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STREET ART

La Rocroyenne est une artiste engagée, féministe. Deux termes qui vouent l’admiration autant qu’ils crispent en 2023. « Le féminisme reste un gros mot, mal perçu par certaines personnes, regrette-t-elle. Être féministe c’est être consciente qu’on vit dans une société patriarcale depuis 12 000 ans et qu’on s’active pour que les femmes mènent une vie meilleure. »

Avec sa colle à farine, « pour ne pas détruire les murs des villes », elle expose des femmes, leur vie, leur conquête en quelques mots. « Une façon aussi de se réapproprier la ville. » Ce femmage, cette collection compte 120 portraits, téléchargeables sur sa page Facebook, Amande Art, et que des colleuses d’ici et d’ailleurs affichent de Paris à Lille jusqu’à Belfast, en Irlande du Nord.

Peinteresses, médeciennes, salonnières, ces femmes méconnues qui mériteraient de l’être

Elles sont peinteresses, médeciennes, salonnières. Des noms communs disparus mais qu’Amande tient à employer. « Après le XVIIe siècle, on a supprimé ces termes. Mais féminiser ces mots apporte de la visibilité et contribue à gagner l’égalité. »

Ces scientifiques, politiques ainsi exposées, permettent aussi de « montrer aux petites filles que les femmes ont fait de grandes choses. Et qu’elles ne sont pas l’exception ». Un travail qu’elle a débuté au moment du covid et qu’on mettrait volontiers en parallèle des « Culottées », de l’autrice Pénélope Bagieu. « Chaque fois que j’écris des portraits, j’en tire une force. Je me dis wahou, elle a été capable de faire ça. » Elle cite Sophie Germain, une mathématicienne « qui m’a marquée ». Parce que cette femme du XVIIIe siècle a dû lutter pour étudier les maths, comme son frère. Elle nomme Rosa Bonheur qui a réussi à vivre de sa peinture au XIXe siècle. Elle évoque la chanteuse Anne Sylvestre, l’une des premières qu’elle a dessinée. Quelques noms parmi « une infinité de femmes méconnues qui mériteraient tant de l’être ». Un travail de longue haleine, un combat.

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