L’Eco-musée d’Alsace, vers une architecture du tiers paysage Valentin kottelat
ensas / stage : stage de formation pratique organisme d’accueil : collectif ETC
50 boulevard de Paris 13003 Marseille
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Juillet/Aout 2015
Ec Musée
sommaire Remerciements Avant propos
Introduction
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L’Eco-Musée d’Alsace ForMaRev - ETC
Problématique
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un chantier
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les projets
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conclusion
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remerciements j e tiens à remercier en premier lieu Thomas Forster, Baptiste Martin, et Benjamin Revire, pour m’avoir entrainé avec eux dans
baptiste
l’aventure de l’éco-musée. Pour m’avoir invité à réflechir à des problématiques architecturales et urbaines qui me semblent essentielles aujourd’hui. Je remercie particulierement le Collectif ETC, maitre de stage et veritable réservoir pour repenser notre métier, pour s’organiser. Ils ont apportés une dynamique de groupe, de clan, avec une énergie incroyable, qui pousse à développer ses idées dans un plaisir infini. Un remerciement à tout les bénévoles et artisans de l’écomusée qui nous ont offert leur aide dans nos projets fous, qui ont donné de leur de temps et de leur énergie pour nous apporter des savoirs et des valeurs. Et merci à l’administration et plus précisément à Eric Jacob, qui a cru et soutenu tous les projets, en étant à la fois impliqué et bienveillant.
thomas
benjamin
Toutes les images -sauf mention contraire- appartiennent à ETC, ForMaRev, et moi même.
Avant propos C e qui m’a amené à l’Eco-Musée est la rencontre de Baptiste Martin, Benjamin Revire et Thomas Forster, qui, par un un jeu de
Et pourtant, des enseignements au sein même de l’école m’ont conduit à penser que la clé aujourd’hui était la trans-discipinarité. Autrement dit, à l’image des «laboratoires» de co-working, c’est l’agencement des forces et des valeurs de travail qui dessinent l’avenir de la création et de la production. C’est notre capacité à s’organiser, à partager, qui peut encore «sauver» l’architecture. «Sauver l’architecture»: car l’évolution de cette dernière, principalement dans les métropoles, axée sur un marketing urbain et une forte dépendance aux contigences politiques, ont participé à un lissage et à un applatissement de l’architecture.
rencontres ont eu l’occasion de réaliser leur PFE à l’Eco-Musée d’Alsace. Pour à la fois, projeter, et réaliser sur ce terrain attipique qu’est l’Eco-Musée. Il était question pour moi de me détacher du travail en agence, et de me rapprocher de thématiques plus proches de ma vision du métier de l’architecte. Fabriquer un projet à petite échelle, à la limite entre architecture et scénographie. En ayant la possibilité de projeter, c’était également un bon moyen de travailler dans un chantier participatif. Ce mélange de thématique, paraissait faire sens dans ce mélange entre le projet d’architecture et le savoir faire régional, qui est la clé de voûte d’un éco-musée.
J’avais l’impression que l’architecture avait du mal à se renouveller, et se trouvait, malgrès elle, de plus en plus loin des préoccupations de ceux qui pratiquent la ville, et que l’on appelle: les habitants.
Il était essentiel pour moi d’explorer des démarches alternatives au travail en agence et de me positionner aux frontières de l’architecture. C’était à la fois un milieu qui me semblait floue et loin des méthodologies et préoccupation que l’on peut avoir à l’école. Nous avons, dans le cadre de l’enseignement de projet une pratique du métier inscrite dans un savoir-faire qui peine à se renouveller. Depuis une dizaine d’années la majorité des écoles d’architectures rentrent dans un espace aux limites claires et définient, car nous observons peut être une disparition partielle des utopies. Se rapprochant un peu plus d’un univers plus terre à terre, elles ne parviennent pas encore à véritablement toucher la matière et les savoirs faire.
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introduction Nous allons dans cette introduction présenter ce qu’est l’Eco-Musée d’Alsace, et ce qu’il représente. Ainsi que son lieu d’implantation, qui comme nous le verrons, dessinera la problématique ébauchée dans l’avant-propos.
«Qu’est-ce qui m’a amené à Gommersdorf? J’ignorais l’existence de ce village de 270 habitants, au premier regard pas l’un des plus séducteurs parmi la centaine de villages du Sundgau. C’est par le biais de l’archéologie médiévale que je fus amené à faire la connaissance du médecin de Dannemarie, Pierre Coulon, qui me fit connaître le maire de Gommersdorf, Joseph Haennig, au moment où je recherchais un village d’accueil pour mon projet : implanter des chantiers de réhabilitation du patrimoine par des volontaires dans un village habité, mais où se trouvent un nombre important de maisons vacantes. Cette idée était née alors que je participais à des chantiers concernant du patrimoine monumental simulatnément à mon engagement dans le mouvement écologiste naissant. En 1971, Gommersdorf présentait le profil idéal. En deux décennies, le village était passé rapidement d’une mise en valeur communautaire du terroir par l’assolement triennal, à des exploitations remembrées qui, en fonction du talent et des capitaux de leurs familles, s’étaient modernisées et structurées. Gommersdorf avait réussi sa mutation agricole: les exploitations qui subsistaient étaient viables, dans la plupart des fermes, des jeunes étaient prêts à assurer le relais. Cette modernité, souriante par rapport à celui de tant de terroirs français qui dépérissent, était contredite par l’état de mort de la plupart des maisons.»
Histoire d’une singularité
L
’après guerre en France est synonyme d’un renouveau de l’architecture. Le pays est en pleine reconstruction et le modernisme qui arrive à son appogée est une victoire de l’architecture moderne sur le vernaculaire. L’Alsace est fortement touchée par cette tabula rasa. Avec un patrimoine très singulier représenté par les maisons à colombage, l’industrialisation du XIXème siècle prend une ampleur considérable dans cette région. Elle est à cette periode là très productive, que ce soit dans l’industrie textile ou dans l’agriculture. La désindustrialisation opérente à partir des années 70 avec la restructuration et l’externalisation des entreprises modifie le paysage de ce territoire. Mais aussi, l’arrivée massive du modernisme rend obselete une bonne partie du paysage alsacien. Si bien que l’on observe aussi bien dans les villes que dans les campagnes, une forte opération de destruction du patrimoine. Et si les années 60-70 correspondent à cette tabula rasa, elles correspondent aussi à l’apparition d’une préoccupation patrimoniale. C’est ainsi que dans le Sundgau (partie Sud de l’Alsace), quelques étudiants en archéologie (notamment Marc Grodwohl) dessident de partir à la conquête de ce paysage en danger:
Marc Grodwohl, http://www.marc-grodwohl.com
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D urant la décennie qui suivra, l’association Maisons Paysanne d’Alsace créée par Marc Grodwolh, qui publie déjà des revues
Création de l’éco-musée artificalisation du patrimoine
et articles d’archéologie et d’éthnologie sur les villages du Sundhau, occupera de plus en plus de place dans cette course à la sauvegarde du patrimoine. Si elle se limite à ses débuts qu’à reconstruire ou entretenir des maisons, elle rentre rapidement en conflits avec des habitants (propriaitaires) ou collectivités pour sauvegarder ces batisses qui dispairaissent de plus en plus vite. Elle se transforme rapidement en zone de lutte et d’action allant parfois jusqu’à des actions «musclées».
L a commune d’Ungersheim met à disposition en 1980 un terrain totalement vierge. Ce terrain se situe dans le Bassin Potassique, dans la proche banlieue de Mulhouse. Ce lieu atipique est une résèrve miniaire importante pour la région. On retrouve bon nombre d’industrie chimique se servant de la potasse pour fabriquer du sel et de l’engrais.
Dix ans après la création de l’association, et malgrès la forte implication des acteurs, la situation devient de plus en plus dramatique pour le patrimoine du Sundhau, c’est donc sur une constation d’échec qu’est créé l’Eco Musée d’Alsace (EMA) en 1984, avec une idée folle: démonter et remonter au sein de l’EMA une maison alsacienne pour mille détruites.
image
reconstruction
Ainsi, le site de l’éco-musée jouxte une immense usine de minerais, avec de grands terrils. Ces usines ont permis le développement des villages qu’habitaient autrefois les ouvriers. L’éco-musée en ouvrant ses portes, se lie avec son territoire. La présence des emblématiques puits Rodolphe, situés à quelques centaines de mètres de l’EMA, et construits au début du XXème siècle ont totalement modifiés ce territoire rural.
ne maison alsacien
image
1971
Puits Rodolphe 11
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la situation géographique est plus que favorable à ces industries. La vallée du Rhin est depuis toujours un axe important dans
Vallée du rhin
les échanges commerciaux, la présence du Rhin ainsi que la frontière avec l’Allemagne et la Suisse étant constitutive de cette fertilité industrielle. Si on ajoute à cela sa grande productivité agricole, l’Alsace est au XXème siècle un acteur majeur dans la production française.
Karlsruhe
Ce siècle à profondément modifié le paysage. Ainsi on retrouve 11% des sols artificialisés contre une moyenne de 5% dans toute la France. On retrouve de nombreuses ceintures industrielles ou commerciales autour des villages. Villages qui se situent directement dans l’axe rhénan, entre différentes métropoles dynamiques. Difficile de trouver un paysage totalement rural, il est ici multiples et accuse d’une effervescence sans borne.
Strasbourg
Bassin potassique
L’EMA reconstruit sa première maison en septembre 1980: la maison Koetzingue (nom de son village d’origine). Le site est encore un désert minier marqué de la main de l’homme. Tout est à faire, et la mission de l’éco musée qu’est de protéger un savoir-faire régional et une mémoire de l’habiter ne va pas être chose facile. Cela dit, il n’y a peut être pas meilleur site. Un endroit qui souffre de la disparition d’une activité, marqué à jamais dans sa topographie. Le but de l’EMA fait ici corps avec un patrimoine déjà disparu. Et renoue avec la définition que Georges-Henri Rivière fait d’un éco-musée:
Freiburg
Mulhouse
Bâle ZURICH
Un écomusée est un instrument qu’un pouvoir et une population conçoivent, fabriquent et exploitent ensemble. (...) Un miroir où cette population se regarde, pour s’y reconnaître, où elle recherche l’explication du territoire auquel elle est attachée, jointe à celle des populations qui l’ont précédée, dans la discontinuité ou la continuité des générations. Un miroir que cette population tend à ses hôtes, pour s’en faire mieux comprendre, dans le respect de son travail, de ses comportements, de son intimité. Georges Henri RIVIÈRE - 13 janvier 1976
Colmar
BERNe
LAUSANNE
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Vers Guebwiller
Mines / terril
Bollwiller
Eco-MusÊe d’alsace
D430
Puits rodolphe
Mines / terril
Vers mulhouse
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Pulversheim
Développement et rayonnement
L
’EMA se développe rapidement puisqu’à son ouverture en 1984, 19 maisons sont déjà reconstruites avec le soutiens du Conseil Général. Au fur et à mesure c’est un véritable village qui s’installe avec cette volonté de mettre en valeur les savoirs faire d’autrefois. La construction et le remontage font évènement et de nombreux corps de métiers travaillent activement à entretenir ce patrimoine avec les techniques traditionnelles. On peut retrouver un potier, un charron qui fabrique et répare les carrioles utilisées dans les taches quotidiennes de l’EMA. Un forgeron, réalisant toute de sorte de pièces pour les besoins du musée. Marc Grodwohl, initiateur de Maisons Paysanne d’Alsace ainsi que de l’EMA, sera à la tête de ce dernier durant plusieurs dizaines d’années. Sa volonté en tant qu’archéologue et éthnologue est de retracer une histoire des pratiques et de réussir à les faire vivre grace à des formations autour de la conservation du patrimoine et même de la construction nouvelle. Alors que le village s’agrandit, comptant une cinquantaine de maisons, l’EMA est, en 1996, le premier musée fréquenté, en dehors des musées parisiens, en France. Avec ses bénévoles, ce nouveau grand musée fait corps avec le paysage et va jusqu’à s’intéresser à l’histoire des mines, et même à aquerir les puits Rudolphe en 1987. C’est donc un territoire en mouvement qui se déploie. Des histoires humaines très fortes, puisque si il est étiqueté «musée», il est avant tout un objet de réflexion sur notre histoire et sur nos pratiques. La reconstruction de ces maisons à été l’occasion d’une réflexion sur les pratiques encestrales. Mais aussi, comme il nous l’a été confié, l’occasion d’une réinteprétation, d’une liberté de l’artisan vis à vis de ces vieilles batisses. Dès lors, l’éco-musée devient un laboratoire de l’habiter, un deuxième regard sur l’histoire. Une projection ethnologique
L’ambition de Marc Grodwolh ne s’arrête pas là, puisqu’il organise des évènements raisonnants avec des réflexions sur le vernaculaire, sur l’habiter rural. Il organise notamment le «festival des cabanes», où se déroule un grand workshop avec une centaine d’étudiants en architecture de toute l’europe. Ici on vient réflechir à la question de l’habiter, d’habiter un territoire, et sa mise en oeuvre, ainsi que la pensée du savoir faire. Grace à cette vision globale du territoire, l’éco-musée prend le temps de penser et d’expérimenter sans jamais figer la mémoire dans des livres d’histoire. Pour symboliser cette inflexion vers le «patrimoine du futur», l’éco-musée construit une rotonde dessinée par Dominique Laburte, enseignant à l’ENSAS, qui participe lui aussi au festival des cabanes dans le cadre d’un enseignement. Cet endroit devient un lieu de rêve et de vie, entre les bénévoles, les artistes en résidence. L’espace muséal est précédé par les pratiques de vie au sein de l’EMA.
un chapitre se referme
L ’année 2006 voit la démission de Marc Grodwolh à la direction de l’Eco-Musée. Vraissemblablement, certains conflits seraient nés entre l’EMA et le conseil général récemment renouvelé. Il s’en suit une récupération de l’EMA par des gestionnaires qui se contenterons de concentrer l’energie de l’éco-musée sur le tourisme autour de la maison traditionnnelle alsacienne. A savoir, se recentrer sur le village et oublier la vision prospective de Mr Grodwolh. Après des difficultés budgétaire, l’EMA n’enregistre plus autant d’entrée qu’avant, et s’enferme dans un passéisme, refermant une page de son histoire militante.
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Vue partielle de l’éco-musée d’alsace
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ETC - Formarev une prospective pour l’ecomusée
L ’aventure avec l’EcoMusée à commencée par la rencontre d’ETC lors d’une réunion de préparation et de réflexion. En effet,
alsacien aujourd’hui. Tout cela serait placé sous un thème qui fait écho au festival des cabanes: habiter la maison du XXIème siècle.
le collectif ETC a été invité à projeter dans la «Halle foraine», une halle qui jouxte la rotonde et qui marque la volonté de la nouvelle administration commandée par Eric Jacob, de reconquerir l’identité de l’EMA initiée par Marc Grodwolh.
Le collectif ETC a dès lors entamé des réflexions et veulent investir le canal pour créer des «flotteurs habités». Retrouvant ainsi la poésie d’un milieu semi-rural, semi-artificiel.
Le collectif ETC est né à Strasbourg en 2009, dès son origine, il a pour but de court-circuiter les mécaniques de l’architecture en faisant intervenir dans leur projet des acteurs plus au moins éloignés de la construction: habitants, designer, graphistes, artistes, etc. Il tentent de repenser des espaces délaissés et font de leur chantier des évènements accessibles à tous, où la question d’habiter le lieu résonne dans toutes les conversations. Il font, en 2012, un «Détour de France» sur le thème de la «fabrique citoyenne de la ville». Ce tour de France réalisé à vélo est l’occasion pour eux de s’intéresser aux diverses méthodes créatives pour penser la ville avec ses citoyens, ainsi que de proposer des projets, et des workshops pendant leurs arrets dans les villes. ETC devient ainsi, un des nombreux collectifs à faire vivre et penser l’architecture différemment. Assis dans la salle de l’horloge, en Mai 2015, j’écoute les premières réflexions initiées par l’AMO (assistant à la maîtrise d’ouvrage) qui est mendaté par l’EMA pour réaliser des prospectives du site à grande échelle (à une échelle urbaine). Le but du projet est de réouvrir les frontières du musée vers la rotonde, et de tenter d’apporter une réponse à la question d’habiter le territoire
Pour tout dire, je suis arrivé à l’Eco-Musée avec le collectif ForMaRev qui entreprend son PFE dans la même veine que le collectif ETC. Ma première impression ici a été une sorte de fascination pour le faux-semblant. Que ce soit dans la communication ou dans l’image même, je ne voyais ici qu’un territoire transformé en disney nostalgique. Rêvant d’un passé disparu, et ayant du mal à vivre au présent. Je ne connaissais pas à l’époque l’histoire présentée dans l’introduction, et, m’arrêtant à ce qui m’était donné à voir, je me croyais dans Learning From Las Vegas, du postmoderne Robert Venturi. C’est à dire que le combat pour la sauvegarde du patrimoine n’est pas mis en valeur, et il faut un peu de temps pour comprendre que, ces artisans que nous voyons travailler devant nous, ne sont pas juste des comédiens, mais bien de véritables travailleurs qui construisent et entretiennent un «vrai» village.
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FMR - le début de l’aventure
F orMaRev, est donc venu à l’écomusée, pour la réflexion autour de leur PFE, qui est un projet à grande échelle. A l’instar du travail que réalise l’AMO. L’écomusée étant sensible à cette démarche a proposé une réalisation concrète et à échelle 1:1 d’une partie de leur projet. Dans une réflexion commune et concerté avec les différents acteurs: le conseil d’administration, l’AMO, ETC, et les bénévoles. A l’échelle du territoire et dans ce bassin potassique qui a vu son paysage changer et son patrimoine évoluer, la réflexion porte sur la manière d’habiter un espace d’entre-deux que symbolise l’écomusée: entre la ville et la ruralité. FMR parlera de lisière des territoires ruraux dans les entre-deux métropolitains. A savoir que la vallée rhenane forme un réseau métropolitain dont il semble de plus en plus difficile de définir ce qui relève de la péri-urbanisation. De ces villes qui s’étendent et qui forment des no-man’s land indéfinissables, qui naissent entre les villes. On peut donc observer une forme de disparition de la ruralité, les lisières forment aujourd’hui des zones de contact entre ces deux milieux qu’on opposait autre fois. Si Françoise Choay et André Corboz ont déjà annoncé la mort de la ville et la mort de la campagne, nous croyons qu’il y a dans l’interstice, à la manière de Bernard Tschumi ou Robert Venturi, le refuge pour habiter un territoire, pour faire territoire. Ce que l’écomusée a commencé à entamer. S’intéresser à l’écomusée dans une réflexion sur la péri-urbanisation et l’aménagement des délaissés ou rejets de la ville ou de l’industrialisation, c’est orienter son regard sur une culture de la mémoire. Une culture du savoir faire ou réinvention d’un savoir faire, pour retrouver une spécificité et une liberté qui est de plus en plus rare dans les villes aujourd’hui.
«Peut être n’est-il resté du monde qu’un terrain vague couvert d’immondices, et le jardin suspendu du palais du Grand Khan. Ce sont nos paupières qui les séparent: mais on ne sait lequel est dehors, lequel dedans. La ville de Léonie se refait elle-même tous les jours: chaque matin la population se réveille dans des draps frais, elle se lave avec des savonnettes tout juste sorties de leur enveloppe, elle passe des peignoirs flambants neufs, elle prend dans le réfrigérateur le plus perfectionné des pots de lait inentamés, écoutant les dernières rengaines avec un poste dernier modèle. Sur les trottoirs, enfermés dans des sacs de plastique bien propres, les restes de la Léonie de la veille attendent la voiture du nettoiement. Voici maintenant le résultat: plus Léonie expulse de marchandises, plus elle en accumules ; les écailles de son passé se soudent ensemble et font une cuirasse qu’on ne peut plus enlever ; en se renouvelant chaque jour, la ville se conserve toute dans cette seule forme définitive : celle des ordures de la veille, qui s’entassent sur les ordures des jours d’avant et de tous les jours, années, lustres de son passé. Le déjet de Léonie envahirait peu à peu le monde, si sur la décharge sans fin ne pressait, au-delà de sa dernière crête, celle des autres villes, qui elles aussi rejettent loin d’elles-mêmes des montagnes de déchets. Peut-être le monde entier, au-delà des frontières de Léonie, est-il couvert de cratères d’ordures, chacun avec au centre une métropole en éruption ininterrompue» Italo Calvino, les villes invisibles
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problématique l’architecture de l’entre-deux ?
C e stage est pour moi l’occasion de découvrir des méthodes pour faire du projet différement, pour créer une architecture du territoire, savante, car fait avec des savoirs faire. D’intégrer le chantier participatif au coeur de la réflexion, et de faire corps et évènement à chaque étape du projet. Tout doit être ici une expérience de vie car nous nous devons de vivre les espaces que l’on travaille. Nous nous devons de rechercher du rêve dans des endroits que l’on a pratiqués et figés à l’état de ruine, car laissés sur le bord des autoroutes. A attendre un avenir qui se heurte à un manque de prise en charge de ces espaces. Ainsi, comment faire des ces lisiaires un endroit où repenser l’architecture et la manière d’habiter le territoire ?
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un chantier
I
phases de travail installer un bureau ?
regarder puis agir
poser la première pierre. trouver des méthodes de travail et explorer l’architecture sous diverses facettes
Comment habiter avant le projet ? Qu’est-ce que faire du projet et réaliser sur un territoire ? QU’est ce que vivre le territoire
Le futur de l’éco musée, quelles actions à court terme (etc, fmr), et quelles actions a long terme ?
préparer des idées à cultiver
étapes
habiter
prospective
Faire territoire
time-line
Janvier
Juin
01 Juillet
12 juillet
12 Juillet
acteurs présents
ETC FMR AMO CA écomusée
FMR bénévoles éco musée directeur éco musée
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FMR bénévoles éco musée directeur éco musée
19 juillet
retrouver le calme
se donner les ressources nécessaires pour ouvrir le champ de l’architecture a d’autres domaines. Faire du chantier un évènement, et tester les espaces.
finaliser et «debriefer», pour pouvoir affirmer ou infirmer des pistes d’étude. l’heure des remerciements
workshop participatif
20 Juillet
FMR ETC Artisans éco musée bénévoles éco musée directeur éco musée
un futur ?
3 AOUT
03 aout
30 Aout . . .
FMR bénévoles éco musée directeur éco musée
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prospective Le projet Formarev - de l’ecole à l’ecomusée
L
e projet d’école s’inscrit sur la nouvelle dynamique de l’écomusée. Le but étant de faire revivre toute la partie Sud de l’écomusée qui est délaissée depuis maintenant 6 ans, avec la Rotonde, la halle foraine (les Ateliers sur le plan) et les zones de stockages agricoles (le Grenier). Le but de ce projet, après avoir fait plusieurs visites et de nombreux débats à l’EMA, est de créer un lieu d’échange et de rencontre entre tous les acteurs de la constrution du territoire. Que ce soit des artisans, comme des artistes, sans oublier bien entendu la porrosité avec le public. C’est ce qui est représenté par la Neff, un espace d’accueil de la formation et de l’enseignement aux pratiques de la construction. Les ateliers permettent d’experimenter à l’échelle 1:1. A l’image des grands ateliers de l’Isle d’Abeau, où des étudiants d’architecture peuvent fabriquer des prototype à taille réelle. Tout cela organisé autour de la cour, où traverse les visiteurs sur une passerelle rejoignant l’accueil. Ce besoin de faire naitre du patrimoine, un futur en projet, est un sentiment qui était partagé par nous, étudiants en architecture, et l’EMA. Qui plus par une recherche identitaire que commerciale, tentait de devenir un laboratoire d’experimentation. Car si l’EMA est un musée, il est aussi et peut être surtout un territoire. Un territoire à la fois ancien et nouveau, réelle et artificielle, qui connaît les mêmes problématiques que les «pseudo» mondes ruraux des entres-deux métropolitain.
La rotonde est un espace particulier, détaché du reste par le canal. C’est un ailleurs dans le paysage des maisons à colombage. Une architecture contemporaine, et tout un pan du paysage de l’EMA a découvrir. Penser l’écomusée dans un temps long, c’est pouvoir réflechir plus activement au devenir du patrimoine et des savoirs faire. C’est pouvoir interroger le territoire dans sa capacité à faire sens pour les habités de demain. Cet espace du Sud de l’EMA permet ce questionnement, à la fois par sa possible opposition géographique par rapport au village. Ou tout au contraire une suite logique menant jusqu’à la pensée du XXIème siècle. Le cheminement muséal est pensée pour suivre la chronologie de construction des divers batiments, allant du moyen âge jusqu’à la révolution industrielle. La demande de l’EMA induit directement à penser l’habiter et les savoirs du XIXème siècle. Voila pourquoi ce site se tranforme en un laboratoire, ouvert, et non borné. Voila donc la commande de l’Eco-musée: batir son futur, batir l’habitat du XXIème siècle.
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prospective
Document formarev
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prospective
Intervention et contexte réelle
sous la rotonde
l ’avenir de la rotonde et des sous-bois est un enjeu de proL e projet présenté précédemment est la réflexion dans le cadre grammation. Il faut pouvoir créer un lieu attractif où s’organise du diplome et n’a pas pour but sa réalisation. La tache confiée pour le moment à ForMaRev et ETC, est de poursuivre cette problématique d’habitat et de savoirs du XXIème siècle en proposant des installations, architectures, mobiliers, œuvres artistiques. Le master plan est dessiné en allés et retours constant entre l’assistant à la maitrise d’ouvrage (AMO), ETC et FMR. ETC fabriquera une passerelle permettant de relier la Halle Foraine représentant le XXème siècle, jusqu’à la rotonde, qui au delà de représenter le XXIème siècle, permet une espace laboratoire, poétique, et beaucoup plus libre. La dichotomie est alors mise en place comme fondement de projet. ETC transforme la Halle en un pôle concentrant des activités et permettant le lien entre la rotonde et le village. Ce sera pour eux l’occasion de faire du chantier un évènement. La passerelle du collectif accueillera des flotteurs pouvant naviguer sur l’eau, et proposant divers mode d’habiter. Pour ce chantier, une semaine de workshop est dédiée pour la construction avec un chantier participatif ouvert. Nous organisons aussi de notre côté un workshop participatif la même semaine qu’ETC pour pouvoir lancer une dynamique de participation et de chantier évènement.
des réflexions et des expérimentations sur l’habiter, un lieu aussi de médiation pour transmettre des savoirs, de la culture (exposition, performances, etc). La rotonde, qui s’oppose à la halle, propose un cadre poétique, de rêve, la nature est ici plus sauvage, loin des cultures. Elle offre un terrain de réflexion sur le paysage intéressant. L’idée du plateau terrasse et de créer un espace multi-fonctions : manger, danser, représenter, ... Il vient s’appuyer contre la rotonde mais ne vient pas à l’intérieur des travées. Un ponton, à la perpendiculaire, prolonge la terrasse et la rotonde jusque dans la clairière. Zone de camping, d’événements, une zone qui reste encore peu utilisée.
Cette terrasse permet d’asseoir deux positions. Faire de la rotonde un endroit de passage, de rencontre, de croisement. On pense même à ce moment là, d’aller jusqu’à créer un pavillon d’architecture sous une des travées. La deuxième position est celle d’aller rechercher le paysage, pour le comprendre et pour permettre à l’écomusée d’explorer chacune des facettes de son identité.
Nous commencerons cependant avant ETC pour préparer les éléments forts du projet qui permettrons de donner une direction de travail durant le workshop.
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Halle foraine
prospective
passerelle / floteurs
village
canal canal
terrasse/ponton
Rotonde
hangar
clairière
champs
sous-bois
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Document formarev edition valentin kottelat
habiter l’écomusée arriver sur le site - in-situ’s working
d écouvrir la Rotonde et l’espace de l’éco musée est une chose intéressante et délicate. Entre les réflexions théoriques de planification usées par les réflexes scolaires, et notre corps mis en mouvement dans ce cadre complexe, voila un doux challenge qui nous était offert. Entre désir de créer et peur de l’inconnu, le mois de Juillet commence par la volonté de découvrir un peu plus ce qu’est de vivre à l’écomusée d’Alsace. Car il est vrai que cet endroit a sur plusieurs aspects, la morphologie d’un «vrai» musée. Et pourtant, il est loin de se limiter à des façades anciennes sans vie.
Si habiter, c’est pouvoir observer, c’est aussi pour nous un bon moyen de rencontrer les bénévoles de l’écomusée. Notamment François, qui fervant défenseur de la biodisversité et créateur de l’ensemble du paysage de l’EMA, nous aide dans notre tache et nous amène à apprécier ce site en friche.
Vouloir vivre à l’EMA, c’est vouloir faire du chantier un évènement en lui même, c’est positionner son regard d’architecte au coeur de la matière. Une position radicale qui se veut détachée des pratiques courantes.
Les journées passent et nous sentons de plus en plus le besoin d’habiter le site de la Rotonde, qui ne constitue pour le moment, que nos journées de nettoyage et démontage. Nous devons préparer l’arrivée d’ETC avec vingt participants pour le workshop prévu le 20 Juillet. Si ce chantier est différent par le fait que nous décidons de travailler in-situ, il en va de même par la volonté d’organiser un chantier participatif. Nous mettons là tout les outils pour repenser notre processus de travail.
Nous avons donc logé dans un premier temps dans la maison Koetzingue, qui occupe la fonction de loger les artistes ou artisans en résidence. Nos journées étaient occupées à faire un grand ménage au coeur de la rotonde, qui depuis quelques années, servait de dépot de materiel. Donner un nouveau visage à cet espace qui était tombé dans l’oubli. Nous avions l’impression de découvrir les traces de civilisations antérieurs, avec les restes du festival des cabanes, la rotonde recouverte par la végétation et toutes sortes d’objets. Nous allions, par ce simple nettoyage, découvrir la définition du tiers paysage, et aiguiser notre regard, pour voir dans la friche : un lieu de projet.
Rapidement, nous imaginons de coloniser le sous-bois pour organiser le campement, et ainsi entreprendre la redécouverte de cette zone qui n’est habité que par les vestiges du festival des cabanes. Ainsi la nécessité de fabriquer le minimum «vital» comme des toilettes et des douches devient un enjeu de projet. Le terme in-situ requiert le sens de l’organisation, de l’improvisation et le travail avec l’existant. La cabane «Entre-deux rives» devient le support pour la réalisation de douches en pleine air, suspendue au dessus du cours d’eau. Si nous voulons d’un chantier-événement, ces structures doivent être légères et démontables
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habiter
sĂŠance de travail - juin 2015
Rotonde - FĂŠvrier 2015
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Rotonde - Juin 2015
toilettes sèches
socle sans fondation - toilettes sèches
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les douches
les douches
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faire territoire du site au projet, de l’outil à l’ouvrage
A
près avoir installé les premices pour habiter l’espace autour de la rotonde, le temps est à la mise en place du premier projet: celui de la terrasse. Par cette première intervention, nous materialisons dans l’espace, une piste de projet qui avait déjà été élaborée avant l’arrivée sur le site. Cette première intervention est un objet qui n’en dit pas trop sur une future programmation. A cette étape là, bien qu’habitué du site, nous tatonons encore sur la future programmation de la rotonde et sur l’ensemble du site en lui même. Nous posons les bases de réflexion du diplome de fin d’étude. Ce plancher pourra donc être totalement hybride, servant à la fois pour manger, accueillir des spectacles, etc. Faire territoire, c’est penser au savoir faire, à ce qui est présent autour de nous: le village de l’EMA, et ce que nous pouvons apporter avec un regard contemporain. Le dessin du plancher élaboré par ForMaRev est très contemporain, le détail technique à lui été définit sur site concernant les assemblages. Et c’est bien entendu en s’impregnant de l’existant que nous avons repris des techniques d’assemblages anciennes, un peu réinventées parfois.
Cette étape de travail qui nous conduit au plus près de la matière, qui nous fait comprendre la relation entre le trait de crayon et sa signification dans le réel, définit déjà une méthodologie. Le carnet à dessin n’est donc jamais bien loin de la zone de chantier, pour questionner l’avancée. Et puis parfois le carnet est évacué au profit de test à échelle 1:1, préferant l’idée du mouvement de matière comme outil pour mesurer. Un architecte doit se saisir d’outils pour projeter, de la même manière qu’un peintre ne fera jamais la même toile qu’il soit au pinceau ou au couteau, l’outil définit, la manière, définit l’oeuvre. L’architecte a ce defi de préfigurer ce que sera la réalité. La position géographique même de son corps par rapport à son objet definit la distance entre l’outil et le lieu de projection. Projeter in-situ, c’est créer un outil de courte distance, qui donne la possibilité d’intéragir avec son environnement. Une intéraction aussi sociale qui se matérialise ici par les liens que l’on crée avec les acteurs de l’EMA: bénévoles et visiteurs.
Ici se joue donc le frottement de l’histoire, du site, avec ce qui peut en émerger. Non pas une pièce rapportée, mais un fragment de plus qui se mèle au site lui même. Pas non plus une copie ou un continuum, mais une hybridation du langage. Définissant, ça et là, une identité, un corps, ou un objet.
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faire territoire
pose du plancher
pied sans fondation
dÊtail - rencontre avec l’existant
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workshop faire l’organisation - faire événement
faire chantier - faire événement
l’ arrivée d’ETC et des participants au workshop marque un l a communication, la concertation et la médiation sont un élépoint important dans le chantier. C’est la concrétisation et le ment important dans un chantier participatif et dans tout projet d’architecture. Nous avons voulu ici réflechir tout les éléments de notre travail, sous le prisme du territoire comme vecteur de créativité, d’inventivité. L’organisation du workshop a été intégrée à cette dimension, et nous avons créé une vidéo pour faire la promotion du chantier participatif. Ce fut l’occasion de croiser nos compétences avec celle de l’architecture, et d’affirmer nos réflexions dans des disciplines artistiques. La vidéo mettait en scène de manière détournée, le chantier. Avec comme bande sonore des sons enregistrés sur le site (son d’outils, de nature, d’espaces), mis en musique. Bien que cela semble être un détail, cet exemple illustre pour moi l’indispensable : avoir une vision globale et multidisciplinaire de notre métier. Car il est toujours enrichissant de regarder le paysage avec des yeux nouveaux, sous des angles différents.
point de rencontre d’un idéal de travail. Les participants venants de toute la France sont d’horizons multiples: architecte, urbaniste, designer, cinéaste, paysagiste, métallurgiste, ingénieur, etc, etc. Une vingtaine de participants chez ETC et huit participants chez ForMaRev. Ainsi s’organise la vie sur le chantier: un camping, une cuisine, etc. Autant de logistique qu’il faut gérer en parallèle pour que tout puisse fonctionner sans s’arrêter. Car le temps est bien entendu compté. La logistique, c’est aussi programmer une méthodologie pour avancer tous ensemble, établir des limites et des objets de reflexions, des instruments pour projeter et avancer dans la même direction. Une visite pour tout les participants est organisée avec les bénévoles ayant été très actifs dans l’association «maison paysanne d’alsace», et qui ont pu apporter leur rapport au savoir-faire de la région. Expliquant de manière détaillé les enjeux de leur combat, l’importance archéologique et sociale qu’est l’éco-musée.
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briefing/rĂŠunion quotidienne
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faire la commédie - faire événement
La force de ce chantier est de faire événement et d’aller chercher, de capter, les forces et les énérgies du territoire pour faire projet. C’est donc sur de nombreux aspects que nous nous saisissons de ces énérgies. En allant se mèler avec les bénévoles de l’EMA. Chaque semaine nous participons au repas des bénévoles, nous permettant de faire de la médiation. A la fois pour faire comprendre nos divers projets, mais aussi pour entendre les histoires et digressions des «anciens» autour d’une table. Au dela d’être un moment de convivialité, nous prenons la pleine mesure du «construire ensemble». La manière de mener ce chantier devient donc aussi importante que sa destination projectuelle tant elle influe sur cette dernière. Cela permet de comprendre certains métiers, certaines techniques, et de nouer des liens avec des artisans, qui comme nous le verrons par la suite, irons jusqu’a travailler avec nous pour des besoins spécifique du chantier. Tout n’est pas prévisible, et si André Corboz dénonçait l’abstraction et l’absolutisme d’une carte, ce n’est pas un hasard: «ton paysage et le miens ne se recouvrent pas» dit t-il. Nous venons à penser qu’il est une aventure extraordinaire que de faire projet avec les habitants d’un territoire, avec ceux qui fabriquent ce territoire, qui ne sont pas forcément architectes ou ingénieurs. Et ce n’est pas que d’aventure humaine qu’il est question mais aussi d’un résultat qui fait sens sur ce même territoire: ce lieu.
c réer une histoire et nouer un contact avec ceux qui vivent l’EMA, c’est à dire, les bénévoles, est capital dans la démarche d’ETC. Par leur méthodologie, ils répondent déjà en parti à la question d’habiter les lisieres metropolotaines. Dans ces lieux qui ont perdu en identité, où l’on ne distingue plus ce qui est ville ou campagne. Le territoire d’entre-deux, lieu de fracture, doit refleter les désirs des habitants. Entre savoirs faires ancestraux et modernes, il faut profiter de cette brèche pour faire projet avec tout les acteurs de la ville et du territoire. L’évènement est important dans ce type de chantier puisqu’il permet de fédérer, d’être ludique parfois, mais permet avant tout de se raconter une histoire tous ensemble. L’équipe de cinéaste présent avec ETC propose donc de réaliser un court métrage entre réalité et science fiction, avec la participation des bénévoles comme acteurs ou figurants. L’événement permet d’amener une énérgie sans pareille au chantier, invitant l’administration de l’éco-musée à réflechir avec nous aux futurs programmations de la rotonde par exemple.
Plus tard, on organisa des repas avec les bénévoles sous la rotonde, sur le nouveau plancher, pour décrire le projet, et faire vivre le lieu avant même que nous ayons commencé à lui figer un usage.
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repas avec les bénévoles - rotonde
tournage du court-métrage «hopla»
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Festival «des habits et vous». Quelques 200 personnes étaient présentes à chaque représentation de ce défilé. Durant un week end entier, la rotonde à vécu au rythme de cet évènement, le plancher commençant à vivre bien avant qu’un programme ne lui soit totalement atitré.
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un mot d’ordre: multi-disciplinarité
C ’est le mot d’ordre avec ETC, échanger et croiser les regards. Au point même qu’au bout de quelques jours, plus personne n’est architecte, ingénieur, designer, nous formons un groupe de travail aux compétences diverses. L’union des différentes professions permet un apport sans cesse. Une remise en question constante des savoirs et des méthodologies.
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plancher de trace
passerelle - etc
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les projets II
carte des projets rĂŠalisĂŠs
Halle foraine passerelle / floteurs
village
canal canal le seuil
terrasse/ponton
Rotonde
la maison du feu
clairière
hangar
anamorphose
champs
sous-bois Document formarev edition valentin kottelat
projet etc habiter le canal
c e projet faisant évènement avec la création d’un plancher de trace, propose de découvrir un mode d’habiter atypique, celui de l’eau. Des embarcations arrimées à une passerelle en métale et en bois (faisant le lien entre la halle et la rotonde), habritent toutes sortes de mobilier. La base, c’est à dire le socle, à été préalablement déssinée par ETC, le reste a été crée durant le workshop, par les participants.
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projets Formarev le plancher
l e plancher, notre premier projet qui nous a servis de tremplin pour démarrer l’aventure, a questionné l’avenir de la rotonde dans sa programmation. Habiter le lieu du chantier est un moyen efficace pour tester ses propres projets. Nous avons donc mis ce plancher/terrasse à l’épreuve de différentes manifestations et occupations de l’espace, tel que projection de films, repas, et évènements en tout genre de l’EMA.
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le seuil
l e seuil est un élément d’appel, il permet de faire la transition entre la passerelle d’ETC et la rotonde. Une sorte de porte entre deux mondes. La structure rappelle des motifs caractéristiques des colombages. En lévitation au dessus du sol, elle propose de créer un espacre de médiation quant aux futurs événements de la rotonde. Ce simple geste permet de préfigurer une entrée pour le grand cercle de bois, sans figer l’espace.
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l’anamorphose
l ’anamorphose, à l’image du projet du seuil, permet par un geste simple d’emmener le visiteur à explorer le sous bois, résèrve de biodiversité et des restes du festival des cabanes. Une redécouverte d’un paysage oublié. C’est un premier pas vers une nouvelle réflexion qu’entame l’éco-musée sur l’avenir de l’ensemble de son territoire.
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la maison du feu
l a maison du feu est une architecture signale, fait de bois en provenance des Vosges ainsi que du bois de récupération. Elle permet d’habiter la clairière et de se réunir autour d’un chaudron enterré. Ce projet a pour visé d’accueillir les différentes activités telle que le nouveau festival des cabanes, les nocturnes de l’EMA, etc. Il appelle à réunir le ciel et la terre de par sa verticalité, c’est un objet plastique qui articule les différents éléments paysagers du site. L’ensemble de ces projets, au délà de constituer une somme d’éléments simples, tentent d’offrir des perspectives d’avenir pour l’EMA. Ils esquissent des directions de projets, des directions de développement et d’investissement de territoire.
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conclusion e n définitive, m’éloigner des pratiques plus classiques de l’architecture m’ont beaucoup appris. M’ont donné une envie pro-
De la même manière, le patrimoine devient un objet que l’on questionne sans cesse, où il est difficile de se positionner, entre destruction et muséification. Il est délicat de trouver la juste position du curseur. Ainsi, retrouver les enjeux du savoir-faire mélangé aux problématiques du contexte contemporain aide à cerner des pistes pour recréer un semblant d’identité.
fonde de développer un regard global sur la pratique du projet, dans se projection et sa réalisation. Et bien entendu, dans son dialogue avec les différents acteurs d’un territoire. Cette exploration identitaire des lisiaires métropolitaines apparait comme un premier pas vers une nouvelle manière d’habiter ce qui n’est pas ville et ce qui n’est plus campagne. L’implication totale de l’architecte dans cette démarche déssine un nouveau paradigme de l’habiter. C’est en se posant aux limites de l’architecture que l’ont peut en dessiner le contour, comprendre ce qui est dedans et ce qui est dehors, ce qui est levier de changement et ce qui ne l’est pas. Il s’agit ici de parler bien plus de mise en réseau des idées et énergies que d’un process «top down», où l’architecte peut se sentir considérablement isolé. Et cette expérience m’a révélée l’importance de créer sa propre commande. D’établir des réseaux pour générer des problématiques basées sur de réelles implications, tant méthodologique (chantier participatif, divers corps de métiers) que projectuelles. Ces méthodes ne sont bien entendu pas nouvelles, on a en tête Patrick Bouchain et ses chantiers événements. Mais il semble que cette méthode se révèle être aujourd’hui une réponse possible aux délaissés du territoire, une réponse à l’appropriation des espaces.
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«Il fallait envisager d’intégrer notre ethnoécosystème historique à une démarche plus large, renouant avec une forme tempérée de militantisme : notre espace s’étant fait « paysage » -de même que la collection de maisons s’était faite « village » par le verdict du public- , on pouvait s’interroger s’il n’y avait pas matière, ici, à analyser ce qui faisait paysage aujourd’hui, quelles étaient les références appelées par les gens pour en juger la beauté ou la laideur, et en quoi le musée pouvait faire laboratoire : prospective, propositions, éducation. Le paysage, c’était aussi une issue pour faire éclater la bulle écomuséenne et confronter l’action avec le postulat d’Yves Lacoste : « Réfléchir sur les paysages, ça ne doit pas seulement consister à éclairer pour certains spécialistes, et finalement pour ceux qui sont au pouvoir, la façon dont « les gens » se représentent les espaces où ils vivent, les espaces où ils vont en vacances (…) Il faut s’efforcer d’aider le plus grand nombre de citoyens à savoir penser l’espace, et d’abord l’espace où ils vivent, pour être plus en mesure de dire clairement ce qu’ils veulent. »
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annexes L’ensemble des annexes sont, pour les archives, des photos de Marc grodwohl1.
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Disponibles sur son blog et site internet: http://www.marc-grodwohl.com
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annexes
Archives de «maisons d’alsace»
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annexes
Archives de l’EMA
chantier de la maison koetzingue - 1980 Repérage du site pour l’installation de l’éco-musée - 1979
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Archives de l’EMA
annexes
festival des cabanes - pavillons sur l’habiter
clair de mine - muséographie aux puits rodolphe
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liens . . . Collectif ETC www.collectifetc.com
Eco-musée d’alsace www.ecomusee-alsace.fr
equipe cinéma http://www.morgandelaporte.com
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«Pour éviter un scénario aussi brutal, cela vaudrait la peine de retenir quelques leçons du XXème siècle, et de ce futur dont nous avons conçu l’ascension, et vu la chute. Avant de mépriser ce qui semble être obselète ou inutile, il faudrait peut-être le préserver comme le témoin et le souvenir de nos aspirations et de nos limites.» Urbanismes entropiques, Céleste Olalquiaga, p21