AU PEUPLE ! Quand le peuple agit : révoltes, révolutions, réformes / 12 janvier 2012
D.R.
Nicolas Baverez France
L’auteur
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Nicolas Baverez, essayiste et éditorialiste, est docteur en histoire et agrégé de sciences sociales, après une formation à l’ENS Paris et à l’ENA, où il enseigne aujourd’hui. Ses recherches portent sur le chômage, les politiques publiques et les crises économiques au XXe siècle. Sa pensée a été fortement influencée par Raymond Aron. Son activité d’éditorialiste l’a amené à collaborer avec Les Échos et avec Le Monde, avant d’écrire aujourd’hui pour l’hebdomadaire Le Point. Par ailleurs, il intervient régulièrement sur France Culture dans l’Économie en questions animé par Olivier Pastré. Inscrit aux barreaux de Paris et de Los Angeles, il exerce également le métier d’avocat. Il a été auditeur puis conseiller référendaire à la Cour des Comptes, et a appartenu au cabinet de Philippe Séguin, alors Président de l’Assemblée nationale. Il est membre du comité d’éthique entrepreneuriale du MEDEF et appartient au comité directeur de l’Institut Montaigne où il préside le groupe de travail Affaires étrangères et défense. Il est également membre des comités directeurs des revues Commentaire, Politique américaine et Géoéconomie.
Après le déluge. La grande crise de la mondialisation (Perrin, 2009 - 2011) (193 p.) « L’homme est un animal raisonnable, mais les hommes le sont-ils ? » La chute de la banque Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, et ses conséquences vérifient l’aphorisme de Raymond Aron : elle a amorcé une révolution non pas seulement financière mais économique et intellectuelle, avec la remise en question de nombre des principes qui structurent notre monde depuis trois décennies : la rationalité et l’autorégulation des marchés, le désengagement de l’Etat, le primat de la politique monétaire, la garantie de sécurité qu’apportaient les Etats-Unis à l’économie. Personne ne sait aujourd’hui quand la crise s’achèvera, ni quelle sera son issue. Voilà pourquoi il est capital d’en diagnostiquer les causes. L’économie mondiale est au fond du trou ; commençons par cesser de creuser, avant de réformer le capitalisme et d’envisager les scénarios de l’avenir. Nicolas Baverez explique ainsi que de nouveaux équilibres doivent être imaginés entre la finance et l’industrie, le capital et le travail, l’Etat et le marché. De la capacité des nations à acclimater cette nouvelle donne dépendra leur hiérarchie dans la configuration multipolaire, hétérogène et instable du XXIe siècle. Face aux excès qui menacent de migrer de la bulle financière vers l’extrémisme politique, il faut moins moraliser le capitalisme que le réformer, moins condamner le marché que le doter d’institutions et de règles qui permettent de le stabiliser, moins réhabiliter l’Etat qu’instituer la balance et la modération des pouvoirs dans l’ordre économique comme dans l’ordre politique, au sein des nations comme dans la gouvernance mondiale qui point.
La presse « L’ancien disciple de Raymond Aron analyse les causes du séisme que nous vivons, décrit le mécanisme des cycles économiques et le salut temporaire trouvé dans des politiques keynésiennes, avant d’esquisser les mutations que le capitalisme mondial va devoir entamer. » L’Express
La presse (suite) « Ce n’est ni le premier ni le dernier livre sur la crise, mais c’est l’un des plus pénétrants sur le sujet, empruntant à l’histoire autant qu’à l’économie. » Le Monde
Au peuple ! / 5 décembre 2011 - 12 janvier 2012 - 9 février 2012 / Trois rencontres conçues et organisées par la Villa Gillet et le Théâtre de la Croix-Rousse Villa Gillet - 25 rue Chazière 69004 Lyon - 04 78 27 02 48 / www.villagillet.net / Théâtre de la Croix-Rousse - Place Joannès-Ambre 69004 Lyon - 04 72 07 49 49 / www.croix-rousse.com BAVEREZ_Nicolas.indd 1
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L’œuvre
Les Crises du capitalisme, avec Régis Bénichi, Jean Bouvier, Sylvie Brunel (Perrin, 2010) (239 p.)
Crises, chaos et fins du monde, des Mayas au krach de 2008, avec Fabrice d’Almeida, JeanLuc Domenach, Bernard Droz (Perrin, 2009) (156 p.)
En route vers l’inconnu (Perrin, 2008) (193 p.)
Les Crises du capitalisme, avec Régis Bénichi, Jean Bouvier, Sylvie Brunel (Perrin, 2010) (239 p.) Crises, chaos et fins du monde, des Mayas au krach de 2008, avec Fabrice d’Almeida, JeanLuc Domenach, Bernard Droz (Perrin, 2009) (156 p.) Après le déluge. La grande crise de la mondialisation (Perrin, 2009 - 2011) (193 p.) En route vers l’inconnu (Perrin, 2008) (193 p.) Que faire ? Agenda 2007 (Perrin, 2006 – 2007) (241 p.) Psychanalyse de l’antilibéralisme, avec Christian Stoffaës, Dominique Barjot, Ran Halévi (Saint-Simon, 2006) (280 p.) Nouveau monde, vieille France (Perrin, 2006) (393 p.) Le Chômage, à qui la faute ? avec Jean-Baptiste de Foucault, Alain Minc, Alain Houziaux (Atelier, 2005) (116 p.) Dictionnaire d’histoire, économie, finance, géographie, avec Frédéric Teulon, Guillaume Bigot (PUF, 2004) (727 p.) Comment va la France ? avec Daniel Cohen, Jean-Paul Fitoussi, Jean-Claude Casanova (Aube, 2004) (77 p.) La Revanche de l’histoire (Flammarion, 2004) (224 p.) La France qui tombe (Perrin, 2003 - 2006) (134 p.) Les Orphelins de la liberté (Plon, 1999 ÉPUISÉ) (173 p.) Les Trente Piteuses (Flammarion, 1998 - 1999) (288 p.) Raymond Aron, un moraliste au temps des idéologies (Flammarion, 1999 ÉPUISÉ ; Perrin, 2006) (698 p.) L’ Invention du chômage, avec Robert Salais et Bénédicte Reynaud (PUF, 1999 ÉPUISÉ) (173 p.) L’Impuissance publique, avec Denis Olivennes, (Calmann-Lévy, 1994) (233 p.)
Depuis la spéculation sur les tulipes de Hollande au XVIIe siècle jusqu’à l’actuelle crise financière, l’histoire des économies est scandée par des soubresauts. A la demande de L’Histoire, et en association avec Marianne, les meilleurs spécialistes de chaque période proposent un décryptage inédit des crises. Comment les bulles ont-elles gonflé, puis éclaté ? Qui furent les perdants et les gagnants ? Quels enseignements, entreprises, États et particuliers en ont-ils tirés ? Existe-t-il un schéma type de crise ? Enfin, la régulation a-telle une histoire ? Adaptée à tous les publics, du lycéen à l’étudiant et au curieux, cette synthèse n’a pas d’équivalent en poche.
Entre le destin des Mayas, celui des habitants de l’île de Pâques, des Européens en 1929, des Chinois après 1945, il existe un point commun : personne n’a vu venir la crise et, surtout, personne ne savait comment celle-ci finirait. Un nouveau monde allait-il surgir, comme après l’an Mil ou la chute de Rome, ou bien un interminable chaos, comme dans l’Italie de 1943-1946, dans l’Espagne de 1810 ou en Iran après le départ du Shah ? C’est à l’étude de ces moments décisifs, lorsqu’un événement rompt l’ordre et l’équilibre du temps, que se sont attelés quelques-uns des meilleurs historiens français. Pas pour en tirer une quelconque leçon, il n’y en a jamais, mais parce que la mise en perspective historique aide à réfléchir sur notre présent. Guerres, révolutions, épidémies, mondes qui disparaissent, économies qui s’effondrent... Voici un panorama des crises qui ont ébranlé le monde, une étude qui nous offre des outils de réflexion afin de mieux appréhender les crises actuelles ou à venir.
Comment réguler les marchés dont l’emballement met en péril non seulement le développement économique mais la cohésion sociale, voire la liberté ? Comment combiner la remise en question de la puissance américaine, au sortir de la démesure qui l’a saisie après la chute du Mur de Berlin, avec le basculement du capitalisme-monde vers le Sud et l’atonie de l’Union européenne ? Comment réagir à la fois aux chocs énergétiques ou alimentaires et parer les risques environnementaux ou démographiques qui menacent la planète ? En reprenant ses chroniques publiées depuis deux ans et en les éclairant par une introduction originale, Nicolas Baverez nous propose de penser le monde qui vient.
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Que faire ? Agenda 2007 (Perrin, 2006 – 2007) (241 p.)
Psychanalyse de l’antilibéralisme, avec Christian Stoffaës, Dominique Barjot, Ran Halévi (Saint-Simon, 2006) (280 p.)
Nouveau monde, vieille France (Perrin, 2006) (393 p.)
Le Chômage, à qui la faute ? avec Jean-Baptiste de Foucault, Alain Minc, Alain Houziaux (Atelier, 2005) (116 p.)
Le déclin n’a rien de fatal : il relève d’une succession d’erreurs stratégiques et plus encore de la bulle de mensonge dans laquelle s’est enfermée la vie politique depuis un quart de siècle. De même, le redressement n’a rien d’automatique : il ne dépend que des Français qui doivent s’engager dans un examen de conscience national pour moderniser leur pays. L’objectif est clair : réinventer un modèle français adapté au monde du XXIe siècle. Pour cela sept questions clés devront être tranchées ; la question de l’autorité, donc des institutions ; la question du bien public, donc de l’État ; la question de la production, donc de la croissance ; la question du travail, donc du modèle social ; la question de la connaissance, donc de l’innovation ; la question de la liberté, donc de la sécurité ; la question de la France, donc de la nation. Après le temps du diagnostic s’ouvre le temps des propositions. Nicolas Baverez dessine une stratégie de modernisation de la France fondée sur une mécanique de choc et de vitesse, seule à même de lui permettre de rejoindre le peloton de tête des démocraties développées. Avec pour horizon une double réconciliation : celle de la France avec la modernité, condition du relèvement de sa puissance et de sa capacité d’action ; celle des Français avec leur patrie, condition de l’apaisement des passions extrémistes et de la sauvegarde de la démocratie.
Le débat intellectuel et public français cherche ses nouveaux repères. Après l’échec des régimes communistes, les idées marxistes sont aujourd’hui frappées de discrédit. Leur emprise s’est relâchée : les substituts altermondialiste ou populiste ne sont pas les seules alternatives. En réalité, le nouveau contexte libère l’espace de la pensée politique en autorisant la remise au débat du libéralisme. La France se déclare quasi unanimement anti-libérale dans un monde devenu libéral. L’antilibéralisme, ce véritable ciment d’une idéologie française, vient à nouveau d’être illustré par le rejet du référendum constitutionnel et du contrat de première embauche censé apporter une réponse à la grave crise du chômage des jeunes. Pourtant, la plupart de ses gouvernements, de gauche comme de droite, ont conduit, sans parfois oser l’avouer, nombre de réformes inspirées par le libéralisme - à commencer par l’adhésion à l’Europe et à ses règles. Pourtant, inventé par la France au Siècle des Lumières, le libéralisme irrigue profondément les racines de notre Révolution et de notre République, se distinguant de sa définition anglo-saxonne. En éclairant son passé et en lui restituant son importance, c’est toute l’histoire de notre démocratie qui pourra apparaître sous un jour nouveau. Le divorce entre l’opinion française et le libéralisme paraît ainsi relever d’un vaste malentendu qu’il faut aujourd’hui dissiper. Le moment est venu de faire la psychanalyse de cette peur irraisonnée qui gangrène depuis trop longtemps la pensée politique de notre pays. Pour s’implanter durablement dans notre pays, le libéralisme doit redevenir populaire.
Depuis un quart de siècle, les grandes transformations et les chocs historiques se sont enchaînés. Mais ceux qui restent à venir seront plus considérables encore. Les démocraties se sont engagées dans une course de vitesse à l’adaptation. Toutes sauf une, la France, à la merci d’une crise nationale majeure, comme en 1958, voire 1848 ou 1789. Nous sommes au seuil d’années décisives qui détermineront le destin de la liberté politique au XXIe siècle, de l’identité européenne et de la capacité de la France à se réinventer en tant que nation. Les textes rassemblés dans ce volume entendent aider à la compréhension de ce nouveau monde. La méthode reste fidèle à celle qui fit le succès de La France qui tombe : présenter et analyser les faits au plus près de ce qu’ils sont, même désagréables ou tragiques ; désarmer les peurs irrationnelles et les discours démagogiques ; expliciter les objectifs et les moyens du changement pour donner leur chance aux réformes contre le risque de révolution.
Le chômage est-il la conséquence inévitable de la guerre économique mondiale ? Ou est-il le résultat d’un choix de société ? À qui la faute ? Aux entreprises qui privilégient la rémunération de leurs actionnaires ? Aux syndicats qui préfèrent sauver le statut de leurs adhérents plutôt que défendre les chômeurs ? Ou aux salariés qui ne veulent pas partager leur emploi avec ceux qui n’en ont pas ? Nicolas Baverez, Jean-Baptiste de Foucauld, Alain Minc et Alain Houziaux échangent leurs points de vue dans cet ouvrage. Leurs diagnostics et leurs solutions divergent. Le débat auquel ils se livrent est salutaire. On ne peut se résigner à voir la France vivre avec cinq millions de personnes en situation de précarité et de pauvreté.
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Dictionnaire d’histoire, économie, finance, géographie, avec Frédéric Teulon, Guillaume Bigot (PUF, 2004) (727 p.)
Comment va la France ? avec Daniel Cohen, Jean-Paul Fitoussi, Jean-Claude Casanova (Aube, 2004) (77 p.)
La Revanche de l’histoire (Flammarion, 2004) (224 p.)
Les Orphelins de la liberté (Plon, 1999 ÉPUISÉ) (173 p.)
Ce dictionnaire constitue : un livre de référence aussi indispensable au lecteur non averti, qu’au spécialiste ou à l’étudiant qui souhaitent étendre ou vérifier leurs connaissances ; une collaboration de premier plan qui rassemble des professeurs de classes préparatoires et des universitaires, choisis parmi les plus renommés dans leur domaine. Cet ouvrage sans frontières et pluri-disciplinaire est un outil de savoir et de réflexion. Il est facile à consulter : les définitions sont claires, elles commencent par l’essentiel et permettent ensuite d’approfondir. Au total : plus de 1200 articles, près de 1400 entrées et 2 index (général et thématique).
Le XXIe siècle débute sous le signe d’un de ces grands bouleversements qui accompagnent d’habitude la fin des conflits majeurs. On assiste à une redéfinition des rapports de puissance comme à une révision du modèle de production capitaliste et de sa régulation. Certains vont jusqu’à s’interroger sur le fonctionnement des démocraties, sur leurs valeurs, leurs institutions et les règles qui fondent la relation complexe entre l’individu et la société. La France est-elle bien placée dans ce contexte international et bien préparée pour ces nouveaux défis ? C’est le cœur de l’interrogation que Le Monde a souhaité soumettre à plusieurs intellectuels et éditorialistes. La question cachait une interrogation plus brutale : assiste-t-on au déclin de la France ? Si oui, quelles sont les solutions à mettre en œuvre ? Si non, comment interpréter la situation française et quel avenir envisager pour notre pays ? Un livre à lire par tous ceux qui se demandent : Comment va la France ?
Décrire les expressions historiques de la construction de l’Etat permet d’interroger un processus et ses effets. D’abord lié à un projet politique, celui par exemple de l’ambition républicaine, l’Etat est conçu comme un outil pour offrir des points d’appui au travail de décision politique. Si des expériences ou des modèles locaux sont réappropriés pour lui donner une forme, l’Etat doit rester un acteur contraint par les logiques politiques dont il est issu. Or les appareils administratifs peuvent avoir la tentation de s’autonomiser et de produire à leur tour de nouvelles configurations politiques échappant aux processus de décision politique réglés. Aujourd’hui, comme hier, l’Etat peut devenir un danger, s’il ne reconnaissait plus son devoir de soumission à la décision politique, mais plus encore si, à son corps défendant, il devenait une machine antipolitique opacifiant toujours davantage la fonction politique du citoyen, électeur ou élu. Offrir des outils pour saisir la distinction entre une fonction politique et créatrice face à une fonction administrative et gestionnaire pourrait être l’ambition de ce recueil de textes.
La liberté n’est jamais donnée, mais toujours conquise. Voilà dix ans, on pouvait croire à son triomphe. Elle venait, en un siècle, de triompher de trois guerres mondiales, de deux crises économiques et de trois révolutions - bolchévique, fasciste et nazie. C’est à ce moment qu’on a commencé à parler du déclin de la politique et du désengagement des citoyens. L’époque est au désenchantement, à la solitude individuelle, à l’absence de projet. Or la liberté est affaire de pluralité et de confrontation d’idées. Comment redonner du sens à la citoyenneté ? Comment réguler ce capitalisme et maîtriser les chocs d’une économie, nécessairement, ouverte ? Comment faire respecter les valeurs démocratiques ? Loin d’avoir été tranchées par la chute de l’URSS, ces questions, qui déterminent l’avenir de la liberté, se posent en des termes neufs. Pourtant, dans cette agitation salutaire, la France est restée à la traîne : institutions sclérosées, Etat velléitaire et impuissant, malthusianisme économique et conservatisme social envahissants. Ce livre entend explorer les voies qui permettraient à la France et à l’Europe de proposer une figure originale de la liberté moderne. Autrement dit, en renonçant aux discours frileux, en passant de l’abstrait aux exigences concrètes, réenraciner une raison de vivre.
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Les Trente Piteuses (Flammarion, 1998 - 1999) (288 p.)
Raymond Aron, un moraliste au temps des idéologies (Flammarion, 1999 ÉPUISÉ ; Perrin, 2006) (698 p.)
L’ Invention du chômage, avec Robert Salais et Bénédicte Reynaud (PUF, 1999 ÉPUISÉ) (173 p.)
L’Impuissance publique, avec Denis Olivennes, (Calmann-Lévy, 1994) (233 p.)
La France est aujourd’hui l’homme malade d’une Europe décadente. A la crise économique a succédé la crise sociale, puis la crise institutionnelle. Enfermée dans le chômage structurel de masse, le malthusianisme économique et le dérèglement de son système politique, elle a renoué avec une spirale de déclin comparable à celle des années 1930. Devant l’accélération de l’histoire déclenchée par l’après-guerre froide et la mondialisation, la société française est restée immobile. Et les Trente Piteuses ont pris la suite des Trente Glorieuses. Il n’y a cependant pas plus de fatalité à la décadence qu’au redressement. Le rétablissement de l’Etat de droit, la création de richesses et d’emplois, la construction d’une Union politique ne dépendent que de la volonté des Français et de la lucidité retrouvée de leurs dirigeants. Face au renouveau des passions extrémistes et des utopies sociales, au réveil agressif des identités ethniques ou religieuses, cessons d’attendre un improbable salut de l’avènement de l’euro, d’une hypothétique fin du travail ou de l’intervention d’un homme providentiel. Le temps nous est désormais compté. Assez rêvé, assez gémi. Au travail.
Raymond Aron (1905-1983) fut non seulement un spectateur engagé, témoin de l’histoire du XXe siècle, mais aussi un acteur majeur du combat qui opposa la démocratie au totalitarisme, un pédagogue de la liberté qui contribua à éclairer l’opinion française sur les dangers des idéologies. La grandeur d’Aron se situe dans cet héroïsme de la volonté qui ne renonce ni à l’action politique, quand bien même elle affronte l’absurde, ni à la vérité, quand bien même elle est partielle, ni à une certaine nécessité de la Raison, quand bien même il sait l’histoire tragique. Aron reste ainsi notre contemporain. Parce qu’il a pensé la démocratie dans toutes ses dimensions, la guerre et les défis qu’elle lance aux sociétés modernes, la liberté politique et les adversaires mortels qu’elle engendre. Parce que, averti par la débâcle des années 30, il n’a cessé de pointer les risques d’une décadence de l’Europe et d’une marginalisation de la France. Brillant normalien promis à la philosophie, Aron fut révoqué de l’université par le statut des Juifs et sa famille contrainte à l’exil. Il fut un des tout premiers à répondre à l’appel du 18 Juin, à prendre parti en faveur de la décolonisation, à critiquer les archaïsmes de l’université française. Dans une histoire qui n’est jamais close, la liberté reste un combat. Un combat dont l’issue demande de savoir penser vrai pour pouvoir agir juste. Patriote et universaliste, républicain et libéral, professeur et moraliste, Aron demeure le meilleur des compagnons de route pour les hommes du XXIe siècle face à une nouvelle accélération de leur histoire.
« La perte d’un lien avec un patron, dûment identifié, fut une condition essentielle de l’appartenance à la catégorie de chômeur, pour les statisticiens comme dans les règles de fonctionnement des fonds de secours au chômage. À partir des années 1930, le rôle de l’entreprise s’estompe au profit de celui de l’État. Ainsi peut-on résumer la convention keynésienne de pleinemploi. De multiples institutions ont été créées, essentiellement des années 1930 aux années 1950, organisant les interventions économique et financière de l’État en direction des entreprises, sociale vers les individus. L’État devient le médiateur obligé, lointain et anonyme de la relation de travail. Le chômeur est un individu disponible pour travailler, qui recherche un emploi salarié et auquel l’État doit trouver un emploi, en vertu de la responsabilité de pleinemploi que lui a confiée la Constitution de 1946, puis celle de 1958. Si ce modèle a pour effet d’étendre la reconnaissance de l’état de chômeur, au-delà de l’entreprise, à de nouvelles catégories d’individus, il masque en revanche en les médiatisant les responsabilités de l’entreprise à l’égard du chômage et de l’emploi. »
Non, la machine publique ne fonctionne pas bien. Oui, il existe des moyens de la rendre plus juste et plus performante, qui supposent un véritable courage politique. Les conflits dans les hôpitaux, les prisons, les transports ou l’éducation nationale : autant de manifestations de l’impuissance publique. Encore ces spasmes ne sont-ils que le symptôme d’une crise plus profonde qu’on s’ingénie à recouvrir d’un voile hypocrite. Depuis la Libération, la croissance française repose sur l’échange d’un peu de compétitivité économique contre beaucoup de sécurité sociale. L’État, pour mettre en oeuvre ce consensus, a conclu un pacte tacite avec ses salariés : une garantie d’emploi contre de médiocres rémunérations. Ce modèle est en train d’imploser sous nos yeux : les archaïsmes administratifs qui nourrissent l’insatisfaction des fonctionnaires et des usagers, handicapent l’économie et paralysent la société, deviennent insupportables. N’y-a-t-il d’autre choix qu’entre l’État-minimum ou le tout-État, l’égoïsme du marché ou la paralysie bureaucratique ? Les citoyens ont l’État qu’ils méritent. Auront-ils l’audace de vouloir sa modernisation ?
Au peuple ! / 5 décembre 2011 - 12 janvier 2012 - 9 février 2012 / Trois rencontres conçues et organisées par la Villa Gillet et le Théâtre de la Croix-Rousse Villa Gillet - 25 rue Chazière 69004 Lyon - 04 78 27 02 48 / www.villagillet.net / Théâtre de la Croix-Rousse - Place Joannès-Ambre 69004 Lyon - 04 72 07 49 49 / www.croix-rousse.com BAVEREZ_Nicolas.indd 5
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