La question de la vérité L’auteur
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Née en 1957, Camille Laurens est une écrivaine française. Agrégée de lettres modernes, elle fait son entrée en littérature en 1991 avec Index, roman qui ouvre une tétralogie. Amenée à s’approcher de l’autofiction, elle entame en 1996 une forme de travail introspectif sur le sujet humain, son rapport à lui-même et ses désirs. Camille Laurens poursuit un travail littéraire qui se veut avant tout textuel, s’intéressant à « la matière vivante des textes ». En 2000, avec Dans ces bras-là, elle obtient le prix Femina et le prix Renaudot des lycéens. En 2006, Camille Laurens est promue officier dans l’ordre des Arts et des Lettres. Elle reçoit le Prix Bourgogne de littérature 2008. Elle participe, de manière aléatoire, à de nombreuses revues telles La Licorne, Théodore Balmoral, Quai Voltaire, La Revue littéraire, La Faute à Rousseau ou encore Les Moments littéraires. Elle est une des vice-présidentes de la Maison des écrivains et de la littérature et fait partie du jury du Prix Femina.
Romance nerveuse (Gallimard, 2010 ; Gallimard, coll. « Folio », 2011) (218 p.)
Ressources http://www.pol-editeur.com/index. php?spec=auteur&numauteur=173 http://www.gallimard.fr/janvier-2010/CamilleLaurens.htm
La presse « Avec Romance nerveuse, Camille Laurens, en pleine forme, renoue avec la verve de Dans ces bras-là. » Libération
© C. Helie Gallimard
Camille Laurens
France
Je ne sais pas ce qui s’est passé au juste pourquoi ce fol attachement ? Peut-être est-ce le conflit avec son éditeur qui a tout déclenché, elle était vraiment perdue à ce moment-là. Je lui ai dit et répété que Luc n’était pas quelqu’un pour elle : qu’avait-elle à faire d’un paparazzi sans foi ni loi, avide d’aventures et d’images, elle qui vit de solitude et de littérature? Eh bien, elle ne m’a pas écoutée, elle en a fait un livre. C’est ce que Luc voulait : qu’on connaisse son destin, sa vie à la fois tragique et futile, qu’on le reconnaisse comme les stars qu’il traquait. Leur relation n’est pas ordinaire, elle défie les codes de l’amour, mais enfin c’est une rencontre. Ils ont des rythmes différents, des désirs antagonistes, et se cherchent souvent en vain dans un miroir sans bords. Ils se regardent, pourtant, car ils habitent le même temps, le même monde - qui sont aussi les nôtres. «Ainsi se sont déroulées de nombreuses nuits, moi sultane rivée au clou de la présence, lui conteur voué à me raconter sa jeunesse, épopée fantaisiste de délits, de rencontres et de frasques - cette nuit-là, puis d’autres, mille et une nuits à me raconter ses quatre cents coups sans répondre aux questions que je n’osais pas poser, dont le secret viendrait par bribes, d’autres journées ; mille et une nuits à me transporter dans son passé sur le tapis volant de sa voix, d’abord en guettant mes réactions, puis sans s’occuper de savoir si j’écoutais, si je dormais, si je suivais, très vite, il est arrivé à ce moment où l’on se passe d’un public, où l’aventure d’un récit nous tient tout seul en haleine, où l’auditoire est notre mémoire».
« On retrouve, dans ce beau livre, les thèmes chers à Camille Laurens : la perte, l’interrogation sur le réel, le mélange d’oralité et d’écriture, de désir et de malaise (…) Jamais peut-être Camille Laurens n’a été aussi près de son lecteur, pour lui dire ce qu’elle est : une femme et un écrivain, une romancière qui ne cherche pas à sortir grandie d’une histoire futile avec un homme sans gravité, mais demeure suffisamment vivante pour consigner ce qu’elle a perdu. » Télérama
6es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net
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