Références Journal

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Design your career

Dans le nouveau siège social d’Accenture, les travailleurs entretiennent un rapport d’abeille à ruche avec leur lieu de travail. Nomades, ils ne viennent au bureau que par intermittence, pour des tâches concrètes, des réunions. Parfois, simplement pour décompresser…

Bien-être au travail (5/6) Comme des abeilles

dans la ruche d’Accenture « Le consultant peine à travailler dans un bureau qui l’isole : il a besoin des autres pour s’épanouir. Mais, dans le bureau paysager, son ego est écrasé, explique Veerle Dero. La ruche, elle, n’est pas hostile et ne prive pas de liberté : plus accueillante, elle est ouverte, aux clients comme aux différentes générations qui vont et viennent... Comme des abeilles qui ne tiennent pas en place.» L’abeille ouvrière est un drôle d’habitant, sortant sans arrêt butiner à l’extérieur et revenant sans arrêt au bureau, le pollen sous les pattes, pour faire son miel. « En rendez-vous toute la journée, les consultants apprécient de se “poser” au bureau, de se brancher pour consulter leurs messages ou de travailler une heure. Pour cela, pas besoin d’un bureau attitré », argue Veerle Dero. Selon elle, l’avenir est à la dépersonnalisation des postes de travail puisque leur taux d’occupation sur une journée ne dépasse pas 30 % lorsqu’ils sont affectés. « D’ailleurs, maintenant, c’est l’ordinateur que l’on personnalise avec la photo en fond d’écran, le carnet d’adresses et l’agenda électroniques. Les dossiers appartiennent à l’entreprise, pas aux salariés, ils n’ont aucune raison de les stocker dans leurs tiroirs, mais ils doivent pouvoir y accéder via l’informatique... » Après ses efforts, l’ouvrière arpente les couloirs de la ruche, fait son nid dans une alvéole et ressort prendre l’air, ne profitant

de son toit que par intermittence. La « cafèt’ » est devenue le « lounge » confortable, dont le mobilier emprunte plutôt à la maison, avec parfois juste un fauteuil, un sofa et une table. On peut y lire, y grignoter, y discuter de manière moins formelle qu’assis face à face autour d’un bureau.

« L’autoritarisme n’est plus adapté »

Les technologies et la spontanéité des mails fondent le bureau-ruche. Mail à peine envoyé aussitôt reçu : le passage à l’improviste découle des habitudes créées par la spontanéité et le caractère informel des modes de communication avec autrui. Par l’utilisation de communications harmonisées (unified communications) et de nouvelles technologies de collaboration, telles que Voice-over-IP (VoIP), Microsoft RoundTable, Microsoft Office Communicator et Telepresence, Accenture offre à ses collaborateurs une plus grande flexibilité et mobilité, permettant de travailler au bureau, à partir d’un site à distance, de chez soi ou du site d’un client. « Chacun est connecté en permanence aux applications sur les serveurs, à l’Intranet et à l’Internet. Comme sur Facebook, on peut inscrire son statut, ses disponibilités et partager des infos en direct. Ce qui évite parfois un stress et une perte de temps considérables », confie Veerle Dero. Les réseaux sociaux sont dans

« Il faut apprendre à gérer les émotions »

Ilios Kotsou, psychologue, chercheur au sein de l’unité émotion, cognition et santé de la Faculté de Psychologie à l’UCL et formateur en entreprise sur l’intelligence émotionnelle.

Au-delà des outils classiques de management, vous préconisez celui de « l’intelligence émotionnelle au service du management ». De quoi s’agit-il ? L’intelligence émotionnelle d’un individu correspond à sa capacité à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres. Un individu « intelligent émotionnellement » sait gérer ses émotions. Il est capable de les comprendre et de les maîtriser, évitant d’être submergé par celles-ci. En cas de stress par exemple, un individu utilise davantage l’intelligence émotionnelle. La productivité, la rentabilité, la compétitivité que nécessite pour les entreprise la concurrence de plus en plus vive au niveau mondial ne sont-elles pas antinomiques

des principes de management que vous recommandez ? Les émotions sont cruciales dans les relations de travail. Tous reconnaissent qu’un dirigeant pourvu d’une forte intelligence émotionnelle est un meilleur leader. En résumé, une personnalité capable de percevoir et de gérer ses émotions, ainsi que celles des autres, est plus efficace. Inspirant et motivant, ce dirigeant maintient la confiance de ses collègues et développe de meilleures relations avec ses employés. Il comprend ce que les autres ressentent et prend les mesures appropriées en conséquence. La relation entre un leader et un employé est donc positivement influencée par l’intelligence émotionnelle du leader. Ces derniers temps, on a pu assister à une recrudescence de cas, souvent très graves, de stress au travail conduisant à des actes désespérés, comment analysez-vous cela ? Que faire pour enrayer cela ? Il faut se garder de généraliser l’analyse de quelques cas isolés. Malgré tout, il semble que le manque de

le bureau-ruche, enrichissant l’aspect collaboratif. « Les stratégies d’entreprise vont à l’avenir nécessiter non seulement une collaboration plus étroite entre la base, les responsables opérationnels et la direction, mais aussi de l’écoute mutuelle, de l’intelligence émotionnelle et, surtout, la capacité à motiver les autres et à donner du sens aux actions », observe Veerle Dero. Mais cette théorie vertueuse se heurte à un obstacle de taille : l’urgence quotidienne à faire face à la réduction des coûts et à la maximisation des résultats financiers. Une course au profit qui, inévitablement, induit un mode de direction « autoritaire », que Veerle Dero juge « aujourd’hui inadapté ». Notamment en raison de l’arrivée sur le marché du travail de la « génération Y » (née après 1975), du travail collaboratif induit par le Web 2.0 et des nécessités de développer un fort esprit entrepreunarial pour susciter la créativité et l’innovation au sein des sociétés. Car, si une dose de « bon » stress peut parfois s’avérer nécessaire, une trop forte pression peut décourager - voire épuiser - des équipes. Avec le risque de voir des salariés initialement motivés s’enfermer dans un rôle de simples exécutants, devenir craintifs face à la prise de risque et se retrouver en panne d’idées. Rafal Naczyk

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Entretien

Est-ce l’effet Ally McBeal ? Tous les futurs locataires d’un immeuble demandent toujours à visiter... les toilettes ! C’est qu’après le licenciement, le déménagement de son entreprise est considéré comme l’un des plus gros facteurs de traumatisme d’une vie professionnelle. Le monde du travail est terrorisé par l’innovation dans l’organisation de l’espace : dans ce temple de l’efficacité, toute erreur est une perte d’argent. Résultat, le monde du bureau ne varie que sur le goût (des rayures ou un faux plafond), jamais sur le sens. Lové depuis un an dans le quartier Louise à Bruxelles, Accenture a tenté l’innovation avec des bureaux déterritorialisés, où chacun branche son ordinateur sur n’importe quelle table. Les employés y ont fait leur trou, au sens propre, et l’ont rebaptisé d’un petit nom plus affectueux : la ruche. Sur un unique et immense plateau, des bureaux nomades, des alvéoles intimes pour nicher les conversations téléphoniques, des nids collaboratifs pour les réunions de groupes, des espaces conviviaux, une cuisine ouverte avec des paniers de fruits. Un lieu intermédiaire entre bureau individuel, trop isolant, et open space, trop bruyant et impersonnel. « Le consultant a besoin d’être materné...», justifie, goguenarde, Veerle Dero, responsable recrutement Belux chez Accenture. Ce n’est alors plus l’architecture, la pièce ou les cloisons qui organisent l’espace, mais le travailleur.

soin apporté à ce que vivent les personnes, à leurs peurs, à leurs doutes, à leur manque de reconnaissance, aux difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie privée, est sans doute une des causes de ce que nous observons aujourd’hui. La solution n’est pas unique, elle est globalement dans la conviction d’une relation désormais osmotique entre la vie privée et le travail, dans une attitude d’écoute et dans la mobilisation de tous, dirigeants et employés pour faire tomber les derniers tabous-verrous... Après des années de paternalisme, puis d’antipaternalisme, il faut sans doute de l’audace pour trouver de nouveaux modes de relation entre l’entreprise et ses salariés et entre les salariés eux-mêmes. Le capital humain est une part de plus en plus importante de la valeur de l’entreprise et si l’on n’en prend pas soin, la prochaine Propos recueillis par R.N. crise sera celle du capital humain.


Les acrostiches du créateur d’entreprise (5/8)

Cultivez votre rentabilité R Philippe Tailleur

est actif dans le monde informatique depuis près de 25 ans. Fondateur de plusieurs sociétés, cet entrepreneur dans l’âme est actuellement le CEO de la filiale BeLux du groupe Sage.

avivez la flamme du temps où vous jouiez au « magasin ». La rentabilité n’est, en effet, pas qu’une affaire de sous, de calculs et de balances… Elle doit avant tout vous amuser ! Il est très excitant de se donner les moyens de ses ambitions et le fait de “gagner de l’argent” n’est pas secondaire, vulgaire ou encore embêtant. C’est l’essence même de l’entreprise et la condition sine qua non de la continuité de votre projet de vie !

E

Américains nomment de façon très imagée le « stade du garage » est souvent le meilleur terreau d’une affaire florissante.

ntourez-vous d’expertscomptables et de conseillers fiscaux compétents. C’est un ingrédient important de votre réussite.

A

N

’imaginez pas que vous êtes le seul à vouloir réussir. Analysez le marché, les filières, les produits et les services concurrents. Demandez à vos prospects et fournisseurs ce qu’ils attendent de vous et à quel prix, afin de développer la meilleure marge possible.

T

hink big, start small ! Ayez de grandes ambitions mais ne perdez pas le sens des réalités. Ce que les

utomatisez les tâches les plus rébarbatives afin de vous concentrer sur ce qui vous rapporte vraiment : l’optimisation de vos processus et le service à vos clients.

B

âtissez les fondements d’une “gestion pilotée” en gardant à l’œil les indicateurs de votre rentabilité. Des entreprises très saines peuvent couler parce qu’elle ont été trop peu attentives aux mauvais payeurs et à l’état de leurs propres liquidités.

I

Chaque semaine durant l’été, Références livre aux jeunes entrepreneurs en herbe le conseil spécifique d’un expert sous la forme d’un acrostiche. Histoire de mettre toutes les chances de leur côté.

nstruisez-vous ! Un entrepreneur informé en vaut deux… Lisez les pages économiques et financières, documentez-vous sur le Web et auprès des personnes compétentes. Suivez des formations en gestion le soir ou à distance.

L

a crise est une période idéale pour se lancer ! Les infrastructures sont moins chères, la maind’œuvre est plus disponible et le marché est plus que jamais à la recherche d’innovations.

I

nvestiguez les opportunités d’aides. Des subsides publics,

primes et avantages fiscaux, au “Capital Risk” en passant par les banques, les “Business Angels“, les centres de compétence, les pépinières d’entreprises et autres incubateurs, la Belgique est un pays de cocagne pour celui qui veut entreprendre à moindre coût.

T é

ravaillez beaucoup et en vous levant tôt...

tablissez des relations étroites avec vos premiers clients. Leur fidélité est la garantie de votre pérennité car il est plus ardu et donc plus cher de gagner de nouveaux clients que de prendre soin des existants.

Propos recueillis par L.F.

J’ai fait un break

Fanny Mohr et Geoffroy Lhoest

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Créer à deux

Quand l’un doute, l’autre booste. Quand l’un reprend des études, l’autre assure en travaillant… Impossible de parler du break de Fanny Mohr sans parler de celui de Geoffroy Lhoest. Et vice versa. Le couple a un projet. Et pour y arriver, il est bien décidé à faire autant de breaks et de concessions que nécessaire. A croire que le double Y achevant leurs prénoms respectifs est le nouveau chromosome des créateurs…

e References.b ation iPhone. er une applic Belgique à lanc er? Rien de plus simple: t océd Comment pr rement gratui ment est entiè le télécharge e/iphone. Entrez ensuite .b via References cherche sur l’application, re de s re itè cr s r mesure avec vo res de jobs su tion, posez off s de z ve nc rece fo la de ée taill description dé e et visualisez immédiaur votre candidat où se situe l’entreprise et it tement l’endro y accéder ! Les candidats ur l’itinéraire po r emploi touront leur futu ’ils soient. intéressés au où de main, qu jours à portée

Les affinités ne font aucun doute…

Geoffroy a un parcours scolaire qui attire l’attention sur un cv. Disons qu’il s’est cherché longtemps : des études d’architecture arrêtées par « manque de maturité », un baccalauréat en infographie qui n’a jamais vraiment servi, puis un virage vers une longue formation en carrosserie qui lui a appris le métier d’aide tôlier/

Serge Dehaes

e iPhone .be sur votr References est le premier site emploi en

possibilités de partenariat professionnel… et plus si affinités », sourit Fanny.

Référencé par

Du projet de Fanny et Geoffroy, nous ne dévoilerons que le domaine : le mobilier, les objets de décoration et d’accessoires de mode rétro, et différents services liés. Trop tôt – et surtout « trop risqué » – pour en dire plus à ce stade. En revanche, à propos de son histoire et de ses projets, le jeune tandem (Fanny a 26 ans et Geoffroy, 29) a de quoi tenir des heures. Commençons par leur rencontre. « Dès que nous nous sommes rencontrés, nous avons senti des

préparateur peintre. « Mon premier contact avec la matière. » Il a adoré cette formation et le travail manuel, mais il avoue ne pas trouver sa place dans le monde ouvrier. Cette formation va tout de même lui permettre de trouver un emploi à la réception d’un gros garage. Pour vivre. « J’ai bossé là-bas deux ans et demi mais je sentais que je n’étais pas au bon endroit. J’avais le sentiment de m’enterrer dans une voie de garage… Mais entamer un travail pour décider de ce que je voulais faire était énorme, de plus j’avais une forte pression familiale. J’essayais de remplir ma tâche au mieux, mais au prix d’un stress qui ne disparaissait que du samedi midi au dimanche midi. » C’est ici que Fanny entre en scène. Elle a un baccalauréat de bibliothécaire-documentaliste, suivi après trois ans de langues et littératures germaniques à l’université. Elle aussi est en recherche de réalisation, d’épanouissement personnel. Mais son caractère plus décidé a fait qu’elle a hésité moins longtemps avant de démissionner d’un emploi « dans une carrière toute tracée » de bibliothécaire communale. « Je savais que j’allais perdre tous mes droits mais Geoffroy travaillait. » C’était le début de son break. Depuis lors, Fanny alterne les petits boulots « alimentaires » et les formations pour son projet. Geoffroy a mis plus de temps à se décider. « J’avais peur de tout changer pour aller trop vite et partir dans une mauvaise direction. » Il a fallu un burn-out pour enclencher le processus. Et de nombreuses soirées de brainstorming. « Fanny m’a beaucoup aidé dans ma réflexion. Nous avons vraiment fait le tour de la question. J’ai examiné des tas de métiers jusqu’à ce que j’aboutisse à ma décision :

reprendre des études. » Là aussi, Fanny a été là pour visiter les écoles aux quatre coins de la Belgique, lister toutes les possibilités, faire le tri, comparer les programmes… « Je me suis dit qu’à 28 ans, c’était le moment ou jamais », raconte Geoffroy. Et donc, à la rentrée 2009, il s’est finalement inscrit au master en design industriel à l’Ecole supérieure St-Luc à Liège. « Cela a été le choix plaisir. Et cela m’a redonné confiance. J’ai donc pris moi aussi le risque de démissionner, en perdant mes droits. Mais j’ai choisi la difficulté plutôt que de la subir. » Grâce à ses années en architecture, il a pu entrer directement en deuxième année. « Dans notre schéma, il y en a chaque fois un qui bosse pour l’autre, souligne Fanny. C’est clair que nous galérons financièrement. On a dû limiter nos frais fixes, et cela fait un an et demi que chaque plaisir est calculé. On a par exemple pris un abonnement de bus gratuit et remis un véhicule. Mais nous ne sommes plus du tout dans le même état d’esprit qu’avant et nous avons tellement gagné en qualité de vie ! » Et visiblement, leur ambition croît à mesure qu’ils se rapprochent de leur objectif. à la prochaine rentrée, Geoffroy entamera sa troisième année en Erasmus à Turin, le bassin des designers. « Et moi je ne vais pas l’attendre, renchérit Fanny. Je compte partir aussi, vraisemblablement à Zurich, et trouver un stage en lien avec notre projet. Notre but est de faire le point en rentrant, en juin 2011. » Ah oui, on ne vous a pas dit : face à leur projet-dont-nousne-pouvons-pas-trop-parler, Fanny et Geoffroy débordent d’une passion assez impressionnante. De celles qui font remuer ciel et terre. Mais en LILIANE FANELLO doutiez-vous ?


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