NUMÉRO VII AVRIL MMXIV PAR ‘ULTIMATE LUXURY GROUP’
Éditorial « Le rêve c’est le luxe de la pensée » Jules Renard
Dans cette édition, votre ‘U’ Magazine vous invite à vous envoler vers un monde enchanteur et propice à la rêverie. Le printemps a (enfin !) posé ses valises, les arbres se parent de jolies couleurs, les journées s’allongent et le soleil illumine nos journées, mais vous n’êtes pas rassasiés et vous aimeriez goûter à encore plus de douceur et de gaieté ? Cap sur un autre monde, nous vous emmenons au Chili afin de vous faire découvrir des paysages lunaires à vous couper le souffle, ce no man’s land vous donne la sensation de revivre les premiers jours de la création de la Terre et de retrouver votre regard d’enfant face à tant d’émerveillements. Un paradis entre ciel et terre qui est une véritable bouffée d’oxygène. Next stop, un vent de fraîcheur et de rêverie souffle sur la Mode ! La Fashion sphere se veut « régressive » et nostalgique et vous fait replonger plusieurs années en arrière ! Il en est de même pour l’univers de la beauté, nous vous dévoilons des produits ultra désirables qui vont sans nul doute vous envoûter ! Les essayer c’est les adopter ! Vous souhaitant une bonne découverte. Coralie Bourgeois
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‘U’ Editorial
Photographie par Warren & Nick
PERRIER-JOUËT, MAISON FONDÉE EN 1811 Depuis sa fondation, la Maison Perrier-Jouët crée des champagnes floraux d’une rare finesse, marqués par le Chardonnay. L’anémone japonaise du flacon Belle Époque a été dessinée en 1902 par l’artiste et maître verrier Émile Gallé.
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‘U’ Magazine
L’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N .
Le centre sportif Champion Esprit au 50 Foch est un espace de 500 m2 dédié au sport, aux séances d’entraînement et au plaisir. Nous offrons une formation de très haute qualité destinée aux athlètes professionnels ainsi qu’aux particuliers. Tous les niveaux sportifs sont acceptés et la réalisation de vos objectifs demeure notre priorité. Nous limitons le nombre d’abonnements à 300 jusqu’au 1er janvier 2014 en vue de préserver la qualité de nos services. 50FOCH est devenu le cercle privé des champions où chaque discipline est pratiquée avec EXCELLENCE, uniquement. Ce Club de Sport et de Boxe prend place dans une adresse prestigieuse et vous accueille pour des entraînements hors du commun.
Belts, wallets, humidors and custom made designer accessories
Votre événement privé ou professionnel, organisé sur mesure dans un de nos lieux de caractère et d’exception. À votre disposition, un service de qualité grâce à notre équipe de professionnels et notre réseau de conciergeries. Nous vous accompagnons et vous proposons des options uniques à Paris, faisant de votre événement un moment magique qui vous ressemble. www.parisprivate.fr
Numéro VII 08 – Mode & Beauté 12 – Astralis 10 – Claudia Cardinale Interview 29 – Beauty Evidence 42 – Chili et Bolivie, entre ciel et terre 48 – Paysages Parisiens
Direction de la publication Zakary Chanou Direction artistique (photographie) et éditoriale Grégoire Mahler (www.gregoiremahler.fr) Direction artistique (design graphique) et éditoriale Benoît Cannaferina (www.cannaferina.com) Rédaction Lou Camino (www.loucamino.com) Rédaction Dorothée Lachaud Rédaction Laurent Pécha (www.ecranlarge.com) Rédaction et traduction Coralie Bourgeois Marketing et publicité Benjamin Guiborel Suivi éditorial et publicité Malika Ben Mustapha
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Mode & Beauté
SHINE BRIGHT LIKE A DIAMOND Créé en 1972, ce stylo révolutionnaire reste un best-seller dont un exemplaire est vendu toutes les dix secondes dans le monde. Illuminant les zones d’ombre plutôt que de les camoufler et les « plâtrer », sa texture reste d’une efficacité redoutable. Et en prime, il arrive cette saison dans un packaging wild. Vous êtes rayonnante de beauté !
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‘U’ Fashion & Beauty
UN PARFUM D’ÉTÉ Une nouvelle étape mais dans la continuité pour le Parfum Elie Saab avec sa nouvelle Eau Couture. Toujours rayonnant, ce floral amandé donne vie à une fraîcheur inédite. Une fraîcheur plus ciselée, plus raffinée, à l’image des silhouettes Haute Couture de la Maison Elie Saab, avec pour facette principale la fleur d’oranger subtilement miellée et amandée. Une « fraîcheur sensuelle, à l’opposé des conventions habituelles du répertoire des eaux communément créés » précise son créateur et parfumeur Francis Kurkdjian. Son flacon aussi sobre qu’aérien dévoile un jus vert cristallin. Cette nouvelle eau florale et sensuelle est définitivement celle que vous allez porter ce printemps/été ! TOI, TOI, MON TEINT ! Avoir le teint hâlé sans UV, on connaissait ! Mais sans renoncer à son soin habituel ? Voilà la petite révolution beauté ! Cette fiole ambrée Clarins recèle… un produit autobronzant liquide à ajouter directement à sa crème. Et 3 gouttes quotidiennes suffisent pour obtenir, progressivement, un joli teint doré. Le résultat est bluffant de naturel, léger et, surtout, dénué de traces – cela grâce à un extrait d’aloé présent dans sa formule, qui fond parfaitement sur la peau. Un produit malin qui aura, à coup sûr, sa place au soleil. LA COULEUR DOUCE DE L’ÉTÉ La tendance pastel continue d’égayer notre quotidien et nos tenues ! Synonyme de douceur, mais aussi de féminité et de sophistication, le vert amande a déjà séduit les plus grands créateurs… Et s’attaque maintenant aux fashionistas. C’est la couleur la plus tendre du printemps-été 2014. Et elle a séduit des créateurs aussi différents que Burberry Prorsum, Versace, Calvin Klein, Balmain… Un vert pastel qui peut aussi bien se porter rétro (sur un petit manteau), que romantique (en robe tunique), ou relax (sur un sweat). La teinte fraîche par excellence qui nous change du blanc et surtout votre meilleure alliée pour une mine éclatante.
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HAUTS EN COULEUR! Après la mode, les accessoires et le parfum, le designer américain lance une ligne de make up en collaboration avec Sephora. Couleurs pop, design seventies et looks ultra désirables. Il ne manque rien : vernis à ongles, palettes de fard à paupières en trio ou par sept, des fonds de teint glowy, anticernes, blushes, eyeliners pour des yeux de biche… Bref, tout est là et dans ces couleurs classiques mais très pigmentées. À la manière d’un sac ou d’une paire d’escarpins, le make up by Marc Jacobs est à utiliser comme un accessoire pour se sublimer ! LE BIEN-ÊTRE LIVRÉ À LA MAISON! Les cures Detox Delight sont composées de fruits et de légumes de première qualité et de saison. Les cures Detox sont basées sur des jus fraîchement pressés, smoothies, soupes et des créations végétaliennes raw food, sans gluten et sans lait. Les menus Detox sont faciles à suivre, pratiques et délicieux. Les cures Detox sont conçues pour apporter tous les nutriments et vitamines nécessaires pour des résultats optimaux et un regain d’énergie immédiat. L’idéal pour insuffler à votre corps un regain d’énergie et arborer un teint éclatant. Cette cure procure des résultats réellement visibles puisque les clients perdent de 2 à 4 kg pendant une cure de 7 à 12 jours. À vos marques, prêts, détox ! RETOUR DE LA BASKET CULTE ! La Stan Smith, chaussure légendaire d’Adidas a fait son gros come-back en 2014 ! Chaussure mythique des années 90, avec sa couleur blanche et sa languette de protection verte à l’arrière au niveau du tendon d’Achille, elle fait son retour en force dans les cours de sport ou encore et a fortiori dans la rue puisqu’elle est devenue la véritable it shoe de l’année 2014, elle compte de nombreux fans notamment auprès des fashionistas. C’est assurément l’accessoire à avoir pour être à la pointe (des pieds) de la mode !
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RÉHAB CAPILLAIRE Vent, pluie, pollution, changements de températures… vos cheveux en ont vus de toutes les couleurs cet hiver ! Vos cheveux crient « help » ? Il est l’heure de les aider à retrouver une certaine allure. Direction le salon David Mallett pour un rituel sur mesure particulièrement revitalisant. Une parenthèse salvatrice dont la réussite repose sur une combinaison parfaite d’huiles végétales bio chaudes et d’huiles essentielles froides. La chaleur diffusée par les premières permet effectivement aux secondes d’atteindre leur but sans la moindre déperdition d’efficacité. Autre atout de ce soin : un diagnostic vraiment poussé puisque chaque zone, scrutée à la loupe, permet de cibler au mieux les failles du cheveu. Enfin, cerise sur le gâteau : l’application du cocktail mèche à mèche se prolonge par un massage crânien qui soulage la moindre tension. 14 rue Notre-Dame des Victoires, 75 002 Paris. Coralie Bourgeois
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Astralis Le corps va se défaire et fondre dans les larmes Le monde en son entier devient un grand tombeau Où le cœur, qui se brûle au feu suppliciant De son désir, ne viendra retomber qu’en cendres. De Novalis, extrait du poème Astralis.
En pénétrant dans l’espace culturel Louis Vuitton, dans une petite rue perpendiculaire aux ChampsÉlysées, on tombe immédiatement nez à nez avec la première œuvre de l’exposition Astralis, qui s’y tient du 7 février au 11 mai 2014. Six figures ailées que l’on rechigne à qualifier d’anges, tant leurs traits sont difformes. Réalisées en plâtre par le plasticien David Altmejd, elles forment une ronde morbide fascinante dont il est difficile de détourner le regard. Nos yeux s’attardent sur les doigts qui transpercent le visage de l’un d’eux, s’interrogent sur le bec d’oiseau d’un autre. Infiniment éloignés et cependant profondément humains. La suite de l’exposition bouscule les sens de chacun. La montée à l’exposition se fait dans un
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Astralis 7 février 11 mai 2014 Ouvert du lundi au samedi de 12h à 19h et le dimanche de 11h à 19h Ouvert les jours fériés sauf le 1er mai Entrée libre
David Altmejd Rina Banerjee Basserode Charley Case Damien Deroubaix Jean-Luc Favéro
Espace culturel Louis Vuitton 60 rue de Bassano, 75008 Paris T. +33 1 53 57 52 03 / F. +33 1 53 57 52 32
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February 7 May 11 2014 Open from Monday to Saturday from 12pm to 7pm and on Sunday from 11am to 7pm Open on national holidays except for May 1st Free entrance
Vidya Gastaldon Siobhán Hapaska Myriam Mechita Chloe Piene Børre Sæthre Art Orienté Objet
espaceculturel@louisvuitton.com www.louisvuitton.com/espaceculturel design : Helmo / sérigraphie : Lézard Graphique
ascenseur entièrement plongé dans le noir, dont les parois couvertes de velours sombre font penser à l’intérieur du ventre maternel. Pénétrer dans l’exposition Astralis, c’est renaître un peu. Cette idée se renforce lorsque l’on pénètre dans la première salle de l’exposition : grésillements des néons, froide lumière blanche : le nourrisson que nous sommes atterrit dans une salle d’opération futuriste. La poursuite du parcours nous confronte petit à petit à des objets qui transcendent notre conception arrêtée de la vie comme de la mort. Les matériaux utilisés au cours de l’exposition sont multiples : crâne en bronze suspendu de Chloe Piene, rappelant les Vanités, représentations de la vacuité de la vie humaine, mais aussi le Cerf-transfiguré de Jean-Luc Favero, constitué en grande partie de fin grillage et d’ossements d’animaux. Dans les couloirs qui nous guident vers les autres œuvres, la pénombre latente qui crée un sentiment d’étouffement vient elle aussi incarner le dicton latin memento mori : souviens-toi de la Mort. Se succèdent statues, sculptures, dessins, peintures : une variété de support dans une unité de sens, afin de nous faire prendre conscience de l’immensité qui nous entoure. Une inclination particulière pour l’hypnotisante réalisation de Siobhàn Hapaska, qui met en scène quatre blocs de sélénite conducteurs de lumière et qui évoquent la transmission entre la terre et le cosmos invite le visiteur à toucher les pierres, le rendant ainsi acteur dans l’exposition. Un univers dont le gigantisme nous transcende, mais dont les secrets inexplorés ne cessent de nous fasciner. Si une légère critique doit être émise sur Astralis, elle est inhérente à l’essence même de l’exposition : la difficulté, dans un espace aussi restreint, à représenter l’universalité et le cosmos. L’espace culturel Louis Vuitton et ses couloirs ne permettent que modérément d’apprécier à leur pleine valeur des œuvres qui nécessiteraient presque un bâtiment à ciel ouvert. Le caprice des astres. Dorothée Lachaud
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Børre Sæthre Untitled [Arches of Solaris] 2014
À côté : Chloe Piene Sans Titre (CB) 2010
Jean-Luc Favéro Cerf-transfiguré 2013
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Claudia Cardinale Interview Invitée d’honneur de la 4e édition du festival de Valenciennes qui a eu lieu du 17 au 23 mars dernier, Claudia Cardinale est une vraie légende du cinéma. Rencontrer l’actrice aux 141 films pour lui proposer une interview carrière en 35 minutes est un exercice périlleux, voire impossible. Mais la tentation de (re)plonger en sa compagnie dans la genèse de certains des plus grands films du 7e art était trop grande.
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On ne peut pas dire qu’actrice était votre vocation. Vous devez les prémices de votre carrière à un sacré coup du sort. Ah ça, c’est sûr. J’étais avec ma mère en train d’assister à un concours de beauté à Tunis quand, tout d’un coup, Salvatore Argento, le père de Dario Argento, qui organisait l’événement, me tire et me propulse sur la scène. Je n’avais aucune intention de participer à un tel concours. Et me voilà, gagnante et avec comme récompense la possibilité d’aller au festival de Venise. Je m’y suis rendu avec ma mère. Il faut savoir qu’à l’époque, on ne connaissait pas le bikini en Italie. Alors quand je suis arrivée avec mon bikini et la djellaba arabe, tous les photographes se sont mis à me mitrailler. Avec ma mère, on ne comprenait absolument pas ce qui se passait, puisque pour nous, cela n’avait rien d’original. Et c’est là où des producteurs m’ont demandé de faire du cinéma. Je leur ai tout de suite répondu qu’il n’en était pas question. Et quand j’ai repris l’avion pour rentrer au pays, j’ai vu écrit sur le journal : « la fille qui refuse de faire du cinéma ». Moi, à cette époque et depuis toujours, je rêvais de vivre dans le désert. C’est mon côté un peu folle (rire). Avec mon père, on faisait souvent des virées en voiture dans le désert. J’adore la nature et être au cœur du désert est une des plus belles sensations que j’ai pu éprouver dans ma vie. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ? Ils ont tellement insisté. C’était l’enfer. Ils envoyaient des télégrammes à mon père. Juste avant, j’étais au collège et là il y a deux metteurs en scène, René Vautier et Jacques Baratier qui viennent vers moi. Comme j’étais un vrai garçon manqué, je suis partie en courant. Ils sont allés voir la directrice qui a alors appelé mon papa pour lui dire qu’il y avait deux grands réalisateurs qui me voulaient dans leurs films. Mon père a répondu qu’il était d’accord si je le voulais bien aussi. Et c’est comme ça que ma première expérience devant une caméra fut pour les Anneaux d’or de René Vautier. J’interprétais une arabe voilée. Le film a eu le prix du meilleur court-métrage pour
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la jeunesse au festival de Berlin en 1959. Et après, j’ai joué encore une arabe avec Omar Sharif dans le film, Goha de Jacques Baratier. Les retrouvailles avec Omar sur Mayrig, plus de 35 ans après, furent d’ailleurs incroyables ; on s’est rappelé qu’on avait commencé ensemble il y a si longtemps. Le premier film qui vous a révélé aux yeux du grand public fut Le Pigeon de Mario Monicelli (sortie en 1959). Le paradoxe dans ce film, c’est que votre voix a été doublée. C’était normal. Je ne parlais pas italien. Tunis étant sous protectorat français, seul le français était enseigné à l’école. Et c’est qu’à partir de 8 ½ de Fellini que j’ai pu conserver ma voix. D’ailleurs, j’ai un accent français dans le film. Et c’est frustrant de se voir avec la voix d’une autre ? D’autant que vous avez un timbre de voix très particulier. J’ai effectivement une voix très basse. Vous savez pourquoi ? Quand j’étais jeune je n’utilisais pas mes cordes vocales, je ne parlais pas, je ne faisais que me bagarrer avec les garçons (rire). Vous vous prépariez déjà pour Les Professionnels ? (rire). Oui, sûrement ! Avec Le Pigeon, vous commenciez votre longue liste de rencontres avec de sacrés partenaires masculins. Quels grands acteurs ! Renato Salvatori, Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman. J’étais plus que gâtée. C’était le début de la comédie à l’italienne. Mais vous n’avez pas tourné avec l’un des maîtres du genre, Dino Risi. À votre palmarès, vous avez tous les plus grands cinéastes italiens sauf Risi et Pier Paolo Pasolini. Même si ce dernier a signé le scénario du Bel Antonio. Des regrets de ne pas avoir pu être dirigée par ces maestros ? Il faut savoir que c’est Pasolini qui a été le premier à écrire un article sur moi. Il s’agissait d’un article incroyable sur mon regard pour expliquer que je regardais toujours de côté. Je l’aimais beaucoup. Sa mort fut un vrai choc. D’autant qu’on n’a jamais vraiment compris ce qui s’est passé. Ce jour là, on était vraiment tous désespérés.
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Celui que vous avez souvent croisé en tant qu’acteur, c’est Marcello Mastroianni. J’ai effectivement fait un tas de films avec Marcello. Le tournage du Bel Antonio à Catane en Sicile fut incroyable. Tous les siciliens sur le tournage étaient remontés et hurlaient : « quoi, un sicilien impuissant, ça n’existe pas ! » (rire). Puis après bien sûr on a tourné 8 ½ sous la direction de Fellini. Ce qui est fou avec ce film, c’est que vous avez beau n’avoir qu’un rôle secondaire, on ne vous oublie pas. (sourire). Il faut dire aussi que je joue la muse du cinéaste. Et en plus, j’interprète mon propre rôle. Et votre première rencontre avec Fellini ? C’était incroyable. Il ne faut pas oublier que je tournais en même temps 8 ½ et Le Guépard. Avec Visconti, on était comme au théâtre. Tout était d’une grande précision. Avec Fellini, il n’y avait pas de scénario. Tout ce que je dis dans le film, c’est vraiment ce que je dis. La première question qu’il me pose : « de qui tu es amoureuse toi ? ». Et après, Marcello se mettait à la place de Fellini et il répétait ce qu’avait dit Federico. Sur le plateau, c’était vraiment une totale improvisation. Et vous avez une préférence en tant qu’actrice dans la manière de travailler ? C’était vraiment les deux extrêmes. D’ailleurs, au début, ils n’étaient pas contents que je tourne en même temps. Puis, ils se sont habitués. De toute façon, ils n’avaient pas le choix. Enchainer deux films aussi majeurs du cinéma, estce que vous vous rendiez compte de votre chance ? J’ai vraiment eu cette chance inouïe d’arriver à un moment magique de l’Histoire du cinéma. C’est d’autant plus fou que je ne voulais vraiment pas faire ce métier. Je ne comprenais donc pas du tout l’engouement. Mais c’est un peu comme quand un mec vous court après, si vous lui cédez tout de suite, hop, après, c’est fini. Alors que si vous vous faites désirer, il est toujours derrière. Et moi, ça a été comme ça avec le cinéma. Je disais toujours non, non et non et tout le monde insistait (rire).
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Avec Rocco et ses frères, c’est à la fois votre première rencontre avec Visconti et avec Delon. C’était mémorable. Après le combat de boxe et la fameuse bagarre qui éclate, Luchino a pris le mégaphone et a hurlé : « ne me tuez pas la Cardinale ! ». Je lui avais visiblement plu et il m’a voulu pour Le Guépard. En 1961, La fille à la valise est le premier film où le récit est centré sur vous. Avec Jacques Perrin, on était tout jeune. C’était d’ailleurs étonnant car on n’a que quelques années d’écart et pourtant sur ce film, il faisait vraiment très jeune. Les producteurs l’avaient choisi car il était vraiment crédible en jeune garçon alors qu’il devait avoir presque 18 ans à l’époque. J’ai une énorme affection pour ce film qui en plus, a été un triomphe en Italie. Par contre, ce fut un rôle vraiment difficile pour moi. Je fais partie de ces actrices qui sont très concentrées sur leur rôle sur le plateau mais une fois que j’en sors, je redeviens moi-même. Je ne reste pas dans le personnage. Sauf justement pour La fille à la valise. Le personnage est si différent de ce que je suis qu’il m’a fallu une semaine enfermée chez moi pour parvenir à l’évacuer. Effectivement, les films n’étaient pas souvent racontés du point de vue de la femme (mais le sont-ils pour autant aujourd’hui ?). Mais, pour moi, ce qui était essentiel, c’était le scénario. S’il était bon, je voulais alors rencontrer le réalisateur. Je n’ai jamais refusé un rôle parce qu’il était court. Si le scénario est bon, je ne vois pas pourquoi je n’accepterais pas de faire le film sous prétexte que mon rôle n’est pas assez important. Votre première expérience avec le cinéma français, c’est Les lions sont lâchés. Un rôle pas de tout repos puisque vous passez votre temps à vous faire (mal) draguer. Par Darryl Cowl, Jean-Claude Brialy, Lino Ventura,… J’avais le rôle principal, ce qui était encore peu fréquent à l’époque pour moi. J’étais donc très stressée mais tout le monde a été adorable avec moi. Notamment Lino, un homme admirable
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et généreux, que j’ai eu le plaisir de croiser plus tard, notamment dans Le Ruffian. Comme j’étais encore très jeune à l’époque (22 ans), ma mère m’accompagnait sur le tournage. Je me souviens notamment que Michèle Morgan nous avait invité à dîner et que ma mère était presque en train de s’évanouir à l’idée de la rencontrer. C’était son idole ! Ce fut vraiment un tournage extraordinaire et l’occasion de donner la réplique à des stars du cinéma français. Avec Cartouche, vous rencontrez cette fois-ci pour la première fois l’autre grand sex-symbol du cinéma français, Jean-Paul Belmondo. Non, c’était notre deuxième film ensemble. On avait déjà fait Les mauvais chemins de Mauro Bolognini. Je jouais une pute et lui tombait amoureux de moi. Et après, on s’est retrouvé sur Cartouche que j’adore. À l’avant-première du film, ma mère, qui m’accompagnait toujours, était tellement pris par le film que lorsque le chariot va dans l’eau, elle s’est levée et a hurlé « c’est ma fille, elle est morte, elle est morte ». Et là je lui ai dit : « maman, c’est l’actrice, je suis là à côté de toi ». Tous les gens qui étaient autour de nous, étaient morts de rire. Autre film en costumes ensuite et pas des moindres, Le Guépard ! Ça a été le tournant de ma carrière. Pourtant, tout n’avait pas bien commencé. Le choix de Burt Lancaster avait créé la polémique. Beaucoup n’acceptaient pas qu’un cow-boy puisse jouer un prince sicilien. Quelle erreur tant il est extraordinaire dans le film. Alain est formidable aussi. Ah la scène du bal, on a mis du temps à la tourner mais je m’en souviendrais toute ma vie. Cela a duré un mois parce qu’on était obligé de tourner que de nuit à cause de la chaleur en journée. Avec nos costumes, c’était impossible de tenir. Quand Martin Scorsese et sa fondation ont restauré la version longue du film et que l’on a pu la découvrir avec Alain au festival de Cannes en 2010, ce fut un sacré moment d’émotion. Alain pleurait en me disant que nous étions les derniers
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encore en vie. En plus, on avait oublié qu’on s’embrassait autant dans le film car la version initiale ne comportait pas autant de scènes d’embrassades. D’ailleurs concernant toutes ces séquences de baisers, Visconti, sur le tournage, me glissait en français dans l’oreille – il avait été assistant de Renoir et me parlait toujours en français - : « Claudia, je veux voir la langue quand tu l’embrasses ». On ne l’a jamais fait. Une femme qui refuse d’embrasser Delon avec la langue. Vous deviez bien être la seule à l’époque sur terre ? (rire). Je suis idiote. Alain m’a toujours dit : « on aurait pu avoir une histoire d’amour et à la place on est devenu un couple mythique dans Le Guépard ». On est vraiment très lié avec Alain. On ne se voit pas souvent mais lorsqu’on se retrouve, on a l’impression de s’être quitté hier. Puis arrive en 1963 La Panthère rose, votre première expérience à Hollywood Ce fut incroyable. Quand j’ai rencontré David Niven pour la première fois, il m’a dit : « Claudia, avec les spaghetti, tu es la meilleure invention des italiens ». Si David Niven était quelqu’un d’extraordinaire, de très jovial, Peter Sellers était tout le contraire, très solitaire, il ne parlait à personne. Le contraste avec ce qu’il pouvait faire sur le plateau, au moment du tournage, où il faisait un show incroyable, était vraiment étonnant. Il y avait un côté clown triste qui m’a beaucoup interpellé à l’époque. Un film que j’apprécie beaucoup, c’est Le plus grand cirque du monde où vous avez comme partenaires des légendes d’Hollywood, John Wayne et Rita Hayworth. Et en plus, ils jouent ma maman et mon papa dans le film. Quand j’ai vu Rita Hayworth, j’avais les genoux qui tremblaient et à côté de John Wayne, j’étais une naine. Il avait des mains qui faisaient quatre fois les miennes. On est toujours resté en contact. Quand je revenais à Hollywood pour un film, on s’appelait, on se voyait. Il était extra. Il y a quelque chose que j’ai remarqué dans votre filmographie, c’est cette multitude de rôles où
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vous jouez les femmes indomptées, avec un caractère très fort et qui ne se laisse pas dicter son comportement. (rire). Oui, c’est vrai. Je suis libre. J’adore le danger. Quand c’est trop facile, cela ne m’intéresse pas. Et là pour le film d’Hathaway, j’ai été servi avec toutes les cascades et les acrobaties que je devais faire. Vu le succès que vous avez eu dès le début à Hollywood, pourquoi n’avez-vous pas continué de manière plus conséquente votre carrière américaine ? Parce qu’ils m’ont demandé de signer un contrat et moi, je me suis toujours considérée comme une actrice européenne. Donc, j’ai préféré faire des allers-retours entre l’Europe et les États-Unis. Mais cela ne m’a pas empêché de faire quand même pas mal de films à Hollywood comme Les yeux bandés ou Les Centurions. Avec Sandra, vous retrouvez Luchino Visconti pour un film qui a fait parler de lui. Effectivement, ce fut un vrai scandale. À l’époque, faire un film sur un frère et une sœur qui tombent amoureux, c’était pour le moins audacieux. C’était ça Visconti ! Par contre, c’est à cause de lui et sur ce film que j’ai commencé à fumer. Il voulait absolument que mon personnage fume. Le film est extrêmement sensuel et justement cela renvoie à quelque chose d’étonnant chez vous : on a souvent eu l’impression au cours de votre carrière de vous avoir vu nue alors que vous n’avez jamais rien montré. On me l’a souvent demandé mais je n’ai jamais voulu. Je ne voulais pas vendre mon corps. Je trouve que le mystère était toujours plus séduisant. Quand on connait tout de quelqu’un, on ne s’y intéresse plus. Donc, il faut toujours laisser la possibilité de découvrir quelque chose. Dans Les Professionnels, Richard Brooks m’avait dit que Burt Lancaster allait m’arracher ma robe et qu’on allait voir ma poitrine. Je suis donc allé chez Universal pour me faire faire une sorte de guêpière façon Marlène Dietrich. Quand Burt a ouvert la
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robe, ils ont découvert mon subterfuge. Richard m’a alors dit : « Claudia, je t’avais dit que… ». « Richard, je t’ai déjà dit que je ne me déshabillais pas ». Et il n’a pas insisté. Justement, Les Professionnels fait partie de mes films préférés de votre filmographie. C’est vraiment devenu un film culte au fil des années. Mais quel tournage épique ! Comme je vous le disais, j’aime faire toutes mes cascades et là aussi, j’ai eu de quoi assouvir ma soif de danger. La séquence la plus dangereuse fut celle où je suis à cheval dans le canyon avec les bombes qui éclatent de tous les côtés. J’ai tenu à faire moi-même la scène. La production était plus que préoccupée et voulait que cela soit un cascadeur qui fasse la séquence. J’ai tenu tête et j’ai été servie : il a fallu que j’accroche à la crinière du cheval pour ne pas tomber (rire). Et être entourée d’autant de mâles virils ? Y avait de la testostérone sur le plateau entre Burt Lancaster, Lee Marvin, Robert Ryan et Jack Palance. Ils ont tous été formidables avec moi. Ils n’ont jamais joué à celui qui serait le plus beau. Je garde vraiment un souvenir très fort de ce tournage et les fans sont souvent là pour me replonger dedans car le film passe souvent à la télévision américaine et les gens m’écrivent pour me dire qu’ils l’ont revu. En 1968, vous tournez avec Franco Nero, La mafia fait la loi. La mafia, un sujet qui reviendra souvent dans votre filmographie. C’est important que le cinéma soit en prise avec la réalité. J’en ai fait effectivement beaucoup mais j’ai toujours trouvé que c’étaient des films intéressants à faire. Cela m’a aussi permis de vivre plusieurs vies en me plongeant dans des univers et des personnages si éloignés de ce que je pouvais vivre dans ma vraie vie. On passe maintenant au film mythique, Il était une fois dans l’ouest. Je voulais savoir si certains fans osent vous aborder en vous mettant une claque aux fesses en vous disant de faire comme si ce n’était pas grave. Ah Jason (Robards). C’était vraiment mon meilleur ami. On avait une amitié extraordinaire. On
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avait déjà tourné ensemble avant de tourner pour Leone. C’est lui qui devait jouer le rôle de Fitzcarraldo dans le film de Herzog. Le problème, c’est qu’il y avait rien à manger sur le tournage et Jason ne le supportait pas. Un jour, il est monté tout en haut d’un arbre et il a dit qu’il ne descendrait plus de là tant qu’on ne lui aurait pas apporté un New York steak. On a du interrompre le tournage et quand on l’a repris, c’est Klaus Kinski qui a repris le rôle. Donc, vous imaginez bien que sur le tournage de Il était une fois dans l’ouest, on s’entendait bien et qu’on s’est bien amusé lorsqu’il devait me mettre la claque sur les fesses… Par contre, ce fut nettement plus compliqué avec Henry Fonda. La scène d’amour avec lui, ce fut la première séquence que l’on a tourné à Cinecittà. Et sa femme était sur le plateau, juste à côté de la caméra. Fonda était un vrai cow-boy, il n’avait encore jamais tourné de scène d’amour. Alors, entre lui qui n’avait pas l’habitude de ce genre de séquence et sa femme qui était là pour épier le moindre de mes gestes, je peux vous promettre que la scène ne fut pas simple et agréable à mettre en boite… Quant à Charles Bronson, il ne parlait presque jamais. Il était toujours dans son coin, en train de jouer avec sa balle, à la faire rebondir. Il était totalement dans son personnage. Le luxe absolu sur ce film, c’était d’avoir la musique d’Ennio Morricone avant de jouer. Leone avait demandé à Ennio de composer la musique avant le tournage. Comme ça, à chaque fois que l’on avait une scène à jouer, Sergio nous faisait écouter notre musique avant que la caméra ne se mette à tourner. On était totalement dans l’ambiance. Et puis, le sens du détail de Sergio, son incroyable façon de filmer les corps et les visages au ralenti. C’était extraordinaire. J’ai eu des rapports formidables avec Sergio même si on avait une énorme différence : moi je mange très peu, comme un oiseau. Et lui, il mangeait beaucoup. Alors quand il voyait que je
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laissais le plat, il se mettait à crier : « mais pourquoi tu ne manges pas ! ». (rire) Vous continuez dans le western quelques années plus tard avec la rencontre mythique avec Brigitte Bardot dans Les Pétroleuses. BB contre CC, la blonde contre la brune. On s’est tellement marré. Tous les paparazzis espéraient qu’on allait se crêper le chignon et se bagarrait pendant tout le tournage. Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça. Au contraire, pendant la pause déjeuner par exemple, j’adorais la prendre et l’amener avec moi sur mon cheval et on partait dans les montagnes. Elle était terrorisée et elle me disait que je n’étais pas une femme mais un garçon manqué. On était vraiment les pétroleuses. Il faut savoir que c’était vraiment un rêve qui devenait réalité. Quand j’étais en Tunisie, les deux acteurs que j’adorais, c’était Brigitte Bardot et Marlon Brando. Et comment s’est passé le combat final ? Ce fut incroyable. Au début, Brigitte ne voulait pas se battre. Tout d’un coup, je vois arriver un mec tout poilu habillé comme elle pour me donner la « réplique ». J’ai dit à Brigitte que c’était ridicule car tous les gros plans seront sur moi. J’ai réussi à la persuader et je lui ai montré comment on allait se battre. Mon expérience d’adolescente bagarreuse nous a bien servi. Avec La Scoumoune en 1972, vous retrouvez Belmondo. Et ce fut de sacrés retrouvailles. On s’amusait sans arrêt. Un jour, Jean-Paul m’a demandé de séduire le directeur de l’hôtel et pendant ce temps là, il déménageait tous les meubles pour les mettre dans la rue. Des bêtises comme ça, on n’a pas arrêté d’en faire sur le tournage. Un mot sur Lucia et les gouapes en 1974 qui marque votre première collaboration avec Pascale Squitieri, l’homme avec qui vous alliez partager votre vie. Maintenant, on n’est plus ensemble mais on s’appelle tout le temps. J’ai fait 10 films sous sa direction. On a conservé d’excellents rapports
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puisqu’on a eu une fille ensemble. À l’époque, j’ai été séduite par sa culture et le scénario de Lucia et les gouapes m’avait énormément plu. Par la suite, on a fait plein de films sur la mafia. Autre film mythique, Fitzcarraldo de Werner Herzog en 1982. La plus belle aventure de ma vie. Dangereuse avec tous les singes qui nous sautaient dessus. J’aime le danger, j’aime l’aventure. Alors avec ce film-là, j’étais servie. J’étais comme un poisson dans l’eau alors que d’autres ont fini dans une maison de fous à la fin d’un tournage que l’on qualifiera d’épique (rire). Est-ce que vous aussi, comme les indigènes, vous vouliez tuer Klaus Kinski ? Mon dieu quelle histoire quand on tournait. Ils étaient tous avec leur arc à dire « on le tue ». Mais non, on est en train de tourner un film. Ce n’est pas possible. Le premier jour du tournage, il y a eu un clash. Il faisait une chaleur d’enfer et moi avec mon bustier, je souffrais terriblement. Et Klaus, lui, voulait juste savoir si la lumière était bonne sur lui. J’ai donc dit ce que je pensais de la situation et à partir de là, il ne l’a plus fait (rire). Quant à la fameuse relation entre Werner et Klaus, heureusement que j’étais là entre les deux. Je faisais le tampon. Werner venait me parler puis Klaus venait me parler. Ce ne fut pas un tournage de tout repos mais il m’aura laissé tant de souvenirs mémorables. Pour finir, malgré votre côté sex-symbol, vous êtes toujours présente à l’écran, jamais oubliée contrairement à bon nombre d’autres actrices qui ont peu à peu disparu à partir du moment où leur beauté s’atténuait. Comment avez-vous abordé cette période plus délicate pour une comédienne, celle du temps qui passe. Dans Mayrig, par exemple, le film autobiographique d’Henri Verneuil, je commence en ayant 35 ans et je finis à 90 ans avec la canne et la bosse. Je déteste les liftings. Je n’ai jamais rien fait. Quand tu fais ce genre de choses, tu te regardes ensuite dans la glace et tu ne sais même pas qui tu as en
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face. Tu ne peux pas refuser le temps qui passe. C’est absurde. Il vaut mieux chercher comme je l’ai fait depuis une vingtaine d’années des rôles qui correspondent à son âge. Je n’ai ainsi jamais cessé de tourner sans pour autant avoir recours à de la chirurgie esthétique. On me prend comme je suis ou on ne me prend pas (sourire). Et sinon des regrets dans votre carrière ? Vous savez en Tunisie, on dit Mektoub, c’est le destin. Si tu ne devais pas le faire, c’est que tu ne devais pas le faire (rire). Laurent Pécha
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Beauty Evidence Photographe Grégoire Mähler Styliste Alessandra Stella
Maquilleur Ismaël Blanco (Agence Aurélien) Coiffeur Shuko Sumida Mannequins Auguste (Agence City) et Amaya Jais (Agence Evidence)
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Veste The Kooples
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Robe Vintage
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Robe Vivienne Westwood
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Veste et top Burton of London
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Robe Vivienne Westwood
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Top The Kooples
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Chili et Bolivie, entre ciel et terre Vous rêvez d’espaces infinis où faire le vide, de déserts de sel à perte de vue, de paysages originels où vagabonder, les régions de San Pedro de Atacama au Chili et de sa voisine bolivienne, Potosí, devraient plus que combler vos attentes… 42 –
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Amateur d’arbres et d’autres corps photosynthétiques, passez votre chemin ! Je m’apprête en effet à vous conduire dans une région minérale à souhait, rocailleuse, poussiéreuse et désertique, mais néanmoins d’une richesse surprenante et d’une beauté à couper le souffle (à moins que ce ne soit le manque d’oxygène…). Non, finalement, restez ! SPA POUR LES INTIMES Tout commence à San Pedro de Atacama (SPA), petite ville-oasis du nord du Chili cernée par une chaîne volcanique, dont le splendide Licancabur, et plantée à 2 400 m d’altitude dans le désert d’Atacama, connu pour être le plus aride et le plus haut au monde. La Nasa y teste les robots qu’elle envoie sur Mars pour y déceler des traces de vie : c’est dire si cette région bien terrestre respire l’hospitalité… Cela n’arrête pas les voyageurs pour autant, qui, tels des pèlerins en quête d’infini voire de sens, convergent toute l’année vers San Pedro, point de départ de dizaines d’excursions allant de quelques heures à plusieurs jours. Certains, littéralement happés par les 4 000 heures d’ensoleillement annuel du village aux maisons en adobe et les panoramas que cette région, coincée entre Cordillère des Andes et Tropique du Capricorne, offre, restent piégés des semaines durant dans cet espace-temps singulier. DÉSERT À THÈMES Passer par une agence (et elles sont des dizaines !) est quasiment inévitable pour accéder facilement aux divers sites environnants. Entre visite privée en 4 × 4, minibus, truck, canasson et même VTT, chacun trouve transport à son pied. Quant aux visites, il y en a aussi pour toutes les envies ! Petit inventaire à la Prévert… Aqueuse ? Chercher l’équilibre dans les eaux ultra salées de la Laguna Cejar, version sud-américaine de la Mer Morte, puis se jeter dans les eaux douces des Ojos de Salar, littéralement les yeux du salar ; ou encore se décontracter dans les eaux chaudes des Termas de Puritana… Un peu plus épique :
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rejoindre une expédition d’alpinistes pour gravir l’un des volcans voisins d’où s’échappent parfois quelques fumerolles ou dévaler des dunes géantes en sandboard… Explosive ? Direction El Tatio pour un lever du soleil au milieu des cheminées de vapeur d’un champ de 80 geysers bouillonnant à 4 300 m de hauteur sublimé par le choc thermique d’une fin de nuit glacée cédant sa place au début d’un jour chaleureux ! Un peu de culture, peutêtre ? Le musée archéologique Gustavo Le Paige à San Pedro, la ville de Socaire avec son église coloniale au plafond en bois de cactus ou les ruines de Pukará de Quitor, ancienne forteresse précolombienne bâtie au xııe siècle, sont faites pour vous. Géologique, naturellement : le Valle de La Luna avec ses airs de paysage satellitaire, point d’ancrage idéal pour un coucher du soleil inoubliable ; le Valle de la Muerte et de Tres Marías, canyons étroits, formations rocheuses torturées et dunes de sable fin compris, et bien sûr, le Salar de Atacama avec sa grande étendue de sel blanc, vestige d’un lac évaporé depuis des milliers d’années… Animale aussi : la Laguna de Chaxa où vivent trois espèces de flamants roses, les abords des Lagunas Miñiques et Miscanti où vagabondent lamas, vigognes et foulques cornues. Féérique enfin : quand tombe la nuit, à l’abri de la luminosité et du bruit parasites de nos cités occidentales, le ciel se pare d’un manteau étoilé comme vous en aurez rarement vu. Il suffit de tendre le bras pour le plonger avec gourmandise dans une Voix Lactée plus que généreuse. Pour approfondir le plaisir stellaire, quelques agences proposent des visites guidées du ciel, télescopes et chocolat chaud à l’appui. À L’ASSAUT D’UYUNI… Vous êtes sous le charme de ce que vous venez de découvrir mais pas encore totalement rassasié ? Vous avez bien raison ! Après avoir certainement parcouru des milliers de kilomètres pour arriver dans ce qui demeure un no man’s land, quelques centaines de plus ne devraient donc pas vous arrêter. Il ne vous reste plus qu’une chose à faire :
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franchir la frontière bolivienne et filer au Salar de Uyuni, le plus vaste désert de sel au monde. S’il est parfois légitime de s’interroger sur la pertinence de tel ou tel superlatif pour qualifier un site, aucun doute sur celui-ci. Perché à près de 3 700 m d’altitude, le Salar couvre plus 10 000 km2, l’équivalent de la région Île-de-France. Ceux qui ont choisi de s’y rendre connaissent virtuellement ses dimensions étourdissantes, sa blancheur virginale, son ciel d’une extrême pureté et sa beauté potentiellement réflexive où terre et ciel ne forment plus qu’un tout hypnotisant et vertigineux. Plusieurs agences de San Pedro proposent des virées de 3 ou 4 jours en 4 × 4 jusqu’à Uyuni. Passé l’improbable poste frontière bolivien, au pied du Licancabur et de ses 5 916 mètres bien tassés, vous ne quitterez plus les pistes, vous ne croiserez aucun panneau de signalisation, vous laisserez la civilisation derrière vous... Si l’arrivée au Salar est, aux yeux de ceux qui en ont rêvé, l’acmé de cette aventure oscillant entre 2 500 et 5 100 m d’altitude – d’où l’intérêt d’arriver dans la région quelques jours avant pour s’acclimater à ces hauteurs inhabituelles et apprécier le voyage dans son entièreté –, les paysages traversés les jours précédents n’en sont pas moins majestueux, hauts en couleurs voire totalement surréalistes. LA NATURE À L’ÉTAT PUR Voyage dans le temps aux premiers jours de la Terre ou débarquement sur une planète inhabitée, difficile de savoir... Ici, des lagunes aux couleurs verte (Laguna Verde), rouge (Laguna Colorada où se reproduisent les flamants des Andes), blanche (Laguna Blanca cernée) et j’en passe… Là, des blocs de roches volcaniques parsemés sur une colline comme s’ils étaient tombés du ciel : l’endroit a, de fait, été baptisé Rocas de Salvador Dali en écho aux toiles du maître espagnol. Là encore, d’étranges formations de pierres élimées par le vent et le sable, des geysers et fumerolles, des volcans aux sommets enneigés, d’immenses pleines désertiques… Les mirages apportent une touche de magie à ces
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lieux déjà enchanteurs où le regard se projette loin. Et puis, il y a ce ciel, immense, où valsent nonchalamment altocumulus et cirrostratus, nappes de blanc sur une palette céleste bleu azur. Quand vous arrivez finalement au Salar de Uyuni, votre taux de globules rouges a fait un bond olympique et vous vous sentez déjà tout petit. L’horizon se dégage peu à peu, le soleil n’est pas encore levé, le froid est glacial mais impossible de détacher votre regard de l’Est, troquant, minute après minute, son bleu nuit étoilé contre un bleu clair, tandis que, de l’autre côté, à l’Ouest, les montagnes se parent des couleurs pastels de l’aube. Ça y est, l’astre brillant s’élève et se reflète sur le Salar partiellement inondé, le monde prend une nouvelle couleur, les âmes se réchauffent, à défaut des corps. Le cortège de 4 × 4 s’enfonce alors sur le Salar, gisement inépuisable de sel et réserve très convoitée de lithium. Sur cette étendue incroyablement plate où tout n’est que blancheur immaculée, les repères ont complètement disparu. Et pourtant, une île finit par apparaître au loin et grossir de l’autre côté du pare-brise. C’est Isla Incahuasi. Une étrangeté parmi d’autres. L’île, qui n’en est pas une au sens strict sauf quand elle est cernée d’eau quelques jours par an, est l’hôte d’immenses cactus candélabres dont certains millénaires. De son sommet, les dimensions incroyables du Salar se dévoilent sans complexe, ramenant l’homme à sa vraie dimension : infinitésimale. Et en même temps, extrêmement précieuse. Lou Camino
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Recommandation de votre concierge
APRÈS L’EFFORT, LE RÉCONFORT ! Si Awasi a été élu « plus beau boutique-hôtel » de toute l’Amérique Latine plusieurs années consécutives ce n’est pas sans raison. Ce petit bijou situé à San Pedro de Atacama, dans un des déserts les plus arides du monde, est une véritable oasis chaleureuse, cosy et raffinée qui vient d’acquérir la prestigieuse dénomination « Relais & Châteaux ». Passez le mur d’enceinte millénaire en terre cuite et découvrez ce petit lodge aux teintes naturelles qui vous offrira un doux havre de paix tout en contraste avec les paysages lumineux et désertiques qu’offrent les environs. Point de départ idéal pour découvrir cette incroyable région où les paysages se succèdent sans jamais se ressembler, Awasi est le seul hôtel à offrir les prestations d’un guide francophone et d’une jeep privée par chambre. À votre rythme et selon vos envies, découvrez les fabuleux paysages de déserts, de dunes lunaires, de geysers d’eau chaude, de volcans et autres lacs salés… Votre concierge UUU s’occupe de tout. Contactez-le sans pus tarder et profitez vite de ces deux offres exclusives du 1er mai au 12 septembre 2014 !
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Paysages Parisiens Pascal Otlinghaus Photographe
Photographier Paris en tant que Parisien revient à lever la tête à nouveau, changer de regard sur un décor splendide devenu routinier avec les années. Il faut alors redécouvrir « Le Paris monumental », sous un autre angle, en détail ou avec du recul, mais surtout dans un esprit différent : en prenant le temps. J’ai photographié la ville lorsqu’elle s’éveille ou lorsqu’elle bat au rythme des promeneurs. Profité de la vue, de la lumière. J’ai pu alors admirer d’un regard semblant neuf la beauté de cette ville. Ce paysage quotidien des Parisiens. Pascal Otlinghaus est un photographe franco-allemand âgé de 30 ans et basé à Paris. Pour plus d’information sur son travail et expositions, adressez-vous à collectifblind@gmail.com.
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