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Lundi 28 octobre 2019

LE MEILLEUR DES NUITS


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SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE

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LOVE QUI PEUT : LE BILAN

29 592 spectateurs pour l’édition 2019

Pierre-Marie Boccard, délégué général du festival, fait le bilan artistique et en termes de fréquentation de cette édition, où les Nuits ont plus que jamais « chanté » ! Le rideau vient de tomber sur les 32es Nuits de Champagne. Quel est votre sentiment à chaud ? Il est plutôt positif. Les trois séances du Grand Choral ont montré que les répertoires de Marc Lavoine, Les Innocents et Camélia Jordana étaient complémentaires, cohérents entre eux. Certes, ils sont moins connus que d’autres. Mais ils ont amené un public nouveau, différent. 4 748 spectateurs (contre 4 486 en 2018) ont assisté à ce Grand Choral. Pour L’Aube à l’unisson – dont c’était le 20e anniversaire – ils y en a eu 4 528 (avant-première et séances publiques). 753 collégiens y ont participé – notre plus haut « score ». En ajoutant la création Bulles de Fardet, on arrive à 9 512 spectateurs.

On peut dire que cette année, les Nuits ont « chanté » ! C’est vrai. Spécialement dans ce nouveau lieu qu’est le théâtre de La Madeleine. Jeudi soir, l’apéroconcert sur le thème du Québec a réuni 500 festivaliers, qui sont venus chanter. Clairement, il s’est passé quelque chose. C’est pareil pour les afters chantants. Il a fallu ouvrir le foyer du théâtre. Depuis longtemps, nous rêvions d’un rendezvous d’après-concert où le public pourrait reprendre les chansons de l’artiste. Avec les plus de 200 personnes présentes PIERRE-MARIE BOCCARD au happening chantant du Grand Choeur, on frôle les 1 300. C’est un succès.

83 ! Trois ont été « livrées » à la crèche et une au commissariat. Une était destinée à un bébé qui venait de naître et une autre à une dame de 104 ans en soins palliatifs, offerte par sa famille. Au total, nos chanteurs ont croisé 500 personnes.

« Le festival se maintient dans la zone des 30 000 spectateurs avec 29 592 contre 31 724 en 2018. Mais il y a eu deux concerts en moins. »

Dans le même esprit, des chansons ont été offertes « comme (des) fleurs ». Combien exactement ?

Revenons à Marc Lavoine et aux Innocents. Comment ont-ils vécu l’expérience du Grand Choral ? Comme Francis Cabrel l’an passé, ils ont été surpris par la précision des choristes. Ce Grand Choral était très rythmique, et ils ont été sidérés en constatant que les 853 voix étaient aussi précises qu’une seule. Des choristes et certains spectateurs ont eu l’impression que Lavoine perdait un peu ses moyens face au Grand Choeur, qu’il chantait différemment. C’est un professionnel… alors


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que s’est-il passé ? Marc Lavoine a essayé de maîtriser ses émotions. Mais ça n’a pas été facile pour lui d’entrer dans cette machinerie puissante qu’est le Grand Choeur, de gérer le « souffle des 900 (choristes) », cette « vague qui vient de l’arrière ». En loge, il en a discuté avec Les Innocents. Ils ont pris conscience qu’ils devaient se concentrer énormément pour y arriver. En quelque sorte, ils devaient « apprivoiser » ce Grand Choeur. Samedi soir, la 3e séance était plus fusionnelle. Il n’en est pas moins vrai que les artistes ne réagissent pas tous de la même manière. Certains, qui ont besoin d’être « cadrés », « bordés », sont moins à l’aise avec les interprétations « différentes ». Camélia Jordana n’a-t-elle pas été l’erreur de casting de cette édition ? Je ne le pense pas. En tout cas pas au niveau du répertoire. Lundi, elle nous a dit que « la polyphonie, c’est sa vie ». Les Innocents nous ont parlé en bien de son travail. Mais une erreur – collective – a été commise. Nous savions qu’elle serait en tournage durant la semaine du festival. Nous n’aurions donc pas dû prendre le risque. Marc Lavoine a beaucoup regretté qu’elle ne soit pas là. En termes de billetterie, l’objectif a-t-il été atteint ? Le festival se maintient dans la zone des 30 000 spectateurs avec 29 592 contre 31 724 en 2018. Mais il y a eu deux concerts en moins cette année : un au Cube de Troyes et un au théâtre de

Champagne. Ce qui fait que le pourcentage de fréquentation reste le même. Pour nous, c’est gagné… même s’il a fallu se battre jusqu’au bout. Le partenariat avec RTL a été décisif. Ils ont passé vingt messages de 30 secondes les deux semaines précédente et cinq pendant la diffusion des Grosses Têtes. Du coup, on a dû refuser de monde aux concerts de Zazie, Marc Lavoine et Maxime Le Forestier. Concernant les places, 4 800 ont été achetées par les entreprises partenaires. Dans le détail, qu’ont « fait » les autres concerts ? Lomepal a rassemblé 3 864 spectateur. Il est suivi par Véronique Sanson (2 830, une de ses plus belles dates), Zazie (2 050), Marc Lavoine (1 930), Catherine Ringer (1 304), Les Innocents/Camilla Jordana et Maxime Le Forestier (1 000 chacun), Grand Corps Malade (924), Dianne Reeves (726, ce qui correspond au nombre habituel d’amateurs de jazz) et Alex Beaupain (296). À 70 ans, Maxime Le Forestier reste au top ! Oui, c’est le « parrain ». La standing ovation à la fin de son spectacle a duré 30 minutes ! La formule des afters est-elle cette fois la bonne ? Nous avons eu plus de 2 000 personnes, dont 895 vendredi soir. Le problème, c’est en semaine… Comme chaque année, des spectateurs se sont plaints de problèmes acoustiques (son trop fort

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à Sanson, paroles de chanson incompréhensibles depuis les gradins au Grand Choral)… C’est exact. Nous devrons étudier la question de la chaleur en haut des gradins (pas bon pour la circulation du son). Un relais devrait être réinstallé à l’aplomb. Sur les réseaux sociaux, les jeunes fans de Lomepal étaient furieux que son concert n’ait duré qu’une heure… pour un billet à 40 € ! C’est effectivement un peu court. Cela vient du fait que, comme Eddy de Pretto, Lomepal a un « jeune » répertoire. Nous ferons plus attention à l’avenir. Mais sa prestation était excellente et les échos ont été bons. On a vu des personnes handicapées à chaque concert… Depuis quatre ans, avec Ladapt, nous développons l’opération « handi-accueil ». Cette année, près de 250 handicapés – parfois lourdement – ont pu assister à un spectacle. Comment voyez-vous l’avenir du festival ? Le concept des répertoires croisés n’est pas simple à concrétiser. Donc, on ne s’interdit rien si une opportunité se présente. Mais sans abandonner la génération actuelle. Vous-même, allez-vous poursuivre l’aventure des Nuits de Champagne ? Le passage de relais se fera à moyen terme. Une nouvelle organisation collective sera mise en place. Mais pas avant que le concept soit prêt, mûr. PROPOS RECUEILLIS PAR RODOLPHE LAURENT

À LA CHAPELLE ARGENCE

Radio Elvis, pop-rock à la française Dernier concert à la chapelle Argence, samedi, avec trois garçons dans le vent : Radio Elvis. C’était la der à la chapelle Argence, samedi soir, pour clore en beauté les 32es Nuits de Champagne, avec, à l’affiche, trois garçons talentueux, auréolés d’une Victoire de la musique pour leur premier album Les conquêtes. Autant dire que la venue de ce groupe de rock français, aux fulgurances poétiques, était très attendue. Avant de pouvoir les applaudir, les spectateurs ont pu assister à la finale du Tremplin rock Uppercut. Sur scène, le groupe pop-funk troyen Diaz et Zulu Architects, originaire de Sens. Mais ceux que les spectateurs étaient venus écouter, ce sont bien Pierre Guénard, Manu Ralambo et Colin Russei. Trois noms, trois

musiciens, qui forment un trio aux textes lumineux et aux musiques enlevées. Radio Elvis a son univers bien lui, qui n’est pas sans rappeler Feu ! Chatterton. Ils n’ont donc pas tardé à monter sur scène, la première partie tout juste terminée, rassemblant autour de lui un public intergénérationnel, visiblement ravi et surtout très réceptif. Pour preuve, les spectateurs se sont laissé porter, se déhanchant sur leurs titres. Il est vrai que le groupe est parvenu à imposer une atmosphère à la fois sensuelle et rebelle. Leurs titres 23 minutes ou encore Ces garçons-là, issue de leur deuxième album du

même nom, et leur reprise de Osez Joséphine de Bashung ont su charmer le public. Et une fois n’est pas coutume, le trio pop-rock, français, a le mérite de (bien) chanter, en français. Ça fait plaisir Photos : Jérôme Bruley, Ludovic Petiot - Vidéos : Anne-Lise Fournier


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FESTIVAL OFF OFF OFF

Dirty blues et rock sauvage

Pour la dernière soirée du Off off off, l’ambiance était très rock au bar The Message qui accueillait

deux groupes en pleine ascension. D’abord Dusty Duke : originaires de Champagne-Ardenne, David et Arno se sont rencontrés au lycée, mais ont finalement posé leurs valises en 2015, à Perpignan. Depuis, leurs différents projets musicaux ont abouti à un premier album leur ouvrant les principaux festivals et scènes du sud-ouest de la France. Troublemaker, leur deuxième opus sorti début 2019, est composé dans une veine plus organique, plus adulte, plus réfléchie que le premier.

BANDIT BANDIT : SORTE DE BONNIE AND CLYDE

Pour ce concert, alors qu’Arno était au dobro et au kick, David assurait les percus et le chant de

sa voix rocailleuse et puissante avec une belle énergie communicative. Le duo Bandit Bandit, sorte de Bonnie and Clyde des temps modernesfaisait ensuite résonner son rock noir et sauvage teinté de sensualité. Influencés par Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Black Rebel Motorcycle Club et Nirvana, Hugo et Maëva proposent des sonorités psyché, acidulées de riffs bien sentis et de mélodies lancinantes. Les guitares bourrées d’effets et les percussions penchent vers un psychédélisme à la frontière du tribal. Enfin, la polyvalence de leurs textes ardents ou poétiques et la parfaite harmonie de leurs voix leur permettent d’alterner ferveur et tendresse. Un plateau de choix qui a suscité l’enthousiasme d’un public connaisseur et passionné.

EN IMMERSION AVEC LES CHORISTES

« On a bien envie de revenir »

Le festival s’est achevé pour Clément et Marylène, il y a quelques heures à peine. Le couple peine encore à réaliser la semaine folle qu’il vient de vivre. Encore à Troyes, dimanche matin, ils devaient reprendre la route dans la journée, en direction de Lyon. « Cette première expérience me donne envie de recommencer. J’ai vu qu’il y avait aussi des familles. Ma bellemère avait participé au Grand Choral, l’an dernier. Je me dis qu’on pourrait venir avec mes filles d’ici à sept ans, à trois générations », confie la jeune femme, un peu fatiguée.

UN CLIN D’OEIL DE MARC LAVOINE

Elle ne s’en cache pas, elle a « bien envie de revenir ». Cette première aux Nuits de Champagne aura été intense pour le couple. « Pendant la

préparation, j’avais zéro stress. Pendant le filage, la pression est montée un peu. C’était génial. Vendredi, c’était assez stressant, et puis ça passe. Après, on a nos marques. » Quant aux invités, ils ont tout simplement été « top ». « Ils sont très différents dans leur façon d’être avec nous », reconnaît-elle. « J’ai eu l’impression que Marc Lavoine m’avait fait un clin d’oeil ou du moins, dans ma direction. C’était peut-être juste son jeu de scène. Les Innocents sont plus dans l’esprit de jouer en-

BOUQUIN

La véritable histoire des chansons de Renaud Souvenez-vous, il y a seize ans, l’édition Rebelle de Nuits ; très bon millésime du festival dont l’invité était Renaud. Un artiste qui a connu des hauts et des bas mais dont le répertoire est unique, exceptionnel. Dans La véritable histoire des chansons de Renaud, le spécialiste Fabien Lecoeuvre, intervenant régulier dans l’émission de Patrick Sébastien Les années bonheur, retrace le parcours du chanteur à travers les titres qui ont marqué sa carrière, non moins exceptionnelle. De Camarade bourgeois (1975) à Les mots (2016), en passant par Marche à l’ombre (1980) et Les bobos (2006), Lecoeuvre raconte et décrypte. L’« histoire » du Sirop de la rue, où il est question de la nostalgie de l’enfance, permet ainsi de mieux saisir l’immense désarroi de Renaud face à l’inéluctabilité du temps qui passe. Nombreuses photos couleur souvent inédites. – « La véritable histoire des chansons de Renaud » de Fabien Lecoeuvre (Hugo Image – 128 pages – 17,50 €).

semble avec nous. » Très impliqué dans son rôle d’invité d’honneur, J.-P. Nataf (des Innocents) a même rejoint les choristes, après la troisième séance, jusqu’au bout de la nuit. A.CH.


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La 32e édition du festival des Nuits de Champagne s’est achevée magistralement avec le Grand Choral, samedi soir, mais la semaine aura été marquée par plusieurs temps forts qu’on vous fait revivre en images.

BEST OF

Le meilleur des Nuits en images

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L’AUBE À L’UNISSON

700 pour ouvrir les Nuits

700 coeurs pour un seul choeur : avec « L’Aube à l’unisson », les collégiens du Choeur de l’Aube ont donné, lundi à 18 h, le coup d’envoi de ces nouvelles Nuits de Champagne. Comme le veut la tradition, c’est une partie de la jeunesse auboise – la partie « chantante », pourrait-on dire – qui a donné, hier, le coup d’envoi des 32es Nuits de Champagne. Dans la foulée de la « générale » et de l’avant-première (dimanche), 700 collégiens du département ont ouvert le festival à 18 h avec une première séance publique de L’Aube à l’unisson à l’espace Argence, avant d’enchaîner avec la seconde à 20 h 30 – vous avouerez qu’il faut quand même le faire ! Au total, avec les professeurs de musique de vingt-huit établissements, les élèves ont appris quatre titres, qu’ils ont ensuite travaillés avec leurs chefs de choeur, Blandine Deforge et Geoffrey Bouthors, accompagnés par le musicien Bastien Lucas.

Hier soir, ils ont d’abord interprété C’est la vie de Marc Lavoine, cette chanson où « tous les matins, c’est la même comédie ». Toute la magie des voix jeunes en polyphonie. Avec en prime une gestuelle bien apprise et bien restituée. Sans surprise, un tonnerre d’applaudissements a salué la performance des enfants. Lesquels ont dû goûter ces instants privilégiés qu’ils n’avaient encore jamais connus. « Voilà ce que c’est qu’être star », leur aurait peut-être dit Serge Lama s’il avait été là…

SPECTACLE INTERACTIF

Plus sérieusement, ce Choeur de l’Aube apporte quelque chose d’infauteuil les paroles de quelquesuns des titres du trio d’invités. Et de Elle a les yeux revolver aux Tournesols, en passant par Le parking des anges (pour Lavoine), et de Un monde parfait (Les Innocents) à Calamity Jane (Camélia Jordana), ce dernier avec une jolie intervention des collégiens sur le refrain, le début de soirée s’est écoulé au fil des chansons, les chefs de choeur emmenant tout ce petit monde, enfants et « grands » ! RODOLPHE LAURENT

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AU THÉÂTRE DE CHAMPAGNE

En voyage avec Camélia Jordana Première date officielle de la tournée de Camélia Jordana, lundi soir, au théâtre de Champagne. Toute de blanc vêtue, elle apparaît timidement sur la scène du théâtre de Champagne. Pas de paillettes, pas de fioritures, juste deux musiciens et deux choristes pour l’accompagner dans cette nouvelle aventure musicale. La saveur était d’autant plus particulière pour sa première aux Nuits de Champagne que Troyes était « la première date officielle » de cette tournée. « On a la pression. » La pression, elle se l’est mise un peu, mais la jeune femme a assuré. Sa voix puissante, grave et chaude a tout de suite mis le public du théâtre de Champagne d’accord. Un public un peu dérouté, presque passif. Il faut dire que Camélia Jordana a changé, mûri, sa musique aussi. La chanteuse puise dans ses racines, dans ses combats, dans ce qui la construit en tant que femme et en tant qu’artiste pour délivrer une proposition artistique atypique, loin de la chanson française traditionnelle. Forte de son troisième album LOST, elle offre un voyage au coeur des musiques du monde. Celles qui ont bercé son enfance, celles qui résonnent à ses oreilles depuis toujours, en anglais, en arabe, celles qu’elle a choisi de faire sonner, hier soir,


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aux nôtres. Camélia Jordana a un message à délivrer. Avec Gangster, elle imagine la voix d’un peuple qui s’adresse à son leader politique, avec Do Not Choose, elle chante une ode à la pluralité. L’artiste assume ses choix, ses engagements. Son message n’est autre que celui d’une femme de sa génération, « bien dans sa peau », mais qui porte un regard acéré sur le monde, qui l’entoure. Celui d’une artiste engagée, qui choisit d’utiliser la musique pour dénoncer et pour faire entendre sa voix mais pas seulement. Elle met en mots et en chansons les maux d’un peuple. Un peu frileux, les spectateurs se laissent peu à peu charmer par sa voix envoûtante. À sa demande, les voilà qui fredonnent « Nananana », une reprise de Rich Girl de Gwen Stefani. Quelques minutes pour se chauffer la voix et sa chorale d’un soir est lancée. Et si ce n’était qu’un avant-goût de ce qui l’attend au Grand Choral ? AURORE CHABAUD

Photos : Jérôme Bruley & Ludovic Petiot

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RENCONTRE AVEC LES INNOCENTS

« On essaie de raconter notre petit film à nous »

Quelles sont vos premières impressions à l’issue de cette répétition du Grand Choral ? Je suis un peu sonné. Je n’arrive pas à trouver mes mots. On n’arrive pas vraiment à réfléchir car il y a beaucoup d’émotions qui arrivent d’un coup. Pour nous, c’est quelque chose qui ne nous est jamais arrivé. Un concert, il fait noir, les gens applaudissent, au bout de trente ans, on commence à trouver ça normal. Par contre, on n’est pas programmés pour ça. On n’a pas écrit de requiem. On ne peut pas imaginer qu’une petite chanson qu’on écrit dans notre chambre puisse un jour générer quelque chose d’une telle ampleur avec beaucoup de coeur dans tous les sens du terme. La dernière fois que vous avez joué au festival, c’était en 1994. Revenir vingt-cinq ans plus tard, ça fait quoi ? Revenir, c’est une vue de l’esprit. Car quand on revient dans une ville, on ne joue pas dans la même salle. Trois-quatre dates dans la même ville peuvent vous laisser l’impression qu’on a joué dans quatre villes différentes. Quand on voit la ville sur le planning, ça me fait un peu rêver. Troyes, je suis venu l’année dernière sur un autre projet (JP Nataf). J’y ai passé un jour et demi et j’ai trouvé la ville magnifique. Mais là, vous revenez également vendredi et samedi, en plus de votre concert de lundi. Est-ce que vous êtes impatients ? Il y a presque un côté un peu touristes. Pour nous, ça va être de profiter de ce qu’on entend, de ce qu’il se passe autour de nous étant donné qu’on chante deux chansons avec eux. On va travailler un peu mais ça ne sera pas la pression d’un concert comme ce soir (hier, NDLR). Justement, comment avez-vous imaginé ce concert ? Sur scène, on aime bien mélanger les époques, les années et finalement, on se rend compte que ce qu’on a composé dans les années 90 et ce qu’on compose aujourd’hui, ce n’est pas si loin que ça et ça passe bien. On essaie de raconter notre petit film à nous. On aime bien sortir de nos valises des chansons qui n’ont pas eu le succès qu’on escomptait. Il y a une part de hasard dans le fait qu’une chanson trouve sa place. C’est une histoire de timing. Pendant 1 h 30, on essaie de mettre les chansons dont on pense qu’elles mériteraient tout autant d’être un tube. Ça crée l’illusion de ça. PROPOS RECUEILLIS PAR A.CH.


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CHORISTES DU FESTIVAL

Les Innocents en visite à Beurnonville

Aux Innocents… le plein d’applaudissements ! Lundi après-midi, les choristes des Nuits ont réservé un bel accueil au tandem d’invités, qui venaient leur rendre une petite visite. Depuis 2000, les invités des Nuits de Champagne rendent visite chaque année aux 900 choristes en répétition. Pour cette 32e édition, ça n’a pas tardé puisque avant même l’ouverture du festival, les Innocents ont fait étape au gymnase du collège Beurnonville, théâtre de l’atelier. Arrivés en mode détente, Jean-Philippe Nataf et Jean-Christophe Urbain, « Innocents » depuis 37 ans, sont entrés dans la place alors que la chef de choeur Maud Galichet opérait depuis l’estrade centrale. Premières notes, premières impressions…

« Mesdames et Messieurs, on a la visite des Innocents ! », a coupé Brice Baillon. À la suite de quoi nos choristes – déjà debout, ça facilite les choses – ont fait une ovation au tandem, qui ne s’attendait peutêtre pas à un pareil accueil. « Pour commencer, on va vous chanter une chanson que vous devez bien connaître », a introduit ensuite le directeur artistique et musical du Grand Choral avant que les 900, comme un seul homme ou comme une femme seule, ne reprennent Un homme extraordinaire. Avec, déjà, puissance et justesse, signe que vendredi soir, on peut s’attendre à un Grand Choral « d’élite ». Cette année, c’est Sylvain Tardy, producteur délégué chargé des créations polyphonique, qui escorest tait les invités à Beurnonville. « Ça fait longtemps que vous êtes chantés dans les chorales. Votre répertoire escorest fait pour être interprété en polyphonie. Cette rencontre (avec les Nuits) devait donc se

faire. Nous sommes heureux de vous avoir parmi nous ! », a-t-il lancé aux deux Innocents.

« LÀ, C’EST “WAOUH” ! »

Tout sourire mais visiblement ému, Jean-Christophe Urbain a réagi le premier à la démonstration des choristes. « Je suis un peu… sans voix », a-t-il dit, ajoutant, avec un nouveau jeu de mots qu’un journaliste du coin pourrait bien lui piquer un jour : « Il y a tellement de coeur là-dedans. » « Ça va être dingue », a complété Jean-Philippe Nataf. D’ici à vendredi, « on sera préparé… mais là, c’est “waouh” ! » Et avant que les Innocents ne s’éclipsent, nos chers choristes les ont gratifiés d’un second titre, Apache. Après eux, qui ? Marc Lavoine ? Camélia Jordana ? Les deux sans doute. En attendant, après « ce bon petit intermède », selon Maud Galichet, les 900, sous sa direction, ont repris le travail… RODOLPHE LAURENT


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À L’ESPACE ARGENCE

Étonnante zazie ! Le temps d’une soirée mardi, les festivaliers ont fait de Zazie, en concert, à l’espace Argence, leur « Essenciel ». Elle n’était jamais venue aux Nuits de Champagne. Il aura fallu attendre vingt-deux ans pour que son nom figure dans la programmation du festival. Vingt-deux ans de patience enfin récompensés pour les organisateurs et pour le public. Ils n’étaient pas loin de 2 000 spectateurs à avoir pris place, hier soir, à l’espace Argence pour assister à la prestation de l’artiste. Les années passent, les albums se suivent, ne se ressemblent pas. Les spectacles non plus. Quand on croit la connaître, l’élégante et envoûtante Zazie nous cueille là, où on ne l’attend et nous prouve, une fois encore, qu’elle est toujours capable de nous surprendre. Vocalement, il n’y a rien à redire. Musicalement, c’est du solide. Forte de son dernier album Essenciel, elle nous embarque dans l’univers électro, tout en livrant des textes ciselés et léchés. D’accord, elle a cette faculté à s’amuser avec les mots, à jouer sur les sens, à manier la langue française de telle manière qu’elle en ressort le meilleur qu’elle nous livre en chansons.

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« Si vous les connaissez ou si vous les reconnaissez, n’hésitez pas à les chanter» Pour beaucoup, issues de son dernier opus qu’elle « se réjouit d’emmener sur scène » comme la superbe Nos âmes sont, Waterloo… mais aussi des anciennes moins connues telles que I Love You All, L’addition… des titres « qui datent de 1903 avant Jésus-Christ », lancet-elle avec humour. Elle est comme ça Zazie, drôle, fun, simple et authentique. « Si vous les connaissez ou si vous les reconnaissez, n’hésitez pas à les chanter. » Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Alors quand elle commence à chanter les premières phrases de Zen, le public ne se prive pas de reprendre le refrain en écho aux pa-

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roles chantées par l’artiste. Les spectateurs ne l’avoueront peut-être pas, mais ils attendaient ce moment avec impatience, un peu comme une madeleine de Proust. Bien sûr, Zazie y a apporté sa touche. « Il y a des chansons qu’on a jouées 56 700 fois. Ça pourrait devenir lassant mais on n’a pas le droit de se lasser, alors, on en fait des versions différentes, acoustiques, pathétiques, réussies, ratées, bleues, mauves, vertes. Ça nous fait très plaisir de les jouer et de les redécouvrir. » Plus rock mais dont on ne se lasse pas comme Larsen, Je suis un homme. « Speed encore » Zazie, qu’on « vibre encore » jusqu’au bout de ces Nuits. AURORE CHABAUD

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AU THÉÂTRE DE CHAMPAGNE

Dianne Reeves, une immense voix La chanteuse de jazz et de soul était mardi soir au théâtre de Champagne, à la veille de son 63e anniversaire… Et le public, conquis, n’a pas manqué de le lui rappeler.

Le batteur arrive en premier, puis c’est au tour du pianiste, du bas-siste et du guitariste. Ils se lancent dans une introduction rythmée, se répondent en musique pendant cinq minutes. Il ne manque plus qu’un instrument pour que le tableau soit parfait : la voix. Et pas n’importe laquelle, celle de Dianne Reeves. Là voilà enfin, sous un ton-nerre d’applaudissements. C’est l’une des plus grandes interprètes de jazz et de soul actuelles, et sa seule présence suffit à nous en persuader. La chanteuse démontre toute sa puissance dès la première chanson : Dreams, une sublime reprise du groupe Fleetwood Mac. Sa voix, elle la maîtrise parfaite-ment. Elle va chercher au plus pro-fond d’elle-même, part dans les ai-gus pour redescendre dans les graves

en une fraction de seconde. Le public est captivé, scotché au fond des sièges du théâtre de Champagne. On ne boude pas notre plaisir non plus. « Je suis heureuse d’être ici avec vous », lancet-elle dans un grand sourire, en anglais, sans même s’arrêter de chanter. Elle enchaîne sur une im-provisation de scat, lance des voca-lises et onomatopées à la volée, joue avec le public qui lui répond.

C’EST MIEUX DE CONSTRUIRE DES PONTS QUE DES MURS.

L’ambiance devient plus feutrée. La chanteuse s’assied derrière le piano, ferme les yeux. Quelques notes, une ligne de basse, le frottement des ba-

lais sur une caisse claire, et un dia-logue musical s’installe. Un instant, on a l’impression d’assister à un mo-ment volé dans le salon de Dianne Reeves. Mais c’est bien à son public qu’elle s’adresse de nouveau, pour chanter un morceau de son album Bridges (ponts, en français) sorti en 1999, qu’elle affectionne particuliè-rement. « C’est mieux de construire des ponts que de construire des murs. » Une référence à Donald Trump, le président américain ? Chacun fera son interprétation… À l’issue du concert, le public chante, à l’unisson, un « Joyeux anniver-saire » à la chanteuse, née le 23 octobre. Nul doute qu’elle s’en sou-viendra. CLÉMENCE SIMON


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AU THÉÂTRE DE CHAMPAGNE

Catherine Ringer, c’est complètement dingue Ambiance de folie mercredi au théâtre de Champagne avec la délicieuse et déjantée Catherine Ringer. lement, elle avait une sacrée dose à offrir mais aussi une énergie folle à communi-quer. Quand l’artiste monte sur scène, entourée de ses musiciens, elle ne fait pas semblant. Elle donne tout sans tricher et livre vingt-trois chansons des Rita Mitsouko.

FRED CHICHIN DANS LE CŒUR DES SPECTATEURS

Les histoires d’amour finissent mal en général… » Hier soir, Ca-therine Ringer a prouvé le contraire,

en vivant une intense et belle histoire avec le public des Nuits de Champagne. « On n’a pas que de l’amour à revendre », chante-t-elle. Non seu-

Le meilleur de ses années passées avec Fred Chichin (décédé en 2007), présent en musique et dans les cœurs de chacun des specta-teurs. Le temps d’une soirée, Cathe-rine Ringer a offert un voyage trente ans en arrière. Comme à la grande époque des Rita. Les cos-tumes, le décor, on s’y croirait. Et musicalement, ça joue, incroyable-ment bien. On a beau être en 2019, leurs chansons n’ont pas pris une ride. Dotée d’une voix hors du commun, d’une présence scénique in-croyable et d’une folie contagieuse, Catherine Ringer s’est dépensée sans compter. Elle n’a rien perdu de sa superbe, ni de sa folle énergie. À croire que les années n’ont eu aucune prise sur elle. On déguste chaque chanson, comme des petits bonbons. Qu’ il est bon de se re-plonger dans cet univers rock et barré à la fois. Des grands tubes, elle n’en a oublié aucun. Marcia Bai-la, Les histoires d’A, Andy, Ding Ding Dong, Petite fille princesse… et le public non plus, reprenant par cœur les refrains. « On a fait le choix de reprendre les plus connus et plein d’autres aussi, ça n’a pas été facile », confie-t-elle entre deux morceaux. Sa venue était attendue, les Aubois étaient en folie et ils n’ont pas été déçus, puisqu’en à peine cinq mi-nutes, elle a réussi à mettre le feu au théâtre de Champagne. Comme Marcia, elle « danse avec des jambes aiguisées comme des couperets, la voir danser » les a transformés « en excités ». Une bonne humeur et une énergie communicatives. Merci pour ce moment Madame Ringer ! AURORE CHABAUD


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Photos : Jérôme Bruley & Ludovic Petiot - Vidéos : Anne-Lise Fournier

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CHANSON FRANÇAISE

Pour une biguine avec Marc Lavoine Après Camélia Jordana et Les Innocents lundi, Marc Lavoine, l’invité vedette de la 32e édition du festival, a, lui aussi, donné son concert mercredi soir à l’espace Argence, comble. Vendredi dernier, c’est un Marc Lavoine en larmes devant En-rico Macias chantant Les gens du Nord que l’on a pu voir sur France 3, dans l’émission de Faus-tine Bollaert, La boîte à secrets. Émotion encore hier après-midi lors de sa rencontre avec les cho-ristes du festival (lire en page 11), qui lui ont fait un triomphe. À l’is-sue, il confiait d’ailleurs : « Ça m’a “fatigué”. Je vais aller me reposer… ». Et quelques heures plus tard, on le retrouvait en très grande forme, non pas sur le parking des Anges mais sur la scène de l’espace Ar-gence, où il a donné son seul concert de la semaine.

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« Marc Lavoine est brièvement revenu sur « l’accueil inoubliable, unique, exceptionnel reçu quelques heures plus tôt » des choristes.» Environ 2 000 spectateurs – dont une petite majorité de femmes…sans doute l’effet « yeux revolver » ! ont accueilli avec enthousiasme l’invité vedette des 32es Nuits de Champagne lorsqu’il s’est appro-ché, arrivant par la gauche de la salle. Sur les notes de Pour une bi-guine avec toi, l’effet était garanti. D’autant qu’il a enchaîné avec Seul définitivement, a la teinte pop sou-tenue, qui a fini d’installer l’am-biance, laquelle n’est jamais re-tombée (il faut dire que ses musi-ciens, « semi-amateurs ! », ont assu-ré). Avant de continuer, Marc Lavoine est brièvement revenu sur « l’accueil inoubliable, unique, exception-nel reçu quelques heures plus tôt (des choristes en répétition) », qui a provoqué chez lui « une émotion parti-culière ». « Merci à ce festival mer-veilleux ! », a-t-il lancé.


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« NOUS HABITIONS AU 21 RUE DES ACACIAS »

Reprenant le fil du concert, il a évo-qué « un grand poète du siècle der-nier », lequel « vit toujours, rassurez-vous »… Maxime Le Forestier, dont il a chanté La maison bleue. De Le Forestier il est passé à Moustaki, « Monsieur 1 volt », avec Le Métèque, et à Delpech avec White is white. Des chansons qu’« avec mon frère nous jouions à la guitare… à trois doigts. Nous habitions (alors) au 21 rue des Acacias. » Manière nostal-gique d’introduire l’un des plus beaux titres de son répertoire – Rue des Acacias – qui a été salué par des applaudissements nourris. Retour ensuite aux années 1980 avec C’est la vie, suivi de Dis-moi que l’amour – encore un tube for-midable que Marc Lavoine créera plus tard en duo avec Bambou… Plein d’humour, avec un jeu de scène de comédien, la voix grave, chaude et puissante, il n’a cessé de s’adresser au public durant toute la soirée. Avec du Trenet – Douce France – qu’il a imité avant de chanter C’est ça la France : « Ça fait de l’huile d’olive et du couscous poulet/Ça trinque à la pétanque au comptoir chez Marseille/Ça Brassens à tout va c’est beau les seins d’une fille/ (…)/C’est ça la France ». C’est ça la France, et c’est ça Marc Lavoine ! RODOLPHE LAURENT

On retrouvera Marc Lavoine au Grand Choral, à l’espace Argence et aux côtés des Innocents, vendredi 25 à 21 h (1re séance), puis samedi 26 octobre à 16 h (2e séance) et à 21 h (3e séance). Tarifs : 49 € (1re série), 43 € (2e série) et 39 € (3e série). Tarif réduit : 38 € en 2e série.

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ESPACE GÉRARD PHILIPE

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Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Chœur d’enfants et spectacle vivant ont rendu hommage à Gérard Fardet, mercredi. Qu’est-ce qu’il y a dans un cirque ? » demande Blandine Deforge, chef de chœur. Les ré-ponses des enfants fusent : « des funambules », « des clowns », « des tigres », et même « des dresseurs de perroquets »!

UNE MATINÉE POUR APPRENDRE

Ils étaient un groupe de dix, âgés de 6 à 12 ans, à participer à un atelier chantant hier matin. Blandine De-forge et Geoffrey Bouthors, membres de l’équipe musicale des créations polyphoniques des Nuits de Champagne, proposaient aux enfants l’apprentissage de deux chan-sons du répertoire de Gérard Fardet (voir ci-dessous). Deux chansons qu’ils ont jouées en ouverture du spectacle « Bulles de Fardet », le jour-même, à 18 h. Un joli défi qu’ils ont relevé avec brio. « On a peu de temps de répétitions, il faut aller vers quelque chose de ludique, explique Blandine Deforge. Mais là, ils ont tous reçu les partitions en amont


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et ils connaissent les chansons, c’est une belle surprise. » Timides au début, les enfants se sont vite lâchés. Les voilà qui se mettent à imiter des animaux, à sauter et à chanter en rond... Hier soir, ils étaient tous des messieurs et mes-dames Loyal, qui conviaient le public au spectacle. « Entrez, messieurs dames entrez, sous mon chapiteau sans toile, mon cirque sans étoile, mon zoo sans animaux... » Avec une entrée en matière aussi adorable, on avait hâte d’y être. CLÉMENCE SIMON

« C’EST LA SÉQUENCE ÉMOTION DU FESTIVAL » Il était le co-créateur des Nuits de Champagne, et a créé de nombreux spectacles pour enfants. Il semblait évident que le festival allait rendre hommage à Gérard Fardet, décédé en février dernier à l’âge de 73 ans. « C’est la séquence émotion du festival », indique Pierre-Marie Boccard, délégué général des Nuits de Champagne, visiblement ému avant l’ouverture de rideau. « Gérard Fardet était quelqu’un qui adorait les mouflets, comme il disait. C’était aussi un compagnon de route. » Le temps du spectacle « Bulles de Fardet », la compagnie « Au clair de Lune » s’est reformée, avec sa fille Lucie Fardet et toute une équipe de circassiens. Les pitreries de clowns et jongleurs étaient mises en musique pendant ce spectacle vivant, aux allures de comédie musicale. Un beau moment de poésie qui aurait certainement plu à « l’ami Gérard ».

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AU THÉÂTRE DE CHAMPAGNE

Grand Corps Malade, ce poète… En véritable maître des mots, Grand Corps Malade a mis la langue française à l’honneur jeudi soir.

Pas de plan B hier soir pour Grand Corps Malade. L’artiste avait rendez-vous au théâtre de Champagne et il n’a pas failli. « Ça fait du bien de vous entendre et de vous voir tous réunis. Des plans A, on en a tous eu, ça a donné des plans B, parfois des plans C. » S’il est bien un plan B qu’on ne regrette pas, c’est bien le sien. Slameur hors pair, chanteur, conteur, troubadour du XXIe siècle, il est un peu tout ça à la fois et il le fait si bien. Cet amoureux des mots « joue la rime à chaque instant ». À la volée, au rebond, rien ne lui échappe. Il manie le verbe aussi bien que les poètes. Bercé dans son enfance par Ferrat, Bras-sens, Brel, nourri de leurs chansons, de leur sens de la phrase, il a su à son tour, marcher dans leurs pas.

TEXTES CISELÉS, MUSIQUE RACÉE

As de la rime à la plume acérée, de sa voix grave, il dit, susurre, chante les mots, sublimés par une mise en musique remarquable. Car

Grand Corps Malade n’est pas seul sur scène. Et derrière lui, ça joue bien, ça joue très bien dans un spectacle léché de bout en bout, où il aime venir taquiner son public et même s’improviser chef d’orchestre de ce chœur d’un soir. Les mots sonnent, retentissent, ré-sonnent et font écho à nos propres sentiments, nos propres histoires. Tout simplement parce qu’il parle de la vie (Roméo kiffe Juliette), la sienne qui, au fond, est un peu la nôtre, de la famille, sa femme, sa

QUAND L’ARTISTE PARLE DE SON CONCERT

maman et ses enfants qu’il chérit, dans la sublime Tu peux déjà. Avec humour et avec émotion, il se raconte et nous raconte son histoire, avec des textes ciselés. On pourrait l’écouter des heures tellement c’est beau, tellement c’est doux. D’une vraie générosité et d’une grande sensibilité, Grand Corps Malade sait nous toucher en plein cœur. Hier soir, il a pris La syllabe au rebond et nous aussi. Panier à trois points as-suré ! AURORE CHABAUD

« C’est avant tout un vrai concert. C’est très musical. J’ai trois musiciens multi-instrumentistes sur scène, un renfort de musique électronique. Avec tout ça, on arrive à faire plein d’ambiances très différentes. Il y a des moments plutôt doux avec des musiques assez intimistes et d’autres qui envoient beaucoup plus de sons et d’énergie. C’est un concert assez rythmé, assez festif et en même temps, c’est aussi un concert où je parle beaucoup au public. J’aime bien qu’un concert, ça ne soit pas une succession de titres comme sur un album. Je suis en face des gens alors j’en profite pour leur raconter le pourquoi du comment de tel ou tel texte. Je les fais participer un petit peu. Il y a du slam et des moments un peu plus chantés car c’est la première tournée où je chante un peu plus. »


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Photos : Jérôme Bruley, Ludovic Petiot, Jean-François Denizot - Vidéos : Anne-Lise Fournier

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AU CUBE

Avec Véronique, on connaît la Sanson Première des deux soirées au Cube jeudi avec l’invitée de l’édition 2007 des Nuits, grande figure de la chanson française, qui a réuni plus de 2 000 spectateurs. Quel plaisir de revoir Véronique Sanson aux Nuits de Champagne. Ceux qui l’ont « vécue » n’ont pas oublié « son » édition des Nuits. C’était en 2007, entre celle de Bernard La-villiers et celle d’Eddy Mitchell –l’âge d’or du festival pour certains. Mémorable avait été sa participa-tion au Grand Choral (dix chansons !). Hier soir, elle était de retour, mani-festement remise de ses soucis de santé, et à cette occasion, plus de 2 000 personnes sont venues l’écouter et l’applaudir au Cube de Troyes. Tout en noir, elle a débuté son tour de chant par Dignes, dingues, donc…, titre phare de son dernier album en date, où, enga-gée, elle raille… l’Église catholique (« Fais pas ci, fais pas ça (…) Dis pas ci, dis pas ça »).

« C’EST LA VIE QUI DANSE »

« Je suis venue pour chanter des chansons que vous connaissez et d’autres que vous connaissez mal –des chansons qui ne passent pas à la radio », a de suite prévenu Véronique Sanson, reprenant juste-ment Radio vipère, « sur ces gens qui disent du mal des autres. » D’évidence, la chanteuse est heureuse d’avoir retrouvé la scène. D’elle émane une générosité, une forme d’énergie plus palpable encore lorsqu’elle s’assied au piano dès le troisième titre, Besoin de personne. Et puis cette voix qui vibre et cette façon de remercier le pu-blic à la fin de chaque chanson, en levant les bras et en pinçant les doigts… Comme disait sa mère, « tout va bien pour le quart d’heure », fait-elle remarquer avant d’enchaîner Mr Dupont et Marie, d’abord seule au piano puis accompagnée au violon. À ce propos, c’est un vrai orchestre que Véronique Sanson offre à son public. Avec une section de cuivres, des guitares, etc. « Dans ces momentslà/C’est la vie qui danse/Dans ces moments-là/ C’est la vie qui va », chante-t-elle ensuite – un morceau plus rythmé, plus enlevé - suivi d’un hommage à Simone Veil, joli titre à la mélodie orientale mais « connu de personne »…Entre deux chansons, ses mots sont plus hésitants, mais dès qu’elle chante, Véronique revit. RODOLPHE LAURENT


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RENCONTRE AVEC ALEX BEAUPAIN

En tête-à-tête avec son public

À quelques heures de son concert, Alex Beaupain est allé rencontrer son public pour l’Ibis Music Tour. 18 h. Alex Beaupain franchit les portes de l’hötel. L’artiste sort tout juste des balances. gorgées du Coca zéro qu’il vient de commander que le voilà prêt pour quarante-cinq minutes de rencontre avec son public, dans le cadre de l’Ibis Music Tour. Quarante-cinq minutes pour

échanger à bâtons rompus, bien installé, dans le hall de l’hôtel Ibis. « Je ne sais pas du tout ce que je vais vous raconter. C’est étrange cette conférence de moi-même », confiet-il amusé à son auditoire. Face à lui, des hommes, des femmes et même une petite fille de 8 ans, enfin « 9 ans dans cinq mois », précise-t-elle. « Plus tard, tu feras l’inverse, tu voudras paraître plus jeune. » L’ambiance est décontractée. Très vite, l’un d’entre eux demande : « On peut

te tutoyer ? ». Il répond tout de go par l’affirmative. La glace est brisée. Très à l’aise, Alex Beaupain se raconte en toute simplicité. « C’est ma troisième date de concert », glisset-il. « Ça ne fait pas beaucoup mais on a beaucoup répété. C’est mon sixième album. Il est d’un optimisme assez mesuré. » Pourquoi ? « Parce que j’aime bien écouter des chansons tristes, ça me réconforte énormément. Je me dis qu’il n’y a pas que moi qui vais mal. Les chansons

tristes viennent plus naturellement. »

DRÔLE ET BAVARD

Bavard, drôle, Alex Beaupain n’élude aucune question, évoque ses influences, son enfance. Amoureux de la chanson française, enfant, il a baigné dans les chansons de Renaud, de Souchon. « Parmi mes albums préférés, il y avait Mistral Gagnant. » En grandissant, les goûts ont évolué. « Ado, chez moi, la rébellion, c’était d’écouter Daho.


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Plus tard, je volais de l’argent à mes parents pour acheter des disques. Ceux de Gainsbourg entre autres mais aussi Bashung dont Osez Joséphine. Pour moi, les chanteurs que je préfère ont fait des œuvres. » C’est peut-être pour ça qu’il a eu envie de suivre leur chemin. Curieux et attentif, son public boit ses pa-roles, questionne et savoure l’ins-tant. Sans doute trop court mais de quoi leur laisser des souvenirs im-périssables. AURORE CHABAUD

L’ÉLÉGANCE, LA SOBRIÉTÉ ET… L’HUMOUR

Alex Beaupain apparaît dans la pénombre, entouré de ses musiciens, tandis qu’il fredonne Ektachrome. « J’en laisserai au placard des squelettes, pour te garder en tête. » Difficile d’écouter cette chanson sans penser à Aude, sa fiancée, qu’il a perdue à l’âge de 26 ans. Il s’avance dans la lu-mière, revêtu d’un costume bleu nuit, et continue à chanter de sa voix de fumeur. C’est beau et c’est triste, souvent. En revanche, on ne s’at-tendait pas à le voir faire des blagues. « Je ne vais pas vous mentir, tout le concert va être dans le même registre. Ça parle des choses qu’on oublie, des illusions qu’on a, des gens qui meurent et des attentats. » Il enchaîne sur Sitôt, un titre qu’il chante avec Clara Luciani sur son dernier album. « Cette chanson pourrait être sous-titrée : le sexe, une bonne idée, jusqu’au moment où on le fait. » Il sait aussi reprendre son sérieux avant de chanter Orlando, une chanson sur la tuerie perpétrée aux États-Unis. « C’est juste des gens qui s’embrassent, qui boivent un ou deux verres de trop… Et vont danser devant des glaces, à Orlando. » Pour un peu, il nous arracherait une larme. CLÉMENCE SIMON

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AU THÉÂTRE DE CHAMPAGNE

Maxime Le Forestier, le fidèle des Nuits Le bon « ami » du festival était de retour vendredi soir avec son fils Arthur en 1re partie.

Après Véronique Sanson la veille, c’est Maxime Le Fores-tier, autre ancien (double) in-vité des Nuits de Champagne, qui donnait un concert hier. Avec six passages, ce (grand) « ami » du festival n’a guère de rivaux en termes de fidélité si ce n’est Bernard Lavilliers, lequel totalise huit participations. On se souvient de « ses » Nuits, en 1994 et 2012, mais aussi de son spectacle de 2005, où il avait (re)chanté du Brassens (après une brillante prestation quelques années plus tôt dans le cadre de la saison des théâtres). En clair, sa présence régulière à Troyes n’atténue en rien le plaisir qu’on a à l’entendre chanter. Hier soir, Le Forestier n’est pas venu seul puisque son fils Arthur assurait la 1re partie. Un coup de pouce d’autant plus légitime que ce dernier a activement

participé au 16e album de son père et qu’il l’accompagne à la guitare pendant son tour de chant. Guitariste professionnel, Arthur Le Forestier aime lui aussi jouer du crayon, écrire des chansons. Avec Bruno, un musicien de Maxime, ils en ont enchaîné cinq. Guitare et guitalélé (un son très chouette) : ces deux-là ont planté le décor (musical) – les textes n’étant pas mal non plus (« Je veux finir ma vie empaillé ») !

LE FORESTIER & FILS

Après l’entracte, la voie était ou-verte pour Maxime Le Forestier, qui est entré en scène sous les ap-plaudissements du public du théâtre de Champagne, comble comme à chaque fois. Bien sûr, le père a chanté avec le fils, et leur version de L’éducation,

l’un des classiques du chanteur, a plu à la salle. Mais c’est Avec une guitare que l’homme de San Francisco a débuté son concert un peu plus tôt. « On a tout à rêver quand on porte une gui-tare », a-t-il chanté – des mots qu’on pourrait mettre en exergue de ce spectacle. Engagé, ce compa-gnon de route des Nuits de Champagne l’a toujours été, et avec Ça déborde, il délivre, à son tour, un message dans l’air du temps : « Même au milieu des ordures/Laissons pas tomber la nature. » On ne se lasse jamais de Le Fores-tier, de sa guitare, de sa voix, de ses textes. Alors on est de revoyure quand, Maxime ? RODOLPHE LAURENT


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AU CUBE

Mille degrés dans la soirée avec Lomepal

Le Cube est devenu complètement dingue vendredi soir, pour accueillir le rappeur. On ne va pas se mentir, à titre personnel, on attendait ce concert depuis des mois. Mais il a fallu prendre notre mal en patience et attendre la fin de la première partie pour espérer voir une partie du show de

Lomepal. On n’était pas les seuls à s’impatienter. Le rappeur Pasteur remplit sa part du boulot, et chauffe la salle à blanc. « C’est bien, mais ce n’est pas Lomepal », entend-on à côté de nous. C’est clair : on n’attend plus que lui. « Vous êtes beaucoup trop chaud ce soir », lance le jeune artiste.

C’EST BEAU LA FOLIE

La température n’est pas près de re-

descendre. Encore quinze minutes d’attente. C’est long, mais Lomepal sait qu’il peut se faire désirer. Soudain, l’orage gronde. Des bruits de skate s’élèvent. « Cette putain de vie n’est qu’un jeu et je suis encore un môme…Pas de leader pas de maître. » Lome-pal apparaît enfin, dans une scénographie soignée. Et ça démarre très fort avec Mômes, l’un des titres phares de son deuxième album. « Jeannine est sorti il y a six mois.

Ça va les cordes vocales ? Vous chantez avec moi, Troyes ? » Pas besoin de se faire prier, la salle connaît absolu-ment toutes ses chansons par cœur. Tout particulièrement le refrain de Lucy, scandé comme un slogan par un chœur légèrement insolent : « Baise le sy-sy-système, t’aimes pas trop le 6-6-6 mais le 6-66 t’aime. »


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Lomepal dialogue avec son public, et continue de se livrer en musique. « Utiliser des morceaux de ma vie, il n’y a que ça que je sais faire. » Une parfaite entrée en matière pour le superbe Beau la folie. Notre coup de cœur. « Bon les amis, comment dire… On va passer à la deuxième partie du show. » Lomepal prévient, ça va être sportif. Avec Malaise, la température re-monte. « C’est au moins la 150e date de la tournée. À chaque fois, on voit des gens de plus en plus fous. Est-ce qu’on est capable de rentrer en transe à Troyes ? Est-ce qu’on est capable de devenir complètement fou ? » Pari te-nu. « Après ce morceau, normalement, je sais plus rien faire », lance le rap-peur avant de chanter Ma cousin. On attend la fin pour quitter la scène, la mort dans l’âme : contraintes de bouclage oblige. « Putain de fête à mille degrés », chante Lomepal, en osmose avec son public. Il a tout résumé. CLÉMENCE SIMON

« ON A PRÉVU DE FAIRE VACHEMENT DE BRUIT »

Les fans étaient déjà une bonne trentaine à attendre, hier après-midi, devant le Cube. « On est arrivées à 16 h, indique Sarah, 18 ans, venue avec Prudence. On avait peur de ne pas avoir de place devant. » Si, plus tard, la moyenne d’âge sera un tout petit peu plus élevée, à cette heure, on trouvait surtout des adolescentes. Comme ce groupe de huit lycéennes de Troyes, venues en bande pour écouter leur rappeur préféré… Et se faire entendre. « On n’a pas de pancartes, mais on a prévu de faire vachement de bruit ! » En attendant, elles jouent aux cartes, ou parlent de la réédition de l’album Jeannine, sortie jeudi à minuit. Hier, Cheyenne avait déjà le CD entre ses mains : « Mon tonton me l’avait pré-commandé », explique-t-elle. Flash, nouveau titre de Lomepal, est déjà la chanson préférée de plusieurs. Pour Nathan, c’est Mômes qui retient son attention. « Elle est plus dynamique, et il a des paroles profondes. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il n’est pas matérialiste. » C.S.

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À L’ESPACE ARGENCE

Quel frisson ! 850 voix et « un choeur » qui a battu vendredi soir au rythme de la musique. Celle de Marc Lavoine, des Innocents et de Camélia Jordana, pour 1 h 15 de frissons. Après des mois de préparation et une semaine intense de ré-pétitions, le grand jour est arrivé pour les 850 choristes. 850 voix, 850 cœurs à l’unisson pour 1 h 15 de spectacle. Un moment attendu tant par les choristes, les artistes invités d’honneur que par le public, au rendez-vous de cette première des trois séances du Grand Choral. Vous vouliez de l’émotion ? Vous allez en avoir. Car quand les voix s’élèvent et font résonner les tubes de Marc Lavoine, Les Innocents et Camélia Jordana, la magie se met en place et opère doucement mais sûrement auprès des spectateurs. Dix-huit chansons, dix-huit tubes que l’on connaît par cœur ou presque, que l’on ne peut s’empêcher de fredonner tant elles sont dans la mémoire collective.

« ON N’EN MÈNE PAS LARGE »

Hier soir, le Grand Choral a emme-né les spectateurs « courir dans les tournesols, marcher dans les champs de blé ». Du Parking des anges à L’autre Finistère, il a offert un sacré voyage musical. Non, non, non, Camélia n’était pas là (l’artiste a dû renoncer à sa participation en rai-son du tournage d’un film) mais oui, oui, oui l’émotion était au rendez-vous. Les frissons aussi. Grâce à l’interprétation remar-quable et touchante de Paris de Marc Lavoine par La Troupe puis par l’arrivée tant attendue des invi-tés d’honneur. Des « hommes ex-traordinaires, » des musiciens hors pair : Les Innocents, interprétant avec les 850 choristes Opale et J’ai couru. « On devrait parler comme dans un concert normal mais ce n’est pas un concert normal. On n’en mène pas large. C’est très impressionnant et très beau », glisse encore sonné J-P Nataf entre les deux titres. Eux aussi sont submergés par la beauté de ces voix, qui dé-ferlent sur eux telle une vague d’émotion. Et c’est loin d’être fini. Pendant 1 h 15, le Grand Choral enchaîne les tubes tels que Chère Amie, J’ai tout oublié, Un monde parfait, Apache, sous la houlette de chefs de chœur au top de

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leur forme. Avant un final en apothéose avec l’artiste parrain de cette 32e édition du festival des Nuits de Champagne. Les spectateurs ne voulaient « qu’il » et ils se sont même payé l’audace de s’offrir « une biguine » avec l’homme aux yeux revolver Marc Lavoine. Finalement, il suffisait d’un Grand Choral hier pour « colorer la foule.» AURORE CHABAUD

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