SUPPLÉMENT WE DEMAIN SPÉCIAL ÎLE-DE-FRANCE - FLIPBOOK

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QUEL AIR EST-IL ? IL Y A DES APPLIS POUR ÇA…

L’ÎLE-DE-FRANCE EN MODE DEMAIN

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, MOBILITÉ, DÉVELOPPEMENT DURABLE…

Ile-de-France VOYAGE AU CŒUR DU SOLEIL SYNCHROTRON DE SACLAY

CITÉ UNIVERSITAIRE NOUVELLE GÉNÉRATION PLUS FORT QUE “CANDY CRUSH” ? “CRIMINAL CASE”

L’ART AU PLUS PRES DES BANLIEUES

LE BOOM DES RUCHES MIEL 100 % PARIS

MUSÉES, ASSOCIATIONS… : LES INITIATIVES SE MULTIPLIENT PARTOUT DANS LA RÉGION Juin 2014 • Ce supplément ne peut être vendu séparément


*espace de travail partagé

on développe les emplois de demain.

PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ, ESPACES DE COWORKING*, INCUBATEURS : LA RÉGION AIDE LES ENTREPRISES INNOVANTES POUR FAVORISER LA CRÉATION D’EMPLOIS DURABLES ET QUALIFIÉS EN ÎLE-DE-FRANCE. Rendez-vous sur www.creersaboite.fr

Demain s’invente ici


SOMMAIRE DÉCHIFFRER

P. 6 L’ÎLE-DE-FRANCE À L’HEURE DE LA TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE Ces initiatives qui montrent que la région Île-de-France vit une période de profond changement. RESPIRER P. 16 QUEL AIR EST-IL ? La situation en région parisienne et les outils pour connaître la qualité de l’air. P. 20 LES BÊTES SONT ENTRÉES DANS PARIS Les animaux sauvages sont de plus en plus présents en ville. INVENTER P. 26 “CRIMINAL CASE” PLUS FORT QUE “CANDY CRUSH ”? Une start-up francilienne fait jouer des gamers du monde entier. P. 28 VOYAGE AU CŒUR DU SOLEIL Le synchrotron SOLEIL du plateau de Saclay permet d’explorer au plus près la matière.

© Couverture : Émile Luider - DR - Kapstand - The Nood/Maison générale/Nicolas Michelin & associés - Shutterstock. Ci-contre : Kapstand.

P. 32 LE RENDEZ-VOUS DES PROFESSEURS NIMBUS Le FacLab de l’université de CergyPontoise est un pionnier du genre. P. 36 LA CITÉ U À L’HEURE ÉCOLO La future maison de l’Île-de-France sera conçue avec un objectif zéro énergie. PARTAGER

ET SI NOUS ÔTIONS NOS ŒILLÈRES ?

Et si, loin de céder au pessimisme ambiant, nous changions notre façon de voir ? En particulier l’Île-de-France ? Pour beaucoup, Paris bénéficie certes d’une aura prestigieuse, fruit de son patrimoine, symbole de l’art à la française, mais très vite, dès lors que l’on mentionne la possibilité de s’installer dans la région, nombre d’interlocuteurs peignent la capitale en des termes peu amènes : embouteillages, incivilités… Et si l’on mentionne la banlieue, c’est pratiquement Peur sur la ville que l’on nous décrit, avec la montée de l’insécurité, la violence quotidienne qui sévit et se répand par bandes, plus ou moins organisées, et se nourrit de la misère. Nier cette réalité serait idiot, mais réduire la région la plus prospère de France à ces seules affirmations serait tout aussi stupide. L’Île-de-France est la première métropole de l’Union européenne, un

territoire jeune, riche et dynamique, innovant et particulièrement ingénieux dans le domaine de la recherche. Oui, il y a de vraies difficultés. Mais nous avons de bonnes raisons de nous réjouir. Et de nous projeter dans l’avenir. Car la région parisienne traverse actuellement l’une de ses plus enthousiasmantes mutations historiques. Loin de l’attention des médias traditionnels, que ce soit en matière de transition énergétique, de développement durable, de mobilité, de recherche, de coworking, de toits végétalisés, d’agriculture organique, de FabLabs ou d’économie sociale et solidaire. Partout, ici et là, des initiatives citoyennes, individuelles et collectives, soutenues ou non par les pouvoirs publics, engagent l’Îlede-France en mode demain. C’est passionnant. À vous de voir.

P. 40 LA YUMP ACADÉMIE Cette fabrique d’entrepreneurs aide et soutient les talents issus des banlieues. P. 42 L’ART AU PLUS PRÈS DES BANLIEUES Le Musée passager, mobile et éphémère, s’invite en région parisienne. P. 46 QUAND LES ARTISTES MÉTAMORPHOSENT LES VILLES Des associations d’artistes s’emparent de l’espace urbain francilien. RALENTIR P. 52 LA SEINE, LA VOIE DU BIO La capitale redécouvre le transport fluvial. P. 54 QUEL AVENIR POUR LE TERMINAL DE RUNGIS ? Le bilan du nouveau terminal ferroviaire du marché impose de repenser son futur. P. 56 UNE BULLE D’HÉLIUM DANS LE CIEL Le transport de fret par dirigeable pourrait avoir un bel avenir. SAVOURER P. 60 LES MAINS DANS LA PÂTE Des boulangeries actives dans la réinsertion de leurs employés. P. 62 ET PARIS FAIT SON MIEL… Les ruches de la capitale sont de plus en plus prisées. Et créent du lien social.

Isabelle Lefort Suplément

WE DEMAIN ÎLE-DE-FRANCE ÉDITEURS : François Siegel, Jean-Dominique Siegel RÉDACTRICE EN CHEF : Isabelle Lefort DIRECTEUR ARTISTIQUE : Émilien Guillon ICONOGRAPHE : Richard Walter SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Émilie Victor MAQUETTE ET PRÉPRESSE : Victor Mourain CHEF DE FABRICATION : Diane Mourareau CHARGÉE DE PARTENARIATS : Maïré Sue

du numéro 7 de WE Demain. Ne peut être PEFC/10-31-1282

vendu séparément


© SOLEIL/D. Bolla

L’ARTISTE KAPSTAND CHANGE NOTRE MANIÈRE DE VOIR PARIS ET SA RÉGION, POSANT ICI ET LÀ, D’UNE FRICHE À PANTIN AU CENTRE POMPIDOU, EN ÉQUILIBRE SUR UNE MAIN. DEMAIN, IL AMBITIONNE DE MARQUER DE SON EMPREINTE D’AUTRES ENDROITS DU MONDE, DANS LE CADRE DE THE ONEHANDSTAND PROJECT.


L’ÎLE-DE-FRANCE À L’HEURE DE LA TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE Par Isabelle Lefort

— LA RÉGION PARISIENNE TRAVERSE UNE PÉRIODE EXTRAORDINAIRE DE TRANSFORMATION. LE TERRITOIRE VOIT FLEURIR LES INITIATIVES EN MATIÈRE D’ÉNERGIE, DE DÉVELOPPEMENT DURABLE, D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE, DE PARTAGE ET DE RECHERCHE. —

Grenelle, la région parisienne entame la troisième révolution industrielle. LA TRANSITION EN ACTIONS Avec une hausse de 25 % de sa facture énergétique entre 2009 et 2012, il y a urgence pour l’Île-de-France à changer de modèle énergétique. La fourniture majoritaire en gaz et en fioul des logements de la région parisienne plombe les comptes. D’autant plus que les consommations ne baissent pas suffisamment pour compenser l’évolution rapide des coûts de l’énergie. Pour répondre aux objectifs du plan climat-énergie et aux fameux « 3 x 20 », qui engagent à diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre, à atteindre 20 % d’énergies renouvelables et à réaliser 20 % d’économies d’énergie, l’Île-de-France veut réduire de 5 % sa consommation électrique en 2020 et de 10 % en 2050 (par rapport à 2005). Pour ce faire, elle agit sur tous les plans. La surface cumulée en mètres carrés du solaire thermique devra être multipliée par 176, pour atteindre 200 000 m2 en 2020. Chaque commune doit faire sa part. En janvier 2012, Sourdun, en Seine-et-Marne, s’est dotée de la plus grande centrale solaire au sol d’Île-de-France. Il y a un an, c’est dans le XVIIe arrondissement de Paris que la halle Pajol et ses 3 500 m2 de panneaux solaires sont entrés en activité. Elle est à ce jour la première centrale photovoltaïque urbaine de France.

© Kapstand

À partir du kilomètre zéro sur le parvis de Notre-Dame, sur 100 kilomètres à la ronde, l’Île-de-France est une énorme fourmilière de 12 millions d’habitants. 19 % de la population française et 2 % des Européens s’activent ici et produisent chaque année un tiers de la richesse nationale. Paris et sa banlieue forment, avant même la réalisation du Grand Paris, la plus grande métropole de l’Union européenne. Devançant de loin Londres. Du nord au sud, d’est en ouest, pour transporter les 8,5 millions de personnes qui se rendent sur leur lieu de travail, 565 trains de métro, 5 lignes de RER, 8 lignes de Transilien, 7 lignes de tramway circulent chaque matin. En quatre ans, malgré une hausse de 20 % des passagers dans les transports en commun, les bouchons ont bondi de 26 %. Le territoire est l’un des plus prospères d’Europe. Avec 34 % de cadres, il n’en demeure pas moins une région d’inégalités. Le melting-pot est roi. Et ce d’autant que l’Île-de-France est un territoire jeune. Les 20-39 ans représentent 34 % de la population à Paris et 29 % de la population de la région, contre 25 % seulement à l’échelon national. En 2040, elle restera la plus jeune métropole d’Europe avec une moyenne d’âge de 40,3 ans. Sous la pression de la génération Y, de l’adoption du plan climat-énergie par le Parlement européen et des accords de

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QUEL AIR EST-IL ? Par Cyril Flevet —

LA RÉGION PARISIENNE SOUFFRE DE LA QUALITÉ DE SON AIR. MALGRÉ DES PROGRÈS, LA SITUATION RESTE PROBLÉMATIQUE. AU-DELÀ DES EFFORTS COLLECTIFS, DES APPLICATIONS ET DES APPAREILS PERMETTENT AUX CITOYENS FRANCILIENS D’ANALYSER L’AIR QUI LES ENTOURE. —

LE HAUT DE LA TOUR EFFEIL, À PEINE VISIBLE LORS DES PICS DE POLLUTION DANS LA CAPITALE.

SUPPLÉMENT ÎLE-DE-FRANCE

C’est le point noir sur la toile. Malgré de réelles améliorations enregistrées ces dix dernières années, la qualité de l’air demeure déplorable dans la capitale. À l’intérieur de la plus grande métropole de l’Union européenne, on continue à suffoquer à chaque pic de pollution. Au classement inédit réalisé pour We Demain par l’association Respire (voir la rubrique « Respirer » de ce numéro de la revue), Paris arrive en très mauvaise position en comparaison des autres villes européennes : elle est 84e sur 100 en matière de qualité de l’air. Le dépassement des seuils des trois polluants (particules PM 10, dioxyde d’azote, ozone) est ainsi particulièrement mis en évidence. Et démontre, entre autres, la forte dépendance au diesel des automobiles, des véhicules utilitaires et des poids lourds qui chaque jour traversent l’Île-de-France. Depuis le début de l’année, le sujet est plus que jamais à l’ordre du jour. Mi-avril, les relevés de l’association Airparif ont démontré que, dans la région, les stations de mesure situées sur l’autoroute A1, au nord de la capitale, ont dépassé le seuil de quarante-quatre jours d’alerte aux particules depuis le 1er janvier. On compte vingt jours pour celles situées à proximité du périphérique et dix-sept pour celle des Champs-Élysées. 17


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LES BÊTES SONT ENTRÉES DANS PARIS Par Marie Zawisza

— DEPUIS QUELQUES ANNÉES, RENARDS, BICHES ET SANGLIERS S’APPROCHENT AU PLUS PRÈS DES FRANCILIENS. UNE COHABITATION DE MIEUX EN MIEUX ACCEPTÉE PAR LES HABITANTS. —

SUPPLÉMENT ÎLE-DE-FRANCE

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VOYAGE AU CŒUR DU SOLEIL Par Charles Faugeron

© SOLEIL/D. Bolla

— LE SYNCHROTRON SOLEIL DONNE AUX SCIENTIFIQUES LES MOYENS D’EXPLORER AU PLUS PRÈS LA MATIÈRE, À L’ÉCHELLE DU NANOMÈTRE ET DE L’ATOME. LA RECHERCHE FONDAMENTALE POURSUIVIE SUR LE PLATEAU DE SACLAY PORTE EN ELLE LES ESPOIRS DES GRANDES DÉCOUVERTES DE DEMAIN. —

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LE RENDEZ-VOUS DES PROFESSEURS NIMBUS — INAUGURÉ IL Y A DEUX ANS, LE FACLAB DE CERGY-PONTOISE EST LE PIONNIER DES FABLABS DE L’HEXAGONE. BIEN PLUS QU’UN SIMPLE ATELIER DE FABRICATION, CE LIEU COLLABORATIF OUVERT À TOUS CONSTITUE UN VÉRITABLE PROJET CITOYEN. —

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© Gilles Leimdorfer pour We Demain

Par Alban Sumpf


L’ART AU PLUS PRÈS DES BANLIEUES Par Hélène Martinez

— CE PRINTEMPS, LE « MUSÉE PASSAGER » S’INVITE DANS LE PAYSAGE URBAIN. ÉPHÉMÈRE ET MOBILE, IL OFFRE AU PLUS GRAND NOMBRE UN ACCÈS À L’ART CONTEMPORAIN. —

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En 1941, Marcel Duchamp promenait ses œuvres miniatures dans sa célèbre boîte-envalise. Depuis ce musée portatif, l’idée a fait du chemin et ces dernières décennies ont vu l’art itinérant se démocratiser. Entre 2011 et 2013, le Centre Pompidou Mobile a traversé la France en six étapes et attiré plus de 200 000 visiteurs. Cette année, la Région Îlede-France inaugure une initiative d’un nouveau genre : le « Musée passager ». Le concept ? Édifier un pavillon d’art contemporain nomade et sillonner les départements franciliens pendant quatre ans à la rencontre d’un nouveau public. Gratuit et ouvert tous les jours, le musée s’installe au plus près des habitants de la région, sur des lieux de passage naturel, à proximité des transports urbains, des universités ou des centres commerciaux. Au SUPPLÉMENT ÎLE-DE-FRANCE

carrefour des générations, des origines ethniques et des classes sociales, entre zones urbaines sensibles et quartiers populaires, le Musée passager est l’occasion de rendre accessibles l’art et la culture à tous, passants, curieux et néophytes. Sur fond de musique électro, jeunes et étudiants de banlieue, familles et scolaires auront, dès la première saison, le loisir de contempler les dessins d’une figure du Pop Art, le Britannique David Hockney, les films d’animation du Chinois Yang Yongliang et les installations vidéo de la jeune plasticienne Maud Maffei. Le tout ponctué d’événements et d’ateliers participatifs. L’édition 2014 de l’exposition ambulante, lancée en avril dernier au pied de la basilique de Saint-Denis, s’est établie à Évry, puis à Mantes-la-Jolie, et terminera

sa route à Val d’Europe du 7 au 22 juin. La Région Île-de-France a confié la mise en place du projet aux Ateliers Frédéric Laffy, agence d’ingénierie culturelle. « Nous poursuivions depuis longtemps cette volonté de déconstruire l’image traditionnelle du musée. Il fallait repenser la recette pour s’adresser à un large public. Notre but : être un amorceur de curiosité », confie Frédéric Laffy. Convaincu par le dessein démocratique de cette initiative, l’architecte Philippe Rizzotti a relevé le défi technique, économique et esthétique de concevoir un bâtiment « le plus performant possible, capable d’offrir l’espace et le confort au public ». Le cofondateur du collectif EXYZT, spécialiste de la problématique des installations temporaires, a imaginé une structure démontable de plus de 200 m2, 43


QUAND LES ARTISTES MÉTAMORPHOSENT LES VILLES Par Hélène Martinez

Dans son rapport « La dimension culturelle du Grand Paris », remis en janvier 2012, le conseiller d’État Daniel Janicot note : « La culture est créatrice du Grand Paris et joue un rôle important dans la structuration du territoire métropolitain. » Le vaste plan d’aménagement entraîne avec lui la mutation de nombreux territoires d’Île-de-France. Cette transition bouleverse le paysage urbain. Les acteurs culturels, à l’instar des habitants, s’adaptent, parfois contraints, à ces changements. Et plus encore, s’en saisissent comme une source de création. C’est l’apanage du 6b et de la Blanchisserie, des lieux dits « intermédiaires ». FABRIQUE D’ART ET DE CULTURE Quittons Paris, destination le quartier Gare-Confluence de Saint-Denis, à seulement dix minutes de RER. En longeant la palissade en bois multicolore qui mène à la Seine, on devine déjà l’emprise artistique ambiante. Pourtant, rien n’indique, au milieu de ce décor chaotique, l’approche d’un lieu de création. Entre deux grues s’élève un bâtiment monumental.

LE 6B PARTICIPE AVEC SES 161 ARTISTES – PLASTICIENS, ARCHITECTES, GRAPHISTES ET AUTRES DESIGNERS – S’INCRIT EN ÉCHO DES VILLES EN MUTATION.

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Bienvenue au 6b. Établie il y a quatre ans dans l’ancien édifice Alstom, l’association occupe un bâtiment de 7 000 m2 mis à disposition par le groupe Brémond. Installé au cœur du futur écoquartier Néaucité, le 6b participe avec ses 161 artistes résidents – une majorité de plasticiens, mais aussi des architectes, des graphistes et autres designers – à la transformation de cette fraction de la ville. Cette « fabrique d’art et de culture », comme l’a identifiée la Région Île-de-France, a vocation à encourager l’art et la rencontre dans ces espaces publics en construction. « Comment participer à cette dynamique ? s’interroge Myriam Moussa, responsable de la communication de l’association. En passe de devenir une place centrale de création et de diffusion dans ce nouveau quartier, le 6b se doit de réinvestir le territoire, de s’adapter aux changements. Un projet artistique à part entière. » Dirigée par l’architecte Julien Beller, la structure compte six salariés dévolus au rayonnement, à la logistique et à l’intendance de cet espace autogéré. Chaque mois, les résidents versent une participation au fonctionnement de 11 euros par mètre carré occupé. Pour le moment, malgré une économie précaire, le promoteur Brémond encourage l’initiative et exempte le 6b de loyer. Et une subvention accordée par la Région pour une durée de trois ans va permettre la remise aux normes du bâtiment et la valorisation de l’action de l’association. Entre ateliers privés et espaces communs, le 6b renferme pléthore de lieux de travail, de vie et d’exposition mutualisés. Une salle d’exposition, de projection, de

© Tormod Lindgren

— À SAINT-DENIS ET IVRY-SUR-SEINE, DEUX ASSOCIATIONS, LE 6B ET LA BLANCHISSERIE, ET LEURS ARTISTES RÉSIDENTS INTERPELLENT LES HABITANTS SUR LA VILLE DE DEMAIN. —

LA COMPAGNIE TANGIBLE, QUI FAIT PARTIE DE LA BLANCHISSERIE, PROPOSE DES CRÉATIONS PERMETTANT D’APPRÉHENDER DIFFÉREMMENT L’ESPACE URBAIN.


SUPPLÉMENT ÎLE-DE-FRANCE

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LA SEINE, LA VOIE DU BIO Par Lysiane J. Baudu

Entendra-t-on un jour, en écho à la fameuse phrase de De Gaulle : « Paris, port fluvial et qui entend le rester » ? Certains en rêvent, en tout cas ! Et ce n’est ni Anne Hidalgo, la nouvelle maire de la capitale, ni Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, qui a déjà souligné que la transition énergétique était une priorité du gouvernement, qui contrediraient cette affirmation. Les promoteurs du transport fluvial en région parisienne ont plus d’un argument dans leur cale. À commencer par les récents pics de pollution dont a été victime la ville. Associée à la volonté, affichée par les autorités successives, d’œuvrer en faveur de la qualité de l’air et de l’environnement en général, cette situation ne peut que rappeler aux Parisiens qu’une autre économie est possible, fondée sur un transport autre que des camions sur les routes. Les initiatives en ce sens existent déjà, mais elles pourraient être largement étendues. Elles sont en tout cas appuyées par l’HaropaPorts, qui regroupe les ports de Paris, de Rouen et du Havre, et procure ainsi un débouché maritime à Paris. Mieux, Haropa-Ports veut faire de l’axe Seine un hub logistique de dimension européenne. 52

Pour l’heure, l’établissement public en charge du développement du transport fluvial en Île-de-France souligne que « chaque année plus de 20 millions de tonnes de marchandises sont opérées sur le réseau portuaire francilien, équivalant à quelque 200 000 tonnes de CO2 de moins rejetées dans l’atmosphère ». Ou, de façon encore plus palpable, à un million de camions en moins sur les routes. Sans oublier les embouteillages évités ! En outre, constate l’Haropa-Ports de Paris, le fret ferroviaire, en progression de 15 % sur les plates-formes multimodales d’Île-de-France pour la troisième année consécutive, contribue également à limiter les rejets de CO2 à Paris. Actuellement, ce sont principalement les matériaux lourds, tels ceux du BTP (sable, etc.), les déchets et les marchandises en conteneurs qui sont concernés par ces transports alternatifs. UNE INITIATIVE EMBLÉMATIQUE Mais l’Haropa-Ports de Paris ne veut pas s’en tenir à cela, et cherche désormais à accroître l’acheminement de marchandises manufacturées via la Seine. L’établissement public espère ainsi que certaines initiatives privées, telle celle de Franprix, seront imitées à l’avenir. L’enseigne de

supermarchés a en effet organisé une partie de sa logistique autour du port de la Bourdonnais, à quelques encablures de la tour Eiffel. Certes, les biscuits, conserves et autres denrées alimentaires sèches ou produits de grande consommation non périssables ne constituent encore qu’une infime partie de l’ensemble du trafic, mais il n’en reste pas moins que depuis quelques mois 80 des 350 magasins Franprix, situés dans neuf arrondissements de Paris et à Boulogne-Billancourt, sont ravitaillés par une barge, qui achemine quotidiennement 26 conteneurs sur les 20 kilomètres qui séparent le port de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), près d’un entrepôt de l’entreprise, et celui de la Bourdonnais. Selon les estimations de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le dispositif devrait, à terme, permettre de réduire chaque année les émissions de CO2 de 37 % et retirer l’équivalent de 3 874 camions des grandes voies de circulation autour de la capitale. Cette nouvelle logistique pourrait être étendue par l’enseigne à d’autres magasins et à d’autres villes, comme Lyon. De son côté, la société Vert chez vous gère depuis deux ans un service de petits colis (moins de 30 kg) renfermant des

© Jean-Marc Armani/Picture Tank

— LA CAPITALE RÉAPPREND À EXPLOITER SES COURS D’EAU POUR LE TRANSPORT DE MARCHANDISES. ÉVITANT AINSI LA CIRCULATION DE MILLIERS DE CAMIONS CHAQUE ANNÉE. —


LES MAINS DANS LA PÂTE Par Hélène Martinez

Tout commence un jour de froid. C’est l’heure du déjeuner, Domitille Flichy sort d’un entretien d’embauche peu concluant et passe s’acheter un en-cas dans une boulangerie. Elle s’y serait volontiers installée pour se réchauffer, mais le cadre ne la retient pas. Tant pis, elle avale son sandwich dans le bus. La jeune femme a étudié le droit du travail et la sociologie. Elle prend à cœur la question de l’insertion professionnelle, notamment l’emploi des femmes les plus défavorisées. Elle a débuté sa carrière de chargée de mission au sein de conseils 60

© David Marguet - Karine Crona - Émilie Chaix

— SOLIDAIRE ET RESPONSABLE, FARINEZ’VOUS ACCUEILLE DES ADULTES EN RECONVERSION POUR LES FORMER AUX MÉTIERS DE LA VENTE ET DE LA PRODUCTION EN BOULANGERIE. UNE PREMIÈRE. —


© SOLEIL/D. Bolla


ET PARIS FAIT SON MIEL… Par Jean-François Mongibeaux

— ON LES PENSAIT EN VOIE DE DISPARITION, C’EST TOUT LE CONTRAIRE. LA CAPITALE EST EN PASSE DE DEVENIR LE PARADIS DES ABEILLES ET DES APICULTEURS. LE MIEL DE PARIS EST DE PLUS EN PLUS RÉPUTÉ, DES MARQUES DE LUXE N’HÉSITENT PAS À LE RÉFÉRENCER. MAIS C’EST AVANT TOUT PAR LE LIEN SOCIAL CRÉÉ AUTOUR DES RUCHERS QU’IL SE DISTINGUE. —


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