Donner la parole aux autres L’auteur
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Luis Sepúlveda est né au Chili. Dès 1961, il milite dans les Jeunesses communistes. Encore étudiant, il est emprisonné par le régime d’Augusto Pinochet et séjourne deux ans et demi à la prison pour opposants politiques de Temuco. Libéré puis exilé, il voyage à travers l’Amérique latine : il séjourne en Équateur puis au Pérou, en Colombie et au Nicaragua, où il s’engage dans la lutte armée aux côtés des sandinistes. Après la victoire de la révolution, il travaille comme reporter. À partir de 1982, Luis Sepúlveda s’installe en Europe, d’abord à Hambourg où il travaille comme journaliste, voyageant souvent en Amérique latine et en Afrique. Il travaille sur l’un des bateaux de Greenpeace de 1982 à 1987, en tant que coordinateur entre différentes sections de l’organisation. Il s’installe ensuite en Espagne, et milite à la Fédération internationale des Droits de l’Homme. Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et porté à l’écran en 2001, lui a valu une renommée internationale. Son œuvre, fortement marquée par l’engagement politique et écologique ainsi que par les dictatures des années 70, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.
Dernières nouvelles du Sud, avec Daniel Mordzinski, traduit de l’espagnol (Chili) par B. Hausberg (Métailié, 2012) (196 p.)
Ressources Site de l’éditeur français (avec extraits des œuvres, vidéos): http://www.editions-metailie.com/catalogue_resultat.php?id_ auteur=1466
© Daniel Mordzinski
Luis Sepúlveda
« Nous sommes partis un jour vers le sud du monde pour voir ce qu’on allait y trouver. Notre itinéraire était très simple : pour des raisons de logistique, le voyage commençait à San Carlos de Bariloche puis, à partir du 42e Parallèle, nous descendions jusqu’au Cap Horn, toujours en territoire argentin, et revenions par la Patagonie chilienne jusqu’à la grande île de Chiloé, soit quatre mille cinq cents kilomètres environ. Mais, tout ce que nous avons vu, entendu, senti, mangé et bu à partir du moment où nous nous sommes mis en route, nous a fait comprendre qu’au bout d’un mois nous aurions tout juste parcouru une centaine de kilomètres. Sur chacune des histoires passe sans doute le souffle des choses inexorablement perdues, cet « inventaire des pertes » dont parlait Osvaldo Soriano, coût impitoyable de notre époque. Pendant que nous étions sur la route, sans but précis, sans limite de temps, sans boussole et sans tricheries, cette formidable mécanique de la vie qui permet toujours de retrouver les siens nous a amenés à rencontrer beaucoup de ces « barbares » dont parle Konstantinos Kavafis. Quelques semaines après notre retour en Europe, mon socio, mon associé, m’a remis un dossier bourré de superbes photos tirées en format de travail et on n’a plus parlé du livre. Drôles d’animaux que les livres. Celui-ci a décidé de sa forme finale il y a quatre ans : nous volions au-dessus du détroit de Magellan dans un fragile coucou ballotté par le vent, le pilote pestait contre les nuages qui l’empêchaient de voir où diable se trouvait la piste d’atterrissage et les points cardinaux étaient une référence absurde, c’est alors que mon socio m’a signalé qu’il y avait, là en bas, quelques-unes des histoires et des photos qui nous manquaient. » Luis Sepúlveda, avant-propos du livre
Chili
6es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net
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