MONIQUE MAHIEU Tous ceux qui ont philosophé avec les enfants ne le contrediront pas : ils sont émerveillés de voir ces jeunes pensées se structurer, se dire et se confronter à d’autres. Mais que dire alors des enfants ? À l’école de la philosophie, ils se sentent pris au sérieux et le sont. Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle de 10 à 14 ans
Apprendre à philosopher n’est cependant pas spontané. La collection Apprentis philosophes veut offrir aux enfants : des histoires, contes, fables ou légendes pour entrer de manière critique dans un patrimoine commun de pensée et de savoir-vivre. Aux enseignants, elle propose des démarches pédagogiques et des fiches de préparation pour que les enfants réfléchissent, imaginent et discutent à partir de ces récits.
Les plans de discussion, illustrés d’exemples et les nombreux exercices serviront de précieux outils pour l’enseignant qui veut faire acquérir aux élèves de 10 à 14 ans des compétences cognitives supérieures : classer, inférer, réfléchir, argumenter, justifier et discuter. Un CD accompagne l’ouvrage. L’enseignant y trouvera le cahier de l’élève, appelé Carnet de l’apprenti philosophe, sous la forme de fiches de travail reproductibles à compléter par les élèves lors de chaque activité.
ISBN : 9782804164331
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Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle de 10 à 14 ans
sur CDes
Cet ouvrage se compose de 28 ateliers d’éveil philosophique, qui recourent principalement à la méthode de « philosophie pour enfants » de Matthew Lipman et dont le point de départ est une nouvelle, intitulée Le club des dégourdis. Celle-ci, rédigée par l’auteur, relate les aventures et les problèmes que rencontrent les élèves d’une classe de 6e primaire (11-12 ans).
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Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle de 10 à 14 ans
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À Maya, Tallulah, Hadrien, Hugues, Joshua, Eden, Aubane, Lily-Rose et tous les autres…
Conversation au jardin d’Épicure
Parait, M’sieur… qu’un philosophe c’est pas méchant ça rêve tout le temps ça se questionne pour le plaisir ça se chatouille pour se faire rire ça n’en fait pas pour son argent c’est emmerdant.
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En guise de préambule…
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Un philosophe, petit… pratique l’activité de penser pour vivre mieux. Il est animé du désir du savoir et de l’amour de la sagesse. Le Tout est l’objet de sa pratique et la raison est son moyen. Il met en œuvre une démarche scientifique où la logique et l’imagination sont au service de l’éthique et de l’esthétique.
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Les questions qu’il se pose : « Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? » renvoient à sa quête du sens. Le philosophe est un être libre, fondamentalement, car sa pensée est autonome. Il réfléchit son rapport à lui-même, à l’autre et au monde avec sérénité. Il vit le bonheur de penser et cherche, en lui donnant du sens, à réussir sa vie. Mais, M’sieur… Tout ça, c’est pas pour les enfants ! Plus tard, il sera bien temps…
L’Homme :
À la source de la démarche philosophique, petit, il y a l’étonnement et qui, plus qu’un enfant, possède ce pouvoir ? Encore, faut-il permettre à cet enfant, de traduire cet étonnement en questions porteuses de sens et de progrès. Encore, faut-il montrer à cet enfant le chemin du libre examen et l’initier au mode hypothétique. Car philosopher s’apprend ! Comme on apprend à bien penser, c’est-à-dire à faire des liens, des relations, des distinctions, à connaitre, à comprendre, analyser, juger, supposer, comparer, vérifier, se dégager des présupposés, repérer l’universel et le particulier, l’accidentel et le nécessaire… Il n’est jamais trop tôt pour exercer la pensée critique, sensible au contexte, soucieuse d’énoncer les critères et ouverte à l’autocorrection. Il n’est jamais trop tôt pour cultiver la pensée réflexive, consciente des causes et conséquences, jamais trop tôt pour développer la pensée créative, indispensable à la recherche de solutions. Et parce qu’il n’est pas de conduite raisonnable en dehors d’une pensée rationnelle, c’est dès l’enfance qu’il y a lieu de
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En guise de préambule…
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mettre en place et affiner les conditions du raisonnement éthique : la logique et l’imagination. En vertu de son postulat d’éducabilité, la philosophie est un droit pour chacun. Penser par soi-même suppose qu’on ait les armes intellectuelles pour se déterminer par rapport à ses choix fondamentaux. Une éducation démocratique, parce qu’elle favorise l’avènement de la pensée en chacun et parce qu’elle cherche à faire advenir l’humanité en l’homme, est, par essence, une éducation philosophique. Apprendre à philosopher, c’est apprendre à choisir en toute lucidité, c’est apprendre à muscler réflexivement sa pensée, son action et son engagement. C’est apprendre l’art du plaisir d’apprendre, c’est-à-dire organiser le savoir en fonction du sens. C’est développer les compétences esthétiques qui permettent de se construire la notion de beau. Apprendre à philosopher, c’est apprendre à se créer une identité, c’est se construire un bonheur lié à la conscience de soi, parmi les autres et dans le monde. En un mot comme en cent, c’est se construire un sens d’existence. C’est un bien long travail, M’sieur !
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C’est pourquoi il faut l’entamer maintenant, petit.
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Introduction
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L’ouvrage qui vous est ici proposé vise à faire réfléchir les enfants à partir d’une nouvelle que j’ai rédigée et intitulée « Le club des dégourdis » en recourant principalement au dispositif de « philosophie pour enfants » et, accessoirement, au dispositif du cercle de parole PRODAS.
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La nouvelle, « Le club des dégourdis » Bien que la nouvelle ait été écrite à l’intention des élèves de 5P et 6P pour contextualiser la réflexion, elle peut être travaillée avec les élèves de 10 à 14 ans.
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La nouvelle met en scène une classe de sixième primaire, dont la vie est ponctuée d’événements divers : l’arrivée de nouveaux élèves, la création d’une bibliothèque-centre de documentation, la constitution d’un club, la découverte d’objets porteurs d’histoire…
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On assiste à la naissance de sentiments comme l’amitié et la compassion. On participe à la construction de valeurs individuelles et sociales, telles que le sens des responsabilités, la notion de beau, la solidarité, la citoyenneté, ainsi qu’à l’élaboration de projets et à la recherche de solutions à des problèmes concrets et éthiques.
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La « philosophie pour enfants » Toute la démarche des ateliers philosophiques proposés ici s’inspire du modèle proposé par le philosophe et pédagogue américain Matthew Lipman dont les travaux nous ont été communiqués par Marcel Voisin et Marie-Pierre Grosjean, asbl Ph.A.R.E1. 1 Le lecteur qui le souhaite pourra, pour une étude approfondie, se référer à Matthew Lipman, À l’École de la Pensée, traduit par Nicole Decostre, De Boeck, 2006, 2e éd., coll. « Pédagogies
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Disons en bref que la philosophie pour enfants est une méthode qui privilégie le questionnement, l’analyse et la réflexion. Elle suppose l’absence de tout dogmatisme et le respect des personnes au-delà de leurs opinions. Elle requiert la faculté de reconnaitre la dimension philosophique des questions des enfants.
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Discipline du sens, la philosophie pour enfants vise l’excellence de la pensée, c’est-à-dire le développement d’une pensée complexe, cohérente et réflexive. Avec pour objectif le développement d’un jugement autonome et par la décentration, la philosophie pour enfants amène l’enfant à dépasser l’émotion, le préjugé et la position subjective.
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C’est au sein de la communauté de recherche que sont mises en place les conditions d’exercice des compétences liées à un jugement raisonnable. Réfléchir ensemble suppose le dialogue et l’empathie. Entrer dans l’univers de l’autre, découvrir et prendre conscience de la pluridimension de l’expérience humaine, vivre l’intersubjectivité à partir d’une pluralité des perspectives requiert l’exercice d’une pensée critique, créative et vigilante.
La lecture partagée
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Les étapes du dispositif de « Philosophie pour enfants »
La lecture partagée du référentiel commun constitue la première démarche de participation à la communauté de recherche. La lecture est partagée comme le seront plus tard les idées.
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Les enfants sont invités à lire à haute voix et à tour de rôle, un passage du texte (une phrase, un paragraphe, l’intervention d’un personnage dans un dialogue…)
en développement » et à Matthew Lipman, « Renforcer le raisonnement et le jugement par la philosophie » dans Claudine Leleux, La philosophie pour enfants. Le modèle de Matthew Lipman en discussion, De Boeck, 2006, 2e éd., coll. « Pédagogies en développement », chap. 1.
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Introduction
II. La cueillette des questions
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La visée est de dégager des pistes de recherche. L’enseignant invite les enfants à poser des questions et écrit ces questions au tableau.
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Les questions sont numérotées et suivies des prénoms des enfants qui les ont posées. Exemple : La lecture de la première page de la nouvelle aura pu soulever les questions suivantes : 1. Qu’est-ce qu’un dégourdi ? (Louis) 2. Peut-on tout réussir sans effort ? (Manon) 3. Qui est Jupiter ? (Hadrien) 4. Qui admettra-t-on dans le club ? (Hugues) 5. Pourquoi les filles regardent-elles le nouveau ? (Zoé) 6. Pourquoi est-ce le moment de fonder « Le club des dégourdis » ? (Joshua) 7. Qu’est-ce qu’être snob ? (………) 8. Qui est l’ami de Louis ? (………) 9. Qu’est-ce que le nouveau monde ? (………) 10. Les filles seront-elles acceptées dans le club ? (………) 11. Que veut dire : « Sortir de la cuisse de Jupiter » ? (………) 12. Qu’est-ce que « faire tache » ? (………) 13. Les loisirs favorisent-ils la rencontre ? (………) 14. Louis est-il le meilleur ami de celui qui parle ? (………) 15. Qui est ce « je » qui parle ? (………) 16. …
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À propos des questions : Les questions posées par les enfants sont d’ordres différents : • Certaines questions constituent une demande d’information : Exemple : qui est Jupiter ? Dans ce cas, l’enseignant incite les enfants à mener une recherche en consultant différentes sources d’information.
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Exemple : qui admettra-t-on dans le club ?
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• Certaines questions constituent une invitation à réfléchir ensemble afin de trouver une solution :
Le rôle de l’enseignant est ici d’encourager la mise en place d’une communauté de recherche, où les enfants formuleront leurs hypothèses.
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La discussion et la confrontation des points de vue amèneront chacun à se distancier des représentations liées à son vécu social et culturel.
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L’intersubjectivité, vécue dans un climat de coopération, rendra possible le progrès de la pensée dans la complémentarité ou l’enrichissement des perspectives individuelles. • Certaines questions sont d’ordre philosophique. Elles soulèvent un enjeu existentiel et touchent à la question du sens : Exemple : peut-on tout réussir sans effort ?
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Une question est philosophique par la nature du thème abordé : le savoir-vivre, le droit, la beauté, l’amour, l’amitié, la liberté, la nature, le travail…
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Ce type de question sollicite une recherche au cours de laquelle les enfants feront notamment appel à leur expérience et à leur imagination.
III. La mise en place d’une communauté de recherche
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L’analyse et la discussion des questions donnent lieu à des démarches : – chercher des relations entre les questions, – tenter de formuler une ou plusieurs problématiques générales à partir d’interventions particulières, – établir un ordre du jour. Les problématiques soulevées suscitent une réflexion en commun. Les opinions émises sont justifiées par des raisons en fonction des critères établis et avec un souci d’autocorrection.
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Il s’agit ici d’un véritable travail de réflexivité, par lequel et à partir d’un problème particulier, on tente, dans et par l’interaction, de rencontrer l’universel.
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Dans l’espace créé de la communauté de recherche, l’animateur questionne, précise, clarifie, renvoie à la compréhension des autres, propose de reformuler ou de résumer. Il relance le questionnement, habitue l’enfant au mode hypothétique, l’amène à opérer des distinctions et relations. L’enfant apprend à exprimer ses opinions et désirs sous une forme socialisée, à formuler un problème à partir d’une expérience, à fixer des règles de procédure, à énoncer des critères, à émettre des hypothèses, à en apprécier la validité selon des contextes à définir, à soumettre un point de vue à l’intention des pairs, à chercher des solutions par le libre examen.
La discussion philosophique vise l’exercice et le développement de compétences logiques et éthiques. Si les compétences logiques (conceptualiser, problématiser, argumenter) sont de l’ordre de la causalité objective émanant des faits, les compétences éthiques émanent principalement de l’individu et de ses valeurs.
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L’éthique toutefois n’a de sens que si elle est le produit d’une argumentation dont les outils sont fournis par la logique. IV. Les exercices
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Les exercices et la discussion qui en découlent ont pour objectif l’apprentissage et le développement d’habiletés cognitives et créatives : – faire des inférences valides ; – découvrir des alternatives ; – affiner la capacité de faire des liens, des distinctions ; – augmenter la cohérence, l’objectivité ; – permettre à l’enfant de rendre son expérience signifiante ; – constituer un lexique philosophique mentionné dans le Carnet de l’apprenti philosophe par un pictogramme « grue ».
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Les cercles PRODAS
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La démarche pédagogique recourt ici, dans certains ateliers, à des cercles de parole « PRODAS ». Cette appellation est une contraction de l’expression « Programme de développement affectif et social » conçu par Harold Bessel, Uvaldo Palomares et Géraldine Ball en tant qu’outil de prévention de l’exclusion et de la violence. Il a été ensuite adapté pour favoriser le développement des compétences sociales et d’une personnalité harmonieuse par le biais d’une recherche en commun impliquant confiance et respect2. Les cercles « PRODAS » sont introduits au cours du déroulement de l’activité pour faire vivre aux enfants, par la qualité d’écoute et la présence à l’autre, des moments d’intimité qui favorisent l’empathie et le déroulement harmonieux des discussions philosophiques. Le rituel de prise de parole, inspiré de Rogers, peut s’arrimer à un apprentissage scolaire. Les cercles de parole sont structurés et réglementés. Ils créent un climat de classe propice aux apprentissages et font prendre conscience de l’indispensable respect des règles pour le bon fonctionnement d’un groupe.
Déroulement
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Le processus se déroule en trois temps :
1. Un moment de partage : ceux qui le souhaitent s’expriment et sont écoutés sans être interrompus ni jugés.
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2. Un moment d’intégration et de réflexion. Des questions sont posées : « Sommes-nous capables de reformuler ce qu’un autre a dit ? », « Quelles sont les différences et les similitudes entre nos interventions ? », « Qu’avons-nous appris ? », « Ce dont j’ai pris
2 Le lecteur trouvera des informations pratiques (stages, formations…) sur le site http://blog. enseignons.be/prodas. Citons également les guides de l’animateur, disponibles à l’École des Parents et Éducateurs « Harold Bessel, Uvaldo Palomares, Guides de l’animateur, premier cycleActualisation 1985 » et l’ouvrage à paraitre de Sonia Huwart et Peggy Snoek, Grandir à partir de contes de 5 à 9 ans, De Boeck, 2011, coll. « Apprentis philosophes ».
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conscience va-t-il affecter mon quotidien ? Et, si oui, en quoi ? », etc.
Règles de fonctionnement
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3. Un moment de prolongement ou de fixation de l’acquis. Ce peut être une discussion philosophique, une recherche d’information, un exercice lexical, une activité artistique…
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Les règles sont simples et incontournables : – quand je parle, je parle de moi – j’écoute les autres avec attention et bienveillance – personne n’est obligé de parler – on a le droit de parler à condition que ce soit sur le thème proposé – il n’y a ni évaluation ni jugement de la part de l’enseignant sur ce qui est exprimé – on a le droit de se taire – lorsque quelqu’un parle, les autres écoutent sans interrompre – on ne critique pas et on ne se moque pas – quand quelqu’un est en cause, on ne le nomme pas – tout ce qui est dit dans le cercle doit rester dans le cercle
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Notons que les cercles PRODAS seront indiqués dans les préparations de l’enseignant avec le pictogramme « cercle de parole » :
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Présentation des fiches d’accompagnement Les fiches de préparation sont présentées de la manière suivante :
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Enjeu(x) philosophique(s) : l’enseignant recherche dans le support ce qui fait problème et traduit celui-ci sous une forme philosophique.
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Objectif(s) cognitif, conatif ou affectif : l’enseignant cible l’objectif d’apprentissage de l’atelier dans l’une des trois dimensions. Compétences : l’enseignant détermine les compétences spécifiques à faire acquérir lors de chaque atelier (voir tableau de compétences numérotées en annexe). Matériel et support : outre la nouvelle « Le club des dégourdis », l’enseignant prépare le matériel lexical et/ou documentaire.
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Déroulement de l’activité : ici, se retrouvent les jalons de dialogue permettant de cibler les problématiques visées et de générer la communauté de recherche, ainsi que des exercices destinés à affiner un concept, à préciser une notion et/ou mesurer des implications, des pensées de philosophes à analyser, la proposition de cercles de parole (PRODAS, voir ci-dessus). Projet de conclusion : l’enseignant élabore la synthèse au tableau avec les élèves. Celle-ci sera copiée dans le Carnet de l’apprenti philosophe.
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Activité d’intégration : l’enseignant prépare une activité de transfert de ce qui devrait être acquis à l’issue de l’activité de synthèse. Lien avec d’autres activités de l’enseignement : voir Socle des compétences. Prolongement : cette rubrique a pour fonction de rappeler à l’enseignant qu’il peut inscrire son atelier dans la durée, ce qui est souhaitable pour aider l’enfant à structurer son savoir.
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La feuille annexe « ATELIER PHILOSOPHIQUE N° … », destinée à figurer dans la farde des élèves, contient la synthèse, un exercice, une ou des pensées d’auteur et un lexique philosophique. Les feuilles annexes réunies constitueront « Le carnet de l’apprenti philosophe » (que le lecteur trouvera, sous la forme d’un document reproductible, sur le CD-Rom).
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NOUVELLE :
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LE CLUB DES DÉGOURDIS
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Nouvelle : Le club des dégourdis
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À la récré, Louis réunit tous les gars de 25 sixième pour exposer le projet. Nathan et Hugues, au courant depuis longtemps, manifestent leur enthousiasme. De toutes parts, les questions fusent : 30 – Ça servira à quoi ? – Où se réunira-t-on ? – On prend les filles ? Des problèmes sont soulevés : – Il faudra se voir après le travail scolaire. 35 – Mais alors, il sera trop tard !
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle © Groupe De Boeck, 2011
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L’arrivée du nouveau ne m’enchante pas. Avec son petit costume de lin, sa serviette ridicule et ses airs supérieurs, il fait tache dans la cour de récré. D’où vient-il celui-là ? Les filles le regardent comme s’il sortait de la cuisse de Jupiter. Qu’est-ce qu’il est snob ! 5 – Louis, crié-je, à l’arrivée de mon ami de toujours… Ah ! Louis… Je regrette déjà les vacances ! – Bah ! C’est bon aussi de revoir tous les copains, dit Louis, souriant. Et il nous reste les mercredis et les weekends ! – Tu parles ! Chacun va reprendre ses activités : le foot, l’académie, la compétition… 10 – Cesse de grogner, dit Louis… C’est peut-être le moment de réaliser notre projet : fonder le « Club des dégourdis ». – Et qui admettra-t-on dans notre club ? Questionné-je, avec une certaine appréhension. 15 – Ceux que ça intéresse. – Même les nouveaux ? – Bien sûr ! Je fais la grimace. La cloche retentit. Je fais une nouvelle grimace. – Aïe, c’est l’heure ! 20 – Courage, me rassure Louis… C’est la dernière année avant le nouveau monde. … Courage… Facile à dire, quand on réussit tout sans effort !
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– Le weekend, je vais à la mer avec mes parents. – Moi, j’ai entrainement de foot le mardi et le jeudi. – Et moi, je vais au conservatoire le mercredi. – Stop ! On s’arrête là ! coupe Louis. Procédons par ordre. Qui est 40 intéressé ? – Ça dépend… Il faut voir les conditions…Tu as raison. On va en discuter. Et une discussion, ça se prépare. Je propose que chacun réfléchisse à la chose et écrive ses suggestions sur une feuille. Nous examinerons tout ça demain. 45 Il n’a pas été possible de satisfaire les désirs de tous. Mais avec un peu de bonne volonté et de compréhension de la part de chacun, nous avons pu mettre en place les bases de notre groupe. Tous les élèves de la classe, filles et garçons, adhèrent au « Club des 50 dégourdis ». Le nouveau a trouvé le nom du club un peu ringard. Il a proposé « Les petits Pluriels ». C’est le nom de la chorale d’enfants de sa mamy, à Bruxelles. – C’est plus branché, a-t-il dit. – Mais ça ne veut rien dire, ai-je rétorqué. 55 – C’est plein de sens, au contraire. Je parie qu’il mourait d’envie de nous parler du sens mais il s’est retenu. Ouf ! Branché ou pas, on a gardé « Le club des dégourdis ». Ça aussi, c’est plein de sens. Non mais ! Le Club se réunira le mercredi de 14 à 16 heures avec présence obligatoire. 60 Des réunions facultatives se tiendront quelquefois le samedi après-midi ; ce jour-là, les parents de Medhi acceptent de nous accueillir dans leur grand jardin ; s’il pleut, nous pourrons occuper le garage. – Nous pourrions peut-être venir à l’école le mercredi, propose Nathan. On ne sert pas de diner ce jour là et le réfectoire est en ordre. 65 – Mais Monsieur Laurent acceptera-t-il ? Il aura peur qu’on abime ! – Il n’est pas tout seul. Je doute que Madame Durant soit d’accord. – Le Conseil de coopération est prévu pour aujourd’hui ; on parlera du Club à Monsieur Laurent.
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70 Monsieur Laurent nous a expliqué les obstacles possibles à notre projet. Il a
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Notre projet a été analysé au Collège. L’Échevin de l’enseignement nous a adressé le permis d’occupation des lieux. Il nous a signalé l’intervention du Ministre. Quelques points ont été précisés par Monsieur Laurent : nous ne pouvons utiliser que le réfectoire, 100 la classe du degré supérieur et la cour de récréation ; nous devons remettre les locaux parfaitement propres et en ordre ; toute dégradation sera à notre charge. Bernard-Henri est responsable des clés. En son absence, Joshua le remplacera. 105
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évoqué des lois, des règles, des mesures de prudence, la nécessité de partager les lieux à l’occasion… Mais avant d’aller plus loin, nous devons obtenir l’autorisation du Collège échevinal. Et le maitre entend que nous l’obtenions… Et donc que nous la 75 demandions. Une fois de plus, Louis est sollicité, en vertu de ses dons de rédaction. Une fois de plus, il se plie de bonne grâce à la volonté du groupe. Mais le nouveau – il s’appelle Bernard-Henri – propose d’écrire la lettre. … Non mais ! Le frimeur ! De quoi se mêle-t-il ? 80 À ma surprise, Louis accepte la proposition. Joshua a une idée : – Mon voisin est ministre. Si je lui exposais notre projet ? Les adultes font souvent intervenir des hommes politiques quand ils veulent obtenir un emploi ou des subventions. 85 – Le Gouvernement fédéral n’a rien à voir avec ça ! s’écrie Medhi. – Et puis, ça fait frotte-manche, dit Julie. – Une véritable démocratie n’a que faire de favoritisme et de privilèges, dis-je. Prudent et expérimenté, Monsieur Laurent modère notre indignation. 90 Certes, la commune est une démocratie où l’intérêt de chacun est respecté. Cependant, un coup de pouce n’est pas à dédaigner. Joshua, sans importuner ton voisin, tu peux lui toucher un mot de notre affaire.
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Le premier mercredi, tout le monde est là. On doit élire un secrétaire, un magasinier, un trésorier, un secouriste… Et un chef ! Bizarrement, cela se règle sans peine et nous avons hâte de nous défouler 110 dans une partie de foot… Ce qui voit le premier clan d’exclus volontaires : quelques filles, qui boudent dans un coin, déçues du choix des garçons. Bientôt, je vois Maya et ses copines entrer dans le bâtiment… Quelle idée, il fait si beau ! J’invite les copains à lâcher le ballon pour une occupation susceptible de 115 plaire à tous. Ils acceptent. Je frappe aux fenêtres de la classe : personne ! Où sont-elles donc ! ? Le reste du bâtiment nous est interdit… Si Monsieur arrive, il sera content ! ? J’entre, moi aussi. J’appelle en traversant les couloirs : personne ! Ah ! Ça commence bien : des bêtises, le premier jour ! 120 Non, ce n’est pas possible ! La porte qui mène à l’étage est entre-ouverte… Ont-elles osé emprunter l’escalier qui monte aux archives ? Je me glisse furtivement dans la cage d’escalier. Le silence est pesant et les battements de mon cœur secouent ma poitrine. Je n’aime pas désobéir et en même temps, je suis heureux d’avoir une bonne 125 raison de découvrir l’étage. Dans la première pièce, des dossiers sont empilés sur une étagère. Dans la deuxième, de vieux bancs d’écoliers s’amoncellent les uns sur les autres. La troisième, où je retrouve les filles, regorge d’objets hétéroclites : des costumes, des déguisements, des paniers de joncheuses, des mappemondes, 130 des ballons de foot. Des croquis débordent de cartons à dessin. Du matériel de couture finit une vie pas commencée dans des trousses coquettes. Dans un coin, une couverture défraichie et semée de miettes attire mon attention. Les filles ont sursauté. Normal : elles n’ont pas la conscience 135 tranquille. Manon a déjà saisi une trousse de couture rouge. – Qu’est-ce que tu fais ? dis-je, indigné. – Ça ne te regarde pas, répond Manon. – Ça me regarde dans la mesure où j’ai donné ma parole de respecter le 140 règlement.
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L’été indien nous permet les jeux d’extérieur. 150 Monsieur Laurent semble satisfait de notre travail et de notre conduite. Le club des dégourdis prend ses marques. Les copains sont sympas… On a mûri, comme disent les parents. Je 155 m’habitue même au nouveau… Enfin, à Bernard-Henri. À ce propos, Louis devra défendre sa place de premier. Il connait tout, ce Bernard-Henri. Sa mère est députée européenne, c’est peut-être grâce à ça. Et son père est traducteur, il connait 160 plein de langues.
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L’heure est venue d’ouvrir le Conseil de coopération. Monsieur Laurent plisse le front ; ça laisse présager un problème ou quelque chose d’inhabituel. 165 Nos visages traduisent notre impatience. Dites-nous vite ! semblent implorer nos regards, suspendus aux lèvres de l’instituteur. – Les enfants, entame Monsieur Laurent d’un air solennel, mon collègue titulaire de la première année, Monsieur Michaux, est revenu de formation, animé d’idées et de projets. Il veut mettre sur pied une 170 B.C.D.I. Nous nous regardons, bouche bée, sans mot dire. – Savez-vous ce qu’est une B.C.D.I. ? poursuit Monsieur Laurent. C’est une Bibliothèque – Centre de Documentation et d’Information : un lieu où l’on peut consulter des ouvrages, lire, prendre des notes… Les livres et 175 documents sont classés par rubriques ; des tables de travail sont prévues,
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– Un ballon de foot ne te tente pas ? me nargue Manon. C’est vrai que j’y ai pensé. Mais je ne suis pas un voleur. Et je ne suis pas assez fou pour me compromettre devant ces bavardes. – Allez ! On descend ! dis-je, fâché. 145 Je m’approchai de la couverture et lui trouvai un air décalé dans ce grenier oublié… Comme un air vivant !
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un coin informatique est agencé… – Chouette ! dis-je. Et on peut emprunter les ouvrages ? – Bien sûr ! – C’est plus pour nous que pour les petits, proteste Marie. 180 – C’est très tôt, le plus tôt possible, qu’il faut s’informer, développer sa curiosité et exercer son esprit critique, objecte Monsieur Laurent. De toutes façons et c’est pourquoi je vous en parle : ce projet nous concerne tous. – Dans quelle classe la bibliothèque sera-t-elle installée ? 185 – Une classe ne nous suffira pas. Il nous faut un ensemble de locaux. L’inspecteur est favorable à ce projet, il nous soutiendra auprès du Collège. – Nous avions déjà sollicité le Collège au sujet de notre Club, dit Louis. Les échevins ne vont-ils pas dire qu’on abuse ? 190 – Je crois, dit Monsieur Laurent, que la commune doit se réjouir de compter des jeunes dynamiques parmi ses habitants. – D’ailleurs, ils vont instaurer un Conseil communal des jeunes, annonce Léa, dont le père est conseiller communal. – Très bien ! dit Monsieur Laurent. Voilà une excellente initiative. Quant à 195 moi, j’ai déjà quelques idées pour notre B.C.D.I. Écoutez !… – Le grenier regorge de choses inutiles, explique Monsieur Laurent. Hormis quelques dossiers, que nous pouvons confier aux archives de l’administration communale, nous pouvons nous délester de son contenu et disposer ainsi de trois pièces contiguës. 200 – Monsieur, c’est dommage de jeter tout ça ! regrette Louis. – Surtout les ballons de foot ! m’écrié-je. – Comment sais-tu qu’il y en a ? demande le maitre. Je me contente de rougir. – Nous allons opérer un tri, rassure Monsieur Laurent. 205 – Et si nous organisions une brocante ? propose Marie. Avec l’argent de la vente, nous pourrions acheter des livres. – Voilà une excellente idée, approuve Monsieur Laurent. J’en parle au comité des parents. – Monsieur, suggère Bernard-Henri, j’aimerais beaucoup visiter ce grenier. 210 – Moi aussi, disent quelques enfants.
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Après le repas, ceux et celles qui sont intéressés grimpent à l’étage. Tiens… La couverture a disparu. Chacun farfouille selon sa curiosité et son instinct. 220 Nathan semble absorbé par le matériel de couture… Une vraie fillette ! Regardez-le ! Medhi caresse les vieux bancs d’un air rêveur. On dirait qu’il est nostalgique… Je me demande pourquoi. Bernard-Henri a sorti les cartons à dessins et admire les croquis d’un air 225 savant. … Môssieû aime l’art ! Môssieû est un esthète ! pensé-je. Absorbé par ses découvertes, Bernard-Henri va de surprise en surprise. Ces dessins sont très anciens. Tous sont datés, signés. Il croit 230 rêver à la lecture d’une signature : celle de Van Gogh. Serait-ce possible ? Van Gogh a résidé en Belgique, il est vrai… Mais tout de même… Si ces croquis sont authentiques, ils doivent valoir une fortune ! 235 La pensée de son parrain, grand amateur d’art, vient à l’esprit de BernardHenri, en même temps qu’un dilemme : faut-il en parler à Monsieur Laurent ou non ?
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Louis, qui d’habitude, joue comme un dieu, accumule aujourd’hui les 240 fautes et les maladresses. Je m’inquiète : – Ça va, Louis ? – Oui, laisse tomber ! Je connais assez mon ami pour deviner un souci mais je n’insiste pas : le 245 match n’attend pas !
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– Je comprends, dit le maitre. Que ceux qui le souhaitent, aillent y faire un tour ce midi ! – Chouette ! Merci Monsieur. Je suis sur le point de parler de la couverture aux miettes mais je me retiens à 215 temps. Ce serait avouer mon intrusion de l’autre jour et celle des filles.
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Zut ! Voici Louis qui laisse filer le ballon vers l’adversaire. – Louis, réveille-toi ! Ou alors cède ta place ! – Excuse-moi, Hadrien, je ne suis pas en forme. – Continuez sans nous, crié-je à l’équipe. Hugues, Nathan… 250 Remplacez-nous ! J’entraine mon ami à l’écart et lui fais part de mon intuition. – Quelque chose te préoccupe, Louis, je le sens. Je peux t’aider ? – Je suis vraiment embarrassé. Je ne sais que faire pour bien faire. – Raconte ! 255 Je sens que mon ami se libère d’un poids trop lourd à porter seul.
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– Bernard-Henri m’a confié un secret : un secret pesant, un secret qui l’inquiète et m’inquiète. – Tu peux parler, Louis, dis-je. Aie confiance, je me tairai. 260 – Tu te rappelles les dessins de Van Gogh, découverts dans le grenier ? – Je me rappelle surtout ton air surpris… Et le regard admiratif de Bernard-Henri. – Bernard-Henri a raconté la découverte à son parrain, l’antiquaire, qui a paru intéressé, continue Louis. 265 – Tant mieux ! m’écrié-je, il les achètera le jour de la brocante. – Non, justement… Il a demandé de garder le silence sur cette découverte. Pire : il va s’arranger pour visiter le grenier incognito. Bernard-Henri n’est pas tranquille : son parrain est un filou… Mais c’est son 270 parrain ! – Ces dessins pourraient-ils être authentiques ? Il faut absolument se renseigner ! Mais où ? Comment faire ? – De toute façon, me dit Louis, ça n’augure rien de bon. – D’autant que moi aussi, Louis, j’ai des choses à raconter. Écoute… 275 Soulagé, je m’ouvre à mon ami : – Lorsque je suis monté au grenier à la recherche des filles et avant la permission de Monsieur Laurent, quelque chose m’a frappé : une couverture toute neuve, parsemée de miettes. – Monsieur Laurent y fait peut-être la sieste, plaisante Louis. 280 – Sûrement pas ! dis-je, mais je me rappelle aussi la présence d’un coussin.
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L’odeur de la bonne soupe emplissait la cuisine. Jeanne avait servi un bol à l’ouvrier communal, attaché à l’école. 295 – Zut ! Georges est là, dis-je. – Bah ! Il se fiche de tout çà ! Ce n’est pas lui qui parlera ! – Jeanne, pouvons-nous te parler un instant ? demande Louis. Georges s’éloigne discrètement vers la fenêtre, comme s’il voulait observer les oiseaux, tandis que nous confions à Jeanne « l’affaire de la couverture ». 300 – Le plus étonnant, dis-je, c’est qu’elle ait disparu à l’annonce des travaux d’aménagement de la B.C.D.I. – Le propriétaire ne doit pas avoir la conscience tranquille, dit Louis. Mais vous, Jeanne, qui êtes ici le matin et après les cours, vous n’avez rien remarqué ? 305 – Non, dit-elle, troublée mais ça me glace le sang. Il faut avertir la police ; je ne suis plus en sécurité ici. Georges s’est retourné brusquement, les mains crispées sur son bol, le visage blême. – Eh bien, dit Jeanne, surprise, tu as plus peur que moi, Georges ? 310 – Ne vous mêlez pas de ça, dit Georges, usant d’une brusquerie inhabituelle. Vous dites que la couverture a disparu : l’incident est clos. – C’est vite dit, réplique Jeanne. Le matin, je suis seule ici. Il s’agit peutêtre d’un malfaiteur. – C’est moi, dit Georges précipitamment. Je veux dire que cette couverture 315 est à moi. Ma santé est mauvaise, je dois parfois me reposer. Ne dites rien
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Mon ami réfléchit, cherche en vain dans sa mémoire le souvenir de la couverture et du coussin. – Ça ne me dit rien, regrette Louis. – Et pour cause ! Quand tu y es monté, la couverture et le coussin avaient 285 disparu. – Curieux ! Il faudrait peut-être en parler au maitre… Mais ce serait avouer notre désobéissance, enfin, la mienne. – Jeanne, la femme de ménage, est peut-être au 290 courant. Elle nous aime bien et saura se taire. – Nous avons juste le temps. Allons-y !
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à personne, je risque des ennuis. Et surtout, je ne veux pas inquiéter mes proches. – Bon, d’accord ! Acquiesce Jeanne. – Nous n’en parlerons pas, promettons-nous. 320 – Les travaux de déblaiement vont commencer pendant le congé de détente. Profite des lieux d’ici-là, dit Jeanne à Georges, rassuré. – Reste à régler l’histoire des dessins, dis-je à Louis. J’ai entendu dire, qu’avant son départ pour la France, Van Gogh a séjourné dans la région. Il n’est pas impossible qu’il y ait laissé des croquis. 325 – Si c’est le cas, ils valent une fortune, s’écrie Louis tout excité. Pense aux « Iris » ! – Dommage qu’on ait attendu aussi longtemps pour apprécier l’artiste ! De son vivant, Van Gogh a connu l’indifférence, le mépris, la pauvreté. Peutêtre a-t-il payé un repas de ces croquis, qui sait… 330 – C’est incroyable ! s’indigne Louis. – Et injuste ! – Et aujourd’hui, personne n’achète l’œuvre de jeunes peintres ? Elles peuvent devenir précieuses, valoir un jour très cher ! – Les banques, les galeristes, le font. Il faut avoir du flair, savoir prendre des 335 risques ! – Et connaitre l’art ! – Nous allons commencer notre enquête par la bibliothèque publique. – Nous consulterons ensuite les archives de la commune et celles de la paroisse. 340 – Nous avons du pain sur la planche. Ça sait beaucoup de choses, une bibliothécaire : d’une part, grâce aux livres, d’autre part, grâce aux gens qui viennent régulièrement les emprunter. Mademoiselle Mainil nous a introduits chez le Pasteur, dont un des 345 membres de la communauté possède des esquisses de Van Gogh, certifiées authentiques. Nous avons comparé, analysé. Mademoiselle Mainil a fait venir un expert de ses amis : pas de doute, nous sommes propriétaires d’un petit trésor. Nous ? C’est-à-dire l’école ? La commune ? 350 – Eh bien ! conclut Bernard-Henri, je sais maintenant pourquoi mon
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Une réunion d’urgence est convoquée pour le samedi suivant : quelques 370 décisions et mises au point s’avèrent nécessaires. Louis, Bernard-Henri et moi-même, pensons qu’un règlement nous aiderait à préserver le groupe, à gérer la bonne marche de ses activités. Des exigences nous semblent incontournables : la loyauté des membres 375 entre eux, la discrétion, la solidarité. Nous demanderons à chacun de réfléchir et d’avancer ses propositions. Quant aux problèmes qui nous préoccupent aujourd’hui, nous décidons d’opter pour la 380 discrétion. Nous ne dévoilerons pas le secret de Georges. Nous tairons également les intentions douteuses du parrain de BernardHenri et notre camarade assumera seul sa mauvaise humeur. 385 Si Monsieur Laurent et les membres du Club sont d’accord, nous
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parrain tient à garder le secret. – Il doit savoir que Van Gogh a séjourné ici et a dédommagé de ses œuvres ceux qui l’ont hébergé. – Il doit surtout avoir envie de s’approprier ce patrimoine pour trois fois 355 rien. – On ne peut pas laisser faire ça ! Nous avons besoin d’argent pour la B.C.D.I. – De toute façon, dit Louis, Mademoiselle Mainil et le Pasteur sont au courant. Nous ne pouvons plus cacher la chose. 360 – Ça va être ma fête, gémit Bernard-Henri. Mon parrain sera furieux. Pourquoi donc lui ai-je parlé de ça ? – Tu as cru bien faire, dis-je pour le rassurer. – Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions, répond Louis, moqueur. Après un moment, il ajoute : 365 – Pour éviter ce genre d’erreur à l’avenir, j’ai une proposition à vous faire : la mise sur pied d’un comité d’éthique. Nous ouvrons de grands yeux : mais « qu’est q’ c’est q’ ça ? »
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Le lendemain matin, Bernard-Henri nous raconte comment il a avoué à son 390 parrain « l’affaire des croquis ». – Quel idiot tu fais ! a-t-il hurlé à l’adresse de son filleul. Les trésors sont à qui les trouve. Et je t’en aurais fait profiter. C’est malin ! – Je ne pouvais pas faire ça aux copains, ni à l’école, qui a besoin d’argent pour réaliser ses projets, a répondu Bernard-Henri. 395 Louis ne cache pas son admiration envers celui que je continue d’appeler « le nouveau ». – C’est super de ta part, Bernard-Henri, vraiment super ! répète-t-il. – C’est normal, répond Bernard-Henri, modeste. 400 Moi, il me gonfle, avec ses airs faussement détachés. On verra bien si cette belle âme tient la route !
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Certains arrivent à la réunion du samedi, riches de suggestions. D’autres, dépourvus d’imagination, n’ont pas la moindre idée. D’autres encore, 405 paresseux ou indifférents, n’ont pensé à rien. Maya serre sous son bras une chemise, qu’elle ouvre fièrement en s’écriant : – L’arbre de vie ! C’est un papyrus ramené d’Égypte par mes grandsparents. Un vrai ! Il sera notre sigle. Il nous portera chance. – Superstition ! dis-je. 410 – Un symbole, rectifie Louis. – L’Égypte en est riche, ajoute Bernard-Henri. – Je rêve d’aller en Égypte, dit Maya, les yeux emplis de rêves. – Si elle s’y met, elle aussi, pensé-je… Mais je dis seulement : 415 – Va pour l’arbre de vie, Maya. Ce sera notre symbole. Venons-en à notre code de conduite. Qui veut prendre la parole ? Chacun y va de son idée. Il s’ensuit des approbations, des protestations et des silences. Après bien des discussions, nous arrêtons un joli projet : sur une grande 420 feuille, nous dessinerons un arbre, immense et généreux. Au centre de
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demanderons à Mademoiselle Mainil de négocier la vente des dessins et nous en offrirons quelques-uns au musée des Beaux-Arts.
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440 À la récréation, les curieux entourent la nouvelle venue. – Tu as changé d’école ? – Tu ne te plaisais pas ? Les larmes coulent doucement sur les joues de Cerise. 445 – Viens, dit Maya, je vais te parler de notre Club : Le club des dégourdis. Ce serait bien que tu y viennes ! – C’est bon pour les chagrins, dit Tallulah, la petite sœur de Maya. Un sourire effleure les traits de la petite Cerise. 450 Bien vite, Cerise conquiert nos cœurs. Peu à peu, elle se construit d’autres habitudes, s’approprie de nouveaux décors, se fait d’autres copains. L’amitié de Maya et de sa petite sœur est précieuse à Cerise, dont les grands airs cachent la tristesse. 455 Que peut-il se passer dans sa vie ?
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l’arbre, à l’endroit où naissent les branches maitresses, nous collerons l’arbre de vie. Sur chaque branche, nous écrirons les mots qui nous habitent : – Respect – Loyauté – Confiance – Solidarité – À l’issue de la réunion, nous nous sentons plus proches les uns des autres, 425 plus responsables aussi. La conscience d’être unis confère à nos pensées quelque chose de doux et de chaud. Nous ressentons comme une envie d’être meilleurs. Mais pourquoi donc ? 430 L’automne est proche. On l’entend vibrer dans le feuillage, prêt à jaunir. On le sent à l’humeur fraiche de l’atmosphère, on le voit sur les visages qui pâlissent avec le soleil. Le dernier jour de septembre, une curieuse fillette fait son apparition dans 435 la classe. Tout, dans son allure, a l’air effronté : les couettes, le nez en l’air, la robe rouge, le petit sac en bandoulière, le regard… Tout ! vous dis-je. – Cerise est venue se joindre à nous, annonce Monsieur Laurent. Voyons un peu… D’où sort-elle ce prénom là ?
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Cerise n’est pas en classe aujourd’hui. Sa maman a téléphoné pour l’excuser : elle est souffrante. – J’irai déposer le travail d’aujourd’hui, propose Maya. Je lui expliquerai la 460 nouvelle matière. – Tu es gentille, dit Monsieur Laurent mais Georges, notre chauffeur et jardinier est chargé de cette mission par la maman de Cerise. – Mais il habite loin de chez elle ! s’étonne Maya. – Sans doute sont-ils en relation, avance le maitre. Ne soyons pas indiscrets. 465 À la sortie, je rejoins Maya et sa sœur. – Bizarre ! dis-je. Comment Cerise et sa mère seraient-elles déjà en relation avec Georges ? Elles sont si réservées ! Et Georges n’est pas très causant ! Enfin… Cela ne nous regarde pas. – On demandera à Cerise, suggère Tallulah. 470 Bientôt, la maison de la petite malade est en vue. Devant la porte, une camionnette bleue est stationnée. – La voiture de Georges ! D’instinct, les enfants s’approchent jusqu’à coller leur nez aux vitres du véhicule. 475 – Une farde, dit Tallulah. – Les devoirs de Cerise ! Et là… La couverture ! – Quelle couverture ? demande Maya. – Celle qui était dans le grenier. – Qu’est-ce qu’elle a cette couverture ? 480 – Regarde, elle est serrée dans un carton avec les travaux destinés à Cerise ! – Peut-être veut-il offrir la couverture à Cerise et à sa maman ? – Ou s’en débarrasser ? – Ne faisons pas trop de suppositions, dis-je pensif. Et surtout, ne parlons de ceci à personne ! 485 Mais il est dur de tenir sa langue… Tallulah, qui n’a pas la sienne en poche, raconte la chose à Manon, qui la raconte à Nathan, qui la raconte à Hughes…
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À chaque fois, l’événement se charge d’un peu plus de mystère. L’histoire 490 gambade de bouches à oreilles et d’oreilles en bouches en s’étoffant. Outre
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Une voix d’homme s’élevait, rauque, tandis que deux poings semblaient marteler un meuble. Une femme pleurait. L’homme parlait une langue inconnue, que la femme semblait comprendre. 520 On entendit soudain une petite voix : – Maman ! Puis, des sanglots. – Cerise ! dit Maya, atterrée. Il faut faire quelque chose ! – Nous sommes partis sans faire de bruit, poursuit Hughes mais nous n’en 525 avons parlé à personne.
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la farde de Cerise et la couverture, il y a maintenant, sur le siège arrière de la voiture de Georges, une étrange cassette et un objet bizarre : sans doute, le manche d’un couteau ou même celui d’une arme à feu ! Lors de la réunion du mercredi, le sujet est sur toutes les lèvres. 495 – Cerise est toujours absente. – Et Georges, parait-il, continue de lui porter les devoirs. – On ne voit jamais la mère de Cerise. On dirait qu’elle a peur. – Elle ne peut pas laisser seule sa fille malade. – Seule ? Peut-être pas si seule ! insinue Nathan, d’un air sournois. 500 – Que veux-tu dire ? s’inquiète Maya. – Il y a un homme dans cette maison ! Hughes jette à Nathan un regard dur, lourd de reproches. Nathan hésite mais il poursuit : – Hughes et moi avons mené notre petite enquête : nous étions inquiets. 505 – Inquiets ? Curieux plutôt ! persifle Maya. – Que savez-vous ? tranche Louis. De quel homme parlez-vous ? – Parlez ! dis-je. Vous en avez trop dit… Ou pas assez ! Visiblement soulagés, Hughes et Nathan 510 racontent leur aventure. Hier, juste après le départ de Georges, ils se sont introduits chez Cerise. La cave, à l’arrière de la maison, s’ouvre sur le jardin. Silencieux comme des chats, ils ont gagné les marches menant à la cuisine. Baignés par l’esprit 515 d’aventure, ils ont osé grimper… Et ils ont écouté…
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– Que faire ? soupire Louis. Que faire ? Que faire pour bien faire ? C’était la question. Je me souvenais des problèmes de choix, soulevés à propos des dessins de Van Gogh – problèmes qui nous avaient incités à instaurer un code moral. 530 – C’est peut-être le moment de faire appel à notre code, dis-je. – J’y pensais ! s’exclame Bernard-Henri. – Évidemment ! dis-je, moqueur, les yeux levés vers le ciel. – Voyons le code point par point, suggère Louis. – La question du secret est brulante, commence Bernard-Henri… 535 … Lui-même avait été tiraillé entre le souci de loyauté envers l’école et les copains et la promesse faite à son parrain de garder le silence, quant à leur découverte… Il mesurait le problème. – Une de nos règles est d’aider qui est en difficulté, dit Maya. Et Cerise semble l’être ! 540 – Il nous faut aider Cerise, renchérit Tallulah, qui avait été acceptée à la réunion. – Nous ne connaissons pas la situation. Nous ne savons pas grand chose. Que pouvons-nous faire ? – Pourquoi ne pas parler à Georges ? propose Manon. 545 – Ou à Monsieur Laurent ? – Peut-être est-ce une solution, acquiesce Louis. – Je ne veux pas que Cerise ait des ennuis ! insiste Maya. – Réfléchissons encore !
550 Mais c’était compter sans la force de la rumeur… Monsieur Laurent était déjà au courant… Et Monsieur Laurent n’aimait pas les cancans. Il commença par nous faire la leçon : nos bavardages et notre indiscrétion pouvaient être lourds de conséquences. 555 Un lourd secret pesait sur Cerise et sa famille. Trop de gens se méfiaient maintenant et mieux valait parler… – Avec l’accord de la famille, dit Monsieur Laurent d’une voix émue, je vais vous informer : Cerise est d’origine étrangère, vous le savez. Ce que vous ignorez, c’est que la mère de Cerise est la sœur de Madame 560 Lemoine, l’épouse de Georges, notre chauffeur. C’est grâce à Monsieur
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595 Notre projet B.C.D.I., oublié quelque temps, est en bonne voie de
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et Madame Lemoine que Cerise et sa maman ont pu s’installer chez nous. Leur situation administrative est sur le point de se régulariser. Le père de Cerise, accusé de délit d’opinion et assigné à résidence, n’a pu les accompagner. 565 Monsieur Laurent marque un temps d’arrêt, semble hésiter, scrute nos visages, respire très fort et continue : – Il y a quelque temps, effrayé par l’évolution de la situation politique dans son pays et déchiré par une trop longue séparation d’avec les siens, il a pris le risque de fuir… Il est ici ! 570 Un silence pesant nous tombe dessus. Des images surgissent dans ma mémoire : la couverture dans le grenier, l’homme entendu chez Cerise, l’émoi de Georges… Je comprenais tout, à présent. – La situation de la famille est précaire, poursuit le maitre. Monsieur Kretcha, le papa de Cerise, est entré illégalement sur notre territoire. 575 Mais nous cherchons des solutions. Monsieur Lemoine, son épouse et moi-même, avons rencontré les autorités communales : le père de Léa nous soutient particulièrement. Et je suis certain que Monsieur Demotte, notre ministre et concitoyen, pourra nous être d’un grand secours. 580 – Que peut-on faire ? demande Maya, prête à tout pour le bonheur de son amie. – Nous allons étudier la question, répond Monsieur Laurent. Et planifier notre action. – Il faut espérer, soupire Manon. 585 – Espérer ? Il faut vouloir ! Et faire ! dis-je. – Je veux que Cerise soit heureuse, proclame Maya et je veux pour cela, faire tout ce qui est en mon pouvoir. Unis dans un grand élan de solidarité, les habitants de la commune ont œuvré au bonheur de Cerise. Chacun a agi selon ses possibilités et sa 590 sensibilité. Le père de la petite fille a trouvé du travail et sa situation administrative a pu être régularisée. La sérénité est revenue au foyer et Cerise a retrouvé son sourire.
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réalisation. Durant le congé de détente, les menuisiers sont venus vérifier l’isolation dans le grenier. Ils ont aménagé trois pièces : la première deviendra une bibliothèque, la deuxième accueillera le 600 matériel informatique et la troisième fera une agréable salle de travail. Il reste à installer le chauffage et à peindre le tout. D’ici peu, nous pourrons installer le mobilier et le matériel. 605 Le club des dégourdis vit sa vie. Ses membres sont assidus et l’entente règne. Mais novembre parait émousser notre enthousiasme. Tandis que la beauté mordorée quitte les arbres pour se répandre en une pluie de feuilles mortes sur le sol, nous semblons perdre notre énergie. 610 Nous sommes las, sans joie, « entre deux eaux ». Tout va bien, pourtant… Enfin, rien ne va mal. Je pense à un poème, que maman récite quelquefois : « Quelle est cette langueur qui pénètre mon cœur ?… » Les copains ne semblent guère plus joyeux… 615 Allons, il faut se secouer ! Discuter ! Agir ! Se ressourcer ! Se re-muscler le moral ! Il nous faut mériter notre sigle.
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CD n° 1 – Qu’est-ce que l’amitié ?
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QU’EST-CE QUE L’AMITIÉ ?
Qu’est-ce que l’amitié ? En quoi se différencie-t-elle d’autres relations, comme la camaraderie, par exemple ?
Objectif(s) : cognitif, conatif ou affectif.
Comprendre qu’il vaut mieux s’adresser à un ami qu’à un copain dans certaines circonstances.
Compétences spécifiques à acquérir
Se comprendre, se connaitre (C2), réviser son jugement, s’autocritiquer (C13), écouter et pratiquer l’écoute active (C25), attendre son tour de parole et laisser les autres s’exprimer (C26), exprimer un désaccord (C29), s’entendre avec les autres (C36), s’accepter dans ses différences(C41), manifester de l’attention et de l’empathie (C44), expliciter et exprimer ses sentiments (C47).
Matériel et support
Monique Mahieu, Le club des dégourdis, lignes 1 à 22.
Déroulement de l’activité
1. Lecture partagée du début de la nouvelle, lignes 1 à 22.
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Atelier n° 1 Enjeu(x) philosophique(s)
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2. Générer une communauté de recherche sur le concept d’amitié. Jalons de dialogue : – Louis est-il réellement l’ami de toujours du narrateur ? – Que signifie le mot « toujours » dans ce contexte ? – Une véritable amitié dure-t-elle toute la vie ? – Cela est-il possible ? À quelles conditions ? – Un ami est-il un camarade ? – Un camarade est-il un ami ? – Un camarade peut-il devenir un ami ? – La camaraderie évolue-t-elle ? – L’amitié évolue-t-elle ? 3. Élargir le champ de la discussion. Pour sortir de l’histoire, se référer à ce que disent de l’amitié quelques philosophes (Voir « Leçon 4. Ami ou copain » dans Claudine Leleux en collaboration avec Chloé Rocourt, Pour une didactique de l’éthique et de la citoyenneté. Développer le sens moral et l’esprit critique des adolescents. Bruxelles, 2010, De Boeck, coll. « Action ») :
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Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle « Il n’y a pas d’amitié stable sans la confiance ». Aristote, L’éthique à Eudème, p. 143.
« Certains préfèrent le flatteur à l’ami ».
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« … mais il n’y a pas de confiance hors du temps. Il faut en effet l’éprouver dans la durée ». Ibid.
Ibid., p. 151.
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« Les vrais amis sont ceux entre qui règne l’égalité ». Ibid., p. 150.
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« Tous les amis sont bienveillants ».
Ibid., p. 162.
« L’ami est toujours un autre nous-mêmes ». Aristote, Éthique à Nicomaque, p. 368. « Un ami sûr se révèle dans l’adversité ». Euripide, Dictionnaire des citations du monde entier, p. 520.
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« L’attachement peut se passer de retour, jamais l’amitié ». Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, p. 303.
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« Le meilleur ami, la meilleure amie, c’est celui ou celle que l’on aime le plus, mais sans en manquer, sans en souffrir, sans en pâtir, c’est celui ou celle que l’on a choisie, celui ou celle que l’on connait le mieux, sur qui on peut compter, avec qui on partage souvenirs et projets, espoirs et craintes, bonheurs et malheurs ». André Comte-Sponville, Petit traité des grandes vertus, p. 342.
Projet de conclusion (activité de synthèse)
« Il n’existe pas d’amitié, en tant que telle mais seulement des preuves d’amitié, toutes données dans des instants, des moments, développées sur la durée ». Michel Onfray, La sculpture de Soi, De l’aristocratie ou les affinités électives Un ami, c’est quelqu’un qu’on aime plus qu’un copain. C’est quelqu’un sur qui l’on peut compter et qui peut compter sur nous. C’est quelqu’un qui nous veut du bien.
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CD n° 1 – Qu’est-ce que l’amitié ?
1. Le dilemme d’Éric : Éric doit racketter un petit de 1re s’il ne veut pas être tabassé par les plus grands. Éric doit-il se taire ou en parler à quelqu’un ? Et dans ce cas, à qui, à un copain ou à un ami ? Pourquoi ?
N
Activité d’intégration (production individuelle ou collective)
IN
C’est quelqu’un dont on apprécie les conseils et la critique bienveillante. C’est quelqu’un qui nous dit la vérité et qui nous empêche de faire des bêtises. Un ami, c’est comme un frère, un parent. C’est quelqu’un d’important.
VA
2. Exercice : « Ceci est arrivé le jour où, d’un camarade, j’ai fait un ami… » Cet exercice peut être abordé sous forme de cercle de parole (PRODAS) :
ns
« Je peux vous dire ce qui est arrivé le jour où d’un camarade, j’ai fait un ami ». (soit écrire puis mettre en commun sous forme de cercle, soit mettre en commun oralement dans le cercle). Les élèves sont disposés en cercle. Un bâton de parole peut se passer de main en main et déterminer le temps de parole.
Éd
iti o
Rappeler les règles du cercle de parole : – on a le droit de parler à condition que ce soit sur le thème proposé – il n’y a ni évaluation, ni jugement de la part de l’enseignant sur ce qui est exprimé – on a le droit de se taire – lorsque quelqu’un parle, les autres écoutent sans interrompre – on ne critique pas et on ne se moque pas – quand quelqu’un est en cause, on ne le nomme pas – tout ce qui est dit dans le cercle doit rester dans le cercle 3. Exercice : dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry, il est question d’amitié. Recopie l’extrait qui te parle le plus.
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle
Lien avec d’autres activités d’enseignement (cf. Socle de compétences)
Français : – Parler-écouter : exprimer sa pensée par la parole et produire du sens en tant qu’émetteur d’un message ; mobiliser son attention pour produire du sens en tant que récepteur d’un message.
IN
46
Mathématique : – Résoudre, raisonner, argumenter et généraliser. Une réflexion portant sur – les valeurs et leur hiérarchie – les différences et la complémentarité
Éd
iti o
ns
VA
N
Prolongement éventuel
Disponible sur le CD
47
CD n° 1 – Qu’est-ce que l’amitié ?
Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Date : . . . . . . . . . . . . . . .
Nous avons recherché ensemble la définition de l’amitié, en quoi elle diffère de la camaraderie. Nous avons trouvé avec l’aide des philosophes qu’un ami, c’est une personne qui : .........................................................................................
N
......................................................................................... Le dilemme d’Éric
VA
Éric doit racketter un petit de 1re s’il ne veut pas être tabassé par les plus grands. Éric doit-il se taire ou en parler à quelqu’un ? Et dans ce cas, à qui, à un copain ou à un ami ? Pourquoi ? ......................................................................................... ......................................................................................... Exercice : fais appel à ton expérience ou à ton imagination : « Ceci est arrivé le jour où, d’un camarade, j’ai fait un ami… »
ns
......................................................................................... .........................................................................................
iti o
Exercice : fais appel à ta culture. Dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry, il est question d’amitié. Recopie l’extrait qui te parle le plus.
Je construis mon lexique philosophique ?
Éd
L’amitié : « C’est l’amour-joie, en tant qu’il est réciproque. C’est la bienveillance mutuelle ou susceptible de le devenir. C’est la vie partagée, le choix assumé, le plaisir et la confiance réciproque ». André Comte-Sponville, Petit Traité des grandes Vertus, pp. 334-335. J’illustre l’atelier par un dessin, une pensée, un collage… :
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle © Groupe De Boeck, 2011
IN
Ate l i e r d ’éve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 1 Q u’e s t - ce q u e l ’a m i t i é ?
48
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle
QU’EST-CE QU’UN LOISIR ?
IN
Ate l i e r d ’é ve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 2
Qu’est-ce qu’un loisir ? Se développer harmonieusement par les loisirs ?
Objectif(s) : cognitif, conatif ou affectif.
Conceptualiser « loisirs ». Faire découvrir que les loisirs peuvent développer harmonieusement l’esprit, le sens esthétique (ou la sensibilité) et le corps. Faire réfléchir les enfants à leurs loisirs. Les sensibiliser au plaisir et à l’effort des loisirs ; aux avantages et inconvénients de la compétition, de l’esprit d’équipe et de la camaraderie…
Compétences spécifiques à acquérir
Choisir et décider (C6), rechercher l’information (C15), se libérer, prendre du plaisir (C40), expliciter et exprimer ses besoins, ses sentiments (C47), être sensible à la vie, à la nature, à l’art (C54).
Matériel et support
Le club des dégourdis, lignes 24 à 44.
Déroulement de l’activité
1. Lecture partagée de la nouvelle, lignes 24 à 44.
ns
VA
N
Atelier n° 2 Enjeu(x) philosophique(s)
Éd
iti o
2. Poser un problème. Le narrateur exprime un regret : « chacun va reprendre ses activités : le foot, l’académie, la compétition… ». Comment expliquer ce regret ? 3. Émettre des hypothèses. – Les activités sont différentes et vont séparer les enfants. – L’investissement est important au niveau du temps. – Les contraintes vont prendre le pas sur la camaraderie et l’amitié. – La fatigue va s’installer. 4. Mettre en place une discussion sur le concept de loisirs. Jalons de dialogue : – Quel type d’activités le narrateur évoque-t-il ? – Ces activités sont-elles obligatoires ou choisies librement ? – Ces activités ont-elles un objectif ? Lequel ?
49
CD n° 2 – Qu’est-ce qu’un loisir ?
IN
– Pourquoi les enfants choisissent-ils des activités différentes ? – Qu’appelle-t-on « temps libre » ? « Loisirs » ?
N
5. Par groupes de deux ou trois élèves, relever et classer des activités selon des critères : – Les activités qui développent l’esprit – Les activités qui développent le sens esthétique – Les activités qui entretiennent la forme physique – Les activités qui se pratiquent en équipe – Les activités qui détendent – Les activités qui développent un talent – Mettre en commun les fruits de la recherche et clarifier.
Il est bon de partager ses temps libres entre des activités variées. De nombreuses possibilités me sont offertes. Certaines visent à me maintenir en bonne forme physique : le sport, la marche, le vélo… D’autres ont un caractère culturel ou artistique et contribuent à mon épanouissement ; elles peuvent se pratiquer dans les académies, conservatoires et centres culturels : la musique, la danse, la peinture… La plupart de ces activités sont gratuites et me permettent de nouvelles rencontres.
iti o
ns
Projet de conclusion (activité de synthèse)
VA
6. Proposer un cercle de parole : « Une joie (ou une émotion) vécue lors d’une activité sportive, artistique ou culturelle ».
Éd
Activité d’intégration (production individuelle ou collective)
1. Exercice : Par groupes de deux ou trois élèves, accepter ou refuser les propositions suivantes. Procéder ensuite à une mise en commun orale avec clarification : Sport et loisirs – Tout sport est un loisir – Tout loisir est un sport – Je pratique un sport… • pour mon plaisir • parce que ça peut m’aider à me développer harmonieusement • parce qu’un sport d’équipe me permet de vivre avec d’autres
50
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle
IN
Faire du sport… – me permet d’échapper à des obligations qui m’ennuient – est préférable au fait de consacrer tout son temps à l’étude – est une excuse valable au peu de temps consacré à la lecture
N
La pratique du sport chez les moins valides – Je dis que c’est bien parce que ces personnes peuvent ainsi prouver à elle-même et aux autres leurs capacités – Je suis contre parce que les règles établies sont différentes de celles établies pour les personnes valides
VA
Le sport et l’argent – Je veux devenir un grand footballeur pour gagner beaucoup d’argent – Je n’aime guère jouer au basket mais je participerai à ce match car les bénéfices seront consacrés à un enfant malade – Je pense qu’un sportif « de petit niveau » qui « en veut » a autant de mérite qu’un sportif « de haut niveau »
ns
2. Proposer un cercle de parole : Je peux vous dire ce que je ressens et éventuellement, ce que j’aime faire quand rien n’est organisé pour moi et que je ne suis pas obligé de faire quelque chose… Éducation physique : exprimer ses émotions par des gestes et des mots, agir collectivement dans une réalisation commune, valoriser ses partenaires, agir avec fair-play, respecter sa différence et celle des autres.
Éd
iti o
Lien avec d’autres activités d’enseignement (cf. Socle de compétences)
Prolongement éventuel
Éducation artistique : se connaitre dans ses sensations, émotions, reconnaitre les autres, se reconnaitre dans sa culture et celle des autres, oser affirmer son plaisir et présenter ses productions, percevoir et s’approprier des langages pour s’exprimer, agir, exprimer, transformer et créer dans les domaines vocal, verbal, rythmique, instrumental, corporel, tactile, gestuel et plastique. Envisager d’un point de vue moral les questions suivantes : – Quels sont les aspects positifs des groupes ? – Quels sont les aspects positifs de la coopération ? – Quels sont les aspects positifs et négatifs de la compétition ?
Disponible sur le CD
51
CD n° 2 – Qu’est-ce qu’un loisir ?
Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Date : . . . . . . . . . . . . . . .
Notre épanouissement personnel dépend aussi de la manière dont nous vivons nos temps libres. Nous avons réfléchi aux possibilités offertes.
N
Nous pensons qu’il est bon de pratiquer au moins une activité physique, une activité intellectuelle et une activité artistique. – Je choisis une activité physique : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VA
– Je choisis une activité intellectuelle : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . – Je choisis une activité artistique : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Exercice : je dresse un inventaire des possibilités de bien vivre ses loisirs dans ma commune : ......................................................................................... ......................................................................................... Mon rêve : Je rêve de pratiquer telle activité :
ns
......................................................................................... Je m’informe des possibilités de réaliser ce rêve : .........................................................................................
iti o
Je construis mon lexique philosophique
Loisirs : temps libre, activités créatives, expériences positives qui nous aident à « devenir ».
Épanouissement personnel : développement de soi, progression, perfectionnement, amélioration de ses qualités et performances, dépassement de soi.
Éd
J’illustre mon rêve par un dessin ou un collage.
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle © Groupe De Boeck, 2011
IN
Ate l i e r d ’éve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 2 Q u’e s t - ce q u’ u n l o i s i r ?
52
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle
QU’EST-CE QUE L’ACCUEIL ?
IN
Ate l i e r d ’é ve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 3
Qu’est-ce que l’accueil ? Qu’est-ce que l’intégration ? L’intégration d’un nouveau venu dans un groupe constitué.
Objectif(s) : cognitif, conatif ou affectif.
Comprendre le ressenti d’un nouveau venu dans un groupe. Définir des attitudes et comportements susceptibles de favoriser son intégration.
Compétences spécifiques à acquérir
Parler doucement et poliment (C30), s’accepter dans ses différences (C41), ne pas craindre les autres (C43), manifester de l’attention et de l’empathie (C44), reconnaitre les autres dans leurs différences (C49), faire confiance aux autres (C53).
Matériel et support
Le club des dégourdis, lignes 1 à 4.
Déroulement de l’activité
1. Relire ou rappeler le contenu de la nouvelle, lignes 1 à 4. « L’arrivée du nouveau ne m’enchante pas. Avec son petit costume de lin, sa serviette ridicule et ses airs supérieurs, il fait tache d’huile dans la cour de récré. D’où vient-il celui-là ? Les filles le regardent comme s’il sortait de la cuisse de Jupiter ».
ns
VA
N
Atelier 3 Enjeu(x) philosophique(s)
Éd
iti o
2. Générer par des questions une communauté de recherche : – Que ressent le narrateur ? – Quels sentiments éprouve-t-il vis-à-vis du nouveau ? – Quels sentiments prête-t-il aux filles envers lui ? – Quels sentiments prête-t-il au nouveau ? – Que ressent le nouveau ? Le texte nous donne-t-il des informations ? – Que pourrait-il ressentir ? 3. Étendre à d’autres situations. Il peut arriver qu’un nouveau venu se sente mal à l’aise au sein d’un groupe constitué. – Peut-être as-tu déjà ressenti ce phénomène ? – En quelles circonstances ? – Avais-tu le sentiment d’être mal dans ta peau ? – Souhaitais-tu être ailleurs ? Pourquoi ? – Qu’as-tu fait de tes mains, de ton regard ? – Quel souvenir gardes-tu de ce moment ?
53
CD n° 3 – Qu’est-ce que l’accueil ?
IN
4. Proposer un cercle de parole (PRODAS). Un jour où, nouveau venu, je me suis senti mal à l’aise… Les élèves sont disposés en cercle. Un bâton de parole passe de main en main et détermine le tour de parole. L’enseignant peut reformuler le ressenti si nécessaire. Voir les règles du cercle de parole, p. 45. Être le nouveau venu dans une école, un club de sport, un atelier de peinture, un mouvement de jeunesse ou quelque groupe constitué peut être inconfortable ou difficile. Un accueil empreint d’ouverture, de générosité et de respect favorisera une intégration réussie.
Activité d’intégration (production individuelle ou collective)
1. Exercice : l’accueil. Une nouvelle élève arrive dans ta classe. Que fais-tu ? (Choisis parmi les propositions suivantes) Procéder à cette activité oralement et susciter l’autocorrection par confrontation des points de vue. – tu l’ignores, tu fais comme si elle n’existait pas – tu lui demandes d’où elle vient – tu l’informes des habitudes de l’école – tu lui demandes de l’argent à prêter – tu l’envoies chercher du matériel dans une autre classe – tu lui souhaites la bienvenue – tu demandes à l’institutrice d’où vient la nouvelle – tu lui proposes de s’installer près de toi
Éd
iti o
ns
VA
N
Projet de conclusion (activité de synthèse)
2. Exercice : le sens du mot « accueil ». Connais-tu le sens des expressions suivantes ? Donne un exemple ou introduis ces expressions dans une phrase. Proposer l’activité par petits groupes avec mise en commun et discussion. – une famille d’accueil – une cérémonie d’accueil – l’accueil des participants – une terre d’accueil – une hôtesse d’accueil – l’accueil à la garderie – le verre d’accueil – l’accueil des étrangers
54
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle Français : orienter sa parole et son écoute en fonction de la situation de communication, écouter activement. Tenir compte de la situation.
Prolongement éventuel
Proposer une réflexion sur les mesures prises par les pouvoirs organisateurs pour favoriser l’intégration des primo-arrivants.
Éd
iti o
ns
VA
N
IN
Lien avec d’autres activités d’enseignement (cf. Socle de compétences)
Disponible sur le CD
55
CD n° 3 – Qu’est-ce que l’accueil ?
Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Date : . . . . . . . . . . . . . . .
Les premiers jours dans une école, un club sportif, un mouvement de jeunesse ou tout autre groupe constitué peuvent être difficiles à vivre.
Exercice : L’accueil d’un nouvel élève. Cite cinq mesures qui faciliteront son intégration.
N
Une attitude accueillante, ouverte et chaleureuse facilitera l’adaptation et l’intégration des nouveaux venus.
VA
......................................................................................... ......................................................................................... ......................................................................................... Enquête : L’accueil des nouveaux venus dans ma commune.
Des mesures sont-elles prises pour accueillir les nouveaux venus dans ta commune ? Lesquelles ?
ns
......................................................................................... ......................................................................................... ......................................................................................... .........................................................................................
iti o
......................................................................................... Je construis mon lexique philosophique Intégration : établissement d’une interdépendance plus étroite entre les membres d’une société ou d’un groupe.
Éd
J’illustre la notion d’accueil par un dessin ou un collage (ci-dessous ou sur papier libre) :
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle © Groupe De Boeck, 2011
IN
Ate l i e r d ’éve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 3 Q u’e s t - ce q u e l ’a cc u e i l ?
56
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle Ate l i e r d ’é ve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 4
IN
QU’EST-CE QU’UN ENGAGEMENT ? Qu’est-ce qu’un engagement ? Quelles en sont les implications ?
Objectif(s) : cognitif, conatif ou affectif.
Comprendre que l’engagement est assorti de responsabilités et de conséquences. Mesurer ces responsabilités et conséquences. Comprendre la nécessité de réfléchir avant de s’engager.
Compétences spécifiques à acquérir
Choisir et décider (C6), avoir confiance dans son efficacité personnelle (C42).
Matériel et support
Le club des dégourdis, lignes 24 à 44.
Déroulement de l’activité
1. Lecture partagée de la nouvelle, lignes 24 à 44.
VA
N
Atelier n° 4 Enjeu(x) philosophique(s)
ns
2. Poser le problème : Qui va adhérer au club ? À la question posée par Louis : « Qui est intéressé ? », un enfant répond : « Ça dépend, il faut voir les conditions ». Quel est le sens de cette réponse ? À quoi l’auteur de cette réflexion fait-il allusion ?
Éd
iti o
3. Émettre des hypothèses. – Il craint d’être trop occupé, de n’être pas assez libre. – Il a peur de ne pas tenir le coup. – Il n’est pas certain de pouvoir tenir ses engagements. 4. Analyser les hypothèses et générer une communauté de recherche sur l’engagement. – Faut-il réfléchir avant de s’engager ? Pourquoi ? 5. Élargir la discussion. a. Exercice : Es-tu d’accord avec ces prises de position ? Explicite ton point de vue. Opérer les choix individuellement et par écrit. Discuter oralement des réponses et mesurer les conséquences et implications des différentes positions (évaluation formative). – Miguel tient un rôle secondaire dans la pièce jouée lors de la fête scolaire. Pris de panique au moment d’entrer en scène, il feint la maladie et refuse de monter sur le plateau.
57
CD n° 4 – Qu’est-ce qu’un engagement ?
IN
– Parce qu’il a trop envie d’accepter l’invitation de son voisin, Victor laisse tomber la partie de foot des Minimes. – Charles espérait obtenir le rôle du Petit Prince mais c’est celui du renard qui lui est attribué. « Pas grave, se dit-il de méchante humeur, je serai absent le jour de la représentation ».
VA
N
b. Lecture : « Une promesse est une dette ». Un bucheron s’est engagé à vendre son bois au prix de 21 euros la mesure. En fonction de la tension politique internationale, le prix du pétrole augmente de manière vertigineuse. Cette augmentation se répercute sur le prix du bois qui atteint 40 euros la mesure. – « Que n’ai-je attendu pour vendre mon bois ? » regrette le bucheron, cloué au lit par la grippe et dont le stock de bois s’épuise. Au jour convenu, l’acheteur vient prendre livraison de la commande. – « Quel est votre prix ? » s’informe-t-il. – « Le prix convenu, répond le bucheron. Je n’ai qu’une parole ».
ns
Jalons de dialogue : Que signifient les expressions : « n’avoir qu’une parole » et « une promesse est une dette » ? Avant de prendre un engagement, je réfléchis : cet engagement est-il à la mesure de mes capacités, de mes compétences, de mes possibilités ? Une fois l’engagement pris, je l’assume : je ne veux ni décevoir mes pairs ni perdre leur confiance. Je suis conscient de ma responsabilité et des conséquences possibles d’un désistement de ma part.
iti o
Projet de conclusion (activité de synthèse)
Éd
Activité d’intégration (production individuelle ou collective)
Exercice : Es-tu d’accord avec ces interventions ? Discute ton point de vue. Procéder à l’activité oralement : un élève lit un item et propose sa réponse ; les autres acceptent ou refusent en justifiant. 1. Je vais m’inscrire au club ; je verrai bien après si ça me plait. 2. Je vais attendre d’en savoir plus avant de m’engager. 3. Tout m’intéresse : j’essaie tout sans me poser de questions. 4. Quand j’en aurai assez, je laisserai tomber. 5. Avant de m’engager, je vais consulter les règlements.
58
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle Français : analyser et comprendre un message. Éveil : se poser des questions, construire une démarche de recherche, rechercher l’information. Agir et réagir, faire preuve d’esprit critique, s’engager et assumer son engagement.
Prolongement éventuel
Une réflexion sur la promesse, sur les différents types de contrats. L’élaboration d’un contrat de travail.
Éd
iti o
ns
VA
N
IN
Lien avec d’autres activités d’enseignement (cf. Socle de compétences)
Disponible sur le CD
59
CD n° 4 – Qu’est-ce qu’un engagement ?
Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Date : . . . . . . . . . . . . . . .
N
Une fois l’engagement pris, nous pensons qu’il faut assumer notre responsabilité. En effet, notre désistement ou le non-respect d’une promesse pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les autres et pour soi-même. Nous pourrions, par exemple, perdre la confiance de ceux envers qui nous nous étions engagés. Exercice : Es-tu d’accord avec ces prises de position ? Explicite ton point de vue.
VA
1. Miguel tient un rôle secondaire dans la pièce jouée lors de la fête scolaire. Pris de panique au moment d’entrer en scène, il feint la maladie et refuse de monter sur le plateau. 2. Parce qu’il a trop envie d’accepter l’invitation de son voisin, Victor laisse tomber la partie de foot des Minimes.
ns
3. Charles espérait obtenir le rôle du Petit Prince mais c’est celui du Renard qui lui est attribué. « Pas grave, se dit-il de méchante humeur, je serai absent le jour de la représentation ».
Je construis mon lexique philosophique
iti o
Engagement : fidélité à un projet dont on a adopté le principe et dont on a mesuré les implications. Illustre cette pensée par un exemple, un dialogue, un dessin ou un collage :
Éd
« Une promesse est une dette ».
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle © Groupe De Boeck, 2011
Nous avons mesuré la nécessité de réfléchir avant de s’engager.
IN
Ate l i e r d ’éve i l p h i l o s o p h i q u e n ° 4 Qu’est- ce qu’un engagement ?
IN
Table des matières En guise de préambule…
7
Conversation au jardin d’Épicure
7
11
La nouvelle, « Le club des dégourdis »
VA
La « philosophie pour enfants »
N
Introduction
Les étapes du dispositif de « Philosophie pour enfants » I. La lecture partagée II. La cueillette des questions III. La mise en place d’une communauté de recherche IV. Les exercices
11 11 12 12 13 14 15 16
Déroulement
16
Règles de fonctionnement
17
iti o
ns
Les cercles PRODAS
Présentation des fiches d’accompagnement
18
21
LES ATELIERS D’ÉVEIL PHILOSOPHIQUE
41
Atelier d’éveil philosophique n° 1 QU’EST-CE QUE L’AMITIÉ ?
43
Atelier d’éveil philosophique n° 2 QU’EST-CE QU’UN LOISIR ?
48
Éd
NOUVELLE : LE CLUB DES DÉGOURDIS
164
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle
Atelier d’éveil philosophique n° 3 QU’EST-CE QUE L’ACCUEIL ?
52
IN
Atelier d’éveil philosophique n° 4 QU’EST-CE QU’UN ENGAGEMENT ?
56
Atelier d’éveil philosophique n° 5 QU’EST-CE QU’UNE RÈGLE ?
N
Atelier d’éveil philosophique n° 6 QU’EST-CE QU’UN CRITÈRE ?
60
64
68
Atelier d’éveil philosophique n° 8 FACE À UN PROBLÈME, JE CHERCHE UNE SOLUTION
71
Atelier d’éveil philosophique n° 9 QU’EST-CE QUE LA JALOUSIE ?
76
ns
VA
Atelier d’éveil philosophique n° 7 PEUT-ON CONCILIER LES DÉSIRS PERSONNELS ET L’INTÉRÊT COMMUN ?
80
Atelier d’éveil philosophique n° 11 QU’EST-CE QUE L’EXCLUSION ?
84
iti o
Atelier d’éveil philosophique n° 10 ÉLIRE UN DÉLÉGUÉ ?
88
Atelier d’éveil philosophique n° 13 QU’EST-CE QU’UN PROJET ?
92
Éd
Atelier d’éveil philosophique n° 12 QU’EST-CE QU’UNE BONNE RAISON ?
Atelier d’éveil philosophique n° 14 FILLES, GARÇONS…
96
Atelier d’éveil philosophique n° 15 LA CURIOSITÉ… DÉFAUT OU QUALITÉ ?
100
Atelier d’éveil philosophique n° 16 QU’EST-CE QUE LA CONFIANCE ?
104
Table des matières
165
Atelier d’éveil philosophique n° 17 VALEUR D’UNE ŒUVRE ?
108
IN
Atelier d’éveil philosophique n° 18 L’ART EST-IL SUJET D’ENSEIGNEMENT ET OBJET D’APPRENTISSAGE ?
112
Atelier d’éveil philosophique n° 19 QUE FAIRE POUR BIEN FAIRE ?
VA
Atelier d’éveil philosophique n° 21 QU’EST-CE QU’UN SYMBOLE ?
N
Atelier d’éveil philosophique n° 20 QU’EST-CE QUE PENSER ?
116
120 126 130
Atelier d’éveil philosophique n° 23 LA RUMEUR ET SES POSSIBLES DÉGÂTS
133
ns
Atelier d’éveil philosophique n° 22 L’ÉCOLE IDÉALE EXISTE-T-ELLE ?
136
Atelier d’éveil philosophique n° 25 QU’EST-CE QU’ÊTRE LIBRE ?
140
iti o
Atelier d’éveil philosophique n° 24 QUE FAIRE POUR BIEN FAIRE ?
144
Atelier d’éveil philosophique n° 27 LA COMMUNE AU SERVICE DE LA COLLECTIVITÉ
148
Éd
Atelier d’éveil philosophique n° 26 AGIR, VOULOIR, ESPÉRER, DÉSIRER
Atelier d’éveil philosophique n° 28 QUE FAIRE POUR SE RESSOURCER, SE REMOTIVER ?
152
166
Philosophie pour enfants à partir d’une nouvelle
155
SUR L’AXE DU SAVOIR (DIMENSION COGNITIVE)
155
SUR L’AXE DU SAVOIR-FAIRE (DIMENSION CONATIVE) SUR L’AXE DU SAVOIR-ÊTRE (DIMENSION AFFECTIVE)
IN
Annexe Liste des compétences selon les trois axes
156
156
159
N
Bibliographie
Éd
iti o
ns
VA
Table des matières
163