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PASSION PÊCHE

DIMANCHE 17 DÉCEMBRE 2023

VII

BILAN ET PERSPECTIVES

Les pêcheurs s’adaptent au changement climatique Benoît Brévot, le président de la fédération auboise de pêche, note une progression des jeunes en 2023, mais reste vigilant pour le milieu aquatique. PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT GORI

Benoît Brévot, le bilan de la pêche de loisir est­il satisfaisant en 2023 ?

Avec 13 300 pêcheurs, la pêche est sans doute la première force associative départementale. L’ac­ tivité de la fédération a été très riche en 2023. Outre nos activités afin d’assurer la protection du mi­ lieu aquatique et la promotion du loisir pêche, nous avons lancé notre programme d’animations. Avec diverses actions et stages or­ ganisés par notre équipe du pôle développement et plusieurs par­ tenariats. À noter aussi la partici­ pation de nombreuses AAPPMA à la Journée nationale de la pêche le premier dimanche de juin. L’occa­ sion pour des jeunes de découvrir notre loisir. C’est encourageant.

Les jeunes pêcheurs sont au rendez­vous ?

Toutes ces actions contribuent à un certain renouveau du loisir pêche dans notre département. Les effectifs 12­18 ans ont pro­ gressé de près de 14 % par rapport à 2022. La relève semble être as­ surée, mais il faut poursuivre nos actions en faveur des jeunes. Notre programme éducation au développement durable vient d’être validé par la direction dé­ partementale de l’Éducation na­

tionale, nous allons pouvoir ré­ pondre aux nombreuses sollicita­ tions des écoles.

Qu’en est­il du milieu aquatique ?

Après l’épisode de sécheresse en 2022 et début 2023, nous étions inquiets. Certains cours d’eau étaient en très grandes tensions quantitatives. Une situation qui a fortement perturbé les cycles bio­ logiques des espèces piscicoles. Nous ne pourrons en mesurer l’impact qu’en analysant les ré­ sultats de nos pêches d’inven­ taires des prochaines années. Au niveau hydrologique, la situation a été « moins pire ». Les fortes pré­ cipitations de 2023 ont été salva­ trices pour les cours d’eau et les nappes souterraines. Ces événe­ ments climatiques ne nous laissent pas indifférents, voilà pourquoi nous sommes très im­ pliqués dans l’observatoire de l’eau au sein de la stratégie 2100 du SDDEA (syndicat des eaux). .............................................................

« Nous ne voulons pas que les cours d’eau servent de variables d’ajustement. » Quelle stratégie envisagez­vous ?

Avec d’autres, nous travaillons à trouver des solutions pérennes et

Pour Benoît Brévot, président de la fédération, les effets du changement climatique nécessiteront d’adapter nos pratiques à plus ou moins long terme. responsables dans l’intérêt géné­ ral. Nous devons offrir un modèle durable pour nos territoires comme favoriser l’infiltration de l’eau pour remplir plus rapide­ ment nos nappes, restaurer et protéger les zones humides…

Quelles sont vos inquiétudes pour l’avenir ?

Elles sont nombreuses ! La rivière est un écosystème précieux et fra­ gile. Il faut la préserver. De tout temps, elle a été convoitée, préle­ vée, modifiée… La ressource en eau est à la confluence de mul­ tiples enjeux. C’est un bien com­ mun inestimable et inaliénable qui doit être géré et protégé en conséquence.

L’état des cours d’eau est­il inquiétant ?

Nous ne voulons pas que les cours d’eau servent de variables d’ajus­ tement à certains usages écono­ miques. Nous disons « stop » et restons vigilants par exemple sur les choix des zones d’accélération des énergies renouvelables en particulier, en ce qui concerne les nouveaux projets d’hydroélectri­ cité et l’émergence du photovol­ taïque sur les masses d’eau.

Avez­vous un programme d’actions pour 2024 ? Partant du constat que les effets du changement climatique néces­ siteront d’adapter nos pratiques à plus ou moins long terme, notre fédération propose une stratégie adaptée à son contexte territorial. Avec un programme quinquennal d’actions inscrit dans notre Sché­ ma départemental de développe­ ment du loisir pêche que nous présenterons prochainement aux AAPPMA et à nos partenaires.

Plus précisément ?

Notre feuille de route s’articule autour de huit enjeux priori­ taires : définir une politique de gestion piscicole efficace et at­ tractive ; placer la pêche associa­ tive comme un partenaire incon­ tournable de l’aménagement du territoire ; développer les anima­ tions pêche et milieux aqua­ tiques ; améliorer l’accessibilité au loisir et la réciprocité ; renfor­ cer le réseau associatif pêche au­ bois ; optimiser la réglementation pêche et la surveillance ; amélio­ rer la communication et la pro­ motion du loisir pêche et déve­

PÊCHE DE LOISIR

Des cartes et des nouveautés pour la pêche en 2024 La nouvelle saison de pêche ap­ proche. Si depuis vendredi, les nouvelles cartes de pêche sont dis­ ponibles (lire plus loin), deux nou­ veautés vont changer les habitudes de certains pêcheurs Aubois. La première concerne la pêche du sandre dont la date d’ouverture de pêche sur les trois lacs du départe­ ment (Orient, Temple, Amance) est désormais alignée sur la date d’ou­ verture générale de la pêche en se­ conde catégorie (du 1er janvier au dernier dimanche de janvier et du deuxième samedi de juin au 31 dé­

cembre). La seconde nouveauté concerne les carpistes. Dans certaines sections de cours d’eau identifiées (voir le site www.fedepeche10.fr), la pêche de la carpe est autorisée à toute heure, y compris de nuit. Et à partir de l’année prochaine, seules les esches et les bouillettes végé­ tales seront autorisées dans le cadre de cette pêche de nuit. À no­ ter qu’il est interdit pour un pê­ cheur amateur de transporter des carpes vivantes de plus de 60 cm. Les cartes de pêche 2024 sont dis­

ponibles dès maintenant. Il est possible de les acheter chez les dé­ positaires aubois agréés, ou direc­ tement sur le site www.cartedepeche.fr.

DES CARTES DE PÊCHE DÉMATÉRIALISÉES

L'application « Génération Pêche » permet de disposer d’une carte de pêche dématérialisée sur votre smartphone et d’accéder à votre compte adhérent. Elle permet aus­ si d’afficher une cartographie des parcours labellisés, dépositaires de carte de pêche… Ou encore de ren­

seigner ses captures sur son carnet de pêche et communiquer ses plus belles prises. Côté tarifs 2024, la carte interfédé­ rale est à 110 € (parcours AAPPMA réciprocitaires sur 91 départe­ ments adhérents), la carte « per­ sonne majeure » à 90 € (plus 40 € pour l’option réciprocité), « Per­ sonne mineure » à 25 €, « Décou­ verte femme » 40 € (réciproci­ taire), « Découverte jeune » 7 € (ré­ ciprocitaire). La carte hebdoma­ daire est à 35 € et la carte journalière à 20 €. V.G.

lopper le tourisme pêche.

Quels sont les points d’attention de votre fé­ dération concernant l’eau et le changement climatique ?

La nouvelle stratégie nationale biodiversité 2030 « Vivre en har­ monie avec la nature », dévoilée en juillet dernier, préconise de connaître avant d’agir. Notre suivi de l’évolution thermique et hy­ drologique des cours d’eau dans l’Aube est donc essentiel. Les pê­ cheurs sont candidats pour la mise en place d’un véritable ob­ servatoire des milieux aqua­ tiques. Nous sommes les plus lé­ gitimes au regard de notre exper­ tise reconnue, de la densité de notre maillage et de notre pré­ sence au plus près des écosys­ tèmes aquatiques. Il conviendra de disposer d’une connaissance globale et en temps réel de nos cours d’eau. La collecte de ces données et leur valorisation re­ vêtent un enjeu majeur face aux enjeux de la Directive cadre européenne sur l’eau et pour sen­ sibiliser les citoyens. Il ne nous est pas permis d’échouer pour les générations futures !

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