song découvert plein de chouettes musiques de Kumisolo (Active scène le «Shibuya Kei», du nom d’un des suspension/Abeille Musique) françaises. Je ne sais pas exactement principaux quartiers commerçants de Two Sunsets de pastels/Tenniscoats pourquoi j'ai été si attirée par la France, (Geographic/pIAs) tokyo. au pinacle du boom économique mais à l'époque, j’étais encore très japonais, la jeunesse dorée y consommait avec boulimie jeune, tout ce qui était français était plus chic par les produits culturels obscurs et exotiques (gainsbourg rapport aux autres pays, peut-être... » et truffaut, la bossanova et le krautrock, le garage et l’electronica), et produisait la pop la plus radicalement retour d’ascenseur ou effet boomerang ? alors que la post-moderne et mondialement exportée, issue d’une pop japonaise survit difficilement dans la nostalgie du assimilation culturelle accélérée, upgradant et Shibuya Kei, c’est donc depuis Paris qu’elle se trouve perfectionnant l’idiome Beatlesien en objet formel aujourd’hui réanimée.assistée d’une team de producteurs ultime, grâce à l’apport de technologies de studio enamourés (les Frenchies O.lamm, Domotic et Hypo, avancées et à la virtuosité de ses techniciens... l’écossais Momus), Kumisolo distille d’une voix d’éternelle À la faveur de ces échanges culturels fructueux, de enfant ses pipettes amoureuses et un peu perverses nombreux artistes japonais vinrent alors en France, (reprenant ainsi le tube 80’s des Waitresses, I Know What sEpTEMbRE 2009

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« J’ÉTAIS ENCORE TRÈS JEUNE, TOUT CE QUI ÉTAIT FRANÇAIS ÉTAIT PLUS CHIC. » KUMISOLO Boys Like) sur 14 titres impeccables, electro-pop, lo-fipop, trois fois pop, entre clubbing acidulé et ballades frémissantes, le clavier cheap Casio en bandoulière et en signature, évidemment kawaï. Pas très loin d’ici, d’autres Japonaises en exil, Saya et takashi ueno, alias les tenniscoats, sortent de son hibernation écossaise Stephen Pastels, héros endormi de la pop twee/anorak des 90’s, sans qui elles n’auraient peutêtre pas existées. Ensemble, ils cosignent un Two Sunsets sans réel territoire, donc universel, à la fois solaire et pluvieux, arc-en-ciel de voix flûtées et de mélodies mélancoliques, retour à l’envoyeur autant que réactualisation d’une pop légère, vouée aux émotions et aux sentiments (amicaux, amoureux), qu’on croyait à jamais disparue dans le cynisme clubbing et la musique marchande.Vers un nouveau soleil levant ? Kumisolo en concert le 14 septembre à L'international, avec O.lamm & Domotic

_par A.T.

CD ALBUM

DE GIRLS (PIAS)

Premier album réussi pour ces garçons manqués : deux Californiens fantasment un rock qui reviendrait aux premières heures du genre – romantique comme du Holly, mélodique comme du Cochran, vibrant comme du Spector. girls : filles de rêve.

THROUGH THE DEVIL SOFTLY DE HOPE SANDOVAL & THE WARM INVENTIONS (NETTWERK MUSIC GROUP)

On ne l’espérait plus, mais l’opaline Sandoval s’en revient avec un deuxième album solo, huit ans après ses débuts postMazzy Star. Langueurs susurrées, arpèges indolents, malice brûlante et satinée : rien n’a changé – un mal pour notre bien.

LE COURS ORDINAIRE DES CHOSES DE JEAN-LOUIS MURAT (POLYDOR)

L’auvergnat déroule le cours extraordinaire de son inspiration (dix albums en dix ans !), qu’il fait cette fois-ci « errer » du côté de Nashville, où le disque fut enregistré avec d’aimables requins locaux. Charmants paysages (Midwest, Eden, taïga).

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LE TRÉSOR CACHÉ BETHESDA DE SILVAIN VANOT (COOPERATIVE MUSIC)

Voix d’ange, doigts de fée et langue de chat (angora), Vanot livre enfin son sixième album, attendu depuis huit ans. Enregistré outre-Manche, à Bethesda (la « maison de la grâce » en hébreu), le disque déploie toutes les facettes de l’art vanotien : fugues exotiques (Hawaï), soul sylvestre (Bois flottant), country courtoise (Ô mon tour), flambées rock à faire rougir maître Neil young (Les Cloches de l’amour et ses « petits monceaux de frissons »)… En un mot : précieux. _A.T.

LA RÉÉDITION CONTINUED STORY / HI, HOW ARE YOU? / WELCOME TO MY WORLD / YIP JUMP MUSIC DE DANIEL JOHNSTON (FERALTONE)

La réédition du mois, c’est bien sûr celle du catalogue entier des Beatles en stéréo. Les mélomanes moins à cheval sur la qualité d’écoute se jetteront, eux, sur ces inédits et cette compilation de Daniel Johnston, loser magnifique, auteur de bouleversantes vignettes pop et lo-fi, grand amateur de comics et des… Beatles. _A.T.


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82 LE BOUDOIR /// BIBLIOTHÈQUE

uNCLETOM TOM ROBBINS, ICôNE UNDERGROUND pape de la contre-culture U.s., le trop méconnu TOM ROBBINS revient avec Comme la grenouille sur son nénuphar, un pavé foutraque, déjanté et visionnaire. portrait d’un anar rock’n’roll, dernier gardien de l’esprit des sixties. _par bernard Quiriny

Les malentendus culturels entre la France et l’amérique première prise de LSD comme du plus beau jour de sont parfois surprenants. Prenez le cas de tom robbins. sa vie. En 1964, il émigre à New york pour écrire un livre Là-bas, ce septuagénaire est considéré comme une sur l’art (rothko, tony Smith, Barnett Newman…) et, icône historique de la contre-culture, à l’instar d’écrivains accessoirement, commencer une carrière de poète comme William Burroughs, Hunter S. thompson ou beat. On le voit dans les milieux branchés avec timothy Ken Kesey. Chez nous, en revanche, son Leary, le héraut du psychédélisme, et nom n’est célébré que par une poignée défiler aux côtés d’allen ginsberg pour d’admirateurs, et la moitié de ses neuf la légalisation de la marijuana. Dans la romans n’ont pas été traduits. Quelques deuxième moitié des années 1960, il est cinéphiles se souviennent peut-être d’avoir sur tous les fronts. Sur KraB-FM, la station vu son nom au générique de Même les alternative de Seattle, il anime Notes from the cow-girls ont du vague à l’âme, le demiUnderground, mythique show musical dédié bide de gus Van Sant, sans savoir qu’il aux groupes phares du moment – les Doors, s’agissait d’une adaptation de son Jefferson airplane, le grateful Dead ; on le deuxième roman, paru en 1976 – l’histoire retrouve aussi dans les colonnes de The Helix, d’une femme dotée de pouces démesurés institution de la contre-culture, et parmi les qui devient la plus grande auto-stoppeuse fondateurs de l’énigmatique Shazam Society, des états-unis. Pour le reste, robbins demeure Comme la grenouille sur une organisation vouée au « renversement chez nous un quasi-inconnu. La reprise en son nénuphar de Tom de la culture établie, dans la douceur et la Robbins (Gallmeister, main de ses livres par gallmeister annonce- roman tendresse » et à « l’accomplissement d’actes traduit de l’anglais par François t-elle sa grande percée sur nos côtes ? d’amour, de beauté et de mystère »… Happe, 425 p., 24,90 €)

Né en 1936, tom robbins a d’abord tenté de s’illustrer dans des études de journalisme avant de passer trois ans dans l’armée de l’air, en pleine guerre de Corée. revenu au pays au début des années 1960, il s’installe sur la côte Ouest et devient critique d’art pour le Seattle Times. L’époque est aux expériences tous azimuts : il essaye toutes les drogues qui lui passent sous les yeux et, aujourd’hui encore, se souvient de sa

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Ce n’est cependant qu’en 1971 qu’il décolle à l’échelle continentale. un éditeur lui commande un livre d’art ; robbins lui refourgue un roman, Another Roadside Attraction, histoire d’un ex-footballeur qui cache le corps momifié du Christ chez un couple de hippies tenant un zoo, près d’une autoroute. Ce texte aberrant condense tout l’esprit de l’époque et installe robbins en champion d’une littérature rock’n’roll, drolatique et

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« ON PEUT LIRE LE ROMAN COMME UN PORTRAIT AMICAL DE TERENCE MCKENNA, L’AUTEUR DE LA THÉORIE SELON LAQUELLE L’HOMME DESCEND DE SINGES DROGUÉS. » anarchiste, inspirée par John Cage, alfred Jarry et thomas Pynchon – lequel ne manque d’ailleurs pas une occasion de faire l’éloge de son confrère. Huit romans suivront, parmi lesquels Même les cowgirls… et ses deux millions d’exemplaires vendus. avec un optimisme inoxydable et une joie de vivre communicative, robbins continue dans la veine déjantée de ses débuts, maintenant intact l’esprit révolutionnaire des sixties – liberté sexuelle, produits hallucinogènes, antimilitarisme, humour absurde et grand œcuménisme philosophique. Paru en 1994 dans une relative discrétion, Comme la grenouille sur son nénuphar est typique de son art. Sur 400 pages, ce pavé raconte les mésaventures de gwen Mati, une trader aux dents longues confrontée à une incroyable série de pépins – un krach boursier, l’évasion du singe de son petit ami, la disparition d’une voisine voyante et les avances d’un ex-broker rentré de tombouctou avec des informations préoccupantes sur l’extinction des grenouilles. avec son intrigue improbable, son découpage par tranches horaires et sa curieuse rédaction à la deuxième personne, ce roman se lit au choix comme une critique du mode de vie américain, comme une méditation ésotérique sur les extraterrestres et les mystères de Sirius, comme un portrait amical de terence McKenna (pape du mouvement psychédélique et auteur de la théorie selon laquelle l’homme descend de singes drogués) ou comme une annonce prophétique de la crise actuelle, ainsi qu’en témoigne la première phrase : « Ce jour-là, la Bourse tombe de son lit et se casse la colonne vertébrale. » Ce qui est sûr, c’est que robbins conserve le titre de « Houdini de la métaphore » que lui ont valu ses inimitables pirouettes imagées. On voudrait en citer mille ; on se contentera de cette description pour le moins originale du coït hétérosexuel : « Tu te soulèves un peu, corriges la position puis essaies à nouveau. Et là, tu te refermes sur lui comme les portes coulissantes d’un silo se referment sur un missile à tête chercheuse. » Explosif, si l’on ose dire.

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LE CINÉ LIVRE LA MAFIA À HOLLYWOOD

DE TIM ADLER

(NOUVEAU MONDE ÉDITIONS)

Blanchiment d’argent, meurtres, romances… En 350 pages, le journaliste britannique retrace les nombreux ponts entre syndicat du crime et cinéma. Du Parrain à Gorge Profonde, « l’industrie du rêve s’est toujours appuyée sur une réalité ancrée dans le crime ». _J.R.

LE COUP DE CŒUR DE LA LIBRAIRE TROIS FEMMES PUISSANTES

DE MARIE NDIAYE

(GALLIMARD, ROMAN)

avec Trois Femmes puissantes, un roman en trois histoires écartelées entre l’afrique et la France, Marie Ndiaye s’impose comme l’une des voix majeures de la littérature contemporaine. Partant de la cellule familiale – socle de chaque roman, nouvelle ou pièce de l’auteure, et lieu de toutes les violences –, on est propulsé au cœur de la brutalité du monde, au cœur du politique, de la corruption et de l’abject. D’une écriture à couper le souffle, chaque histoire se referme sur un contrepoint, parachevant la beauté formelle de ce livre. Magnifique. _pascale Dulon, libraire au MK2 bibliothèque

_par b.Q.

LIVRES L’AUTRE VIE

DE MATHIEU TERENCE (GALLIMARD, ROMAN)

Embauché par une société de biotechnologies taïwanaise pour protéger ses données, le narrateur se trouve pris au piège d’une machination parfaite. terence mélange intelligence économique et perversions érotiques dans un roman d’une rare élégance, aux limites de l’anticipation.

LA DOUBLE VIE D’ANNA SONG DE MINH TRAN (ACTES SUD, ROMAN)

Célébrée avant sa mort comme une pianiste de génie, la mystérieuse anna Song n’aurait en réalité enregistré aucun de ses disques… éblouissant et délicat, ce jeu de miroirs confirme le talent de Minh tran Huy, découverte en 2007 avec La Princesse et le pêcheur.

DÉMONS

DE THIERRY HESSE (L’OLIVIER, ROMAN)

À travers cette grande fresque familiale, le narrateur, auteur de reportages sur la tchétchénie, raconte l’histoire du vingtième siècle, totalitaire et meurtrier. Sans être exempt de défauts, ce roman s’impose comme l’un des plus ambitieux de la rentrée.


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84 LE BOUDOIR /// BD-THÈQUE

Extrait de Blitz, de François Rivière et Floc’h

BLaKE OUT FLOC’H & RIVIèRE : LA LIGNE CLAIRE DYNAMITÉE Avec Black-out, FLOC’H & RIVIèRE complètent enfin leur fameuse trilogie Blitz. L’occasion de se replonger dans l’œuvre passionnante et iconoclaste de ces continuateurs de la « ligne claire » chère à Edgar p. Jacobs, le père de blake et Mortimer. _par Joseph Ghosn (menstyle.fr)

En 1977, le punk submergeait le rock mais aussi la bande Dans la trilogie Blitz, albany et Sturgess sont mis en scène dessinée où, tout comme dans la musique, quelques comme étant eux-mêmes les auteurs des aventures trublions se sont évertués à casser les règles du jeu. de personnages de fiction vivant dans le Londres Parmi eux, il y avait un drôle de couple formé par la paire bombardé de la Seconde guerre Mondiale. Blitz les d’auteurs Floc’h (au dessin) et rivière (au dévoilait écrivains anonymes ayant monté scénario). Leur premier livre, Le Rendezune pièce de théâtre à succès, Underground vous de Sevenoaks, était un coup de les surprenait sur un plateau de cinéma semonce dans le paysage de la BD. Empli et Black-out les montre lisant une BD et une de références à la ligne claire d’Edgar P. nouvelle, qui se répondent l’une l’autre – Jacobs (le père de Blake et Mortimer), Floc’h et rivière ont intercalé des passages leur Sevenoaks était organisé autour d’un de BD à l’intérieur même de leur propre récit déstructuré, plus proche des romans bande dessinée, ainsi qu’une nouvelle d’alain robbe-grillet que de Spirou. un chefcomplète.tout cela pour conter une histoire d’œuvre qui fait entrevoir la bande dessinée d’amour à trois dans laquelle albany et différemment, en expose les possibilités Sturgess hésitent entre l’amitié, la relation les plus singulières. Dans les années qui amoureuse et la romance platonique. Le ont suivi, Floc’h et rivière ont sorti d’autres dialogue, notamment amoureux, circule bandes dessinées, mais avec parcimonie, entre les personnages grâce à l’écriture organisant leur propos autour de deux Black-out littéraire et au dessin. En cela, Floc’h et personnages récurrents : le critique Francis de Floc’h & Rivière rivière sont les grands maîtres de la mise albany et la romancière Olivia Sturgess, (Dargaud) en abyme et de la stratification des histoires, que l’on croisait déjà dans Sevenoaks, des narrations qui s’imbriquent et entrainent dans des rôles mineurs. L’ensemble de leurs livres est ainsi une confusion entre réalité et fiction. Si Black-out confirme divisé entre les BD de la « trilogie anglaise » (Sevenoaks, la virtuosité formelle des deux auteurs, ceux-ci profitent L’Affaire Harding, À la recherche de Sir Malcolm), le des récits dans le récit pour céder à des penchants roman graphique Olivia Sturgess et la trilogie Blitz. Celle- qu’on ne leur connaissait pas : « Nous nous sommes ci est désormais complète avec la sortie ce mois-ci fait plaisir en mettant en scène tout ce que nous étions d’un troisième album, Black-out, faisant suite à Blitz et censés ne pas aimer dans la bande dessinée, comme Underground. l’aventure et le suspense à la fin de chaque page. »

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« APRÈS LE PUNK DANS LES ANNÉES 1970, FLOC’H & RIVIÈRE SONT PASSÉS À L’ART DU SAMPLING.» Pour autant, le livre déçoit parfois dans son approche lapidaire du récit, trop court, et dans le fait que, souvent, le dessin est rempli de détails qui font hésiter entre la copie et l’hommage. Bien sûr, Floc’h demeure un artisan impeccable de la ligne claire, le dernier des héritiers de Jacobs à avoir conservé la clarté du maître tout en parvenant à garder une distance critique sur ce qu’il dessine. Pour autant, certains moments du livre sont de trop évidents décalques des planches de Jacobs. Mais après tout, en déployant cet art de la citation, Floc’h et rivière ne font que pousser plus en avant leur dynamitage entrepris dès les années 1970 : après le punk, ils sont en fait passés à l’art du sampling. une manière tout opportune de faire grandir la bande dessinée ? En tout cas, une façon de continuer à se réapproprier l’héritage de Jacobs en essayant d’en faire quelque chose de plus littéraire, alambiqué et moderne. Floc’h & rivière viendront présenter Black-out le samedi 19 septembre à 11h, au MK2 Quai de Loire. La rencontre sera suivie de la projection du Colonel Blimp de Michael Powell.

_par J.G.

BD ROCK STRIPS (FLAMMARION)

Des auteurs de BD jettent un regard neuf et rafraîchissant sur l’histoire du rock. On se régale de Luz racontant sa relation avec LCD Soundsystem, on maugrée devant la réhabilitation d’Elton John par Charles Berberian, on adore Bowie vu par Nine antico…

LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES – CENTURY : 1910 D’ALAN MOORE ET KEVIN O’NEILL (DELCOURT)

Moore continue son télescopage des figures de la culture populaire anglaise entrepris dans les précédents volumes de cette série où se croisent références littéraires et mythes urbains, tueurs en série et personnages de fiction. une œuvre unique, rétro-futuriste, érudite et surannée.

LE ROI DES FLEUVES

DE MARINO NERI

(ATRABILE)

Belle découverte : pour son premier album, Neri livre une plongée dans l’enfance, macabre et féroce, à l’encre épaisse et aux personnages rugueux, qui évoque la puissance minérale des premiers dessins de Blutch et les constructions oniriques de Marko turunen. sEpTEMbRE 2009

LA RÉEDITION SANDOKAN

D’HUGO PRATT

(CASTERMAN)

Longtemps portée disparue, cette BD inachevée de Pratt, de la fin des années 1960, a été retrouvée récemment. À l’époque, Pratt planche sur les premières aventures de Corto Maltese et la parenté est évidente : même souffle épique, mêmes percées graphiques et narratives. Du Pratt de haute volée.

LE ROMAN JEUNESSE VENEZ NOMBREUX DE GAUTHIER DAVID ET MARIE CAUDRY (ALBIN JEUNESSE, À PARTIR DE 5 ANS)

Le plus vivant des fantômes s’ennuie car ses amis dorment quand il veut s’amuser. il part alors en train (fantôme) pour inviter ses voisins à une fête d’enfer… au cours de son voyage, il rencontre le plus moche des beaux, qui en a assez d’être moqué, le plus maigre des sumos, qui a perdu l’appétit, la plus branchée des Cro-Magnon, qui voudrait de la modernité… et tout ce petit monde embarque dans le train pour une soirée mémorable.Venez nombreux découvrir cet univers coloré, dont la multitude de détails réjouira nos chers bouts d’chou. _sophie Quetteville, libraire au MK2 Quai de Loire


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86 LE BOUDOIR /// LUDOTHÈQUE

Bat ART BATMAN ARKHAM ASYLUM, TROP BATH Chauve qui peut : le Joker abat de nouvelles cartes pour jouer avec les nerfs du Dark Knight. Jeu bâtard, donc complet, Batman Arkham Asylum aligne les atouts et remporte la partie. Cape ou pas cap’ ? _par étienne Rouillon

au cinéma, tout le monde a son Batman préféré : le fantasque (tim Burton), le meurtri (Christopher Nolan), voire le catastrophique (Joel Schumacher) avec son Clooney clownesque. Batman Dark Asylum met le grappin sur une autre adaptation de l’homme chauvesouris, celle qui fit se lever la Minikeums génération tous les samedis du milieu des années 1990. Scotchés devant le poste par la série animée Batman, diffusée sur France 3, les enfants de la téloche se sont forgés l’image canonique du chevalier noir : un ninja art déco, confronté à des antagonistes peints dans le respect des comics d’origine. 85 épisodes de castagne contemplative ont prouvé que Batman, c’est pas de la BD de comiques.

on retrouve Paul Dini, scénariste du dessin animé, mais aussi les voix d’origine : Kevin Conroy (Batman) et Mark Hamill (le Joker – oui, c’est aussi le fils d’un autre chevalier noir, dans une galaxie très très lointaine). Le doublage français n’est pour une fois pas en reste : c’eût été dommage de pourrir l’excellente bande-son super-symphonique…

Le studio de développement rocksteady propose donc une adaptation à la filiation rigoriste, pour un divertissement hérétique car transgenre. tour à tour jeu d’infiltration, de plateforme ou de baston, Arkham Asylum excelle dans tous les domaines et impose des ruptures de rythme qui masquent habilement la linéarité du titre. Le gameplay change en fonction des ennemis. S’ils Bien qu’il soit visuellement plus proche des sont désarmés et agglutinés comme des Batman « réalistes » de Christopher Nolan Genre : Action, beat’em all perdreaux de l’année, vous pouvez leur voler (Batman Begins, The Dark Night), Arkham Éditeur : Eidos Interactive directement dans les plumes. Les combats Asylum conserve l’emphase gothique de Plateforme : PC, PS3, X360 se résument à frapper ou contre-attaquer l’animé. Elle donne le ton à la scène d’introduction du en rythme, pour enchaîner les combos. Deux boutons jeu : après s’être rendu sans combattre à gotham mais des centaines de chorégraphies, léchées et City, le Joker est raccompagné par la peau des joues soutenues par des ralentis fracassants en fin de combat. à l’asile d’arkham. Heureusement pour nous, il s’agit D’autres sbires plus chanceux sont équipés d’armes d’un piège dans lequel tombe le justicier, prétexte automatiques. impossible de foncer tête baissée, il faut pour une baston avec le panthéon des ennemis du éliminer un à un et en silence les adversaires. Vol plané super-héros : Killer Croc, Poison ivy, Harley Quinn, Bane… pieds devant, gels explosifs, coups de batarang sur la Pour tourner les très bonnes pages d’Arkham Asylum, nuque ou pendaison par les pieds à une gargouille :

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« INFILTRATION, PLATEFORME OU BASTON, LE JEU EXCELLE DANS TOUS LES DOMAINES. » pour calmer les patients de l’asile, les tactiques sont infinies. Ceux-ci prennent parfois la poudre d’escampette et il faut alors, pour retrouver leur trace, passer par les différents bâtiments de la péninsule d’arkham : quartiers pénitentiaires futuristes, jardins botaniques art nouveau, batcave vertigineuse... Mention spéciale pour les moments où Batman sombre dans une folie qui modifie continuellement l’environnement. On n’en dit pas plus pour préserver l’effet de surprise, mais chacun ira de son soupir respectueux : «Pfiuu…ah ouais, quand même…» Les fans de la chauve-souris ne sortiront pas de leur grotte pour finir le jeu d’une traite, happés douze heures durant par une mise en scène intelligente et intrigante. ils rempileront avec les missions annexes proposées en bonus par le vilain malin Edward Nigma. Sortis de l’asile au petit matin, ils seront fous – de joie.

LA CONSOLE LA PS3 « SLIM » (SONY)

Sony a profité de la gamesCom de Cologne pour nous mettre au parfum. Petite sœur de la Playstation 3 « fat », la PS3 « slim » n’est pas une mince affaire. Elle est disponible depuis le 1er septembre avec un disque dur de 120 gigas, au prix léger de 299 €. _E.R.

L’ACCESSOIRE COMBINAISON MOTO BATMAN Comme dirait Karl L., la sécurité sur la route, c'est important, mais ça habille mal son homme. Le costumier universal Designs fait rimer classe et anti-casse avec cette combinaison intégrale pour bikers, adaptation fidèle de la tenue de Christian Bale dans The Dark Knight. Dans son cuir revêtu de kevlar, le gamer cinéphile fera forte impression devant sa console. « Mon chéri, lâche la manette il y a de la vaisselle à faire ! – Mais maman… tu sais qui je suis ? Faut que je nettoie la ville de ses voyous, alors joker sur les écuelles. » _E.R. batman Leather Motorcycle suit : veste + pantalon + gants. À partir de 697 € sur www.udreplicas.com

_par E.R.

JEUX GUITAR HERO 5 (ACTIVISION, SUR PS3, X360, PS2)

Mais qui boude encore son plaisir ? Liberté totale et accent mis sur le jeu en groupe, dans cet opus qui permet de rejoindre des parties à la volée. une B.O. sonnant sans trébucher avec Johnny Cash et Kurt Cobain (une aubaine). Vous jouiez ? Eh bien, grattez maintenant !

WET (BETHESDA SOFTWORKS, SUR PS3, X360)

Oubliée Lara Croft, voici rubi, sur l’ongle tarantinesque de ce jeu d’action qui gratte le vernis propret des Tomb Raider. Cousin germain de Kill Bill et de Pulp Fiction, Wet nous secoue la pulpe de haut en bas.

COLIN MCRAE : DIRT 2 (CODEMASTERS, SUR PS3, X360, WII, PC, PSP, DS)

La série de jeu survit au regretté pilote Colin Mcrae. Plus arcade que ses ainés, Dirt 2 essuie des essieux sur tout type de terrains harmonieux. On choisira une difficulté soutenue pour profiter pleinement de l’immersion offerte par une caméra intérieure saisissante.

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HOLLYWOOD STORIES // GRANDES ET PETITES HISTOIRES DU CINÉMATOGRAPHE 88

LES rEJEtONS pour le public, ils représentent Hollywood, et pourtant Hollywood n’en voulait pas. Refusés, moqués ou sabotés, voici l’histoire des triomphes qui n’auraient pas dû exister. Deuxième épisode de notre feuilleton : Titanic.

ÉPISODE 2, SAISON 2

_par Rafik Djoumi

1995. Suite au carton de True Lies, James Cameron propose à la 20th Century Fox un projet «à la Docteur Jivago» centré sur le titanic. Le studio, qui développe conjointement Die Hard 3, Speed 2 et Independence Day, estime que l’idée est d’un autre âge. Pourtant, le grand manitou, Bill Mechanic, donne son feu vert. affirmant que cela ferait une « bonne publicité », Cameron affrète une expédition ambitieuse pour aller filmer de près l’épave du vrai titanic (son équipage russo-américain sera visible dans les sections modernes du film). Le tournage à proprement parler débute à la mijuillet 1996 pour une sortie prévue le 25 juillet 1997. Coûts et délais sons très largement sous-estimés.

Fin 1996. Le budget annoncé gonfle subitement de 110 millions à 180 millions de dollars et le planning est retardé par une logistique éprouvante. alors que les studios considèrent le projet comme une anomalie (aucune star à l’affiche, ni flic, ni alien, ni merchandising et pas de suite possible), la presse fait paradoxalement de Titanic l’exemple même du blockbuster hollywoodien irresponsable. La question du « naufrage » de la Fox alimente les gazettes. James Cameron : « Je n’ai jamais vu quelqu’un sortir d’un cinéma et dire : ‘‘Ce film est à chier mais, au moins, il a été fait dans les temps et le budget imparti.’’ »

Avril 1997. La rumeur prétend que la sortie du film sera repoussée à la fin de l’année. Des articles dépeignent Cameron sous les traits d’un maniaco-dépressif, obsédé du moindre détail, et peu regardant sur la sécurité de son équipe (ce qui est particulièrement faux). On annonce qu’il aurait mis à la poubelle une scène d’un million de dollars. Le principal intéressé confirme qu’il préfère sacrifier une scène d’un million plutôt que la qualité d’un film à 200 millions. Pressentant la catastrophe, certains cadres démissionnent de la Fox ; d’autres proposent de ne pas sortir le film en salles et de le découper pour en faire une mini-série. Dans l’urgence, la Fox revend les droits d’exploitation sur le sol américain au studio Paramount, pour seulement 65 millions de dollars ! James Cameron réplique en renonçant à tout son salaire et à ses droits dérivés. Du coup, cela fait trois ans qu’il travaille gratuitement (en dormant trois heures par nuit). Mais à l’annonce d’une nouvelle révision budgétaire (afin de créer de la buée sur la bouche des figurants), l’exaspération anti-Cameron atteint son comble, et ce bien que tout le monde ignore la raison de cette démarche (le final dans l’eau glacé). D’autres l’accusent de faire mumuse avec des acteurs entièrement numériques – il s’agit, en l’occurrence, de cascades trop dangereuses pour un humain...

19 décembre 1997. Titanic sort sur les écrans et fait un démarrage tranquille. Contrairement à l’habitude, les semaines suivantes voient les entrées doubler puis tripler. Quatre mois plus tard, Titanic est officiellement le plus grand succès depuis Star Wars (et Paramount un studio comblé !). À la cérémonie des Oscars, Cameron lève son trophée, et crie à ses accusateurs : « I’m the king of the world ! » troisième épisode à suivre le mois prochain dans Trois Couleurs...

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90 SEX TAPE // L’INsTANT éROTIQUE

tu NE SuçEraS POINT

après une transfusion sanguine qui le transforme en vampire, un prêtre a les crocs. tiraillé entre son sacerdoce et ses pulsions, il craque bientôt pour une jeune mariée, pas très mordue de sa belle-famille. Mais, devenue incontrôlable, la succube succombe de sa main. Le curé la ressuscite en lui donnant à boire son sang, dans l’une des plus belles scènes du film. L’étreinte possède ici un pouvoir sulfureux : l’échange d’hémoglobine, dans le mythe du vampire, représente les rapports sexuels interdits – métaphore que redouble l’appartenance de l’homme à l’église. Entre transgression et provocation, la vampire chez Park Chan-wook a le sang chaud. _s.M. Thirst, ceci est mon sang de park Chan-wook sortie le 30 septembre

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