Éduc' Mag n°180

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Grand dossier

En quoi l'intelligence artificielle va-t-elle impacter nos métiers ? Actus et revendications

Mesures du "Choc des savoirs" : c'est toujours non !

Pas si simple !

La cinquième république est-elle morte ?

Comme nous, rejoignez la casden, la banque de

Équipe éditoriale

Directrice de la rédaction : Morgane Verviers

Directeur de la publication : Pierre Château

Rédacteur en Chef : Nicolas Anoto

Secrétaire de rédaction : Aline Boussaroque

Ont participé à ce numéro : Denis Adam, Géraldine AlbertiBaudart, Nicolas Anoto, Mohamed Attia, Willie Charbonnier, Marion Chevalier, Véronique De Aguiar, Stéphanie de Vanssay, Laurent Escure, Jérôme Giordano, Adrien Guinemer, Benoit Kermoal, Béatrice Laurent, Laurence Naumot, Stéphane Soreau, Morgane Verviers.

Illustration : Aline Boussaroque, AdobeStock, Freepik, Pexels

Maquette et réalisation : www.ceciliabertin.com

Publicité : tresorerie@unsa-education.org

Impression : Imprimerie IPS80 000 exemplaires

Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

Éditeur : UNSA Éducation 87bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX Tél. : 01 56 20 29 50 national@unsa-education.org www.unsa-education.com

de l'équipe éditoriale de l'Éduc'Mag

Reprendre la main

Chers lecteurs, chères lectrices,

L’éducation doit être une priorité. Malgré le climat politique trouble dans lequel nous devons faire face depuis des mois, cette rentrée se fait sous le signe des évidences ; là où règne l'incertitude, nous savons une chose : nous ne nous résignerons pas.

À l’heure où j’écris ces lignes, le pays est toujours sans gouvernement. Un feuilleton qui n'en finit pas, avec en arrière-plan la progression de l’extrême droite, que nous avons su limiter par notre mobilisation. Nous pouvons en être fier es, mais la bataille est loin d'être terminée.

Vous, en première ligne, avez assuré une rentrée réussie malgré ce contexte. Rien d’étonnant. Notre baromètre annuel, qui a réuni 50 000 réponses, le confirme, vous aimez votre métier.

Vous aimez votre métier, et vous demandez, à juste titre, de pouvoir mieux le vivre. Vou s aspirez à des conditions de travail plus sereines, une reconnaissance plus forte, une carrière plus fluide. Bref, vous voulez exercer votre vocation sans devoir la porter à bout de bras. Vous méritez que cet engagement soit reconnu et soutenu. Or, tout le monde a son avis sur ce que devrait être l’éducation de demain. Et c’est sans grand risque, que l’on peut affirmer que la nouvelle ère parlementaire ne manquera pas de porter le débat public sur nos métiers.

Reprendre la main sera donc ne pas laisser d’autres dicter les thèmes du débat. C’est imposer nos priorités ! Éducative, de formation, de jeunesse, culturelle, sportive. Reprendre la main, c’est rappeler qu’il n’y a pas de politique sans écouter celles et ceux qui les font vivre jour après jour.

Notre baromètre des métiers, c’est plus qu’un sondage, c’est un message clair : nous aimons notre métier, mais nous refusons de le subir.

Dans cette période troublée, je porte une autre certitude, c’est qu’à l’UNSA nous agirons à vos côtés pour une meilleure rémunération, des parcours professionnels plus souples, et surtout, un cadre de travail qui permet à chacun d’exercer son métier dans les meilleures conditions...

Fidèles à notre méthode réformiste et combative, nous irons dans chaque instance de décision, nous frapperons à chaque porte pour que nos priorités soient entendues et prises en compte. Reprendre la main, c’est ouvrir des perspectives. La situation est complexe, et justement l'action syndicale est plus nécessaire que jamais.

Les défis sont immenses, mais les voies pour les surmonter sont claires. Ensemble, en tant que force collective, nous avons les moyens d’imposer un récit heureux, où l'éducation n'est plus perçue comme un problème à résoudre, mais vécue comme une chance à saisir.

Morgane VERVIERS

Secrétaire générale de l’UNSA Éducation

Sommaire

Ensemble pour faire la différence

Application Op@le

A&I UNSA Éducation demande un moratoire de cette application défaillante

A&I UNSA Éducation a lancé une pétition, dans une dynamique intersyndicale, pour réclamer un moratoire sur le nouveau progiciel comptable de gestion des établissements scolaires, qui dysfonctionne par plusieurs aspects. Mobilisation réussie avec 7300 signatures juste avant l'été et une rencontre au ministère, le 26 juin, où l’administration a annoncé un aménagement du déploiement. Affaire à suivre !

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Une nouvelle secrétaire générale au SN2D

MAGALI FILLY A ÉTÉ ÉLUE EN JUIN À LA TÊTE DU SYNDICAT NATIONAL DES DIRECTEURS DÉLÉGUÉS.

Directrice Déléguée aux Formations Professionnelles et Technologiques, elle a été élue secrétaire générale lors du congrès de Strasbourg, en mai 2024. En poste à Manosque au lycée Les Iscles dans l’académie d’Aix-Marseille, elle succède à Dominique Pouchain.

Le SNADEM-UNSA a un impact sur les débats municipaux

Les professeurs de la ville de Paris en action

Dans le cadre d’une négociation pour obtenir le versement de 100% de l’ISAE aux professeurs de la ville de Paris (PVP) sans augmentation de la charge de travail, le SNADEM a discuté avec différents groupes politiques du conseil de Paris et obtenu le retrait d’une délibération. Le combat pour l’égalité des droits entre enseignants continue.

Enquête adhérents

LE SE-UNSA LANCE UNE GRANDE ENQUÊTE AUPRÈS DE SES ADHÉRENT.ES

Le syndicat des enseignants de l’UNSA s’est adressé à ses adhérent.es, fin juin, pour mieux connaître leurs attentes. Formation syndicale, supports de communication, services et accompagnement Quels combats, quelles valeurs doivent être mises sur le devant de la scène et qu’est ce qui doit changer dans l’action syndicale ? Des questions primordiales pour l’avenir du syndicalisme.

SEP-UNSA-ÉDUCATION

UNE LOI-CADRE DE L’ÉDUCATION POPULAIRE

LE SEP-UNSA-ÉDUCATION ÉTAIT DE NOUVEAU, AUX RENCONTRES NATIONALES DE L'ÉDUCATION POPULAIRE À L’INITIATIVE DE LA MAIRIE DE POITIERS D U 30 MAI AU 1 JUIN 2024.

Au-delà d'une affinité sur les sujets traités par « le groupe de réflexion parlementaire de l'Assemblée Nationale sur l'éducation populaire »... Le SEP a pu démontrer que son travail sur « une Loi cadre de l’Éducation Populaire » (à retrouver sur leur site) était plus que toujours d’actualité pour les parlementaires. Une affaire à suivre pour la nouvelle législature !

Le site des rencontres : www.rencontres-education-populaire.fr/

Vie chère / premiers acquis pour l’UNSA Éducation Polynésie

Depuis 15 ans, l’UNSA éducation et le STIP-AEP UNSA travaillent pour trouver une solution à la disparition de l’Indemnité temporaire de retraite (compensation à la vie chère pour les retraités polynésiens).

Un nouveau secrétaire général

pour le syndicat de l’inspection de l’éducation nationale

Lors du bureau national du 2 juillet, Sébastien Collet a été élu pour succéder à Patrick Roumagnac à la tête du SIEN-UNSA. Ce dernier a été secrétaire général du syndicat pendant 25 ans et s’investira dans une mission de trésorier au sein du nouveau bureau national. Sébastien Collet est IEN dans la circonscription du premier degré de Mornant-Sud dans l’académie de Lyon.

Avec l’UNSA Fonction Publique, l’UNSA Éducation Polynésie a conduit des échanges constructifs avec les parlementaires. Le comité interministériel a invité les organisations syndicales à faire des propositions en 2023. Notre équipe a élaboré le dispositif dit « hybride ». La section Polynésienne a porté cette proposition à chaque réunion. De son côté, l’UNSA FP a travaillé sur le dispositif compensatoire à la retraite pour approcher un taux de remplacement de 75 %. Nous avons ensuite obtenu et participé à la rédaction d’une résolution soutenant un dispositif de compensation, votée à l’unanimité à l’assemblée de Polynésie. Cette résolution a été présentée à l’Assemblée nationale.

L’État a finalement imposé la cotisation volontaire à la retraite additionnelle de la fonction publique CVR (cotisation volontaire au régime). Ce dispositif contributif prévoit, pour les volontaires, une garantie encadrée de 4000 € par an.

La CVR est une première réponse. Certes, nous ne sommes pas aux 75% de taux de remplacement mais le combat continue.

En août 2024, l’UNSA Éducation Polynésie a demandé la prorogation du délai d’option pour que les personnels n’ayant pas opté ne soient pas exclus du dispositif.

Vers un " parcours santé de l'enfant " type ?

SANTÉ SCOLAIRE : U NE CONCERTATION EN COURS

AUTOUR DU PARCOURS DE L’ENFANT TOUT AU LONG DE SA SCOLARITÉ.

Quelle évolution pour le système de santé scolaire ?

Suite aux rumeurs d’abord, aux nombreux rapports et annonces ensuite concernant une réforme du système de santé scolaire, nous avons entamé avec nos syndicats (infirmier.es, médecins, psyEN, assistant.es sociaux.les, chef.fes d’établissement) une large concertation visant à partager la situation des collègues dans chacun des métiers, puis à exprimer ce que chaque métier considère comme indispensable en matière d’évolution.

Partir des besoins vitaux de l'enfant

Tous les syndicats se sont accordés sur ce point que toute nouvelle politique publique en matière de santé scolaire doit être élaborée à partir de l’enfant et de ses besoins premiers et vitaux. D’où une contribution de chaque syndicat pour un « parcours santé de l’enfant » type durant l’ensemble de sa scolarité, de la maternelle au bac. Ces différentes visions seront croisées par métier pour établir une proposition fédérale commune où chacun aura clairement défini ce qu’il attend des pouvoirs publics en termes d’objectifs et de missions.

Une tribune dans Médiapart du 4 décembre 2023 avait lancé le préalable à notre concertation approfondie.

FONCTION PUBLIQUE : UNE ATTRACTIVITÉ EN PANNE

Mieux valoriser le métier.

La rentrée 2025 a de nouveau mis le focus sur les postes non pourvus faute de candidats aux concours. Ce n’est qu’une partie du problème. De nombreux collègues en poste aspirent à changer de fonctions voire de métier. Les temps partiels, congés de formation, détachement, demandes de rupture conventionnelle sont souvent refusés par les académies. Résultat : le malaise est croissant et les collègues restent par défaut.

L'EMPLOYEUR

PUBLIC DOIT

REDONNER DU SOUFFLE

AUX PERSONNELS

L’employeur public doit redonner du souffle aux personnels. Cela passe par une amélioration des conditions de travail, de la rémunération, de la formation initiale et continue, des perspectives de mobilité, de la santé. Les employeurs privés qui veulent fidéliser leurs salariés savent actionner ces leviers. Il est urgent que l’employeur public s’y attèle ! L’UNSA Éducation porte ses exigences pour permettre aux collègues de mieux vivre leur métier.

PTP : ON VEUT L’ÉGALITÉ !

MÊME CORPS D'ORIGINE, MÊME CARRIÈRE, MÊME DROITS, VOUS TROUVEZ CELA NORMAL, L'UNSA ÉDUCATION AUSSI.

Les corps des PTP (personnels techniques et pédagogiques) ont été créé en séparant les corps de professeurs de sports et les professeurs d’EPS (éducation physique et sportive). Ils sont donc identiques à ceux des enseignants, avec les mêmes grilles, le même ratio promus-promouvables, etc. Le passage par des ministères « sociaux » a changé cette égalité au détriment des PTP, notamment concernant les ratios « pro -pro ». Le retour à l’éducation nationale s’est accompagné d’un engagement à un retour progressif à ce parallélisme de corps. L’UNSA Education a obtenu l’engagement de l’applica-

tion progressive pour les PTP des dernières évolutions pour les carrières des enseignants concernant ces ratios, mais la mise en œuvre est lente. L’UNSA Éducation avec ses syndicats jeunesse et sports de PTP, SNAPS et SEP, continueront à exiger le respect des engagements pris sur le parallélisme des corps entre les PTP et les enseignants.

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

l’UNSA Éducation interpelle les parlementaires

Début juillet, notre fédération s’est adressée aux député es de la commission des affaires culturelles et éducation de l’assemblée nationale et à sa nouvelle présidente, Fatiha Keloua-Hachi, pour les alerter sur les dossiers urgents de la rentrée 2024. Plusieurs parlementaires ont déjà répondu et des rendez-vous sont en cours de finalisation. La présentation des résultats de l’édition 2024 du baromètre des métiers sera aussi une étape importante de notre stratégie d’influence.

Mesures du « Choc des savoirs », c’est toujours NON !

Le contexte politique instable a limité la mise en œuvre du « choc des savoirs » initié par le ministre Gabriel Attal et poursuivi par la ministre Nicole Belloubet.

Certaines de ses mesures sont gelées ou repoussées à la rentrée 2025, mais l’ensemble est toujours contestable et fort éloigné du projet éducatif émancipateur de l’UNSA Éducation. Non aux groupes

de niveaux en 6ème et 5ème en français et maths ! Une fois de plus, les établissements ont été sommés d’organiser les enseignements autrement, sans leur donner à tous ni les moyens humains pour les rendre efficients, ni le temps long de formation et de concertation nécessaires à toute transformation des pratiques pédagogiques. Non à la labellisation des manuels scolaires, première étape vers le manuel obligatoire qui rogne la

liberté pédagogique ! Non au DNB obligatoire pour poursuivre ses études au lycée ! L’UNSA Éducation a engagé un recours au Conseil d’État pour faire annuler les groupes de niveaux en 6ème et 5ème, et empêcher la généralisation en 4ème et 3ème à la rentrée prochaine telle que prévue. C’est un mode d’action, parmi d’autres, pour faire reculer cette politique éducative précipitée, simpliste et déstabilisante.

UNE CLAUSE DE REVOYURE QU’ON ATTEND TOUJOURS

LA LOI DE PROGRAMMATION DE LA RECHERCHE (LPR), VOTÉE EN DÉCEMBRE 2020, A PERMIS UNE AUGMENTATION DU FINANCEMENT DE LA RECHERCHE PUBLIQUE.

Que penser de ce projet budgétaire ?

Prévue pour une durée de 10 ans, la programmation budgétaire est déployée en deux phases :

• 2020-2027, finançant notamment des mesures de ressources humaines (revalorisations, repyramidages, recrutements, etc.) ainsi que l’augmentation des crédits de recherche ;

• 2027-2030, pour réaliser la convergence indemnitaire inter-ministérielle.

Si les « marches » budgé taires annuelles en euros courants ont été respectées entre 2020 et 2023, il subsiste un doute sur celle de 2024 qui nécessitera d’attendre l’analyse de l’exécution budgétaire pour s’en assurer. En outre, la très forte inflation vécue ces trois

dernières années a indiscutablement gommé une bonne partie de l’investissement voulu par la loi. Or, l’article 3 de la LPR prévoit justement une clause de revoyure, au moins tous les trois ans, pour s’assurer de la bonne adéquation des budgets avec les objectifs portés par la loi. Cette revoyure qui aurait dû se tenir dès 2023 n’a jamais eu lieu. Cet état de fait n’est pas seulement une promesse politique non tenue, c’est un gouvernement qui assume le fait de se mettre dans l’illégalité pour préserver ses dogmes économiques. En n’appliquant pas la loi, les différents gouvernements du Président Macron escamotent leur propre politique tout en hypothéquant l’avenir de notre société.

Rentrée 2024 :

QUELQUES « PATATES CHAUDES » P OUR LE NOUVEAU

GOUVERNEMENT

Des dossiers brûlants face à un contexte politique incertain

À l’heure où ces lignes sont écrites, le président de la République continue ses consultations et aucun premier ministre n’a été désigné. Cette situation entraîne un arrêt brutal des concertations entre le gouvernement et les organisations syndicales. L’avenir même des politiques du gouvernement précédent est d’ailleurs en suspens dans la mesure où la première force composite arrivée en tête des dernières élections législatives, le « nouveau front populaire », rejetait largement les principales orientations du gouvernement Attal. Les dossiers s’accumulent donc en attendant que des ministres soient désignés et pourtant les défis qu’affrontent nos métiers sont bien identifiés. Le problème de l’attractivité de nos métiers est toujours là, sur la table, malgré les mesures de revalorisation mises en œuvre par le biais du PACTE dont la logique n’est pas la nôtre. Nous ferons des propositions aux ministres désignés pour travailler sur ce défi, en nous appuyant sur les résultats du baromètre des métiers que nous présenterons à la presse le 17 septembre.

Les drames que nous avons vécus, en matière de harcèlement scolaire, de violence dans la jeunesse et dans la société, les difficultés croissantes pour réussir l’inclusion et la mixité sociale à l’école, le défi de la laïcité et de la sécurisation des établissements ne sont pas pour nous de simples sous-titres dans les chaînes TV d’actualité qu’on abandonne dès qu’un autre fait divers fait la une. Sur chacun de ces dossiers, nous demanderons un suivi de long terme, une évaluation des mesures ministérielles avant toute généralisation.

Nous voulons agir sur l’ensemble des champs ministériels que nous couvrons. Fermeture du centre Pompidou à Paris, résultats de la commission d’enquête sur l’enseignement privé supérieur, avenir des politiques sportives post JO ou encore Service National Universel : l ’UNSA éducation sera sur tous les fronts pour défendre des solutions d’avenir, solidaires, écologiques et durables, en obtenant des moyens publics à la hauteur des besoins pour les mener.

À retrouver sur notre chaine Youtube : www.youtube.com/@UnsaEducationFR

Nous voulons agir sur l’ensemble des champs ministériels que nous couvrons

L'UNSA Éducation

L’Anateep recherche des intervenant(e)s disposé(e)s à s’investir quelques heures dans l'année pour agir au service des enfants.

REJOIGNEZ NOUS !

Animez, dans les établissements scolaires, des séquences d’éducation à la sécurité et à la citoyenneté dans les transports collectifs. Chaque année, plus de 200 000 écoliers, collégiens et lycéens sont sensibilisés dans le cadre des opérations Transport Attitude.

QUALITÉ - SÉCURITÉ - PRÉVENTION

Agir pour la prévention à l’école avec la MAE

Numéro 1 de l’assurance scolaire et acteur de référence au service de l’éducation, la MAE propose gratuitement des outils pédagogiques et des actions de prévention dans les classes, et contribue ainsi à mieux protéger les élèves. Une expertise unique, reconnue et agréée par le ministère de l’Éducation nationale.

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• ÉDUCATION À LA SANTÉ

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mae.fr

L’expertise de la MAE au service de la prévention

DOSSIER

Intelligence artificielle : Quel impact pour

nos métiers ?

C’est la question posée dans ce premier dossier de la nouvelle formule « éduc’mag » où nous posons à plat tout ce que le « deep learning », les algorithmes et autres enjeux de l’accélération numérique pourraient changer dans nos métiers. Progrès ou danger ? Travail remplacé ou facilité ? À nous d’utiliser la recherche scientifique, nos partenaires étrangers et l’actualité de nos métiers pour répondre à ces questions que l’UNSA Éducation veut prendre à bras-le-corps dans les prochains mois.

En France

97%

DES 18-24 ANS SAVENT CE QU'EST L'IA, CONTRE 51% CHEZ

LES 75 ANS ET PLUS

51%

DES FRANÇAIS CONSIDÈRENT L'IA À LA FOIS COMME UN DANGER POUR L'HUMANITÉ ET UN PROGRÈS

80% des Français pensent qu'il faut réguler le développement de l'IA

La France a investi

6,6 milliards de dollars dans l'IA entre 2013 et 2022

Dans le monde

Le marché mondial de l'IA représentait

241 milliards $ en 2023

L'IA pourrait contribuer à hauteur de 15 700 milliards $ à l'économie mondiale d'ici 2030

Les États-Unis ont investi

248,9 milliards de dollars dans l'IA entre 2013 et 2022

IA et éducation en France

+ de 60%

DES ÉDUCATEURS FRANÇAIS ESTIMENT QUE

L'IA VA REMODELER SIGNIFICATIVEMENT L'ÉDUCATION D'ICI 2025

SEULS 11% DES ÉLÈVES FRANÇAIS DÉCLARENT

UTILISER L'IA À L'ÉCOLE, CE QUI PLACE LA FRANCE

DERNIÈRE EN EUROPE SUR CE POINT, DERRIÈRE L'ALLEMAGNE (38%) ET LE ROYAUME-UNI (20%)

Dans le cadre de France 2030, le gouvernement a annoncé un soutien de 360 millions € pour 9 "IA-CLUSTERS", des pôles d'excellence en recherche et formation en intelligence artificielle.

Intelligence artificielle : Nos partenaires étrangers prennent le sujet à bras-le-corps

LES ÉDUCATRICES ET ÉDUCATEURS, AUX 4 COINS

DU MONDE, SONT CONFRONTÉS À UN USAGE

CROISSANT DE L’INTELLIGENCE

ARTIFICIELLE

QUI PERCUTE NOS MÉTIERS ET SE DEMANDENT

COMMENT UTILISER CET OUTIL.

La NEA, syndicat de l’éducation américain, demande que ce ne puisse pas être la première source d’une information ou d’une décision administrative dans le système scolaire. La communauté éducative (parents, élèves, associations), selon la NEA, doit aussi être impliquée à toutes les échelles dans l’évaluation de la mise en œuvre éducative de cet outil.

En Allemagne, le syndicat enseignant bavarois BLLV demande de son côté que l’IA soit utilisée dans une démarche critique par les élèves et met en garde contre

les aspects démotivants d’une évaluation « instantanée » sans intermédiation humaine.

Le syndicat AOB (Pays-Bas), en revanche, se dit intéressé par les aspects de l’IA qui permettraient de réduire la charge de travail du corps enseignant sur des missions fastidieuses et automatisables.

Au Québec, la Centrale des Syndicats du Québec revendique de son côté une discussion au parlement pour établir un cadre éthique et responsable de l’utilisation de l’IA dans un cadre scolaire.

UNE RECHERCHE PUBLIQUE POUR FAIRE FACE AUX RISQUES DE L’IA

L’intelligence artificielle (IA) est vouée à occuper une place toujours plus importante dans nos sociétés. Cependant, la très grande majorité des IA, et surtout les plus performantes, sont conçues et développées par de grands groupes privés. Se posent donc des questions sur l’encadrement et la régulation des outils de l’IA dans leur développement et leur utilisation. En effet, la propagation, pratiquement sans contraintes, de l’IA conduit désormais à une remise en question de la souveraineté et de la stabilité des États [1]. Pour faire face à ces enjeux, il y a nécessité d’avoir une recherche publique qui travaille sur les risques de l’IA, sur les notions de droit et de réglementation et qui soit porteuse d’une contreoffre publique. Pour cela, les États, au premier rang desquels ceux européens, doivent organiser une réelle stratégie concertée de gestion du risque de l’IA et investir massivement dans la recherche publique pour développer des outils dont ils garderont la maîtrise.

Introduire l’intelligence artificielle à l’école, est-ce une bonne idée ?

FACE À LA MONTÉE EN PUISSANCE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, QUELS SONT LES ENJEUX D'UNE GÉNÉRALISATION DE SON USAGE À L'ÉCOLE ?

L’Intelligence artificielle (IA) n’est pas LA priorité de l’École publique française qui est traversée par de nombreuses crises.

Ce ne sera pas la réponse aux problèmes de recrutement des personnels, au sentiment de perte de sens du métier d’enseignant. Cela ne résoudra en rien le problème de la ségrégation scolaire, du manque de mixité dans les établissements et des classes trop chargées. On ne peut pas faire comme si l’IA n'existait pas. Les élèves sont pour partie en avance sur les enseignants mais ils en ont une utilisation “sauvage”... Il nous faut donc accompagner, former et réguler l’utilisation, la création des IA. L'École de la République doit s’adapter, nous devons adapter nos pratiques pédagogiques et ne pas laisser cet apprentissage à des entités qui ont des visées idéologiques ou mercantiles.

La technologie et les outils sont encore immatures mais déjà exploitables.

Les IA génératives ont fait une percée remarquable depuis l’accès au grand public de ChatGPT. Les moteurs conversationnels, les générateurs d’images et de sons, sont déjà grandement exploitables, y compris pour une utilisation dans l’Éducation. Mais les limites des IA restent nombreuses.

Les IA génératives de texte sont souvent incapables de détecter les erreurs de raisonnement ou d’expliquer les erreurs de nos élèves (et à nos élèves). Elles sont trop généralistes pour être précises en matière de pédagogie et de didactique.

“L'adaptive learning” est encore une utopie : ce mélange entre un moteur conversationnel et un algorithme d’apprentissage adaptatif et personnalisé semble hors de portée, à ce stade.

L’apparition des IA pose également des problèmes éthiques

Les phases d’apprentissages des IA peuvent engendrer des dérives (“travailleurs du clic”, sous-traitance incontrôlée...).

Les IA développées sur fonds privés ont un but mercantile qui peut s’éloigner de l’intérêt général.

Les biais, les erreurs, aujourd’hui encore nombreux des IA génératives, peuvent et doivent être corrigés. Des entreprises privées pourraient être tentées d’en maintenir certains (placement de produits, promotion d’une idéologie...).

L’impact énergétique de l’utilisation des IA est exponentiel.

Face aux IA et grâce à elles, il nous appartiendra de conserver et développer notre esprit critique, celui de nos élèves ainsi que la maîtrise des outils.

Pour cela, les besoins de formation sont très importants. De nombreux acteurs éducatifs ont une connaissance très parcellaire, voire erronée de ce qu’est une IA. Les principes de fonctionnement doivent être appréhendés pour en capter les enjeux, les limites et pouvoir les transmettre aux élèves.

Dans tous les cas, les IA ne doivent pas déshumaniser l’école. Elles peuvent aider les enseignants pour des tâches simples, répétitives et libérer ainsi du temps pour la créativité et des tâches complexes. Elles ne doivent pas se substituer aux humains pour les prises de décisions en matière de gestion administrative, d’évaluation des personnels et des élèves. La volonté d’un pilotage de la politique éducative par une ou plusieurs IA relève du cauchemar orwellien. Pour toutes ces raisons, il faut développer un usage raisonné des IA. Commençons par développer des IA plus ouvertes, sur fonds publics ou mixtes, au niveau national ou, plus probablement européen, afin d’y intégrer, par exemple, le respect du RGPD et de les rendre disponibles au plus grand nombre, sans la barrière du prix.

D’une manière générale, les IA en matière éducative devraient rester des outils d’aide à la décision ou permettant de passer moins de temps sur des tâches de bas niveau. Cela peut passer par la rédaction d’une charte ou d’un guide des bonnes pratiques dans l’Éducation. Enfin, il semble indispensable de prévoir des évaluations récurrentes des outils et des pratiques, indépendantes du pouvoir politique, basées sur des méthodes scientifiques et de privilégier, d’encadrer des formations entre pairs, en s’appuyant sur les personnels qui ont déjà une pratique professionnelle intégrant les IA.

Le saviez-vous ?

Le 13 juin 2024, Le parlement européen et le conseil de l'UE ont adopté le réglement 2024/1689 qui établit des règles harmonisées concernant l'intelligence artificielle pour garantir le respect des droits fondamentaux. Il sera appliqué en France à partir de février 2025.

Qu’est-ce que l’adaptative learning ?

L'adaptive learning est une méthode d'enseignement qui utilise des algorithmes d'intelligence artificielle, pour adapter le contenu et le rythme d'apprentissage aux besoins individuels des élèves. En analysant les performances et les traces numériques de l’activité des élèves, le système ajuste les exercices pour optimiser l'apprentissage.

Il s’agit d’exerciseurs améliorés permettant d'arriver à une automatisation ou à une mémorisation efficace, sans pour autant prendre en compte les dimensions sociales des apprentissages.

QUEL MODÈLE ÉCONOMIQUE POUR LA 4

ème RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ?

L’AVÈNEMENT DES DIFFÉRENTES GÉNÉRATIONS D’IA, NOTAMMENT LE DEEP LEARNING (APPRENTISSAGE PROFOND) ET LES PROGRÈS EN ALGORITHMIQUE DANS LA SPHÈRE

PROFESSIONNELLE IMPACTENT LES ACTIVITÉS LIÉES AU TRAVAIL ET LES MÉTIERS.

La France, est l’un des seuls pays européens qui s’est doté d’un plan IA « France 2030 » et y dédie 2.5 milliards. Cette transformation va-t-elle entrainer une substitution ou une complémentarité entre IA et travailleurs ? Des tâches sont d’ores et déjà effectuées par des outils numériques basés sur l’IA, les métiers de l’éducation et de la formation n’y échappent pas. En somme, les taches routinières sont substituables, les non routinières (manuelles ou cognitives) sont des tâches plus complexes pour lequel l’IA est plutôt complémentaire. L’OCDE considère que l’emploi est supprimé quand plus de 70 % des taches sont remplacées par l’IA. L’estimation de cette suppression s’élève à plus de 16% dans une période de 15 à 20 ans. Plus un métier comporte des taches routinières plus il sera exposé.

Conséquences sur l'emploi

L’IA est un avantage par l’aide et le gain de temps qu’elle permet. Cependant, les conséquences sur l’emploi, particulièrement sur l’emploi salarié, pourraient tout autant

être délétères et in fine, leur subtiliser leur moyen de subsistance. L’OCDE estime à 16,5% des emplois disparaitront dans 15 à 20 ans. Cette mutation connue lors de la révolution industrielle permet l’analogie avec cette période. L’IA engendre néanmoins avec elle aussi d’autres besoins et la création de métiers spécialisés dans l’IA (déploiement, développement, maintenance). La réduction du travail et l’accès sans frein pour tous à des formations supérieures afin de faire face à la polarisation du travail (augmentation des emplois hautement qualifiés) sont des défis nationaux. Ainsi, à l’orée de cette nouvelle ère, tout l’enjeu est désormais de savoir comment nos sociétés vont s’organiser et organiser leur système économique.

1 EMPLOI EST SUPPRIMÉ QUAND + DE 70% DES TÂCHES SONT REMPLACÉES PAR L'IA

16,5% DES EMPLOIS VONT DISPARAÎTRE DANS 15 À 20 ANS

IA: la vulnérabilité des métiers

Source : COMMISSION DE l’IA ; septembre 2023

Pédagogie : l’IA déjà là ?

L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE TOUCHE NOS MÉTIERS, MAIS ELLE PREND

AUSSI SA PLACE

DANS LE QUOTIDIEN DES ÉCOLES ET DES ÉTABLISSEMENTS, DANS LE TRAVAIL DES ÉLÈVES. MIRAGE OU BANALITÉ DU QUOTIDIEN ?

Imaginez qu’une application puisse proposer des activités adaptées aux difficultés de chaque élève de votre classe. Que chaque enseignant dispose d’un tableau de bord en temps réel sur les acquisitions des élèves. Qu’un système de reconnaissance vocale fasse réviser les cours de langue. Ou qu’un programme soit capable de constituer des groupes d’élèves qui ont besoin de travailler telle ou telle compétence ? Tout ceci est déjà en partie possible, par exemple à travers l’application « MIA seconde » évoquée par Gabriel Attal dans l’annonce du choc des savoirs.

La sketch note du congrès

La direction numérique de l’éducation du ministère (DNE) accompagne ces projets à l’échelle nationale, mais sans formation. Et sans déploiement impliquant les personnels et leurs représentants pour permettre une appropriation et les changements de culture professionnelle nécessaires, on reste, comme souvent, à l’effet d’annonce. Tout cela sans parler de l'indispensable débat à mener sur les enjeux éthiques et juridiques de l’utilisation des données des élèves ainsi que sur les conditions pour des usages éducatifs de l'IA qui soient pertinents.

L'intelligence artificielle était au débat du congrès de l'UNSA Éducation à Nantes en mars 2024. Une sketchnote a été dessinée sur place pour remettre en perspective les enjeux dégagés par les participants en atelier.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : U N RISQUE PSYCHO-SOCIAL COMME UN AUTRE ?

L’IA et ses enjeux sociaux, économiques et en matière d’inégalités entre les femmes et les hommes

Tout le monde n’est pas concerné de la même manière. Femme ou homme, cadre ou profession intermédiaire, « backoffice » e t métiers de l’accueil, l’IA peut avoir un impact différent et plus ou moins inquiétant selon notre situation.

La question du risque touche ainsi toutes les dimensions. Celle du genre, car l’intelligence artificielle peut avoir un impact en matière d’inégalités femmeshommes, quand 12% des emplois du secteur seulement sont occupés par des femmes alors que les métiers qui pourraient être automatisés (juridique, service clients, marketing) sont très féminisés. Celle sociale, car l’intelligence artificielle, comme mode de management et d’organisation du travail, pose problème quand elle nie l’autonomie des salariés dans l’organisation de leur propre travail pourtant un facteur clé des risques psycho-sociaux au travail. L’intelligence artificielle a déjà émergé dans le dialogue social et les luttes sociales. L’exemple le plus connu étant les scénaristes d’Holywood qui ont mené un combat syndical pour encadrer l’utilisation de l’IA dans l’écriture des scénarios tandis que les actrices

et les acteurs obtenaient un débat sur l’utilisation de l’IA génératrice qui pouvait réutiliser ad nauseam leur image.

Les banques, les groupes de médias, les plate-formes logistiques ont commencé à utiliser l’intelligence artificielle dans le travail quotidien mais selon Pole emploi (enquête juin 2023) 57% des entreprises n’envisageaient pas l’utilisation de l’IA. Cette utilisation peut et doit être régulée par le dialogue social. La typologie des utilisations à risque du cadre législatif européen qui s’applique début 2025 prévoit plusieurs niveaux : minimal, limité, haut risque, inacceptable. Nous devons noter que l’éducation et la formation professionnelle sont incluses dans la catégorie haut risque, avec la gestion des travailleurs, des migrations ou encore l’application de la loi, pour donner quelques exemples.

57% DES ENTREPRISES N'ENVISAGEAIENT PAS L'UTILISATION DE L'IA 12% DES EMPLOIS SEULEMENT SONT OCCUPÉS PAR DES FEMMES

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C’était il y a 100 ans : l’autorisation des

syndicats de fonctionnaires

C’EST SEULEMENT EN 1924 QUE LES SYNDICATS DE FONCTIONNAIRES ONT EU UNE RECONNAISSANCE OFFICIELLE EN FRANCE. POURTANT, LA LOI WALDECK-ROUSSEAU DE 1884 AVAIT AUTORISÉ CES GROUPES VISANT À DÉFENDRE LES TRAVAILLEURS ET LES TRAVAILLEUSES.

MAIS CELA A ÉTÉ INTERDIT POUR LES FONCTIONNAIRES

PENDANT 40 ANS APRÈS.

Pourquoi une telle situation ? Revenons sur cette autorisation officielle centenaire

Les syndicats ont été autorisé en France dans les premières années de la IIIème République, mais une exception à la loi a été mise en place : l ’interdiction pour les fonctionnaires de se regrouper en organisation syndicale. Pourquoi ? Le rôle des fonctionnaires pour le pouvoir en place était de servir l’État et il était alors inconcevable que cette catégorie puisse bénéficier des mêmes droits que tous. On craignait leur participation à des mouvements sociaux, leur attitude trop progressiste et on souhaitait surtout garantir que les pouvoirs publics ne seraient pas soumis à des turbulences sociales. Pourtant, certaines catégories de fonctionnaires se sont très vite opposées à cette exception, en particulier les professions enseignantes qui ont souhaité se rapprocher de la grande organisation syndicale d’alors, la CGT.

1924: UN TOURNANT ?

Le Cartel des gauches

Après la Première Guerre mondiale, cette situation devient trop contraignante : plusieurs groupements de fonctionnaires se transforment en syndicat. On assiste ainsi à la naissance officielle du SNI, le Syndicat national des instituteurs et institutrices. Mais les années d’après-guerre sont agitées et certains de ces syndicats sont volontiers révolutionnaires : c’est pourquoi ils sont soumis à une pression forte des pouvoirs publics qui n’hésitent pas à sanctionner les instituteurs syndicalistes, voire à les condamner à des peines de prison. Pourtant, dans l’opinion publique, cette situation n’est plus tenable : les fonctionnaires doivent pouvoir bénéficier de tous les droits de la citoyenneté et donc doivent pouvoir se syndiquer.

En 1924, après les élections législatives, une nouvelle coalition de gauche arrive au pouvoir : c’est le Cartel des gauches, qui regroupe les radicaux de centre gauche, qui sont majoritaires, mais aussi les socialistes. Le nouveau président du conseil, le radical Edouard Herriot, dans son discours d’investiture proclame que désormais les fonctionnaires auront le droit d’avoir des syndicats. Pour lui, ils sont des piliers de la démocratie et de la République, et il faut donc qu’ils puissent se défendre. La circulaire du 25 septembre 1924 permet aux fonctionnaires de se syndiquer. C’est le ministre de l’Intérieur lui-même, Camille Chautemps qui signe ce texte. À partir de cette date, les syndicats de fonctionnaires se développent rapidement et jouent un rôle essentiel dans la vie politique et sociale du pays.

La V e république est-elle morte ?

Faut-il revoir notre fonctionnement institutionnel après avoir constaté que la Constitution de la 5e République, qui vient de célébrer ses 65 ans, est devenue obsolète ? Au contraire, est-ce par un retour à l’esprit du texte constitutionnel de 1958 que passe la solution ? Pour alimenter le débat, l’UNSA Éducation met en perspective les positions de deux enseignants-chercheurs qui, à partir du même contexte, proposent deux approches différentes, nuancées à défaut d’être totalement opposées.

Changer de constitution pour permettre la transition écologique

Pour Bastien François, professeur de Sciences politiques à l’Univer-

AVEC UNE PÉRIODE DE MAJORITÉ RELATIVE, PUIS UNE DISSOLUTION, UNE TRIPARTITION DU CHAMP POLITIQUE ET LA DIFFICULTÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À NOMMER

UN PREMIER MINISTRE, LA QUESTION DE L’AVENIR DE LA DÉMOCRATIE EN FRANCE SE POSE.

sité Panthéon Sorbonne, la question des limites atteintes par la Ve République n’est pas nouvelle. Dès 2001, dans la revue Mouvement, il rédige un article intitulé « Pourquoi il faut changer de constitution ». Il y fait le constat que « le diagnostic des maux de la Ve République est aisé à établir et les solutions pour y remédier fort simples à mettre en place du point de vue de l’ingénierie constitutionnelle ». Profitant de l’élection présidentielle de 2017, Bastien François prolonge sa réflexion, même s’il rappelle qu’ « on ne change pas [...] la société par Constitution [et qu’il] ne faut jamais trop attendre d’une Constitution, même dans le meilleur des mondes constitutionnels possible ». Pour autant selon lui, « une Constitution peut être un obstacle au renouveau nécessaire des modes de gouvernement, de délibération et de représentation – c’est le cas aujourd’hui en France –, [...] c’est pourquoi il est temps de remettre sur le métier la question institutionnelle pour refonder un pacte démocratique en mesure d’affronter les défis inédits du gouvernement du XXIe siècle. C’est ce projet que l’on nomme VIe République ». La raison principale avancée par l’universi-

taire pour réalisé ce changement est « que la Constitution actuelle est un obstacle pour réaliser la transition écologique ». Il explique que « nous devons réinventer de fond en comble nos sociétés contemporaines. Changer nos façons de consommer, de nous déplacer de produire, de travailler. Or, on ne peut pas réaliser cette transformation dans un système où tout part du haut, où tout est concentré dans ce petit centre qu’est l’Élysée. Le problème, c’est le mode de décision, trop vertical, trop hiérarchique. La démocratie de la Ve République n’est pas adaptée aux enjeux du XXIe siècle ».

À LIRE

La 6e répu- blique pourquoi, comment ? de Bastien François

Pérenniser la Ve République avec une constitution modernisée

Pour Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, la solution n’est pas dans l’abandon, mais dans l’évolution de la constitution de la Ve République. Dans le journal Le Monde (3 octobre 2023), il affirme « Gardons la Ve République et sa Constitution autant décriée qu’adorée, mais gardons-les mieux ». Il a d’ailleurs dirigé un ouvrage, à paraître le 18 septembre ; qui rend compte de 24 scenarii possibles élaborés par « quarante universitaires, enseignants et chercheurs d'horizons variés, se sont réunis pendant neuf mois, pour débattre de la Constitution française qui livrent ainsi une réflexion sur les diverses évolutions possibles et souhaitables de notre régime, au regard des dysfonctionnements qui ont pu être identifiés et formulent 130 propositions, assorties pour faire évoluer de Ve République ».

Pourquoi ?

Pour deux raisons essentielles selon l’universitaire.

Tout d’abord parce que « les thuriféraires d’une VIe République s’unissent pour critiquer la constitution actuelle, mais non sur le contenu d’une nouvelle ». Ainsi il n’y a pas d’accord entre les partisans d’un « régime pleinement parlementaire, sans élection directe du président de la République et un Parlement élu à la proportionnelle (ce qui revient à rétablir la IVe République) et ceux qui désirent un régime pleinement présidentiel, sans responsabilité politique ni droit de dissolution »

Offrir une cure de jouvence à cette constitution

Par ailleurs, il est possible d’« identifier ce qui dysfonctionne dans notre Constitution – car, si elle a de nombreuses vertus, elle n’est pas exempte de défauts –, pour proposer des évolutions destinées à y remédier. L’objectif est alors d’offrir une forme de modernisation, ou de "cure de jouvence" à cette Constitution à laquelle les Français restent attachés ».

Crise

de régime?

Le choix du premier ministre en question.

Les résultats des élections législatives de 2024 ont refait surgir la question de la nature du régime politique français alors que le mode de scrutin et le paysage politique, notamment, avaient permis jusqu'à maintenant la constitution de majorités parlementaires stables. Présidentiel ou parlementaire? Si la constitution a été évoquée ces dernières semaines pour rappeler qu'un des pouvoirs présidentiels consistait à choisir le premier ministre et à nommer le gouvernement sur la proposition de ce dernier, la crainte du dépôt d'une motion de censure, qui perdure, a permis de rappeler que les gouvernements pouvait être renversés par une majorité des députés, même incohérente, à l'assemblée nationale.

Laurent Escure, Secrétaire Général de l’UNSA

Karine Autissier :

Bonjour Laurent, quelle est ton analyse de l’actualité sociale du moment ?

Laurent Escure : Au moment de notre échange, le président de la République vient juste de nommer un Premier ministre. L’UNSA rappelle que les attentes du pays sont claires et tout ce qui serait dans une forme de continuité, tolérée par le Rassemblement national ne fera qu’accroître la crise.

Du fait de l’Élysée, nous n’avons pas eu de Premier ministre, ni de gouvernement pendant près de deux mois. Cette situation abîme notre démocratie ! Car elle accrédite l’idée que voter n’est pas utile et n’a pas d’incidence sur la politique suivie.

Le message des électeurs en juin dernier était pourtant très clair : tourner la page des politiques des années précédentes et refuser de donner le pouvoir à l’extrême droite !

Il faut donc qu’un gouvernement soit nommé, que ce gouvernement apaise la France, et qu’il dresse des perspectives sociales. À ce titre revenir sur la réforme des retraites ou celle de l’assurance chômage serait une nécessité ! Faut-il rappeler que 69% des actifs étaient opposés à la réforme des retraites ?

Cette absence d’un gouvernement, normalement chargé de l’intérêt général a des conséquences négatives pour tous ! E t elle en a surtout sur nos concitoyens les plus précaires. Les dossiers cruciaux traitant les enjeux pour l’avenir sont au point mort que ce soit le pouvoir d’achat, la transformation écologique, l’amélioration des services publics... L’absence d’interlocuteurs gouvernementaux interdit tout dialogue entre les organisations syndicales d’agents publics et les employeurs publics. Les évolutions salariales et l’amélioration des conditions de travail des agents publics sont empêchées.

Cette instabilité institutionnelle ne peut que susciter de l’amertume et exacerber les insatisfactions, ce qui contribue au renforcement du Rassemblement national, contre lequel l’UNSA continue de se mobiliser. La bataille pour le social, l’écologie et la justice sociale est une urgence absolue ! En tant qu’organisation syndicale, nous devons ouvrir des lendemains plus apaisés, plus justes, plus fraternels et, en somme, plus joyeux.

KA : Bientôt les salariés des très petites entreprises et les employés à domicile vont voter pour élire le syndicat qui les représentera. Comment abordons-nous ces élections à l’UNSA ?

LE : Les salariés des TPE peuvent se sentir désavantagés et peu entendus. Ils se sont souvent éloignés des collectifs de travail et ils ne bénéficient pas de l’encadrement que peut apporter un syndicat dans une entreprise plus grande.

Nous, à l’UNSA, nous estimons qu’ils doivent être considérés comme les autres salariés, qu’il est nécessaire de s’occuper de ces salariés les plus isolés, de prendre en compte les préoccupations de ces hommes et femmes rarement écoutés ou entendus. C’est par exemple ce que fait notre syndicat ProAssmat pour les assistantes maternelles.

Cette instabilité institutionnelle ne peut que susciter de l’amertume et exacerber les insatisfactions

Et c’est ce que nous faisons plus largement. Concrètement, nous mettons à leur disposition un numéro de téléphone gratuit qui leur permet de bénéficier d’un accompagnement de proximité, d’obtenir des informations, des conseils...

Nous avons besoin de chacune et chacun d’entre vous. Vous connaissez au moins un salarié de TPE.

N’hésitez pas à diffuser le numéro UNSA TPE 09 69 36 69 00 autour de vous ! Ils seront écoutés, entendus et obtiendront des réponses adaptées !

LEVIERS DU DÉVELOPPEMENT

RURAL : LA PLACE DE L’ÉDUCATION

Commission laïcité

Mohamed Attia présente les missions de la nouvelle commission fédérale

« laïcité »

La commission laïcité a été installée après le congrès de Nantes, en mars 2024. Après une première réunion en juin dernier, elle lancera ses nouveaux travaux en programmant cinq réunions au cours de l’année scolaire. Par ailleurs, des groupes de travail et des échanges réguliers permettront aux membres de cette commission d’appréhender le travail sur le long terme.

Le village d’antan n’est plus. Il a fait place à la pluralité des ruralités. Cette recherche conduite par le Centre Henri Aigueperse, dans le cadre de l’Agence d’objectifs de l’IRES avec l’UNSA Éducation, propose un regard décalé sur ces nouvelles ruralités en se situant au carrefour des données scientifiques et de l’action publique. Deux enquêtes de terrain (en Haute Saône et dans la Creuse) amènent les auteurs – Béatrice Laurent et Denis Adam – à affirmer que si le village d’antan n’existe plus, alors l’Ecole d’antan ne doit plus exister non plus. Ils prennent appui sur des innovations inspirantes pour identifier des leviers de développement du monde rural par les milieux scolaires et éducatifs.

L’étude et sa synthèse sont à télécharger sur le site du Centre : https://centrehenriaigueperse. com/2024/06/10/leviers-du-developpement-rural-la-place-de-leducation/

Syndicats et territoires sont représentés dans cette commission qui confrontera les idées et organisera la réflexion autour de thèmes comme les valeurs de la République, la lutte contre l’extrême-droite ou la lutte contre les discriminations.

Informer, former et construire ensemble sont les notions-clés qui seront au cœur du travail collaboratif.

La commission compte s’appuyer sur l’expertise et l’expérience des acteurs de terrain pour contribuer à créer des outils et armer tous nos collègues.

Résultats

de l'édition 2024 du baromètre des métiers

CETTE ENQUÊTE PERMET D'ÉVALUER LA SATISFACTION DES PERSONNELS DANS LEUR

MÉTIER, SUR LEUR ENVIE D’ÉVOLUTION PROFESSIONNELLE, DE MOBILITÉ PROFESSIONNELLE...

Les résultats des près de 50 000 réponses à la 12e édition du baromètre des métiers de l'UNSA Éducation ont été présentés en conférence de presse aux médias le mardi 17 septembre. Cette année c’est la place du travail dans nos vies qui est étudiée, avec un slogan : « ne laissons pas l’avenir de nos métiers s’écrire sans nous ».

CONDITIONS DE TRAVAIL :

Des articles sont en ligne sur le site de l'UNSA Éducation pour présenter les résultats les plus marquants, dont nos collègues ont aussi été informés par le biais de notre infolettre hebdomadaire, de l'utilisation des listes OSTIC et de nos différents comptes sur les réseaux sociaux."

www.unsa-education.com

VENEZ TÉMOIGNER, ÉCHANGER ET CONSTRUIRE AVEC NOUS !

Soyez nombreux.euses à participer à cette 4e édition du rendezvous annuel des métiers de l'éducation !

Santé au travail, Égalité professionnelle, Climat de travail, Parcours professionnel :

Vous voulez prendre le temps d’échanger sur votre quotidien ? Vous avez envie de vous nourrir des expériences des autres ? Vous souhaitez contribuer à construire un projet de société positif ?

Alors rejoignez-nous et inscrivez-vous au RDVA au plus proche de chez vous ICI : https://apps.unsa-education.com/diffusion/q/rdva/

Bravo et merci !

Vous avez été 49 600 à répondre à notre Baromètre des métiers 2024 : bravo pour ce record et merci car les réponses aux questions vont nous permettre une analyse fine de l’évolution de nos métiers depuis 2012, date de lancement de notre 1er Baromètre. Notre édition 2024 se penche plus particulièrement sur les questions de Qualité de Vie et Conditions de Travail (QVCT). Grâce à vos réponses, nous allons pouvoir interpeler nos employeurs sur leur responsabilité. Notre conférence de presse du mardi 17 septembre a dévoilé la teneur des réponses et les analyses que nous en faisons (résultats accessibles depuis notre site web).

Et pour continuer à nous faire part de vos conditions de travail au quotidien, l’UNSA Education organise, comme tous les ans depuis 2021, le Rendez-Vous Annuel des Métiers en novembre. Ce RDVA sera accessible sur tout le territoire métropolitain et en outre-mer. Vous pourrez rencontrer des personnels de tous les métiers de l’Education Nationale, de la culture, de Jeunesse et Sports, de l’enseignement agricole et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Le RDVA, c’est une journée où l’on échange, où l’on partage, où l’on construit. Cette année, la QVCT sera au coeur de nos évènements.

Bonjour Ezzate, peux-tu nous décrire ton parcours professionnel ?

“Classique” : après une licence en STAPS et un M1 Management du Sport, j’ai obtenu mon concours de Professeur de Sport. Depuis 23 ans , je suis Conseillère technique et pédagogique pour le Ministère des Sports, j'ai toujours voulu redonner au sport ce qu'il m'avait apporté. J’ai eu une enfance heureuse mais stricte à la maison. Le sport, c’est ma liberté, le moyen d’aller vers cette curiosité d’ailleurs que j’ai toujours eu. Aider, soutenir, accompagner le monde sportif, les bénévoles. C'est le sens que je donne à mon métier.

Tu es maintenant Secrétaire nationale du SNAPS-UNSA, élue en CSAM Jeunesse & Sport. Comment es-tu devenue militante syndicale ?

J’ai toujours été engagée, avec le besoin de comprendre comment ça fonctionne. J’ai travaillé avec des « super collègues » qui m’ont vraiment donné le goût du métier et l’envie de m’engager pour le défendre.

Je voudrais que les jeunes collè-

Ezzate Cursaz (SNAPS)

INTERVIEW D’EZZATE CURSAZ, SECRÉTAIRE NATIONALE SNAPS-UNSA*, SECRÉTAIRE RÉGIONALE SNAPS-UNSA PAYS DE LA LOIRE

gues puissent s’épanouir autant que nous. On a la chance d'avoir une profession qui nous donne autonomie et liberté de pouvoir conduire nos missions techniques et pédagogiques, ce service public du sport qui permet de transformer la vie des gens. Je suis vraiment convaincue de l'éducation partagée qui s’appuie sur le milieu sportif comme culturel : pour moi, c'est un environnement d'épanouissement énorme et je voudrais qu’on puisse continuer à faire perdurer cette utilité-là. Notre métier vise aussi à accompagner, former, structurer les différents acteurs du sport (éducateurs sportifs, associations, etc). Avec eux et grâce à notre service public du sport, nous permettons à des personnes de pouvoir se connaître, s'épanouir, grandir au travers de la rencontre des différences des autres.

Est-ce qu’il y a un “moment waouh” dans ton militantisme UNSA ?

Oui, c’était en 2018, on s’est beaucoup battu avec le SNAPS-UNSA et on a réussi à bloquer l’externalisation des conseillers techniques sportifs. Placés auprès des fédés sportives, ils œuvrent au développement des pratiques pour tous, détectent les jeunes talents, etc. Si le sport passe aux mains du privé, il ne sera plus accessible à tous.

* Syndicat National des Activités Physiques et Sportives, pour les corps et métiers techniques et pédagogiques du sport hors enseignants d’EPS EN.

Congrès de la Centrale des Syndicats du Québec : « une grande inspiration » pour notre syndicalisme !

LA CENTRALE DES SYNDICATS DU QUÉBEC, UNE DES PLUS GRANDES ORGANISATIONS

SYNDICALES CANADIENNES, A INVITÉ L’UNSA

ÉDUCATION POUR SON 44e CONGRÈS À QUÉBEC.

Un partenariat historique et régulier lie nos deux organisations qui travaillent ensemble sur des enjeux éducatifs, sociaux et syndicaux, comme par exemple la mixité sociale face aux offensives de l’école privée.

Le 44e congrès de la CSQ se déroulait du 26 au 29 juin 2024. Les 1000 délégués issus de toute la province du Québec ont pris plaisir à se retrouver pour ce premier congrès post-pandémie. Le syndicalisme québecois est original car il se rattache au modèle américain : les travailleuses et les travailleurs sont obligés de se syndiquer à une organisation syndicale quand la moitié des personnels y adhèrent dans un secteur. Cela donne une force immense aux syndicats, dans les meilleures conditions pour obtenir des accords salariaux et syndicaux ambitieux pour les personnels.

La CSQ partage avec nous de nombreuses valeurs, autour du progressisme, du renouvellement syndical, du réformisme ou encore pour un système éduca-

SIGNAUX

tif et universitaire qui mène résolument un projet de démocratisation. La centrale des syndicats du Québec partage aussi avec nous un modèle fédéral en regroupant des syndicats des différents métiers de l’éducation et de différents territoires. Nous avons ainsi soutenu une résolution de la CSQ défendant les personnels de soutien qui est déposée au congrès de l’Internationale de l’éducation, cet été.

Ce congrès qui a pour slogan « une grande inspiration », donne beaucoup d’idées, notamment pour défendre un syndicalisme féministe, qui défend les familles monoparentales, lutte contre les violences conjugales, ou encore pour valoriser l’engagement syndical avec la création d’une journée dédiée, le 2 novembre.

Politiques éducatives : que fait l’extrême-droite quand elle prend le pouvoir ?

De nombreux pays d’Europe sont concernées par un essor important de l’extrême-droite qui dans certains pays, parvient à accéder au pouvoir. En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni empêche l’éducation sexuelle et affective dans les établissements. En échange, il incite aux interventions des groupes « prolife », contre l’avortement. Le dialogue social est réduit à peau de chagrin. L’inclusion des élèves à besoin particuliers est remise en question. En Hongrie, les personnels de l’éducation doivent se battre pour leurs droits. Ils n’ont même plus de ministère dédié. La liberté pédagogique est remise en cause. Certains sujets ne peuvent être abordés sous peine de sanction.

En Pologne, le parti ultra-conservateur a réduit l’autonomie des établissements pour contrôler les enseignements.

En Suède, l’extrême droite a rapidement entamé la privatisation de l’éducation confiée à des entreprises à but lucratif. On observe le même type de phénomènes dans le supérieur en Italie.

Les crédits de recherche à l’université ont baissé dans le cadre de coupes budgétaires massives. Le recours à des mécènes est néfaste pour l’objectivité de la recherche.

Thème commun à tous les partis d’extrême droite, le rejet de l’immigration et de l’étranger irrigue les questions éducatives. En Suède, le gouvernement a demandé aux écoles de dénoncer les familles sans papier ou en séjour illégal. En Slovaquie, la population rom continue à être discriminée.

Les dénonciations par les parents sont incitées par les partis d’extrême droite français et allemands. La dissémination des idées d’extrême droite a un impact sur la vie quotidienne. Les relations entre les citoyens et les citoyennes sont détériorées, comme au Royaume-Uni.

Les situations comparables observées partout en Europe ont incité l’UNSA Éducation à se tourner vers ses partenaires syndicaux à l’étranger pour travailler en commun sur cette thématique.

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Relever le défi écologique à l'école

Qu’est-ce qui fait obstacle encore aujourd’hui à la formation des jeunes générations aux enjeux climatiques ?

Jean Michel Zakhartchouk, auteur du livre « Relever le défi écologique à l’école » (mai 2024 ESF Sciences humaines) et militant des Crap-Cahiers pédagogiques, répond à cette question :

« Même si les programmes prennent davantage en compte les enjeux environnementaux, cela reste très insuffisant et ne touche pas vraiment toutes les disciplines. Dans la formation des enseignants, on est loin de mettre cette question dans les priorités. Mais surtout, on en fait globalement un sujet parmi d’autres, quand il devrait finalement être considéré, à sa manière, comme un des « fondamentaux ». L’abandon des démarches interdisciplinaires (EPI, TPE) est à cet égard bien regrettable. D’autre part, pour une vraie prise en compte, il faudrait développer une pédagogie active, plus « horizontale », impliquant les élèves. On ne pourra former les jeunes aux enjeux climatiques que si on associe l’enseignement de connaissances scientifiques, le développement de l’esprit critique à des pratiques de coopération, d’exercice d’esprit critique, de construction de compétences psycho-sociales. Enfin, il faut pouvoir dépasser le cadre de la classe et viser l’échelle de l’établissement et l’ouverture sur l’extérieur. »

Grossir le ciel - BORRIS

Adaptation du roman éponyme de Franck Bouysse, Borris nous propose une version graphique en noir, blanc, gris, rouge qui permet de plonger le lecteur, la lectrice dans cette ambiance singulière d’un coin de campagne de Lozère où les secrets familiaux hantent les enfances, les adolescences et explosent à l’âge adulte. Du poids des non-dits, du manque d’amour ou des amours contrariés, du travail forcené de la terre comme seul horizon : ça fait grossir le ciel. Pour en savoir plus  : www.cahiers-pedagogiques.com/ relever-le-defi-ecologique-a-lecole/

DÉCOUVRIR

Nomade Land

L’association lyonnaise Nomade Land a cultivé entre Rhône et Saône le concept de promenade urbaine à travers des visites thématiques qui renouvellent l’approche traditionnelle des « balades citadines » : aménagement des nouveaux espaces publics, transformation des quartiers anciens et contemporains, genèse des grands projets urbains... Qu’on réside à Lyon ou qu’on soit visiteur d’un jour, une autre manière de (re)découvrir cette grande ville qu’on veut ou croyait connaître.

MGEN AUPRES® accompagne les victimes de catastrophes naturelles ou technologiques, de guerres ou d’attentats

Dans un contexte d’instabilité croissante (catastrophes naturelles ou technologiques, attentats, insurrections, guerres…), MGEN a mis en place en 2018 un dispositif d’accompagnement de ses adhérents en qualité de mutuelle et de ses collaborateurs en qualité d’employeur. MGEN AUPRES® vise à les aider et les soutenir face à ces situations exceptionnelles. Lorsqu’une situation de crise est avérée, dans un territoire donné, MGEN active le plus rapidement possible le dispositif. La mutuelle l’a, par exemple, actionné après le passage de l’ouragan Irma à Saint Barthélémy et à Saint Martin (2017), après l’incendie de l’usine Lubrizol en Seine-Maritime (2019), l’explosion survenue au port de Beyrouth (2020), ou, plus récemment, à la suite des inondations dans le Pas-de-Calais (2023).

« Les victimes sont souvent bien accompagnées par les dispositifs publics dans les jours qui suivent la crise. Nous nous sommes aperçus, en revanche, qu’environ dix jours après l’événement, une fois l’« hyper urgence » passée, la mobilisation diminue fortement. Et c’est là que nous intervenons. » explique Isabelle Musseau, administratrice MGEN déléguée aux accompagnements. 2407-PR210x180-Aupres-SE_UNSA

Soutenir et accompagner

Les potentielles victimes sont contactées individuellement par email ou SMS. L’objectif est de les assurer du soutien de la mutuelle et de les informer sur les aides qui peuvent leur être apportées :

- L’accès à un numéro de téléphone d’urgence pour les questions relatives aux prises en charge et contrats ;

- La possibilité de recourir à un soutien psychologique téléphonique ;

- Des aides financières exceptionnelles (aides non remboursables, prêts…) octroyées sous conditions après étude par leur comité départemental d’action sociale MGEN.

MGEN AUPRES® en chiffres

+ de 260 000

personnes potentiellement en situation de vulnérabilité contactées par SMS,  + de 195 000 par mail

+ de 508

appels reçus au numéro d’urgence MGEN

311

aides et prêts octroyés au titre de l’action sociale MGEN

MGEN. Première mutuelle des agents du service public
MGEN, membre du groupe VYV, est une mutuelle régie par le Code de la mutualité et la première mutuelle en cotisations individuelles. Classement Argus de l’assurance, oct. 2023. DirCom MGEN - 2407-PR-Aupres-SE_UNSA - © Illustration : Camilo Huinca

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