Ernest 08

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ernest 008 /// hiver 014 /// CELUI QUI A DE LA CUISSE

ernest

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POURQUOI ROBIN DES BOIS OUVRE LA PORTE ?

zéro euro

hiver

014


3 programmes d’exception pour skier le meilleur du Mont-Blanc. Les plus grandes pentes, les plus longues pistes, avec la plus belle neige possible ! Skieur intermédiaire à expert, chaque matin, trois destinations vous sont proposées. Pour vous offrir le meilleur, nous adaptons le choix du pays et des sites au conditions du jour : idéal pour profiter d’une neige poudreuse tombée dans la nuit, ou éviter un brusque changement météo. Moniteur ou guide dédié, accès prioritaire aux remontées mécaniques, téléphériques pré-réservés, transport en minibus privé depuis votre hôtel... Vous êtes notre invité..

3 unique programmes to ski the Mont-Blanc area at its best: the greatest faces, the most beautiful pistes with the best snow of the day! Intermediate to expert skier, each morning three destination to choose from. We choose the best option each day, selecting the best area in each country. We adapt to sudden weather changes to ski the fresh overnight snow fall. Our service includes dedicated ski instructor or mountain guides, priority access to ski lifts, pre‑booked trams, private shuttle to and from your hotel. Be our guests!

Sommet de l’Aiguille du Midi : 3842 m d’altitude. Tout est grand, immense et blanc. A vos pieds, la célèbre arête, puis LA descente... 23 km de féerie à déguster le long des pentes et combes de ce glacier mythique. Dans un univers magique, vous glissez entre séracs et crevasses, avant une pause déjeuner possible au refuge du Requin. En vision panoramique... le Mont‑Blanc, les Aiguilles de Chamonix, les Grandes Jorasses, les Drus, l’Aiguille Verte. Un must ! Selon vos capacités techniques et les conditions d’enneigement, plusieurs itinéraires vous seront proposés : La classique, le Petit Envers, le Grands Envers.

Aiguille du Midi: altitude 3842 m. All around is immense, pristine and wide open. The famous Aiguille du Midi ridge is just in front of you, with its legendary run starting just below. It is a skier’s wonderland, a 23 km run, through incredible glacier bowls and slopes. A magic ski experience, around seracs and crevasses until the welcoming break at the Requin hut (optional). A breathtaking panorama: Mont-Blanc, the Chamonix Aiguilles, the Grandes Jorasses, the Drus, and the Verte. A must in a skier’s life! Ski routes vary and are chosen to fit skier’s technical skills: the classic route, Envers, Petit or Grand Envers.

Immergez-vous dans le silence blanc des sous-bois, grimpez vers les cîmes au fil des combes et crêtes, ou partez à la découverte des grands glaciers alpins... Sportive ou contemplative, la marche en raquettes offre des possibilités variées de découverte de la nature en hiver. Randonnées en altitude ou balade faciles sur les sentiers forestiers, un professionnel de la montagne sélectionnera l’itinéraire idéal, selon vos envies et vos capacités, pour vous faire partager un pur moment de nature et d’histoire des lieux au cœur des vallées de Chamonix et des pays du Mont-Blanc.

Immerse yourself into the quietness of a snowy forest, hike up summits into alpine bowls and over ridges, to discover the great Glaciers of the Mont-Blanc range. Gentle or fully active snowshoeing: a large choice of possibilities to discover natural environment in winter. Your guide will select a route from a choice of altitude hikes or easy valley forest hikes, to fit your snowshoeing skills and desires? Be sure to experience nature at its best, and share local culture and stories from the alpine valleys around Mont-Blanc.

Imaginez... Installé dans l’hélicoptère, vous décollez vers les cimes aux lignes idéales. Après un vol inoubliable, le sommet. Devant vous une pente sans fin... Guidé par l’expérience de votre guide de haute-montagne, vos courbes s’enchaînent dans une neige de rêve. Itinéraires sauvages, longues descentes glaciaires ou combes accueillantes, la localisation idéale de Chamonix vous offre une grande variété de sites de dépose, au départ de Suisse et d’Italie, et le privilège de descentes unique !

Imagine... Sitting in the heli, you fly to the summits, destination to find and ideal mountain, a dream journey to ski. Endless runs, fresh snow, guided by the experience and knowledge of your guide, you will enjoy an unforgettable experience. The ideal location of Chamonix offers you a large variety of heliski sites, in Switzerland or Italy, and assures you the privilege of unique descents, in the best snow.



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QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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RETROUVEZ-NOUS A L’ESPACE GUÉRIN 30, AVENUE DU MONT-BLANC A CHAMONIX

www.editionsguerin.com

Photo : © Pascal Tournaire

vos plus belles pages de montagne…


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Voilà bel et bien le huitième et dernier édito d’Ernest, magazine gratuit et bilingue de la vallée de Chamonix, créé en 2008 et édité par l’association Tecrew. Je me faisais à l’idée de rédiger cet ultime édito depuis un petit bout de temps, mais cette fois c’est pour de vrai : on met la clef sous la porte (sauf pluie de météorites 24 carats ou de mécènes richissimes). on se tire avec nos blagues vaseuses, nos sujets venus du monde du dehors et nos images de galbes dénudés. on vous souhaite donc bien du bonheur avec les dépliants à deux sous et l’illustré propagandiste des chalets de luxe.

so, it is well and truly the eighth and final edition of Ernest; free bilingual magazine of the Chamonix Valley, founded in 2008 and published by the Tecrew association. i have been thinking about writing this ultimate intro for a little while, but this time it’s for real: we’re shutting up shop (unless there is a meteor shower of 24 carat gold or some rich sponsors). We’re off, with our dodgy jokes, our subject matter from the outside world and our images of curvy nakedness. so heres wishing you great happiness with the two-a-penny leaflets and picture-magazine luxury chalet propaganda.

Puisqu’on est fair-play,on a voulu jouer les prolongations en vous concoctant un dernier numéro. un peu comme une séance de clôture chez le thérapeute. Et, en bon tacleurs, nous avons choisi comme ultime thématique, le sport. Puisque dans cette vallée soumise au chrono et au flouze, il est partout. Mais rassurez-vous, malgré ce qui se dit, on peut toujours se balader à peau de phoque, loubsol sur le nez, une bonne bouteille de rouge et un casse-croûte dans le sac. De notre coté, fidèles à notre éthique, nous vous garantissons un numéro 100% propre (en tout cas, pas avec des produits qui améliorent la performance).

since we are all about fairplay, we’re playing extra time and compiling a last issue, a bit like a termination session with your therapist. and for all you players we have chosen the ultimate theme of sport. We know that in this valley, enslaved to the stop-watch and to big money, sport is king. but don’t worry, despite the hype, one can still take a stroll on ones sealskins, loubsol’s on the nose with a good bottle of red and a snack in the bag. no booze for us though as, true to our ethics, we provide a guaranteed 100% clean issue (well, without performance improving drugs at least).

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ÉdIto

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balle au centre, il vous reste 96 pages à parcourir avant d’être enfin libre de consommer des spas comme des malades. En attendant, on va tous pousser de la fonte pour de futurs projets. Promis, on reviendra gonflé au max.

Time for kick-off, you have 96 pages to go before we let you get back to your ‘spa and mindfulness retreat’. in the meantime, we’ll be pumping iron in preparation for our future projects. We promise to return, muscles inflated to the max.

Merci à tous nos lecteurs, et particulièrement à ceux qui ont pris la peine de répondre à l’appel à l’aide du précédent numéro.

Thank you to all our readers, and especially those who took the time to answer the call for aid in the previous edition.

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QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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Magazine gratuit et bilingue ENTERRÉ par l’Association Tecrew à Chamonix ernestmag@gmail.com

Dirigeant ripou du racing club Ernest : Flosto Coppi(er) Tomei /

Gros bisous aussi à Charlotte Quint, Caroline Ales, Alice Le Morillon,

Entretien du stade : Kimberley Blanc /

Sarah Perret, Mc Marchess, DJ Big Pif, Jules Mataly, Philou Azaïs et à tous ceux qui ont répondu à notre

Coach : JAG /

appel de financement. On vous aime.

Rédacteurs : Laurent Carlesso, Antoine Grospiron-Jaccoux, Sébastian Dahl,

Toute reproduction totale ou partielle est

Adrien Rabbiosi, Flo Tomei /

interdite (et encore moins le matos chourave sur le net). Mieux vaut pas jouer au con sinon c’est

Photographes : Elina Sirparanta, Liora Basse, Annelie Vandendael,

le Hot-Dog Day en paret à l’envers. Enfin bon de

Sebastian Dahl, Mike Pickles, Joseph Melin, Arthur Ghilini, Julien Regnier /

toute façon c’est le dernier, allez ciao !

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LA MIFA

Traducteurs : Iris Bee Hawke, Zoe Smalley, Penn Schrader, Paul Mckeen /

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

Ernest



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Gé-ants The beauty of the mountains through photographic representation... but that’s not all. Go and refresh your eyes at www.ge-ants.com, a regularly updated blog that features the work of artists (mostly photographers) with a close or not-so close relationship to the mountains.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

Le spectacle de la montagne au travers de sa représentation photographique... Mais pas que. Allez vous y rincer l’oeil sur www.ge‑ants.com, un blog régulièrement mis à jour qui présente le travail d’artistes (principalement des photographes) ayant un rapport de près ou de loin avec la montagne.

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EN VRAC

Image de la série 8848 © Naoki Ishikawa, 2011

“J’ai vu l’ombre du plus

“I saw the shadow of

haut sommet du monde

the world’s highest

flotter au dessus d’une

summit floating in a

mer de nuages, il était

sea of clouds around

cinq heures du matin,

past five in the mor-

et j’étais juste sous le

ning, when I was just

pinacle de l’Everest au

below the pinnacle of

lever du jour.”

Everest at the sunrise.”

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011 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

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Flocon Vert ou Carotte Verte ? La Vallée de Chamonix Mont-Blanc a validé les 31 critères pour obtenir le label Flocon Vert. Cette nouvelle démarche de développement durable a été initiée par l’association Mountain Riders afin d’importer le “Pavillon bleu” en montagne. Après un audit sur l’ensemble du territoire, de Servoz à Vallorcine, couvrant les domaines skiables et les activités touristiques, la Vallée de Chamonix-Mont-Blanc s’est vue remettre la labellisation le 15 octobre à Paris. En ces temps de pollution alarmants, il peut paraître incongru de recevoir une labellisation écologique et les quolibets n’ont pas manqué de se faire entendre. Néanmoins, plutôt que de partir couper des têtes avec la meute, chacun peut essayer de se faire sa propre opinion. Mascarade ou réel engagement ? Tout d’abord, il s’agit d’une ‘démarche de développement durable’, donc de la mise en œuvre d’une politique éco-responsable. Deux vecteurs ont permis à la vallée d’obtenir les grâces du comité Flocon, la gratuité des transports en commun sur toute la vallée et le “plan Climat Energie territorial”. Pour mémoire, ce plan fixe des objectifs d’ici 2020 : 20 % de réduction de la consommation d’énergie, 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre et la perspective de couvrir 20 % des besoins énergétiques en énergies renouvelables. Ainsi, si l’attribution du flocon vert ne permet pas de mieux respirer cet hiver, elle salue les efforts des communes de la vallée pour essayer de trouver des solutions. Au fait, vous-y étiez, vous, à la manif contre les camions le 16 novembre dernier ? www.flocon-vert.org planclimat.cc-valleedechamonixmontblanc.fr

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Starting-block Il y aura donc deux listes, celle du maire sortant, Eric Fournier, et celle conduite par le duo Françoise Devouassoux et Xavier Chappaz. Au-delà de la campagne de dénigrement à l’encontre de la mairie fomentée par la télévision de montagne de Saint Gervais, nous vous invitons à bien étudier son bilan et les propositions de ses adversaires. On a envie que ça bouge, mais avec clairvoyance et sans populisme à deux francs. So there will be two ‘listes’ standing to become the next town council, the one headed by the current mayor, Eric Fournier, and the one led by Françoise Devouassoux & Xavier Chappaz. We ask you to carefully study the report and proposals of each opposing group. We want action, but with foresight and / without soap box populism.

Chamonix-Mont-Blanc has passed 31 criteria set and achieved the Green // MONSTRE POUR Snowflake award. This new approach to sustainable development was initiated by the ‘Mountain Riders’ association as a kind of “Blue Flag” De 12 milliards de dollars, le bud(award for ports and beaches) for the mountains. After an audit of the entire get des JO de Sotchi 2014 est passé valley from Servoz to Vallorcine, covering the ski areas and tourist activities, à 50 milliards, record absolu dans Chamonix was awarded the certification on the 15th of October, in Paris. l’histoire des jeux. Que les footeux In these times of alarming pollution levels, it may seem incongruous se rassurent, le Quatar prévoie 200 to receive an ecological certification. Jokes and jeers have been heard milliards pour la prochaine Coupe a-plenty. However, rather than just following the pack, we can try to make du Monde (à peine plus que le PIB our own opinion. Is it a total sham or real commitment? Firstly, it calls itself 2013 du pays soit environ 190 mila ‘sustainable development approach’, in other words the application of liards). Allez Lens, et vive le sport... a responsible eco policy. Two reasons allowing the valley to gain favour Source : Rue89 et The economist. from the Snowflake committee; free public transport across the valley and the “Plan Climat Energie territorial”. Just to remind you this plan sets $12 billion pledge wasn’t enough, targets for 2020 – a 20 % reduction in energy consumption and a 20 % the Sochi 2014 Olympics budget drop in greenhouse gas emissions, and the prospect of covering 20 % of has risen to 50 billion, an absolute our energy needs using renewable. Thus, if the green snowflake award record in the history of the doesn’t aid our breathing better this winter, it recognises the efforts of the games. And soccer players can valley communities in trying to find solutions. rest easy too, Qatar intends to spend $200 billion for the next Of course you were there, weren’t you? At the demonstration against trucks on World Cup (barely more than the November 16th? country’s GDP in 2013, 190 billion). www.flocon-vert.org Source:Rue89 and The Economist. planclimat.cc-valleedechamonixmontblanc.fr / Go Goal Lazio! The referee’s a wanker! /


Boutch à Boutch

// Fondation Giannada (Martigny) Si pour certains l’esprit de la vallée Alors que se termine l’expo Méditerranée qui regroupait s’essouffle, le ‘Boutch à Boutch’ 150 photographies issues des voyages en Méditerranée du est là pour dynamiser les troupes. journaliste‑reporter Léonard Gianadda (1952-1960) durant les années 50 Le 14 septembre 2013, se tenait (jusqu’au 9 février). La fondation suisse accueillera du 21 février au 9 juin au bord du lac des Gaillands la 2014, en collaboration avec The British Museum de Londres, La Beauté du première votation publique ‘à la corps dans l’Antiquité grecque. Pour les amateurs de belles fesses marbrées. suisse’ organisée par le mouvement Boutch à Boutch. L’idée ? Simple You can catch the end of the exibition Méditerranée, which includes et efficace : au lieu de “ruler”, 150 photographs from voyages around the Med by journalist-reporter “piater”, “sgniouler”, “moiner” et Leonard Giannada(1952-1960) taken in the fifties (and showing until se complaire dans la démagogie February 9th). The Swiss Foundation will host The Beauty of the body in du génépi, rencontrons nous, ancient Greece from February 21st to June 9th, 2014, in collaboration with échangeons des idées, proposons The British Museum in London. For lovers of beautiful marble buttocks. des projets et façonnons ensemble l’avenir de Chamonix. Pour // Expo à la Médiathèque de Chamonix l’année 2014, le BAB poursuit sa démarche participative et prépare Du 17 décembre 2013 au 28 février 2014 la médiathèque accueille une deuxième votation publique. Small Town USA, une exposition photographique de Teresa Kaufman. Il compte sur vos initiatives ! Premier volet d’un road trip visuel et auditif où l’on découvre l’humour, Alors rejoignez-les ! l’esprit et l’espoir des habitants, mais aussi l’inquiétude et le doute. boutchaboutch.wix.com/boutch-a-boutch Faceboutch : boutchaboutch

From the 17th of December 2013 until the 28th of February 2014 the library welcomes Small Town USA, an exhibition of photos by Teresa Kaufman. The first instalment of a road trip in images, where one discovers not only the humour, spirit and hope of the people, but also their worries and doubts.

Some people may think the spirit of the valley is slowly running out of breath, but the ‘Boutch à Boutch’ is here to galvanise the troops. On September 14th 2013, standing at the edge of Lac des Gaillands, the first public ‘Swiss style’ voting was organized by the movement Boutch à Boutch. The idea? Simple and effective: instead of whine, whinge, moan, grumble, and wallowing in génépi fuelled discussions, we can meet up, exchange ideas, propose projects and collectively shape the future of Chamonix. For the year 2014, the BAB continues its participatory approach and is preparing a second public vote. They are counting on your initiative! So join in!

EN VRAC

// Salle des fêtes ? boutchaboutch.wix.com/boutch-a-boutch Où en sommes nous de cette / bonne vieille salle des fêtes Eric ? Faceboutch : boutchaboutch

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QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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Any news on this good old music hall then Eric?

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013 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

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MARATHON PHOTO

/ L’association Image-Temps continue de se bouger pour faire vivre et soutenir la création photographique dans la vallée de Chamonix. Pour ceux qui aiment la photo, plus une seconde à perdre, profitez des après-midis de ‘L’atelier photographie’ organisés au sein de la maison du patrimoine et de l’événement ‘Nos murs sont à vous’, itinérance photographique permettant à 7 photographes locaux d’exposer dans 3 bouclards partenaires. En septembre dernier l’association organisait la deuxième édition de son marathon photo. Cette année, il y avait 5 mots à illustrer en 5 photographies et en 5 heures : silence, vertige, autoportrait, rouge et collection. Voici la sélection d’Ernest. imagetemps.wordpress.com

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/ Collection : Sandra, Fabienne et Coline // Rouge : Mark et Mandie /// Vertige : Laurence //// Silence : Floria

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The association ‘Image-Temps’ continues to support photography in the Chamonix valley. For those who love photography and have a moment to spare, go and enjoy an afternoon’s photography workshop organized within the ‘Maison du Patrimoine’ on Rue des Moulins. In September the association organized the second edition of their photo-marathon. This year the entrants had 5 hours to take their photo’s, there were 5 words to illustrate in 5 photographs: silence, vertigo, self portrait, red and collection. Here is Ernest’s expert selection. imagetemps.wordpress.com /


Camille Claudel, Correspondance(s)… Attention attention, encore une chance de voir le très beau spectacle de la Compagnie Françoise Sliwka. Camille Claudel, Correspondance(s)… Cette pièce, mise en scène par Françoise Sliwka et Audrey Lamarque retrace la vie de Camille Claudel à travers ses lettres. “Découvrir une femme amoureuse, une sœur, une fille, une amie, une artiste au travail, en toutes situations passionnée et souvent capable, même au cœur de la plus violente détresse, de faire preuve de distance et d’humour.” Mardi 4 février à 14h et 20h Théâtre de l’Arande, 24 Grande Rue, St Julien en Genevois

Your attention please! There is another chance to see a wonderful show with the Françoise Sliwka Company. Camille Claudel, Correspondence(s)... This theatre piece staged by Françoise Sliwka and Audrey Lamarque, traces the life of Camille Claudel through her letters. “Discover a loving wife, a sister, a daughter, a friend, an artist at work, passionate in all situations and often, even in the most violent distressing moments able to show dignity and humour.”

Tout public dès 13 ans. Durée : environ 1h.

Running time: about 1 hour.

Réservations : 04 50 75 07 54

For reservations: 04 50 75 07 54

www.francoise-sliwka.fr

www.francoise-sliwka.fr

Tuesday, February 4th at 2 pm and 8 pm. Theatre de l’Arande, 24 Grande Rue, St Julien en Genevois Open to all over 13 years.

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EN VRAC

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QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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Stages écriture et théâtre La comédienne Françoise Sliwka a eu la riche et joyeuse idée d’organiser des stages d’écriture et de théâtre “pour faire revivre nos maisons : maison d’enfance, maison rêvée, perdue, maison intérieure...”. Ces stages se dérouleront en deux temps, d’abord au Majestic, lecture et écriture autour de quelques textes comme source d’inspiration : Tchekhov (La Cerisaie), Duras (La vie matérielle) ; ensuite, Salle du Bicentenaire, mise en voix, en espace, des textes écrits, pour les donner à entendre.

The actress Françoise Sliwka has had the original and joyous idea of organizing ​​ creative writing and theatre courses. The theme this year, “to bring our houses back to life: our childhood homes, dream houses, lost houses, houses inside ourselves...” These courses will take place in two stages, the first taking place at the Majestic; reading and writing using certain texts as a source of inspiration: Chekhov (The Cherry Orchard) and Duras (The worldly life). And the second in the Bicentennial Hall with voice and stage direction, taking the written texts and giving them life.

Majestic (Salle Samivel) les mardi 25 et jeudi 27

The Majestic (Samivel Room) on Tuesday 25th and

février de 19h à 21h.

Thursday 27th February from 7 til 9 pm.

Salle du Bicentenaire samedi 1er et dimanche 2 mars

In the Bicentennial Hall on Saturday 1st and Sunday

de 10h-12h puis 14h -16h.

2nd of March from 10 til 12 am and 2 til 4 pm.

Renseignements au service culturel : 04 50 53 75 17

For more information: 04 50 53 75 17

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015 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

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Les conseils biblio d’Ernesto : / Post Tenebras Rock - Une épopée électrique 1983-2013 (32 €, Éditions de la Baconnière). Trente ans d’existence de l’association PTR, qui officie depuis 1989 au sein de l’Usine de Genève, compilés dans un livre de 336 pages. Trois décennies d’activisme amplifié racontées en s’appuyant sur pléthore de photographies, fac-similés, souvenirs d’acteurs de la scène locale, interviews de personnalités et analyses thématiques. Une plongée rock menée par une équipe rédactionnelle passionnée et dirigée par deux spécialistes de la scène alternative, Roderic Mounir et Mario Togni (journalistes au quotidien Le Courrier). Le livre présente une liste complète des concerts organisés par PTR, vous y croiserez Nirvana, R.E.M, Pixies, Hüsker Dü, Nick Cave, Les Rita Mitsouko, The Pogues, Public Enemy, The Cramps, Public Image Ltd, Motörhead, Napalm Death, Run–D.M.C., Neurosis, Tuxedomoon, Alain Bashung, Yo La Tengo, j’en passe et des chevelus.

Post Tenebras Rock – Une épopée électrique 1983-2013 (32 €, Editions de la Baconnière). Thirty years of the PTR association; integral part of ‘L’Usine de Genève’ since 1989, has been compiled into a book of 336 pages. Three decades of activist music told using a plethora of photographs, letters, memories of those running the local scene, interviews with artists and musical analysis. A foray into rock curated by a passionate editorial team headed by two specialists of the alternative scene, Roderic Mounir and Mario Togni (journalists from ‘Le Courrier’). The book presents a complete list of concerts organized by the PTR, you’ll meet Nirvana, REM, Pixies, Hüsker Dü, Nick Cave, Les Rita Mitsouko, The Pogues, Public Enemy, The Cramps, Public Image Ltd, Motörhead, Napalm Death, Run‑DMC, Neurosis, Tuxedomoon, Alain Bashung, Yo La Tengo, and the long haired list goes on...

// The Google Volume 1 de Felix Heyes & Ben West ( 95 €, Éditions Jean Boîte). Ce livre propose un dictionnaire de la première réponse apparue dans Google Image. Félix Heyes et Benjamin West, artistes membres de King Zog, se basent sur le Oxford English Pocket Dictionary et ses 21 110 mots pour réaliser ce livre d’images. Les mots et leurs définitions laissent place à la première réponse de l’outil d’identification du Big Brother de l’Internet, offrant les images supposées les plus pertinentes et stimulantes à nos requêtes écrites. Un retour du virtuel vers le papier.

The Google Volume 1 de Felix Heyes & Ben West ( 95 €, Éditions Jean Boîte). This book contains a dictionary of the first results appearing in Google Image. Felix Heyes and Benjamin West, artist members of King Zog, have used the 21,110 words found in the Oxford English Pocket Dictionary to make this picture book. Words and their definitions are swapped for the first image found by the search tool created by our Big Brother on the Internet. He offers us the most popular, relevant and inspiring image for our written request. Taking the virtual and bringing it back to paper.


KEEP ROCCO Au mois d’octobre dernier était rendu public le thème de la seconde édition du festival Préambules, festival de court-métrages organisé par l’Association des Amis du Cinéma de Chamonix et le Cinéma Vox. Les cinéastes âgés de 12 à 25 ans ont alors eu un mois pour réaliser un petit film (maximum 2 minutes) sur le thème du quiproquo. Les 20 films sélectionnés par le jury ont été projetés le 22 novembre lors d’une cérémonie en grandes pompes animée par MC Claude Marin et Arthur Chaïs, à l’issue de laquelle 9 prix (ouf !) ont été décernés par le jury présidé par le réalisateur et écrivain Philippe Claudel, mais aussi le public venu en masse. Encore une belle cuvée de courts avec notamment Chaises Musicales réalisé par Yohann Benedetti qui a obtenu le Grand prix, et un super évènement culturel. Nouveauté pour 2014, l’association met en place Le Campus Préambules un espace de découverte où chacun peut apporter sa contribution au sein du Cinéma Vox. Campus fonctionne autour de deux axes : - Les découvertes : des rencontres sont organisées entre professionnels et jeunes passionnés de cinoche. - Et les bulles : les clefs du cinéma Vox sont prêtées aux jeunes cinéastes pour qu’ils prennent part à la programmation en proposant des événements originaux.

Last October (2013) the theme of the second edition of the festival ‘Préambules’ was chosen and released to the public. ‘Préambules’ is a short film festival organized by ‘L’Association des Amis du Cinema Vox’ and the Chamonix Cinema. Film-makers aged from 12 to 25 years old then had a month to make a short film (maximum 2 minutes) on the topic of ‘quiproquo’ or ‘misunderstanding’. The 20 films selected by the jury were screened on November 22 at a grand ceremony hosted by Claude Marin and Arthur Chaïs. After this 9 prizes (phew!) were awarded by the jury chaired by director and writer Philippe Claudel, and also by the full audience. Another vintage year of short films, including Chaises Musicales directed by Yohann Benedetti (the winner of the Grand Prize), and again a great cultural event. QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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New for 2014, the association have set up a ‘Campus Préambules’ project so that everyone can get involved with the Cinema Vox. The Campus works around two ideas: - ‘Découvertes’: seminars are held between professionals and young cinema enthusiasts. - ‘Bulles’: The keys of the Cinema Vox will be handed over to young film-makers; they will be able to take part in the cinema scheduling by organising special screenings.

www.campuspreambules.com et www.festivalpreambules.com //

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EN VRAC

deux cent trois virgule huit

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017 PUBLICITé / /

x 2,5 //

Mr Freeze Un mètre cube de neige de culture coûte en moyenne entre 2 € et 2.50 €. (Source : Conseil général de l’environnement et du développement durable.)

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

One cubic meter of man-made snow costs on average between € 2 and € 2.50. (Source: General council of the environment and sustainable development).

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microgrammes

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Inspirez-Expirez L’air pur du Pays du Mont-Blanc est nuisible pour la santé. Dans la vallée de Chamonix, les normes de dioxyde d’azote sont d’environ 55µg/m3 d’air en moyenne annuelle, au lieu de la norme maximale de 40µg. (Source : emontblanc.com). The pure air of the Mont-Blanc region is bad for your health. In the valley of Chamonix, the annual average nitrogen dioxide levels are about 55μg/m3, normally the maximum would be 40μg/m3. (Source: emontblanc.com). /

The Hot-Dog Day La plus grande saucisse du monde mesure 203,8 mètres. Elle a été réalisée à Asuncion, Paraguay. The world’s largest davey sausage measures in at 203.8 meters. It was created in Asuncion, Paraguay.

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L’ association Tecrew

Ernest Mag

Black Crows skis

La Herse Stadium

Les Grands-Montets

Chamonix


présentent :

Le jour de la saucisse (intergalactique) revient

7014 03 -

La plus grande compétition de ski de bosses par équipe de la galaxie !

Troisième édition du grand prix international de ski acrobatique. Rencontre du troisième type décontractée du fuseau mêlant ski de bosses et saucisses extravagantes. Epreuve en duel par équipe de 5 bosseurs (3 skieurs, 1 snowboarder, 1 monoskieur ou 1 télémarqueur) dont au moins une demoiselle. Plus d’info : ernestmag@gmail.com chamhotdogday@gmail.com

France

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Sébastian Dahl, photographe dont on affectionne particulièrement le travail, revient sur son année passée au Liban. Souvenez‑vous, dans le dernier numéro, il nous offrait les images qu’il avait grappillées sur la route, lors de son voyage en stop d’Oslo à Beirut.

Images et mots : Sébastian Dahl

I

l y a quelques jours mon séjour au Liban a pris fin. De la même façon que je ne sais pas exactement pourquoi j’y suis allé, je ne sais pas vraiment pourquoi j’en suis parti. En un an dans ce petit pays (environ 10 400 m2, soit 64 fois moins que la France), j’ai eu le temps de découvrir et d’apprendre énormément.

mis à explorer tout Beirut à vélo. J’ai aussi pas mal voyagé et travaillé sur des projets personnels : des documentaires m’ont emmené des montagnes d’Akkar jusqu’au sud du pays, tout près d’Israël. Des reportages photos, m’ont conduit de la côte méditerranéenne jusqu’à la frontière syrienne à l’est.

Les Libanais sont extrêmement hospitaliers. En chemin, je m’étais fait des amis virtuels : deux personnes tombées par hasard sur mon blog, devenu carnet de voyage, m’ont proposé de m’héberger. Cinq jours plus tard, arrivé sur place, j’avais un logement, un nouveau meilleur ami en chair et en os et des projets plein la tête.

La photographie au Liban est un exercice fascinant, mais qui s’avère bien plus difficile qu’en Europe. Photographiez un vieil immeuble et on vous demande des explications, photographiez un des chantier en construction et on vous gueule dessus, promenez vous avec un reflex numérique et on vous interroge pour savoir si vous êtes journaliste ! C’est pourquoi, en promenade, j’ai principalement utilisé de petits appareils photo argentiques et automatiques qui tiennent dans la poche. Il est intéressant de constater à quel point les gens réagissent différemment en fonction de la taille de l’appareil. Pour certains projets j’ai continué à travailler avec de gros appareils, mais pour capturer ces scènes de la vie courante et me promener dans Beirut, j’ai choisi d’utiliser un petit Yashica T5. Lorsqu’il a rendu l’âme j’ai opté pour un Olympus Mju2.

Pourtant à deux pas de l’Europe, la vie de tous les jours au Liban est faite de détails qui la rendent radicalement différente. C’est un pays où il n’y a pas d’électricité 24h/24, l’eau du robinet n’est pas potable, les maisons n’ont pas de boîtes aux lettres, il n’y a pas vraiment de système de transport en commun et les forces armées y sont omniprésentes. Est-ce les raisons pour lesquelles le Liban est classé pays sousdéveloppé ? Cela dit, moyennant finance (c’est triste mais c’est comme ça) on peut vivre au Liban presque comme en Europe : eau, immeubles équipés de générateurs d’électricité, boîte postale… Tout s’achète.

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TRIP +1

En tant qu’ajnabi (étranger), j’ai jonglé avec tout ça et changé mes habitudes. J’ai appris à continuer à pisser dans le noir sans bouger lorsque le courant se coupait. J’ai remplacé ma cuisine à base de tartines (je suis Norvégien) par de délicieux mets Libanais. J’ai enfin laissé tombé mes douches tous les matins et me suis

Finalement je trouve que ces instantanées un peu floues, prises sans aucuns réglages, illustrent bien ces souvenirs d’un pays teinté de jaune délavé et de bleu méditerranéen. Ces souvenirs assez fous, d’un pays hasardeux où les choses semblent fonctionner sans règles, ni réglages. Hayda lubnan ! *

* Vive le Liban !

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

Toulouse, décembre 2013


WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

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Entre Downtown et Hamra, un bâtiment assez typique.

A typical building, between Downtown and Hamra.

021

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Au marché du Souk El Akhad à Beirut.

At the Souk El Akhad

Une fourrure de chat à vendre ?

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TRIP +1

Cat fur for sale?

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

market in Beirut.


023 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

Une scène de la vie courante : des hommes jouent au backgammon au milieu des voitures.

A typical sight: men playing backgammon amidst the bustle of cars.


TRIP +1 ///

Boudi and Greg, on the

plage de l’université

beach in front of the

américaine de Beirut.

American University in

En été, cette plage

Beirut. In the summer,

est réservée aux

this beach is restricted

riches étudiants de

to the rich students of

l’université privée. En

the private university.

basse saison l’accès

During low season, the

au littoral libanais

Lebanese coastline is

redevient libre

free and open to the

et gratuit.

general public.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

Boudi et Greg sur la


025 Beirut vu depuis les montagnes.

Beirut from the

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

mountains.

Chez mon amie Sabine près de Zahle.

At my friend’s Sabine place, near Zahle.


photographier un site en construction et voilà la photo que vous obtiendrez. Beaucoup d’immeubles sont construits sur des ruines que le ministère de la Culture n’a pas les moyens de sauvegarder.

Try to photograph a construction sight and here’s the picture you’ll get. Many buildings are built on ruins that the ministry of culture can’t afford

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TRIP +1

to preserve.

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Essayez de


027 Une importante com-

A large community of

munauté d’arméniens

Armenians has settled

ayant fuit le génocide

in Lebanon today after

d’avril 1915 à juillet

fleeing the genocide of

1916 réside aujourd’hui

April 1915 to July 1916.

au Liban.

Problèmes de circulation.

Traffic issues.


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Sebastien Dahl, a photographer whose talent we are fond of, tells us about his year spent in Lebanon. Remember the last issue? We published some pictures he took on the road while hitchhiking from Oslo to Beirut.

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Picture and words: Sébastian Dahl

Toulouse, December 2013

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Although Lebanon is only a few miles down the road from Europe, everyday life is so full of details, it makes living here a radical change from home. Here’s a country where electricity doesn’t run 24 hours a day, tap water is dirty, houses don’t have postboxes, public transport doesn’t really exist and the army is omnipresent in everyone’s daily life. Is this why Lebanon is considered an under-developed country? That said, and as sad as it is to say, as soon as money comes into the picture, one can live in Lebanon just as they would in Europe. With some means, one could buy anything here, water, a flat in a building with a generator, a postbox, pretty much everything is available on the market. As a ajnabi (foreigner) it did take me some getting used too, but I finally changed my old habits. I peed, motionless in the dark when the power went out. I swapped my Norwegian appetite for breakfast sandwiches for tasty local dishes, I gave up my morning showers and started exploring the dusty streets of Beirut on a bicycle. I managed to travel a little and work on some personal projects: my films took me from the mountains of Akkar to the south, towards Israel. My photo portfolio was my means of transport down the Mediterranean coast to the Syrian boarder at the east. Photography in Lebanon is a fascinating exercise, more enduring here than in Europe. Take a picture of an old building, and someone will ask you why, shoot a construction site and someone will yell at you, walk around with a reflex camera and someone will ask for your journalist creds! This is why I accessorized with small film and digital cameras that slipped right into my pockets. It’s interesting to see how differently people react to the size of a camera. For some projects I continued to use larger cameras, but to capture the essence of Beirut and the city’s daily life I chose to use a small Yashica T5. When that one gave up, I opted for an Olympus Mju2. On a last note, I find these prints, blurred and taken without changing any settings, bring my souvenirs of a country stained in a dusty yellow and Mediterranean blue to life. These crazy memories of an unpredictable country, where everything seems to work itself out without rules or regulations.

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TRIP +1

Hayda lubnan!*

*Long life to Libanon!

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

few days ago, my Lebanese adventure came to it’s end. As much as I can’t remember exactly why I went there, I can’t remember why I left the beautiful country. I spent a year in this tiny place (10 400m2, about 64 times smaller than France) taking the time to learn and discover as much as the land would offer. The Lebanese people are extremely welcoming. Whilst on the road, I made a couple cyber friends: two people, who just happened to read my blog, which became my travel diaries, invited me to stay with them. Five days later, having arrived at my destination, I had a room to stay in, a new real life best friend and tons of ideas whirling around in my head.



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SCI-FI


031

CHAMONIX 2024 ken, ss i l eP Snak ir espo r e i n r le de Ernest vous invite à une plongée en bouteille dans l’univers post-apocalyptique du réalisateur John Carpenter. Cette fois-ci, Snake Plissken, le personnage au cache-œil légendaire, incarné à l’écran par Kurt Russell, se retrouve parachuté au pied du Mont-Blanc. Comme dans les précédents épisodes, New York 1997 et Los Angeles 2013, il va tout faire pour sauver la ville. Nous sommes bien en 2024 et on est dans la merde.

Fiction : Laurent & Flo / Photo : Arthur Ghilini


Ce qui fut autrefois la capitale des sports de montagne croupie maintenant sous un brouillard opaque à la teinte bleu grisâtre. On n’aperçoit plus l’aiguille du Midi depuis le centre du village, si ce n’est lors des longues semaines de pluies acides du mois de novembre. Les politiques, excédés par les morts prématurées imputées à l’exécrable qualité de l’air, ont pris une mesure drastique : l’interdiction totale de faire du sport. Les associations environnementales avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme des décennies durant, mais dans une ville où le chacun pour soi règne en maître, la plupart des habitants ne voulaient rien entendre. Privée de sport, la ville a alors insidieusement sombré dans l’alcoolisme. Certains irréductibles ont bien essayé de se mettre à lire ou, pire, de se rendre au cinéma Vox, mais pour les sportifs extrêmes, le frisson n’y était plus. Les quantités de dopamine, d’adrénaline et noradrénaline qu’ils s’envoyaient se sont avérées difficilement substituables. Chamonix s’est progressivement muée en capitale mondiale de l’éthylisme pour ne plus attirer qu’une population louche. Des magasins de sport flambant neufs ont été transformés en boîte de nuit et les moniteurs, au chômage technique, se sont mis à proposer des Mont-Blanc-Bar-Tour.

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SCI-FI

C’est dans ce contexte, et pour combler le désert économique laissé par la disparition de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, que de fins investisseurs ont mis en place un énorme rassemblement éthylique. L’épreuve reine et originelle (“la course de tous les superlatifs” comme les journalistes aiment à le rappeler) traverse trois pays, trois grandes régions alpines et quinze communes. Il s’agit d’avaler 194 verres d’alcool en trois jours, pour un total de 9400 millidoses d’alcool positif. 2300 buveurs au départ, des délégations venues de plus de 34 pays font chaque année le déplacement. Et tandis que les transferts entre chaque ravitaillement sont assurés par des bus conduits par des bénévoles, les familles peuvent se désaltérer au fameux Salon des spiritueux organisé en marge de la course.

Evidemment, la course est réservée à des professionnels. Un test de gamma-GT est obligatoire pour prendre part à la compétition. Le favori de l’édition 2024 n’est autre que Snake Plissken, célèbre héros hollywoodien habitué à respirer l’air putride de New‑York (il s’en est enfui en 1997) et de Los Angeles (où il a remporté une compétition similaire avant de s’en évader en 2013). Voilà 6 ans que le borgne ne rate pas une édition. Un foie de béton et une résistance mentale d’exception lui ont permis d’écraser ses rivaux. La légende raconte qu’il a été le dernier homme à gravir le Mont-Blanc sans oxygène. Il aurait même atteint le sommet en s’hydratant exclusivement de sapinette distillée à Montroc. L’édition 2024 n’a pas dérogé à la règle puisqu’après avoir englouti les cinq verres de Fendant obligatoires du ravitaillement de la Forclaz, Snake Plissken s’est envolé une fois de plus (en bus) vers la victoire. Pour fêter son arrivée, les freaks de la communauté anglaise ont organisé une immense rave party au lieu dit du Désert Blanc. Pour l’occasion, des lazers ont éclairé les Drus et le monument mégalithique de Stonehenge a été recréé en recyclant des anciennes caravanes de saisonniers. Snake n’en croyait pas son oeil, au royaume des aveugles Plissken était devenu le roi. Fort de la notoriété acquise par ses victoires arrosées et inspiré par la carrière de Maurice Herzog, Snake s’est lancé dans la politique et a obtenu un ministère. Tombé amoureux du massif lors de son ascension du Mont-Blanc, il a décidé de se battre pour mettre en place une solution de transport de marchandises plus respectueuse de l’environnement (une combinaison de ferroutage et de camions magnétiques). Les recettes astronomiques de vente de ses produits dérivés, dont les fameuses mignonnettes de sapinettes, lui ont permis de mettre en place une subvention de plus de 5 000 € par foyer pour rénover les isolations et les moyens de chauffage. Les Chamoniards ont été conquis par cette ardeur verte et se sont même mis à faire du vélo. Et par un historique matin de mai, le brouillard toxique s’est déchiré, découvrant pour la première fois en 10 ans, l’aiguille de la République. Après un passage en cure de désintoxication à Sancellmoz. Snake s’est définitivement installé à Chamonix. Il y coule désormais des jours heureux en jouant du jazz à la Tournette avec son pote Dédé. Comme si Chamonix, finalement, n’avait fait qu’émerger d’une sacrée gueule de bois...

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V

oilà 10 ans que le seuil critique a été franchi. Les taux de particules toxiques PM 10, NO2 et HAP ne sont plus redescendus depuis l’hiver 2014. L’avidité de ses habitants et leur obstination à ignorer les problèmes environnementaux ont plongé la cité alpine dans une atmosphère irrespirable. Elle se glisse aujourd’hui en tête des villes les plus polluées du globe, devant Beijing et Oulan-Bator.


WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

033


2024

ken, , Pliss e k a ard s Sn moni a h C the hope last

Ernest invites you to dive into the post-apocalyptic world of the director John Carpenter. This time, Snake Plissken, the legendary eye-patched character brought to life by Kurt Russel finds himself parachuted in to the base of Mont Blanc. Just like in previous episodes, Escape from New York and Escape from Los Angeles, he’ll do everything in his power to save the town. It’s 2024 and we’re in the shit.

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t has been 10 years since the critical limit was breached. The amount of toxic PM 10, N02 and HAP particles hasn’t decreased since the winter of 2014. The greed of the population and their pig-headed dismissal of environmental problems plunged the alpine city into a suffocating atmosphere. Today the town has climbed to the top of the most polluted cities in the world ahead of Beijing and Ulaanbataar. Once the centre of all mountain sports, it now cowers under a blanket of opaque blue/grey smog. Saussure can no longer see what Jaques Balmat is pointing at from the town square, except during the long weeks of acid rain in November. Politicians, outraged by premature deaths associated with the atrocious air quality, have taken drastic action; a total ban on sport. Environmental organisations had been ringing the alarm bells for decades but in a town where it’s every man for himself, most of the inhabitants didn’t want to hear it. Deprived of sport, the town sank into the depths of alcoholism. Some stalwarts stayed and tried to get into reading or worse, going to the cinema Vox but for the extreme sportsmen and women, the thrill is gone. The levels of dopamine, adrenaline and noradrenaline they medicated themselves with turned out to be difficult to replace. Chamonix gradually transformed into the capital of alcoholism, only attracting the dodgy crowd. Shiny new sport shops turned into nightclubs and ski instructors on technical unemployment started to offer people guided Tour-de-Mont-Blanc-Bars.

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SCI-FI

To make up for the economic desert left by the disappearance of the Ultra-Trail du Mont Blanc, investor funds have been used to set up a large scale alcoholics’ rally. The ultimate course (“The course of all superlatives” as the media like to call it) crosses three countries, three

major alpine areas and 14 communes. It consists of downing 194 glasses of booze in three days to make a total of 9400 positive millidoses of alcohol. 2300 drinkers at the start line and representatives from over 34 countries make the journey each year. And while transport between each refuelling station is provided by buses driven by volunteers, families can whet their palettes at the famous spirit lounges organised on the fringes of the course. Of course, the race is reserved for professionals. A GT Gamma test is obligatory before taking part in the competition. The favourite for the 2024 edition is none other than Snake Plissken, the Hollywood hero who is used to breathing the putrid air of New York (he fled in 1997) and Los Angeles (where he won a similar competition before escaping in 2013). The eye-patched man hasn’t missed one for six years now. His concrete liver and exceptional mental toughness have left his opponents crushed. Legend has it that he was the last man to climb Mont-Blanc without oxygen. He even reached the summit by hydrating himself exclusively with sapinette distilled in Montroc. The 2024 edition was no exception and after having drunk the five glasses of obligatory Fendant at the Forclaz refuelling station, Snake escaped to victory once again (in the bus). To celebrate his arrival, the freaks of the English community organised a huge rave party in the Désert Blanc. For the occasion, lasers illuminated the Drus and the megalithic monument Stonehenge was recreated using seasonaires’ old caravans. Snake could not believe his eye, in the realm of the blind Plissken has become king. Bolstered by the fame he gained from his tipsy victories and inspired by the career of Maurice Herzog, Snake entered into politics and got a position in the ministry. Having fallen in love with the valley during his ascension of Mont Blanc, he decided to try and find a way to transport freight in a way that was better for the environment (a combination of road to rail transport and magnetic lorries). The astronomical takings from the sales of products carrying his name including the famous mignonettes de sapinettes allowed him to put in place a subsidy of over €5000 per household to improve insulation and central heating. Chamoniards were won over by this green movement and even started to cycle around. One historic May morning, the smog broke, uncovering the Aiguille de la République for the first time in ten years. After a stint of detox in Sancellmoz, Snake moved to Chamonix. Here he spent long happy days playing jazz at the Tournette with his friend Dédé, as if Chamonix had finally just got over the ultimate hangover…

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

CHAMONIX


350 Route du Bouchet 74400 Chamonix info@mbchx.com - Tel : +33 (0)4 50 53 61 59 ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

PUBLICITĂŠ / /


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PORTRAIT

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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enlumineur spatio-temporel


037 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

Guide artistique de communautés nioulouques, cet hypnotiseur d’optiques est également un grand amateur de sports de glisse.

Italo-franco-grec de naissance, établi à Londres pendant de nombreuses années, Yorgo Tloupas porte en lui les gènes du vieux continent, des eaux translucides de la mer Égée au tintamarre des couleurs italiennes, en passant par la luxuriance parisienne et le raffinement londonien. Cependant que l’immédiateté malaxe nos racines dans un consumérisme insatiable, Yorgo concentre son énergie à secouer les identités visuelles et à jouer avec l’optique pour exciter nos perceptions et ainsi vivifier l’oeil morne de notre contemporanéité.

U P A S Portrait : Julien Regnier / Mots : Antoine / Icono : Yorgo&co


Les sports de glisse, il les pratique sur toutes les surfaces. Il a notamment la réputation d’être un très bon skater. “C’est une activité qui a été déterminante dans ma vie, dans mes choix, dans mon approche au monde et à la société. J’en fais depuis 1986, sans vraiment d’interruption, et je considère toujours que c’est un sport infi niment supérieur à tout autre de par sa dangerosité, son illégalité, sa difficulté, sa créativité dans la pratique, et sa créativité dans la lecture de l’environnement urbain. Je suis disponible pour tout débat avec des pratiquants et défenseurs d’autres sports - inférieurs bien sûr.” Au-delà de la pratique, l’univers skate a eu une autre influence sur sa jeunesse, celle de l’infi nie possibilité des graphismes. “J’étais exposé à des centaines de logos de skate. Tous les trois mois, chaque fabricant sortait une série de nouvelles planches. Ce renouveau constant a créé chez moi un intérêt visuel.” Sa passion de la glisse et celle des arts appliqués vont se télescoper quand, après avoir rencontré Jean-Carl Carpano, manager produit chez Rossignol, il se voit confier le design du logo Rossignol Snowboard et des gammes snow. “Je lui dois tout. On s’est rencontrés aux Contamines et il m’a sponsorisé en matos. Puis, il m’a demandé de travailler sur le logo et toute une gamme de snowboards, deux années de suite”. Cette manne créative est également une manne fi nancière qui lui permet de faire son entrée sur le marché professionnel avec un joli pécule. “À la sortie de l’école, j’ai pu commencer à travailler sur des projets freelance qui m’intéressaient plutôt que sur des boulots alimentaires. Cette liberté de choix a été fondamentale dans mon parcours.”

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portrAIt

Après s’être fait un nom dans l’univers du graphisme, il prend la direction artistique du magazine Crash, un trimestriel mode et culture qu’il conduit du second au douzième numéro et contribue à rendre culte. Il commence également à travailler pour des commanditaires de renom comme Yves Saint-Laurent ou Lacoste, tout en gardant un lien avec l’univers glisse, notamment les skateboards Street Machine. Il part ensuite pour Londres et monte, avec le journaliste Dan Ross, Intersection, un magazine de voitures qui embrasse la mobilité dans son ensemble. Ainsi, on y découvre des vélos, des bateaux et toutes sortes de véhicules mécaniques insolites, le tout ficelé avec style et un soupçon de luxe, sans oublier les indispensables jolies fi lles aux jambes sculpturales.

“[Le skate] est une activité qui a été déterminante dans ma vie,

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

A

dmettons, cette introduction est un poil enchevêtrée, mais ça fait du bien de se laisser aller à la résonance des ambiguïtés dialectiques et spatiales. Yorgo est donc un individu de sexe masculin de quasi quatre décennies, fi ls d’une professeure d’art franco-italienne et d’un sculpteur grec. Il voulait être journaliste “sans doute en réaction à l’héritage familial”, mais a fi ni par intégrer l’Ecole Supérieure d’Art Graphique de Paris. Passionné de glisse, il a baigné dans la culture “fun” des années 1980-1990, d’abord sur l’eau, puis sur la neige. “J’ai commencé la planche à voile en Grèce. Ça m’a mené à acheter Wind magazine puis Wind Surf Neige et à commencer le snowboard chez mon cousin à St Gervais. Il s’agissait d’une planche en bois faite main, pas de carres, des ailerons en métal, une semelle concave, asymétrique du mauvais côté, footstraps et bottes de pêche fourrées.”


039 C’est également à Londres qu’il découvre, en 2005, le vélo à pignon fi xe. Depuis, il n’a cessé de se passionner pour ce sport, et au-delà, pour le vélo en général et le vélo-polo en particulier. “Le pignon fi xe m’a séduit par sa nouveauté mêlée d’ancienneté, par son exigence, notamment si l’on roule sans autre frein que la transmission directe, et, j’avoue, par son esthétique. Je continue à en faire en hiver pour me réchauffer, mais j’ai dorénavant un vélo pour chaque pratique, comme un skieur ou surfeur aura un outil pour chaque condition. Le bike polo, c’est un fantastique sport d’équipe, unique et original, que j’ai eu la chance de découvrir tôt et de “lancer“ en France. L’aspect compétitif est étrangement séduisant, la camaraderie encore très forte, comme dans tout sport en gestation...” 2005 correspond également aux débuts de sa collaboration avec la marque de ski Black Crows dont il a créé l’identité visuelle et chaque collection. “L’idée était de créer un symbole simple et géométrique, dans la tradition des logos de ski des années 50 à 70. Je suis parti de la représentation la plus basique d’un oiseau en vol, le V de nos dessins d’enfants... Multiple, ce V – ou chevron - devient une escadrille, évoquant la communauté Black Crows [...] L’originalité de ce logo est qu’il peut se modifier à l’infi ni, créant une perspective proche de l’illusion, dans la lignée de l’art optique.” Influencé par des artistes comme Victor Vasarely ou Jesús-Rafael Soto, beaucoup de ses travaux s’inscrivent dans l’héritage de ce courant artistique. L’art optique prend ses racines dans les années 1920 notamment les travaux du Bauhaus - et s’est imposé au cours des années 1960. Néanmoins, rapidement embrassé par l’art décoratif et le design graphique, il a été vivement critiqué par le monde de l’art. À l’évidence, pour un designer, cette querelle substantielle a peu d’incidence. “Je suis formé dans le domaine des arts appliqués, et ça reste mon champ d’action et ma passion. Appliqués car au service d’une demande, par opposition à la liberté quasi-totale de la création purement artistique. Je dessine encore, bien sûr, surtout pour la création de logos, qui commence toujours sur papier.”

dans mes choix, dans mon approche au monde et à la société.”

Le logo, quintessence de l’identité graphique, est l’un des violons d’Ingres de Yorgo, sinon sa grande passion. “Je suis plus obsédé que jamais par la création d’identités visuelles, et je ne m’arrêterais que quand j’aurais refait le logo de la République française, et encore...” Sans doute, certains décèleraient une pointe d’autolâtrie dans ce vœu quasi révolutionnaire. Une confiance en lui qui frôlerait le narcissisme représentatif et trouverait son illustration dans la société, Yorgo&co, qui porte son nom. Comme la plupart des grands concepteurs et personnages publics – il a sa marionnette aux Guignols de l’info depuis qu’il a été nommé directeur artistique de Vanity Fair France - Yorgo a quelques paires de chaussettes sur mesures, mais ce serait sourde et mesquine médisance que d’en faire une ligne d’attaque face à sa lumineuse créativité.


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Portrait: Julien Regnier Words: Antoine

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PORTRAIT

Images: Yorgo&co


041 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

illustrator extraordinaire

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Artistic icon for ‘new-look’ designers, we introduce this optical hypnotist and great lover of all board sports.

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taliano-french-greek by birth, based in London for many years, Yorgo Tloupas is full of his European heritage; from the translucent waters of the Aegean to the riot of Italian colours, with some Parisian luxury and London sophistication thrown in. With insatiable consumerism being forced down our throats all the time, Yorgo focuses his energy in shaking up visual identities and in playing with perspectives in order to excite our perceptions. He livens up our blasé attitudes to the mundane everyday. Admitted, this introduction is a bit rambling, but it feels good to really let myself go with word play, obscurity and ambiguities. To get back to reality, Yorgo is a male with almost four decades to his name, the son of a francoitalian art teacher and a Greek sculptor. He wanted to be a journalist “probably in response to the family legacy” but eventually enrolled at ‘L’Ecole Supérieure d’Art Graphique’ in Paris’. Enthusiast of board sports, he immersed himself in the culturally “fun” 1980’s and 1990’s, starting in the water and moving onto snow. “I started windsurfing in Greece. That led me to buy ‘Wind’ magazine then ‘Wind Surf Snow’ and start snowboarding with my cousin in St Gervais. It was a handmade wooden board, no edges, metal surf fins, a concave base, asymmetric on the wrong side, with foot-straps and fur lined fisherman’s boots.” He practised board sports of all kinds. In particular Yorgo has a reputation for being a very good skateboarder. “It is an activity that has been instrumental in my life, in my choices , in my view of the world and society. I’ve skated pretty much non-stop since 1986, and I still consider it an infinitely superior sport than any other because of its danger, its illegality, its difficulty , the creativity involved, and the creativity in reading the urban environment. I am free to discuss this further with any practitioners or defenders of all other inferior sports, of course”. Beyond the physical, the world of skateboarding made another impact on his youth; an awareness of the infinite possibilities in graphic design. “I was exposed to hundreds of skating logos. Every three months manufacturers would release a series of new boards. This constant redesign inspired my interest in visual art.” His passion for board sports and their graphic design intensified after meeting Jean-Carl Carpano, the product manager at Rossignol, when he was entrusted to design the logo for Rossignol Snowboards and their snowboard collection. “I owe everything to him. We met in Les Contamines and he sponsored me with snowboarding gear. Then he asked me to work on the logo and a range of snowboards, for two years in a row.” This lucky chance to prove his creativity was also a financial god-send that allowed him to kick off his career with some money in his pocket. “On leaving school, I was able to start working on freelance projects that interested me, rather than jobs that would just pay the rent. This freedom of choice has been fundamental in my professional development.”

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portrAIt

After making himself a name in the world of graphic design, he became the artistic director of ‘Crash’, a fashion and culture magazine of four issues per year. Involved from the second to twelfth issues he made a large contribution in creating it’s cult following. He also began working with

“It is an activity that has been instrumental in my life,


043 renowned names like Yves Saint Laurent and Lacoste, whilst still maintaining his links with the extreme sports world like the skate brand Street Machine. He then moved to London and started up ‘Intersection’ with journalist Dan Ross, a car magazine that embraces movement - in all its forms. Thus we discover bicycles, boats and all kinds of unusual mechanical vehicles, all wrapped up with style and a dash of luxury, not forgetting the ubiquitous pretty girls with sculptural legs.

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

It was also in London that he discovered the fixed-gear bike, in 2005. Ever since then he has been passionate about the sport and cycling in general, more specifically in bike-polo. “The fixed gear attracted me by its mix-up between classic and novelty, by its required technical level - especially if you ride with nothing apart from the direct-drive to break with, and I confess, by its aesthetics. I keep riding fixed gear in the winter as it’s good training, but I now own a bike for every situation, like a skier or snowboarder will have different skis or boards for different conditions. Bike polo is a fantastic team sport, unique and original. I have had the chance to discover it early and to start one of the first teams in France. The competitive aspect is strangely appealing and of course the camaraderie is very strong, as with any new sport in the making...” 2005 was also the year in which he began his collaboration with Black Crows, where he created the visual identity of the brand and the design of each ski collection. “The idea was to create a simple and geometric symbol, following the tradition of ski logos from the 50’s to the 70’s. I started off with the most basic representation of a bird in flight, the V we draw when we are kids... Multiply that V, the chevron becomes a squadron, evoking the Black Crows team [...] The originality of this logo is that it can have infinite modifications, creating a perspective that is almost an illusion, just as in opticalart.

in my choices , in my view of the world and society.”

Influenced by artists such as Victor Vasarely and JesúsRafael Soto, many of his works fall within the boundaries of this artistic movement. ‘Op art’ has its roots in the 1920s - notably in work from the Bauhaus - and became well known over the course of the 1960’s. Quickly embraced by the Art Deco movement and graphic designers, never the less it was strongly criticized by the art world. It seems that for designers, this large row has little effect. “I am trained in the school of design, and it remains my area of expertise and my passion. Designing for a specific request, as opposed to the quasi total freedom of a purely artistic creation. I still draw of course, especially for the creation of logos, which always starts on paper.” The Logo; the ultimate graphic identity, is one of Yorgos main occupations, if not his greatest passion. “I’m more obsessed than ever by creating visual identities, and I will only stop when I have reworked the logo of the French Republic, and probably not even then...“No doubt some will discern a hint of egoism in this quasi-revolutionary wish. A self-confidence verging on narcissism, illustrated in the work of the company that bears his name, Yorgo&co. Like most great designers and public figures - he has even had his own splitting image caricature on the news since he was appointed artistic director of Vanity Fair France - Yorgo has a few pairs of made to measure socks, but it would be shallow nit-picking to use that against him and his brilliant creativity.


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PORTFOLIO

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

SECTION PHOTO


045 Avant d’aller prendre une bonne douche, laissez-nous vous glisser le travail de deux photographes qui ont articulé leurs sujets autour du sport. Une même technique : le numérique. Deux approches : la mise en scène et le reportage.

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

Mike Pickles, photographe installé à Édimbourg et féru de sport, a distillé le substrat d’accessoires sportifs. Peints en blanc sur fond monochrome et mis en scène de manière minimaliste, ces accessoires perdent ainsi leurs usages pour se métamorphoser en formes graphiques. Le parisien Joseph Melin, photographe-reporter avisé, “cherche souffle et espace à travers des sujets variés, souvent décalés mais toujours en prise avec la société.” Dans son viseur, il a déjà cadré la difficulté d’être homo en Croatie, les divisons ethniques en Bosnie-Herzégovine ou encore le service de nuit de l’hôpital Saint-Simon à Paris. Cette fois, il nous embarque au Proche-Orient pour saisir les muscles saillants de culturistes que tout oppose, sauf l’amour de la fonte et des produits protéinés.

SPORTFOLIO

Before you go take a shower, let us show you around the work of two photographers who have articulated their projects around sport. One technique, digital, but two different approaches: mise-en-scene andreporting. Mike Pickles, a photographer based in Edinburgh and keen on sport, has distilled the sub-strata of sports equipment. Painted white with a monochrome background and arranged in a minimalist style, these accessories lose their practical meaning and metamorphose into graphical forms. Parisian Joseph Melin, wise photo-journalist, “seeks a space to breath by studying various subjects, often unknown but still engaged with society”. Through his lens he has framed the difficulty of being gay in Croatia, the ethnic divide in Herzegovina, Bosnia and the night shift staff of ‘Saint-Simon’ Hospital in Paris. This time he takes us to the Middle East to capture the bulging muscles of a diverse group Bodybuilders who only have their love of cast iron and protein shakes in common.


MIKE PICKLES

La démarche prédominante de ce projet, était d’explorer quelques objets sportifs familiers au travers d’une mise en scène visuelle qui les différencie de leurs usages propres. J’ai voulu explorer ces formes par la couleur, ou par son absence. L’idée d’utiliser une toile blanche m’a obligé à trouver une mise en forme graphique simple, qui donnerait lieu à des éclairages intéressants, et qui mettrait en valeur les formes de l’objet. Pour moi la simple exploration de l’esthétique visuelle de l’objet suffit, il n’y a pas de signification profonde cachée, simplement l’idée de créer une image graphique à l’imaginaire fort.

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PORTFOLIO

Que ce soient des natures mortes, des personnes, ou des lieux, le sport a toujours été un thème prédominant dans mon travail. Il a toujours été ma plus grande source d’inspiration pour créer des images, qu’elles soient conceptuelles ou “réelles”.

The intention behind this project was predominantly to explore some familiar sporting objects in a new visual style that separated them from their actual use. I knew that I wanted to explore the shapes by using colour, or lack off. The idea to create a canvas from only white, then forced me to find a simple graphic layout that would allow for some interesting light or shadow, to highlight the shape of the objects. For me, the simple exploration of visual aesthetic is enough, there is not any deep meanings intended behind the object, only the idea to create a bold and graphic piece of imagery. Whether still life, people, or places, the predominant theme throughout my work is always of a sporting nature. It has always been my largest source of inspiration to create photographs, whether conceptual or “real”.

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mpickles.com


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PORTFOLIO

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PORTFOLIO

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WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

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JOSEPH MELIN josephmelin.com Le bodybuilding, “une sorte de liberté”

En reportage en Israël et Palestine en 2009, je cherchais à traiter le sujet du conflit de manière décalée, en évitant les habituelles images du mur comme symbole de la division. À Jérusalem, en compagnie du journaliste suisse Simon Pittet, j’ai rencontré Muhannad. Manifestement, il pratiquait la musculation intensive en parallèle de son activité de vendeur de téléphones dans une boutique de la porte de Damas. Après avoir sympathisé, il nous a présenté sa salle d’entraînement et nous a détaillé les nombreuses compétitions de bodybuilding qui étaient organisées partout en Israël et dans les territoires palestiniens, à Tel-Aviv, Ramallah, Hébron, Gaza...

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PORTFOLIO

L’occasion était belle de s’intéresser aux parcours d’individus que tout sépare : culture, passeport, et niveau de vie. Au cœur de cette zone de conflit, ils retrouvent espace et maîtrise à travers le culte du corps.

When reporting from Israel and Palestine in 2009, I tried to treat the subject of the conflict from a different angle, avoiding the usual images of the wall as a symbol of division. In Jerusalem, accompanied by Swiss journalist Simon Pittet, I met Muhannad. Quite clearly he practiced intensive fitness, as well as working in a phone shop in Damascus Gate. After getting to know him better, he showed us his training room and explained about the numerous bodybuilding competitions that were held throughout Israel and the Palestinian territories, in Tel‑Aviv, Ramallah, Hébron, Gaza… It was the perfect occasion to find out more about the lives of a group of people who have been seperated by everything: culture, passport and quality of life. In the heart of this conflict ridden area, they find a unified understanding through their obsession over the human body.


053 Amjad Al Zain est

Amjad Al Zain

un bodybuilder

is a palestinian

palestinien semi-

semi-professional

professionnel

bodybuilder

habitant Ă Ramallah

living in Ramallah

(Cisjordanie).

(Cisjordanie).


The competition

mence. En coulisse,

begins. Behind the

Amjad Al Zain est

scenes, Amjad Al Zain

concentré. À 36 ans,

concentrates. At 36,

ce bodybuilder de

this bodybuilder

Ramallah a déjà gagné

from Ramallah has

une douzaine de

already won a dozen

prix en Palestine et à

awards in Palestine

l’étranger. La pression

and overseas. The

est considérable.

pressure is immense.

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PORTFOLIO

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

La compétition com-


055 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

Amjad se présente

Amjad enters the

avec le groupe des

80-85kg group. Each

80-85 kg. Chacun

one completes one

enchaîne les positions,

position after another,

un sourire figé au

a fixed grin on their

milieu du visage. Le

face. Bodybuilding

culturisme est devenu

has become a very

un sport très populaire

popular sport in the

dans les territoires

Palestinian territories,

palestiniens, que ce

whether on the West

soit en Cisjordanie

Bank or in Gaza.

ou à Gaza.


Muhannad Al Resheq

est un bodybuilder

is an amateur Arab

arabe israélien

Israeli bodybuilder

amateur habitant

living in old Jerusalem.

le vieux Jérusalem.

He trains on

Il s’entraîne sur

rudimentary machines

des machines

in a gym near the

rudimentaires dans

Damascus Gate.

une salle près de la

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PORTFOLIO

porte de Damas.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

Muhannad Al Resheq


057 Sa musculature fait

His muscles make him

qu’il est très respecté

a very respected man

par les jeunes arabes

by the Arab youth he

le côtoyant. Il est

mixes with. He is also

également souvent

often singled out by the

remarqué par l’armée

Israeli Army in times

israélienne en cas

of control.

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

de contrôle.


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RÉFLEXION

Mots : JAG QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?


059

réflexion WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

sur le sport et la pratique de la montagne Sport : “activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l’effort, et dont la pratique suppose un entraînement méthodique et le respect de certaines règles et disciplines.” (dictionnaire Le Petit Robert).

D

e par sa volonté de vaincre, le terme qui paraît prendre le dessus dans cette définition est celui de ’lutte’. Avec lui, tout de suite, on n’est plus là pour rigoler. Il va falloir mettre son adversaire au tapis, de manière fair-play ou pas, le but est de gagner. Qu’il semble lointain, le temps où l’ancien français “desport”, de “déport”“amusement”, de se “deporter”“s’amuser” avait fondé la racine étymologique du mot anglais disport, lui-même donnant sport. Certes, l’amusement fait partie du sport, mais à condition de l’avoir emporté sur quelqu’un, quelque chose ou soi-même. La montagne n’est pas exempte de cette dynamique de la confrontation, néanmoins, si elle a d’abord été le théâtre d’une confrontation avec l’élément, elle s’est peu à peu laissée gagner par la confrontation avec les autres.


Prenons deux exemples récents. Au mois de novembre 2013, deux guides français, dont l’un est membre de la Compagnie de Chamonix, se sont attaqués à un gros bout de caillou himalayen dépassant les 8000 mètres. Ils ont évidemment choisi une ligne aussi esthétique que problématique. Ils ont réussi, c’est à dire qu’ils ont vaincu la montagne, car quand on lui marche sur le sommet du crâne, on domine le monticule, même si ça ne lui fait sans doute ni chaud ni froid. Les gars ont donc vécu une sacrée aventure avec tous les ingrédients de l’exploit et du drame, dont de fortes gelures et des amputations pour l’un d’entre eux. Mais voilà que leur grande prouesse, qui allait assurément retentir dans tout le milieu de l’alpinisme, fut soudain perturbée par une note discordante venue d’Helvétie. Un métronome de la vitesse en altitude avait réalisé une semaine auparavant la même ligne en solo et en un temps record... Bien entendu, cela n’enlève rien à l’exploit réalisé par les deux compères, mais quand même, ça fait tout drôle. L’aventure sportive a ainsi pris le pas (l’expression est toute trouvée) sur l’aventure. La déontologie de l’alpiniste suisse n’est pas en cause. C’est un montagnard au sens noble qui affronte la montagne plutôt que ses semblables. Pour lui, il est ainsi tout naturel d’interrompre une ascension pour porter secours à une cordée en difficulté. Cette assistance à personne en danger ne va malheureusement pas toujours de soi dans le milieu de l’alpinisme. Cela étant dit, la question demeure : pourquoi brancher un chronomètre quand il gravit une montagne ? Certes, il fait ce qu’il veut. Il est libre. Mais cette approche chronométrée, quel qu’en soit le fondement personnel, fait passer l’aventure alpine dans le domaine de l’aventure sportive. De la même manière, il fait passer un exploit individuel dans le domaine de l’exploit compétitif.

la question

:

pourquoi brancher

Dans un autre registre, l’édition 2013 des Piolets d’Or, éminente manifestation de l’alpinisme récompensant les plus belles ascensions de l’année, a décidé de ne pas distinguer une seule cordée, mais toutes les cordées finalistes. Pour citer les termes du communiqué : “Compte tenu de la qualité exceptionnelle des six expéditions retenues, le jury 2013, sous la présidence de Stephen Venables, a décidé à l’unanimité de ses membres d’attribuer cette année un Piolet d’Or à chacune des six ascensions nominées, dans l’esprit de mettre l’accent sur la diversité des expériences vécues.” Tous vainqueurs ! Tous égaux ! Un vent de ‘flower power’ parcourait la salle polyvalente de Courmayeur. Il fallait voir la tête des médias français de montagne après le verdict, un mélange de consternation éplorée et de protestation tonitruante. Comme si, tout à coup, il n’y avait plus rien de saisissable, comme si tout foutait le camp. Pas d’échelon, pas de classement, pas de hiérarchie, l’anarchie était aux portes de l’alpinisme ! Trois jours plus tard, le verdict médiatique tombait comme lancée par la statue commandeur défiant l’horizon : “Piolets d’Or 2013 : un non résultat indigne, la démission de Montagnes Magazine et Vertical”. Le texte rancunier expliquait alors : “Avoir agi ainsi, c’est négliger les notions d’engagement, les problèmes liés à l’altitude et les capacités des hommes à innover.

un chronomètre quand il gravit une

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RÉFLEXION

montagne

?

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

demeure


061 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

C’est brouiller les repères des générations futures. C’est se renier en partie, et renier l’histoire de l’alpinisme. C’est négliger l’art de gravir les plus hauts sommets et ses artistes, et encore se moquer des ascensions nommées aux vingt premières éditions des Piolets d’or et qui n’ont pas été récompensées par ce prix, resté référent jusqu’à aujourd’hui.” Diantre, voilà ce qu’il en coûtait de ne pas nommer un vainqueur. L’alpinisme ne pouvait se désolidariser de la logique de confrontation. L’alpinisme ne pouvait s’extirper impunément du domaine de la lutte.

n’est-ce pas dénaturer la montagne pour en faire un stade

Ces deux événements montrent à quel point la pratique de la montagne a du mal à se dégager de la notion de compétition et, par réverbération, de celle de sport dans le sens de confrontation entre les pratiquants. Car c’est précisément dans la logique sportive que couve le feu de la compétition. Si notre société n’était pas colonisée par la ‘sportivation’ à outrance, la montagne aurait peut-être pu échapper au grand bain de l’antagonisme humain. Mais le fait est là, arrogant. L’activité physique est irrémédiablement gangrenée par le sport. Si quelqu’un dit qu’il va “marcher en montagne”, dans la pensée collective, c’est qu’il va faire du sport. Comme s’il fallait forcément brancher un chronomètre et mouiller le maillot. Ainsi, insidieusement, même la randonnée pédestre, activité bucolique et contemplative par excellence, se voit gagner par la sportivation et la compétition avec notamment l’apparition des épreuves d’orientation. Par extension, que penser de l’explosion du ‘trail’, des ses dérivés ultra ou du ski-alpinisme ? N’est-ce pas une manière de transformer insidieusement la balade en course ? N’est-ce pas dénaturer la montagne pour en faire un stade ? Et au-delà, en entrant dans la transe de l’effort et en s’enivrant de l’émulation de groupe, les pratiquants ne désaccordent-ils pas les liens de douceur et de quiétude du milieu naturel ?

Le ‘sport’ contient, en son essence même, ‘la lutte’ et, a fortiori, la compétition. Il est ainsi une extension du rapport de force que la locution latine homo homini lupus est (“l’homme est un loup pour l’homme”) résume depuis le deuxième siècle avant notre ère (Plaute). L’homme devient ainsi le pire ennemi de ses semblables, ce qu’il veut c’est gagner, ce qui implique de réaliser ses intérêts au détriment des autres. Or, si l’on compare cette réflexion à la définition du capitalisme : “Régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, n’appartiennent pas, en règle générale, à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail,” (le Petit Robert), on y décèle un vecteur d’idées tout à fait similaire. Il y a ceux qui marchent sur la tête des autres. L’idéologie du sport, comme celle du capitalisme, c’est la volonté de vaincre. Il n’est pas question ici de remettre en question le bien‑fondé du libéralisme économique - chacun est libre de rester dans sa bulle individuelle jusqu’à la solitude du dernier souffle - ce qui est important, c’est de ne pas être dupe. Le sport est devenu l’une des armes les plus efficaces pour discipliner les masses. Le sport, par sa toute-puissance, empêche de réfléchir. Si l’on ose remettre en question sa souveraineté, on s’écarte de la société pour courir à sa perte. On cavale vers le nihilisme, devenant par-là même un individu désenchanté et isolé. Belle performance de l’esprit sportif, que mettre hors-jeu ceux qui prônent le jeu au détriment du sport.

?

Note : pour ceux qui aimeraient approfondir les différentes questions abordées dans cette réflexion, voici quelques références. www.mountainwilderness.fr/IMG/pdf/alpinisme-et-competition.pdf Revue les Zindigné(e)s N°3, août 2012, éditions Golias (www.les-indignes-revue.fr /) Jean-Marie Brohm, Sociologie politique du sport, 1976, réédition : Nancy, P.U.N., 1992, 398 p


Reflection on sports and

Sport : an activity involving physical exertion and skill in which an individual or team competes against another or others for entertainment (Oxford dictionary). Words: JAG

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RÉFLEXION

ith a blatant desire to win, the word which stands out in this phrase is ‘competes’. Suddenly it’s no longer about having a laugh. You need to knock your opponent down, fair play or otherwise, the goal is to win. The word sport dates back to the old french word desport, déport entertainment and se deporter to entertain oneself, which became the english word disport and then simply sport. Sport certainly can be entertaining, but generally when you’ve beaten someone, something or even yourself. Mountaineering isn’t exempt from this type of dynamic confrontation, yet whereas before it was more a question of confronting the elements, even that has become a question of competition between men.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

mountaineering


063 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

Let’s look at some recent examples. In November 2013, two French mountaineers, including a guide from the Chamonix ‘Compagnie des guides’, decided to try their chances on enormous Himalayan piece of rock which culminates above 8000m. They chose an aesthetic if somewhat problematic route. They succeeded, conquering the mountain and walking on it’s summit, which undoubtedly was of little concern to the mountain. The two men survived an epic adventure with all the ingredients of an exploit and a drama, including severe frostbite and amputations for one of them. This achievement would have made a big impact throughout the mountaineering world, if it wasn’t for a certain Swiss mountaineer. A high altitude speed machine who had solo climbed the same line one week before in record time... While this doesn’t take anything away from the Frenchmens’ exploit, it’s still a little strange. Adventures now need to be sporting adventures. The ethics of the Swiss climber are not in question. He is a mountaineer of the finest calibre who affronts the mountain rather than his fellow men. He doesn’t hesitate to put off a climb in order to come to the rescue of climbers in danger. Unfortunately the same can’t be said of all climbers and mountaineers. That said, the question still remains: why set the timer going when climbing a mountain? For sure, he’s free to do as he likes. But this timed approach, whatever the reason, makes an alpine adventure into a sporting adventure. In the same manner, it transforms an individual achievement into a competitive achievement.

As mountaineers they have turned their back on the history of mountaineering. It neglects the art of climbing the world’s highest summits and it’s artists, and even mocks the climbs nominated during the first twenty editions of the Piolets d’Or and who didn’t win the prize, which remained referent until today.” Looks what happens when you don’t name a winner. Mountaineering obviously can’t disaassociate itself from confrontation and competition. These two events show how hard it is for mountaineering to move away from the idea of competition, and in turn, from that of the idea of sport with competitors battling it out between themselves. It’s precisely in this sporting mentality that the flame of competition is kindled. If our society wasn’t colonised by this excessive ‘sportiness’, maybe the climbing world could have avoided the ocean of human antagony. But it wasn’t to be. Any physical activity is infected by sport. If someone wants to go for a hike in the mountains, the world thinks it is for sport. What would be the point without a chronometer and lycra outfit? So even mountain walking, the most contemplative and peaceful activity, has now been overtaken by a sporting and competitive mentality, notably with the arrival of orienteering competitions. And what to make of the explosion of trail running? Isn’t that a way of transforming a walk into a race? Turning the mountain into a stadium? And to take it further, the trance of intense effort and the emulation of the crowds, does this really fit into the natural environment?

In another context, the 2013 edition of the Piolet d’Or, an eminent mountaineering event rewarding the most outstanding ascents of the year, decided not to select a single team, but all of the finalist teams. “In light of the very high level of the six ascents, the 2013 Jury chaired by Stephen Venables has decided to award each of the six nominated ascents a ‘Piolet d’Or’, indicating a possible way forward towards more emphasis on diversity.” Everybody wins! Everybody’s equal! A gust of flower power blew through the hall in Courmayeur. You should have seen the faces of the French mountaineering press after the verdict, a mix of tearful dismay and loud protests. As if the world had turned upside down. No rankings, no hierarchy, anarchy in the world of alpinists! Three days later, the media verdict fell: “Piolets d’Or 2013, an unworthy decision, Montagnes Magazine and Vertical are withdrawing their support from the competition.” The text bitterly explained: “This decision undermines the severity of these ascents, the extreme altitude and the extraordinary innovation of the climbers. It sets a confusing example to future generations.

Sport is based on battles and competition. It is an extension of the power struggle that is summed up by the latin expression ‘Man is a wolf to man’ dating from the 2nd century BC (Plaute). Man becomes the worst enemy of his fellow men, desperate to win, at any cost to others. If we compare this to the definition of capitalism: “an economic and political system in which a country’s trade and industry are controlled by private owners for profit, rather than by the state”, we can detect some similar ideas. Those who don’t mind walking over others to get what they want. The ideology of sport, like that of capitalism, is the desire to win. We’re not questioning the foundation of economic liberalism, everyone can stay in their own little bubble until their last breath if they like, but don’t be fooled. Sport has become a powerful weapon to discipline the people. Sport, the almighty, prevents free thinking. If we question the rules, we are pushed away. A descent into nihilism, becoming disenchanted and isolated. A great show of sporting spirit, driving out those who prefer playing to sport.


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INTERVIEW

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065 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

La dernière tentation du ski Ernest s’est entretenu avec deux personnages du freestyle moderne autour de la question de liberté et d’Olympe, rien de moins.

Images : Elina Sirparanta Interview : Antoine & Flo

Le ski freestyle, notamment les disciplines du half-pipe et du slopestyle, désormais olympiques, sont-elles vouées à devenir, à l’instar du ski de bosses en son temps, des sports stéréotypés où la performance technique prime sur la créativité ? À travers cette question propre au freestyle se pose une question plus large, celle de la place de la liberté dans un espace rétréci par la compétition. Quelle est donc cette liberté qui se fait tailler sur mesure pour des téléspectateurs très certainement avachis ? Pour aborder cette question, deux sages du ski libre : Julien Regnier et JP Auclair. À la fin des années 1990, les deux amis, respectivement français et québécois, se sont échappés du circuit international de bosses pour se lancer à cœur perdu dans l’aventure bi-spatulée, devenant ainsi les figures de proues du mouvement freestyle dit ‘newschool’. Ils ont été parmi les premiers à contester le mode compétitif et à vouloir rendre au freestyle sa part de liberté. Tâche dont ils se sont fort bien acquittés en se concentrant sur les images, notamment la vidéo. Mais voilà que depuis quelques années, ils ont remis un pied dans la compétition avec des évènements de backcountry encadrés - chaque compétiteur descendant à son tour une face vierge sur laquelle des kickers permettent de réaliser des figures, celles-ci étant jugées. Julien organise ainsi le Linecatcher aux Arcs et JP a déjà enfilé le dossard à plusieurs reprises. Cerise sur le gâteau, ils ont été capitaines d’équipes lors de la dernière Skiers Cup, une épreuve du même type disputée entre l’Amérique du nord et l’Europe et qui s’est déroulée entre le 4 et le 10 Janvier dernier à Zermatt. Messieurs, vos avis nous intéressent.


JP : J’aimais bien la compétition... Mais pour gagner, il faut apprendre et perfectionner les petits trucs qui t’assurent la victoire... Ce qui est normal, si tu aimes plutôt l’athlétisme et la performance. De mon côté, j’avais un penchant grandissant pour l’expression et la créativité. Il y a certainement un peu de place pour celles-ci en compétition, mais il y en a bien plus dans le fi lm et la photo. En 1999, j’ai lâché le ski de bosses et en 2001 j’ai fait l’une de mes dernières compétitions de “Big Air”... J’ai depuis refait quelques compétitions, genre Linecatcher ou Cold Rush mais pas plus... Aujourd’hui je consacre 99% de mon énergie aux fi lms.

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InterVIew

Julien : Je n’ai pas eu vraiment le choix. Premièrement, je voulais vraiment vivre l’aventure “new freestyle” et, à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de compétitions. Ensuite, voilà quinze ans que j’ai une hernie, je n’ai donc jamais vraiment pu sauter sur neige dure. C’est ce qui explique pourquoi j’ai délaissé le snowpark. Et, à l’époque des premiers contests, c’était “Big air” ou slope-style. J’ai aussi toujours été intéressé par le ski en poudreuse, mais même problème avec les contests de freeride, c’est malheureusement plus souvent sur le dur que dans de bonnes conditions. Je me suis donc retrouvé à passer mes saisons à skier de la poudre et tailler des sauts. En tout cas, ça a été dur d’arrêter les bosses puisque j’avais un bon niveau.

au regard du (new)freestyle actuel, auriez-vous pu imaginer une telle évolution ?

aujourd’hui, peut-on réussir dans le ski (new)freestyle sans jamais passer par la compétition ?

JP : J’aurais sûrement pu imaginer une telle évolution si je m’étais posé la question. Mais je n’ai jamais vu plus loin que la prochaine étape : projet, fi lm, trick ou spot...

JP : Oui, je crois que c’est possible et que certains le font. Les Jeux Olympiques vont rendre la chose plus difficile, mais je crois que ce sera toujours possible.

Julien : C’était le but, et c’est étonnant que cela ait fonctionné aussi bien. Regarde maintenant on est aux Jeux. Plus de dix ans après le début de ce mouvement, l’industrie est très dynamique et il y a plein de beaux projets. Que ce soit le matériel, les productions vidéos, les événements, ou les jeunes et vieux qui rident. Je trouve ça cool d’avoir fait partie de cette première génération, les choses ont bien bougé dans le milieu et ce n’est pas plus mal.

Julien : Ce n’est pas facile, mais il y a quelques exemples qui le prouvent. Même Tom Wallisch (vainqueur des X Games en 2013, ndlr), s’est fait repéré par les vidéos plutôt que par les contests. Le freestyle est un sport très varié et il y a une multitude de directions à prendre. Il ne peut pas devenir un sport de compétition à proprement parler, une discipline olympique, où sinon le sport s’arrêtera là. C’est aux acteurs de l’industrie d’en avoir conscience : skieurs, marques et médias.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

quel a été le déclic qui vous a fait lâcher la compétition ?

“Ils nous rappelleront que de favoriser l’athlétisme


067 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

à la créativité, ce n’est pas très drôle...“ jp La diversité cela se construit et, parfois, il faut aller contre les idées reçues. Par exemple, payer un rider qui ne gagne pas de médailles mais qui cartonne dans les vidéos. Parce que c’est aussi une performance. Bref je pense vraiment qu’il est possible d’y arriver sans les compétitions, mais ce n’est pas aussi facile.

simple, double et maintenant triple cork pour s’assurer une place sur le podium. Pensez-vous qu’à l’instar du ski de bosses, cette tendance à l’ultra technicité et l’ultra spécificité va finir par lasser le public ? JP : Certainement ! Julien : Je ne sais vraiment pas ce que le public veut. Personnellement quand je regarde du sport, je me fous bien de savoir ce qu’ils font.

Je connais à peu près les règles du jeu et je veux voir un beau combat, des mec qui s’arrachent, de l’énergie, des sourires et des larmes. Après, si l’on considère que le coté ultra-technique de la discipline est nocif pour le sport, le seul moyen de le contrer serait de “légiférer”. De mettre en place un système qui donne aux juges le pouvoir de noter le style face à la technique. Pour le moment, un juge aura toujours tendance à mieux noter la difficulté technique, parce que c’est un caractère bien plus objectif que le style. L’idée de liberté est tellement ancrée dans notre discipline que toute notion de contrainte est automatiquement rejetée. C’est absurde, sous prétexte de faire du freeride ou du slopestyle on serait plus libre qu’un slalomeur ou un biathlète ? On est tous soumis aux contraintes de nos disciplines

respectives et je ne pense pas que Lizeroux (slalomeur, ndlr) soit moins libre que Rolland (freestyler, ndlr). En tout cas, le progrès technique est fondamentalement bon, c’est ce qui pousse les jeunes et le sport. Personnellement je serais plutôt d’avis de trouver un système qui oblige à incorporer une touche de style.

style et compétition sont-ils finalement compatibles ? JP : Il y a moyen de faire les deux, c’est certain. Julien : Merde je crois que je suis aller plus vite que tes questions. Punaise, je regrette de pas avoir fait d’alpin, ça paraît si simple.

quel regard posez-vous sur d’autres scènes des sports de glisse (ski, snowboard, surf) ? les considérez-vous comme plus créatives que le ski ? JP : Le surf, le skate et le snowboard m’ont beaucoup inspiré. J’aime encore les images que produisent les autres sports de glisse et même s’ils m’inspirent encore aujourd’hui, je ne les considère pas plus créatif que le ski. C’est d’autant plus vrai que ces dernières années, il y a eu une sorte de renaissance dans le ski. C’est vraiment incroyable de voir tout ce qui en est ressorti : les personnages, les attitudes, les tricks, les styles, les idées de films, les designs, les nouvelles directions... Julien : Il y a plein de bons éléments dans tous ces sports, mais en ce moment, il y a aussi


bien que JP ai déjà participé à des compétitions de backcountry, le fait que vous participiez tous les deux à la skiers Cup semble définitivement enterrer votre posture des années 2000. n’avez-vous pas l’impression de manger votre chapeau ?

“je suis devenu tout mou...” julien JP : J’avais dis que j’arrêtais la compétition moi ?

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InterVIew

Julien : On a accepté de participer à la Skiers Cup uniquement si nous étions tous les deux capitaines. C’est drôle JP vs Julien, il y a une partie de l’histoire du freestyle là dedans. Et puis c’est un bon challenge : je vais le fumer le Québécois. Même si je n’ai pas fait de compétition, je n’étais pas vraiment contre. J’en organise une depuis six ans. Je crois qu’en l’an 2000, on n’avait pas besoin de cela, on voulait plutôt montrer notre discipline dans un élément et d’une manière particulière : les vidéos. Et on s’y est consacré a fond. Simplement, quand tu passes ta saison à chercher les meilleures conditions

de neige, ça ne laisse plus de temps pour le reste. Je ne comprends pas vraiment cette question, il faudrait que ta critique soit plus directe il me semble. C’est l’appât du gain qui a fini par avoir raison de votre esprit contestataire ? JP : Ah! Vous croyez ? Non, ce n’est pas le gain qui m’a attiré vers la Skiers Cup. Je n’attache toujours pas d’importance à la compétition et je crois que c’est pareil pour mes sponsors. Si je leur demandais, je crois qu’ils préfèreraient que je travaille sur des films ou des séances photos plutôt que d’aller m’amuser avec mes amis à Zermatt pendant une semaine ! La compétition est aussi une bonne excuse pour nous réunir et skier ensemble dans un super spot. Et puis bon, Julien m’a lancé un défi... Il faut jouer, sinon ce n’est pas drôle. Julien : Il n’y a pas grand chose à gagner non ? La Skiers Cup, je vois plutôt ça comme un contest cool. La course a été imaginé par Kaj Zackrisson et Sverre Liliequist et c’est vraiment dans l’esprit de nos disciplines. Les contests c’est aussi un bon moyen de tous rider ensemble et de faire des bonnes rencontres. Je ne crois plus être contestataire de toute façon. J’adore le ski alpin. Je vais voir les Coupe du Monde. J’ai des skis de géant. Je travaille ma technique. Aucun sujet ne me fâche. Je suis devenu tout mou... si on vous offrait un million de bitcoins, seriez-vous prêt à revêtir l’habit national et participer aux Jo ? JP : Ça fait combien en dollars canadien ? De toute façon, même si on ne me payait pas j’irais au JO. Ça doit quand même être cool les cérémo-

nies d’ouverture, non ? Et puis ce qui doit arriver, arrivera... La machine est mise en marche et on peut pas y faire grand chose... Et si le sport semble perdre son âme pendant un bref moment, on verra apparaître quelques skieurs individualistes qui étoufferont dans les nouvelles structures. Ils auront un tel besoin de s’exprimer qu’ils arrêteront de suivre le sport dans cette direction. Hors des programmes, ils se sentiront tout aussi libre que les skieurs Hot-Dog des années soixante-dix. Ils nous rappelleront que favoriser l’athlétisme à la créativité, ce n’est pas très drôle... Et puis le sport se portera bien jusqu’à ce qu’on organise des compétitions de grande envergure pour la nouvelle (vieille) discipline qu’ils auront (ré)inventé. Julien : FUCK YES. T’as vu le prix de la bitcoin ? Je suis utilitariste avant tout. Et ma morale n’est pas figée dans un dogme. Si tu me donnes un million de bitcoins pour faire les JO, je trouverais bien le moyen d’en dépenser un peu pour dire ce que je pense des épreuves olympiques. si vous avez tellement envie de vous mesurer l’un contre l’autre, pourquoi ne pas choisir un vrai challenge d’hommes, à savoir le Hot-Dog Day de Chamonix ? Cet événement totalement désintéressé vous offrira l’occasion de vous racheter un semblant de déontologie et, grâce à son parcours de bosses en parallèle, discipline loyale et franche, le vainqueur ne souffrira aucun doute. JP : Bahahaha...! Julien : C’est jugé cette merde ? Je préférerais une bonne descente premier en bas et on en parle plus.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

des productions vraiment extra dans le ski. Je regarde pas mal de vidéos de wingsuit et aussi les productions de Seb Montaz que je trouve vraiment cool. Il faut que je regarde T’es pas bien là, ça a l’air top.


069 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

The last temptation of skiing Ernest interviewed two personalities of contemporary freestyle about the issues of liberty and Olympus.

Is freestyle skiing, with its newly Olympic disciplines half pipe and slopestyle, destined to follow in the footsteps of mogul skiing to become a stereotypical sport where technical performance reigns over creativity? Through this question faced by freestyle, the broader issue of freedom within constrained competitive environments is revealed. So what does freedom that is tailor made for couch potato viewers consist of? Images: Elina Sirparanta Interview: Antoine & Flo


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INTERVIEW

“nothing can annoy me anymore.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

To address this question, two of skiing’s wise men: Julien Regnier and JP auclair. at the end of the ‘90s these two friends, French and quebecois respectively, escaped from the international mogul skiing circuit to dive whole-heartedly into a twin tipped adventure, becoming the figureheads of the ‘newschool’ freestyle movement. They were among the fi rst to oppose competition formats and to try to bring back some freedom to freestyle. They assumed this task expertly by concentrating on shooting, especially video. but a few years ago they got back into competitions with organised backcountry events. Each competitor takes on a fresh face where kickers have been built for them to execute their manœuvres, which are then judged. Julien organises the lineCatcher in les arcs and JP has already donned the bib on several occasions. The icing on the cake, they were team captains in the latest skiers Cup, a contest of the same kind between north america and Europe, which took place between January 4th-10th in zermatt. We’re eager to hear your thoughts guys.


071 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

What was the trigger for you giving up competitions? JP: I really liked competitions… But to win, you have to learn and then fi ne tune the little things that will guarantee you a victory…This is normal if you have more love for athleticism and performance. As for me, I had a growing interest in expression and creativity. There is defi nitely a place for this in competition but much more so in fi lming and photography. In 1999 I gave up mogul skiing and I did one of my last “Big Air” comps in 2001… Since then I’ve gone back to a couple of competitions such as Linecatcher and Cold Rush but not much else… I put 99% of my energy to fi lming. Julien: I didn’t really have much choice. Firstly I really wanted to experience the ‘new freestyle adventure’ and at the time, there weren’t many competitions. I’ve also had a hernia for fourteen years so I could never really jump on hard snow. That’s why I left the snowpark. During this time of the fi rst contests it was all big air or slopestyle. I have always been interested in powder skiing as well but it’s the same problem in the freeride contests, they mostly take place in hard conditions. I found myself spending seasons skiing powder and building kickers. In any case, it was hard to give up the bumps because I had a good standard. looking at (new) freestyle now, could you have predicted such development? JP: I could have foreseen this progress if I had ever asked myself the question. I never looked beyond the next step: project, film, trick or spot…

Julien: That was the idea and it’s amazing it has worked so well. Look, now we’re at the Olympics. Over ten years after the movement began, the industry is really dynamic and there are loads of great projects whether in the equipment, video productions, events or the young and old riders. I think it’s really cool to have been part of this fi rst generation, a lot of things have changed in this scene and not for the worse either. Can you succeed in (new) freestyle skiing without doing any competitions? JP: Yes I think it is possible, some people are managing it. The Olympics will make things more difficult but I think it will always be possible. Julien: It’s not easy but there are some examples that prove it. Even Tom Walich (winner of 2013 X Games- ed) became known for his video parts rather than contests. Freestyle is very varied and there is a wide range of paths to choose. It can’t become a competitive sport in the true sense, an Olympic discipline, or else the sport will stop there. It’s up to the industry’s players to be aware of this: skiers, brands and the media. Diversity has to be built and you sometimes have to go against the grain. For example, paying a rider who does not win medals but who rips in the videos. This also counts as a performance. So I think it is possible to make it without competitions but it’s not always as easy. single, double and now triple corks to earn a place on the podium. Do you think that this trend for highly technical and specific tricks will end up boring the audience?

JP: Defi nitely! Julien: I don’t know exactly what the audience want. Personally when I watch sport I don’t really need to know what they are doing. I kind of know the rules of the game and I want to see a good battle, people going for it, energy, the joy and the tears. Beyond that, if we view the highly technical aspect of the discipline as damaging to the sport, the only way to counteract it is to “legislate”. A system has to be put in place that gives the judges power to count style against technique. At the moment, judges fi nd it easier to grade the technical difficulty because it’s much more objective by nature than style is. The idea of freedom is so ingrained in our discipline that all notions of constraint are automatically rejected. It’s absurd that just because you are doing slopestyle or freeride comps you are freer than a slalomer or a biathlete. We are all subject to the constraints of our respective disciplines and I don’t think that Lizeroux (slalomer-ed) is less free than Rolland (freestyler-ed). In any case, technical progress is fundamentally good, that’s what pushes the youth and the sport. Personally I would be inclined to fi nd a system that requires that riders incorporate a touch of style.

I have gone all soft.“ julien


JP: There’s defi nitely a way of including both. Julien: Shit, I think I overtook your questions. Darn, I should have been a downhiller, it seems so simple. How do you view other boardsport scenes (skateboarding, snowboarding, surfi ng)? Do you think they are more creative than skiing? JP: Surfi ng, skating and snowboarding have inspired me a lot. I still love videos of other boardsports and even though they inspire me, I don’t think they are more creative than skiing. This is even more the case in recent years where there has been a kind of renaissance in skiing. It’s really incredible to see all that is coming out of it: the characters, attitudes, tricks, styles, fi lm ideas, designs, new directions… Julien: There are loads of great elements in all those sports but at the moment, there are some really great productions in skiing. I watch quite a lot of wingsuiting videos as well as Seb Montaz’s productions, which I think are really cool. I’ve got to see DownSide Up (T’es pas bien là?), it looks wicked. although JP has already competed in backcountry competitions, the fact you both took part in the skiers Cup seems to have buried the position you held in the early 2000s forever. Do you feel like you are going back on your words at all?

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InterVIew

JP: Did I say I was stopping competitions?

Julien: We accepted to compete in the Skiers Cup on the condition that we were both captains. JP vs Julien is funny, there’s a bit of freestyle history in there. It’s a good challenge too: I’m going to smoke the Quebecois. Even though I never did competitions, I was never really against them. I’ve organised one for six years now. In the year 2000 we didn’t need that, we preferred to show our discipline in a particular way on a particular format: video. We fully dedicated ourselves to this. Basically, if you spend all season looking for the best snow conditions, it doesn’t leave much time for anything else. I don’t really understand this question, you should maybe be more direct.

“ they remind us that favouring athleticism

Has the lure of profit prevailed over your protest spirit? JP: Ah! You think? No, it’s not profit that attracted me to the Swatch Cup. I still don’t attach much importance to competition and I think it’s the same for my sponsors. If I asked them, I think they would prefer me to work on fi lms or photo shoots than to go and have fun with my friends in Zermatt for a week! This competition is also a good excuse to get together and ski in a nice spot. And well, Julien challenged me… you have to play or else it’s no fun. Julien: There isn’t much to win is there? I see The Skiers Cup more like a relaxed contest. The course was designed by Kaj Zackrisson and Sverre Lillequist and it fits within the spirit of our disciplines. Contests are also a good way for everyone to ride together and meet each other. I don’t think I have a protest spirit any more anyway. I love alpine skiing. I go

and watch the World Cup. I have giant slalom skis. I work on my technique. Nothing can annoy me anymore. I’ve gone all soft. if you were offered a million bitcoins, would you be prepared to don the national uniform for the olympic Games? JP: How much is that in Canadian Dollars? I would go to the Olympics if they didn’t pay me at all. The opening ceremony must be cool eh? And whatever will be will be… The machine has been set in motion and we can’t do much about it…And if the sport seems to lose its soul for a brief moment, we’ll see the appearance of some individualist skiers who will be smothered by the new structures. They will then really need to express the fact that they will stop following the sport in that direction. Outside of these structures they will feel

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

style and competition, are they actually compatible?


073 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

over creativity is not much fun…” jp

as free as the Hot Dog skiers in the seventies. They remind us that favouring athleticism over creativity is not much fun…And then the sport will do fi ne until there are large scale competitions organised for the new (old) discipline that they will have (re)invented.

give you the chance to regain a semblance of business ethics and thanks to the parallel bumps course, a loyal, dependable discipline, it leaves no doubt as to who wins.

Julien: FUCK YES. Have you seen the price of bitcoins? I am a realist above all else. My morals aren’t based on dogma. If you gave me a million bitcoins to take part in the Olympics, I’m sure I’d fi nd a way of spending a bit on saying what I think about Olympic events.

Julien: Is that shit judged? I’d prefer a good fi rst-one-down-wins where nothing more can be said.

JP: Bahahaha…!

if you really want to measure yourselves up against each other, why not choose a real man’s challenge in the form of Hot-Dog Day in Chamonix? This completely impartial event will

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PUBLICITé / /


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WHAT’S UP

POURQUOI ROBIN DES BOIS OUVRE LA PORTE ?


075 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

IL NE PEUT EN RESTER QU’UN Mots : JAG Visuels : The Running Man de Paul Michael Glaser (1987)

N

ous étions confortablement assis dans les fauteuils velours du cinéma, admirant le grand spectacle du Festival d’Aventure de Chamonix – il s’agit, vous l’aurez deviné, du Chamonix Adventure Festival, sans doute que les organisateurs pensent que c’est bien plus compréhensible en anglais dans une ville française quand nous avons été embarqué tambour battant dans les dénivelés de la vie d’un coureur à pied espagnol qui aime gravir les montagnes en courant. Le titre anglais évoquait une belle ligne et, au vu des premières images, ledit coureur étant soumis à une batterie de tests dans un laboratoire, on s’est demandé s’il ne s’agissait pas d’un documentaire sur le parcours d’un homme dans sa lutte pour sortir de la drogue. On n’était pas très loin, sauf que le gars en question

ne souhaitait pas du tout sortir de la drogue, mais allait jusqu’à faire du prosélytisme pour que chacun en prenne sa dose. Du coup, on s’est bien plongé dans le film, ça nous parlait.

Fallait qu’on coure. Allez allez, hop hop hop, vamonos ! On a donc couru avec lui dans sa quête des sommets alpins, couru avec lui dans les sous-bois et sur les rochers, couru avec lui dans la nuit, le jour, la faim, le froid, dès le saut du lit, avec des baskets ou sur des skis, couru, couru, couru... Toujours plus vite, toujours plus haut. Et puis, même quand il s’arrêtait, la

caméra bougeait tellement et avait tant de difficulté à faire la mise au point, qu’on continuait à courir sur place. On ne tenait carrément plus en place... Fallait qu’on coure. Allez allez, hop, hop, hop, vamonos ! On n’est pas des sportifs du dimanche, mais là, ça devenait vraiment dur, on n’avait pas l’habitude d’être tout le temps à partir faire des footings là-haut dans la montagne. Mais on s’est accrochés, nous aussi nous voulions vaincre les sommets, aller au-delà de nous-même et, peutêtre, atteindre nos rêves. Nous aussi voulions jouir de l’effort et souffrir avec délectation. Néanmoins, progressivement, je sentis mes camarades commencer à faiblir et, tandis que je m’accrochais pour gravir un nouveau sentier, ils décrochèrent purement et simplement. Par esprit de corps, je tentais de


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WHAT’S UP

les motiver à continuer la course, mais, réalisant qu’ils viendraient immanquablement freiner mon ascension, je les laissais rebrousser chemin et déserter la conquête. J’étais fier de poursuivre cette course folle avec mon mentor l’Espagnol. Et puis bientôt, nous fûmes rejoint par deux autres athlètes de haut vol, de vrais montagnards, mais surtout de vrais champions du ski alpinisme qui, comme lui, courraient pour le plaisir d’aller le plus vite possible. Des virtuoses de la foulée franchissant avec jubilation pierriers et ruisseaux, rimayes et collus, partageant une symbiose unique avec cette nature qui, déjà, disparaissait dans le lointain. Comme c’était beau ces images d’hélicoptère sur la chaîne des Aravis avec ces trois silhouettes élastiques qui franchissaient les difficultés techniques comme s’il s’agissait d’un chemin de traverse. Leur vitesse était ahurissante. Ils faisaient fi du danger et de la mort. Ils glissaient avec l’assurance de triompher sur la nuit et le néant. Ils étaient le faisceau de la lumière dominante. Ils étaient la force pure. C’était merveilleux. Soudain, pourtant, l’impensable se produisit, l’un d’entre-eux dévissait. Le grand champion, le plus expérimenté des trois, tombait au champ d’honneur, victime d’une sournoise corniche qui le précipitait dans une chute fatale. Consternation dans la salle, stupeur dans le public, les mains accrochées aux accoudoirs, nous attendions, le souffle court. Nous avions les mâchoires crispées et nos cœurs battaient la chamade. Des larmes de détresse se formaient à la commissure de nos yeux. Bientôt, nous allions chialer comme des gosses. J’entendis quelqu’un

étouffer dans un sanglot : ‘Oh mon Dieu !’ À ces mots, c’est comme si un vent de révolte m’avait parcouru. Comment avait-il osé ? Comment pouvait-il rappeler un tel surhomme en son royaume ? Intérieurement, je bouillonnais. Dieu, tu n’es rien qu’un pleutre ! Tu n’es qu’un vaurien, un jaloux ! Cette pensée me réconforta. Oui, Dieu était sans doute jaloux de cet être de chair et de sang glorifié, déifié par nous autres, adeptes de la course en montagne. Je lu clair dans le jeu du Créateur : la volonté de vaincre de notre idole faisait de l’ombre à

J’avais envie d’acheter les mêmes baskets et de me faire greffer des poumons. sa toute-puissance. Dieu avait les foies d’être détrôné et c’est pour ça qu’il avait traîtreusement fragilisé la corniche. L’infâme. Heureusement, à nouveau la lumière émergea par-dessus les cimes. Après l’hébétude et la douleur, l’espoir renaissait. La caméra parkinsonienne du réalisateur et l’Espagnol reprirent leur marche en avant vers les jardins merveilleux de la performance et de la destinée miraculeuse du champion. L’homme triomphait de la fatalité. Oui, la réponse était là, évidente comme une frontale éclairant le chemin; il fallait

continuer le combat, continuer à abattre le chronomètre, continuer à repousser les limites du possible. L’Espagnol allait guider l’homme vers les promesses trépidantes de la modernité. Il était lui-même le suzerain moderne, l’homme-machine courant à la rencontre de notre formidable destinée. Je sortais de la salle tout étourdi, des fourmis dans les jambes. J’avais envie de courir moi aussi. J’avais envie d’acheter les mêmes baskets et de me faire greffer des poumons. C’était décidé. Je serais un vainqueur et un homme grandiose. Je serais un exemple de la réussite individuelle, une muse pour les coureurs de France et de Navarre, un berger pour ses brebis. Le lendemain, j’appris avec le plus grand bonheur que ce film avait reçu le prix du jury du ChÂmÔnix ÂdvANtuRe FÉstivÂl. Dans ce temple de la conquête alpine, où l’idéologie du chronomètre et de l’efficacité semble avoir définitivement pris le pas sur l’harmonie, la contemplation et l’élégance, un tel trophée allait de soi. Quant aux finishers (‘finisseurs’ en français, hum, excusez-moi), et bien, s’ils étaient dans les temps, on leur donnerait un certificat de bonne conduite. Sinon...


077

ONLY THE STRONGEST

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

WILL SURVIVE

W Words: JAG

e were comfortably sat in the velvet armchairs of the cinema, admiring the grand spectacle that is the ‘Festival d’Aventure de Chamonix’ (or as we know it, the ‘Chamonix Adventure Festival’, obviously the organisers thought that an English name would be much easier to understand in a French town). Next thing we knew, we were being whisked away into the life of a Spanish runner who loves to race up mountains. The meaning of the English title A fine line combined with the opening scenes in which the runner was being subjected to a battery of tests in a lab, made us wonder if the film might be a documentary on man and his struggle to quit drugs. We weren’t far off in fact, except that the man in question didn’t want to give up his drug at all. You could even say he was trying to convert us all to the endorphins fix. You can tell we were really drawn into the film by now, it was speaking to us. So off we went running with him in his quest for the Alpine peaks, running with him through the undergrowth and rocks, running with him in the night, the day, with hunger, cold, when he jumped out of bed, with sneakers or on skis,


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WHAT’S UP

All around me I was feeling my comrades begin to weaken and, whilst I hung on in there to climb the next pathway, they cut loose, purely and simply. With heart and soul I tried to egg them on to finish the race. But realising that eventually they would start to slow me down, I let them turn around and desert the competition. I was proud to be following this crazy path with my Spanish mentor. Soon after we were joined by two other top athletes, true mountaineers, true champions of ski alpinism who, like him, would run just for the pleasure of going as fast as possible. These leaping virtuosos who were gleefully crossing scree and streams, couloirs and bergschrunds, shared a unique symbiosis with nature, and were already disappearing into the distance. How beautiful those images were, taken from a helicopter looking down upon the Aravis ridge. Three elastic silhouettes bounced over the difficult terrain as if it were a stroll in the park. Their speed was breathtaking. They were making light of danger and death. They moved with confidence to conquer the

night and the void around their feet. They were the trail blazers. They were pure force. It was wonderful. Suddenly the unthinkable happened! One of their band had disappeared. The great champion, the most experienced of the three was lost in battle. Victim of a sly cornice that collapsed into a fatal fall. Consternation throughout the room! The audience was stunned, with hands clinging to the armrests we waited, breathlessly. Our jaws were clenched and our hearts beat wildly. Tears of distress were forming at the corners of our eyes. Soon we were crying like little kids. I heard someone stifle the words ‘Oh my God!’ in a sob.

I really wanted those same trainers and those same lungs. At these words it was as if the wind of change blew over me. How dared he do that? How could God call himself the highest in his kingdom? My blood boiled. You God, you’re just a coward! You’re a jealous, good for nothing bum! These thoughts comforted me. Yes, God was without a doubt jealous of this glorified being of flesh and blood, worshipped by us disciples of mountain running. I saw it clearly in the creator’s actions: the desire to overthrow our idol cast a dark shadow on his so called omnipotence. God was scared to death of being dethroned and that’s why he had treacherously weakened the cornice. The disgrace.

Fortunately however, the light reemerged over the peaks. After the stupor and pain, hope was reborn. The Spaniard and the directors shaky camera had resumed their forward march towards the heavenly pastures of performance and victorious destiny. Man had triumphed over fate. Yes the answer was there, clear as a head-torch lighting the path ahead. He had to keep on fighting, carry on beating the clock, continue pushing the limits of what’s possible. The Spaniard would show us the way towards the wild promises of the future. He really was the modern overlord, the man-machine running to meet our formidable destiny. I left the theatre in a daze, pins and needles in my legs. I wanted to go running too. I really wanted those same trainers and those same lungs. The decision was made. I would be a winner and a great man. I would be an example of personal success, a role model for runners in France and throughout the French Empire, a shepherd with his flock. The next day, I learnt with great pleasure that this film had won an award from the jury of the ChÂmÔnix ÂdvANtuRe FÉstivÂl. In the temple of alpine conquest, where ideology of the stopwatch and efficiency seems to have finally taken over harmony, contemplation and elegance, there was but one clear winner. As for the “finishers”, the ‘runners’ in our trail races (we could use the true word ‘finisseurs’ in our French race could we not, um, excusezmoi?), well, if they were in on time they would be given a gold star. If not then…

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

running, running, running... Always quicker, always higher. Even when he stopped running the camera moved so much and had such difficulty staying in focus, that we continued to run on the spot. We were totally caught up in the moment... We should run. Go Go, hup hup hup, vamonos! It’s not that we were all tenderfoot amateurs but this, this was getting really tough! We were unaccustomed to spending all our time jogging high up in the mountains. But now they had us hooked. We too wanted to conquer the summits, to push ourselves to the Max and, perhaps, achieve our dreams. We too wanted to get high off the effort and revel in our suffering.



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CARRÉ ROSE

R

A 2

“Faut que ça glisse et puis que ça transpire”, nous entonne joyeusement Kool Shen, délicat ménestrel du collectif NTM, en nous contant ses ébats amoureux à l’arrière d’une berline de marque allemande. Ça transpire oui, mais quelles sont les calories réellement dépensées lors d’un exercice de bête à deux dos ? Ernest, sportif dans l’âme, brave les frontières de l’intime et tente de savoir si jouir sans entrave d’une bonne bouillave vaut un bon jogging.

É

Brouette japonaise vs marche nordique Mots : Flo

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

C


081

L WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

e débat n’est pas nouveau. Depuis plus d’un demi-siècle, les scientifiques tentent de mesurer la dépense énergétique liée aux culbutes du coït. Cet objet d’étude palpitant allant même parfois très loin dans la méthodologie embrassée. Ainsi, entre 1955 et 1966, une étude menée par William H. Masters et Virginia E. Johnson, deux éminents sexologues américains, sur près de 700 volontaires âgés de 18 à 89 ans, apporta la preuve irréfutable que lors de la consommation du café du pauvre, une hausse conséquente du rythme cardiaque était constatée !* Voilà qui fit certainement un sacré remue-ménage, pour ne pas dire un fichu tohu-bohu, chez les ménagères de moins de cinquante ans des Trente Glorieuses. Toute cette débauche d’électrocardiogrammes et de masques à oxygène pour en arriver là, il n’y avait pas de quoi rougir sous l’œil du serrurier en blouse blanche. Plus récemment, d’après un article paru dans le journal Le Monde daté du 18 novembre 2013, une équipe de chercheurs canadiens a repris le sujet à bras le corps. La miniaturisation des technologies étant passée par là, le protocole en a été grandement facilité et les cobayes ont pu retrouver un semblant d’intimité (au grand dam des laborantins). Les sujets n’avaient qu’à enfiler un brassard bourré de capteurs avant de se lancer. Ce dernier mesurait alors la dépense énergétique et l’intensité de l’effort minute par minute. L’échantillon de cobayes était composé de 21 couples hétérosexuels, chargés de faire belle-joie une fois par semaine minimum, et ce, un mois durant. Une fois cette besogne accomplie, ils devaient remplir un questionnaire sur la précédente partie et passer une demi-heure sur un tapis roulant, histoire de fournir un comparatif sportif plus châtié. Les résultats, d’abord publié dans la revue scientifique en ligne PLOS One, puis repris par Le Monde, montrent qu’une petite sauterie dure entre 10 et 57 minutes et que la moyenne se situe autour de 25 minutes. Les hommes, ces missionnaires du plaisir féminin, dépensent en moyenne 101 calories pendant la culbute, tandis que les femmes en flambent 69 (ça ne s’invente pas). En comparaison, le temps passé sur le tapis roulant a permis aux hommes de brûler 276 calories contre 213 pour les femmes. Ainsi, pauvres pêcheurs, l’acte de chair ne serait pas de taille, en terme de kilojoules, à rivaliser avec la course à pied. Nous qui étions plutôt branchés ultrafesse qu’ultratrail, voilà qu’on nous la coupe. Las, nous pourrons nous rassurer en estimant qu’il est tout de même plus facile de rester au lit pour faire un câlin que d’aller courir comme un couillon(ne) dans les gaz des camions. D’autre part, on n’a besoin d’absolument aucun matériel (à condition de faire preuve d’autorité envers son six pouces), c’est totalement bio et absolument écologique. Mais que nos athlètes se rassurent, sexe et sport ne sont pas inconciliables (preuve à l’appui avec cette photo de Vitas Gerulaitis en plein entraînement), puisque la plupart des études menées sur le sujet tordent le cou à l’idée que le sexe coupe les jambes. Il s’agirait au contraire d’un anxiolytique naturel qui aurait la capacité de déstresser, permettant ainsi au sportif d’aborder son épreuve avec une plus grande sérénité. Néanmoins, étant donné que le plaisir des dieux sollicite la plupart des muscles du corps, la difficulté consiste à éviter autant que possible la fatigue physique. Ami(e)s footballeur(euse)s, veille de match, préférez votre régulier(ère) et faites-donc la planche.


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CARRÉ ROSE

“Faut que ça glisse et puis que ça transpire.”

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QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

* Lors de l’orgasme le cœur peut atteindre 180 pulsations/minute.

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Les hommes, ces missionnaires du plaisir féminin, dépensent en moyenne 101 calories pendant la culbute, tandis que les femmes en flambent 69 (ça ne s’invente pas).

entre 10 et 57 minutes

** une petite sauterie dure

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

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The wheelbarrow vs Nordic walking

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CARRÉ ROSE

Words: Flo

“It’s gotta be slippery and sweaty” joyfully sings Kool Shen, the sweet voice from the NTM collective, in telling us about his lovemaking in the back of a German made sedan. That will certainly make you sweat but what are the calories actually spent in making the beast with two backs? Ernest, sporty to the depths of his soul, braves the boundaries of intimacy and tries to work out if ‘free love’ is as good for you as a run.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

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T WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

he debate is not new. For over half a century scientists have attempted to measure the energy expenditure associated with sexual intercourse. With this exciting subject matter they sometimes went so far as to embrace the physical methods of research. As it was in the years between 1955 and 1966 in a study made by William H. Masters and Virginia E. Johnson, two prominent American sexologists. Nearly 700 volunteers aged 18 to 89 years provided compelling evidence that during the act of love, there was a significant increase in heart rate!* That certainly made, quite a stir, not to say damn near pandemonium among housewives under fifty years of age in the time of the post-war boom. All this debauchery with electrocardiograms and oxygen masks just to find that out, something you wouldn’t even blush about in front of your local GP. More recently, according to an article in Le Monde on the 18th of November 2013, a team of Canadian researchers have taken this subject in hand again. With the miniaturization of the technology needed for research, procedures became much easier and participants had a semblance of privacy (to the chagrin of the lab technicians). Subjects only needed to put on an armband stuffed with sensors before getting going. The latter then measured energy expenditure and intensity of exertion minute by minute. The sample of guinea pigs consisted of 21 heterosexual couples, charged to make sweet love at least once a week for a month. Once this first task was accomplished, they were asked to complete a questionnaire on the premier section and then spend half an hour on a treadmill, to provide comparison with a more punishing sport. The results, first published online by scientific review PLOS One then reprinted by Le Monde, show that a wee session of between 10 to 57 minutes and that the average comes in at around 25 minutes. The men, these missionaries of female pleasure, use on average 101 calories when in the sack whilst women burn 69 (no joke). To compare; on the treadmill men can use up 276 calories against 213 for women. Thus, you sinners, the act of the flesh will not stand up (in terms of kilojoules) to rival the good old run. As we were much more ultra-sex than ultra-trail this news has dampened our enthusiasm. However disappointing, we can comfort ourselves in the knowledge that it’s always easier to stay in bed for a cuddle than go running around like a fool in lorry exhaust fumes. And that from an eco point of view, there is absolutely no need of any kit (assuming you know how to use your six inches), it’s totally organic and completely environmentally friendly. Another thing, as our athletes re-assure us, sports and sex are not mutually exclusive (for evidence please see our picture of Vitas Gerulaitis in full training mode), as most of the studies on the subject put an end to the idea that sex is bad for your legs. On the contrary it produces a natural anxiolytic which has the ability to de-stress, allowing athletes to tackle challenges with greater serenity. However, given that the pleasure of the gods utilises most of the muscles of the body, the challenge is to avoid any physical fatigue as much as possible. Footballer friends, on the eve of the match, stick with your regular lady friend and let her do all the work... *In orgasm your heart can reach 180 beats per minute.


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MODE

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

Images : Annelie Vandendael / Stylisme : Irie Bee

Ernest vous convie à une sortie ski de fond pour ses pages mode vintage. Faites-vous bronzer les bronches…


087 WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

For its vintage pages, Ernest invites you for a spot of ‘ski de fond’. Just so you can have your daily dose of fresh fumes.




L’ AVIS DU BARBU chronique cinéma par zeus lui ‑ même

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CINOCHE

rnest vous offre rien de moins que les conseils cinématographiques d’un projectionniste mythologique. Ses dons de créations, avec éclairs et effets spéciaux, il s’en sert quotidiennement pour faire tourner les bobines virtuelles du cinéma Vox. Mais aujourd’hui, cet homme passablement velu va encore plus loin en utilisant ses capacités parapsychiques pour nous confier une chronique de films du futur (enfin janvier c’est maintenant le présent, mais lui l’a pondue en novembre sa vision, d’où l’effet rétroactif du futur venu du passé). L’occasion de vous rappeler que vous avez trois bonnes raisons d’aller au cinéma de Chamonix. Primo, parce qu’il se lit dans vos yeux l’amour du grand écran et du partage au lieu de rester cloîtrer chez vous comme des moules sur leur rocher. Secundo, parce qu’il est de notre devoir à tous de faire tourner ce cinéma pour qu’il continue d’exister. Et tertio, parce que vous aurez le privilège d’y voir des films conseillés, ci-après, dans une chronique surnaturelle.


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Février

Janvier Ce début d’année 2014 sera celui du chant du cygne d’un des réalisateurs les plus marquants de sa génération. Hayao Miyazaki, monstre sacré de l’animation japonaise, nous livre un dernier chef d’œuvre avant sa retraite : Le vent se lève. Point d’orgue d’une œuvre géniale avec de vrais morceaux de beauté dedans. À travers ses précédents dessins animés (Le voyage de Chihiro, Princesse Mononoké...) aux degrés de lecture multiples, Miyazaki a réussi à nous transmettre ses messages de tolérance, d’écologie et de bienveillance, sans jamais tomber dans les clichés ou le manichéisme. Avec Le vent se lève, il aborde la guerre, thème récurrent de son œuvre, en s’inspirant de la biographie de Jiro Horikoshi, concepteur de l’avion de chasse Mitsubishi A6M Zero, célèbre appareil de la seconde guerre mondiale. Ce sera sans doute l’un de ses dessin animés les plus politiques depuis Porco Rosso. Changement de registre aussi brutal qu’une apocalypse planétaire, puisque le mois de janvier apporte aussi son Lars Von Trier de saison avec le bouillant Nymphomaniac. Biopic érotique dont on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’il sera plein d’amour et que ça risque de gueuler. Mais comme toutes les controverses du monde ne peuvent enlever une fichue dose de talent à M. Von Trier, il a bien droit à un petit coup de cœur dans ma chronique de films qui n’existent pas encore.

Pour moi un vampire, soit c’est classe, ça vit dans un château, ça danse la valse et ça se nourrit de jeunes vierges sublimes ; soit c’est une bête sanguinaire et ça se fait dézinguer par mon pote Blade ; soit ça sèche le lycée et ça brille d’un charisme équivalant à celui d’un coquillage. Oui, je l’ai encore en travers d’avoir projeté tous ces Twilight ! Et il est temps de me venger avec Only lovers left alive de Jim Jarmusch. Réalisateur atypique, artisan d’un cinéma d’auteur viscéral, Jarmush propose ici sa vision urbaine, rock, décadente et romantique du mythe du vampire. Esthétique léchée, oscillation entre rêve et réalité, Jarmusch revisite à sa manière les films de genre, parfois même en les mélangeant (western, film de samouraï, de gangster). Je lui donne toutes ses chances avec les suceurs de sang. En février sortira également Wrong cops de Quentin Dupieux. Lui, il en tient une sacrée couche, réalisateur de Steak (avec Eric et Ramzy), de Rubber (avec un pneu de voiture) et de Wrong (avec un chien qui s’appelle Paul). Chacun de ses films nous invite à une plongée dans l’absurde et le surréalisme de très grande classe. Venez le voir si vous avez loupé l’avant première gratuite pendant le festival Grolleandski (haha, trop la honte).

Mars Encore du lourd avec le prochain Wes Anderson : The grand Budapest hotel. Un casting deluxe (Ralph Fiennes, Edward Norton, Jude Law, Adrien Brody, Willem Dafoe, Léa Seydoux, Jeff Goldblum…), un univers ultra graphique, des plans composés comme des cases de BD, des personnages aussi névrosés que fantaisistes, de l’humour, de la folie, une maîtrise technique insolente et une très forte personnalité. Soit, c’est une description qui marche pour chacun de ses films de La famille Tenenbaum à Moonrise kingdom, pourtant, à chaque fois, c’est toujours aussi bon. Voilà, ma boule de cristal n’a plus de batterie, vous êtes tous très beaux.


T

FROM ZEUS HIMSELF!

his season Ernest offers you nothing less than a cinematic review from a film projectionist of mythological proportions. He who harnesses his super powers (lightning and other such special effects) daily to virtually spin the reels in the cinema Vox. Today, this fairly hairy man is using his para-psychological powers to do even more! He is entrusting us with information on films from the future (well it’s already January, but he was pondering upon his visions in November so in fact the retrospective future is now the past). So here you go; 3 good reasons to head down to the cinema Vox in Cham. Primo - because we can see in your eyes the love of the big screen and that you prefer sharing moments more than staying cloistered at home like moules on a rock. Secundo - because it is our duty to send you off to the cinema so that it continues to exist. Tertio - because you’ll have the privilege to see some films recommended to you via this special supernatural column written by Zeus!

January

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CINOCHE

This offering for the beginning of the year 2014 will be the swan song of one of the most important directors of his generation. Hayao Miyazaki, superstar of Japanese animation, gives us a final masterpiece before his retirement: The wind rises. Through his previous cartoons (Spirited Away, Princess Mononoke...) and their different layers of meaning Miyazaki has managed to get his messages of tolerance, ecology and kindness across without falling into clichés or Manichaeism (the use of good and evil). With The wind rises he contemplates the war, a recurring theme in his work. He has drawn inspiration from the biography of Jiro Horikoshi, designer of the fighter jet Mitsubishi A6M Zero the famous aircraft of the Second World War. This is probably one of his most political animations since Porco Rosso in 1992. Apocalyptically brutal change of scene now as January also provides us with Lars Von Trier’s new scalding hot Nymphomaniac. Erotic biopic of which we know very

little; it could turn out to be full of love and will most likely be full of screaming. But as it seems that all the complaints in the world can’t rid Mr Von Trier of his talent, I think he has the right to a little bit of favouritism in my review of films that do not yet exist.

February To me a vampire can be one of three things. Either it’s classy; living in a castle, dancing the waltz and feasting on sublime young virgins, or it’s a bloodthirsty beast getting screwed over by my man Blade, or it’s a high school drop-out who shines with charisma equivalent to that of a crust of dry bread. Yes, I have been unlucky enough to have to project the Twilight series in the cinema! And it is time to take my revenge with Only lovers left alive by Jim Jarmusch. Atypical director, intuitive creator of independent films, Jarmusch offers us his urban, rock, decadent and romantic vision of the vampire myth. With finely tuned aesthetics it oscillates between dream and reality. Jarmusch has given us his take on all the genre films, sometimes even mixing them up (westerns, samurai films, gangster flicks). I wish him all the best of luck with the bloodsuckers. In february we also get Wrong Cops by Quentin Dupieux. The crazy one, the director of Steak (with Eric and Ramzy), Rubber (with a car tire) and Wrong (with a dog named Paul). In all of his films we are plunged into next level nonsense and surrealism. A must see if you missed out on the free première screened during the fest‘Grolleandski’ (haha,too bad).

March Still another winner with the next Wes Anderson film: The grand Budapest hotel. A deluxe star cast (Ralph Fiennes, Edward Norton, Jude Law, Adrien Brody, Willem Dafoe, Lea Seydoux, Jeff Goldblum...) ultrastylised universe, shots made up like cartoon panels, characters as neurotic as they are fantastical, humour, madness, impudent technical mastery and a very strong personality. Okay that’s a description that works for each of his films from The Royal Tenenbaums to Moonrise kingdom, but the magic formula works every time. There you have it, I’m afraid my crystal ball has run out of batteries… You are all beautiful for ever...

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CINEMATIC REVIEW


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LA POTINIÈRE

CHAMONIX MONT-BLANC

WHY DIDN’T THE DOG WANT TO PLAY FOOTBALL?

Brasserie située en plein cœur de Chamonix Incroyable panorama sur la chaîne du Mont-Blanc

Service non stop de 7h30 à 23h30 Venez découvrir une carte variée qui ravira toute la famille : pizzas, pâtes, spécialités savoyardes et saveurs du monde, crêpes, salades, viandes, fruits de mer…

38 place Balmat, Chamonix - tél : 04 50 53 02 84 - www.lapotiniere-chamonix.com ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

PUBLICITé / /

TES IDEES VONT AU CINÉ ! Tu as la carte M'RA? Préambules, c'est ton festival. Tu réalises un film court de 2mn sur un thème donné. Projeté sur grand écran au cinéma Vox de Chamonix pour la soirée du Festival. Et diffusé toute l'année avant un long métrage Aujourd'hui, le Festival se prolonge avec le

Campus (ouvert à tous de 16 à 25 ans

porteur de la carte M'RA). En attendant la troisième édition. D'abord les Découvertes. Pour rencontrer des jeunes pros du cinéma: réalisateurs, techniciens, critiques, acteurs, producteurs, exploitants… Essaye les nouveaux matériels, découvre comment on écrit un scénario, produit un film, gère une salle… Ensuite les Bulles. Tu organises les événements que tu veux au Cinéma Vox. Projections, animations, rencontres. A toi de jouer. Inscris-toi à partir du 20 janvier 2014 sur contact@campuspreambules.com Plus d'infos sur www.campuspreambules.com


salut les athlètes ! Cette saison, en partenariat avec Doc Willy Woets et Papi Fuentes, tonton Ernest vous livre la recette du Pot belge. un petit remontant à l’effet euphorisant entrainant une disparition de

si juvabien c’est

la fatigue et de la douleur. Rien de bien méchant rassurez-vous, tout juste de quoi se faire péter l’église - la Grosse bosse - Place de l’église, tranquilou. la recette que nous avons retenu ici est la recette “classique” ou “pot belge du rouleur espagnol”, celle héritée de l’âge d’or

“You “You took took too too much much man, man, you you took took too too much, much, too too much!” much!”

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Image : Liora Basse / Mots : Flo

hunter s. thompson, Fear and Loathing in Las Vegas

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

le record aller-retour, Place de


095 salut les athlètes ! Cette saison, en partenariat avec Doc Willy Woets et Papi Fuentes, tonton Ernest vous livre la recette du Pot belge. un petit remontant à l’effet euphorisant entraînant une disparition de la fatigue et de la douleur. Rien de bien méchant rassurez-vous, tout juste de quoi se faire péter le record, Place de l’église - la Grosse bosse - Place de l’église, tranquilou.

Il s’agit bien évidemment de vieilles recettes, aujourd’hui les produits sont beaucoup plus discrets, mais tout aussi dangereux.

la recette que nous avons retenue ici est la recette “classique” ou “pot belge du rouleur espagnol”, celle héritée de l’âge d’or du cyclisme, les années 1910 à 1980. époque bénie ou l’on pouvait charger la mule pépouf entres collègues du peloton. En cadeaux bonux, l’avis de pros à propos de chaque substance.

Merci de rester bien gentil à l’égard de ces saletés, l’addiction peut-être salée.

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*Mort à 40 ans de

ingrédients pour une dose de 0,5ml :

la Malaria. **Mort à 50 ans

- Une grosse cuillère d’amphétamines (14 à 52 mg/ml) pour le peps ! TV italienne : Tous les coureurs prennent la Bomba [des Amphétamines] ? Fosto Coppi* : Oui et tous ceux qui prétendent le contraire ne méritent pas que l’on parle de vélo avec eux ! - Un trait de cocaïne (2,3 à 9 µg/m) pour l’effet coup de fouet. “Le Tour de Colombie 1984 (...) fut (...) une expérimentation assez étonnante. (...) Nous nous sommes retrouvés à quatre dans une chambre d’hôtel. Comme des gamins devant un nouveau jouet. Nous disposions d’un gramme de cocaïne chacun. Nous en avons séparé un en quatre, puis l’avons sniffé. (...) Je partageais ma chambre avec Greg Lemond. Sous les effets de la poudre, impossible de dormir. Nous avons parlé le reste de la nuit, jusqu’au petit matin. (...) Le lendemain matin au village-départ, sans avoir pourtant fermé l’œil, j’étais en pleine forme. Tellement que j’ai gagné la dernière étape adjugée à Bogota.” Laurent Fignon**. - Un soupçon d’héroïne (12,5 µg/ml), fi nit le mal aux pa-pattes. “Il n’y a rien de mieux que l’héroïne : c’est le meilleur moyen de grimper au plafond que je connaisse.” Kim Deal***, The Breeders, ex, Pixies. - Une pointe de morphine, un décontractant subtil. - Une grosse goutte de caféine pour le goût et la pêche. “Je préfère me faire une piqure de caféine que de boire trois tasses de café qui, elles, me font mal au foie...” Jacques Anquetil**** Conseil de rouleur : compléter avec des antalgiques, des analgésiques et/ou des anti-inflamatoires (au choix éthanol, acide acétylsalicylique, carbasalate calcique, phénacétine, éthenzamide, butanamides). Pour une meilleure efficacité injecter des doses de 0,5 ml avant puis pendant l’effort. Et, comme chez Festina, gardez-en une gouttelette pour l’apéro. “Non, on ne peut pas courir, on a pris du pot belge pour faire la fête ce soir.” (Citation extraite du compte rendu du procès Festina en 2000). Et bon soin à tous !

d’un cancer. ***Toujours la pêche ! ****Mort à 53 ans d’un cancer.


“eAt the best, LeAVe the rest” “You took too much man, you took too much, too much!” hunter s. thompson, Fear and Loathing in Las Vegas

Hiya athletes!

- A dash of heroin (12,5 µg/ml) to stop pain in your footsies. "There is nothing better than heroin: it’s the best way to climb to the ceiling that I know of." Kim Deal***, The Breeders, ex Pixies. - A touch of morphine, a subtle release of tension. - A big drop of caffeine for the taste and the energy. "I prefer to inject my caffeine than to drink three cups of coffee, which just hurts my liver..." Jacques Anquetil**** Riders tip: finish off with analgesics (pain killers) and/ or anti-inflammatories (a choice out of ethanol, acetylsalicylic acid, calcium carbasalate, phenacetin, ethenzamide, butanamides).

ingredients for a 0.5ml dose:

Italian TV: Do all riders take Bomba [Amphetamines]? Fosto Coppi *: Yes, and all those who claim otherwise are not worth speaking to about cycling!

For higher efficiency inject 0.5 ml doses before and during exercise. And don’t forget to keep a droplet for the aperitif. “No, we won’t race tomorrow, we’ve just taken some of our Belgian stew so we can party tonight.” (Quote from the transcript of the Festina cycling team trial in 2000).

- A line of cocaine (2,3 to 9 µg/ml) as a pick-me-up.

And good health to all!

“The Tour of Colombia in 1984 (...) was (...) a pretty amazing experiment. (...) We ended up being four sharing our hotel room. Like kids in front of a new toy. We had a gram of cocaine each. We split one of these into four lines and snorted. (...) I was sharing my room with Greg Lemond. Under the effects of the powder, impossible to sleep. We talked the rest of the night until dawn. (...) The next morning at the starting point, even after having my eyes open all night, I was in great shape. So much so that I won the last stage awarded in Bogotá.” Laurent Fignon**.

This is obviously an old recipe. Today's products are much more discreet but equal-

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dIY

- A large spoonful of amphetamines (14-52 mg/ml) for peps!

ly as dangerous. Please be vigilant with this fi lthy stew, eat to live - not live to eat! *Dead at 40 from Malaria. **Dead at 50 from cancer. ***Still on top form. ****Dead at 53 from cancer.

QUELLE EST LA BOISSON PRÉFÉRÉE DE DAVID DOUILLET ?

This season, in partnership with Doc Willy Woets and Papi Fuentes (famous ‘performance enhancer’ specialists on the tour de France), uncle Ernest gives you the recipe for ‘belgian stew’. a little euphoric tonic to lessen the effects of pain and fatigue. nothing too hard, don’t worry, just enough to beat the track record from the Church square to big Monty and back again, tranquilo. The recipe you will find below is the "classic" recipe “The spanish riders belgian stew”. This stew we have inherited from the golden age of cycling, the years from 1910 to 1980. The Golden years where you could charge up on belgian stew with your team mates in the middle of the peloton no problemos. as a bonus gift we give you professional advice on each ingredient.

Words: Flo



Pourquoi les Belges ne pratiquent pas le ski nautique ? Pourquoi il n’y-t-il a pas de clous au tennis ? Que fait un haltérophile dans un bar ? Quel est le comble d’un tennisman ? What did they call Dracula when he won the league? Why couldn’t Usain Bolt listen to his music? / / SUDOKU Le but du jeu est de remplir ces cases avec des pictogrammes en veillant toujours à ce qu’un pictogramme ne figure qu’une seule fois par colonne, une seule fois par ligne, et une

neuf cases.

// 7 ERREURS Sept erreurs se sont sournoisement dissimulées dans la

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LES PAGES FUN

seconde photo

LE JUS D’EAU !

seule fois par carré de


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Cet ultime Ernest a été construit en écoutant : Arpeggiator – Fugazi Police and Thieves – Junior Marvin Bankrobber – The Clash Profondo Rosso – Goblin Sabali - Amadou & Mariam Merguez Partie – Les Musclés Pinch – Can Plus de femmes à poil sur les panneaux publicitaires – Le Fou du Roi Ana émoi – Le Klub des 7 Allumer le feu - Johnny Hallyday it once was - marino canal scars - clockwork placement - marc houle oh mon bateau - eric morena big bisou - carlos la fièvre - ntm reason for no - dario zenker breathe this air - jon hopkins Don’t Stop Me Now - Queen BACK TO CALI - notorious B.I.G / VICEROY A LOVE FROM OUTER SPACE ANDREW WEATHERALL

Get Misundertood - Troublemakers Bring me the disco king - Underworld I don’t believe in love - Ashe Morpheus - Etienne de Crécy Come to my door - Jose James Paname - Oxmo Puccino Giorgio by Moroder - Daft Punk La nuit je mens - Alain Bashung Droit dans le soleil- Detroit variations Goldberg et concertos pour piano - Jean-Sébastien Bach par Glenn Gould

Parce que chez eux, il n’y a pas de lac en pente. Bah, y a déjà la coupe Davis ! Comme tout le monde, il se désaltère. C’est de se faire racketter. The champire! Because he broke the record.

BECAUSE IT’S A BOXER!

glory - tale of us & ryan crosson


Elina Sirparanta - elinaphoto.com


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