Région Alsace Champagne Ardenne Lorraine : 2000 ans d'histoire

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nnes e d r A ine, roule e é S d t e e . Rhin Alsace, s monde e r t n ’ u ux, e plaine d , voire d e d t e re l’ent arisien e e l’Europ e d d ys np e pa s, bassi rance, c s Dan t Vosge de F e r i e to l’his

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LES GRANDES INVASIONS

LE ROYAUME DES FRANCS

LES CAROLINGIENS : UNE DYNASTIE VENUE DE METZ

2000 ANS

d’histoire JERÔME ESTRADA

D

isons-le d’emblée : il ne sert à rien de chercher une identité commune aux Alsaciens, Ardennais, Champenois et Lorrains dans les tréfonds de l’histoire. Elle n’existe pas. Pour autant, il serait tout aussi ridicule de nier que ces régions ont un passé qui se rejoint souvent, s’éloigne parfois pour mieux se retrouver, se mêler dans un ballet d’événements communs, souvent tragiques, parfois heureux, et de personnages essentiels qui font fi des frontières pour accomplir leurs rêves de grandeur, parfois leur mégalomanie, voire leur utopie. Au point que ces « histoires » sont devenues, au-delà d’une simple chronologie de provinces, l’histoire de la France, celle de l’Europe, du monde. Voici de façon non exhaustive et forcément subjective, le récit de certains grands événements qui se sont déroulés dans ce pays de l’entre-deux, entre Rhin et Seine, Ardennes et Vosges, bassin parisien et plaine d’Alsace. Passons sur la préhistoire et la protohistoire…Voilà les Gaulois et les Romains.

DE LA LOTHARINGIE À LA LORRAINE

LA GUERRE DE 30 ANS

LA CHUTE DE L’AIGLE

LA GUERRE DE 1870

LA GRANDE GUERRE

LA 2e GUERRE MONDIALE

DE 1945 À NOS JOURS

CONCEPTION : Studio graphique de L’Est Républicain CRÉDITS PHOTOS : • Archives de L’Est Républicain • Archives départementales de la Meuse • Archives municipales de Nancy • Collections particulières


DES GAULOIS

et des Romains Le territoire des Gaules entre Rhin et Pyrénées est composé d’environ 64 pays relativement divers et d’une unité très factice...

LES PEUPLES DE L’EST Les Rèmes (en latin : Remi), puissant peuple de la Marne et des Ardennes, avaient pour capitale Durocortorum (sans doute « forteresse ronde » en celtique) à l’origine de Reims. Leur nom signifie probablement, « les premiers », « les plus anciens » ou « les princes ». Ils seront un des rares peuples à ne pas faire défection envers Rome, tout au long de la guerre des Gaules. Les Tricasses (actuel département de l’Aube), donnèrent leur nom à Troyes, dénommée Augustobona (en l’honneur d’Auguste) durant la période romaine. Leur territoire, créé au début du principat (Auguste) à partir d’une petite partie de ceux des Lingons et Sénons, était rattaché à la Gaule lyonnaise. Leur nom contient le thème cass- qui signifierait pour certains « bronze, étain, airain », ou encore « excellent, beau, plaisant » ou encore « chêne » (par contraction du gaulois cassano, les trois chênes) ou encore « boucles » (de l’irlandais). L’élément tri- est attesté avec certitude dans le calendrier gaulois, grande table de bronze du IIe siècle, trouvée à Coligny (Ain), par la formule gauloise trinox samo sindiu, forme abrégée de trinoxtion Samoni sindiu « la fête des trois nuits de Samonios aujourd’hui ».

Les Leuques, nom dérivé du celtique leucos, signifiant « clair », « brillant » soit « les fulgurants » ou plus prosaïquement « les vigiles » au sens de gardiens vigilants de la frontière méridionale avec ce qui se nommera plus tard Gaule celtique. Leur territoire correspondrait à la Lorraine centrale et méridionale. Il est possible, selon l’hypothèse de certains historiens que les Leuques aient porté dès l’origine le statut de cité alliée de Rome, jouissant en principe d’une autonomie totale, contrairement à leurs voisins médiomatriques qui ont acquis ce titre seulement après l’époque augustéenne. De nombreux sites

À L’ORIGINE DE STRASBOURG En 12 av. J.-C. Argentorate (future Strasbourg) devient un camp militaire fortifié positionné sur le limes du Rhin (frontière de l’Empire romain) faisant partie des forts de Nero Claudius Drusus. Au fil du temps, il va prendre de l’importance. Promue colonie militaire, Argentorate est déjà un carrefour commercial important et aux alentours de l’an 20 la population est estimée à près de 10.000 habitants, armée romaine incluse. À partir de 496, les Francs, maîtres de l’Alsace, font ressurgir une nouvelle ville, Strateburgum (« ville forte des routes »). Elle s’affirme sous le règne des Carolingiens comme le carrefour des civilisations rhénanes.

fortifiés sont présents dans cette vaste région, sans qu’il soit toutefois possible d’établir à chaque fois leur caractère contemporain (Sion, butte SainteGeneviève à Essey-lès-Nancy, SorcySaint-Martin, Boviolles sur l’Ornain). Les deux principales villes sont Tullum (Toul), la capitale, et Nasium.

Bas-relief du divodurum-mithraeum gallo-romain trouvé à Sarrebourg et conservé aux musées de Metz.

LE MIRACLE DE METZ Le sanctuaire dédié à Étienne (Oratorium beati Stephani) qui se trouvait à l’emplacement actuel de la cathédrale, fut le seul monument épargné par les Huns lors du sac de Metz (451). L’oratoire de Saint-Étienne est dans les grâces divines et devient alors fort populaire. On parle de miracle. Il accueille le siège de l’évêque et devient en quelque sorte la première cathédrale de Metz, à l’intérieur même de celle-ci. On peut supposer que le sanctuaire de Saint-Étienne était relativement récent lors du sac de Metz par Attila. Il sera reconstruit (à partir de 965) par l’évêque Thierry 1er avec l’aide financière des empereurs Othon 1er et Othon II. La nouvelle cathédrale, ou basilique en raison de son plan, fut consacrée en 1040.

58 - 51 av J.C

27 av. JC - 14 apr. J.C

IIIe - Ve siècles

Conquête de la Gaule par les Romains. Principales tribus de l’Est : les Rèmes (Marne et Ardennes), Lingons (entre la Marne, Meuse, Saône et Seine), les Trévires (nord de la Lorraine), les Médiomatriques (de l’Argonne au Rhin), les Leuques (Lorraine centrale), les Catalaunes (Châlons-en-Champagne).

Règne d’Auguste. Une grande partie de l’Est de la Gaule est intégrée à la province de Belgique. La capitale est d’abord Reims (Durocortorum) puis Trèves. Développement des villes de Dividorum (Metz), Verrodunum (Verdun), Tullum (Toul), Duro Catalaunum (Châlons-en-Champagne), Andematunum (Langres).

Dès le début du 3e siècle, l’Empire romain affaibli connaît une série d’invasions de la part de « barbares » venus de l’est. À partir de 400, poussés par les Huns venus d’Asie, ils franchissent le Rhin. Alamans et Francs occupent le nord et l’est de la Gaule.

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Les Médiomatriques (du latin Mediomatrici) : leur territoire semble s’être étendu d’abord de la forêt de l’Argonne au Rhin. Vers le 1er siècle av. J.-C., les Médiomatriques sont contraints sous la pression des Suèves de quitter l’Alsace et laisser place aux Triboques. Ils occupent alors l’actuel département de la Moselle. Leur principal oppidum

CHAMPAGNE Ce sont les Romains qui introduisirent la culture de la vigne en Champagne, au début de notre ère. Ils avaient déjà décelé l’originalité du terroir qui confère au champagne sa spécificité : climat océanique de transition, sous-sol crayeux et relief de coteaux. Jusqu’au XVIe siècle, l’histoire de la province est intimement associée à la production de vins tranquilles rouges, puis gris. Le champagne en tant que tel n’apparaît qu’au XVIIe siècle, lorsqu’on commencera à maîtriser l’effervescence naturelle du vin local et, comme le faisait le moine Dom Pérignon, à tailler la vigne et à assembler les crus et les cépages. Étroitement lié à la monarchie, le champagne devint le vin des sacres, puis le vin des rois. Son succès s’étendit aux élites aristocratiques du monde entier au XIXe siècle grâce au dynamisme des Maisons de Champagne, qui en firent le symbole de l’esprit français.

Carte de la Gaule et de ses principales régions selon Jules César avant la conquête complète (58 avant J.-C.)

Dom-Pérignon.

est à Divodurum à l’origine de Metz (divo signifiant divinité et duro, latinisé en durum, marché, forum que certains historiens traduisent par « colline » en raison de la similitude avec « duno » et en référence à la colline Sainte-Croix, berceau de la cité). Autres sites importants : mont Hérapel, sur l’axe entre Metz et l’Allemagne, Pierrevillers-Rombas et Vitry-sur-Orne. En 52 av J.C, les Médiomatriques envoient un contingent de 5 000 hommes à l’armée gauloise destinée à secourir Vercingétorix à Alésia.

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l’Aube, de l’Yonne, de la Côte d’Or et le sud de la Lorraine. Leur capitale était Andemandum, aujourd’hui Langres. Deux sites archéologiques de tout premier ordre ont été découverts : le complexe aristocratique de Vix/Mont-Lassois (Côte d’Or) et l’ensemble funéraire de Lavau près de Troyes. Ce peuple celtique fut tout le long de la guerre des Gaules, des alliés des Romains.

Les Lingons (« les sauteurs », les « bondissants ») : en Gaule, leur territoire s’étendait sur la plus grande partie du département actuel de la Haute-Marne, ainsi que, partiellement, sur ceux de

Les Trévires : leur territoire couvrait approximativement l’actuel Luxembourg et les régions avoisinantes, entre les Ardennes et le Rhin. Leur capitale était l’oppidum de Titelberg sur un mont dominant la vallée de la Chiers, puis Augusta Treverorum (l’actuelle Trèves) à l’époque gallo-romaine.

448

451

496 - 499

Clodion, chef des Francs saliens, est battu par Aetius mais le général romain conscient qu’il n’a pas les moyens militaires pour occuper à nouveau le territoire, les autorise à s’y installer. Ce territoire sera la base du royaume franc.

Après avoir saccagé Argentoratum (Strasbourg), Metz et Reims, Attila, roi des Huns, est battu aux Champs Catalauniques (en Champagne) par le Romain Aetius aidé de Wisigoths, Alains, Sarmates, Francs saliens.

Clovis qui, depuis la bataille de Soissons (486), contrôle tout le nord de la Gaule, reçoit le baptême des mains de saint Rémi, l’évêque de Reims (date incertaine). Un acte majeur qui va changer le cours de l’histoire.


Les Catalaunes (du celte cato-vellaunos, « les meilleurs au combat »), peut-être sous tutelle des Rèmes, étaient installés dans l’actuelle région de Châlons-en-Champagne, ville dont le nom dérive de Catalaunum, parfois appelée Duro Catalaunum, garnison romaine implantée le long de la voie Agrippa, sur une des îles de la Marne, vers 20 av. J.-C. Ce peuple gaulois disposait d’un important oppidum à La Cheppe, connu sous le nom « le camp d’Attila » parce qu’il aurait été, selon la légende, le camp retranché du chef hun lors de la bataille des Champs Catalauniques (20 juin 451).

Le géographe Strabon.

LE MONT SAINTE ODILE C’est un peu comme la colline de Sion si chère au cœur des Lorrains. L’ancienne « montagne haute » des Celtes (Altitona), 764 m d’altitude, est un lieu emblématique d’Alsace. Occupée depuis la nuit des temps, en témoigne le fameux mur des païens élevé sans doute au VIIe siècle av. J.C (11 km, entre 1,60 -1,80 m de large, sur une hauteur maximale de 3 m soit 300.000 blocs cyclopéens), Odile, fille du duc d’Etichon, aujourd’hui sainte patronne de l’Alsace, y a fondé en 680 une abbaye (Hohenbourg), plusieurs fois détruite depuis mais toujours reconstruite. Haut lieu de la culture alsacienne, ce couvent est un site de pèlerinage très fréquenté.

LA PAX ROMANA Le soutien indéfectible apporté par les Rèmes et les Lingons leur vaut le titre « d’alliés du peuple romain » et leur épargne la sujétion. Durocortorum (Reims), classée parmi les cités fédérées considérées comme indépendantes, conserve ses lois, sa religion et son gouvernement. Sous le règne d’Auguste (27 av J.-C. - 14 ap. J.-C.), elle devient la capitale de la Gaule belge et une des plus vastes villes au nord et à l’ouest de Rome ; ses limites étaient marquées par quatre portes monumentales dont la porte de Mars. Plus à l’Est, la vallée de la Moselle devient un important axe de communication. Le tracé des routes actuelles correspond encore en partie à celui de celles créées par les Romains. L’axe principal, reliant Lyon à Trèves, par Toul et Dieulouard (Scarpone), met en communication les régions rhénanes et la Méditerranée. Un second axe, croisant le premier à Metz, relie Verdun à Strasbourg par Marsal, Sarrebourg et Saverne. Une autre voie permet de gagner les Vosges depuis Reims, Bar-le-Duc et Toul. Pendant sa période la plus prospère (à partir du Ier siècle) Divodurum est une ville romaine ouverte, dont le cœur correspond à la moitié est du centreville actuel (des berges de la Moselle à la place Saint-Louis). De nombreux vestiges sont visibles dont l’aqueduc de Gorze et les thermes du nord conservés dans le sous-sol des musées de la Cour d’Or. Le sel de la Seille (exploité par les Celtes depuis sept siècles auparavant) assure aux Gallo-Romains une grande prospérité. En témoigne la stèle dédiée en 44 par les habitants de Marsal à l’empereur Claude. Au pays des Leuques, les deux principales villes sont Tullum (Toul) et Nasium (aujourd’hui Naix-aux-Forges/Meuse) qui durant son extension maximale, se dotera d’un apparat important et atteindra une superficie de 120 ha, ce qui en fait, avec Metz, la ville antique majeure de Lorraine.

Les Triboques ont occupé la plaine d’Alsace peut-être à la demande des Romains pour barrer la route aux invasions barbares. L’origine de ce peuple ancien reste assez contestée (celte ou germanique ?). Leur capitale est Brocomagus (Brumath). Plus au sud on trouve les Rauraques. Ces tribus auront longtemps des camps militaires établis le long du Rhin, le plus important étant Argentoratum, dont l’ancien nom celte était Argentorate, et qui allait devenir la ville de Strasbourg.

Le site archéologique de Grand (Vosges) correspond probablement à la ville gallo-romaine d’Andesina, relevant de la civitas des Leuques, qui devait compter près de 20.000 habitants répartis sur une étendue dépassant largement celle du village actuel. On peut toujours voir l’amphithéâtre de 17.000 places et une mosaïque de 232 m2 pavant un édifice traditionnellement dénommé « basilique ». Plus au sud la cité d’Andematunum (Langres) se situe, à partir du 1er siècle, au cœur d’un important nœud routier entre Lugdunum (Lyon), Augusta Treverorum (Trèves), Durocortorum (Reims), Divodorum (Metz), Autessiodurum (Auxerre), Argentoratum (Strasbourg)…L’Arc du Marché ou Porte romaine, datant de l’époque augustéenne (vers 20 av. J.-C.), est toujours visible, insérée dans les remparts de la ville. Des fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreux vestiges (tronçons de voies, maisons, remparts, lieux cultuels, etc.) et à l’extérieur de la ville, quatre nécropoles.

511

561

Vers 570

À la mort de Clovis, le royaume franc est partagé entre ses fils. Théodoric (Thierry 1er) reçoit le royaume de l’Est ou Austrasie mais qui est d’abord désigné comme Royaume de Reims puis Royaume de Metz, du nom de ses capitales.

À la mort de Clotaire I er, le royaume qu’il avait réunifié, est à nouveau réparti entre ses quatre fils. Sigebert 1er reçoit en héritage la partie orientale du royaume, avec Reims puis Metz pour capitale.

Loup, premier duc de Champagne. On ne connaît pas son ascendance, cependant on sait qu’il a un frère, nommé Magnulphe (Magnulf), qui fut évêque de Toulouse en 585.

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LES GRANDES

invasions

Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds l’Italie et les Arts (détail), Eugène Delacroix, 1847.

Mais les Romains résistent encore, notamment Postumus proclamé par son armée, par les cités des Leuques et des Médiomatriques et par les cités voisines, « empereur romain des Gaules », et les empereurs Aurélien et Probus. Leurs successeurs, Dioclétien (284-305), instaurateur du gouvernement impérial à quatre, la Tétrarchie, puis Constantin (306-337) réorganisent la défense romaine. La bataille de Strasbourg, disputée en 357 entre l’armée de l’Empire romain dirigée par le César Julien et la confédération tribale alamane conduite par le roi Chnodomar, marque le point culminant de la campagne pour empêcher les incursions barbares en Gaule et rétablir une ligne défensive forte le long du Rhin, ligne gravement endommagée pendant la guerre civile de 350-353 entre l’usurpateur Magnence et l’empereur Constantin II. En 365-366, Jovin (maître de la cavalerie dans les Gaules) remporte une nouvelle victoire sur une armée alamane à Scarponne.

Mais ce n’est qu’un répit. En 406, une coalition de Vandales, Quades et Alains (soit environ 150.000 personnes), poussés par les Huns ou désireux de trouver des vivres, traversent le Rhin gelé et envahissent la Gaule. Les Romains ne peuvent pas arrêter cette déferlante. Les cités leuques et médiomatriques notamment sont touchées de plein fouet, même si les Barbares ne restent pas dans l’Est de la Gaule. En revanche, de leur côté, les Alamans occupent les Vosges, l’Alsace et le nord de la Suisse, alors que les Francs s’établissent dans le nord de la Gaule (Belgique actuelle).

Vers 610

Vers 640

751

Apparition pour la première fois dans les documents latins de la forme Alsatia. Le nom de l’Alsace demeure une énigme scientifique. Plusieurs explications ont été avancées dès le IXe siècle mais aucune n’a réussi à faire consensus.

Le roi d’Austrasie fonde le duché d’Alsace (qui durera jusqu’en 754) pour assurer sur le Rhin la sécurité face au puissant et indépendant duché de Saxe-Alémanie. Il nomme Gondoin d’Alsace, seigneur de l’Ornois et de Toul, du Bassigny/Bolenois, premier duc d’Alsace.

Le maire du palais Pépin le Bref, dont l’aïeul est Arnoul, 27e évêque de Metz, dépose le dernier roi mérovingien. Les Carolingiens vont régner jusqu’en 987. Son principal représentant, Charlemagne n’oublie pas la Lorraine (Metz, Thionville, Vosges).

Attila.

Dès le début du 3e siècle, des peuples nomades du Nord et de l’Est de l’Europe à la recherche de nouvelles terres, essaient d’envahir l’Empire Romain qui a de plus en plus de mal à les repousser. En 254, les Alamans descendent jusqu’au sud de Metz. En 259-260, ils traversent à nouveau le territoire des Médiomatriques en passant par les cols vosgiens, et pénètrent dans la cité des Leuques en empruntant la grande voie LyonTrèves. En 275, les Francs pénétrèrent en Gaule par le Rhin.

Fête d’Attila, huile sur toile, par le peintre hongrois Mór Than (1870).

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En 451, Attila, à la tête d’une imposante armée qui comprenait aux côtés des Huns, un nombre indéterminé de contingents venant de tribus soumises ou versant tribut aux Huns alliés à des contingents germains, traverse à son tour le Rhin. Il saccage Trèves, Metz, Verdun avant de se diriger vers Orléans. Aetius réunit alors ce qui restait des forces régulières romaines dans la région (composées notamment avec des peuples fédérés comme les Wisigoths, les Francs, les Sarmates et les Alains). La célèbre bataille des champs Catalauniques, dont on ignore toujours l’emplacement exact dans les environs de Troyes, ne fut pas décisive, mais Attila dut se replier.

Les Huns menés par Attila, déferlant sur l’Italie, vus par Ulpiano Checa y Sanz (1887).

Le monde méditerranéen en 450.

814

835

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Ses frères morts, Louis le Pieux devient seul roi des Francs et empereur d’Occident. Il est le premier monarque français à être couronné à Reims (816).

Louis le Pieux destitué en 833 retrouve son titre d’empereur lors du concile de Thionville. Cinq ans plus tard, il meurt dans une île du Rhin, à Ingelheim, au cours des préparatifs pour une campagne contre son fils. Il est inhumé auprès de sa mère dans l’abbaye Saint-Arnould de Metz.

Traité de Verdun. Les trois fils de Louis le Pieux, Charles, Lothaire 1er et Louis se partagent l’empire. Ils reçoivent respectivement la Francie occidentale, la Francie médiane et la Germanie.

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LE ROYAUME des

Les Francs sont une confédération de diverses tribus germaniques établies sur la rive droite du Rhin inférieur. Jusqu’à la fin du IIIe siècle, les Francs Saliens, comme toutes les autres nations germaniques, alternent raids sur les frontières de l’empire romain et accords militaires avec lui. Mais régulièrement battus, ils acceptent rapidement le statut de Lètes. En contrepartie, ils sont autorisés à s’installer dans la Gaule Belgique (entre Escaut et Meuse). Très rapidement, les Saliens sont donc soumis à l’autorité impériale et deviennent, au milieu du IVe siècle, des fédérés. Lors des Grandes Invasions du Ve siècle, les Saliens vivent donc dans l’empire romain depuis plusieurs générations et à défaut d’être parfaitement intégrés, ils sont un support efficace de l’armée romaine. En témoigne le nombre de généraux impériaux d’origine franque. Leur intelligente et prudente stratégie, puisqu’ils sont plus faibles, est de s’associer avec tous les petits centres de pouvoir locaux, en prenant un droit de contrôle mesuré sur les vieilles cités romaines et surtout leurs voies et péages. Ils vont vouloir aussi mettre à profit la situation trouble dans laquelle se trouvent les Gaules pour étendre leur territoire vers l’ouest. Ils sont cependant une nouvelle fois battus, par Aetius (448)… qui, conscient qu’il ne pourra pas les retenir éternellement, compose avec eux, confirme leurs annexions à Tournai, Arras et Cambrai. Le rex à leur tête devient un officier romain à la tête des troupes fédérées du secteur (Clodion le Chevelu, Mérovée, Childéric). Ils soutiendront Ætius dans la lutte contre Attila. Le fils de Childéric, Clovis 1er, poursuit l’expansion du royaume. Il s’empare, à la bataille de Soissons (486), du territoire s’étendant de la Loire à la Somme et contrôlé par Syagrus, général romain. Après la bataille de Tolbiac (496), ayant promis au Christ de se convertir si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils

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de Dieu vivant » lui accorde la victoire, il se fait baptiser par l’évêque saint Rémi en la cathédrale de Reims (la date admise est le 25 décembre 498 mais elle est incertaine ; quoi qu’il en soit entre 496 et 506, voire 509). Par cet acte, il s’assure le soutien de l’Église romaine, principale autorité survivante de l’Empire, en plus de la sympathie du peuple gallo-romain. Le baptême de Clovis est l’un des événements fondateurs de la Monarchie française. À partir d’Henri 1er (1027) tous les rois jusqu’à Charles X (1825) sauf trois (Louis VI, Henri IV et Louis XVIIII), seront par la suite sacrés dans la cathédrale rémoise.

Francs

À la mort de Clovis (511) son royaume est partagé entre ses fils. Thierry hérite de ce qu’on appellera Austrasie mais qui est d’abord désigné comme Royaume de Reims puis Royaume de Metz, du nom de ses capitales. Après le règne de Dagobert 1er, qui a réunifié le royaume, s’amorce une période trouble. Le pouvoir réel passe entre les mains des maires du palais. L’un d’entre eux, Pépin le Bref, dont l’aïeul est Arnoul, 27e évêque de Metz, dépose le dernier roi mérovingien (751). Commence alors une nouvelle dynastie de rois : les Carolingiens.

LE VASE DE SOISSON Chaque année, Clovis rétribuait ses soldats en partageant entre eux, le butin qu’ils avaient amassé après leurs victoires. Ce partage se faisait dans la ville de Soisson. Une année, l’évêque de Reims supplia Clovis de lui rendre un vase magnifique que ses soldats avaient dérobé dans sa ville (486). Un seul guerrier ne fut pas d’accord et, furieux, frappa le vase de sa francisque (la hache des Francs). Clovis ne dit rien mais un an après, alors qu’il passait ses troupes en revue, il reconnut le soldat, examina sa tenue et lui reprochant que sa francisque était sale, il s’en saisit et la jeta à terre. Quand le soldat se baissa pour la ramasser, Clovis lui abattit sa francisque sur la tête en disant : « Voilà ce que tu as fait au vase de Reims ». Les autres guerriers furent très impressionnés et respectèrent encore plus leur roi.

855

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À la mort de Lothaire, ses fils se partagent le royaume. Lothaire II reçoit le territoire allant de la mer du Nord aux sources de la Moselle et de la Meuse . On baptisa ce royaume du nom de son roi : la Lotharingie (Lotharii regnum : royaume de Lothaire).

Louis III l’enfant, roi de Germanie et de Lotharingie (900-911). Dernier Carolingien de Germanie, il fut incapable de contenir l’invasion hongroise et laissa se former les duchés nationaux en particulier celui de Lorraine/Lotharingie.

Henri 1er l’Oiseleur, roi de Francie orientale (Germanie), est à l’origine des deux dynasties qui vont longtemps régner en Allemagne et France puisqu’il est le père d’Otton 1er, premier empereur germanique, mais aussi le grand-père d’Hugues Capet, fondateur de la dynastie capétienne.


La mort Brunehaut. La cathédrale Notre-Dame. Gravure dans Pierers Universal Lexikon, 1891.

LE SUPPLICE DE BRUNEHAUT En 566, Sigebert épouse Brunehilde (Brunehaut), la fille du roi des Wisigoths à Mettis (Metz), dont il fait sa capitale. Dans les faits, elle a régné pendant 33 ans. Elle est aussi célèbre pour sa rivalité avec une autre reine franque, Frédégonde. En 613, elle sera exécutée dans des conditions atroces.

Paul Lehugeur, Un roi fainéant dans son char à bœufs.

Baptême de Clovis. Toile du XVe siècle du maître Saint-Gilles. National Gallery of Art, Washington.

CATHÉDRALE DE STRASBOURG Mort d’Arbogas en 675. Selon la tradition, cet ermite de la forêt d’Haguenau devenu évêque à Strasbourg, a construit la première cathédrale de Strasbourg sur un site utilisé par les chrétiens depuis le IVe siècle après avoir été un sanctuaire romain. C’est sur les ruines de cet édifice carolingien qu’en 1015, l’évêque de Strasbourg, Werner de Habsbourg, et l’empereur Henri II posent ensemble la première pierre d’une nouvelle cathédrale qui sera détruite par un incendie en 1176.

956

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Robert de Vermandois, comte de Meaux (946-966) et de Troyes (956-966). L’union des deux comtés est à l’origine du comté de Champagne.

La Lotharingie est partagée en deux. La Haute-Lotharingie donnera naissance au duché de Lorraine mentionné comme tel en 1047. Les cités épiscopales, Metz, Toul et Verdun, héritières des privilèges carolingiens, s’octroient immédiatement une indépendance de fait.

Le prestige de la sainte Ampoule et la puissance politique des archevêques de Reims aboutirent à partir d’Henri 1er, à fixer définitivement le lieu du sacre à Reims. Tous les rois de France se sont fait sacrer dans la cité rémoise, à l’exception de 3 d’entre eux.

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Les Carolingiens :

UNE DYNASTIE ISSUE DE METZ

Charlemagne et son fils Louis le Pieux. Grandes Chroniques de France (XIVe - XVe).

On fixe communément comme origine à la lignée carolingienne le mariage, vers 630, d’Ansegisel fils d’Arnoul de Metz, évêque de Metz et de Begge d’Andenne fille de Pépin de Landen, maire du palais d’Austrasie, qui scelle l’alliance entre la famille des Arnulfiens et celle des Pippinides. Ceux-ci ont un fils, Pépin de Herstal, lui-même père de Charles Martel. Plusieurs historiens ont formulé l’hypothèse du rattachement d’Arnoul de Metz aux rois francs de Cologne, via Bodogisel, Mummolin et Mundéric. Les Carolingiens vont régner jusqu’en 987. À la mort de Pépin le Bref, c’est son fils Charlemagne qui lui succède en 768.

CHARLEMAGNE EN LORRAINE Berceau de cette nouvelle dynastie, Metz bénéficie d’une position avantageuse au cœur de ce royaume. Charlemagne devenu roi en 768, puis empereur en 800, y viendra à plusieurs reprises. Il a des ambitions pour l’ancienne capitale d’Austrasie ; ainsi l’abbaye de Saint-Arnoul devient nécropole carolingienne. Y seront enterrées deux de ses sœurs, sa première épouse, Hildegarde, et plus tard ses fils Louis le Pieux et Drogon. Charlemagne confirme aussi tous les privilèges accordés par ses prédécesseurs à l’Eglise messine et donne une impulsion nouvelle aux célèbres écoles de Metz.

Arbre généalogique des Carolingiens, Chronicon Universale de Ekkehard von Aura.

1048

Vers 1102

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Henri III le Noir, empereur germanique cède le duché de Lorraine à Gérard d’Alsace, première dynastie des ducs héréditaires.

Bien que qualifié uniquement du titre de comte de Troyes, Hugues 1er de Champagne est le premier à se proclamer comte de Champagne.

Saint Bernard fonde l’abbaye de Clairvaux, l’une des 4 abbayes filles de Cîteaux, établie en Bourgogne par le Champenois Robert de Molesme en 1098.

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Cette école de Metz qui consacre une partie de son activité à la copie des manuscrits, se double d’un remarquable foyer artistique d’où sortent les plus habiles miniaturistes du temps, lesquels orneront les superbes ouvrages du IXe siècle. Parmi ceux-ci, le fameux sacramentaire de Drogon est un chefd’œuvre exceptionnel.

les moments difficiles de son règne, notamment lors de sa dépossession momentanée du titre impérial. Suite à la bataille du « Champ du mensonge », il est finalement et solennellement restauré le 28 février 835 dans la cathédrale de Metz devant un parvis de 44 évêques accourus de tous les coins de France et de Germanie.

Drogon justement. L’évêque de la ville sera un des plus fidèles partisans de son demi-frère Louis le Pieux, successeur de Charlemagne (mort en 814) dans

Metz n’est pas la seule cité de l’actuelle Lorraine à profiter des largesses carolingiennes. Charlemagne fait de très nombreux séjours à Thionville qui

Sacre de Charlemagne. Grandes chroniques de France, version enluminée de Fouquet.

compte parmi les cinq résidences qu’il fréquente le plus assidûment. Dans son palais (il n’en reste que les fondations de la tour aux Puces qui serait celle d’une ancienne chapelle), l’empereur reçoit des ambassadeurs, promulgue des lois, y réunit des assemblées impériales. En 806, il y écrit son testament politique, le divisio regniruni. Louis le Pieux viendra également à Thionville. Tout comme son père, il aime venir chasser dans les Vosges, n’oubliant alors jamais de s’arrêter à l’abbaye de Remiremont tenue par une abbesse de haute origine. La richesse des religieuses peut répondre sans souci aux besoins de la cour en déplacement…..

Statue équestre dite de Charlemagne. Trésor de la cathédrale de Metz.

NÉCROPOLE IMPÉRIALE C’est à Metz que nait la dynastie des Carolingiens inaugurée par Pépin le Bref (751). Il est en effet le descendent de deux familles de l’aristocratie austrasienne, celles d’Arnoul, évêque de Metz et de Pépin de Landen, maire du palais. Si à cette époque, la cité cesse d’être capitale, elle reçoit périodiquement la cour (comme Thionville) alors que son abbaye Saint-Arnould devient la nécropole d’une partie de la famille de Charlemagne (sa femme Hildegarde, ses sœurs, ses fils, l’évêque Drogon et l’empereur Louis le Pieux, y furent enterrés).

Détail du vitrail, gare de Metz, représentant Charlemagne.

1152

1234

1262

À la suite de la mort du comte Thibaut IV de Blois dit Thibaut le Grand, le comté de Blois-Champagne est divisé en trois comtés autonomes : l’aîné Henri 1er le libéral, reçoit la Champagne et la Brie ; les fils cadets les terres de Blois et Sancerre.

Le comte Thibaud IV de Champagne devient roi de Navarre et abandonne ses possessions de la Loire et de la Beauce à Saint Louis. Ses talents de trouvère assurent sa célébrité. La cour de Champagne est alors une des plus brillantes du royaume.

Bataille d’Oberhausbergen. Fin de la domination épiscopale sur la ville de Strasbourg, qui devient ville libre d’Empire.

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LOUIS LE PIEUX SACRÉ À METZ À la mort de l’empereur Charlemagne en 814, son fils Louis le Pieux lui succède jusqu’en 840. C’est le premier monarque sacré à Reims (816)

à retourner la situation et à imposer un nouveau partage (831) : Lothaire garde l’Italie et conserve le titre impérial jusqu’à sa mort, le reste de l’empire est partagé entre Pépin, Louis et Charles. Les royaumes deviendront indépendants à la mort de Lothaire. Cela n’empêchera pas les querelles de reprendre rapidement. Louis le Pieux, abandonné par ses soutiens, est contraint par Lothaire, soutenu par le pape Grégoire IV et ses frères (la rencontre a lieu au sud de Colmar au « Champ du mensonge ») de confesser ses nombreux « crimes » en public puis, d’abdiquer (833). Mais Louis et Pépin mécontents de la tournure qu’ont pris les évènements, changent de parti et forment avec leur père une coalition contre Lothaire. Si celui-ci réussit à s’emparer de Chalon cependant, il est finalement contraint de repartir en Italie. En 835, Louis retrouve son titre d’empereur lors du concile de Thionville où sont réunis tous les grands

En juillet 817, par l’acte appelé Ordinatio Imperii, il s’associe, comme corégent de l’Empire, Lothaire, son fils aîné, et le désigne comme son héritier. Ses deux autres fils reçoivent des territoires restreints et subordonnés : Pépin l’Aquitaine et Louis la Bavière. Devenu veuf, Louis se remarie en 819 avec Judith de Bavières, de la dynastie des Welf, qui lui donne une fille, Gisèle, et surtout un autre fils, Charles (né en 823). Cette naissance remet en cause le partage. Lothaire mécontent rassemble autour de lui plusieurs aristocrates et un grand nombre d’évêques de Gaule. Louis et Pépin rejoignent cette « coalition ». Mais Louis le Pieux parvient

iques de France.

e d’un garde endormi. Grandes chron

ons, vole l’épé Louis dit le Pieux, emprisonné à Soiss

CHANT GRÉGORIEN C’est entre les murs de l’abbaye de Gorze, à quelques kilomètres de Metz, que va naître le chant Messin connu aujourd’hui sous le nom de chant grégorien. En effet, afin d’unifier le peuple Franc, Pépin le Bref a fait imposer le Chant de Rome en Gaule. Il avait confié cette tâche à Chrodegang. Cependant la notation musicale n’existant pas encore, l’évêque de Metz a fait venir des Chantres romains afin qu’ils apprennent à leurs homologues francs leur manière de chanter. C’était sans compter quelques réticences. De cette « confrontation » naîtra le chant de Metz. Charlemagne choqué par les divergences énormes au sein de son empire ordonne que tout chantre aille se corriger à Metz...

du royaume et 43 évêques. Dans la foulée une cérémonie a lieu à la cathédrale de Metz. Ebbon, archevêque de Reims et principal auteur de la déposition de Louis, qui avait tenté de fuir, se déclare indigne et abdique. En 837, Louis le Pieux attribue à Charles un royaume à partir de territoire de la vallée de la Meuse, auquel il ajoute, en 838, à la suite de la mort de Pépin, l’Aquitaine, malgré la présence d’un héritier légitime. Deux ans plus tard, il accorde à Lothaire, les territoires à l’est du Rhin. Dès lors, c’est Louis de Bavière qui devient l’ennemi principal. Mais Louis le Pieux meurt peu après (840) dans une île du Rhin, à Ingelheim, au cours des préparatifs pour une campagne contre son fils. Il est inhumé auprès de sa mère dans l’abbaye Saint-Arnould de Metz. Après sa mort, les hostilités reprennent entre les fils. Finalement, le Traité de Verdun (843) entérine la partition de l’empire de Charlemagne et donne naissance à trois entités politiques distinctes : la Francie occidentale (royaume de Charles le Chauve) avec notamment Paris et Reims, la Francie orientale (royaume de Louis le Germanique) et un espace intermédiaire (royaume de Lothaire) dont fait partie Metz et Strasbourg. Ce traité fixe pour de longs siècles les frontières entre les trois petits-fils de Charlemagne et leurs successeurs.

1284

1337

1349

La Champagne est réunie à la France à la suite du mariage entre l’infante Jeanne de Navarre, princesse de la maison de Champagne et le Dauphin Philippe le Bel.

Début de la guerre de Cent Ans qui oppose les rois de France de la dynastie des Valois aux rois d’Angleterre pour la possession du royaume de France. Cinq rois de France et autant de souverains anglais se trouvèrent successivement engagés dans ce duel.

La peste noire envahit l’Europe. Les Juifs, suspectés par la population d’empoisonner les puits, furent persécutés en dépit de la protection accordée par le pape Clément VI. Plusieurs centaines de Juifs sont ainsi brûlés vifs lors du pogrom de Strasbourg, le 14 février.

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Tombeau de l’empereur Louis le Pieux, état avant la Révolution (gravure sur acier originale gravée par Chaillot).

EN ALLEMAND ET FRANÇAIS Après la mort de Louis le Pieux (840), son fils aîné Lothaire lui succède et devient empereur d’occident. Mais ses deux frères Louis le Germanique et Charles le Chauve font alliance contre leur frère aîné. Ils se rencontrent à Strasbourg (842). Leur accord est validé par des serments prononcés en langues « tudesque » et « romane » plutôt qu’en latin. Ce choix hautement symbolique marque la naissance officielle de l’allemand et du français.

Pépin Le Bref. Peinture de Louis-Félix Amiel, 1837.

Carte du Traité de Verdun

1354

1420

1429

F ondation par Charles IV de la ligue

Isabeau de Bavière, épouse du roi dément Charles VI, signe le traité de Troyes (21 mai) qui prive le dauphin de ses droits à la succession, et désigne son gendre, Henri V d’Angleterre, comme héritier du trône de France. Celui-ci entreprend la conquête du Nord de la France.

Le sacre de Charles VII à Reims revêt une importance toute particulière, en cela qu’il inverse le cours de la guerre de Cent Ans grâce à la ténacité de Jeanne d’Arc. La pucelle née à Domremy est brûlée vive à Orléans après un procès en hérésie (1431).

des dix villes libres impériales alsaciennes (Décapole) au sein du Saint-Empire romain germanique. Elle sera dissoute en 1679. Il s’agit d’Haguenau, Colmar, Wissembourg, Turckheim, Obernai, Kaysersberg, Rosheim, Munster, Sélestat, Mulhouse jusqu’en 1515, Seltz (entre 1358 et 1418) et Landau (1521).

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La Bataille de Nancy par Delacroix, 1831.

DE LA LOTHARINGIE

à la Lorraine En 855, peu avant la mort de l’empereur Lothaire Ier, ses trois fils se partagent son empire, la Francie médiane, au traité de Prüm : l’aîné, Louis II, reçoit la couronne impériale et l’Italie ; Lothaire II, la partie nord de la Francie médiane qui s’étendait de l’Escaut au Rhin et de la mer du Nord au Jura (la Lotharingie). Et Charles, le royaume de Bourgogne, formé de la Provence et de la Bourgogne proprement dite. JEANNE D’ARC Jeanne d’Arc, née vers 1412 à Domremy (Lorraine actuelle), recevant des saints Michel, Marguerite d’Antioche et Catherine, la mission de délivrer la France de l’occupation anglaise, parvient à rencontrer le dauphin Charles, à conduire victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, à lever le siège d’Orléans et à conduire le dauphin au sacre à Reims, contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans. Capturée par les Bourguignons à Compiègne (1430), elle est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg, comte de Ligny. Après un procès en hérésie, elle est brûlée vive à Orléans (1431). Canonisée en 1920, elle est devenue une des quatre saintes patronnes secondaires de la France.

En 869, à la mort du roi Lothaire II, ses possessions sont occupées par son oncle Charles II le Chauve qui se fait couronner roi de Lotharingie à Metz le 9 septembre 869 par l’archevêque Hincmar de Reims. Mais cette acquisition est contestée par Louis le Germanique, son autre oncle, et Louis II le Jeune, frère et héritier de Lothaire II. Ce dernier, occupé au sud de l’Italie à combattre les Sarrasins, ne peut faire valoir ses droits, et les deux oncles s’entendent en août 870 par le traité de Meerssen pour partager la Lotharingie :

Louis le Germanique reçoit la partie orientale de la Lotharingie avec la Frise, Aix-la-Chapelle, Stavelot, Metz, Strasbourg et Bâle. Il y reconnaît de 872 à 875 la souveraineté nominale de l’empereur Louis II ; Charles II le Chauve conserve la partie occidentale de la Lotharingie avec Liège, Visé et Maastricht. Malgré ses protestations et le soutien du pape, Louis II ne réussit pas par la suite à récupérer son héritage et meurt en 875. En 880, par le traité de Ribemont, les petits-fils de Charles le Chauve cèdent leur part de la Lotharingie à Louis III de Germanie, fils de Louis le Germanique, qui recueille ainsi l’ensemble de la Lotharingie À sa mort (882), son frère, l’empereur Charles le Gros, recueille sa succession. En 885, il reçoit le serment d’allégeance des grands vassaux du royaume franc au palais de Ponthion.

1431

1439

1460

Décès de Charles II, duc de Lorraine. Bataille de succession entre René d’Anjou, duc consort de Lorraine, futur roi de Sicile et Jérusalem, et le comte Antoine de Vaudémont. René, prisonnier à la bataille de Bulgnéville (2 juillet), est finalement libéré. Un mariage règle la situation.

Première invasion des Armagnacs ou Ecorcheurs en guerre contre les Bourguignons. La deuxième aura lieu en 1444. Démembrement de la population de Strasbourg.

Quatre ans après la Bible en latin de Gutenberg, Jean Mentelin imprime une bible latine de 49 lignes à Strasbourg. En 1466, il la sort en langue allemande. 14 fois réimprimée, elle sera « détrônée » par celle de Luther (1522).

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L’empire de Charlemagne est reconstitué à l’exception de la Provence et de la Bourgogne transjurane. Mais il est déposé en 887 à la diète de Tribur (Mayence). Entre-temps, il avait détaché la Frise de la Lotharingie en 885, quand il créa duc, le comte saxon Eberhard.

Partage de la Lotharingie

Après le règne de Zwentibold (fils bâtard de l’empereur Arnulf de Carinthie qui l’avait investi de la Lotharingie, il est tué en 900 au cours d’une bataille, au voisinage de la Meuse, contre les comtes Gérard Ier de Metz, Matfried 1er et Étienne de Pouilly, ses vassaux révoltés), son demi-frère Louis L’Enfant qui avait été reconnu roi de Francie orientale (Germanie) à Thionville, confère au comte Gebhard de Franconie, le titre de duc de Lotharingie (903). En faisant disparaître le royaume de Lotharingie, il voulait soumettre ce territoire à un régime analogue à celui du reste de la Germanie où les « chefs nationaux » (Saxe, Franconie, La Souabe, Bavière), acceptaient la subordination à la couronne. Henri Ier de Germanie dit Henri l’oiseleur.

1473

1473-1477

1515-1559

La maison d’Anjou-Lorraine fait place à la maison de Lorraine-Vaudémont dont le duc René II sera le premier représentant.

Suite à l’annexion par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, de places fortes lorraines, René II s’allie au roi de France Louis XI pour déjouer les plans du bourguignon. Charles le Téméraire tombera en 1477 lors de la bataille de Nancy.

Les guerres contre la maison d’Autriche affectent durement la Champagne, entraînant une succession de sièges (Mézières, Mouzon, Saint-Dizier…) et la destruction de Vitry par les armées germaniques de Charles Quint (1544).

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TOURNOIS Le tournoi chevaleresque est un sport qui se joue en France, au nord de la Loire (zone des Francs), et jusqu’aux Flandres (duché de Normandie, comté du Maine, comté de Champagne, le Vermandois, duché de France et dans le Saint Empire Romain germanique. Ils peuvent rassembler jusqu’à 3000 chevaliers, comme à Lagny-sur-Marne (1180 ou 1181). Le tournoi de Chauvency-leChâteau (1285) offert par le comte de Chiny et décrit par Jacques Bretel, est le tournoi le mieux connu, à la fois en ce qui concerne les joutes équestres, la mêlée du tournoi, et l’ambiance dans les tribunes ou pendant les soirées (chants et danses) durant toutes les festivités.

Louis l’Enfant meurt sans descendance en 911. Il est le dernier roi carolingien de Germanie. Pour lui succéder, les grands vassaux élisent Conrad, duc de Franconie. Les ducs de Souabe de Bavière et de Saxe deviennent pratiquement indépendants et en Lotharingie Régnier « au Long Col », puissant comte de Hainaut et du Maasgau, fait de nouveau appel au roi de Francie occidentale, Charles le Simple qui lui succède. Mais celuici est défait en 923 à la bataille de Soissons. Raoul de France lui succède et réussit partiellement à se faire reconnaître par les Lotharingiens. Trop occupé à combattre les Normands, deux ans plus tard, il laisse sa place à Henri l’Oiseleur. Roi de Germanie depuis 919, il se trouve donc être à l’origine des deux dynasties qui vont régner sur les territoires de l’Allemagne et de la France actuelles, au cours d’une grande partie du 2e millénaire puisqu’il est le père d’Otton 1er († 973), premier empereur germanique, mais aussi le grand-père d’Hugues Capet, fondateur de la dynastie capétienne.

La bataille contre les Rustauds, à Saverne. Gravure de Gabriel Salmon illustrant le livre de Nicolas Volcyr de Serrouville, 1526.

La Lotharingie passe de main en main. Difficile de s’y maintenir : les descendants de Régnier Ier provoquent toujours

des mouvements séditieux. Finalement, Otton Ier résolut d’unir dans les mêmes mains, celle de son jeune frère Bruno, la dignité d’archevêque de Cologne et celle de duc de Lotharingie. Le pays est pacifié, les résistances brisées impitoyablement et les terres de Régnier confisquées. En 959, pour plus d’efficacité, il divise la Lotharingie en deux, la Basse-Lotharingie qui deviendra le Lothier et la HauteLotharingie futur duché de Lorraine. Frédéric, fils de Wigéric, comte de Bidgau et comte palatin de Lotharingie et de Cunégonde, petite-fille du roi de France Louis le Bègue, en devient vice-duc. De dot en échange, il s’était constitué petit à petit un domaine cohérent qui devint le comté de Bar.

1521

1525

1529

Dans la mosaïque territoriale que l’Alsace était alors, le protestantisme s’impose dans les villes telles que Strasbourg avec ses 25 villages, Mulhouse, Colmar et Munster. À la fin du XVIe siècle, un tiers de l’Alsace était devenu protestant.

La guerre des Paysans allemands (révolte des rustauds) se propage en Alsace et Lorraine allemande. Les causes sont religieuses (liées à la réforme protestante) et sociales. Champion du catholicisme, le duc Antoine de Lorraine part les combattre. Plus de 20 000 insurgés sont massacrés à Lupstein, Saverne, Neuwiller et Scherwiller.

La république de Mulhouse adopte le calvinisme comme unique religion officielle. Son statut lui permet d’échapper aux guerres de religion et de tisser des liens particuliers avec les autres communautés et États réformés d’Europe et du Nouveau Monde.

Mis en possession de la Lotharingie entière, il commence par y envoyer un certain Eberhard (peut-être le duc de Franconie ou un comte du Hamaland ou du Salland) pour y rétablir la paix et y faire justice. Il sépare également l’Alsace de la Lotharingie pour l’intégrer au duché de Souabe. Sous la dynastie de Saxe, la région de la Meuse,

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aux alentours de Givet, de Mézières, de Mouzon, d’Yvois, sera envahie plus d’une fois par des vassaux français et demeura litigieuse jusque vers la fin du Xe siècle. Henri I er jugea qu’il valait mieux chercher à s’attacher de façon durable Giselbert, comte de Maasgau, car celui-ci personnifiait, comme l’avait fait son père, l’opposition lotharingienne ; il lui donne en mariage sa fille Gerberge et le fait duc de Lotharingie (928 ou 929). Mais épris d’indépendance, il cherche à poursuivre la formation territoriale de sa petite principauté, ce qui cause sa perte.


Alors que ses frères Adalbéron et Gilbert sont respectivement évêque de Metz et comte en Ardennes, un autre nommé Sigefroid (la filiation est parfois contestée) devient le premier comte d’un territoire qui allait devenir le comté de Luxembourg. Mais, dès le début de la dynastie saxonne, les rois cherchent auprès des évêques l’appui que leur refuse trop souvent la jalousie inquiète de leurs vassaux laïques. La puissance temporelle des prélats de Cambrai, de Liège, d’Utrecht, de Cologne, de Trèves, de Metz, de Toul, de Verdun vient modifier radicalement la constitution territoriale de la Lotharingie. Ces principautés ecclésiastiques n’ont plus rien de commun avec l’ancienne géographie politique du royaume franc.

Frédéric III, comte de Bar et duc de Haute-Lotharingie n’ayant pas de descendance, à sa mort (1033) ses terres sont données par l’empereur au duc de Basse-Lotharingie Gothelon, fils de Godefroid dit le captif, comte de Bidgau et de Methingau en 959 puis comte de Verdun de 963 à 1002. La situation du pays était assez critique : Eudes, comte de Champagne, de Blois, de Chartres, de Troyes, de Meaux, de Beauvais, vicomte de Bourges et palatin du royaume de France, qui avait cru pouvoir disputer la Bourgogne à l’empereur Conrad, menaçait constamment la Lotharingie. Une main ferme était nécessaire pour défendre cette marche extrême de l’empire. Gothelon justifia les espérances qu’avait mises en lui le roi. En 1037, à la bataille

de Bar, il tailla en pièces l’armée d’Eudes qui demeura sur le champ de bataille. Godefroid le Barbu, fils aîné de Gothelon, prit une part importante à ce succès. C’est probablement à ce moment, alors qu’associé à son père vieilli, il reçut le titre ducal et put, concurremment avec lui, s’occuper des affaires de la Haute-Lotharingie. Mais la mort de Gothelon Ier (1044) allait provoquer une crise redoutable. Godefroid le Barbu avait un frère incapable, Gothelon le Fainéant ; c’est à lui qu’Henri III, craignant sans doute d’exagérer l’autorité d’un seul grand vassal, confia la Lotharingie inférieure ; Godefroid ne conserva de l’héritage de son père que la HauteLotharingie. Mécontent de cette décision, qu’il considérait comme un amoindrissement et une injustice, il entama une lutte qui, pendant douze années, fut presque ininterrompue. Allié à tous les adversaires d’Henri III, au roi de France, au comte de Flandre Baudouin V, au comte de Hollande Thierry IV, tour à tour vainqueur et vaincu, réconcilié et rebelle, commettant les pires excès, incendiant le palais royal de Nimègue et la ville de Verdun, dont l’évêque avait pris parti contre lui, il finira en 1056 par faire sa soumission définitive. Portrait du roi René d’Anjou vu selon son profil droit.

Scène de foire - Le Chevalier errant de Thomas III de Saluces.

LES FOIRES DE CHAMPAGNE Le comte de Champagne devient plus riche que son suzerain, le roi de France (XII e). Sa prospérité s’appuie sur des choix judicieux, tant économiques avec le développement des fameuses foires de Bar-sur-Aube, Troyes, Lagny et Provins, que politiques et spirituels : on rappellera, notamment, que le comte Thibaud 1 er donne à la papauté son fils Eudes, le pape Urbain II et qu’Henri II devient roi de Jérusalem (1192).

TEMPLIERS L’Aubois Hugues de Payns fonde (1118) à Jérusalem l’ordre des Templiers, qui comptera parmi ses rangs plusieurs figures champenoises. Il convainc le pape Honorius II de reconnaître le Temple, qui est porté sur les fonts baptismaux à la cathédrale St-Pierre-etSt-Paul de Troyes en 1129.

1544

1551

1552

Le siège de Saint-Dizier inaugure l’invasion de la Champagne par les armées impériales de Charles Quint désireux d’ouvrir un second front au nord de la France pour empêcher François 1 er de reconquérir le Milanais. La paix est signée à Crépy (18 sept).

Joinville qui a été brûlée par Charles Quint comme beaucoup de villages des environs, et reconstruite par Claude de Lorraine (la cité est passée en 1386 à la maison de Lorraine), est érigée en principauté par Henri III, en faveur des ducs de Guise.

Avec le soutien des princes luthériens, ligués contre Charles Quint, Henri II organise son « voyage en Allemagne », une expédition tournée contre le Saint-Empire romain germanique. Les troupes du roi s’emparent, sans combattre, de Toul et de Metz puis de Verdun.

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LE DUCHÉ DE LORRAINE Godefroid le Barbu défait, la HauteLotharingie lui fut reprise. L’empereur Henri III nomma alors le comte de Metz, Adalbert d’Alsace, à la tête du duché, dénommé depuis duché de Lorraine. Adalbert est donc considéré comme le premier duc de Lorraine. Les différents troubles qui agitèrent le duché pendant cette période firent que certains seigneurs lorrains se révoltèrent et se rendirent plus ou moins indépendants : les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, dont les évêques prirent le titre de comtes de ces villes et princes du Saint-Empire, le comté de Bar, dirigé par des descendants de Frédéric III en lignée féminine, et qui revendiqueront le duché, le comté de Vaudémont, attribué à un cadet de la famille d’Alsace puis à des cadets de la Maison de Lorraine, les comtés de Salm, Blieskastel, Deux-Ponts, Sarrebruck, et Sarrewerden. Ces différents territoires formèrent des enclaves dans le duché de Lorraine ; ils échappèrent à l’autorité du duc et connurent leur propre histoire. Godefroid, l’ancien duc évincé, ne s’avouant pas vaincu, fit assassiner Adalbert, à qui succéda en 1048, par la volonté de l’empereur, son frère Gérard d’Alsace. Celui-ci est pour l’Histoire, Gérard Ier de Lorraine, fondateur de la Maison de Lorraine qui régna jusqu’en 1737. Il fit édifier un château seigneurial à proximité d’une petite bourgade (Nanceio) qui devint plus tard la capitale des ducs : Nancy.

Statue du duc de Lorraine Stanislas Leszczynski (photo A. Marchi).

De successions, plus ou moins difficiles ou contestées, en guerres, le duché jouera un jeu d’équilibre délicat entre l’Empire et la France. Laissons passer le temps. 2e CROISADE Le pape Eugène III dépêcha Bernard de Clairvaux, prédicateur hors pair, pour prêcher la deuxième croisade. L’évènement eut lieu à Vézelay en Bourgogne le 31 mars 1146, jour de Pâques, en présence du roi Louis VII et de la reine Aliénior d’Aquitaine et devant une foule immense. Bernard de Clairvaux, v. 1450, musée de Cluny.

1553

1562

1588

Pour laver l’affront, Charles Quint met le siège à Metz (octobre 1552). La cité bombardée (elle reçoit 15 000 boulets de canons) résiste. Dépité et malade, l’empereur lève le siège le 1er janvier 1553.

Massacre de Vassy (parfois écrit Wassy), bourg de la principauté de Joinville, le 1er mars. Les troupes du duc de Guise tue une cinquantaine de protestants, en blessant 150 autres. Ce massacre ouvre l’ère des guerres de religion en France.

Le roi qui a dû abandonner Paris, profite de la réunion des États généraux de Blois pour faire assassiner les chefs de la Ligue, le duc de Guise et son frère le cardinal de Lorraine en décembre 1588. Après ces deux meurtres, Henri III s’écrie : « À présent, je suis roy ! »

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NOUVELLE CATHÉDRALE L’archevêque de Reims Albéric de Humbert pose la première pierre d’une nouvelle cathédrale le 6 mai 1211, un incendie ayant détruit l’édifice. Quatre architectes se succèdent sur le chantier dont le gros œuvre est achevé en 1275. Il s’agit de l’une des réalisations majeures de l’art gothique en France, tant pour son architecture que pour sa statuaire qui ne compte pas moins de 2.303 statues.

Domenico Quaglio (1787-1837) Cathédrale de Reims

Stanislas Leszczynski.

LE BON STANISLAS Un mariage autrichien va amener les ducs à céder la Lorraine à la France. Tout commence en 1736, date à laquelle le fils de Léopold devenu François III, épouse l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche, héritière des Habsbourg. Par ce mariage, il peut devenir empereur, et apporter ainsi ses duchés aux Habsbourg les protégeant à jamais des convoitises françaises. Or, l’Alsace et la Franche-Comté ont été progressivement annexées au royaume de France au cours du règne de Louis XIV. Dans cette situation, la Lorraine et le Barrois sont quasiment une enclave étrangère dans le territoire français. Louis XV refuse de les voir passer totalement entre les mains de l’Empire, l’ennemi héréditaire. Finalement, un traité est signé à Vienne (1738), en vertu de quoi François abandonne la Lorraine à la France pour la Toscane dont le grand-duc se meurt sans héritier ; en compensation,

la France accepte la Pragmatique Sanction de l’Empereur qui fait de Marie-Thérèse son héritière (conjointement avec son futur époux, François). Cependant afin de ménager les susceptibilités, de ne plus subir la gêne d’être le gendre d’un prince proscrit, de faire plaisir à sa femme et de donner un état stable et lucratif à ce beau-père qu’il méprise, Louis XV n’annexe pas immédiatement les duchés à la France : il les remet, à titre viager, à son beaupère l’ex-roi de Pologne Stanislas Leszczynski. En contrepartie, Stanislas accepte la nomination par son gendre d’un chancelier qui exercera la réalité du pouvoir et préparera l’annexion proprement dite des duchés. À la mort de Stanislas en 1766, la Lorraine et le Barrois sont définitivement annexés à la France et réorganisés. L’histoire de la Lorraine devient alors celle d’une province française.

Place Stanislas entre 1752 et 1755.

1614-1642

1618 -1648

1648

Le duc de Bouillon, prince de Sedan, se rebelle contre le gouvernement de Marie de Médicis. Trois interventions royales sont nécessaires pour soumettre la Lorraine et ses confins (1614-1634). La monarchie en profite pour annexer le Barrois.

Début de la guerre de Trente Ans. Ce conflit ravage l’Europe, particulièrement le Saint Empire, jusqu’en 1648. Alsace et Lorraine sont durement touchées. C’est à Rocroi (1643) dans les Ardennes que le Grand Condé défait les Espagnols.

Les traités de Westphalie concluent la Guerre de Trente ans. Les Trois-Évêchés (Metz, Toul, Verdun) occupés depuis 1552 sont officiellement réunis à la France, tout comme une partie de l’Alsace.

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SIÈGE DE SAINT-DIZIER Le siège de Saint-Dizier (juillet-17 août 1544) est un épisode de la 9e guerre d’Italie. Charles Quint qui vient de subir une cuisante défaite à Cérisoles dans le Piémont, ouvre un second front au nord de la France pour empêcher François 1er de reconquérir le Milanais. Il s’est assuré l’alliance de l’Angleterre. Saint-Dizier tombé, le roi de France charge Jacques de Montgomery d’occuper Lagnysur-Marne. Mais les habitants s’y refusant, la cité est prise d’assaut et mise à sac. Le duc de Lorraine et de Bar François 1er ayant servi d’intermédiaire, le 18 septembre, les deux souverains Charles Quint et François 1er signent la paix à Crépy (Aisne) au sein de l’église Notre-Dame : Saint-Dizier est restituée à la France.

LA GUERRE

de Trente Ans La guerre de Trente Ans est une série de conflits qui a déchiré l’Europe de 1618 à 1648. Si les causes sont multiples (tentations hégémoniques ou d’indépendance, rivalités commerciales, ambitions personnelles, jalousies familiales), la première est l’opposition religieuse et politique entre catholiques et protestants luthériens ou calvinistes. Le déclencheur est la révolte des sujets tchèques protestants de la maison de Habsbourg, la répression qui suivit

et le désir de ces derniers d’accroître leur hégémonie et celle de la religion catholique dans le Saint-Empire. Ces conflits ont opposé le camp des Habsbourg d’Espagne et du SaintEmpire germanique, soutenus par l’Église catholique aux États allemands protestants du Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante, Provinces-Unies et pays scandinaves, ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant contre les protestants chez elle, entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen. Les dégâts causés par les combats et la circulation incessante des troupes armées en campagne ou en débandade sont considérables, parfois inouïs. Les armées comprennent une majorité de mercenaires dont la paye n’est pas régulièrement assurée sur les budgets des États qui les emploient. Ainsi les soldats, mal payés ou pas payés du tout, sont amenés à se rémunérer par eux-mêmes en fondant sur les populations civiles, qu’elles soient « ennemies » ou de leur propre bord.

Luther brûlant publiquement les œuvres de Jan Eck, un livre de droit canon et la bulle condamnant ses propositions.

DE LA MOSELLE À BERLIN Après un début de règne glorieux Louis XIV veut apparaître comme le champion du catholicisme pour faire pièce au pape et à l’empereur Léopold qui se flatte d’avoir repoussé les Turcs. Il admet aussi mal, comme beaucoup à cette époque, que deux religions puissent cohabiter dans un même État. L’édit de Fontainebleau (1685) interdit la pratique du culte réformé, ordonne la démolition des temples et des écoles, oblige à baptiser dans la foi catholique tous les enfants à naître, ordonne aux pasteurs de quitter la France mais interdit cependant aux simples fidèles d’en faire autant, sous peine de galère. Cela n’empêchera pas près de 300 000 « religionnaires » de s’enfuir, trouvant refuge à l’étranger. Parmi eux 4.500 messins qui gagneront Berlin et Brandebourg. Ces exilés issus de la bourgeoisie laborieuse vont faire la fortune de leur pays d’accueil et leur départ va appauvrir la France en la privant de nombreux talents. La plus lourde erreur de Louis XIV.

1648

1659

1673

Début de la Fronde, parfois appelée guerre des Lorrains (en particulier dans la Beauce et la Brie à cause de l’appui fourni aux partisans par Charles IV de Lorraine, dépossédé de son duché et qui commandait des routiers habitués à vivre de pillage et de rançon).

Traité des Pyrénées entre l’Espagne et la France en guerre depuis 1635 dans le cadre de la Guerre de Trente ans. La France obtient notamment les places de Damvillers, Montmédy et Thionville. Charles IV retrouve ses possessions en Lorraine.

L’Empereur Léopold 1er, le roi Charles II d’Espagne et les Provinces-Unies concluent une ligue avec Charles IV en vue de la restitution par la France de la Lorraine (réoccupée depuis 1670) à ce dernier. Le 5 janvier 1675, les impériaux sont battus par Turenne à Turckheim.

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La bataille de Rocroi, par le Sauveur Le Conte, musée Condé de Chantilly.

Louis de Bourbon, duc d’Enghien surnommé le Grand Condé.

Les mendiants et les mourants. Une des 18 eaux-fortes tirées des Grandes Misères de la Guerre, de Jacques Callot (1633).

Les exactions sont nombreuses : tortures, massacres en masse d’innocents, viols, assassinats, etc. Certaines régions de l’Allemagne ou de la France actuelles comme la Lorraine, sortent de cet interminable conflit ruinées, dévastées, dépeuplées pour de longues années. En effet, alors que la guerre de Trente Ans fait rage, le duc Charles IV de Lorraine refuse de rendre hommage à la France. Le 30 juillet, le Parlement de Paris prononce la confiscation du Barrois. Deux jours plus tard les troupes françaises prennent Bar-le-Duc avant (le 26 août) de mettre le siège devant Nancy. Le 30 septembre, Charles IV, par le traité de Charmes, livre sa capitale et abdique. Seules résistent quelques places fortes, telles que Bitche, la porte nord-est du duché, et La Mothe, la porte sud. La première tombe le 18 mai 1634, la seconde capitule le 26 juillet après une vive résistance. La politique de la France n’est pas sans contradictions car Richelieu, cardinal de l’Église catholique et adversaire impitoyable des forces protestantes à l’intérieur du royaume, est l’allié des protestants étrangers contre

LA BATAILLE DE ROCROI C’est la Guerre de Trente Ans. L’armée espagnole envahit le nord de la France depuis les Flandres et met le siège devant la place forte de Rocroi, afin d’ouvrir la route vers Paris (mai 1643). Louis de Bourbon duc d’Enghein à la tête de l’armée de Picardie se précipite à sa rescousse. Plutôt que de poursuivre son siège tout en barrant le passage aux Français, ce que lui permet la configuration du terrain, le commandant espagnol Don Franscisco de Melo, en supériorité numérique, choisit l’affrontement avant que le duc d’Enghein ne reçoive des renforts. L’issue de la bataille est d’abord indécise mais finalement, grâce à une habile manœuvre d’Enghien, la victoire bascule côté français. Il faudra encore trois charges et le renfort de l’artillerie pour vaincre le noyau dur de l’armée espagnole, forte de 4.500 vieux soldats, sous les ordres d’un général octogénaire perclu de douleurs mais d’une indomptable énergie, Jean-Bernard comte de Fontaine qui, à près de 83 ans, se faisait porter en fauteuil à la tête de ses troupes.

les Habsbourg, champions du catholicisme. Les considérations religieuses s’opposent donc aux considérations politiques et à la volonté de contenir la puissance des Habsbourg. Or ceux-ci finissent par l’emporter sur leurs divers adversaires. Pour maintenir l’équilibre désiré, la France n’a plus d’autre solution que de s’engager directement dans le conflit (1635). PROTESTANTISME Dans la mosaïque territoriale que l’Alsace était au XVIe siècle, le protestantisme s’impose dans les villes telles que Strasbourg, Mulhouse, Colmar et Munster. Ce fut le cas aussi, tout au long du siècle, dans les comté de Hanau-Lichtenberg, de Saarwerden et de La Petite-Pierre, dans les seigneuries de Fleckenstein et de Diemeringen et, pour le sud de l’Alsace, dans les territoires relevant du comte de Montbéliard et du Wurtemberg, ou encore dans la seigneurie de Ribeaupierre. À la fin du XVIe siècle, un tiers de l’Alsace était devenu protestant. Reconnaissant le droit des princes territoriaux d’introduire le protestantisme dans leurs territoires, la paix d’Augsbourg (1555) renforça le mouvement. La messe est carrément abolie à Strasbourg le 20 février 1529.

1678

1681

1685

Le traité de Nimègue met fin à la guerre de Hollande qui opposait la France et ses alliés à la Quadruple Alliance (Provinces-Unies, Saint-Empire, Le Brandebourg et l’Espagne). La Franche-Comté désormais relie la France à la Haute-Alsace (traité du 17 septembre 1678).

L es troupes françaises s’emparent de

Louis XIV signe un édit au château de Fontainebleau révoquant l’Édit de Nantes : le culte protestant est interdit, sauf en Alsace.

Strasbourg (septembre) qui devient ville libre royale. Le mois suivant, Vauban établit les plans pour le barrage de Strasbourg qu’il remet à Louvois. Le 23 octobre, Louis XIV entre dans la cité.

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BACCARAT Louis XV donne la permission à l’évêque de Metz, Louis-Joseph de Montmorency-Laval, de fonder à Baccarat, une verrerie de verre plat et de verre d’art - les Verreries de Sainte-Anne à Baccarat (1764).

BIBLE Quatre ans après la Bible en latin de Gutenber, Jean Mentelin imprime une bible latine de 49 lignes à Strasbourg (1460). En 1466, ce sera la première bible en langue allemande, qui sera reprise comme modèle pour toutes les autres bibles allemandes. La Bible de Mentelin fut, jusqu’à la parution de la Bible de Luther, réimprimée treize fois dans l’espace sud-allemand.

Les armées françaises, fortes de 120.000 hommes, vont intervenir dans quatre secteurs : nord, est, Italie, Pyrénées. Vers l’est (duché de Lorraine, Alsace et pays rhénans, Franche-Comté – alors possession de l’Empire), le commandement est au cardinal de La Valette et à Bernard de Saxe-Weimar qui escompte acquérir une principauté en Alsace.

armée repasse à l’offensive sur le front nord et prend successivement Hesdin et Arras puis les années suivantes d’autres places fortes. Au sud, Perpignan est prise. Mais le 4 décembre 1642 Richelieu meurt ; Louis XIII le suit dans la tombe le 14 mai 1643, laissant la régence à Anne d’Autriche qui est flanquée d’un conseil de régence composé entre autres de Mazarin.

La campagne de 1636 est très difficile pour la France. Les opérations piétinent notamment en Alsace et une opération menée en Franche-Comté contre Dole se solde par un échec. Pire, après la prise de Corbie par les Espagnols, Paris est un instant menacée. Mais cette dernière est reprise par Louis XIII et le succès suédois sur les Impériaux à Wittstock contribue à alléger les difficultés françaises en relançant le camp protestant. Les hostilités en 1637 et 1638 sont marquées par la confusion et un relatif statu quo. Cependant Brisach, clef de l’Alsace et de la Souabe est prise par Bernard de Saxe-Weimar. En 1639, l’armée française, plus puissamment

Profitant de ces circonstances, les Espagnols s’avancent en Champagne. Ils y sont sévèrement défaits à la célèbre bataille de Rocroi (18 mai 1643), par un général de 22 ans, Louis de Bourbon, duc d’Enghien. Le futur Grand Condé s’empare ensuite de Thionville. La guerre de Trente ans atteint son paroxysme entre 1645 et 1648. L’Est de la France n’est plus concerné. La dernière grande bataille de la guerre est celle de Lens (19 août 1648). Condé y défait si sévèrement les Espagnols que cette bataille oblige Ferdinand III à accepter les formalités de paix dont les négociations durent depuis cinq ans.

Bataille de la Montagne Blanche. Peinture de Peter Snyers.

1697

1725

1737

La Lorraine qui a retrouvé son indépendance (traité de Ryswick), est rendue au duc Léopold. Mais le duché doit rester neutre et le royaume de France annexe quelques places-fortes (Phalsbourg). Sans compter l’Alsace (Strasbourg, Décapole, Basse-Alsace).

Le 15 août, le roi Louis XV (représenté par Louis d’Orléans) épouse la fille de Stanislas, roi déchu de Pologne, futur duc de Lorraine, Marie Leszczynska par procuration à Strasbourg, en présence du cardinal de Rohan.

François III (fondateur de la maison des Habsbourg-Lorraine en épousant MarieThérèse d’Autriche, fille de l’empereur Charles VI, en 1736), cède ses droits sur le duché de Lorraine à Stanislas Leszczynski qui abandonne ses prétentions sur la Pologne.

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Richelieu, par Philippe de Champaigne.

Banquet de la garde civile d’Amsterdam fêtant la paix, par Bartholomeus Van Der Helst.

Pillage d’un village par des soldats, Sébastien Vrancx.

LES TRAITÉS Les traités de Westphalie (ou Paix de Westphalie) conclurent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatrevingts ans le 24 octobre 1648. La France est la grande gagnante : son hégémonie pourra bientôt s’affirmer sous Louis XIV. Elle bénéficie de plusieurs gains territoriaux sur ses frontières : les Trois-Évêchés, sous tutelle française depuis 1552 sont officiellement rattachés, ainsi que la Haute-Alsace, Brisach et Décapole, alliance de dix villes libres d’Empire alsaciennes au sein du Saint-Empire romain germanique en une ligue fondée en 1354 (Colmar, Haguenau, Sélestat mais sans Mulhouse,) la Franche-Comté, la forteresse de Pignerol, l’Artois et le Roussillon. D’autres traités suivront : de Vic (Vic-surSeille), de Liverdun (1632), de Charmes (1633) entre le duc de Lorraine Charles IV et Louis XIII ou Richelieu (1633), etc.

JOINVILLE Traité de Joinville signé le 31 décembre 1584, entre les Guise et le roi Philippe II d’Espagne. Ce traité se place dans le contexte des guerres de religions en France (entre la septième et la huitième), et de la crise de la succession, qui s’est posée dès la mort du dernier frère du roi Henri III, François d’Alençon. L’application de la loi salique désigne en effet le protestant Henri de Bourbon, roi de Navarre, comme successeur à la couronne. Le traité désigne alors le cardinal de Bourbon comme successeur d’Henri III à la couronne de France.

NOUVEAU MONDE Peu après la mort de Louis XIV, des sociétés françaises de colonisation de l’Amérique décident de lancer un vaste appel à l’émigration alsacienne, en particulier strasbourgeoise. Des publicités attirent en Louisiane des Alsaciens, qui fondent la ville « Des Allemands ».

1766

1789

1791

Mort de Stanislas dans son château de Lunéville. Le duché de Lorraine qui lui avait été remis en viager est définitivement rattaché à la France.

Berr et son beau-frère Sintzheim pour les Juifs alsaciens, Berr Isaac Berr pour les Juifs lorrains, rédigent un mémoire adressé à la Constituante, réclamant notamment l’égalité. La citoyenneté française leur est accordée en 1791.

À son arrivée à Varennes-en-Argonne (21 juin), la famille royale est arrêtée par le procureur de la commune, l’épicier Sauce. Le lendemain, elle reprend le chemin de Paris, rejointe par trois députés envoyés par l’assemblée, Pétion, Barnave et La Tour-Maubourg.

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LA CHUTE de l’Aigle 31 mars 1814. Un brasier s’élève dans la cour des Invalides. Un vieux soldat, le maréchal Sérurier, a décidé de brûler les 1.417 drapeaux pris à l’ennemi depuis vingt ans. Marmont vient de signer la capitulation de Paris. Mais, pour lui, pas question de livrer à la Sixième coalition des armées européennes les témoignages de tant de gloire passée.

Grandeur et décadence. Depuis 1812, rien ne va plus pour Napoléon. La campagne de Russie s’est noyée dans les eaux glacées de la Bérézina. La Russie et la Prusse, vite rejointes par l’Autriche, se sont alliées avant de lui infliger une terrible défaite à Leipzig (octobre 1813). Depuis, l’armée française ne cesse de se replier. Inexorablement l’Empire s’effondre : la Hollande et les États allemands s’insurgent. L’Espagne, quant à elle, est définitivement perdue depuis la bataille de Vitoria (21 juin 1813).

Face à la montée des périls, Napoléon n’est pas resté inactif. Il a fait sécuriser les places du Nord-Est (Luxembourg, Metz, Thionville, Sedan, Belfort) et expédié à Reims la garde impériale ainsi que l’artillerie de réserve. Surtout, il a nommé des commissaires extraordinaires chargés sur le terrain de coordonner les opérations de défense du territoire. Parallèlement, il s’est efforcé de lever une nouvelle armée, mais il s’est heurté à des difficultés énormes : la lassitude est générale. Si tous ne souhaitaient pas en finir avec l’ogre corse, comme le surnomment les Alliés depuis une décennie, tous réclament la fin de la guerre. Ainsi, l’insoumission gagne du terrain, les désertions se multiplient. On ne croît plus, dans le petit peuple, à l’invincibilité des grognards. Enfin, l’invasion de la France va empêcher la levée des hommes dans les provinces de l’Est, traditionnellement plus promptes à se mobiliser.

Le maréchal alsacien François-Joseph Lefebvre.

Pire ! Trois armées se dirigent vers la France. L’armée de Bohême (commandée par le feld-maréchal prince Schwarzenberg) arrive par la Franche-Comté, l’armée de Silésie (Blücher) par la Lorraine et l’Alsace, enfin l’armée du Nord (Bernadotte, prince royal de Suède et ex-beau-frère de Napoléon) par le nord.

BONAPARTE Le 15 mai 1779, Bonaparte entre à l’Ecole royale militaire de Brienne. Méprisé par ses camarades nobles, il se réfugie vite dans l’étude, excellant en maths et lisant les classiques de la littérature. Il en sortira en octobre 1784.

VALMY La bataille de Valmy le 20 septembre 1792 est la première victoire décisive de l’armée française pendant les guerres de la Révolution ayant suivi le renversement de la monarchie. Les généraux Kellermann (Alsacien) et Dumouriez réussirent à stopper les Prussiens qui marchaient sur Paris.

Campagne de France 1814 Vernet.

1792

1798

L’armée prussienne s’empare de Longwy (22 août) et Verdun (2 septembre). Le siège de Thionville commencé le 24 août se terminera le 16 octobre. À Valmy le 20 septembre, les généraux Kellermann (Alsacien) et Dumouriez réussirent à stopper l’ennemi.

La république de Mulhouse fondée en 1347 est « réunie » à la jeune république française. Elle avait été contrainte de rompre progressivement ses relations avec le reste de l’Alsace pour se lier militairement aux confédérés suisses à la suite de la Guerre des Six Deniers.

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1804 Un décret impérial nomme 14 généraux et 4 sénateurs maréchaux d’Empire. Parmi eux, plusieurs sont originaires de l’Est : Ney (Lorraine), Kellermann et Lefebvre (Alsace). Suivront : Victor, Oudinot Gouvion de Saint-Cyr (les trois sont Lorrains), Étienne Mac Donald (Ardennes).


JUIFS L’abbé Grégoire publie le mémoire « Sur les moyens de recréer le peuple juif et partout de l’amener au bonheur » en 1779. Dix ans plus tard, Berr et son beau-frère Sintzheim pour les Juifs alsaciens, Berr Isaac Berr pour les Juifs lorrains, rédigent un mémoire adressé à la Constituante, réclamant l’égalité et promettant d’abandonner les traditions juives qui seraient en contradiction avec les lois du royaume, tout en conservant l’organisation communautaire. Finalement, le 27 septembre 1791, malgré l’hostilité du député alsacien Rewbell, la Constituante accorde la citoyenneté aux Juifs.

Le général (né à Metz) Lasalle menant une charge à Wagram, sa dernière bataille.

Le premier mois de la campagne de France est, en effet, marqué par l’avancée lente mais constante des troupes alliées. Quelques succès ponctuels (Durutte et Hugo défendent vaillamment Metz et Thionville jusqu’à l’armistice ; Besançon résiste aussi, tout comme Belfort qui subit le plus long siège de son histoire, 113 jours) ne changent rien. Les troupes commandées par Victor (défendant les Vosges d’où il est originaire) et Marmont (Sarre) reculent devant Blücher. De même, Ney évacue Nancy. Plus au sud, Schwarzenberg poursuit sa marche en direction de Paris, par Vesoul et Langres. Pendant deux mois encore, des troupes vont s’entremêler de Soissons à Troyes, de Meaux à Reims. Ce formidable épisode militaire est comme une première « bataille de la Marne », confuse et sanglante. Face à des troupes bien supérieures, Napoléon montre la plus grande subtilité de son génie, profitant de chaque erreur de l’adversaire pour lui infliger des pertes cruelles (batailles de Champaubert, Montmirail et Montereau). Las, jamais il ne trouvera la vraie faille dans les armées ennemies pour les écraser et sauver la patrie, malgré le courage des Marie-Louise, ces quasi-enfants soldats, et le soutien des « blouses bleues », paysans insurgés contre les cosaques et les Prussiens. Et le jeune tsar Alexandre finit par défiler sur les Champs-Élysées, moins de deux ans après avoir fui Moscou investi par la Grande Armée. Le 6 avril, abandonné par tous ses maréchaux, Napoléon finit par abdiquer.

MARSEILLAISE Le 26 avril 1792, le jeune Rouget de l’Isle compose à la demande du maire de Strasbourg, un chant pour l’armée du Rhin sans se douter qu’il deviendra un symbole de la Révolution française, puis l’hymne national de la France (1795 puis 1879).

Rouget de Lisle chantant la Marseillaise.

Bataille de la Fère Champenoise, 1814.

1812 Mort du Lorrain Jean-Baptiste Eblé, héros de la Bérézina. L’Est de la France a vu naître de très nombreux généraux parmi les plus célèbres de la Révolution ou de l’Empire : les Alsaciens Kléber, Rapp, Lefèbvre, Schramm, Coehorn ; les Lorrains Lasalle, Drouot, Duroc, Gérard, Kellermann fils, etc.

1814

1815

Invasion de la France par l’Alsace et la Lorraine. À Champaubert (10 février), Montmirail (11 février), Vauchamps (14 février) Napoléon remporte trois victoires mais après la bataille d’Arcis (20 mars), il doit reculer et les maréchaux Mortier et Marmont sont battus à FèreChampenoise.

Au Traité de Paris, la France perd Landau, Sarrebruck, Sarrelouis, Bouillon, Philippeville et Marienbourg ainsi que les conquêtes territoriales des armées révolutionnaires en 1790-1792. Des territoires frontaliers sont occupés.

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LA GUERRE de 1870 1er septembre 1870. Sedan. « Ah les braves gens ! », s’exclame le roi de Prusse Guillaume 1er. Avec ses jumelles, il assiste, médusé et réjoui, à l’assaut lancé sabre au clair par un millier de cavaliers du général meusien Margueritte. Il salue d’autant plus la bravoure des soldats français que son artillerie les déchiquette et les anéantit. « Encore un effort », lance le général Galliffet, futur « massacreur de la Commune ». « Tant qu’il reste des hommes », lui répond un officier. Un monument rend hommage à ces « braves gens » et aux chasseurs d’Afrique sur un plateau au-dessus de Floing, non loin de Sedan. Au château de Bellevue, l’empereur Napoléon III capitule en tendant son épée, avant d’abdiquer.

La guerre avait commencé trois semaines plus tôt en Alsace. Wissembourg (plateau du Geisberg) fut le théâtre de la première vraie bataille française dans le conflit qui l’opposa à la Prusse (4 août).

Les Français, notamment le général Abel Douay, combattent comme des lions : 7 000 hommes appuyés par 18 canons tiennent en échec pendant 7 heures 70 000 allemands appuyés par 144 canons. Mais en raison de nombreuses erreurs du commandement, la résistance est vaine.

Après cette première, défaite le maréchal Mac-Mahon installe son quartier-général au château de Reichshoffen et établit ses troupes à Froeschwiller-Woerth. Il veut à la fois surveiller la route de Strasbourg et se ménager une éventuelle retraite par les cols vosgiens. L’armée fait une curieuse impression à la population. Le pasteur Klein, observateur attentif, est frappé par le laisser-aller et le débraillé de certaines unités. Les généraux quant à eux non seulement ne connaissent pas la région mais, en outre, ne disposent même pas de carte. Ils sont obligés d’en réquisitionner en toute hâte dans les écoles.

HISTOIRE D’EAU Ouverture en 1831 du canal des Ardennes dont les travaux ont commencé en 1823. Il relie les vallées de l’Aisne et de la Meuse. Trois ans plus tard, c’est le canal Rhin-Rhône qui est achevé. En 1841, début des travaux d’endiguement et de régularisation du Rhin (travaux de Tulla). Enfin, en 1853, le canal de la Marne-au-Rhin est terminé après 13 ans de travaux.

PLOMBIÈRES Suite à l’attentat de Felice Orsini, l’empereur Napoléon III invite secrètement à Plombières, célèbre station thermale des Vosges, Camilo Cavour, Premier ministre du roi de Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel II. Lors de cette entrevue secrète, les 20 et 21 juillet 1858, les deux hommes conviennent d’une intervention militaire conjointe contre l’Autriche en vue de l’unification de l’Italie.

1818

1870 -1871

1907

Le Congrès d’Aix-la-Chapelle (29 septembre - 21 novembre) met fin à l’occupation de la France et lui reconnaît un statut de grande puissance en l’intégrant dans la Sainte-Alliance.

Guerre de 1870. La série de défaites depuis Froeschwiller-Woerth jusqu’à Sedan, en passant par Gravelotte-Saint-Privat et Metz entraîne la chute de Napoléon III. La France perd la Moselle et l’Alsace annexées par l’Allemagne (traité de Francfort le 10 mai 1871).

Première ville-étape hors de l’Hexagone pour le Tour de France créé en 1903 : Metz, en territoire allemand depuis 1871. L’épreuve était déjà venue dans l’Est en 1905 lors de la première étape Paris-Nancy.

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Bataille de Saint-Privat, 18 août 1870 par Alphonse de Neuville.

Gare de Gérardmer.

CHEMINS DE FER Inauguration du chemin de fer Mulhouse-Thann (1839), Strasbourg-Bâle (1841), première ligne internationale européenne , Mulhouse-Strasbourg (1851) et Strasbourg-Paris (1852). Cette ligne commencée en 1849 passe par Vitry, Epernay, Châlons-sur-Marne, Bar-le-Duc, Nancy, Sarrebourg. Ouverte en 1854, une ligne assure la desserte de Reims et des Ardennes depuis Paris. L’ouverture complète de la ligne de trilport à Bazoches (1894) permet de raccourcir le trajet entre la capitale et Charleville en évitant le détour par Soissons. Metz occupée, devenue une place-forte essentielle, est reliée à l’Allemagne notamment à Berlin dès 1882. La première ligne de chemin de fer de Lorraine avait été mise en service en 1850 de Metz à Nancy.

La charge des cuirassiers de Reichshoffen immortalisée dans Reichshoffen de Aimé Morot (château de Versailles).

Pire ! Les informations concernant l’ennemi sont confuses et contradictoires… Au cours de la nuit du 5 au 6 août un violent orage éclate. Le sol est détrempé. La bataille est déclenchée à l’aube à la suite d’une escarmouche opposant une unité de reconnaissance du Ve corps prussien et des soldats français étant allés chercher de l’eau dans la rivière la Sauer. Le sacrifice des cuirassiers (brigade Michel et brigade Bonnemains) qui seront décimés ne changera pas le cours de la bataille mais il permet de couvrir le retrait des troupes françaises. Un monument à leur gloire a été érigé à Morsbronn. Le même jour, les Prussiens battent encore les Français lors de la bataille de Forbach-Spicheren.

à tenir un siège. Il ne met donc aucun empressement à exécuter l’ordre reçu et emprunte lentement la route de Verdun. La victoire de Mars-la-Tour (16 août) ne change rien. Plutôt que d’exploiter son avantage sur la IIe armée prussienne du prince Frédéric-Charles, neveu du Roi de Prusse, pour soit lui donner le coup de grâce ou se retirer en ordre sur Châlons, il décide de se replier sur le flanc ouest de Metz entre la Moselle et l’Orne, prétextant un manque de vivres et de munitions. Il laisse ainsi aux Prussiens la possibilité de continuer vers le nord-ouest et de barrer la route de Verdun.

La suite est tout aussi terrible. MacMahon reconstitue une armée composée de 4 corps d’armée (dite armée du camp de Châlons) pour protéger Paris. Napoléon III, malade et discuté, abandonne le commandement de l’armée du Rhin à Bazaine tout en lui ordonnant de joindre ses forces à celles reconstituées en Champagne. Mais le maréchal n’est pas de l’avis de Napoléon III. Il souhaite en effet livrer bataille rapidement, car il a confiance en la puissance de la place de Metz et omet l’incapacité de celle-ci

Le 18 août, un combat décisif s’engage entre Saint-Privat et Gravelotte, mais Bazaine considérant l’enjeu comme mineur, n’engage pas le gros de ses troupes. Ne recevant aucun renfort, le général Canrobert qui occupe le premier village est obligé de se replier. 75.000 soldats perdent la vie, sont portés disparus ou blessés : ça tombe comme à Gravelotte dira-t-on plus tard. Les Prussiens achèvent l’encerclement de Metz le 20 août. L’armée du Rhin est prise au piège...

1918

1919

1920

Environ 15 000 marins d’Alsace et de Moselle servaient dans la marine impériale. Nombre d’entre eux avaient pris part à l’insurrection de Kiel. De retour à Strasbourg, le 9 novembre, ils prennent le contrôle de la ville et proclament la République des conseils. Fin de la révolution avec le départ des troupes allemandes (11-17/11) ; les troupes françaises arrivent à partir du 21.

Le traité de Versailles rend l’Alsace et la Moselle à la France. Le 8 décembre, le président du Conseil Clemenceau, sous les acclamations reçoit solennellement les députés d’Alsace-Lorraine à la Chambre. Après cinq années d’interruption, le Tour de France reprend et fait étapes à Metz et Strasbourg.

Strasbourg devient le siège de la première institution intergouvernementale jamais créée, la Commission centrale pour la navigation du Rhin (Allemagne, Belgique, France, Pays-Bas et Suisse). Elle siégeait depuis sa création en 1815 à Mannheim.

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TOURISME C’est à Gérardmer dans les Vosges, appelé la perle des Vosges par Abel, frère de Victor Hugo, que le premier office de tourisme aurait été créé sous le nom de « Comité des promenades de la ville de Gérardmer » (1875). Cela est contesté par Pau. En 1922, Gérardmer est candidate à l’organisation des premiers Jeux Olympiques d’hiver prévu en 1924. Chamonix l’emportera.

Napoléon III et Bismarck, le 2 septembre 1870 à Donchery, entrevue après la bataille de Sedan d’après Wilhelm Camphausen (1915).

Le lendemain, Mac-Mahon décide de quitter le camp de Châlons et de prendre position à Reims pour finir de reconstituer ses troupes et protéger la route de Paris. Mais deux jours plus tard, il reçoit l’ordre d’aller secourir Bazaine. Renseigné par la presse, le chef d’état-major prussien envoie sa IIIe armée à marche forcée au-devant des troupes françaises. Pour l’éviter, Mac-Mahon remonte plus au nord vers le département des Ardennes pour ensuite se diriger par Montmédy sur Metz. Cependant, il a sous-estimé l’importance des forces allemandes, leur rapidité et leur tactique d’ensemble. Car outre la IIIe armée prussienne, Von Moltke a placé la IVe armée du prince royal de Saxe sur la rive droite de la Meuse. La route est coupée. Mac-Mahon tergiverse, ses corps d’armée piétinent entre Rethel et Vouziers. Pendant ce temps l’armée du prince royal de Prusse se dirige vers lui l’obligeant à reculer. Le 30 août, les troupes françaises (Ve corps) chargées de protéger le flanc droit de son armée sont défaites à la bataille de Beaumont ; aussi Mac-Mahon décide-t-il alors de se

réfugier à Sedan. Les armées ennemies qui ont opéré leur jonction engagent la bataille (1er septembre). Il y a là outre le feld-maréchal von Moltke, le kaiser et le chancelier von Bismarck. Malgré la résistance héroïque de certains symbolisée par l’épisode de la maison de la dernière cartouche à Bazeilles, la défaite est vite consommée. Le lendemain Napoléon III dépose les armes et tente de négocier

les clauses de la capitulation avec Bismarck près du village de Donchery. Le 4 septembre, la République est proclamée. Le gouvernement refuse la défaite et reconstitue une armée. Paris est assiégé. Quelques batailles victorieuses de l’armée d’Orléans redonnent du baume au cœur mais la capitulation surprise de Bazaine, libère des troupes allemandes qui s’ajoutent aux forces ayant vaincu à Sedan.

1928

1929

1931

Le 8 novembre, les députés autonomistes alsaciens sont déchus de leur mandat.

Vote de la loi Maginot. Les traumatismes laissés par les précédents conflits poussent l’armée française à renforcer ses lignes de défense. Ainsi nait la Ligne Maginot, censée stopper net l’avancée de l’armée allemande.

Fondation du Stade de Reims. Dans les années 1950, il s’imposera comme le principal club français, amassant en quelques années un palmarès prestigieux : six fois champion de France, deux coupes de France.

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La Moselle et l’Alsace occupées.


Le Traité préliminaire de paix qui mit un terme à la guerre franco-prussienne de 1870 est signé à Versailles le 26 février 1871 entre les deux belligérants. Ce traité, conclu avant l’effondrement militaire complet de la France - on se battait encore dans le Nord sous le commandement de Faidherbe, à Bitche avec le commandant Teyssier (fin du siège le 26 mars 1871) et à Belfort avec le colonel Denfert-Rochereau (fin du siège le 13 février 1871) - devait être confirmé par le Traité de Francfort signé le 10 mai 1871. L’Alsace (à l’exception de l’arrondissement de Belfort) et une partie de la Lorraine (en Moselle, les arrondissements de Sarreguemines, Metz, Thionville et 11 communes

de l’arrondissement de Briey ; en Meurthe : les arrondissements de Sarrebourg, moins 9 communes et Château-Salins ; dans les Vosges : les cantons de Saales et Schirmeck) sont annexées. La France perd 14 470 kilomètres carrés, 1 694 communes et 1 597 000 habitants. Elle perd également 20 % de son potentiel minier et sidérurgique. Les termes du traité prévoient une indemnité de guerre de cinq milliards de francs-or à verser en trois ans. En gage de ce paiement, les Allemands obtiennent l’occupation d’une partie du territoire (6 départements du Nord et Belfort) jusqu’au paiement complet de cette somme. Deux emprunts publics

sont lancés qui rencontrent un succès incroyable. Le 16 septembre 1873, le dernier soldat allemand quitte Verdun. Une clause du traité permet aux Alsaciens-Lorrains la possibilité de conserver la nationalité française. Les autorités imposeront par la suite qu’ils quittent la région avant le 1er octobre 1872 pour conserver le bénéfice de l’option pour la nationalité française et vice-versa pour ceux résidant en territoire français ayant opté pour la nationalité allemande. Environ 30.000 « optants » choisiront cette solution, sur 1.597.000 habitants dans les provinces annexées ; mais d’autres sources indiquent 100.000, d’autres encore indiquent plus de 450.000. La France institue une bourse d’études destinée à rendre la clause de départ plus attractive et plus accessible aux familles les plus modestes.

Proclamation de l’Empire allemand dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871 (Peinture d’Anton von Werner, 1885).

Ce traité va polariser la politique française pour les quarante années qui suivent sur les relations entre la France et l’Allemagne, mais la reconquête de l’Alsace-Lorraine, des « provinces perdues », va devenir une obsession caractérisée par un revanchisme qui va être l’un des motifs du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

VISITES IMPÉRIALES Guillaume II soigne les provinces annexées. En 1877, il visite Metz…mais le feu d’artifice tiré à cette occasion met le feu au toit de la cathédrale. En 1903, l’empereur donne son accord pour la construction dans la cité mosellane d’une gare dans un style néo-roman. Cinq ans plus tard, il inaugure la citadelle rebâtie du Haut-Koenigsbourg offerte par Sélestat.

DEUX NOUVEAUX DÉPARTEMENTS La perte de l’Alsace-Lorraine (1871) entraînera la création de deux nouveaux départements : la Meurthe-et-Moselle (constituée des parties des départements de Meurthe et de Moselle restées françaises) et le Territoire de Belfort (partie du département du Haut-Rhin). Ces deux départements subsisteront après le retour de l’Alsace-Lorraine en 1918.

Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville Les dernières cartouches (1873)

1940

1944

1945

Percée de Sedan (10 mai). L’armée allemande traverse les Ardennes jugées impénétrables. La France est envahie. L’armistice est signé le 22 juin. L’Alsace-Moselle est annexée au Reich (7 août).

Libération de Reims (30 août), Charleville-Mézières et Verdun (1er septembre), Nancy (15 septembre), Mulhouse (21 novembre), Metz (22 novembre), Strasbourg (23 novembre 1944).

Colmar est libéré le 2 février. Le 7 mai, l’acte de reddition de l’armée allemande est signé à Reims au quartier général de l’état-major suprême des Forces expéditionnaires alliées en Europe, dirigées par le commandant en chef Eisenhower.

Nancy remporte la coupe de France de football. Il faudra attendre 1978 pour renouveler l’exploit.

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12 mars 2008, Kremlin-Bicêtre. Lazare Ponticelli, le dernier poilu, disparait à l’âge de 110 ans. On aurait pu croire qu’avec lui, la mémoire du premier conflit mondial s’évaporerait, d’autant plus que depuis, il a été suivi par des dizaines d’autres aussi abominables que meurtriers. Il n’en est rien. Bien au contraire, chercheurs, historiens et grand public ne cessent de se passionner pour ce conflit qui a bouleversé le monde tant en raison du nombre des victimes (10 millions de morts, 20 millions d’invalides) et de son intensité que de ses conséquences (profonds changements géopolitiques). Au point que non seulement le 11 novembre reste chaque année un évènement important, le plus important peut-être parmi nos commémorations civiques et politiques actuelles mais en outre que la création littéraire, cinématographique, artistique, historiographique (études, essais, mémoriaux) autour de 14-18 se poursuit avec une vitalité qui étonne. Le remplacement des générations luimême parait jouer un rôle inverse de celui auquel on pourrait légitimement s’attendre : car il semble bien que ce soit parmi les plus jeunes que la Grande Guerre soit le plus nettement plébiscitée au titre des évènements majeurs du XXe siècle.

LA GRANDE Guerre

Le souci pédagogique de transmettre la mémoire de 14-18 n’a d’ailleurs jamais été aussi vivace. Il passe bien sûr par les manuels scolaires mais aussi par les visites sur les champs de bataille et les musées, modernisés, ainsi que par les souvenirs intimes que l’on se lègue dans les familles, lettres et autres cartes postales souvent si émouvantes dans leur contenu. Les jeunes y découvrent la vie quotidienne de leurs aïeuls, broyés par une guerre qui les dépassait. Lazare Ponticelli ne disait-il pas : « Cette guerre, on ne savait pas pourquoi on la faisait. On se battait contre des gens comme nous... » ?

La Grande Guerre résonne aussi douloureusement dans le contexte international. La guerre en ex-Yougoslavie du milieu des années 1990 n’étaitelle pas la conséquence logique d’une partition géographique absurde décidée lors du traité de Versailles de 1919 ? La menace de guerre chimique et d’attentats bactériologiques qui alimente la psychose aux quatre coins du monde, ne résulte-telle pas de l’usage pionnier des gaz dans les tranchées de 14 ? Les attentats terroristes ne répondent-ils pas au même aveuglement que la barbarie sans nom qui s’est exprimée dans l’enfer des tranchées au nom de la mère patrie ?

Eparges.

VITESSE Lors de la grande semaine de Champagne (septembre 1909), Blériot enlève le prix du Tour de Piste et bat le record du monde de vitesse sur 10 km qu’il parcourt en 7 minutes et 47 secondes. Il se classe 2e de la coupe Gordon Bennett (vitesse sur 20 km).

TOUR DE FRANCE Le tour de France, créé en 1903, apportera une attention particulière à l’Alsace Lorraine annexée. Le passage par le ballon d’Alsace en 1905 (premier véritable col franchi de l’histoire du Tour), puis, de 1907 à 1910, les arrivées d’étape programmées à Metz (1907) en témoignent. Ce passage en terres allemandes est notamment rendu possible grâce à l’intervention du comte von Zeppelin. Inquiet des manifestations de patriotisme auxquelles ces étapes donnent lieu, et dans un contexte de dégradation des relations franco-allemandes, Guillaume II empêche l’incursion du Tour en territoire allemand à partir de 1911.

1949

1951

1953

10 août. Installation du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Première session de son assemblée au palais universitaire de Strasbourg.

Après deux finales perdues en 1937 et 1947, le RC Strasbourg remporte une première coupe de France. Il sera également vainqueur en 1966 et 2001. A son palmarès également un titre de champion L1 en 1979.

Procès du massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944. Début le 12 janvier à Bordeaux avec comme accusés uniquement des exécutants dont 14 Alsaciens et 8 Allemands. Il s’achève le 13 février, deux accusés sont condamnés à mort sans compter 44 Allemands qui le sont par contumace. Le 19 février, une loi d’amnistie est votée en faveur des malgré-nous.

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Argonne.

Voici la chronologie de cette guerre dans notre région du Grand Est 1914 2 AOÛT : mobilisation générale. Le Luxembourg est envahi par les troupes allemandes. 3 AOÛT : L’Allemagne déclare la guerre à la France et à la Belgique. Premier bombardement de Lunéville. 6-8 AOÛT : offensive française dans le sud de l’Alsace. Mulhouse libérée est reprise par les Allemands deux jours plus tard. 14 AOÛT : bataille de Morhange. 19 AOÛT : en Alsace, les Français reprennent l’offensive autour de Mulhouse et se rencontrent à Dornach. 19-20 AOÛT : échec de la percée française en Lorraine. Les IIIe et IVe se replient derrière la Meuse. 21-23 AOÛT : la France perd la bataille des Frontières. Lors de la contre-attaque à Morhange,

la 1re armée du général Dubail et la IIe armée du général de Castelnau sont contraintes au repli. Dans les Ardennes, repli de la IVe armée de de Langle de Cary. Fin de la bataille de Charleroi. 24 AOÛT : bataille de la trouée de Charmes (Vosges). 31 AOÛT : les Franco-Britanniques franchissent la Marne. L’aile droite allemande, 1re armée du général von Kluck et IIe armée du général Bülow, atteint Compiègne et La Fère. 3 SEPTEMBRE : Von Kluck passe la Marne à Château-Thierry avec son aile gauche. 4 SEPTEMBRE : l’armée allemande occupe Reims. Le général Gallieni réquisitionne les taxis parisiens pour le transport des troupes et donne l’ordre au général Maunoury, commandant de la VIe de se porter le lendemain au nord de Meaux pour attaquer le flanc droit de la 1re armée.

Bataille de la Marne.

1956

1958

1962

Vague de froid en février dans le Nord-Est, de l’Alsace aux Ardennes.

Début des sessions de la première Assemblée communautaire européenne (futur parlement européen). L’Alsacien Pierre Pflimlin, dernier président du Conseil de la IVe république.

L’évêque de Reims, François Marty, reçoit le 17 juillet le général de Gaulle et le chancelier allemand Adenauer à la cathédrale, lors d’une rencontre pour la paix entre les deux pays.

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LES DIABLES BLEUS L’emploi des chasseurs alpins, surnommés les diables bleus, des skieurs militaires, des chiens de traineau, fait des Vosges un secteur tout à fait particulier du front occidental pendant la guerre de 14-18. Si elles cessent d’être un des théâtres majeurs des opérations militaires dès le début de la guerre des positions, cela n’empêche pas de très violents combats de s’y dérouler, parfois pendant de longs mois, pour conquérir telle hauteur ou reprendre tel observatoire. Les armées luttent principalement du côté du Ban-de-Sapt (près de SaintDié), au-dessus des vallées de la Weiss et de la Fecht (notamment le col du Bonhomme) et autour du Hartmannwillerkopf. 14-18 : transfert de prisonniers allemands.

1914 (suite) 6 SEPTEMBRE : première bataille de la Marne à travers la Brie, la Champagne et l’Argonne. 9 SEPTEMBRE : fin de la bataille du Grand-Couronné (Nancy) où Castelnau résiste depuis le 5. 10-13 SEPTEMBRE : retraite générale des armées allemandes jusqu’à l’Aisne, la Vesle et la Suippe. Mais elles occupent Saint-Mihiel. 23 SEPTEMBRE : 74 civils sont fusillés à Gerbéviller (Lorraine). 5 OCTOBRE : premier duel aérien de la guerre près de Reims : un biplace Aviatik allemand est abattu à la mitrailleuse par des Français à bord d’un avion Voisin. 15 DÉCEMBRE : la IV e armée française lance une offensive en Champagne.

1915 8 JANVIER : la France publie un rapport sur les exactions commises par les troupes allemandes lors des premiers mois de l’invasion en 1914, notamment en Lorraine.

19 JANVIER : début des combats au Vieil-Armand dans les Vosges, qui se poursuivront jusqu’en décembre. 12-16 FÉVRIER : les Alliés lancent une deuxième offensive en Champagne afin de fixer les troupes allemandes sur le front Ouest. Elle s’achève sur un échec le 16 mars. Reims bombardée le 20 février. 17-20 FÉVRIER : violent combat aux Eparges. 18 FÉVRIER : combats autour et sur la butte de Vauquois dans la Meuse qui sera l’un des premiers théâtres de la guerre des mines souterraines à partir d’avril. 5-12 AVRIL : combats aux Eparges. Les opérations commencèrent le 5 avril et durèrent 4 jours, quatre jours de lutte et de souffrance. Elles n’ont pas eu d’équivalent parmi toutes les attaques menées depuis le début de la guerre. L’objectif assigné fut le fameux point X qui était considéré comme la clef de la position. 25 SEPTEMBRE : nouvelle offensive française et britannique en Champagne et en Artois qui se termine par un échec en octobre.

L’offensive reprend le 6 octobre et pendant dix jours, pour de très modestes conquêtes de territoire.

1916 9 JANVIER : offensive allemande en Champagne. 21 FÉVRIER : début de la bataille de Verdun. 9 MARS : prise de Douaumont par les Allemands ; forte résistance du fort de Vaux. 9 AVRIL : échec de l’offensive générale allemande sur le front de Verdun. 1er MAI : Pétain, nommé commandant des armées du Centre, laisse la direction de la bataille de Verdun à Nivelle. 7 JUIN : chute du fort de Vaux puis de Thiaumont, Fleury-devantDouaumont. 24 OCTOBRE : reprise par les troupes françaises des forts de Douaumont et Vaux. 12 DÉCEMBRE : fin de la bataille de Verdun. Les Allemands sont repoussés par les troupes françaises.

1966

1966-1967

1970

Ouverture de l’autoroute A31 qui reliera à terme le Luxembourg à Beaune où elle rejoint l’A6. Son débit deviendra un des plus importants de France.

Suite « plan professionnel » (entre l’État et l’industrie de la sidérurgie) qui prévoit des restructurations. Une grève générale est lancée dans la sidérurgie lorraine (avril-mai 1967). Elle permet la signature de la première convention sociale.

Mort du général de Gaulle, dans sa retraite de Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne). Il repose dans le cimetière près de l’église.

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Accueil des troupes françaises en Alsace, 1919.

1917 16 AVRIL : début de l’offensive de Nivelle au Chemin des Dames. 4 MAI : échec de l’offensive Nivelle.

15 JUILLET : offensive allemande en Champagne. Début de la Seconde bataille de la Marne.

20 MAI : mutinerie dans l’armée française : 68 des 112 divisions sont touchées ; 629 soldats sont jugés et condamnés et 50 d’entre eux sont exécutés (avril-juin).

18 JUILLET : bataille de ChâteauThierry. Français et Américains obligent les troupes Allemandes à se replier au nord de la Marne.

23-25 OCTOBRE : Pétain lance une offensive contre le fort de La Malmaison qui permet la reconquête du nord-ouest du Chemin des Dames.

26 SEPTEMBRE : Foch lance une vaste offensive en Lorraine et en Belgique.

1918

30 OCTOBRE : début de la révolution allemande. La marine allemande se mutine à Kiel.

27 MAI : bataille de l’Aisne. Offensive allemande du Chemin des Dames (fin le 6 juin). 28 MAI : contre-offensive alliée en Picardie. La 1re division américaine enlève le village de Cantigny. 30 MAI : les troupes allemandes atteignent la Marne à ChâteauThierry.

DANS L’ARMÉE ALLEMANDE Entre 1914 et 1918, si 18.000 Alsaciens et Mosellans s’engagent dans l’Armée française ou désertent pour la rejoindre, 380.000 d’entre eux, soit plus de 95% des conscrits, se battent loyalement pour l’Allemagne jusqu’à la fin de la guerre, parfois jusqu’à l’ultime sacrifice. Il en sera autrement lors de la Seconde Guerre mondiale.

1 er-26 JUIN : bataille du bois Belleau.

1919 28 JUIN : signature du traité de Versailles. Retour de la Lorraine Allemande et de l’Alsace à la France. 8 DÉCEMBRE : les députés d’AlsaceLorraine sont accueillis à la Chambre.

Premier tir américain sur le front lorrain avec un canon de 75 Modèle 1897 français, le 23 octobre 1917 près de Bathelémont-lès-Bauzemont (Meurthe-et-Moselle).

OCCUPATION Pendant la Première Guerre mondiale, dans dix départements français, de l’Est et du Nord, deux millions de Français vécurent sous la domination allemande. Dans notre région : une partie de la Meuse, des Vosges et de la Meurtheet-Moselle, l’intégralité des Ardennes. Entre « germanisation » et mise en coupe réglée, le sort des habitants y est rude. Ils subissent un régime de réquisition et d’exploitation économique assez impitoyable. La Moselle et l’Alsace étaient allemandes depuis 1870.

1970-1976

1978-1979

1981

Construction de l’A4, entre Paris et Strasbourg, via Reims et Metz. Longue de 488 km, elle est la deuxième autoroute la plus longue de France, derrière l’A10 et ses 543 km.

Pour lutter contre les fermetures d’usines dans le milieu sidérurgique : lancement par la CGT de la radio « Lorraine cœur d’acier », manifestation de 25.000 personnes et journal télévisé d’Antenne 2 depuis Longwy, occupation de la tour Eiffel, blocage du Tour de France.

Loi du 26 octobre sur les nationalisations. La sidérurgie est intégrée au secteur public. Il s’agit de la première nationalisation depuis 1946.

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La Deuxième

GUERRE MONDIALE L’Est est au cœur des combats de 1940 et 1945. Alors qu’une grande partie de la région est placée en zone interdite, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont à nouveau annexées.

1939

14-15 JUIN : la 1re division de grenadiers (armée polonaise en France), ayant contenu les assauts allemands sur le canal de la Marne au Rhin, couvre la retraite de la 52e division française en complète désintégration. L’unité est dissoute le 21 juin.

1er SEPTEMBRE : mobilisation générale en France. Ordre d’évacuation de la ville de Strasbourg. Le lendemain, les habitants des communes en avant de la ligne Maginot (Alsace et Lorraine) sont évacués.

14 JUIN : les services administratifs alsaciens restant se replient à leur tour. Metz est déclarée « ville ouverte ».

7 SEPTEMBRE : offensive de la Sarre. Les forces françaises pénètrent en Allemagne. Elles se retireront entre le 21 septembre et le 17 octobre.

22 JUIN : signature de l’armistice à Rethondes.

9 SEPTEMBRE : 374.000 Alsaciens évacués dans le Sud. Ils seront suivis par 300.000 autres.

17 JUIN : entrée des troupes allemandes dans Metz.

LIGNE MAGINOT Après la guerre de 1914-1918, la modification du tracé des frontières nécessite de repenser complètement la défense du territoire national. Le haut commandement français est persuadé que la prochaine guerre, contre l’Italie ou l’Allemagne, sera une guerre éclair éventuellement déclenchée sans ultimatum préalable. Aussi, afin de se protéger et de se donner le temps pour mobiliser, la France conçoit-elle au début des années 1930, la plus importante fortification linéaire du monde après la Muraille de Chine. S’étirant sur plus de 1.500 kilomètres, ses ouvrages sont d’importances variables. C’est en Moselle que l’on retrouve les éléments les plus denses et les plus intéressants du dispositif (Hackenberg, le plus important, Hestroff et ses fresques, le Simserhof).

28 JUIN : Hitler se rend à Strasbourg et à la Cathédrale, puis au col de la Schlucht où il jure de conserver « pour toujours », dit-il, « cette belle région ». 7 JUILLET : une vaste étendue de territoire au nord et à l’est de la France occupée (dont les Ardennes, la moitié est de la Haute-Marne, la Lorraine, le territoire de Belfort, quelques communes de la Marne) devient zone interdite.

Le pont de la Bibliothèque à Épinal, après un bombardement, 1940.

1940 10 MAI : début de l’offensive allemande à l’Ouest. Deuxième vague d’évacuation en Alsace et Moselle. 12 MAI : les troupes françaises se retirent derrière la Meuse. 13-14 MAI : la RAF et l’aviation française tentent, mais en vain, de détruire les ponts allemands sur la Meuse. Au soir le général Huntziger, chef de la 2e armée, craignant d’être contourné, replie son aile gauche à l’est de la Meuse, ce qui va encore agrandir la brèche allemande. 13-19 JUIN : les Allemands franchissent le Rhin entre Schoenau et Neuf-Brisach, atteignent Belfort, le 18 juin, prenant à revers les unités restées dans la ligne Maginot.

1983

1984

1988

L’ensemble formé par la place Stanislas, la place de la Carrière et la place d’Alliance est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983.

22 septembre : lors de la 70e commémoration de la bataille de Verdun, François Mitterrand et Helmut Kohl se tiennent la main sur le lieu-même de la bataille la plus meurtrière de la Première Guerre mondiale.

Le FC Metz emporte la Coupe de France, quatre ans après un premier exploit. Au palmarès du club également : deux coupes de la Ligue, en 1986 et 1996, et trois coupes Gamardella (1981, 2001 et 2010). La Grande Île de Strasbourg est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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La ligne Maginot.

Brochure nazie.

25 JUILLET : l’ancienne frontière de 1871 est rétablie, marquant de facto l’annexion des départements alsaciens et de la Moselle au Reich allemand. 10.000 juifs sont chassés d’Alsace. Environ 45.000 Alsaciens « indésirables » sont expulsés entre juillet et décembre. Sur les 6.200 instituteurs alsaciens qui restèrent alors en place, 5.000 durent aller en Allemagne pour y subir une « rééducation ». JUILLET : un groupe de lycéens de Moselle rejoint par des apprentis et quelques employés des postes, pour la plupart âgés de 17 à 20 ans, forment « l’espoir français ». Le 12 août, une première opération de sabotage sur des lignes téléphoniques est attestée.

SEPTEMBRE : création de la « 7e colonne d’Alsace » à Thann. Marcel Weinum de Brumath, 16 ans, constitue un réseau de résistance, « La Main Noire ». Il sera décapité en 1942. 11-21 NOVEMBRE : environ 60.000 Mosellans francophones ou francophiles jugés indésirables sont expulsés par le Gauleiter Bürckel. 30 NOVEMBRE : rattachement officiel à l’Allemagne, des départements de la Moselle (Gau Westmark), du HautRhin et du Bas-Rhin (Gau Baden-Elsass). 25-16 DÉCEMBRE : Hitler à Metz, Sarrebourg et Lutzelbourg.

2 MARS : Leclerc prononce le serment de Koufra jurant de ne pas déposer les armes avant que le drapeau français flotte à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg. 6 AVRIL-3 MAI : pour échapper à la germanisation forcée, 6.700 optants de Moselle émigrent vers la France. 23 AVRIL : décret d’incorporation des Mosellans, garçons et filles de 17 à 25 ans, dans le Reichsarbeitsdienst (RAD). AVRIL : construction du camp du Struthof où les prisonniers connurent d’effroyables conditions de survie, voire des « expérimentations » scientifiques dans leur chair. C’est un camp sans équivalent sur le reste du territoire français. On y comptera environ 10.000 victimes.

1941

7 AOÛT : Hitler nomme Joseph Bürckel et Robert Wagner Gauleiter (chef de l’administration civile) respectivement du Gau Westmark et du Gau badenElsass. Ils sont chargés de germaniser leurs provinces en dix ans.

30 JANVIER : création du groupe gaulliste Dehran en Moselle peu de temps avant le démembrement de la filière d’exfiltration de sœur Hélène Studler.

1991

1995

1996

Le gouvernement annonce sa décision de transférer l’ENA à Strasbourg. Lieu du sacre des rois de France, la Cathédrale ainsi que le palais de Thau et la basilique Saint-Remi de Reims sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le 30 juin, inauguration à Strasbourg du nouveau Palais des Droits de l’Homme.

Le pape Jean-Paul II à Reims pour le 1500e anniversaire du baptême par Saint-Remi de Clovis et de ses soldats.

DROIT LOCAL Le droit local en Alsace et en Moselle, contenant notamment le régime concordaire abrogé en France en 1905 et le régime de sécurité sociale Bismarkien, fut maintenu dans ces territoires après 1918. Il est toujours en vigueur.

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1941 (suite)

1943

18 JUIN : des membres du mouvement « l’Espoir français » sont arrêtés (Moselle). Un mois plus tard, le groupe « Mario », qui comptera quelques 3.000 membres, se forme autour du résistant communiste Jean Burger.

12-18 JANVIER : poursuivant la politique de germanisation, plus de 10.000 patriotes ou résistants à l’annexion mosellane sont envoyés en Silésie (Pologne) ou dans les Sudètes.

28 JUILLET : 101 prêtres de Moselle sont expulsés vers la France.

1942 18 AVRIL : évasion du général Giraud, par Liebsdorf. 16 JUILLET : pour faire face aux pertes allemandes de plus en plus nombreuses, le « Kriegshilfsdienst » (KHD) enrôle de force des auxiliaires féminines en Moselle : les « Malgré-Elles ». 4 AOÛT : la Hitlerjugend (jeunesse hitlérienne) devient obligatoire pour les jeunes mosellans. Elle l’était en Alsace depuis janvier. 19 AOÛT : première ordonnance de Bürckel, instituant le service obligatoire dans la Wehrmacht pour les Mosellans. La même mesure sera prise en Alsace le 25 août.

12-13 FÉVRIER : à Ballersdorf, 18 jeunes alsaciens qui refusent l’incorporation sont fusillés. Leurs familles sont déportées. 18 FÉVRIER : mise à sac du train qui conduit les recrues du RAD, de Sarrebourg à Sarreguemines. 25 JUIN : 1.250 incorporables mosellans, ayant déjà servi dans l’armée française, se rebellent à Sarreguemines. 20 SEPTEMBRE : le chef du réseau Mario, Jean Burger, est arrêté.

LA FRANCE COUPÉE EN DIFFÉRENTES ZONES

1 er OCTOBRE : pour faire face à l’insoumission, ou aux désertions des Mosellans, une ordonnance consacre la responsabilité collective du « clan », en cas de défaillance d’un appelé. 15 DÉCEMBRE : les membres du groupe Derhan sont à leur tour arrêtés (Moselle).

Le camp de Thil-Longwy.

DÉPORTÉS Mi-août 44, le haut commandement SS de Strasbourg avait ordonné à l’état-major d’Épinal de mettre immédiatement sur pied un plan d’anéantissement préventif des maquis vosgiens. L’opération « Wald Fest » (fête de la forêt), voulue et personnellement supervisée par Himmler, commence le 18 août à Moussey par la déportation d’une cinquantaine de personnes. Pendant trois mois, jusqu’au 22 novembre, date de l’arrivée des Américains, les SS des Einzatz Kommandos, aidés par la Wehrmacht et la milice, vont semer la terreur. Point d’orgue : les deux grandes rafles du 24 septembre et des 5 et 6. Au total, 1.020 personnes (vallée du Rabodeau) seront envoyées à Dachau et Auschwitz.

1997

1997

1999

Le traité d’Amsterdam, signé le 17 juin, confirme le siège européen à Strasbourg.

9 juillet : fermeture de la dernière mine de fer de Lorraine à Audun-le-Tiche.

Le 14 décembre, inauguration officielle des nouveaux bâtiments du Parlement européen à Strasbourg.

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La Résistance en action. Sabotage à Gondrecourt. Miliciens à Nancy. Le salut aux couleurs.

1944 3 JUIN : l’armée allemande mène une expédition punitive contre le maquis de réfractaires de Longeville-lès-SaintAvold. 25 AOÛT : libération de Troyes. 29 AOÛT : massacre de la vallée de la Saulx (Meuse) commis par la Wehrmacht (85 tués). Cheminon, Sermaize, Naives-devant-Bar, Martincourt, Mamey, Vilcey-sur-Trey notamment, seront aussi victimes de la barbarie allemande. 30 AOÛT : libération de Reims et le lendemain de Charleville-Mézières. 1er SEPTEMBRE : le camp de ThilLongwy, seule annexe en France occupée du camp du Struthof est évacué. 2 SEPTEMBRE : Metz est déclarée forteresse du Reich par Hitler. La place forte doit donc être défendue jusqu’à la dernière extrémité. 4 SEPTEMBRE : la Wehrmacht et des éléments de la Luftwaffe lancent le 1er assaut sur le maquis du Viombois (GMA Vosges). En vain. Bilan de cette journée : 134 morts et 182 blessés du côté

allemand, 57 tués du côté du maquis, sans compter les victimes des représailles (fusillés, déportés, etc.). 4-5 SEPTEMBRE : le GL 42, répondant à un ordre de Patton, se porte sur Charmes. Leur mission : tenir les ponts de la Moselle afin de permettre le passage des troupes américaines. La cité vosgienne reprise par les occupants est incendiée. 160 habitants sont envoyés dans des camps de concentration. 5 SEPTEMBRE : Rehaincourt est réduit en cendres. 51 déportés. 5 SEPTEMBRE : premières arrestations du maquis de Grandrupt (Vosges), probablement suite à des dénonciations. 214 résistants seront déportés. 5-6 SEPTEMBRE : pour avoir ravitaillé des maquisards, Saint-Rémy-aux-Bois (Meurthe-et-Moselle) est complètement rasé. 10 SEPTEMBRE : après 3 jours de combats acharnés, et 945 tués, blessés ou disparus, les Américains sont finalement rejetés de la rive est à Dornot. La tête de pont est évacuée. 12 SEPTEMBRE : Charmes libérée par les Américains.

2004

2006

2007

Le puits de la Houve, à Creutzwald, exploité par les Houillères du bassin de Lorraine arrête sa production, signant ainsi du même coup la fermeture de la dernière exploitation charbonnière française.

Pose de la première pierre du Centre PompidouMetz. Sa création est la première expérience de décentralisation d’un établissement public culturel, en l’occurrence le centre national d’art et de culture Georges Pompidou de Paris. Ouverture au public en 2010.

Le 15 mars 2007, l’inauguration de la LGV s’est terminée par la rencontre en gare de Louvigny d’un train venant de Paris-Est avec un autre en provenance de Strasbourg.

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Signature de la rédition le 7 mai 1945.

1944 (SUITE) 13 SEPTEMBRE : à Dompaire (Vosges), la 2e DB écrase la 112e Panzerbrigade (59 chars détruits) qui disparait de l’ordre de bataille allemand. 15 SEPTEMBRE : libération de Nancy par les FFI de Grandval qui commande 8 départements de l’Est. 16 SEPTEMBRE : la 7e armée US de Patch et la 1re armée de De Lattre font leur jonction sur les rives de la Moselle. 19-20 SEPTEMBRE : les Allemands attaquent sans succès le maquis de la Piquante-Pierre (Vosges). On compterait 480 morts du côté allemand contre 20 à 73 morts du côté des maquisards.

22 SEPTEMBRE : la 2e DB s’empare de Flin mais ne réussit pas à prendre Baccarat où l’ennemi résiste avec vigueur. 24 SEPTEMBRE : la IIIe armée de Patton doit arrêter son offensive sur Metz, assurer les positions défensives sur son secteur et se porter sur la frontière hollandaise où la situation devient critique. 24 SEPTEMBRE : libération d’Epinal. La ville a beaucoup souffert des bombardements alliés. 24 SEPTEMBRE : première grande rafle dans la vallée du Rabodeau (Vosges). Au total, en trois mois 1.020 personnes seront envoyées à Dachau et Auschwitz.

25 SEPTEMBRE : Nancy reçoit le général de Gaulle avec le même enthousiasme que Pétain quelques mois plus tôt. 1er OCTOBRE : Lunéville définitivement libérée. Plus de 2.000 soldats US et plus de 6.000 Allemands ont perdu la vie dans la bataille. 9 OCTOBRE. échec de l’opération Loyton, la plus vaste opération menée par le Special Air Service sur le territoire français. Elle visait à harceler les voies de communication afin de soutenir l’offensive de l’armée du général Patton vers les Vosges et l’Alsace. 26-30 OCTOBRE 1944 : bataille de Bruyères entre le 442 RCT, corps américain constitué de nippo-américains originaires d’Hawaii et de Californie, et des troupes allemandes. On dénombra dans cette unité 800 victimes, soit presque la moitié de l’effectif. 7 NOVEMBRE ET LES JOURS SUIVANTS : près de 1.300 bombardiers lourds américains déversèrent des centaines de tonnes d’explosifs et de napalm sur les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée américaine. 8 NOVEMBRE : 943 hommes de 16 à 45 ans de Saint-Dié sont déportés.

Le colonel lorrain de Guillebon avec le Général Leclerc, à Paris.

8 NOVEMBRE : tous les Géromois valides de plus de 16 ans sont arrêtés par la Gestapo.

2008

2009

2010

Inauguration le 11 octobre du Mémorial consacré à de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises par Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel tout juste cinquante ans après la rencontre historique à la Boisserie entre le Général et le chancelier Adenauer. Les fortifications Vauban au patrimoine mondial de l’UNESCO, soit 12 sites dont Longwy et Neuf-Brisach.

L’aciérie de l’usine ArcelorMittal de Gandrange (Moselle), dont la fin annoncée en janvier 2008 a donné lieu à une bataille syndicale et politique, ferme définitivement le 31 mars. Nicolas Sarkozy s’était rendu le 4 février 2008 dans l’usine, dont 575 emplois sur 1.100 étaient condamnés, et avait pris l’engagement d’en pérenniser l’activité par des investissements, « avec ou sans Mittal ».

Des plongeurs remontent une cargaison de 168 bouteilles de champagne d’une épave sombrée en 1840 en mer Baltique. Une étude menée à Reims et à Munich sera publiée par la Revue nationale américaine des sciences. La découverte révèle un peu plus les goûts de l’élite européenne au 19e siècle.

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9 NOVEMBRE : en guise de prélude à l’offensive sur Metz, pas moins de 1.299 bombardiers lourds US déversent 3.753 tonnes de bombes sur les ouvrages fortifiés et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée.

13 DÉCEMBRE : le groupe fortifié Jeanned’Arc (Metz) est le dernier à se rendre.

13-17 NOVEMBRE : Saint-Dié, Gérardmer et Raon-L’Etape incendiées par les Allemands. Des centaines de Vosgiens déportés.

1945

15 NOVEMBRE : La 2e DB atteint le Rhin. 22 NOVEMBRE : libération de Metz. Des forts isolés continuent à résister, fixant pas moins de 9.000 Américains.

16 DÉCEMBRE : contre-offensive allemande dans les Ardennes. La bataille se terminera le 27 janvier.

31 DÉCEMBRE - 25 JANVIER : opération Nordwind (Vent du Nord). Les Allemands passent à l’offensive en direction de Forbach, Bitche, Haguenau et Wissembourg. 20 JANVIER - 9 FÉVRIER : réduction de la poche de Colmar.

20 NOVEMBRE : libération de Belfort, Mulhouse le lendemain.

16 MARS : libération de Bitche et Haguenau.

23 NOVEMBRE : libération de Strasbourg par la 2e DB de Leclerc. Le KL Natzweiler-Struthof (totalement vidé depuis septembre) est le premier camp de concentration nazi découvert par les Américains.

19 MARS : libération de Wissembourg.

27 NOVEMBRE : Saint-Avold libéré. Le cimetière américain, le plus grand d’Europe avec ses 10.489 tombes, témoigne de la dureté des combats pendant la campagne de Lorraine.

24 MARS : fin de l’opération Undertone dans le nord de l’Alsace et de la Lorraine. Les Allemands reculent. 7 MAI : le général Jodl et l’état-major des troupes allemandes du front Ouest signent la reddition sans condition de l’Allemagne à Reims. L’acte définitif de capitulation est signé à Berlin le lendemain.

OPÉRATION LOYTON L’opération Loyton, la plus vaste opération menée par le Special Air Service sur le territoire français a eu lieu dans les Vosges à l’été 1944. Envisagée dès mai, planifiée en juillet, cette mission visait à harceler les voies de communication afin de soutenir l’offensive de l’armée du général Patton vers les Vosges et l’Alsace. Commencée mi-août, elle devait durer deux semaines. L’offensive alliée étant reportée de semaine en semaine, SAS et maquisards sont pourchassés et impitoyablement exterminés. Les pertes sont très lourdes : pour les 92 hommes du 2e SAS parachutés : 2 tués en combat, 29 capturés tous exécutés. Pour les 3 hommes du SOE « Jed Jacob » : 1 tué à Viombois, 2 capturés dont 1 exécuté et 1 gardé prisonnier. Pour le squadron du F Phantom : 3 capturés, tous exécutés.

2011

2015

2016

Fermeture « temporaire » du dernier haut-fourneau de Moselle à Hayange-Florange par ArcelorMittal. Ils fermeront définitivement le 24 avril 2013, après une lutte syndicale et politique hautement médiatisée.

Les coteaux, maisons et caves de Champagne sont inscrits dans la liste des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La nouvelle région réunissant l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine doit se trouver un nom. Strasbourg en est la « capitale ».

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DE 1945...

à nos jours

SIDÉRURGIE L’après-guerre se révèle une période prospère pour la Lorraine très riche en matières premières (24 % de la production française de charbon, 90 % de la production de fer). De nombreux immigrants, principalement d’Italie et Pologne, viennent s’y installer. Ceci a pour conséquence un accroissement de la population et fait progresser la région au rang de 3e pôle économique français, après l’Île-de-France et le Nord. La sidérurgie emploie plus de 100 000 personnes dont 70 000 ouvriers et produit 11 millions de tonnes de fonte, 12 millions d’acier et 9 millions de produits finis, soit approximativement 70 % de la production française. Sans oublier l’industrie textile (plus de 25 % de la production française).

NOUVEAUX LACS Mise en eau des lacs-réservoirs d’Orient (1966), du Der (1974) et du Temple (1991), destinés à réguler les cours respectifs de la Seine, de la Marne et de l’Aube. Le lac de la Madine date de 1965. Il est à la fois une réserve d’eau pour Metz, une réserve nationale pour la faune et zone de loisirs. Le barrage de Pierre-Percée (et le lac artificiel) construit entre 1981 et 1985 est destiné à assurer un débit minimum à la Moselle.

EUROPE La guerre n’est pas une fatalité. Victor Schoelcher, l’abbé Grégoire, Albert Schweitzer, Robert Schuman, de ces terres de l’Est, auraient sans nul doute apprécié la cérémonie de réconciliation à la cathédrale de Reims (1962) en présence de de Gaulle et Adenauer et la poignée de mains Kohl-Mitterrand devant l’ossuaire de Douaumont (1984), symbole par-dessus les tombes de la réconciliation franco-allemande et de l’amitié entre les deux peuples. Un symbole prolongé par l’installation à Strasbourg du Conseil de l’Europe, du Parlement européen et de la Cour européenne des droits de l’Homme. Après 2.000 ans de guerres, 70 ans de paix. Champagne !

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CONVENTION SOCIALE Le « plan professionnel » de 1966 (Convention entre l’État et l’industrie de la sidérurgie) prévoit des restructurations dans le Nord et la Lorraine. Pour s’opposer aux suppressions d’emplois, la CGT et la CFDT mènent une grève générale dans la sidérurgie lorraine du 11 avril au 4 mai 1967. Cette grève permet la signature de la première convention sociale le 3 mai 1967 avec des garanties individuelles et collectives, ainsi que la préretraite à 60 ans.

PROCÈS Le procès du massacre d’Oradour-surGlane en 1944 débute le 12 janvier 1953 à Bordeaux avec comme accusés uniquement des exécutants dont 14 Alsaciens et 8 Allemands. Il s’achève le 13 février, deux accusés sont condamnés à mort sans compter 44 Allemands qui le sont par contumace. Le 19 février, une loi d’amnistie est votée en faveur des malgré-nous.

CENTRALES NUCLÉAIRES Sur 19 centrales nucléaires, trois se trouvent dans notre région. Mise en service de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace), en 1978. Le chantier des réacteurs de la centrale de Cattenom (Moselle) a débuté l’année suivante et s’est terminé en 1991. L’Ecole nationale d’ingénieurs de Metz (ENIM) y fait installer en 1985 le plus grand pendule de Foucault du monde. La centrale de Nogent (Aube), a été mise en service entre 1988 et 1989.


CLAP DE FIN 9 juillet 1997: fermeture de la dernière mine de fer de Lorraine à Audun-le-Tiche. 2004 : après la fermeture du siège de Merlebach au mois d’octobre 2003, le puits de la Houve, à Creutzwald, exploité par les Houillères du bassin de Lorraine arrête sa production, signant ainsi du même coup la fermeture de la dernière exploitation charbonnière française. 31 mars 2009 : fermeture définitive de l’aciérie de Gandrange par ArcelorMittal. 2011 : fermeture du dernier haut-fourneau de Moselle à Hayange-Florange par ArcelorMittal.

CRASH Le 20 janvier 1992, un A320 d’Air Inter reliant Lyon à Strasbourg s’écrase en forêt près du mont Saint-Odile. 87 morts et 9 rescapés.

Quartier de la Petite France, à Strasbourg.

Vignobles de Champagne.

Place Stanislas, à Nancy.

PATRIMOINE MONDIAL L’ensemble formé par la place Stanislas, la place de la Carrière et la place d’Alliance est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983. Cinq ans plus tard, c’est au tour de la Grande Île de Strasbourg. En 1991, deux ensembles architecturaux remarquables sont inscrits à Reims : d’une part celui constitué par la cathédrale et le palais du Tau (musée de la cathédrale) attenant et celui d’autre part comprenant la basilique Saint-Remi avec l’abbaye Saint-Rémi (musée). En 2008, les fortifications Vauban au patrimoine mondial de l’UNESCO, soit 12 sites dont Longwy et Neuf-Brisach, entrent dans la liste. En 2015,les coteaux, maisons et caves de Champagne, ainsi que les « climats » du vignoble français de Bourgogne rejoignent le Patrimoine mondial de l’Humanité…

PLAN ACIER Premier « plan acier » du gouvernement socialiste français en 1982. Les dirigeants d’Usinor (Levy) et de Sacilor (Dollé) annoncent la suppression de 10.000 emplois dans la sidérurgie, dont 7.000 en Lorraine. Joeuf, Homécourt, Hagondange et Pompey sont mortellement atteints. Le premier ministre Pierre Mauroy, accompagné de quatre ministres, se rend à Pont-à-Mousson. Le fer de la Tour Eiffel provient de Pompey.

Centre Pompidou, à Metz.

MÉMORIAL À chacun son mémorial. Alors que Jacques Chirac inaugure celui consacré à l’Alsace-Moselle à Schirmeck (2005), deux ans plus tard, le Président de la République Nicolas Sarkozy et la Chancelière allemande Angela Merkel inaugurent à Colombeyles-Deux-Églises celui dédié à Charles de Gaulle.

POMPIDOU La première pierre du Centre Pompidou-Metz est posée le 7 novembre 2006 par Claude Pompidou, épouse de l’ancien président. 12 mai 2010 : ouverture au public. Sa création est la première expérience de décentralisation d’un établissement public culturel, en l’occurrence le centre national d’art et de culture GeorgesPompidou de Paris.

Mémorial Charles de Gaulle.

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