Mémoire valentine garcia

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La

ferme urbaine

la cohesion d’un nouveau tissu urbain

Valentine Garcia

Territoires en projet, architecture, urbanisme et paysage : Philippe Simay et Frédéric Bertrand Ecole Supérieure d’Architecture de Paris Belleville - 2016-2017




Introduction I – La ferme urbaine, élément complexe spécifique à l’agriculture urbaine A – Diversité des typologies bien que les intentions soient similaires. B – Cependant, malgré des intentions divergentes, on peut trouver des typologies de fermes identiques. II – Ferme urbaine, un élément qui n’existe qu’à travers un réseau complexe. (IDF) A – Le contexte, un déterminant sur le mode d’implantation et sur le niveau d’implication de la ferme urbaine en métropole. B – Interaction ville campagne C – Un outil d’aménagement des villes, nouvelle planification urbaine D – La ferme urbaine génère une urbanité à l’échelle de la métropole et du territoire III – Concept de ferme urbaine, sur quels développement futur en Ile de France ?

leviers

s’appuyer pour son

A – Le contexte, implication très lourde, une politique de gouvernance environnementale à redéfinir B – Projets du Réinventer Paris, Parisculteurs. De nouvelles initiatives pour une replanification de l’IDF. C – Pour l’IDF, quel type de ferme faudrait-il privilégier ? Conclusion Bibliographie Annexes 4


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INTRODUCTION



Sous l’effet de la mondialisation, les chaînes alimentaires s’allongent, se complexifient, et deviennent de moins en moins connectées aux territoires. Selon l’ONU, 54% de la population mondiale vit aujourd’hui en zone urbaine, une part de la population qui atteindra 80% en 2030. De plus, elle estime que pour nourrir les populations d’ici 20 ans, les surfaces cultivées devront être doublées, bien que les terres fertiles s’épuisent1. En île de France, le Paris intra-muros se densifie de plus en plus vite et voit ses terrains en friche se reconstruire et se réinventer dans sa manière d’urbaniser la ville. L’agriculture urbaine est une autre forme de densification, qui vient habiter la ville par le vide en cohabitant avec le bâti de manière différente. Alors qu’elle fait son apparition en France comme un effet de mode, l’agriculture urbaine existe déjà depuis une quarantaine d’années dans les pays du Sud en voie de développement, ayant une fonction alimentaire et indispensable pour les populations. Un tiers de la consommation alimentaire des villes du sud-méditerranéen est produite par l’agriculture urbaine en 2003 (Padilla, 2004)2 . En Amérique du Nord, ce phénomène d’agriculture en ville apparaît il y a seulement 20 ans et en Europe il y a dix ans. Mais les enjeux ne sont pas les mêmes, la question du foncier se pose, les terres arables sont de plus en plus rares et les surfaces vacantes sont utilisés pour construire des infrastructures et des habitations, et le problème de la pollution des sols due à l’environnement urbain omniprésent. Parmi les différentes formes d’agriculture urbaine (jardins ouvriers, potager sur les toits, etc.), la ferme urbaine est un élément intéressant qui lie la ville et l’agriculture à travers divers domaines. C’est devenu aujourd’hui un outil de recherche géographique et sociologique sur la manière d’occuper l’espace urbain et de le mettre en relation avec ses périphéries et le rural. La ferme urbaine intervient dans un espace donné et va avoir un impact à l’échelle locale mais aussi à l’échelle territoriale. Elle va redynamiser un quartier et le connecter avec des points de proximité mettant en lien des acteurs ruraux, urbains et péri-urbain. Une synergie est alors développée permettant de rendre durable ce type de projet et de lui donner un caractère multifonctionnel : un atout économique, environnemental, expérimental mais également social. Autant de fonctions, qui ont une importance plus ou moins ressentie et accentuée selon la localisation géographique du projet et la situation économique du pays en question. Un projet de ferme urbaine à Détroit n’aura pas les même objectifs qu’un projet à Paris, du moins, ne les traitera pas forcément du même point de vue. Etablir un tel projet en métropole, génère une urbanité et amène à repenser la ville et à réfléchir à de nouvelles planifications urbaines. Rapprocher les espaces, les productions, rapprocher les producteurs des habitants-consommateurs : un réseau à l’échelle locale et territoriale se dessine et montre une nouvelle approche du territoire. Une certaine complémentarité entre l’urbain et le péri urbain apparaît et devient nécessaire pour la durabilité d’un projet de ferme urbaine. En revanche, certains types de ferme urbaine sont à remettre en question sur le plan urbanistique. Dans un premier temps, nous analyserons de près les différentes typologies de fermes urbaines en montrant que celles-ci n’ont pas toujours les mêmes intentions bien qu’elles prennent la même forme.

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http://www.fao.org/urban-agriculture/fr/ http://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/viewFile/30659/30419


Puis, nous verrons que la ferme urbaine n’est finalement pas qu’un simple objet, mais avant tout un véritable outil générant des liens entre les territoires grâce à son réseau d’acteurs, d’espaces, de fonctions, etc. Un réseau qui met en synergie des lieux, en jouant avec la notion de proximité et de circuits courts et en requalifiant notre manière de se nourrir. Comment la question de l’alimentation vue à travers la notion de ferme urbaine, va changer notre quotidien et notre vision de l’espace urbain? Comment ce type de projet est amené à changer l’identité d’un quartier, à le redynamiser? Enfin, nous aborderons la question d’une politique de gouvernance environnementale qui semble à revoir, notamment en Île-de-France avec l’arrivée de nouveaux projets menés pas la Mairie de Paris, Les Parisculteurs. Il en découlera un questionnement sur le type de ferme urbaine à privilégier dans la région Îlede-France.

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PARTIE I : La ferme urbaine, élément complexe spécifique à l’agriculture urbaine



L’agriculture urbaine est une forme de pratiques agricoles en ville qui suscite de plus en plus d’intérêt chez les citadins. Elle se réapproprie l’espace urbain sous diverses formes que ce soit d’un point de vue technique, spatial ou encore fonctionnel. A travers le monde, ce type d’agriculture est abordé de manière différente en fonction du contexte économique, social et géographique. Si dans certaines villes, l’agriculture urbaine a pour fonction première de mieux contrôler leur nourriture, dans d’autres, comme à Détroit par exemple, c’est surtout dans l’espoir d’un renouveau économique et social. De plus, elle redessine les villes de différentes manières selon son système de production : en pleine terre, hors sol, hydroponique, à la verticale (l’agriculture devient bâtie), sur les toits,… En Amérique du Nord, notamment au Canada, la population habitant en ville est de 80% et le concept d’agriculture urbaine est déjà très développé et continue d’évoluer. Selon la MAU3, l’île de France compte 73 hectares de surfaces d’initiatives d’agriculture urbaine, et aimerait en développer 33 hectares de plus sur la ville de Paris d’ici 2020, notamment grâce aux projets « Parisculteurs »4 . La ferme urbaine est également un concept multifonctionnel : Productrice d’aliments, mais aussi productrice de fonctions économiques, sociales et environnementales (système d’économie circulaire). Ces fermes urbaines existent à travers le monde bien qu’elles prennent un aspect différent et que leurs intentions changent selon leur localisation. Elles viennent refaçonner les paysages urbains de par leur implantation mais également à travers leur réseau. En effet, la ferme urbaine n’est finalement pas qu’un simple objet, mais un concept qui fonctionne uniquement en réseau et en synergie avec d’autres facteurs. Toutes ces formes d’agricultures de proximité permettent un système de cycle court et ont pour but de créer un contact plus direct entre producteur et consommateur. Mais chaque type de ferme urbaine privilégie plus ou moins la fonction participative du citoyen au sein de la ferme et dans sa périphérie connectée. A – Diversité des typologies bien que les intentions soient similaires. L’agriculture urbaine regroupe plusieurs types d’interventions de « jardins dans la métropole », que ce soit des jardins partagés, potagers sur les toits, ferme urbaine, etc. Nous allons nous intéresser plus spécifiquement à la ferme urbaine, un objet qui est captivant par sa forme mais aussi par sa diversité d’intervention dans la ville. C’est un élément qui peut avoir des typologies différentes selon son contexte. On peut donc parler « des fermes urbaines » au pluriel tellement l’objet est divers. Bien qu’elles adoptent une typologie très différente elles sont souvent similaires et comparables par leurs intentions premières. En effet, avant d’être un producteur de biens alimentaire pour assurer une sécurité nourricière en ville dense, la ferme urbaine peut également devenir un lieu d’insertion sociale. Cette fonction sociale est d’ailleurs omniprésente au sein de beaucoup de fermes et prend souvent le dessus sur la fonction alimentaire. Selon leur objectif premier, la ferme urbaine va intervenir différemment sur le territoire et avoir un impact sur les citoyens, les commerçants… 1 – Fonction alimentaire L’agriculture urbaine vient en complément de notre système alimentaire actuel où le lien à la terre productrice a été rompu pour laisser place aux aliments transformés. Aujourd’hui se développent de plus en plus des systèmes de production à grande échelle afin de rééquilibrer cette production agricole, c’est-à-dire produire mieux et en quantité. La question de la durabilité des systèmes alimentaires urbains se pose de plus en plus.

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3 Les jardins familiaux ou ouvriers (50% de la surface totale cultivée) et les jardins d’insertion (20%) sont les démarches les plus développées dans la région francilienne. Ces initiatives ont davantage une vocation sociale ou de substitut alimentaire qu’une fonction productive. Les espaces productifs marchands ne représentent que 3,7 hectares: https://maisonagricultureurbaine. com/l-agriculture-urbaine/les-chiffres-de-lagriculture-urbaine/ 4 http://www.parisculteurs.paris/


Les acteurs urbains prennent conscience qu’une urbanisation croissante, peut conduire à des phénomènes d’étalement, de pollution, d’inégalités sociales, alliés à des modes de production et de consommation non durables. « Le secteur de l’alimentation, est un débat qui n’était pas dans le domaine d’actions des aménageurs, il n’attirait pas non plus de financements, contrairement à ceux du logement et du transport. Il s’agissait d’abord et avant tout d’une préoccupation agricole et rurale.»5. La localisation de l’alimentation est donc repensée et la volonté de produire au cœur de nos villes se fait de plus en plus ressentir.

Image 1 et 2 : Ferme LUFA vue de l’extérieur, Ferme LUFA de l’intérieur

La fonction alimentaire de la ferme urbaine est un enjeu premier dans de nombreux pays et se caractérise par diverses typologies. La ferme sur les toits est un type de culture fréquent aujourd’hui car les villes se densifient et ont de moins en moins de terres arables. En France, les toits sont des surfaces disponibles encore trop peu exploitées mais les politiques de gouvernances environnementales de Paris par exemple, devraient être revues pour donner une fonction à tous ces espaces perdus. La ferme LUFA située à Montréal, est un exemple type de ferme sur toit. Ce type de culture est considéré comme une culture « verticale » puisqu’elle est semée et récoltée en hauteur. Cette ferme a pour principale intention, la production intensive de denrées alimentaires afin de nourrir une partie de la population montréalaise. L’agriculture urbaine est sous forme commerciale, les légumes et fruits circulent à travers un réseau économique et se retrouvent dans des marchés, supermarchés ou des paniers réalisés chaque semaine pour les habitants adhérant à la ferme. C’est la première ferme au monde réalisée sur les toits sous forme de serre en 2011.6 Cette entreprise de 15 employés, produit plus de 25 variétés de légumes et plus de 650 abonnés reçoivent leur panier hebdomadaire à l’un des 30 points de ventes dans la ville de Montréal. Mais selon Mohamed Hage, fondateur des fermes LUFA, «On n’a pas changé grand-chose à ce jour. On ne fait que nourrir 0,1% de la population montréalaise. Je n’ai même pas encore débouché de bouteille de Champagne»7 . Les toits de LUFA ne sont donc qu’un lieu de production qui est partagé par les agriculteurs et les chercheurs. Les citoyens et adhérents à la ferme n’ont pas libre accès aux potagers et ne peuvent pas mettre la main à la pâte. Seules les visites guidées ayant lieu tous les vendredis, permettent au public d’y accéder. Par ailleurs, le réseau de la ferme sur les toits s’étend au réseau numérique, grâce à un site internet sur lequel on peut se tenir informer des événements, il nous laisse aussi la possibilité de commander des 5 D’après Pothukuchi et Kaufman (1999), L’alimentation des sociétés urbaines : une cure de jouvence pour l’agriculture des territoires métropolitains ? 6 https://montreal.lufa.com/fr/ 7 Voir l’article de La Presse.com, Les Fermes Lufa : Le révolutionnaire agricole, publié le 11 juillet 2011.

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produits de la ferme, tels que des pousses de tomates, des radis ou encore des herbes aromatiques. Un circuit est établit entre le consommateur et le producteur bien qu’il reste indirect et virtuel jusqu’à l’obtention du produit en point relais. Les points de cueillette se dispersent sur toute l’île de Montréal et ses périphéries. « Les points de chute sont très nombreux dans la ville, et sont associés à des petits commerçants. Des paniers sont empilés les uns sur les autres avec le nom des Amapiens et chacun vient chercher son panier dans la semaine. Un monsieur est là pour nous accueillir mais ne surveille rien, c’est à la bonne franquette, et nous repartons tout de suite avec notre panier», me raconte un habitant montréalais engagé dans le système Amap. On sent le contact entre le producteur et le consommateur mais celui-ci est à peine concret et se dessine qu’à travers le cheminement du produit alimentaire. Afin d’avoir une quantité suffisante de produits alimentaire et un plus large choix, la ferme à bâti un réseau alimentaire qui regroupe les meilleurs producteurs et artisans des environs, qui partagent la distribution de produits frais et locaux, et permet d’élargir le choix des denrées en y ajoutant des produits laitiers, de la viande, etc. Un vrai travail d’équipe est mis en place au sein de la ferme et de son réseau : les cueilleurs viennent récolter les fruits et légumes toutes les nuits, pendant que les boulangers et pâtissiers en partenariat avec la ferme préparent leur produits puis les livrent dans la matinée à LUFA. Ainsi, la boucle se ferme avec la préparation des paniers en fin de matinée et leur livraison dans chaque point de vente. La production alimentaire tourne autour d’un réseau d’acteurs qui co-travaillent et une chaîne est dessinée à travers ces circuits-courts mais, bien que l’aliment soit distribué et recyclé à l’échelle locale, le contact direct entre l’agriculteur et le citoyen consommateur n’est que très superficiel et ne passe que dans le produit vendu. Un tout autre type de ferme commence à voir le jour mais est encore au stade d’expérimentation dans nos villes. Son objectif premier est la production intensive de produits frais et locaux grâce à un type de culture hors sol et high tech : les fermes verticales. Dickson Despommier, professeur de sciences environnementales à l’Université de Columbia de New York, fut le premier à théoriser le concept de ferme verticale. Il propose un système capable de nourrir 30 000 personnes en une année, où l’on comprime et optimise l’efficacité dans ces espaces clos à l’intérieur de ces grandes structures verticales. En 2005, l’idée de ferme verticale est mure mais encore cantonnée au monde des étudiants. Il faudra attendre 2007 pour découvrir les premières images de ces tours agricoles, dessinées par Chris Jacobs. Une tour de forme circulaire de 30 étages. Aujourd’hui, c’est encore un concept purement théorique mais les réflexions sur leur construction avancent. La question première était le poids de la terre qui est trop lourd pour un gratte-ciel, mais le système d’hydroponie, qui consiste à remplacer cette terre par une pellicule d’eau enrichie en nutriment, permet de régler ce problème. De plus, ces tours nécessitent un système d’éclairage artificiel : les LEDs sont une combinaison de plusieurs lumières qui fabriqueraient un soleil idéal. Dans la Ferme Jami en Hollande, par exemple, ces LEDs font pousser 25% de tomates en plus par rapport à un éclairage artificiel.8 Mais le grand problème de ce type de ferme reste le coût trop onéreux de fabrication et d’entretien. Selon une estimation faite par un architecte hollandais sur une ferme vertical, le coût d’un kilo de légumes reviendrait à 12 euros. Nous allons nous intéresser plus particulièrement à une ferme située à Singapour : la Sky Greens, réalisée en 2012.9 A Singapour, 90% des légumes sont importés de Malaisie ou d’Indonésie. De plus, c’est un territoire très dense (le troisième plus dense au monde) de 700 km² pour 5 millions d’habitants. Les projets de fermes verticales sont donc une solution pour récupérer les surfaces arables dans la verticalité.10 La société Sky green a installé le premier système de production verticale au monde avec ces 120 fermes commerciales verticales de 38 étages. Ces infrastructures agricoles de 9m de haut, ont une faible teneur en carbone, à eau et rotative pour les légumes 14 12

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Voir le documentaire Arte sur Les Fermes Verticales, Les villes du futur (de B. Laborde). https://www.skygreens.com/ https://maisonagricultureurbaine.com/ressources-medias/revue-de-presse/lau-dans-le-monde/


Image 3 et 4 : Ferme verticale

Sky

Green

à

Singapour

tropicaux. Il s’agit d’un système modulaire semi-automatisé de goulottes multicouches dans une structure verticale rotative en A qui permet une installation et une maintenance faciles. Les légumes sont logés dans des serres et cultivés dans des milieux de terre compostés, sont récoltés tous les jours et livrés rapidement aux consommateurs via les points de vente au détail. Le système a le potentiel de produire 50 pour cent des légumes à feuilles vertes de Singapour sur 50 hectares de terres. En utilisant les méthodes agricoles actuelles, environ 7 % pourraient être produits sur environ 100 hectares. Au début de 2013, Sky Green prévoit de fournir environ deux tonnes par jour grâce à 180 tours supplémentaires.11 Cette ferme verticale est entièrement pensée comme un objet de résilience et de sécurité alimentaire, la fonction sociale que pourrait apporter ce type de programme est totalement laissée de côté au profit d’une production intensive de denrées alimentaire. Ces fermes présentées précédemment sont porteuses de vertus pour un nouveau système alimentaire en ville. Mieux produire pour des produits plus frais et locaux. Cependant, malgré leur intégration dans la métropole et une vraie volonté de résilience urbaine, ces fermes, et en particulier la ferme verticale, n’établissent pas de contacts directs et évidents avec les citoyens, elles sont rendues invisibles et se traduisent finalement que par des implantations physiques d’espaces clos. Cependant, d’un point de vue plus territorial, les fermes verticales sont à l’antipode des fermes sur les toits ou tout autre type de fermes. En effet, la ferme verticale telle qu’elle est pensée par les meneurs de projet n’est finalement qu’un objet qui n’a aucun ou très peu de contact avec son entourage proche et son environnement. Elle mise essentiellement sur une production alimentaire intensive sans se soucier de l’approche territoriale et d’une complémentarité éventuelle avec les espaces agricoles ruraux déjà existants. La ferme verticale high tech se pense seule et comme un objet qui pourrait fonctionner par lui-même. Une sorte d’agriculture urbaine qui vivrait en autarcie grâce à des techniques innovantes, mais avec un but de nourrir un monde extérieur inconnu. La question des réseaux ne se pose alors plus puisque ce type de ferme est un écosystème clos sur lui-même, dont la part sociale est inexistante. L’aménagement de ces tours urbaines au sein du territoire est vu comme une implantation d’un élément bâti mais inhabité du monde humain, bien qu’ils doivent entretenir les produits chaque jour en complément des machines. Des projets de fermes verticales sont également pensés comme une cohabitation 11

Ecolopop.info (2012)

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entre production agricole, habitants et activités commerciales. SOA, agence d’architecture qui est à l’initiative du Laboratoire d’Urbanisme Agricole (LUA), une association consacrée à la recherche et au développement de projets autour de l’agriculture urbaine, a développé plusieurs projets prototypes qui n’ont jamais été réalisés, mais qui s’intéresse au développement de fermes verticales. A travers quelques projets, on ressent la volonté d’intégrer ce type de ferme au sein de la métropole, dans un but de sécurité alimentaire et de production agricole, tout en intégrant un programme de logements et de commerces, pour garder le contact avec les citoyens et avoir ce rapport de consommation direct à la ferme. Cependant le lien ville campagne resterait pauvre voire inexistant du fait de sa capacité de production intensive high tech qui la rend indépendante de toute autre forme d’espaces agricoles. Ces « machines écologiques » tendent à promouvoir notre sécurité alimentaire, et ont une approche territoriale différente. Des réseaux sont créés ou non, pour favoriser l’accès à des produits alimentaires plus frais et locaux bien que les projets pensés de fermes verticales restent encore trop sédentarisés. Dans les pays européens, bien que les villes denses se préoccupent de plus en plus de leur sécurité alimentaire, l’agriculture urbaine est avant tout pensée comme un moyen de régénérescence urbaine, et un outil d’insertion sociale. 2 – Fonction économique et sociale Aujourd’hui, les citoyens souhaitent mettre plus de sens dans leur acte de consommation. Face aux crises alimentaires actuelles, le consommateur est à la recherche de lien social au travers de l’acte d’achat. Il veut être rassuré sur la provenance du produit, sa qualité et son lieu de production. La ferme urbaine est un lieu de production alimentaire, mais également un lieu de lien social où le consommateur à un rapport direct avec le producteur et ses produits cultivés. De plus, dans ce type de projets, sont organisés des activités collectives qui mêlent également les habitants entre eux. Des liens entre voisinage se tissent et une petite communauté au sein d’un quartier se crée. En Ile-de-France, les interventions d’agriculture de proximité ne sont pas encore très développées mais les nouveaux projets du Réinventer Paris sont en bonne voie pour leur construction. Deux projets ont particulièrement retenu mon attention, bien qu’ils ne soient pas encore réalisés (concours gagnés donc les livraisons sont prévues pour 2018-2020).

Image 5 : Ferme du Rail

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Image 6 et 7 :

Plan masse cultures et plan de situation: aux abords de la petite ceinture

Ce sont deux projets qui adoptent une typologie différente mais qui, pour moi, ont les mêmes intentions. Le premier projet est La Ferme du Rail, située dans le 19eme arrondissement sur le Canal de l’Ourcq . 12Cette intervention d’exploitation agricole dans la ville est en lien avec tout un programme d’habitation qui fait également partie du projet de La Ferme du Rail. En effet, le programme comprend aussi un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, une résidence étudiante de 5 logements et un restaurant. L’exploitation agricole est composée d’une serre, un potager en sac de culture, un potager en butte de permaculture et un verger d’agroforesterie. Cette ferme privilégie donc un type de culture plutôt low tech avec un système d’autonomie de récupération de l’eau. Mais la Ferme du Rail ne s’attend pas à avoir une production alimentaire intense. Sa fonction première étant l’insertion sociale et le contact entre les résidents. Elle est ici vue avant tout comme un générateur de lien social et s’articule autour d’une communauté de personnes en rupture sociale et d’étudiants en horticulture qui y résident et proposent des services attractifs. Un réseau d’acteur se crée au sein de ce programme et rend chaque unité complémentaire les unes aux autres avec comme lien central, la ferme urbaine.

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https://www.fermedurail.org/

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Images 8, 9 et 10: Pour une mixité sociale, la ferme du rail

Les nouveaux services permettent des offres d’emplois associés à l’activité agricole, dont pourront bénéficier les résidents en réinsertion et les étudiants. De plus, ces personnes résidant dans ce programme de logements, vont pouvoir participer au chantier dès la phase de construction de la ferme urbaine. Le « jardin productif » devient alors un lieu d’animation collectif qui favorise la mixité sociale et générationnelle. D’après le plan masse illustré ci-dessus, ce type de projet s’apparente à une forme de culture hors sol sur substrats qui adopte une diversité de techniques agricoles. De nouvelles techniques de cultures telles que l’aquaponie ou l’hydroponie vont induire des formations guidant les producteurs citoyens à comprendre leur fonctionnement. Un contact réel naît entre le producteur, les formateurs, les citoyens, les agriculteurs qui viennent sur le terrain pour former les agri-urbain et vice versa, les techniciens qui font découvrir ses nouvelles techniques de production à l’agriculteur rural.

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Un autre projet en cours d’exécution, dont l’intervention agricole dans la ville est totalement différente, m’a interpellé. Le projet de Réalimenter Masséna, comme son nom l’indique, s’implante dans un bout de ville afin de redynamiser le quartier en question, notamment à travers l’agriculture et l’alimentation. Tout comme le projet précédent, ce type de ferme urbaine s’inscrit dans la ville afin de recréer une mixité sociale et d’élaborer un nouveau système de cohabitation au sein de ce programme architectural. La mixité programmatique permet de lier différents domaines et réunir les acteurs de l’agriculture au sein d’un circuit de l’aliment qui est semé, récolté, transformé, distribué et consommé. Autant d’actions qui relient une multitude d’acteurs spatialement et physiquement. Cependant, contrairement à La Ferme du Rail, la ferme urbaine et les jardins cultivés de Réalimenter Masséna est implantée sur les toits du bâtiment. Ce projet ne se limite pas non plus à une exploitation agricole, mais se connecte au sein d’un programme plus complexe : Logements qui accueillent des artistes, des chefs et des chercheurs, un restaurant, et des espaces dédiés à l’évènementiel. On retrouve des cultures sur les toits du dernier étage, consacrées aux étudiants d’AgroParisTech et destinées à la recherche, et des cultures sur les toits du 3ème niveau, en accès public. Afin de créer un contact entre les habitants et les usagers, plusieurs animations seront organisées tout au long de l’année, actionnant ainsi les différents usages du projet. Selon Lina Ghotmeh, architecte de ce projet, «Réalimenter Masséna veut réinstaurer le jeu, l’incertain au sein de la ville.».13 Si l’on s’attarde sur le côté architectural de ce projet, cette ferme urbaine est en réalité un processus de mise en relation entre divers usagers. La transversalité des étages est donnée grâce au gradinage du bâtiment. Les espaces peuvent donc faire interagir des fonctions diverses et en créer de nouvelles par ces échanges. Toute la surface du bâtiment est animée par les divers usagers que ce soit les chercheurs, les étudiants, les résidents et les visiteurs. 13

Consulter A’A’, numéro hors-série projects de septembre 2016 sur Réalimenter Masséna.


Images 11, 12 et 13: Réalimenter Masséna, espaces de partage

Finalement ces deux projets architecturés prévus pour 2019, pourraient être qualifiés de microvilles, que ce soit à la verticale (Masséna) ou à l’horizontale (Ferme du Rail). L’architecte part du principe d’une mixité et insertion sociale pour arriver à un projet de ferme urbaine et de production agricole. Un réseau multifonctionnel naît au sein de ce type de projet, ou la ferme est en relation direct avec un programme annexe mais également avec son quartier puisque chaque citoyen à libre accès à ses potagers urbains, que ce soit en pratique ou pour la consommation de ces produits cultivés. La ferme urbaine a des vertus économiques et sociales. Comme le montre très bien l’exemple de La Ferme du Rail et de Masséna, l’intégration d’une ferme urbaine au projet urbain permet une offre d’emplois directs et indirects. Un effet domino se produit, grâce à l’élaboration d’autres initiatives : magasin de jardinage, restaurant vendant des denrées locales …14 Des emplois sont créés au sein du programme mais également aux périphéries, qui s’accordent avec l’agriculture urbaine. Par ailleurs, cultiver en milieu urbain, que ce soit en pleine terre, ou en hors sol, est un outil pour le développement social d’un quartier. Les populations se rencontrent au sein de la ferme urbaine et prennent conscience d’une certaine cohabitation, bien qu’ils ne soient pas de la même classe sociale ni de la même génération. Ils y partagent les mêmes activités dans un même espace, un sentiment d’appartenance envers un groupe et une communauté y est développé. Le projet des Grands Voisins, par exemple, est un projet éphémère qui occupe les lieux de l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul depuis 2015.15 L’association Plateau urbain et Aurore gèrent l’occupation des lieux et aident les structures hébergées dans leurs projets d’installation. L’équipe de Yes We Camp, a pour objectif de favoriser les rencontres entre tous les résidents du site, tout assurant le défi d’une ouverture au public. Ce projet a donc été développé dans le seul but de cohabitation entre des immigrés, des artistes, bénévoles et des habitants du quartier. Des activités sont organisées autour de la nature, et la construction de mobilier pour aménager les lieux. La création d’une micro ferme au sein de l’ancien hôpital permet aux résidents d’avoir une activité commune et de tisser un réseau entre l’habitat, les résidents consommateurs, les bénévoles qui deviennent également producteurs, les cuisiniers, et les citoyens extérieurs au projet, qui viennent arpenter les lieux et consommer les produits frais au café restaurant du projet. Ce projet est pensé comme un village nomade puisque les lieux seront réhabilités, et deviendra un immeuble de logements d’ici 2019.16 C’est un laboratoire expérimental qui permet de voir comment des populations de milieux sociaux opposés cohabitent au sein d’un même lieu et à travers des activités communes. Selon moi, ce lieu restent un repère à bobos et biens que activités soient réalisées par des résidents de classe sociale différentes, on ne sent pas un réel lien entre eux. On ressent encore un écart évident entre les résidents immigrés qui restent dans un partie du site et les bénévoles et 14 15 16

Anne Cécile DANIEL, Aperçu de l’agriculture urbaine en Europe et en Amérique du Nord, Mai 2013, Paris https://lesgrandsvoisins.org/ http://lesgrandsvoisins.org/leprojet/

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Images 14 et 15 et 16 : Prinzessinnengartën

visiteurs qui occupent les lieux en masse et s’approprient leur espace. En Allemagne, à Berlin, le jardin Prinzessinnengartën est né comme un projet de jardinage temporaire en 2009.17 Le but de ce projet était d’aboutir à un lieu de production et de rencontres à travers le jardinage et la culture de fruits et légumes. Tous les légumes sont cultivés hors sols dans des substrats (des caisses) afin d’avoir une insertion spatiale plus flexible et de se rendre mobiles si besoin. Au fur et à mesure des années, le projet se développe. Il accueille aujourd’hui une cuisine extérieure, une brasserie en plein air et attire chaque année plusieurs milliers de visiteurs. La ferme s’approprie l’espace de la ville grâce à l’aménagement de mobilier recyclé et construits par les habitants bénévoles du quartier et une équipe de base qui travaille dans ces jardins. Tout le monde à accès à ce petit monde récréatif, lieu de rencontre entre jardiniers, cuisiniers amateurs, artistes de rue, designer en herbe qui se réunissent autour d’un intérêt commun. Tout comme les initiatives prises chez Les Grands Voisins qui consistaient à allier populations immigrées, étudiants, habitants de classe moyenne… Prinzessinnengartën n’est pas devenu populaire auprès des populations immigrées et est principalement occupé par des « bobos», étudiants, travailleurs indépendants et jeunes célibataires.18 La ferme urbaine est un outil multifonctionnel qui a pour but une sécurité alimentaire dans les métropoles qui se densifient de plus en plus vite. La production et l’approvisionnement alimentaire sont pensés autrement et requalifiés dans l’espace. Cette nouvelle planification urbaine induit un jeu d’acteurs qui font vivre le projet de ferme urbaine et définit cet outil comme un moyen de socialisation entre les acteurs ruraux et les acteurs urbains. La fonction sociale de ce type d’agriculture urbaine prend le dessus sur la fonction alimentaire dans les pays européens, notamment en France. La ferme est un outil pédagogique et expérimental ou l’acteur urbain vient découvrir comment ses produits sont cultivés au fil des saisons, quels sont les méthodes de cultures… Les liens qui se créent entre les producteurs et les habitants du territoire a donc un impact sur le consommateur qui a une prise de conscience des impacts environnementaux d’une production agricole mais peut modifier son comportement : Il devient plus vigilant sur la manière de se nourrir et consomme davantage de produits de saison, et accepte les produits esthétiquement imparfaits. Les initiatives d’agricultures urbaines sont souvent en réseau avec des écoles qui ont l’opportunité de faire découvrir aux enfants le travail de la terre, le goût d’un produit frais, l’utilité des poules dans le cercle vertueux de la ferme. De plus, des méthodes et outils particuliers utilisés en matière de micro-agriculture urbaine, permettent de réunir les personnes et créer 17 18

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http://prinzessinnengarten.net/ TERRIN Jean-Jacques, Jardins en ville villes en jardin, Gardens the city, Marseille, ed. Parenthèses, 2013, p 72


des dynamiques de réflexion ; parmi eux, la participation. Les jeunes générations, les retraités, les étudiants se rencontrent au sein d’une même activité qu’ils partagent, ils cohabitent et se côtoient. Le citoyen s’octroie un nouveau rôle dans la société, il devient actif dans la ville. C’est le nouvel agriculteur, l’agri-urbain, qui agit bénévolement ou en tant que salarié dans ces fermes. C’est ainsi qu’on peut également définir la ferme urbaine comme un outil économique. Elle devient créatrice d’emplois. Comme vu précédemment, la Ferme du Rail prévoit des offres d’emplois reliés avec les nouveaux habitants en réinsertion. Les habitants ne profitent pas seulement d’un logement, ils bénéficient aussi d’une formation et d’une activité professionnelle en ville. Ces habitants vont être formés à de nouveaux métiers qu’ils pourront par la suite développer ailleurs et le répandre partout en France. C’est un vrai espace agri-urbain pour accueillir, former et insérer durablement les personnes les plus fragiles.19 Ce type de ferme pourrait être une nouvelle voie pour réinventer le Paris de demain : un projet architectural qui articule plusieurs fonctions et programmes à travers un projet plus participatif où la thématique est orientée vers des pratiques agricoles. Comme si un territoire proche mais inconnu par de nombreux citoyens, faisait irruption en plein cœur de ville et venait aider la société d’aujourd’hui à se reconstruire ensemble en faisant de l’habitant, l’acteur principal. B – Cependant, malgré des intentions divergentes, on peut trouver des typologies de fermes similaires. Cette différenciation de fermes permet de grouper les projets nécessitant plus ou moins d’investissements selon leur technicité, leur localisation mais aussi le type d’acteurs qui y interviendront. Leur système de production peut varier d’une culture pleine terre nécessitant moins de moyens financièrement, à une culture hors sol high tech ayant besoin d’une main d’œuvre plus expérimentée et du matériel plus perfectionné et complexe. Dans les territoires urbains densément peuplés, la disponibilité de terres au sol est rare et coûteuse. La culture hors sol, permet la culture de végétaux sur des supports variés (bacs, gouttières, toits,…) et sans contact direct avec l’environnement naturel du sol. Ce type d’agriculture permet d’économiser de « 70 à 90 % d’eau par rapport aux cultures classiques », selon Christine Aubry. Elle existe sous différentes formes : la culture hors sol low tech, la culture hors sol high tech et la culture sur les toits. D’après les recherches de Thomaier et al, il y aurait 73 projets comptabilisés à travers le monde entre 2011 et 2012 dans la littérature, le web ou les médias, soit 44 en Amérique, 19 en Europe, 15 en Asie et 1 en Australie. Selon son schéma analytique, la majorité de Z-Farming existe sous forme de ferme et jardins sur les toits. Un lieu qui est aujourd’hui encore trop peu exploité bien qu’il soit abondant en Ile-deFrance et qui tend à se développer en accord avec de nouvelles politiques de gouvernances environnementales. Image 17 : Forme de Z-Farming d’après Thomaier et al (2014) 19

https://www.fermedurail.org/

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1 – Les fermes hors sol L’influence de la qualité des sols sur notre mode de production en ville. Au sein de l’île de France et plus particulièrement dans la petite couronne de la région parisienne, les sols arables sont de plus en plus rares et souvent pollués. C’est pourquoi une production alimentaire déconnectée du sol naturel peut être intéressante. Le projet T4P sur les toits d’AgroParis Tech, expérimentent la reconstitution des sols artificiels. Les fermes hors sol se caractérisent en deux catégories de système de production: - Culture hors sol low tech - Culture hors sol high tech Deux systèmes qui n’ont pas le même budget de fabrication, ni le même matériel. Ont-ils la même efficacité? S’insèrent ils aussi facilement dans la ville ? La Ferme du Rail et la ferme de Détroit ont des systèmes de cultures hors sol low tech et plein sol mais ont un objectif de base complètement différent. La ferme de Détroit naît tout d’abord dans l’espoir d’un renouveau économique mais également faciliter l’accès à la nourriture. Cette métropole souvent qualifiée de « désert alimentaire »20 laisse place à des initiatives de cultures de produits frais et locaux. La majorité des commerces à Détroit ne vend que très peu de produits frais et leur coût est élevé. Le « Urban Farming » va permettre aux citoyens d’avoir un accès moins limité à une nourriture plus saine, mais jusqu’à quel point ? Grâce à l’association Greening of Détroit, Detroit produit désormais plus de 200 de tonnes de nourriture par an. Les producteurs bénévoles, l’association, les formateurs se réunissent afin de mener à bien ces projets de culture intensive. Et selon Rebecca Salminen Witt, présidente de l’association Greening of Detroit : « en utilisant entre 5% et 10% des espaces vides disponibles seulement, nous serions en mesure de nourrir toute la ville ». Mais grâce à cette volonté de vouloir nourrir la ville avec ces produits cultivés, ces jardins et fermes productrices ont eu d’autres vertus sur la ville. En effet, les fermes existantes sont en réseau avec des marchés paysans de la ville et la naissance de jardins communautaires redynamise certains quartiers abandonnés qui voient désormais de nouveaux habitants s’y installer. Par ailleurs, la densification en espaces verts cultivés permet aux personnes sans emplois de se former à des métiers agricoles et donc à la création d’emplois. Ces terres cultivées sont principalement travaillées en pleine terre ou sur substrats. Les habitants bénévoles et les agriculteurs urbains s’approprient l’espace avec des matériaux qu’ils recyclent et créent des bacs à l’aide de pneu, bouteilles … La Ferme du Rail, elle, procède par un même type de culture avec un système de production low tech (bac, substrat…) mais les intentions premières ne sont pas alimentaires. En effet, La Ferme du Rail aura un rendement alimentaire assez faible mais la production en ferme au sein d’un programme de logements va permettre une insertion sociale au sein du quartier et de nouveaux liens entre générations et classes sociales. Ces projets hors sol low tech ont l’avantage de pouvoir s’implanter facilement dans la ville c’est-à-dire dans les interstices ou les délaissés urbains, les toits ou encore les façades. Ces cultures exploitent des surfaces inutilisées et permettent de végétaliser la ville sans occuper des terres constructibles. Le substrat peut être directement placé sur un sol imperméabilisé et ces cultures peuvent être protégées par des déchets recyclés tels que des voiles tissées ou encore des tuiles et des tunnels en plastique. Mais une des difficultés d’une culture hors sol est de bien choisir la composition de son substrat. L’utilisation de déchets urbains comme engrais par exemple, a des vertus écologiques et économiques même si il est vite consumé et doit être constamment renouvelé. Certains utilisent le terreau végétal (plus naturel), 20

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Chronique de la mission Agrobiosciences, par Juliette Baralon


d’autres le terreau industriel (mais cher et peu durable). Ce milieu de culture est irrigué de façon régulière par des solutions nutritives adéquates à la plante cultivée. Ces techniques de cultures hors sol se sont développées au fur et à mesure en constatant les avantages : économie de place et d’eau, maîtrise des facteurs de production. L’utilisation et le choix du substrat dépend des moyens et des attentes des producteurs. Il doit retenir les éléments nutritifs de l’eau et laisser passer suffisamment d’oxygène. La porosité du substrat doit donc être contrôlée pour que l’air et l’eau puissent passer dans les quantités nécessaires à la plante. Des fermes urbaines adoptent également des systèmes de production plus perfectionnés dont l’objectif est de produire intensivement : cultures high tech, puis les fermes verticales (qui est un concept encore très différent, expliqué dans la partie précédente). Les projets hors sol high tech sont des cultures réalisées à l’aide de systèmes innovants tels que l’hydroponie, l’aquaponie ou encore l’aéroponie. Ils nécessitent un entretien permanent et un contrôle constant des paramètres de production.21 Ils facilitent l’implantation de fermes urbaines en métropole dense. Ce sont des systèmes qui fonctionnent sous forme de cycle à boucle fermée. L’hydroponie est une culture réalisée hors sol. La terre est remplacée par un substrat inerte et stérile de type sable, fibre de coco ou encore billes d’argile, irriguée par un mélange d’eau et de nutriments. Habituellement cultivé dans des terres horticoles, le cultivateur doit contrôler luimême la composition des nutriments. Certaines dispositions doivent être respectées telles qu’un support adapté aux plantes, un milieu sombre et une aération des racines. Il existe plusieurs systèmes hydroponiques (environ six différents): à réservoir, à mèche, «flux-reflux», goutte-àImage 18 : système hydroponique goutte, à film, à eau.22 La culture en aquaponie allie productivité et biodiversité. C’est un écosystème ou les espèces végétales et animales vivent en symbiose en circuit fermé, le système étant autonome. Des cycles bactériens naturels sont créés pour transformer les déchets des poissons en nutriments pour les plantes : un réel cercle vertueux. Comme l’explique le schéma ci-contre, les poissons sont nourris, puis l’eau chargée en excrétions (leur déjection étant très riche en ammoniaque mais transformable en azote) est Image 19 : Système aquaponique recyclée par des bactéries en nutriments pour les plantes. Les plantes se développent grâce à ces nutriments, et nettoient l’eau qui est renvoyée propre au bassin des poissons. L’eau est donc renouvelée indéfiniment et permet une production abondante de fruits et légumes, et de poisson.

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http://hydroponie.fr/aquaculture/ http://www.achatgraines.com/hydroponique.html

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Ces nouveaux systèmes de cultures sont plus flexibles et sont capables de s’adapter à l’imprévu. De plus, ce sont de nouvelles techniques de cultures qui s’insèrent plus fréquemment dans les fermes émergentes en ville car permet une production alimentaire plus intensive et les besoins en eau sont moins importants. Une nouvelle forme d’agriculture s’insère en ville et induit des formations et un apprentissage de cette technique de culture hors sol. Grâce à ses nouvelles techniques, un réseau est favorisé entre le technicien et le nouveau citoyen agriculteur. De plus ces deux systèmes écosystémiques fonctionnent également en réseau à une petite échelle ou l’objet met en relation des éléments complémentaires pour produire : les poissons et les matières végétales se complètent. 2 – La ferme sur les toits La ferme sur les toits permet d’utiliser des espaces encore trop peu exploités notamment en Île de France. Cultiver sur les toits offre l’avantage de produire des légumes au sein même de la ville et à proximité immédiate des consommateurs. Si chaque toit plat inexploité pouvait accueillir de l’agriculture, la production alimentaire de celui-ci pourrait nourrir une partie des habitants de l’immeuble mais surtout relier les résidents entre eux. Bien que ces espaces de cultures verticales ne soient pas visibles depuis la rue et pas en contact direct avec les citoyens, ce type de ferme peut être bénéfique au niveau de la cohabitation mais également au point de vue de la biodiversité. En Île de France, l’école AgroParisTech23 s’est penchée sur la question de la culture sur les toits en réalisant un projet sur le toit de leur école et en s’associant à divers collectifs porteurs de projets d’agriculture urbaine similaire. L’idée était d’expérimenter un jardin potager associatif pour faire face au manque de terre arable en métropole. Il s’agit aussi de contribuer au métabolisme urbain en étudiant la faisabilité de l’utilisation les déchets urbains pour cultiver sur les toits en ville, tout en se centrant sur l’analyse de systèmes de culture adaptés à un toit. C’est alors que le projet T4P (Toits Parisiens Productifs Projet Pilote) démarre. Trois dispositifs ont été installés sur les toits d’AgroParisTech : un dispositif avec des bacs agencés qui contiennent une couche fertile de nature organique (mélange de compost et de résidus de champignonnière et une couche poreuse drainante organique (bois broyé) ou minéral (brique cassée). Un dispositif « T4bis » dont les bacs sont composés de compost, de terre broyés et de vers de terre. Enfin le troisième dispositif « S1 » composé de 5 types de bacs avec réserve d’eau. Tous ces dispositifs sont répartis sur le toit et sont en cours d’expérimentation afin de savoir quel type de culture serait le plus approprié sur un toit parisien. Sur les toits potagers existants on retrouve trois types de cultures : Le toit vert agricole. Ce système de culture est notamment utilisé par la ferme de Brooklyn Grange à New York. Il intègre des cultures comestibles sur un plancher avec une isolation thermique, un revêtement d’étanchéité, une protection de l’étanchéité puis une barrière anti-racines, un système de drainage et un système d’irrigation.24

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http://www.agroparistech.fr/-L-experimentation-.html

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http://www.cityfarmer.org/greenpotential.html

Image 20 et 21 Coupe toit vert agricole intensif et coupe toit vert agricole extensif


Le toit potager en container, où les cultures sont plantées dans des bacs, sur substrats est un type de culture expérimenté par AgroParisTech, à base de marc de café, de compost et du broyat de bois. Enfin les toits qui adoptent un système hydroponique et sous serre : la ferme de LUFA à Montréal utilise cette méthode. Le choix de ces différentes méthodes dépend de multiples facteurs comme la portance du toit, l’accessibilité, la sécurité, etc. Topager est une association qui travaille avec des architectes et paysagistes et conçoit des fermes sur les toits parisiens. Elle intervient sur des toits particuliers comme sur des toits de bureaux, d’hôtel ou encore d’école. La petite ferme sur les toits de l’école Ferrandi par exemple, permet une petite production que les élèves récoltent pour leur restaurant d’application. Ils découvrent comment les produits qu’ils transforment se cultivent, et découvre la valeur gustative de ces légumes plus frais et sain. Nicolas Bel, fondateur de Topager, entend « bâtir un écosystème qui recycle ses déchets et qui rend plein de services : gérer les eaux d’orage, la température… A Ferrandi, l’intégralité de nos intrants fertilisants vient de déchets locaux valorisés dans des cycles très courts. L’idée, c’est vraiment de développer une agriculture urbaine pertinente avec un côté social important. ».25 Le jardin potager en haut de l’hôtel Pullman à la même fonction. Il permet au restaurant d’être fourni en produits frais et sain et de réduire certains circuits d’approvisionnements en marchandise. Ce sont des types de cultures qui sont en réseau direct avec les résidents, travailleurs, étudiants du bâtiment concerné mais aussi en lien indirect avec les consommateurs de ces produits (au restaurant par exemple). Une chaîne se dessine à travers la culture sur toit, bien qu’elle soit moins évidente qu’au sein d’une ferme sur sol. Par ailleurs, la ferme Lufa ou encore la ferme Brooklyn Grange sont des ferme sur toits qui ont un but différent de celles vues antérieurement. Ces fermes sont connectées à une plus grande échelle sur le territoire puisqu’elles sont de type marchand.

Image 22 et 23: Brooklyn Grange

La Brooklyn Grange26, située à New York, est la plus grande ferme sur toits du monde avec une surface de 30 000 m². Les terres sont cultivées hors sol et rendues fertiles grâce au compost de la ville. Ces terres produisent environ 18 tonnes par an qui sont distribuées aux restaurants de la ville, à des traiteurs, sur des marchés et aux habitants adhérents à la ferme. La ferme de Brooklyn Grange crée un réseau entre sa production et ses consommateurs qui sont très variés. Cependant le rapport aux produits frais et sains récoltés en pleine ville n’est pas direct et le consommateur ne vient à la ferme que lors de visites guidées et de cours d’agriculture et de yoga organisée par l’association. En effet, les produits sont distribués essentiellement dans des points relais pour les habitants et au restaurant même. En France, le réseau d’une ferme urbaine sur toit n’est pas si étendue qu’une telle ferme, elle reste cantonnée à une échelle plus petite entre les utilisateurs du bâtiment en question et au quartier environnant. 25 26

http://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2015/07/16/le-potager-au-top_4685955_4497540.html https://www.brooklyngrangefarm.com/about-brooklyn-grange-1/

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Les typologies de fermes urbaines sont très diverses à travers le monde et s’adaptent en fonction du contexte géographique et de l’objectif premier de cette intervention urbaine. Certaines fermes privilégieront leur agriculture urbaine comme un outil d’insertion sociale pour le « redynamisme » d’un quartier. L’alimentation aura pour objectif de refaire naître un quartier, grâce à une participation citoyenne à cette production alimentaire. Un nouveau système est alors pensé à travers un réseau qui connecte des acteurs entre eux, des territoires à l’échelle urbaine, péri urbaine et rurale. C’est une société qui est plus soudée face aux crises alimentaires actuelles et qui s’implique différemment dans la vie active. D’autres fermes se concentrent essentiellement sur une production intensive de produits sains et locaux afin d’assurer une sécurité alimentaire en ville. Leurs systèmes de production sont adaptés pour produire plus tout en consommant moins d’énergie avec un apport d’eau moins important. Pour une production de marchandises efficaces, ces fermes adoptent des techniques plus complexes comme l’hydroponie ou l’aquaponie. Des systèmes de productions écosystémiques qui peuvent se retrouver sur les toits d’immeubles, au niveau de la rue en hors sol ou même dans des serres. Les cultures hors sol que ce soit high tech ou low tech, ont l’avantage de pouvoir s’adapter plus facilement à la ville car n’ont pas besoin d’autant d’espace que la culture en pleine terre. Leurs implantations en ville est plus fréquente et notamment sur les toits, qui restent aujourd’hui des surfaces encore trop peu exploitées. D’après le schéma ci-dessous, 90 cas se concentraient sur la fonction environnementale contre 70 sur le plan économique et 74 sur les vertus sociales de l’agriculture urbaine. Ces chiffres restent cependant très proches et montrent bien la multifonctionnalité de la ferme urbaine et ces points forts présents dans tous les domaines. Au sein de la majorité des fermes urbaines, une attention particulière est portée sur la gestion de l’eau, à la consommation énergétique, mais aussi de plus en plus à la gestion des déchets et donc à la gestion des sols (substrats, hydroponie, etc.). Cependant, d’après Specht et al (2013)27 , les thématiques d’intérêt des porteurs de projet sur la dimension économique, sur le plan économique, l’intérêt le plus important est le financement et le génie civil. Pourtant, aujourd’hui, l’accent est davantage mis sur la création d’emplois et sur le mode d’approvisionnement du citoyen (en circuit court), même si cela reste encore loi de résultats pharaoniques en terme de chiffre.

Image 24: Statistiques sur l’intérêt des porteurs de projet en fonction de ses vertues economiques, environnementales ou sociales

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http://www.agroparistech.fr/Perception-des-formes-et-fonctions-par-les-porteurs-de-projet.html


Mais l’agriculture urbaine, et l’installation de fermes urbaines en plein cœur de la ville, a ses limites. La circulation des engins agricoles par exemple est un enjeu de taille. L’intensification du réseau routier qui va de pair avec l’urbanisation, n’est pas forcément adaptée aux machines agricoles. L’agriculture en ville doit innover en système de production en les pensant sans ces machines disproportionnées par rapport à la densité de la ville. Ce type d’agriculture doit être durable à long terme, c’est pourquoi les « urbain-culteurs » utilisent de plus en plus des systèmes de cultures hors sol high tech tels que l’hydroponie et l’aéroponie. Des systèmes innovants et efficaces bien que s’il y a un disfonctionnement quelconque, cela induirait une perte de la production. Finalement, même un agriculteur rural n’est pas à l’abri des aléas climatiques et connaît des pertes alimentaires au cours de l’année. Par ailleurs, pour rester un minimum rentable, les exploitations urbaines s’allient à d’autres activités. Des communes choisissent des extensions de bâti existant (sur les toits, dans les jardins…) pour y greffer une activité lié à la production agricole (vente, tourisme, loisirs, etc.), sous réserve de conserver l’agriculture urbaine comme vocation principale. Bien que des analysés soient en cours par l’association AgroParisTech sur la production de légumes sains et frais au sein de la ville de Paris, les aménageurs sont jusqu’ici restés sceptiques sur l’idée de planter dans la ville et de consommer ces plantations. La pollution de l’air parisien, des sols, des eaux de ruissellement n’incitent pas forcément les communes à investir dans des projets d’agriculture urbaine. AgroParisTech à récemment démontré que les légumes et fruits produits sur substrat en ville ne sont pas pollué et plus goûtus qu’un légume récolté en espace rural traité. De plus, les substrats utilisés comme engrais (compost, marc de café, déchets de bois) seraient plus durables dans le temps que le terreau traditionnel et plus rentables. Ces études ont été rapportées à la Mairie de Paris et ont pu aider au développement futur de l’agriculture urbaine à Paris notamment au sein des projets des Parisculteurs. C’est pour cela que jusqu’ici, les initiatives de fermes urbaines étaient plus de l’ordre expérimental (La Recyclerie, le TP4, etc.) afin de permettre aux chercheurs de tester les risques et définir les seuils. La ferme urbaine est donc un outil à multiples visages qui associe plusieurs fonctions: fonction sociale, économique et politique, et environnementale. Ces fonctions ne sont pas toujours évidentes selon le type de ferme, mais sont également différentes selon le contexte géographique et économique de leur pays d’accueil. L’urbanisation a fait que des chercheurs ont été amenés à repenser les planifications territoriales de certaines métropoles et réfléchir à des alternatives alimentaires que ce soit en terme de distribution du produit ou en terme de consommation. Par ailleurs, ces alternatives ont permis de repenser un mode de culture innovant en rapport direct avec la ville. Ce nouveau type de culture «high tech» génère des créations d’emplois et un réseau d’acteurs urbains et ruraux grâce à la nécessité d’un apprentissage des nouvelles techniques agricoles et leurs nouveaux modes d’approvisionnement alimentaire. C’est finalement en deuxième partie que nous verrons que la ferme urbaine n’est donc pas qu’un simple objet de culture en ville mais que c’est un réel outil générant un réseau immense d’acteurs et d’actions autour de lui, redynamisant des quartiers tout en étant le centre de flux territoriaux. C’est aussi un outil qui évolue avec les effets de l’urbanisation en s’adaptant à la densification des métropoles et en s’inscrivant dans des lieux qui vont avoir un nouveau visage: nouvelle approche du territoire avec des liens qui se forment entre la ville, ses périphéries et la campagne.

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PARTIE II : La ferme urbaine, un élément qui n’existe qu’à travers un réseau complexe. (Ile-de-France)



Si l’on regarde de plus près l’objet de la ferme urbaine et qu’on la situe dans son contexte, on remarquera qu’il a un impact à l’échelle locale et territoriale grâce au réseau qui se construit autour de cet objet. Cet objet rural en milieu urbain fais jouer tout un cercle d’acteurs de domaines différents et va venir modifier leur rôle dans la société et sur le territoire. Certains acteurs verront leurs activités changer d’échelle en devenant plus local et d’autres joueront le rôle d’intermédiaire pour justement mener à bien ce processus de circuit court. Le réseau se forme donc autour des acteurs, mais également du produit en lui-même grâce à l’implantation de nouvelles infrastructures en métropole qui permettra d’allier ville et agriculture, bâti et nature, producteurs et consommateurs. La ferme urbaine, c’est un intermédiaire entre deux monde proches mais pourtant si ignorant l’un de l’autre. Les espaces agricoles sont omniprésents en Île-de-France, et leur position à proximité de la grande métropole est avantageuse pour limiter les circuits longs des produits. Depuis des décennies, les paysages en bordures de la région évoluent et les terres agricoles se redessinent constamment à cause de l’urbanisation et de l’extension des zones d’habitations et industrielles. De plus, bien que ces espaces soient à proximité, est-ce pour autant que la majorité des produits vendus en région parisienne proviennent directement de ces périphéries ? Bien que le système de circuit court soit déjà en développement, il reste encore trop peu répandu. A – Le contexte, un déterminant sur le mode d’implantation et sur le niveau d’implication de la ferme urbaine en métropole. Une Perception différente de l’agriculture urbaine. 1 – Contexte économique et social. Les flux de ressources et de produits alimentaires entre les espaces agricoles et la ville sont liés aux dynamiques locales de l’agglomération caractérisées par son histoire, sa politique, sa culture et sa géographie.28 La motivation et les initiatives locales des acteurs citoyens vont en effet dépendre en partie du contexte politique et économique du pays. A Détroit, la production de denrée au sein de la ville devient marchande et arrive à créer de l’emploi et à revitaliser la ville. Dans les pays d’Amérique du Nord, les terres arables sont encore très disponibles et la question foncière n’est pas aussi problématique qu’en Europe. Cela permet d’accueillir des espaces de jardins cultivés pour la ville et de les rendre marchands afin de les redistribués à travers les territoires à l’échelle locale. Par ailleurs, dans les pays d’Amérique du Nord, les citoyens paraissent plus concernés par ces initiatives d’agriculture urbaine. A Montréal notamment, chaque quartier à son jardin potager, et beaucoup de citoyens construise leur paysage comestible urbain à leur manière que ce soit dans des lieux plus ou moins délimités, ouverts au public ou non. La disponibilité des terres, le prix des terrains et la pollution des sols moins évidents jouent un rôle sur l’implication de l’habitant urbain dans le monde agricole. Aux Etats-Unis, une approche sociale et écologique

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Mougeot, 2000 ; Moustier & M’Baye, 1999


2 –- Contexte géographique 1 Les fermes hors sol

Image 25: Hiérarchies des fonctions de l’agriculture urbaine dans les pays industrialisés, dits «du Nord», et dans les pays en développement dits «du Sud».

François Léger, enseignant-chercheur à AgroParisTech, soulignait à l’occasion d’un colloque : «La question alimentaire au sud est essentielle et l’agriculture urbaine n’est pas là pour faire joli».29 L’agriculture urbaine sert avant tout à subvenir aux besoins alimentaires des populations urbaines mais aussi d’apporter un complément de revenu pour les familles. Parmi les 800 millions de personnes cultivant en ville dans le monde, la grande majorité reste dans les métropoles africaines, asiatiques et latino-américaines avec comme fonction primaire la sécurité alimentaire. C’est là qu’on voit le grand écart qu’il peut y avoir entre la ferme urbaine dans les pays du Sud, et la ferme urbaine dans les pays du Nord. La fonction première de ce type d’agriculture en ville est totalement différente selon la situation géographique et économique. Les pays du Nord se sont appuyés sur des travaux de recherche établis essentiellement dans les pays du Sud30. Au Nord en revanche, la fonction vivrière de l’agriculture urbaine n’est pas en premier ressort, bien que depuis la crise de 2008, la question se pose de plus en plus. Aux Etats-Unis, c’est Détroit qui redécouvre la culture en ville et se voit renaître grâce à une agriculture urbaine omniprésente. En Grèce, alors que des milliers de personnes sont précarisées, l’agriculture urbaine de subsistance fait sa réapparition et donne la possibilité aux citoyens de s’évader des problèmes actuels de la vie. Est-ce qu’on peut penser que c’est prématuré de considérer l’alimentation comme étant la motivation principales de ceux qui aujourd’hui s’investissent dans des projets de fermes urbaines dans les villes comme Paris, New York ou encore Montréal ? Pourtant, depuis peu et sous l’effet des crises économiques et des nouvelles préoccupations écologiques, l’intérêt pour l’agriculture de production en ville renaît. Dans les pays du Nord, et notamment à Paris, l’idée de cité à vocation nourricière disparaît au cours du 20ème siècle. Curieusement, c’est en perdant cette dimension alimentaire, que l’agriculture urbaine va se découvrir d’autres fonctions. La fonction sociale, culturelle et environnementale de l’agriculture urbaine va notamment se développer au début des années 70 à travers les jardins partagés. Les vertus sociales et culturelles d’une agriculture urbaine étaient déjà connues à 29 « Les disputes d’AgroParisTech 2013-2014 : L’agriculture urbaine », décembre 2014. http://www.agroparistech.fr/ Les-Disputes-d-AgroParisTech-2013- 2014-sur-l-agriculture-urbaine 30 Marc Lemonier, « L’agriculture urbaine dans tous ses états », Diagonal, mars 2015, n°193, pp. 28-31.

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l’époque du Moyen-Âge et deviennent des jardins d’agrément associant cultures, communication avec la nature, etc. En Chine, en revanche, la notion d’agriculture urbaine et notamment de ferme urbaine est développée d’une manière plus moderne afin d’intensifier les cultures et de les diversifier. En 2007, à Pékin, 1 032 parcs agro-touristiques et 630 villages agrotouristiques ont été créés. Le développement de l’agriculture de loisirs à Pékin est prometteur puisque, selon RUAF (2010), le temps pour les loisirs de la population urbaine s’accroît ainsi que leur intérêt pour les activités de plein air et de l’environnement. Dans d’autres pays d’Asie, notamment Singapour, le contexte géographique fait que certaines populations n‘ont pas un accès direct à certaines denrées et sont essentiellement approvisionnés par des circuits longs venant de pays voisins. Les 22 fruits et légumes consommés sur l’île proviendraient de 15 pays différents et rien ne pousse à Singapour même (sauf dans les quelques fermes qui apparaissent).31

Image 26 : Des denrées alimentaires qui sont importées de 5 continents différents. Schéma réalisé à l’aide des données fournies sur le site Singapore Wild City

La ferme urbaine est donc un moyen efficace pour nourrir les villes localement et sainement grâce à des systèmes high tech. C’est là qu’on voit que la ferme urbaine peut prendre différentes formes en fonction de son contexte géographique économique et social. Une ferme verticale à Singapour aidera la population à subvenir à leur besoins nutritif tandis qu’une ferme urbaine low tech fera office d’un complément d’une agriculture rurale en Europe, ayant pour principal atout, aide au lien social. Mais le point commun de toutes ces fermes se retrouve dans leur efficacité environnementale. Le terme « agriculture urbaine » et « ferme urbaine » diffère donc selon les continents. Son approche et les initiatives de projets de ce type sont plus ou moins suivies en fonction de la motivation des habitants, des électeurs mais également des chercheurs. En Amérique du Nord, la ferme urbaine est aujourd’hui bien développée. A Montréal, notamment, c’est une initiative citoyenne qui a permis de récolter 29 000 signatures pour que la mairie organise une grande consultation publique sur l’agriculture urbaine.32 Les habitants, les élus et les chercheurs sont très impliqués dans ces interventions urbaines et participent activement à une amélioration de la vie métropolitaine à travers la création de jardins partagés, fermes urbaines …Aujourd’hui on observe une forte augmentation de fermes urbaines sur les toits avec des systèmes de cultures de plus en plus efficaces : hydroponie, aquaponie… 32 30

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https://singapore-wild-city.blogspot.fr/2013/01/mon-quotidien-singapour-la-provenance.html Anne Cécile DANIEL, Aperçu de l’agriculture urbaine en Europe et en Amérique du Nord


B – Interactions ville campagne Depuis la reconnaissance de la multifonctionnalité de l’agriculture et sa re-territorialisation, de nouveaux acteurs apparaissent et sont parties prenantes de sa gouvernance. Ces acteurs peuvent être très variés, mais sont encore trop peu issus du monde agricole. Ils sont plutôt architectes, artistes, urbanistes, paysagistes ou sociologues ; autant d’acteurs qui n’ont pas de savoirs techniques en horticulture mais qui interviennent sur la question agricole. Cela justifie la nouvelle place de l’agriculture sur les territoires et sur le plan politique. Selon le ministère de l’agriculture, 9 paysans sur 10 ont disparu en soixante ans.33 L’arrivée des nouvelles technologies dans les années 70 impose aux agriculteurs de s’adapter aux changements avec l’utilisation notamment de pesticides et d’engrais « fortement recommandés »34 . Mais le choc pétrolier bouleverse tout et les grandes surfaces font leur apparition et exigent des produits à bas coût et standardisés. Il n’y a plus de saisons et l’Espagne est un des fournisseurs de la France, qui ravitaille en quantité en fruits et légumes cultivés dans ce pays. Le petit commerce se meurt, les exploitants font faillite et les coopératives ferment. Ce système éloigne les choses et les gens, les champs et l’assiette, et les fragilise. 1 .Acteurs, solidarité entre milieu rural et milieu urbain Dès 2001, la première Amap est lancée (en Provence), et des plateformes d’e-commerce comme La Ruche Qui Dit Oui ! se développent, ce qui amorce le retour des cultivateurs locaux, par une économie sociale et solidaire en pleine croissance. Les citoyens se mobilisent de plus en plus chaque année et prennent conscience de l’importance d’une alimentation saine et locale. La première Amap francilienne voit le jour à Pantin en 2003. Dix ans après le réseau des Amaps atteint le nombre de 300, alimenté par 210 producteurs et 41 000 personnes concernées. Jusqu’à 7% dans le 3ème arrondissement de Paris par exemple35. Le réseau Amap, Association pour le maintien d’une agriculture paysanne, permet de créer un lien direct entre paysan et consommateur, en organisant des rencontres entre un groupe de consommateurs et un producteur. Ce groupe d’acteurs agri-urbains acceptent d’entrer dans une démarche de circuits courts : le consommateur s’engage à prépayer la récolte de fruits et légumes et se laisse guider au fil des saisons. Aujourd’hui, cette démarche en circuit court peut aussi être contraignante pour le consommateur. Le choix des produits est réduit et la vente du panier préalablement payé est moins flexible. Cependant, le contact avec le producteur permet de s’arranger et de déterminer chaque semaine à l’avance sur la consistance du panier, des trocs entre consommateurs peuvent aussi être effectués selon les goûts de chacun. D’après la carte qui géo localise les producteurs et leurs Amapiens, les producteurs se focalisent essentiellement sur la région Île-de-France en s’arrêtant aux périphéries et banlieues ou en s’imposant directement dans Paris intra-muros. De plus, bien que l’on pense que les circuits courts s’établissent essentiellement au sein de la région, on peut donc en déduire que d’autres régions importent leur produits dans des points Amap parisiens et de banlieues, les intermédiaires seront plus nombreux.

33 Entre 1995 et 2015, Ministère de l’agriculture et MSA (Mutualité Sociale Agricole). 34 Denise VUILLON, L’Histoire de la première Amap, L’Harmattan, Paris, 2011 35 VERNET-AUBERTIN Françoise, HIMBERT Marie-Noëlle, S’engager dans une Amap, Acte Sud Sciences humaines, mars 2017, 64p

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Image 22: Image 27 : Schéma du réseau Amap en Île-de-France et dans toute la France

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Ce système de consommation alimentaire permet de fonctionner grâce à un réseau d’acteurs qui met en relation les consommateurs, les Amap et les paysans. Des acteurs qui orientent le citoyen urbain vers un producteur qui leur corresponde et à proximité de leur lieu de vie. MIRAMAP (Mouvement interrégional des Amap) est une source de contact et d’information utile et propose des formations à la création d’une Amap. De plus, CREAMAP (Centre de Ressources pour l’Essaimage des Amap) est un réseau d’entraide au passage en Amap pour les paysans. Il est rejoint par tous les acteurs expérimenté prêt à s’investir bénévolement dans la transmission du concept, dans le partage des bases pour sa viabilité et sa durabilité. Les organismes agricoles tels que GAB (Groupement des Agriculteurs Biologiques) et les Chambres d’agriculture sont aussi un relais qui oriente les Amaps vers des producteurs maraîchers. Comme on peut le voir sur la carte ci-dessous, le réseau Amap, producteur, consommateur, se tisse comme une toile d’araignée sur le territoire français. A travers tout le pays, se dessinent des liens entre ces acteurs, entre les terres cultivées, les fermes, les points relais Amap mais aussi avec les citoyens Amapiens concernés par ce système. Cependant on peut remarquer la localisation d’une Amap en Grèce, peut-on réellement parler d’une Amap si le concept initial est de relier spatialement le producteur avec ses consommateurs ? Le réseau voit son point de centralité dirigé sur la région parisienne. Une métropole qui a besoin de recréer un contact plus fort avec la campagne et ses périphéries rurales. A une échelle plus locale, un nouveau réseau se forme entre les citoyens eux-mêmes. Un esprit de convivialité se forme et une communauté Amapienne naît. De plus, les citoyens convaincus de cette expérience vont peu à peu élargir le cercle en ralliant des proches. C’est par la communication entre citoyens et le vécu que les Amaps grossissent et voient leurs consommateurs augmenter. Par ailleurs, les paniers Amaps sont accessibles dans des points relais ou à la ferme même, mais certains quartiers dans des villes n’ont pas forcément une Amap. C’est là qu’on observe un réseau supplémentaire de l’Amap qui permet à tout le monde d’y avoir accès : La Ruche qui dit Oui ! Qui adopte le même fonctionnement qu’une Amap mais les produits peuvent être commandés sur internet (surcoût de 16% pour la prestation de services). On peut également retrouver des « paniers fraîcheurs »36 dans les gares. Une initiative menée par la SNCF. Un maraîcher se déplace sur les quais des gares. En revanche, le bio est exceptionnel et les petites exploitations peu représentées car mené par les Chambres d’agriculture. Enfin, certains magasins bio sont en partenariat avec des producteurs en circuits courts et vendent des petits paniers. Les Amaps se servent également d’un réseau numérique pour se faire connaître : tracts, plaquettes d’information, internet … En s’impliquant dans une Amap, le citoyen devient « acteur et ambassadeur »37 , il expérimente tous les concepts de l’économie solidaire. La Ruche qui dit Oui ! Comme énoncé précédemment est un réseau au sein duquel on peut acheter ce que l’on veut en commandant sur leur site internet (pain, légumes, fruits, lait, etc.) et chaque semaine, nous donne rendez-vous dans un point relais de notre quartier pour retirer la commande et rencontrer les producteurs. Les producteurs de ce type d’Amap sont localisés à 250 km maximum du lieu de distribution. Cet acteur n’agit pas comme un intermédiaire mais comme un prestataire de services (outils de commercialisation, de facturation, d’animations, etc.). Cependant, bien que le réseau se développe d’année en année sur le territoire francilien, beaucoup d’Amap sont contre le système de La Ruche Qui Dit Oui ! . Ce prestataire se dit fonctionner en circuit court, et le consommateur est donc persuadé d’être fourni en vente direct, mais en réalité la vente passe par deux intermédiaires : le propriétaire de la ruche et la start-up parisienne.38 L’origine des produits est remise en question, et ceux-ci passent parfois par des transformateurs et non des paysans. Et le grand problème est le gachis. L’un des objectifs des Amap étant d’éviter le plus possible le gachi de produits alimentaires en s’adaptant aux besoins des citoyens, mais aussi assurer un salaire convenable aux producteurs agricoles. 36 37 38

https://www.ter.sncf.com/alsace/gares/preparer-son-voyage/paniers-fraicheur François Soubrier, créateur d’une des plus grosses Amap parisiennes en 2003. http://www.amapbiodevant.fr/blog/actualites/reseau/attention-une-amap-na-rien-a-voir-avec-les-principes-de-ruches/

35


Image 28: Carte interactive de La Ruche Qui Dit Oui ! Localisant les points des ruches en région parisienne puis à l’échelle du pays

La Ruche Qui Dit Oui ! annule sa distribution pour le producteur si les commandes en lignes ne sont pas assez élevées, et celui-ci perd alors sa source de revenu pour une marchandise déjà produite. Un ensemble d’activités est présente au sein d’une ferme urbaine, lié à l’agriculture, aux métiers de transformation, de fabrication, de transmission des savoirs. Si on se penche sur le projet du Réinventer Masséna, on observe un bon nombre d’acteurs qui co-travaillent sur ce projet. Ces acteurs participent différemment à l’élaboration de ce projet, puisqu’ils interviennent dans des domaines différents : architecture, immobilier, environnement, réemploi, réglementation, bois et structure, alimentation, recherche, concertation et culture. Des domaines qui doivent se concerter sur un même projet. Le lancement de Réinventer Masséna, qui a lieu en 2014, voit comme thème central l’alimentation, et commence les discussions avec les associations Alimentation générale, et PolyChrone.39 Ces associations au sein du projet vont permettre de centrer le programme sur l’expérimentation d’un processus d’économie circulaire en ralliant les forces de chaque intervenant passant du chercheur chez AgroParisTech, à l’habitant consommateur jusqu’au producteur et aux cuisiniers présents dans le projet. L’alimentation est au cœur du projet et va générer une multitude de fonctions bénéfiques pour le quartier et pour le territoire à plus grande échelle grâce à la mise en synergie d’acteurs urbains et ruraux. Les espaces communs du programme sont mis en valeur par la présence d’un cercle vertueux établis entre tous les niveaux de cette microville verticale et généré par une agriculture urbaine et le circuit de l’aliment produit sur les toits.

Image 29 : Schéma du circuit entre les différentes fonctions de la ferme urbaine de Masséna

36 34

39

Hors-série AA Projects – Réalimenter Masséna, 30 septembre 2016, 72 pages


La place de l’agriculture évolue avec la métropolisation de la région d’Île-de-France qui s’étend rapidement. Les espaces agricoles viennent se confronter à la ville et former une dualité territoriale. L’arrivée de la nature en ville intéresse aujourd’hui les urbanistes et les architectes qui s’impliquent dans ces projets d’agriculture urbaine. L’architecte va se poser la question du découpage du territoire et comment faire cohabiter terres agricoles, et ville, horizontalité de ces espaces verts et verticalité du bâti. Une manière différente de construire la ville sur la ville, en l’oxygénant et la densifiant intelligemment. Beaucoup de friches urbaines d’interstices, de délaissés urbains sont présents en régions parisienne. L’architecte qui intervient dans des projets d’agriculture urbaine va s’allier avec collectivités, urbanistes, artistes ; sociologue et habitants pour défendre leur implantation. C’est une « cicatrisation » de la ville qui s’adapte aux nouveaux modes de vie et aux nouvelles préoccupations. Ces acteurs urbains se mêlent aux habitants, à des associations et à des agriculteurs qui vont faire perdurer le projet et le faire vivre, à travers la transmission des savoirs et de formation, mais aussi à travers un réseau qui se crée entre producteur et consommateur. De nouveaux métiers naissent au sein de la ferme urbaine, tels que l’agriculteur-urbain, le cuisinier « street food », ou encore le brasseur urbain. En effet, l’agriculteur a un nouveau rôle au sein de la société et doit s’adapter à l’urbanisation. L’agriculteur urbain devient un salarié qui a un revenu mais également un formateur dans la mesure où ses cultures deviennent un lieu de loisir et d’autoproduction pour les habitants consommateurs. De plus, en dehors de la stricte « ferme », ce nouvel agriculteur peut gérer des espaces connexes dans le quartier, comme entretenir les vergers, les jardins potagers laissés en libre accès aux habitants…il devient un réel acteur social du quartier. L’agriculteur urbain c’est aussi le citoyen qui va cultiver son propre potager. Un village naît alors dans la ville à travers la ferme urbaine.

Revenu issu de l’agriculture rurbaine en % du revenu total de l’individu

Revenu: 0%

Ventes: 0%

Ventes: 50%

j a r d i n i e r urbain auto consommatant ses produits

Revenu: 50%

Revenu: >50%

Agriculteur salarié municipal, animateur d’un jardin collectif, ...

Jardinier qui vend quelques surplus, petit agriculteur urbain retraité

Ventes: >50%

Ventes: 100%

Membre d’une association de consommateur qui s’engage sur quelques jours de travail annuels consommateur amap participant aux travaux

Revenu: 100%

Maraîcher-encadrant d’un jardin d’insertion par le travail Jardiniers-maraîchers salariés d’une assoc de consommateurs (temps partiel)

maraîcher plur iactif activité agricole secondaire

maraîcher plur iactif activité agricole principale

Animateur d’un jardin d’insertion sociale (temps plein) maraîcherencadrant d’un jardin d’insertion (temps plein) jardiniersmaraîchers salariés d’une assoc de consommateurs jardinier en insertion maraîcher mooactif

Image 30 : Les multiples visages des agriculteurs urbains

37 35


Les chambres d‘agriculture francilienne sont les principaux acteurs qui accompagnent aux développements agricoles. Ce sont des acteurs qui œuvrent avec les élus locaux et les agriculteurs pour relever les d‘agriculture défis de l’agriculture d’Île-de-France. Ils agissentacteurs pour mener à bien l’étalement Les chambres francilienne sont les principaux qui accompagnent aux urbain et un maintien de l’agriculture, avec notamment l’organisation visites desagriculteurs fermes en développements agricoles. Ce sont des acteurs qui œuvrent avec les élus de locaux et les donc und’Île-de-France. contact entre l’agriculteur le consommateur. Le citoyen Île-de-France pour relever 40 les, et défis deprivilégient l’agriculture Ils agissentetpour mener à bien l’étalement découvre vient sa nourriture et comment elle est produite. Ces initiatives ontdes pour but de urbain etd’où un maintien de l’agriculture, avec notamment l’organisation de visites fermes en 40 agri-urbain en offrant au public des activités nouvelles au contact du milieu renforcer le lien Île-de-France , et donc privilégient un contact entre l’agriculteur et le consommateur. Le citoyen agricole. chambres entretiennent avecont « Bienvenue à découvreLes d’où vient sa d’agriculture nourriture etfrancilienne comment elle est produite.une Cesrelation initiatives pour but de larenforcer ferme », un réseau en forte croissance un activités lien entrenouvelles agriculteurs le grand le lien agri-urbain en offrantqui aumaintien public des au et contact dupublic. milieu agricole. Les chambres d’agriculture francilienne entretiennent une relation avec « Bienvenue à Afin d’agrandir le réseau decroissance la ferme qui urbaine, des un acteurs se lient à la production à la la ferme », un réseau en forte maintien lien entre agriculteurs et le grandetpublic. consommation des légumes et fruits frais de la ferme. En effet, la mise en place de ferme sur les toits d’école ou exemple, permet un lien avec ces publics quietvont Afin d’agrandir le d’hôtel réseau par de la ferme urbaine, des acteurs se équipements lient à la production à la profiter de cette des production les intégrer aux cantines. consommation légumespour et fruits frais deaularestaurant ferme. Eneteffet, la mise en place de ferme sur les toits d’école ou d’hôtel par exemple, permet un lien avec ces équipements publics qui vont profiter de cette production pour les intégrer au restaurant et aux cantines.

Image31: 31: Image Dansles lesjardins jardins potagers potagers de de l’hôtel l’hôtel Pullmann Dans Pullmann L’Hôtel Image 31:Pullman notamment bénéficie d’une toiture aménagée avec un jardin potager qui profite L’Hôtel Pullman notamment bénéficie d’une toiture aménagée avec un jardin potager qui profite Dansplats les jardins potagers de l’hôtel aux du restaurant. Le jardin entretenu par la société Topager a une surface de 1200m² et aux plats du restaurant. Le jardin entretenu par la société Topager a une surface de 1200m² et Pullmann est entièrement bio, il accueille 250 variétés fruits,aménagée légumes etavec herbes aromatiques L’Hôtel Pullman notamment bénéficie d’unedetoiture un jardin potagerqui quifiniront profite

est entièrement bio, il accueille 250 variétés de fruits, légumes et herbes aromatiques qui finiront directement les assiettes du restaurant. en produits frais et local n’est pas le aux plats dudans restaurant. Le jardin entretenu L’apport par la société Topager a une surface dedonc 1200m² et directement dans les assiettes du restaurant. L’apport en produits frais et local n’est donc pas le même en fonction des saisons et desvariétés aléas climatiques, mais c’est là toutaromatiques l’enjeu d’une à est entièrement bio, il accueille 250 de fruits, légumes et herbes quiculture finiront même en fonction des saisons et des aléas climatiques, mais c’est là tout l’enjeu d’une culture à proximité. Ledans chef les s’adapte auxdu récoltes du moment et en créeproduits de nouveaux fonction de cele directement assiettes restaurant. L’apport frais etplats localenn’est donc pas proximité. Le chef s’adapte aux récoltes du moment et crée de nouveaux plats en fonction de ce qu’il a, les clients aussi assiettes changer au filmais des saisons. même en fonction des verront saisons les et des aléas climatiques, c’est là tout l’enjeu d’une culture à qu’il a, les clients aussi verront les assiettes changer au fil des saisons. Cela me fait penser au grand chef cuisinier français Alain Passard, à la tête duen restaurant proximité. Le chef s’adapte aux récoltes du moment et crée de nouveaux plats fonction trois de ce Cela me fait penser au grand chef cuisinier français Alain Passard, à la tête du restaurant trois étoiles à Paris, qui possède ses propres jardins pour qu’il a,l’Arpège les clients aussi verront les assiettes changer au fil desalimenter saisons. ses restaurants. Ce chef étoiles l’Arpège à Paris, qui possède ses propres jardins pour alimenter ses restaurants. Ce chef prône la saisonnalité gastronomique : «Une salade deAlain tomates, c’est àfait rafraîchir le corps Cela me fait penser au grand chef cuisinier français Passard, la pour tête du restaurant trois prône la saisonnalité gastronomique : «Une salade de tomates, c’est fait pour rafraîchir le corps quand fait trente degrés été. En qu’il faut, une bonne purée de panais. étoilesill’Arpège à Paris, qui en possède sesjanvier, proprescejardins pour c’est alimenter ses restaurants. Ce chef quand il fait trente degrés en été. En janvier, ce qu’il faut, c’est une bonne purée de panais. Aujourd’hui, vous mangez la même chose toute l’année, il n’y a plus defait nuances l’organisme. prône la saisonnalité gastronomique : «Une salade de tomates, c’est pour dans rafraîchir le corps Aujourd’hui, vous mangez la même chose toute l’année, il n’y a plus de nuances dans l’organisme. quand La il Ballade fait trente degrés en été. En janvier, ce qu’il faut, c’est une bonne purée de panais. 40 du Goût, organisée par les chambres d’agriculture, attire plus de 20 000 visiteurs par ans. Une centaine de Aujourd’hui, vous mangez fermes participent à cet événement. la même chose toute l’année, il n’y a plus de nuances dans l’organisme. 36 38

40 La Ballade du Goût, organisée par les chambres d’agriculture, attire plus de 20 000 visiteurs par ans. Une centaine de fermes participent à cet événement.


les potagers Saisons: Les plats varient Inspiration de la nature: compostage jardins: font partie de la cuisine produits frais: 25 tonnes Image 32: Analyse du chef réalisée en Master 1 à l’UDM par moi.

Moi-même, je ne mets plus les pieds sur un marché parisien, il n’y a plus aucun maraîcher». Chaque année, il récolte 50 tonnes de légumes : une partie est utilisée dans ses restaurants mais le reste est redistribué dans la région, « Nous passons environ trente tonnes de légumes par an à l’Arpège qui nous sont livrés chaque jour par notre chauffeur. Et tous proviennent de nos jardins », affirme Alain Passard. Le reste est mis dans des paniers qui sont distribués aux particuliers. Voir les légumes évoluer, pousser, se transformer devient une source d’inspiration pour le chef, alors pourquoi pas implanter et faire pousser directement sur ses restaurants, sur les toits ? L’approvisionnement des restaurants dans Paris reste un réel enjeu. L’achat direct aux producteurs existe mais c’est souvent l’achat à travers des intermédiaires qui proposent une plus large gamme de produits distribués ordinairement. Mobiliser les restaurants dans le système d’approvisionnement direct et local de produits alimentaires et l’intégrer au réseau d’une économie circulaire, seraient donc un moyen de promouvoir le développement de ferme urbaine dans Paris intra-muros. De plus, laisser un accès public à ces cultures favoriserait la prise de conscience du consommateur, de ce qu’il mange et déguste et de l’importance d’un produit frais et sain. Les cuisiniers auraient un rôle d’agriculteur urbain où ils sèment le produit, l’entretiennent, le récolte, le transforme, le goûte et le fais partager. Un cercle qui naît à travers un produit frais, où le rapport entre l’homme et le citoyen urbain est totalement différent. Toujours à l’échelle locale, les écoles ont de plus en plus de partenariat avec des collectifs de ferme urbaine.

Image 33: Illustration de Deligne

Au sein du réseau francilien se tissent des liens entre la entre la ville et son espace périphérique, grâce à des partenariats entre collectivités et agriculteurs. A l’échelle territoriale, la présence des espaces agricoles en périphérie de la métropole prend de plus en plus d’importance. Ces espaces agricoles péri-urbains assurent aujourd’hui un équilibre du territoire, et gèrent à moindre coût les espaces ouverts à proximité des villes. Ces partenariats collectivités – agriculteurs se mettent en place afin de développer un programme d’agriculture péri urbaine ou programme agri-urbain et de lier des acteurs ruraux et urbains. Ces programmes rassemblent les financements des conseils régionaux, des conseils généraux, de l’État ainsi que la participation des différents partenaires : chambres 37 39


d’agriculture et organisations professionnelles agricoles, associations de protection de l’environnement, CAUE, etc. Par ailleurs, ils permettent de faire connaître les nouveaux projets qui se développent sur le territoire concerné.Par ailleurs, ils permettent de faire connaître les nouveaux projets qui se développent sur le territoire concerné. En Île-de-France, des démarches participatives en faveur de l’agriculture urbaine et péri urbaine se développent. Notamment à Vernouillet, où une charte de développement de l’agriculture péri-urbaine a été signée en 2000 par la commune et les agriculteurs. Parmi les nombreuses nouvelles initiatives de la ville, la charte stipule une revitalisation des espaces en friches et abandonnés par la remise en culture de ces terres. D’autres villes sont concernées par ce type d’initiatives. Cela illustre bien une volonté d’établir un lien plus fort entre la ville et son espace périphérique, entre le monde agricole et les collectivités locales, entre agriculteurs, usagers du monde urbain et du monde rural, consommateurs, producteurs et associations. 2 – Réseau inter ferme, inter territoire. 3

Image 34 : Illustration sur le mode de fonctionnement de la ferme sur le plan territorial.réalisée par la ferme urbaine Planète des Lilas

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C’est à différentes échelles que l’on peut observer un réseau qui se tisse grâce à la ferme urbaine. En effet dans un premier temps, La ferme urbaine génère des flux au sein même de son espace. Des activités sont organisées dans la ferme telles que ….. mais la ferme urbaine ne fonctionne pas seule sur un lieu spécifique. Elle est en lien avec d’autres formes d’agriculture urbaine, des commerces, et parfois des espaces agricoles en milieu péri-urbain ou ruraux. En Île-de-France, Toit Tout Vert réalise son premier projet de serre maraîchère sur les toits d’un bâtiment de Paris Habitat dans le 12ème arrondissement. Cette serre fonctionnera en synergie avec le territoire agricole puisque Toit Tout Vert va contractualiser avec des maraîchers péri urbain. A travers ce projet, on distingue deux types d’espaces qui fonctionnent en parallèle alliant un espace de production maraîchère et un espace de production dans la ville mettant en avant les qualités d’une culture locale en circuits courts. L’offre de Toit Tout Vert comportera donc une sélection limitée de produits complémentaires issus de maraîchers Bio de la seconde couronne pour lesquels la contrainte logistique a été réduite au maximum.41 41

http://www.toittoutvert.fr/


Deux fermes complémentaires dont l’une tend à promouvoir l’autre au travers sa fonction plus sociale et éducative. La ferme péri-urbaine Planète des Lilas est un exemple intéressant pour parler du réseau entre les territoires. La localisation de cette ferme en zone péri urbaine permet une implantation plus facile avec de nombreux avantages. Le foncier est à un prix bas contrairement à la logique du marché en milieu urbain. Au sein même de cette ferme, se tisse un réseau qui lie les multiples activités et les diverses fonctions. Planète Lilas est en lien avec les écoles périphériques et permet aux enfants d’avoir un contact avec la nature et l’alimentation à travers divers ateliers. Un centre médico-social intégré à la ferme incite les acteurs à se côtoyer et à créer des espaces sans barrières sociales, un lieu neutre où différentes classes sociales, et classes d’âge réalisent des activités communes pour la durabilité de la ferme. Une boucle au sein de la ferme se forme. Les citoyens qui aident au jardin, viennent jardiner afin d’entretenir les terres pour garantir une bonne production. Cette production récoltée, est ensuite distribuée à la cantine de la ferme, dans les paniers Amap mais également en vente direct adhérent au détail. Un réseau économique et social est alors visible dans le cycle de la ferme urbaine. La ferme Planète Lilas relie à elle toute seule les quelques quartiers de Vitry-sur-Seine et donne une autre dimension territoriale à la ville. Le maraîchage est confronté à l’urbain et à sa densité tout en bénéficiant de la proximité des consommateurs et donc d’une pratique du circuit court avec la vente de légumes directement sur les parcelles. Des bacs et jardins sont aussi implantés dans la ville même et étalés en réseau avec la ferme comme point central. Le paysage « rural » inscrit dans la ville de Vitry créée une rupture avec le paysage urbain et dessine un village dans la ville qui se traduit par des connexions intraurbaines avec la ferme. Par ailleurs d’autres schémas se dessinent notamment pour promouvoir une agriculture cultivable sans produits artificiels et grâce à un système de recyclage de déchets organiques. A plus grande échelle, un réseau se forme à travers la vente de ces produits, que ce soit en vente directe ou en vente avec uau moins un intermédiare. Les territoires voient leurs produits alimentaires circuler à travers divers acteurs urbains, péri-urbains et ruraux. Vente directe

Vente avec un intermédiraire ou plus

Image 35: Type de vente et de rapport entre exploitants et commerçants

41 39


L’économiecirculaire circulaireau auservice servicedu dudéveloppement développementéconomique économiquedes desterritoires territoires L’économie « Ily ay de a del’or l’ordans dansnos nospoubelles poubelles» informe » informeBenjamin BenjaminLarderet Larderetà travers à traversun unreportage reportagephotographique photographique « Il 4242 retraçant le chemin qu’empruntent les déchets ré-exploitables. retraçant le chemin qu’empruntent les déchets ré-exploitables. principededel’économie l’économiecirculaire circulairerepose reposesur surlalaréutilisation réutilisationdedenos nosdéchets, déchets,puisque puisquel’homme l’hommea a LeLeprincipe extrait tellement de matières premières du sol que les principales sources d’approvisionnement extrait tellement de matières premières du sol que les principales sources d’approvisionnement trouventaujourd’hui aujourd’huihors horssol. sol.L’économie L’économiecirculaire circulairea ades desbienfaits bienfaitssur surleledéveloppement développementdes des sesetrouvent territoires au niveau économique puisqu’elle va créer des emplois. L’industrie de transformation territoires au niveau économique puisqu’elle va créer des emplois. L’industrie de transformation desdéchets déchetsenenressources ressourcesvavaeneneffet effetpermettre permettreune unecréation créationd’emplois d’emploisdans danslelesecteur secteurdudutritridede des déchets,dedetransformation transformationduduproduit produitetetenfin enfincelui celuidedel’écoconception. l’écoconception.CeCeprocessus processusenenboucle boucle déchets, vertueuse a également un impact sur le territoire. Il va induire une relocalisation des activités vertueuse a également un impact sur le territoire. Il va induire une relocalisation des activités surles lesterritoires territoiresetetdonc donccréer créerdes dessynergies synergiesentre entredifférentes différenteszones zonesurbaines urbainesetetpéri-urbaines. péri-urbaines. sur Produire localement engendrerait une valorisation de cette matière première secondaire sein Produire localement engendrerait une valorisation de cette matière première secondaire auausein mêmedes desterritoires. territoires. même fermeurbaine urbainepermet permetdedevaloriser valoriserles lesdéchets déchetsorganiques organiquesurbains urbainsà àtravers traverslalaboucle boucledede LaLaferme l’économie circulaire. Des territoires sont mis en relations entre la production de l’aliment, l’économie circulaire. Des territoires sont mis en relations entre la production de l’aliment, sasa transformationetetaussi aussison sonrecyclage. recyclage.Au Ausein seind’une d’uneferme fermeurbaine, urbaine,leleréseau réseauinteragit interagitentre entre transformation le restaurant, la cuisine et le lieu de production. Il est également en contact avec le citoyen, le restaurant, la cuisine et le lieu de production. Il est également en contact avec le citoyen, unsystème systèmededecomposte composteest estsouvent souventmis misà àdisposition dispositionpour pourmobiliser mobiliserles lesacteurs acteursurbains urbainsetet ououun réutiliserses sesdéchets déchetsorganiques. organiques.LeLegaspillage gaspillagealimentaire alimentaireest estun unsujet sujetqui quireste resteauaucœur cœurdes des réutiliser projets de fermes urbaines. Si l’on considère la chaîne de production, le gaspillage commence dès projets de fermes urbaines. Si l’on considère la chaîne de production, le gaspillage commence dès phasededesemence, semence,etets’intensifie s’intensifietout toutauaulong longduduprocessus processusallant allantjusqu’à jusqu’àlalaconsommation consommationdes des lalaphase ménages. Il y a 10 ans en Île-de-France, 15% de pertes à la récolte, puis 5% pendant le transport ménages. Il y a 10 ans en Île-de-France, 15% de pertes à la récolte, puis 5% pendant le transport 4343 15%lors lorsdedelaladistribution, distribution,qui quifinissent finissentdans dansles lespoubelles. poubelles. etet15%

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http://www.benjaminlarderet.com/pages/recyclage/ http://www.benjaminlarderet.com/pages/recyclage/ https://zero-gachis.com/fr/quelques-chiffres https://zero-gachis.com/fr/quelques-chiffres


CAMPAGNE PRODUCTION PERI URBAINE

Ferme fruitière

Ferme vinicole

Ferme maraîchère

Ferme céréalière

Distribution intérmédiaire

Ferme d’élevage

TRANSFORMATION

ZONE PERI URBAINE

Distribution directe

CITOYENS - MANGEURS TRIEURS Valorisation des déchets

DECHETS ORGANIQUES

DECHETS MATERIAUX

VILLE

Image 36: Types de vente réalisées en Île-de-France. Rapport entre exploitants et commerçants

Image 37: Frise du rythme annuel de l’évolution du recyclage urbain et de consommation des espaces agricoles et forestiers

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En France, ce modèle est encore peu répandu car le processus de coordination entre les acteurs d’un même territoire est délicat. Un accord doit être établi entre des acteurs privés et des acteurs publics pour faire fonctionner la boucle au niveau local, mais également les consommateurs. Un accord doit être établi entre des acteurs privés et des acteurs publics pour faire fonctionner la boucle au niveau local, mais également les consommateurs.44 Au sein de la ferme, des systèmes de compost sont mis en place afin de créer un cercle vertueux entre la production des légumes, leur entretien et leur consommation. Finalement, le compostage pourrait donc de plus en plus faire partie des paysages urbains. «Il est estimé que dans les pays industrialisés, nous créons plus de ¾ de tonne de déchets par année et par personne ! Or 50% de ces ordures sont des matières organiques»45. Ce cercle vertueux dessine un réseau collectif et individuel autour du gaspillage et de la pollution des sols. Les déchets organiques seront réutilisés comme engrais pour rendre la terre plus fertile. Les citoyens sont aussi impliqués dans ce processus puisque le compost est aussi un outil individuel. Par ailleurs, les fermes urbaines donnent libre accès à leur propre compost collectif, afin que les habitants puissent y verser leurs déchets. Finalement, le système de compost montre que l’aliment voyage sous différentes formes à travers la ville. Passant d’une graine semée à la ferme, évoluant en légumes ou fruits cueilli par un producteur ou un citoyen bénévole, puis cuisiné par le chef. Une fois transformé, le produit se retrouve dans l’assiette et les restes qui ne sont pas mangés sont introduits dans le compost. Enfin, ses déchets organiques seront réutilisés dans la terre productrice pour la rendre plus fertile.

Image 38 : Schéma compostage à l’échelle du citoyen

A l’échelle de la ville, les systèmes de compost sont plus complexes. Les produits recyclés circulent à travers différentes étapes importantes. Des poubelles destinées au compost sont mises à disposition de chaque ménage. Ces déchets seront transportés sur une plateforme de contrôle ou ils seront examinés et triés, puis broyés. Les déchets sont ensuite mis en casier pour la fermentation puis mis en andains pour aider à la maturation. Enfin, une fois à maturation, les déchets sont tamisés (et ceux qui n’ont pas été correctement décomposés sont renvoyés en début de cycle), puis stockés. Ils seront alors transportés à nouveau vers des terres agricoles ou jardins.

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5ème Conférence Circulaire de la Fondation Véolia, https://www.youtube.com/watch?v=xOrMAjf_6T4

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COMPOSTEC, 2008. Le composteur, une autre solution.


A travers ce système de recyclage, on observe une circulation de la marchandise intéressante et vertueuse pour l’environnement et une production alimentaire saine. Des acteurs urbains et ruraux sont mis en relation indirectement par ce processus.

Image 39 : Schéma compostage à l’échelle du territoire

La mairie de Paris, revoit son plan local de prévention des déchets (PLPD) et a un objectif de réduire de 10 % les déchets de 2010 à 2020. Un système de compost est établit dans différents arrondissements de la ville de Paris.46 Des bacs de compost sont mis à disposition des habitants dans les jardins et au pied des immeubles. Le contenu de ces bacs à compost est ensuite redirigé vers des plates-formes qui procèdent au mélange des déchets organiques qui seront ensuite replacés sur des terres agricoles ou dans des jardins urbains. Ces projets de développement du compostage par arrondissement sont soutenus par divers acteurs sans lesquels le projet ne pourrait être réalisé. Tout d’abord les habitants jouent un rôle fondamental dans l’accompagnement du projet et participent au renflouement des bacs à compost, mais aussi au sein d’associations, où ils se mobilisent pour étendre le réseau de ce système de recyclage et le mettre aussi en relation avec des fermes urbaines, jardins potagers, etc. Deux autres acteurs permettent le bon fonctionnement de ce projet : La Direction de la Propreté et de l’Eau, qui apporte un soutien technique et met les bacs et le matériel à disposition des habitants. Les directions gestionnaires d’équipements végétalisés ouvert au public aident à l’accueil de ces projets et la Direction des Espaces verts et de l’Environnement met à disposition des emplacements pour l’installation des composteurs en collaboration avec la DPE. La ville est finalement un lieu écosystémique, lieu de recyclage et de conservation qui fonctionnent grâce à un réseau d’acteurs. 46

https://api-site-cdn.paris.fr/images/89698

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3. Complémentarité de la ferme interurbaine et la ferme péri-urbaine : le cas de R-Urban, AGROCITE, d’AAA à Colombes.

Image 40 : Schéma principe de l’économie circualaire réalisé à l’aide d’une étude de R-Urban

R-Urban

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Le cas de R Urban est pertinent puisque c’est un concept de fermes en réseau qui fonctionnent en partenariat avec de nombreux acteurs externes. Par ailleurs, un réseau d’actions internes forme une boucle écosystémique. R Urban dénonce nos modes de vies actuels qui produisent trop de déchets, trop de CO² et consomment trop d’énergie, tout en étant basé sur un confort à court terme. C’est pourquoi R Urban développe un système de mode de vie innovant pour arriver à une société durable à long terme. R Urban propose une stratégie de résilience urbaine autour d’un réseau local d’initiatives agricoles. Il fonctionne grâce à deux unités prototypes avec des fonctions urbaines complémentaires. Les habitants de la ville de Colombes et des alentours sont impliqués dans ce projet d’agriculture urbaine. Le réseau R-Urban a concrétisé deux unités à proximité de Paris : Agrocité (la ferme urbaine) et Recyclab (l’unité de recyclage et d’éco-construction), et a commencé une unité à Londres (WOW) et de nouvelles unités sont en cour d’initiation par différents groupes et porteurs de projet en France et ailleurs en Europe. Ce réseau qui fonctionne à travers des circuits courts et inter-unités, bénéficie d’expertises spécialisées, pouvant les mettre en contact avec d’autres porteurs de projet et des financeurs, etc. Une volonté d’élargissement du réseau s’installe, voulant mettre en place un mouvement à différentes échelles, grâce à une Charte R-Urban. Les unités R-Urban existantes et en préparation sont déjà nombreuses et s’étendent sur toute l’Europe. La charte R -Urban existe afin de développer davantage le réseau et de sensibiliser le plus d’acteurs possibles, que ce soit les entreprises, les citoyens porteurs de projets, des municipalités ou encore des réseaux, etc. Le réseau dans un type de projet tel que la ferme urbaine Agrocité ou l’unité de recyclage (Recyclab), permet de faire exister chaque unité et de créer un mode de vie durable à long terme. Il vient mutualiser des ressources, mais aussi partager des compétences (savoirs, moyens techniques et financiers, etc.) avec le regroupement d’acteurs divers qui font vivre le projet : (expertise, financements participatifs, montages financiers, modèles économiques, pratiques résilientes, dispositifs et prototypes d’éco-architecture, etc.).

Image 41 : Implantation de plusieurs unité à travers le pays et l’Europe

Au sein de la ferme se développe également un réseau important qui fonctionne en boucle vertueuse. C’est un véritable réseau de pratiques citoyennes résilientes qui dans un premier temps aide à la survie de ce type de projet. 47 45


Un réseau entre les unités Agrocité est une ferme urbaine qui comprend diverses activités d’agriculture urbaine à travers un système d’activités culturelles et pédagogiques qui lient travail agricole et lien social. Trois zones sont distinctes et complémentaires : un espace dédié aux activités liées à la nature et à l’agriculture, un espace dédié aux activités d’agriculture urbaines civiques et un dernier lieu spécialisé dans l’expérimentation et la culture organique et intensive. Ces zones se partagent des terrains cultivables tels que des jardins partagés, un jardin pédagogique, une ferme urbaine, une serre partagée pour la culture de plantes et semi cultivées, ainsi que des équipements pour la collecte d’eau pluviale, de phytoépuration, production d’énergie solaire et biogaz, circuits courts agricoles, culture aquaponique, etc. Les jardins maraîchers par exemple, vont être cultivés afin de nourrir les habitants de Colombes adhérents à la ferme Agrocité, par un système d’Amap. Chaque semaine ils seront fournis en fruits et légumes, mais également en œufs frais provenant des poules qui logent la ferme. La cantine du projet est également fournie en légumes par son propre jardin. Le compost va récolter les déchets organiques de ces aliments (que ce soit ceux des habitants ou ceux des jardins d’Agrocité, épluchures de la cuisine, etc.). Ce compost est plus exactement un lombricomposteur, où l’introduction de vers affine le compost et améliore le rendement des cultures. Le lombricompost est un vrai fertilisant, les bactéries présentes à l’intérieur chauffent ce compost, et cette chaleur est ensuite récupérée pour l’énergie. Le jardin alimente donc les cuisines, lesquelles compostent leurs déchets organiques pour nourrirent les plantes. Les poules sont également très importantes dans ce cercle vertueux écosystémique. Elles sont nourries de quelques restes alimentaires, et fournissent une trentaine d’œufs frais par semaine, servis pour les repas à la cantine à côté du miel qu’offrent les quatre ruches, et vendus aux citoyens engagés à l’Amap Saint Jean de Fosse. C’est alors qu’un autre réseau se forme au sein de la ferme, une boucle se créer entre les animaux.

Image 42 : Schéma circulaire et vertueu d’un système animaux compost: Animalab- réalisé à l’aide des données du site de R-Urban

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Les poules jouent un rôle important au sein d’une ferme. Elles permettent de fermer la boucle du cycle de production alimentaire car des œufs sont produits tous les jours. Mais elles ont également un rôle de recyclage puisqu’elles consument le reste des déchets organiques inutilisés. Et leurs déchets restants sont par la suite stockés dans le compost. Ce compost est en partie utilisé pour les sols cultivés comme engrais naturel, et également commercialisé dans l’unité Recyclab. Et ainsi de suite, les légumes sont récoltés, les déchets (queue de radis, feuilles d’haricots, etc.) sont recyclés dans les composts et chez les poules … bien que l’arrivée des poules en ville se développe, il y a quelques freins qui limitent cette initiative. En effet, les nuisances sonores que peuvent provoquer les volailles sont contre les règles du PLU - article 26 de l’arrêté du 23 novembre 1979 pour le règlement sanitaire de la ville de Paris47 : « il est interdit d’élever et d’entretenir dans l’intérieur des habitations, leur dépendance et leurs abords,… des animaux de toute espèce dont le nombre ou le comportement ou l’état de santé pourrait porter atteinte à la sécurité, à la salubrité ou à la tranquillité du voisinage ». Cependant, depuis peu il y a des formes d’assouplissement de la loi pour la reconquête de la biodiversité de la nature et des paysages48 . Animalab accueille également des ruches, dont le miel sera aussi commercialisé à Agrocité mais fera aussi l’objet de visites pédagogiques pour les enfants d’écoles partenaires, ou d’habitants adhérents à la ferme. Mais ce projet agri-urbain montre aussi que les projets urbains de logements prennent la plupart du temps le dessus et que la ville s’urbanise et manque de place. En effet, l’Agrocité a finalement été délogée de force à Gennevilliers sous l’ordre du maire, pour laisser une place au futur parking qui accompagnera la construction d’équipements publics et de logements constituant le cœur du quartier rénové. C’est là qu’on se rend compte comment la politique intervient, car la maire Nicole Goueta, élue en 2014, annonce dès la prise de ses fonctions, l’arrivée future d’un parking sur le terrain de la ferme. Selon les locataires d’Agrocité, la mairie de Gennevilliers serait intéressée pour reprendre accueillir une nouvelle Agrocité avec un terrain qui serait approprié. Des projets de l’agence AAA en réseau avec Agrocité, continuent cependant de s’agrandir puisque des fermes sont en cours de construction dans la région, dans le pays et même sur le continent africain.

Image 43 : A Agrocité, projet de ferme urbaine réalisé par l’agence AAA

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http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plu06.pdf http://www.senat.fr/rap/l14-607-1/l14-607-1.html

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C – Un outil d’aménagement des villes, nouvelle planification urbaine L’agriculture urbaine et l’implantation de fermes urbaines en ville c’est aussi la possibilité d’envisager les territoires autrement. C’est affecter à l’agriculture de nouvelles fonctions de recomposition et organisation urbaine. C’est également une manière de rétablir un lien plus direct entre ville et campagne, et concilier un entre-deux où la ville ravage les terres agricoles et où les exploitations sont cachées et en retrait de la ville. L’agriculture urbaine vient repenser la manière de cultiver autrement, et permet d’intégrer la nature en ville. Partant du postulat que la qualité urbaine relève, en priorité, de l’aptitude à qualifier ses sols, que réussir la rue c’est en partie réussir la ville, il semble que ville et agriculture soient liées par une problématique de sols. Aujourd’hui les nouveaux projets de bureaux, de logements ou encore d’équipements publics intègrent de plus en plus dans leur programme une partie qui accueille des jardins potagers ou ferme urbaine … (Masséna, SOA, …) La multiplication d’initiatives autour de l’agriculture urbaine, amène à repenser les territoires à travers l’alimentation. Quel impact l’alimentation va avoir sur le redessin des territoires, comment le réapprovisionnement des fermes urbaines va-t-il être géré. Le prix du foncier dans la région île de France est un enjeu majeur qui limite les motivations de ce type de projet dans Paris intra-muros. Aujourd’hui, il y a une distanciation de l’alimentation par rapport à la ville sur le plan géographique mais également économique et politique. Donc on doit repenser un système d’approvisionnement des villes grâce à une replanification urbaine qui s’appuie sur la question de la proximité et sur la relation avec le citoyen. Fernand Braudel, historien français du XXème siècle, affirme dans ses écrits « qu’il n’y a jamais eu et il n’y aura sans doute jamais un équilibre entre ville et campagne »49 , mais aujourd’hui des rapports nouveaux s’installent entre ces deux mondes et tissent des ententes à l’avenir prometteur, bien que des ruptures subsistent encore. 1.

L’alimentation comme redessin des territoires.

La non-durabilité du système alimentaire des villes industrialisées amène à porter un plus grand intérêt pour l’alimentation des villes à travers la multiplication d’initiatives citadines qui expérimentent ce changement, notamment les fermes en ville. Si la croissance urbaine a connu un pic au XIX et XXe siècle, c’est que l’agriculture a pu produire suffisamment pour nourrir un nombre croissant de citadins. L’industrialisation a donc fait progresser la productivité, mais cette même industrialisation agroalimentaire montre aujourd’hui des limites d’un point de vue économique, social et environnemental. En effet, les villes contribuent plus aux pollutions : les citadins, en moyenne plus riches que les ruraux, consomment plus et gaspillent plus ; leur alimentation est plus coûteuse pour l’environnement et requiert plus d’énergie fossile pour produire, transporter, transformer, stocker et distribuer. L’évolution du système alimentaire peut s’interpréter comme un processus de distanciation. Sur le plan territorial, il faut aller chercher la nourriture de plus en plus loin, avec l’augmentation de la taille des villes et la spécialisation agricole. Sur le plan économique, les intermédiaires entre producteurs et consommateurs se multiplient ayant aujourd’hui la forme de grandes entreprises financiarisées. Enfin une distanciation politique en découle. De moins en moins de citadins ont de la famille ayant vécu en milieu agricole et par méconnaissance de ce milieu rural, les malentendus se multiplient. Le consommateur a une perte de contrôle sur le produit qu’il achète notamment sur son lieu de fabrication, ses contenants, sa production.

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49 Wolfer Bernard. L’agriculture «hors» du rural ? , Dans Économie rurale. N°238, 1997. Représentation politique et sociologique du monde agricole et rural français. 2e partie. pp. 38-43.


A travers de nouveaux systèmes agroalimentaires, la sécurité de l’alimentation en ville pourrait être plus durable. Un agriculteur nourrit en moyenne 5,5 personnes dans le monde. Si la surproduction actuelle se réduit, les prix augmenteront produisant un ajustement à la baisse de la demande crée par une réduction du gaspillage. Le défi serait donc de créer de nouveaux modes de production qui permettent de nourrir une population plus importante sans ressources non renouvelables.

Image 44 : Part de la production de l’Île-deFrance par rapport à sa consommation

Depuis l’antiquité, la ville se nourrit grâce à un réseau de voies navigables et une connexion avec des territoires dont les qualités se complètent et répondent à différents besoins.50 D’un point de vue historique, le territoire se divisait en plusieurs segments selon les qualités de chaque zone. Au Nord de Paris, le maraîchage était favorisé grâce à la proximité de la nappe phréatique de Croult et de la Vieille Mer. Les coteaux, qui profitent d’un micro climat favorable, ont été cultivés en vignes et en vergers pour le marché parisien. De plus, le réseau des cours d’eau jouait un rôle important dans la connexion entre campagne et ville et pour l’approvisionnement de la ville. Les ressources et la culture de denrées alimentaires ont alors dessiné le premier Paris, avec un premier développement plutôt situé à l’Est, vers la terre de Brie qui fournissait lait, fromage, moutons et poissons issus de ses nombreux étangs qui ont en partie façonné ses paysages. A partir de XIX, les réseaux s’étendent davantage avec l’apparition des chemins de fer et dessinent davantage la centralité de Paris. Au fil des siècles, le système alimentaire évolue aussi à travers de nouvelles techniques de production et de nouvelles pratiques. L’apparition de l’engrais et la mise en jachère a permis une fertilisation de la terre et d’améliorer la productivité chaque année. La production alimentaire se massifie avec l’engrais et les machines agricoles. La conservation de l’aliment est plus durable, les supermarchés font leur apparition, c’est alors que l’approvisionnement et la consommation connaît de réels changements. L’Île De France se forme peu à peu à travers son système alimentaire et un réseau d’approvisionnement et de distribution des aliments. Après la guerre, l’agriculture est intensive et les paysages se simplifient. En effet, l’usage de pesticides a un impact sur la biodiversité51 , et les espaces agricoles cultivés ont besoin de cette biodiversité pour survivre aux aléas climatiques. Au XXème siècle, la ville se densifie à vitesse grand V, dû au baby-boom et à l’exode rural. La consommation d’espaces pour l’urbanisation est au maximum, 2000 hectares de terres par an sont perdus. Les terres arables se font de plus en plus rares et les terres agricoles sont relocalisées aux périphéries de la ceinture parisienne. Nous sommes au cœur des « 30 Glorieuses », l’alimentation se transforme en une affaire de grandes 50 51

http://www.terredeliens-iledefrance.org/le-contexte-agricole-francilien/ Plus de 10 % de diversité des oiseaux diminue sur des parcelles traitées. Chiron, Chargé, Julliard, 2014.

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exploitations, d’importations et d’exportations massives, qui se conclue par la fermeture en 1969 des Halles de Paris. Celles-ci seront remplacées par le Marché d’intérêt national de Rungis. Fin XXe siècle, une biodiversité est tout de même visible et de nouvelles plantent voient le jour dans des jardins parisiens : fleurs d’artichaut, choux, etc. Aujourd’hui la ville est confrontée à un nouveau dilemme, celui de la durabilité de ce système alimentaire et voit apparaître une nouvelle forme de planification urbaine. Par ailleurs, il devient nécessaire de reconsidérer l’utilisation des sols. Et cette nouvelle attention qu’on porte sur la qualité des sols, induit une approche territoriale différente. Selon la composition de chaque sol, l’implantation et la composition des fermes urbaines, péri-urbaines ou d’espaces agricoles ruraux ne seront pas les mêmes. La pollution des sols en ville amène à investir les terrains en culture hors sol, tout type de légumes peut donc être cultivé. Cependant, encore aujourd’hui, le lien entre terre fertile et qualité nutritionnelle du produit alimentaire est encore peu étudié, et il serait pertinent d’être plus attentif sur le rapport entre la qualité des sols et la valeur gustative des produits. Des réseaux s’installent entre ville et campagne permettant d’allier ces deux mondes et de les rendre complémentaires. Parmi de nombreuses structures de gouvernance innovante, Le Triangle Vert est une association qui met en commun les réflexions entre les communes, les agriculteurs… Le développement des circuits courts de distribution de produits agricoles locaux est un des premiers enjeux fixés par cette association. Son rôle est de mettre en place des actions visant à faire connaître les agricultures locales par les habitants à l’aide de manifestations, des portes ouvertes de fermes urbaines ou péri urbaines. En quoi les interactions ville campagne créées par la naissance des fermes urbaines, deviennent-elles un levier de développement sur le plan territorial et comment ces interactions mettent en avant des synergies permettant de dépasser des conflits entre agriculture urbaine et agriculture rurale ?

Image 45 : Carte de situation de la Ferme du Rail, localisée à proximité du Canal. Facilité de transport entre milieu urbain et milieu agricole

Le projet de la Ferme du Rail profite de sa localisation et de son territoire avec la proximité du Canal de l’Ourcq pour s’approvisionner en marchandise. L’entreprise du Marché sur l’eau, gère l’acheminement par bateau de produits maraîchers et fermiers d’agriculteurs de Seine et Marne. De même que le système de compost est géré par des flux assurés sur le Canal par des groupements de paysans proche du canal. Les territoires sont alors mis en relation par ses structures paysagères déjà existantes, alliant exploitations périurbaines et fermes urbaines. En 40 ans, les deux tiers des exploitations franciliennes ont disparu. La taille moyenne actuelle est de 112 hectares, soit deux fois la moyenne nationale. 52 50


Image 46 : Rapport des exploitations vendant en circuits courts avec les exploitations productrices quelque soit l’activité, en IDF

Deux types de surfaces sont artificialisés en Île de France: les surfaces habitées et les surfaces agricoles qui pour la plupart sont traités par tellement de produits chimiques et mauvais pour le sol, que la pousse devient artificielle. Depuis 2006, la surface de l’habitat croît très rapidement et même plus vite que la population française. L’habitat grignote petit à petit les terres agricoles (comme nous pouvons l’observer dans les cartes ci-après), avec un habitat individuel qui occupe 95% de ces surfaces mobilisées. De plus, le développement de l’habitat en milieu rural commence dès 1960 avec l’arrivée de la périurbanisation. La montée de la demande de logement produit par la croissance démographique, en est la cause, cependant d’après Eric Charmes: «Cette demande est généralement bien accueillie par les populations rurales (...) l’urbanisation représentant aussi une manne importante pour les propriétaires fonciers».

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1750

1850

L’urbanisation et l’extention des espaces construits empiètent sur les terres agricoles. Légendes :

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Urbain construit

Cours d’eau

Bois ou forêt

Rural, des espaces qui disparaissent d’année en année dû à l’urbanisation


1960

2012

Entre 1990 et 2008, la surface des espaces agricoles a baissé de 6%. Cependant, les terres agricoles constituent 50% de la Île-de-France. Seulement 0,9 % de ces terres sont certifiées bio, et depuis dix ans elles progressent de 10 % chaque année. (Sources: http://www.agencebio.org/la-bio-enfrance).

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2 – Politique de gouvernance environnementale et limite du foncier Pour l’ensemble de la région Île-de-France, 40 077 ha d’espace rural ont été urbanisés entre 1982 et 1999, soit 2 358 ha/an. De plus, la consommation annuelle d’espace rural en milieu urbain dense, a diminué de 400ha/an de 1982 à 1999. Afin de préserver ces terres rurales, les collectivités locales ont établis des politiques de préservation de leurs espaces ruraux. Pour faire face aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux, les villes élaborent depuis quelques années des politiques alimentaires. Elles ont organisé le foncier, l’approvisionnement et la distribution, la collecte des détritus, et dernièrement la restauration collective. Un nouveau point émerge, c’est la requalification de l’usage des leviers urbains par rapport aux nouveaux enjeux alimentaires. De nombreuses initiatives sont mises en place par le biais de collectifs ou d’associations, pour produire, vendre ou se restaurer autrement voir relocaliser leur alimentation. Les politiques nationales et internationales façonnent aujourd’hui les systèmes alimentaires, et bien que les citoyens les entreprises ou encore les villes, inventent de nouvelles façons de construire leur politique, cela ne suffit pas. La gouvernance doit être locale et globale.

Image 47 : Carte des communes urbaines et des communes rurales avec la localisation du péri-urbain

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Dans les pays du Nord, il y a un intérêt de plus en plus important pour l’agriculture urbaine. Les implantations de fermes urbaines et de jardins collectifs croissent et viennent redessiner les villes de Toronto, Montréal ou encore Vancouver. La population citadine se mobilise pour savoir comment produire en ville, une alimentation saine et comment rendre cette démarche accessible à tous et récréative. Mais de nombreux enjeux s’opposent à cette volonté citoyenne. La pression foncière est la principale limite du développement de l’agriculture urbaine. Les villes se densifient, et les terres cultivables sont mangées par de nouvelles infrastructures (commerces, industries, logements,…). Récemment, des villes européennes ont lancé leur plan pour une alimentation de proximité dont trois axes majeurs sont mis en avant : La conservation du foncier et des exploitations agricoles de proximité, le rapprochement entre producteurs péri urbain ou intra urbains et consommateurs, et l’orientation de la demande des urbains, notamment en favorisant l’autoproduction. En Île de France, le foncier et la disponibilité des terrains sont les principaux freins à la réalisation de ce type de projet. La préservation des terres agricoles et la réduction de densification de ces espaces par des infrastructures, sont les priorités de la région. Aujourd’hui, la construction de logements neufs reste une priorité en France, d’après la fondation Abbé Pierre, 3,8 millions de Français seraient « mal logés » en 2016 52. L’implantation d’agriculture urbaine ou de ferme urbaine au sein d’un territoire dense et métropolitain se doit donc la démonstration des services rendus à la population (fonction alimentaire mais également patrimoniale, sociale, économique et environnementale). C’est par le schéma directeur régional (Sdrif) que s’opèrent la régulation des marchés fonciers ruraux et la préservation des espaces agricoles. De plus, des sites sont protégés directement et indirectement et les outils de surveillance foncière sont établis en parallèle par l’Agence des espaces verts et la Safer (Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural). Des phénomènes émergent du côté de la surveillance foncière notamment le repérage de friches urbaines ou industrielles dont les terres pourraient être exploitables grâce à une culture hors sol et en circuits courts (La Recyclerie le long de la petite ceinture). Le nouveau Schéma, Ile de France 2030, veut entreprendre « la transition de l’aménagement régional » dans l’esprit des préconisations des Grenelle I et II. En 2008, le projet était essentiellement centré sur trois axes principaux : « 1/ le développement de l’excellence économique en prônant 2/la réduction des inégalités territoriales, sociales et environnementales, et 3/ la promotion d’une organisation urbaine répondant aux mutations climatiques et énergétiques»53. 3 – Echelle d’implication différentes. Le besoin de se nourrir a modelé les villes et les campagnes en générant des flux qui se sont organisés entre espaces de production, d’échanges et de consommation. Des ressources sont importées de terres de plus en plus éloignées. L’alimentation remodèle donc le territoire à travers son réseau de distribution, de production et également de transformation. Bien que Paris soit perçu comme un espace minéral sans vertus naturelles, cette ville est dotée d’atouts tels que son fleuve, véritable voie de transport alimentaire, ou encore la richesse de ses terres à proximité. Les villes qui s’investissent à tous les niveaux d’échelles sont les plus proactives sur le plan de la production alimentaire en milieu urbain (Goudreault, 2012). Ce travail à la fois multi-échelle, mais aussi pluridisciplinaire dépendant des contextes locaux, oblige à réfléchir à de nouveaux outils, de nouvelles approches pour un aménagement du territoire incluant notamment la fonction de production alimentaire. 52 53

http://www.fondation-abbe-pierre.fr/21e-rapport-etat-mal-logement-2016 SDRIF 2012, p6

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D – La ferme urbaine génère une urbanité à l’échelle de la métropole et des territoires. Aujourd’hui, les acteurs urbains de la ville, que ce soit les habitants, les commerçants, les retraités, sont très individualistes. Ils organisent leur rythme de vie autour d’un train-train quotidien : Dormir, manger, travailler, avec le réseau des transports qui se rajoutent en grande partie dans le quotidien des citoyens actifs. Chaque individu à sa propre manière d’utiliser l’espace public, de se l’approprier, à travers des activités, des tâches quotidiennes. L’inclusion d’une ferme urbaine dans la ville, au sein d’un quartier va inciter les usagers urbains à changer leur mode de vie, leur mode de consommation et leur fréquentation dans le quartier ? Comment ces espaces sont utilisés ? Comment facilitent-t-ils une transformation sociale et une mutation urbaine du territoire à travers son réseau ? 1 – Comment le projet modifie-t-il l’identité et l’image d’un quartier ?

Image 48 : Méthodologie de projet urbain d’espaces ouverts selon Michel Corajoud

Michel Corajoud, un des fondateurs du métier de paysagiste après 1968, et travaille le concept d’espace ouvert dans la ville en mettant en rapport ville et paysage. Il va venir analyser l’espace de la ville à travers des espaces de nature, en venant imaginer la ville comme des trames parcellaires de l’espace campagnard. Son travail pourrait être inspirant pour des projets d’agriculture urbaine où le plein construit par les architectes est amené à se confronté à un vide en activité. « La notion de socialisation urbaine désigne le rapport de l’acteur urbain à la ville, à la culture urbaine, soit un rapport de réinterprétation et aussi d’engendrement (pratiques urbaines, appropriation, investissement de réseau, apprentissages). D’où une diversité des actes et des modalités de la socialisation urbaine à la base de réinterprétation des données urbaines, d’appropriation des lieux et des objets, d’apprentissages des conventions et des êtres.»54 L’objet de la socialisation urbaine désigne le mode d’apprentissage de la ville dans une société en mutation sur un double mouvement : 58 56

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G. Verpraet, 1994, p. 239


Comment la ville forme l’acteur et le fait accéder au stade de la citoyenneté urbaine ? Comment l’acteur forme la ville, par ses actions et ses réinterprétations ?. Comment les exploitations agricoles peuvent-elles devenir structurantes à l’échelle de la métropole ? La ferme urbaine redynamise des quartiers à travers des réseaux qui s’installent à l’échelle locale et territoriale, et redéfinit des points de centralités dans la ville. «Si ce sont les maisons qui font la ville, ce sont les citoyens qui font la cité », Jean Jacques Rousseau. Aujourd’hui nous sommes dans une société individualiste, et les projets de fermes urbaines sont pensés pour des pratiques plus collectives, dans l’idée de ressouder des liens entre les usagers d’un même espace. La ville est vue autrement à travers l’agriculture urbaine grâce à un système qui permet de faire participer habitants, commerçants et producteurs à la vie active d’un quartier en commun. Selon Ares Kalandides, urbaniste, la ferme urbaine est comme un «levier de développement d’un point de vue culturel, social et économique. ». C’est une mise à distance de la vie urbaine, d’un quotidien rythmé et monotone. Un lieu où le citoyen peut s’évader et ne penser à rien, c’est un lieu de « pause » dans une ville chahutée par les transports, les travailleurs, le bruit, la pollution. À l’échelle urbaine, nous voyons apparaitre des projets englobant les activités de la ferme, tels que la culture de produits frais et locaux, le jardinage, l’élevage de poules ou de moutons, mais aussi la vente du produit. A l’échelle de la ville, c’est un lieu d’activités en synergie avec des espaces de fabrication et de distribution. Le paysage évolue et devient PROTEIFORME et multi usages, créant une revitalisation des quartiers et un nouveau dynamisme. Comme l’explique Tyson Gersh, co-fondateur de la Michigan Urban Farming Initiative, à Détroit, «Les vrais avantages de l’agriculture urbaine sont l’engagement des communautés et la revitalisation des quartiers ». Détroit est la preuve vivante qu’un projet d’agriculture urbaine peut revitaliser et faire renaître un quartier et même une ville. Après avoir sombré dans la faillite en 2011, la ville de Détroit dans le Michigan semble de reconvertir peu à peu grâce à l’agriculture urbaine. En 2016, la ville voit son premier « AgriHood » (quartier agricole) inauguré grâce à l’impulsion de l’association Michigan Urban Farming Initiative. C’est dans la périphérie Nord de Détroit que les fermes urbaines voient le jour, un des nombreux quartiers fantômes de la ville. Elle comprend des arbres fruitiers, des jardins partagés, un jardin sensoriel, un café communautaire et un centre éducatif. En France, les fermes urbaines prennent place dans un but de mixité sociale, mais également pour réoccuper de manière intelligente les friches urbaines. Un projet de ferme urbaine, La Fabrique Agricole, de l’agence SOA est un prototype de quartier urbain accueillant une ferme urbaine en milieu dense. Ce projet devait prendre place sur un site industriel en reconversion, le Site Eole Evangile dans le XIXème arrondissement de Paris. C’est un programme comprenant une ferme urbaine de production maraîchère, Halle de transformation des produits cultivés et de transmission de savoir-faire, des logements sociaux, des logements en accession et logements étudiants, un hôtel, activités et commerces.

Image 49 : Schéma prototype sur l’analyse d’implantation d’une ferme urbaine au sein d’un îlot, d’après projet prototype La Fabrique agricole, de l’agence SOA.

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La Fabrique Agricole créerait le lien entre les différents sites du quartier : la gare Rosa Parks, les voies ferrées et le cours d’Aubervilliers ; et revitaliserait le quartier grâce à un programme dont les fonctions se complètent. L’architecture du projet est pensée afin de redynamiser une zone d’activités d’origine industrielle tout en gardant son origine, et continuant de développer ces activités dans la production et la transformation de matières premières. On redonne place à une véritable micro-industrie dans la vie urbaine, à travers des espaces agraires et un espace paysager comestible et par la proximité de ses entreprises. Le quartier se voit comme un futur agri-quartier et adopte une toute nouvelle au sein dans la ville grâce à la structuration de circuits courts, à une nouvelle manière d’aborder la nature en ville mais aussi à une nouvelle approche de la capitalisation du partage des savoirs faire, des méthodes et outils selon un processus d’apprentissage collectif. Le quartier change d’identité, mais ces espaces sont également requalifiés en termes de privatisation. En effet, le rapport entre espaces publics et espaces privés évolue et le citadins entretien un rapport différent aux espaces qu’il fréquente. Jusqu’à quel point le jardin cultivé est-il partagé ? Qui en profite et qui y a accès ? 2 - Impact sur le quotidien

Image 50 : Impact de réalimenter Masséna dans le quartier. Activités organisées

Les modes de vie ont changé, en particulier dans les villes. Notre consommation alimentaire est plus tournée vers des produits surgelés, ou des plats tout préparés. Le citadin cuisine peu, soit 1h10 par jour selon (source). Il ne prend plus le temps de se préparer un vrai repas sain et frais et opte souvent le midi pour l’achat d’un sandwich ou un restaurant55. Mais aujourd’hui, du fait d’une ignorance de la provenance du produit et de son traitement parfois trop artificiel, on voit apparaître un mouvement locavore. Il permet de reprendre le contrôle de son alimentation en privilégiant des produits frais et sains, locaux, en limitant le gaspillage et en favorisant le maintien des populations sur le territoire. L’intégration d’une ferme urbaine dans un quartier métropolitain (IDF) a un impact sur le mode de vie du citoyen. La pratique de circuits courts de distribution offre la possibilité d’avoir un accès plus direct à des produits frais et locaux, mais aussi d’avoir un contact plus réel avec ce qu’on mange. En effet, l’achat en circuits courts va modifier une multitude de détail dans la manière 60 58

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Enquête de l’Insee - https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281016


de s’approvisionner et de se nourrir : La disponibilité des produits et leur variété est moindre, mais leur fraîcheur et leur goût sont plus appréciés. D’une part, l’achat en circuit court favorise la consommation de fruits et légumes. La qualité, la fraîcheur et le bon goût de légumes produits sainement et à proximité est associé à un plaisir de manger. Ce plaisir va influer sur la volonté de consommer davantage de produits sains et frais. D’autre part, le plaisir est aussi ressenti dans l’achat de ces produits, dans un lieu ludique et différent des supermarchés habituels. Le citoyen change son alimentation et la manière dont il se procure ses aliments. La proximité entre le produit cultivé et l’urbain incite ce dernier à consommer plus local. L’habitant urbain va chercher son panier une fois par semaine à la ferme de son quartier (ou à un point relais) via le système des Amap. Il s’engage dans un système où les produits sont de saison et où leur abondance dépend du climat. Les récoltes sont plus ou moins fructueuse selon le climat, les gens se rendent alors compte des saisonnalités à travers leur alimentation. La variété de fruits et légumes dépend donc des saisons, des récoltes et de la production des cultivateurs. Depuis l’apparition des grands super marchés dans les années 50’, les populations ont adopté les grandes chaînes de distribution alimentaires. Mais aujourd’hui, on voit apparaître un mode de distribution alternatif où le consommateur va venir voir les produits et mieux l’apprécier à l’achat et au goût. Ces alternatives vont avoir un impact sur leur mode d’alimentation et comment ils vont manipuler le produit. Ce type d’approvisionnement induit une certaine implication dans la cuisine. En effet, pour profiter pleinement des avantages des circuits courts, le consommateur a besoin d’être outillé et de plus s’investir dans la cuisine des aliments. Une grosse quantité de carottes par exemple, doit pouvoir être préparée pour être mangée, tout comme des aubergines ou des tomates. Il doit aussi pouvoir varier ses recettes si dans une saison entière les produits sont les mêmes chaque semaine. Se fournir via une Amap va donc changer le rythme de vie du citoyen et son quotidien. Le consommateur va passer plus de temps en cuisine, à la création de nouvelles recettes mais également sur le lieu de production ou de distribution pour aller chercher ses produits. Selon des chercheurs de l’université de l’Utah, le transport actif pour se rendre à la ferme ou aux points de chute de paniers de légumes contribue aux saines habitudes de vie. Comme le dit Erwan Humbert, maraîcher en Amap, « Vous n’achetez pas des légumes, vous achetez un maraîcher : un mode de fonctionnement pour que ça soit possible.56». Le citoyen, s’inquiète de la météo et il met une image sur le mot « aléa ». Le rapport du citoyen à la ville change alors. Il diversifie son entourage paysager grâce au parcours qu’il effectue pour se procurer son alimentation. Il incite à avoir un effort physique qui joue aussi sur la santé mentale et physique du citadin. Enfin, ces alternatives alimentaires ont un effet sur la santé mentale. La relations à l’autre est stimulée par le fait de se déplacer jusqu’au point de chute. C’est une activité qui fait du bien et un moyen de casser la routine et l’isolement par une socialisation avec le monde extérieur. Les visites à la ferme sont une manière de se sentir appartenir à quelque chose et d’intervenir dans des petites tâches de la vie urbaine collectivement. Un contact est créé avec le voisinage du quartier mais aussi avec le producteur. Aujourd’hui, les nouveaux projets en cours intègrent de plus en plus des initiatives de fermes urbaines dans leur programme quel qu’il soit. Le quartier est concerné par la venue d’une ferme urbaine dans leur ville mais le rapport de l’habitant à l’exploitation agricole urbaine dépendra aussi de son implantation. La ferme du rail par exemple, incite les futurs acteurs du projet, à s’impliquer dès la phase de construction du chantier pour créer un contact entre les usagers du site mais aussi pour les rendre concernés dans cette nouvelle approche d’un projet de logement dans la ville.

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Françoise VERNET, Marie-Noëlle Himbert, S’engager dans une Amap, je passe à l’acte, Acte Sud Kaizen, Paris, 2016

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3 – Temporalité d’un projet de ferme urbaine, un territoire qui accueille plusieurs types de projets mais qui doit les accueillir différemment. Selon Jean Jacques Terrin, architecte-urbaniste et professeur à l’ENSAPV, « les jardins productifs n’ont ni les mêmes temporalités ni les mêmes échelles, ni les mêmes modes de gouvernance, que les projets urbains.»57 . Contrairement au bâti, la nature est éphémère et change au fil des saisons et des années. La ferme urbaine au sein d’un projet de logements évolue constamment, mais comment faire en sorte que ce type de projet soit durable. Amener la nature en ville et la pratiquer permet un nouveau regard sur la ville, et une nouvelle manière de révéler l’architecture. Le végétal en ville devient un lieu de ressourcement et le citoyen peut voir la ville changer à travers des formes végétales. Un paysage en évolution constante qui se rattache à un paysage dense et bétonné qui est sans cesse en mouvement mais dont la structure ne bouge pas, crée une rupture dans la ville. Le jardin agricole devient un lieu d’observation du temps et de l’espace, rythmé par la saisonnalité météorologique, végétale, animale. Comme il est dit dans Jardin en ville, ville en jardins58, « c’est un repos pour l’œil, sinon un support onirique et mémoriel. ». On se pose la question d’une adéquation entre la forme bâti et le type végétal mais aussi comment créer des espaces vivants et habités collectivement. Comment gérer de nouveaux espaces, où la frontière entre public et privé est brouillée. Le vide est confronté au plein du bâti et vient parfois s’y accrocher : forme d’agriculture verticale le long de façade aveugle. Par ailleurs, la nature en ville, et plus particulièrement l’agriculture urbaine, met en évidence la question de la saisonnalité à travers l’abondance des légumes cultivés et leur variété selon les saisons, mais également à travers le paysage. En saison estivale, les terres maraîchères en ville sont fournies et vertes, les poules sont sorties, les abeilles butinent le pollen mais qu’en est-il de l’hiver ? Les légumes cultivés ne sont pas les mêmes, les potirons, courgettes et autres prennent place, et des parcelles de terres sont mises en jachère pour leur préparation au printemps. Cependant, la mise en place de serres au sein des fermes urbaines évite de se poser ce type de questions et de produires un légume frais toute l’année. Les tomates notamment, sont souvent cultivés sous serre. Comment gérer une combinaison programmatique entre des objets perreins dans le temps, et des objets évolutifs qui dépendent des aléas climatiques et de l’implication des acteurs urbains ?

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Jean-Jacques TERRIN, Jardins en ville, villes en jardin, Gardens in the city, 2013, France, 317p TERRIN Jean-Jacques, Jardins en ville villes en jardin, Gardens the city, Marseille, ed. Parenthèses, 2013, p 210.


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PARTIE III : Concept de ferme urbaine : Sur quel levier s’appuyer pour son développement futur en Ile -de-France ?

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A – Le contexte, implication très lourde. Une politique de gouvernance environnementale à revoir 1-

Mieux redéfinir la place de chacun dans ce type de projet. Place du citoyen.

La place du citoyen est très différente selon le pays. La situation économique et sociale du pays et de la ville va modifier la perception et la fonction première de l’agriculture en ville ; et le citoyen est alors impliqué différemment dans ce système multifonctionnel. Dans les pays africains. Par ailleurs, l’implantation d’une ferme urbaine ou d’agriculture urbaine au sein de la ville ou d’un quartier permet d’accroître les chances d’insertion et multiplier les territoires de vie du citoyen. Elle incite le citoyen à se déplacer, à se confronter à la nouveauté, la multitude, la diversité et à la différence à travers un concept commun. Le citoyen se voit élargir son cercle relationnel et culturel à travers une nouvelle occupation du territoire. De nombreux équipements publics sont installés en ville tels que les bibliothèques, les piscines, les écoles, etc. mais le citoyen les pratiques pour son intérêt personnel et d’une manière indépendante et autonome. La ferme urbaine, c’est d’une part un engagement dans la vie active de la ville ou l’habitant participe bénévolement à la production d’une alimentation saine et locale destinée à sa propre personne mais aussi aux autres citoyens du quartier. D’une autre part, c’est un engagement social où le citoyen engagé est amené à se confronter à d’autres acteurs, à travailler ensemble, partager ce centre d’intérêt commun. A Détroit, après la crise économique dû à la faillite de l’entreprise automobile, la ville est désertée et une bonne partie des habitants restants se retrouvent à la rue et sans emplois. Les initiatives d’agriculture urbaine dans la ville ont permis de redéfinir un rôle pour le citoyen et leur donner une place dans la société.59 Ils participent à la reconstruction progressive de la ville et à son alimentation, leurs journées sont rythmées par le travail de la terre et ils établissent un nouveau contact avec l’autre. 2-

Réglementation à mieux prendre en compte dans les nouveaux projets urbains

Les politiques de gouvernances environnementales jouent un rôle très fort, mais en Ile-de- France le foncier est un véritable frein à son développement. Cela implique de repenser les modes de gouvernances des projets. Le règlement du PLU reste un frein au développement de l’agriculture urbaine en ville, pour un souci esthétique, architectural, sécuritaire60… Les toits parisiens par exemple, un angle d’inclinaison minimal des toits peut être définit par le PLU pour favoriser l’écoulement des eaux ou s’adapter au style architectural des constructions voisines. Si cet angle est trop élevé, la végétalisation de la toiture et une activité agricole est rendue impossible. Il faudrait alors créer des alternatives et ajouter des exceptions en rapport avec l’agriculture urbaine. Construire en toit plat sous réserve de l’utiliser comme une extension du bâti et le végétaliser voir le jardiner et le cultiver. Les toits de Paris pourraient devenir un espace commun et partagé propre à chaque immeuble sur lequel des produits pourraient être cultivés, des ruches pourraient également faire partie de ces toits et améliorer la pollinisation et refermer la boucle de l’écosystème urbain. D’autres articles de PLU, freine la hauteur des bâtiments, leurs surfaces utilisées, etc. et l’ajout d’une structure sur les toits peut donc devenir compliquée à établir. La sécurité est aussi une limite à ses constructions, il faut revoir l’accès à ses toits, et la protection à l’aide de garde-corps ou rambardes, qui elles, ne sont pas toujours permises par le PLU. Il faudrait à l’identique des contraintes de la loi SRU, infliger une obligation d’intervention d’agriculture urbaine dans chaque projet. Un peu comme le minimum d’espace verts que doit avoir un logement (réglementation PLU). 66 64

59 DION Cyril, LAURENT Mélanie, Demain, durée 2h, 2015 60 LAGNEAU Antoine, BARRA Marc, LECUIR Gilles, Agriculture urbaine : Vers une réconciliation ville-nature, Paris, ed. Le passager clandestin, 2015, p 111


Les exigences du PLU relatives aux espaces verts devant être intégrées dans les projets de construction de bâtiments sont généralement exprimées, dans l’article 13, par une disposition objective fixant, sous forme d’un pourcentage (ou d’un coefficient), une surface minimale d’espaces verts. Il peut être nécessaire d’assortir cette obligation d’exceptions objectives ou appréciatives, notamment en faveur des petits terrains. L’article doit aussi préciser la surface de référence : par exemple la surface du terrain ou, mieux, la surface d’espaces libres (en excluant éventuellement certains espaces, tels que les aires de stationnement de surface ou la « bande de constructibilité renforcée »). Aujourd’hui, les codes de l’urbanisme et de l’environnement sont plus inscrit dans les lois du PLU et ce dernier est désormais garant d’une « préservation de la qualité de l’air, de l’eau, du sol et du sous-sol, des ressources naturelles, de la biodiversité, des écosystèmes, des espaces verts, la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques.61». Ces nouvelles lois devraient impliquer une utilisation différente de l’espace que ce soit à travers des projets d’architecture (logements, bureaux, etc.) mais aussi à travers le comportement des citoyens (habitants, commerçants, travailleurs, etc.). La prise en compte de l’agriculture urbaine au sein du Plan Local d’Urbanisme a été en partie possible grâce à un regroupement de multiples acteurs engagés dans l’agriculture urbaine notamment des habitants, des associations, des porteurs de projets, des architectes, urbanistes, des élus, etc. qui ont imaginé « Le Paris de l’agriculture urbaine ». Ce document propose une dizaine de mesures pour promouvoir l’agriculture urbaine : mettre en œuvre une valorisation sociale, économique et environnementale de l’agriculture urbaine par exemple, ou encore intégrer l’agriculture urbaine au sein du Plan Local d’Urbanisme62. La Mairie de Paris revoit sa planification urbaine grâce à une meilleure connexion entre sa ville et la campagne, petite couronne et grande couronne. L’agriculture urbaine parisienne va se connecter avec les agriculteurs de petite couronne et grande couronne, pour partager un savoir-faire, offrir un débouché économique aux producteurs de pleine terre, et aider les projets d’agriculture urbaine à se développer davantage et à être pensé dans le long terme. Des partenariats vont être développés en 2017 avec la Chambre interdépartementale d’agriculture d’Ile-de-France, les acteurs du Pôle Abiosol (Champs des possibles, GAB Ile-de-France…) et l’Association Française d’agriculture urbaine professionnelle (AFAUP).63 Afin de promouvoir une alimentation saine et durable grâce à l’agriculture urbaine, la mairie de Paris prévoit de produire 30 000 tonnes de compost par an avec les déchets alimentaires des ménages pour approvisionner les terres agricoles franciliennes. Cette stratégie zéro déchet consiste à intervenir sur divers axes dans la métropole. La ville de Paris envisage de multiplier par trois les zone de compost collectif en pied d’immeuble, de soutenir le lombricompost individuel, mais soutien aussi un maillage de territoire en compost de quartier avec idéalement 20 sites en 2020. Une logistique durable doit aussi être repensée pour structurer les circuits courts. Beaucoup d’autres projets prometteurs sont en cours de réflexion pour leur réalisation future, notamment : • La culture de l’orge et du houblon dans le Bois de Vincennes en vue de produire et de brasser une bière de Paris. • La protection de l’appellation « Miel de Paris » auprès de l’Institut national de la Propriété industrielle. • création des Trophées de l’agriculture urbaine en 2017 • Organisation de l’événement « les 48 heures de l’agriculture urbaine » qui se déroulera les 18 et 19 mars 2017. • Lancement du projet Solidarité Paris-Campagne au cours du premier trimestre 2017 pour 61 62 63

Extrait article L-121-1-3 du Code de l’urbanisme http://parisagricultureurbaine.wesign.it/fr http://www.paris.fr/actualites/paris-accentue-son-soutien-aux-agriculteurs-et-a-une-alimentation-durable-4473

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créer des partenariats type jumelages entre Paris et des villes de zones rurales ou péri-urbaines • Première édition de « BiodiversiTerre », véritable salon de l’agriculture urbaine du 5 au 7 juin 2017 avenue Foch. • La signature de partenariats avec des acteurs clés du financement participatif - les plateformes de crowdfounding MiiMOSA et ULULE - afin de dynamiser le financement de projets dédié aux acteurs de l’agriculture et de l’alimentation. • La signature d’un partenariat avec la Garde républicaine pour développer des projets d’agriculture urbaine et valoriser la masse de fumier retirée chaque année (6.000 tonnes) et qui ne fait pas l’objet à ce jour d’une valorisation. • La signature d’un accord cadre de partenariats sera signé avec AgroParisTech en 201764 Aujourd’hui, les instances de décisions aident à lever les freins causés par une articulation des aides trop peu maîtrisée, un budget restreint et un cloisonnement des dispositifs territoriaux. Les acteurs doivent redéfinir leur rôle au sein d’une économie en crise dans un contexte d’incertitude, travailler ensemble, coopérer entre les territoires et mutualiser les moyens humains et financiers. Une nouvelle approche territoriale est donc indispensable dans chaque projet urbain. Une approche spatiale et systémique qui rapproche les acteurs urbains et ruraux quel que soit le sujet : alimentation, agriculture, environnement… Un système nouveau d’appropriation du territoire qui met en marche un réseau important d’acteurs (associations, consommateurs, producteurs, élus…), d’équipements et de démarches pour faciliter une coopération entre le monde urbain et le monde rural. De plus, développer différents types de gouvernance et de coopération avec plusieurs instances permet d’étaler les acteurs (élus et techniciens) sur différents territoires et agir à différents niveaux, pour mieux mettre en place des politiques de développement intégré, associant l’ensemble des acteurs concernés. Des initiatives sont prises par la mairie de Paris pour « végétaliser » la métropole, avec comme objectif : 100 hectares de toits, façades et murs végétalisés dont un tiers sera consacré à l’agriculture urbaine65 . Une charte a été créée visant à impliquer les citoyens parisiens dans ce processus de végétalisation. Elle vise à « accompagner les propriétaires et copropriétaires, parisiens qui souhaitent végétaliser ou cultiver leur patrimoine (modification du PLU, subventions aux bailleurs sociaux, plan 1000 immeubles, rencontres professionnels, conseils en ligne, etc.) ; une végétalisation et une agriculture urbaine « zéro phyto » et économe en eau ; promouvoir une végétalisation du bâti respectueuse de l’environnement, contribuant notamment à la biodiversité parisienne et à la gestion des eaux, ainsi qu’une agriculture urbaine multifonctionnelle pleinement intégrée dans les circuits courts de proximité au côté des agricultures franciliennes, et partager toutes ces connaissances acquises.66» 3

- Un réseau numérique à développer davantage comme moyen de communication.

« Les agriculteurs utilisent les nouvelles technologies depuis toujours, ils ont été les premiers à adopter les GPS pour mieux creuser leurs sillons plus efficacement. Aujourd’hui ils manient même des drones pour optimiser leur productivité », introduit Claire Gallon du collectif « Nantes ville comestible »67. Exploiter la pluridisciplinarité du territoire et le savoir-faire de chaque acteur à travers le numérique va resserrer les liens entre les acteurs locaux pour mieux vivre ensemble en métropole. Là est le but du collectif « Nantes ville comestible ». Leur objectif est donc de relier ville et campagne, et recréer un lien entre terre et assiette à l’aide du numérique. Comme le raconte Lucile Colombain, (qui a travaillé dix ans dans la culture numérique) :

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64 http://www.paris.fr/actualites/paris-accentue-son-soutien-aux-agriculteurs-et-a-une-alimentation-durable-4473 65 Projet Parisculteurs, http://www.parisculteurs.paris/ 66 Voir la Charte de la Mairie de Paris sur le site, http://www.parisculteurs.paris/fr/charte-100-hectares/ 67 http://cantine.atlantic2.org/evenements/hackgriculture-les-technologies-au-service-de-la-production-agricole-en-milieu-urbain/


« Aujourd’hui le numérique c’est un outil de partage, de consommation collaborative, de réappropriation de l’espace publique. C’est un déclencheur : comme on a de plus en plus de mal à se parler, on a souvent besoin d’une entrée par internet ! Déjà, rien qu’avec notre site et notre liste de discussion, on avance ! »68. Hackgriculture est un Projet d’outils numériques au service de l’agriculture durable en milieu urbain et périurbain, et de la consommation locale, qui permet de s’informer sur les acteurs et initiatives liés à l’agriculture urbaine dans la commune de Nantes et sa périphérie. Des cartographies sont mises à disposition ainsi qu’un forum de discussion. Tout cela vient faciliter la mise en commun des savoirs, des outils et des idées par les nouvelles technologies de communication. Par exemple un site web a été publié pour aider les jardiniers citoyens amateurs à trouver des parcelles à cultiver à l’échelle de Nantes métropole.

B – Projets du Réinventer Paris, Parisculteurs. De nouvelles initiatives pour une replanification de l’IDF. 1-

Réinventer Paris

La mairie de Paris se lance dans un nouveau projet en faisant évoluer son Plan d’Urbanisme Local, et se fixe l’objectif d’atteindre 100 hectares végétalisés d’ici à 2020 grâce à Parisculteurs. Parmi les 47 sites proposés, 29 (équivalent à 4,9 hectares) se consacrent à l’agriculture urbaine. L’agriculture urbaine sur les toits de Paris nécessite une mobilisation des habitants notamment pour des interventions sur des copropriétés. En effet, si les toits de copropriétés sont investis pour de l‘agriculture urbaine, ils doivent pouvoir être accessibles pour les résidents qui participent financièrement à ce projet. Ils doivent profiter de l’apport en produits mais aussi des bienfaits sociaux de ce type d’activités. De plus, l’accueil du public rend obligatoire la mise aux normes en matière de sécurité. Bien qu’en France, ce type de ferme soit à première vue avec une notion pédagogique, la volonté première reste la production, il n’y a pas de structure uniquement pédagogique. C’est de la production, et si elle ne génère pas assez de revenus, dans ce cas une notion de pédagogie y est intégrée. Selon Vincent Ferlicot, responsable de l’appel à projet Les Parisculteurs69, « Le lien avec les agriculteurs pour le moment est encore faible, mais il est prévu de l’intégrer par la suite. Ce sont deux mondes qui s’observent encore, entre la pleine terre et le hors sol. » La question de la durabilité de ce type de projet se pose encore. Des analyses ont été tentées par l’équipe d’Anne-Cécile Daniel, ingénieur de recherche à AgroParisTech, mais deux problèmes de sont posés : Encore trop peu de fermes urbaines (12 en France), et les projets existants sont trop jeunes pour faire une vraie analyse de leur évolution dans le temps.70 Cependant de nombreux projet des Parisculteurs semblent prometteurs et en cours d’exécution. Les projets des Parisculteurs mettent en avant l’agriculture urbaine au sein des équipements publics notamment dans les écoles. L’école Dunois (dans le 13ème arrondissement) par exemple, est idéalement situé : quartier dynamique à proximité de commerces et de restaurants mais également de 15 écoles élémentaires et maternelles. Cette proximité permettra de faire profiter aux autres écoles de son toit potager (qui accueillera un pommier des framboisiers et des fraisiers) sur le plan pédagogique. Un salarié va gérer les récoltes de fruits qui seront ensuite vendus aux parents d’élèves en partie et le reste sera cuisiné par ces élèves ou directement consommés sur place. 68 69 70

http://www.nantesvillecomestible.org/category/projets-agriculture-urbaine-nantes/hackgriculture-nantes/ Entretien avec V Ferlicot. Voir annexe p 83 Conférence «La fabrique du P.R.E : Problématique d’une agriculture sereine », à la Ferme du Bonheur, le 02 juin 2017

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Ecole maternelle et élémentaire Dunois71 L’école Dunois (dans le 13ème arrondissement) par exemple, est idéalement situé : quartier dynamique à proximité de commerces et de restaurants mais également de 15 écoles élémentaires et maternelles. Cette proximité permettra de faire profiter aux autres écoles de son toit potager (qui accueillera un pommier des framboisiers et des fraisiers)sur le plan pédagogique. Un salarié va gérer les récoltes de fruits qui seront ensuite vendus aux parents d’élèves en partie et le reste sera cuisiné par ces élèves ou directement consommés sur place. C’est un projet qui se concentre essentiellement sur l’aspect pédagogique de l’agriculture urbaine sur les toits. Bien que le contact agriculteur-consommateur soit quasi inexistant (principalement le professeur qui instruira les élèves sur comment semer et récolter et faire des confitures), des relations se créé autour de l’alimentation saine et la culture de ces produits, entre les élèves, les professeurs et les parents d’élèves. Les fruits frais sont semés, récoltés et cuisinés par les enfants et les professeurs passant du toit à l’assiette. Mais le réseau ne se cantonne pas qu’au sein de l’école puisqu’elle est en lien avec d’autres écoles et donc d’autres élèves et parents. Un quartier entier est donc concerné par cette initiative d’agriculture urbaine bien que le circuit n’est pas une dimension territoriale qui s’étende jusqu’à d’autres quartiers. l’importance de chaques initiatives de ferme urbaine s’adapte à ses capacités productives. Image 51: Images de l’appel à projets des Parisculteurs,71 http://www.parisculteurs.paris/fr/sites/parisculpar Les nouveaux potagers composé de huit personnes teurs-2016/1386-ecole-maternelle-et-elementaire-dunois-13e. html

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La ferme lachambaudie72 La ferme Lachambaudie est un projet de ferme urbaine sur toits mais adopte un systèm économique et productif totallement différent de l’école Dunois. Elle est située sur les toits du centre médical de la RATP, dans le 12ème arrondissement. Elle est constituée d’un système hydroponique ultra productif qui prévoit de produire plus de 31 tonnes de fruits et légumes par an. Ces produits récoltés seront distribués par la suite aux restaurants du quartier et aux salariés de la ratp sous forme de paniers. De plus, ces salariés bééficieront d’une formation pour apprendre à entretenir un potager et surtout comment gérer une production sous un système hydroponique. Enfin, pour le côté économique du projet, celui ci genèrera au moins 3 emplois direct. Encore une fois, c’est un projet prommeteur pour «végétaliser» Paris, mais qui n’est que très superficiellement en contact avec le monde extérieur. Seul l’exploitant peut accéder à cet espace. Le lieu est exploité que pour une production intensive mais oublie le côté social qui pourrait être mis en avant. Le contact entre producteur et consommateur est possible que lors de la vente du produit (et encore ce contact reste indirect) et au cours de quelques formations organisées en petit comités. Image 52 : Images de l’appel à projet les Parisculteurs

72 http://www.parisculteurs.paris/fr/sites/parisculteurs-2016/1348-place-lachambeaudie-12e.html

La majorité des projets d’agriculture urbaine des Parisculteurs sont implantés sur les toits de Paris, dû au foncier et à la densité de Paris. Cela permet d’investir des lieux inocuppés mais malheureusement pas en contact visuel direct avec les citoyens. Les sites accesibles au public ont des horaires très restreintes et des normes à respecter. L’impact de chaque initiative de ferme urbaine des Parisculteurs se passe essentiellement à l’échelle du quartier, c’est pour cela que le nombre de fermes urbaines dans Paris peut être intésessant et concerne le tout Paris. Cependant, un réseau entre ces fermes aurait pu être accentué afin de bénéficier des qualités de chacunes que ce soit en terme de localisation, de production ou encore de leur accessibilité et de leur vertues sociales et éducatives. La complémentarité est un mot essentiel qui pourrait rendre durable à long terme ce type d’agriculture urbaine au sein même de Paris avec des liens mettant en relations divers quartiers, rues, jardins, arrodissements, etc. Une complémentarité à autre échelle semble également très importante, celle des fermes urbaines dans Paris intra muros, et des exploitations agricoles péri urbaine et rurales au sein de l’Île-de-France. Les fermes qui jouent sur ces réseaux ville campagne sont en cours d’éxecutions mais à l’heure d’aujourd’hui très peu ont encore exploité cette échelle d’intervention. 71 69


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Le cas du projet Doulon Gahards à Nantes. Un projet à l’échelle du territoire. 73

Le territoire de Nantes pour s’en inspirer comme un exemple type de ferme urbaine à l’échelle territoriale. Le contexte n’est pas le même qu’en région parisienne mais les concepts d’intervention urbaine et de circuits écosystémiques au sein d’un quartier entier, peuvent être inspirant pour la grande métropole. De plus, comme expliqué dans la partie précédente, la ferme urbaine et les interventions d’agriculture urbaine sont ici un outil pour l’aménagement de la ville, d’un quartier, il devient une centralité autour de laquelle des synérgies naissent à travers des activités diverses en lien avec l’agriculture. C’est sur la moitié d’un site d’anciens terrains agricoles et de friches que se construira d’ici 2030, 2700 logements dont 25% de logements sociaux et 30% de logements à accession abordable. Mais pas seulement, car quatre fermes urbaines vont se développer sur la base des anciennes fermes en friche, en proposant de nouvelles activités autour de l’agriculture et en lien direct avec le monde agricole ( restauration, hebergement touristique, formations,etc.). Le quartier Doulon Gahards est situé aux abords du fleuve de la Loire, à la lisière d’un parc naturel ou il est bon de s’y promener et de s’y ressourcer, mais aussi à proximité des transports en commun ce qui favorise son accès direct. Par ailleurs, ce quartier à une histoire importante puisque c’était d’anciennes terres agricoles et de chemins de fer. Le futur territoire qui va peu à peu se construire, s’appui sur sa géographie et sur son histoire en insrant une l’activité agricole professionnelle au coeur du projet. L’avantage d’avoir plusieurs fermes sur un même territoire est qu’elles peuvent communiquer à distance et avoir des fonctions différentes: une ferme plutôt à but pédagogique, une autre maraîchère, etc. Enfin, logements et fermes urbaines seront mis en relation entre elles et avec les habitants du quartier, par le biais d’associations, d’Amap, collectivités locales. D’après Nantes Métropole, «la collectivité assurera la perennité de l’ambition et des investissements à travers une charte à destination des porteurs de projet. Le modèle économique sera à l’équilibre sans subvention de fonctionnement, et la partie agricole productive représentera 60% du chiffre d’affaire au minimum. C’est un exemple dont il faut s’inspirer. Avec 100 000 habitants en plus prévus dans une vingtaine d’années, c’est sur la base d’un nouveau modèle économique, environnemental et social, plus vertueux, que le quartier et les habitants vont évoluer et se développer. La stratégie métropolitaine du projet alimentaire du territoire va améliorer la sécurité et l’autonomie alimentaire. De plus, cette capacité du «vivre ensemble» à travers un projet qui met en avant une ouvelle forme d’agriculture associée à l’urbanisation, favorisera une réelle cohésion sociale. Certes, les superficies de terres arables ne sont pas les mêmes qu’en région parisienne, mais si on regarde dans la périphérie de Paris et dans des banlieues telles que Chevry-Cossigny ou Massy par exemple, d’anciens terrains agricoles ou des friches seraient exploitables pour créer de nouveaux quartiers tout en gardant l’aspect agricole avec l’insertion de fermes urbaines. Par ailleurs profiter de ces espaces à proximité de la métropole permettrait de les relier directement à d’autres interventions d’agriculture urbaine au sein de la petite couronne et élargir le réseau pour favoriser la vente en circuits courts, et les liens entre Paris et ses territoires proches.

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https://www.youtube.com/watch?time_continue=378&v=waN5_bAkH0g


Image 53 et 54 : Etude du secteur Doulon Gahards à Nantes, et zonage du futur projet d’agriculture urbaine

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C – Pour l’IDF, quel type de ferme faudrait-il privilégier ? 1-

Ferme urbaine, un projet encore trop considéré comme éphémère.

Aujourd’hui, la France compte de plus en plus de projets d’agriculture urbaine en ville, que ce soit sur les toits, sur des friches urbaines ou encore dans la rue. Mais la pression foncière fait que ces projets ne sont pas pensés pour durer et sont là pour combler des vides dans l’espace, en attendant la construction de projets de logements ou de bureaux. Les grands voisins par exemple, est un projet social éphémère qui occupe les espaces de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul en attendant la construction de 600 logements. La mission première des équipes associatives Aurore, Yes We Camp et Plateau Urbain, est de « s’occuper d’espaces abandonnés dont la ville n’arrive pas à prendre soin » comme le raconte Théo, membre de l’association Yes We Camp, lors d’une interview du TimeOut.74 Au fur et à mesure, les habitants du quartier investissent un lieu, se créent un nouveau repère au sein duquel ils deviennent acteurs urbains, ils partagent un intérêt commun avec d’autres citoyens. Ils se créent un nouveau réseau social, s’accorde un temps dans leur planning pour s’évader à la ferme urbaine. De plus, les immigrés résidents bénéficient d’une réinsertion sociale grâce à leur participation aux tâches du projet. Travailler au sein des Grands Voisins permet aux immigrés de loger dans l’hôpital mais également s’acheter des vêtements en fonction de leur temps de travail grâce à des tickets en minutes.75 Mais le caractère éphémère de certaines fermes urbaines, une fois celle-ci disparue, créée un manque auprès des citoyens engagés et un sentiment de déception. Que vont devenir les nouveaux actifs qui se sont réinsérés dans la société grâce à leur travail offert par Les Grands Voisins? Malgré la pression foncière en Île-de-France, l’agriculture urbaine doit se développer et se faire connaître des citoyens. C’est une nouvelle forme d’urbanisation qui améliore la qualité de vie des habitants en métropole que ce soit au niveau de sa fonction sociale mais également sur le plan paysager.

Image 55 et 56 : Les Grands voisins, projet de village éphémère dans l’enceinte de l’ancien Hôpital Saint-Vincentde-Paul

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74 https://www.timeout.fr/paris/le-blog/le-projet-fou-des-grands-voisins-dans-le-14e-logements-sociaux-bar-restaurantserres-et-camping-080916 75 Reportage sur Arte : Les Grands Voisins : Laboratoire de l’économie solidaire : http://www.arte.tv/fr/videos/071827040-A/arte-journal


L’envie de redonner vie à des espaces ouverts en friche ou à des structures désaffectées est une bonne initiative pour redynamiser un quartier sur le plan économique, social mais ces projets ne sont pas toujours éternels et pose la question du devenir urbain. La construction de logements prends le dessus sur tous types d’initiatives moins rentables foncièrement, c’est pour cela qu’un projet de ferme urbaine au sein de la métropole doit être justifiée et bénéfique économiquement et socialement pour pouvoir être négociable à sa durabilité dans le temps. C’est pour cela en partie qu’aujourd’hui, tout type de ferme urbaine est rattaché à des projets de logements ou équipements publics. Elle ne fonctionne pas seule dans la ville mais en réseau avec un programme directement lié au sein du projet et par la suite cette ferme développera son réseau au sein du quartier puis du territoire grâce à des collectifs et des associations. Le concept de ferme écologique et éphémère (FEE) se développe à Paris peu à peu. C’est la mise en place de structures mobiles qui peuvent se déplacer d’une friche à l’autre. Mais encore faut-il démocratiser cette pratique en ville. C’est en organisant des événements, spectacles et autres activités que l’agriculture prend place dans la vie des citoyens. Le concept de fermes urbaines éphemère reste quand même selon moi un repère à bobos en manque de nature où les bienfaits économiques sont très faibles. Sur le plan social, les gens sont amenés à partager une activité commune mais encore une fois la mixité sociale est peu évidente et peu perçue. L’avantage des fermes urbaines éphémères, c’est leur capacité à s’adapter à n’importe quel espace grâce à leurs installations mobiles et modulables construites à l’aide de matériaux recyclables, biodégradables ou compostables la plupart du temps. Ces fermes cherchent à garder leur côté éco-responsable et montrer une image écologique. De plus, pouvoir déplacer leur ferme régulièrement est finalement une forme de sécurité et une dépendance vis-à-vis de chaques politiques locales des communes. Que penser des politiques locales sur la question des friches urbaines qui ne sont pas encore exploitées ? Faut-il attendre d’avoir un réel projet de logements, de bureaux ou équipement public pour ensuite y intégrer des initiatives d’agriculture urbaine ? Plutôt que d’investir trop rapidement les lieux sans se poser la question de l’après et d’avoir au bout de deux ans un projet de ferme urbaine presque aboutit qui doit fermer ou être délocalisé.

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2L’Île-de-France, Atout de sa ceinture péri-urbaine. Une complémentarité nécessaire entre ferme urbaine et agriculture péri urbaine

Image 57: Flux entre espaces urbains espaces péri-urbains et espaces agricoles- système régional des espaces ouverts

Les territoires sont avant tout des lieux d’interactions entre un espace physique, des acteurs et des modes d’organisation d’activités diverses, développés par des groupes sociaux et économiques porteurs de projets. Leur dynamique et leur évolution repose sur leur capacité à accueillir des systèmes d’organisation territoriale innovants, en acceptant des flux de ressources locales et capter des ressources provenant d’un réseau plus large. Pour mener à bien un développement du territoire urbain péri-urbain et rural, il faut pouvoir accorder ces trois espaces entre eux à travers des réseaux et des flux qui se complètent et fonctionnent ensembles, sans pour autant freiner l’activité des paysans agriculteurs. De plus, il faut un certain temps pour mettre en convergence la représentation des acteurs afin de créer une vision commune de l’agriculture en ville et envisager un programme d’action. 76 74


On peut se poser la question du rôle de l’agriculteur paysan dans le développement des fermes urbaines et des nouvelles techniques de culture. Selon quelques agriculteurs, les interventions de fermes urbaines au sein de la métropole sont à vocation plus pédagogique et d’insertion sociale que de production intensive. Cependant, les nouvelles techniques qui sont mises en œuvre par ce type de ferme telles que l’aquaponie, ou l’hydroponie, les incite à réfléchir sur cette nouvelle technique de culture qui est plus efficace et peut être à l’intégrer à leur mode de production dans un futur proche. Chaque territoire ne peut fonctionner en autarcie et doit pouvoir bénéficier de ses proximités. La planification d’un quartier à travers l’agriculture nécessite une approche particulière du territoire. Il s’agit d’identifier les activités du territoire, cartographier les paramètres d’un urbanisme alimentaire et les flux des produits. Il faut également se renseigner sur les propositions de projets futurs sur le territoire désigné, et peut être venir intégrer un système de ferme urbaine aux projets en cours. Les acteurs sociaux de ce bout de ville doivent être analysés afin d’adapter le projet aux futurs acteurs concernés. Par ailleurs, il faut pouvoir définir l’échelle d’intervention du projet et jusqu’où la ferme urbaine a un impact d’un point de vue territorial mais aussi social. Comment est-elle approvisionnée en marchandise, quels sont les flux et d’où viennent-ils. La ferme urbaine doit être connectée avec d’autres points de production et des points de chutes pour être durable dans le temps et réussir à être le plus rentable possible. Enfin, comme l’affirme Olivier Durand, maraîcher et consultant à Nantes, «la formation est centrale pour le développement de l’agriculture urbaine car elle fait appel à des champs nouveaux de compétences techniques ( culture bio sans traitement, productions diversifiées, systèmes de culture intensifs,etc.), et sociale (cohabitation avec les habitants, interactions de quartier,etc.).(...). Maintenant, on est au stade où il faut confronter les modèles à nos cadres français, législatifs, culturels et législatifs et commencer à institutionnaliser l’agriculture urbaine.» Aujourd’hui l’enseignement agricole réfléchit sérieusement à ajouter une licence en agriculture urbaine et péri-urbaine, notamment l’école de Nantes. L’agriculture périurbaine, c’est une opportunité économique de mise en relation entre producteurs et consommateurs, notamment pour les productions maraîchères, fruitières ainsi que pour l’élevage. C’est également une question de santé publique, avec la possibilité de fournir des produits frais en ayant recours aux moins de circuits possibles entre la production et la consommation de l’aliment, et une conservation de l’aliment la plus saine possible. La présence de ces espaces agricoles péri-urbains joue un rôle fondamental sur le plan de l’aménagement des territoires et sur le plan économique. L’implantation de ferme urbaine dans Paris même, générée par un système de circuits courts (sur un périmètre de 50km autour de la métropole), a pour but premier l’insertion sociale, la revitalisation d’un quartier et l’apport de nature en ville. Mais la ferme urbaine pourrait vivre à long terme grâce à des liens qu’elle entretien avec des jardins maraîchers installés aux abords de la ville. Les jardins et fermes cultivés en ceinture péri-urbaine, qui ont pour objectif la sécurité alimentaire, doivent être en partenariat direct avec ces fermes parisiennes, qui elles, servent plus de vitrine et de point de vente de ces produits frais et locaux (Amap) et qui ont une notion plus sociale et pédagogique. Le réseau peut aussi davantage s’élargir en développant des micros fermes implantées dans le tout Paris, producteurs de diverses cultures dans des conteneurs, qui lui, agit dans un but de rentabilité et peut s’implanter n’importe où. Image 58 : Containeur Agricool

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Cueillettes Jardins partagés de + 500m² Autres types d’Agriculture Urbaine

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Image 59 et 60 : Une multitude de fermes urbaines se développent dans Paris et ses alentours, Comment mettre en réseau ces fermes à l’échelle locale, avec son péri-urbain proche et à l’échelle territoriale ? Des approches à traiter à plusieurs échelles


La société Agricool par exemple76, cultive des fraises dans des containers un peu partout dans Paris et arrive à produire 100x plus qu’une agriculture conventionnelle . Guillaume et Gonzague sont deux fils d’agriculteurs qui ont monté cette petite entreprise cultivatrice de fraises dans des containeurs qui prennent peu à peu leur place dans Paris. Certes les fondateurs de cette entreprises sont en lien direct avec le monde de l’agriculture mais finalement prônent une culture « ultra locale » dont les fruits sont cultivé sur place de façon saine et économique, mais rompt le lien avec l’agriculture péri urbaine et rurale. Ce type de culture locale est complètement autonome et s’autogère dans la ville. Le rôle et la complémentarité qu’il pourrait y avoir entre agriculture urbaine et péri-urbaine, disparaît complètement. Selon moi, si l’on veut que le projet de ferme urbaine soit pensé à long terme, il doit être pensé comme un outil et non pas comme un objet dans la ville. Un outil qui permet de retisser des territoires entre eux à travers ses acteurs mais aussi à travers le cheminement des produits qui sont plus courts, et rapproche le contact entre le lieu de production et le lieu de consommation. De nouvelles communautés naissent grâce à la ferme urbaine et des liens se tissent entre les usagers d’un même quartier qui se croisent depuis des années sans s’être une fois adressé la parole. La ferme urbaine est ce point de ralliement qui va unir des classes sociales, des classes d’âges différentes entre elles et les mêler à travers des activités pédagogiques, le jardinage, l’apprentissage de nouvelles formes de culture, l’apiculture, etc. Afin de rendre cet outil durable dans le temps, il faut le faire communiquer avec d’autres initiatives d’agriculture urbaine au sein de la ville mais surtout en périphérie proche de la métropole. L’idée serait d’implanter des projets de ferme urbaine au sein des grandes métropoles avec pour principale fonction, l’insertion sociale et la végétalisation de la ville pour une plus grande biodiversité et réduire la pollution atmosphérique. Des potagers, jardins partagés, ateliers divers en rapport avec l’agriculture, l’apiculture, etc. auraient pour vocation la production alimentaire mais avant tout un objectif social à l’échelle du quartier. Ces fermes urbaines seraient directement reliées avec des fermes péri-urbaines plus productives, comme la ferme Planète Lilas par exemple qui se trouve en périphérie et grâce à un foncier plus accessible et une place plus disponible permet une culture plus importante tout en restant à proximité de la ville. Par ailleurs, les projets de ferme sur les toits peuvent aussi être développés le plus possible en flexibilisant les règles du PLU et en les adaptant à l’agriculture urbaine. Ces fermes sur toits pourraient avoir le même système de lien avec les autres interventions dans la ville et se rattacher aux fermes en rez-de-chaussée qui, elles, sont reliées aux fermes péri-urbaines. La différence avec les fermes qui interviennent sur l’espace public, c’est que les jardins productifs sur les toits ne sont pas en contact direct avec le citoyen et réduit son échelle d’intervention dans la ville. En effet, ce type de ferme est à vocation productive mais essentiellement pour les usagers de l’immeuble en question. Ce toit serait un nouvel espace commun, un espace de réunion entre les habitants de bâtiment. La ferme devient ici un outil de rassemblement entre des citoyens qui fréquentent les mêmes lieux mais qui ne côtoient pas forcément. Les pôles de centralités d’acteurs ne seraient pas les mêmes pour une ferme urbaine dans l’espace public et sur les toits. A Paris intra-muros la majorité des toits sont des toits haussmanniens qui ne sont pas plats et ne permettent pas leur végétalisation, en revanche la plupart des toits de bureaux, de certains hôtels pourraient être efficace pour l’approvisionnement du restaurant de l’hôtel ou la cantine des bureaux.77 Finalement, en Europe le projet de ferme urbaine tend à s’implanter dans la ville comme un moyen d’insertion sociale. 76 77

http://www.agricool.co/cooltainers/ Hôtel Pullman, ou bureaux Bnp Paribas par exemple.

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Le réseau entre les acteurs est très important et permet de tisser des liens à différentes échelles: ville campagne mais également au sein d’un quartier. Le citoyen à une nouvelle place dans la société et un rôle de replanification du territoire et de sécurité alimentaire. Le cas de la ferme verticale au sein de notre ville peut être remis en question. Les réflexions sur le concept de ferme verticale sont de plus en plus approfondies et commencent à voir le jour, partant du principe de production intensive et d’autosuffisance alimentaire en ville. Mais selon moi, un tel objet reste finalement un objet autosuffisant dont les réseaux entre ville et campagne et à l’échelle du quartier sont quasi inexistants. Les fruits et légumes sont auto créés au sein de cet objet et ensuite distribués à des grosses enseignes ou épiciers sans que le public ait accès à ce lieu. Paris intra-muros et son réseau avec l’Île-de-France a besoin d’être accentué et revitalisé afin qu’il y ait une meilleure cohésion entre les territoires périphériques et une certaine synergie des acteurs divers, venant de lieux différents. Les territoires ont aujourd’hui besoin de se compléter entre eux en fonction de leur capacité à accueillir des logements, des espaces agricoles, des bâtiments industriels…afin de dessiner un réseau à grande échelle, où un nouveau système d’alimentation, de production et de distributions, fonctionne grâce à des flux en synergie. La ferme verticale est trop limitée à sa fonction productive. Cependant, si l’on s’attarde sur le projet de « Réinventer Masséna », on pourrait dire que c’est une ferme qui fonctionne à la verticale, bien qu’elle n’ait pas les mêmes caractéristiques que la ferme verticale type pensée par Dickson Despommiers. La production alimentaire est pensée en communauté et avec ces potentiels acteurs futurs concernés. Ce même bâtiment à plusieurs fonctions qui font cohabiter différents acteurs. Cette « tour » devient à elle seule un réseau interne mais fait aussi exister un réseau dans la ville et entre les territoires : Les produits récoltés sur les toits de Masséna seront distribués dans les marchés et chez les habitants du quartier adhérents Amap. De plus, Masséna est en connexion avec divers agriculteurs péri-urbains et ruraux qui viennent collaborer avec l’acteur urbain et découvrir les nouvelles méthodes de culture high tech (hydroponie, etc.) mais qui fournissent également quelques produits frais en circuits courts restant dans l’idée que les toits de Masséna sont avant tout des lieux d’expérimentation. 2. Initiatives d’agriculture urbaine visant à étendre le réseau et à s’impliquer dans la vie sociétale. Intégrer une distribution de produits locaux dans un wagon de RER quitte à favoriser les moyens de déplacement sans pour autant dépenser de l’énergie, et utiliser ce moyen de transport en commun d’une manière différente tout en créant un espace de convivialité avec un wagon entièrement dédié à la vente de fruits et légumes frais et locaux produits en zone péri urbaine. La rue, les friches urbaines, des bâtiments désaffectés ou encore des jardins déjà existants sont de plus en plus accaparé par la nature et notamment par l’agriculture urbaine, des espaces qui mêlent alimentation et nature. Pourquoi ne pas investir d’autres lieux, d’autres espaces publics, afin d’élargir le réseau de circuits courts en générant encore moins de consommation d’énergie mais également en incitant les citoyens à utiliser ces transports en communs (réduisant de même l’utilisation de la voiture et donc de CO²). On passe une grande partie de nos journées dans les transports, en moyenne 3h par jour.78 La commercialisation de produits frais et locaux permettrait de profiter des trajets de ces modes de transports pour créer du lien social entre les différents usagers mais également se servir des trains pour moyens de transports du produits entre la ferme péri urbaine et les fermes urbaines et Point Amap. 80 78

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http://www.iau-idf.fr/savoir-faire/nos-travaux/edition/chiffres-cles-2017.html


En plus d’investir les toits de Paris, les friches, les quelques jardins restant, pourquoi ne pas profiter du réseau immense des transports en communs que ce soit les RER, les TER les TGV ou encore les voies navigables comme lieux de distribution mais aussi comme un lieu de consommation voire de production (faire pousser sur des péniches qui distribueraient directement dans le réseau Îlede-France ces produits). Pontoise

Melun

Un tissu fluvial qui occupe toute l’Île-de-France et permet une communication facile entre les territoires. Des voies exploitables pour le déplacement des produits frais en circuit court entre Paris intra muros et la région Île-de-France. La ferme du rail utilisera ces voies comme moyen de comunication entre sa ferme et des espaces maraîchers alentours Seine et voies navigables Voies non navigables Ports urbains

Pontoise

Les transports en commun qui ne cesse de se développer, notament avec les projets du Grand Paris. Un réseau à exploiter pour développer et améliorer les flux d’acteurs de d’approvisionnements des fermes urbaines en Île-de-France. Melun

Seine Lignes TGV Ter ou grandes lignes RER

Les périphéries proches de Paris, dotées de prairies et de terrains de vergers. Des espaces à proximité de Paris intra-muros qui peuvent être utilisé davantage comme des espaces éducatifs tant que productifs.

Sarcelle Poissy

Prairies Vergers ou petits fruits Orly

Images 61, 62 et 63 : Un réseau Île-de-France à exploiter davantage pour une meilleure communication agrciole entre Paris et ses périphéries

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CONCLUSION

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Cueillettes Jardins partagés de + 500m² Autres types d’Agriculture Urbaine


La ferme urbaine est finalement un « tiers lieu » qui s’insère dans la ville comme un outil multifonctionnel mettant en réseau des territoires en prenant les qualités de chacun. Ces synergies d’acteurs et de fonctions multiples générées par la ferme urbaine optimise le métabolisme urbain, définit par Bochet et Cuhna comme « l’ensemble de transformations et de flux de matière et d’énergies intervenant dans le cycle de vie d’une zone urbaine»79. Ce lieu multidimensionnel joue avec un éventail d’acteurs divers qui rendent durable ce type de projet grâce à la diversité de leur culture, leurs connaissances, leurs compétences ou leurs pratiques. Son impact peut être puissant si elle est bien ancrée au sein du quartier, combinant espaces bâtis et espaces ouverts, mais également si elle établit des liens avec d’autres territoires tels que des espaces péri-urbains qui ont des qualités spatiales permettant une production plus intensives sur un terrain moins cher. La complémentarité entre une ferme intra urbaine et des espaces maraîchers en zone péri urbaine ou rurale paraît essentielle pour la durabilité et l’efficacité d’un tel projet en ville. Des projets de ce type commencent à voir le jour en région parisienne mais aussi à travers la France (projet de Nantes par exemple). Ils mêlent plusieurs activités au sein d’un même programme architectural qui profite à la structure, au quartier mais aussi à la ville et à ses périphéries. Des quartiers revivent grâce à ce type d’intervention avec tout un secteur autour de l’agriculture qui se développe au sein des restaurants, commerces et au sein d’un réseau de compostage qui vient se greffer au réseau de la ferme urbaine. Les projets de ferme urbaine existants en Amérique du Nord ou aux Etats Unis peuvent être inspirants pour le développement de ce type d’initiative en Île-de-France. Le système hydroponique comme moyen de culture peut être une solution pour produire plus et localement tout en gardant l’aspect social entre le producteur et le consommateur. Ces nouvelles techniques de production high tech permettent on seulement d’augmenter la productivité mais également de générer des liens intéressants entre les citoyens, les agriculteurs et les agri-urbains, tout en créant de l’emploi. Ces systèmes vont aussi avoir un impact sur le paysage car ils nécessitent une structure particulière : la serre. Par ailleurs, il faut se poser la question de l’implantation au sein du quartier pour que ces espaces soient le plus profitables aux habitants sur le plan esthétique, de qualité de vie et ouvert à tous. Mais aujourd’hui, le citoyen se sent trop à l’écart des décisions politiques et n’est pas assez impliqué dans ce type de projets qui concernent avant tout le résident parisien. La politique doit plus intégrer le citoyen dans la mise en oeuvre de ces projets d’agriculture urbaine et connaître son avis. Il sera l’acteur le plus important pour faire vivre une ferme urbaine et créer des interactions intéressantes au sein d’un même quartier. La planification urbaine évolue et s’adapte aux changements de la société qui habite de plus en plus en ville. La métropole doit changer sa manière de s’approvisionner et revoir ses modes d’alimentation grâce à des nouveaux systèmes de production et d’approvisionnement. La ferme urbaine est un outil qu’on peut voir comme un atome: une centralité qui génère des flux multiples autour de lui au sein de territoires multifonctionnels. Finalement, la solution serait-elle de créer un système économique différent en créant un réseau mondial à l’aide d’économies locales afin de favoriser les productions à circuits courts et les produits locaux? La ferme urbaine serait le point central de chaque quartier, redynamisé par des activités autour de l’agriculture, la nourriture et la notion de recyclage. Il ne s’agit pas de poser des espaces agricoles dans la ville comme des objets esthétiques en accès limité, mais de les exploiter comme de vrais outils de production et de lien entre les citoyens. Un outil qui peut se raccrocher à des

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79 Bochet, B. et Da Cunha, A. Métropolisation, forme urbaine et développement durable, Développement durable et aménagement du territoire. Lausanne : Presses Polytechniques et Universitaires Romandes. 2003, 83-101p.


projets de logements, de bureaux ou encore de commerces tout en formant un circuit fermé entre ces programmes mais aussi rattaché à des espaces externes plus importants et productifs dans les périphéries urbaines et sur le territoire rural proche. La complémentarité entre les nouveaux projets d’agriculture urbaine Paris intra-muros et les espaces agricoles péri-urbain ou ruraux est essentielle pour la durabilité de ce type de projet qui ne vit qu’à travers son réseau d’acteurs, de production à circuits courts et ses interactions entre les territoires. La Mairie de Paris se mobilise de plus en plus pour intervenir sur une nouvelle alimentation des citoyens parisiens, plus saine, plus locale, grâce à l’implantation de fermes urbaines sur les toits de Paris, dans des jardins publics ou dans les rues. Mais ces espaces restent encore trop peu accessibles au grand public et trop peu connus. Comment mobiliser la population et l’inciter à mieux consommer et à mieux s’alimenter ? C’est là que l’importance du numérique au sein de ces projets d’agriculture urbaine paraît essentielle pour tenir informer la population, tout en gardant l’aspect sociabilisateur de la ferme urbaine. Enfin, il est également essentiel que le citoyen fasse des concessions sur sa manière de s’alimenter et prenne conscience de la saisonnalité. La ferme urbaine est donc un outil qui tisse des liens entre ville et campagne en jonglant entre sa fonction sociale, économique et environnementale. Cet outil redonne un sens à la ville. Il est plus ou moins perenne dans le temps, sa durabilité dépend du réseau qui se forme autour de lui et de son activité au sein de la ville. Bien que le foncier reste une limite pour l’implantation d’un projet peu rentable au niveau économique, la ferme urbaine peut facilement s’intégrer à d’autres programmes sur les toits qui restent peu exploités. Pleins de nouvelles petites communautés se créent au sein des quartiers, au sein de la ville, et au sein de la région ; autour du thème de l’agriculture, une notion qui reste trop peu connue au sein des métropoles. Cet outil serait aussi une manière de redécouvrir nos produits, de savoir d’où ils viennent et comment ils poussent. Comment installer un nouveau système économique, basé autour de l’environnement et de l’agriculture, qui replanifierait les relations territoriales entre ville et campagne ? Comment impliquer davantage le citoyen dans les nouvelles décisions politiques de gouvernances environnementales ? Si le foncier en ville est un veritable frein au développement de ce type de projet trop peu rentable économiquement, comment lier les petits projets urbains avec les espaces agricoles péri-urbains et ruraux en ïle-de-France ? Finalement 50 % de la région Îlede-France sont des espaces agricoles. La question serait de savoir comment mieux les mettre en relation avec la ville et avec ses consommateurs, et les relier avec des initiatives de fermes urbaines où les producteurs viendraient à la rencontre des consommateurs.

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Entretiens Entretien avec Vincent Ferlicot, Mission Agriculture urbaine, Les Parisculteurs. Conférence La Fabrique du P.R.É. : Problématiques d’une agriculture sereine, à la Ferme du Bonheur, le 02 juin 2017 Echanges avec Monique Poulot, directrice du master géographie et aménagement à l’Université de Nanterre, le 28 juin 2017

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Iconographie Image 1 et 2 : Ferme LUFA, http://www.voirvert.ca/projets/projet-demonstration/les-dessousdes-fermes-lufa Image 3 et 4 : Ferme verticale Sky Green, https://www.skygreens.com/about-skygreens/ Image 5 : Image du concours, https://www.fermedurail.org/ Image 6 et 7 : Plan masse et plan de situation du projet, https://www.fermedurail.org/ Image 8, 9 et 10 : Dossier PDF de faisabilité du projet La Ferme du Rail Image 11, 12 et 13 : Réalimenter Masséna, http://realimentermassena.com/projet/ Image 14, 15 et 16 : Fermes prinzessinnengarten , http://prinzessinnengarten.net/ Image 17 : Formes Z-Farming, http://www.agroparistech.fr/Perception-des-formes-etfonctions-par-les-porteurs-de-projet.html Image 18 : Système hydroponique, http://ta-maison.fr/hydroponie/ Image 19 : Système aquaponique, https://aquaponie.net/le-design-general-du-systeme/ Image 20 et 21 : Deux dispositifs de sols, http://www.agroparistech.fr/-Les-trois-dispositifs-. html Image 22 et 23 : Ferme à New York, Brooklyn Grange, https://www.brooklyngrangefarm.com/ Image 24 : http://www.agroparistech.fr/Perception-des-formes-et-fonctions-par-les-porteursde-projet.html

Image 25 : DANIEL Anne Cécile, Aperçu de l’agriculture urbaine, en Europe et en Amérique du Nord, AgroParisTech, Paris, 2013, 80p. Image 26 : Schéma réalisé à partir des données sur le site: https://singapore-wild-city.blogspot. NAHMIAS P., LE CARO Y, Pour une définition de l’agriculture urbaine : réciprocité fonctionnelle fr/2013/01/mon-quotidien-singapour-la-provenance.html et diversité des formes spatiales. EUE, Dossier thématique, Les défis et les perspectives de urbaine, vol 6,courtes 2012, de 16p. Image 27 : l’agriculture Dossier pdf sur Les filières proximité au sein du système alimentaire francilien, décembre 2015, IAU Île-de-France GOUDREAULT V, Analyse de l’agriculture urbaine dans les grands centres urbains en Amérique Nord. Mémoire de fin d’étude, Centre universitaire de formation en environnement, université Image 28 : du https://laruchequiditoui.fr/fr de Sherbrooke, Montréal, 2012, 126p. Image 29 : http://realimentermassena.com/ GRIMM J, Food urbanism: a sustainable design option for urban communities. Landscape Tableau d’après données : https://geocarrefour.revues.org/9399 andles Environmental Studies, Iowa State University, Etats-Unis, 2009, 92p. Image 30 : Architecture

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Maud, L’agriculture et sa valorisation en Seine-Saint-Denis, Etudes du Conseil Image 31 : GOLDSCHEIDER http://topager.com/portfolio-item/pullman-tour-eiffel/ général de la Seine-Saint-Denis Direction de la Nature, des paysages et de la Biodiversité, Seine Saint-Denis, 2011, 76p.

BLAUDIN DE THE Camille, ERKTAN Amandine, VERGOBI Charles, La filière agricole au cœur


Image 32 : Extrait de la Bande dessinée En cuisine avec Alain Passard, de Christophe Blain et Alain Passard, ed Gallimard, 2011. Analyse du chef réalisée en Master 1 à l’UDM par moi. Image 33 : Illustration de Deligne, http://deligne.fr/ Image 34 : Illustration sur le mode de fonctionnement de la ferme sur le plan territorial.réalisée par la ferme urbaine Planète des Lilas, http://planetelilas.wixsite.com/lilas Image 35 : http://asavpa33.canalblog.com/archives/2010/08/18/18475585.html Image 36 : Schéma réalisé à partir des données du site : https://www.flickr.com/photos/faltazi/6260338421/ Image 37 : Une métropole à ma table. L’Île-de-France face aux défis alimentaires, Les Cahiers e l’IAU, Cahiers n°173, 10 mars 2017 Image 38 :Schéma compostage à l’échelle du citoyen, http://www.monbiom.ca/fonctionnementcompostage/ Image 39 : Schéma compostage à l’échelle de la ville, http://www.monbiom.ca/fonctionnementcompostage/ Image 40 : Schéma principe de l’économie circualaire réalisé par moi à l’aide d’une étude de R-Urban Image 41 : http://r-urban.net/accueil/ Image 42 : Schéma circulaire et vertueu d’un système animaux compost: Animalab- réalisé par moi à l’aide des données du site de R-Urban Image 43 : Dossier pdf sur Les filières courtes de proximité au sein du système alimentaire francilien, décembre 2015, IAU Île-de-France Image 44 : Carte de situation de la Ferme du Rail, Dossier PDF de faisabilité du projet La Ferme du Rail Image 45 : Carte réalisée à partir des données IAU, MOS 2012 Image 46 : Schema circuits courts en IDF, Agreste-recensement agricole 2010 Image 47 : Zonage en aires urbaines, INSEE 2010, RP, INSEE 2008 - Cartographie : J. Robert, C. Aragon, Université Paris Ouest 2012 Image 48 : http://visle-en-terrasse.blogspot.fr/2010/11/une-lecon-de-paysage-par-michel.html Image 49 : https://www.soa-architectes.fr/fr/projects/show/257

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Image 50 : Image du concours pour Réalimenter Masséna, Agence Lina Ghotmeh, http:// realimentermassena.com/projet/ Image 51 : http://www.parisculteurs.paris/fr/sites/parisculteurs-2016/1386-ecole-maternelleet-elementaire-dunois-13e.html Image 52 : http://www.parisculteurs.paris/fr/sites/parisculteurs-2016/1348-placelachambeaudie-12e.html Image 53 et 54: https://www.nantesco.fr/home/quartiers/doulon-bottiere/participer/2015/leprojet-doulon-gohards.htm Image 55 et 56 : https://lesgrandsvoisins.org/ Image 57 : Rapport d’observation définitive, Politique régionale des espaces verts, fôrets et promenades et relation avec l’agence des espaces verts, Chambre régionale des comptes IDF, 16 décembre 2015 Image 58 : https://agricool.co/fraise/ Image 59 et 60 : Carte Ca Pousse tiré des cartographies IAU, http://www.iau-idf.fr/liau-et-vous/ cartes-donnees/cartotheque.html, schéma analytiques réalisés par moi sur le rapport d’une ferme urbaine et son territoire à diverses échelles. Image 61, 62 et 63: Schémas analytiques sur le réseau francilien, à partir des données de l’IAU Idf, http://sigr.iau-idf.fr/webapps/visiau/

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ENTRETIENS

Avec Vincent Ferlicot Technicien Supérieur Principal dans la spécialité «Environnement» au sein de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement de la Mairie de Paris, et responsable sur l’Appel à projet Parisculteurs.

22/05/2017 Vous êtes au service des sciences et techniques du végétal qui va piloter certaines actions d’agriculture urbaine, mais aussi de végétalisation. En fait ce service pilote un grand objectif de la Maire, Anne Hidalgo, qui est de végétaliser 100 hectares de façades et de murs. C’est piloté par ce service-là, du coup l’agriculture urbaine a été rattaché au SSTV (Service des Sciences et Techniques du Végétal) pour prendre part à cet objectif des 100 hectares, dont un tiers sera attribué à la production. Au sein du SSTV, l’agriculture urbaine impacte d’autres services aussi, comme l’agence d’écologie urbaine, qui pilote en ce moment des actions sur la permaculture comme à la Ferme de Paris situé à Vincennes. Plusieurs services pour une même action, où tout est regroupé au sein du SSTV. Quel rôle jouez-vous dans la reconnexion entre ville et campagne ? Pour l’instant l’agriculture urbaine était un petit volume, ce n’était pas forcément rattaché au monde agricole, mais là avec le déploiement de ces 33 hectares, la DRIAAF (Direction Régionale Interdépartementale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) a édité un guide des règles administratives et techniques qui s’appliquent aux projets de production agricole en milieu urbain. Donc on voit que le monde agricole maintenant va intégrer cette notion-là. Tandis qu’au départ cela venait des jardins partagés, c’était des associations, ou la production était pour les membres. Aujourd’hui il y a beaucoup de structures où la vente intervient derrière, cela commence à être encadré, car il y a la Préfecture de Police qui a édité un guide sur la sécurité en toiture, etc …, qui date de février 2017. L’accueil du public rend ainsi obligatoire la mise aux normes en matière de sécurité. Les agriculteurs ruraux sont-ils mis en relation avec les projets pilotés par le SSTV ? Ils seront invités au prochain jury, pour le moment cela s’arrête la car tout ça ne fait que démarrer depuis l’année dernière avec le projet Parisculteurs. En attendant que les projets soient vraiment lancés, pour le moment il n’y a que 2 projets d’inauguration prévus pour cet été. Pour les autres, ce sont surtout les mises en conformité des toitures, l’accessibilité, etc…, le lancement des porteurs qui commencent à s’installer. Le lien avec les agriculteurs pour le moment est encore faible, mais il est prévu de l’intégrer par la suite. Ce sont deux mondes qui s’observent encore, entre la pleine terre et le hors sol.

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Vous avez été sollicité donc par des start-ups, y a-t-il eu des architectes aussi ? Il y a énormément de start-ups, quelques associations, des paysagistes aussi. Le niveau de détails a-t-il été aussi poussé que pour le concours Réinventer Paris, ce qui a soulevé des débats ? Pour Réinventer Paris, le rendu était essentiel à la communication, ici pour Parisculteurs, c’est moindre. Les sites seront ensuite mis en accessibilité par la Mairie de Paris, il y aura une redevance des porteurs de projet, qui est très faible, pour la location du site. Les projets sont après autonomes pour la rentabilité. Suite à ces initiatives diverses des politiques locales, avez-vous ressenti une prise de conscience collective du privé, des citadins ? Je serais tenté vraiment de dire oui, les acteurs privés s’engagent de plus en plus. Sur la charte 100 hectares, des grands noms ont signés. Après 100% des signataires ne proposent pas d’espaces, ou alors ces signataires gèrent eux-mêmes l’exploitation. Le privé s’investie en effet, le public aussi, ainsi que les accueillants. De plus en plus de cycles d’apprentissage émergent. La Mairie de Paris propose dorénavant un cycle de formation d’agriculture urbaine. Cela a démarré cette année avec l’École du Breuil, sous le nom du SIL (Spécialisation d’initiative locale), axé sur la production végétale mais aussi sur l’élevage. Ce sont des cycles de formation qui intègrent complétement l’agriculture urbaine. Parallèlement il y a aussi la permaculture. Des freins sont-ils visibles à ces initiatives ? Il y a l’espace, qui va manquer. L’APUR a trouvé un pourcentage de surface exploitable assez énorme, de l’ordre de 70%. Mais de notre côté, on a identifié tous les bâtiments de la ville, les partenaires privés se sont manifestés, et ce qui va rester après, ce sont les copropriétés. Le gros challenge va être de mobiliser ces copropriétés. Autant elle trouve cela très sympa, récréatif, autant cela représente un certain budget, il y a peut-être aussi la peur de voir quelqu’un sur sa terrasse pour l’entretien, peut-être une entreprise. Mais au sein de notre service, il y a une personne chargée de mobiliser les copropriétés, c’est vraiment le défi pour faire développer l’agriculture urbaine, en tout cas à Paris. Privilégiez-vous pour le concours Parisculteurs des montages professionnels ou des montages inclusifs, de personnes bénévoles ? Je ne crois pas qu’il y ait des projets dans le concours qui inclut les usagers dans la pratique. Il y a de l’insertion, mais pas de bénévolat. Le bénévolat va être l’axe d’attaque pour les copropriétés. Si elle accepte un projet en toiture, les habitants vont surement vouloir y participer. Après on ne se rend pas toujours compte du travail, ni de l’organisation. Car rien que pour le compost, il faut des tours de garde. Mais voilà il y a des copropriétés qui ont des jardins en pleine terre avec un poulailler et un compost et cela fonctionne, mais il est nécessaire d’avoir une personne motrice dans le processus, pour planifier l’organisation.

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En parlant justement de compost, avez-vous un retour sur cette phase pilote de récolte des déchets organiques organisée dans trois arrondissements ? Non, vous me l’apprenez. Il faut que je regarde, c’est surement une autre direction qui s’en occupe. Il s’agit surement de la DPE (Direction de la Propreté et de l’Eau), c’est d’ailleurs eux qui installent les bacs à compost, sur demande de la copropriété. Ils proposent aussi la formation. Mais avoir un bac à compost dans une copropriété où il n’y a pas d’espace vert, c’est là que la collecte devient intéressante. Toutefois la création de compost n’est pas toute simple, cela crée parfois un frein, alors que nous avons besoin de matière carbonée, il faut équilibrer les déchets azotés avec du carbone. Et s’il y a une surface cultivée à côté, c’est tout aussi intéressant. Y a-t-il de nouvelles lois engagées sur la politique environnementale pour favoriser et intégrer l’agriculture urbaine ? Il y aura un code, ce sera encadré, il y a déjà des normes qui encadrent cela, au niveau architectural par exemple, la hauteur du garde-corps, la portance du toit, etc. Ce sont plus des objectifs, comme les 100 hectares, qui sont lancés. Cet objectif devrait être réalisé, mais il n’y aura peut-être pas d’ici 2020 un tiers de production. C’est un objectif politique qui répond aussi à une demande, dans le budget participatif, il y a vraiment une demande des citoyens. En termes de nature en ville, nous sommes en retard sur d’autres grandes capitales comme Berlin ou Londres, nous sommes en dessous du minimum fixé par l’OMS. Paris est très dense, Berlin ou Montréal sont des cas différents. Pour les toits à Paris, l’approche passera par les copropriétés. Grâce aux 100 hectares de nature en ville, Paris devrait remonter de 2,2 mètres carré par habitant. Avec le SSTV, l’intervention se limite à Paris intramuros ? Il y a quelques villes partenaires de la charge 100 hectares, comme la ville de Saint-Denis, qui sont assez actifs, mais après chaque commune est indépendante. L’agriculture urbaine s’est lancée dans plusieurs communes proches de Paris. Paris intervient sur son territoire en majeure partie. Ne redoutez-vous pas qu’un risque d’alternance politique à la Mairie de Paris ne rompe cet élan de végétalisation urbaine ? Comme on a pu l’observer à Colombes avec le déménagement de la ferme R-Urban à Gennevilliers. Ça peut changer, après nous avons une feuille de route qui est sur l’échelle d’une mandature, cette feuille de route est terminée normalement à la fin du mandat. Après, une nouvelle mandature lancera une nouvelle feuille de route et celle-ci répond à la demande du citoyen. L’agriculture urbaine à mon avis y sera toujours. L’avenir nous le dira. FIN

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J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidée dans la réalisation de ce mémoire. En premier lieu, je remercie Philippe Simay et Frédéric Bertrand, professeurs à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Belleville. En tant que Directeur de mémoire, Philippe Simay m’a guidée dans mon travail et m’a aidée à trouver des solutions pour avancer. Je remercie ma famille de m’avoir soutenue durant ce semestre riche en émotions.

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Valentine Garcia

Territoires en projet, architecture, urbanisme et paysage : Philippe Simay et FrĂŠdĂŠric Bertrand


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