La collection de peinture de l’Hasdrubal Thalassa s’expose à l’hôtel de ville de Paris

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Les lettres tunisiennes à l’honneur

Exposition de peinture contemporaine TUNISIE - IRAK (collection hasdrubal Hotels)

Avec le soutien du Ministère du Tourisme et du Ministère des Affaires Culturelles de la République tunisienne

Hôtel de ville de Paris Hôtel de ville de Paris du vendredi 2 du vendredi 2 au dimanche 4 février 2018 ENTRÉE LIBRE4 février 2018 au dimanche

ENTRÉE LIBRE


HAsdRubAl THAlAssA & sPA HOTEls TuNIsIE «Collection privée»

SYMBIOSE Exposition dE pEinturE contEmporainE dE la collEction hasdrubal dans le cadre de la 24ème édition du Maghreb orient des livres organisée par l’association coup de soleil. hôtel de ville de Paris - 1er étage - espace librairie les 2,3 et 4 février 2018


HAsdRubAl THAlAssA & sPA HOTEls TuNIsIE «Collection privée»

avec le soutien du Ministère du tourisme - tunisie et le Ministère des affaires culturelles -tunisie

HAsdRubAl, uN CHOIx CulTuREl la collection de peintures de la chaîne hasrubal thalassa&spa hotels, fruits d'une passion et d'un intérêt constant de M. Mohamed amouri, son président et de M. raouf amouri son directeur général, a, nous pouvons l'affirmer aujourd'hui, incontestablement inscrit une dynamique culturelle dans le secteur touristique. développée à partir de 1970, cette collection, qui réunit des œuvres représentatives de l'histoire de la peinture tunisienne depuis le début du XXe siècle , n'a cessé d'être enrichie par l'acquisition de peinture contemporaine, à travers le renouvellement des formes, la diversité des matériaux et le rapport à l’environnement. elle permet grâce à la variété des expressions et la pertinence du choix des œuvres savamment exposées dans l’espace des hôtels, un regard critique sur une pratique artistique qui témoigne des conduites créatrices de notre présent. un des intérêts de cette riche entreprise culturelle est notamment la constitution de collections d’œuvres reflétant, dans sa globalité, le parcours de peintres remarquables comme feu ridha bettaieb ou feu aly ben salem à qui l’exposition Printemps d’hasdrubal rend un hommage particulier. Plus qu’une collection, il s’agit la d’un patrimoine.

initiateur de l’exposition : Mr Georges Morin

le choix culturel fait par les promoteurs ne se limite pas à l’exposition des peintures qui rayonnent par leur présence dans un espace touristique, il porte aussi sur le développement de manifestations autour du phénomène de création. cette option d’ouverture aux acteurs culturels est une initiative porteuse d’avenir pour un lien durable entre l’espace touristique et son environnement.

conception et coordination de l’exposition : raouf amouri et ridha amouri commissaire de l’exposition : Khelil Gouia représentante de l’hasrubal : M Fairouz amouri me

rachida triKi Professeur de philosophie de l’art université de tunis


‫‪6x6‬‬ ‫من مجموعة‬

‫صدر بعل الفنية‬

‫ال تنتمي األعامل الفنية املنتقاة من مجموعة صدر بعل إىل عامل‬ ‫برصي واحد‪ .‬غري أن ذلك ال ينفي وجود عوامل مشرتكة تجمع بينها‪ .‬رمبا يقف‬ ‫يف مقدمة تلك العوامل مسعى الفنانني يف العراق وتونس إىل خلق فن حديث‪،‬‬ ‫يتامهى مع ما تنطوي عليه بيئته من رشوط للوضع البرشي‪ ،‬وعالمات يشعر‬ ‫الناظر إليها بتم ّيز املكان الذي يحتويها‪ .‬لذلك اجتمع التشخيص والتجريد‪ ،‬كام‬ ‫لو أن الواحد منهام يك ّمل اآلخر‪ ،‬وهو ما كان مؤثرا يف عملية صياغة الهوية‬ ‫الحديثة للفن يف كال البلدين‪ ،‬وصنع وشائج صلة بني تجربتني فنيتني‪ ،‬انطلقتا‬ ‫نحو الحداثة من رؤية واحدة‪ ،‬بالرغم من اختالف مفرداتهام الجاملية‪.‬‬ ‫ويف كلتا ال َتجربتني‪ ،‬كانت هناك روح تستمد طاقتها من الثابت‬ ‫املتغري اإلنساين‪ .‬هذه العالقة العضوية‬ ‫املكاين‪ ،‬وكان هناك مزاج تنبعث قوته من ّ‬ ‫بني املكان واإلنسان كانت أصل الحكاية التي ال تُخفى تفاصيلها حتى يف‬ ‫اللوحات التجريدية‪ .‬هناك عاطفة‪ ،‬هي مزيج من الشقاء والسعادة تتسلل من‬ ‫خالل مرويات التقطها الرسامون من أفواه الناس العاديني ليش ّيدوا من خالل‬ ‫خيالهم قصورا ملعجزاتهم البرصية‪ .‬يشء ميكن أن ال يصلح للوصف املبارش هو‬ ‫ما يهب هذه األعامل الفنية مرشوعية أن تُعرض معا‪ ،‬كونها مت ّثل نتائج عملية‪،‬‬ ‫لبحث نظري كان الهدف منه التكامل عن طريق الفن يف العامل العريب‪.‬‬ ‫بعد عقود من رسمها‪ ،‬تبدو لوحات املعرض وفية لفكرة التغيري‪ .‬فهي‬ ‫متسكها مببدإ الجامل املطلق‪ ،‬وهي يف الوقت نفسه تهبنا‬ ‫ال تزال ح ّية من خالل ّ‬ ‫فكرة عن زمانها‪ ،‬ال من جهة توثيقية‪ ،‬تعريفية‪ ،‬بل من جهة الرغبة يف الحفاظ‬ ‫يعب اإلنسان من خاللها عن شغفه باملكان وأهله‪.‬‬ ‫عىل لحظة جامل‪ّ ،‬‬ ‫ما يراه املرء يف اللوحات من جدل عاطفي بني املوروث والحياة‬ ‫املعارصة‪ ،‬إمنا هو فكرة عن عرص‪ ،‬كان العرب فيه يسعون إىل تقديم صورتهم‬ ‫الحقيقية إىل العامل من خالل واحدة من أكرث الوسائل نبال‪ ،‬الفن‪.‬‬ ‫لقد اخترص الفنانون املسافة التي تفصل بني تونس والعراق‪ ،‬من‬ ‫خالل نزعة عاطفية اجتاحت املكان بعصف املركب السكران حسب أرثور‬ ‫رامبو‪.‬‬ ‫فاروق يوسف‬ ‫ناقد ف ّني وشاعر‬

‫‪7‬‬

‫‪6‬‬


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de la collection « hasdrubal » des œuvres d’art Farouk Youssef critique d’art et poète

les œuvres d’art sélectionnées de la collection « hasdrubal » Yasmine hammamet, tunisie n’appartiennent pas à un seul monde visuel. cependant, cela ne nie pas qu’elles partagent des facteurs communs qui les unissent. Peut-être que le plus important est l’effort des artistes, en irak et en tunisie, de créer un art moderne qui reflète l’environnement humain et une symbolique des signes qui conforte le regard dans l’idée qu’on est en présence de lieux spécifiques. Pour cela, le figuré et l’abstrait se sont réunis comme si l’un complétait l’autre et ont contribué à façonner l’identité moderne de l’art dans les deux pays et à tisser les liens entre deux expériences de création en quête de modernité à partir d’une vision commune malgré les différences remarquables de leur vocabulaire esthétique. dans les deux expériences, l’esprit des lieux immuables se conjugue au variable humain. a l’origine c’est donc l’histoire d’une relation organique entre l’espace et l’homme et dont les détails non dissimulés se nichent même dans les peintures abstraites. il y a une émotion faite de douleur et de bonheur qui traverse les récits et les dits recuellis chez les gens les plus simples par les peintres pour construire grâce à leur imaginaire une féérie visuelle. ce qui peut échapper à la description est aussi ce qui légitime la juxtaposition de ces œuvres dans une même exposition en ce sens qu’elle est le fruit d’une tentative de recherche théorique dont l’objectif est la complémentarité par le biais de l’art dans le monde arabe. des décennies après, les toiles de cette exposition semblent être restées fidèles à l’idée de changement. elles sont vivantes parce qu’elles s’inscrivent dans l’esprit de la beauté absolue tout en restituant une idée de leur époque non pas d’un point de vue documentaire et identitaire mais dans ce désir de saisir et de préserver un moment de beauté où l’homme exprime sa passion pour le lieu et les habitants. a travers ce que l’on entrevoit d’une dialectique émotionnelle dans ces peintures entre legs ancien et vie contemporaine, ce qui apparait c’est l’idée d’une époque où les arabes cherchaient à présenter au monde leur véritable image à travers l’un des plus nobles moyens, l’art. les artistes ont raccourci la distance entre la tunisie et l’irak à travers un élan émotionnel qui envahit les lieux et les submerge à l’image du bateau ivre d’arthur rimbaud.

(texte de Farouk Youssef, traduit de l’arabe)

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unE SYMBIOSE du maGhrEb - oriEnt au sErVicE dEs ValEurs dE la libErtÉ Et dE la crÉatiVitÉ (saveur de l’œil et passions de vivre) dr Khélil Gouia Professeur des sciences et des techniques des arts. universités de sfax et de carthage chercheur à l’université de toulouse 2

symbiose est une exposition qui prouve, encore une fois, qu’il est impossible d’activer le processus d’un dialogue entre les peuples sans le paradigme de la culture, créatrice de valeurs. en fait, cette tranche emblématique de la collection « hasdrubal »1, Yasmine hammamet, tunisie, exposée à l’hôtel de ville de Paris, à l’occasion du Maghreb-orient des livres dans sa 24ème session organisée par l’association coup de soleil, comporte treize tableaux de différents styles et techniques, peints par des artistes pionniers tunisiens et irakiens et marque une certaine parenté esthétique entre eux. bien entendu, cette exposition témoigne de ce par quoi une telle initiative, qui anime l’interaction entre cultures, styles et manières de voir, représente le sens profond d’une coexistence et la signification d’un dialogue fertile. bien évidemment, l’objectif de cette symbiose est de véhiculer notre réception des œuvres exposées sur les termes de la créativité, de la liberté et des valeurs inépuisables de l’art. articuler le projet du développement culturel sur la créativité dépend d’un dialogue structurant entre le Maghreb et l’orient arabe qui invite à la création des valeurs et à l’échange des idées. À cet égard, symbiose représente, bel et bien, une occasion propice pour continuer le processus de création ; l’épreuve de cet échange proprement esthétique, focalisé sur les interrelations émotionnelles, ainsi que sur le commun de l’histoire et sur les éléments identitaires bien ancrés dans l’imaginaire esthético-symbolique. cela étant dit, seul le rapport immédiat à notre espace socio-culturel peut atteindre l’originalité d’une telle expérience esthétique. cela fait écho avec l’œuvre exposée du doyen aly ben salem, qui manifeste cette ambiance paradisiaque submergée de joie et de liesse, bien aromatisée de jasmin. laquelle ambiance où la rencontre de antar et abla, romeo et Juliette devient plausible. bien plus, les récits orientaux des « Mille et une nuits », autour de shéhérazade, déjà devenus des éléments iconiques de nature merveilleuse dans l’espace pictural de hassan alwan, nous invitent à évoquer cette musicalité nostalgique et cet aspect fantastique dans la genèse d’une histoire esthétisée et inspirée de cette littérature. Par ailleurs, une bonne synergie créatrice vient de fonctionner sur le plan interprétatif qui est le fruit d’une « complicité esthétique » entre le peintre

1 - la collection « hasdrubal », tunisie, tire sa valeur de la richesse esthétique des artistes du monde arabe pionniers… elle témoigne d’une créativité picturale en matière d’art moderne et actuel et illustre, bel et bien, l’histoire de la peinture tunisienne, algérienne, marocaine et irakienne depuis le début du XXe siècle. Fort heureusement, parmi les mérites d’une telle collection c’est qu’elle a participé à la préservation de l’œuvre des peintres irakiens lors de l’embargo qui était imposé sur leur pays pendant une quinzaine d’années. Plus qu’une collection, il s’agit en effet d’un patrimoine riche, palpitant et resplendissant. Fructifier le capital de sympathie entre culture et tourisme et intensifier la présence de l’art dans le travelling touristique ; deux finalités principales qui forment la raison de cette collection.

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« unidimensionniste » irakien dhia azzawi et abou al-Kacem chebbi, l’icone de la poésie tunisienne par excellence. il s’agit d’une correspondance entre image et langage, peinture et poésie, dans ce sens où l’acte pictural rend visible ce qui est de nature connotative dans l’univers métaphorique de la « Volonté de vivre » de abou al-Kacem dans son fameux recueil « les chants de la vie ». l’œuvre de azzawi est un devenir–image du texte poétique, voire un processus infini dans le jeu infini des corrélations du langage métaphorique. l’œuvre, et par conséquent le signe, forme un « simulacre » entre le monde imagé et le langage. il en résulte que l’œuvre, ellemême, se présente à nous comme une lecture ouverte qui n’est jamais achevée. les signes plastiques nous offrent une manière de voir ce monde poétique autrement, sous l’effet de cette symbiose, voire cette synergie. une telle convergence entre les modes d’interprétation englobe ce qui est relatif à l’esprit créateur. tout dépend de cette potentialité de voir et de créer le sens d’un monde dynamique en genèse, pour faire parler cette profondeur sensorielle et frémissante qui palpite au fond intime de l’œil le plus énigmatique, entre couleurs et douleurs ou plutôt entre les mots et les choses, dans un flou artistique. un tel regard pensif est bien illustré chez un Mahmoud sehili qui s’installe dans l’énigme esthétique d’une Médina nostalgique, mais qui reprend corps entre les lignes et qui prêche l’inconnu par une transparence submergée de lumière. cependant, avec néjib belkhodja, nous ne pouvons qu’apprécier ce jeu créatif entre les signes, plastiques et iconiques, autrement entre l’imaginal pictural et le mémorial architectural. belkhodja trouve une double issue du dominant. il échappe, d’une part, à la figuration stricte qui prédominait la toile de chevalet en tunisie à cette époque-là, d’autre part, à l’art abstrait moderne lui-même. son objectif était de proposer une abstraction vécue ou une figuration abstraite où s’enchevêtrent l’image de l’homme et les compositions architecturales. il s’agit d’ « une figuration qui tient des lois abstraites », selon l’expression de l’artiste. À travers les métamorphoses de la forme-signe, l’art de belkhodja transgresse intelligemment toute lecture superficielle ou exotique. Parallèlement, c’est également une reconstitution incessante de l’espace qui l’intègre dans les potentialités et la dynamique de l’histoire. de ce fait, la toile n’est pas la-Médina-arabe, mais une Médina propre à l’artiste ; elle est une invention et non une représentation. dans une telle optique, l’art n’est plus une fixation des formes de vie mais une résurrection de la Vie des Formes après avoir été aplati dans la mémoire, figée dans les lectures et recalcifiées dans la civilisation. il en va de même à remarquer que cette symbiose de signes englobe à l’arrière-fond sémiologique de la toile une connotation relative au sens proprement dit de la civilisation. À travers l’acte de peindre, les artistes caressent la facette d’une histoire identitaire qui rayonne, sans cesse, dans les méandres de l’esprit, mais aussi au fond de la toile, tel qu’il est bien élucidé chez Fakher Mohammed et dhia al Khouzai où l’aspect brut-al des touches nous permet de nous jouir inlassablement et de contempler aisément la métamorphose du regard dans sa conduite purement enfantine. À ce niveau du regard, il s’agit des signes en pseudo-lettres2 et d’autres en motifs imagés qui fonctionnent comme étant des caractères lisibles au sein d’une text-ure typographique riche de configurations mythologiques. d’ailleurs avec un rafa nasiri ou un Mo-

2 - il s’agit de toute une génération de peintres irakiens qui tendent à récupérer l’image d’un irak prospère, un irak où l’avènement de la lettre a eu lieu depuis l’aube des civilisations. une telle donnée a fait écho dans la formulation de l’unidimensionnisme et ses discours, cette tendance irakienne où la lettre inspire les gestuels de l’acte pictural.

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hammed Muhreldine, la généalogie de l’espace pensif nous mène à contempler le mouvement des signes dans un Être épars, fragmenté, inspiré du collage et des éléments graphiques, fort liés aux dessins enfantins - déjà présents dans l’œuvre de rafik el Kamel et, autrement, dans celle du maître iraquien Jawad salim, admirant de Picasso - mais accompagné d’une texture rigide où les signes se confectionnent sur un plan unidimensionnel. À l’égard d’une peinture en train de se faire, la vision d’un espace hétérogène dont les éléments sont éparpillés ici et là, sollicite la réflexion sur un univers dichotomique, fluide d’un côté et rigide d’un autre, qui nous envoie vers ses répercussions sur le plan symbolique. advienne que pourra, l’œil à l’état de ce tiraillement reste suspendu entre hautes sensibilités plastiques opposées, alors que la toile n’accède jamais à son état d’achèvement. Par contre, avec un ridha bettaieb, l’univers des signes atteint un moment de transcendance purement abstrait, articulé sur les termes de l’unité et de la structure harmonieuse. Même si la palette chromatique avoue son effet de contraste, la pensée picturale chez l’artiste éveille dans l’esprit un monde expressif imprégné de vivacité et d’émotions, mais aussi subtil et bien structuré, voire bien calculé quant au traitement de l’espace ainsi qu’à sa répartition minutieuse. comme on l’a montré précédemment avec belkhodja, il peut se faire que le signe pictural échappe à la figuration du réel pour trouver sa valeur dans l’autonomie du langage plastique. Par conséquent, l’œuvre cesse d’être un point d’envoi au royaume des signes, pour devenir le procès de sa production, de son processus de création. la peinture devient un acte, un faire qui se détache perpétuellement des codes de signes préétablis qui étaient à l’origine comme assise de la représentation. À vrai dire, le jeu des corrélations des éléments picturaux nous montre à quel point les signes s’adjoignent et se recoupent en fonction de cette symbiose en marquant la richesse de ces démarches et leur diversité. bien plus, avec l’œuvre d’abderrazak sehli la voie s’ouvre pour se pencher sur cet espace micro cellulaire quasi homogène3 qui se compose ipso facto, où la métamorphose des signes quitte le terreau vital du quotidien pour se confectionner « spontanément » dans une picturalité problématique interpellant les questions les plus épineuses de la société de consommation. « Mon travail porte sur le fait d’assembler et de traiter ces signes-éléments. l’œuvre n’est que cette partie extraite du quotidien dont les composants accumulés ou éparpillés de-ci, de-là témoignent de sa genèse chaotique », disait sehli dans un témoignage en 1999, une dizaine d’années avant son décès. dans cette optique, nous sommes tous identifiables à ces signes-objets qui nous entourent, et souvent à ces signes égarés quelque part dans les tumultes de l’inconcevable ! À l’égard d’une situation interprétative ainsi représentée, la parole peut s’arrêter, mais l’embryologie de ces signes continue sans cesse de nous fasciner. en vertu de cette symbiose vécue dans ces différentes démarches, l’art est ainsi conçu comme étant un surcroît de perception ou même une croissance d’un regard humain qui cherche à tisser le discours visuel et imagé de sa contemporanéité… la voilà, la sémantique d’une coexistence possible, le sens d’une expérience de vivre ensemble dans une telle symbiose créatrice.

3 - d’ailleurs, ce type de traitement micro cellulaire de l’espace évoque dans la lecture d’un sehli tunisien, la valeur d’une tunisie riche en matière de patrimoine esthétique et technique relatif à la mosaïque. les fouilles de ces dernières décennies ont déjà mis à jour une gamme très variée de pavimenta punica ou de ces pavements en mosaïque qui sont basés sur le traitement spatial par tesselles (opus tessellatum) et qui s’échelonnent sur les iVème et iiième siècle avant J. c. à Kerkouane, tunisie…

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Poesie abou el-KaceM chebbi ARTisTes dhia azzawi raFiK el KaMel MohaMMed Muhreldine ridha bettaieb raFa an-nâsiri neJib belKhodJa hassan alwan alY ben saleM FaKher MohaMMed abderazzaK sehli dhia al Khuzaï MahMoud sehili 14

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Abou El-kacem

ChEBBI

né le 24 février 1909 à tozeur et mort le 9 octobre 1934 à tunis.

abou el-Kacem chebbi : grand poète tunisien et arabe moderne, auteur du recueil célebre, «chants de la Vie» . très jeune, chebbi voyage à travers toute la tunisie. en 1920, il entre à l’université zitouna où il connaît de difficiles conditions de vie. en parallèle à l’écriture de ses poèmes, il participe aux manifestations antizitouniennes qui agitent alors tunis. ayant terminé ses études, il commence à fréquenter des cercles littéraires et, le 1er février 1929, tient une conférence à la Khaldounia avec pour sujet l’imagination poétique chez les arabes. il y critique la production poétique arabe ancienne et cette conférence, bien qu’elle déclenche dans tout le Proche-orient des réactions violentes à son encontre, participe au renouvellement de la poésie arabe... sa santé, déjà fragile, se dégrade considérablement et il meurt subitement à l’âge de 25 ans... ses poèmes apparaissent dans les plus prestigieuses revues de tunisie et du Moyen-orient. Fortement influencé par le romantisme européen des 18ème et 19ème siècles, chebbi, qu’on a pu surnommer « le Voltaire arabe », se penche sur des thèmes comme la liberté, l’amour et la résistance, notamment dans son fameux «Ila Toghat Al Alaam» qui s’adresse « aux tyrans du monde » et qu’il écrit en plein protectorat français de tunisie...

bibiliothèque nationale - tunisie

«la volonté de vivre» (d’après abou el-Kacem chebbi)

dhia azzawi, «la volonté de vivre», lithographie mécanique, (31/125), 50x65 cm, 1994.

Lorsque les âmes tendent vers la vie le Destin est contraint de répondre (Traduit par Ameur Ghedira)

inspiré par les chansons de la vie d’ abou el-Kacem chebbi, dhia azzawi a magnifié celles-ci à travers des acryliques sur papier objets d’une serigraphies. toute la poésie chebbienne est ici rendue par des tensions chromatiques et des libertés de traits, caractéristiques de cet artiste. bady ben nasseur Journaliste - la Presse de tunisie

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‫إرادة احلياة‬

la VolontÉ dE ViVrE

‫ِيب القَــــ َد ْر‬ َ ‫فَال بُ َّد أ ْن يَ ْستَج‬ ‫َوال بُ َّد لل َق ْي ِد أَ ْن يَـ ْنك َِســــــ ْر‬

lorsqu’un jour le peuple veut la vie, Force est, pour le destin, de répondre Pour la nuit de s’évanouir, Pour les chaînes de se rompre. le vent rugit dans les gorges, au sommet des montagnes, sous les arbres : « Moi lorsque je tends vers un but, « laissant toute prudence, je m’embarque dans le rêve « Qui n’aime point escalader les monts, « traîne à jamais dans les crevasses » Je sentis bouillonner dans mon cœur le sang de la jeunesse, des vents nouveaux se levèrent en moi Je me mis à écouter leur chant a écouter le tonnerre qui gronde, la pluie qui tombe et lorsque je demandais à la terre : « Mère déteste-tu les hommes ? elle me répondit « Je bénis les ambitieux parmi les hommes et ceux qui ont plaisir à affronter le danger Je maudis celui qui n’évolue pas avec le temps Qui se contente d’une vie de pièrre Voici l’univers : plein de vie, il aime la vie et méprise les morts, si grands soient-ils de dépouilles d’oiseaux ne s ‘encombrent l’espace et l’abeille ne baise pas les cadavres des fleurs sans mon cœur maternel ces tombes jamais ne se seraient renfermées sur des morts

(traduit par ameur Ghedira )

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‫ت َ َب َّخـ َر يف َج ِّو َهـا َوانْ َدث َــــــــ ْر‬ ‫ِم ْن َص ْف َعـ ِة ال َعـ َدم امل ُ ْنتَ ِصــــر‬ ‫َو َح ّدث َنـي ُرو ُحـ َها امل ُ ْستَتــــــِر‬ ‫َوفَ ْو َق ال ِج َبال َوت َ ْح َت الشَّ َجـ ْر‬ ‫يت ال َحذَر‬ ُ ‫َركِ ْب ُت الْ ُم َنى َون َِس‬ ‫ـب امل ُ ْستَ ِعـــــــر‬ ِ ‫َوال كُ َّبـ َة اللَّ َه‬

‫يَ ِع ْش أَبَ َد ال َّد ْه ِر بَ ْ َني ال ُحفَــر‬ ‫اح أُ َخــــر‬ ٌ َ‫َو َض َّج ْت ب َِص ْدرِي ِري‬ ‫َو َع ْز ِف ال ِّريَاح َو َوقْعِ املَطَـــــر‬ »‫« أَيَـا أُ ُّم َه ْل تَ ْك َر ِه َني ال َبشَ ــر؟‬ ‫ُوب ال َخطَــــــر‬ َ ‫َو َم ْن يَ ْستَلِـ ُّذ ُرك‬

ِ ‫َويَ ْق َن ُع بِال َع ْي‬ ‫ـش َع ْي ِش ال َح َجــر‬ ‫َـــــــب‬ ‫َويَ ْحتَ ِق ُر الْ َم ْي َت َم ْه َام ك‬ ُ

‫إذا الشّ ْع ُب يَ ْو َماً أ َرا َد الْ َح َيـاة‬ ‫َوال بُـ َّد لِلَّيـْلِ أ ْن يَ ْن َجلِـــــــــي‬

‫َو َم ْن لَ ْم يُ َعانِ ْق ُه شَ ْو ُق الْ َح َيـاة‬ ‫فَ َويْ ٌل لِ َم ْن لَ ْم ت َشُ قْـ ُه الْ َح َياة‬ ُ‫ـي الكَائِ َنــــات‬ ْ ‫كَذلِ َك قَال‬ َ ِ‫َـت ل‬

‫يح بَ ْ َني ال ِف َجاج‬ ُ ‫َو َدم َد َمت ال ِّر‬ ‫ـت إلِـى غَـايــــَ ٍة‬ ُ ‫إذَا َما طَ َم ْح‬

‫َولَ ْم أَت َ َج َّن ْب ُو ُعـو َر الشِّ َعـــاب‬ ‫َو َم ْن ال يُ ِح ّب ُص ُعو َد ال ِج َبـال‬

‫ـاب‬ ِ ‫فَ َع َّج ْت ِب َقلْبِي ِد َما ُء الشَّ َب‬ ‫ أُ ْص ِغي لِق َْص ِف ال ُّر ُعو ِد‬،‫َوأَطْ َرق ُْت‬

: ‫ ل َّ​َام َسأَل ُْت‬- ‫َوقَال َْت ِ َل األَ ْر ُض‬ ِ ‫«أُبَار ُِك يف ال َّن‬ ‫اس أَ ْه َل الطُّ ُمو ِح‬ ‫وأَلْ َع ُن َم ْن ال ُ َمي ِايش ال َّز َمــــا َن‬ ‫ـب ال َح َيا َة‬ ُ ‫ يُ ِح‬،‫ُه َو ال َك ْو ُن َح ٌّي‬

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Aly ben salem, les deux amies, email Ă froid sur isorelle, 72x97 cm, 1940, collection privĂŠe hasdrubal 20

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Découpage collage, 65x50 cm, 1999.

«la volonté de vivre», acrylique sur papier arche, 65x50 cm, 1993.

Dhia

dhia azzawi est l’un des plus prestigieux artistes arabes contemporains. il vit et travaille à londre depuis 1976.

1939 (IRAK)

son œuvre polyvalente (peinture, gravure, tapisserie, céramique) est l’objet de grandes expositions en occident et dans les pays du monde arabe.

AZZAWI

il utilise la lettre arabe ainsi que des éléments formels/informels pour remonter jusqu’aux sources de l’art sumérien et assyrien. ses couleurs

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fortes à dominante rouge, indigo et vert caractérisent son œuvre qui se met aussi à la disposition des poètes, (en porte folio). adonis, Mahmoud darwich, Mohamed Mahdi al Jawahiri, abou el-Kacem chebbi... caractéristiques : œuvres bidimensionnelles. elle traduisent cette caractéristique propre à l’art irakien : la traversée du passé à l’universalité. bady ben nasseur

Rafik

EL KAMEL 1944 (TunISIE)

rafik el Kamel est né à tunis en 1944. il est diplômé de l’ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. sa peinture depuis 1970, est de tendance formaliste, à travers une perception de la réalité fragmentée et des formes en gestation. il navigue aisément entre l’art formel et informel, restituant les scènes de la vie traditionnelle comme du plus simple quotidien.

caractéristiques : ni tout à fait abstraite, ni vraiment figurative, sa peinture (peinture, collage) cherche à saisir des scènes suspendues dans l’instant avec force de couleurs et de lumière.

bady ben nasseur

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Technique mixte sur toile, 70x85 cm, 2000.

Mohammed

MuhRELDInE 1938 - 2015 (IRAK)

Fut l’un des six artistes signataires du manifeste de la vision nouvelle. il est né à basra en 1938. il a étudié à l’institut des beaux -arts de bagdad, puis il s’est rendu en Pologne oû il a obtenu un diplôme à l’académie des beaux arts de Varsovie en 1966. Mouhammad Mahrouddine a fait montre d’une grande habilité technique au cours de ces dernières années, et d’expériences dans lesquelles l’influence de ses maîtres de Varsovie, particulièrement d’antonio tapies, furent manifestes. dans son traitement de la peinture, il introduit un élément de protestation, et il fait usage d’un sens délicat des couleurs. il est fort intéressé par le caractère esthétique de la technique

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Technique mixte sur papier, 65x50 cm, 1970.

et se sert de certains matériaux tels que le bois, l’acrylique, le plâtre et le sable, utilisés pour préparer la surface matérielle de ses tableaux, compte tenu de la lumière, en vue de produire un effet spécial. il accorde beaucoup de soin au point de chute de la lumière, qui intervient dans les rapports entre le matériau, la luminosité et les éléments qui font mûrir le processus de création dans l’oeuvre d’art. de là jaillissent le sens artistique et la claire vision, qui ne peuvent pas être séparés des conditions de la réalité

extrait du livre l’art contemporain en irak

Ridha

BETTAIEB 1939 - 1993 (TunISIE)

ridha bettaïeb fait partie des pionniers de l’abstraction en tunisie. on peut considérer les trente années de peinture de l’artiste comme une lente maturation d’une expression plastique qui l’a fait passer du figuratif ou semi-figuratif à une expression épurée, mais fortement sensorielle des atmosphères propres aux couleurs et formes tunisiennes. dès 1963, ses œuvres figuratives privilégiaient déjà un jeu de formes et couleurs qui faisait passer au second plan le sujet de la représentation. depuis il travaille à un traitement de formes chromatiques cinétisantes jusqu’à affirmer progressivement l’autonomie des couleurs dans une bi-dimensionalité où persite l’impression de volumes.

ses recherches se feront dans la discrétion et le calme qui lui sont propres et qui expliquent peut-être la puissance qu’il avait à capter les atmosphères, les nuances marines et les gammes des cieux méditérranéens. le passage du figuratif à l’abstrait n’a pas constitué, pour ridha bettaïeb une rupture, mais une façon de dire autrement la même chose.

rachida triki 25


Rafa

An-nâSIRI 1940 - 2013 (IRAK)

né à tikrît en 1940. il fit son diplôme à l’institut des beaux-arts de bagdad en 1959.il obtint une bourse pour aller étudier l’art en chine et sortit diplômé de l’académie centrale des arts de Pékin en 1963. il bénéficia également d’une bourse de recherches de la Fondation Gulbenkian à lisbonne pour étudier le graphisme de 1967 à 1969. les œuvres de rafa an nasiri s’orientèrent vers l’expressionnisme après avoir d’abord subi l’influence de l’école traditionnelle chinoise de graphisme. ensuite, inspiré par la calligraphie arabe, le peintre se tourna vers l’abstraction et collabora à l’exposition des unidimensionnistes en 1971. nasiri est un peintre qui se distingue par une habileté particulière à mêler les valeurs formelles des lettres arabes aux potentialités graphiques et chromatiques, d’une façon qui ne peut laisser aucun doute sur le caractère mystique de sa vision. le rapport entre sa tendance graphique originale, enrichie d’apports d’art chinois, et les nouvelles formations de lettres est logique et admissible. 26

Gravure aquateinte eau forte, E/A, 65x60 cm, 1990 .

son habileté technique est incontestablement une virtuosité suprême qui maîtrise les équilibres, les étendues et les vides. c’est l’habilité d’une harmonisation dont même le silence est partie lyrique. c’est ce qui le rend capable de nous attirer à ses œuvres pour en apprécier le caractère purement optique et esthétique qu’elles présentent d’abord «Mon expérience en arts graphiques a passé par plusieurs stades : du réalisme simplifié, puis au symbolisme, à l’abstraction normale, puis à

Perspective, peinture à l’huile sur toile, 93x60 cm, 2002.

l’abstraction absolue. au portugal, avec la nouvelle technique que j’y ai apprise, ma vision artistique commença à changer graduellement, jusqu’à ce que je découvre le caractère esthétique des lettres arabes et leurs multiples possibilités d’utilisation dans la composition d’un tableau oû elles s’intègrent aussi bien au contenu qu’à la forme.»

extrait du livre l’art contemporain en irak

nejib

BELKhODJA 1933-2007 (TunISIE)

nejib belkhodja est considéré comme l’initiateur de la problématisation de l’inscription picturale à la tunisianité. il a posé avec acuité des questions essentielles sur les techniques d’insertion picturale de la lettre arabe et de certains modules patrimoniaux pour une esthétique moderne de la présence à soi a partir de lignes de forces qui sont comme les éléments d’une musique architecturale arabe, nejib belkhodja agence des arcs, des tracés verticaux, horizontaux ou obliques qui ouvrent des espaces de circulations en résonance avec la physionomie des médinas. il s’agit d’un graphisme qui repose sur la base du carré incliné de l’écriture koufique exploitée dans les

variations de ses angularités et de ses cursives. les toiles de l’artiste sont habitées par un éclairage intérieur dû aux modulations de couleurs plus au moins vives qui créent des illusions optiques selon le point de vue où l’on se place. ces couleurs représentent pour le peintre des valeurs picturales à part entière. elles donnent consistance aux formes et font varier l’intensité selon les rapports qu’elles entretiennent entre elles. savamment réparties, elles forment des foyers de lumière qui modulent la surface et introduisent la différence entre des formes voisines. rachida triki 27


hassan

Aly

ALWAn

BEn SALEM

1945 - 2013 (IRAK)

1910-2001 (TunISIE)

Peinture à l’huile sur toile, 65x80 cm,1996.

né à nâsiriyah en 1945. il a obtenu son diplôme à l’institut des beaux arts, a exposé à bagdad en 1967, 1968, 1970 et 1971, et a participé à plusieurs expositions collectives organisées en irak ou à l’étranger. il tire ses sujets et ses personnages des milieux folkloriques et s’inspire d’ambiances surannées qui se développent en bordure de ses tableaux comme matériaux primaires, ou qu’il place dans des vides avec un sens instinctif de l’équilibre et de l’analogie. il lui arrive aussi de dépasser les lois de la gravitation et la réalité logique. 28

en fait, ses figures typiques et ses animaux réels ou imaginaires, voire ses vieilles maisons avec leurs shanashils colorés, flottent dans des atmosphères calmes, claires et transparentes qui reflètent un esprit d’enfance proche du style naïf . bien que ses peintures évoquent l’art décoratif oriental et les miniatures, elles ont néamoins le charme des images que l’ont trouve dans les livres d’enfants. car il choisit pour les ordonner et les conter dans ses tableaux des sujets que fournit l’antagonisme social de jadis, scènes d’histoires, d’anecdotes ou de légendes populaires, ou emprunts

aux Mille et une nuits. Mais ce ne sont pas, à proprement parler, des histoires imaginaires, et elles ne sont pas non plus dépourvues d’un sens critique, qui se manifeste dans certains cas de contradictions sociales ou d’apparitions ironiques inattendues.

extrait du livre l’art contemporain en irak

Gouache sur papier arche, 76x56 cm, 1985.

aly ben salem est un peintre précurseur par excellence, de l’école de la tunisie durant les années 30 et 40. il a réhabilité et rénové les scènes de la tradition artisanale qu’il a transposées dans ses premières œuvres considérées comme des peintures ethnographiques et consignées avec les objets de l’artisanat eux-même dans les musées spécialisés (suède, norvège, états unis). Fondateur de l’école des beauxarts de sfax, il a développé, à partir des années cinquante en suède, un univers édénique basé sur les contes

de l ‘enfance et de l’éternel féminin. la suède, sa seconde patrie d’adoption, où militant de la première heure il a aidé à l’indépendance de la tunisie, l’a beaucoup inspiré dans la création. son épouse hédia Kerstin, créatrice en tapisserie d’art, qui devait marquer le style dit aly ben salem. ce style se caractérise par une esthétique originale (physionomie nordique.

bady ben nasseur 29


Fakher

MOhAMMED 1954 (IRAK)

Fakher Mohammed, est sensible aux fêlures, à l’isolement des motifs et à la tactilité de la couleur. si des formes sont reconnaissables, elles sont assiégées par des nuages sombres qui les dramatisent. nous sommes sous le versant pathétique avec lui. le noir tant prisé dans cette région du monde cherche à s’accaparer toute chose dans un entrelacs de lignes qui délimitent arbitrairement des espaces, comme autant de signe de la stupide et inhumaine manie des haies, barrières, mur et frontières que dénonçait jadis l’artiste christo par ses Fences. le monde parfois devient un gribouillis d’où il est difficile d’extraire des formes nettes. comme on le voit, il n’ya rien de décoratif dans la production de cet artiste . ce ne sont pas non plus des occasions de pénibles réflexions sémiologiques : le sens s’efface devant la sensation. n’est ce pas ce que l’on demande à une œuvre visuelle d’être ressentie avant même d’être comprise ?

edmond nogacki Professeur des universités emérite et science de l’art critique d’art membre de (aica) université Valenciennes 30

Acrylique sur toile, 100x100 cm, 1992.

Abderazzak

SEhLI

1941 - 2009 (TunISIE)

Huile sur toile, 100x50 cm, 2002.

l’œuvre de abderrazak sehli est incontestablement celle de la génération et de l’animation des formes dans la diversification des supports et des compositions. Que ce soit dans ses acryliques sur toile ou sur papier découpé, c’est une danse joyeuse d’éléments, à la fois récurrents et personnalisés, qui fait vibrer la surface colorée. les formats ronds accentuent les pulsation chromatiques des formes modulaires, offrant au regard l’aventure toute visuelle d’un éternel retour. dans l’alternance du vide et du plein, les petits êtres mutants, souvent

étoilés semblent dotés d’une sorte d’énergie cosmique. c’est celle du monde inchoatif crée par l’artiste où l’on voit apparaître indéfiniment des formes voguant à l’infini, s’avoisinant par contact ou comme par aimantation. la beauté des ces « tondo » aériens provient du contraste même entre la légèreté du matériau et la force expressive de l’ensemble. entre peinture et ciselure, c’est l’ambivalence plastique qui fait œuvre.

rachida triki 31


Mahmoud

SEhILI

1931-2015 (TunISIE)

il y’a comme une logique impérieuse dans l’itinéraire de l’artiste Mahmoud sehili.

Dhia

AL KhuZAï 1955 (IRAK)

Technique mixte sur toile , 70x40 cm, 2006.

dhia al Khuzaï, l’irakien, investit dans son œuvre souvenirs d’enfance et illuminations colorées proches des rimbaldiennes. il serait bien hasardeux de dissocier ce qui relève de la rêverie de ce qui vient des sensations immédiates. les plans enchevêtrent les nuanciers les plus précieux à l’image des multiples jeux des sens qui nous assaillent à un même moment. Prédominent toutefois des signes et des tonalités qui évoquent les sables et les calligraphies juste assez pour que la référence soit vraiment explicite. une analyse plus minutieuse nous introduirait 32

à coup sûr dans une réflexion sur des données immédiates de la conscience dans lesquelles des souvenirs d’enfance et des pans de rêveries tentent une improbable harmonie. la matière privilégiée est fluide proche de l’aquarelle, mais elle sait aussi se plier aux incursions d’une autre, plus dense, à la limite pâteuse.on aura beau chercher les antécédents stylistiques chez des modernes abstrait occidentaux ,les leçons prises ont été parfaitement assimiliées et dorénavant la démarche est personnelle et bien aisée . edmond nogacki

au départ, il y’eut cet amour tendre et émerveillé pour une tunisie de vérité, pour les hommes de ses faubourgs et de ses campagnes, pour ses artisans et ses pêcheurs … puis il y eut l’appel de l’ « ailleurs » qui devrait le conduire sur les rives soudanaises du nil, au plus profond de la terre marocaine en algérie… sa passion pour l’homme, son frère, son intérêt très vif pour la culture des peuples nous ont valu des œuvres inoubliables dans lesquelles s’affirmait au fil des ans cette maîtrise de la matière picturale et ce sens de la lumière sans lesquels il ne peut y avoir de peinture véritable. il ya deux ans, Mahmoud sehili nous conviait à une exploration de la Médina. sauf erreur de ma part, il s’était abstenu de pénétrer dans l’intimité des maisons. Quelque chose, et comme à son insu, semblait le retenir. et voilà qu’il franchit le pas des portes et descend dans le monde de son enfance et de son adolescence et voilà qu’il marche à la rencontre de lui-même.

Peinture à l’huile sur toile, 65x50 cm, 1987.

ne sont pas étrangers à la tentation, certes, le jeu subtil des volumes qui permet ces « captages » de lumière dont Mahmoud est friand et la chaude chromie des faïences, des bois peints des stucs … mais il ya plus, bien plus ! « Quand je rentrais de l’école, confia t-il, ma joie le plus vive était de trouver le patio de notre maison, de la rue du pacha, plein de monde ». l’amour - j’allais dire le besoin ! des gens, il l’exprime dans des compositions admirables consacrées aux multiples rassemblements qui tissaient la trame de notre

vie : fêtes de fiançailles, de mariages … ou simplement les « achwiya » (rencontres vespérables) quotidiennes de nos mères et de leurs voisines. il ya aussi – il ya surtout ! ces toiles intimistes dans lesquellles les reminescences , sans doute autobiographiques, se chargent d’une douce émotion. la palette est alors à l’unisson et l’artiste parvient à des œuvres de vraie maturité. Mohamed Masmoudi ecrivain, chercheur, éditeur. 33


Nejib Belkhodja, articulation, 130x90 cm, collection privĂŠe Hasdrubal, 2000.

35


© Photos : Khelil hmida - c&r du catalogue : mim éditions : (+216) 70 037 464

HAsdRubAl THAlAssA & sPA HOTEls TuNIsIE «Collection privée»

hotel hasdrubal thalassa & spa - Yasmine hammamet tunisie tél.: (+216) 72 244 000 www.hasdrubal-thalassa.com


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