Tchernobyl : retrouvez les articles de l'Est Républicain sur le sujet

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L ’ E S T R É P U B L I C A I N | M A R D I 2 6 AV R I L 2 0 1 1

FRANCE MONDE 4.200

personnes meurent chaque année d’infections nosocomiales, soit 2,8 % des décès hospitaliers

Voitures niponnes

Jusqu’à ­62,9% La production des constructeurs d’automobiles japonais a chuté de plus de moitié en mars. Toyota, a sorti de ses chaînes 62,7 % véhicules de moins que l’an passé. Nissan a dans le même temps accusé un plongeon de 52,4 % et Honda a assemblé 62,9 % véhicules de moins sur un an. Les constructeurs souffrent d’une pénurie de pièces détachées qui les oblige à ralentir la cadence ou à stopper leurs chaîne. Les autres firmes nippones ont aussi été touchées en mars, Mitsubishi Motors, Suzuki, Mazda et Fuji Heavy Industries (voitures Subaru) voyant leur production fondre d’un quart aux deux­ tiers. Dans l’archipel, la production est en outre loin d’avoir repris à un rythme normal, Toyota, Honda et Nissan ne produisant toujours fin avril que 50 % des volumes prévus avant le séisme.

Plus de voyageurs « On était à +12 %. On a terminé à ­15 % », dit le patron­fondateur d’Asia. La plupart des pays d’Asie subissent par ricochet la désaffection des voyageurs effrayés à l’avance de voir arriver sur leur lieu de vacances un éventuel nuage radioactif en provenance du Japon, lui­même déserté par les touristes. La Chine proche est aussi boudée : « de +8 à 10 % début mars, on a fini à ­17 % à la fin du mois », dit­il encore. Constat identique chez Voyageurs du Monde (VDM), où on parle d’un repli de 30 % pour l’Empire du milieu. Bien sûr, souligne le patron de Directours, spécialiste sur internet des voyages à la carte, 2010 a été une année exceptionnelle l’an dernier grâce à l’exposition de Shanghai mais comparativement à la même période de 2009, « la baisse est de l’ordre de 35 % ».Ailleurs, l’Indonésie souffre aussi, entre ­10 % et ­20 % selon les voyagistes même si pour certains Bali devrait s’en sortir.

Patrimoine immatériel

La tauromachie comme le fest­noz La tauromachie a été recensée au patrimoine culturel immatériel de la France, une reconnaissance vivement dénoncée par l’Alliance anticorrida. La tauromachie « a bien été recensée au patrimoine immatériel de la France par une commission ethnologique au sein du ministère de la Culture en janvier », au « même titre que la tarte tatin, le fest­ noz, la tapisserie d’Aubusson, les parfu­ meurs de Grasse », a­t­on indiqué au ministère de la Culture. La France a ratifié en 2006 une convention de l’Unesco de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui impose aux Etats signataires de tenir un inventaire du patrimoine national, dont l’élaboration a commencé dans l’Hexagone en 2007. C’est l’Observatoire national des cultures taurines, créé en 2008 à Arles qui a pris l’initiative d’obtenir cette reconnaissance.

Dominique Versini dépend désormais du futur Défenseur des droits et se montre très critique envers le gouvernement.

Nicolas Hulot, candidat écologiste à la présidentielle.

25 ans après, toujours la peur Tchernobyl.200fois Hiroshima.Undésastre. L’accidentanécessité 600.000liquidateurs soviétiquesetl’érectiond’un sarcophagesurlachape fissurée.Etilyaunmois, Fukushima.BanKi­moon demandequesoienttirées lesleçonsdecestragédies

L

e monde commémore mar­ di Tchernobyl, la plus gra­ ve catastrophe de l’histoire du nucléaire civil survenue il y a 25 ans en Ukraine à l’époque soviétique, avec une peur ravivée par les accidents à la cen­ trale japonaise de Fukushima. Le 26 avril 1986 à 01H23, le réac­ teur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl a explosé au cours d’un test de sécurité à la suite d’er­ reurs de manipulation, provoquant des rejets d’éléments radioactifs d’une intensité équivalente à au moins 200 bombes de Hiroshima et contaminant une bonne partie de l’Europe.

Le silence officiel soviétique, a contribué à la contamination de centaines de milliers de personnes, principalement en Ukraine, au Bélarus et en Russie

Asie

Dernier bilan d’activité de la Défenseure des enfants

Aller seul à la bataille, si aucun accord n’était trouvé avec Europe Ecologie­Les Verts, serait « tragique pour tout le monde »

Pour éteindre l’incendie et net­ toyer la zone autour de la centrale, l’URSS a envoyé en quatre ans 600.000 « liquidateurs » exposés à de fortes doses de radiation avec une protection minime. Aujourd’hui, de hauts responsa­ bles politiques parmi lesquels le président russe Dmitri Medvedev sont attendus sur le site, ainsi que le patriarche de Moscou et de tou­ tes les Russies, Kirill, qui partici­ pera à une cérémonie religieuse suivie d’un dépôt de gerbe au pied du monument à la mémoire des « liquidateurs » décédés. Remet­

tant hier des décorations à des « li­ quidateurs », M. Medvedev a rele­ vé qu’ils avaient servi leur patrie, contrairement au régime soviéti­ que. « Il faut le reconnaître avec honnêteté, l’Etat n’a pas eu tout de suite le courage d’admettre les conséquences de ce qui s’est pas­ sé », a­t­il déclaré. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki­moon, a appelé à un « dé­ bat global » sur l’énergie nucléaire, au cours d’une visite à Tchernobyl le 20 avril. « L’accident à la centrale nucléaire de Fukushima (en mars) et le désastre de Tchernobyl nous ont donné deux messages forts : nous devons tirer les leçons de ces tragédies et renforcer les normes de sécurité nucléaire », a dit M. Ban. Un quart de siècle plus tard, le bilan de Tchernobyl suscite tou­ jours la controverse : le culte du secret et le mauvais suivi des victi­ mes dans les années chaotiques post­soviétiques sont montrés du doigt mais aussi le lobby nucléaire, réticent à analyser les conséquences à long terme de la catastrophe. L’URSS dirigée par Mikhaïl Gor­ batchev avait alors réagi dans la pire tradition du secret, ne recon­ naissant le drame que trois jours plus tard, après que la Suède, at­ teinte par le nuage radioactif, a alerté le monde. Le silence officiel soviétique, sui­ vi de mensonges, a contribué à la contamination de centaines de milliers de personnes, principale­ ment en Ukraine, au Bélarus et en Russie.

la contamination radioactive (can­ cers, atteintes au système immuni­ taire, maladies cardiaques…), a déclaré un responsable de l’ONG en Russie. La communauté internationale a, lors d’une conférence le 19 avril à K i ev, d é b l o q u é 5 5 0 m i l l i o n s d’euros ­sur un total de 740 mil­ lions d’euros manquants­ pour fi­ nancer les travaux liés à l’aména­ gement d’un nouveau sarcophage à Tchernobyl. La chape alors cons­ truite à la va­vite pour recouvrir le réacteur accidenté est fissurée. Tchernobyl n’a été définitive­ ment fermé qu’en décembre 2000 après plusieurs incidents, et qua­ tre centrales, avec 15 réacteurs, sont toujours en exploitation dan s le pays.

On les exploite à 104 % K Vyacheslav Gryzunov a été décoré hier. Les « liquidateurs » présents au Kremlin ont dénoncé la façon dont l’Etat russe les traite, lui reprochant en particulier l’annulation d’un grand nombre d’avantages sociaux à l’occasion d’une réforme du système de pensions du gouvernement. « Au début, j’avais le sentiment d’être un héros, j’avais des voyages et des médicaments gratuits, mais depuis cette loi je n’ai plus rien », explique Vladimir Koudriachov, qui a été décoré par le chef de l’Etat russe et qui souffre de graves problèmes cardiaques dus aux radiations. Viatcheslav Grichine, président de l’Union Tchernobyl­Russie, fait le même constat. Selon lui, seuls 200.000 des 230.000 « liquidateurs » russes sont encore en vie et, parmi eux, 90.000 sont « invalides », dont un tiers ne sont pas reconnus comme des victimes de la catastrophe. Photo Maxppp/EPA/ALexander NATRUSKIN

imputables aux effets de la radia­ tion. Dans son dernier rapport en février 2011, l’UNSCEAR fait aussi état de 6.000 cas de cancer de la thyroïde, dont 15 mortels dus à la

consommation par des enfants de lait contaminé. Selon Greenpeace, au moins 100.000 personnes sont mortes avant 2005 en Ukraine, au Bélarus et en Russie des suites de

Pilote d’hélicoptère avec pommade antiradiation et nouvel uniforme

31 morts ou 100.000 ? En 2005, plusieurs agences de l’Onu ont estimé que 4.000 person­ nes étaient décédées des suites d’une exposition à la radiation, un rapport qui, selon les écologistes, sous­estime fortement l’impact de Tchernobyl. Ce rapport est contes­ té par l’UNSCEAR, comité scienti­ fique des Nations unies sur les ef­ fets des rayonnements, qui ne reconnaît que 31 morts d’opéra­ teurs et de pompiers directement

E LES PILOTES qui ont largué des milliers de tonnes de sable et de plomb sur le réacteur accidenté de Tchernobyl n’avaient qu’un équipement antiradiation minimal mais étaient conscients du risque, raconte leur commandant, Nikolaï Antochkine, dans un entretien publié par le journal populaire russe Komsomolskaïa Pravda. Ces pilotes d’héli­ coptères ont effectué en dix jours quelque 4.000 sorties pour recouvrir le réacteur nucléaire N°4. « Ils me disaient, ‘’mon général, ce n’est pas l’Afghanistan où l’on se fait tirer dessus, ici l’ennemi est invisible. Comment cela va­t­il affecter ma vie, mes enfants ?’’», se souvient M. Antochki­

La sirène de Cattenom LE REPORTAGE DE PATRICK TARDIT Un strident coup de sirène, des centaines de gens s’al­ longent sur le bitume et laissent échapper dans le ciel des ballons verts. Les corps à terre symbolisent les victimes de Tchernobyl et Fukushima, et les ballons un nuage radioactif tandis que s’échappent des volutes blanches des quatre tours de la centrale de Cattenom en Moselle. Action spectaculai­ re, ce « die­in » donnait les frissons aux quelques mil­ liers de manifestants, ras­ semblés juste devant la cen­ trale nucléaire, dont ils étaient venus demander la « fermeture immédiate ». « Tchernobyl, 1986, Fukushima, 2011, Catte­ nom… bientôt ». Organisée « du côté français », en Mo­ selle, cette manif interrégio­ nale, internationale, était surtout composée d’Alle­ mands, de Luxembourgeois, de Belges… Au grand plaisir de sa coordinatrice (françai­ se) Marie­Anne Isler­Bé­ guin : « Tous les citoyens se sentent concernés. Merci à nos amis de venir nous ex­ pliquer que sortir du nu­ cléaire c’est possible, nous allons le faire », disait l’élue

K « 1986, 2011, et bientôt Cattenom ».

verte, qui trouvait des ac­ cents obamiens avec un « Yes, we can ». Tandis que flottaient les drapeaux mélangés du NPA français et du SPD allemand, élus et militants ont défilé sur scène « contre le cauche­ mar du nucléaire ». « Catte­ nom est un problème pour tous », assure Joe Leinen, ancien ministre de l’environ­ nement de Sarre, « A la fron­ tière du Luxembourg et de l’Alllemagne, et pas loin de la Belgique, c’est un risque

Photo Philippe BRIQUELEUR

pour nous tous. Ce n’est pas l’Europe du nucléaire que nous voulons mais une Eu­ rope solaire, le futur c’est le solaire », disait­il tandis que les manifestants se proté­ geaient de ses rayons.

La plus grande erreur de l’humanité Le député allemand Erwin Manz rappelle que Tcherno­ byl, ce fut 4.000km2 de zone irradiée, 125.000 personnes évacuées : « Fukushima est la troisième plus grande

catastrophe enregistrée, nous ne voulons pas d’une quatrième catastrophe, ici, à Cattenom », dit­il, « Tous les jours, le soleil se lève, il faut aller plus vite dans les éner­ gies renouvelables, les chan­ gements climatiques nous l’imposent. Le nucléaire profite aux grandes firmes, alors que les énergies renou­ velables profitent à tout le monde ». 64 communes luxembour­ geoises ont apporté leur soutien à ce mouvement, confirmant leur inquiétude, la peur d’un acte terroriste, du crash d’un avion, « la crainte d’un incident ma­ jeur », alors qu’il y aurait eu 700 incidents à Cattenom, dont une dizaine dans l’an­ née, assurent les écologistes. « On a l’impression qu’il y a un changement du côté des politiques français, qui re­ voient leur point de vue vis­à­vis de cette énergie dangereuse et irresponsa­ ble », estime Alfons Lauer, bourgmestre de Merzig. « On ne peut plus aujourd’hui dire que c’est une énergie légiti­ me, c’est la plus grande er­ reur de l’humanité », ajoute Klaus Jensen, maire de Trê­ ves, jumelée avec une ville proche de Fukushima.

20 millisieverts : une dose d’adultes pour les écoliers de Fukushima DES PARENTS D’ÉLÈVES d’écoles de la préfecture de Fukushima craignent que leurs enfants ne soient irradiés dans les cours de récréation où le niveau de radia­ tions affleure parfois la limite admise. Une vingtaine d’établissements scolaires de cette province dévastée ont rouvert ces derniers jours. Situés à quelques dizaines de kilomètres du site atomique mis à mal par le séisme et le tsunami du 11 mars, certains sont exposés à une radioactivité jugée préoccupante. « Pourquoi le gouvernement japonais a­ t­il décrété que les enfants ne couraient pas de danger si la dose de radiations reçues ne dépassait pas annuellement 20

Onze réacteurs nucléaires russes du même type que ceux de la cen­ trale de Tchernobyl sont vétustes et doivent être arrêtés en Russie, a déclaré hier Vladimir Kouznetsov, membre d’un conseil d’experts auprès de Rosatom, le monopole russe du nucléaire. « La principale leçon qu’on aurait dû tirer de la catastrophe de Tchernobyl, c’est d’arrêter progressivement les réacteurs de type RBMK », a­t­il déclaré. « Mais au lieu d’arrêter ces vieux réacteurs ou de les exploiter à 60­70 %, on les surexploite en Russie en les faisant fonctionner à 104 %, parce qu’on ne construit presque pas de nouveaux réac­ teurs », a­t­il poursuivi, dénonçant un comportement « criminel ».

millisieverts, soit le même niveau que pour un adulte ? », s’est interrogé un père. La sensibilité des petits à la radioactivité est pourtant plus forte que celle d’un indi­ vidu âgé de plusieurs dizaines d’années, car « l’enfant va accumuler tôt des doses dont les effets vont se prolonger tout le reste de sa vie, soit sur un nombre d’an­ nées censé être plus important que pour un adulte », confirme Olivier Isnard, ex­ pert de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Pour limiter l’exposition à la radioactivi­ té ambiante, le ministère a pour l’heure décidé de limiter les activités extérieures à une heure par jour dans la cour et appli­

qué la même restriction à plusieurs jar­ dins publics. Cette mesure apparaît ce­ pendant dérisoire aux yeux de parents, d’autant que, s’appuyant sur l’avis de la Commission internationale de la protec­ tion radiologique, le Japon a relevé signi­ ficativement le niveau maximum autorisé annuellement, compte tenu de la situa­ tion d’urgence résultant de l’accident nu­ cléaire de la centrale Fukushima Daiichi (N°1), évitant ainsi des déplacements trop massifs de population. Des écoliers de cette province, envoyés dans d’autres établissements, sont laissés à l’écart par leurs nouveaux camarades de classe qui craignent la contagion.

ne. Ses hommes recevaient des pilules d’iode, une pomma­ de antiradiation ainsi qu’un nouvel uniforme après chaque mission et devaient se laver après chaque vol. « Mais nous savions que ces précautions étaient insuffisantes », pour­ suit­il, et les pilotes continuaient leur mission car « ils savaient qu’il fallait recouvrir le réacteur aussi vite que possible ». « Même si on leur disait d’arrêter, ils repar­ taient à chaque fois en mission », ajoute­t­il. Selon M. Antochkine, les radiations étaient si fortes au­ dessus du réacteur qu’elles dépassaient la capacité de détection des dosimètres.

Blayais : 30 ans en juin DES MILLIERS de manifes­ tants se sont rassemblés hier pour dire « non » au nucléai­ re, en Aquitaine, Bretagne. En Bretagne, quelque 800 personnes se sont rendues devant la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère). Réacteur expérimental à eau lourde construit dans les an­ nées 1960, Brennilis a cessé de fonctionner en 1985 mais son démantèlement, plus complexe que prévu, n’est toujours pas achevé 25 ans plus tard. En Aquitaine, de 600 à 1.000 personnes ont pique­niqué face à la centrale nucléaire du Blayais, au nord de Bor­

deaux. Les manifestants ont demandé la fermeture de cette centrale. Le 12 juin sera le 30e anniversaire de la mise en service du réacteur nu­ méro 1, sa durée de vie pré­ vue à l’origine par EDF », a indiqué le président de l’as­ sociation Tchernoblaye. Pour lui, « il faut fermer celui­là et tous les réacteurs de plus de trente ans ». « La centrale du Blayais (où travaillent 1.700 personnes) est assurément une des plus dangereuses de France » car « elle est inon­ dable, ainsi que sa route d’ac­ cès, comme l’a montré la gra­ ve crise de décembre 1999 (tempête Martin, ndlr) ».

Hulot veut convaincre « MASCARADE ! », « Hulot à l’eau ! »… Première sortie de campagne délicate pour le candidat Nicolas Hulot Venu avec.700 Français et Alle­ mands manifester hier à Strasbourg au milieu des anti­ nucléaires historiques, très méfiants à son égard, l’ex­ani­ mateur de télévision a deman­ dé du temps pour convaincre. En se rendant en Alsace, ré­ gion où est née l’écologie poli­ tique, à une manifestation pour la fermeture de la cen­ trale nucléaire de Fessen­ heim, Nicolas Hulot n’arrive pas en terrain conquis. Difficile de faire oublier 20 ans de carrière télévisuelle. Difficile de faire oublier les grandes entreprises sponsors de sa fondation et la marque Ushuaïa. « Nicolas, t’as ton shampoing Ushuaïa ? », crie un manifestant. « Il a bossé pour les bétonneurs ! », lance un autre. Militante antinu­ cléaire depuis 30 ans, Véroni­ que Almerein dénonce le « parcours politique sinueux » de Hulot et brandit un tract fustigeant l’« écologie de re­ présentant de commerce ». « On prend pas un mec de TF1 pour représenter l’écolo­ gie ! », s’énerve un autre mili­

tant. Nicolas Hulot reste im­ passible. Son entourage minimise, évoque les « figures folkloriques habituelles » des écolos alsaciens. Mais la suspicion est réelle. Elle concerne au premier chef l’adhésion tardive du candidat à la doctrine anti­nucléaire. « Beaucoup de militants sin­ cères se posent des ques­ tions », admet Jean­Marie Brom, du réseau « Sortir du nucléaire ». Nicolas Hulot a pourtant pris soin de clarifier sa posi­ tion. « Fukushima a achevé de me convaincre », répète­t­il. « Je suis là pour dire que la sortie du nucléaire doit doré­ navant être un objectif acté », poursuit­il, en revendiquant « le droit d’évoluer ». « Je fai­ sais partie de ceux qui accor­ daient une certaine confiance aux arguments des ingénieurs pronucléaires. Je chemine. Je ne suis pas un dogmatique », se défend­il. « Laissez­moi du temps pour convaincre que ce n’est pas une posture », dit­il. « Je n’affûte pas mes convic­ tions à l’aune de ce que les militants écologistes ont envie d’entendre », ajoute­t­il, sou­ haitant une campagne « sans tabou, où aucun sujet ne sera esquivé ».


L’ E S T R É P U B L I C A I N | J E U D I 8 S E P T E M B R E 2 0 1 1

FRANCE MONDE Le chiffre

La phrase

2.000

migrants ont disparu en voulant traverser la Méditerranée, selon une sénatrice hollandaise

Santé

Une nouvelle affaire préoccupante

Servier à nouveau mis en cause

Aujourd’hui

« Zéro justice, zéro cohérence, zéro efficacité »

Le plan d’Obama Le président devrait proposer au Congrès d’injecter 300 milliards de dollars dans l’économie américaine pour lutter contre un chômage élevé, point noir de son bilan à 14 mois de la présidentielle de 2012.

Jean­Marc Ayrault, chef de file des députés PS qualifiant les mesures anti­déficits de François Fillon débattues depuis la veille.

La justice blanchit le nuage Tchernobyl : la carte de la contamination La cour d'appel de Paris a clos l'enquête sur l'impact du passage du nuage radioactif, estimant qu’il n’avait pas eu de conséquence sanitaire mesurable Lille

PARIS Strasbourg

Rennes Dijon

Dépôts de césium 137 en mai 1986 (Bq/m2)

K Le laboratoire aurait minimisé les effets secondaires d’un médicament contre l’ostéoporose. Photo PQR/L’Alsace/Jean­ François FREY

APRÈS L’AFFAIRE MEDIA­ TOR, actuellement devant la justice, Servier est une nou­ velle fois mis en cause, cette fois pour avoir minimisé les effets secondaires d’un mé­ dicament contre l’ostéopo­ rose, le Protelos, ce qu’a aus­ sitôt démenti le laboratoire pharmaceutique français.

Un rapport de l’Afssaps en 2010 Comme l’a révélé hier Li­ bération, l’Agence de sécu­ rité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a rédigé en 2010 un rapport sur le sujet, à la demande de l’Agence européenne des médica­ ments (Ema). Ce rapport pointe les dysfonctionne­ ments du laboratoire en ma­ tière de pharmacovigilance du Protelos, utilisé après la ménopause pour réduire le risque de fractures osseuses. Il relève deux écarts « cri­ tiques », c’est­à­dire « po­ sant un risque potentiel pour la santé ou représen­ tant une violation grave de la législation » par rapport à la procédure légale, et huit écarts « majeurs », c’est­à­ dire « pouvant potentielle­ ment poser un risque pour la santé ou représentant une violation de la législation ». Déjà, en 2007, les agences française et européenne avaient alerté sur des ris­ ques de syndrome Dress, réaction allergique grave entraînant l’atteinte d’orga­ nes comme le foie ou le rein. Trois ans après la mise sur le marché du produit, seize cas de ce syndrome avaient été rapportés, dont deux mor­ tels. Une « procédure de res­ triction urgente de sécurité » avait alors été lancée visant à modifier le « résumé des caractéristiques du pro­ duit » (RCP) et l’étiquetage du conditionnement. Le rapport relève une ap­

plication déficiente des rè­ gles de « codage », c’est­à­ dire de déclaration des effets secondaires. Il note aussi que le système mis en place empêche de relever tous les effets secondaires du médi­ cament.

« Sous surveillance » Le directeur général de l’Afssaps, le Pr Dominique Maraninchi, a indiqué que le Protelos était toujours « sous surveillance très at­ tentive ». « On attend des résultats complémentaires en croi­ sant les données de la firme et les déclarations venant de médecins et de patients », a­ t­il précisé. Le comité tech­ nique de pharmacovigilance se réunira le 13 septembre et pourrait, si les données vont dans ce sens, déboucher sur une suspension de l’autori­ sation de mise sur le marché du médicament, instruite à l’échelle européenne. « Deux types de risque sont préoccupants », a souli­ gné le Pr Maraninchi, « les risques thrombo­emboli­ ques, et le syndrome cutané Drees, qui peut être sévè­ re ». Le Pr Maraninchi a précisé qu’un autre médicament de Servier était « sous sur­ veillance attentive » : le Vas­ tarel. Commercialisé en France depuis 1965 et utilisé contre les vertiges, les acouphènes, l’angine de poitrine, il présente nombre d’effets indésirables, sans « efficacité clinique tangi­ ble », selon la revue indé­ pendante Prescrire. Servier a démenti « ferme­ ment » les « accusations » de Libération, affirmant n’avoir « jamais dissimulé les effets secondaires d’un médica­ ment ».

OGM

Botulisme

Des tournesols mutés, fauchés

D’autres produits concernés

Une centaine de manifestants anti­OGM ont fauché symboliquement hier matin quelques dizaines de pieds de tournesol « muté » à Ondes (Haute­Garonne), au nord de Toulouse. Les manifestants voient dans ces tournesols mutés des OGM qui « avancent masqués ». « Les OGM on n’en veut ni dans les champs, ni dans les assiettes ni dans les verres », ont­ils scandé.

D’autres produits de l’établissement « La Ruche », en plus de la tapenade ayant provoqué des cas de botulisme, doivent être soustraits à la consommation, les analyses ayant révélé la présence de germes toxiques, ont annoncé hier les autorités. Il s’agit d’anchoïades, de tomates séchées, de thoïonades, de tartinades, du caviar d’aubergine, du pesto sauce pistou, de la poivronnade, de la poichichade et de l’artichonade, précise la DGCCRF. Cette dernière et la Direction générale de la santé appellent à ne pas consommer les conserves produites par l’établissement La Ruche de Cavaillon (Vaucluse), vendues aussi sous les marques « Les délices de Marie­Claire », « Terre de Mistral » et « Les secrets d’Anaïs ».

Photo AFP

1 000 à 2 000 Photo DR

Non­lieudansl’enquêtesur lesretombéesenFrancedela catastrophedeTchernobyl.

L

a justice a définitivement blo­ qué le nuage globe­trotter bourré de becquerels de la ca­ tastrophe de Tchernobyl aux portes de la France. Incroyable phénomène qui a échappé à tous les spécialistes de physique nucléaire : il existe donc des frontières géographi­ ques que même la radioactivité noma­ de ne peut pas franchir… Ce cas d’es­ pèce, un seul scientifique l’avait compris : le professeur Pierre Pellerin, patron en 1986 du Service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI). Aujourd’hui âgé de 87 ans, ce croisé du nucléaire réputé pour son caractère autoritaire avait déclaré à l’époque « qu’aucune élévation signifi­ cative de la radioactivité n’avait été constatée » sur le territoire français alors que toute l’Europe activait en ur­ gence des mesures de prévention, dont l’interdiction de consommer des fruits et légumes frais, face aux menaces épi­ démiologiques des retombées de cé­ sium 137 ou d’iode 131. Mais Pellerin,

lui, était resté droit dans ses bottes, jusqu’à proposer « d’aller en costume sur le site de la centrale ukrainienne pour en mesurer la radioactivité. Il faut lutter contre la psychose ridicule qui se répand dans la population ». Hier, la cour d’appel de Paris lui a donné rai­ son : non­lieu et fin d’une quête de vérité qui dure depuis 25 ans. Bien entendu, tout le ban et l’arrière­ban des antiatome tire à boulets rouges contre l’arrêt de la cour et la pression du lobby pro nucléaire rejoint par les Académies des sciences et de médeci­ ne qui selon eux, a influencé cet épilo­ gue. « À l’heure où le Japon affronte une catastrophe nucléaire où l’accès à l’information des populations civiles n’est pas garanti et même bafoué, la garantie d’impunité que nous ren­ voyons est scandaleuse », martèle l’eurodéputée Corinne Lepage.

Dix ans d’espoirs déçus Depuis mars 2001, après la plainte contre X déposée pour « tromperie ag­ gravée » par la Commission de recher­ che et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) et l’Asso­ ciation française des malades de la thy­ roïde (AFMT), les plaignants s’accro­

Bordeaux

2 000 à 4 000

K Le non­lieu dans l’enquête de Tchernobyl renforce le syndrome du déni du risque nucléaire en France.

Lyon

Montpellier

4 000 à 10 000 10 000 à 20 000

Nice

Marseille

20 000 à 40 000

Ajaccio

Source : IRSN

chaient pourtant bec et ongles à l’espoir d’une reconnaissance judiciai­ re. Ils comptaient notamment sur le travail minutieux conduit par la juge d’instruction Marie­Odile Bertella­Geoffroy pour démontrer que l’explosion du réacteur n° 4 de la cen­ trale maudite n’avait pas épargné l’Hexagone. En 2005, des experts man­ datés par la juge avaient estimé dans leur rapport que « la restitution par le SCPRI des informations n’a été ni complète, ni précise. Certaines des va­ leurs ont été occultées et la publication de valeurs moyennes était de nature à masquer les pics de contamination ». Après ces accusations, c’est Pierre Pel­ lerin lui­même qui avait souhaité être mis en examen. Une manœuvre astu­ cieuse pour permettre à son avocat, Me Holleaux, d’accéder au dossier puis d’y multiplier les recours afin de blanchir

son client. Bien joué : en janvier der­ nier, le dossier est suspendu et le par­ quet général s’associe à la demande de non­lieu de Pierre Pellerin. Bref, 10 ans de plainte et d’enquêtes pour rien. Il n’y a pas de lien de causalité entre les cancers de la thyroïde et les becquerels volages. Les parties civiles vont se pourvoir en cassation, mais l’initiative ressemble à un baroud d’honneur. Car l’affaire sent trop le soufre : l’ex­patron du SCPRI a sans doute une très grosse part de responsabilité, mais il n’est pas le seul. Au printemps 1986, Jacques Chirac était Premier ministre, Michèle Barzac ministre de la Santé et Alain Madelin de l’Industrie. Vingt­cinq ans et une autre catastrophe plus tard, rien n’a changé : Tchernobyl ou Fukushi­ ma, même boulevard pour le menson­ ge d’État. PatriceCOSTA

Vastarel

à retenir aussi

K

Limoges

moins de 1 000

À l’Europe de juger ? INTERVIEW Questions à Roland Desbordes, prési­ dent de la Criirad, grand spécialiste de physique nu­ cléaire. Née du mensonge de Tchernobyl, son association est une référence grâce à sa farouche indépendance vis­ à­vis du lobby de l’atome. Elle est aussi l’une des deux parties civiles. Cet arrêt n’est pas une surpri­ se… Non, même si j’espérais un sursaut après Fukushima. On n’ira pas plus loin… Pas même en cassation ? On se tâte encore, car cette juridiction ne peut annuler l’arrêt de la Cour d’appel qu’en cas de défaut de pro­ cédure. Sur ce point, je ne me fais pas trop d’illusions. Néanmoins, comme il faut épuiser tous les recours na­ tionaux avant de saisir la Cour européenne de justice, je pense qu’on va y aller… Ne craignez­vous pas un nouvel échec ?

Nous avons des preuves solides sur le non­respect de directives européennes sur la contamination des ali­ m e n t s. Fi n a v r i l / d é b u t mai 1986, Bruxelles a édicté des normes en urgence, no­ tamment un seuil limite de 370 becquerels par kilo pour les enfants, parce qu’elle n’avait pas prévu une telle catastrophe… À l’époque, Pellerin avait affirmé qu’il appliquait ces mesures, mais en oubliant de respec­ ter leur valeur. Ainsi, il a écrit que des aliments ana­ lysés à 5 000 bq étaient par­ faitement consommables sans restriction. Nous avons les documents signés de sa main. L’UE a prévu aussi des limites de normes différen­ ciées, par exemple sur le lait, pour protéger les enfants et Pellerin ne fait systémati­ quement que référence à la norme adulte. Un oubli vo­ lontaire… Ce risque accru de l’exposi­

K « Nous avons des preuves sur le non­respect des directives européennes de 1986. »

tion des enfants aux radio nu­ cléides a pourtant été démon­ tré en Corse… Individuellement, on ne peut rien prouver. Une pa­ thologie thyroïdienne n’est pas signée… Il n’y a pas eu de vraie enquête en Corse. Voilà le problème, car le seul moyen de prouver que la ca­ tastrophe a bien eu un im­

Photo DR

pact sanitaire, c’est par le biais d’études épidémiologi­ ques poussées, statistiques à l’appui. Des embryons de travaux ont été faits en Cor­ se et en région PACA. Cette initiative aurait dû inciter les pouvoirs publics à aller plus loin en investissant un peu d’argent pour réaliser un re­ gistre des cancers de la thy­

roïde, par exemple. Mais tout a été bloqué, comme si l’État s’était organisé pour se disculper. Pas de preuves établies, d’où ce non­lieu… Les faits se sont déroulés il y a 25 ans. Un haut fonction­ naire a bafoué les règle­ ments européens, établi des cartes fausses, a dit des mensonges énormes, gros­ siers… Au final, il bénéficie d’un non­lieu. Pour nous, ce jugement est une incitation à recommencer. Avec toute­ fois une grosse différence au profit de la culture de la dé­ sinformation. Certains ont bien retenu la leçon du nua­ ge de Tchernobyl en Fran­ ce… En cas de nouveau dra­ me nucléaire, les mensonges sur les effets de ce type de catastrophe sont plus malins et beaucoup plus difficiles à d é m a s q u e r. C o m m e Fukushima vient de l’illus­ trer. Propos recueillis par P. C.

Colère en Corse

K L’ancien directeur du Service central de protection contre les rayons ionisants, le Pr Pierre Pellerin, mis hors de cause dans ce dossier. Photo AFP

« AVEC CE NON­LIEU, on s’est moqué de nous », a déclaré le Dr Denis Fauconnier, géné­ raliste aujourd’hui retraité, qui avait le premier souligné les retombées de la catastrophe sur la population insulaire. « Les dégâts provoqués, a­t­il ajouté, étaient connus au plus haut niveau de l’État. Je n’ai cessé depuis 1986 de réunir les preuves de la répercussion du passage du nua­ ge radioactif sur la Corse ». Le Dr Fauconnier, alerté en mai 1986 par des patients revenant d’Italie où les consignes de non­consommation de produits frais étaient strictes, avait souligné que les analyses de lait de chèvre et brebis faisaient apparaître « des taux souvent supé­ rieurs à 10.000 becquerels d’iode 131 par litre de lait et jusqu’à 100 000 ». Une forte augmen­ tation des troubles de la thyroïde a été observée en Corse, selon un rapport d’experts cosigné par les professeurs Pierre­Marie Bras et Gil­ bert Mouthon, sur la base d’un échantillonnage

tiré de 2.096 dossiers du Dr Jean­Charles Vellu­ tini, premier endocrinologue installé en Corse. La présidente à l’Assemblée de Corse de la commission Tchernobyl chargée d’établir une carte épidémiologique en Corse, montrant le lien entre la catastrophe de Tchernobyl et l’augmentation des cas de cancers et de mala­ dies de la thyroïde dans l’île, a indiqué que les travaux continueraient. « Nous n’acceptons pas le mensonge d’État et notre enquête doit per­ mettre à des victimes d’aller en justice », a dé­ claré Mme Risterucci. E Selon le réseau « Sortir du nucléaire », l’ex­ plosion du nombre de cancers, notamment thyroïdiens, est bien réelle. L’association cite en particulier une note sur la progression de prises de Lévothyrox, désormais troisième médicament le plus consommé en France.


L’ E S T R É P U B L I C A I N | J E U D I 1 4 F É V R I E R 2 0 1 3

FRANCE MONDE Gao Les djihadistes ont essayé de tuer

Gouvernement Le tabou du déficit à 3 % est tombé

Mali : une méga­bombe

Budget : un cran de plus à la ceinture…

des dizaines de journalistes

K Les soldats français en train de désamorcer la bombe.

L’ARMÉE FRANÇAISE a dé­ samorcé mercredi une bombe artisanale composée de 600 kilos d’explosifs dans le centre de Gao, la grande ville du nord du Mali. Posé dans la cour d’une maison abandon­ née, au vu et au su de tous, l’engin, composé de quatre fûts métalliques remplis d’ex­ plosifs d’où dépassaient des fils pour la détonation, se trou­ vait non loin d’un hôtel ou lo­ gent des dizaines de journalis­ tes étrangers. Des cartouches de mitrailleuse lourde traî­ naient également sur le sol de la cour, ainsi que quelques obus à l’intérieur de la maison.

USA

Ph. AFP

A Gao, où ont eu lieu vendredi et samedi les premiers atten­ tats­suicide de l’histoire du Mali, ainsi que des combats de rues opposant dimanche des groupes de jihadistes à des soldats maliens et français, la situation reste tendue. Le principal marché de la ville était quasi­désert, la majorité des boutiques fermées. Des patrouilles maliennes et nigé­ riennes sillonnaient les rues. L’Onu redoute une spirale de « violence catastrophique » au Mali où des groupes islamistes armés ont réussi à s’infiltrer à Gao pour combattre « les mé­ créants ».

C’EST LE (DOULOUREUX) paradoxe de la rigueur : le gouvernement renonce à at­ teindre l’objectif de 3 % de déficit à la fin de l’année, mais cela entraînera des coupes plus fortes et rapides dans les dépenses publi­ ques, des retraites à la for­ mation professionnelle… Le tabou des 3 % a sauté en deux temps. Premier temps lundi, quand François Hol­ lande reconnaît que la crois­ sance de l’économie françai­ se sera inférieure à la prévision officielle de 0,8 %. Second temps hier, quand deux ministres, Laurent Fa­ bius puis Pierre Moscovici, admettent l’évidence : moins de croissance, cela fait mécaniquement plus de déficit, ce qui rend « proba­ ble » un abandon des 3 %. Laisser filer le déficit pu­ blic, cela pourrait signifier que le gouvernement va un peu desserrer la ceinture de

rigueur de l’économie fran­ çaise et des Français… Non, bien au contraire. Et ce pa­ radoxe s’explique à Bruxel­ les. La Commission euro­ péenne devrait confirmer dans ses prévisions publiées le 22 février qu’elle ne voit pas, dans l’état actuel des choses, le déficit français re­ venir à 3 % à la fin de l’année. Et elle devrait accepter un petit dérapage budgétaire, au nom des efforts déjà con­ sentis, et pour éviter qu’un nouvel effort important et immédiat se révèle trop dur pour l’économie française et empêche tout redémarrage.

La tolérance a un prix Mais cette tolérance aura un prix. Il faudra d’abord consentir à de nouvelles coupes dès cette année, afin de limiter le dérapage. Cela passe par la suppression complète de crédits qui avaient été « gelés », mis en

Ils ont dit… E « Ce sera effectivement très difficile (ndlr, de revenir à 3 %). La probabilité d’atteindre cet objectif s’est amenuisée au fur et à mesure que la crois­ sance pâlissait, non seulement en France mais plus générale­ ment dans la zone euro et dans le monde », a dit le minis­ tre du Budget, Jérôme Cahu­ zac. « Pour autant, on en reste là ».

E « Je pense que c’est proba­

K Pierre Moscovici a­t­il admis l’évidence ?

réserve. Le gouvernement français devra ensuite jurer de maintenir son effort en 2014 et 2015, avec de nou­ velles coupes – la voie d’une hausse des impôts étant a priori écartée. C’est ainsi que pourrait être accélérée la réforme des retraites, en­ gagée la réforme des alloca­

Photo Alexandre MARCHI

tions familiales, durcie la ré­ forme de la formation p r o f e s s i o n n e l l e, v o i r e ouverte la réforme de l’assu­ rance­maladie – toujours, bien sûr, avec l’objectif de réduire les dépenses. Moralité : l’objectif bouge, la rigueur demeure. Francis BROCHET

express USA

Chasse à l’homme La plus grande incertitude régnait mardi sur le sort d’un ancien policier lancé dans une vendetta meurtrière contre la police de Los Angeles, après l’incendie du chalet dans lequel il s’était barricadé au terme de 6 jours d’une vaste chasse à l’homme en Californie. Dernier rebondissement d’une journée qui en a connu de nombreux, la police a démenti dans la soirée avoir retrouvé le corps calciné de Christopher Dorner dans les décombres. La température dans le chalet « est encore trop élevée pour permettre (aux officiers) d’entrer », a déclaré le porte­parole du LAPD. M. Dorner, soupçonné d’avoir tué 3 personnes ces 10 derniers jours pour se venger de son renvoi du LADP en 2008, avait été repéré à la mi­journée après avoir volé un véhicule à Big Bear.

Immolation

100e Le bureau du dalaï lama a confirmé que la tentative d’immolation d’un moine au Népal mercredi était le 100e cas recensé depuis 2009 pour protester contre l’administration chinoise.

Afghanistan

10 morts Dix civils, dont 5 enfants et 4

femmes, ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi lors d’un bombardement de l’Otan dans la province du Kunar, un bastion taliban de l’est de l’Afghanistan.

Pétrole

Besoins en baisse L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a légèrement révisé à la baisse mercredi sa prévision pour la demande mondiale de pétrole en 2013, en raison de prévisions de croissance moins optimistes du Fonds monétaire international. Elle prévoit désormais une demande d’or noir de 80,7 millions de barils par jour (mbj) cette année, soit 90.000 barils de moins.

échéant si c’est nécessaire réévaluer, réexaminer, ces différents objectifs », aussi bien en ce qui concerne la croissance que la réduction du déficit public, a affirmé le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici.

L’ancien leader de 68 s’interroge sur l’utilité des partis politiques dans un livre poil à gratter pour provoquer un débat. Qui aime bien, châtie bien

Carnet

« Un parti, c’est l’enfermement »

Nominations

34.000 soldats retirés d’Afghanistan en 2013 contingent, « au cours de l’an­ née à venir ». Il a précisé que « le retrait continuerait » et qu’à la fin 2014 « notre guerre en Afghanistan sera termi­ née ». Il a déjà rapatrié à la fin septembre 2012 les 33.000 mi­ litaires qu’il avait envoyé en renfort à la fin 2009 pour ten­ ter de reprendre l’initiative face aux talibans. Le contin­ gent américain s’élève actuel­ lement à 66.000 soldats. Il sera diminué donc de moitié d’ici février 2014. Enfin, les ovations furent nombreuses et convenues, mais à une seule reprise a­t­ on vu des élus se lever et lan­ cer un cri collectif et spontané, pour réclamer un vote sur les armes à feu. « Un vote ! Un vote ! » a crié un groupe de démocrates, pendant plu­ sieurs dizaines de secondes, couvrant la voix de Barack Obama alors qu’il implorait les élus de voter, enfin, sur un renforcement de la législation réglementant les ventes d’ar­ mes.

E « Nous pourrons le cas

Politique

Obama et l’état de l’Union

LE PRÉSIDENT AMÉRI­ CAIN Barack Obama a dévoilé mardi dans son discours sur l’état de l’Union une série de mesures économiques visant à relancer la création d’em­ plois et qui, a­t­il assuré, ne grèveront pas le budget du pays. Le salaire minimum ho­ r a i r e d ev r a i t p a s s e r d e 7,25 dollars à 9 dollars, soit un bond de 24,1 %, d’ici à 2015. Un programme sera mis en place pour employer « le plus vite possible » des chômeurs sur des chantiers de réparation de grandes infrastructures telles que « les 70.000 ponts poten­ tiellement défectueux dans le pays ». Barack Obama a appelé le Congrès à « faire plus pour combattre le changement cli­ matique », avertissant qu’en l’absence d’avancées signifi­ catives sur le sujet, il procéde­ rait par décrets. Le président américain a également annoncé le retrait d’Afghanistan de 34.000 mili­ taires américains, la moitié du

ble et qu’il faut à la fois qu’on ne coupe pas ce qui reste de croissance mais en même temps qu’on soit sérieux », a déclaré ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

K Daniel Cohn­Bendit veut être un de ceux qui secouent les partis. Photo Alexandre MARCHI

DANIEL COHN­BENDIT, plus libre que jamais depuis qu’il a pris ses distances d’Eu­ rope Ecologie Les Verts, s’in­ terroge dans un livre à paraî­ tre dans quelques jours sur l’utilité des partis politiques. Même s’il refuse de s’expri­ mer sur le sujet avant la sortie officielle, le député européen a un peu « balancé » hier. « Un parti politique est un enfermement : regardez l’UMP ! », a­t­il lâché avant d’expliquer que les partis poli­ tiques avaient une dynamique interne qui ne s’entendait que si l’on comprenait les posi­ tions internes. En clair : la po­ litique du bien commun ne se fait plus dans les partis, mais ailleurs. « Je suis sûr que Copé n’en a rien à cirer du mariage gay » a­t­il dit, à titre d’exem­ ple. Il s’est dit également « déçu » que Nicolas Sarkozy,

selon lui « un homme moder­ ne » n’ait pas réussi à convain­ cre son parti d’éviter une ba­ taille contre le mariage pour tous. « Il aurait pu calmer le jeu, dire à ses copains que si Cameron était capable de fai­ re cette réforme en un jour, on pouvait le faire aussi ». Les partis politiques « enfer­ ment » et Daniel Cohn­Bendit veut donc être un de ceux ca­ pable de les secouer pour qu’ils se remettent en cause. Celui qui jure qu’il ne sera « plus jamais candidat à rien » veut animer le débat politique « ce que ne font pas les partis politiques ». Le livre qui sort en fin de semaine en est la première opportunité. NathalieMAURET

W

« Pour supprimer les partis politiques ! ? Réflexions d’un apatride sans parti », 40 pages, Editions Indigènes, 3,10 euros.

Au Monde Natalie Nougayrède a été proposée par les actionnaires du Monde pour le poste de directrice du quotidien, en remplacement d’Erik Izraelewicz. Cette journaliste expérimentée, ex­correspondante à Moscou et spécialiste de l’ancien espace soviétique, lauréate du prix Albert­ Londres en 2005 pour sa couverture du conflit tchétchène.

EADS Le Français Denis Ranque, ex­PDG de Thales (électronique de défense), a été proposé par le comité de nomination d’EADS pour présider le conseil d’administration du groupe européen d’aéronautique et de défense.

Nucléaire

Un bâtiment d’appui de la centrale nucléaire s’écroule et 80 employés de Vinci et de Bouygues sont évacués. Le réacteur fait toujours aussi peur

Le sarcophage de Tchernobyl s’effondre PRÈS DE 80 EMPLOYÉS de Vinci et Bouygues ont été évacués « par précaution » de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl après l’écroulement mardi d’un toit et d’un mur sur le site, ont indiqué les deux groupes français de BTP. Vinci et Bouygues tra­ vaillent sur place à la cons­ truction de l’enceinte de confinement du sarcophage recouvrant les restes du réacteur accidenté en 1986. Un toit et un mur se sont écroulés partiellement à plusieurs dizaines de mètres du chantier, sans faire de victime ni provoquer de hausse de la radioactivité, selon le service de presse de la centrale. Le chantier, d’un coût d’un milliard d’euros, tournait au ralenti en raison du mauvais temps. Il a été évacué immé­ diatement par précaution et

l’ensemble des collabora­ teurs de Novarka, l’entrepri­ se conjointe de Vinci et Bou­ ygues, ont été contrôlés, a indiqué une porte­parole de Bouygues.

Tous sous les seuils admissibles « Novarka est en train d’ef­ fectuer toutes les mesures de contrôle de contamina­ tion surfacique. Celles­ci sont jusqu’à présent en des­ sous des seuils admissi­ bles », a ajouté la porte­pa­ role de Bouygues. Pour les deux groupes français, « cet état des lieux déterminera la date de re­ prise des travaux ». « Le niveau de radioactivi­ té à la centrale de Tcherno­ byl et dans la zone qui l’en­ toure demeure inchangé. Il n’y a pas de victimes », a in­ diqué de son côté la centrale dans un communiqué. « La

K La surface endommagée est de 600 m2.

surface endommagée est d’environ 600 mètres car­ rés », selon la même source. L’incident, dû à l’accumu­ lation de neige sur le toit, a touché mardi la salle de tur­

Photo DR

bines de la centrale, située à plus de 50 mètres du sarco­ phage qui recouvre le réac­ teur, a précisé la porte­paro­ le de Tchernobyl, Maïa Roudenko.

Il n’y a pas de travaux dans ce local actuellement et le personnel de la centrale ne s’y rend que pour des ins­ pections, a­t­elle expliqué. « Rien de grave ne s’est pro­ duit », assuré Mme Rouden­ ko. L’explosion en 1986 du réacteur numéro 4 de la cen­ trale de Tchernobyl, situé à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, près des frontières russe et bélarus­ se, avait contaminé une bon­ ne partie de l’Europe, mais surtout l’Ukraine, la Russie et le Bélarus, alors républi­ ques de l’URSS. Le réacteur accidenté avait été recouvert à la va­vite d’un sarcophage en béton, aujourd’hui fissuré. Des tra­ vaux sont en cours pour construire une nouvelle chape étanche destinée à ré­ duire les risques de fuite ra­ dioactive.

Sanctions

Coût pour l’Iran : 40 milliards de $ Les sanctions occidentales visant le pétrole iranien ont amputé de 40 milliards de dollars les revenus d’exportation du pays en 2012, dont la production d’or noir en janvier est au plus bas « depuis 3 décennies », a estimé mercredi l’Agence internationale de l’Énergie. Selon l’AIE, la production iranienne est tombée à 2,65 millions de barils par jour (mbj) le mois dernier, un nouveau plus bas, alors qu’elle était d’environ 3,7 mbj avant les vagues de sanctions prises à partir de fin 2011.

Eglise

Le pape a dénoncé « l’hypocrisie religieuse »

Dernière grande messe pour Benoît XVI LE PAPE BENOÎT XVI, qui démissionnera le 28 fé­ vrier, a dénoncé mercredi, lors de la dernière grande messe de son pontificat célébrée en la basilique Saint Pierre, « les coups portés à l’unité de l’Eglise ». Dans un sermon au ton très grave, le pape alle­ mand, qui semblait très éprouvé, a estimé que « le visage de l’Eglise est « parfois défiguré ». « Je pense notamment aux coups portés à l’unité de l’Eglise, aux divisions du corps ecclésial », a­t­il dit devant les cardinaux présents. Plus généralement, il a aussi dénoncé l’incohéren­ ce de ceux qui se disent prêts à « déchirer leurs propres vêtements, face à des scandales et des injus­ tices, naturellement perpétrés par d’autres » mais ne sont pas « prêts à agir sur leur propre cœur, sur leur

conscience et sur leurs intentions ». Vêtu d’une chasuble violette, à l’occasion du Mer­ credi des cendres, le pape semblait fatigué et amaigri, quand il est apparu sur une estrade roulante dans la basilique Saint­Pierre, alors que les cardinaux et évêques chantaient « Ora pro Nobis » (»Priez pour

nous »). « La qualité et la vérité du rapport avec Dieu est ce qui certifie l’authenticité de tout geste reli­ gieux », a­t­il dit, avant de dénoncer « l’hypocrisie religieuse, le comportement de ceux qui veulent pa­ raître, les attitudes qui recherchent les applaudisse­ ments et l’approbation ».

Conclave : à partir du 15 mars E « Le conclave ne peut pas commencer avant le 15 mars, nous pouvons prévoir qu’il débute le 15, le 16, le 17, 18 ou 19 », a indiqué le père Federico Lombardi en faisant référence à la Constitution apostolique qui prévoit un délai de 15 à 20 jours pour la convocation du Conclave après un décès ou une démission. Mais « la décision sur la date est du ressort des cardinaux qui seront réunis en congrégation » au Vatican dès le lende­ main du départ du pape, selon lui.


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