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Design your career

Troubles musculo-squelettiques, pathologies professionnelles, burn-out, suicides… Face aux dégâts du management par le stress, votre magazine Références prend le contrepied et met l’accent sur le bien-être au travail. Cet été, nous épinglerons des initiatives positives, parfois surprenantes par leur simplicité… Pour en finir avec la souffrance au boulot.

Bien-être au travail (4/6) BKCP On ne vantera jamais assez des bienfaits du sport sur la santé. Et qui dit bonne santé dit aussi… meilleures performances, tant physiques que mentales. La banque BKCP a lancé pour ses employés des cours de « pilates » et de gym. Performance accrue ou pas, l’initiative semble en tout cas en motiver plus d’un(e).

plus temporaire, mais en tout cas assez pour en ressentir les effets sur sa performance au travail. Au vu de ces chiffres, nul doute qu’un peu plus de sport ne nous ferait pas de tort. Convaincue de l’influence d’une vie saine sur les performances personnelles et professionnelles, Valérie Lahaut, sémillante trentenaire, responsable marketing de la banque BKCP, a fait preuve de spontanéité : « Je suis entrée dans cette fonction il y a 7 mois. J’ai rapidement réalisé qu’il n’y avait pas de plan structuré pour promouvoir le bien-être dans l’entreprise.» Sans tergiverser, elle décide de convaincre sa hiérarchie d’organiser des séances de gym et de pilates pour les employés. Au départ de cette aventure, un constat de base : la vie de bureau est sédentaire, statique et parfois stressante. « La plupart d’entre nous sont assis pendant toute la journée, le dos courbé, les yeux rivés 8 heures par jour sur leur écran d’ordinateur. Et puisque nous sommes une petite banque, chacun travaille de manière polyvalente, en mode multitâches », observe Valérie. Et de souligner : « Après les heures de bureau, rares sont ceux qui ont encore du temps pour aller courir ou faire du fitness. De plus, les abonnements aux

centres sont chers.» Qui veut se ressourcer doit impérativement prendre le large pour s’offrir un moment hors du temps façon thermalisme ou cure de soins. C’est toute la difficulté de l’accès aux différents types de relaxations qui est pointé. Ils ne s’offrent qu’à ceux qui ont du temps. Et de l’argent. Or, ce sont évidemment ceux qui ont le moins de temps libre qui en ont le plus besoin. D’où l’idée d’offrir la détente au cœur de l’entreprise, à deux pas du bureau, mais à l’écart de leur agitation. Il n’a donc pas fallu longtemps pour convaincre le personnel de BKCP d’enfiler ses baskets. « Pour 2 euros par personne, les employés ont droit à une heure de cours avec un coach spécialisé », sourit Valérie. Les cours se donnent deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, de 12h30 à 13h30. Le mardi est orienté “taille-abdo-fessiers” et le jeudi davantage “pilates”. « C’est un succès énorme : sur la centaine des travailleurs du siège, 35 personnes participent régulièrement à ces activités. Ce qui représente 14 départements sur 18 », note-telle. Comme quoi l’encadrement, même le plus léger, suffit à déclencher un effet d’émulation et une dynamique de groupe puissante. Mais

cet effet sera-t-il durable ? « C’est le défi que je me lance à ce stade de l’opération : minimiser les abandons. Et étendre le choix à d’autres activités.» Si d’aventure, le programme de remise en forme instauré chez BKCP devait avoir un effet sur la performance de ses employés, cela serait davantage une performance émotionnelle qu’intellectuelle. « Je suis en effet convaincue qu’il contribue à renforcer les relations interpersonnelles et qu’il permet une certaine décrispation, témoigne la responsable marketing. Qu’il s’agisse des cours de gym ou des pilates, l’effet est incroyablement bénéfique du point de vue du team spirit et de la convivialité. » Le programme a d’ailleurs créé une sorte de communauté dans l’entreprise. « Je le constate moi-même, les sportifs constituent une sorte de mini-réseau, totalement indépendant de la hiérarchie de l’organisation, détaille Valérie Lahaut. Car parmi les volontaires, on trouve aussi bien des comptables que des commerciaux, des cadres que des employés… Cela contribue à une certaine cohésion dans l’entreprise. » Rafal Naczyk

Entretien

Photo dr

Déjà en 2007, un rapport de la Commission européenne établissait que 350 millions de jours de travail sont perdus chaque année à cause de problèmes de santé. Autre statistique : en Belgique, un quart des décès sont causés par des problèmes cardiovasculaires. Quand on sait qu’un de nos compatriotes sur cinq souffre d’excès de cholestérol et que près d’un tiers des Belges présente un surpoids, cela surprend moins. Et pour couronner le tout, un Belge sur deux se dit stressé, de manière chronique ou

fait sourire les corps

« On ne sait plus pourquoi on travaille »

Patrick Mesters, médecin neuropsychiatre et intervenant en entreprises, spécialiste du burn-out à l’European Institute for Intervention & Research on Burn-out. Comme nombre de ses collègues, Patrick Mesters a constaté une aggravation de la problématique du burn-out, de la consommation d’alcool et du recours aux drogues au travail. À quoi attribuer l’accroissement de l’épuisement professionnel ? Les causes sont multiples. La crise joue bien sûr un rôle important. Mais d’autres facteurs déclencheurs, comme la défection du style de management, des délais irréalistes pour délivrer le travail, une ambiance de harcèlement, l’absence de formation, un encadrement inefficace, une absence de valeurs au sein de l’entreprise… conduisent aussi au burn-out. Et le risque sera d’autant plus grand avec certains profils de travailleurs. Par exemple, les personnes qui éprouvent des difficultés à dire non ou qui manquent d’assertivité. Les salariés souffrent

surtout d’un manque de reconnaissance au regard des efforts fournis et des sacrifices de temps consentis. Le mal-être fait irruption dans une vie où le sens du métier exercé a disparu ou a été perdu de vue : on ne sait plus pourquoi on travaille. Le désarroi est amplifié lorsque l’entreprise ou l’organisation défend des valeurs en contradiction avec celles de l’employé, lequel entre en rupture et en dissonance intérieures. Quels sont les risques pour l’entreprise ? Si les effets du stress sont ravageurs pour les salariés, ils le sont pour l’entreprise en termes de coût mais aussi d’image, comme en témoigne la couverture médiatique des suicides intervenus chez PSA ou Renault. Les employés s’absentent de plus en plus, tombent malades. Le stress est la principale cause d’absence pour maladie, via les troubles musculo-squelettiques. Un problème grave qui coûte cher à l’entreprise mais aussi à la collectivité. Le coût qu’engendrent les arrêts maladie est une conséquence invisible.

Un arrêt coûte à l’entreprise, si l’on englobe les dépenses de remplacement, environ 2,5 fois le salaire de l’employé. Mais ces conséquences sont ignorées car encore peu chiffrées. Comment prévenir efficacement ces dérives ? Il convient de développer la résilience, c’est-à-dire la faculté de rebondir. Au niveau des individus, il faut avant tout accepter les faits et accepter d’être aidé. Au niveau de l’entreprise dans son ensemble, il faut replacer l’individu au sein de son métier et dans la hiérarchie, mettre en place une forme de management plus participative que directive. L’enjeu est de favoriser le processus de développement de l’autonomie. La prise de conscience de dirigeants et managers et leur formation au management participatif type manager-coach, est cruciale. Le rôle du manager n’est alors pas de guérir du burn-out mais de le détecter.

Propos recueillis par RN


Les acrostiches du créateur d’entreprise (4/8)

Faites preuve de conviction C

Bernard Jouan

est Directeur Retail & Private Banking de la Zone de Liège au sein de BNP Paribas Fortis. En lien avec sa politique d’encouragement des initiatives et nouvelles idées, la banque a récemment coorganisé un programme d’accompagnement à la création d’entreprise.

onvaincre un partenaire financier ? Rendez votre projet unique et incontournable : dans son concept, son approche commerciale, ses modes de production ou son mode de distribution…

O

rganisation Votre partenaire financier attend de vous un plan d’affaires structuré, précis dans son approche, son étude, sa mise en place et son « industrialisation ». Vous devez être en mesure de répondre à toutes les questions, même les plus pratiques. Comme par exemple : comment sont réparties

les tâches administratives et commerciales ? Qui sont vos concurrents ? Comment allez-vous prospecter, vous faire connaître et augmenter votre clientèle ? Qu’avez-vous prévu en termes de contrôle interne ?

N

’hésitez pas à vous remettre en question. Soumettez vos idées à des tiers. Posez-vous des questions déroutantes : Achèteriezvous votre produit ? Etes-vous convaincu par votre concept ?

V

ision Ayez des ambitions à long terme. Comment voyez-vous votre entreprise dans 3 ans, dans 5 ans ? Quels sont vos objectifs

stratégiques ? Quelles actions allez-vous entreprendre pour les atteindre ? Comment allez-vous mesurer votre performance ? Et votre positionnement dans l’entreprise : comment l’envisagezvous, au démarrage et au fur et à mesure de votre progression ?

I

nnovation Repassez chaque année par la case « création » afin d’être dans un processus d’amélioration continue.

C

royez en votre réussite : soyez tenace et maintenez le cap devant les embûches qui ne manqueront pas de se présenter.

J’ai fait un break

Jean-Marc Tahir

Chaque semaine durant l’été, Références livre aux jeunes entrepreneurs en herbe le conseil spécifique d’un expert sous la forme d’un acrostiche. Histoire de mettre toutes les chances de leur côté.

T

alent Mettez en évidence vos dons et qualités dans la présentation et la défense de votre projet.

I

nitiatives Soyez à l’affût de nouvelles idées. Vous avez un esprit d’entrepreneur, vous devez garder un esprit indépendant.

O

sez ! Montrez-vous opportuniste. Le dicton populaire le dit : « La fortune sourit aux audacieux. »

N

ouez une relation durable et de confiance avec votre partenaire financier. Vous aurez préparé un plan financier adapté à votre projet,

avec l’aide d’un professionnel. Vous serez en mesure de l’expliquer à vos interlocuteurs. Quel sera votre chiffre d’affaires ? Les coûts sont-ils réalistes ? Dégagez-vous la rentabilité qui permet de vous octroyer une rémunération, et de financer le développement de vos activités ? Quel est votre effort propre dans l’investissement de départ ? Quel est le besoin de crédit ? Comment va évoluer votre trésorerie ? Quelles garanties offrez-vous à celui qui vous soutiendra ? Annuellement, prévoyez une ou deux rencontres avec votre partenaire financier pour évaluer la situation, et les mesures à prendre. Propos recueillis par L.F.

Qu’est-ce qui a fait que Jean-Marc Tahir soit passé de « chef d’entreprise qui tourne à 60 h/semaine » à « coach centré sur les métiers du cœur » ? La réponse se trouve dans son CV. Trois mots qui peuvent sembler incongrus… pour un CV d’ingénieur civil : « trois enfants, heureux ». Son break a commencé le jour où il a décidé de réorganiser sa vie autour de ses enfants. Et a entraîné, par la même occasion, un grand changement professionnel.

Photo dr

« J’ai quitté mon entreprise pour devenir “maman” » Jean-Marc Tahir a déjà créé plusieurs sociétés. Il a notamment géré, pendant douze ans, la SPRL Bob Software. Avec des programmes phares en comptabilité et gestion, les affaires marchaient bien, très bien. « J’ai bossé comme un fou, sans compter les tracas qui tournaient la nuit, car l’informatique n’est pas un métier que l’on peut facilement cloisonner. » En 2000 pourtant, sa vie prend une autre couleur. « La vie fait que je me remarie et que je quitte ma société. Ma femme était enceinte. C’était une opportunité pour moi de devenir… maman. » Du jour au lendemain, cet ingénieur civil bascule de l’autre côté de la barrière : « Du type économiquement fort dans le couple, qui bosse 60 heures/semaine, je deviens l’économiquement faible, avec une femme qui travaille 70 heures/semaine et qui gagne très bien sa vie. » Au début, cette position financière est un peu difficile à assumer. « En bon “macho”, il m’a fallu un an ou deux pour accepter », explique-t-il. En revanche, il découvre sa nouvelle casquette d’homme au foyer avec un grand bonheur. Et plonge dans un tout autre univers. « Je passais dans l’énergie féminine à 100 %. Me retrouver avec toutes les mamans à la sortie de l’école était pour moi un privilège. » Pendant quelques années, sa vie va s’organiser autour de sa priorité : ses enfants. « J’ai toujours continué à travailler, en tant qu’indépendant, mais avec un rythme totalement calqué sur celui des enfants. Je ne prenais des missions qu’à condition d’être 100 % disponible pour eux. Les premières années, tant qu’ils étaient

Référencé par

Taxer les fortunes pour payer les pensions? L’idée d’un impôt sur la fortune est remise à l’ordre du jour. Le but? Le maintien des systèmes légaux de pensions. Si le PS et Ecolo sont favorables à la proposition, ce n’est pas le cas de la N-VA et du CD&V. L’idée d’un tel impôt revient régulièrement sur la table, mais n’a jamais été validée par un accord politique. Et vous, qu’en pensez-vous? Selon un sondage mené cette semaine sur Références.be, plus de 56% des répondants sont défavorables: près de 31% jugent cette idée ridicule et plus de 25% recommandent plutôt la souscription d’une épargne-pension individuelle. 27% estiment que ce serait une excellente solution au problème des pensions, tandis que 16% jugent cette mesure insuffisante.

Serge Dehaes

à lire sur

petits, je quittais rarement la maison. Je créais et gérais des sites internet très techniques. Je pouvais donc, après avoir vu le client, travailler pendant des mois à la maison. » Cela a duré quatre ans. Puis, l’isolement a commencé à peser. « Par contre, je n’étais plus dans une dynamique de “tête dans le guidon” et cela m’a permis de beaucoup réfléchir… » Notamment au fait que le coaching l’intéresse. Mais nous y reviendrons. Pour sortir de l’isolement, Jean-Marc Tahir va trouver du travail. Les seuls emplois de sa vie en tant qu’employé. « J’ai négocié un 4/5e où je partais tous les jours à 15h30. À l’usage, cela a fait grincer beaucoup de dents. Quand par exemple j’annonçais que j’allais arriver à 10 heures à une réunion à Bruxelles parce que je déposais mes filles à l’école, cela ne plaisait par forcément à mon employeur ni aux clients. Mais cela faisait partie de mon objectif de vie. » Ce 4/5e n’est pas toujours facile à vivre. « J’étais décalé par rapport aux horaires des autres. Par ailleurs, j’ai pu expérimenter la difficulté de porter deux casquettes. Je trouve que travailler douze heures dans la même entreprise est moins dur que de devoir porter deux casquettes dans une même journée… Ce que font d’ailleurs la majorité des femmes. » Et puis aussi, Jean-Marc Tahir a toujours eu une âme d’indépendant et le statut d’employé lui pèse. Il va donc, pendant ses soirées, se former à un autre métier : le coaching. Nouveau tournant. « Un jour, j’ai plaqué l’informatique et j’ai décidé de ne plus jamais écrire une seule ligne de code informatique. »

Et il s’y est tenu. Aujourd’hui, à 49 ans, il travaille comme coach personnel en entreprise et effectue également des missions d’orientation ou d’accompagnement pour chercheurs d’emploi. « Mon approche surprend parfois. Je suis centré à 100 % sur le métier qu’on aurait vraiment envie de faire si on avait une baguette magique et plus aucune contrainte. C’est ce que j’appelle le métier du cœur. » Jean-Marc Tahir part du principe que si l’on n’a pas l’étincelle dans les yeux, on n’a aucune chance. Dans ses entreprises, c’est lui qui créait de l’emploi. « Mais en tant que coach, je me suis demandé le sens global de mon action, c’est-à-dire en quoi le système sera gagnant puisque de toute façon les postes vacants seront pourvus ? Ma réponse est que je vais placer la bonne personne à la bonne place. La personne va donc être heureuse, et l’entreprise bénéficiera d’une personne motivée. » Si au début, sa nouvelle activité l’a contraint à quelques mois de « galère financière », cela lui a donné en même temps l’occasion d’une profonde introspection. « De faire l’inventaire des zones d’ombre dans mes caves, comme on nous y invite dans la formation en coaching. » Jean-Marc Tahir a toutes les apparences d’un homme qui exerce ses deux métiers de cœur : coach et père. Heureux. « Les 60 heures que j’ai passées au boulot, il n’en reste plus grand-chose, à part peut-être ma maison, confie-t-il. Alors que les heures passées avec les enfants… » LILIANE FANELLO www.71choix.com


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