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Pirates (informatiques) waner ted ! / Le 1 emploi de Carl de Moncharline / References.be, la nouvelle vague / Anne Deroy, marchande de vent
anne deroy PHOTO MIREILLE ROOBAERT
Ambianceur né, un brin mégalo, bourré d’énergie, Carl De Moncharline a su mettre l’image de Bruxelles en mouvement. On lui doit entre autres le lancement de Bruxelles-les-Bains, les Rollers Parade, du vendredi, la Fiesta Latina du mois d’août. Avec son resto « Le Wood » dans le Bois de la Cambre, il jongle entre plusieurs métiers, comme il l’a toujours fait.
MON PREMIER EMPLOI A 18 ans, j’ai arrêté l’école et après avoir fait mon service militaire, j’ai enchaîné une multitude de petits jobs (livreur, barman…) pour mettre de côté l’argent d’une campagne que j’ai imaginée et menée seul et qui avait pour nom « Barbares, changez ! ». C’était en 89. J’avais d’abord collé sur tous les feux de signalisation de Bruxelles des autocollants qui reprenaient ce slogan et après avoir laissé enfler la rumeur (un teaser dans le jargon), j’ai ajouté
des placards sur la propreté en ville qui ont débouché sur l’installation de poubelles dans toute la capitale. Cela m’a valu mon engagement dans une agence de communication (K Com) en 90, puis au Mirano Continental en 91. MON PREMIER SALAIRE Avec ces jobs d’étudiant, j’avais économisé 300.000 FB (7.500 euros) pour lancer ma première campagne. Ensuite, chez K Com, je devais gagner environ 1.000 euros, mais j’ai toujours eu plusieurs activités sur le feu.
MES PREMIERS ACQUIS PROFESSIONNELS Le fait de ne pas avoir été à l’école très longtemps vous oblige à compenser : quand tu viens de rien, tu dois te bouger. En même temps, j’ai grandi dans une communauté avec des parents artistes, super babas. Je ne me voyais pas en employé Belgacom. Je me suis construit un univers dans lequel j’avais envie d’évoluer, le job qui me correspondait. Chez K Com, j’ai appris les bases, les contacts avec les partenaires, les clients, la présentation de projets :
reporters
Mon premier emploi
Carl De Moncharline, organisateur d’événements c’étaient les débuts de la publicité événementielle, c’était super fun. MA FIN DE CARRIERE REVEE Je trouve la Belgique peu ouverte à l’innovation à la différence : il y a des cultures plus à l’écoute de la nouveauté. J’aimerais trouver un terreau plus fertile pour mettre sur pied un projet international, dans un domaine dans lequel on s’éclate et auquel je n’aurais pas encore touché, histoire de découvrir de nouveaux horizons, d’autres mentalités.
MON CONSEIL AUX PLUS JEUNES Ma grand-mère disait : « Fais ce que tu veux, mais fais-le bien ». C’est une phrase qui m’a marquée. Elle disait aussi : « Tout le monde peut perdre une récolte, mais l’important c’est de savoir planter des graines ». Là encore je la rejoins à 100 %. Une autre conseil : chercher sur la planète le meilleur endroit pour développer ses idées.
Propos recueillis par Nathalie Cobbaut
J’ai fait un break
François Labar
PHOTO dr
Parti pour mieux revenir
Les PME recrutent les plus de 45 ans
L’emploi dans les PME belges a augmenté de 1 % au cours de la première moitié de l’année 2010, soit de plus ou moins 13.300 salariés. Cette hausse est principalement liée à une augmentation du nombre de travailleurs de plus de 45 ans en général et de plus de 55 ans en particulier, alors que les jeunes sont encore touchés par les licenciements, ressort-il de l’indice Emploi de SD Worx. La Wallonie connaît la croissance la plus forte (+1,8 %) par rapport à la Flandre (+0,8 %) et Bruxelles (+0,2 %). L’indice Emploi de SD Worx mesure l’évolution de l’emploi structurel dans les PME belges. www.sd.be
Serge Dehaes
Carte blanche
il a senti le besoin de tout lâcher. En mars 2009, François Labar décollait pour l’Australie. Cela allait être « sa plus grande expérience de liberté ». « La façon la plus simple de décrire ce qui s’est passé, c’est de vous dire qu’avant de partir j’étais franchement mal dans ma peau, confie-t-il dans son blog. J’étais à la recherche d’un tremplin et d’une bulle d’air, je pédalais dans le vide depuis quelques mois, égaré dans une routine
Référencé par
A travers le carnet de voyage qu’il a alimenté pendant les sept mois australiens (http:// australianappaloosa.uniterre.com), on imagine un homme plein d’humour, sincère, certainement idéaliste. On le voit très bien en prof de français investi dans son métier. Mais c’est justement là le problème. Sa plus grosse difficulté est la gestion du temps et sa difficulté à cloisonner vie professionnelle et vie privée. Au point qu’un jour
Lorsque François Labar est arrivé au bout du rouleau, insatisfait dans sa vie de prof de français, il a vu deux alternatives : aller voir un psy ou tout quitter pour aller chercher de l’oxygène ailleurs… Ce fut l’Australie puis le Mali. Il est parti avant tout pour se secouer, pour « provoquer quelque chose sans trop savoir ce que ce serait ». Et il est revenu plus libre.
où je ne parvenais pas à sourire vraiment et à être fier de ce que je faisais. Je suis parti pour me secouer, pour provoquer quelque chose sans trop savoir ce que ce serait. » Avant de partir, il avait défini son projet : ne pas s’habituer à un endroit où dormir, rencontrer des gens, et vivre le plus possible dans la nature. Il avait décidé de gagner son argent uniquement à la force du poignet, pour sortir de son mode intellectuel. Tout cela, il l’a réalisé. Le travail manuel, avec la cueillette de fruits, de légumes, la coupe de bois, la tente plantée tous les soirs sous d’autres cieux… Sur son blog, ses expériences du bout du monde se savourent entre la pomme et le melon. « Je me suis donné le luxe de vivre pendant sept mois une vie sans contraintes. Certes, il y a une dimension de fuite. Mais cette expérience de liberté totale m’a fait un bien fou. Le fait de ne pas avoir d’agenda chargé ni de culpabiliser au sujet de responsabilités non assumées m’a libéré d’une très forte pression. Je suis revenu zen et ai retrouvé le goût de la quotidienneté. » Sur les flots de cette liberté australienne, l’écriture a pris une dimension inattendue. « Alors que j’avais décidé de ne pas écrire en Australie, je n’ai en fait jamais autant écrit. Sans aucun but précis, si ce n’est celui de le faire chaque fois que j’en ressentais l’envie. » Il a tellement eu envie que la moitié d’un roman en est sorti. A l’heure qu’il est, François Labar prévoit de terminer Le Pays sous la Lune avant la fin de l’année. « Je me suis rendu compte que je n’ai jamais partagé mon écriture avec mon entourage. Aujourd’hui, j’ai envie de la sociabiliser et de pouvoir en parler. » Si l’Australie a été une aventure extraordinaire, François Labar l’a perçue comme une étape. Et à
un moment est arrivée l’envie de rentrer. « J’avais besoin de mon boulot de prof. » Après encore un mois en Nouvelle-Zélande, il a regagné Louvainla-Neuve comme on passe par la case départ au Monopoly : en coup de vent. Un mois et demi. Car l’opportunité d’enseigner au Mali s’était présentée. Il y est resté six mois. « L’ Afrique, en revanche, est une expérience impossible à communiquer tellement elle est incroyable, riche et bouleversante. Communiquer aurait été faire semblant que je comprenais ce qui m’arrivait. Or ce n’était pas le cas. Pour l’instant, c’est un voyage que je digère. » François Labar est rentré de Bamako à la fin de l’année scolaire et s’est remis à la recherche d’un emploi. « En Afrique, j’ai réalisé que je suis un bon pédagogue, mais surtout dans des situations particulières comme le décrochage scolaire, par exemple. Et donc j’élargis mes horizons. Par contre, en ce qui concerne la gestion du temps, je ne suis pas meilleur qu’avant. Mais ce qui a changé, c’est la connaissance de moi-même. Aujourd’hui, je suis en paix avec ce problème et je ne le prends plus comme un défaut mais une caractéristique. » A la fin de son aventure australienne, François Labar avait écrit ceci : « Souvent j’ai l’impression que ces huit mois m’accompagneront longuement sur ma route, que j’y puiserai de la confiance, une forme spéciale de connaissance de soi. Je me disais déjà avant le voyage qu’on ne possède vraiment que ce qu’on reçoit des autres; il y a eu beaucoup d’autres au fil de ces histoires australiennes, et je me sens plus LILIANE FANELLO riche. » Le roman Le Pays sous la Lune peut être lu sur ce site : www.lepayssouslalune.com
Talent
Elle dirige depuis 15 ans le festival international du cerfvolant de Knokke. Par amour d’un sport qui permet de dompter le vent. Et peut-être, un jour, d’en faire un métier ?
Marchande Anne Deroy de vent
Au sol, la station balnéaire huppée de Knokkele-Zoute a plutôt l’habitude d’accueillir en été un festival de mondanités ostentatoires. Mais depuis 15 ans, le temps d’un week-end, les yeux se détournent des places Matuvu pour admirer le ciel. Qui accueille un ballet aérien bien singulier, empreint de beauté et de grâce, de légèreté et de douceur, de formes et de couleurs. Et surtout marqué par le silence. Une fois n’est pas coutume, l’habituel tumulte vacancier s’estompe, pour céder le pas au seul souffle du vent. C’est « Passport to Heaven », le Festival international du Cerf-Volant de KnokkeHeist, devenu l’un des incontournables poèmes estivaux de la côte. Jadis organisé début août, il prend désormais son envol le dernier week-end de septembre. Et accueille les délégations officielles de nombreux pays, notamment d’Asie, qui y délèguent leurs meilleurs cerfs-volistes pour conduire le ballet enchanteur de centaines d’engins volants de toutes sortes et de tous gabarits… Y compris à vocation sportive, puisque le festival s’ouvre désormais aussi au kite-surf, dont les plus grands champions feront des démonstrations. De quoi attirer des curieux de toute l’Europe. Ils étaient 40.000 à la dernière édition. Cette manifestation unique en Belgique, à vocation exclusivement démonstrative et non commerciale, c’est la concrétisation d’un rêve… éveillé. Un rêve d’enfant. Anne Deroy, sa présidente et organisatrice, n’a fait le lien que très récemment. Elle s’est souvenue que toute petite, elle cherchait fréquemment à « rallier les hauteurs pour aller chercher le vent », dont la caresse lui offrait l’apaisement. Sa passion pour le cerf-volant (kite, en anglais) n’est venue que bien plus tard, quand elle était déjà adulte. Mais il y a un dénominateur commun : le souffle d’Eole. « Je ne cherche qu’à mettre du vent dans la tête des gens, à les inciter à lever le nez en l’air ». A leur offrir à eux aussi, petits et grands, une part de rêve éveillé. En partageant une passion pour un sport méconnu en Belgique, mais populaire chez nos voisins et, depuis toujours, en Asie, « où l’on fait voler n’importe quoi ». Car Anne Deroy l’affirme : il s’agit bien d’une discipline sportive. Même si l’on ne manipule qu’une petite voile de base, lourde et maladroite. Et croyez-là, cette véritable boule d’énergie positive sait de quoi elle parle. Le cerf-volant, c’est toute sa vie : elle
en est devenue l’une des meilleures spécialistes belges. « Même avec un seul fil, on est toujours en mouvement, en éveil, toujours occupé, à reprendre ou donner du fil, à anticiper le vent… On est en tension ».
Un décrochage total
Sa voie (lactée) n’était pourtant pas toute tracée. C’est une passion arrivée sur le tard, sûrement pas par hasard. Anne a dû arrêter l’école pour raisons familiales. Elle s’est rattrapée par la suite avec une formation en micro-informatique qui lui a ouvert des postes dans différentes grosses sociétés où elle ne trouve pas son bonheur, mais il faut bien vivre. C’est la rencontre avec un passionné de cerf-volant acrobatique (à deux fils) qui éveille sa curiosité. Son ami l’aide à fabriquer sa première voile, qu’elle emmène en vacances « comme on emporte un frisbee, un simple objet de plage ». Mais voilà : le déclic se produit. « Une sensation fabuleuse ». Ce qu’elle a ressenti ? « Impossible à décrire. Je suis partie dans un incroyable ballet, une partie de cache-cache avec le vent… Le décrochage total. La preuve : quand vous vous mettez à penser à quelque chose, la voile tombe ». A l’époque, Anne Deroy travaille pour Caméléon, le pionnier des méga ventes privées textiles. C’était le rush. « Tous les trois jours, il fallait que je m’évade, que je trouve un endroit dégagé pour aller faire voler mon cerf-volant pendant une heure. C’était ma façon à moi de faire le vide, de décompresser. Seule. Avec mon oiseau à deux fils ». C’est là que tout a vraiment commencé. Mordue, la jeune femme se rend compte à quel point ce loisir est peu pratiqué en Belgique, hormis sur les plages, avec un matériel qui tient surtout du joujou pour enfants. « On ne vendait de cerfsvolants que dans les magasins de jouets. Pas facile de trouver du matériel de rechange. Vous n’imaginez pas la frustration quand une baguette est cassée et que vous n’avez pas de quoi la remplacer ». D’où l’idée d’ouvrir un « lieu d’échange et d’infos » pour disciples d’Eole qui, très vite, devient un magasin spécialisé, au cœur de Bruxelles. « Il fallait bien payer le loyer ». Ce n’est pas l’argent qui la motive, pas plus aujourd’hui qu’à l’époque. « D’ailleurs, cela ne rapporte pas ». Non, ce qu’Anne Deroy cherche, ce qui lui tient à cœur, c’est le partage. Avec
le plus grand nombre. « En France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, ce sport a ses lettres de noblesse. Il fallait essayer de le populariser en Belgique ». Reconnaissons que l’engouement en Europe est récent, alors que cet art se perd dans la nuit des temps chinois, d’où il a essaimé vers le reste de l’Asie avant d’être importé en Occident par les colons anglais. « Dans de nombreux pays, le cerf-volant est intégré à la culture. On en trouve des usages étonnants ». En Indonésie, il est un instrument de pêche, l’hameçon traînant au bout d’un fil. Au Japon, des guerres ont cédé la place à des concours du plus gros cerf-volant, avec un fleuve ou une terre pour enjeu. Mais le cerf-volant acrobatique, celui que le cerf-voliste pilote avec adresse, est sans conteste venu d’Inde, où est sont nées les techniques de combat. « Les villageois se postaient sur les toits avec de petits cerfs-volants très agiles dont les fils étaient enduits de poudre de verre. Celui qui parvenait à cisailler le fil de son adversaire l’emportait. Et les enfants qui récupéraient la voile égarée gagnaient le droit de combattre à leur tour »… Les Britanniques l’ont importé, le cerf-volant a commencé à se répandre voici 25-30 ans. Puis certains fabricants de voiles ont surfé sur la vague et proposé des modèles plus robustes, légers, agiles que les jouets traditionnels. Un nouveau sport est né.
Jump, kite et buggy
Il se pratique avec des cerfs-volants à deux ou quatre fils – « avec ceux-là, vous pouvez suivre quelqu’un, lui tapoter l’épaule à plusieurs dizaines de mètres de distance et avoir disparu avant qu’il se retourne ». Puis sont arrivées les voiles dites de traction, dont l’avatar ultime est le kite-surf, mais qui existent aussi en version « jump » (au sol, extrêmement dangereux) et « buggy » (comme un char à voile mais tiré par un cerf-volant). Un buzz. Anne Deroy l’avait anticipé. Dès 1995, sa passion l’a conduite à organiser un week-end de démonstration et d’initiation sur une plage de Knokke, côté Zoute, qui eut son petit succès. « J’étais allée chercher une quarantaine de cerfs-volants en Allemagne pour les faire essayer gratuitement à tout un chacun. Je n’avais ni sponsors, ni financements ». L’idée lui vient alors d’associer l’art tout court à celui du cerf-
volant. Elle convie une série d’artistes à se servir des voiles comme de toiles volantes. La vocation artistique de Knokke fait le reste : son bourgmestre, Leopold Lippens, a été tellement séduit qu’il a confié à Anne Deroy le soin de pérenniser l’aventure sous forme d’un festival. Il célèbrera bientôt sa quinzième édition… sur la plage même où il a vu le jour, après avoir volé entre le Zoute et Heist. Entre-temps, Anne a été contrainte de fermer son magasin, à cause d’une associée fantasque. En marge du festival, elle s’est longtemps investie dans différentes formes d’animations, notamment dans le cadre d’incentives en entreprises, à l’époque où c’était la grande mode. Mais il n’était pas question d’en vivre. « Pourtant, nous n’avons jamais eu de difficultés à trouver des partenaires, tant il s’agit d’une activité connotée positivement, avec une forte image écologique, non polluante. Mais les sponsors veulent tout, et moi j’ai toujours voulu préserver le caractère non commercial de la manifestation. Qui n’a d’autre but que de faire connaître les multiples facettes du cerf volant, à travers des démonstrations, des initiations, des infos, des parcours didactiques, etc. ». La ville de Knokke-Heist, elle, est toujours fidèle et investie. Et Anne Deroy, lasse de se battre avec des sponsors trop gourmands, s’est associée avec Antoine Gheysens (Billy Kite), l’un des grands spécialistes belges du kite-surf, pour organiser désormais l’« International Kite & Wind Festival » au Riverwood Beach Club, rendez-vous bien connu des jeunes, des sportifs et des amoureux de la nature et du vent, avec les dunes du Zoute en arrière plan. L’édition 2010 s’annonce encore plus riche et fréquentée que les précédentes et les 400 initiations au kite offertes trouveront très vite preneur, à n’en pas douter. Qui sait, peut-être même est-ce un nouveau départ professionnel pour Anne Deroy. Elle est de plus en plus sollicitée pour organiser des ateliers didactiques et même des cours dans les écoles et les maisons de jeunes, pour animer des sites, organiser des spectacles aériens… Après des années de bonheur mêlé de galère, confie-t-elle du haut de ses 45 ans joyeux, « je me demande pour la première fois si je ne vais pas en faire un métier ».
Philippe Berkenbaum « Passport to Heaven », Riverwood Beach Club, les 25 et 26 septembre 2010. www.passporttoheaven.be
Dossier Informatique : Embaucher d’anciens cybercriminels ? Pas de ça chez nous, s’insurgent les professionnels. « Nous demandons un certificat de bonne vie et mœurs, assure Jacques Godet, Chief Information Officer et responsable de Information Technology. D’autres employeurs font même des enquêtes de moralité.» Impossible pour un cabinet de se permettre de douter de la probité de ses ouailles. Personne ne ferait inspecter ses serrures par une entreprise qui recrute des cambrioleurs. Dans la sécurité informatique, on embauche donc des hackers, c’est-à-dire des bidouilleurs informatiques talentueux. Mais pas des cybercriminels. Les deux communautés s’affrontent. Les White Hats et les Black Hats. Chapeaux blancs versus chapeaux noirs, forces du bien contre forces du mal, comme dans les comics américains. Pourtant, certains ne s’embarrassent pas de ces principes et quelques recrutements médiatisés sentent le soufre.
Hollywood business
Récemment, François Cousteix, responsable du piratage du compte Twitter de Barack Obama, était embauché par la société Rentabiliweb. Un an plus tôt, Owen Thor Walker – 18 ans et 20 millions d’euros de dégâts à son actif - se voyait proposer un job par une compagnie de télécommunication néo-zélandaise. « Dans les deux cas, il s’agit d’une opération de communication, et pas d’un
Virus, vers, chevaux de Troie, logiciels-espions, « phishing » (hameçonnage)... La créativité des cybercriminels dope les exigences en matière de sécurité informatique. Et ouvre la voie à de nouvelles niches de recrutement.
Pirates Wanted !
recrutement », rage Samy, habitué d’un club de hacking bruxellois, qui en a marre d’être « victime du sensationnalisme ». A noter que le légendaire pirate Kevin Mitnick, qui a inspiré à Hollywood le film Takedown, dirige aujourd’hui sa propre société de sécurité informatique, Defensive Thinking. Alors que l’informatique à papa est devenue une gigantesque industrie, le bricolage en solo n’est plus de mise. Les cybercriminels sont passés des simples escroqueries, comme le piratage des numéros de carte bancaire, à des campagnes d’espionnage sophistiquées touchant grandes entreprises internationales et entités gouvernementales. « Les virus sont rarement la création d’un petit génie autodidacte, mais bien plus souvent d’un réseau criminel », assure Christophe Briky, expert en sécurité informatique et réseaux chez Belgacom. D’un autre côté, il est désormais possible de se former comme hacker sans passer du côté obscur. De brillants éléments fréquentent les hackerspaces, des clubs ouverts où l’on peut échanger, des conférences et des concours de hacking permettant de juger ses capacités offensives sans tout casser. C’est le cas de Black Hat et de la Defcon à Las Vegas - dont la 18e édition vient de s’achever -, où les « hackers » américains ont désormais plus de chance d’en repartir avec un contrat d’embauche qu’avec des menottes.
« On peut avoir des compétences sans avoir jamais commis de crime informatique », analyse Christophe Briky. « Et ce n’est pas parce que je sais crocheter une serrure que je sais en fabriquer une plus sécurisée », renchérit Jan De Blauwe, responsable Sécurité Informatique et & Risk Management chez BNP Paribas Fortis. Peu convaincu par cet argument, le responsable de la sécurité informatique d’un grand groupe belge relativise l’angélisme ambiant. « Il y a une hypocrisie. Dans notre microcosme, certains ont fait du crack de logiciel, d’autres sont allés là où ils n’auraient pas dû. J’ai moi-même décroché mon contrat après avoir publiquement mis à sac la sécurité informatique de mon actuel employeur ». Et de poursuivre : « Des gens comme ça, il y en a dans tous les cabinets de sécurité informatique. Parce qu’ils ont les capacités et la curiosité indispensables. C’est bien beau de dire que l’on n’embauche que des personnes clean, mais le certificat de bonne vie et mœurs est finalement la preuve de qualité du hacker. Car il ne s’est jamais fait prendre. En revanche, une fois embauchés, c’est tolérance zéro ».
Hacking éthique
La ligne à ne pas franchir est plus éthique que juridique. La prime au voyou ne concerne que les Robin des bois du Web. Avoir causé des dommages ou monnayé des services illégaux, c’est être perdu
pour la cause. A l’inverse, d’autres pratiques, bien qu’illégales, sont regardées avec une certaine bienveillance, voire un intérêt marqué. Identifier des failles dans des systèmes sans y avoir été invité; prévenir leur propriétaire et laisser le temps de réparer avant de publier sa découverte ; décoder le fonctionnement d’un logiciel protégé. « Il y a une zone grise. La plupart des hackers finissent par créer leurs propres entreprises, spécialisées dans les services de sécurité pour les entreprises globales. Les organisations font appel à eux pour la gestion, la surveillance et le support de leurs plates-formes de sécurité », résume Jan De Blauwe. En d’autres termes : ces sociétés sont payées pour pirater et déceler les failles informatiques de leurs clients. Une forme de « hacking éthique », où s’engouffrent justement les Grey Hats. Des entreprises commencent même à valoriser ce hacking. « Microsoft a beaucoup évolué et cite dans ses bulletins de sécurité les personnes qui ont identifié la faille », fait remarquer un expert. Quant à la Fondation Mozilla, elle récompense de 3.000 dollars (2.300 euros) les petits malins qui repèrent des problèmes dans ses logiciels. L’ Amérique reconnaît aux superhéros le droit à une part d’ombre. En Belgique, on n’en est pas encore là, mais le statut de hacker se conforte. Car les meilleurs d’entre eux valent de l’or. Rafal Naczyk
Les sociétés sont piratées par leurs propres salariés On n’est jamais trahi que par les siens. Tel est le principal enseignement du rapport 2010 sur la sécurité informatique des entreprises américaines, élaboré par l’opérateur de télécommunications Verizon en partenariat avec les services secrets américains (département de la Sécurité intérieure). Sur les 141 cas de vol de données informatiques recensés en 2009, près de la moitié (49 %) sont le fait d’individus internes aux entreprises. Soit un bond de 26 % par rapport à 2008 ! La récession économique de 2009 n’est pas étrangère à cette envolée. Fins de mois difficiles, rancœur contre des entreprises qui gèlent les salaires, licenciements... Un nombre croissant d’administrateurs de systèmes d’information n’hésitent plus à vendre mots de passe et autres codes d’accès au réseau informatique de leur entreprise à des organisations criminelles. Il faut dire que ces dernières recourent de plus en plus au « social » pour parvenir à leurs fins. Si elles continuent d’élaborer des logiciels malveillants afin de capturer les données sensibles des entreprises, elles tendent à user de pratiques plus subtiles, comme l’intimidation et la subornation d’employés ou d’anciens salariés, de préférence des responsables informatiques
et des cadres haut placés, ayant gardé leurs codes d’accès. À noter qu’en 2009, le secteur d’activité qui a subi le plus grand nombre de vols de données est la finance, avec 33 % du total. C’est également le secteur qui a payé l’un des plus lourds tributs à la crise, avec des licenciements en masse...
Renforcement des sanctions
Au total, le nombre de données volées à des entreprises américaines a pourtant chuté de 50 % en 2009. Un plongeon que Verizon attribue notamment au renforcement des sanctions contre les cybercriminels. L’un des plus célèbres pirates informatiques d’outre-Atlantique, Albert Gonzalez, a écopé de 20 ans de prison en mars dernier, pour avoir, entres autres, dérobé 40 millions de numéros de cartes bancaires en pénétrant illégalement dans le système d’information de la chaîne de magasins TJX. Les vols de données informatiques pourraient encore diminuer sensiblement si les entreprises se montraient plus vigilantes, soulignent les auteurs du rapport. Dans 4 % seulement des cas, le piratage des
données n’aurait pu être empêché que grâce à des systèmes de protection complexes et coûteux. Et la plupart des sociétés ne se découvrent victimes de vols qu’au bout de plusieurs mois. L’examen des rapports d’activité informatique des salariés est chronophage, mais utile. D’autant que les salariés « pirates » ont généralement un passif assez lourd, selon l’étude : avant d’en arriver à vendre les données de leur entreprise, ils étaient des habitués de pratiques moins graves, comme le surf sur des sites R.N. interdits.
Parole
Jacques Godet, Chief Information Officer et responsable Information Technology chez BNP Paribas Fortis
« Nos réseaux sont constamment sous attaque »
« La banque est un domaine extrêmement sensible et prioritaire en matière de sécurité informatique. C’est là que les attaques sont les plus évoluées. Les établissements bancaires l’ont compris depuis un ou deux ans, à la lumière de cas d’espionnage assez graves. Certaines banques en ont fait les frais. Mais nul n’est épargné : on pourrait croire que cela ne se passe que dans les films d’espionnage, mais nos réseaux sont constamment sous attaque. La sécurité informatique relève autant de la discipline des clients, de l’éthique de tous nos employés que du degré d’expertise et de la vigilance de nos professionnels. Les institutions bancaires comme la nôtre mettent en place d’énormes services, qui mobilisent 24 heures sur 24 un personnel très nombreux. Une banque de taille moyenne peut compter une centaine de décideurs spécifiquement dédiés à la sécurité informatique. Le principal volet de la sécurité informatique bancaire concerne le système de cryptage des transactions, qui assure le chiffrement, la protection et l’authentification de celles-ci. Sur une année, notre banque dédie 20 millions d’euros à la sécurité informatique et la gestion des risques. »
La protection des données de l’entreprise est au cœur de toutes les préoccupations : éviter les piratages et la perte de données est capital. Le rôle de l’ingénieur des systèmes d’informations permet d’offrir aux entreprises ces garanties. Il est en effet chargé d’étudier les systèmes de protection en place, d’évaluer leur vulnérabilité et de préconiser des solutions adaptées qui permettront à l’entreprise de se protéger du piratage des données stratégiques, de la défaillance des systèmes ou de l’intrusion de virus. « Un ingénieur Sécurité Informatique doit assurer l’organisation, l’administration, la gestion, la promotion, la veille technologique dans le domaine de la sécurité, de la confidentialité et de l’environnement. Ses responsabilités comprennent la détection, l’information et le traitement des alertes de sécurité », explique Christophe Briky (Belgacom). Il participe aux études visant à implémenter et à rechercher les solutions de sécurité les plus appropriées par rapport à l’analyse de risques. Il assure des audits et des contrôles sur mandat du RSSI. « Il doit non seulement contrer et anticiper les nouveaux risques, mais aussi respecter les contraintes juridiques », souligne Christophe Briky. « Sa bonne connaissance du business est un must, dans la mesure où il doit concevoir des solutions pour les clients et interagir avec d’autres acteurs de l’entreprise », explique Jan De Blauwe (BNP Paribas Fortis). Et Christophe Birky de souligner : « En règle générale, on recherche des informaticiens expérimentés ayant une connaissance «terrain» du développement système et de l’administration de réseaux. Mais il peut aussi arriver que l’on recrute de jeunes diplômés de très haut niveau, spécialisés dans le domaine de la sécurité ». Rattaché généralement au directeur des systèmes d’informations, il peut envisager une évolution de carrière vers un poste à responsabilités au sein de la direction des systèmes d’informations ou de la direction informatique. Son salaire annuel varie de 35.000 à 70.000 €/ an. RN
60 75
En chiffres
C’est mon Job
Ingénieur Sécurité informatique
milliards de dollars, c’est le marché de la sécurité informatique en 2009. Un business qui devrait croître de 12 % par an entre 2010 et 2013.
%
des entreprises disent avoir été cyberattaquées en 2009. 41 % jugent que ces attaques ont eu un effet notable et 42% y voient le risque le plus important, devant le crime traditionnel, les catastrophes naturelles ou le terrorisme.
Les acrostiches du créateur d’entreprise (8/8) Chaque semaine, durant l’été, Références livre aux jeunes entrepreneurs en herbe le conseil spécifique d’un expert sous la forme d’un acrostiche. Pour qu’ils puissent mettre toutes les chances de leur côté.
C’est le moment de vous lâcher !
Geneviève Smal
est (trans) formatrice. Dans ses séminaires comme « la stratégie de l’audace », « l’esprit de répartie » ou « la prise de parole en public », elle met son Premier Prix de Conservatoire en Arts de la Parole au service de « ceux et celles qui veulent aller plus loin ».
Amour Votre projet n’est pas
seulement le produit ou service qui va correspondre à un besoin mais aussi et surtout celui qui vous « prend au corps ». Commencez par répertorier ce que vous aimez, ce que vous faites avec passion. Pensez qu’on se fie davantage aux passionnés. Jamais vous ne pourrez confier votre enfant à une puéricultrice qui rêve de devenir coiffeuse ou votre voiture à un garagiste qui ne pense qu’à être boulanger.
Utopie Rêvez, voyez le monde en grand, oubliez un instant la ratio-
nalité, et laissez votre esprit vagabonder. Vous aurez bien le temps d’avoir les pieds sur terre plus tard. Votre projet doit prendre beaucoup d’ampleur dans votre tête, voire de la démesure. Et pensez à écrire ces idées folles sur papier. Ca risque de vous faire bien rire dans cinq ans, quand vous aurez atteint (et dépassé) ces objectifs alors qu’à l’époque vous pensiez que c’était du « n’importe quoi ».
Détermination Au boulot !
Plus votre objectif est clair plus vous avancerez rapidement. A chacun sa manière, mais coucher
sur papier ce que vous souhaitez vraiment est un bon début. Pas besoin de remplir des pages, dix lignes suffisent. Clair, concis, vous avez tout sous les yeux, vous pouvez démarrer. Ne lâchez pas votre objectif du regard. Il prendra certainement une autre couleur au fur et à mesure de votre avancement, mais vous devez être résolu à l’atteindre.
Attitude Le premier secret de la réussite, c’est de faire… « comme si » on avait déjà réussi. Redressez la tête, votre démarche est assurée, votre discours est clair
Mode d’emploi
et précis. Ce n’est plus le moment de minauder et de faire preuve d’excès d’humilité. Sans devenir arrogant, vous pouvez donner de vous une image fière et convaincante.
Culot Si vous avez été sage et raisonnable toute votre vie, c’est le moment de vous lâcher. Reprenez votre morceau de papier avec vos « idées folles » et dites-vous que vous allez les concrétiser une à une. Vous avez maintenant l’attitude ad hoc, vous savez vous vendre, et comme vous êtes déterminé, rien ne vous arrêtera.
Vous ne risquez qu’un « non » de temps en temps. Rassurez-vous : on y survit !
Energie « Travaillez, prenez de la peine… » Le Riche Laboureur l’a dit avant moi. Ne renoncez pas trop vite, cherchez autour de vous les personnes et structures qui peuvent vous aider, suivez des formations, développez votre réseau… Votre réussite dépendra surtout de l’énergie que vous lui accorderez. Une seule chose est sûre : vous ne le regretterez pas ! Recueilli par LF
www.si-trouille.com
References.be change de peau ce samedi 4 septembre. Notre site, qui combine depuis de nombreuses années recrutement en ligne, infos carrière et outils spécifiques au marché de l’emploi, se réinvente une fois encore pour plus de facilité et d’efficacité !
References.be
Le nouveau pour encore plus de résultats Le concept MyPage s’étend au site entier! Les internautes avaient déjà l’occasion de gérer leur cv en ligne et de recevoir des jobs en fonction de leur profil. Cette idée est étendue à l’ensemble du site: résultats des tests et outils, commentaires… Les candidats peuvent désormais gérer l’ensemble des infos qui les concernent.
Lorsque notre équipe s’est mise au travail afin de définir les contours du nouveau site, le mot d’ordre était triple: offrir un service plus rapide, plus personnalisé et plus intelligent. Même lorsqu’il s’agit de décrocher un emploi, l’internaute qui doit gérer une surabondance d’infos n’a pas de temps à perdre. C’est exactement pourquoi references.be entend en faire gagner à son million de visiteurs uniques mensuels ! (*) Vous découvrirez le résultat de vos propres yeux dès ce samedi 4 septembre. Nous vous en dévoilons ici les grandes lignes.
Moteur de recherche hyperintelligent
La recherche approfondie d’un job offre de nouveaux services uniques: système de cote pour les critères jugés pertinents par le candidat; recherche en fonction de la durée du trajet domicile-travail (en temps et non en nombre de km uniquement), aperçu automatique du nombre de jobs correspondant et des critères de recherche personnalisés, wizards…
Avec une offre de près de 10.000 jobs, le moteur de recherche nouvelle génération de references.be applique à la lettre la notion de matching. Tout d’abord, votre recherche d’un nouveau job s’effectue en cascade via une recherche par mots-clés et synonymes. Les résultats seront donc plus complets. Ensuite, si le candidat le souhaite, il pourra effectuer une recherche horizontale et verticale. Le candidat ambitieux se verra proposer des fonctions qui lui permettent de gravir un échelon supplémentaire dans sa carrière, tout comme d’autres fonctions dans des domaines associés. Enfin, les internautes pourront établir un classement des critères les plus importants à leurs yeux lors d’une recherche. Vous désirez que les termes « responsable de production », « secteur de l’énergie » ou encore « Liège » aient un poids plus important lors de chaque recherchée ? A vous de jouer !
Contenu rédactionnel riche
En plus d’offrir des milliers de postes vacants aux candidats, references.be dispose également d’une rédaction dynamique. Son but ? Faire de notre adresse « la » référence en matière de conseils carrière, d’analyses, d’infos juridiques, de ressources humaines, d’idées et débats sur le marché de l’emploi. L’info sur references.be se décline de diverses manières: dossiers, articles, sondages, question/réponse, témoignages, portraits, interviews… Chaque jour, vous y trouverez de nouvelles infos pertinentes. Venez visitez references.be, il y a certainement un job L’équipe de references.be pour vous!
(*) Chiffres pour le mois de juin 2010. www.references.be
En plus de nombreuses nouvelles fonctionnalités, references.be se veut également au top du design Internet. Contenu rédactionnel, outils, services et offres d’emplois ont été repensés dans un site stylisé, chaleureux, pro et efficient. Nous proposons un surf 100% intuitif et agréable.