Trois Couleurs #75 – Octobre 2009

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CINÉMA CULTURE TECHNO

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JARMUSCH

CONTROL

FREAK


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ÉDITEUR MK2 MULTIMÉDIA 55 RUE TRAVERSIÈRE_75012 PARIS 01 44 67 30 00 Directeur de la publication & directeur de la rédaction Elisha Karmitz (elisha.karmitz@mk2.com & troiscouleurs@mk2.com) Rédacteur en chef & chef de rubrique « culture » Auréliano Tonet (aureliano.tonet@mk2.com) Chef de rubrique « cinéma » Sandrine Marques (sandrine.marques@mk2.com) Chef de rubrique « technologies » Étienne Rouillon (etienne.rouillon@mk2.com) Direction artistique Marion Dorel (marion.dorel@mk2.com) Sarah Kahn (sarah.kahn@mk2.com) Design Sarah Kahn Correcteur Jean-Christophe Manuceau Stagiaire Romain Genissel Ont collaboré à ce numéro Benoit Basirico, Ève Beauvallet, Sylvain Bourmeau, Isabelle Danel, Rafik Djoumi, Pascale Dulon, Clémentine Gallot, Joseph Ghosn, Jacky Goldberg, Anne-Laure Griveau, Florian Guignandon, Donald James, Anne de Malleray, Jérôme Momcilovic, Wilfried Paris, Bruno Podalydès, Bernard Quiriny, Juliette Reitzer, Adrien Rohard, Raphaëlle Simon, Bruno Verjus, Anne-Lou Vicente Illustrations Dupuy & Berberian Photographie de couverture Richard Dumas Photographes Richard Dumas (dossier Jim Jarmusch) Agnès Mazeau (rubrique « Alter Gamo ») Jérémie Nassif (rubrique « Coup pour coup ») Publicité Responsable clientèle cinéma Laure-Aphiba Kangha 01 44 67 30 13 (laure-aphiba.kangha@mk2.com) Directeur de clientèle hors captifs Daniel Defaucheux 01 44 67 68 01 (daniel.defaucheux@mk2.com) © 2009 TROIS COULEURS issn 1633-2083 / dépôt légal quatrième trimestre 2006. Toute reproduction, même partielle, de textes, photos et illustrations publiés par MK2 est interdite sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur. Magazine gratuit // Ne pas jeter sur la voie publique

SOMMAIRE # 75 7 ÉDITO 8 COUP POUR COUP > François Bégaudeau 10 SCÈNE CULTE > Dead Man 12 PREVIEW > Canine

15 LES NEWS 15 CLOSE-UP > Ruth Nirere 16 LE K > The Box 18 KLAP ! > Un poison violent 20 LE PROFIL FAKEBOOK DE… > Cameron Diaz 22 DANS DE B.O. DRAPS... > Jean-Pierre Jeunet 24 PASSERELLES > MK2 et la révolution numérique 26 UNDERGROUND > Dizzee Rascal 28 LE BUZZLE > Persepolis 2.0 30 AVATARS > Cities XL 32 BATTLE ROYALE > Guitar Hero vs. DJ Hero

35 LE GUIDE 36 SORTIES CINÉ 48 SORTIES EN VILLE 58 LA CHRONIQUE DE DUPUY & BERBERIAN

60 DOSSIERS 60 LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS 72 JIM JARMUSCH, THE LIMITS OF CONTROL

77 LE BOUDOIR 78 DVD-THÈQUE > Yves Saint Laurent, tout terriblement 80 CD-THÈQUE > The Feelies 82 BIBLIOTHÈQUE > Le retour du roman d’anticipation 84 BD-THÈQUE > David Heatley 86 LUDOTHÈQUE > Fifa 10 vs. P.E.S. 2010 88 TRAIT LIBRE > Il était une fois en France 89 HOLLYWOOD STORIES > Les Rejetons, épisode 3 90 SEX TAPE > Jennifer’s Body

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ÉDITO

INCONTRÔLABLES Un homme au passé louche s’amourache d’une pilote d’avion, et dévisse (Les Herbes folles). Une femme de ménage névrosée suffoque sur son lieu de travail (La Nana). Un réalisateur obsessionnel sombre en plein tournage (L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot). Un cheval et ses amis font face à des événements sans queue ni tête (Panique au village). Une famille vit, retranchée, selon des règles aberrantes (Canine). Un bourg puritain est le siège d’inquiétantes déviances (Le Ruban blanc). Une mère subit, terrorisée, la barbarie génocidaire (Le jour où Dieu est parti en voyage). La liste pourrait continuer longtemps : douce ou grave, intime ou communautaire, la folie

imprime la pellicule des films les plus marquants de cet automne. À travers un long dossier (« la folie dans tous ses états »), nous revenons sur cette déraisonnable actualité, sans prétendre à l’exhaustivité, mais sans non plus nous limiter au seul champ cinématographique – en cette rentrée, littérature ou bande dessinée abordent, de même, et souvent avec autant d’adresse, ce sujet nébuleux. C’est à un autre « freak », Jim Jarmusch, que nous consacrons notre couverture, à l’occasion de la sortie prochaine de son nouveau film, The Limits of Control. « Les limites du contrôle » : titre surprenant, quand on connaît la méticulosité, presque maniaque, avec laquelle l’auteur de Dead Man confectionne ses films. Le contrôle que vilipende Jarmusch dans son nouveau chef-d’œuvre, ce n’est pas celui de l’artiste sur son art, mais celui qu’exerce le capitalisme non régulé sur nos vies. D’un côté, l’art : palimpseste de sens et d’émotions, mémoire ivre et subjective de l’humanité, dérive formellement maîtrisée ; de l’autre, un système économique rapace, paranoïaque et amnésique, rivé sur ses objectifs. Derrière l’opacité de son film, c’est donc bien un rapport biaisé, tordu, en un mot «freak», au contrôle que prône Jarmusch. Dans Le Mariage du ciel et de l'enfer, le peintre et poète William Blake, maître à penser du cinéaste américain, ne disait pas autre chose : « Si le fou persévérait

dans sa folie, il rencontrerait la sagesse. » _Auréliano Tonet


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© Jérémie Nassif

COUP POUR COUP /// TAPAGE, RATTRAPAGE, DÉCRYPTAGE

ÊTRE LOYAL

VERS LA RANCŒUR ?

C’est l’histoire d’un auteur qui, il y a un an, se trouvait Entre les murs, position qui lui valait une Palme – d’or de surcroît. C’est aussi l’histoire d’un tournant, auquel parfois on est attendu, surtout quand on sort un nouveau roman. FRANÇOIS BÉGAUDEAU l’a emprunté, n’y a pas été épargné ; mais il s’en remettra, apparemment. _Propos recueillis par Adrien Rohard

Quand Entre les murs, adapté par Laurent Cantet, reçoit la Palme, on parle davantage de l’école que du film… Ça agace ? C’était prévisible, et puis il faut être loyal. Le film traite d’un sujet fort, alors on ne doit pas s’étonner qu’il prenne le dessus. Ma vraie déception est surtout liée au fait que certains spectateurs ont pu penser qu’il s’agissait d’un documentaire, or c’est vraiment un film, et ils n’ont pas compris ce qu’il y avait de manipulation derrière tout cela… Quand vous déclarez à la presse que cette Palme vous a « plutôt nui », c’est assez difficile à croire… Cette phrase a été sortie de son contexte. Mais là où

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la Palme m’a vraiment été nuisible, c’est par les jalousies qu’elle a éveillées. Un livre, un film, une Palme, c’est une « success story » un peu trop facile pour beaucoup de monde… Ils sont assez nombreux à m’en vouloir, je l’ai d’ailleurs subi avec mon dernier roman, Vers la douceur… Que certains critiques ont assassiné à sa sortie, en mars dernier… Tout était parti pour que ça se passe mal, mais ces critiques ne me touchent pas car je sais de quels ressorts elles sont faites. Il suffit de compter le nombre de lignes sur mon livre qu’elles comportent, il y en a peu. Le reste, c’est un passage en revue hasardeux de ma vie, c’est du vent. Vous aimeriez y répondre ? Non, car je pense que la personne qui écrit cela se fait plus de mal qu’à moi. Elle affiche un sentiment qui la dessert et j’ai presque mal pour elle. Je me demande, alors, ce qui a pu la pousser à écrire deux pages où tout est bon pour éviter l’œuvre. C’est ce qui s’est passé avec Entre les murs, je l’assume, mais pour Vers la douceur, on spécule sur mes intentions plutôt que de parler de mes mots… La littérature a de moins en moins de place, et a donc besoin qu’on en dise du bien, sauf que ce qui meut certains critiques, c’est davantage la haine que l’amour, et ce n’est pas mon registre.

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SCèNE CULTE /// DEAD MAN

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VERY BAD TRIP LE PITCH Après s’être vu refuser un job dans la ville de Machine puis s’être fait tirer dessus par un mari jaloux, William Blake (Johnny Depp) est réveillé par un Indien, Nobody (Gary Farmer), qui tente de lui extraire une balle logée dans le cœur. Poursuivi par des chasseurs de primes peu amicaux, Blake est guidé dans les bois par Nobody, spécialiste de haïkus sibyllins...

NOBODy : Je viens d’ingérer la nourriture du Grand Esprit. Grand-père Peyolt. BLAkE : Je peux y goûter ?

NOBODy : On ne doit pas en user, pas même William Blake. Le pouvoir du remède donne des visions sacrées qui ne sont pas encore pour toi. Mes frères du Sud se l’ont vu interdire par les diables espagnols. Maintenant même les Notmomemesa et les Dene connaissent sa douceur.

NOBODy : C’est très étrange que tu ne te rappelles pas de ta poésie. BLAkE : Je ne connais rien à la poésie. NOBODy : Comme tu es modeste. BLAkE : Je me sens faible. J’ai faim. NOBODy : La quête de visions est une bénédiction. Pour y arriver, il faut se passer de nourriture et d’eau. Les esprits sacrés reconnaissent ceux qui jeûnent. Il est bon de se préparer ainsi à un voyage. BLAkE : Je crois que j’ai perdu mes lunettes. Je n’y vois rien sans ça. [Nobody porte les lunettes de William Blake et mime l’homme blanc.] NOBODy : Tu verras peut-être mieux sans elles.

[Nobody chante et récite une prière. Nobody voit un crâne à la place du visage de Blake.]

BLAkE : Tu es un homme très étrange.

BLAkE : Que regardes-tu ?

[Nobody quitte Blake et le laisse seul avec ses visions.]

[Nobody peint des éclairs sur les joues de William Blake.]

DEAD MAN Un film de Jim Jarmusch Scénario de Jim Jarmusch, 1995, DVD disponible chez Bac Films.

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NOBODy : Que le Grand Esprit te protège.

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12 PREVIEW

CANINE À Cannes, le prix Un Certain Regard consacre le cinéma atypique. Lauréat de l’édition 2009, Canine, du Grec Yorgos Lanthimos, n’a pas volé sa récompense. D’emblée, ce film aux effluves buñueliennes dérange : isolés depuis toujours du monde extérieur par leurs parents, trois frères et sœurs vivent selon des règles étranges. Ils pourchassent les chats avec d’énormes ciseaux, se lèchent partout les uns les autres, et attendent que leur canine tombe pour quitter la maison clôturée. Autant de coutumes saugrenues qui font rire ou mettent mal à l'aise, comme un drôle de rêve. Allégorie du totalitarisme, le film accouche aussi de moments suspendus, sauvages et innocents. C’est cet élan, à la fois absurde et plein de sens, qui fait tout le charme de ce film-ovni. _Raphaëlle Simon Sortie le 2 décembre Le film sera présenté en ouverture du 6e Panorama du cinéma grec contemporain, du 2 au 8 décembre, au Cinéma des Cinéastes, à Paris.


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LES

NEWS

SECOUEZ, AGITEZ, SAVOUREZ : L’ACTU CINÉ, CULTURE, TECHNO FRAÎCHEMENT PRESSÉE

CLOSE-UP Dans Le jour où Dieu est parti en voyage, le regard de RUTH NIRERE fascine. Comédienne magnétique, la belle est aussi chanteuse et élève la voix pour célébrer la mémoire des victimes. Son timbre chaud et puissant n’a rien à envier aux reines de la soul américaine, comme sa silhouette plantureuse et son goût pour la mode. Pourtant, Shanel – son nom de chanteuse – revient de loin. Rescapée du génocide à 9 ans, l’artiste engagée, aujourd’hui âgée de 23 ans, est une personnalité phare de la cicatrisation de son pays. Dans Le jour où Dieu…, elle renonce à sa voix : muette dès les premières minutes du film, elle interprète une femme anéantie par le spectacle d’une humanité qui s’effondre. Ses grands yeux noirs dévisagent, défient, et interpellent notre devoir de mémoire. Comme sa chanson emblématique, entonnée chaque année à l’heure de la commémoration : On ne vous oubliera pas. Une phrase conjuguée au futur, fidèle à l’engagement de la jeune femme : raconter les cris du passé « pour qu’une telle chose ne se reproduise jamais ». _Juliette Reitzer


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16 NEWS /// POLÉMIQUE

k

LE

IL Y A CEUX QU’ IL ÉNERVE ET CEUX QUI LE VÉNèRENT

THE BOX L’iconoclaste RICHARD kELLy, à qui l’on doit les inclassables Donnie Darko et Southland Tales, revient avec The Box, adapté d’une nouvelle fantastique de Richard Matheson. Boîte vide ou pleine ? Le film divise notre rédaction. _Par Sandrine Marques (« la question ») et Jacky Goldberg (« la réponse »)

LA QUESTION

LA RÉPONSE

Un couple se voit remettre par un étrange émissaire une boîte ornée d’un bouton-poussoir. S’ils actionnent le système, ils empochent un million de dollars, mais un anonyme mourra. Le dilemme moral, au cœur de ce récit de SF, laisse vite place aux doutes sur les intentions de l’auteur. Les femmes, dans le film, sont celles par qui la catastrophe arrive systématiquement. Cupides, ces Ève, issues de la tradition biblique, ouvrent la boîte de Pandore. Et pour racheter leur faute, pas d’autre issue que la mort qu’elles réclament de la main de leur époux, pour sauver leur progéniture. Le sacrifice ici n’a rien de volontaire puisque le choix est absent : quelle mère laisserait son enfant handicapé ? La nouvelle originale faisait l’éloge de l’amour conjugal. Le propos du film est plus équivoque : si The Box appuie bien sur quelque chose, n’est-ce pas, au fond, sur une certaine misogynie ?

Cupides, les femmes sont en effet celles qui commettent le péché mortel, mais Richard kelly joue avec ce cliché plus qu'il ne le subit. Son travail de mise en scène consiste essentiellement à prendre de la distance avec les figures mythologiques qu'il convoque, tout en créant une empathie avec ses personnages, en premier lieu Norma Lewis, interprétée par Cameron Diaz – qu'on a rarement vue aussi bien dirigée. Jamais mesquine, agissant sous la contrainte, Norma fait de son mieux pour rattraper son erreur originelle. Son sacrifice en acquiert une dimension authentiquement tragique. Il serait certes erroné de faire de Richard Kelly un féministe militant, mais réduire son film à un éventuel discours misogyne serait encore plus regrettable : rares sont, aujourd'hui, les cinéastes avec une telle ambition et un tel sens de la mise en scène.

Un film de Richard Kelly // Avec Cameron Diaz, James Marsden… Distribution : Wild Bunch // États-Unis, 1h55, 2009 Sortie le 4 novembre

LA RÉPLIQUE

« JE T’AIMERAI TOUJOURS, MÊME SI TU METS DES MOIS À REMAIGRIR, MÊME SI TU DEVIENS ÉNORME. » (AWAY WE GO DE SAM MENDES, EN SALLES LE 4 NOVEMBRE)

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18 NEWS /// KLAP ! /// ZOOM SUR UN TOURNAGE

CORPS ET ÂME Nous étions sur le tournage d’Un poison violent, premier long métrage de kATELL QUILLÉVÉRÉ. Reportage en Bretagne, entre mysticisme et émois adolescents. _Par Auréliano Tonet

« Je sens de l’ironie chez vous. Il faut que vous soyez habités, intérieurs. » Queue de cheval blonde, jean et chemise à carreaux, Katell Quillévéré s’adresse à la centaine de jeunes figurants qui emplissent l’Église Saint-Louis de Brest. On y tourne la scène de confirmation durant laquelle s’effondre le personnage d’Anna, interprété par la débutante Clara Augarde, 14 ans. Monumental et bétonné, le décor contraste avec le charmant village de Brasparts, en pleine campagne finistérienne, où s’est déroulé l’été dernier l’essentiel du tournage.

De son propre aveu, « décalages » et « collisions » travaillent la réalisatrice de 29 ans : son film conte l’histoire d’une jeune croyante qui fait l’apprentissage du désir. Parisienne d’origine bretonne, Katell est l’auteur de trois courts métrages réalisés en marge de ses études de cinéma et de philosophie. Ses thèmes de prédilection ? « La sortie de l’enfance, la perte de l’innocence, le don de soi – au niveau tant physique que spirituel. » Ses auteurs de chevet ? Pialat, pour L’Enfance nue, mais aussi Bresson, Argento, Sirk. Son casting ? Hétéroclite, puisqu’il réunit Michel Galabru, en grand-père adoré, et Lio, dans le rôle d’une mère pieuse et esseulée. « Katell n’est pas un escroc, elle s’est battue pour son film », nous confie Lio, sous le charme. Aussi fervente qu’incarnée, la foi de la cinéaste en son art n’en est que plus prometteuse.

INDISCRETS DE TOURNAGE Dans la nouvelle comédie de François Ozon, Potiche, Catherine Deneuve campe une bourgeoise qui remplace son mari à la tête d’une usine de parapluies en grève. Casting mastodonte puisqu’il réunit entre autres Gérard Depardieu, Fabrice Luchini et Karin Viard… Jean Dujardin et Albert Dupontel se retrouvent sous la direction de Bertrand Blier pour le tournage du Bruit des glaçons. L’histoire d’un écrivain alcoolique (Dujardin) qui reçoit la visite de son… cancer (Dupontel). Sortie prévue courant 2010. Darren Aronofsky s’accorde les faveurs de Nathalie Portman et de Mila Kunis pour son prochain film The Black Swan. Tournage bunkerisé pour ce thriller surnaturel qui relate la rivalité torride de deux danseuses de ballet lesbiennes.

En salles courant 2010.

LA TECHNIQUE LE SENS DU POIL Des millions de poils qui interagissent entre eux et renvoient la lumière en fonction de leur densité : la fourrure est une texture très difficile à obtenir en synthèse. Un cauchemar que le film Mission G a élevé au niveau supérieur, en y rajoutant la 3D (deux fois plus d’images à calculer). Pour s’en dépêtrer, l’animateur manipule des sortes d’aimants virtuels, qui agissent sur une région de poils et les déforment en fonction de la musculature du personnage. Sur son écran, l’animateur ne voit qu’une centaine de poils témoin ; les milliers d’autres seront ensuite calculés en fonction des directives qu’il a données aux aimants. _R.D. // Mission-G de Hoyt Yeatman, en salles le 14 octobre

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20 NEWS /// LE PROFIL

DE...

Cameron Diaz moisit au Kansas avec Tom Cruise sur le tournage de Wichita de James Mangold ! Il y a 10 minutes

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Richard Kelly a tagué Cameron sur une vidéo :

Informations

The Box Durée : 1h55 Date de sortie : 4 novembre 2009

Réseaux : Hollywood, Blondes latines Surnoms : « Cam », « Cammy »

Le 5 octobre à 10h11 – Commenter – J’aime

Date de naissance : 30 août 1972 à San Diego (États-Unis) Formation : Long Beach Polytechnic High School, mannequin chez Elite Emploi : Comédienne

Cameron, le 6 octobre à 20h33 « Je joue peut-être dans The Box, mais j’aime pas être mise en boîte ! »

Cameron est devenue fan de la série The Twilight Zone Le 2 octobre à 22h03 – Commenter – J’aime Cameron, le 2 octobre à 22h24 « Je révise mes classiques. » Richard Kelly, James Marsden et Frank Langella aiment ça.

Situation amoureuse : C’est compliqué

Cameron Diaz

Citations favorites : « Le sexe, c’est ce qu’il y a de mieux contre le stress, et pour tout le reste aussi d’ailleurs. » « On dit souvent qu’à Hollywood il n’y a que 14 scénarios différents – voilà le quinzième. »

Cameron a joué au quizz « Quel philosophe êtes-vous ? » Et le résultat est : «Jean-Sol Partre » Le 29 septembre à 15h51 – Commenter – J’aime Cameron, le 29 septembre à 15h51 « Existentialism rules ! »

834 amis

Afficher tout

Acteurs les mieux payés du monde Le 27 septembre à 9h48 – Commenter – J’aime Julia Roberts aime ça.

Bobby Farrelly a tagué Cameron dans Justin Timberlake

Drew Barrymore

Liv Tyler

une scène de Mary à tout prix

Le 24 septembre à 16h20 – Commenter – J’aime Jared Leto

Matt Dillon

Beyonce

Bobby, le 29 septembre à 15h51 « Désolé darling, mais la scène du sperme dans les cheveux, je ne m’en remets pas ! »

NB : Profil fictif réalisé par C.G. et S.K. à partir de faits et déclarations authentiques.

Keira Knightley a invité Cameron à rejoindre le groupe

Amis


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22 NEWS /// DANS DE B.O. DRAPS… JEAN-PIERRE JEUNET

TIRE LA B.O. Avec Micmacs à tire-larigot, JEAN-PIERRE JEUNET a conçu une bande originale dans la continuité de celles de Delicatessen et d'Amélie Poulain. Si le piano et l'accordéon de Raphaël Beau ancrent le film dans un paysage très français, la présence de Max Steiner, compositeur du Grand Sommeil, souligne les hommages hollywoodiens rendus par le réalisateur d’Alien, la résurrection. _Propos recueillis par Benoit Basirico

Comment avez-vous choisi Raphaël Beau pour la musique originale de votre nouveau long métrage ? Pendant le tournage, le doubleur de Dany Boon me glisse un disque. Exactement comme pour Yann Tiersen sur Amélie, je le mets dans la voiture et c'est le déclic ! Je trouvais que le côté « cartoon » de sa musique allait bien avec le sujet du film. Alors je l'ai appelé, il n’était que professeur de musique, et il a composé jusqu'à 25 morceaux. Dès qu'on les mettait sur des scènes, ça marchait ! Micmacs à tire-larigot commence par un extrait du Grand Sommeil, que regarde le personnage de Dany Boon. Pourquoi avoir inséré des musiques de Max Steiner, le compositeur de la bande originale de ce classique des années 1940 ? Le fait de commencer le film avec le « The End » du Grand Sommeil était une idée que j'avais en stock depuis longtemps. Et puisqu'on fait jouer ce film, je me suis dit qu'on pouvait continuer avec sa musique, composée par Max Steiner. C'est au montage que ce choix a été fait. On s'est aperçu que des points de synchro apparaissaient naturellement. On aurait dit que du ciel, Max Steiner nous avait écrit une musique. Vous faites aussi référence au cinéma muet, à Chaplin. Pouvez-vous commenter cet aspect de la partition ? L'aspect chaplinesque venait du tournage car Dany Boon en avait les mimiques, il ne s'en rendait même pas compte. Puis au montage, on a utilisé une musique qui fonctionnait d’emblée, il y avait une évidence, on aurait dit Les Lumières de la ville.

« ON AURAIT DIT QUE DU CIEL, MAX STEINER NOUS AVAIT ÉCRIT UNE MUSIQUE. » Il y a dans vos films un univers musical identifiable, quel que soit le compositeur. Est-ce que vous orientez chaque musicien dans ce sens ? Avec Angelo Badalamenti [compositeur de la B.O. de La Cité des enfants perdus, ndlr], c'est différent. Mais je retrouve avec Micmacs... l'esprit des partitions de Carlos d'Alessio pour Delicatessen ou de Yann Tiersen pour Amélie, j'en ai bien conscience. Certains trouveront que je ne me renouvelle pas, mais c'est ce qui marchait le mieux pour le film. Il y a un aspect « français » touchant. On peut facilement tomber dans le ringard, mais heureusement qu'il y a des artistes qui ont le don de faire des choses vivantes. Faire appel à de jeunes musiciens ou à des musiques préexistantes, n'est-ce pas un moyen de vous exempter d'une réelle collaboration ? Je ne suis pas pris en otage par un musicien. Il est plus simple d'avoir une musique déjà prête et de faire son marché. Avec Yann Tiersen, c'était l'idéal, car faire du cinéma ne l'intéressait pas, il nous laissait prendre ce qu'on voulait dans ses musiques. Dans ce cas-là, on contrôle davantage.

Un film de Jean-Pierre Jeunet // Avec Dany Boon, André Dussollier… // Distribution : Warner // France, 1h44, 2008 // Sortie le 28 octobre

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24 NEWS /// PASSERELLES

LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE Avec ses salles intégralement programmées en V.O., MK2 sera en 2010 le premier circuit à passer au tout numérique. L’occasion de souligner les avantages qu’offre cette technologie tant pour les spectateurs que pour les distributeurs et les cinéastes.

LE CINÉMA NUMÉRIQUE, QUELS AVANTAGES POUR LE SPECTATEUR ? _Par Rafik Djoumi

Qu'est-ce que le cinéma numérique ? Depuis son origine, le cinéma est enregistré et diffusé sur de la pellicule, le plus souvent du 35mm. Le cinéma numérique désigne les films tournés et projetés avec des images numérisées, composées de chiffres (des 0 et des 1) dans lesquels sont contenues toutes les informations de lumière, de couleurs, etc. Quels sont les avantages de la projection numérique ? Avec la pellicule, l’image passait par de multiples opérations photochimiques qui altéraient sa qualité, et les projections finissaient par rayer le film. En numérique, du tournage à la projection, les chiffres restent les mêmes. Le son est lui aussi plus fidèle et inaltérable, car il n’est plus à même la pellicule mais dans un fichier numérique à part. Quelle différence entre la projection numérique en salle et celle à la maison ? La compression. Moins une image est compressée, plus grande est sa fidélité, sa précision et sa résolution (il y a plus de pixels). L’image numérique « domestique » (DVD, chaînes de télé numérique...) est très compressée et elle affiche une résolution moyenne. À l’inverse, les salles équipées en numérique investissent dans un matériel haute fidélité : projecteur spécifique, disques durs volumineux. Quel rapport entre cinéma numérique et cinéma en 3D relief ?

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Ce sont deux choses différentes. Le premier est un format, le second un procédé. Le 3D relief (ou stéréoscopie) est un procédé optique qui date du début du XIXe siècle ! Plusieurs films des années 1950 étaient diffusés en relief, comme Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock. Mais l'ancien système donnait de mauvais résultats et des maux de crâne. Le 3D relief actuel est un procédé où les deux images stéréoscopiques sont synchronisées numériquement. Ainsi, la projection numérique est indispensable pour cette 3D moderne. Mais beaucoup de films sont encore tournés en pellicule, non ? Oui, mais ils sont de plus en plus numérisés après le tournage, pour les opérations de post-production (montage, étalonnage, etc.). La projection numérique est donc préférable également pour ces films tournés en pellicule. Quelques exemples de films tournés en numérique ? Tous les films d’animation en images de synthèse, dès Toy Story en 1995, mais aussi certains blockbusters américains : Superman Returns, Quantum of Solace, Speed Racer... Le format numérique a séduit des auteurs comme Ingmar Bergman ou André Téchiné, grâce à son encombrement et ses coûts moindres, tant au moment du tournage que de la postproduction et de la distribution du film.

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LE POINT DE VUE DE NATHANAËL KARMITZ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MK2 _Propos recueillis par Sandrine Marques

Depuis un an, six salles Mk2 sont équipées de projecteurs numériques. Quel bilan tirez-vous de cette année d’expérimentation ? Un bilan positif. Le choix d’équiper les salles en numérique était lié à l’arrivée de nouveaux films en relief. Le processus a démarré durant l’été 2008 avec Voyage au centre de la terre puis avec la distribution du premier film « 100% relief », Fly Me to the Moon. On a observé alors que le public aimait le relief et le découvrait avec appétit, ce qui s’est ressenti au niveau de la fréquentation des salles. Le groupe Mk2 a décidé de passer au tout numérique pour 2010. Pouvez-vous nous détailler les étapes de ce virage numérique ? Il y aura 21 salles en numérique d’ici la fin 2009 dans le réseau MK2. Le MK2 Bibliothèque va continuer de s’équiper. Le MK2 Quai de Loire va se doter de la technologie dans 3 salles. Le Quai de Seine va, lui aussi, obtenir 3 nouvelles salles. Les MK2 Odéon et Gambetta, qui étaient déjà équipés, vont poursuivre la transition. Le MK2 Nation suivra d’ici fin 2009. Et toutes les autres salles MK2 y viendront dans le courant 2010. Qu’est-ce que le numérique va changer pour ce qui entoure la projection du film ? Le principal avantage du numérique est d’éliminer la copie en 35 mm, et son coût important, ce qui facilitera l’accès à l’écran pour différents contenus d’avant ou d’après-séance, comme le court-

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métrage. Avec le numérique, sa programmation dans les salles va être beaucoup plus simple, car moins coûteuse. On pourra imaginer des expériences nouvelles comme des « programmes sponsorisés », assez différents de la publicité, et envisager l’existence d’une « après-séance », avec des interviews de réalisateurs, des making-of… D’un point de vue personnel de spectateur, qu’estce qui vous intéresse dans un film en relief ? Je suis particulièrement captivé quand l’aspect immersif est mis en avant, comme dans Avatar de James Cameron. Le relief est passionnant quand il fait partie intégrante de l’histoire et ne constitue pas simplement un argument visuel ou marketing.

PAROLES DE CINÉASTE : MICHAEL MANN « Le numérique permet d'optimiser les choses jusqu'au dernier moment. C'est une exploration permanente et fascinante. J'ai commencé à l'utiliser pour certaines scènes d'Ali. Des caméras minuscules me permettaient d'être au plus près de Will Smith quand il boxait. Nous étions en 2002 et c'était l'âge de pierre. J'ai découvert, depuis, avec les caméras haute définition, un langage d'une richesse inouïe. L'hyperréalisme de l'image, le rendu des atmosphères, les nuances de couleur et de lumière ont des vertus quasi hallucinatoires. »

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26 NEWS /// UNDERGROUND /// DÉJà CULTE, BIENTôT DANS LES BACS

TAPAGES Vous rêvez de flanquer une paire de baffles retentissantes à vos teigneux voisins ? DIZZEE RASCAL est votre homme. Manifeste du dancefloor en appartement bondé, son nouvel album, Tongue 'n' Cheek, toque à la porte.

COPIER COLLER

_Par Étienne Rouillon

« Ce nouvel album ? Bah... c'est de la pop. » Sourire en coin, le MC londonien de 24 ans ménage l'effet de surprise. Si la dernière bombe du petit prince du grime séduit toutes les tempes, sa «pop » trempe plutôt du coté «poum-poum» des nightclubs où l'on mouille ses chaussettes. « Je voulais faire un album à écouter très fort, qui fasse danser tout le monde. Donc pop. » Comprendre «populaire». Papillonnant de gai reggae en électro-house lustrée, Tongue 'n' Cheek tient le cap de l'éclectisme, fédéré par un métronome remonté à la vodka Red Bull. « T’arrives en soirée, tu mets le disque dans le lecteur et tu laisses tourner ». La tracklist est effectivement un modèle du genre, de l'entrée pieds dans le plat avec Bonkers (boosté par un vidéoclip gonflé à la Gondry) jusqu'à la conclusion en orgasme subsonique de Bad Behaviour. «L'an dernier, le succès du single Dance Wiv Me, avec Calvin Harris, m'a poussé à travailler dans d'autres directions. » Éprouvés par les allers-retours entre scène et studio, ces morceaux enflamment la piste dans une combustion spontanée. Les voisins du dessous tapent déjà du balais quand on reprendrait bien un peu de l'excellent Can't Tek no More. «Ces morceaux créent un atmosphère fun en ces temps troublés.» Et quand Dizzee fait dans le léger, c'est du lourd. Tongue ‘n’ Cheek de Dizzee Rascal (Universal)

>> >> En catimini, l’Américain yim yames a publié cet été l’EP Tribute To, soit six reprises piochées dans l’immense et sous-estimé répertoire de George Harrison.

>> Chant élégiaque, arrangements dépouillés, mysticisme serein : ce bel hommage ne rougit pas de la comparaison avec son évident modèle, l’album blanc des Fab Four.

LE MYSPACE CHARTS DE LA RÉDACTION THE XX – Crystalised – 267 106 lectures http://www.myspace.com/thexx Ce quatuor mixte exhume une expérience tentée x fois par d’autres (mêler extase r’n’b et exigence post-punk) pour un résultat exagérément excitant.

JULIAN CASABLANCAS – 11th Dimension – 196 962 lectures http://www.myspace.com/juliancasablancas La voix des Strokes s’évade en solo. Influences 60’s (Velvet), 80’s (Cindy Lauper, New Order) et 00’s (Daft Punk) : le compte est bon. GET BACk GUINOZZI ! – Low Files Tropical – 4 152 lectures http://www.myspace.com/getbackguinozzi Une voix mutine et un guitariste aux oreilles décalées (par ailleurs patron de l’excellent Midi Festival) tropicalisent la new wave. Doux déménagement.

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28 NEWS /// LE BUZZLE

LE NET EN MOINS FLOU _Par Étienne Rouillon

BUZZ’ART

STATUTS QUOTES Sélection des meilleurs statuts de FACEBOOK

Stéphane : 40 ans, toujours plus sot. Sam ne comprend rien à ces histoires de chalet suisse et de Paul en ski. Claro se demande si l'expression « coming soon » n'a pas été inventée par l'industrie pornographique. Joe est en train de téléphoner au coiffeur de Nicolas Hulot. Christophe : Scoop, le Prince Charles s'est tapé Raymond Barre ! Paul arbitre le match Mylène Farmer Beth Ditto : carotte râpée contre triple burger mayo.

BANDEROLE DESSINÉE Détournées avec respect par des opposants au régime iranien, les cases de la bande dessinée Persepolis retrouvent une actualité poignante dans cette version web 2.0. Ils avancent sous les pseudonymes de Sina et Payman, deux Iraniens vivant à Shanghai. Dans la veine des « scantrads » humoristiques – des planches scannées pour que l'on puisse ensuite changer le texte –, ils ont composé leur Persepolis 2.0 en réécrivant les bulles de certaines cases des quatre tomes de l'œuvre autobiographique Persepolis de Marjane Satrapi, publiée entre 2000 et 2003 avant de connaître le succès d'une adaptation au cinéma en 2007 (prix du jury à Cannes). Un petit détournement, non pas

pour rire mais pour protester : si Persepolis racontait les manifestations de 1979 contre l'arrivée des Islamistes au pouvoir, Persepolis 2.0. narre quant à lui le soulèvement populaire consécutif aux élections du 12 juin 2009. Depuis les pressions dans les bureaux de votes jusqu'à l'exécution de la jeune manifestante Neda le 20 juin, dix pages qui mettent en image ce que les caméras n'ont pu montrer. Piratée sur le Net, la culture ne s'en trouve pas toujours mutilée.

Patricia va s’éteindre en blonde. Christian : Giscard fanfaronne en prétendant s'être tapé Diana. Sans préciser si c'était avant ou après le pont de l'Alma. Christophe : Le titre anglais du roman de Giscard : Lady Di in the sky with diamonds. Franck déçu par la morphine de l'hosto Saint-Antoine, préfère la clermontoise. Virginie suce un Mister Freeze (ceci n'est pas un hommage à Michael Jackson). Blaise a fait le test « Quel prénom pourri te va à ravir ? » et la réponse est : Blaise.

http://www.spreadpersepolis.com

APPLIS MOBILES PUMA INDEX La crise fiche une sacrée déculottée aux cours boursiers. Cette application, qui promeut la nouvelle ligne de sousvêtements de Puma, déshabille des mannequins à mesure que les valeurs s'effondrent. Une bourse, des bourses. Plateforme : iPhone et iPod touch // Prix : gratuit

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SOUNDwALk Zoner dans le quartier germanopratin avec Virginie Ledoyen et Benjamin Biolay comme guides pendant une heure, c'est du tourisme sensuel. On fait les sens pas, pour pas un rond, grâce à ces ingénieuses ballades auditives. Plateforme : iPhone et iPod touch // Prix : gratuit

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MAL BUZZÉ

TWITOUILLAGE Chaque mois un phÊnomène du Net touillÊ via TwITTER

Shitmydadsays 53 Tweets 474 176 followers

MON NOM EST PERSONNE Bienvenue dans l'oeil du cyclope du IPT-DS1 de Sony. Un appareil photo qui te tire le portrait tout seul, comme un grand (vicelard). Ça part forcĂŠment d'une bonne intention. Un appareil photo qui se dĂŠbrouille tout seul, laissant les mains libres pour trempouiller son boudoir dans une flĂťte. Sony a conçu un petit bijou technologique, le IPT-DS1. Cette station d'accueil, compatible avec la gamme d'appareils photos Cyber-shot, embarque un moteur qui fait pivoter l'objectif en direction des visages prĂŠsents dans une pièce. Le logiciel lance une photo Ă chaque sourire repĂŠrĂŠ, puis repart complĂŠter son trombinoscope de surboum. La surprise passĂŠe, on oublie vite ce mirador qui devient fournisseur officiel de contenu scabreux pour rĂŠseau social. CouplĂŠe Ă Facebook, la bonne idĂŠe devient au pire mouchard, au mieux chaperon garant de nos bonnes manières. Une seule solution pour survivre Ă cette croisade homĂŠrique contre l'anonymat numĂŠrique : privilĂŠgier les bals masquĂŠs.

Sur http://twitter.com/shitmydadsays, Justin, fils ingrat, gratifie les internautes des sentences dĂŠfinitives de son papa de 73 ans, avec qui il vit. Aphorismes inspirĂŠs par la fibre paternelle ou rĂŠflexions sur l'accès Ă la nourriture, le père vomit un tombereau quotidien de saloperies qui relèguent les brèves de comptoir au rang de maximes Carambar. AppuyĂŠ d'un coude arthritique sur le zinc de la vie, le papa de Justin ÂŤ dit de la merde Âť et met tout le monde en boĂŽte. Sur Twitter, c'est un cas, niveau caniveau : dĂŠjĂ un demi-million d'internautes abonnĂŠs Ă la fessĂŠe du troisième âge. Éventail de pensĂŠes ventilĂŠes : ÂŤ Non, tu ne peux pas m'emprunter un t-shirt. Et si au lieu de rester lĂ Ă me faire ton regard de fils choquĂŠ, tu faisais ta pu***n de lessive ? Âť ÂŤ Parfois la vie te glisse un billet de cent dollars. Plus tard, tu rĂŠalises que c'est parce qu'elle t'a bien niquĂŠ. Âť ÂŤ Bon anniversaire. J'ai pas de cadeau pour toi. T'as mère en a un ? Bah alors, c'est aussi de ma part. Sauf si c'est pourri. Âť ÂŤ Ta mère a fait des boulettes de viande. Certaines sont pour toi, d'autres pour moi. Mais il y en a plus pour moi. Souviens-toi. PLUS. MOI. Âť ÂŤ Y a-t-il des gens de ton âge qui savent se peigner les cheveux ? Regarde-les, on dirait que deux ĂŠcureuils ont rampĂŠ sur leur tĂŞte et commencĂŠ Ă baiser. Âť

IPT-DS1 // Sony // 150 â‚Ź sur www.sonystyle.fr

+1

– [plysuaie] complÊment

MOT @ MOT

(Association du symbole mathÊmatique dÊsignant une addition et de l'entier naturel qui reprÊsente une unitÊ seule) 1. Sur un forum, action d'ajouter un commentaire laconique dans le but de montrer que l'on est d'accord avec la teneur du commentaire prÊcÊdent. +1 Brice. T’as raison, les Auvergnats, pas de quoi en faire une montagne. SignÊ Jean-Marie. 2. Sur une liste d'invitation, mention d'une personne conviÊe par un invitÊ, dans le but de montrer qu'on est tellement d'accord avec la teneur de la soirÊe qu'on y incruste sa douce. Bonsoir, je suis attendu à l'atelier photo chez Jack Nicholson. Roman Polanski, +1.

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30 NEWS /// AVATARS /// UN JEU VIDÉO EXPLIQUÉ PAR ...

VIS MA VILLE Dans les ruelles de la simulation de gestion citadine, la sÊrie SimCity tenait le haut du pavÊ. Mais quand Cities XL arrive en ville, tout le monde change de trottoir. Y compris le maire BERTRAND DELANOË, dont on imagine l’engouement‌

ALTER GAMO

_Par Étienne Rouillon

ÂŤDes Nuits Blanches pleines de Parisiens un peu gris, un public bleu de froid dans les files d'attentes, des rues noires de monde, des lames de surin rouge sang... J'en vois de toutes les couleurs, pour finalement me faire tirer celles des anneaux Olympiques. SacrifiĂŠ sur l'autel de ville, je rĂŠclame un coup de pouce transcendantal pour jouer les dĂŠmiurges urbains. Ce sera Cities XL, le wikiconseiller municipal 2.0. Ire et rĂŠclamations des ĂŠlecteurs, pour pallier leur colère, je simule afin qu'ils mettent le bon bulletin dans l’urne. Depuis la construction de voies rapides ou de quartiers piĂŠtons jusqu'Ă l'ĂŠdification de monuments, dans ce jeu, si on s'est plantĂŠ, on n’est pas marron pour autant. Retour sur sauvegarde pour prĂŠserver le moral des concitoyens. Et quand c'est l'impasse, je peux compter sur les collègues virtuels. Da, ja, si, yes. On dit “ oui â€? Ă Cities XL dans toutes les langues, grâce au plus du titre : sa communautĂŠ Internet. Venir pour voir et voir venir, les badauds seront comblĂŠs. Tout est simulĂŠ pour la prochaine Nuit Blanche. Je dors sur mes deux oreilles. Âť Cities XL // Éditeur : Focus Home Interactive // Plateforme : PC

RÉTRO GAMO AU DOIGT ET à L'œIL Dans les annÊes 1980, on s'encombrait dÊjà les poches d'Êcrins ludiques en plastique. Polly Pocket pour les dames, Game & Watch pour les hommes. Ces ancêtres de la Game Boy ont mis en boÎte les papys du jeu vidÊo, Donkey Kong et Mario en tête. On y rejoue avec les mains baladeuses et la larme à l'œil. Nintendo // à partir de 30 ₏ sur Internet

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ELOy, 38 ANS DÉCORATEUR D’INTÉRIEUR ÂŤJe joue n'importe oĂš, n'importe quand, sur n'importe quelle console. Je n’ai pas besoin de pretexte. Si je ne m’imposais pas de barrières, je pourrais ne faire que ça, remplacer la rĂŠalitĂŠ du ÂŤjeÂť par la rĂŠalitĂŠ du jeu. Dans la peau de Tony Montana (Scarface), je fantasme la vie d'un gangster du fond de mon canapĂŠ, sans prendre aucun risque. Âť Envoyez-nous votre photo et celle de votre avatar Ă troiscouleurs@mk2.com, nous publierons les meilleures.

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32 NEWS /// BATTLE ROYALE

LE CLASH

DJ HERO VS GUITAR HERO Vous grattouilliez ? Eh bien, scratchez maintenant ! Cet automne, un déferlement de notes électrise votre salon. D'un côté, l'arrivée d'un nouveau compagnon de jeu : une PLATINE pour faire crisser des sillons virtuels. De l'autre, le grand retour de la guitare sans cordes mais avec pouce agile. _Par Étienne Rouillon

DJ HERO DANS LES MIRETTES Plus show off que son cousin accordé au diapason, l'interface de DJ Hero en reprend les bases universelles. Le manche de la guitare est oublié, c'est sur les lignes incurvées d'un vinyle que défilent les notes. Parmi les personnages du jeu, vous flasherez notamment sur la combi des deux Daft Punk. Pointu, comme lesoreilles du duo casqué. DANS LES MAINS Remarquablement fignolées, la platine et la mixette s'imposent comme les évidents pendants ludiques d'un instrument trop souvent dénigré. On se retrouve vite à court de doigts face aux trois boutons de l'engin, auxquels il faut ajouter un potard d'effets, un crossfader et le scratch du plat de la main. Le challenge est à la hauteur de l'ambition des développeurs. Il faut tout réapprendre à zéro avant de maîtriser le jeu sur le bout des phalanges.

DANS LES OREILLES Si on ne fait pas vraiment « sonner » une guitare ludique, on « mixe » réellement avec DJ Hero. L'expérience est saisissante et l'on imagine qu'une partie de DJ Hero remplacera à l'occasion une playlist d'iPod pour la crémaillère des copains. Entre l'oreille droite et l'oreille gauche, on se télescope dans les hémisphères : Grandmaster Flash, Herbie Hancock, Dizzee Rascal, DJ Shadow... PORTEFEUILLE DJ Hero et sa platine, à partir de 110 $ Activision // Sortie le 29 octobre // Sur PS3, Wii, X360, PS2

L’OUTSIDER THE BEATLES ROCk BAND 45 titres pour rejouer les 45 tours des quatre fantastiques. On pourra interpréter Come Together tous ensemble, autour des répliques vidéoludiques des guitares, basse et batterie des gars de Liverpool. Un souffle de nostalgie sur un gameplay très classique pour ce Rock Band qui permet tout de même de chanter en trio les harmonies de I Am the Walrus. Emporté par une réalisation artistique pointilleuse, on revisite le catalogue des Beatles sans cafard. Electronic Arts // Sur PS3, X360 et Wii

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GUITAR HERO V DANS LES MIRETTES Les nouveaux ténors du médiator chantent des gloires d'outre-tombe. On retrouve Kurt Cobain aux côtés de Johnny Cash, dans des environnements dantesques, entre Stonehenge et le débarras du paradis des pierres qui roulent. Sans se faire mousser, cet opus lifte la surcharge des précédents pour plus de lisibilité.

PORTEFEUILLE Guitar Hero V et sa guitare, à partir de 99,99 $ Activision // Disponible //Sur PS3, Wii, X360, PS2

Illustrations S.K.

DANS LES MAINS Guitare, basse, batterie ou micro, le plaisir et l'illusion d'être une bête de rock-fest reste prenante. Un plaisir amplifié par une visibilité sans faille et une possibilité pour les copains de filer un coup de main à la volée, grâce au mode « soirée ». Un plus qui donne un coup de jus participatif à la série.

DANS LES OREILLES Souvent le point crispant des précédents Guitar Hero, un peu peignés du côté des chevelures longues sur jeans motorisés. Ce coco n°5 a le bon look en faisant la part belle à tous les genres : la madeleine de prout Smell Like Teen Spirit ou le futuriste Superstition du funky Stevie Wonder. Quant aux boutons pression de la guitare, ils frémiront avec Under Pressure de Queen et Bowie.

LA RELÈVE NATAL Gratter la Mano Negra mais mano a mano, sans instrument dans les pattes, c'est le futur de l'interaction ludique proposé par Microsoft. Son projet Natal pense une jouabilité sur le bout des doigts, qui met à l'index manettes et connexion filaire. Une caméra associée à la console reconnaît 48 points en mouvement de votre squelette. Ce motion capture de salon a été applaudi des deux mains par Steven Spielberg. En gestation depuis juin, la Xbox 360 accouchera de Natal courant 2010. Microsoft // http://www.xbox.com/en-US/live/projectnatal

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LE

GUIDE CALENDRIER MALIN POUR AVENTURIER URBAIN

DU MERCREDI 14 OCTOBRE AU MARDI 10 NOVEMBRE

« AVEC RESNAIS, CELA REPOUSSE TOUJOURS, AILLEURS. » BRUNO PODALYDÈS P.42

SORTIES EN SALLES SORTIE LE 14 OCTOBRE 36 La Nana de Sebastián Silva SORTIE LE 21 OCTOBRE 38 Winnipeg mon amour de Guy Maddin 39 Le Ruban Blanc de Michael Haneke SORTIE LE 28 OCTOBRE 40 Le jour où Dieu est parti en voyage de Philippe Van Leeuw SORTIE LE 4 NOVEMBRE 42 Les Herbes folles d’Alain Resnais LES AUTRES SORTIES 44 Mademoiselle Chambon ; Panda Petit Panda ; The Descent : Part 2 ; Divorces ; Happy Ever Afters ; Lucky Luke ; Rachel ; Sin Nombre ; Cinéman ; Micmacs à tire-larigot ; This is It ; Clones ; Away We Go ; Visage ; Le Concert ; La Grande vie

P.42

46 LES ÉVÉNEMENTS Mk2 LG W Café Festival Close-up

SORTIES EN VILLE 48

CONCERTS Desire au Social Club L’oreille de… Paco Volume

50 CLUBBING Le Bal jaune Les nuits de… Thomas Lélu

52 EXPOS Photoquai au Quai Branly Le cabinet de curiosités : James Benning

54 SPECTACLES Jan klata au Festival d’automne Le spectacle vivant non identifié : ActOral

56 RESTOS Jacques Guenin à la Chocolaterie Le palais de… Pierre Lapointe

P.50 OCTOBRE 2009

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36 CINÉMA

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La Nana 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1… Pour la scène où l’ombrageuse Raquel éclate enfin d’un grand rire libérateur. 2… Pour les excellentes actrices, issues du théâtre (Catalina Saavedra) et de la télévision (Mariana Loyola). 3… Pour le regard bienveillant que porte le réalisateur sur ses personnages.

SCÈNES DE MÉNAGE Un film de Sebastián Silva // Avec Catalina Saavedra, Claudia Celedón… Distribution : ASC // Chili, 2009, 1h35

Domestique depuis vingt-trois ans pour une famille bourgeoise, Raquel n’entend pas mélanger les torchons et les serviettes. Quand d’autres bonnes tentent de la seconder, elle fait le ménage. Une comédie attachante par un jeune cinéaste à suivre. _Par Sandrine Marques

Second film de Sébastián Silva après La Vida me mata, La Nana (la bonne) relate le parcours cathartique d’une femme de ménage névrosée. Quand elle montre des signes de fatigue, sa patronne décide d’embaucher une aide supplémentaire. Raquel chasse une à une les aspirantes, en leur jouant des coups pendables : elle les enferme dehors, désinfecte la baignoire après leur passage, liquide même un chat. L’acariâtre soubrette règne sans partage sur son territoire. Jusqu’au jour où l’arrivée de l’enjouée Lucy a raison de sa carapace… Avec une économie d’effets, Sebastián Silva décrit subtilement un enfermement tant physique que psychologique. La claustrophobie prend une dimension organique mais la pathologie de Raquel n’inscrit pas le film dans le drame, au contraire. On rit franchement des pièges qu’elle tend aux malheureuses femmes de maison. On s’émeut surtout de l’amitié que développent les deux bonnes, point d’orgue d’un film résolument intelligent, généreux et optimiste. OCTOBRE 2009

SEBASTIáN SILVA Où se déroule votre histoire ? J’ai tourné le film dans la demeure où j’ai grandi. Il comporte donc une part autobiographique. Mes parents et leur personnel de maison y vivent toujours. Personnage à part entière, la maison représente la prison où se cache Raquel du monde extérieur. J’en connais tous les recoins et moi-même, je devais m’y sentir un peu prisonnier dans ma jeunesse. Le corps entravé de votre héroïne est un poids, mais vous choisissez de le libérer… Il était important pour moi de montrer qu’il y avait une femme derrière l’uniforme de domestique. D’où les scènes de douche où la nudité restaure les bonnes dans leur féminité. Ce film a fait évoluer les droits de ces travailleuses au Chili… Mon propos n’était pas politique à la base. Mais j’ai reçu une lettre de la présidente du Chili le jour de l’avant-première qui me félicitait d’avoir fait connaître le travail de ces femmes. Le sujet était tabou jusqu’à présent et elles ont obtenu, grâce au film, les jours de congés qui n’existaient pas jusqu’alors.

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38 CINÉMA

SORTIE LE

21/10

Winnipeg mon amour 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1… Depuis The Saddest Music in the World, Guy Maddin imprime sur le cinéma nord-américain une voix singulière. 2… Le noir et blanc rend joliment hommage au cinéma muet et expérimental. 3… Laissez-vous guider : le film se vit comme une transe épique et poétique menée par la voix-off du cinéaste.

JE SUIS UNE VILLE Un film de Guy Maddin // Avec Darcy Fehr, Ann Savage... Distribution : e.D. // Canada, 2007, 1h19

Autoportrait d’avant-garde et hommage à sa ville natale, Winnipeg mon amour du Canadien GUy MADDIN est un étonnant travail sur la mémoire, d’une fantaisie sombre et hantée. _Par Clémentine Gallot

Winnipeg est une localité enneigée des plaines canadiennes, dans la province de Manitoba. Fidèle à sa manière singulière, Guy Maddin évacue rapidement la question du documentaire : c’est par les détours de sa propre histoire, inséparable du destin de cette ville fantomatique, qu’il aborde ce « docu-fantaisie ». Un pessimisme poétique qui s’incarne par digressions : « Winnipeg... est un film snow-noir, avec une combinaison spéciale de teintes de noirs », explique le cinéaste. À l’image de cette « ville de palimpsestes », le film est en fait une réécriture historique, tissée d’anecdotes plus ou moins fictives. Maddin retourne ainsi dans la maison de son enfance pour y tourner des scènes farfelues inspirées des souvenirs de sa vie de famille. Un film, aussi, pour tenter d’échapper à l’entropie qui retient le cinéaste sur le lieu qui l’a vu naître, sa « muse » depuis toujours. Et Maddin, qui vit aujourd’hui entre Winnipeg et Toronto, de conclure : « On imagine qu’il est bon d’y élever ses enfants, mais c’est surtout devenu un lieu violent et cauchemardesque. » OCTOBRE 2009

GUy MADDIN D’où vous est venue l’idée de ce travail sur Winnipeg ? De vos souvenirs d’enfance? J’ai toujours voulu faire LE film sur l’enfance, j’enseigne d’ailleurs un cours sur le sujet. Zero de conduite de Jean Vigo est pour moi un modèle du genre. En fait, on m’a demandé de faire un documentaire sur ma ville et comme je suis un peu excentrique, on m’a dit de le rendre « personnel ». Ça tombe bien, car les documentaires n’ont jamais été objectifs. D’où viennent toutes ces images? Il y a dans le film une ambiguïté volontaire entre les images d’archives et les scènes filmées par moi. Je déteste faire des recherches, donc j’en ai fait peu. Au Canada, on parle très peu du passé, contrairement aux États-Unis où tout devient matière à la mythologie. Je voulais aller contre ça en explorant la mémoire de cette ville. Quelle a été la réaction des habitants face au film? J’espérais secrètement que le film allait irriter les populistes de Winnipeg, qu’ils me bouteraient hors de la ville – mais pas du tout ! Le lundi 19 octobre à 20h au théâtre de l'Odéon et dans le cadre du Festival d'automne à Paris aura lieu la présentation unique du film de Guy Maddin Des trous dans la tête ! DvD disponible chez e.D. Distribution

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39 CINÉMA

SORTIE LE

21/10

Le Ruban blanc 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1... Pour découvrir une Palme d’or 2009 entièrement justifiée. 2... Pour ses acteurs, tous excellents et sidérants de précision. 3... Pour la description implacable d’une société rigoriste.

LA SOIF DU MAL Un film de Michael Haneke // Avec Christian Friedel, Susanne Lothar… // Distribution : Les Films du Losange // France-Italie-Autriche-Allemagne, 2009, 2h24

Palme d’or 2009, Le Ruban blanc de MICHAEL HANEkE est le film le plus réussi de son auteur. Une plongée profondément trouble et mordante dans la mécanique du mal. _Par Donald James

Avant d’en venir au Ruban blanc, Michael Haneke livrait un remake américain de l’un de ses films au dispositif hyper manipulateur, Funny Games, une œuvre devenue un classique de l’horreur et des temps modernes. En philosophe, le cinéaste autrichien aime à réfléchir à la violence sèche et froide du monde. Agitprop moraliste aux tendances misanthropes, il recevait, en juin dernier, la Palme d’or pour Le Ruban blanc. Une récompense bien méritée. Caché, discret, Haneke met en scène avec génie les névroses et les haines tapies d’un hameau protestant du Nord de l’Allemagne, à la veille de la Première Guerre mondiale. Non, pas de métaphore ici qui expliquerait tout (la guerre, le nazisme, etc.), disons plutôt que Le Ruban blanc pourrait prendre place n’importe où, aujourd’hui encore. « Voilà à quoi nous sommes parvenus après des siècles de culture, de religion, de civilisation », semble dire Haneke. Voici un village où l’innocence est au mieux

saisonnière comme l’hiver, un vœu pieu, un symbole, tel ce ruban que les enfants portent autour du bras pour se souvenir de ne pas fauter... Le choix du noir et blanc de l’image n’est pas fortuit. Certes, le récit qu’Haneke a choisi de raconter est au passé, mais le contraste sert surtout un duel chromatique – symbolique – où le noir immanquablement l’emporte. Film noir et enquête sur la genèse du mal, Le Ruban blanc commence comme un thriller : une voix, celle de l’instituteur racontant des événements étranges de sa jeunesse, nous tient en haleine jusqu’au bout. Tout l’art pervers et mystérieux du cinéaste consiste à mettre en scène ce mal à l’état brut – on pense à un mélange du Village des damnés et du réalisme cru des pièces du dramaturge Harold Pinter –, et de faire de ce mal à la fois un objet éthique condamnable et néanmoins le carburant essentiel, jouissif de son œuvre. Coffret 7 films Michael Haneke (MK2 Édions, sortie le 14 octobre)

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40 CINÉMA

SORTIE LE

28/10

Le jour où Dieu est parti en voyage 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1... Pour les grands yeux de la révélation Ruth Nirere, connue comme chanteuse sous le nom de Shanel. 2... Pour comprendre l’origine du processus de déshumanisation à l’œuvre au Rwanda. 3... Pour se souvenir que le génocide a fait plus de 800 000 morts en seulement trois mois.

AU BOUT DE L’ENFER Un film de Philippe van LeeUW // Avec Ruth Nirere, Afazali Dewaele… // Distribution : MK2 Diffusion // France-Belgique, 2008, 1h34

Premier long métrage d’un chef opérateur belge, PHILIPPE VAN LEEUw, sur une femme au cœur de la tragédie rwandaise. Glaçant et indispensable. _Par Isabelle Danel

D’abord, il y a les sons. Des hurlements, des supplications, des détonations, et le fracas sauvage occasionné par une horde de Hutus envahissant la maison dans le grenier de laquelle une femme Tutsi est recroquevillée, tremblante. Ensuite ce sont des sensations : la terreur, la chaleur, l’attente… Lorsqu’elle sort de sa cachette, Jacqueline se rend chez elle pour retrouver ses deux enfants… morts. Elle s’enfuit alors et, tapie dans les hautes herbes, survit dans la nature, où elle soigne un fugitif blessé… Pour son premier long métrage comme réalisateur, le chef opérateur de Bruno Dumont (sur La Vie de Jésus) et de Claire Simon (sur Les Bureaux de Dieu) s’attaque à un sujet difficile, voire impossible. Il s’inspire d’une histoire racontée par des amis coopérants belges à Kigali : évacués d’urgence en avril 1994, dès le début des «événements», ils ont laissé derrière eux leur nounou Tutsi et n’ont jamais su ce qui lui était arrivé.

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Le réalisateur tisse l’histoire terriblement vraisemblable d’un être perclus de douleur, seul au cœur de l’enfer, vivant comme une bête traquée et affolée, se nourrissant de feuillages et buvant de l’eau croupie. La question du film, placé du point de vue de la victime, c’est : « comment survivre ? » Elle se double d’un « à quoi bon?» qui glace le sang. Dans la touffeur d’une forêt, la peur au ventre, l’incompréhension au fond des yeux, le personnage de Jacqueline traverse l’inimaginable. La force du film est de constamment nous faire ressentir, physiquement et quasiment sans paroles, l’horreur absolue. S’appuyant sur l’histoire récente du Rwanda et du génocide absurde et révoltant de plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants, il touche à l’universel. Le jour où Dieu est parti en voyage, sous son magnifique titre, raconte, de l’intérieur et dans une lumière insolente, la barbarie. Toutes les barbaries.

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42 CINÉMA

SORTIE LE

04/11

Les Herbes folles 3 RAISONS D’ALLER VOIR LE FILM 1... Pour l'imagination prodigieusement détraquée du film. 2... Pour l'inventivité constante de la mise en scène de Resnais. 3... Pour l'ultime réplique du film, pour le moins mystérieuse.

FINES HERBES Un film d’Alain Resnais // Avec Sabine Azéma, André Dussolier… Distribution : StudioCanal // France-Italie, 2008, 1h44

Drôle et glaçant, traversé par des courants incontrôlables, Les Herbes folles confirme, dans le prolongement du bouleversant Cœurs, que l’audace du cinéma d’ALAIN RESNAIS reste sans pareille. _Par Jérôme Momcilovic

Les lecteurs de Gilles Deleuze connaissent bien cette étrange propriété du brin d’herbe : il pousse « par le milieu ». Les manuels de botanique, eux, nous disent que l’herbe est une plante «vivace» et « non ligneuse ». C’est dire si le titre splendide qu’Alain Resnais a choisi de donner à son dernier film contient, non seulement la définition du film, mais, au-delà, celle de l’œuvre entière. Les herbes folles poussent, donc, par le milieu. À la surface, l’histoire d’un sac volé puis retrouvé, quelques lubies incongrues qui animent drôlement une poignée d’acteurs prodigieux (les habitués Azéma et Dussolier, les nouveaux venus Amalric ou Devos), et puis des avions et une étrange histoire de croquettes pour chat. En sous-sol : un secret terrifiant, des fantasmes innommables, et cette tristesse épuisante qui n’a jamais fini d’habiter les films de Resnais. Décidément, le dernier jury cannois a eu une drôle d’idée en choisissant de donner à Resnais un prix honorifique et un peu funèbre plutôt que de distinguer son film : à Cannes ou ailleurs, on n’a pas vu, cette année, plus vivaces que ces Herbes-là. OCTOBRE 2009

LE FILM VU PAR BRUNO PODALyDèS « Bon allez, je vous raconte juste le début du film. Générique sur un sol aride, une herbe arrive à pousser entre deux pierres… (« la vie a trouvé son chemin » s'émerveillait Spielberg dans Jurassic Park). Et puis la vie avance à pas sûrs, chaussures féminines cadencées par une marche volontaire (pas de destin, mais une destination). Une série de plans fermes et musicaux. Et puis entrent d'autres vies, d'autres possibles, vitrines de chaussures de toutes les couleurs. Celles-ci ! Oh et puis non celles-là ! Allégresse du choix. Joie élégante du cinéaste à désigner d'autres routes (« ou bien… » supposait Alan Ayckbourn dans Smoking / No smoking). «Et puis – et j'allais dire déjà » (comme chantait Reggiani), un petit incident banal : un vol à la tire et la chute au sol du portefeuille de la dame, nouvelle piste, celle du hasard, du fortuit, arrêt du ballet de Cendrillon, la perte, la mort ou… la renaissance car un monsieur ramasse le dit portefeuille... « Herbe folle, pas si folle que ça » (comme fredonnait Moustaki). Avec Resnais, cela repousse toujours, ailleurs. »

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44 CINÉMA

AGENDA SORTIES CINÉ 14/10 _Par I.D., R.G., D.J., S.M. et J.R.

SORTIES DU

PANDA PETIT PANDA d’Isao Takahata Avec les voix de Kazuko Sugiyama, Philippe Catoire... Gebeka Films, Japon, 1h21

Sur un scénario de Miyazaki, le chaînon manquant de l’œuvre de Takahata. Bonheur total, pour grands et petits, que de rencontrer le trio infernal formé par Mimiko, l’orpheline, le bébé Panda et son papa dans deux moyens métrages inventifs et poétiques.

THE DESCENT: PART 2

SORTIES DU

21/10 HAPPy EVER AFTERS de Stephen Burke Avec Sally Hawkins, Tom Riley… Haut et Court, Irlande, Grande-Bretagne, 1h45

Deux mariages sont célébrés le même jour, entraînant une série de quiproquos. Cerise sur la pièce montée, la présence de la pétillante Sally Hawkins. Après Be Happy de Mike Leigh, l’actrice s’impose comme une figure incontournable de la comédie britannique.

SIN NOMBRE

de Jon Harris Avec Shauna Macdonald, Natalie Jackson Mendoza… Pathé, Grande-Bretagne, 1h33

de Cary Fukunaga Avec edgar Flores, Paulina Gaitan… Diaphana, Mexique-États-Unis, 1h36

En 2005, le premier volet de The Descent, féminin et cruel, époustouflait tous les amateurs de film d’horreur. Voici la suite, appliquée et filandreuse, où la grande rescapée du premier épisode redescend sous terre en compagnie d’une équipe de secours. Survivra-t-elle ?

Un jeune Mexicain trahit son gang pour sauver une jeune fille. Premier long métrage de Cary Fukunaga, primé à Sundance et Deauville, Sin Nombre retrace avec force une réalité dont la violence extrême fait des ravages chez les adolescents d’Amérique centrale.

MADEMOISELLE CHAMBON de Stéphane Brizé Avec Sandrine Kiberlain, vincent Lindon… Rezo Films, France, 1h41

Un homme marié rencontre l’institutrice de son fils. Leur amour naissant est observé au plus juste et au plus près par le réalisateur de Je ne suis pas là pour être aimé. D’après le roman d’Éric Holder, un film à l’ancienne sur des sentiments universels.

DIVORCES de valérie Guignabodet Avec François-Xavier Demaison, Pascale Arbillot… Studio Canal, France, 1h40

Spécialisé dans les affaires conjugales, un couple d’avocats prône le divorce à l’amiable, jusqu’à ce que l’adultère s’immisce et brise leurs idéaux. Suite de Mariages, Divorces creuse le filon de la comédie romantique et égratigne les faiblesses du couple moderne. ET AUSSI CETTE SEMAINE : MISSION-G d’Hoyt Yeatman (lire l’article p. 18) LA NANA de Sebastián Silva (lire la critique p. 36)

OCTOBRE 2009

RACHEL de Simone Bitton Documentaire Les Films du Paradoxe, France, 1h40

Enquête sur la mort d’une pacifiste américaine à Gaza, en 2003. À travers les mails de Rachel, les témoignages de ses parents et amis, les dépositions des militaires israéliens, se dessine une œuvre dense sur la foi, l’engagement et la quête de la paix.

LUCky LUkE de James Huth Avec Jean Dujardin, Michaël Youn… UGC, France, 1h44

En mission à Daisy Town, le cowboy solitaire (Jean Dujardin) croise les mythiques Billy The Kid, Calamity Jane et Jesse James... Dans des décors grandioses, James Huth (Brice de Nice, Hellphone) revisite avec humour l’univers créé par Morris et Goscinny. ET AUSSI CETTE SEMAINE : wINNIPEG MON AMOUR de Guy Maddin (lire la critique p. 38) LE RUBAN BLANC de Michael Haneke (lire la critique p. 39) JENNIFER’S BODy de Karyn Kusama (lire l’article p. 90)

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SORTIES DU

28/10

CINÉMAN de Yann Moix Avec Franck Dubosc, Luçy Gordon… Pathé, France, 1h30

À la fois prof’ de maths et superhéros capable de revêtir les habits des icônes du cinéma, Régis Deloux passe en un clin d’œil de la case raison à la bulle fantasque. Yann Moix plonge ici en territoire pop avec un Dubosc jouant à l’aventurier grimé.

PANIQUE AU VILLAGE

04/11

SORTIES DU

AwAy wE GO de Sam Mendes Avec Maya Rudolph, John Krasinski… Mars, États-Unis, 1h38

Sur le point de devenir parents, des trentenaires se lancent sur les routes pour trouver un mode de vie et un endroit où s’établir. Une radioscopie attachante du couple et de l’Amérique, dans la continuité des Noces rebelles.

VISAGE

de vincent Patar et Stéphane Aubier Avec les voix de Jeanne Balibar, Benoît Poelvoorde... Gebeka Films, France - Belgique, 1h15

de Tsai Ming-liang Avec Laetitia Casta, Fanny Ardant… Rezo Films, France-Taiwan-Belgique-Pays-Bas, 2h21

Cowboy, Indien et Cheval quittent Village pour un voyage dans des contrées inexplorées… Jouets en plastique glanés sur les brocantes, décors en carton pâte et humour absurde font de Panique… la surprise du cinéma d’animation. Décapant.

Injustement maltraité à Cannes, Visage déborde de picturalité, de poésie et de musicalité. D’une liberté rare, le récit s’organise de manière erratique et érotique autour de noyaux obsessionnels, des films de François Truffaut au mythe de Salomé. Magique.

MICMACS à TIRE-LARIGOT de Jean-Pierre Jeunet Avec Dany Boon, Yolande Moreau… Warner Bros., France, 1h44

LE CONCERT de Radu Mihaileanu Avec Mélanie Laurent, Aleksei Guskov… europaCorp, France, 2heures

Les armes ont causé à Bazil beaucoup de malheurs. Recueilli par des marginaux, il fomente avec eux un plan pour se venger des responsables de sa tragédie personnelle. Une comédie pleine de poésie, avec un casting de luxe.

Andreï Filipov était le plus grand chef d’orchestre d’URSS avant d’être licencié sur ordre de Brejnev. Trente ans plus tard, il réunit ses musiciens pour prendre sa revanche. Une tragicomédie aux accents slaves, par le réalisateur de Vas, vis et deviens.

MICHAEL JACkSON’S THIS IS IT

LA GRANDE VIE

de Kenny Ortega Avec Michael Jackson… Sony Pictures, États-Unis, 1h51

« This is it », c’est le nom qu’aurait porté la tournée de Michael Jackson, une série de 50 concerts annoncés comme « les plus grands jamais produits ». Quatre mois après le décès du roi de la pop, voici les images des répétitions… ET AUSSI CETTE SEMAINE : LE JOUR OÙ DIEU EST PARTI EN VOyAGE de Philippe Van Leeuw (lire l’article p. 15 et la critique p. 40) IRèNE d’Alain Cavalier (lire l’entretien p. 66)

OCTOBRE 2009

d’emmanuel Salinger Avec Laurent Capelluto, Michel Boujenah... Le Pacte, France, 1h25

Par un concours de circonstances, le quotidien d’un animateur télé télescope celui d’un professeur de philosophie... Avec fantaisie et réalisme, Salinger explore la question de l’identité en laissant dériver son beau duo d’acteurs. ET AUSSI CETTE SEMAINE : THE BOX de Richard Kelly (lire la critique p.16) LES HERBES FOLLES d’Alain Resnais (lire la critique p. 42)

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46 CINÉMA

LES ÉVÉNEMENTS BASTILLE

BIBLIOTHÈQUE

HAUTEFEUILLE

ODÉON

QUAI DE LOIRE

BEAUBOURG

GAMBETTA

NATION

PARNASSE

QUAI DE SEINE

CINÉMA

PASSERELLES

FLASHBACKS & PREVIEWS

LE DIALOGUE DES DISCIPLINES

DIMANCHE 18 OCTOBRE - 10H30 / Le Journal d’une femme de chambre de Luis Buñuel / En partenariat avec les éditions Buchet/Chastel, carte blanche à Marie-Hélène Lafon pour la sortie de L’Annonce.

JEUDI 15 OCTOBRE – 19h30 / ZÉRO DE CONDUITE Les pirates / Avec les éditions Attila, autour des textes de G. Leroux (Chéri Bibi, Libertalia) et M. Rediker (Pirates de tous les pays !, Libertalia et L’Hydre aux mille têtes, Amsterdam). Insc. au 01 44 52 50 70.

JEUDI 22 OCTOBRE – 19h30 / La 25e heure de Spike Lee / Choisi et présenté par l’auteur Vincent Message (Les Veilleurs, Seuil). SAMEDI 24 OCTOBRE – 11H30 / PAROLES DE PSy. / Qu’est-ce qu’être psychanalyste ?

JEUDI 15 OCTOBRE – 19h45 / STUDIO-PHILO / Temps du désir et sagesse de l’amour / Autour du Banquet de Platon. Séance animée par le philosophe Ollivier Pourriol, avec Meetic.

DIMANCHE 25 OCTOBRE – 11H / PAROLES DE PSy. / Lacan et les psychanalystes

SAMEDI 17 OCTOBRE - 11h30 / CINÉ-BD / MARTIN VEyRON Avec les éditions Dargaud, rencontre autour de Blessure d’amour propre, suivie de la projection d’Un homme, un vrai de Jean-Marie et Arnaud Larrieu.

LUNDI 26 OCTOBRE - 20H30 / RDV DES DOCS / Dites à mes amis que je suis mort de Nino kirtadze / En présence d’Antoine Thirion, critique de cinéma et Independencia, artiste résident au 104.

LUNDI 19 OCTOBRE - 20h / RENCONTRE / THEÂTRE / Rencontre avec Marc Paquien et l’équipe de la Comédie Française autour de Les affaires sont les affaires d’O. Mirbeau au Théâtre du Vieux Colombier.

SAMEDI 31 OCTOBRE – 11H30 / PAROLES DE PSy. / Ginette Raimbault

JEUDI 22 OCTOBRE – 19h30 / RENCONTRE / LITTÉRATURE Avec les éditions du Seuil, rencontrelecture avec Vincent Message autour de Les Veilleurs.

DIMANCHE 1ER NOVEMBRE – 11H / PAROLES DE PSy. / Georg Garner MARDI 3 NOVEMBRE - 20h30 / L’Affaire CocaCola / Projection suivie d’un débat, organisés par l’hebdomadaire Courrier International. JEUDI 5 NOVEMBRE - 20H / AVANT-PREMIERE / L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg SAMEDI 7 NOVEMBRE – 11H30 / PAROLES DE PSy. / Objet et fin de la psychanalyse DIMANCHE 8 NOVEMBRE – 10H / PAROLES DE PSy. / Les Psychanalystes et l’argent + La Psychanalyse et la politique

JEUDI 22 OCTOBRE – 19h45 / STUDIO-PHILO / De l’émotion au sentiment / Autour du Traité des passions de Descartes. Séance animée par le philosophe Ollivier Pourriol, avec Meetic. JEUDI 31 OCTOBRE - 11H / CINÉ-BD / Il était une fois en France / Avec Glénat, rencontre avec les auteurs. DU 4 AU 17 NOVEMBRE / EXPO / Delphyne D’Urbet - Perception SAMEDI 7 NOVEMBRE – 16h / RENCONTRE / BD Avec les éditions Emmanuel Proust, rencontredédicace avec Emmanuel Reuzé et Didier Daeninckx pour la parution de Cannibale. SAMEDI 14 NOVEMBRE – 16h / RENCONTRE / Avec l’École des Loisirs, rencontre-dédicace avec Pierrick Bisinski (Chat blanc, chat noir et Mon nounours a disparu) et Alex Sanders (Les bêtises de Lulu et Et toi ?).

JUNIOR* DU 28 OCTOBRE AU 3 NOVEMBRE / MON 1ER FESTIVAL Dédié aux enfants de 2 à 12 ans, Mon 1er Festival propose une approche ludique et pédagogique du cinéma, au tarif unique de 4 euros la séance. Au programme, entre autres, une programmation thématique « coucou fais-moi peur », un coup de cœur à Tim Burton, un panorama du cinéma italien, des ciné-concerts, des séances animées, des ciné-quizzs, des ciné-goûters, des rencontres avec des réalisateurs, des acteurs, des professionnels du cinéma, des séances costumées et maquillées… www.monpremierfestival.org *découvrez toute la programmation junior sur www.mk2.com

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UVREZ DÉCO ÉMA LE CIN S T DAN N E M E AUTR K2 ! M S E L L LES SA

FOCUS

L’ILLUSTRATEUR AMÉRICAIN PETER DE SèVE EN DÉDICACE ! _Par J.R.

LG w CAFÉ Il y a tout juste quatre ans, la marque LG créait le buzz en lançant son premier Washbar, rue Oberkampf à Paris, où l’on sirotait une grenadine tout en vidant son sac (de linge sale). L’idée ? Se retrouver entre amis autour d’une boisson et laver ses effets gratuitement, le tout dans un lieu branché, décoré « comme à la maison » et équipé de la dernière technologie LG… Cette fois, le fabricant prend possession du M Café, transformant cet espace convivial du MK2 Bibliothèque en un lieu unique consacré aux divertissements : le LG W Café. Téléphones mobiles, espace home cinéma, écrans géants, bornes internet, lecteurs blu-ray… Il s’agit d’étendre le concept du Washbar au monde du cinéma, en mariant le savoir faire technique de la marque aux contenus culturels de qualité dont dispose MK2. Un nouveau lieu de rencontres et d’échanges qui nous rappelle que le cinéma ne cesse d’évoluer et de se nourrir de nouvelles technologies…

Si son nom ne vous dit rien, vous connaissez son œuvre : il est le créateur des personnages de L'Âge de glace. On lui doit aussi les animations de Monstres et Cie, Le Monde de Némo, Mulan, Fourmiz… Au cours de ses vingt ans de carrière, ses dessins ont été publiés dans la quasi totalité des grands magazines américains, dont le Time, Newsweek, Atlantic Monthly, Entertainment Weekly et le New Yorker. MK2 Images, la galerie Arludik et les Éditions Akileos ont le plaisir de vous inviter à la séance de dédicace, à l’occasion de la sortie de son artbook, L’Art de Peter de Sève. Samedi 17 octobre à partir de 15h

LES CYCLES

Depuis le 24 septembre

PAROLES DE PSyCHANALySTES

FESTIVAL CLOSE UP C’est la rentrée des jeunes premiers ! MK2 et Jameson lancent la deuxième édition de leur rendez-vous dédié au meilleur de la relève cinématographique, récompensant comédiens de moins de trente ans et réalisateurs d’un premier film de fiction. Le jury de l’édition 2008, chapeauté par Olivier Assayas, avait couronné les acteurs Johan Libéreau et Clémentine Beaugrand et les cinéastes Mia Hansen Love, Lola Doillon et Sylvain Nouveau. Après la soirée du palmarès le 12 novembre, les films lauréats seront projetés au public du MK2 Bibliothèque, à la séance du matin. À découvrir ou à revoir, selon les résultats : La Femme invisible d’Agathe Teyssier, La Première Étoile de Lucien Jean-Baptiste, The Pleasure of Being Robbed de Joshua Safdie, Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, J’ai tué ma mère de Xavier Dolan, Tu n’aimeras point de Haïm Tabakman, Ils mourront tous sauf moi de Valeria Gaï Guermanika, Espion(s) de Nicolas Saada, Morse de Tomas Alfredson… À suivre !

Quel est le but de la psychanalyse ? Quels sont ses enjeux, ses défis, ses limites? Du 24 octobre au 14 février, en matinée les samedis et dimanches, une série d’entretiens de psychanalystes filmés en 1983 puis en 2008 par Daniel Friedmann, chercheur au CNRS. La projection du dimanche sera suivie d’une rencontre-débat avec le réalisateur et les psychanalystes. Toute la programmation d’octobre rubrique cinéma ci-contre.

LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES Du 24 octobre au 15 novembre, les samedis et dimanches à partir de 10h30, en partenariat avec La Comédie Française : Le Charme discret de la bourgeoisie (photo) et Le Journal d’une femme de chambre de Luis Buñuel, La Splendeur des Amberson d’Orson Welles, Les LIP, l’imagination au pouvoir de Christian Rouaud, Let’s Make Money de Erwin Wagenhofer.

à partir du 18 novembre à 11h. 6 € la séance. Toute la programmation sur mk2.com

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CONCERTS

48 SORTIES EN VILLE

CLAIREOBSCURE Desire au Social Club DESIRE, nouvelle égérie slow-disco du label Italians Do It Better, souffle une buée chaude et blanche sous la lumière noire et froide des night-clubs. Les noctambules rêvent debout, et tombent amoureux. _Par Wilfried Paris

Après les révélations Chromatics (dark-synth-pop sous tranquillisants) et Glass Candy (synth- post-punk sous amphétamines), le label de Portland Italians Do It Better, sous la houlette du mystérieux Johnny Jewel, prolonge la nuit blanche sur des poudreuses italo-disco, avec une nouvelle égérie à la voix immaculée : la Québécoise Megan Louise. Jewel la rencontre en 2008 lors d’une tournée dans un night-club de Montréal, où elle chante des chansons de Jean-Pierre Massiera (maître du « délirium psychédélico-disco »). Coup de cœur de Johnny, qui s’installe à Montréal, le temps d’enregistrer un album avec sa nouvelle muse, intitulé II (car les histoires d’amour se vivent ainsi), sous le nom de code Desire. Commençant comme un vrai-faux concert dans une simili discothèque 80’s (applaudissements perdus dans une réverbération cheap), II installe, comme sur Night Drive des Chromatics (road trip nocturne et solitaire) ou B/e/a/t/b/o/x de Glass Candy (junk movie à la Miami Vice), une ambiance cinématographique froide, un peu lynchienne. La narration sous-jacente d’une relation amoureuse fantasmée renvoie à la solitude d’une princesse égarée au milieu d’une galerie des glaces (qui chante sur le sublime Mirroir, Mirroir). Comme une Stéphanie de Monaco dans un rêve éveillé, Megan Louise, sorte de Debbie Harry au charmant petit accent frenchie, développe une mélancolie étrangement surannée, entre innocence adolescente et chronique des cœurs brisés, les sentiments (absence, dépendance) se trouvant soulignés par des grooves slow-disco et des staccatos virant aux clichés, mais singulièrement humanisés par une production low-fi (souffle et craquements du vinyle), analogique, et jouée (jusqu’au solo de saxo rétro de Dans mes rêves). Entrez dans ses rêves. Desire, Glass Candy, Mike Simonetti et Marco Dos Santos le 23 octobre au Social Club, dès 23h, 15 € voir également le blog de Desire : http://primitivedesire.blogspot.com OCTOBRE 2009

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© Romain Chassaing

L’OREILLE DE… PACO VOLUME

BLACk LIPS, EBONy BONES ET LITTLE BOOTS, LE 6 NOVEMBRE à LA CIGALE (FESTIVAL INROCkS TCk TCk TCk), 18H, 30 €

« J’aime quand il se passe un truc sur scène. J’adore Black Lips, je les ai déjà vu trois fois, c’est mortel. J’y retrouve l’énergie un peu débile du rock, l’urgence. Mais derrière ces clichés, qui me plaisent beaucoup en fait, derrière ce côté «américain», il y a quelque chose de formidable, de brouillé. Et puis c’est toujours une sorte de messe. Dans le public, il y a une sorte de dévotion, de rituel, une liturgie rock’n’roll. Ebony Bones, ça me botte bien aussi, j’adore son single. » _Propos recueillis par R.G.

Manhattan baby de Paco volume (Discograph) et 200 Million Thousand de Black Lips (vice records), déjà disponibles.

AGENDA CONCERTS

_Par W.P.

1 FESTIVAL BBMIX Pour la cinquième édition du festival, seront de la partie le dandy pop Momus, le rigolard Dogbowl, le pas manchot Marc Ribot, mais aussi Rafter, Private, Skeletons, Ultra Orange et les baby-rockeurs The Shades. Eclectique et boulonnais. Du 23 au 25 octobre au Carré Belle-Feuille, à Boulogne Billancourt, dès 19h, 9 € par soir

2 TURZI Release-party du bad-trip psychédélique de Turzi, B, et rappel de l’armée de la nuit : Zombie Zombie et le Dirty Sound System en dj-sets, S.C.U.M., Action Beat (qui jouent parfois avec trois batteries sur scène) et Turzi en live. B there. Le 29 octobre à L’Élysée Montmartre, dès 18h30, 12 €

3 HOPE SANDOVAL & THE wARM INVENTIONS La voix de fée de Mazzy Star et la fée électricité de Colm O'Ciosoig (My Bloody Valentine), avec leurs chaleureuses intentions, devraient raviver la flamme des transis de la belle Hope. L’espoir fait vivre. Le 4 novembre au Café de la Danse, dès 19h30, 23 €

4 FLEETwOOD MAC Bénéficiant d’un vif regain d’intérêt (le retour en grâce de la prod’ 70’s ?), le groupe qui a vendu 25 millions de Rumours passe par le «petit» Zénith parisien pour sa tournée «Greatest Hits». Don’t stop. Le 17 octobre au Zénith, dès 20h, de 45 € à 72 €

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CLUBBING

50 SORTIES EN VILLE

JAUNE ET JOLI Le Bal Jaune Organisé tous les ans, en marge de la Fiac, par la Fondation Ricard et le magazine Beaux Arts, le BAL JAUNE est devenu une véritable institution noctambule, célébrant les premiers pas de jeunes créateurs sur la piste de l’art. _Par Anne-Laure Griveau

Tout commence par un dîner étoilé (c’est Yannick Alléno, le chef triplement décoré du Meurice qui concoctera cette fois le menu) où les invités, VIP de l’art et de la culture, intronisent, rassasiés, le lauréat du Prix de la Fondation d’entreprise Ricard. « Nous avons créé le Bal Jaune il y a dix ans pour célébrer, comme ce fut le cas pour la French touch en musique, la French touch en art contemporain », explique Colette Barbier, directrice de la Fondation Ricard, organisatrice de l’événement. Happenings décalés (comme les majorettes du groupe Les Vedettes et les bruits d’hélicoptère d’Alain Bublex l’an passé) et scénographie arty, chaque édition du Bal Jaune rivalise avec les audaces de la Fiac. Parmi les plus belles pièces sélectionnées par Colette Barbier, « celles de l’édition 2008 : la Forêt épileptique de Berdaguer et Péjus qui accueillait les invités au cocktail tandis qu’une immense structure tentaculaire, conçue par Vincent Lamouroux et Jakob+Macfarlane, flottait et magnifiait la salle du Casino de Paris. » Mais qu’on ne s’y trompe pas, comme son nom l’indique, le Bal Jaune est bel et bien une fête. Et ce ne sont pas moins de deux mille noctambules avertis qui, vers minuit, envahissent les lieux pour fêter l’art… Comme le prix de la Fondation Ricard, décerné lors du Bal à « l’artiste le plus représentatif de sa génération », la programmation musicale se veut « prospective ». Au fil des années, on a ainsi dansé au son de Superpitcher, DatA, Feadz, Trevor Jackson, Princess Superstar ou encore Coco Rosie et Minitel Rose… L’édition 2009 sera aussi électronique qu’éclectique avec l’électro-pop des Anglais de Metronomy, l’electro-rock des Parisiens de Make the Girl Dance et l’electro-deep-house du Russe Andrey Pushkarev. En octobre, sortez prendre l’art ! Onzième édition du Bal Jaune le 23 octobre au Pavillon Cambon, sur invitations

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LES NUITS DE… THOMAS LÉLU (PLASTICIEN)

MAMAN RECORDS, LE 24 OCTOBRE AU SANS SOUCI ET CHEZ MOUNE «Ce soir, on lance un nouveau label de musique : Maman Records. Pas de style particulier ni de règles, à part un format pop (morceaux courts, chantés…). Je m’occupe de tout l’artwork pour eux. La soirée réunira, pour la première fois, deux endroits situés dans la même rue de Pigalle : le Sans Souci et Chez Moune. On y croisera des musiciens qui côtoient le label (Sheraff, Logo, Guido, etc.) et il y aura plein de surprises et de lives, tout ça, tout ça ! » _Propos recueillis par A.-L.G.

Au Sans Souci, 65 rue Jean Baptiste Pigalle, 75009 Paris, de 21h à 1h30 ; puis Chez Moune, 54 rue Jean Baptiste Pigalle, 75009 Paris, de minuit à très tard.

AGENDA CLUBBING

_Par A.-L.G.

1 GIVE ME FIVE ! D’éphémère, l’endroit n’a que le nom puisqu’il fête aujourd’hui ses cinq ans ! Et il en a vu passer des DJ’s depuis le premier disque de Yuksek en 2004... En point de mire : Mondkopf, SebastiAn, Gilb’R, Gentlemen Drivers, Noël Akchoté, tous invités à cette birthday party. Les 16 et 31 octobre au Point Éphémère, dès 23h, 16 €

2 wE LOVE LUCIANO Prince des DJ’s à Ibiza, célèbre pour son endurance et la fièvre latine de ses sets, Luciano est l’invité de We Love Art. À producteur dément, lieu fou, puisque c’est à l’Aquaboulevard que se tiendra la soirée. Baignade annoncée en début de soirée… Le 17 octobre à l’Aquaboulevard, dès 21h30, 25€

3 NUIT FATALE DE JULIETTE DRAGON Art chic et humoristique de l’effeuillage, le burlesque est plus que jamais d’actualité. Soirée officielle du Paris Burlesque Festival, la Nuit fatale est « the place to strip ». Concerts rock, DJ’s, performances, show new burlesque : bienvenue au cabaret ! Le 24 octobre à la Bellevilloise, dès 22h, 10 €

4 CALVIN HARRIS Deux titres (Acceptable in the 80’s en 2007 et Dance Wiv Me feat. Dizzee Rascal en 2009) auront suffit à faire entrer ce DJ originaire des Highlands dans le cercle des producteurs électro à succès. Douche écossaise assurée ! Le 12 novembre à l’Élysée Montmartre, dès 19h30, 25 €

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© Daniela Edburg © musée du quai Branly, Photoquai 2009

EXPOS

52 SORTIES EN VILLE

Daniela edburg, Death by cotton candy, Drop dead gorgeous series, 2006 (La mort par barbe à papa, Drop dead gorgeous, 2006)

ANGLES OUVERTS Photoquai au Quai Branly Jusqu’au 22 novembre, Photoquai expose en plein air 50 photographes de 32 pays non occidentaux. Cette sélection d’artistes méconnus bouscule nos représentations de l’étranger. _Par Anne de Malleray

Musée d’ethnographie, le Quai Branly expose la diversité des peuples et des cultures. Dans cet exercice d’inventaire, la photographie intervient souvent comme outil documentaire sans que l’on prête attention au regard de celui qui est derrière l’objectif. Avec cette deuxième « Biennale des images du monde », le musée fait place à l’interprétation singulière.Toutes les œuvres des photographes, prises in situ, dans leur pays d’origine, sont empreintes d’un questionnement culturel et identitaire. L’un d’eux symbolise particulièrement ce renversement. Jeff Thomas, descendant des Indiens Onondaga, met en scène des figurines d’Indiens sur fond de paysage urbain, en s’inspirant des photographies d’Edward Sheriff Curtis. Cet ethnologue fut, à raison de milliers de clichés, un témoin essentiel du déclin de la civilisation indienne en Amérique du Nord au début du XXe siècle. La sélection, effectuée par huit commissaires de diverses nationalités, est riche de son hétérogénéité, depuis les photomontages oniriques de la Mexicaine Daniela Edburg jusqu’aux portraits de l’Afghan Fardin Waezi, effectués à l’aide d’un vieux daguerréotype, seul matériel photographique autorisé sous le régime taliban. Reza Deghati, photojournaliste iranien en charge de la sélection pour l’Asie Centrale, distingue Photoquai parmi toutes les autres manifestations du genre : « J’ai choisi des photographes sans restriction d’âge ou de renommée, certains sont exposés pour la première fois » – une liberté peu courante dans les festivals. On pourrait résumer cette diversité de regards, rarement réunis en une seule exposition, comme une tentative « de promouvoir la notion approchée d'une humanité sans frontières ». C’est ainsi que Claude Lévi-Strauss décrit la faculté des groupes ethniques à dépasser leur ethnocentrisme.

Photoquai, accessible gratuitement jusqu’au 22 novembre en face du Musée du Quai Branly, 37 quai Branly, 75007 Paris, www.photoquai.fr OCTOBRE 2009

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LE CABINET DE CURIOSITÉS

RÉTROSPECTIVE JAMES BENNING Depuis le début des années 1970, James Benning, cinéaste américain résolument indépendant, parcourt les États-Unis, seul avec son Nagra et sa caméra 16 mm, remplacée très récemment par la vidéo numérique. Près de quarante ans passés à regarder et écouter les paysages, tantôt naturels, tantôt urbains, d’une Amérique en mouvement. Ancrée dans le cinéma expérimental et la narration figurative, son œuvre, au-delà de son caractère sublime, se révèle politique en même temps qu’elle sonde la place de l’homme dans les espacestemps qu’elle donne à voir et à entendre. _A.-L.V.

Du 20 octobre au 15 janvier au Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris, dans le cadre du Festival d’automne.

AGENDA EXPOS

_Par A.-L.V.

LHk 18 Pour démarrer la saison en beauté, cette jeune galerie présente une exposition collective réunissant une sélection d’œuvres de plusieurs de ses artistes : Sylvain Rousseau, Vincent Mauger, Bertrand Lamarche, Neil Beloufa, Stéphane Vigny et Emmanuelle Lainé. Jusqu’au 28 novembre à la Galerie LHK, 6 rue Saint-Claude, 75004 Paris.

APICHATPONG wEERASETHAkUL L’exposition de l’artiste et cinéaste thaïlandais s’articule autour d’une installation composée de huit films courts réalisés dans le village de Nabua, occupé par l’armée thaïe entre 1960 et 1980 pour contrôler les insurgés communistes. Quand la fiction revisite l’Histoire. Jusqu’au 3 janvier au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, 75016 Paris.

GILBERT GARCIN Les mises en scène photographiques en noir et blanc de Gilbert Garcin étonnent tant par leur simplicité que par leur dimension surréaliste. En parfait illusionniste, cet artiste octogénaire n’en a toujours pas fini de s’amuser avec les jeux d’optique et d’échelle. Du 15 octobre au 21 novembre à la Galerie Les Filles du Calvaire, 17 rue des Filles-du-Calvaire, 75003 Paris.

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SPECTACLES

54 SORTIES EN VILLE

KLATA STROPHES Jan Klata au Festival d’automne Yalta en Ukraine. Wroclaw en Pologne. Entre ces points cardinaux, JAN kLATA sonorise l'histoire polonaise avec Transfer !, une tragédie géographique aux frontières du punk. _Par Ève Beauvallet

Les fleurs du mal naissaient de la boue. Les pièces du jeune metteur en scène polonais Jan Klata poussent sur des terrains en charpie. L'engrais ? L'emblème des no man's land et des conflits de territoire : la Pologne. Et sa société, obsédée par sa propre histoire. Une ville des années 1990 ravagée par le chômage après la fermeture des mines dans un irrévérencieux Révizor. Une variation sur les moeurs catholiques dans Les Caves du Vatican. Les transferts de populations liés au découpage géographique post-Yalta dans Transfer!... Des terres politiquement brûlées, sur lesquelles germe un théâtre « garage » nouvelle génération. D'évidence, la Pologne n'a pas attendu Jan Klata pour décharger les débris de son histoire sur les plateaux de théâtre. Krzysztof Warlikowski – metteur en scène majeur de la génération antérieure – les sample actuellement aux mythes antiques dans sa monumentale fresque (A)pollonia. Jan Klata, lui, amplifie les chuchotements de la mémoire collective en les mixant aux textes traumatiques du groupe punk Joy Division. Dans Transfer!, la mémoire des victimes des déplacements massifs fait face à un trio Staline-Churchill-Roosevelt version fantoche. Yalta d'un côté, Wroclaw – ville entièrement vidée de sa population – de l'autre. Choix éloquent : le trio est pris en charge par des comédiens professionnels, tandis que les témoignages sont assurés en chair et en os par les victimes de l'époque. La couleur de Transfer! est blafarde, certes – Jan Klata a longtemps bataillé dans le brouillard pour le mouvement Solidarnosc. Mais entre les murs délavés de son théâtre, les hiérarchies vaseuses et autres barbelés traditionnels n'ont plus droit de cité. Bienvenu, donc, sur un plateau où Patti Smith et South Park pogotent avec Tadeusz Kantor ou Krystian Lupa, et hurlent, en choeur, que «Poland is not dead». Transfer !, ms. Jan Klata, du 5 au 7 novembre à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre du Festival d'Automne à Paris www.festival-automne.com // (A)pollonia, ms. Krzysztof Warlikowski, du 6 au 12 novembre au Théâtre National de Chaillot, www.theatre-chaillot.fr

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LE SPECTACLE VIVANT NON IDENTIFIÉ

ACTORAL.8 Et si les écrivains cachaient bien leur jeu ? Dans le doute, le metteur en scène Hubert Colas leur invente un plateau. Il s'appelle ActOral et s'ouvre à toutes les formes orales engoncées dans le mot « théâtre ». Du format court (« L'apéro artistique » : 15 minutes pour présenter son œuvre) au long («Une heure avec»), en passant par le transgenre « Impromptus » (relecture littéraire d'une œuvre vidéo)... Autant d'exercices de style oraux, qui ont excité les auteurs Chloé Delaume, Tanguy Viel ou Noëlle Renaude, parmi la nuée d'artistes qui prennent le départ du festival. _E.B

Festival international des arts et des écritures contemporaines, du 15 au 17 octobre au Théâtre de la Cité Internationale, www.theatredelacite.com

AGENDA SPECTACLES

_Par E.B.

1 DANSES PARTAGÉES En écho aux journées du patrimoine, le CND propose les siennes, doublement dansantes. À savoir, un danseur étoile pour guider la visite – Nicolas le Riche – et une déambulation impromptue au rythme d'ateliers tous public et de présentations de travaux. Le tout, dans le cocon du studio de danse. Les 17 et 18 octobre au Centre national de la danse de Pantin, www.cnd.fr

2 DÉSIRS Les contorsions optiques de Philippe Decouflé, sur les divagations de Philippe Katerine, du haut des stylettos de Louboutin... une association culottée et branchée pour Désirs, le show d'ouverture de saison très attendu du Crazy Horse. Soit la première tentative, par Decouflé, de ré-enchantement du cabaret érotique. Jusqu'au 31 mars 2010 au Crazy Horse, www.lecrazyhorseparis.com

3 MERLIN OU LA TERRE DÉVASTÉE La Ferme du buisson est un terrain de jeu au fort potentiel féérique. Mais si l'on peut y voir le conte de Tankred Dorst, Merlin ou la Terre dévastée, c'est sans chapeau pailleté ni baguette magique. Les chevaliers de la table ronde sont les acteurs du collectif Les Possédés. Des corps puissants, qui empoignent les questions de l'obscurantisme et de l'échec des utopies. Du 7 au 15 novembre à la Ferme du Buisson de Marne la Vallée, www.lafermedubuisson.com

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© Bruno Verjus

RESTOS

56 SORTIES EN VILLE

Jacques Genin

FONDU Jacques Genin à la Chocolaterie Au cœur du Marais nouveau, lové contre République, JACQUES GENIN, en homme orfèvre, façonne pâtisseries, enrobe chocolats, coule ganaches et cuit caramels. Rencontre avec la magie de ce fondeur en chocolat. _Par Bruno Verjus (www.foodintelligence.blogspot.com)

Des caramels plein les poches, frondeur, voilà l’enfant agité qui habite l’homme : Jacques Genin. Ce « petit poucet rêveur » égrène dans sa perpétuelle course en avant bonbons de chocolats, pâtes de fruits, guimauves, orangettes, rochers, nougats, tartelettes... En autodidacte, Jacques Genin intègre le rude apprentissage du travail bien fait. Polir son art, l’anoblir, sans jamais oublier le sens de cette quête, voilà pour l’horizon. Avec pour mot d’ordre : le travail du goût... et le goût du travail. Infusée des effluves chocolatés de l’atelier du premier étage, cette chocolaterie-salon de thé embrasse le grand escalier hélicoïdal par lequel toutes ces gourmandises nous parviennent. Le décor, bâti de briques, de pierres nues et de poutres métalliques oxydées, s’offre en juste écrin à merveilles. Qualité et fraîcheur, associées à une mise en œuvre respectueuse, signent des ganaches franches, pures et évanescentes : le chocolat en son palais ! Zinzibar, où le lacté cuit du chocolat au lait s’épice du gingembre ; le malicieux Thé Toi pour une délicate ganache de chocolat noir miellée de thé Wu Long... Les pâtisseries s’énoncent à l’évidence du classique : éclair au caramel, au chocolat, Paris-Brest, tarte citron, caramel ou chocolat, mille-feuilles. Elles s’affirment résolument modernes dans leur réalisation. Là, un vif éclair caramel pour apprivoiser la tension sucrée ou un Paris-Brest, riche et croustillant d’émotions noisetées, beurrées et crémeuses : absolument gourmand ! Encore ? Un mille-feuille « minute » vanille, caramel, framboises ou praliné, délicat comme l’air vernal, rafraîchissant et excitant en diable, comme autant de plaisirs en strates. Ici, la gourmandise frappe en bouche et réveille toute l’enfance qui sommeille en conscience. Une pâtisserie du souvenir... Chocolaterie - Salon de Thé Jacques Genin, 133 rue de Turenne, 75003 Paris. Tél. : 01 45 77 29 01

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LE PALAIS DE… PIERRE LAPOINTE

LE POTAGER DU PÈRE THIERRY « J’y ai mangé une tranche de foie avec un œuf poché et de la crème. Le tout cuit au four. C’est très français, très lourd, et je n’avais jamais goûté ça ailleurs. C’est servi en dessert ou comme un bon fromage, mais moi je le prends en entrée. Tu manges ça avec un plat principal et tu roules jusqu’à chez toi… Quand je viens à Paris, pour me sentir vraiment en France, je prends un magret de canard. Je n’aime pas trop les restos guindés. J’aime parler au serveur, échanger des recettes. Et puis, le bistrot français pour nous autres Québécois, c’est très exotique. » _Propos recueillis par R.G.

Le potager du père Thierry, 16, rue des trois Frères 75018 Paris. Tel. : 01 53 28 26 20. Sentiments humains de Pierre Lapointe (Wagram), déjà disponible. en concert jusqu’au 17 octobre à la Boule Noire.

OÙ MANGER APRÈS… _Par B.V.

LUCky LUkE Au Renoma Café pour une cuisine « qui tire plus vite que son ombre » avec les tomates salade, le saumon mi-cuit et le foie de veau, purée. Des glaces et des sorbets maison, propres à nous rendre l’esprit d’enfance. Renoma Café Gallery, 32 avenue Georges v, 75008 Paris. Tél. : 01 47 20 46 19

LES ZINTRUS Chez KGB, pour cette étrange appellation : « Zors-d’œuvre ». Ils se déclinent par deux, quatre ou six. Pas Zintrus, le maquereau laqué, miso blanc (pâte fermentée de soja) et condimenté d’agrumes. Une cuisine aux saveurs fraîches et séduisantes, un moment délicat, à partager. KGB - Kitchen Galerie Bis, 25 rue des Grands Augustins, 75006 Paris. Tél. : 01 46 33 00 85

LES HERBES FOLLES Chez Makoto Aoki pour l’esprit vagabond. Une cuisine de bistrot aux mains d’un Japonais. Une carte fraîche comme le vent fleuretant avec les herbes folles : filets de harengs marinés à l’ancienne, risotto noir et courgettes grillées, col vert au salmis, brioche perdue à la fraise… Makoto Aoki, 19 rue Jean Mermoz, 75008 Paris. Tél. : 01 43 59 29 24

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58 LA CHRONIQUE DE

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62 DOSSIER /// LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS

1964, Henri-Georges Clouzot entraîne Romy Schneider et Serge Reggiani dans L’Enfer, histoire d’une jalousie obsessionnelle qui vire à la folie. Mais après quelques semaines, Reggiani claque la porte, Clouzot fait un infarctus et le tournage s’arrête. Tenues au secret depuis lors, les images hypnotiques de L’Enfer surgissent aujourd’hui du passé, ressuscitées par SERGE BROMBERG. Ce fou de cinéma, spécialiste de la restauration de film, nous raconte L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot. _Propos recueillis par Juliette Reitzer

L

es images que vous avez découvertes étaient-elles à la hauteur de leur légende ? C’est Inès Clouzot, la veuve du cinéaste, qui m’a permis d’y avoir accès. Je l’ai convaincue de me céder les droits après que l’on soit restés deux heures bloqués dans un ascenseur… Le film avait la réputation de s’être arrêté après 15 jours de tournage, c'est-à-dire l’équivalent de 30 boîtes tournées. Mais c’était sans compter les essais… Je me retrouve donc avec 185 bobines de négatif sans indications, et surtout, sans aucun son. On met tout bout à bout et là, le choc. D’abord parce que les images étaient éblouissantes, mais aussi parce qu’elles ne répondaient pas du tout à la question : « Que s’est-il passé sur le tournage de L’Enfer d’HenriGeorges Clouzot ?» C’est là qu’il est devenu clair qu’il n’y avait pas une légende, mais deux : le film qu’aurait été celui de Clouzot, et le tournage maudit.

En quoi était-ce un tournage exceptionnel pour l’époque ? OCTOBRE 2009

D’abord parce que les acteurs principaux, Serge Reggiani et Romy Schneider, étaient d’immenses stars. Ensuite parce que Clouzot n’avait pas tourné depuis quatre ans… Le film avait obtenu un budget illimité de la Columbia, et l’entreprise avait pris une ampleur délirante. Quels effets visuels vous ont le plus impressionné? Durant les essais, Clouzot a essayé beaucoup de choses. Il y va de la folie obsessionnelle d’un créateur de ne jamais être satisfait de son œuvre… Des effets de miroir, qui permettent de couper des têtes en deux, de déformer. Il a peint ses acteurs en bleu, en vert, en jaune. Un délire ! Bernard Stora, stagiaire sur le tournage de Clouzot, affirme que le garde-fou qui a manqué au réalisateur, c’est un producteur. Personne n’était là pour le stopper… Il avait perdu sa mère juste avant le début du tournage. Ajoutez à cela les quatre mois d’essais, WWW.MK2.COM


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qui ont été une expérience épuisante : quand le tournage commence, il est déjà dans le doute. Il a cru qu’il pouvait tout se permettre, mais il fallait un moment qu’il se heurte au principe de réalité. Personne ne s’est manifesté : il faut quand même rappeler que c’était un immense réalisateur, on l’appelait « le Hitchcock français ». Chabrol a réalisé un film, L’Enfer, à partir du scénario de Clouzot. Il a dit à ce propos que « c’est dangereux de prendre le scenario de quelqu’un d’aussi prestigieux et de le ramener à soi ». Avez-vous eu peur de vous lancer dans cette entreprise ? J’ai peur depuis le début. C’est un film maudit qui a failli coûter sa réputation à Romy Schneider, qui a été le point final de la carrière de Clouzot – il a ensuite réalisé un dernier film, La Prisonnière, qui n’était pas une réussite – et qui a coûté une fortune aux assurances. Je me suis dit : « Je suis le prochain sur la liste. » Finalement, je m’inscris comme l’un des acteurs du troisième acte du film de Clouzot, celui de la résurrection. Dans le scénario de L’Enfer, le personnage de Marcel finit par dire : « Je sais plus, j’m’y perds. » Comment avez-vous travaillé ce parallèle entre Clouzot et son personnage ? Le parallèle s’installe de lui-même. D’un côté, il y a l’obsession de Clouzot : prouver qu’il est capable d’inventer un nouveau cinéma, au point de perdre les référents même du cinéma [les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague venaient de la rattacher, péjorativement, aux films dits de «qualité française », ndlr]. De l’autre, la jalousie obsessionnelle de son personnage, au point de ne plus distinguer le vrai du faux. Leur trajectoire est comparable, et ils sont surtout clairement fascinés par la même femme… Romy Schneider est d’une beauté époustouflante. On ne l’a jamais connue comme ça. Est-il risqué de vouloir disséquer la folie, de la mettre en équation ? Peut-être, mais en même temps Hitchcock a réussi avec OCTOBRE 2009

Vertigo, ou la séquence de Dali dans La Maison du Dr. Edwards. Pour moi, un des films les plus démentiels sur la folie, c’est All About Eve de Mankiewicz. La descente de l’escalier de Gloria Swanson dans Sunset Boulevard de Billy Wilder, c’est la folie dans toute sa splendeur cinématographique. De même que Citizen Kane, d’ailleurs ! En fait, je crois que la plupart des grands films sont ceux qui arrivent à approcher la folie. La cinéphilie n’est-elle pas une forme de folie ? Oui, parce qu’on a envie de tout savoir, de tout connaitre, et c’est évidemment impossible. Moi ce qui me rend fou, c’est l’idée qu’il y a encore des bobines de films enfouies dans des caves ou des greniers. On peut y voir un délire de puissance, mais ce que j’aime, c’est essayer de restaurer le spectateur, c'est-à-dire ce qu’il y a de vivant dans ces films oubliés. Avec L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot, je propose aux spectateurs de remonter le temps avec moi, jusqu’en 1964. Et quelque part, si on remonte le temps, on promet au spectateur de rajeunir : on est dans Docteur Faust ! Un film de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea // Avec Romy Schneider, Serge Reggiani… // Distribution : MK2 Diffusion // France, 2009, 1h34 // Sortie le 11 novembre

POUR EN SAVOIR PLUS… « Jamais une actrice n’a été aussi belle sur un écran », nous confie Serge Bromberg. Romy Schneider hypnotique et fascinante, telle que la vit sans doute son metteur en scène Henri-Georges Clouzot : c’est ce que nous propose ce bel ouvrage de 160 pages et plus de 250 photographies. Extraits du scénario, documents, anecdotes, pour tenter encore de percer le mystère d’un tournage maudit. _J.R.

Romy dans L’Enfer de Serge Bromberg (Albin Michel, parution le 5 novembre).

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64 DOSSIER /// LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS

Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene

HISTOIRE DE FOUS De la folie, Erasme a fait l’éloge et les cinéastes, une inépuisable matière fictionnelle. Au fil de ses différentes incarnations, le statut de l’aliéné a évolué à l’écran. De la peur à l’empathie, du monstre au désaxé, la folie au cinéma a une histoire : une histoire de fous. Panorama non exhaustif. _Par Sandrine Marques

L

e cinéma est contemporain de la psychanalyse et cette naissance concomitante au XIXe siècle est essentielle dans la représentation de la démence à l’écran. Dans sa compréhension également : le 7e art a régulièrement reflété la manière dont les sociétés modernes appréhendaient les maladies mentales. En ce sens, le cinéma expressionniste allemand a manifesté avec le plus d’éclat une mécanique d’écrasement psychique, liée à un contexte politique trouble. Réalisé en 1919, Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene met en scène un criminel qui s’avère être le directeur d’un asile d’aliénés. Autre figure de médecin dément, le psychanalyste expert en déguisements, issu de la série des Docteur Mabuse. La figuration de la folie emprunte la voie de l’allégorie : perspectives déformées, ombres démesurées, incidence du décor sur les corps, outrance du jeu d’acteur extériorisent la confusion jusqu’au paroxysme.

Avant les années 1940, le monstre fait les belles heures du cinéma fantastique qui le plonge dans un imaginaire exalté. Cette monstruosité, Michel Foucault la décrit dans Les Anormaux (Cours au Collège de France, 1974-1975) comme « la forme spontanée, brutale (…) de la contre-nature ». Mais plusieurs films font évoluer la donne. Sortie du cerveau malade du professeur Frankenstein, sa créature dégénérée inspire à James Whale des films OCTOBRE 2009

profondément humanistes. Associée à la difformité, la folie commence à être reconsidérée à l’aune de Freaks, la monstrueuse parade de Tod Browning. Le lieu de la normalité vacille et change d’instance. Siamois, culs-de-jatte, nains apparaissent plus « humains » que les personnages physiquement « normaux », animés en réalité de basses pulsions. Précurseur du cinéma des années 1970, Tod Browning explorait encore le refoulement sexuel dans L’Inconnu, où une jolie foraine éprouvait de l’aversion pour les mains masculines. Par amour pour elle, un lanceur de couteaux s’amputait les bras. Dans Répulsion, Roman Polanski reprend à son compte cette phobie et le principe expressionniste d’instabilité du décor, au diapason d’une psyché perturbée. Avec Fritz Lang, la folie n’est plus un phénomène individuel mais collectif. Dans M le Maudit et plus tard Furie, la société dans son ensemble est renvoyée à sa propre barbarie. Le défoulement des passions contre un bouc émissaire annonce et métaphorise la violence totalitaire. Aujourd’hui, le Belge Philippe Van Leeuw filme, à sa manière minérale et minimaliste, les prémices du génocide rwandais (Le jour où Dieu est parti en voyage) et la folie meurtrière qui s’est emparée d’un peuple. Après les années 1940, l’inconscient occupe le haut de l’affiche. Hitchcock s’en empare, à des fins dramatiques. Avec La Maison du docteur Edwards, il en explore les arcanes dans des séquences WWW.MK2.COM


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Freaks de Tod Browning (à gauche), Répulsion de Roman Polanski (à droite)

« DANS FREAKS, SIAMOIS, CULSDE-JATTE, NAINS APPARAISSENT PLUS « HUMAINS » QUE LES PERSONNAGES « NORMAUX ». » oniriques, imaginées par Salvador Dali, où s’enchevêtrent les symboles. Sexualité refoulée (Pas de printemps pour Marnie), désir nécrophile et fétichisme (Sueurs Froides), mère castratrice (Psychose, Les Oiseaux) composent un fascinant faisceau de déviances dans sa filmographie. André Malraux disait fort à propos que « l’artiste ressemble au fou » (L’Espoir). Hitchcock, Clouzot ou Lynch ne sauraient le faire mentir. Effigies de leur propre cinéma détraqué, il est impossible de dire si leurs films leur ressemblent ou s’ils ressemblent à leurs films. Le passionnant documentaire de Serge Bromberg, L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot, permet d’approcher ce processus vampirique, à l’œuvre également dans Boulevard du Crépuscule. Filmant un drame de la jalousie, Clouzot s’enferme dans une obsession morbide qui sera fatale à l’achèvement du tournage. Reste aujourd’hui OCTOBRE 2009

la beauté fulgurante et insensée de rushes dont le caractère expérimental est saisissant. Voir dans ce projet avorté les expériences précoces d’un David Lynch n’est pas si incongru. Avec pour intérêts communs, les thèmes de la jalousie et de la déchéance (Lost Highway, Mulholland Drive), un travail expressif sur le son (distorsions, polyphonie traduisant le chaos mental), une continuité se dessine entre les deux cinéastes. Nous voici entrés dans l’ère moderne. Samuel Fuller en donne le retentissant coup d’envoi avec Shock Corridor, une charge véhémente contre les maux de la société américaine : guerre de Corée, discrimination raciale, bombe atomique, s’incarnent à travers les malades internés. Dans son approche de la folie, l’environnement social, familial, affectif et médiatique est dorénavant pris en compte par le cinéma moderne. Démarche que poursuit Frederick Wiseman avec son cinglant Titicut Folies. Le documentariste pointe la responsabilité de l’Amérique, dans le traitement inhumain qu’elle réserve aux fous. « Quoi d’étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux qui ressemblent tous aux prisons ? », s’insurge à son tour Michel Foucault dans Surveiller et Punir. Le cinéma européen fait ce même constat de l’influence de l’environnement sur la déraison. Jane Campion (Sweetie), Ken Loach (Family Life), Michael Haneke (Le 7e Continent) l’observent plus particulièrement au sein de familles dont la structure s’effrite inexorablement. Ou se réinvente tout à fait comme dans Canine de Yorgos Lanthimos, prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes et description en vase clos d’une perversion consentie de la réalité. « De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou », concluait Foucault (Histoire de la folie à l’âge classique). Une vérité qui a trouvé dans le cinéma son asile.

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66 DOSSIER /// LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS

ALAINCAVALIER FILMER À PERDRE LA RAISON Irène fut la compagne du cinéaste ALAIN CAVALIER pendant plusieurs années. Elle a donné son prénom au film Irène, folle et sublime tentative de faire revivre, par les moyens du cinéma, cette histoire d’amour brisée nette par un accident de voiture, au début des années 1970. Nous avons échangé avec l’auteur de ce poème visuel d’une intimité et d’une justesse bouleversantes. _Propos recueillis par Auréliano Tonet

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ar l’intimité de son sujet et de sa forme, par l’importance qu’il confère aux mots écrits dans vos «carnets», Irène apparaît comme un film très littéraire. Les premières œuvres auxquelles il fait penser sont d’ailleurs des livres : Nadja d’André Breton, Lacrimosa de Régis Jauffret, deux célébrations d’absentes aimées malgré leurs ombres (Nadja finit internée, Charlotte se pend). Pourquoi avoir choisi la forme cinématographique, et non l’écrit, pour raconter cette histoire ? J’ai été élevé par la littérature. J’écrivais donc un journal. Je suis passé au cinéma. Je me suis servi des mots écrits pour en faire du cinéma. Un mot filmé est aussi cinématographique qu’un visage. J’ai réuni là mes deux origines.

« Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quittés. (…) Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence », écrit René Char peu après la mort de son ami, Albert Camus. Tout au long du film, vous faites part à Irène, au spectateur, à vousmême, de vos doutes quant à la nécessité même de réaliser ce film – film qui en acquiert une beauté tremblée, « convulsive » dirait Breton… J’ai commencé à tourner ce film sans savoir si je pourrais le terminer. Je savais simplement que l’aveu et le pardon m’attendaient. Si je n’y étais pas parvenu, le film se serait arrêté et dormirait dans un tiroir. C’est sans doute d’avoir filmé presque chaque jour que j’ai pu me libérer et me servir du cinéma comme ouvreur de portes dans la tête et le cœur.

« Sans mort, sans trahison, les histoires d’amour sont fades », lit-on dans Lacrimosa. « Trahison, injustice, lâcheté sont aussi précieux qu’amour, tendresse, force », entend-on, comme en écho, dans Irène. En faisant ce film, avez-vous eu le sentiment d’avoir trahi Irène ? Ai-je trahi Irène en racontant notre vie alors qu’elle n’est plus là pour donner un autre point de vue sur le meilleur comme sur le pire ? Je lui parlais pendant le tournage. Elle m’encourageait. Je ne cessais de lui répéter que réduire nos années à 85 minutes de film était une faute majeure de ma part mais que je ne pouvais y résister.

Après Martin et Léa (1979), Thérèse (1986) et René (2002), vous avez de nouveau choisi un prénom pour titre de votre film. Cette récurrence est-elle anodine ? Prendre un prénom comme titre, c’est dire au spectateur qu’il va entrer dans la vie d’une personne, que le film sera d’abord un échange entre lui, elle et le cinéaste. Une intimité. On est trois et on se parle à l’oreille.

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Irène est décédée d’un accident de voiture, au début des années 1970. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de lui consacrer ce film ?

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« SE SERVIR DU CINÉMA COMME OUVREUR DE PORTES DANS LA TÊTE ET LE CŒUR.» Pour moi, Irène est derrière la porte. Elle frappe depuis des années. Pourquoi avoir attendu pour lui ouvrir ? Crainte de ce qu’elle peut me demander ? Peur d’un aveu ? Refus d’éclairer les coins sombres ? J’accepte qu’elle revienne, qu’elle revive. Essayer d’aller plus loin que nous, hier. Avoir attendu, c’est pouvoir parvenir à la réconciliation, à la célébration dans la lumière. Il y a quelques mois, dans nos pages, le réalisateur Elia Suleiman livrait cette belle définition du cinéma : «Je ne peux pas empêcher un oiseau de passer dans le cadre. » Deux oiseaux passent dans votre film, mais ils sont figés, immobiles, comme si Irène racontait la difficulté de les ramener à la vie. L’affiche du film représente d’ailleurs un oiseau, auquel un homme est suspendu. Que représente cette affiche ? Il s’est accroché à l’oiseau. Pour le retenir. Pour aussi partir avec lui, avec elle. Comme il suit le petit passeur qui le conduit vers le royaume des ombres pour la retrouver. «Irène voulait mourir pour une raison secrète », dites-vous très pudiquement dans le film. Jauffret, lui, a moins de scrupules : « Le suicide est un homicide comme un autre. Un assassinat avec préméditation, un complot fomenté par une faction dans un recoin du psychisme. Une faction qui peu à peu fait des émules, jusqu’au soir de l’insurrection », écrit-il dans Lacrimosa. Pourquoi, sur la question des « ombres » d’Irène, avoir fait le choix de la pudeur, du secret, plutôt que du dévoilement ? Si vous regardez le film bien attentivement (ce qui n’est pas du tout nécessaire), j’ai glissé quelques levées de secrets. Elles sont codées mais pas indéchiffrables. Je désirais dire certaines choses, mais pas forcément en clair. Ce n’est pas un scrupule, c’est une défiance devant des généralités qui tentent par les mots d’élucider les mystères attirants de la vie. « Je vous souhaite d’être follement aimée», écrit Breton dans L’Amour fou, qui fait suite à Nadja. Irène est-il un film sur la folie (d’une femme, d’un amour, d’une quête cinématographique) ? Folie magnifique d’être jeune, de se livrer à un fantastique gaspillage d’énergie, pour essayer de savoir qui on est, par l’amour et par les films. Un film d’Alain Cavalier // Distribution : Pyramide // France, 2008, 1h25 // Sortie le 28 octobre

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68 DOSSIER /// LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS

ANALYSES FILMIQUES Addictive série en huis clos sur un psy et ses patients, la deuxième partie de la première saison d’En analyse sort en DVD mi-octobre, alors que paraît au même moment un coffret-somme de14 DVD, Être psy. Fiction ou documentaire, deux regards sur un métier qui ne cesse de fasciner. _Par Clémentine Gallot

Commandé par la pointilleuse chaîne HBO, In Treatment est le transfuge américain réussi de la série israélienne Be’Tipul. Le pitch est certes un peu sec : En analyse (en bon français) est découpée en épisodes qui durent le temps d’une séance chez un psy, dans une banlieue cossue du Maryland. Les mêmes patients se succèdent, avec des variations, semaine après semaine. Le vendredi, c’est au tour du psy d’aller consulter sa thérapeute, livrant ses impressions sur ses patients, à la manière d’un bonus de DVD « behind the scenes ». Fraîchement dispensés, les Emmy Awards, où la série fut plusieurs fois nominée, en attestent : l’écriture de ces conversations à huis clos et la performance des acteurs portent ce projet délicat. Les scénaristes sont allés puiser ses rebondissements dans les détours de la psyché et la complexité des affects. Le Dr. Paul Weston (imperturbable Gabriel Byrne) est ainsi entouré de seconds rôles (Dianne Wiest, Michelle Forbes) en proie à des tourments variés : un marine afro-américain revenu de la guerre, une lycéenne et gymnaste suicidaire, une infirmière qui fait un transfert, un couple en crise. L’addiction qui distingue toute bonne série tient ici à l’originalité de son format : si l’on laisse de côté la progression dramatique, les points d’entrée dans la série sont multiples, une confession n’étant jamais linéaire. Elle repose aussi sur le principe d’un point de vue privilégié : nulle part ailleurs n’entend-on ce qui se dit entre les murs d’un cabinet, site d’une parole singulière. En analyse - Saison 1, deuxième partie (Warner Home video, disponible le 14 octobre)

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LES PSYS SUR LE DIVAN Objet-livre ouvert sur le monde secret de l’inconscient, les 14 DVD du coffret Être psy permettent de se familiariser avec une discipline finalement assez méconnue du grand public. Inversant le schéma analyste/patient de la fameuse cure analytique, le sociologue Daniel Friedmann, chercheur au CRNS, a, sur près de vingt ans, questionné la crème de la psychanalyse française (François Roustang, Laurence Bataille, Isi Beller, Jean Chavreul…). Interrogés sur le rôle, l’évolution et l’impact de cette pratique proprement « improductive », les psychanalystes exposent, entre deux volutes, leurs méthodes thérapeutiques, travaillées par un « doute absolu ». Plutôt que de prétendre détenir les clés du bonheur, le psy répond par une pirouette : « Votre erreur décèle une vérité. » _R.G.

Être psy (editions Montparnasse, disponible le 3 novembre)

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69 DOSSIER /// LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS

© John Foley

ÉLOGE DE LA FOLIE De VINCENT MESSAGE à FRANÇOIS BEAUNE ou STÉPHANE VELUT, la folie traverse certains des premiers romans les plus singuliers de cette rentrée littéraire. Cet automne, pas de doute: plus on est de fous, plus on lit. _Par Sylvain Bourmeau (Mediapart.fr)

C’est une rentrée de fou. Notamment du côté des premiers romans. Et pas seulement parce qu’il faut être sacrément dingue pour sacrifier son opus n°1 sur l’autel de ce rituel si français qu’est la rentrée littéraire et espérer, en novembre, survoler en perdreau de l’année ces nids de vieux coucous que sont les jurys des prix. Non, plus simplement, les fous sont parmi nous, lecteurs curieux de littérature ultra-contemporaine. Sans prétendre les recenser tous, arrêtons-nous sur trois spécimens de choix. Honneur au mort, un certain JeanDaniel Dugommier décédé fin 2008, et dont deux carnets forment Un homme louche, le premier roman de François Beaune, qui ose donc signer de son nom l’œuvre d’un artiste aussi brut que parfaitement imaginaire. À quatorze ans d’abord, Dugommier note au fil des jours sa découverte frappadingue du monde, avant de finir par se retrouver interné, face à des psychologues. Du temps passe, il a quarante ans, n’a pas l’air d’aller beaucoup mieux et entame la rédaction d’un deuxième carnet dans lequel il poursuit le récit au quotidien de ses expériences sur le monde : mettre des livres au micro-onde, échanger ses vêtements volontairement dans les lavomatic pour se glisser dans la peau d’autres… Et surtout théoriser comme un fou, conceptualiser un truc fort louche qu’il appelle le «sousréalisme » et qu’il n’aura pas le loisir de développer, emporté à 40 ans par une rupture d’anévrisme.

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C’est également sur une autre planète, mais pas la même, qu’habite Oscar Nexus, compagnon de folie de Dugommier. Un monde de rêves qu’il visite chaque jour lorsqu’il dort pendant que nous travaillons – il est veilleur de nuit dans une grande entreprise, totalement décalé. Il a tué trois personnes dans la rue, sans motif apparent. Un psychiatre et un flic, les bien nommés Joachim Traumfreund et Paulus Rilviero, tentent de le cerner dans son sommeil. De facture plus classique qu’Un homme louche, Les Veilleurs laisse pourtant place comme lui à l’expérimentation délirante, manière de poser habilement des questions loin d’être loufoques sur la place de l’imaginaire dans nos vies. Un autre fou, en liberté celui-ci, hante un autre premier roman de cette rentrée littéraire. C’est un artiste, il vit à Munich en 1933 et a détourné la commande que lui a passé le régime nazi pour expérimenter – lui aussi – sur une très jeune fille, toutes sortes de prothèses au point de la transformer en automate. Avec Cadence, Stéphane Velut, neurochirurgien de son état, a réécrit à l’envers l’histoire de Pinocchio, et imaginé le lunatique de loin le plus dangereux de cette rentrée. Un homme louche, Les Veilleurs, Cadence : un tiercé de romans aussi cinglés que leurs personnages, il faudrait être raisonnable pour les ignorer. Un homme louche de François Beaune (verticales) // Les Veilleurs de vincent Message (Seuil) // Cadence de Stéphane velut (Bourgois)


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70 DOSSIER /// LA FOLIE DANS TOUS SES ÉTATS

ASILE POLITIQUE La dessinatrice marseillaise LISA MANDEL illustre les témoignages d’anciens infirmiers psychiatriques dans un document fascinant, HP, premier d’une série chronologique en trois tomes. Elle nous explique le sens et la forme de sa démarche. _Propos recueillis par Juliette Reitzer

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« Je n’avais encore jamais fait de BD documentaire, à part sur mon blog, un truc un peu rigolo où je raconte ma vie. Ma mère, mon beau-père et trois de leurs amis, tous anciens infirmiers psy, m’ont raconté l’attitude générale des soignants, l’ambiance carcérale, les dérives à l’abri des regards extérieurs… À l’époque, la société avait peur des fous, on les parquait dans un lieu clos, sans chercher à savoir ce qui s’y passait. J’ai choisi de garder le point de vue unique de ces infirmiers plutôt de gauche, influencés par mai 68, en utilisant des aplats de couleur orange

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pour intensifer les moments durs, même si le trait est simple. La réalité était suffisamment atroce pour qu’on n’ait pas besoin d’en rajouter. Je voulais qu’on comprenne comment ils en étaient arrivés à agir de manière complètement tordue parce que le système le tolérait à l’époque. Surtout, j’avais envie que chacun questionne son éthique personnelle : ‘‘Qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ?’’ » HP 1 - L’Asile d’aliénés de 1968 à 1973 de Lisa Mandel (L’Association) Le blog de Lisa Mandel : www.lisamandel.net

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« MON FILM EST UNE ABSTRACTION » JIM JARMUSCH

© Richard Dumas

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Arpenteur solitaire du cinéma, icône de la contre-culture, JIM JARMUSCH réaffirme son indépendance farouche avec The Limits of Control. Œuvre-palimpseste, miroir brisé où se reflète le monde moderne, cette énigme filmée emprunte un itinéraire nomade où nous guide son auteur, plus incontrôlable que jamais. _Propos recueillis par Sandrine Marques et Romain Genissel

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he Limits of Control fait référence à tous vos films : on y retrouve la question de la frontière comme dans Dead Man, des compositions à la Mystery Train, le décalage linguistique comme dans Ghost Dog. Votre film-somme? Je ne pense pas à mes longs métrages précédents, même si je sais qu’ils infusent mon œuvre inconsciemment. Pas plus que je ne les revois. Je fonctionne à l’instinct. Ma volonté, avec The Limits of Control, était de m’affranchir un peu du scénario. J’avais vraiment besoin de ne pas être contrôlé par l’histoire. Comme dans vos films précédents, le personnage principal reste mystérieux de bout en bout. Qu’estce qui vous intéresse dans sa trajectoire solitaire ? The Limits of Control incarne cette idée que notre conscience nous appartient en propre. Mon héros choisit ce qu’il porte, où il va : il est très singulier. Par quatre fois dans le film, il se rend au musée, regarde un tableau, puis s’en va. Sa solitude souligne le fait qu’il est maître de ses décisions. Votre film est-il une charge contre la civilisation moderne et le capitalisme ? Mon film explore, au contraire, la grandeur et la beauté du monde moderne. Ce n’est pas un film politique. C’est une célébration de l’imagination et de sa supériorité sur l’argent, les flingues, les multinationales. D’un point de vue métaphorique, Isaac de Bankolé étrangle le pouvoir qu’incarne le personnage américain de Bill Murray.

L’ombre du poète william Blake plane sur tout votre film, à travers les thèmes de l’art, du temps, de l’hallucination… Comme Burroughs ou Rimbaud, Blake est un visionnaire et une grande source d’inspiration pour moi. Sa religion était l’imagination. Il est la voix prophétique qui me guide dans mes films, même s’il n’est pas mentionné dans le dernier. Votre film est-il, comme l’affirme un de vos personnages à propos de La Dame de Shanghai d’Orson welles, une « histoire de règlement de comptes avec des miroirs brisés » ? Mon film est une abstraction, avec de nombreuses références au film noir. Les peintures – œuvres de

peintres espagnols du XXe s., présentées selon un ordre chronologique – sont des indices disséminés. Le tableau cubiste du violon, la forme de la guitare, la silhouette d’une femme créent des échos, comme dans un rêve. Quant à l’idée du miroir, elle est liée au fait que mon chef opérateur, Christopher Doyle, adore les reflets. Nous cherchions toujours à faire des cadres dans le cadre et des surimpressions. Le personnage que joue Gael García Bernal dit que les reflets sont parfois plus présents que les choses reflétées. Chris Doyle est réputé pour son travail avec wong kar-wai ou Gus Van Sant. Comment avez-vous défini avec lui la photographie étonnamment sobre du film ? Doyle a une approche très asiatique de la couleur, dont il comprend toutes les subtilités. Nous voulions quelque chose de doux, qui n’explose pas à la figure et Eugenio Cabellero, le chef décorateur, a veillé à harmoniser l’ensemble des éléments du film pour que la palette de couleurs soit aussi subtile que les choses elles-mêmes. La B.O., très cyclique et atmosphérique, épouse parfaitement l’odyssée du héros… Oui. Mon film n’est pas construit sur un récit traditionnel mais sur une série de variations, au sens musical du mot. Le groupe Sunn O))) m’a beaucoup inspiré, de même que Boris, Sleep ou Om. Leur musique débride mon imagination. Parfois, elle m’entraîne vers les parties infernales de l’Ancien Testament, parfois c’est comme le soleil qui perce à travers les nuages. Elle m’emmène à la découverte de nombreux paysages, en un seul voyage. Vous considérez-vous comme un cinéaste moderne? Je ne vois pas ce genre de bornes, mais l’immensité de l’océan où des vagues forment des crêtes. Pour moi, il y a une continuité entre Touche pas au grisbi de Jacques Becker et Bob le flambeur de Melville. Je ne raisonne pas en termes de « moderne » ou « ancien ». Il m’arrive d’écouter Purcell et de trouver ses partitions très modernes, quand la musique actuelle m’apparaît parfois dépassée. Les formes d’expression artistique sont un continuum. C’est pourquoi je préfère m’abstraire du contexte et penser à l’océan.

Retrouvez l’interview intégrale de Jim Jarmusch dans le hors-série de Trois Couleurs spécial « contre-culture américaine », disponible dans tous les kiosques le 18 novembre prochain. Un film de Jim Jarmusch // Avec Isaac de Bankolé, Paz de la Huerta... // Distribution : Le Pacte // États-Unis, 2009, 1h56 // Sortie le 2 décembre OCTOBRE 2009

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74 DOSSIER /// DOSSIER JIM JARMUSCH

ISAAC DE BANKOLÉ LE MÉDIATEUR Vraie « gueule » de cinéma, ISAAC DE BANkOLÉ porte The Limits of Control aux confins de l’itinéraire espagnol et alambiqué imaginé par Jim Jarmusch. Propos multi-langues recueillis à New York, où réside le comédien. _Par Clémentine Gallot

Ce n’est pas rien de dire que The Limits of Control a été écrit pour Isaac de Bankolé. Il y a un an et demi, Jarmusch l’aborde en lui disant : «J’ai toi et les Torres Blancas en tête. » Rien de plus ; il ajoutera ensuite des scènes au fur et à mesure du tournage. Le scénario est longtemps resté un mystère même pour l’acteur dont la silhouette habite depuis longtemps déjà le cinéma de Jim Jarmusch (Une nuit sur Terre, Ghost Dog, Coffee and Cigarettes). Bankolé a trouvé, dans l’errance du personnage, l’écho lointain de sa propre vie. Du Bénin où son nés ses parents, à la Côte d’Ivoire puis Paris, où on l’a repéré, et enfin New York. « L’histoire de Jim et la mienne se rencontrent : son itinéraire de cinéaste est imprégné par le voyage, les personnages bohèmes. » Le dépouillement de The Limits of Control, l’opacité de son héros sont compensés par la splendeur visuelle d’une Espagne stylisée, avec ses tours madrilènes qui évoquent à la fois un décor de science-fiction et l’habitacle rétro des films policiers 70’s. Pas un hasard, donc, si le comédien, ancien matheux, et le metteur en scène maniaque discutent cubisme et géométrie en marge des tournages. «L’esprit mathématique m’aide dans la recherche de mes personnages. Jouer, c’est restituer le naturel, l’inné. Les maths permettent d’éliminer ce qui est anachronique ou faux dans l’expression. » De tous les plans, l’acteur de 51 ans porte le film sur ses épaules. L’immense maîtrise mise en œuvre pour faire exister ce personnage quasi-muet tient de la

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« FAIRE EXISTER LE DIALOGUE PAR LE GESTE ET LE REGARD. » performance : « J’ai repris des choses de mon travail avec les metteurs en scène de théâtre Koltès et Chéreau. Il faut faire exister le dialogue par le geste et le regard. » La place que tient Bankolé dans cette économie de la parole jarmuschienne est celle d’un médiateur, acteur global et polyglotte, trait d’union entre les langues et les continents cinématographiques. «J’ai appris l’anglais en Côte d’Ivoire, en écoutant des disques. Depuis, j’ai un rapport intuitif à la musicalité de la langue. » Bankolé, qui vient de retrouver Claire Denis sur le tournage de White Material, au Cameroun, joue indifféremment en français et en anglais : on l’a vu en bad guy dans Miami Vice, Casino Royale et la série 24 Heures chrono. Installé depuis dix ans à New York, il continue de recevoir plus de propositions aux États-Unis qu’en France. « C’est un pays qui offre finalement plus de surprises, et surtout une vraie place à l’imaginaire. »

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© Metastazis.com

STEPHEN O’ MALLEY LA CONCORDANCE DES TEMPS Pour l’ombrageuse bande-son de The Limits of Control, qui donne toute son intériorité au film, Jim Jarmusch a largement puisé dans le catalogue d’un label d’indie-rock basé à Seattle, Southern Lord. Le musicien et fondateur du label, STEPHEN O’ MALLEy, revient pour nous sur son fructueux échange avec le cinéaste mélomane. _Propos recueillis par Étienne Greib

LA RENCONTRE « Jim Jarmusch est un énorme fan de musique. Il a craqué sur le groupe japonais Boris, d’excellents amis à moi avec qui nous avons fait l’album Altar. Par ce biais, il a découvert d’autres artistes signés sur mon label, dont Earth et mon propre groupe Sunn O))). Il a décidé d’inclure plusieurs morceaux de ces différents groupes sur la B.O. de The Limits of Control, ce qui évidemment m’a fait énormément plaisir. Quand on s’est finalement rencontrés, j’ai eu l’impression de l’avoir toujours connu. Musicien lui-même [le groupe Bad Rabbit, ndlr], il est en plus très drôle. Je n’ai pas encore vu The Limits of Control, mais je crois en avoir saisi le concept : il y est question de la structure du temps. » DANS LE SILLAGE DE DEAD MAN « J’adore Ghost Dog et surtout Dead Man, qui explore la cosmologie du peintre et poète William Blake. Et puis, il y a la bande originale de Neil Young, dont je suis complètement fan, comme tout guitariste qui se respecte. La façon dont Young a abordé son travail sur cette B.O. est très proche de l’improvisation. Elle a eu une influence énorme sur plusieurs artistes, dont Dylan Carlson (Earth). Earth est revenu en 2005

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avec l’abum Hex. Plus qu’un disque, un monument. Ce sont deux cents ans d’histoire qui sont résumés par cette musique. C’est la vieille idée de frontière dans l’imaginaire américain, et c’est aussi ce que Neil Young avait fait pour Dead Man. C’est là qu’on voit que Jarmusch a une compréhension évidente de la musique et ce, sur différents niveaux de lecture. » SOUS INFLUENCE « La musique de Sunn O))) est portée par son caractère excessivement hallucinatoire. Bien qu’elle puisse être composée de manière simple, le résultat final est très complexe. Je préfère éclater la structure des morceaux, au regard de leur temporalité, créer un nouveau cadre pour ne pas simplement raisonner en termes de vitesse et de rythme. Tous ces éléments façonnent l’esprit de nos compositions. Mais ce qui m’intéresse, c’est de les étirer dans des cycles de temps très longs. Ce processus nécessite une concentration telle qu’on aboutit à une forme quasiment méditative – un peu comme dans les films de Jim Jarmusch… » The Limits of Control, B.O. disponible chez Lakeshore Records.

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BOUDOIR ÉBATS, DÉBATS, CABAS : LA CULTURE DE CHAMBRE A TROUVÉ SON ANTRE

« JE CITE MALCOLM X, UN DE MES HÉROS, AU DÉBUT DU LIVRE : ‘‘JE SUIS POUR LA VÉRITÉ, PEU IMPORTE QUI LA RACONTE.’’ » DAVID HEATLEY P.84

DVD-THÈQUE

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CD-THÈQUE

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Le mystère yVES SAINT LAURENT

Le post-punk culte de THE FEELIES

BIBLIOTHÈQUE JUNQUA, BUÉNO, HAX… : le futur a de l’avenir

BD-THÈQUE DAVID HEATLEy, révélation underground

LUDOTHÈQUE FIFA 10 vs. P.E.S. 2010 : revue d’effectifs

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78 LE BOUDOIR /// DVD-THèQUE

HAUTE COUTURE LE MYSTèRE SAINT LAURENT Avec le documentaire Yves Saint Laurent, tout terriblement, JERÔME DE MISSOLZ livre un portrait sensible, entre hommage et témoignage, d’un créateur hanté par son art. _Par Donald James

Yves Saint Laurent, tout terriblement, le titre peut paraître mannequins préférés du couturier, toutes majestueuses, énigmatique au profane. «C’est l’heure ou jamais d’être griffées en YSL. La voix off, celle du couturier interviewé, sensible à la poésie car elle domine tout terriblement», croise celle de Jeanne Moreau lectrice, et toutes deux écrivait Apollinaire dans ses calligraphes. « Tout tissent, en l’absence imagée du principal intéressé, le terriblement » : deux mots dont le couturier Yves Saint profil d’une vie. Saint Laurent remplace Dior à vingt ans. Laurent se souviendra pour l’une des robes de sa Grand timide, il aime la gloire, les fêtes et déteste les collection Shakespeare et les Poètes en bourgeoises ; il hait le snobisme du fric. 1980. Artisan dévoré par son art, Yves Saint Avec le sentiment de ne pas avoir vécu sa Laurent a vécu entouré de quelques vrais jeunesse, il rêve de disparaître, de devenir amis mais surtout d’amis imaginaires : un beatnik.Véritable artiste, c’est un scénario écrivains et peintres, fantômes qui ne cesseront qu’il écrit à travers chaque robe. Caban, de l’inspirer. Produit par la Sept, tourné en smoking, mousseline transparente, pantalon, 1994 alors que le couturier prépare une de saharienne, période noire et période colorée, ses collections, ce court documentaire (45 épure, il a libéré la femme du XXe siècle, lui minutes) s’inscrit dans une série qu’Arte a ouvert des portes dont on imagine mal Vidéo consacre à la mode. Après les deux aujourd’hui qu’elles furent un jour scellées. premiers volets réalisés par Loïc Prigent (Marc Jacobs chez Louis Vuitton et Karl Lagerfeld Mais au-delà de toutes ces considérations, le chez Chanel), voici donc le DVD sur Yves Yves Saint Laurent, tout portrait de Missolz traque l’invisible. Non pas terriblement de Jérôme Saint Laurent. Rien à voir avec ses confrères Missoltz le geste artistique mais l’âme du créateur. (Arte Vidéo) – le sujet Saint Laurent se situant lui-même Car YSL est rongé par un mal intérieur qui loin du monde de la mode, qu’il trouve « terrifiant et résonne dès les premiers plans du film où on l’entend grotesque ». parler de l’angoisse de la page blanche, de l’attente d’être ébloui. « Du fond de quelle douleur avait-il puisé À l’image,YSL se fait rare. Et Pierre Bergé, son compagnon cette capacité à créer », une phrase que le couturier de route, n’apparaît qu’une seule fois… sur une a faite sienne, écrite par Proust, écrivain qu’il considérait photographie. Pudique, le réalisateur a choisi d’explorer comme un autre lui-même. Jérôme de Missolz révèle les vastes palais de Paris, de Deauville et de Marrakech Saint Laurent en filmant les robes, les lieux, les objets où YSL se réservait, dans l’intimité, de vivre mille vies, qui prennent miraculeusement vie grâce à une mise toutes traversées par une envahissante et ténébreuse en scène inspirée par Marguerite Duras. C’est d’ailleurs solitude. Dans ces demeures somptuaires défilent les un très beau texte de l’écrivain qui ouvre le film. «Je ne

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« MISSOLZ TRAQUE L’INVISIBLE. NON PAS LE GESTE ARTISTIQUE MAIS L’ÂME DU CRÉATEUR. »

LE COFFRET

peux pas m’empêcher de voir, de croire que le vrai sommeil d’Yves Saint Laurent, c’est le travail de création. Que celle-ci soit immédiate, éclatante, accomplie ou qu’elle soit encore impuissante, terne ou encore lointaine, il doit toujours s’agir de cela, de la création, de ce que l’on peut appeler l’âme et le génie. Quand je vois Yves Saint Laurent sur des photos ou à la télévision, sourire, parler à des personnalités, je me dis : voilà qu’ils l’ont encore réveillé. » Réveillez Saint Laurent et il vous tiendra en éveil. Car à l’heure où est tourné ce film, il n’est pas encore question d’écrire des panégyriques ou de dresser des chronologies. Dans ces années vides qu’étaient les années 1990, on pouvait encore s’adonner à la rêverie esthétique, à rendre sensible le mystère de la vie, de la beauté.

_J.R.

INTÉGRALE NURI BILGE CEyLAN (PYRAMIDE VIDÉO)

Deux enfants face au monde adulte (Kasaba), un cinéaste de retour dans sa ville natale (Nuages de mai), un photographe désabusé (Uzak), un couple à la recherche du bonheur (Les Climats), une famille disloquée (Les Trois Singes) : l’auteur phare du cinéma turc filme avec brio les saisons qui se succèdent et les solitudes qui se heurtent.

LE COUP DE CœUR DU VENDEUR DESPERATE D’ANTHONy MANN (ÉDITIONS MONTPARNASSE)

Reconnu internationalement dans les années 1960 grâce à de grandes fresques comme Le Cid et La Chute de l’Empire Romain, considéré comme un des grands noms du western, Anthony Mann réalisa aussi dans sa prolifique carrière un nombre important de films noirs. La collection RKO des Éditions Montparnasse met à l’honneur cette facette de son œuvre, en sortant ces jours-ci Desperate, un polar tendu servi par un noir et blanc inquiétant, dans lequel un jeune couple de mariés, que tout semble vouer à une vie sans histoire, se retrouve malgré lui pris dans une sordide affaire de hold-up. _Florian Guignadon, vendeur à la boutique du MK2 Quai de Seine

_Par J.R. et S.M.

DVD THE HARDER THEy COME DE PERRy HENZELL (POTEMKINE)

Un campagnard (Jimmy Cliff) débarque à Kingston pour devenir chanteur, mais glisse vers le deal et la violence… LE film culte jamaïcain, enfin édité en DVD. Tout est bon : la bande-son, le master restauré et les bonus – dont un excellent making-of.

24 CITy DE JIA ZHANG-kE (MK2 ÉDITIONS)

Jia Zhangke croise les témoignages, réels ou fictifs, d’anciens ouvriers de l’usine d’armement de Chengdu, en passe de devenir un complexe immobilier. Un docu-fiction poétique sur une Chine en pleine mutation.

L’AUTRE DE PIERRE TRIVIDIC ET PATRICk MARIO BERNARD (MK2 ÉDITIONS) Captivante incursion dans le délire morbide d’une femme jalouse, L’Autre est un film intriguant et visuellement très maîtrisé. Avec une Dominique Blanc exceptionnelle, cette approche de la folie laisse transparaître la solitude du monde moderne.

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80 LE BOUDOIR /// CD-THèQUE

CRAZY FEELIES LE POST-PUNK CULTE DES FEELIES De tous les groupes issus de la scène post-punk new-yorkaise des années 1980, THE FEELIES est sans doute celui qui aura laissé la marque la plus profonde dans l’inconscient musical contemporain. Réédition, reformation, tambours battants. _Par Wilfried Paris

Avec leur patronyme inspiré du Meilleur des mondes inquiet. Enfants des Beatles (la stéréo de Revolver), du d’Aldous Huxley (les feelies y stimulent les sensations Velvet Underground (donc des polyrythmies africaines, par le relais d'électrodes implantées) et leurs binocles via Bo Diddley, via Moe Tucker, la batteuse du Velvet) d’éternels étudiants, ce groupe d’intellos primitifs, et de Robert Fripp (ses guitares sur le Heroes de Bowie), formé en 1976 à Haledon (New Jersey) et mené par petits frères de Television, des Slits et des Talking Heads, le chanteur Bill Million et le guitariste Glenn Mercer, ces « garçons à la perpétuelle nervosité », laborantins avait tout pour devenir l’étendard des doctorants et banlieusards de studio, inventèrent un nouveau son des college-radios des années 1980. Mais plus que cela et une nouvelle manière d’aborder la chanson, en (plus que l’hommage que leur rendra les produisant eux-mêmes leur premier album. teenage-rockers Weezer en posant devant le Leur principale ambition, selon Glenn même fameux fond bleu que Crazy Rhythms Mercer : « Capturer, sur disque, ce que nous sur la pochette de leur premier album), les entendions dans nos têtes... Notre son s’est Feelies apportèrent une certaine rigidité, une développé surtout de par notre volonté mesure, une rigueur presque mathématique d’éviter les nombreux clichés rock. Ce que à un genre musical qui n’avait alors pour nous avons laissé de côté est aussi important seuls soucis que la spontanéité, l’excessivité que ce que nous avons mis nous-mêmes et l’explosivité. Ils canalisèrent l’énergie dans la mixture. Par exemple, souvent, les du punk-rock (leur cobaye), en chansons The Good Earth et Crazy morceaux d’alors utilisaient le crash de Rhythms de The Feelies progressives, percussives, sèches, nerveuses, (Domino/Pias, inclus cymbale pour souligner la dynamique des directes, essentielles, et en firent une véritable bonus et nouvelles notes arrangements. Nous avons donc décidé de pochette, disponibles science. de remplacer ces cymbales par d’autres le 26 octobre) instruments percussifs. De même, nos voix Clic, clic. Le premier album du quatuor, l’intensément contribuaient d’abord à l’atmosphère de la chanson, original Crazy Rhythms, commence par la sonorité et nous avons choisi de les mettre plus souvent dans d’une petite percussion clapotant le silence. Silence le mix qu’au-dessus – à rebours de ce qui se faisait à encore. Puis, clic, clic, la goutte d’eau reprend et répand l’époque. » son onde sur l’étang : arrivée en fade in d’une guitare funambule, d’un beat de cœur qui bat, puis d’une « Nerds » musicaux avant la lettre (avant la grande deuxième guitare comme un écho, puis le contre- bibliothèque sonore universelle), les Feelies devinrent rythme de la batterie lance la chanson, sur un chant en 1978 le « Best Underground Band in New York » selon

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« LES FEELIES CANALISÈRENT L’ÉNERGIE DU PUNKROCK EN CHANSONS PERCUSSIVES, SÈCHES, DIRECTES. » le Village Voice, et attendirent six ans pour enregistrer un second album, avec un nouveau line-up et sous l’égide de Peter Buck, membre de R.E.M. et fan invétéré. The Good Earth, plus classique formellement, est également réédité en version «deluxe» par Domino, tandis que le groupe s’est reformé à l’occasion du dernier festival ATP à New York, curaté par les Flaming Lips. Comptant parmi les initiateurs de la no-wave dans les années 1980, les Feelies ont récemment bénéficié d’un renouveau du culte sur Internet, en témoignages amoureux de leur permanente modernité. D’Animal Collective (chamaneries modernes) à Get Back Guinozzi! (pop songs progressives), en passant par Vampire Weekend (truisme afro) ou les Dirty Projectors (rénovation nerd du format pop), les petitsfils des Feelies ont toujours vécu avec Crazy Rhythms en électrodes implantés… À votre tour !

_Par A.T.

CD LA SUPERBE DE BENJAMIN BIOLAy (NAIVE)

Biolay n’a rien perdu de sa superbe, au contraire, elle semble croître d’album en album. Celui-ci est double, étirant sur 22 morceaux les talents du bonhomme : pop panoramique, spleen de chambre, scansions félines, péchés mignons.

DECLARATION OF DEPENDENCE DE kINGS OF CONVENIENCE (SOURCE / EMI)

Sortes d’aimables « Salmon & Garfunkel » selon certains, les deux Norvégiens montrent de quel bois ils se chauffent : loin du contre-plaqué de grande surface, leur troisième opus consume lutherie fine, racines bossa et millefeuilles vocaux. Feu de joie.

CAN yOU DIG IT? (SOUL JAZZ RECORDS)

« Musique et politique des films d’action noirs de 1968 à 1975 » : derrière ce sous-titre de thésard se cache LA compilation définitive en matière de B.O. blaxploitation. Classiques (Shaft, Superfly…) ou trésors cachés, 31 perles dansantes, indécentes et incandescentes.

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Frédéric Junqua

RENTRÉE ANTICIPÉE JUNQUA, BUÉNO, HAX… : LE FUTUR A DE L’AVENIR Et demain, à quoi ressemblera notre monde ? En cette rentrée, une demi-douzaine d’écrivains français s’emparent de la question et renouent avec la grande tradition du récit d’anticipation. Attention, l’avenir n’est pas rose. _Par Bernard Quiriny

Chaque automne, les journalistes culturels se posent la fois, le jeu consiste à imaginer un futur proche, ou même question : quelle est la tendance de la rentrée plutôt légèrement décalé (la plupart des récits, littéraire ? Cette année, on a beaucoup parlé du retour significativement, ne sont pas datés, afin d’entretenir du roman familial, rapport au Roman français de le trouble), et d’y grossir les réalités de notre époque Frédéric Beigbeder ou à Mon enfant de Berlin d’Anne pour les porter à leur paroxysme. Ainsi Pavel Hak Wiazemsky. Mais une autre tendance n’a (Warax) et Frédéric Castaing (Siècle d’enfer) pas échappé à l’œil des chroniqueurs, tant imaginent-ils le capitalisme de demain, elle est inattendue et massive à la fois : de enfer économique et social où les exclus nombreux écrivains français, galvanisés par migrent d’une exploitation à l’autre sous la crise mondiale et l’atmosphère d’angoisse la domination des puissances militarode cette fin de décennie, renouent avec la industrielles et d’une élite repliée sur elletradition du roman d’anticipation et tentent même. Dans un registre voisin, Frédéric d’imaginer ce que sera le monde de demain Junqua (Kart) et Fabrice Lardreau (Nord si celui d’aujourd’hui continue sur sa lancée. absolu) reprennent le flambeau de la Le terrain avait déjà été préparé voici contre-utopie politique en décrivant des quelques mois par Jérôme Leroy (La Minute sociétés plus ou moins fascistes, dotées de prescrite pour l’assaut) ou Xavier Patier techniques de contrôle social barbares et (Le Silence des termites) qui, sur un mode d’une forte propension au repli identitaire. satirique, mettaient en scène des cataclysmes À ce thème classique, Lardreau ajoute un et imaginaient la chute de la civilisation Dunk de Denis Robert élément plus contemporain, le fanatisme occidentale. Le même thème se retrouvait (Julliard) écologique : dans la Scandinavie imaginaire dernièrement au cinéma dans Les Derniers de son roman, le dictateur, Stätliten (toute jours du monde, le film qu’Arnaud et Jean-Marie Larrieu ressemblance, etc.), est à la fois xénophobe et obsédé ont tiré du roman de Dominique Noguez. par le retour à une pureté naturelle fantasmatique. La rentrée littéraire confirme cette vogue avec une demidouzaine de romans qui, sous des formes différentes (récit-catastrophe, roman post-apocalyptique, sciencefiction, dystopie), se raccrochent à cette lignée dont le plus illustre modèle reste le 1984 d’Orwell. À chaque

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Quant à Antoine Buéno et Denis Robert, c’est sur une autre dimension qu’ils mettent le doigt, celle des techniques médicales du futur et d’une humanité qui finira par accéder à l’immortalité, en se délivrant de l’angoisse métaphysique de la mort. Chez Denis Robert,

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« UNE LIGNÉE DONT LE PLUS ILLUSTRE MODÈLE RESTE LE 1984 D’ORWELL. » qui situe l’action de Dunk en 2029, on est encore aux prémices du phénomène, avec l’ambition folle d’un milliardaire vieillissant de transférer sa mémoire dans le corps d’un jeune basketteur. Antoine Buéno, lui, voit beaucoup plus loin : l’intrigue du Soupir de l’immortel se situe en «l’an 540 après Ford», autrement dit en 2478. Chez lui, les hommes ne meurent plus sauf accident, toutes les fécondations se pratiquent in vitro, la colonisation spatiale bat son plein et l’État contrôle la démographie à 100%. Le meilleur des mondes ? Pas sûr, on s’en doute… Buéno et ses confrères tirent ainsi sur les ficelles de notre époque pour lui renvoyer son image en miroir, en mêlant le jeu de la fiction à celui de la satire. On n’est pas obligé de croire à toutes les visions qu’ils nous proposent, surtout si l’on entend garder un peu d’optimisme; ce qui est sûr, c’est que cette tendance en dit beaucoup sur notre société, et qu’elle apporte une belle bouffée d’invention à la littérature française d’aujourd’hui. Kart de Frédéric Junqua (Léo Scheer) ; Le Soupir de l’immortel d’Antoine Buéno (Héloïse d’Ormesson) ; Warax de Pavel Hax (Seuil) ; Nord absolu de Fabrice Lardreau (Belfond) ; Siècle d’enfer de Frédéric Castaing (Au Diable Vauvert)

LE CINÉ LIVRE UNE ANNÉE AVEC FELLINI DE SONIA SCHOONEJANS (ARCHIMBAUD / KLINCKSIECK)

La chorégraphe belge, attachée de presse de La Città delle Donne (1980), a tenu un journal quotidien du tournage. Elle raconte avec malice le charisme du « maestro », à l’honneur cet automne entre rétrospective à la Cinémathèque et exposition au Jeu de Paume. _J.R.

LE COUP DE CœUR DE LA LIBRAIRE LA VÉRITÉ SUR MARIE DE JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT (MINUIT, ROMAN)

Où il est à nouveau question de Marie, après Faire l’amour et Fuir, dans ce roman qui gravite autour de Paris, Tokyo et l’île d’Elbe, entre le désir et la mort, entre l’extase et la rupture. Marie, électron libre que rien n’entrave, surtout pas les forces déchaînées de l’eau, du vent et du feu, mais que tout aimante, les hommes comme les choses. Par la force cinétique de son écriture, très visuelle et plastique, Jean-Philippe Toussaint nous offre un livre d’une grande beauté linguistique, et dont maints épisodes nous surprennent. _Pascale Dulon, libraire au MK2 Bibliothèque

_Par B.Q.

LIVRES _Par B.Q.

LES MAINS ROUGES DE JENS CHRISTIAN GRøNDAHL (GALLIMARD, ROMAN)

Dans l’Allemagne des années 1990, le narrateur retrouve une jeune femme qu’il a connue quinze ans plus tôt, et qui fricotait à l’époque avec le terrorisme. Sobre et captivant, ce petit roman mené comme un polar se lit comme une réflexion sur le rapport au passé.

LE LIVRE DES VIOLENCES DE wILLIAM T.VOLLMANN (TRISTRAM, ESSAI)

Quand Vollmann s’interroge sur la violence, cela donne vingt ans de travail, plusieurs milliers de pages, et un essai touffu qui mélange reportage, philosophie, lectures et témoignage, autour de cette question inépuisable : quand la violence est-elle justifiée ?

NO SMOkING DE wILL SELF (L’OLIVIER, ROMAN)

Derrière ce faux titre original (en anglais, le roman s’intitule The Butt) se cache le meilleur roman de Will Self depuis Les Grands Singes : une comédie satirique qui brocarde le politiquement correct et l’unilatéralisme occidental dans le décor loufoque d’une île touristique géante. Indispensable. OCTOBRE 2009


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84 LE BOUDOIR /// BD-THèQUE

extrait de J’ai le cerveau sens dessus dessous de David Heatley

TÊTE BRÛLÉE DAVID HEATLEY, RÉVÉLATION UNDERGROUND Inconnu en France, le jeune auteur américain DAVID HEATLEy s’impose avec son premier livre, l’acide et naïf J’ai le cerveau sens dessus dessous, comme l’héritier le plus crédible de Ware, Crumb et autres Clowes. _Par Joseph Ghosn (menstyle.fr)

Comme Chris Ware avant lui, Heatley n’hésite pas par les éditeurs indépendants, tout en me mettant à subdiviser ses pages en une pléthore de cases à faire mes propres variations d’histoires d’amour et minuscules, mais il le fait avec un trait brut, direct, de récits personnels. Je m’y suis collé suffisamment presque tremblant. J’ai le cerveau sens dessus dessous longtemps pour trouver ma propre voie, mais j’ai mis dix est son premier livre d’envergure, divisé en cinq ans pour atteindre le terrain artistique dans lequel je me catégories : Sexe, Race, Maman, Papa, trouve aujourd’hui. Famille. Ce qui donne immédiatement la veine de l’œuvre, autobiographique. La Tu dessines tes rêves : qu’est-ce qui te partie « Sexe » évoque toutes ses relations pousse à le faire ? sexuelles, réelles ou rêvées, reconstituées Lorsque j’ai décidé de faire de la bande dans les moindres détails. Mais la plus dessinée plus sérieusement, je me suis rendu imposante partie du livre est son cœur, compte que les meilleures BD que je lisais en noir et blanc (alors que le reste est en avaient une solide architecture narrative, en couleurs), consacrée au rapport de l’auteur plus d’être très bien dessinées. En débutant, au racisme. Il y fait le décompte de ses j’ignorais tout de la fiction, mais j’avais amitiés avec des garçons noirs, qu’il alterne emmagasiné dix ans de journaux intimes, avec des chroniques drôles et pertinentes remontant à mon adolescence. Je savais sur des disques de hip-hop qui l’ont marqué. au moins faire cela ! En m’y plongeant avec Il a répondu par mail à nos questions. l’idée d’en faire des BD, les rêves m’ont J’ai le cerveau sens dessus dessous de David Heatley immédiatement accroché. Ils étaient tout à (Delcourt) Quand as-tu commencé à dessiner ? fait perturbants, emplis de symboles et très J’ai toujours ressenti, depuis l’enfance, le besoin de personnels. Ils synthétisaient tout ce à quoi j’aspirais et dessiner ma propre version de tout ce que je lis. Tout ils étaient déjà écrits. J’avais juste besoin de les illustrer. petit, je faisais mes propres livres d’images et ma version Je l’ai fait pour une trentaine d’entre eux, dont certains de Pierre et le Loup. Adolescent, je me suis attaqué au sont dans le livre… Seigneur des Anneaux, Spiderman, Wolverine.Vers mes 20 ans, je me suis mis aux comics indépendants Le livre traite du racisme. Pour quelles raisons t’esaméricains, qui avaient paru dans les années 1960 tu attaqué à ce sujet ? puis ont ressurgi dans les années 1990. C’est dans ces Né blanc en Amérique, j’ai le racisme en moi. Me faire années-là que j’ai commencé à lire des comics publiés frapper par un groupe de gamins noirs à l’école ne OCTOBRE 2009

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« NÉ BLANC EN AMÉRIQUE, J’AI LE RACISME EN MOI. » m’a pas aidé. Mais j’aurais eu la plupart de ces pensées et sentiments de toute manière. J’ai été conditionné. Je savais que je voulais faire une BD sur le racisme. Tout comme j’ai réalisé à quel point mes rêves étaient un bon sujet à dessiner, j’ai réalisé que ma jeunesse emplie de racisme l’était aussi. J’ai grandi dans une école publique dans une ville à majorité noire… Je savais qu’il serait choquant que je parle de manière aussi candide du racisme que du sexe dans mon livre. Les blancs sont toujours précautionneux quand il s’agit de parler de race. Il y a toujours des craintes d’incompréhension. Mais je n’ai pas peur de ça. Je cite Malcolm X, un de mes héros, au début du livre : « Je suis pour la vérité, peu importe qui la raconte. » D’où vient le besoin de dessiner ton histoire familiale ? Sans doute l’envie de raconter les choses comme elles se sont déroulées, sans embellissement. Certains de mes premiers travaux ont un côté colérique, une sorte de règlement de comptes. Mais en dessinant chaque histoire, je me suis surpris à éprouver de la compassion pour ma famille.

Par Jo.Gh. _Par J.G.

BD CORONADO DE LOUSTAL (CASTERMAN)

Adaptation d’une nouvelle de Denis Lehane, Coronado est un petit bijou, aux airs rapides, évoquant certains mangas. Loustal est parfait dans cette veine noire, urbaine, dramatique et son dessin, raccord avec la dureté du récit de Lehanne, en est presque renouvelé, retapé.

UNE DEMI-DOUZAINE D’ELLES DE FANNy DALLE-RIVE ET ANNE BARAOU (L’ASSOCIATION)

Recueil en un seul volume de cette jolie série méconnue, sorte de pendant féminin au Boboland de Dupuy et Berberian. Les deux auteurs content un récit choral et touchant, témoignant d’une belle tendresse pour leurs figures de jeunes femmes bobos.

PACHyDERME DE FREDERIk PEETERS (GALLIMARD)

Après s’être un peu égaré dans une série décevante, RG, Frederik Peeters se rattrape ici grâce à un livre empli d’une fantasmagorie folle, surréaliste. Son dessin y est fort, presque minéral. Un seul regret : le livre est trop court, sa fin trop attendue, trop vite arrivée.

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86 LE BOUDOIR /// LUDOTHèQUE

MOTHER SOCCER FIFA 10 VS P.E.S. 2010, REVUE D'EFFECTIFS Abel et Caïn du jeu vidéo, la série FIFA et la lignée P.E.S. se taclent chaque année pour remporter la coupe, et faire tomber les joueurs sous la leur. Le championnat fratricide reprend ce mois-ci. Résumé des matchs précédents. _Par Étienne Rouillon

À l'automne, la guerre des boutons de manette reprend cartes Panini » de ses utilisateurs. Dans le vestiaire d'en dans les cours de récré. Le 1er octobre, Fifa 10 a fait la face, on appelait ces derniers les « footix », du nom de passe d'engagement. Le 22, c'est Pro Evolution la mascotte de la Coupe du monde 1998. Soccer 2010 (P.E.S. pour ceux qui épargnent Souvent plus âgés, les pro-P.E.S. s’avéraient leur salive) qui marque l'adversaire au corps. bien plus offensifs et intimidants. Des joueurs Le contrôle du ballon rond ne sera une durs sur le corps, essuyant des heures durant mince affaire pour aucune des deux parties. leurs crampons sur les canapés hexagonaux, Désormais très proches dans leur manière peaufinant sans cesse leur technique, les d'aborder le foot virtuel, FIFA et P.E.S. s'opposent pouces rougis par le frottement des sticks de manière frontale. De quoi faire réfléchir analogiques, pour au final élever la partie à deux fois les jeunes acheteurs, qui ne de foot virtuel au rang d'art populaire. peuvent pas chaparder chaque année FIFA 10 // Éditeur : suffisamment de pièces sur la monnaie du Electronic Bref, P.E.S. domine la première moitié de la Arts // pain. Pour eux, le gazon est maudit : à défaut Plateforme : Toutes décennie en misant tout sur le jeu et la de se payer les deux, il faut bien titulariser simulation. Les possibilités techniques et une équipe pour laisser l'autre sur le banc. tactiques d'un P.E.S. 2006 sur PS2 en font l'étalon du genre. À tel point qu'il convainc Avant 2007, le choix était plus facile. P.E.S. l'adversaire de franchir le Rubicon de la était incontestablement le morceau de jouabilité, quittant les rives stériles de l'arcade choix. À cette époque, on opposait avec pour celles de la simulation, un an plus tard. un peu de malveillance jouissive les joueurs La cuvée 2008 de FIFA offre des saveurs des deux camps. D'un côté, les FIFA : très jusqu'ici inconnues de son public. P.E.S. est arcades (comprendre : peu réalistes et donc rejoint sur son aile. Menacé, il ne se dégage redondants), reposant essentiellement pas du marquage et se fait trouer les filets sur les licences de joueurs célèbres et P.E.S. 2010 // Éditeur : avec un second tir implacable : l'an passé, d'équipementiers. En tant que jeu officiel Konami // Plateforme : P.E.S. 2009 est détrôné par FIFA 09, salué par la X360, PS3, PS2, PC, Wii de la Fédération Internationale de Football critique et les joueurs, ainsi que – révolution – Association, la série tirait partie de l'emballage au par certains puristes de P.E.S. De fait, Pro Evolution patine détriment du fond, pariant sur l’effet « nostalgie des sur les consoles de nouvelle génération, en faisant sien

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« APRÈS DIX ANS DE DOMINATION, PES EST DÉTRÔNÉ PAR FIFA EN 2008. » les vieux démons arcades de FIFA. Lequel continue son exploit personnel, avec les matchs en ligne : dix joueurs contre dix autres, chacun son personnage. Tout au long de l'année, les développeurs de P.E.S. 2010 préparent la revanche, répétant à l'envi avoir surtout tenu compte des critiques de la virulente communauté des joueurs. Qui va moucher rouge sur le tapis vert pour cette rentrée des tacles ? FIFA confirme son statut de référence en enfonçant le clou de la tactique, ce qui ravira les geeks du foot. Sans ajout tonitruant, ce titre bénéficie d'ajustements et d'équilibrages bienvenus dans la physionomie des joueurs. Cela devient même plus prenant qu'à la télé. De son côté, P.E.S. 2010 affiche une refonte graphique attendue et retrouve une crédibilité technique. Avec ses dimensions tactiques fouillées et des parties enfin dignes des consoles de nouvelle génération, P.E.S. s'est réconcilié avec son passé pour offrir un jeu qui soutient la concurrence actuelle. Balle au centre, donc. Mais le championnat n'est pas terminé. Prochain match dans un an…

_Par E.R.

JEUX TEMPêTE DE BOULETTES GÉANTES (UBISOFT, SUR PS3, X360, PC, WII, DS, PSP)

Au rayon des pitchs improbables, ce jeu tiré du film éponyme arrive en tête de gondole : un savant transforme la pluie en nourriture. Aux commandes du héros savoureux, les plus petits se repaîtront goulûment des tableaux appétissants, entre deux averses de kefta.

OPERATION FLASHPOINT : DRAGON RISING (CODEMASTERS, SUR PC, PS3, X360)

La guerre pour de vrai, c'est vachement dur. Une balle dans le bras, ça fait tout plein de problèmes : le fusil qui tremble, du sang dans les cheveux... Jouer la bataille pour de faux mais comme en vrai, c'est ce que propose ce titre qui s'impose comme la référence du réalisme guerrier.

CITIES XL (FOCUS HOME INTERATIVE, SUR PC)

Jamais simulation de construction de ville n'a été aussi complète. La faute à Internet : Cities Xl vous met dans la peau d'un maire, en réseau avec d'autres sur une planète virtuelle. On signe pour un second mandat.

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88 TRAIT LIBRE

Il était une fois en France de Fabien Nury et Sylvain vallée (Glénat, tome 1 et 2 déjà parus, tome 3 à paraitre le 28 octobre) Inspiré de faits réels, Il était une fois en France retrace la folle destinée de Joseph Joanovici. Juif d’origine roumaine, surnommé le « Roi de Paris », ce ferrailleur contrebandier a amassé la plus grande fortune de l’Occupation grâce à ses trafics avec les nazis. Scénario à rebondissements, trahisons à la Sergio Leone, suspense hitchcockien : cette fresque dessinée, qui doit beaucoup au septième art, conte avec brio l’itinéraire de cet homme qui tente de se racheter une conscience en pactisant avec la Résistance. _R.G.

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HOLLYWOOD STORIES // GRANDES ET PETITES HISTOIRES DU CINÉMATOGRAPHE 89

LES REJETONS Pour le public, ils représentent Hollywood, et pourtant Hollywood n’en voulait pas. Refusés, moqués ou sabotés, voici l’histoire des triomphes qui n’auraient pas dû exister. Troisième épisode de notre feuilleton : Le Seigneur des anneaux.

ÉPISODE 3, SAISON 2

_Par Rafik Djoumi

1990. Le jeune producteur Mark Ordesky tente de convaincre New Line d’engager un Néo-zélandais inconnu pour réaliser Freddy 6. Ce dernier, Peter Jackson, fait le voyage aux États-Unis, dort sur le canapé d’Ordesky et, après le refus de New Line, conclut qu’Hollywood n’est pas faite pour lui. 1995. Universal est vivement impressionné par les images de Fantômes contre fantômes, comédie à effets spéciaux réalisée en Nouvelle Zélande pour un budget dérisoire. Le studio accepte de financer le projet rêvé de son auteur, Peter Jackson : un remake de King Kong. 1996. Alors que Jackson vient d’embaucher à tour de bras et d’agrandir ses structures, Universal, qui redoute la concurrence du futur Godzilla produit par Columbia, débranche le projet King Kong. Heureusement Fran Walsh, la femme de Jackson, travaille depuis des mois sur un script volumineux adapté du Seigneur des anneaux. Le couple, s’estimant responsable des artistes qu’ils ont embauchés, décide d’aller négocier ce gros projet. 1997. En vertu d’un contrat signé à l’époque de son film Créatures célestes, Jackson doit d’abord présenter son projet à Harvey Weinstein du studio Miramax. Ça tombe bien, ce dernier vient d’acquérir les droits du livre de Tolkien. Mais Miramax est filiale de Disney, et le patron de Disney refuse de financer quoi que ce soit au-delà de 75 millions de dollars. Ce qui veut dire un seul film. 1998. Peter Jackson refuse de réduire l’entreprise à un misérable film. Aussi, Miramax lui retire le projet pour le confier à John Madden (Shakespeare in Love), afin qu’il adapte la saga de Tolkien en un seul film de deux heures. Ken Kamins, l’agent de Jackson, dénonce l’attitude de Weinstein. Ce dernier, craignant l’opprobre publique, laisse au couple Jackson/Walsh trois semaines pour trouver un nouveau studio (un délai qu’il sait impossible). Piqué au vif, Jackson prépare une démo avec argumentaire, effets spéciaux, costumes et décors. Kamins contacte les majors, qui refusent toutes d’y jeter un œil. Seul le petit studio New Line ouvre ses portes. Apparemment, un certain Mark Ordesky a fait des pieds et des mains pour convaincre son patron Bob Shaye. À la fin de la projection, Shaye se tourne vers le couple Walsh/Jackson : « Mais pourquoi deux films ? Il n’y a pas trois livres à la base ? » Cherchant depuis des années une franchise pour son studio, Shaye est prêt à prendre un risque insensé et financer trois films, de 90 millions chacun, réalisés à l’autre bout du monde par des artistes quasi-inconnus. 1999. Après des mois de préproduction intensive, le tournage débute le 11 octobre. Les trois épisodes seront filmés d’un seul bloc, sur 274 jours. Alors que dans les médias, l’annonce du projet n’excède pas les trois lignes (pas de stars, réalisateur inconnu), sur Internet, les sites de fans poussent comme des champignons.

2001. Festival de Cannes. La presse est invitée à découvrir des extraits du « machin qui excite tant les internautes ». Vingt-six minutes plus tard, Peter Jackson est une star. Retrouvez la nouvelle saison d’Hollywood Stories le mois prochain dans Trois Couleurs.

OCTOBRE 2009

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90 SEX TAPE /// L’INSTANT ÉROTIQUE

CROQUEUSE D’HOMMES

Lycéenne cannibale, Jennifer se repaît de la chair d’infortunés mâles, séduits par sa plastique parfaite. Terne et affaiblie quand elle n’a pas « mangé », elle se transforme en bombe sexuelle dès qu’elle est rassasiée. « Je suis une déesse », ditelle en plaçant un briquet sous sa langue, qui retrouve instantanément son rosé délicat. Langue en feu et répliques mordantes, que l’on doit à la scénariste de Juno, Diablo Cody, connue pour ne pas avoir la langue dans sa poche. Question féminisme, on ne reste pas sur sa faim. Sans compter que le film, signé Karyn Kusama (Girlfight), passe à la moulinette tous les clichés du teen movie, de l’ado EMO au bal de promo, avec un appétit… dévorant. _S.M. Jennifer’s Body de Karyn Kusama Avec Megan Fox... Sortie le 21 octobre


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