INSTANT ARDENNAIS

TROMBI

ILS FONT L’ÂME DU FESTIVAL

COULISSES LES DESSOUS DE LA CRÉATION

SPÉCIAL MARIONNETTES

Sous nos yeux ébahis

Qu’il est appréciable de voir notre belle ville en pleine effervescence lors de rendez-vous incontournables comme le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes ! Pendant 9 jours, Charleville-Mézières va s’animer et vibrer au rythme d’un art que les aficionados du monde entier se pressent pour voir et que les locaux vivent avec engouement. Avec pas moins de 452 représentations, 18 premières mondiales et 500 bénévoles, le FMTM affiche encore cette année une ambition très forte, celle de faire de la cité rimbaldienne ce qu’Angoulême est à la bande dessinée, le centre névralgique et reconnu de tous de la création marionnettique contemporaine. D’ailleurs, au-delà de l’ambiance palpable qui règne dans les rues et les lieux de représentation, sommes-nous vraiment conscients de la richesse et de la diversité d’un tel événement ? Prenons-nous la mesure de toute l’énergie déployée et des personnes impliquées dans son organisation ? Ce sont les questions auxquelles nous avons voulu répondre en vous proposant un numéro exclusif de l’Instant Ardennais dédié au festival. Pour mettre en lumière toute la créativité et l’énergie déployées. Pour vous montrer l’envers du décor, à la rencontre de celles et ceux qui s’attachent à le faire vivre et évoluer. Pour détailler les thèmes et les réflexions qui s’inscrivent dans les enjeux sociétaux actuels. Pour raconter de beaux projets inclusifs qui utilisent la marionnette comme outil de méditation. Nous vous souhaitons une belle édition 2023 et espérons que vous vous laisserez embarquer dans la rêverie, la poésie et la magie qui vous attendent. Bonne lecture !

Alizée Szwarc Meireles

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Lifestyle SUIVEZ-NOUS instant_lifestyle TOUS LES JEUDIS un condensé d’inspiration

HORS SÉRIE du journal l’Union l’Ardennais. Éditeur de la publication : journal l’Union. Directeur de la publication : Daniel Picault. Éditeur délégué : Nicolas Fostier. Pilotage éditorial : Alizée Szwarc Meireles. Coordination Manon Postal. Pour contacter la rédaction : redactioninstant@rosselestmedias.fr. Pour contacter la publicité bsimar@rosselconseilmedias.fr. Photo de couverture : Christophe Raynaud de Lage. Régie publicitaire : Rossel Conseil Médias Est, 38, cours Briand, 08000 Charleville-Mézières. CPPAP n° 0425 C 86339. Direction artistique et conception Prémédias du journal l’Union. Imprimé par Le Réveil de la Marne, 4 rue Henri-Dunant, B.P. 120, 51204 Epernay Cedex. ISSN 2968-7128. Dépôt légal : à parution. Provenance du papier : Maastricht (Pays-Bas). Les papiers utilisés sont certifiés PEFC 70 % (fibre de bois issue de forêts gérées durablement). L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

CATALOGUE

PORTRAITS

Charline Dupont

LA COMMUNICANTE PASSIONNÉE

Elle est l’une des cinq salariés permanents du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes. Elle qui est « née ici », à Charleville. « Mon premier festival, je l’ai fait dans le ventre de ma mère en 82 », rigole Charline Dupont. Elle a vu changer, évoluer, se professionnaliser ce rendez-vous qu’elle « adore ». « C’est un moment durant lequel on fait revenir nos proches, nos familles… C’est une fierté de faire partie de l’organisation. » Vingt ans qu’elle s’attache à le promouvoir. Elle qui, finalement, a grandi avec lui. « J’ai commencé ici en 2003 comme stagiaire », a signé son CDI en octobre 2004 et ne se voit pas finir sa carrière ailleurs. « J’ai la chance d’avoir un métier passion, pourquoi j’en changerais ? Chaque édition est différente. C’est un festival unique. »

Sans eux, le festival des marionnettes ne pourrait sûrement pas avoir lieu. Ils sont couturiers, régisseurs son ou encore coordinateurs… travaillent dans l’ombre, et sont rarement aux spectacles. Découvrez le parcours de celles et ceux qui font la beauté d’un tel événement.

Texte : Margaux Plisson et Mélanie Demarest

Photos : Fabien Legay

Christiane De Meyer

LA COUTURIÈRE AUX DOIGTS DE FÉE

Jacqueline Faure-Brac

L’HÉBERGEUSE AUX BRAS OUVERTS

Le jour où elle n’arrivera plus à coudre, sa vie s’arrêtera. Cette Carolomacérienne de 95 ans a commencé à 4 ans, un peu par hasard, puis brodait des chemisiers à ses camarades pendant la guerre. Avant d’être vendeuse-retoucheuse dans un magasin, place Ducale, puis responsable de la mercerie. Lors d’une édition du festival, la couturière réalise sa vitrine avec des marionnettes. Très vite, elle est repérée par l’équipe qui prépare l’ouverture de l’ESNAM (Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette), une école dans laquelle elle sera employée jusqu’à ses 90 ans avant de devenir bénévole. Elle accompagne chaque promotion dans la confection de leurs costumes, ainsi que de celles de leurs marionnettes. Pour elle, le festival, résonne avec retrouvailles des anciennes promos, et couture d’urgence en cas d’accident.

LE SPÉCIALISTE DE TUBAGES TOUTES ÉNERGIES

Depuis une dizaine d’années, la Carolomacérienne, âgée de 66 ans, ouvre ses portes aux artistes ou techniciens. Pour elle, devenir hébergeuse était une évidence, une manière de soutenir le festival de son enfance. Alors, dès que les enfants ont quitté le nid familial, elle et son mari François ont commencé à recevoir du monde pour une nuit ou deux, ou trois… Comme Andy, un marionnettiste américain avec qui le couple continue de s’entretenir au moins une fois par mois. Et quand la jeune retraitée de l’enseignement n’est pas en train de préparer un petit-déjeuner aux invités du jour, elle porte main-forte à la billetterie. Là encore, avec l’idée d’aider au maximum au bon déroulement du festival.

Portraits

Antonin Lebrun

DIRECTEUR D’ARTS

Ce Brestois de 37 ans a découvert les marionnettes, un peu par hasard... Passionné de théâtre – un art qui occupait l’enfant solitaire qu’il était - et de bande dessinée, c’est l’un de ses professeurs du Conservatoire qui lui souffla l’idée d’intégrer l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette. Il quitta alors la Bretagne, région où peu de monde connaît la marionnette, pour les Ardennes. Le trentenaire est d’ailleurs fier d’avoir créé la première compagnie de Brest : Les Yeux Creux. Ses spectacles, ce directeur artistique les imagine à partir d’images et de dessins, avant de décider l’équipe dont il aura besoin. Pour cette 22e édition du festival, il présentera Terreur, un spectacle construit à six mains.

Christophe Milhau

DU IN AU OFF, LE COORDINATEUR AU SERVICE DU LIEN SOCIAL

Il a été jeune bénévole, « un peu plus vieux » bénévole, salarié du in… Le festival fait partie de la vie de Christophe Milhau. Douze ans qu’il a fait son entrée au centre social André-Dhotel comme coordinateur. Avec cette idée « d’utiliser la culture pour favoriser le lien social ». Alors la diffusion de spectacles du festival off colle parfaitement à sa volonté. « Ça contribue à ne pas laisser de côté toute une frange de la population. » Sept ans que le centre accueille du off. « Toute l’équipe est mobilisée. » Soudée, dans la droite ligne de la renommée du FMTM. « Le fait de solliciter les gens dès le départ, ça a tissé des liens. Et depuis tout ce temps, ça se perpétue de génération en génération. » S’il ne devait garder qu’un mot pour l’évoquer ? « Sourire », répond-il sans hésiter. « Voir les enfants, les parents avoir la banane et passer un bon moment, c’est super agréable avant la grisaille de l’automne. C’est un peu notre été indien à nous. »

Portraits

Création et entretien de parcs et jardins

Terrasses

Clément Bocquillon

LE RÉGISSEUR RÉGLÉ COMME DU PAPIER À MUSIQUE

Le croiser lors d’un spectacle est presque impossible. Il fait partie de ceux qui préparent les spectacles mais qui n’ont pas le temps de les regarder. Du haut de ses 39 ans, l’homme originaire de Charleville-Mézières signe déjà sa huitième participation. Il faut dire que malgré des études à Reims et des premiers boulots à Paris, ni les marionnettes qui ont accompagné son enfance, ni même la ville n’ont quitté son cœur. C’est d’ailleurs lors de la première édition du Cabaret Vert qu’il réalisera son envie de devenir régisseur son. Et de poursuivre avec le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes. Il commence en 2009, avant de monter à la régie générale en 2019. Concrètement, il s’occupe d’obtenir le matériel technique nécessaire à chaque spectacle et de le mettre en place.

– 36 ans de savoir-faire –

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CE QUE VOUS NE SAVIEZ PAS

452 représentations dont 389 en salle, soit une moyenne de 50 représentations par jour !

sur le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes

PROGRAMMATION

18 premières mondiales et 19 premières en France (+ d’1/3 de la programmation)

TECHNIQUE

25 tonnes de matériel

971 projecteurs

1 870 mètres de tapis de danse

5 salariés permanents

22 coproductions (spectacles soutenus financièrement par le Festival)

520 triplettes

5 000 mètres de pendrillons

119 salariés pour le festival (5 permanents + 10 contrats temporaires + 104 intermittents)

34 965 mètres de rallonges électriques

22 tonnes de gradins

14 reportages TV et 1 émission spéciale

51 émissions de radio

500 bénévoles

145 parutions presse écrite et web

Environ 450

programmateurs présents du monde entier à chaque édition

HISTORIQUE

Festival créé en 1961

Centenaire de la naissance de Jacques Félix (1923 – 2006)

70 associations et structures partenaires

REPAS 4 213

repas pour les artistes et équipes techniques pendant le festival

HÉBERGEMENT DES ARTISTES

1 690

nuitées (dont 1 083 chez l’habitant)

ENTREPRISE FAMILIALE DEPUIS 1912

FLEURISTERIE - JARDINERIE

Venez et lai ez-v s tenter !

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Les thématiques du festival à la loupe

Dans la programmation du festival, certains spectacles sont estampillés d’une thématique. Elles rassemblent chacune entre sept et trois des 89 pièces à l’affiche. Pierre-Yves Charlois, directeur du festival, explique comment elles ont émergé : « Quand on regarde ce que proposent les artistes, on se dit : Là, il y a quelque chose qui se dégage ! On a essayé de le nommer, pour que cela donne une information au spectateur. On a demandé leur accord aux compagnies pour être regroupées dans ces grandes thématiques. » Il a accepté de nous les détailler.

1 - (Des)humains

« C’est la dénonciation ou le constat d’une société qui s’accélère et pour laquelle on cherche à ‘‘augmenter’’ l’homme ou la femme. Cette tendance croît depuis des décennies mais aujourd’hui, dans un monde en crise, on atteint un paroxysme et peut-être que c’est ce qui donne aux artistes le besoin de se pencher sur cette question. Certains le tournent de manière très ludique, comme Big Bang, qui me fait penser au film Wall-E ; d’autres par l’absurde, comme dans Simple Machines. »

2 - Présences invisibles

« C’est propre à la marionnette, de donner vie à quelque chose d’inerte. C’est magique. Il y a plein d’entrées à

cette thématique : il y a ce que l’on ne voit pas mais qui nous fait agir quand même, qui nous accompagne, des présences fugaces ou éphémères. Maison de poupée, par exemple, ce sont toutes ces présences qui nous ont constituées en tant que personne et qui continuent à nous accompagner, voire à nous hanter. La compagnie Yôkaï, elle, travaille aussi sur l’illusion. »

3 - Corée du Sud

« Il se trouve qu’en Corée du Sud, il y a une ville, Chuncheon, qui abrite le plus grand festival de marionnettes du pays. Ils sont en train de construire une école pour les marionnettistes. Quelques intervenants de l’ESNAM sont allés là-bas. Ce focus Corée du Sud, c’est une main tendue, peut-être la première pierre d’une coopération plus structurante à venir. »

4 - Sur les frontières du genre

« La liberté sexuelle est une question qui taraude nos gênes, ce sont de vraies préoccupations. La parole est un peu moins libre, je trouve, aujourd’hui. Alors que c’est peut-être une des dernières libertés d’être ce qu’on est, tant qu’on n’empiète pas sur la liberté des autres. C’est drôle de voir comment Shakespeare peut s’en amuser ou comment les contes de fées sont très genrés. »

5 - Passeurs d’histoires

« On a fédéré sous un seul chapeau l’idée qu’un spectacle va traiter de la grande histoire avec des petites histoires. Ou comment on tourne à l’universalité du propos à partir d’expériences individuelles. »

6 - Combattantes

« Cela fait plusieurs décennies que cela dure mais il ne faut rien lâcher. Être une femme en 2023, c’est quoi ? On parle de charge mentale et de ce que la femme doit affronter aujourd’hui. »

7 - Chroniques sociales

« Blick théâtre engage une trilogie sur l’état du service public en France, Eduardo Felix va traiter du fascisme et la Compagnie Sitio raconte l’histoire de quelqu’un qui s’est fait broyer dans la machine du travail à outrance. Tous ces spectacles sont des premières. Là, on est vraiment sur le traitement marionnettique d’une situation sociale, qui permet une prise de recul critique. »

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Texte : Claire Martin Delozanne

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ART

Rencontre avec… Eduardo Felix

Comment vous présenteriez-vous en quelques mots ?

Je m’appelle Eduardo Felix et je suis le metteur en scène de la compagnie Pigmalião Escultura Que Mexe, qui a maintenant 16 ans. On travaille toujours sur des problématiques philosophiques, avec provocation, pour faire réfléchir le public. De formation, je viens des beauxarts mais cela se mélange bien avec le théâtre.

Parlez-nous du spectacle que vous proposez au festival, Fables anthropophagiques pour les jours fascistes. Les animaux sont présents partout dans notre travail et nous avons cherché une manière de parler des fables. Elles sont connectées à l’enfance et la marionnette, c’est la même chose. Mais on peut travailler sur des thématiques profondes : je crois au pouvoir de la marionnette, quand elle est vraiment vivante, de faire écouter.

Ce que l’on voit maintenant au Brésil et un peu partout, je crois que c’est le fascisme sur le retour. C’est un cycle qui revient toujours : ces questions de pouvoir, on en parle depuis Ésope. J’ai connecté ses fables avec l’œuvre d’une philosophe brésilienne, Márcia Tiburi, qui parlait déjà de fascisme avant tout le monde.

Fables anthropophagiques pour les jours fascistes. Pigmalião Escultura

Que Mexe – Brésil. 1h – Dès 14 ans – Français. Centre culturel de Nouzonville (navettes gratuites depuis Charleville). Jeudi 21 septembre à 18 et 21 heures – Vendredi 22 septembre à 10 et 15 h. Comédiens : Aurora Majnoni, Eduardo Felix, Igor Godinho, Liz Schrickte.

Quelle forme prend ce spectacle?

C’est un spectacle de marionnettes à fils hyper réalistes et détaillées, avec d’autres surprises pour le public. J’ai réalisé l’adaptation des fables accompagné de Márcia Bechara, qui habite en France.

Ferez-vous d’autres apparitions au festival, en plus de ce spectacle ?

Pour cette fois, on ne participe qu’avec ce spectacle. Mais le samedi 23 septembre, je vais faire une performance au bar du festival : un modelage de Jacques Félix devant le public. Je l’ai déjà fait en 2017. C’est drôle, parce que tout le monde pense que je suis de la famille de Jacques et Jean-Luc Félix, parce que je m’appelle Felix aussi, mais non !

Que représente pour vous le Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières ?

Le festival de Charleville-Mézières est connu dans le monde de la marionnette, c’est la capitale de la marionnette, pour nous. C’est un rêve d’y participer. Je me sens comme dans ma propre ville quand j’arrive ici. On a déjà participé au festival en 2015 et 2019 et j’aimerais que ce soit à chaque fois. En juin, nous avons fait, au Brésil, la première de « Éléphanthéâtre » : c’est un éléphant énorme avec un théâtre au ventre et au moins huit marionnettes dedans. Cet éléphant, je rêverais de le voir sur la place Ducale.

Texte : Claire Martin Delozanne - Photos : Eduardo Felix, Liz Schrikte

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CHRONO EXPRESS

Le petit festival devenu grand

1961 : Naissance du festival par les Petits Comédiens de chiffons présidé par Jacques Félix.

1976 : Il devient triennal puis biennal en 2009.

2015 : Il atteint les 168 000 visiteurs.

Claire Pellerier

Se laisser porter, surtout ne pas chercher à tout comprendre. C’est en suivant ce fil que Claire Pellerier est devenue accro aux mario. Cinquante ans de festival au compteur, un œil devenu expert mais toujours ouvert, elle est notre grand témoin.

Votre première fois marionnettique?

C’était en 1976. Un seul spectacle : du Wayang Kulit, un artoriginaire d’Indonésie qui mélange théâtre d’ombres et marionnettes articulées. J’avoue, c’était un peu hermétique. Mais en même temps, j’étais élève infirmière et je découvrais un événement à Charleville où ça parlait plein de langues du monde entier. J’ai un peu décroché, et puis en 1985, je me suis laissée happer, en posant une journée de repos pour aller voir des spectacles puis deux et enfin des vacances entières.

Comment le festival a-t-il évolué ?

Depuis les années 2000, la marionnette est sortie de son castelet. Les spectacles d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux des années 1960. Il y a de moins en moins de fil, peut-être parce que la manipulation est plus complexe, et l’objet est en train d’exploser un peu partout. Parce qu’il permet une créativité sans limites ou quasiment, il est aussi plus léger et laisse plus de place à la narration. Il n’y a rien à jeter dans l’histoire du festival. Mais je dirais que la direction d’Anne-Françoise Cabanis a amené le festival à un niveau de qualité qui aujourd’hui en fait une référence mondiale dans le milieu professionnel.

Vos coups de cœur ?

La créativité des artistes m’émerveille toujours, c’est quand même ça, le cœur du festival. Il y a eu la grande exposition africaine et le focus asiatique au début des années 1990... Et puis, il y a des artistes qui m’ont éblouie. Comme Ilka Schönbein, découverte à un coin de rue de Charleville. Son corps, c’est son castelet, elle a tout sur elle. Ça a été très fort. La rue, de manière générale, c’est une réserve à pépites. Mobydick aussi : incroyable, grandiose par la compagnie Plexus polaire. Mais tout mérite d’être vu, il y a toujours des décors, des effets sonores… il faut juste écouter, voir. Ceux qui sont déçus sont souvent ceux qui veulent tout comprendre.

Vos trois incontournables pour un festivalier d’un jour ?

Outre la multitude de spectacles en salles, un petit tour place Ducale, évidemment, où il y a une belle programmation de spectacles gratuits. Ensuite, aller voir la compagnie hybride d’Alan Payon, les Enfants sauvages, qui mêle théâtre, danse, marionnettes salle Jacques-Brel. Le soir, le Parc Pierquin pour son ambiance. Et puis, il y a toujours des petits lieux ouverts, qu’on découvre comme ça à la sauvette du style... alternatif.

Entre

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« La créativité des artistes, c’est le cœur du festival »

Texte : Manessa Terrien - Photo : Hervé Dapremont

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ÉCLATS DE RIRE

Deux danseuses sont entourées de sept bébés, âgés de dix semaines à sept mois environ. Sur fond de musique douce, l’une d’elles s’allonge près d’un tout-petit et lève une jambe, puis l’autre. Au bout de quelques secondes, l’enfant l’imite et sourit. L’autre artiste se cache derrière un foulard avant de réapparaître, provoquant l’éclat de rire d’un bébé. Elle passe doucement le tissu sur son visage de poupon. C’est une matinée presque ordinaire à la crèche Le Berceau d’Arthur, près du centre hospitalier de Charleville-Mézières. Cette « crèche artistique » accueille des artistes en résidence durant deux semaines trois fois par an, en partenariat avec le Festival mondial des théâtres de marionnettes. Début juin, c’est la compagnie Zapoï qui y était installée.

« On remarque que les tout-petits sont à l’écoute et qu’ils regardent, il n’y a pas de pleurs », commente durant la séance Brigitte Bougeard, éducatrice de jeunes enfants du multi-accueil et moteur de ce projet de crèche artistique. Observant chaque bienfait sur le bien-être et la motricité des bébés présents, elle ajoute : « Notre volonté, c’est que l’art et la culture arrivent dès le plus jeune âge. C’est maintenant qu’ils absorbent tout. »

Encore !

Changement de salle et d’ambiance. Les artistes arrivent chez les plus grands. À l’annonce du « spectacle » à venir, ils affluent. Derrière une structure faite de matelas noir et bleu de formes géométriques,

Des marionnettistes à la crèche

Camille la danseuse fait apparaître, disparaître et danser en musique différents objets et personnages : plumes, tête de flamant rose, mouton en plein défilé... Les enfants en réclament « encore ! », avant les « bravo ! » finaux. Après le spectacle, c’est à leur tour : échauffement, tempête de tissus, danse sur tous les styles de chansons et retour au calme sur une musique douce.

« Recherche artistique »

« La vraie particularité de cette crèche artistique, c’est que je n’ai pas l’impression de faire de l’animation, revendique Stanka Pavlova, co-fondatrice de la compagne Zapoï et spécialisée dans les spectacles pour tout-petits. Je suis en recherche artistique. On est là pour jouer un spectacle que l’on souhaite interpréter dans les crèches, explorer avec les enfants différentes manières de le faire et voir comment on peut l’adapter : durée, rythme, objets utilisés... » Installés dans une salle de l’étage, les artistes en résidence font partie intégrante de la vie de la crèche et peuvent échanger avec les professionnels de la petite enfance. Leurs retours sont d’autant plus importants qu’un spectacle pour toutpetits se destine également aux adultes : leurs parents.

Durant le festival, la compagnie Zapoï interprète Zébro, le spectacle créé durant cette résidence, dans des crèches. Elle est aussi à l’affiche avec Zèbres, mardi 19 et mercredi 20, salle de la Citadelle.

Ludovic Billard

L’ART SUCRÉ

Entrez... Savourez... Succombez...

Texte : Claire Martin Delozanne - Photos : Hervé Dapremont

Le Centre Caravaning de l’Est, UNE HISTOIRE FAMILIALE ET ARDENNAISE DEPUIS 60 ANS !!!

Dans les années 60, à Sedan, Gabriel Didelon reprend la cordonnerie de son père et la transforme en magasin d’articles de sport et de camping. Il reçoit alors la visite du dirigeant d’une grande marque française de caravanes à la recherche de distributeur dans les Ardennes.

C’est en 1963 qu’il ouvrira le Centre Caravaning de l’Est à la sortie de Sedan. Mais en 1972, avec la construction de l’autoroute Sedan-Charleville le magasin est dans l’obligation de déménager et trouver un nouveau lieu. Il s’implantera alors au hameau de Pont-à-Bar à Dom-le-Mesnil.

En 1987, Yann Didelon succède à son père et modernise l’entreprise en testant un nouveau concept qui fait ses débuts sur le marché : le camping-car.

Depuis, l’entreprise n’a cessé d’évoluer pour répondre aux besoins de ses clients et s’adapter aux évolutions du marché.

Fort de son expérience, Le Centre Caravaning de l’Est est le spécialiste ardennais du véhicule de loisirs. Son équipe de professionnels vous conseillera sur le choix du véhicule le plus adapté à votre vie de baroudeur, parmi sa large gamme de marques : Chausson, Adria,

Bürstner, Campérêve, Caravelair, Dreamer, Hobby, Hero Camper, Itineo, Rapido et Westfalia. Vous avez déjà votre véhicule ce qu’il vous manque c’est des équipements, le centre caravaning peut vous aider avec son magasin d’accessoires...

Vous hésitez encore ? Venez visiter l’intérieur des véhicules exposés dans nos halls pour vous rendre compte du confort et de la praticité des équipements des caravanes, camping-cars, fourgons, vans.

LES ACTUS DE VOS COMMERÇANTS

Librairie Rimbaud

Lieu de vie culturelle, de rêves et d’évasion, la librairie Rimbaud vous ouvre une parenthèse et suspend le temps.

On s’y surprend à arpenter les étages et à serpenter au milieu de milliers de livres. De la Pléiade à la pop culture, des pleins et déliés de l’écriture d’hier aux mondes virtuels et digitaux de demain, venez avec nous libérer votre imaginaire et laisser la passion trouver son chemin.

26 rue de la République - 08000 Charleville-Mézières

03 24 41 00 12

contact@rimbaud-librairie.fr

rimbaud-librairie

LISSAC l’opticien Charleville

Créée en 2013, notre magasin souhaite rendre le savoir-faire LISSAC accessible à tous. Chacun est unique et nous avons à cœur d’être l’opticien de tous. Notre savoir-faire technique et notre sens de l’innovation, notamment dans le sur-mesure médical ou esthétique, font de nous l’enseigne plébiscitée des parents, des médecins et de tous ceux qui veulent porter des lunettes qui n’existent nulle part ailleurs.

10 avenue Jean Jaurès - 08000 Charleville-Mézières

03 24 35 72 88 - lissac.charleville@gmail.com

Festival off de rue

La marionnette animera de nouveau la Cité de Gonzague du 16 au 24 septembre. À cette occasion, la Ville de CMz organise le festival « off ». Le off de rue, ce sont plus de 80 compagnies du monde entier dans les rues et places de la ville et 3 collectifs chargés d’animer 3 sites : Panique au Parc dans le parc Pierquin ; Touche du Bois sur l’île du vieux Moulin et TADAM sur l’Esplanade Louis Auboin.

Pensez au chapeau !

Infos : Service Action Culturelle : 03 24 32 44 40 culture@mairie-charlevillemézières.fr

Boulangerie Pâtisserie Chocolaterie Le Mont Olympe

Créé par Albéric au milieu des années 2000, L’ardoisier est devenu une véritable spécialité locale. Retrouvez l’original toujours fabriqué par Albéric et son équipe dans les Boulangerie Pâtisserie du Mont Olympe à Charleville-Mézières.

Lemontolympe © Laurent Rodriguez

7 rue du Moulin & 18 avenue d’arches - 08000 Charleville-Mézières

03 24 33 25 11 - lemontolympe@yahoo.fr

Le Grenier de Saint Lié

Yannick Vesseron, ardennais passionné d’antiquités, fort de ses 35 ans d’expérience, saura vous conseiller. Collectionneurs, amateurs d’art, amoureux d’objets anciens et vintage. Le magasin est ouvert du mercredi au samedi de 14h30 à 19h. Prochaines braderies les 23 et 24 septembre, 21 et 22 octobre, 25 et 26 novembre, 9 et 10 décembre.

Achat - Vente - Antiquités - Brocante - Vintage - Vide-Maison.

28 bis bd de Béthune - 08000 Charleville-Mézières

06 12 47 98 87 - www.legrenierdesaintlie.com

legrenierdesaintlie@orange.fr - Le Grenier de Saint Lié

ROADTRIP

dans des bâtisses d’exception, dont 6 sont situés place Ducale et un autre rue d’Aubilly, dans la belle maison à la glycine, deux autres à Rethel. Plus que de simples chambres, ce sont de véritables logements autonomes, respectueux de l’environnement, pensés et créés pour satisfaire l’exigence de clients en quête de sens et en recherche d’expérience inédite. Avec un accueil personnalisé et une multitude d’attentions, les Suites Mana cultivent ce petit supplément d’âme que Cindy Jeanne recherche également au volant d’une voiture.

Cindy Jeanne, la propriétaire des suites touristiques Mana, cultive l’art de bien recevoir et le goût du beau. Ses Suites Mana, un nom emprunté à la mythologie polynésienne, sont des meublés de tourisme 4 étoiles nichés

Cindy Jeanne, propriétaire de suites touristiques Mana

s’est prêtée à l’exercice de l’essai auto sur un nouveau modèle au lion qui l’a totalement séduite.

Texte : Mirko Spasic - Photos : Arnaud Gratia

ROADTRIP

Fiche technique

La nouvelle Peugeot 408 essayée est le modèle GT. Avec toit ouvrant, volant chauffant, visio park 360. Ses sièges AGR offrent dix réglages pour le conducteur et six pour le passager avant, actionnés électriquement sur le siège du conducteur. En version essence PureTech S&S 130 EAT8, le moteur 3 cylindres en ligne développe 130 CV pour un couple de 230 Nm CEE à 1750 tr/min. Dans cette version, son prix neuf est de 45 050 €.

Un nouveau style très dynamique

Dès la première prise de contact de la Peugeot 408 GT, devant la concession de Prix-lès-Mézières, c’est un coup de cœur. « La ligne est originale mais d’une grande élégance et très affûtée, très racée. Elle a un côté très dynamique, sportif et qualitatif. » Le nouveau « lion » sur la calandre fait lui aussi l’unanimité de l’essayeuse et de ses passagers, Julie et Dimitry, qui la secondent. Cinq personnes n’ont aucun mal à se loger à bord. Les sièges avant sont d’un grand confort, et les places arrières offrent un bel espace. « Son petit volant est sympa, très maniable. L’écran en relief est agréable, avec une belle vision et une très bonne définition de la caméra à 360º. »

De belles accélérations

Elle enclenche le mode « sport » : « on sent les accélérations ! » Elle résume : « ce nouveau style Peugeot est une belle découverte. La ligne fait l’unanimité. Elle dépoussière l’image que je me faisais de la marque. Et son prix est compétitif au regard de la finition », dit cette amatrice de voitures sportives et performantes. Du côté de la conduite, elle apprécie les commandes assez intuitives. « Il n’y a aucune difficulté pour la prendre en main. Elle a de l’énergie, une sacrée force. Elle est longue, mais se manie facilement. Ce bel essai estival, par temps sec et ensoleillé, est en tout plan surprenant et bluffant. »

Le Super Barionnette du 9 juin

À l’initiative du directeur PierreYves Charlois, les compagnies de théâtre de marionnettes ont investi les bars du centre-ville pendant près de neuf mois. Le succès de ces « barionnettes » va pousser le Festival à renouveler l’expérience, et l’étendre aux quartiers périphériques.

ON Y ÉTAIT

Il avait le sourire du devoir accompli. Vendredi 9 juin, Pierre-Yves Charlois, le directeur aux cheveux cuivre du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes a clôturé la première saison des « barionnettes », aux côtés de cinq étudiants de l’École nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam). Par cette initiative inédite, il voulait (re)plonger l’art marionnettique au cœur de la cité de Rimbaud, et là où on ne l’attendait pas forcément. C’està-dire dans des bars , comme l’emblématique Vert d’eau, rue de Flandre. Mais aussi Chez Georges, au Banana Joe, chez Josette ou encore au Vert Bock.

Les étudiants carolomacériens également sous le feu des projecteurs

En cette (très) chaude soirée de printemps, c’est donc au Vert d’eau que Marina de Munck et une poignée d’étudiants de l’Esnam ont en quelque sorte achevé leur année scolaire, en même temps qu’elles ont acté la fin d’une première saison de tournée des bars de la cité de Rimbaud. « Ce qui est intéressant, c’est le contact avec le public. Ces gens qui sont parfois surpris de nous voir arriver. Et se confronter à un public qui ne nous attend pas, ça nous permet de ne pas jouer notre vie. On peut se tromper, il y a beaucoup de bienveillance », développe la jeune femme aux nombreux tatouages, comédienne marionnettiste en deuxième année. Assise à la terrasse du Vert d’eau, elle ajoute que cette expérience lui permet de défendre des œuvres « de plus en plus grandes. »

Le bruit du verre qui s’entrechoque et des clients qui commandent

« Les bars, ce sont aussi des conditions particulières. Oui, vous avez du bruit. Il y a quelqu’un qui parle, un autre qui va aux toilettes et un barman qui nettoie ses verres », liste Pierre-Yves Charlois, joignant de grands gestes à sa parole. « Avant, on ne le faisait pas, et maintenant, les marionnettes s’ouvrent à la ville. Il faut en faire un élément du patrimoine ! », plébiscite François Béguin, ancien patron emblématique du bistrot et président du syndicat des cafetiers.

Après avoir investi les bars à raison d’une fois toutes les six semaines entre septembre et juin 2022, le Festival mondial compte bien récidiver à la rentrée, une fois l’édition 2023 achevée.

Texte : Lylian Casier - Photos : Hervé Dapremont

REN CONTRE

L’art au service des maux

Aurélie Hubeau travaille depuis des mois avec des femmes souffrant d’alcoolisme au centre hospitalier Bélair.

De leurs entretiens en tête à tête, elle est sortie lessivée, bouleversée mais pleine de leur vie cabossée. Un legs d’une humanité poignante qu’Aurélie Hubeau a pour mission de transmettre au public afin de mettre en lumière un phénomène encore tabou : l’alcoolisme au féminin. Pendant plusieurs mois, la marionnettiste carolo a recueilli la parole de femmes accompagnées par le centre d’addictologie de l’hôpital Bélair. « C’est l’histoire d’une vie pour chaque femme. Il y a toujours un point commun : des carences affectives fortes et des accidents de la vie. »

L’alcoolisme, un tabou féminin

Pour Anne-Marie, l’alcool fut tout d’abord festif et valorisant. « J’ai travaillé dans un lycée hôtelier où j’ai appris à apprécier, goûter l’alcool. Et puis, il y a eu mon conjoint avec qui ça se passait mal… livre-t-elle, pudique mais affirmée. Quand je me suis mise à boire toute seule, j’ai compris qu’il y avait un problème. » La confiance en soi qui dégringole mais l’obligation sociale de donner le change, des espérances du sevrage qui se diluent dans la rechute…

Parler de ces douleurs qui font son quotidien à une personne autre qu’une blouse blanche lui a fait du bien. « Et elle n’est pas la seule : toutes les dames sont ressorties avec le sourire après avoir parlé à Aurélie », confie Cécile Sylla. La cheffe du service qui accompagne ces femmes et leurs addictions est convaincue de l’intérêt de la médiation artistique dans le parcours thérapeutique, « un moyen d’expression bénéfique et complémentaire ». De ces conversations qu’elle a enregistrées, la Carolo a tiré une création sonore, partie intégrante d’une installation exposée à l’Institut international de la marionnette durant le festival. Celles qui trinquent donne non seulement la parole à ces femmes en bataille mais laissent aussi voir leurs propres créations : des sculptures d’argile réalisées cet été avec l’artiste, comme des représentations d’elles-mêmes. « Avec l’argile, le toucher est très agréable, c’est doux, mais en même temps, il faut y mettre de la force, se mettre debout pour le modelage (…) Le corps est dans l’action, et il fait sortir beaucoup de choses autrement que par les mots. »

Un travail profond sur des maux certes intimes mais qui questionnent notre regard collectif sur l’alcoolisme et l’alcool. L’objet de son prochain spectacle. Teaser : Un fil au milieu de la scène. Une marionnette, minuscule, 15 cm qui y chemine. Des lunettes à disposition des spectateurs. Pour vaciller, voir ou… rester

distance.

à

La marionnettiste carolo et fondatrice de la compagnie Méandres,

Texte : Manessa Terrien - Photo : Fabien Legay

Exposition au TIM (Théâtre de l’Institut International de la Marionnette) tous les jours du 16 au 24 septembre de 10h à 18h. Entrée libre.

Les marionnettes s’invitent à la maison d’arrêt

Comme chaque année, le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes et la maison d’arrêt de Charleville-Mézières ont créé une passerelle culturelle. 19 détenus ont été immergés dans un monde fantastique. Bilan avec Yvan Sarraire, directeur du Service pénitentiaire d’insertion et de probation des Ardennes, et Hervé Dapremont, photographe du projet.

Quelle est la genèse de ce projet pas commun ?

Y.S : Le partenariat entre le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes et le Spip (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) des Ardennes est historique. Il fait partie des besoins imposés, ceux de proposer chaque trimestre une activité aux personnes détenues, une possibilité pour elles de sortir de leur univers courant et d’y intégrer un peu de fantastique. Le Festival fait partie de la culture locale. Notre rôle est de faire valoir ce patrimoine et ce côté un peu unique sur le territoire.

Comment s’est déroulée cette initiation ?

Y.S : En mars, juin et juillet, les détenus ont eu des séances de trois heures pendant 12 jours au total. 19 détenus sur un total de 50 que compte la maison d’arrêt de Charleville-Mézières ont participé à ce projet. Tous des volontaires et de tout âge. L’objectif était d’afficher leurs travaux aux abords du cinéma Métropolis avec qui nous avons un partenariat, afin de valoriser le travail effectué.

H.D : L’atelier photo s’est mis en place en deux temps : un reportage sur chaque atelier de création de marionnettes et un temps où je donnais aux participants des conseils pour faire des photos. Les marionnettistes se sont adaptées à l’univers carcéral avec trois propositions simples et sécurisées : un travail autour du papier, style origami, un autre avec des marionnettes à gaine et un dernier sur le théâtre d’objets pour apprendre à raconter des histoires.

Quel message fallait-il leur faire passer ?

Y.S : Qu’ils soient fiers de ce qu’ils ont fait, qu’ils sont capables d’autre chose, qu’ils ne s’inscrivent pas seulement dans un parcours de délinquance. Parce qu’un être humain ne se résume pas qu’à ça. Ce programme fait partie de l’activité par la réinsertion. Ça passe par l’insertion professionnelle mais aussi par la culture.

Et qu’en ont-ils retenu ?

Y.S : Le meilleur retour qu’on puisse avoir. C’est-à-dire que sur l’intégralité des personnes détenues choisies, toutes ont été présentes lors de la dernière session. Ils se sont appliqués avec constance. Il faut être conscient que c’est un challenge pour un détenu. C’est aussi pour ça qu’on essaie de proposer des activités culturelles diversifiées.

H.D : Les participants ont fait preuve de beaucoup d’imagination et se sont lâchés. On a notamment beaucoup parlé d’amour dans l’atelier sur le théâtre d’objets. Je pensais qu’il y aurait plus d’inhibition due au milieu carcéral et au final, ça les a vraiment sortis de leur quotidien. Ils se sont pris au jeu.

Quels enseignements personnels tirez-vous de cette expérience ?

H.D : C’est la première fois que je travaille sur un projet de la sorte et également que je propose des ateliers pour des adultes. Une double nouveauté pour moi, donc. Passée la première réaction où l’on se dit que l’univers est particulier, les préjugés tombent très rapidement. J’ai trouvé cela très enrichissant humainement et professionnellement.

Exposition à retrouver sur le grand mur près du Cinéma Métropolis à partir du 13 septembre.

Propos recueillis par Julien Leprieur et Alizée Szwarc Meireles Photos : détenus de la maison d’arrêt de Charleville-Mézières