La Lettre du CAGI n°21, Juin-Juillet-Aout 2014

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Hommage à Norman Girvan F. Reno, Professeur, directeur du CAGI

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n guise d’éditorial et en hommage à cet immense caribéen qui vient de nous quitter, je vous invite par ces temps de turbulences à partager ces propos qu’il a récemment prononcés en présence de plusieurs d’entre nous de l’université des Antilles et de la Guyane.

Numéro21 Juin-Juillet-Aout 2014

LE TEMPS DES RÉFORMES… Directeur de publication Corinne MENCE-CASTER Rédacteur en chef Fred RÉNO Secrétaire de rédaction Adrien SORIN Contact Rond Point Miquel - 0 590 83 48 47

Après Garvey nous avons eu CLR James, George Padmore, Walter Rodney et Bob Marley. De la Caraïbe francophone nous avons Aimé Césaire et Frantz Fanon. Nous pensons également à Michael Manley et à son combat pour un Nouvel Ordre International, à José Marti et à sa définition selon laquelle la Patrie c’est l’ensemble de l’Humanité. Nous pensons au Che et à Fidel, qui ont fait de la solidarité internationale la roche mère du projet cubain.

SOMMAIRE - Edito : Hommage à Norman Girvan 2 - ACTU - L’acte III de la décentralisation : la poursuite d’une réforme entamée - Repenser le régionalisme, au delà du projet d’intégration de la CARICOM 4 - HUMEURS ET ACTUS - Larry Frébo : N’allons pas trop vite, car nous sommes pressés - Ouvrage : Terri-Ann GilbertRoberts - Syrie : un conflit importé au coeur d’une guerre d’intérêt

C’est ce sentiment que nos sociétés et notre présence dans ces parties du monde étaient le produit de forces économiques globales et qu’il avait mission de prendre part à la construction d’un avenir mondial, qui je crois, fait dire au jeune Walter Rodney, tout 7 - L’ESPACE juste élève de terminale à Georgetown, à ses - Hommage à Éric Nabajoth camarades “Les Antillais vivent d’avantage (…) Garvey était par-dessus tout un dans le temps que dans l’espace.” 8 - PAGE CARAÏBE panafricaniste dans l’audace de sa vision - Paupérisation, dépérisseet la ténacité de son organisation, le Extrait de la conférence inaugurale ment du lien social et augpremier de cette tradition exceptionnelle de “Construire la Grande Caraïbe” prononcée mentation de la violence personnalités qui ont leurs racines politiques par Norman Girvan le 7 Octobre 2013 à - Revue de presse dans cet archipel. C’est là un sujet qui appelle l’occasion de la Conférence annuelle sur - L’adhésion de la Guadeloupe sans doute réflexion. Le fait que beaucoup l’intégration régionale organisée par UWI et de la Martinique à l’AEC des penseurs politiques les plus influents sur le thème : “Repenser le régionalisme : de ces îles n’ont jamais pu rester confinés à Au-delà du projet d’intégration du 10 - LE MOIS DU CAGI l’espace insulaire, et ont embrassé des projets CARICOM”. - Groupe de réflexion au CAGI beaucoup plus vastes. - L’étudiant : Nimal EamesScott

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ACTU

L’Acte III de la décentralisation : la poursuite d’une réforme entamée

C. Mamillone, Doctorante en Droit

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e 1er janvier 2014 a marqué un pas décisif sur le plan territorial en France : toutes les collectivités territoriales ont en effet intégré une structure intercommunale.

La démarche se poursuit avec plus de densité depuis l’arrivée de François Hollande Cette démarche, initiée avec la loi n°2010-1563 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales (RCT) 1, se poursuit avec d’autant plus de densité depuis l’arrivée de François HOLLANDE à la présidence de la République.

texte du Projet de loi de Décentralisation intitulé “Projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles” (ou MAPAM)2 au Conseil des Ministres. Le second texte est consacré aux régions tandis que le troisième traite des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).

Cette division en trois parties du Projet de loi de Décentralisation résultait de la volonté du Gouvernement de le voir adopter lors de son examen par le Parlement. Cette stratégie a porté ses fruits car celui-ci a été adopté le 22 juillet 2013 par les députés en première La Ministre de la Réforme de lecture et définitivement le l’Etat, de la Décentralisation 20 décembre 20133. et de la Fonction Publique, on peut Marylise LEBRANCHU, a Néanmoins, effectivement initié le 10 déplorer le fait que, avril 2013 la procédure dans ce processus, la d’adoption de l’Acte III consultation des principaux de la Décentralisation en concernés, autrement dit présentant le premier les administrés, ne soit

On aperçoit de plus en plus de similitudes entre les EPCI et les collectivités territoriales

semble donc Constitutionnel le 23 janvier “2014” 4 être une année riche 2014 . en interrogations et en De surcroît, la réforme de la perspectives s’agissant de la décentralisation enclenchée C o o p é r a t i o n n’enchante pas toujours Intercommunale et plus de la certaines collectivités largement telles que le département Décentralisation. ou la commune, qui craignent que le transfert de leurs compétences aux EPCI ne vide de sens leur subsistance. À quoi servirait en effet l’existence d’une collectivité territoriale Notes dépourvue de la majeure 1 http://www.legifrance.gouv.fr/ partie de ses compétences ? affichTexte.do?cidTexte=JORFT

D’ailleurs, sur ce point, la notion juridique d’EPCI est en pleine évolution. On aperçoit de plus en plus des similitudes entre cette structure et les collectivités territoriales et ce, davantage depuis le projet de loi MAPAM qui envisage la création à Lyon d’une métropole qui aurait le statut de “collectivité à statut particulier” à partir du 1er janvier 2015 et qui a été soutenue par le Conseil

A ce propos, l’intercommunalité est devenue un des enjeux majeurs des élections municipales avec l’élection sur les listes non plus uniquement du maire et de ses conseillers municipaux, mais également de conseillers communautaires5 appelés à siéger dans l’assemblée délibérante de l’EPCI à laquelle leur commune est rattachée.

pas du tout réalisée. Moins flagrantes en Guadeloupe, les manifestations des citoyens sont souvent visibles dans l’Hexagone car ceux-ci craignent que leur identité soit rattachée non plus à leur commune, à leur département ou leur région, mais à un EPCI, institution encore mal connue par eux.

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EXT000023239624&categorieLie n=id 2 www.action-publique.gouv.fr/ files/PJL_1.pdf 3 http://www.legifrance.gouv.fr/ affichLoiPreparation.do?idDocu ment=JORFDOLE000027295212 &type=general 4 http://rhone-alpes.france3. f r / 20 1 4 / 0 1 / 23 / l a - l o i - s u rla-metropole-lyonnaisev a l i d e e - p a r- l e - c o n s e i l constitutionnel-401441.html 5 http://www.vie-publique. f r / f o c u s / m u n i c i p a l e s - 20 1 4 premiere-election-conseillerscommunautaires.html


Repenser le régionalisme, au delà du projet d’intégration de la CARICOM SALISES, Mona UWI 7-9 octobre 2013

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Du 7 au 9 novembre 2013 une délégation (Fred Reno, Bernard PHIPPS, julien MERION et Alexandra PETIT) du CAGI s’est rendue à la conférence annuelle de l’institut de recherche SALISES (Sir Artur Lewis Institut of Social and Economic Studies) de l’Université des West Indies, sur le campus de Mona en Jamaïque.

A. Petit, Doctorante en Science politique

La conférence dont le thème central était “Repenser le régionalisme, au delà du projet d’intégration de la CARICOM” avait pour principal objectif de tirer un bilan des quarante ans de cette institution afin de relancer et de repenser son modèle d’intégration dans une dynamique prospective.

Tirer un bilan pour relancer et repenser le modèle d’intégration du CARICOM

la CARICOM soulignant le bilan des acquis de ces quarante dernières années et signalant les défis à relever pour les années à venir. Si l’adhésion des territoires français n’a pas été directement abordée, Irwin Larocque a rappelé que l’élargissement de la CARICOM était une des problématiques actuelles. Il a appelé à repenser les critères d’adhésion au statut de membre ou de membre associé. C’est une question qui nous concerne notamment dans la dynamique de dialogue en cours sur les contours de notre adhésion à cette organisation.

Notre présence et celle de la Martinique, vivement saluées, étaient doublement légitimées. D’une part en écho aux demandes d’adhésion de la Guadeloupe et de la Martinique à la CARICOM et à l’OECS et d’autre part, suite à l’adoption du français comme deuxième langue officielle de la CARICOM. Les débats autour de l’adhésion des collectivités françaises ont permis d’identifier les enjeux de notre présence au sein de ces organisations. Dans son discours, l’ambassadeur a Mais de cette conférence, véritablement plaidé pour nous retiendrons surtout la consolidation des piliers l’intervention de de départ de la CARICOM l’ambassadeur Irwin et des fondements du Traité Larocque, Secrétaire de Chaguaramas de 1973. Un Général de la CARICOM retour aux sources qui devrait qui a présenté un discours permettre de réengager stimulant sur le futur de à la foi l’intégration et

l’élargissement communauté.

de

la

La démarche se poursuit avec plus de densité depuis l’arrivée de François Hollande Nos collectivités semblent avoir réussi à mettre en œuvre des stratégies d’insertion régionale qui les rendent attractives. Mais gardons à l’esprit que nous intégrons un espace qui se construit depuis 40 années, à l’histoire et aux logiques propres. Néanmoins la participation des institutions universitaires mais également politiques et économiques à ces réflexions doit être pérennisée. Elle nous permet de manifester une implication effective et un engagement à tous les échelons de la réflexion sur la construction régionale.

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HUMEURS & ACTUS

N’allons pas trop vite, car nous sommes pressés

Larry Frébo

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…) Il est facile de prendre sur ses épaules une charge légère et de la porter d’un pas ferme dans tel ou tel quartier, mais celle qu’on nous refile et sous laquelle nous ployons, nous la laissons vite tomber. Même si nous restons sous sa charge, nous vacillons, car nous ne sommes pas à la hauteur.

toi avec. Celui qui ne va pas au plus facile, mais veut que ce à quoi il s’attaque soit facile, échoue la plupart du temps. Chaque fois que tu fais un projet, prends ta mesure en même temps que la sienne ! Ce que tu prépares et ce qui t’y prépare. Car le regret de n’avoir pas abouti te durcira. La différence entre les tempéraments bouillants et les caractères froids et petits, c’est que l’échec tire la colère du sang généreux, tandis que, chez l’apathique, elle provoque le chagrin. Ne soyons donc ni frileux ni téméraires, n’agissons pas sans avoir la compétence requise. Que nos espoirs restent à notre La même règle vaut dans portée ! Ne tentons rien les affaires publiques et que nous serions le premier privées : les projets simples, surpris d’avoir réussi… maniables, te suivent ; les entreprises gigantesques, Par ces temps tourmentés, au dessus de tes forces, ne il est bon d’écouter la voix se laissent pas facilement (voie) de L’Homme Apaisé saisir ; si tu les saisis, elles de Sénèque. Sénèque, t’écrasent, elles t’emportent l’homme ki a pézé lè pours et, quand tu crois les tenir et les comptes… enfin, elles s’écroulent — et

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Politics of Integration, Caribbean Sovereignty Revisited Terri-Ann Gilbert-Roberts Ian Randle Publisher, 2013

A. Petit

les concepts fondateurs de la souveraineté notamment dans la CARICOM et à travers la vision des leaders politiques caribéens. C’est l’objet de son dernier ouvrage, Politics of Integration, Caribbean Sovereignty Revisited, paru en 2013 aux éditions Ian Randle Publisher.

M

embre de l’institut SALISES (Sir Arthur Lewis Institute of Social Economic Studies), où elle préside la commission pour la jeunesse, Terri-Ann Gilbert-Roberts participe activement aux travaux de la commission sur l’intégration régionale. Ses recherches portent actuellement sur

La question de la souveraineté, comme l’essence de la régionalisation Dans cet ouvrage, l’auteure revient sur les fondations et les fondamentaux de l’intégration régionale dans laCaraïbe depuis les prémices de la Fédération des West Indies jusqu’aux instituions de la CARICOM et de l’OECO d’aujourd’hui. Elle pose la question de la souveraineté,

comme l’essence de la régionalisation mais également comme une fin. Le rapport à la souveraineté y est posé comme une clef pour comprendre la longue marche de l’intégration Caraïbe depuis 1958 à nos jours. Un rapport complexe qui s’explique par l’originalité du modèle caribéen face aux autres processus de construction régionale. [suite >]


Syrie : un conflit importé au cœur d’une guerre d’intérêts.

Envisagée après que les Etats aient atteint et vécus leur souveraineté, la régionalisation dans la Caraïbe est pensée comme le moyen d’atteindre la souverai-neté nationale. Cette ambivalence rend alors difficile l’exploitation du concept de “sovereignty bargain” et la mise en œuvre du “paradoxe de la souveraineté” caractéristique du processus de régionalisation.

d’autonomie sont soumis à ce rapport complexe qui produira des schémas de gouvernance variés. L’exploitation du “paradoxe de la souveraineté” dans le contexte caribéen est encore aujourd’hui une problématique à l’œuvre.

Terri-Ann Gilberts-Roberts offre une revue du processus d’institutionnalisation de l’intégration régionale et des leaders associés à travers leurs rapports à la souveraineté. Le processus de construction d’une gouvernance régionale et de ses instituions va refléter l’influence des logiques histo-riques, socioculturelles et politiques sur la manière dont les leaders envisagent celle ci. Les concepts d’autorité, de contrôle, de légitimité et

Alors que la fin de la CARICOM est prédite pour 2017, Terri-Ann GilbertRoberts offre dans cet ouvrage toutes les raisons de penser que l’avenir de l’intégration régionale de la Caraïbe passe par une refonte des principes fondamentaux de la régionalisation au regard de la spécificité caribéenne..

S. Semache, Doctorante en Science Politique

Une refonte des principes de la régionalisation au regard de la spécificité caribéenne

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S

i la couverture médiatique du conflit syrien est très abondante en occident, elle n’est pas, sans surprise, le reflet objectif et transparent de la réalité qui frappe ce territoire depuis maintenant 3 ans. Le sensationnel prenant le dessus sur l’analyse pertinente du jeu international et des réels intérêts et enjeux de la crise.

Les conditions d’internationalisation et l’ampleur des soutiens étrangers expliquent, en majeure partie, l’issue plus qu’incertaine du conflit. Le régime de Bachar El Assad est très protégé, notamment par ses alliés internationaux, la Chine et la Russie, qui utilisent le conflit pour se repositionner ou renforcer leur position sur la scène internationale.

Mais aussi par son principal allié régional, l’Iran, qui s’oppose logiquement à son traditionnel ennemi, les États-Unis. Si le régime syrien est à bien des égards fort critiquable, l’importante campagne de diplomatie et de propagande mise en place dans le but de discréditer le gouvernement [suite >]


à Damas vise à légitimer son éventuel renversement aux yeux de la communauté internationale.

- Les monarchies du Golfe en remplaçant une république laïque, protégeant l’ensemble de ses communautés Le conflit s’inscrit confessionnelles, par une dans une stratégie dictature théocratique pensée de fondamentaliste proche déstabilisation de des mouvances religieuses la zone saoudiennes ; - Israël pour qui une Syrie En effet, le conflit divisée permettra d’assurer syrien s’inscrit dans une un peu plus encore son stratégie pensée, avant hégémonie régionale. le 11 septembre 2001, de déstabilisation de la zone dans le but d’assouvir les intérêts multiples qui en découlent : - L’OTAN en détruisant le principal allié de l’Iran dans la région et en favorisant la construction d’oléoducs permettant l’acheminement de pétrole entre le Moyen-Orient, l’Afrique Les forces anti-syriennes, du Nord et l’Europe ; si elles défendent des - Le binôme États-unis- intérêts contradictoires, se Israël en renforçant son rejoignent sur un point clé : hégémonie dans la zone, le renversement du régime par l’isolement de l’Iran de Bachar El Assad. ennemi direct d’Israëlet par l’élimination d’un Enfin, si les zones de conflits régime proche de la Chine se situent majoritairement et de la Russie, deux dans le nord du pays, ce puissances émergentes n’est pas anodin, mais bien concurrentes directes de parce que ces zones sont la puissance étasunienne ; pétrolières et gazières et que

est sûre et partagée par de nombreux observateurs: le départ de Bachar El Assad risquerait d’entraîner une période de chaos politique Le départ de et économique. Bachar Al-Assad Il pourrait notamment risquerait s’accompagner de politiques d’entrainer un d’épuration menée par chaos politique les milices armées contre les minorités ethniques, L’accession à un régime plus confessionnelles ainsi que démocratique, présentée les défenseurs de la laïcité. par les médias comme étant

leur contrôle permettrait une main-mise sur des contrats avec les grands pétroliers.

qui a pourtant toujours existé pacifiquement. Ne nous méprenons pas ! Le conflit syrien est bien loin d’être un conflit interne de déstabilisation du pouvoir pour l’accession à plus de démocratie, mais bien un conflit politique où les intérêts géostratégiques et principalement les enjeux économiques et religieux prennent toute leur ampleur.

Il est nécessaire de rester vigilant pour ne pas voir s’implanter un régime théocratique

le point central des tensions actuelles en Syrie, est une représentation largement simplifiée de la complexité du conflit, ne permettant donc pas l’analyse pertinente et pondérée des événements politiques syrien. Cependant, au delà des divergences de positionnements idéologiques, une chose

N’oublions pas qu’à contrario de ce que transmettent les médias de masse, l’insurrection et plus précisément ‘’l’Armée Syrienne Libre’’ n’est pas majoritairement formée par des combattants de la liberté et de la démocratie mais par des fondamentalistes défendant une Syrie nonlaïque, et donc contre une Syrie multiconfessionnelle

Si l’ouverture des négociations peut permettre à long terme de voir émerger une sortie de crise, il est nécessaire de rester vigilant, pour ne pas voir s’implanter un régime théocratique dirigé par des fondamentalistes qui utilisent le séculaire à des fins de pouvoir politique et économique.

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Photo © F.A Guadeloupe

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e samedi 25 janvier 2014, le CAGI rendait hommage à Eric Nabajoth, celui-ci ayant fait valoir ses droits à la retraite. C’est l’ensemble de la communauté universitaire mais aussi carnavalesque et politique qui s’est donné rendez vous pour saluer l’artiste et l’universitaire. Ponctuée de témoignages souvent émouvants mais également d’interventions sur les thèmes de recherche cher à Naba, la manifestation a permis d’avoir un condensé

de sa personnalité et des Mais cet hommage s’est thèmes qui ont nourri ses déroulé avant tout, sous enseignements. le signe de l’émotion. Tout d’abord avec le témoignage Parmi ces interventions, de Lydia Barfleur, qui a salué citons celle de Pierre Yves un professeur “soucieux Chicot qui, après avoir de ses étudiants”, qui sait salué l’opportunité qu’ Eric “allier rigueur pédagogique Nabajoth lui a offert en et compréhension humaine” impulsant sa carrière, est Ensuite avec celui de Fred intervenu sur la place de Deshayes, “une grande Cuba dans la communauté tendresse nous lie” confiera internationale. Celle de t-il. Il a salué “le gout de Sainte-Croix Rauzduel l’irrévérence” qu’ils ont sur les paradis fiscaux et en commun ainsi qu’une l’argent sale dans la Caraïbe, complicité de musiciens. celle de Jessica Byron sur Monsieur la politique étrangère de Nabajoth, Eric, la Caraïbe anglophone et Naba, de quel enfin l’intervention de Paul arbre êtes-vous Latortue, invité surprise donc ? et ami d’enfance d’Eric Nabajoth. Haitien vivant et enseignant à Puerto Rico, La musique était présente Paul Latortue a retenu ce samedi matin avec l’attention de l’assemblée l’intervention de Rudy en proposant une analyse Benjamin qui a précédé de la crise haïtienne à l’arrivée surprise du Groupe travers la décision de la VIM qui, le temps d’un cour constitutionnelle de morceau, a fait danser les la République Dominicaine murs de l’amphithéâtre envers les dominicains Lepointe. Il n’en fallait pas d’ascendance haïtienne. plus pour que Naba l’artiste

ESPACE A. Petit

apparaisse et se joigne aux musiciens, aux cotés de Louis Collomb, témoin de son engagement dans le monde carnavalesque. Il faut aussi signaler la visite surprise d’un grand musicien de gwo ka, le trompettiste Kafé que la santé chancelante n’a pas empêché de participer à l’hommage. Il faut également mentionner la présence de Jocelyn Jalton, président du Conseil Economique et Social Régional qui a rappelé l’esprit d’analyse et critique du jeune retraité.

Ainsi la boucle a été bouclée en ce samedi. Tous ces témoignages et la présence d’un public d’intimes, d’étudiants, d’amis et de collègues a permis d’évoquer l’héritage qu’il nous transmet. Eric Nabajothi avouera avoir été entouré des gens qu’il aime. Nous lui renvoyons cet aveu en reprenant ces mots de Fred Deshaies : Monsieur Nabajoth, Eric, Naba, de quel arbre êtes vous donc ? Nous aimerions tellement en être le fruit …

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Photo © Guadeloupe 1ere

Hommage à Éric Nabajoth


PAGE CARAIBE

Paupérisation, dépérissement du lien social et augmentation de la violence

J. Peter, Doctorant Droit

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orsque les médias évoquent les troubles de la société guadeloupéenne, ils évoquent souvent la paupérisation croissante de la population ou encore la réalité de sociétés qui se modernise, le lien social s’atténuant. Cela sans oublier la violence qui devient préoccupante. Ces maux sociétaux qui traversent la Guadeloupe, traduisent-ils une société en perte de valeurs ?

Un appauvris-sement continuel et progressif affectant les classes pauvres La paupérisation se traduit par un appauvrissement continuel et progressif affectant principalement les classes pauvres. Ce phénomène se traduit localement par l’augmentation constante des travailleurs pauvres.

Aujourd’hui, nombre habitants) et moitié moins d’individus, en dépit de leurs que Marseille (850.000). salaires se retrouvent en situation de précarité. Pour autant, ses éléments contextuels ne nous donnent Par ailleurs, le lien social pas des renseignements ne semble plus aussi vivant aussi qualitativement que par le passé. C’est- parlant qu’ils semblent s’y à-dire que les relations prêter. que les guadeloupéens entretiennent avec leur Les indices de famille, leurs amis, leurs développement humain voisins, tout comme les (IDH) des départements mécanismes collectifs de d’Outre-mer sont en retrait solidarité, en passant par de celui observé au niveau les normes, les valeurs ne national. Cependant, seraient plus les mêmes. ces départements représentent en revanche Pour l’année 2013, la des îlots de prospérité Guadeloupe est classée dans leur environnement département le plus violent géographique immédiat : les de France. Le quarante- pays voisins affichent tous et-unième homicide fut des IDH inférieurs. relaté par le journal “Le Les solidarités Monde” puis le quarantese traduisent deuxième par “Le Parisien”. autrement, Il est à noter que ce par le biais du territoire, plus meurtrier tissu associatif que des départements plus médiatisés, compte un peu plus de 400.000 habitants: Aujourd’hui les solidarités c’est un peu plus que la se traduisent autrement. Corse (près de 310.000 Pour exemple, par le biais

du tissu associatif. Ainsi l’association des cuisinières de la Guadeloupe, milite pour la sauvegarde du patrimoine traditionnel local par le biais de la cuisine, des bijoux, des tenues ; la fête des voisins permet aux résidents de Pointe-àPitre de se retrouver tous ensemble dans un esprit convivial ; ou encore la “Fondation K d’urgence” qui a pour vocation d’aider les familles monoparentales en situation de précarité. Il est vrai que pour l’année 2013, c’est la Région Guadeloupe qui totalise le plus d’homicides. Cependant les autres types d’excès ne sont pas l’apanage de notre Région. Selon une étude menée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) en 2011, les habitants des Département d’Outremer sont globalement moins concernés par les pratiques addictives que les

habitants de l’Hexagone. Le tabagisme est deux à trois fois moins élevé au niveau local chez les jeunes comme chez les adultes. L’usage du cannabis y est également moins fréquent. Les jeunes des trois départements, Martinique, Guadeloupe et Guyane présentent à dixsept ans des taux d’usage régulier d’alcool et d’ivresses répétées plus faibles que ceux de l’Hexagone.

La gravité des maux sociétaux n’empêchent pas de se tourner vers l’avenir En conclusion la Guadeloupe présente certaines spécificités économiques et sociales. Elle est également le théâtre de certaines dérives telles que la montée des violences. Cependant, la gravité de ces maux sociétaux ne l’empêche pas de se tourner résolument vers l’avenir.

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L’adhésion de la Guadeloupe et de la Martinique à l’AEC

Revue de Presse A. Sorin , Doctorant en Science politique

Chikungunya L’intégralité de la zone Caraïbe est touchée par le Chikungunya qui a contaminé plus de 4000 personnes sur 14 pays dont Trinidad, St Vincent, Guadeloupe, Martinique, Dominique, Antigua, Anguilla ou encore StMartin. Devant l’épidémie, le Guyana a décidé de tester à leur arrivée, toute personne en présente les symptômes. L’île de SainteLucie également réfléchit à une nouvelle forme de prévention avant le début de la saison humide. Haïti prévoit de faire de même devant l’annonce de la République Dominicaine qui déplore plus de 200 cas depuis le mois de mars. Santé Un rapport de l’OMS établit que les violences entre particuliers, les accidents de la route et les suicides sont les 3 premières causes de décès des 10-19 ans

dans les amériques, caraïbe compris, démontrant le peu d’attention donnée aux ados et leurs problèmes… L’Organisation PanAméricaine de Santé a révélé une étude alarmante sur la dengue. Le nombre de cas dans les amériques a été multiplié par 5 en 10 ans (500 mille en 2003, 2,3 millions en 2013. USA Barack Obama a annoncé que le mois de juin sera désormais le mois du patrimoine caribéenaméricain, reconnaissant qu’ils ont “contribué à chaque aspect de la société”. Fonds Européens La Jamaïque va bénéficier d’une aide de l’Union Européenne approchant les 75 millions d’Euros pour développer son industrie sucrière, réformer son système judiciaire, la réduction de la pauvreté et le soutien aux initiatives

locales. L’Union Européenne contribue également à hauteur de 10 millions d’Euros dans les projets environnementaux et de développement durable pour les états membres de l’OECS, notamment pour Antigua et Barbuda. Agriculture La sècheresse à Trinidad inquiète les autorités qui ont décidé de rationner l’usage de l’eau devant les faibles précipitations d’avril. À Sainte-Lucie, la revitalisation du secteur agricole est présentée comme barage à l’augmentation du chômage par la fédération des employés Saint-Luciens. Marijuana Contrairement aux rumeurs, le nouveau Prime Minister des Bermudes a confirmé qu’aucune forme de légalisation du cannabis ne sera en discussion dans le projet de réforme de la législation à ce sujet.

A. Petit

C

’est officiel depuis le 14 février 2014, la Guadeloupe et la Martinique sont membres associés de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC). Une décision actée lors de la réunion du Conseil des Ministres à Port of Spain (Trinidad) qui met fin à plus de Cinq ans de négociations entre les chefs d’Etats caribéens, l’Etat français et les exécutifs régionaux. Les deux collectivités siègeront désormais en leur nom propre aux cotés de l’Etat français toujours membre de l’Association notamment aux noms des collectivités de Saint-Martin et de Saint Barthélemy.

Cette décision vient ancrer les efforts d’insertion et de développement d’échanges

régionaux engagés par les deux collectivités.

Mais elle permet surtout d’expérimenter pleinement les “compétences internationales” qui leur sont accordées depuis la Loi d’Orientation pour l’Outre Mer du 13 décembre 2000. Cependant le chemin est encore long avant de pouvoir affirmer une insertion effective des collectivités à leur environnement régional. A cette insertion statutaire il faut maintenant assurer une efficience fonctionnelle, garantir une continuité en terme de ressources et de résultats.

Intégrer nos territoires dans des politiques culturelles et économiques qui amènent Cette décision vient ancrer à se penser et se construire les efforts d’insertion et de comme caribéen serait déjà développement d’échanges une première étape.

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MOIS DU CAGI L’étudiant du mois Nimal Eames-Scott

É

Groupe de réflexion et de proposition sur la biodiversité

P. Obertan , Docteure en Science politique

D

epuis quelques semaines, des scientifiques, des militants associatifs, des juristes, des politologues, des attachés parlementaires ont décidé de se réunir au CAGI pour parler du projet de loi français sur la biodiversité.Toutes ces personnes ont décidé de travailler ensemble car ce projet de loi suscite méfiance et crainte pour les régions ultra-marines.

sens plus respectueux des peuples ultra-marins.

Ainsi, ce groupe pluridisciplinaire tente par ses réunions de faire la lumière sur ce projet de loi. L’objectif étant aussi de susciter un certain nombre de changements afin de le faire évoluer dans un

Il importe que les populations ultra-marines prennent conscience de leur patrimoine et qu’elles fassent entendre leur qui vision a trop souvent été négligée.

Le groupe s’est aussi donné pour mission de sensibiliser la population locale à ces questions. En effet, 80% de la biodiversité française se trouve dans les Outre-mer. De plus, la richesse du XXIe siècle ne se trouve plus dans le pétrole mais dans la biodiversité.

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tudiant à Yale, tu as fait le choix de venir faire un stage d’études au CAGI. Pourquoi ?

Propos reccueillis par G. Samathi, Doctorante en Science politique

particulier son rapport avec la littérature, la poésie, et l’art en général. Quel était le rôle de l’art dans le mouvement ? Quelle a été la réponse de la communauté artistique, et comment le mouvement s’est traduit dans la production artistique ? Comment est-ce que les écrivains et artistes pensent leurs œuvres par rapport à ce mouvement et Je m’appelle Nimal Eames- aux politiques de résistance Scott, et je suis un étudiant postcoloniale en général ? à l’Université de Yale aux États-Unis. Comment s’est déroulé À l’Université j’étudie la ton séjour au sein du CAGI littérature et l’art de la et plus globalement en Caraïbe et je me concentre Guadeloupe ? sur l’art postcolonial et son rapport avec les Mon séjour en Guadeloupe mouvements sociaux de s’est passé très bien. J’étais résistance postcoloniale. logé chez une femme qui J’était en Guadeloupe est infirmière au Centre pour l’été, faisant Hospitalier Universitaire un stage au Centre et qui est aussi membre de d’Analyse Géopolitique et l’UGTG. Elle m’a parlé de son Internationale à l’Université expérience de syndicaliste à Pointe-à-Pitre. Mon pendant le mouvement. J’ai projet ici, c’est d’étudier aussi eu des entretiens avec le mouvement de 2009, le des syndicalistes, comme LKP et les 44 jours, et en Elie Domota, qui a accepté

de me parler en français au lieu du créole. J’ai aussi parlé avec des enseignants de science politique et d’ethnomusicologie, des artistes, des musiciens, des photographes, et des écrivains, comme Simone Schwarz-Bart et Gisele Pineau. Mme Pineau m’a dit qu’elle a déménagé de Paris pour la Guadeloupe, et qu’elle a récemment écrit un roman au sujet du mouvement. Que retiendras-tu de ton séjour ? En général, mes entretiens se sont passés très bien. Maintenant je prends une année sabbatique pour être en tournée avec un groupe de chant qui s’appelle “The Whiffenpoofs.” Mais l’année prochaine je vais commencer à analyser mes entretiens pour écrire ma thèse, et je suis très excité à l’idée de commencer ce projet. Merci beaucoup !


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