Bernard Comment

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La mémoire L’auteur Né en Suisse en 1960, Bernard Comment est licencié ès lettres de l’Université de Genève et diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris. Lecteur auprès de l’université de Pise de 1986 à 1990, il a vécu à Florence durant cette période. De 1990 à 1992, il obtient une bourse de chercheur avancé du Fonds National de la Recherche Scientifique Suisse. En 1993 et 1994, il est pensionaire à la Villa Médicis. Il est directeur de la fiction à France culture, co-scénariste du film d’Alain Tanner, Requiem (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, Festival de Cannes 1998). Il est également le traducteur de plusieurs livres d’Antonio Tabucchi. En 2010, il est l’éditeur, avec Stanley Buchthal, de Fragments, qui regroupe les écrits intimes, poèmes et lettres de Marylin Monroe.

Ressources Bernard Comment présente Tout passe : http://www.youtube.com/watch?v=YIG77ohdTjA h t t p : / / w w w. f ra n ce c u l t u re . co m / e m i ss i o n - d u - j o u r - a u lendemain-bernard-comment-2011-05-27.html

Zoom Tout passe (Bourgois, 2011) (140 p.) Prix Goncourt de la Nouvelle 2011 Une vieille dame qui s’apprête à partir avec ses secrets, dans le calme d’une piscine. Un lecteur dans une bibliothèque numérique, par temps de panne électrique. Un homme dans une chambre d’hôtel, au bord de la plage, sous la pluie, qui n’attend qu’un d’improbable fantôme. Un veuf qui enterre méthodiquement sa richesse. Un fils qui s’interroge sur un père qu’il n’a pas connu ou presque. Un écrivain soucieux de ses brouillons. Les retrouvailles d’un couple qui n’a jamais vraiment existé. Les conséquences tragiques d’une fausse annonce. Un entraîneur qui abandonne son équipe en plein match. À chaque fois, des bribes de passé se dévoilent, et une interrogation se pose, sur le futur et ce qu’il convient de lui transmettre ou non. Que retient-on d’une vie ? De sa propre vie ? Qu’est-ce qui en restera ? Quelles traces laisser ? Comment infléchir le destin ? Dans un monde qui change, où les codes sont parfois vidés de leur sens, où la continuité est peutêtre une illusion qui fait naufrage, les personnages inventés par l’auteur de cette toile d’araignée essaient de faire le point. Pas forcément pour y voir clair. Mais pour garder les yeux ouverts, avant la nuit, et dans la nuit.

La presse

© Mathieu Bourgois

Bernard Comment

Suisse

« Comment démontre avec malice que les bibliothèques virtuelles ne sont pas à l’abri des pannes de courant et que l’annonce d’une nouvelle heureuse peut avoir de funestes conséquences... Entre bilans, désillusions et songes, Tout passe pose une seule question : qu’est-ce qu’être heureux ? » L’Express « Bernard Comment raconte des histoires qui, mine de rien, sabotent quelque peu la respectabilité des choses. Il effleure, il survole... et, au dernier moment, il sort sa dague, qui provoque le drame. Tout semble en douceur, mais sous la surface de l’eau grondent des orages et se cachent des précipices. Comment garder les yeux ouverts ? [...] Ces nouvelles sont à lire tout de suite, car c’est un vrai plaisir. » Le Canard enchaîné

La presse (suite) « Bernard Comment nous laisse entrer dans [les vies des personnages], l’espace d’un petit moment. Il le fait avec une mélancolie vigoureuse et un délectable sens de l’intrigue, glissant dans ses récits juste assez de vides pour appâter ses lecteurs, et juste assez de « pleins » pour les contenter. » Le Monde

6es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

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L’œuvre

Entre deux, une enfance en Ajoie, photographies de Jacques Belat (Biro et Cohen, 2007) (192 p.)

Un Poisson hors de l’eau (Seuil, 2004 ; Points, 2007) (265 p.)

Le Colloque des bustes (Bourgois, 2000 ; Folio, 2002) (138 p.)

> Romans, nouvelles

Bernard Comment revisite le territoire de ses premières années, l’Ajoie, dans le jura suisse, entre la France voisine, au-delà de la frontière, et la Suisse lointaine « à laquelle on appartient, derrière la montagne ». L’école, le football, la ville, les amours, les amis, tout se bouscule ici par bribes, comme une mosaïque de souvenirs, d’épiphanies et de portraits. Il s’en dégage un sentiment de bonheur, de joie et de mélancolie.

Le narrateur n’a pas de nom, il approche de ses quarante-quatre ans, un chiffre réversible. Scientifique de formation, il est devenu grutier, tout en gardant son intérêt pour la civilisation et la littérature gréco-latines. Il joue au poker comme d’autres joueraient à la roulette, et collectionne de précieux poissons d’aquarium. Le souvenir de deux femmes autrefois aimées continue de le hanter. La rencontre avec Robert, un cuisinier proche de la retraite, spécialiste des sauces, va l’éveiller à la possibilité d’une nouvelle vie, qui le sorte de ses obsessions et de ses remords. Un troisième personnage va orienter la rencontre vers le drame : Maran, un milliardaire qui entend échapper au fisc en se protégeant derrière la frontière francosuisse. Un poisson hors de l’eau fait la part belle au non-dit, à l’allusion, et emprunte le ton de la récitation intérieure pour orchestrer un carrousel de voix obéissant au double principe de l’association d’idées et du coq-à-l’âne. Le récit progresse selon une implacable logique de la fatalité, sans jamais oublier l’humour et l’ironie du hasard.

Dans une société où chacun est prêt à faire des pieds et des mains pour apparaître sur la scène du grand Spectacle, quel destin peut-on réserver aux individus dépourvus de bras et de jambes ? Les publicitaires sont à l’affût. Les collectionneurs d’art aussi. Il ne resterait qu’à applaudir, si autre chose, brusquement, ne venait enrayer la machine... Ce court roman, qui mêle le sarcasme et la tendresse, est une fable cinglante sur les errements de notre époque. Le miroir est ici déformant. L’image qu’il renvoie en est d’autant plus troublante.

Tout passe (Bourgois, 2011) (140 p.) Prix Goncourt de la Nouvelle 2011 Entre deux, une enfance en Ajoie, photographies de Jacques Belat (Biro et Cohen, 2007) (192 p.) Un Poisson hors de l’eau (Seuil, 2004 ; Points, 2007) (265 p.) Le Colloque des bustes (Bourgois, 2000 ; Folio, 2002) (138 p.) Même les oiseaux (Bourgois, 1998 ; J’ai Lu, 2000 ÉPUISÉ) (159 p.) L’Ongle noir (Mille et Une Nuits, 1997 ÉPUISÉ) (48 p.) Florence, retours (Bourgois, 1994 ; Folio, 2000) (222 p.) Allées et venues (Bourgois, 1992 ÉPUISÉ) (188 p.) L’Ombre de mémoire (Bourgois, 1990 ; Folio, 1999) (247 p.) > Essais

Triptyque de l’ongle (Joca Seria, 2008) (119 p.) Doucet de fonds en combles, avec François Chapon (Herscher, 2004) (142 p.) Éclats cubains, photographies de Jean-Luc Cramatte (Verticales, 1998) (175 p.) Les Fourmis de la gare de Berne (Zoé, 1996) Le XIXe siècle des panoramas (Adam Biro, 1993 ÉPUISÉ) Roland Barthes, vers le Neutre (Bourgois, 1991 - 2003 INDISPONIBLE) (330 p.)

6es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

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Même les oiseaux (Bourgois, 1998 ; J’ai Lu, 2000 ÉPUISÉ) (159 p.)

Florence, retours (Bourgois, 1994 ; Folio, 2000) (222 p.)

L’Ombre de mémoire (Bourgois, 1990 ; Folio, 1999) (247 p.)

Un quadragénaire au passé subversif dont la vie s’effondre quand il découvre que la police n’a pas tenu de fiche sur lui ; une vieille dame qui prépare son enterrement dans les moindres détails ; des billets de banque aux étranges fourmis dont on n’arrive pas à se débarrasser ; des fleuves détournés jusqu’à ce que le pays se noie lui-même ; un gagnant de la loterie qui renonce à encaisser son dû ; une femme abandonnée à qui le voisinage signifie combien elle est étrangère par oiseaux interposés : faut-il en rire, ou en frissonner ? Ces récits « suisses », petites fables de l’excès inséré dans la banalité, nous font entrer dans un univers à la fois absurde, angoissant et drôlatique dont la teneur métaphorique déborde la stricte inscription géographique. Et si la Confédération helvétique, petite île protégée et isolée, était le miroir grossissant de nos folies ou de nos aliénations contemporaines ?

Un jeune architecte français revient à Florence cinq ans après y avoir participé à un concours pour la restructuration d’anciennes prisons. Il fuit l’éventualité d’une maladie qui demeure incertaine, désireux de plonger dans un pur présent C’est l’été, une chaleur étouffante pèse sur la ville. Le contraste semble total avec son premier séjour, dans la froidure de l’hiver. Pourtant, les souvenirs remontent, les signes se réveillent. Dessinant la géométrie d’un homme tiraillé entre deux lieux, deux temps, et trois femmes, ce roman est aussi un portrait inattendu de Florence, sur un ton à la fois mélancolique, amoureux et rageur.

Le narrateur de ce livre, un jeune homme perdu et maladroit, est obsédé par la mémoire qui lui fait cruellement défaut, celle des livres, de la peinture, celle du Savoir. Il voudrait retenir les mots, les images, qui toujours lui échappent. La rencontre avec Robert sera décisive, un vieillard qui semble avoir tout lu, tout vu, même ce qui a disparu depuis longtemps et qui n’existe plus que par des témoignages, des esquisses, des brouillons. Entre ces deux personnages, une jeune femme, pleine de vie, de poésie, de tristesse aussi : Mattilda. A l’intérieur de cet étrange et impossible trio qui se réduit le plus souvent à des duels, que peut-il se passer ? La mémoire peut-être. Mais à quel prix ?

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