PASSION PÊCHE ÉTUDE COMPORTEMENTALE
Des brochets repérés et étudiés jusqu’aux écailles MARNAY-SUR-SEINE. L’étude comportementale du brochet, lancée dans le département en septembre dernier, doit apporter
des connaissances importantes sur ce carnassier. Une espèce repère de la Seine, classée vulnérable au niveau national. constate Basile. Grâce à ces enregistrements datés et géolocalisés, il est possible de retracer au fil des jours les déplacements de ces brochets. « L’objectif de ce suivi est de mettre ces données en regard avec nos autres relevés concernant les variables environnementales », complète Cédric.
VINCENT GORI
D
eux fois par semaine, Cédric Pradeilles, technicien fédéral, et Basile Cousin, étudiant en master 2 science de l’eau, en charge de la gestion de ces données pour le pôle technique de la Fédération auboise de pêche et de protection des milieux aquatiques, descendent et remontent les 13 km de Seine du côté de Marnay-sur-Seine et Pont-sur-Seine, pour suivre 42 brochets (esox lucius) équipés d’un émetteur. Un suivi effectué dans le cadre de l’étude comportementale du brochet* lancée dans l’Aube en septembre dernier.
DES CONNAISSANCES POUR L’AVENIR
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« Sur les 42 brochets équipés d’un émetteur, 41 ont déjà été détectés » « Nous installons des hydrophones sur un canot pneumatique et sur un kayak, puis nous naviguons pour détecter des brochets et enregistrer leur numéro et les localiser », explique Cédric. Une fois par mois, l’équipe récupère également les données enregistrées par les huit hydrophones installés aux entrées des annexes hydrauliques et en amont et en aval de ce tronçon de Seine. « De retour au bureau, ces informations sont ajoutées à la base de données informatiques de cette étude », poursuit Cédric. Le but est
Le pôle technique de la Fédération auboise de pêche procède chaque semaine à des relevés de données sur des brochets. Photo Fédération auboise de pêche d’obtenir un panel de localisations de brochets le plus exhaustif possible. « Au 12 avril, nous totalisions 160 811 détections de brochets, précise Basile. Sur les 42 individus équipés d’un émetteur, 41 ont déjà été détec-
tés ». En moyenne, 3 829 détections ont été effectuées par poisson. « Entre 10 et 15 000 fois selon les poissons. L’écart reste important », souligne Basile. L’étude des écailles de ces 42 brochets de 50 cm et plus (une maturité
sexuelle ciblée pour cette étude) a permis de déterminer que la moyenne d’âge était de 4 ans. Autant de mâles que de femelles. Les plus vieux ont 7 ans, et le plus jeune a 2 ans et mesure déjà plus de 50 cm. « Une croissance exceptionnelle »,
D’autres sondes posées par la Fédération enregistrent actuellement la température et la hauteur de l’eau. Le pôle technique procède à des mesures du taux d’oxygène, de la turbidité des annexes (qui influence la ponte du brochet). Les équipes prennent aussi en compte les variations du débit de la Seine sur cette zone. Le but de cette étude est de mieux comprendre les déplacements du brochet, son comportement et les interactions avec son milieu. La partie auboise de cette mission doit se terminer à l’automne prochain. Dans l’Aube, toutes ces connaissances seront prises en compte pour les travaux futurs de restauration des milieux et toute décision concernant les milieux aquatiques. *Cette étude interdépartementale (Aube, Aisne, Seine-et-Marne et Calvados) est pilotée par l’Union des fédérations pour la pêche et la protection du bassin Seine Normandie. Et cofinancée par l’Agence de l’eau Seine Normandie, la Fédération nationale de la pêche en France, et le Fonds européen de développement régional.
PROGRAMME D’ACTIONS DE PRÉVENTION DES INONDATIONS (PAPI)
La Fédération de pêche de l’Aube parmi les pilotes du PAPI La Fédération auboise de pêche et de protection des milieux aquatiques fait partie du comité de pilotage du Programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) de Troyes et du bassin-versant de la Seine supérieure. Le 30 mars dernier, ce comité de pilotage, présidé par le préfet de l’Aube, était officiellement installé. « Avec notre action unique et pas la plus coûteuse, nous sommes le “Petit Poucet” de ce PAPI du bassin de la Seine », observe Fabrice Moulet, directeur de la Fédération auboise de pêche. Une démarche qui s’inscrit solidairement dans la prévention des inondations et les enjeux sur les
populations. De quelle action s’agit-il ? La Fédération souhaite mettre l’accent sur l’importance des zones humides dans la gestion des inondations. Et va, pour cela, piloter une étude pour recenser, référencer et diagnostiquer les annexes hydrauliques présentes depuis Courtenot jusqu’à Méry-sur-Seine. « Leur rôle est fondamental, insiste le directeur. Tant lors du stockage de l’eau et son épuration lors des crues, que pour la biodiversité des espèces animales. C’est une richesse pour cette vallée. » En cas de problème ou de dysfonctionnement, la Fédération présente-
ra un programme de travaux complémentaires. Ce travail d’un an sera réalisé par un prestataire selon un cahier des charges fédéral. Les résultats seront restitués à l’été 2022. Son coût ? « 30 000 euros, financés à 80 % par l’Agence de l’eau », précise Fabrice Moulet. Mais qu’est-ce qu’un PAPI, et pour quoi faire ? Son nom parle de lui-même : Programme d’actions de prévention des inondations. Il s’agit d’un contrat signé entre des collectivités territoriales volontaires et l’État pour réfléchir et travailler à l’échelle d’un territoire cohérent. Ici, le bassin de la
Seine supérieure, soit depuis les sources de la Seine jusqu’à la confluence avec l’Aube. Le programme d’actions 2020-2025 comprend : la prévision des crues, la prise en compte du risque d’inondation dans l’aménagement du territoire ou encore la réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens… Comment ? « En restaurant les milieux naturels et le fonctionnement écologiques des vallées […] », précise Troyes Champagne Métropole. Notamment en travaillant sur l’adaptation de l’urbanisme et les ouvrages de protection comme les digues. V.G.
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