LES VOIX D’OR
Pour la seconde fois dans l’histoire des Nuits de Champagne, Bernard Lavilliers est l’invité d’honneur du festival qui se déroule du dimanche 20 au samedi 26 octobre. Il sera accompagné par Tiken Jah Fakoly et Bonbon Vodou.
SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
MERCREDI 23 OCTOBRE LE CUBE
Bernard Lavilliers en version symphonique et polyphonique
Invité d’honneur des Nuits de Champagne pour la seconde fois, Bernard Lavilliers se dévoile à la fois en version symphonique et polyphonique. L’artiste revient sur cette belle aventure musicale et sur son lien particulier avec le festival.
L’ESSENTIEL
• Bernard Lavilliers a été invité d’honneur des Nuits de Champagne pour la première fois en 2008.
• La première fois qu’il est venu jouer à Troyes, c’était en 1998.
• La dernière fois qu’il s’est produit à Troyes, c’était en 2018 lors de l’édition consacrée à Bob Dylan, Francis Cabrel et Fred Pellerin. C’était alors sa 6e participation au festival.
• En 2020, il participe au Grand Choral buissonnier en raison de la pandémie de Covid. Son titre Les mains d’or a été vu sur YouTube plus de 1,5 million de fois.
AURORE CHABAUD
Vous êtes invité d’honneur du festival pour la seconde fois. Vous vous apprêtez à écrire un nouveau chapitre de cette belle histoire avec les Nuits de Champagne... En effet, je suis déjà venu une semaine. J’avais participé à la programmation du festival et j’avais fait venir Bongal, mon ami d’Angola. Ce qui est intéressant, c’est de chanter avec une chorale. C’est très émouvant, une autre version de nos chansons. Les arrangeurs et les chefs de chœur créent des harmonies sur mes titres qui n’ont pas toujours de chœur. C’est intéressant de voir comment ils s’en sortent rythmiquement, sachant que les ballades sont plus appropriées à la chorale. Ils ont réussi le pari sur d’autres chansons.
Vous allez partager ce Grand Choral avec Bonbon Vodou et Tiken Jah Fakoly que vous connaissez bien. Un petit mot sur ces artistes?
Tiken, on a pas mal bourlingué ensemble. On a enregistré une version acoustique de son titre Tonton d’Amérique. Quand il passe en France, on se voit. Bonbon Vodou, je les connais de La Réunion. Quand je me déplace, je prends souvent une première partie. Je les avais remarqués. Mais sur l’ensemble du festival, il y a des potes qui jouent et de grandes dates comme Angélique Kidjo, Alain Souchon, Dionysos et Hervé, que j’aime beaucoup. Il me donne sou-
vent un coup de main. J’aime beaucoup son énergie.
«L’humour est l’arme la plus subtile pour faire du mal.»
Est-ce que, pour vous, la musique va de pair avec l’engagement?
Engagé est un terme générique. Quand j’écris une chanson sur une République dictatoriale, je tourne ça en dérision. L’humour est l’arme la plus subtile pour faire du mal. Je dirais que Tiken est plus engagé que moi, Angélique et Souchon aussi font le travail. Foule sentimentale est une chanson engagée.
Vous allez vous produire avec l’Orchestre symphonique de l’Aube et en polyphonique à la fois. Ce n’est pas donné à tout le monde. Cela fait presque un an que je tourne avec un symphonique. Je change d’orchestre à chaque fois. Pour Troyes, je connais le chef d’orchestre Raphaël Merlin, membre du quatuor Ebène. C’est rare de jouer en symphonique avec 55 musiciens et deux jours après avec un Grand Choral. C’est la première fois que ça m’arrive.
Se produire avec un symphonique demande-t-il plus de rigueur? Quand la partition est écrite, il faut être à l’heure. Il faut répéter. Cela demande de la rigueur, mais on peut être souple dans l’interprétation. Cette discipline me plaît. On a
fait une vingtaine de concerts, je pense les avoir réussis. En général, on arrive la veille, on a une journée pour se caler avec un orchestre qu’on ne connaît pas et s’adapter aux salles qui sonnent différemment à chaque endroit. Ce qui est intéressant, c’est d’arriver à capter l’énergie des musiciens et du chef d’orchestre, de m’appuyer sur eux comme ils peuvent le faire sur moi. C’est le chef d’orchestre qui peut permettre ce mélange.
Est-ce qu’après quarante ans de carrière, il vous arrive encore d’avoir le trac surtout quand vous vous prêtez à ce genre d’exercice?
Même si j’ai une grande expertise de la scène, on ne peut jamais savoir ce qu’il va se passer. Le trac dé-
pend des jours. Il peut arriver d’un coup, même si, avec un orchestre symphonique, on est plus près de la rigueur militaire, on n’est jamais à l’abri d’un couac. Quand on s’en fout, on n’a pas le trac! Moi, ça peut me nouer les cordes vocales. Lors de mon concert symphonique à Lyon, une partie du son est tombée en panne. Je me suis assis, j’ai expliqué au public ce qu’il se passait. On a attendu quelques minutes et on a continué. Il faut rester très calme. Quand je vois le nombre de catastrophes qui me sont arrivées, je me dis qu’il peut y en avoir des nouvelles.
Avec un orcheste symphonique, «quand la partition est écrite, il faut être à l’heure»
Troyes sera la dernière date de votre tournée symphonique. Ce concert aura-t-il une saveur particulière?
C’est un risque de plus. J’en ai pris beaucoup pour faire cette tournée symphonique. Chaque fin de tournée a une saveur particulière. On n’a pas joué tous les jours mais c’est facile de perdre la réalité quand on est en tournée. On accumule de l’énergie avec les musiciens. Quand ça se termine, il y a toujours un coup de blues. Pour les quatre musiciens, qui m’accompagnent en plus de l’orchestre, c’est la fin d’une expérience. Ça va leur manquer.
Vous avez déjà pensé à l’après-tournée?
Quels sont vos projets?
J’ai écrit des chansons, j’ai fait des maquettes qui n’existeront peutêtre jamais. Je viens de passer un peu de temps au Brésil, mais je n’ai rien fait. J’y allais juste pour voir mes amis musiciens. Je pense qu’après, je vais aller m’immerger quelque part, peut-être dans un autre pays. La tournée symphonique m’a pris beaucoup d’énergie. J’ai besoin de me poser pour réfléchir, de voir avec mes musiciens et peut-être d’imaginer quelque chose avec le quatuor Ebène, composé de quatre musiciens exceptionnels.
Bernard Lavilliers en concert symphonique «Métamorphose», mercredi 23 octobre à 20h30 au Cube. Complet.
SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
JEUDI 24 OCTOBRE THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
Tiken Jah Fakoly, « la voix des sans voix»
Artiste engagé, gardien du reggae en Afrique et véritable ambassadeur de cette musique à travers le monde, Tiken Jah Fakoly est l’un des invités d’honneur de la 37e édition des Nuits aux côtés de «son grand frère et ami» Bernard Lavilliers.
AURORE CHABAUD
Réunir Bernard Lavilliers et Tiken Jah Fakoly comme invités d’honneur de la 37e édition des Nuits de Champagne et faire chanter aux choristes leurs plus grands tubes ensemble relève de l’évidence au regard de leurs carrières respectives et de leurs affinités musicales et amicales. « Je considère Bernard comme un ami et un grand frère dans la musique. Il fait partie de ceux qui ont fait la promotion du reggae en France avec Serge Gainsbourg et après eux Pierpoljak », salue Tiken Jah Fakoly. « Je l’aime beaucoup. Je me suis intéressé à son histoire et à sa musique à mon arrivée en France en 1998.» Lui, l’« Africain à Paris » comme il se plaît à chanter, a trouvé en Bernard Lavilliers un écho. « Il utilise la musique comme une arme de combat. » Tout comme lui. À la différence près que leurs combats ne sont pas les mêmes. « Le reggae est une musique de combat. Je suis la voix des sans-voix. » Un déclic qu’il a eu en écoutant les chansons de Bob Marley puis en comprenant ses textes. « Ça m’a
inspiré. Depuis Bob Marley, je me suis dit qu’il fallait que cette musique soit représentée ici en Afrique. Nous avons subi 400ans d’esclavage, la colonisation. Nous subissons encore l’influence des pays qui nous ont colonisés. La musique, c’est le moyen que j’ai trouvé pour réveiller le peuple.»
«Mon but est d’être le gardien du reggae en Afrique»
Ce qu’il s’acharne à faire depuis près de trente ans. « Le message que j’ai envie de faire passer, c’est que personne ne viendra changer l’Afrique à notre place. Il faut arrêter de se victimiser et prendre les problèmes à bras-le-corps. Les Occidentaux d’aujourd’hui ne sont pas forcément responsables des actes passés. Il faut trouver une solution pour changer la donne. Les réseaux sociaux, le téléphone sont des moyens qui nous ont permis de découvrir le monde. Nous avons fait beaucoup de travail sur nous mais le réveil doit continuer. La majorité
des Africains ne savent ni lire ni écrire. Il faut alphabétiser 90% de la population et la sensibiliser à travers la musique et l’écriture.» Artiste engagé, Tiken Jah Fakoly met sa notoriété au service des autres pour faire changer les choses. « J’ai créé une association qui a permis d’ouvrir six écoles au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Côte d’Ivoire.» Tout simplement parce qu’il croit dans le pouvoir de l’éducation. « Elle va réveiller l’Afrique.»
Lui, c’est en musique avec ses armes qu’il tente de la réveiller. « J’ai beaucoup de chance. Je suis considéré comme quelqu’un qui parle pour le peuple. Mon but est d’être le gardien du reggae en Afrique. » Même si, pour cette nouvelle tournée, il a choisi de reprendre ses plus grands titres en acoustique et accompagnés par les instruments africains qui ont bercé son enfance. « C’est le genre de musique que mon père écoutait. J’avais peur que mes fans soient déçus. Ce n’est pas le cas.»
Au contraire, ce retour aux sources et aux racines séduit. « Je ne m’attendais pas du tout à ce suc-
cès. C’est complet un peu partout. On reste toujours surpris du succès. J’ai fait de la musique avec des artistes, qui, aujourd’hui, n’existent que de nom. Plus de 25 ans après mes débuts, je continue à remplir les salles. Je suis chanceux et surpris. » Mais tout cela n’est pas le fruit du hasard. « Je suis un acharné de travail. Je me bats pour être à la hauteur des attentes de ce qu’on me demande.» Le voilà qui sera pendant toute la semaine des Nuits de
LUNDI 21 OCTOBRE CHAPELLE ARGENCE
Champagne à l’honneur. « J’ai déjà les frissons. C’est un grand honneur et un grand jour pour moi. Je suis parti de très loin. Je viens d’une ville du nord de la Côte d’Ivoire, à 850km de la capitale. Je suis arrivé d’Abidjan en France. C’est quelque chose d’incroyable de me retrouver ici et d’être honoré. Je risque d’avoir les larmes aux yeux. » Tiken Jah Fakoly, jeudi 24 octobre à 20h30 au théâtre de Champagne. Tarifs : 45€ (assis), 35€ (debout), 30€ (réduit).
Qui êtes-vous, Bonbon Vodou?
Invités d’honneur aux côtés de Bernard Lavilliers et Tiken Jah Fakoly, le duo Bonbon Vodou s’apprête à vivre avec enthousiasme cette expérience. Rencontre avec Jerem, l’un des membres du groupe avec Orianne Lacaille.
COMMENT EST NÉ BONBON VODOU? Bonbon Vodou, à la base, ce sont Jerem et Orianne Lacaille (fille de René Lacaille). « Je jouais en solo. J’avais envie de doubler l’effectif. J’ai vu Orianne Lacaille jouer et j’ai flashé sur son chant. Je lui ai demandé si elle accepterait de m’accompagner et on a fini par faire notre groupe », raconte Jerem. « Bonbon Vodou, c’est la rencontre entre la chanson voyageuse et la musique de l’île de La Réunion. Orianne est issue d’une famille de musiciens. On joue des rythmes de La Réunion mais on puise nos inspirations dans la musique africaine et brésilienne. On fait de la vraie musique créole.»
PREMIER GRAND CHORAL. «C’est une première. On connaît Chanson contemporaine, qui est à l’origine des Nuits de Champagne. On a participé à la Semaine chantanteàSèteavec250à300choristes.Quand300personnes chantent avec vous, vous avez des sensations vibratoires assez dingues. La puissance vibratoire naturelle est assez indescriptible. On est massé par les ondes. C’est d’une merveilleuse humanité. Une humanité joyeuse et partageuse.»
BERNARD LAVILLIERS ET TIKEN JAH FAKOLY. « C’est une figure importante de la variété française comme Nougaro. Il est allé chercher des musiques d’ailleurs pour chanter en français. On a une parenté avec ça. Il fait de la chanson consciente, engagée et sociale. Tiken Jah est dans les musiques originaires, roots. Il puise dans ses racines. » LE PETIT POUCET. « Les Nuits de Champagne ont voulu faire un appareillage cohérent. Il y a toujours un Petit Poucet, c’est nous. C’est logique, mais on est honoré et fier. On a de l’appétit à rencontrer le public et à partager. C’est une exposition en or pour le groupe et une belle opportunité. » EN IMMERSION. Bonbon Vodou accompagnera le Chœur de l’Aube sur le titre Les mains d’or de Bernard Lavilliers puis le Grand Choral. Tout au long de la semaine, le duo a décidé de vivre l’aventure pleinement. « On est très partageur, c’est pour ça qu’on fait de la musique. On a du pain sur la planche mais on adore ça.» ET SUR SCÈNE, À QUOI DOIT-ON S’ATTENDRE ? « C’est une explosion de sons, d’instruments très variés. Sur scène, on sera accompagné de trois musiciens poly-instrumentistes. Il faut s’attendre à une explosion sonore. On a les deux pieds dans la musique créole.» Leur bal tropical n’est pas aux mêmes latitudes, mais c’est le fruit d’un « mélange et d’un malaxage puissant ».
ENTRETIEN AVEC PIERRE-MARIE BOCCARD
Délégué général des Nuits de Champagne, Pierre-Marie Boccard donne le «la» de cette 37e édition ouverte aux musiques du monde et évoque les ambitions.
NUITS DE CHAMPAGNE
LE GRAND CHORAL BAL TROPICAL
« Un métissage comme on n’en a jamais eu »
850 choristes, trois répertoires mêlés, «métissés», la fête et les «poings levés»: le Grand Choral 2024 aux couleurs du «Bal tropical» de Lavilliers et les autres s’annonce sous les meilleurs auspices, confie Brice Baillon, directeur artistique et musical du spectacle polyphonique final.
RODOLPHE LAURENT
Brice Baillon n’a pas oublié le Grand Choral des chansons de Bernard Lavilliers. En 2008, il n’était qu’« un simple chef de chœur » qui, « pour la première fois », a dirigé le Grand Chœur. « Ç’a été une révélation. Émotionnellement, cette édition a été très forte. Il y a eu la rencontre avec Lavilliers, son répertoire, et puis le fait de transmettre ses mots, ses mélodies aux choristes. C’est un souvenir puissant. Je me rappellerai toute ma vie de la direction de Noir et blanc avec Bernard Lavilliers qui chantait la partie lead, les choristes et Mino Cinelu au djembé. J’ai ressenti un moment de communion parfaite, quelque chose qui ne survient que très, très rarement », confie le directeur artistique et musical du Grand Choral.
Pour Lavilliers, tout ça était une « découverte ». La « sincérité » avec laquelle chaque choriste s’était engagé dans l’interprétation l’a profondément « ému » – « il en parle toujours avec ces mots-là », dit-il.
DES RYTHMES QUI FONT CHALOUPER
Seize ans après, le spectacle polyphonique phare des Nuits de Champagne aura une autre «identité»: « C’est le “Grand Choral des chansons francophones autour du monde”. Bernard Lavilliers revient en témoin du chemin parcouru en termes de qualité, d’investissement et de technique (son, lumière). De-
puis 2008, il n’a jamais perdu le fil du festival. En 2020, en plein Covid, il a participé au “Grand Choral buissonnier”. C’est un compagnon de route des Nuits. Cette année, il porte la casquette du poète voyageur. On va s’intéresser à la partie de son répertoire consacrée aux rythmes d’ailleurs (Brésil, Jamaïque, Afrique); des rythmes qui vont faire
LE CHŒUR DE L’AUBE EN CONCERT
chalouper les choristes! Avec lui, on aura à la fois un voyage et une danse, un bal », explique Brice Baillon.
Un bal, en l’occurrence «tropical», auquel, assez naturellement, ont été conviés l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly et le duo réunionnais Bonbon Vodou. Le premier – qui « ne connaissait pas le Grand Choral » –
est « le tonton du reggae francophone ». Avec ses textes, « il apporte l’idée que les personnes, une fois réunies, ne fassent plus qu’un tout –donc abolition des frontières qui séparent et acceptation de l’autre avec ses différences. Le bal tropical, dans la rue, c’est la célébration de la fête mais aussi le poing levé, avec un message politique », décrypte-t-il
pour nous. Quant aux Bonbon Vodou, « ils apportent avec eux les rythmes du maloya. » Pour résumer, « on va avoir un métissage qu’on n’a jamais eu au Grand Choral.»
CINQ CHEFS DE CHŒUR, CINQ CONTINENTS
Clairement, il y avait un sacré « challenge » à relever: « En 2008, il fallait faire groover le reggae et la salsa avec notre cœur de blanc-bec à la culture auboise et hexagonale. Cette fois, il s’est agi de rapprocher la culture du chant choral avec ces musiques métissées. Toute l’équipe des chefs de chœur s’est retrouvée pour écrire ensemble. Plusieurs ont même travaillé avec une coach en danses africaines afin de comprendre ce qui se joue dans les mouvements du bassin.»
Mais en réalité, c’est d’un double challenge qu’il faut parler puisque ce Grand Choral-là sera marqué par une évolution vers la « codirection », annonce Brice Baillon. C’està-dire que « pour la première fois, des titres seront codirigés – en même temps – par deux, trois, quatre, cinq chefs de chœur (… pour cinq continents), c’est une volonté artistique.» Il poursuit: « Pour les spectateurs, ça va amener quelque chose de nouveau à regarder. » Rendez-vous le 25 à 21 h pour la première séance de ce Grand Choral… révolutionnaire?
Le Grand Choral Bal tropical vendredi 25 à 21h et samedi 26 octobre à 16 h et 21 h à l’espace Argence. Tarifs: 52 €, 44 €, 39 € (assis) et 30 € (réduit).
Les 700 collégiens du département prêts à ouvrir le bal... tropical
Comme le veut la tradition des Nuits, les collégiens aubois formant le Chœur de l’Aube ouvriront le festival avec deux concerts successifs, ce qui est remarquable pour des jeunes de 11 à 15 ans, on ne le souligne jamais trop. Car les 700 se produiront devant un vrai public, certes bienveillant, mais un public quand même, forcément impressionnant depuis la scène. Il y a quelques jours, au Centre de congrès de l’Aube, en «tribu» de 170-180 élèves, ils ont répété avec enthousiasme, dirigés par leurs chefs de chœur (Blandine Deforge et Marie Meyer, auxquelles il faut ajouter Benjamin Riez). Avec un objectif affirmé: offrir le meilleur show polyphonique possible dimanche à l’espace Argence.
« Les jeunes sont hypermotivés! En amont, ils ont “acquis” les paroles et les mélodies, et là, nous travaillons pour aller plus loin », indiquait à la
pause Blandine Deforge, également directrice artistique. «Plus loin» aussi dans les mouvements, le jeu de scène: « Il ne faut pas qu’ils apparaissent recroquevillés. Nous les amenons à s’ouvrir, à être vraiment eux-mêmes. C’est important pour s’exprimer devant le public avec une confiance en soi.»
Le répertoire du Chœur de l’Aube compte onze titres cette année (certains étant chantés tribu par tribu). Du Lavilliers, du Tiken Jah Fakoly et du Bonbon Vodou, mais aussi des chansons «hors univers», qui correspondent plus immédiatement aux goûts de nos collégiens: Santé de Stromae, La symphonie des éclairs de Zaho de Sagasan ou Pop-corn salé de Santa. Alors les jeunes, c’est (bientôt) à vous! R.L.
Le Chœur de l’Aube en concert dimanche 20 octobre à 17 h 30 et 20 h à l’espace Argence. Tarif tout public: 10 €.
VI SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
LUNDI 21 OCTOBRE THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
Entretien avec Ibrahim Maalouf
« J’ai toujours été un outsider»
Vingt ans de carrière, dixhuit albums, deux nominations aux Grammy et un César pour une musique de film… Trompettiste de renom, Ibrahim Maalouf est de retour avec un nouvel album joyeux et festif, «Trumpets of Michel Ange».
Votre nouvel album, «Trumpets of Michel Ange», vient tout juste de sortir. Vous étiez en concert directement le jourmême de sa sortie. Quel accueil avezvous reçu?
J’ai commencé à jouer les nouveaux morceaux alors que le public ne les connaissait pas. J’ai eu un super accueil. J’avais la crainte que la première réaction soit mitigée car une musique, c’est un souvenir. Elle nous rappelle souvent la naissance d’un enfant, une histoire amoureuse, une balade en bord de mer. Il y a toujours une raison pour laquelle on aime les chansons. Là, ma musique est vierge de tout souvenir.
Vous l’avez voulu joyeux, dansant, festif. Pourquoi?
Cet album a quelque chose de très fort. Quand on voit ce qu’il se passe au Liban, au Moyen Orient, les tensions politiques, on a envie de proposer quelque chose de joyeux, de faire la fête. J’avais envie d’une musique très joyeuse où on chante et on danse. Cela arrive à point nommé.
En quoi se différencietil des précédents? Il se différencie par plein d’aspects. Je l’ai enregistré en live comme un concert. C’est un album fait pour la scène pour qu’on chante et qu’on danse.
Il y a de belles collaborations sur cet opus aussi. Je suis très bien entouré par des gens qui font partie de ma famille musicale comme M, Toumani Diabaté, qui vient de nous quitter. Il y a aussi des rencontres humaines plus récentes avec des artistes qui n’ont rien à voir avec mon style musical. Là, c’est un retour aux sources, l’origine même d’où je viens pour tirer
quelque chose de moderne et métissable. Quand je joue, j’ai mes accents naturels. La musique est un langage comme un autre.
Vous avez réussi à rendre la trompette populaire et à la démocratiser. C’était votre défi?
Je ne le cultive pas. Je n’ai jamais voulu ça. J’ai toujours été un outsider. Je ne l’ai pas souhaité. Je n’ai jamais baissé les yeux, j’ai accepté de ne pas être comme tout le monde. J’ai toujours revendiqué cette différence. Ça remonte à loin. Quand
j’étais au Liban, on m’appelait le petit Français alors que je ne parlais pas un mot de français. Ma particularité vient de ma trompette avec ce quatrième piston, ça n’existait pas. On me regardait de travers avec cette trompette lunaire, même les maisons de disques. C’est pourquoi je suis un des rares artistes à m’autoproduire. Je suis mon propre producteur, distributeur. Je n’ai pas le choix. J’ai toujours eu ce truc d’outsider, je le regrette un peu car ça me joue des tours.
Ibrahim Maalouf: «Cet album est le début d’un passage de relais.» Photo BOBY
Pourtant, malgré cette différence, vous connaissez le succès. Ma fille de 14 ans est en seconde. Elle a toujours eu cette personnalité très conciliante, elle ne s’impose jamais. Je lui ai dit que sa force, c’est de faire en sorte que certains finissent par lui ressembler s’ils l’aiment. C’est comme ce que je fais avec la trompette. Au bout de vingt ans de carrière, il y a plein d’artistes qui me demandent comment j’ai fait. J’ai créé des choses nouvelles, composé des musiques de films…
«Je n’ai plus envie d’être sur le devant de la scène avec des gens qui nous snipent dès qu’on fait une faute. J’aime la musique, j’aime créer, j’aime inventer.»
Je choisis par moimême et j’encourage d’autres artistes à faire pareil.
Finalement, vous avez ouvert la voie à d’autres? Ce n’est pas mon objectif d’ouvrir la voie. Juste de faire de la musique et d’en vivre. Je voulais rencontrer quelqu’un et fonder une famille. J’aspire à une vie simple. J’ai même prévu d’arrêter la trompette dans quelques années.
Vous voulez arrêter la trompette ? Quand vous voyez le succès et la fidélité du public, vous n’avez pas envie de revenir sur cette décision?
Je suis heureux de faire ce que je fais. La trompette, c’est très éprouvant physiquement. Je jouerai encore mais à 85ans, je n’ai pas envie d’être encore sur scène. Je n’ai plus envie d’être sur le devant de la scène avec des gens qui nous snipent dès qu’on fait une faute. J’aime la musique, j’aime créer, j’aime inventer. Cet album est le début d’un passage de relais. J’ai créé une marque de trompette, une académie de trompette, je travaille sur une méthode qui met en valeur le trompettiste et la musique. Je serai fier le jour où on prendra le relais. La filiation et la transmission sont là à chaque note.
Ibrahim Maalouf, lundi 21 octobre à 20h30 à l’espace Argence. Tarifs: 59€ (assis), 45€ (debout), 30€ (réduit).
25 ACTEURS ÉCONOMIQUES DE LA RÉGION S’INVESTISSENT POUR LE
SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
MARDI 22 OCTOBRE ESPACE ARGENCE
Angélique Kidjo, la force de l’engagement
Quarante ans de carrière, cinq Grammy Awards, artiste renommée et femme engagée, Angélique Kidjo se produira sur la scène de l’espace Argence.
Elle a dans le cœur ce supplément d’âme. Ce don du ciel qui la rend belle à l’intérieur comme à l’extérieur. Angélique Kidjo a fait de la musique l’arme de ses combats. « Si on veut un monde meilleur, il faut s’intéresser à tout. Chacun en faisant un peu peut arriver à faire des choses qui ont du sens sur le long terme », confietelle. « Les enfants me touchent beaucoup. » Classée parmi les 100 femmes les plus influentes, figure incontournable de la scène musicale internationale, auréolée de cinq Grammy Awards, la FrancoBéninoise met sa voix au service des autres, de l’être humain dans sa richesse et sa diversité. « Les histoires m’ont toujours passionnée. Je suis une conteuse en chantant. Toutes les musiques sont les miennes mais on ne peut pas se désolidariser d’un message.» Cet engagement chevillé au corps, elle l’a appris à l’école. « Tout ce que je fais m’engage. Je ne vis pas sans les autres.» Une leçon qu’elle a apprise de ses parents. « Mon éducation me permet de m’adapter à un monde qui change tout le temps, qu’il soit violent ou non. On ne doit pas être victime de ces changements, mais se demander comment jouer un rôle dedans. »
«ON NE PEUT PAS RÉGLER LES PROBLÈMES DU MONDE À COUPS DE POING»
Elle qui rêvait d’être avocate des droits humains ou chirurgienne a choisi d’aider son prochain à travers la musique. « Mon sens de la justice faisait peur à mes parents. Je revenais de l’école en m’étant bagarrée. C’était plus fort que moi. J’ai pris conscience qu’on ne peut pas régler
Troyes est sur la route de la tournée internationale d’Angélique Kidjo.
les problèmes du monde à coups de poing. J’ai arrêté de me bagarrer.» À défaut d’en venir aux mains, c’est avec sa voix et sa musique qu’elle entend changer les choses. « J’ai commencé à chanter à 6ans. Quand je suis sur scène, c’est l’endroit où je me sens en sécurité totale. C’est du bonheur et j’ai envie de rester là. J’essaie de faire comprendre au public que c’est lui qui a le pouvoir sur sa vie et que c’est nous qui créons le monde. Si je n’avais pas eu la musique pendant la pandémie, j’aurais fait quoi. On est fait pour vivre ensemble », glisse Angélique Kidjo avec force. « Quand je suis sur scène, j’ai un contact direct avec les gens, des gens du monde entier. Ça vous rend humble. Vous n’êtes rien sans le chant. Si vous n’avez pas l’humilité,
ça part en vrille.»
Sa carrière a beau parler pour elle, elle garde les pieds sur Terre. « Je ne prends pas pour acquis ni le public, ni les concerts. Je suis au service de la musique et des chansons. Nul n’est indispensable. Face aux critiques, ma grandmère me disait, laisseles gens parler, ça veut dire que tu es vivante et que tu comptes. » Une humilité et une simplicité, inculquée par ses parents et sa famille, qu’elle s’attache depuis quarante ans à transmettre. « Leurs valeurs m’ont permis de m’adapter sans perdre mon identité. Ma mère disait que la gentillesse, c’est un gilet pareballes. » Angélique Kidjo, mardi 22 octobre à 20h30 à l’espace Argence.
Tarifs: 52€ (assis), 39€ (debout), 30€ réduit.
LE DÉVELOPPEMENT DES NUITS DE CHAMPAGNE
Tonycello, clown virtuose JEUDI 24 OCT. ESPACE GÉRARD-PHILIPE
Ne vous fiez pas à son air, avec Tonycello, vous allez passer une soirée délirante.
Aussi désinvolte sur scène qu’en dehors, Antoine Payen, de son nom de scène Tonycello, violoncelliste de son état, a fait de la musique et de l’humour son étendard. Passé par l’opéra de Limoges, c’est désormais auprès du jeune public qu’il s’éclate le plus, acclamé comme une rockstar. « Ils étaient à fond parce qu’ils se voyaient euxmêmes », plaisantetil. Les scolaires, c’est un public qu’il maîtrise. Enfin presque. « On a l’habitude mais ça ne veut pas dire qu’on maîtrise. C’est du sport quand même », reconnaîtil. « J’ai un spectacle qui a des mêmes scènes pour tout public et pour les jeunes, ils ne vont pas rigoler au même moment. On ne peut pas leur faire à l’envers. Il faut être vrai tout le temps mais il y a un truc de sincérité. Leurs réactions sortent vraiment du cœur. Ils ont moins les codes que les adultes. Eux, c’est à l’instinct. C’est ça qui change. »
DE L’ORCHESTRE AU SPECTACLE JEUNE PUBLIC
De l’opéra au spectacle jeune public, il n’y a qu’un pas qu’il a franchi. « Ce sont deux métiers différents. Ce qui est hyper agréable, c’est que c’est très complémentaire. L’orchestre de
mande une énorme discipline. On doit suivre, ne pas se faire remarquer. Si on m’entend dans l’orchestre, c’est que j’ai fait une grave bêtise. Le fait de faire un spectacle seul sur scène où on est plus exposé, c’est un équilibre super agréable.» S’il ne revendique pas de « casser les codes », il parle de l’orchestre et de musique autrement, « de manière plus détendue.» « Je confronte les codes de l’orchestre aux clowns donc forcément, ça fait des étincelles. J’ai fait ça par défaut car j’ai tout raté au violoncelle. J’étais lambda. Je suis plus à l’aise dans ce domaine. »
Et il suffit d’aller le voir pour en être convaincu. Tonycello sort des sentiers battus et vous embarque dans un univers très personnel où chansons françaises du patrimoine musical (oui oui, il chante aussi), musique classique (Bach, SaintSaëns), poème (Raymond Queneau) et humour ont toute leur place. Il explore ces répertoires avec décalage tout en étant virtuose. « C’est le même clown qui veut vraiment toujours bien faire mais ça ne se passe pas toujours comme prévu. ». A.CH. Tonycello, jeudi 24 octobre à 18h30, à l’espace GérardPhilipe à SaintAndrélesVergers
DE CHAMPAGNE
JEUDI 24 OCTOBRE LE CUBE
La famille Souchon chante à l’unisson
Ils sont des familiers des Nuits de Champagne. C’est à trois qu’Alain Souchon et ses fils Pierre et Ours reviennent à Troyes, pour un concert plein d’émotions.
AURORE CHABAUD
Pierre Souchon, vous êtes actuellement en tournée avec votre père et votre frère. Comme est venue l’idée de cette tournée en famille?
Il y a trois ou quatre ans, on est partis aux Étoiles du sport, où des sportifs parrainent d’autres sportifs et invitent des artistes. On a chanté ensemble à la bonne franquette. Il s’est passé quelque chose. On a eu pas mal de retours. Notre père était en tournée. Avec mon frère Ours (Charles Souchon), on avait beaucoup travaillé sur son dernier album Âmes fifties. On était dans le même bain et on venait le rejoindre sur deux-trois morceaux, il aimait bien. Je crois que ça a instillé le projet. Après sa longue tournée, il a connu un changement de rythme, une baisse de moral. Il est allé voir son médecin qui lui a dit que tout allait bien et il lui a prescrit de partir en tournée avec ses fils. Il nous a tendu l’ordonnance avec un clin d’œil. Il aime ces moments qu’il partage, ça le stimule, ça lui fait du bien. On lui a répondu qu’on allait écouter le médecin. Cette tournée est partie et on est très heureux des retours. On a fait ça avec nos armes. On a déjà fait 25 concerts depuis mai.
Est-ce que lorsqu’on s’appelle Souchon, on est encore surpris après tant d’années de voir que le public est toujours fidèle? On s’émerveille de ça. Notre père fédère plein de gens. Il a 50 ans de carrière derrière lui. Il y a une forme de transmission car ses chansons passentdegénérationengénération. Elles accompagnent les familles. On est attaché à la nostalgie et à la famille. Quand on vient nous voir, c’est comme si on ouvrait un album photo qu’on partage avec les gens. Ce spectacle fait écho à tout ça. Les gens se retrouvent dans nos histoires.
Comment avez-vous choisi les chansons?
Mon frère et moi les avons choisies et mon père se laisse guider. Il est très content de partir en tournée avec ses enfants. Forcément, on joue des incontournables mais on avait aussi envie qu’il chante des chansons qu’il n’a pas interprétées depuis longtemps comme des madeleines de Proust. Ce sont des chansons qu’on a dans le cœur.
Comment vous êtes-vous répartis les titres?
C’est assez naturel et instinctif. On s’accompagne tous les trois. Il n’y a pas d’autres musiciens. On chante beaucoup à trois. Notre père voulait qu’on chante des titres seuls. Hormis une chanson chacun, on a refusé car
«On a beaucoup de chance de vivre cette aventure.»
le public vient pour écouter ses chansons. On est tout le temps tous les trois et on chante à l’unisson.
Était-ce un rêve de gosse de chanter un jour avec votre père et votre frère?
Non. Au début, il fallait qu’on se démarque. On n’avait pas envie de se servir de notre nom pour faire des premières parties. On a toujours voulu éviter ça. Quand on s’appelle Souchon, ce n’est pas facile de faire le même métier que notre père. On a fait notre chemin chacun de notre côté. On est content de se retrouver. Chanter ensemble est arrivé plus tard, pour aider des associations. Ça a commencé à germer à ce momentlà mais entre se produire dans un petit hôpital et des Zénith, il y a une marge. On s’est jeté à l’eau. On fait les choses naturellement, sans calcul. Il y a une vérité qui se dégage. On se raconte de manière naturelle. Il y a du rire et de l’émotion. C’est le concert idéal.
Si vous deviez garder une chanson de votre père, laquelleserait-ce?
Il y en a plusieurs forcément. Il y a J’étais pas là et 18 ans que je t’ai à l’œil. Une chanson dans laquelle mon père parle du sien qui est parti quand il avait 14 ans et qui s’appelait Pierre comme moi. Mon père est très pudique. Il parle des autres et du monde. C’est une des rares fois où il parle de lui et de son père. C’est quelqu’un qui ne dévoile jamais ses sentiments. Cette
Barbara Pravi:
« Je sais d’où je viens» MARDI 22 OCT. THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
chanson me bouleverse.
Qu’auriez-vous envie de dire à Alain Souchon et comment le décririez-vous?
Cette tournée est une tranche de vie. Il y a une fin à chaque chose. On se dit qu’on aura au moins partagé ce moment-làaveclui.Ilvaavoir80ans cette année. Il est très en forme comme Mick Jagger. On lui dit l’admiration qu’on a pour lui, que c’est un auteur extraordinaire. C’est un accident d’avoir choisi la chanson. Mon père mange des Babybel en faisant des cabanes. Il aime les moutons, porter des bottes. C’est quelqu’un de simple. Être comme ça l’a toujours préservé. On lui dit ce qu’on ressent pour lui. Je dirais que c’est quelqu’un d’intuitif avec un sens artistique très fort. Ses chansons s’envolent et sont des tubes même sans Laurent (Voulzy). Il est moins musicien que nous mais il sent les choses venir et les gens. Il est très foutraque, loufoque et décalé.
Et vous, il vous dit quoi? Il nous fait beaucoup de compliments. Il aime beaucoup être avec nous. Il nous demande tout le temps si ça ne nous embête pas, si on n’est pas fatigué. On a beaucoup de chance de vivre cette aventure. Les gens nous le rendent bien et ça nous rend heureux d’être ensemble.
Alain Souchon, Ours et Pierre Souchon, jeudi 24 octobre à 20h30 au Cube.
Tarif (assis) : 67€ (série 1), 53€ (série 2), 42€ (série 3), 35€ (réduit).
Une deuxième place à l’Eurovision, une Victoire de la musique de la révélation féminine en 2022, véritable talent du paysage musical français, Barbara Pravi a su en quelques années imposer son nom. « L’Eurovision aétéuntremplinetuneétapeàpasser. Mais je suis plus complète qu’une chanson un soir, à la télé. Voilà est la chanson qui a changé ma vie. C’est grâce à elle que je gagne ma vie. » Alors que son nouvel album La Pieva est sortie en septembre, sa tournée européenne remporte un véritable succès. « C’est l’endroit qui me faisait le plus peur. Voir plein de dates complètes avant la sortie de l’album, c’est ça le succès. Partager un moment pendant 1h30 avec les gens, c’est la plus belle récompense. Parfois, je me demande pourquoi je fais ça. Quand je vois ça, je me dis que j’ai tout gagné. Ce qui est dingue, c’est que le public connaisse déjà les chansons. D’habitude, il ne chante pas pendant mes concerts. Là, c’est n’importe quoi, c’est la fiesta. On chante, on danse. C’est assez incroyable.»
«Je construis avec patience sur le long terme. «Voilà» était une pièce de ma maison. Il y en a d’autres à faire.»
Les pieds sur Terre et la tête dans les nuages, l’artiste n’en oublie pas pour autant d’où elle vient, c’est d’ailleurs ce qui a motivé cet album, dans lequel elle rend hommage à ses racines serbes et iraniennes. « Je suis dans la recherche de la simplicité. Une partie de ma famille est serbe. Pieva, c’est mon nom de famille. Là-bas, la vie est simple. On fait de super-fiestas avec pas grand-chose. Il y a beaucoup de générosité. Avec ce disque et cette tournée, j’ai cherché la générosité dans mes racines. Pendant 1h30, on passe par la porte de mon jardin, des guirlandes s’allument, on chante tous en-
semble. Il y a des moments stars et des moments humains, c’est ça la vie, c’est ça ma vie.»
C’est là que Barbara Pravi trouve son équilibre. Bien sûr, il y a les paillettes mais elle reste ancrée dans le sol. « Je sais d’où je viens. Je connais la valeur des choses, c’est ce qui compte. Il faut savoir jouer le jeu pour être intégrée dans la famille des artistes avec ses codes mais quand je rentre chez moi, je plante des tomates. J’aime ma profession, je rencontre des gens brillants qui font partie de la culture. Il faut passer par ça pour rencontrer le public. Après, tu fais ce que tu veux.» Auteur-compositeur-interprète, la jeune femme écrit des chansons, des livres pour elle mais aussi pour les autres. Plus qu’un besoin, un rêve. « C’est peut-être parce que je voulais être écrivaine. L’ordre des mots est très important. Ça a toujours été mon mode de communication. Quand je suis amoureuse et en souffrance, j’écris des mails.»
Mais Barbara Pravi a plus d’une corde à son arc et c’est vers le cinéma qu’elle se tourne également. Grâce aux rencontres. « J’ai tourné dans le dernier film de Claude Lelouch qui sortira le 13 novembre. Il m’a vue à l’Eurovision et il m’a appelée. Il s’en fiche du métier qu’on peut faire tant qu’il est touché par notre sensibilité, notre authenticité. Il s’est dit que j’étais chelou comme lui, que je ne faisais pas semblant. On s’entend hyper bien. Finalement, la comédie, ce n’est pas loin de ce que je fais sur scène.» Si elle vit un rêve éveillé, tout en étant consciente de la réalité des choses, son ambition est de « construire une carrière. Un one-shot ne m’intéresse pas, c’est même dangereux. C’est trop violent de vivre des choses aussi intenses », confie-t-elle. « Je construis avec patience sur le long terme. «Voilà» était une pièce de ma maison. Il y en a d’autres à faire. » A.CH. Barbara Pravi en concert mardi 22 octobre à 20h30 au théâtre de Champagne. Tarifs: 35€ (assis), 30€ (réduit).
SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
MERCREDI 23 OCTOBRE ESPACE ARGENCE
Périodes bleue et rose : MC Solaar, look Picasso
MC Solaar sera la tête d’affiche rap des Nuits de Champagne. Après une longue période sans album, trois opus sortent coup sur coup en 2024. Entretien avec «l’ennemi de personne» et l’un des grands frères des musiques urbaines en France depuis plus de 30 ans !
CHRISTOPHE RUSZKIEWICZ
a pique un peu! Imaginez que MC Solaar, pionnier du rap dans l’Hexagone, a déjà 55ans. Son premier album, Qui sème le vent récolte le tempo, sur lequel les Français ont découvert Caroline, Victime de la mode ou Bouge de là, souffle cette année ses 33bougies. Un petit coup de vieux, n’est-ce pas?
«La seule chose que j’ai faite dans ma vie, c’est d’être rappeur, je ne sais rien faire d’autre»
À la cool, toujours pimpant, MC Solaar, qui nous invite à l’appeler par son prénom, Claude, n’envisage pas du tout la retraite, ni même la préretraite. « La seule chose que j’ai faite dans ma vie, c’est d’être rappeur, je ne sais rien faire d’autre », admet l’auteur de Nouveau Western. « La génétique » et « un footing par semaine au moins » maintiennent en forme l’un des seuls rappeurs français qui a su percer à l’international. Il le fallait bien, car l’année s’annonce intense jusqu’au bout. Trois petits albums qui composent un triptyque sont programmés en 2024 – « nous venons d’entrer en studio pour finaliser le troisième », souligne MC Solaar. Ajoutez à cela une tournée
dense avec quatre Olympia consécutifs du 12 au 15 décembre.
À ce propos, Claude apprécie d’avoir des bons retours à la suite des premiers concerts. Le public est composé à 50% de ses fans de
LUNDI 21 OCTOBRE THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
Raphaël: «Je ne cherche pas le succès populaire»
Raphaël est de ces artistes discrets, qui ne raffolent ni de la promo, ni des feux des projecteurs. Il mène sa barque sans faire de vague, se laissant porter par les succès de ces tubes Caravane, Sur la route, Dans 150 ans… Pas question de se reposer sur ses lauriers, l’artiste explore d’autres univers, d’autres mondes, qu’il nous raconte en chansons. De retour sur scène avec son nouvel album Une autre vie, vingt-cinq ans après la sortie du premier, ce papa de trois enfants, compagnon de la comédienne Mélanie Thierry, porte un regard conscient sur son parcours. « J’ai beaucoup de chance de faire ce métier, de faire des disques. La crainte, c’est de décevoir. On a envie que ça marche quand on passe deux-trois ans de boulot sur
un projet. » Cet album, Raphaël l’a voulu joyeux, peut-être plus que les autres. « J’ai envie de faire du bien aux autres. La beauté rend heureux, bouleverse, éveille. Ça me rend heureux de le faire et ça touche », confie-t-il. « C’est toujours un peu joyeux et mélancolique. Le but de la musique, c’est d’être festive et de faire voyager l’âme. Bach n’est pas joyeux, Nina Simone non plus. Le projet, c’est de transmettre de l’émotion. »
«LE BUT DE LA MUSIQUE, C’EST DE FAIRE VOYAGER L’ÂME» Avec ses mots à lui, en proposant quelque chose de nouveau, d’inédit. « Je suis un chemin de traverse. J’aime bien faire avancer mon petit artisanat en proposant des choses
la première heure. « Ils ont moins l’attitude qu’à l’époque de mes débuts. Avant, il fallait un blouson noir, un bonnet noir, on ne venait pas pour s’amuser. Maintenant, c’est festif, ça chante de plus en plus.» Nou-
veaux mais surtout anciens titres cohabitent sur scène dans une « bonne alchimie » avec « une chaleur » particulière créée par la combinaison d’une basse et d’un clavier: « On fait comme Picasso!
Période bleue, période rose », glisse le rappeur dans un sourire.
«L’ENNEMI DE PERSONNE»
Après une année 2023 sans grande affiche musique urbaine, les Nuits retrouvent avec MC Solaar celui que l’on peut qualifier de grand frère du rap français. MC Solaar ne distille pas « d’idéologie fortecar aujourd’hui, tout a été dit ». Il se concentre sur une approche « plus stylistique »: un bon son, un flow et une énergie positive. Le rappeur sympa, gentil, est d’ailleurs une étiquette qui lui colle à la peau. Ne l’a-t-il pas vécu comme une médisance, notamment au début de sa carrière? « Ça m’allait réellement. Dans toutes les équipes, il faut des avants-centres, et des milieux droits. J’ai choisi dès le départ une approche thèse, antithèse, synthèse, basée sur la philosophie. Au début des années 90, je voulais redorer le blason du rap sur les stéréotypes qu’il dégageait. L’idée était l’apaisement, le fait de prendre du recul. Je ne voulais pas ressembler à un rappeur américain. Je n’étais l’ennemi de personne. »
Mais tout de même, s’il avait un message à faire passer, quelle cause défendrait-il? MC Solaar réfléchit et colle à l’actu: soutenez Octobre rose et la lutte contre le cancer de sein.
MC Solaar, mercredi 23 octobre à 20h30 à l’espace Argence. Tarifs : 49€ (assis), 39€ (debout), 30€ (réduit).
qui n’ont pas été faites. Je ne cherche pas le succès populaire. Je fais ce que j’aime. Je ne vais pas renoncer à la beauté pour être populaire. C’est ce qu’il y a de plus dur. Depuis toujours, je fais des disques que j’aime. Je n’ai pas envie de passer à la télé toutes les semaines mais je mesure la chance que j’ai de faire ce métier, de me lever pour chanter pour des gens. Ce n’est pas normal. On croit que c’est acquis mais ça ne l’est pas.»
De son travail, il se dégage une forme de plénitude qu’il assume.
« Je suis un type heureux, plutôt insouciant. Heureux en amour, je m’occupe de mes gosses tout le temps. C’est grisant de faire de la promotion mais il y a forcément des moments de doute où on se demande comment on va faire. Quand on écrit un livre ou un disque, on re-
Raphaël: «J’aime bien faire avancer mon petit artisanat.»
part de zéro.» Un exercice difficile dans lequel sa plume s’épanouit, qu’importe le support, lui qui a remporté en 2017 le Goncourt de la nouvelle. « On ne dit pas la même chose dans des chansons que dans des nouvelles. On peut dire des choses plus intimes, plus précises. L’espace est plus grand
que la musique. Alors que la chanson, ça a plus trait à la poésie. Mon premier amour reste la musique mais ce sont deux cases très importantes pour moi. » A.CH. Raphaël en concert lundi 21 octobre à 20h30 au théâtre de Champagne. Tarifs : 42€ (assis), 30€ (réduit).
SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
VENDREDI 25 OCTOBRE THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
Dionysos: «Le succès est un ticket pour un train magique»
Leader charismatique du groupe Dionysos, Mathias Malzieu, à l’imagination débordante, est en tournée dans toute la France pour fêter les trente ans du groupe. Il vous offre une plongée dans l’extraordinaire dont lui seul a le secret.
Vous fêtez vos 30 ans de carrière. Comment se passe cette tournée anniversaire qui a commencé pour vous par une grosse fracture dès le premier concert? Ça ne pouvait pas plus mal commencer,doncçanepouvaitqu’aller mieux. Premier morceau, premier concert, c’était un départ en fanfare. Donc c’est assez émouvant d’être sur scène. On m’a prescrit un arrêt de travail que je n’ai pas respecté. J’ai joué avec un fauteuil roulant. Le groupe, l’équipe technique, tout le monde a trouvé une solution pour fabriquer un concert en quinze jours et n’annuler aucune date, seulement en reporter. Il y avait plusieurs inquiétudes. Est-ce que je vais tenir ? Est-ce que le public ne va pas être déçu de me voir dans cet état? Il y avait beaucoup de stress pour la première date à Bruxelles. On vient chercher l’adrénalineetjesuisassis.C’estun autre concert. Je n’avais pas le choix. Ce n’était pas comme j’avais prévu mais je suis passé par des chemins de traverse. On a tout repensé en fonction du fauteuil roulant qu’on a intégré au spectacle pour créer une dynamique. Le public a été formidable. Il y avait une forme d’empathie et de reconnaissance. Ça a créé un lien particulier sur ce concert et une dynamique générale entre joie, émotions et rock. La tournée est moins sportive qu’il y a vingt ans, j’ai 50 ans aujourd’hui, mais il y a toujours une énergie très rock.
Comment allez-vous aujourd’hui?
J’ai gardé le fauteuil tout l’été, en faisant moitié/moitié. Aujourd’hui, le fauteuil fait partie de la tournée commeunpersonnagedel’histoire et de la scénographie. Maintenant, je fais un vrai concert debout mais à un moment précis, le fauteuil fait son apparition.
Comment avez-vous géré la blessure et la tournée?
J’avais un pied qui ressemblait à ceux de Shrek ! Je prenais des somnifères pour dormir, de la cortisone pour la voix. Le Tour bus avait un côté bateau pirate. Je m’endormais à Reims pour me réveiller à Marseille. J’essayais d’écrire un livre. J’ai dû prendre le train en PMR. Ça m’a fait prendre conscience de pleindetrucs.C’estuneexpérience
«Écrivain de chanson ou de livre, c’est surtout l’imbrication avec le réel qui est savoureuse. L’imagination doit être ancrée et étirer le réel pour mieux le renseigner»
de vie. Ce n’est que de la tôle froissée. C’est embêtant mais ce n’est pas grave. Le premier mois, je me faisais mes piqûres tout seul pour éviter la phlébite. J’en ai bavé mais ça valait le coup. Il y a eu une vraie solidarité avec l’équipe. Le public a vécu un concert collector. Je suis heureux de repartir sur une base plus mobile pour la troisième partie de cette tournée.
Vous êtes reparti sur les chapeaux de roues… J’ai repris le footing. Je termine les corrections d’un livre et l’adaptation du spectacle. Je continue mon travail artistique à la direction du théâtre des 3 Baudets. Je suis débordé mais débordé de joie. Depuis ma greffe de moelle osseuse, il y a dix ans, je suis plus vite fatigué mais j’ai beaucoup d’énergie.
Vous êtes insatiable. Vous êtes toujours sur plusieurs fronts à la fois. Cela fait partie de votre équilibre?
C’estundosage.J’aitendanceàêtre surdosé. Je suis hyperactif et hypersensible. Quand j’ai perdu ma mère, ma béquille créative s’est musclée. Ça a augmenté mon addiction à la création. J’arrive à trouver un équilibre. C’est un travail de tous les jours. Ce qui me permet d’habiter sur un bateau. J’ai une compagne merveilleuse, deux chats extraordinaires, qui seront
les narrateurs de mon prochain livre. Cela me permet d’avoir un sas. Je prends le bateau pour aller sur une île pas loin pour y lire. J’y vais comme un pirate. Ça me fait un bien fou. J’adore l’électricité de laville,yalleretenressortirunpeu comme un super-héros, qui enlève sa cape et descend les poubelles.
Vous avez toujours eu ce sens créatif même enfant?
Oui,depuistoutpetit.J’avaisunpetit singe. Tous les deux, on avait fondé une entreprise de tout. On organisait des courses de tortues, des tournois de tennis. Je leur parlais. Il y avait une forme de joie créative. J’ai toujours eu besoin de raconter des histoires et d’en entendre. Adolescent, j’étais passionné de littérature américaine, de rock indépendant américain, de folk et de punk rock. J’ai découvert les films de Burton, Wenders…
J’avais une passion équilatérale. J’écrivais des chansons et je tournais des clips en Super 8.
Où puisez-vous cette imagination débordante? Écrivain de chanson ou de livre, c’est surtout l’imbrication avec le réel qui est savoureuse. L’imaginationdoitêtreancréeetétirerleréel pour mieux le renseigner. Le réel, c’est la matière principale pour aller dans le rêve. Dans «Une sirène à Paris», je me suis amusé à pousser le fantastique pour attraper une poésie différente. C’est ce qui m’amuse.
Vous comptez déjà trente ans de carrière. Quel regard portez-vous sur ces années? 30 ans, c’est une grande joie. J’ai toujours considéré que le succès n’est pas une fin en soi. Le succès est un ticket pour un train magique. On doit continuer à explorer tout en continuant à devenir nousmêmes. C’est facile de s’emballer commeaudébutdansuncouple.Si on a su courir un 100m, on doit pouvoir courir un marathon. Il y a des moments où on ne se comprend pas. Mais le principe du vivre-ensemble, c’est de faire en sorte qu’avec des ajustements, cela soit possible.
Quel est le secret de la longévité? Il y a beaucoup d’amour, de la camaraderie. On est tous très différents mais à la limite de la fratrie. Peut-être par moments encombrant comme une deuxième famille à gérer. C’est un si joli problème créativement, humainement et émotionnellement. On en reçoit beaucoup de ceux qui nous suivent. C’est une chance de durer quand on défend des univers comme les nôtres. Le poète Robert Frost disait que si tu es artiste, il fauttupassesparlaforêt.Oncontinue d’être dans la forêt et sans snobisme. Ça nous faisait peur de mener des projets chacun de notre côté. C’est la meilleure chose qui nous soit arrivée. Parfois, les minitrahisons sont bonnes. Aller faire un livre, une tournée… elles sont vitales. Dionysos est ouvert sur l’intérieur et l’extérieur. Le désir est toujours là. Il faut profiter. On a vécu des choses extraordinaires. Dionysos, vendredi 25octobre au théâtre de Champagne à 20h30. Tarifs: 45€ (assis), 35€ (debout), 30€ (réduit).
NUITS DE CHAMPAGNE
MERCREDI 23 OCTOBRE THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
Entretien avec Hervé
« J’avais envie de casser les codes»
Il a fait ses armes au festival Off Off Off avant de crever le petit écran. Trois albums plus tard, revoilà Hervé au festival des Nuits de Champagne, cette fois au théâtre de Champagne, toujours avec une énergie et une créativité débordantes.
AURORE CHABAUD
Hervé, on vous avait découvert dans le Off Off Off juste avant votre Victoire de la musique comme Révélation masculine. Vous voilà de retour aux Nuits de Champagne mais dans le «on». Que de chemin parcouru!
Je m’en souviens. J’ai beaucoup de chance. On a beaucoup travaillé aussi. Je me rappelle avoir joué dans un bar à vin. Ça vibrait tellement qu’ils avaient peur que les bouteillespètent.Jesuiscontentde revenir là où je suis passé, que ça soit des petites salles, des plus grandes ou des bars. Mes trois disquesm’ontpermisderevenirici.
Qu’est-ce que ça a changé de décrocher une Victoire de la musique? Cela vous a-t-il ouvert des portes?
J’étais trop content mais à aucun moment je ne m’étais dit que j’allais l’avoir, que j’étais plus une révélation qu’un autre. Je me suis dit qu’on avait conscience du travail abattu pendant des années. Cette Victoire m’a permis de faire deux disques derrière. J’ai beaucoup de chance d’avoir été mis en lumière par une émission télé. En cinq minutes, j’ai pu montrer un échantillon de ce que je fais. Ensuite, on a construit le reste d’album en album,aufuretàmesure.
«Je prends toujours autant de plaisir qu’au premier morceau. J’ai la même sensation, la même envie, les mêmes craintes, avec des joies plus grandes»
Qu’elle est loin, l’époque où vous réalisiez votre premier album dans votre cuisine en faisant des crêpes… Je travaille dans les mêmes conditions qu’avant, à part que ce troisième album, je l’ai fait en Angleterre. J’ai travaillé dans un salon mais en Angleterre, avec le même ordinateur, le même logiciel, la même façon de travailler l’image. Ça n’a pas trop changé. Tout vient en même temps. Je m’enferme dans ma chambre et je fais un disque. J’ai toujours fonctionné comme ça et je prends toujours autant de plaisir qu’au premier morceau. J’ai la même sensation, la même envie, les mêmes craintes, avec des joies plus grandes aujourd’hui.
«Adrénaline», votre troisième opus, est sorti très vite après le second. Vous aviez encore
Hervé: «J’ai fait trois albums en quatre ans. J’ai toujours un truc sur le feu, un clip, un contenu pour les réseaux sociaux.»
Off Off Off: «Trouver des artistes qui compteront sur la scène française»
Chaque année, c’est un pari. Aller dénicher des pépites, des talents de demain pour les faire briller sous le ciel des Nuits de Champagne, dans le cadre du festival Off Off Off. C’est tout le travail que mène Grégory Blanchon de l’association Dixsonance, depuis de nombreuses années. Un travail payant. Car l’homme a du flair. Clara Luciani, c’est lui. Eddy de Pretto aussi. Hervé également. Pour autant, il a le triomphe modeste. Il ne fait pas ça pour exister mais bien par amour de la musique. « On a essayé encore cette année de trouver des artistes coups de cœur, des artistes qui, on espère, compteront dans le paysage de la scène française des prochaines années. Je pense à Jean notamment, qui a été une révélation au Printemps de Bourges, Bibi Club qui a déjà la presse française qui les suit dont la première chaîne de radio nationale qui les soutient. Cela fait partie des projets pour lesquels on a eu un coup de cœur », dévoile Greg Blanchon. « Il y a des artistes comme Xavier Polycarpe, qui ont une
carrière derrière eux et qu’on est ravi de réaccueillir. Il y aura différentes couleurs: de la pop, du rock, la soirée rap avec le collectif Aimecette. Il y en aura vraiment pour tous les goûts. Le Off Off Off est tourné vers l’avenir donc il ne faut pas se couper de ce type de propositions.
» Une nouvelle fois, Dixsonance a essayé de ratisser large pour satisfaire et surprendre tous les publics. « On a assez d’éclectisme dans la proposition artistique. » Et c’est ce qui fait à la fois sa force et sa marque de fabrique. « Si un artiste a du talent, il en a dès le début. C’est ce qu’on va essayer de rechercher. J’ai eu plein de coups de cœur pour des artistes avec un talent immense et je suis toujours malheureux de voir qu’ils n’ont pas eu la visibilité qu’ils méritent. Quand ça arrive, on est content pour eux. C’est le cas d’Hervé, Clara Luciani, Eddy De Pretto, Julien Granel, l’artiste le plus programmé des festivals d’été. On espère que ça va arriver pour les artistes de la sélection 2024.»
plein de choses à dire ou c’était un besoin viscéral d’enchaîner?
Je ne sais pas comment faire autrement. J’ai fait trois albums en quatre ans. J’ai toujours un truc sur le feu, un clip, un contenu pour les réseaux sociaux, je fais tous les montages. Avant d’attaquer mon deuxième album, j’avais deux visionsentête.J’avaisenviedemeraconter, de parler de la Bretagne, de la santé mentale, de mon parcours dejeunesse.Parallèlement,j’aitoujours adoré le rock anglais. J’ai fini par faire les deux. Six mois après mon deuxième album, sortait le 3e . J’avais envie de casser les codes. Mesexpérimentationssontdehors. Lesenviesquej’ai,ellessortent. Qu’est-ce qui vous procure de l’adrénaline?
Je voulais sortir ce troisième album avantlesfestivalspourlejouertout desuitesurscène.J’aijouédesmorceaux qui étaient sortis il y a un mois. Personne ne les connaissait. C’est de l’adrénaline. C’est une prise de risque qui apporte du plaisir. Tout est réfléchi, tout est pensé. 200% de mon cerveau est concentré sur le montage vidéo, le clip, la pochette… À un moment, place au kif.Onestcontentquandonsortde scène.Jevischaqueconcertcomme si c’était le dernier. Je me fais un point d’honneur à prendre plaisir. C’estincroyablecequ’onvit.
Rêviez-vous de ce succès plus jeune? Pasdutout,maislaviequejemène, oui.J’essaied’êtredansuneénergie créative constante. Quand vous êtes artiste, vous voyagez beaucoup. Chaque journée n’est jamais la même. J’ai la chance d’être libre mêmesijetravaillebeaucoup.Jene vois pas le temps passer. Je m’amuse bien même si ça enchaîne. Dans la tête, il faut être solide mais c’est un mode de vie qui mevabien:bouger,rencontrerdes gens et essayer de performer au maximum.
Vous êtes un homme heureux? Dans ma vie personnelle et professionnelle, oui. On avance. C’est une sensation super agréable de sentir ça et de faire la meilleure musique possible. J’essaie de ne pas me répéterdanscequejefais.J’aimeressembler aux disques que j’écoute. Je suis toujours surpris de voir que lesgensmontentàbord.Jetente,je teste, je fais des trucs nouveaux qui nesontpastropvusenFrance. Hervé, mercredi 23octobre à 20h30 au théâtre de Champagne. 1re partie: Allivm. Tarifs: 34€ (assis), 27€ (debout), 22€ (réduit).
SPÉCIAL NUITS DE CHAMPAGNE
LE CUBE
JEUDI OCTOBRE 24
LAVILLIERS « MÉTAMORPHOSES » AVEC L’ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE L’AUBE 20 h 30
ALAIN SOUCHON, OURS ET PIERRE 20 h 30
ESPACE ARGENCE
DIMANCHE OCTOBRE 20 LE CHŒUR DE L’AUBE 17 h 30 20 h
LUNDI OCTOBRE 21
MARDI OCTOBRE 22
MERCREDI OCTOBRE 23
VENDREDI OCTOBRE 25 SAMEDI OCTOBRE 26
IBRAHIM MAALOUF 20 h 30
ANGÉLIQUE KIDJO 20 h 30
MC SOLAAR 20 h 30
LE GRAND CHORAL 21 h 16 h 21 h
THÉÂTRE DE CHAMPAGNE
LUNDI OCTOBRE 21 MARDI OCTOBRE 22
MERCREDI OCTOBRE 23
JEUDI OCTOBRE 24
VENDREDI OCTOBRE 25
SAMEDI OCTOBRE 26
LIEUX
AUTRES
RAPHAËL 20 h 30
BARBARA PRAVI 20 h 30
HERVÉ - 1re partie : ALLIVM 20 h 30
TIKEN JAH FAKOLY 20 h 30
DIONYSOS 20 h 30
CLARA YSÉ / YUSTON XIII 20 h
MARDI 22/10 :
20 h 30 L’ART DÉCO (Sainte-Savine) - KKC X CPC
JEUDI 24/10 : 18 h 30 ESPACE GÉRARD-PHILIPE (Saint-André-les-Vergers) - TONYCELLO
VENDREDI OCTOBRE 18
SAMEDI OCTOBRE 19
DIMANCHE OCTOBRE 20
LUNDI OCTOBRE 21
MARDI OCTOBRE 22
MERCREDI OCTOBRE 23
JEUDI OCTOBRE 24
VENDREDI OCTOBRE 25
LUNDI 21/10 :
LE FER À GUS
20 h 30 PYTHIES
22 h ALIAS
MIDI O HALLES
20 h 30 GARAGE MIDI 22 h BIBI CLUB
CHEZ FERNANDE
17 h IRNINI MONS
18 h 30 GROS CŒUR
LE TROYES FOIS PLUS 20 h 30 JEAN
22 h 4EVER LOST
LE RÉTRO
20 h 30 VONFELT 22 h LOUIS XIV
CHAPELLE ARGENCE
20 h 30 NESSIM & ROLSOM GELLOWAY SESSION YURISKA 23 h 30 SAN-NOM LOLA ONDI KWA
L’ILLUSTRÉ
20 h 30 MAMAMA
22 h XAVIER POLYCARPE
THE MESSAGE
20 h 30 PRETTY INSIDE 22 h HORSEES
18 h 30 BONBON VODOU (chanson chaloupée)
23 h 30 VIZIR - ELENA MECHTA
MARDI 22/10 :
18 h 30 BARRUT (polyphonie occitane)
23 h 30 NAST - FENOUIL2000
MERCREDI 23/10 :
18 h 30 NUITS TRANSATLANTIQUES
Virginie B - Vendou - BiBi Club
20 h 30 Le collectif Aimecette présente NESSIM & ROLSOM - GELLOWAY SESSION
YURISKA
23 h 30 SAN-NOM - LOLA ONDI KWA
JEUDI 24/10 : 23 h 30 APLLON - LOKI STARFISH
VENDREDI 25/10 : 23 h 30 CHARLIE MOTTO - FABISOUNOURS
SAMEDI 26/10 : 20 h MÉTRO VERLAINE 1re partie - Prix musical aubois Uppercut