Revue H20 - 2005

Page 1



La science trouve plus facilement des remèdes que des réponses. Jean Rostand

Inquiétudes d’un biologiste.

LA REVUE DES SCIENCES & DE L’INDUSTRIE EN AQUITAINE 2005

Editorial

Le pin maritime, voilà bien un arbre emblématique de l’Aquitaine.

Image symbolique de notre région, caractéristique d’une alliance fondamentale de la nature et de ses habitants.

« Notre » pin maritime constitue une formidable usine de transformation du CO2 de l’atmosphère

et des nutriments du sous-sol, capable de produire

un authentique matériau composite qui s’offre à toutes les transformations du génie industriel.

Usiné, déroulé, défibré, le pin devient papier, carton, objet, meuble ou construction.

C’est avec le pin maritime que cette troisième livraison d’ H20 vous invite cette année à revisiter

nos forêts, à rencontrer des aquitains chercheurs,

ingénieurs, entrepreneurs, à découvrir des lieux où s’expriment culture et savoir-faire.

Au-delà, le paysage de l’Aquitaine est marqué

par la diversité des activités industrielles. Evolution du travail, conception des produits,

voici deux questions à explorer. Elles représentent

des enjeux majeurs pour l’adaptation des entreprises. Bonne lecture ! La rédaction

Crédit photo des ouvrages en bois sur la couverture : Association Ouvrière des Compagnons du devoir du Tour de France.


LA REVUE DES SCIENCES & DE L’INDUSTRIE EN AQUITAINE 2005

S O M M A I R E Chronique 7 L’actualité des sciences

et de l’industrie en Aquitaine

Visites 18 Construire le plus grand laser du monde 21 L’harmonie retrouvée du parc Bordelais

23 Port Médoc, une ouverture sur l’Atlantique 25 Un centre où le fruit est roi

28 La chirurgie en apesanteur

31 Les étangs à monstres de Jean Rostand

Portfolio

33 L’aéroport de Bordeaux

Mémoire 39 La maison des sciences de l’homme d’Aquitaine 43 Bassin de Lacq, la ruée vers le gaz

Focus 46 Un monde de polymères

Rencontres 50 Lascaux de l’ombre à la lumière

53 Contre toutes les maladies, même l’injustice

55 Le musée de la mer à Biarritz, une affaire de passion 58 Ces sangsues qui soignent

60 Une planète faite de vagues


Questions

Le Bois de la Forêt

QUESTION D’ENVIRONNEMENT 62

64 La forêt est-elle rentable ? 67 La transformation du bois, un secteur essentiel

71 De l’écorceur à l’agent technique, une rapide évolution

73 La forêt aquitaine passée au crible 76 Vie active sous les arbres

Les Aquitains au travail

QUESTION DE SOCIETE 78

80 Les dures réalités du travail 82 La situation de l’emploi

84 Les nomades au travail

87 Sécurité, ergonomie, santé

La pratique du Design

QUESTION DE RECHERCHE 90

92 La démarche Design

95 Dans les coulisses de l’innovation

98 Innovations, inventions, l’Aquitaine se positionne

Références 105 A visiter sur le site de Cap Sciences 106 A consulter - A voir 110 A contacter 112 A renvoyer


E Q U I P E

H 2 0

LA REVUE DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE EN AQUITAINE

De gauche à droite : Bernard Alaux, Patrice Brossard, Bernard Favre, Isabelle Julien, Sendra Lejamble-Dubranas, Véronique Le Mao, Jean-Alain Pigearias.

Directeur de la publication Bernard Alaux

R E D A C T E U R S

Christine Abdelkrim-Delanne : Elle a travaillé pendant plus de 10 ans pour

le magazine Viva en tant que journaliste et chef d’agence adjoint pour le Sud-Ouest. Elle a aussi collaboré pour le Monde diplomatique. Elle a publié plusieurs ouvrages dont « Dans les bagnes de l’Apartheid », aux éditions Messidor, « Guerre du Golfe, la Sale Guerre Propre », aux éditions Cherche-Midi.

Frédéric Descoubes : Titulaire d’une licence de Langues et Civilisations Etrangères, il est depuis septembre 2000 fondateur et rédacteur en chef de « Nouvelles vagues ». Il a été rédacteur pigiste pour le journal Sud-Ouest, Surf Session, Aquitaines, Le Passant Ordinaire, Influences Actuelles, le Quotidien du Médecin. Marianne Peyri : Titulaire d'un Maîtrise de Lettres modernes, diplômée de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, elle a exercé, durant deux ans, dans la presse quotidienne régionale, au Dauphiné Libéré et à la République du Centre Ouest. Depuis 1999, elle s'est installée dans sa ville natale, Bordeaux, comme journaliste indépendante. Elle collabore, depuis, à divers titres de presse magazine et professionnelle, écrit des guides touristiques et intervient comme formatrice dans le milieu scolaire et social. Nathalie Mayer : Physicienne de formation, elle est diplômée du DESS de Communication scientifique et technique de Strasbourg. Après avoir été chargée de la communication de l'Observatoire aquitain des sciences de l'univers, elle enseigne les sciences physiques à Floirac (collège Georges Rayet) et travaille à la rédaction de fiches encyclopédiques. Elle fait également partie de l'équipe de bénévoles qui anime le site Internet d'information scientifique Futura-Sciences. Philippe-Henri Martin : Titulaire d’une Maîtrise de droit public, il a effectué un stage de journalisme au CFPJ. Pigiste-rédacteur au Guide du Routard, il a collaboré à un projet de collection de guides de voyage (Les éditions du tourisme), et a été pigiste à l’agence textuel. Il travaille aujourd’hui pour le magazine Aqui. Stéphanie Pichon : Diplômée de Science-Po Bordeaux de Bordeaux et du Centre universitaire de l'enseignement de journalisme à Strasbourg en 2000, elle démarre sa carrière journalistique à Paris en collaborant à différents médias nationaux (Le Monde, Agence France Presse). En janvier 2002, elle rejoint la rédaction bordelaise de Sud-Ouest. Elle travaille aujourd’hui pour le journal gratuit Bordeaux 7.

P H O T O G R A P H E

Frédéric Desmesure : Diplômé de l'Ecole nationale de photographie d'Arles en 1991, il travaille comme photographe indépendant en région Aquitaine. Pour la presse nationale avec l'agence Editing à Paris ou pour la scène culturelle bordelaise, il cherche à garder une démarche d'auteur, même en dehors des salles d'exposition. Son dernier ouvrage (« Madones ») est un recueil de photographies et de poèmes de Patrick Espagnet.

Comité de rédaction Bernard Favre, Bernard Alaux, Jean-Alain Pigearias, Sendra Lejamble-Dubrana Coordination éditoriale Sendra Lejamble-Dubrana Ont participé à ce numéro Rédaction : Nathalie Mayer, Marianne Peyri, Stéphanie Pichon, Philippe-Henri Martin, Christine Abdelkrim-Delanne, Frédéric Descoubes, Mathieu Tonneau, Isabelle Castéra Photographie : Frédéric Desmesure Documentation et recherche d’information : Véronique Le Mao Maquette et direction artistique Patrice Brossard PAO Isabelle Julien Impression Speed Impression, Eysines Contact rédaction et diffusion Sendra Lejamble-Dubrana 05 57 85 51 37 – fax 05 57 85 93 81 mél infosciences.aquitaine@cap-sciences.net Publication Cap Sciences, association loi 1901, Hangar 20, Quai de Bacalan, 33300 Bordeaux ISSN 1637-9381 Dépôt légal mars 2005

H 2 0 est publié par Info Sciences Aquitaine, service d’information de Cap Sciences, avec le soutien du Conseil régional d’Aquitaine, du ministère délégué à la Recherche et aux Nouvelles Technologies et de l’Union européenne. H 2 0 a bénéficié de la coopération active des universités, des organismes de recherche et de soutien technologique, ainsi que du monde industriel d’Aquitaine.

© Tous droits réservés.

4

■ ■ ■ H20 / 2005




CHRONIQUE

Chronique•Chronique•Chronique•Chronique

c

A tu

de quelques faits marquants de l’actualité de la recherche et de l’innovation en Aquitaine : nouvelles techniques, découvertes scientifiques, dépôts de brevets…

L

N

Credit photo : Novalase

Des découpes de précision grâce au laser

« Secrétaire virtuelle » pour les petites entreprises a société bergeracoise 2jTEL a mis au point une « secrétaire virtuelle » nommée Kiapel. Cette solution très innovante, sur le marché depuis janvier 2004, est destinée à améliorer l’accueil téléphonique des petites entreprises qui n’ont pas les moyens d’avoir un lourd standard professionnel. Mariage de la téléphonie et de l’informatique, elle est composée du logiciel Kiapel et du boîtier électronique Gibox. Il suffit de relier ce dernier entre la ligne téléphonique et le port USB de l’ordinateur pour combiner les avantages de la micro-informatique et de la téléphonie fixe. Kiapel permet de consulter à l’écran le dossier client de la personne qui appelle avant de décrocher, de prendre des notes pendant la conversation, d’accueillir de façon prioritaire des correspondants, de transférer les appels sélectivement, d’orienter les personnes avec le serveur vocal interactif… La société 2jTEL a reçu le soutien de l’Anvar (Agence nationale de valorisation de la recherche) depuis le début du projet en 2002. Avec Kiapel, 2jTEL vise les entreprises individuelles et les TPE (très petites entreprises de moins de 10 salariés) qui représentent un marché très large, plus de 80% des entreprises n'ayant pas de standard téléphonique. jc.mongin@2jtel.fr

Nous avons réalisé pour vous une sélection

ovalase, une jeune entreprise de Pessac (33), a développé une machine de micro-usinage laser dédiée aux applications de grande précision : Must 1010L. Issue de la PALA (plate-forme d’application des lasers en Aquitaine) de l’Université Bordeaux 1, la machine

Un nouveau kit de suivi de la sclérose en plaques

G

emacBio, société de biotechnologies basée à Cenon (33), a inventé le premier kit de suivi biologique de la progression de la sclérose en plaques : MSdiag. La sclérose en plaques est une maladie neurologique caractérisée par la destruction progressive de l’enveloppe protectrice des nerfs du cerveau

NovaLase intègre une source laser à impulsions courtes de quelques centaines de femtosecondes (100 femtosecondes = 10-13 s). Les impulsions laser très brèves ne sont pas absorbées par la matière et l’usinage se réalise par une coupure nette de la matière, sans apport de chaleur et donc sans dégradation périphérique contrairement aux autres sources laser. Cette absence de chaleur permet d'usiner avec une extrême précision des matériaux comme le verre, les matières plastiques ou les matières organiques. Les secteurs d'applications sont nombreux : microchirurgie (il est possible de faire un trou dans la membrane d'une cellule sans l'endommager), dentisterie, micro-électronique, micro-analyse... Un microscope vidéo permet le centrage des travaux sur les pièces et un logiciel de pilotage aux standards industriels est livré avec la machine. Novalase est soutenue par l’incubateur régional, l’ANVAR et le ministère de la Recherche. Avec cinq salariés et un chiffre d’affaires de 300 000 € en 2004. www.novalase.com

et de la moelle épinière, appelée myéline. Les lésions inflammatoires induites par la maladie, e n forme de plaques, empêchent les fibres nerveuses atteintes de conduire l'influx nerveux. On distingue plusieurs formes de scléroses en plaques, plus ou moins invalidantes : bénignes, rémittentes, progressives et aiguës-sévères. Jusqu'à présent, la seule aide au diagnostic était l’IRM. (Imagerie par Résonance Magnétique), qui permet de visualiser les lésions inflammatoires induites par la maladie. Le MSdiag est un outil complémentaire à l’IRM, permettant aux professionnels

de la santé de surveiller l’évolution de la pathologie. Basé sur un simple prélèvement sanguin, il peut être facilement répété autant de fois que nécessaire et apporte une aide au clinicien par le suivi prédictif des poussées en forme rémittente, et de leur passage vers les formes progressives, plus invalidantes (paralysie transitoire d'un membre, baisse brutale de l'acuité visuelle d'un œil…). MSdiag est encore en cours de validation clinique auprès de trois centres de neurologie en Europe jusqu’à fin 2005. www.gemacbio.com

2005 / H20

■■■

7


CHRONIQUE

Procédé de recyclage des eaux industrielles en Aquitaine

B

asée à Pessac (33), la jeune société HOO (Hydrothermale Oxydation Option)

est spécialisée dans le traitement des déchets liquides. Elle commercialise depuis 2002 un procédé d'oxydation hydrothermale adapté au traitement des déchets liquides qui sont, soit trop concentrés pour une dégradation biologique efficace, soit trop dilués pour être incinérés. Le procédé développé par HOO peut traiter par exemple des déchets de types organiques (pesti-

cides, herbicides, déchets toxiques, eaux de lavage …) ou pyrotechniques (nombreux explosifs et produits militaires, armes chimiques…). Un projet pilote, construit en collaboration avec la société CITBA (chaudronnerie industrielle tuyauterie du bassin de l’Adour), a été mis en place sur le site industriel du bassin de Lacq près de Pau. Mi-mars 2004 HOO a effectué des

tests en usine qui ont consisté à détruire dans un réacteur un mélange de molécules modèles (eau + solvant) : ils ont permis d’atteindre 600°C et une pression de 250 bars et de détruire la charge polluante. L’unité a déménagé début avril 2004 sur son emplacement final au sein de la société CITBA à Arthez de Béarn (64) et a été mise en exploitation en mai 2004. La

mise en service d’un deuxième pilote, situé à SaintMédard-en-Jalles (33), est prévue pour septembre 2005. L’unité devrait être spécialisée dans le traitement des déchets liquides fortement chlorés et chargés en sels. http://www.hooingenierie.fr/

Dépistage de la surdité du nourrisson

Credit photo : Institut du Pin

R

Une colle qui déjoue les problèmes d’humidité du bois

L

’Institut du Pin (Université Bordeaux 1) a élaboré une nouvelle colle polyuréthane présentant un grand intérêt pour l’industrie du bois. Jusqu’à présent, le collage de bois vert avait comme principal obstacle l’humidité du matériau, les colles à bois ne fonctionnant bien que dans une gamme d’humidité de 6 à 16 %. Des essais, réalisés sur le pin maritime, ont montré que ce nouveau produit est capable d’assembler du bois jusqu’à des humidités très élevées (20 %). La colle polyuréthane est innovante car certains de ses constituants réagissent chimiquement au contact de l'humidité du bois. Cette invention a fait l’objet d’une prise de brevet français de la part du CNRS et de l’Université Bordeaux 1 en juillet 2002 pour la protection industrielle des formulations puis d’un brevet international en juillet 2003. Ce projet a été monté autour de trois laboratoires bordelais, d’un fabricant d’adhésifs (Collano SA) et de quatre entreprises de la filière bois dont deux sont en Aquitaine (à Belin Beliet (33) et Nontron (24)). L’Institut du Pin a apporté sa contribution pour la chimie, le Laboratoire de Rhéologie du Bois de Bordeaux pour la mécanique, et le Centre Technique du Bois et de l’Ameublement pour la certification. ipin@ipin.u-bordeaux1.fr

8

■ ■ ■ H20 / 2005

ACIA-ALVAR, entreprise du Bouscat (33), spécialiste de l’audition depuis 40 ans, a mis au point un système de dépistage de la surdité des nouveaux nés. L’examen néonatal traditionnel réalisé en maternité (on observe la réaction du nouveau-né au claquement des mains) ne peut repérer les atteintes de surdité légères ou partielles. Deux techniques plus élaborées sont proposées : les oto-émissions et les potentiels évoqués. La première consiste à envoyer un son dans l’oreille et à recueillir l’écho dû au fonctionnement de celle-ci. La technique est relativement simple, mais ne teste que l’oreille interne et n’est donc pas sensible pour la détection d’une surdité plus profonde. La deuxième consiste à détecter les réactions électriques du cerveau face aux sons émis. La conformité des réponses, recueillies par des électrodes posées sur la tête de l’enfant, signe un fonctionnement normal de l’ensemble de la chaîne auditive, depuis l’oreille jusqu’aux structures cérébrales. Cette technique était jusqu’à présent réservée aux spécialistes capables d’établir un diagnostic précis de surdité. Elle peut désormais être employée pour vérifier l’intégrité de l’audition des nouveaux-nés. RACIA-ALVAR est la seule entreprise française développant ce type d’appareil. Ce produit breveté, conçu et réalisé à Bordeaux, a bénéficié du soutien de l’ANVAR. Il sera commercialisé dès 2005. info@racia-alvar.com


D

ans le cadre de la campagne nationale de mensuration 2003-2004 (qui visait à connaître les modifications à apporter à la taille de nos vêtements), l’hôpital cardiologique du CHU de Bordeaux (Haut-Lévêque) a mesuré en juin 2004 des personnes volontaires, et leur a offert en prime un dépistage de leurs facteurs de risque cardiovasculaire. En effet, la morphologie du corps a un impact évident sur la santé, et la pression artérielle, la cholestérolémie, le poids corporel, le tabagisme, le diabète et la sédentarité sont des facteurs de risques importants. Cette campagne nationale de mensuration avait pour but de mesurer un maximum de Français de 5 à 70 ans ; en effet, la population française évolue sans cesse et la taille vestimentaire des Français a changé depuis 1970, date de la dernière campagne de mensuration. Pour réajuster les vêtements aux nouvelles mensurations des personnes, il fallait analyser la morphologie des Français. Pour cette étude, ce sont des cabines de mensurations réalisées par l’entreprise aquitaine Lectra qui ont circulé dans toute la France.

La faune aquatique landaise repeuplée avec des récifs artificiels ?

L

Avion de nouvelle génération chez Dassault Mérignac

C

’est en mai 2004 que Dassault Aviation a testé le transport de la voilure de son nouvel appareil. Le groupe a l'ambition d'améliorer encore sa position de leader mondial sur le créneau des avions d'affaires haut de gamme avec le développement d’un avion

Credit photo : Gérard Fourneau

Mensuration et dépistage à l’hôpital Haut-Lévêque de Bordeaux

Credit photo : Dassault Aviation

CHRONIQUE

’implantation de trois sites de récifs artificiels sur la côte landaise s’est achevée à la fin du mois de mai 2004. Le début de l’histoire remonte à 1996 lorsque des scientifiques font un bilan alarmiste du développement et du maintien de certaines espèces de poissons sur la côte landaise. L’association Landes Récifs décide alors d’installer des récifs artificiels sur les fonds sableux de la côte. On connaît l'attirance des

poissons pour toutes sortes d'objets immergés (épaves, troncs d'arbres, algues flottantes, et évidemment récifs naturels). Le projet voit le jour avec le SIVOM Côte Sud (40) en tant que maître d’ouvrage et Bio-Sub de Pessac (33), un organisme d’expertise scientifique subaquatique, pour la surveillance de l’évolution des nouveaux écosystèmes. Ce laboratoire a également assuré la formation des plongeurs "biologistes amateurs" qui participent à l’inventaire des sites immergés à Capbreton, Vieux Boucau, Messanges et Moliets. L’objectif de ce projet est de créer un nouvel écosystème qui sera colonisé par des organismes qui n’étaient plus présents sur le site. Les trois zones choisies comprennent, au final, 800 buses immergées, d’une tonne chacune de béton, matériau durable et non

tri-réacteur de nouvelle génération, le Falcon 7X. Il est le premier représentant d'une nouvelle famille de Falcon. Il devrait être livré en 2006. Le nouveau hall d’assemblage de Dassault Aviation à Mérignac, inauguré en septembre 2003 et baptisé « Hall Charles Lindbergh » a été conçu pour accueillir la chaîne d’assemblage final du Falcon 7 X. La structure de ce bâtiment de 20 700 m2 a été étudiée pour optimiser l’accueil de ces avions aux dimensions originales. Les ailes de ce nouveau Super-Falcon sont beaucoup plus grandes que celles équipant les appareils aujourd'hui en service : la longueur dépasse 14 mètres au lieu de 10,50 m pour les ailes de la gamme existante et la largeur est supérieure à 4 mètres. Ces propriétés lui permettront de parcourir 10 500 km sans escale, ce qui permettra de rallier d'une traite Paris à Tokyo ou à Los Angeles. Une autonomie qui s'explique par l'aérodynamique de la nouvelle voilure et par la capacité des réservoirs qui y sont logés.

polluant. La rugosité du béton permet la fixation d’éponges, d’anémones de mer et de vers tubicoles, puis d’invertébrés et de végétaux attirant par la suite des balistes, grisets, rougets, poissons lune, seiches… Reste à déterminer scientifiquement si ces équipements permettent une augmentation de la population de poissons ou s’ils ne font que les concentrer dans de nouveaux sites. Au printemps 2005, l’Ifremer doit rejoindre le projet en installant des sondeurs acoustiques sur les modules de béton. Cette technique, unique en France, enregistrera en continu (par écho) la quantité et l’identification des espèces fréquentant les récifs artificiels. www.alR40.org

2005 / H20

■■■

9


CHRONIQUE

Eaux recyclées à Prodec Métal

Credit photo : J.P.Plantey

L

a société de traitements de surface Prodec Métal, installée à Canéjan (33), a reçu en décembre 2003 le trophée "Technologies Economes et Propres" de l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Ce trophée vient récompenser son procédé de traitement des eaux qui lui a permis de baisser sa facture d’eau de 90 % mais aussi d’éliminer tout rejet d’eau usée. Cette innovation consiste en un circuit de traitement-récupération de l’eau, comprenant deux systèmes de recyclage. Le premier consiste à déminéraliser, grâce à un système de filtration et de résines échangeuses d’ions, les effluents issus de traitement de surfaces (revêtement d’objet : nickelage, chromage, cuivrage). Deux résines permettent, lors de l’écoulement des liquides à travers celles-ci, de retenir tous les ions minéraux indésirables. L’eau ainsi nettoyée est utilisée pour les rinçages industriels de l’entreprise. Le système de concentration par évaporation est utilisé pour les eaux faiblement concentrées en ions. Ces derniers seront ensuite éliminés grâce à un passage dans le système de déminéralisation. La compensation en eaux dues aux évaporations se fait par les eaux pluviales de 5 000 m2 de toiture, stockées en permanence dans une unité de stockage de 50 m3. Ces cuves alimentent en eau les circuits de production de l'entreprise de traitement de surface, selon la logique d'une chaîne sans fin, les eaux usées étant réinjectées dans le circuit industriel après traitement. prodec.metal@libertysurf.fr

L

Bayonne, conservation du patrimoine naturel a ville de Bayonne (64) fait des efforts importants pour conserver son patrimoine naturel. Depuis vingt ans, elle a considérablement réduit l’usage d’insecticides et de pesticides pour le traitement des espaces verts, grâce au « travail » efficace d’auxiliaires tels que les insectes, les oiseaux et les chèvres. Une trentaine de nichoirs ont été installés en ville depuis l’an dernier afin d’abriter des oiseaux tels que les mésanges, avides d’insectes phytophages, ennemis des végétaux. Des milliers de coccinelles et d’encarsias

Création d’un comité scientifique international sur les lasers intenses

L

a région Aquitaine a mis en place, le 10 mai 2004, un comité scientifique international pour orienter ses décisions sur les technologies dérivées du laser. Il est composé de 14 chercheurs dont quatre travaillant à l’étranger (Allemagne, Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne) et a un rôle d'expertise et d'aide à la décision pour les choix stratégiques et d'investissement en région. L'idée à terme est de constituer en Aquitaine un véritable pôle scientifique et industriel du laser et de l'optique, s'appuyant sur l'équipement majeur que constitue le laser Mégajoule.

10

■ ■ ■ H20 / 2005

(petites mouches) ont été par ailleurs lâchées au printemps dernier afin que leurs larves se nourrissent de pucerons. Nouveauté, un troupeau d’une trentaine de chèvres est chargé de débroussailler les lieux inaccessibles aux machines, comme les remparts de Mousserolles. Des ruches installées il y a quelques mois témoignent quant à elles de la qualité environnementale de ces espaces verts. Un équilibre écologique exemplaire ! www.bayonne.fr

De la dune du Pyla à la planète Mars

P

hilippe Paillou, chercheur au laboratoire d'Astrodynamique, d'Astrophysique et d'Aéronomie de Bordeaux et Gilles Ruffié, ingénieur au laboratoire de Physique des Interactions Ondes-Matière, ont testé en juin 2000 sur la dune du Pyla (33) un système radar sondeur. Cette expérience a permis de détecter les zones humides enfouies dans la dune afin de valider des techniques de prospection d’eau depuis l’espace qui pourront plus tard être utilisées pour l’exploration de Mars. En effet, un tel système radar pourrait équiper un petit robot de l’Agence spatiale européenne et évoluer

sur la planète rouge aux alentours de 2010 pour peut-être répondre à la question d’une possible vie sur Mars dans le passé. Philippe Paillou travaille à partir de radars expérimentaux développés par l’Office national d’études et de recherches aérospatiales. Ces systèmes volent sur des avions pour imager et analyser les premiers mètres des sols arides. Le principe : un faisceau d’ondes hyperfréquences traverse le sable, est réfléchi par les zones humides du sous-sol et renvoie les informations à un appareil de mesure. Ce type de matériel permettra de cartographier l'humidité des sous-sols dans les zones arides du monde (Sahara, Arabie) et de révéler également des structures géologiques inconnues cachées sous le sable.Cette technologie


Le CREATI U des Grands Groupes soutiennent les PME

Credit photo : Smith & Nephew

>>> a déjà été testée grandeur nature en 2003 dans le sud-est de la Libye : Philippe Paillou y a découvert deux impacts de météorites vieux de 140 millions d’années et partiellement recouverts de sable, l’un formant un cratère de 10,3 km de diamètre, l’autre de 6,8 km. paillou@obs.u-bordeaux1.fr

Un bloc opératoire révolutionnaire à Mérignac

L

a clinique du sport de Mérignac a inauguré en juin 2004 un bloc opératoire révolutionnaire. Ce bloc, Digital O.R. de Smith & Nephew, est une salle d’opération flexible et simple d’utilisation, intégrant les dernières technologies en équipement chirurgical. Avec des connexions audio/vidéo professionnelles et un système de gestion d’informations pour accélérer les compterendus, les images et les dossiers de chaque patient à partir d’un site distant, la clinique bénéficie aujourd’hui d’une technologie de pointe pour effectuer ses interventions sous arthroscopie.

Un Institut de Cognitiqueà Bordeaux 2

L

e 20 août 2004, l’Université Bordeaux 2 s’est doté d’un Institut de Cognitique. Une première en France. Outre les traditionnelles filières Master Recherche et Master Pro dans

Les chirurgiens peuvent utiliser cette salle pour diffuser et réceptionner des images chirurgicales à travers le monde. Et la traçabilité des fichiers des patients et des interventions en général est optimisée, permettant aux chirurgiens d’avoir une base d’archivage importante et interactive. Pour le patient, cette salle digitalisée offre une sécurité optimale. L’environnement y est plus stérile (plus de câble apparent et peu de meubles) et la salle peut être décontaminée plus facilement et plus rapidement. Ce système permet en outre à l’administration de l’établissement d’acquérir une visibilité totale sur la productivité du bloc et la consommation journalière grâce aux indicateurs apportés par la salle. Une deuxième salle d’opération vient d’ouvrir en janvier 2005. Tél : 05 56 12 14 44

le domaine des sciences cognitives, il propose, après un bac+2, une formation d’ingénieurs en 3 ans (diplôme d’Etat). Située entre informatique et automatique d’une part, biologie et psychologie d’autre part, la cognitique vise entre autres à étudier la meilleure adaptation

possible des machines et systèmes automatiques aux capacités humaines d’acquisition et de mémorisation de la connaissance. Les cogniticiens ainsi formés seront donc des ingénieurs « interfaceurs », capables de concevoir des équipements (du téléphone por2005 / H20

CHRONIQUE

ne dizaine de représentants de Grands Groupes aquitains se sont réunis en juillet 2004 avec des acteurs du développement économique et technologique de la région. Leur objectif : rencontrer des porteurs de projets, quels que soient leurs secteurs d’activité, qui pourraient avoir besoin de leur soutien technologique ou opérationnel. C’est le principe même du CREATI : mettre à la disposition des PME, les compétences, savoir-faire ou installations des Grands Groupes dans un esprit solidaire. Cette aide se traduit par des conseils, ou dans le cas de besoins plus spécifiques, des expertises pour la PME. C’est le cas par exemple de TOTAL qui réalise des calculs et des mesures pour un potier du Pays basque afin de l’aider à choisir un four adapté à son activité. La prestation réalisée sans bénéfice, peut être en partie financée par un dispositif sur mesure : l’action collective PAR-TECH (fonds Europe, Etat, Région). Ce club informel créé il y a dix ans, rassemble des groupes tels que AIR LIQUIDE, APAVE, CEA, EADS, IBM, EDF, MESSIERDOWTY, MGE-UPS SYSTEMS, MICHELIN, SNECMA PROPULSION SOLIDE, SME, THALES, TOTAL… Autant de portes ouvertes pour les petites et moyennes entreprises. Contact CREATI : 05 56 21 51 37

table au cockpit d’avion) adaptés aux performances attentionnelles et mnésiques de la population générale, mais également à celles de personnes souffrant de déficiences de ces mêmes performances (certains handicapés ou personnes âgées). www.idc.u-bordeaux2.fr ■■■

11


CHRONIQUE

Des DVD jetables à prix mini

C

discount, numéro un français du commerce électronique dont le siège est à Bordeaux commercialise depuis le 7 mai 2004 des DVD jetables. Commandés sur Internet, ces DVD-D (D pour disposable ou jetable en anglais) coûtent environ 3€ car ils s’autodétruisent quelques heures après leur sortie du boîtier. Un produit oxydant, non toxique pour l’homme et

pour l’environnement, a été placé entre la couche d'aluminium, sur laquelle sont inscrites les données, et la couche de protection du disque. Cette substance, à base de jus d'agrumes et de sel, est libérée lors de l'ouverture de l’emballage du DVD-D et efface les données au bout de huit heures par oxydation de la surface réfléchissante du disque. Le laser ne pouvant plus être réfléchi, principe de base de la lecture de DVD, le support média devient illisible. Tant que le DVD-D est dans son emballage, il se conserve autant de temps que l’on veut. Le premier film sorti en DVD-

o ot ph it d e Cr

Des détecteurs laser ultra-rapides

H

ébergé depuis fin 2003 dans l’incubateur du parc scientifique Unitec 2 et lauréat 2003 du concours national de la création d’entreprises innovantes dans la catégorie « Emergence », le projet FEMLIGHT, a remporté, fin mai 2004, le concours Start West, rencontre du capital et de l’innovation, dans la catégorie « Amorçage ». La naissance du projet remonte à 2002 lorsque Philippe Métivier directeur des opérations chez Highwave Optical Technologies à Lannion (22), et François Salin, directeur du Centre Laser Intense et Application de l’Université Bordeaux 1 (CELIA) mettent leurs compétences en commun. Ils décident de monter un projet

12

■ ■ ■ H20 / 2005

D est « Les Invasions barbares », du Canadien Denys Arcand. Fin 2004, le catalogue était de 50 titres. Cdiscount est la première entreprise à avoir acquis une licence exclusive d’utilisation et de fabrication en Europe auprès de la société qui possède les droits du brevet. Cet accord lui permet d’ores et déjà la vente exclusive en France. En décembre 2004, Cdiscount a réalisé un test de vente dans certains Relais H de la région parisienne, dans le but de développer de nouveaux réseaux de distribution.

ht lig m e :F

de création d’entreprise de technologie innovante dans le domaine de l’instrumentation laser ultra-rapide. La technologie FEMSCAN, sur laquelle se base le projet, a été développée au CELIA. C’est un système de mesure optique qui détecte et teste des radiations lumineuses ultra-brèves dans divers secteurs comme l’instrumentation scientifique, le biomédical, la métrologie... Sa sensibilité permet, par exemple, un contrôle des communications à très haut débit, une analyse des couches semi-conductrices de très grande précision, une utilisation pour le diagnostic précoce des cancers du sein, une intégration au microscope biologique à imagerie de fluorescence pour l’étude de nouvelles molécules, une détection des objets métalliques enfouis. FEMLIGHT a acquis le statut de société en juillet 2004 et compte devenir sous 5 ans un acteur de référence mondiale dans le secteur de l’instrumentation laser ultrarapide. contact@femlight.com

INTEROPun Réseau d’Excellence européen fédéré par l’Université Bordeaux 1

I

NTEROP (Interoperability Research for Networked Enterprise Application and Software) est un Réseau d’Excellence sur le thème de l’interopérabilité des logiciels et applications d’entreprises. Coordonné par le Laboratoire Automatique Productique et Signal (LAPS) de l’Université Bordeaux 1, INTEROP est le seul Réseau d’Excellence retenu par la Commission Européenne dans la thématique eBusiness. L’objectif des Réseaux d’Excellence est d’intégrer durablement des acteurs multidisciplinaires et des moyens pour faire progresser la connaissance autour d’une thématique centrale ; ils préfigurent la configuration de la recherche en Europe dans les prochaines années. Le réseau INTEROP réunit 50 organisations européennes (300 chercheurs) universités, centres de recherche, industries - travaillant sur un programme commun d’activités afin de créer un « Laboratoire Européen sans mur ». INTEROP définit l’interopérabilité comme la capacité d’un logiciel ou d’une application d’entreprise à interagir avec d’autres applications ou logiciels sans intervention extérieure : les données issues d’un logiciel sont comprises et utilisées facilement par un autre. Par exemple, une entreprise recherche un fournisseur et le trouve : elle pourra connecter son logiciel de gestion de stock sur le logiciel d’expédition du fournisseur afin de déclencher le processus de commande, de livraison et de facturation sans qu’il y ait une intervention extérieure pour connecter les deux applications informatiques. L’interopérabilité des logiciels et applications informatiques est aujourd’hui l’un des sujets clés pour accompagner le développement des entreprises et surtout pour améliorer leur compétitivité au niveau européen et international. 40 % des coûts informatiques d’une entreprise sont en effet la conséquence de la non-interopérabilité des entreprises dans ce domaine. Informations : info@interop-noe.org et www.interop-noe.org


CHRONIQUE

Un nouveau Centre de Ressources Technologiques en Aquitaine

Credit photo : Ifremer

Un réseau de stations MAREL dans l’estuaire de la Gironde

G

lobalement, l’estuaire de la Gironde est bien portant, mais il est turbide, c’est-à-dire chargé de matières en suspension auxquelles sont associées des bactéries gourmandes en oxygène. Or, la désoxygénation de l’eau est, à terme, préjudiciable à la faune et à la flore. Il était donc nécessaire de réaliser des analyses précises et régulières de l’eau pour avoir

Credit photo : Ifremer

R

escoll, société filiale de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux, a obtenu en 2004 la certification « Centre de Ressources Technologiques ». Quarante autres structures bénéficient de ce label de qualité en France, mais Rescoll est la première entreprise labellisée en Aquitaine dans le domaine des matériaux. Ses compétences s’exercent dans le domaine des polymères, adhésifs et résines. Ce label garantit aux PME et PMI que Rescoll est capable de leur apporter des prestations technologiques et scientifiques adaptées et de qualité. admin@enscpb.fr

Campagne de marquage de merlus dans le golfe de Gascogne

U

ne nouvelle campagne de marquage du merlu a été réalisée du 27 mai au 2 juillet 2004 par l’Ifremer à bord du Gwen Drez dans le golfe de Gascogne. L’objectif est de marquer environ 6 000 poissons. Cette mission, Marqage/2, fait suite à une première expérience pilote,

une image fiable de l’évolution de l’état physico-chimique de l’estuaire. C’est pourquoi un réseau de quatre bouées MAREL* a été déployé en 2004 à Pauillac, Libourne, Bordeaux et Portetsur-Garonne. Chaque station est équipée d’un mécanisme permettant une mesure précise de la température de l’eau, de sa salinité, de son taux d’oxygène et de sa teneur en matières en suspension. Ces données sont transmises par téléphone toutes les dix minutes à l’Université Bordeaux 1 et sont étudiées par une équipe de scientifiques dirigée par Henry Etcheber et Patrice Castaing. Ces travaux permettront de mieux comprendre les mécanismes de désoxygénation qui pourraient menacer l’estuaire et serviront de base à l’établissement d’un modèle de prévision à long terme. * Réseau Marel avec : l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, IFREMER, la DIREN, l’Université Bordeaux 1 et le CNRS, le SMIDDEST, le Conseil Général de la Gironde, le Conseil Régional d’Aquitaine...

Tél : 05 40 00 83 60

menée en juillet 2002. Cette opération est indispensable à l’amélioration des connaissances sur les paramètres biologiques de l’espèce (croissance, estimation de l’âge, mortalité, migrations). La mission 2002 a permis de marquer 1 307 merlus avec une marque T, injectés avec un fluorochrome et relâchés en l’espace de 10 jours. La collaboration des professionnels de la pêche (pêcheurs, mareyeurs, personnels des criées…) est indispensable pour le succès de cette mission dont la réussite dépend des re-captures effectuées. Les poissons re-capturés doivent être en effet marqués entiers, si possible non éviscérés, avec des informations sur la capture telle que la date, la position géographique, l’engin de pêche. Une récompense de 50 euros est attribuée pour tout retour d’un poisson entier avec les informations concernant la capture. Ifremer : 05 57 72 29 80

Une cuisine centrale à la pointe de la technologie

S

ituée à proximité de la gare de BordeauxCaudéran (33), la Cuisine Centrale, le nouvel équipement de restauration collective commun à Bordeaux et Mérignac, a ouvert ses portes en juillet 2004. Destinée aux collectivités telles que les écoles, centres de loisirs, résidences de personnes âgées, portage à domicile, etc, cette cuisine centrale - une des plus grandes et innovantes de France - peut offrir jusqu’à 18 000 repas par jour. Près de 78 personnes dont 40 cuisiniers y travaillent. Cette cuisine utilise un procédé innovant : la cuisson sous-vide à basse température, qui valorise les qualités organoleptiques et prolonge la durée de vie du produit. Après une mise en poche du produit - essentiellement des viandes -, celui-ci est immergé dans une cuve à une température située entre 57° et 63°, pour une durée de cuisson pouvant aller jusqu’à 72 h. La traçabilité est assurée par ordinateur à tous les stades de la production. Doublement économique, ce procédé diminue de moitié les pertes en produits de base (7 % au lieu de 15 %) et, en offrant la possibilité de faire cuire les produits la nuit ou le week-end, permet de réduire la facture énergétique. Un deuxième atout de la Cuisine Centrale est son logiciel de cuisine Datameal, qui permet la gestion des effectifs, des menus, des commandes,des stocks, des plans de production ainsi que la facturation des clients. 2005 / H20

■■■

13


CHRONIQUE

L

Carte d’identité électronique, l’Aquitaine teste un prototype

a première Carte Nationale d’Identité Electronique a été testée en 2004 en Aquitaine. La décision, prise en 2003 par le Ministère de l’Intérieur, de doter les citoyens

français d’une Carte Nationale d’Identité Electronique devrait impliquer une modification radicale de la procédure de délivrance de ce titre. La future carte doit en effet contenir une photo et une empreinte digitale stockées sous forme numérique. Ces données devront être enregistrées au moment même de la demande (en mairie ou au domicile), ce qui rendra le travail de saisie plus complexe et contraindra les agents administratifs à accomplir de nouvelles tâches – prise de vue, captage de données biométriques. L’Aquitaine a souhaité être en première

ligne de cette évolution majeure avec pour partenaire le groupe français Thales, fournisseur de la technologie utilisée par les cartes plastifiées françaises actuelles. Des tests ont été effectués dans trois communes girondines (Villandrault, Mérignac et Bordeaux) afin d’évaluer les contraintes liées à l’acquisition des données à domicile, à l’aide d’un prototype de station mobile de saisie. Les résultats de ces expériences seront bientôt rendus publiques. info@aecom.org

La Thécla du prunier : un nouveau papillon en Gironde

U Photo : Yvan Letellier (Sepanso)

ne nouvelle espèce de papillon de jour vient d’être découverte en Gironde. Il s’agit de la Thécla du prunier (Satyrium pruni), un papillon qui vit dans les haies et qui pond sur les Prunelliers (Prunus spinosa). Cette espèce a été observée pour la première fois en 2003 sur la réserve naturelle des marais de Bruges. Ce papillon n’avait jamais été observé auparavant dans le département de la Gironde et n’est signalé que dans un seul département limitrophe : la Charente Maritime. Ce papillon à forte valeur patrimoniale, est signalée comme étant en régression dans le Nord et dans l’Ouest de la France et est inscrit sur le Programme National de Restauration pour la Conservation des Lépidoptères Diurnes avec le statut : « Espèce considérée comme prioritaire pour la conservation et espèce menacée à l’échelle nationale sur l’ensemble de son aire de répartition. La priorité de conservation est forte. ». assoc.wanadoo.fr/federation.sepanso

Airbus A380 un projet qui génère près de 550 emplois en Aquitaine

P

révu pour 2006, la commercialisation de l’airbus A 380 est suivie de très près en Aquitaine. La région joue en effet un rôle important sur ce projet puisque plusieurs groupes et PMI de l’aéronautique (5 entreprises de Gironde, 2 des Landes, 2 du Lot-etGaronne et 2 des PyrénéesAtlantiques) participent au programme A380. En Gironde, c’est Thales Avionics, qui fournit les systèmes de commande et de visualisation du cockpit de l’A380. EADS Composites Aquitaine fabrique les éléments internes du cockpit, des consoles installées dans les parties hautes et basses du poste de pilotage. EADS Sogerma

14

■ ■ ■ H20 / 2005

Services produit une partie du plancher en alliage aluminiumlithium et les sièges « techniques » des pilotes. Globaq fournit des tests comme ceux de l’étanchéité du circuit de prélèvement de l’air chaud du moteur. Le bureau d’étude Altep est intervenu pour la conception de parties de pointe avant et de l’aménagement intérieur du cockpit. Dans les Landes, Potez Aéronautique conçoit l’ensemble des panneaux de structure en alliage léger et Cema a réalisé l’outillage d’assemblage et les chaînes pour la structure de l’A 380. Dans le Lot-etGaronne, Asquini MGP produit des pièces du caisson central et des éléments de la pointe avant et Creuzet Aéronautique produit près de 800 pièces pour cet avion. Dans les Pyrénées-Atlantiques, Messier Dowty produit le train avant de l’A380 et MAP fournit entre autres les pièces de structure du caisson central. Soit un projet qui génère près de 550 emplois en Aquitaine. www.airbus.com

Des ratset des hommes…toxicomanes

L

a consommation volontaire de drogues est un comportement retrouvé dans un nombre important d’espèces du règne animal. Mais jusqu’alors, on pensait que la toxicomanie, définie comme une consommation de drogue compulsive et pathologique, était un comportement spécifique de l’espèce humaine et de sa structure sociale. En 2004, les travaux de l’équipe de Pier-Vincenzo Piazza (directeur de l’Unité Inserm 588 « Physiopathologie du comportement » à Bordeaux) ont montré que les comportements qui définissent la toxicomanie chez l’homme apparaissent également chez le rat qui s’auto-administre de la cocaïne. La toxicomanie des hommes et des rongeurs présente des similitudes étonnantes. La découverte d’un comportement de dépendance à la drogue chez ce mammifère modèle suggère fortement que la toxicomanie est une véritable maladie du cerveau, qui résulterait non seulement d’une exposition prolongée à la drogue, mais aussi d’une vulnérabilité individuelle forte. Ces résultats devraient permettre de pénétrer les mystères de la biologie de la toxicomanie et d’améliorer ainsi son traitement. www.bordeaux.inserm.fr


CHRONIQUE

2100, un Sud-Ouest plus sec et plus méditerranéen

La Dordogne pilote pour un projet européen d’envergure

epuis deux ans, des chercheurs étudient dans le cadre du projet « CARBOFOR » regroupant des laboratoires tels que l’INRA, le CNRS, ou Météo France, l’évolution de la présence des grandes essences forestières en fonction du réchauffement planétaire. Une synthèse préliminaire nous donne un aperçu de ce que pourrait être le sud-ouest de la France dans quelques dizaines d’années. Selon l’inventaire forestier national, 67 espèces d’arbres ont été retenues et classées en neuf zones géographiques. Un travail a ainsi été effectué sur chaque groupe, avec une simulation sur son évolution d’ici 2050 et 2100 sur la base du modèle Arpège-climat de Météo-France. Les données sont préoccupantes : entre 1990 et 2100, il est prévu un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère , ainsi qu’un réchauffement moyen de 2 degrés. Au quotidien, ces changements se traduiraient par plus de pluies en hiver, plus particulièrement dans le nord de la France et moins de pluies en été, surtout dans le sud. Ce réchauffement même limité entraînerait un triplement des aires climatiques potentielles des espèces méditerranéennes comme l’olivier, le chêne vert et diverses variétés de pins qui occuperaient dans moins de 100 ans 28 % de la superficie française (métropole) contre 9 % actuellement. Dans la partie orientale du massif landais, l’axe Bordeaux–Mont-de-Marsan, la végétation serait plus sèche et se rapprocherait de celle de Toulouse ou de Narbonne avec un paysage nettement méditerranéen. Le pin maritime des landes et quelques essences du SudOuest comme le chêne tauzin ou la brande, connaîtraient la progression la plus spectaculaire, colonisant 46 % du territoire national en 2100 contre 17 % actuellement.

a phase d’expérimentation du projet pilote européen MAP (Mobile Adaptive Procedure) s’est achevée en juin 2004 en Dordogne. Le MAP est un moteur de recherche intelligent permettant un meilleur accès aux informations administratives. Dans toute l’Europe, seules quatre institutions ont développé ce projet : trois en Italie, et une en France, le Conseil Général de la Dordogne. Les partenaires industriels sont Aliénor Aquitaine, Aquitaine Europe Communication et France Télécom R&D. Dans un premier temps, le MAP sera utilisé par les agents des cinquante centres médicosociaux de Dordogne, qui devraient être tous équipés à la mi-2005. Ces agents pourront accéder aux informations de l’intranet de la CAF. Dans un deuxième temps, l’usage du MAP devrait être étendu au grand public, via des bornes installées dans les centres, ou, de chez eux, via un site internet sécurisé : les utilisateurs pourront plus rapidement télécharger des formulaires, consulter des documents, demander ou valider des informations. Le développement du MAP en Aquitaine et en France est projeté. Notons que, fort de l’expérience du MAP, le Conseil Général de la Dordogne a développé, avec les soutiens de la Région Aquitaine et de l’Union européenne, un autre portail, baptisé Prox-e (Proximité-Emploi), qui permettra la gestion conjointe des dossiers RMI par le Conseil Général et l’ANPE. Ce portail, qui sera mis en place début 2005, sera utilisable à la fois par les agents ANPE, les référents RMI, et les allocataires. g.gourbat@dordogne.fr Tél : 05 53 02 21 11

L

Credit photo :

D

La Dronne, une rivière vitale pour la moule perlière

A

u cœur du Parc naturel régional, la Dronne, l’une des plus belles rivières à truites de la région, abrite aujourd’hui une population animale menacée d’extinction au niveau mondial : la moule perlière (ou mulette) Margaritifera margaritifera.

Ce mollusque bivalve, protégé par la loi en France et en Europe, ne se reproduit que dans une dizaine de cours d’eau en France. La population nationale totale serait de 100 000 individus et la baisse des effectifs de cette espèce serait de près de 99 % en à peine un siècle ! Il ne resterait dans certaines rivières, dont le lit était autrefois recouvert de moules, que quelques individus. Or, on a récemment recensé une importante population (plus de 15 000 individus) dans la Dronne. Plusieurs caractéristiques biologiques rendent la 2005 / H20

moule perlière particulièrement sensible à la qualité de son milieu. En tant que filtreur, elle ne peut supporter les pollutions chimiques même de faible ampleur : à long terme, la dose devient fatale en s’accumulant dans les tissus de la mulette. Par son cycle biologique, elle est directement liée à la bonne santé des salmonidés avec lesquels elle vit en véritable symbiose. Par sa phase enfouie dans le sédiment (4 ans), la mulette ne supporte pas le colmatage du lit des rivières. Par sa longévité, elle a besoin d’une eau de qualité en permanence et ne peut, contrairement aux invertébrés à vie courte, recoloniser rapidement son milieu. La moule perlière est donc beaucoup plus exigeante que les salmonidés, longtemps considérés comme les meilleurs indicateurs de qualité des rivières. Maintenir une eau de bonne qualité dans la Dronne est vital pour sauver cette espèce menacée. Parc naturel régional PérigordLimousin : 05 53 60 34 65

■■■

15


CHRONIQUE

Obésité, l’Aquitaine relativement épargnée

D

L

e groupe mondial de chimie Rhodia a inauguré le 22 octobre 2004 son « laboratoire du futur » à Pessac (33), au sein de la technopole Bordeaux Unitec. Le groupe compte ainsi accroître la productivité de sa recherche tout en développant de nouvelles approches dans le domaine de la chimie et de ses applications. En se basant sur de nouvelles technologies telles que la micro fluidique, qui permet de miniaturiser les tests ou l’automatisation qui permet de les réaliser en simultané, ce laboratoire a pour objectif d’accélérer la mise sur le marché de ses innovations. Une équipe mixte de recherche en partenariat avec le CNRS regroupe en effet des experts dans différents domaines tels que l’informatique, l’électronique, la nanotechnologie ou la physico-chimie. Le groupe a choisi de s’implanter en région bordelaise en raison de la qualité des équipes de recherche publique CNRS et universitaires, notamment dans les domaines de la physico-chimie, de la microélectronique et de l’informatique. www.rhodia.com

16

Augmentation des tumeurs du poumon, l’Aquitaine en 4e position

L

es femmes sont de plus en plus nombreuses à fumer et leurs poumons ne sont pas épargnés. Selon les der-

Face à la progression épidémique de l’obésité des dernières années, et compte tenu de ses conséquences délétères sur la santé, de nombreux pays souhaitent s’engager dans des politiques de prévention, de dépistage et de prise en charge. En France, le Programme National Nutrition santé (PNNS), mis en place en 2001 par le Ministère de la Santé, place la prévention de l’obésité parmi les priorités pour les cinq prochaines années. Source : Obépi 2003, enquête Inserm/ Institut Roche de l’Obésité/TNS-SOFRES www.inserm.fr

niers chiffres nationaux, communiqués en septembre 2004 par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), 2 930 cas étaient répertoriés en 1997 et 3 962 en 2002 ! Soit un accroissement annuel moyen de 5,6 %, la population la plus touchée étant celle des 40-59 ans. Parmi les facteurs de risque, le rôle du tabac n’est plus à démontrer. Selon la Cnam, cette incidence des cancers chez les femmes va continuer à

croître durant les deux prochaines décennies. Car les jeunes filles fument de plus en plus et compte tenu du délai entre le début de la consommation, la durée d’exposition et l’apparition de la tumeur, il faut une période de près de 25 ans pour connaître les méfaits du tabac. Sur le plan géographique, l’Aquitaine se situe en 4 e position (après l’Ile-deFrance, la Lorraine et la Corse). Pour 100 000 femmes, les taux d’incidence standardisés sont de 9,6 en Aquitaine, contre 10,5 pour l’Ile-de-France. Le degré d’urbanisation, les disparités socio-économiques et professionnelles sont autant de facteurs associés aux différences géographiques. (Cnam)

Le haut-débit se propage en Aquitaine Credit photo : Patrice Brossard/CAP SCIENCES

Le Laboratoire du Futur

Credit photo : Frédéric Démesure

ans l’ensemble des pays industrialisés, l’obésité est aujourd’hui considérée comme un problème majeur de santé publique. Longtemps préservée, la France connaît depuis quelques années une progression importante du nombre d’obèses, chez les adultes et surtout chez les enfants. Une enquête « Obépi » faite auprès des Français en 1997 et en 2000, a collecté des données anthropométriques sur un large échantillon de foyers représentatifs

de la population française. En 2003, cette enquête a fourni un état précis de la situation épidémiologique actuelle et permis des comparaisons essentielles par rapport aux années précédentes. L’Aquitaine, qui était la région de la façade maritime ouest où la prévalence de l’obésité était la plus importante, se trouve aujourd’hui dépassée par la région Poitou-Charentes. Globalement, en Aquitaine, la progression est en moyenne de 5% par an depuis 6 ans, (un peu au dessous de la moyenne nationale de 6 %). En 6 ans, de 1997 à 2003, l’évolution de la prévalence de l’obésité est de 28 % en Aquitaine (elle est de 70 % en région parisienne).

■ ■ ■ H20 / 2005

E

n 2004, quatre départements aquitains ont signé avec France Télécom une convention « Département innovant » pour les trois prochaines années. Le but est d’ouvrir tous les centraux téléphoniques à l’ADSL d’ici fin 2006. Les zones à traiter en priorité ont été identifiées et une attention particulière sera donnée aux zones rurales, qui, pour les plus retirées seraient couvertes par une technologie radio Wi-Fi Wimax. Les conseils généraux s’engagent à promouvoir


l’usage du haut-débit pour l’éducation, la santé, les services publics, l’information aux citoyens… Cette convention a déjà permis l’accélération de la mise en œuvre du plan « Internet haut-débit pour tous » avec quelques ouvertures anticipées d’installations initialement prévues pour fin 2005. Les Landes, le premier département qui a signé, en février, bénéficie depuis fin 2004 d’une couverture de 90 % de la population, avec un objectif de 98 % fin 2005. Toujours fin 2004, le réseau de la Gironde, qui a signé en octobre 2004, couvrait 94 % de la population, avec un objectif de 98 % fin 2005. La Dordogne, qui a signé en juin, et le Lot-et-Garonne, qui a signé en septembre, sont un peu en retard, avec respectivement 65 % et 78 % de la population couverte fin 2004, avec des objectifs de 85 % et 90 % pour la fin 2005. Quant aux Pyrénées-Atlantiques, qui n’ont pas signé cette convention, 93 % de leur population était couverte fin 2004, avec un objectif de 97 % fin 2005. www.francetelecom.com

Pilote pour la production industrielle de nanotubes

L

es nanotubes de carbones ont un avenir prometteur. A la fois souple, solide et léger (100 fois plus solide et six fois plus léger que l’acier), ce nouveau matériau de structure très simple et stable a des propriétés mécaniques, thermiques et électriques surprenantes. De nombreuses applications industrielles, de l’informatique à la médecine, pourraient donc être envisagées si les coûts de production devenaient raisonnables. Ces derniers étaient en effet estimés jusqu’à récemment à 100 000 € par kilo. Depuis peu l’Aquitaine participe à ce défi industriel grâce

Credit photo : BeTomorrow

CHRONIQUE

BeTomorrow à la pointe de l’innovation

B

eTomorrow, créée à Pessac (33) en février 2002, est l’un des spécialistes des divertissements en ligne pour mobiles. Cette entreprise développe des jeux multi-joueurs sur téléphones portables et retransmet des événements sportifs en direct. Son haut degré d’expertise technique fait de cette jeune société un partenaire reconnu des constructeurs, des opérateurs, et des fournisseurs de contenus mobiles. En février 2004, BeTomorrow et Alcatel, qui collaborent depuis 2002, ont annoncé la disponibilité du premier jeu mobile permettant à plusieurs dizaines de personnes de jouer simultanément. Xploded est un jeu d’action, dans lequel chaque joueur peut entrer à

à l’implantation d’un pilote sur le site de Lacq (64). Arkema, la toute nouvelle filiale chimique de TOTAL, y produit depuis quelques mois des nanotubes et les commercialise à 3000 € le kilo. La production qui jusque là était de l’ordre du kilo par jour, va pouvoir atteindre deux à trois tonnes par an avec l’objectif vers 2010 d’une production de plusieurs centaines de tonnes à l’année vendues moins de 50 € le kilo. Le procédé, qui utilise les compétences du groupe

tout moment et diriger un personnage dans un univers de dessin animé non violent. Tout comme les autres services mobiles présentés conjointement par Alcatel et BeTomorrow, Xploded est basé sur la technologie Java, standard le plus diffusé en matière de développement de jeux sur mobiles. Xploded, disponible dans deux versions, GPRS et UMTS (standards actuel et futur en matière de téléphonie), est donc susceptible de toucher la très grande majorité du public. Grâce à un contrat récemment signé avec SFR, il sera très prochainement possible pour le grand public de jouer en réseau sur téléphone avec une centaine d’autres personnes. BeTomorrow a également signé des contrats avec des opérateurs en Malaisie et en Russie pour des plates-formes de jeux sur téléphones. www.betomorrow.com

en chimie et pétrochimie, est nouveau pour la production de nanotubes. Un courant gazeux fluidise une poudre et la maintient en suspension. Le carbone du gaz, de l’éthylène, « nourrit » la croissance des nanotubes sur la poudre. L’ensemble du procédé a lieu à 700-900 ° C. Les nanotubes produits intéressent entre autres les chercheurs de l’équipe de Philippe Poulin au Centre de Recherche Paul Pascal (CNRS) de Pessac (33) qui les utilisent pour 2005 / H20

la fabrication de fils. Ces derniers pourraient trouver de nombreuses applications, par exemple dans des textiles hautes-performances (gilets pare-balle), des actionneurs pour la micro-robotique ou des microcapteurs biologiques. Arkema envisage de les utiliser dans le développement de matériaux composites, du bâtiment, de l’automobile, de l’aérospatiale ou pour les articles de sport. www.atofina.com

■■■

17


VISITES

onstruire C le plus grand laser du monde

Crédit photo : Vertigo

4 l NATHALIE MAYER

Il y a une dizaine d’années, la France choisissait le site aquitain du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) pour y installer le Laser Mégajoule (LMJ).

Près de 50

entreprises

ont travaillé

sur ce projet gigantesque

en 2004, soit 675 000 heures

de travail

et 45 000 m3

de béton.

’est sur Le Barp, en bordure de la zone classée secret défense du Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine (CESTA) du CEA qu’a débuté, en mai 2003, la construction du titanesque LMJ. Fin 2009 s’élèvera ici un bâtiment d’une surface au sol de 4 hectares. De quoi doubler la surface en laboratoires du CESTA. Autant dire, que nous avons à faire au plus grand chantier du pays. « Et peut-être même d’Europe », renchérit Marc de Gasquet, responsable adjoint de la direction de chantier LMJ. Au plus fort des travaux, près d’un millier de personnes sera mobilisé ici. Et, malgré ce

C

18

■ ■ ■ H20 / 2005

gigantisme propice aux incidents en tous genres, l’un des principaux objectifs du CEA, outre le respect scrupuleux du calendrier, est de faire du LMJ un chantier modèle. « Ici, la sécurité est presque une religion » explique Hervé Floch, adjoint en communication & affaires publiques. L’objectif est celui du « zéro accident ». Un règlement de chantier très strict, des protocoles de sécurité extrêmement précis, un coordinateur et des animateurs de sécurité et de protection de la santé. Voilà comment le chantier a pu jusqu’alors enregistrer une fréquence d’accident cinq fois moins importante et une gravité vingt


Un bâtiment pour le laser Première découverte, celle de la structure de la dalle, spécialement étudiée pour assurer une stabilité quasi parfaite au futur laser. « Pour les entrepreneurs, le défi a été d’imaginer un bâtiment à construire autour du laser, tout l’inverse de ce qui se fait habituellement », remarque Marc de Gasquet. Et, là où l’on

Un calendrier rigoureux à respecter pour aboutir fin 2009 au plus grand laser du monde.

demande généralement une stabilité de l’ordre du centimètre, les dalles de 125 mètres de long sur 30 mètres de large ne devront pas bouger de plus de 3 microns (soit 0,0003 centimètre) pendant les expériences. On comprend mieux dès lors le soin apporté à l’isolation du hall d’expérimentation. A l’une des extrémités du futur bâtiment, la salle d’expérimentation est sans doute actuellement l’endroit le plus impressionnant du chantier. Elle concentrera la moitié du béton nécessaire à l’ensemble, soit 70 000 m3. Dans ce qui est pour l’heure un énorme trou béant, d’innombrables barres d’acier coulées dans le béton pour le renforcer. 130 kilogrammes de ferraille pour chaque mètre cube. Cette pièce dans laquelle on p o u r ra i t loger l ’A r c de triomphe accueillera à terme une sphère d’aluminium de 10,5 mètres de diamètre, la chambre d’expérimentation. C’est dans cette boule que sera logée la cible du LMJ, une bille de 2 millimètres de diamètre. La chambre d’expérimentation est elle-même assemblée à proximité, dans un hangar spécialement bâti pour elle. Les différents secteurs sont montés sur un basculeur imaginé pour les maintenir les uns contre les autres et les faire pivoter. Il faudra Crédit photo : Philippe Labeguerie

fois moindre que la moyenne nationale dans le BTP. « Depuis sa création en 1964, le CESTA est un centre sans problème et nous tenons à le rester », précise Hervé Floch. Même la limite entre la zone de logistique et la zone de chantier proprement dite a été matérialisée. Par une barrière symbolique certes mais au-delà de laquelle tous savent qu’il est interdit de se déplacer en habits de ville.

LASERMEGAJOULE

Crédit photo : Philippe Labeguerie

VISITES

2005 / H20

■■■

19

Avec

un règlement de chantier très strict, le CESTA

enregistre

une fréquence d’accidents faible.


VISITES

Un concentré de haute technologie La construction du LMJ aura mobilisé quantité de chercheurs et d’ingénieurs, non seulement pour la réalisation du bâtiment hôte mais aussi pour la conception du système laser en lui-même. La technique de focalisation des faisceaux laser par exemple est une première mondiale. Elle est fondée sur l’utilisation de réseaux de gravures microscopiques et non sur des lentilles. Après avoir parcouru près de 500 mètres, les 240 faisceaux laser du LMJ, devront se concentrer sur une bille de seulement 2 millimètres de diamètre. Le LMJ comptera donc 50 000 m2 de salles blanches, les plus grandes d’Europe, où pureté de l’air, température et hygrométrie seront très précisément contrôlées. La cible, d’une précision de 50 millionièmes de mètres, hébergera de la matière à l’état cryogénique (-235°C). Un projet baptisé « Tera DM », porté par un salarié du CEA et un mathématicien de Bordeaux 1 a été lauréat du concours national 2004 d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes du Ministère de la Recherche. ■

Crédit photo : Philippe Labeguerie

trois mois de soudage à l’aide d’un appareil démesuré pour fermer cette boule. Etape suivante : le perçage des 260 trous qui permettront le passage des faisceaux laser et des appareils de mesure. Enfin, la chambre de 120 tonnes sera placée au centre de la salle d’expérimentation. Pour cela, une grue sera spécialement amenée sur place en pièces détachées par 70 semi-remorques. Très certainement « le moment fort » de cet extraordinaire chantier.

La chambre d’expérimentation,

une sphère de 10,5 m de diamètre.

Une route des lasers en Aquitaine Le LMJ offrira à l’Aquitaine l’occasion de devenir une capitale scientifique et technologique mondiale autour de l’optique, des lasers et de la physique des plasmas. Une « Route des lasers » s’étendra bientôt de Bordeaux au Bassin d’Arcachon regroupant recherche, formation, soutien industriel et infrastructures. Créée en 2004, la Société d’Économie Mixte Locale « Route des lasers » accueillera les entreprises liées aux filières optique, laser et plasma générant une richesse d’activité et favorisant ainsi l’emploi.

Le laser mégajoule, qu’est-ce que c’est ? La première mission du LMJ sera d’assurer la pérennité de la capacité de dissuasion nucléaire de la France après l’arrêt définitif des essais. Le laser sera également réservé aux scientifiques de la communauté internationale.

20

La concentration de 240 faisceaux laser permettra de délivrer, en quelques milliardièmes de seconde et avec une précision de quelques millionièmes de mètres, une énergie de 1,8 million de joules. De quoi reproduire des

■ ■ ■ H20 / 2005

conditions physiques analogues à celles que l’on rencontre dans une arme nucléaire ou au cœur des étoiles (quelques dizaines de millions de degrés et de bars). Dans la cible du LMJ, seulement

quelques dixièmes de milligrammes d’hydrogène. Une quantité suffisante à l’étude de ces phénomènes extrêmes mais aussi au classement des lieux en Installation Nucléaire de Base.


VISITES

’harmonie retrouvée du Parc Bordelais

L

120 ans après sa création par Eugène Bülher, le Parc Bordelais retrouve son identité grâce à un vaste programme de restauration. A l’image du patrimoine bâti, les jardins ont aussi une architecture propre à entretenir. Visite avec la responsable du projet, la paysagiste Françoise Phiquepal. e Parc Bordelais avec ses arbres centenaires, ses belles pelouses et son plan d’eau, offre le plus grand poumon de verdure de la ville. Seulement voilà, 120 ans après sa conception, les générations successives de jardiniers, les aléas de la nature et les habitudes des promeneurs ont modifié le parc, au point de lui faire perdre l’identité que lui avait donnée son concepteur Eugène Bülher. La tempête de 1999, avec près d’un millier d’arbres arrachés, a été l’occasion de lancer un vaste plan de restauration. Un jardin paysager, tel un bâtiment historique, possède une géométrie et une architecture végétale qui le caractérisent de manière unique. La municipalité de Bordeaux a donc décidé de lui redonner son allure d’antan et a confié en 2000 cette restauration à la paysagiste Françoise Phiquepal, spécialiste des jardins conçus par les frères Bülher.

4 l STÉPHANIE PICHON

Un jardin presque à l’identique

Le plan aquarellé d’Eugène Bülher, retrouvé aux archives municipales de Bordeaux et le recensement précis des espèces végétales répertoriées à cette époque, ont permis à Françoise Phiquepal de refaçonner le Parc en douceur. Ce qui caractérisait la patte des frères Bülher (voir encadré), « un style épuré où les végétaux, en particulier les grands conifères, marquent l’espace », ne se retrouvait

Photo : Frédéric Desmesure / CAP SCIENCES

L

Installée

plus dans le tracé du parc actuel. De la même manière, la « bulle verte », sorte de ceinture végétale apparaissant très clairement sur le plan de Bülher et qui servait à isoler le parc de la ville, avait quelque peu disparu, laissant le bruit s’immiscer et les immeubles apparaître aux promeneurs. C’est donc pour retrouver ces lignes fortes que le chantier a été lancé dès le début de l’année 2004. Lors des deux premières tranches des travaux de réhabilitation qui en comptera quatre, près de 1 600 arbustes et 500 arbres ont été replantés, en conformité avec les notes de Bülher. Les allées, véritables colonnes vertébrales 2005 / H20

■■■

21

depuis 10 ans

sur Bordeaux, la paysagiste Françoise

Phiquepal crée et aménage des jardins

dans toute la France.

Actuellement

chargée de la

restauration du Parc Bordelais, elle mène le

même type de travaux sur le

parc de la Tête d’Or à Lyon.


VISITES

elais/ parc bord Plan du

ordeaux Ville de B

du jardin, ont été également retracées telles qu’en 1884. Parmi les changements les plus significatifs, l’entrée principale du parc, ses parterres fleuris et ses bosquets d’arbustes ont été totalement modifiés. Aujourd’hui, près de 360 m2 de fleurs aux couleurs chatoyantes s’offrent à nouveau aux premiers regards des visiteurs.

Conception

paysagère initiale

du projet d’Eugène Bühler

Des espèces exotiques Le 19e siècle marque le début de l’attrait pour les contrées lointaines. De nombreux arbres exotiques caractérisent cette tendance au Parc Bordelais. Ainsi les cyprès chauves au bord de la pièce d’eau, les séquoias ou les magnolias sont des espèces importées d’Amérique du Nord ou d’Asie. Eugène Bülher n’était pas friand des arbustes fleuris. Il préférait jouer sur les contrastes entre les feuilles des arbres pour créer une mise en

Eugène Bülher (1822-1907) n’est pas venu par hasard à l’art de créer des jardins. D’une famille de pépiniériste, il a appris son métier aux côtés de son frère aîné Denis. Tous deux deviendront de grands concepteurs paysagers, dans la deuxième moitié du 19e siècle, à l’époque où la mode des jardins d’agrément bat son plein avec l’apparition du Bois de Boulogne ou du parc des Buttes Chaumont. Leur passé de pépiniériste leur vaut de posséder une connaissance parfaite des plantes et des végétaux qu’ils agencent dans leurs parcs. Eugène Bülher a travaillé longtemps dans l’ombre de son frère Denis, de 11 ans son aîné. A tel point que pour beaucoup de jardins paysagers de la seconde moitié du 19e siècle, il est impossible de distinguer leurs conceptions. Parmi leurs grandes réalisations on citera l’immense parc de la Tête d’Or, à Lyon, actuellement en cours de réhabilitation sous la direction de Françoise Phiquepal.

Eugène Bülher, le concepteur

22

■ ■ ■ H20 / 2005

scène. Il utilise donc les caractéristiques de chaque espèce pour rendre une atmosphère différente. Aujourd’hui encore on peut observer dans le Parc les pins plantés de manière très serrée afin que filtre la lumière du soir à travers les troncs rectilignes ou les épicéas, garnis de feuilles dès leur base, qui au contraire ferment l’espace, offrant un jeu de lumière différent.

S’adapter aux nouvelles exigences

Le plan de rénovation, s’il s’appuie sur l’esprit de Bülher, exige également de s’adapter aux nouvelles contraintes d’un parc du début du 21e siècle. Dans cet espace avant tout lié à la détente, les joggeurs ont remplacé les carrioles tirées par les chevaux. « Le piétinement des pelouses a tassé les sols. Sans aération, les racines souterraines pourrissent », constate Françoise Phiquepal. La paysagiste a donc décidé de créer une allée spéciale pour les joggeurs, en mulsh, un revêtement très souple à base de branches broyées. Un aménagement qui évidemment ne figurait pas sur les plans initiaux. De même le kiosque à musique qui se trouvait à l’origine au centre de la forêt en étoile, a aujourd’hui été remplacé par une scène de bois exotique, ouverte à tous. Si la fin des travaux est prévue pour 2006, il faudra encore attendre des années, pour que le parc retrouve toute son allure d’antan. La nature prendra son temps pour remodeler définitivement le Parc Bordelais. ■

Le parc Bordelais en quelques chiffres 33

hectares, c’est la surface actuelle du parc. Depuis le plan de Bülher, il n’a été amputé que d’une petite partie, sur la rue Bocage, transformée aujourd’hui en îlots d’immeubles.

200

ans. L’âge des plus vieux arbres du jardin, dans la forêt dite de la Garenne. Ces chênes appartenaient à une propriété bien avant les plans de Bülher.

13

jardiniers municipaux travaillent chaque jour à l’entretien du parc, des plantations à l’arrosage.

1,220

millions d’euros, c’est le budget du plan de rénovation du parc.


VISITES

Port-Médoc une ouverture sur l’Atlantique

Photo : Michel Le Collen

l4 PHILIPPE-HENRI MARTIN

formes simples, humbles même, et l’emploi l’extrême pointe du Médoc, un bout du du bois comme élément essentiel. La végétation Abrité par monde, à l’endroit où les eaux de l’estuail’estuaire va être replantée tout autour du port et, si re vont toucher l’Atlantique, le banc de la de la Gironde, l’on sait qu’il faudra un peu de temps, on peut Mauvaise et Cordouan, paressaient l’anse de le premier espérer un cadre remarquable pour les marins la Chambrette et sa plage de sable, plus tout port vert de passage. Dans le même esprit, la conception à fait fluviale, déjà maritime. En 2002 sont de l’Atlantique de ce port de plaisance, le seul construit en est accessible arrivés les engins de Guintoli Marine. Ils ont 24 heures France depuis 20 ans, répond à toutes les commencé par renforcer et surélever la digue sur 24. normes, désormais fort contraignantes, en existante qui défendait l’anse. Des milliers de matière de protection de l’environnement. rochers ont formé une épaisse muraille. Les Port-Médoc est équipé d’un système « sous pelles mécaniques et les bulldozers ont alors vide » permettant l’aspiration des eaux creusé, à marée basse, ce qui allait devenir usées des plaisanciers. Les eaux pluviales, Port-Médoc. Lorsque la laisse des mortes-eaux a été Depuis juillet 2004, le nouveau port de plaisance atteinte, une drague a pris le relais pour gagner encore en offre une capacité d’accueil de près de 800 anneaux profondeur. La modification comme celles qui servent au carénage du site naturel a donc été la et à l’entretien des bateaux, sont plus légère possible. L’architecture choisie recueillies, traitées sur place et réutilisées. Si pour les bâtiments commerciaux (accastillage, Guintoli Marine en fait un argument de chantier naval, vêtements de mer, épicerie, promotion de son port, la vraie raison d’être restauration, location de vélos et de voitures, de ces dispositifs est la législation, que tous etc) rappelle l’Europe du Nord avec des

A

2005 / H20

■■■

23


VISITES

Côté fleuve,

il est possible

de naviguer sur l’estuaire

et de remonter la Gironde.

les ports de plaisance devront bientôt respecter. C’est en partie pour cela que le parcours administratif a duré près de 10 ans avant de voir démarrer les premiers travaux de terrassement. Le sénateur Xavier Pintat, président de la communauté de communes de la pointe du Médoc, et Alain Martinet, maire du Verdon, qui ont porté le projet, sont aujourd’hui heureux du résultat. Ils insistent sur le potentiel d’attraction du port auprès des plaisanciers, bien sûr, mais aussi des simples promeneurs, en particulier bordelais. Un projet immobilier va d’ailleurs voir le jour à proximité du nouveau port : trois cents logements qui seront construits d’ici trois ans dans le même esprit de préservation de l’environnement. C’est donc finalement de la mer qu’est venu le désenclavement de la Pointe. Près de la moitié des 800 places de port, appelées « anneaux », sont déjà vendues et Jean-Bernard Delpy, capitaine du port, attend des centaines de bateaux de passage au cours de la saison estivale.

Une escale très attendue C’est que la quasi-totalité des concurrents de Port-Médoc, de La Rochelle à Arcachon en passant par Royan, sont saturés. L’escale se présente donc comme idéale, non seulement pour les marins descendant l’estuaire, mais aussi pour ceux qui parcourent le golfe de

24

■ ■ ■ H20 / 2005

Gascogne. Ancien officier de marine, JeanBernard Delpy compare son nouveau métier à celui d’un hôtelier : « comme un hôtel, nous hébergeons des voyageurs pour des durées variables et nous devons leur offrir en plus différents services : des sanitaires, du ravitaillement en vivres et en gazole, les prévisions météo, et le meilleur accueil possible pour qu’ils aient envie de revenir ». Trois employés l’assistent pour faire tourner le port, l’équipe devant monter à huit personnes en haute saison. Autres habitués du lieu : Gabriel Meney, de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, et ses sept équipiers, bénévoles comme lui. Il viennent d’amarrer à Port-Médoc leur canot de sauvetage de 17 mètres, financé en grande partie par l’industriel Serge Dassault. Les pontons de Port-Bloc, tout proches, où était basé le canot de la SNSM, sont aujourd’hui affectés en priorité aux pêcheurs et aux services publics. C’est ainsi que s’anime l’eau bleue de Port-Médoc. Au seuil du port, la ligne nette se forme au contact de l’eau marron du fleuve. Celle qui continue de baigner, derrière la digue sud, ce qu’il reste de la plage de la Chambrette, blanche, calme et sauvage. ■


VISITES

Crédit photo :Frédéric Desmesure / CAP SCIENCES

Des pommes goûteuses et croquantes, des fraises rouges et sucrées toute l’année, un choix le plus large possible quelle que soit la saison, tel est le souhait du consommateur. Près de Bergerac, le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) a pour mission d’y répondre.

Uoùn centre le fruit est roi

4 l CHRISTINE ABDELKRIM-DELANNE parer toute contamination dans les chambres froides de conservation, un test de l’air permettant de vérifier ou d’évaluer la présence de spores de champignon peut être réalisé chez le producteur ou le distributeur par les techniciens du Centre qui contrôleront ensuite, si besoin est, la décontamination. « Les plantes sont comme les humains », dit Jean-Marc Jourdain, responsable du Centre de Lanxade, « elles peuvent être atteintes par des virus » que l’on ne peut soigner par des « médicaments ». Les plants qui vont servir à la multiplication des arbres ou légumes doivent donc être parfaitement sains. Dans le « laboratoire des maladies à virus », on travaille avec des techniques enzymatiques ou bio-moléculaires ou encore avec des indicateurs biologiques. « C’est une activité majeure du Centre, explique Jean-Marc Jourdain, elle permet de délivrer une certification aux arbres plantés par les professionnels» . Autre laboratoire, autre recherche, la « biologie moléculaire » qui permet par exemple de distinguer l’ADN des 2005 / H20

■■■

25

Des tests

ADN pour une meilleure qualité

Crédit photo :Frédéric Desmesure

vant que le fruit idéal n’arrive dans le panier de la ménagère, il lui faut parcourir un long chemin dans l’enceinte du Centre de Lanxade, unité du CTIFL. Situé au cœur du bassin de production du SudOuest, à Prigonrieux près de Bergerac dans une vaste propriété de 70 hectares, le Centre, créé en 1958, possède 2 000 m2 de bâtiments modernes et 2 000 m2 de serres, entourés de vergers et de potagers (principalement pommes, poires, châtaignes, noix, noisettes, fraises, oignons, carottes…) qui fournissent aux personnels (40 ingénieurs, 30 techniciens) le « matériel végétal » nécessaire aux recherches. Car ici, c’est bien de « Recherche » qu’il s’agit, au service des producteurs et des distributeurs de France et d’ailleurs. Pour cela, plusieurs laboratoires, et à chacun sa spécialité ! Un agriculteur veut-il fertiliser ses fraisiers ? Dans le « laboratoire de nutrition des plantes », l’analyse d’une goutte de jus de pétiole de feuille indiquera, par exemple, s’il y a excès ou insuffisance d’azote. La fertilisation pourra alors être adaptée par l’agriculteur. Une plante est-elle atteinte d’une maladie ou d’un ravageur ? Des échantillons expédiés au laboratoire « des maladies et ravageurs de plantes » y sont observés au microscope et identifiés. Le Monilia fructigena qui transforme la pomme en une boule putride n’a qu’à bien se tenir ! Et pour

A


Crédit photo :Frédéric Desmesure / CAP SCIENCES

VISITES

Jean-Marc Jourdain,

responsable du CITFL. 2 000 m2

de serres pour

améliorer

la qualité de

ses produits.

arbres, ou de créer une base de données des variétés fruitières. Il devient ainsi possible de repérer dans les plantes les gènes déterminants du point de vue du calibre, de la qualité, sans attendre parfois dix ans pour observer les fruits lorsqu’il s’agit d’un noyer cultivé au champ. Et pour ceux qui s’inquiéteraient, ici pas d’OGM. « Dans la filière fruits et légumes française, les producteurs et les distributeurs ont une position très nette de refus des OGM », explique Jean-Marc Jourdain.

Garantir la qualité des produits

Avant d’arriver sur le marché, il faut s’assurer que le produit, une nouvelle variété de pomme par exemple, résistera aux conditions de transport et plaira au consommateur. Dans le « laboratoire qualité commerciale » de drôles d’instruments vont le tester sur toutes les coutures. Par exemple, une boule d’aluminium bourrée d’électronique, évalue les chocs potentiellement dommageables. Enfin, parce que le « goût »

26

■ ■ ■ H20 / 2005

est la première qualité d’un bon produit, le fruit doit franchir l’étape de l’« analyse sensorielle ». Dans une salle spécialement aménagée, des « stalles de dégustation », avec tablette, chaise et éclairage spécial pour gommer les différences de coloration (la perception visuelle du fruit ne doit pas influencer), accueille deux à trois fois par semaine douze jurys spécialisés. Sucré, acide, croquant, juteux, odeur de sous-bois, les critères sont nombreux. Mais ici, on ne dit pas « c’est bon » ou « c’est mauvais ». Cet aspect de l’analyse est confié à l’extérieur, à des consommateurs dits « naïfs », le public des restaurants des grandes entreprises bordelaises, « avec, explique Jean-Marc Jourdain, l’objectif d’établir un indice qualité par un rapport mathématique entre ce qu’on mesure et ce qui est perçu par les consommateurs, pour généraliser ensuite l’indice à l’ensemble de la filière. » Cette année, une variété de poire créée par l’Inra à Angers et testée au Centre de Lanxade, viendra ajouter une touche de plus à la large palette déjà proposée aux amoureux de bons fruits, on l’appelle Angélys®. ■


Crédit photos : Frédéric Desmesure / CAP SCIENCES

VISITES

Déterminer

une nécessité

de la qualité,

le consommateur.

les gènes

de la résistance

pour satisfaire

aux virus :

Des fraises plus

goûteuses et

une cueillette

plus pratique !

Le Centre de Lanxade, c’est aussi 2 000 m2 de serres dont celle de production hors sol. Bien sûr, c’est moins poétique que les fraisiers du potager ! Mais sa visite brise quelques préjugés… Un sol protégé par une épaisse toile blanche, de

Crédit photo : Frédéric Desmesure/CAP SCIENCES

Des tuyaux et des fraises

longues rangées à 1, 60 m du sol, sur lesquelles reposent des sachets blancs remplis de vermiculite ou argile expansée qui servent de « support » aux racines des plants de fraisiers. Et des tuyaux ! Sortis d’un hangar mitoyen où est

préparé l’engrais liquide à base d’azote, de potasse, de phosphore, et autres éléments que la plante trouve normalement dans le sol, ils nourrissent directement les racines. Parmi les feuilles, de grosses fraises bien rouges. Les avantages de la culture hors sol ? « Nombreux, répond Jean-Marc Jourdain. Hors sol, les racines sont à l’abri des maladies. Les sacs plastiques sont remplis de vermiculite ? Ils sont changés une fois par an et recyclés. La qualité ? Des ordinateurs sont là pour la contrôler. Plus de problèmes de dos car on ne récolte plus au raz du sol mais à hauteur d’homme. Plus de pollution ou d’agression de l’environnement ». Alors ? Il faudra s’y faire….

2005 / H20

■■■

27


VISITES Outre le vol spatial, l’un des principaux moyens d’accéder à l’apesanteur est l’utilisation d’un avion équipé pour les vols paraboliques. Il n’existe aujourd’hui que trois appareils de ce genre dont l’un, l’Airbus A300 ZERO-G, est la propriété de Novespace. En service depuis 1997, il a déjà emmené à son bord une multitude d’expériences scientifiques.

Laenchirurgie apesanteur 4 l NATHALIE MAYER

28

■ ■ ■ H20 / 2005


VISITES Lundi, 15 h. Derrière l’aéroport de Mérignac,

tout au bout d’une allée, se dressent des bâtiments en préfabriqué. Ce sont les locaux de Novespace, filiale du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), propriétaire et opérateur de l’Airbus A 300 ZERO-G. A l’intérieur, il règne ces jours ci un étonnant capharnaüm. La 44e campagne de vol parabolique entre dans sa phase critique. Demain, tout ces scientifiques embarqueront pour une expérience qui promet d’être inoubliable. En attendant, l’avion estampillé Novespace est garé sur un bout de piste non loin de là. Comme de petites fourmis, les expérimentateurs montent et descendent la rampe d’accès, entre l’appareil et les locaux de NOVESPACE sous l’œil attentif du superviseur de l’European Space Agency (ESA), commanditaire de la campagne. Dans la matinée, l’A 300 ZERO-G effectuera 31 paraboles, soit trente et une fois vingt deux secondes d’apesanteur pour les passagers. Ceux qui s’apprêtent à

Mardi, 9 h30. L’A300 ZERO-G quitte la piste direction l’Atlantique avec 40 personnes et 13 expériences à son bord. Parmi eux, un homme politique invité par l’ESA à participer à la campagne. Il sera le porte-parole du bien fondé de ce type d’actions auprès des décideurs européens. Des décideurs et des payeurs. Car une telle campagne coûte la bagatelle de quelques centaines de milliers d’euros. Alors, le temps est précieux et on se met au travail.

Ce n’est pas toujours simple en apesanteur entre nausées, pannes techniques ou autres surprises. Parfois, on voit même de petits OVNI (objets volants non identifiés), pièces détachées abandonnées près de leurs machines par des expérimentateurs peu méticuleux. Dans ces situations extrêmes, la moindre poussière métallique peut devenir dangereuse.

Mardi, 12 h 37.

C’est le retour sur la terre ferme. L’accueil est triomphal. Ceux qui sont restés à terre aujourd’hui se précipitent pour questionner ceux qui ont participé à l’aventure. Ils les interrogent sur les sensations qu’ils ont vécues en apesanteur mais aussi sur le déroulement des expériences. Ils sont scientifiques avant tout.

Mardi, 14 h.

L’heure du debriefing. Aujourd’hui, pas de catastrophe à déplorer. Et même quelques observations inattendues, prémices peut-être de découvertes majeures. Quelques minutes donc pour s’enquérir du travail 2005 / H20

■■■

29

Illustration A 300 Zero-G/Crédit Novespace-Cnes

embarquer sont presque tous des novices. Alors, pour éviter au maximum les déconvenues, un médecin leur a donné quelques recommandations : être bien reposé, ne pas avoir le ventre trop lourd, éviter d’être trop chaudement habillé, ne pas bouger la tête pendant les phases d’hypergravité, etc. Des cachets « anti-mal de l’air » sont même prévus pour ceux qui le désirent. Et puis, en cas de besoin, ils pourront toujours utiliser les sachets en papier mis à leur disposition.


de chacun et c’est reparti pour une après-midi de réglages, de modifications et de réparations. Car, demain sera un autre jour. La météo s’annonce mauvaise et l’A300 devra s’exiler au-dessus de la Méditerranée.

Crédit : Photo Guillaume Legros

Etre en impesanteur, c’est annuler la pesanteur terrestre (g)

Quand les scientifiques jouent avec le feu L’A 300

Zéro –G

est le plus souvent

utilisé pour

des expériences scientifiques

La 44e campagne de vol parabolique de l’Airbus A300 ZERO-G est l’occasion pour l’équipe de Pierre Joulain du Laboratoire de Combustion et Détonique de Poitiers d’étudier une nouvelle fois le comportement des feux en apesanteur. Des expériences qui permettront d’améliorer la lutte contre les incendies spatiaux mais aussi de mieux comprendre le phénomène d’extinction au sein des grands feux terrestres. ■

Crédit : Photo Guillaume Legros

VISITES

Un avion presque comme les autres L’A300 ZERO-G de Novespace est un avion presque comme les autres. Pour être qualifié pour les vols paraboliques, il n’a eu besoin que de quelques aménagements mineurs. Certains circuits ont dû être légèrement modifiés pour éviter les problèmes qui se seraient posés, concernant les circulations de liquides notamment, lors des périodes d’apesanteur. Quelques appareils de contrôle ont été ajoutés dans le poste de pilotage. Et, la cabine a, bien sûr, été réorganisée pour accueillir les expériences scientifiques : moins de sièges, plus d’espace libre et des parois matelassées. A l’origine, on utilisait ce type d’appareil pour entraîner les astronautes. Aujourd’hui, l’A 300 ZERO-G sert essentiellement à des expérimentations scientifiques (tests de technologies en apesanteur, recherches sur les phénomènes physiques et physiologiques, amélioration de la sécurité et de l’ergonomie des vols spatiaux habités) commanditées par les agences spatiales française (CNES), européenne (ESA), allemande (DLR) ou japonaise (NASDA).

Recréer l’impesanteur Sur Terre, on peut mettre un objet en impesanteur en le plaçant en situation de chute libre. Première solution : laisser tomber une capsule renfermant l’expérience dans un profond « puits à chute libre ». Mais, les inconvénients sont nombreux (faible durée de l’impesanteur, nécessité d’employer des

30

matériaux résistants au choc de l’atterrissage, etc.). Autre possibilité : utiliser un avion placé dans des conditions bien particulières. Les pilotes doivent en effet donner à l’appareil une vitesse et un angle d’attaque précis. Si ces conditions sont réunies, les différentes forces agissant en temps

■ ■ ■ H20 / 2005

normal sur l’appareil se compensent et celui-ci décrit une trajectoire parabolique synonyme de chute libre. Les expérimentateurs ne perçoivent plus l’attraction de la Terre et ne pèsent plus rien. Le poids d’un corps étant directement proportionnel à la pesanteur terrestre (g) et à sa masse, le mettre

en impesanteur revient à chercher à annuler g, d’où le terme d’A 300 ZERO-G. Encadrant la phase d ’ i m p e s a n t e u r, d e u x phases dites d’hypergravité. Pendant deux fois vingt secondes, les passagers ont l’impression de peser deux fois plus lourd qu’au sol.


VISITES

es étangs L à monstres

de Jean Rostand

Crédit photo : Régine Rosenthal

4 l CHRISTINE ABDELKRIM- DELANNE

n 1961, alors que Jean Rostand et son collaborateur Pierre Darré avaient déjà commencé leurs recherches sur l’anomalie P des grenouilles - une déformation des pattes, la lettre P soulignant le polymorphisme - les deux scientifiques ont décidé de sortir leur laboratoire des murs pour aller étudier le phénomène in situ, en milieu naturel. Un petit chemin blanc au cœur de la forêt landaise et, au bout, une maison blanche surplombant des étangs. C’est à Pouydesseaux, bourgade landaise proche de Roquefort, qu’est né le Centre Jean Rostand, loin des laboratoires et des institutions

E

scientifiques que le chercheur solitaire a fui toute sa vie. En 1969, alors qu’avec son complice Pierre Darré, ils avaient mis en évidence l’anomalie P dont 90 % des grenouilles étudiées étaient porteuses, et que tous deux étaient sur la piste hypothétique d’un virus dont le vecteur serait les tanches et les anguilles, le phénomène s’interrompit brusquement et du coup, les recherches des deux scientifiques. Etrangement, il réapparut plus tard, après la mort de Jean Rostand. Entre-temps, le petit laboratoire est devenu un site aux multiples missions. Outre le laboratoire dans lequel Pierre Darré, « jeune 2005 / H20

■■■

31

« Comme

le souhaitait Jean

Rostand, le centre de Pouydesseaux vient éveiller

à la connaissance de la biologie ».


VISITES chercheur de 72 ans », toujours aussi passionné, poursuit les recherches sur les amphibiens, des activités pédagogiques à l’écologie ont été développées. Le 15 octobre 1972, Jean Rostand écrivait, en effet, à son ami : « Je vous rappelle que ce Centre aura pour but principal de donner aux jeunes le goût des sciences naturelles et d’éveiller en eux la conscience écologique qui fera d’eux des protecteurs éclairés de la nature ».

Découvrir le centre

Mission accomplie, dans et hors les murs. Ouvert au public, scolaire comme adulte, le Centre reçoit du printemps à l’automne, près de 3 000 élèves par an qui profitent de sa salle de documentation, d’exposition et d’information. Une salle de projection avec grand écran peut accueillir 120 visiteurs. Légataire scientifique de Jean Rostand, Pierre Darré continue de faire connaître ses œuvres qu’il conserve précieusement dans la bibliothèque. Enfin, chaque année, un prix Jean Rostand est remis à un établissement scolaire français pour un projet pédagogique. Hors les murs, dans un parc soigneusement entretenu tout au long de l’année, le petit ruisseau originel qui trace son chemin dans les marnes burdigaliennes est à l’origine des trois étangs artificiels au milieu des tourbières et de la forêt, les « étangs à monstres » comme se plaisait à les appeler Jean Rostand. « Ici, nous nous trouvons dans un site classé, conservatoire de flore et de faune », explique Pierre Darré. Treize espèces locales protégées y vivent, dont une plante carnivore très efficace pour la démoustication, et la fougère royale Osmonde ou encore, le crapaud et la grenouille verte, tous deux également champions de la

Crédit photo centre Jean Rostand

Jean Rostand

Né en 1894, rien ne laissait prévoir que l’infatigable « artisan chercheur » consacrerait sa vie à la

32

science. Fils de l’écrivain Edmond Rostand, et de la poétesse Rosemonde Gérard, Jean Rostand s’intéressa, en effet, très tôt aux travaux d’Eugène Bataillon concernant la reproduction sans mâle chez les grenouilles. En 1931, il est l’un des fondateurs de la section biologie au Palais de la Découverte et crée son propre laboratoire de recherches sur les amphibiens. Membre de diverses sociétés scientifiques nationales et internationales,

■ ■ ■ H20 / 2005

démoustication, capables d’avaler 200 à 300 moustiques par nuit... En 1977, avec l’association des chasseurs de Pouydesseaux, les 40 ha du Centre sont déclarés réserve naturelle de chasse et les espèces locales se reproduisent en toute tranquillité. « Il est nécessaire, dit Pierre Darré, de sortir d’une conception figée de l’écologie. Sanctuariser oui, mais intervenir lorsqu’il est nécessaire pour préserver le milieu naturel ». La promenade pédagogique autour des étangs s’étire sur trois kilomètres. Le sentier aménagé et les passerelles en bois permettent de passer d’un plan d’eau à l’autre et les 27 points d’observation ainsi que les panneaux d’identification de la flore guident le visiteur jusqu’à la presqu’île des Aulnes en traversant des zones très spécifiques, humides, semi-humides et sèches. Chaque étang a sa particularité, sa population, sa fonction. ■

Pouydesseaux

Centre pédagogique, mais aussi laboratoire de recherche, le Centre participe, par l’application de recherches en biologie, à la réintroduction de la grenouille verte. Il participe également aux recherches sur l’apnée menées au service de pneumologie de l’Hôpital Pitié-Salpétrière à Paris, en étudiant en laboratoire les facultés respiratoires des têtards. Reposant sur l’association « Les amis de Jean Rostand » crée en 1976, qui en est le support moral, juridique et financier, le Centre Jean Rostand a toujours recherché le maximum d’autonomie financière pour le fonctionnement et son seul partenaire depuis sa création est le Conseil général des Landes.

plusieurs grands prix consacrent ses recherches. En 1946, il est le premier à résoudre le problème de la conservation de la semence à basse température par l’apport de glycérine permettant aux cellules productrices de résister à la congélation, découverte fondamentale portant depuis de nombreuses années le nom « d’effet Rostand ». Jusqu’en 1970, il travaille avec Pierre Darré sur l’agent causal de l’anomalie P (polydactylie) chez le petit batracien.

En marge du Centre, un élevage de sangsues médicinales (Hirudo medicinalis) est également en train d’être développé en partenariat avec l’entreprise Ricarimpex. Cette structure européenne est dirigée par M. Pierre Darré. Le caractère très préservé du milieu biologique du Centre, la qualité des eaux, l’environnement correspondent, en effet, parfaitement aux conditions d’élevage et de reproduction de la sangsue.


A

éroport de Bordeaux

Crédit photo : DGAC – Véronique Paul

4 l Reportage photographique

2005 / H20

■■■

33


Crédit photo : DGAC – Véronique Paul

Crédit photo : DGAC – Véronique Paul

Situé à 12 km du centre ville, à l’ouest de Bordeaux, l’aéroport de Bordeaux couvre une surface totale de 870 ha. Avec 2 pistes d’atterrissage sécantes, 36 postes de stationnement avions toutes capacités et 3 750 places de parking voitures. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux a en charge la gestion de l’exploitation, le développement des lignes et des infrastructures, ainsi que sa promotion. De son côté, l’Etat veille au respect des mesures de sûreté, assure le contrôle de la circulation aérienne et la maintenance des équipements au sol de navigation aérienne..

34

■ ■ ■ H20 / 2005


Crédit photo :DGAC – Véronique Paul Crédit photo : DGAC – Véronique Paul

Crédit photo : DGAC – Véronique Paul

Cinquième aéroport français (hors Paris), pour le volume de son trafic, Mérignac offre 61 destinations dont 33 liaisons régulières et 28 destinations charters. Les destinations les plus fréquentées restent celles de Paris Orly (982 135 passagers) et Paris Charles-de-Gaulle (avec 432 573 passagers) en 2004. La tour de contrôle bénéficie d’équipements de toute dernière génération : écrans plats pour la visualisation radar associant la couleur, système intégré pour la radio et le téléphone. De même la maintenance dispose d’une salle de supervision permettant de suivre le fonctionnement de ces chaînes techniques dont les redondances garantissent un très haut niveau de sécurité.

2005 / H20

■■■

35


Crédit photo : Frédéric desmesure Crédit photo : Frédéric desmesure

Depuis le 11 septembre 2001, les aéroports ont enregistré une chute du trafic passagers. Cependant, en 2004, l’aéroport de Bordeaux a connu une hausse de son trafic passagers de + 3,5 % par rapport à 2003 (soit 2 828 991 passagers). Près de 100 000 passagers supplémentaires ont transité par la plate-forme girondine. L’année a pourtant été marquée par la disparition

36

■ ■ ■ H20 / 2005

d’Air Littoral, le départ des compagnies Basiq Air et Virgin Express, l’arrêt de la desserte londonienne par Air France et la diminution de l’offre sur ClermontFerrand. En 2004, le trafic charter a battu un nouveau record, avec 198 551 passagers et une croissance de + 8,5 %. Les destinations ensoleillées, Agadir, Djerba, l’Egypte, la Turquie ont enregistré les plus belles performances.


Crédit photo : Frédéric Desmesure

Crédit photo : Frédéric desmesure

La zone fret a un accès direct aux pistes. Sur 16 000 m2 de superficie elle comporte un bâtiment d’entreposage de 9 000 m2, 3 000 m2 de bureaux pour les transitaires, les groupeurs et l’administration douanière. Cette zone bénéficie de moyens importants tels qu’une plate-forme dotée d’un système d’identification à distance des véhicules et des personnels permettant une sécurisation optimale de la zone. Un poste d’inspection frontalier pour les produits d’origine animale ou végétale. 4 cellules de chambres froides permettant le stockage de 16 palettes avions à température de +2/+4°. La zone comprend en outre un laboratoire des services vétérinaires et phytosanitaires aménagés aux normes européennes.

2005 / H20

■■■

37


38 36

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : Frédéric Desmesure

Crédit photo : DGAC – Véronique Paul

La nouvelle jetée Porte Ibérique a été inaugurée le jeudi 13 janvier 2005. En service depuis fin novembre 2004, l’objectif majeur de ce nouveau terminal est de faciliter au maximum l’exploitation des compagnies aériennes et d’offrir un service ultra rapide aux passagers. Ce nouveau terminal est un long parallélépipède de 165 m de long par 17,50 m de large, implanté dans le prolongement du Hall A. Au cœur d’une aire de parking de 14 avions en simultané, ce terminal est construit de plain pied, en rez de piste. Conçu pour simplifier l’embarquement et le débarquement, sa priorité est la rapidité et la fluidité de l’accès à bord pour tous les passagers, qu’ils soient en correspondance ou non. Ainsi dans ce terminal, les passagers sont face à leur avion. Quelques pas suffisent pour monter à bord. S’ils sont en correspondance à Bordeaux, ils repartent vers leur destination finale en 20 minutes, et surtout sans changer de terminal. Aucun risque de manquer sa correspondance car tout le trafic Porte Ibérique est traité dans ce même lieu.


Crédit photo :Frédéric Desmesure

MEMOIRE

La Maison

des sciences de l’homme d’Aquitaine

4 l STÉPHANIE PICHON

Il y a 30 ans apparaissait sur le campus de Talence un ovni universitaire, la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, initiative ambitieuse faisant le pari de l’interdisciplinarité. Une naissance issue de la volonté d’une poignée d’universitaires bordelais et parisiens avant-gardistes désireux de décloisonner leurs disciplines.

La MSHA regroupe des équipes de recherche d’horizons différents des sciences humaines et sociales.

I

l est un coin du campus universitaire, face à Bordeaux 3 sur l’esplanade des Antilles, où les « Maisons » s’alignent les unes à côté des autres. Des Sud, des Arts, de l’Archéologie et la plus ancienne d’entre elles, la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine ou MSHA, dont le bâtiment a surgi il y maintenant plus de 30 ans, en février 1974. Regroupant encore aujourd’hui des équipes de recherche venues de tous les horizons des sciences humaines et sociales -- histoire, géographie, littérature, anthropologie, sociologie... -- cette structure universitaire faisait figure de précurseur à une époque où toutes ces disciplines relevaient d’un fonctionnement très rigide et cloisonné. Il a fallu l’énergie et la volonté de certaines personnalités universitaires 2005 / H20

■■■

39


MEMOIRE

Crédit photo : Frédéric Desmesure

avant-gardistes et le contexte des débuts de la décentralisation pour voir émerger à Bordeaux ce projet ambitieux.

25 centres de recherche sont hébergés à la MSHA.

Les créateurs

L’origine du projet prend forme à Paris à la fin des années 50, sous l’impulsion de Fernand Braudel. L’éminent historien, fondateur de la revue des Annales, voyage régulièrement aux Etats-Unis. Il y découvre un mode de fonctionnement interdisciplinaire qui n’existe pas encore en France dans le domaine des Sciences de l’homme. Soutenu par la Fondation Ford, il trouve un écho favorable du ministère de l’Education. Quand vient le moment de financer la construction d’un bâtiment propre à cette Maison des Sciences de l’Homme parisienne, l’Etat français pose une condition, celle de créer le même type d’établissement en province. C’est donc contraint par cette volonté de décentralisation que Fernand Braudel prospecte et fixe très vite son choix sur Bordeaux. D’abord parce qu’en ce début des années 60, le campus de Pessac-Talence est en pleine construction et offre de nombreux terrains disponibles. Le doyen Papy rapporte l’enthousiasme de Braudel à sa première visite sur un campus verdoyant « C’est là qu’il faut bâtir la Maison. C’est décidé » (1). Ensuite parce que Bordeaux a

40 36

■ ■ ■ H20 / 2005

toujours montré une volonté de s’ouvrir sur l’étranger, notamment avec la création en 1948 de la revue géographique « Les Cahiers d’OutreMer ». Mais surtout parce que l’état d’esprit des doyens d’université s’avère largement favorable à cette idée novatrice d’échange entre les différentes disciplines. Louis Papy, doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines prend les devants et écrit à Fernand Braudel pour lui faire part de son enthousiasme. Du côté de la faculté de droit et de sciences économiques, le doyen Lajugie, apporte son soutien scientifique et son influence politique. Cet « accueil favorable parmi les mandarins de l’époque », précise Jean Dumas, directeur de la MSHA de 1987 à 1999, « a fortement joué » dans la réussite du projet. Par leur notoriété, ces universitaires ont permis de donner une légitimité et une reconnaissance au projet naissant. A ces deux personnalités, on peut ajouter les figures de Jean Babin, recteur de l’académie de Bordeaux, Robert Escarpit et ses recherches dans le domaine encore balbutiant des techniques de l’information et de la communication ou Guy Lasserre qui a porté la création du centre de géographie tropicale. Avec un tel accueil, le projet se met rapidement en route. Les bases en sont posées en 1964.

Dix ans de mise en place

Il faudra tout de même dix ans de discussions avant que n’apparaisse le bâtiment de la MSHA sur le campus. Mai 68 et sa réforme de l’université sont passés par là avec leur lot de tensions peu propices à l’émergence du projet. Mais trouver un accord sur le statut juridique de la structure est ce qui a sans doute nécessité le plus de temps. Pour qu’elle ne soit pas une simple émanation de la maison-mère parisienne et pour qu’elle vive indépendamment du circuit universitaire classique, la MSHA fonctionnera finalement sous le statut d’une association, permettant ainsi comme le souligne Jean Dumas « une gestion tout à fait autonome ». En 1967, les premiers postes de permanents sont créés. Le premier directeur, le géographe Jean Borde, est désigné en 1973, suite à une longue implication dans le projet. C’est notamment lui qui a suivi pas à pas la construction du bâtiment conçu par l’architecte Daurel. Une maison aux surfaces généreuses, près de 2000 m2, au large hall d’entrée et aux nombreuses salles de réunion, comme pour mieux marquer sa vocation d’accueil et d’échange entre disciplines.


Crédit photo :Frédéric Desmesure

MEMOIRE

La MSHA regroupe aussi les travaux de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.

Des centres de recherche en évolution

Une des premières missions de la maison est de fournir un ensemble de moyens techniques aux équipes de chercheurs, une bibliothèque

bien sûr mais aussi un centre de calcul en collaboration avec l’Université Bordeaux 1, des salles et des lieux de réunion. Très vite les locaux se remplissent d’équipes de chercheurs de tous horizons, des pôles se construisent autour de la recherche sur la ville qui mêle géographes, historiens ou économistes, mais aussi autour de la sociologie de la santé. Robert Escarpit peut également y développer ses projets sur les sciences de la communication, qui n’ont pas encore la reconnaissance du CNRS. Et si la Maison des sciences de l’homme a rajouté Aquitaine à son nom, c’est qu’elle cultive fortement son ancrage régional. Dès 2005 / H20

■■■

41


Crédit photo :Frédéric Desmesure

MEMOIRE

Les programmes de recherche sont définis tous les 4 ans.

sa création, l’Université de Pau et des pays de l’Adour s’y trouve évidemment invitée. Et des réseaux se créent avec les institutions locales : la première commande concernait la population immigrée sur la Communauté urbaine de Bordeaux. Depuis, plusieurs directeurs se sont succédés à la tête de la MSHA. Pour l’essentiel, géographes ou historiens. Et d’autres « Maisons » sont apparues dans toute la France, constituant un réseau de 18 structures. Si la plupart des équipes de départ ont disparu, à l’exception de l’Ierso (Institut d’économie régionale du Sud-Ouest), d’autres sont apparues avec de

La MSHA, pionnière en sciences de la communication

C’est à la Maison des sciences de l’homme qu’est créé en 1978, le premier laboratoire français des sciences de l’information et de la communication, par le professeur en littérature comparée originaire de Saint-Macaire, Robert Escarpit. Celui-ci avait

nouvelles thématiques, toujours plus élargies. Aujourd’hui près de 25 centres de recherche participent aux travaux transdisciplinaires de la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine. Depuis la direction de Jean Dumas, les Presses de la MSHA, en partenariat avec les éditions l’Harmattan, ont permis d’éditer les travaux des chercheurs. Des pionniers, restent quelques traces au sein même des locaux : une plaque dédiée à Jean Borde, disparu brutalement en 1977 ou une salle de bibliothèque « Jean Babin » du nom du recteur de l’époque. Mais c’est surtout leur esprit qui demeure. Celui des recherches transversales entre les différentes disciplines, illustré encore aujourd’hui par la politique des « 3 I » de l’actuel directeur, l’historien Christophe Bouneau : « l’interdisciplinarité, dans les méthodes, les outils et les domaines de recherche », « l’interinstitutionnel » qui marque toujours l’ancrage local de la Maison et ses relations avec le tissu des collectivités et institutions locales, et bien sûr « l’international » avec une ouverture toujours accrue sur les mondes étrangers et notamment sur les Afriques, le Canada et l’Europe Centrale. ■ (1) Tiré d’un entretien avec Olivier Ihl, le 8 février 1988, publié dans l’ouvrage « La mémoire d’un site de recherche. Eléments d’enquête sur l’histoire de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine », Olivier Ihl, MSHA, 1989.

déjà créé le Comité français des sciences de l’information et de la communication en 1972. A cette époque, rien n’existait en France dans ce domaine alors que c’était un thème exploré depuis bien longtemps par les Américains ou les Allemands. Entouré d’une poignée d’universitaires – on peut citer l’historien de la presse André Jean Tudesq, ou Anne-Marie Laulan, sociologue -cet universitaire atypique, journaliste, écrivain, s’intéressant à l’histoire et la sociologie, posera ainsi les bases dans les années 70

de ce qui allait devenir l’école bordelaise des sciences de l’information et de la communication, qui occupe encore une place de premier plan en France. Aujourd’hui le LASIC d’Escarpit couplé au Centre d’études des médias d’André-Jean Tudesq, est devenu le Cemic (Centre d’études des médias, de l’information et de la communication) dirigé par le professeur André Vitalis. Une équipe qui regroupe 44 enseignants-chercheurs et 91 doctorants.

La MSHA aujourd’hui

25

centres de recherche y sont hébergés. Les programmes de recherche sont définis tous les quatre ans. Cinq grands thèmes transdisciplinaires sont en cours jusqu’en 2006 parmi lesquels :

42

« La gestion sociale des espaces funéraires. » Ce thème explore les rites funéraires des populations anciennes. « Lieu, territoire, mémoire ». Un programme qui associe les notions de lieux de

■ ■ ■ H20 / 2005

mémoire, de minorités, de frontières. Près de 600 chercheurs participent aux activités de ces centres dont 60 % sont originaires d’Aquitaine, 30 à 35 % d’autres régions de France et

5 à 10 % du continent africain. 180 doctorants collaborent chaque année aux travaux de recherche des laboratoires.


Crédit photo :C.Roux – crédit photothèque Communauté de communes de Lacq

MEMOIRE

Bassin de Lacq

La ruée vers le gaz 4 l MARIANNE PEYRI

A l’aube des années 50, à 3 600 mètres de profondeur, un immense gisement de gaz naturel est découvert dans le sous-sol béarnais. Le bassin de Lacq est né. Un bouleversement industriel est créé, propulsant l’Aquitaine au rang de première région productrice de gaz en France.

S

ilhouettes métalliques des derricks, hautes cheminées rouges et blanches, torchères, usines... les paisibles plaines rurales situées à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Pau sont méconnaissables : en un demi-siècle, elles se sont transformées en un site industriel fourmillant d’entreprises dédiées au pétrole, au gaz et à la chimie. A l’origine de cette révolution : la découverte, en 1949, à près de 625 m de profondeur, d’un gisement de pétrole appelé « Lacq supérieur ». La SNPA, Société nationale des pétroles 2005 / H20

■■■

Multiplier

les forages

pour atteindre

une production

de 307 000 tonnes de pétrole par an

dans les années 50.

43


de soufre

liquide à l’usine

de Lacq

En haut à

droite :

30 novembre

1959, nouvelles

habitations

Ci- contre :

Promenade

en Béarn avec

en arrière-plan un forage

Des débuts... éruptifs

La pression est telle qu’il fuse à 25 mètres au-dessus du sol. Face à un tel danger, la population est alertée, les routes sont fermées. Canalisé vers des brûleurs, le gaz se transforme en une énorme torche. On tente tant bien que mal de colmater les fuites en injectant des boues et du ciment dans le puits. C’était la première fois dans le monde qu’on était confronté à un gaz avec une telle teneur en sulfure d’hydrogène, un cocktail chaud et corrosif qui fissurait les tiges d’acier. Les prospections continuent pour évaluer l’ampleur du gisement, qui s’avère rapidement... immense. Il faut cependant attendre 1957 et la découverte par les aciéries de Pompey d’un acier résistant à ce gaz atypique pour que puisse débuter l’exploitation. « A cette époque, les gens ont pris des risques considérables. Je me souviens qu’un directeur de la SNPA m’avait dit dans les années 80 : « Si on avait trouvé ce gisement aujourd’hui, on n’aurait sans doute pas eu l’autorisation de l’exploiter à cause des contraintes environnementales

44

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : C. Roux – photothèque communauté de communes de Lacq

Ci-dessus:

Chargement

d’Aquitaine (1) n’a pourtant guère eu de chance jusqu’alors dans ses explorations. Le pétrole qui jaillit de Lacq supérieur va changer la donne. Multipliant les forages avec succès, la SNPA recueillera jusqu’à 307 000 t de pétrole par an, soit 60 % de la production nationale. Mais l’or noir, dont la production déclinera à partir de 1954, n’est rien en comparaison d’une autre découverte dans les entrailles du sol béarnais. En 1951, d’un puits creusé à 3 600 m de profondeur, jaillit du... gaz, mélange d’un précieux méthane et d’un dangereux sulfure d’hydrogène.

Crédit photo : C. Roux – photothèque communauté de communes de Lacq

Crédit photo : C. Roux – photothèque communauté de communes de Lacq

MEMOIRE

et légales », ajoute Bernard Poquet, ingénieur-chimiste embauché en 1959 au laboratoire de recherches de Lacq.

Arrivée massive d’entreprises

Au début de l’exploitation, en 1957, près d’ un million de m3 de gaz sont traités chaque jour pour donner des gaz purifiés -- du méthane principalement mais aussi de l’éthane, du propane et du butane – et du soufre solide. Alors que la prospection continue, les industries poussent comme des champignons. A Artix, une centrale thermique voit le jour en 1959, suivie en 1960 de l’installation à Noguères de l’usine d’aluminium de Pechiney. Un réseau de gazoducs est construit pour alimenter toute la France en méthane. A Pardies, le


Crédit photo : C. Roux – photothèque communauté de communes de Lacq

Crédit photo : C. Roux – photothèque communauté de communes de Lacq

Crédit photo : C. Roux – photothèque communauté de communes de Lacq

MEMOIRE

gaz est transformé au sein du pôle Aquitaine chimie. Méthano-Lacq produit du méthanol, Azolacq des engrais azotés, Vinylacq, du chlorure de Vinyle. Aquitaine-Plastique à Mont se spécialise dans le polyéthylène et le polystyrène. Les usines de sous-traitance fourmillent. Un réservoir souterrain est aménagé dans les Landes pour stocker 1 milliard de m3 de gaz, la zone portuaire de Bayonne est équipée pour le transport de soufre... « La réussite de Lacq n’a pas été seulement technique, c’est aussi un exploit logistique : amélioration des routes entre Lacq et Pau, création de services de sécurité avec la venue de pompiers de Paris près d’Artix, création d’un service des brûlés à l’Hôpital de Pau, implantation près de Lagor d’un laboratoire départemental de contrôle de la pollution. Sans compter un énorme effort de formation du personnel : physicochimistes au château Maslacq, techniciens du pétrole au collège Saint-Cricq de Pau,

maîtres-sondeurs dans les Landes. L’ENSPM, Formation-industrie et le Collège scientifique universitaire qui deviendra Faculté des Sciences ont ainsi vu le jour à Pau. »

Le 3e pôle chimie de France

En haut

à gauche :

La production de gaz atteint 4 milliards de m 3 par an en 1960 pour culminer à 8 milliards entre 65 et 82, soit 90 % de la production nationale. Le soufre extrait constitue la totalité de la production française. La centrale d’Artix fournit en 1963, 2,8 % de l’électricité en France. Plus de 6 000 salariés travailleront sur Lacq et Pau. Les chercheurs font partie de l’aventure. Au Groupement de Recherche de Lacq, certains étudient comment valoriser les produits issus du gisement. C’est le cas du pôle de thiochimie, spécialisé dans le soufre. D’autres, dans les laboratoires de physico-chimie de Pau, planchent sur la photochimie, d’autres encore sur les nouvelles techniques de forage. En 1970, pour lutter contre une pollution atmosphérique importante par le dioxyde de soufre, les chercheurs mettent au point le procédé Sulfreen (une réaction catalytique à basse température qui porte le rendement de récupération du soufre de 95 % à 99 %). Peu à peu, dans le courant des années 70, le bassin de Lacq se spécialise dans une importante activité chimique. Il est aujourd’hui le 3e pôle chimique en France. Malgré l’implantation d’entreprises leaders dans ce secteur, la reconversion du bassin de Lacq, dont la production de gaz devrait s’arrêter vers 2010, n’est pas sans soulever aujourd’hui de nombreuses inquiétudes. ■ 2005 / H20

■■■

45

Mourenx durant les travaux

Ci-dessus :

Nouvelle ville, nouvelles

habitudes : mai 1961

Ci-contre : Cadre

insolite pour une balade printanière

(1) La SNPA, créée en 1941, devenue Elf en 1976, groupe privatisé en 1994 avant sa fusion avec TotalFina qui deviendra Total.


Un

FOCUS

FOCUS

monde de polymères 4 l NATHALIE MAYER

Photo :© SPMP

Des colles aux voitures, des peintures aux pâtes dentaires, la production mondiale de polymères a explosé ces quarante dernières années. Que ce soit dans la recherche fondamentale ou dans l’industrie, l’Aquitaine est devenue une région d’importance dans ce domaine. Une activité méconnue qui pourtant envahit notre quotidien.

46

■ ■ ■ H20 / 2005


FOCUS

Polyamide, polystyrène, polychlorure de vinyle.

Des matériaux que nous connaissons tous et que les scientifiques désignent sous le terme générique de polymères. Ils sont en effet constitués de grands assemblages de molécules organiques. Aujourd’hui, la production mondiale de polymères est supérieure à celle des métaux. A cela, de nombreuses raisons. Les polymères sont d’abord plus légers et moins onéreux que nombre d’autres matériaux. Mais surtout, leurs propriétés peuvent varier à l’infini suivant les formes prises par les assemblages moléculaires. « Nous sommes un peu comme des enfants qui joueraient à un jeu de Lego », explique Yves Gnanou, directeur du laboratoire de chimie des polymères organiques de Bordeaux (LCPOB).

o :© CAB

De nombreuses applications

Créacol, centre de transfert de technologie basé à Pau, spécialisé dans les méthodes d’assemblage par collage, travaille justement aujourd’hui à la conception d’alternatives aux adhésifs solvantés. « Ce sont les principales innovations récentes concernant les colles », explique Claudette Lacaze, la directrice. Parmi 2005 / H20

■■■

47

Phot

Il est donc important pour eux de connaître les modifications du polymère à partir de sa composition moléculaire. Et vice versa. Enfin, le LPCP étudie les comportements des polymères aux interfaces. Objectifs : déterminer comment ils réagissent au contact de surfaces de différentes natures ou comment surfaces et polymères interagissent. Des travaux qui trouvent une application dans le secteur des adhésifs, un domaine d’importance en Aquitaine, pour l’industrie aéronautique par exemple. Les surfaces colossales des assemblages demandent notamment des procédés de collage mieux maîtrisés et des adhésifs hydrosolubles. Photo :© Atofina

Ici, on construit, brique après brique, les polymères de demain avec le secret espoir d’égaler un jour la précision de la Nature. Là où celle-ci ne dispose que de quelques briques élémentaires, les chimistes ont un plus large choix. Pourtant, ils sont encore loin d’avoir atteint son degré de sélectivité. Pour l’heure, le LCPOB se penche sur la question du lien entre la forme d’un polymère et sa fonction. Par biomimétisme ou pure création de l’esprit, les chercheurs sculptent des macromolécules de formes diverses (sphère, tube, cylindre, etc.) puis déterminent leurs propriétés grâce à des techniques de pointe. Du côté du laboratoire de physico-chimie des polymères (LPCP) de Pau, on s’intéresse plus précisément à la synthèse et à l’étude de polymères dits conjugués. Ils présentent la propriété très particulière d’être conducteurs. Certains sont électroluminescents. D’autres présentent des propriétés photovoltaïques utiles à la réalisation de revêtements capables de transformer l’énergie lumineuse en énergie électrique. Les scientifiques palois travaillent aussi sur les polymères hydrosolubles. Les peintures, par exemple, étaient traditionnellement élaborées à partir de solvants organiques. Mais, ces derniers sont souvent nocifs aussi bien pour l’homme que pour la nature. Les recherches portent donc aujourd’hui sur l’élaboration de polymères solubles dans l’eau et qui sont moins polluants. Autre sujet de recherche à Pau, celui du comportement des polymères fondus. Avant d’obtenir un objet en plastique, les industriels doivent en effet travailler sur le polymère à l’état fondu.

OT

Egaler la nature


FOCUS

Des formes inadaptées aux procédés de pliage de tôles, d’où l’idée de se tourner vers les matières plastiques. Autre exemple : des bouchons de fontaines à eau à l’étanchéité renforcée, aussi bien de l’intérieur vers l’extérieur pour éviter les fuites d’eau que de l’extérieur vers l’intérieur pour protéger le contenu des invasions bactériennes.

■ ■ ■ H20 / 2005

o :© Atofi na

Des polymères pour soigner Phot

elles, les colles thermofusibles. Déposées à chaud sur l’interface, elles durcissent en refroidissant sans qu’il y ait d’évaporation de solvant. Autre exemple de nouvelle technique de collage, les adhésifs photoréticulables qui sèchent en réaction à la lumière. Les colles ne sont bien sûr pas les seules applications des recherches fondamentales menées en région aquitaine. Une collaboration entre le LCPO, le laboratoire de chimie organique et organo-métallique (LCOO) et Satelec, société à Mérignac et spécialisée en matériel de dentisterie, a par exemple permis de développer récemment un polymère présentant la propriété intéressante de changer d’état en réaction à la lumière. Il se solidifie lorsqu’il est éclairé à une certaine longueur d’onde et peut redevenir liquide sous éclairage à une autre longueur d’onde. Une pâte dentaire composée de ce polymère permettra au dentiste de fermer un trou, mais surtout de le rouvrir en cas de besoin par simple action d’un faisceau laser. Fin 2000, le LCPOB a également donné naissance à Polymerexpert, une entreprise qui conçoit des produits dédiés à la santé. Elle élabore par exemple des polymères dits intelligents qui changent de formes ou de couleurs suivant les conditions extérieures. Des propriétés qui permettent notamment de réduire l’invasivité d’une technique chirurgicale. Des polymères compactés peuvent être facilement introduits dans une veine. Une fois en place, ils s’étendent en réaction à la température afin d’élargir le diamètre de la veine. Ces propriétés peuvent également satisfaire à des demandes plus futiles. Des ongles vernis grâce à des polymères intelligents changent de couleur suivant que le soleil brille ou non. Du côté du Pôle Polymères Sud de Pau l’activité d’ingénierie prend aussi de plus en plus d’importance. L’un des derniers projets mené ici est celui d’une entreprise de la Côte Basque. Signature SA souhaitait développer des panneaux indicateurs aux formes nouvelles.

48

urs

emo t de N

pon :© Du

Flamel Technologies, dont le laboratoire girondin est basé à Pessac, est spécialisé dans la conception de technologies de délivrance de médicaments. A son actif, deux technologies brevetées basées sur l’utilisation de polymères. La première, appelée Micropump, sert à la libération contrôlée par voie orale d’antibiotiques, d’antivirus et d’antidiabétiques. La seconde, baptisée Medusa, est destinée à la libération contrôlée de protéines comme celles utilisées dans la lutte contre le cancer (interleuchines, interférons), et de peptides tels l’insuline. Medusa est basée sur des polymères novateurs. Ils permettent de libérer des principes actifs médicamenteux sur une période prolongée et avec une meilleure efficacité.

Photo :© Atofina

Photo

Des polymères conducteurs

Paniplast, société girondine créée en 2002, développe et commercialise des polymères conducteurs, une exclusivité nationale. Car, si les polymères purs sont isolants, une fois « dopés », ils peuvent conduire l’électricité. Une découverte qui a déjà une vingtaine d’années mais dont les applications restaient rares. Les produits de Paniplast


FOCUS

permettent de proposer de nouveaux polymères conducteurs plus stables thermiquement et facilement processables, ouvrant la porte à de multiples applications industrielles. Ils peuvent par exemple servir à la protection contre la pollution électromagnétique et aux décharges électrostatiques qui endommagent les composants électroniques.

Ces polymères qui font sensation Photo :© Atofina

Les polymères en Aquitaine 5 laboratoires de recherche.

A Bordeaux : Laboratoire de Chimie des Polymères Organiques (LCPO) Centre de Recherche en Chimie Moléculaire (CRCM) Centre de Recherche Paul Pascal (CRPP) Inserm Bordeaux – IFR cœur poumons A Pau : le Laboratoire de Physico Chimie des Polymères (LPCP) établissements en Aquitaine salariés, selon le Panorama de la plasturgie, en 2003.

Innovation, les colles

thermofusibles qui durcissent

en refroidissant

150 4117

Photo :© Atofina

Depuis trois ans, 2PSM (propriétés psychosensorielles des matériaux), une association d’industriels, de laboratoires et d’institutions publiques, hébergée par la Technopole Hélioparc de Pau mène des travaux originaux sur les polymères. Comment la matière génère des sensations et comment l’utilisateur les perçoit, voilà deux questions que se pose 2PSM. Son objectif : élaborer de nouveaux polymères ayant de meilleures propriétés visuelles et tactiles. Les polymères pouvant être formulés à souhait par les chimistes, ils servent aussi de base à une meilleure compréhension des relations entre sensations et propriétés des matériaux en général. En produisant des polymères étalons testés par un panel, 2PSM espère progresser dans le domaine encore peu exploré des propriétés psychosensorielles des matériaux.

renouvelables. Pour l’heure, les panneaux solaires qui permettent de transformer la lumière en électricité sont principalement constitués de plaques rigides de silicium. Demain, grâce aux recherches menées par plusieurs laboratoires aquitains, cette fonction pourra être assurée par toutes sortes de revêtements souples comme des « peintures solaires » qui recouvriraient les toitures de manière très discrète.

Des polymères au secours de l’environnement

2005 / H20

■■■

49

Photo

:© Cré aco

l

En Aquitaine, les travaux sur les polymères photovoltaïques sont encouragés par la Région qui souhaite développer l’utilisation des énergies


Crédit photo : Patrick Ladoucette

RENCONTRES

Renaud Sanson

Lascaux

est passé de l’art cinématographique à l’art rupestre. Aujourd’hui maître d’oeuvre d’un projet évènement mondial, il nous explique “Lascaux révélé”.

u soleil à la caverne : en 1981, Renaud Sanson, transfuge du théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, entre autres, a quitté Paris et son métier de chef décorateur de cinéma pour participer à l’aventure de Lascaux II. Sa motivation pour intégrer l’équipe d’artistes qui réalisait la copie de la grande salle des Taureaux était la perspective de « voir » Lascaux, fermé au public depuis 1963, en compagnie de Jacques Marsal, l’un des quatre inventeurs de la grotte. Après deux ans passés sur le chantier de Lascaux II, Renaud Sanson s’est définitivement installé dans le Périgord. « Le succès immédiat de Lascaux II, ouvert en juillet 1983, et ma rencontre exceptionnelle avec Lascaux et Jacques Marsal (je me sens un peu l’héritier de cet homme remarquable) m’ont fait rester ici », se souvient-il avec émotion. « J’ai éprouvé très tôt sur le chantier le besoin d’aller plus loin dans la fidélité envers Lascaux.

D Renaud Sanson à Montignac, projetant

sur un panneau les photos

d’une paroi originale

de Lascaux.

50

■ ■ ■ H20 / 2005

Lascaux II était un premier pas… Venant du cinéma, je connaissais d’autres matériaux, d’autres techniques, pour une approche plus précise de l’original. » Renaud Sanson s’est donc consacré à une étude inédite de la grotte ornée, puis à un projet spectaculaire encore plus ambitieux que la reproduction grandeur nature en fac-similé.

Expertise et innovation

Son atelier, devenu ZK Productions en 1998, s’est spécialisé dans la réplique pariétale en fac-similé. Il en est le gérant et le directeur artistique. Installée à Montignac, la société emploie désormais huit personnes : cinq modeleurs, un responsable de l’imagerie numérique, un responsable des ateliers de


Crédit photos : Patrick Ladoucette

RENCONTRES

de l’ombre à la lumière 4 l FRÉDÉRIC DESCOUBES

construction et une responsable administrative. Vingt ans ont été nécessaires à la mise au point d’un art appliqué orienté vers la copie extrêmement fidèle, avec une assise scientifique et une technologie objective aujourd’hui mondialement reconnues. L’atelier a développé une pratique spécifique : il est le seul à travailler en projetant sur la paroi en cours de restitution les photos de la paroi originale. Explications de Renaud Sanson : « Tout notre travail de reproduction en fac-similé de la grotte de Lascaux commence par cette opération fondamentale chez nous : la photographie en 6x6 des parois à reproduire sous des éclairages variés afin de permettre une lecture contrastée des reliefs. On réalise pour chacune des parois un très grand nombre d’images et leur projection photographique sur relief oriente tout le travail de reproduction, depuis la reconstruction des parois jusqu’au rendu final des peintures et des gravures. » Ce n’est pas tout : la technologie de ZK

Productions, qui fait l’objet d’un brevet, permet d’obtenir au final du processus de reproduction un rendu minéral des parois. « Notre paroi est de la roche, plus exactement un voile de roche aérien, ce qui nous permet de prévoir des muséographies, des scénographies extrêmement contemporaines dans leur présentation. » Il précise : « Les coques, très fines (moins d’un centimètre d’épaisseur), légères (10 kilogrammes par mètre carré) et résistantes (renforcées de polyester), peuvent être suspendues avec des câbles d’acier sur poutrelles métalliques. Ceci amène à regarder Lascaux débarrassé de la pesanteur d’une reconstitution de type réaliste. Ce travail de fac-similé mobile permettra de porter l’art de Lascaux au-delà des frontières. Nous pourrons réaliser des parois de grande dimension, des galeries entières même, à partir d’éléments modulaires faciles à transporter puis à assembler avec des joints parfaitement invisibles. »

Didactique et émouvant

C’est le point de départ du projet d’exposition itinérante, « Lascaux révélé », présenté avec succès il y a trois ans au Conseil général de la Dordogne. Le soutien du département avait déjà pérennisé l’atelier autour du travail de Renaud Sanson, il a permis de valider le travail de mise en scène de ces fac-similés. La commande du panneau des « Deux Bisons » est aujourd’hui réalisée, en préfiguration du 2005 / H20

■■■

51

Pour restituer Lascaux,

Renaud Sanson reconstruit les parois à partir

de projections

photographiques sur relief.


Crédit photo : ZK Productions

RENCONTRES

Avec ses fac-similés mobiles, Lascaux III pourra être admiré dans d’autres régions du monde.

développement ultérieur du projet : les autres parois ornées de la Nef et du Puits (absentes de Lascaux II) constitueront la première exposition. À terme, « Lascaux révélé » pourrait proposer deux « intégrales », celle de la Nef, en cours de réalisation puis celle de la Salle des Taureaux et du Diverticule Axial. « L’objectif de Bernard Cazeaux, président du Conseil général de la Dordogne, est d’organiser une grande première à Paris fin 2007. À l’horizon, ce sera aussi le Japon (ndlr : au moment de notre visite à Montignac, Serge Maury, le conservateur départemental du patrimoine archéologique, s’y trouvait pour présenter le projet), et très certainement les États-Unis. En 2004, l’atelier décolle. Des fondations américaines sont très intéressées pour sponsoriser le coûteux volet recherche de l’atelier et peut-être participer à la régie et au montage de l’exposition, qui sera installée six à huit mois selon les lieux. » Il est vrai que l’originalité de l’entreprise a de quoi attirer l’attention des bailleurs de fonds comme celle des foules. Le concept va au-delà d’un « Lascaux III », comme le souligne Renaud Sanson, puisqu’il s’agit de « faire parler » Lascaux et de le visiter autrement : « Notre travail de fac-similé s’accompagne pour chaque paroi ou chaque galerie reproduite de son double sans les peintures. C’est l’occasion unique de les retrouver dans leur état initial. » Ensuite, on y projette une animation numérique commentée qui permet d’assister à la naissance en direct de chacune des œuvres, avec tous les secrets découverts au cours du travail de restitution. « Peu à peu, on arrive à reconstituer les étapes de la création d’une peinture. Et ce regard entre le fac-similé qui est la présence restituée de Lascaux et la genèse de l’œuvre, c’est tout le projet de « Lascaux révélé ». On repart de l’instant zéro de la création et on a devant les yeux la paroi telle que l’homme de la préhistoire se l’est approprié il y a 19 000 ans. » Ainsi, le monde entier saisira ce que Picasso disait : « Après Lascaux, en peinture, on n’a rien fait de mieux ! ». ■

52

■ ■ ■ H20 / 2005

ontre C toutes les

même l’injustice 4 l FRÉDÉRIC DESCOUBES

Françoise Jeanson, médecin généraliste bordelais de 41 ans, est à la tête de Médecins du Monde depuis mai 2004. Rencontre avec une militante.


RENCONTRES

Crédit photo : Frédéric Desmesure / CAP SCIENCES

partie d’un groupe qui retapait des maisons pour les personnes âgées. Un engagement dans l’action, et un engagement collectif. » Ensuite, elle a commencé ses études de médecine en 1980, l’année de la fondation de Médecins du Monde. Comme par hasard ! Toujours avec le même enthousiasme, Françoise Jeanson devient bénévole au sein de Médecins du Monde. C’était il y a dix ans. En France, où elle a passé quatre ans à la direction des missions bordelaises, et à l’étranger, notamment en Côte d’Ivoire et au Surinam. Depuis son élection, elle s’est rendue en Bulgarie, sur une mission de formation de personnel de santé pour la petite enfance (menée par Médecins du Monde Bordeaux), en Palestine, au Darfour et récemment en Colombie. « Soigner et témoigner, c’est notre quotidien, et encore davantage dans ma position. »

maladies, la dernière rentrée, le docteur Jeanson a quitté la direction du service interuniversitaire de médecine préventive de Bordeaux tout en conservant celle des consultations de médecine générale. « C’était beaucoup de directions d’un coup ! », ditelle. « Veiller sur la santé de 60 000 étudiants, cela m’a permis de travailler en particulier avec les plus précaires, souvent étrangers, par exemple sur l’ouverture de leurs droits. » Dans sa vie professionnelle comme dans son temps libre, elle s’est toujours engagée pour l’accès aux soins des plus vulnérables. Parisienne de naissance et Bordelaise depuis l’âge de 12 ans, mère de quatre enfants de 11 à 19 ans, elle revient sur sa propre adolescence, déterminante dans son parcours de vie : « C’est à cet âge-là que les personnalités se construisent et que se dessinent les engagements auxquels on reste fidèle. J’ai appris la solidarité et le respect des autres relativement jeune. Quand j’étais en classe de seconde, je faisais

À

Des professionnels dans l’humanitaire

Au cours de son nouveau mandat, Françoise Jeanson compte promouvoir ce qu’elle appelle « une société civile de soignants ». Depuis sa création en 1980, tous les membres du conseil d’administration et responsables d’actions de Médecins du Monde sont bénévoles. En France, 36 programmes sont assurés par 2000 volontaires et moins de 100 salariés (dont une dizaine en Aquitaine). À l’international, « MdM » dénombre seulement 250 permanents pour coordonner les missions présentes dans une cinquantaine de pays. En résumé : « Nous sommes des professionnels dans l’humanitaire et non des professionnels de l’humanitaire. C’est un gage de réactivité, de militantisme et aussi d’indépendance.» Un des projets prioritaires de Françoise Jeanson concerne le travail sur les migrants et les petits peuples en Europe : « Nous allons créer un Observatoire européen de l’accès aux soins. Trente missions concernant les minorités ethniques ont été menées sur le Vieux continent. On s’aperçoit qu’il y a dans les douze pays où nous sommes implantés des reculs ou tentatives de recul sociaux. Il existe déjà un tableau comparatif des lois des différents pays, la façon dont elles sont appliquées et les grands manques repérés par nos équipes. Nous serons en capacité de livrer des données précises début 2006. » Au niveau local, la présidente bordelaise tient à signaler l’existence depuis quinze ans au foyer d’urgence Leydet d’une quinzaine de lits médicalisés destinés aux SDF trop malades pour être à la rue et pas assez pour être à l’hôpital. MdM assure leur suivi médical et infirmier. « En 2004, l’État a décidé de mettre en place 500 lits de ce type en France. Fort de son expérience, Médecins du Monde participe aux 2005 / H20

■■■

53


RENCONTRES négociations qui aboutiront à ce plan. » Or, à Bordeaux, l’existence de ces lits médicalisés est menacée. « Nous disposons d’une structure-pilote et il faut encore l’améliorer, notamment en matière de personnel d’accueil et de suivi, surtout ne pas la remettre en cause. La mairie de Bordeaux, propriétaire des lieux et la DDASS, gestionnaire du foyer Leydet, doivent poursuivre cette expérience réussie ! » Encore une belle preuve d’engagement.

Dans la région, les Centres d’accueil, de soins et d’orientation de Pau et Bordeaux reçoivent toute personne en difficulté (en 2003, ces « CASO » ont permis à 20 000 personnes d’avoir accès aux soins et aux droits en France). La « mission raves » basée à Bayonne informe sur les risques et faits de la recherche pharmacologique sur les produits en circulation. Elle s’accompagne désormais d’un projet transfrontalier sur les lieux festifs avec Mediko Mundukoak, la mission du Pays basque espagnol. Les antennes aquitaines interviennent ensemble en Haïti sur une mission chirurgicale doublée d’une mission infantile, ainsi qu’en Pologne, en Bulgarie et bientôt sur la création d’une mission spécifique à Madagascar. « L’un des pays qui ont le plus besoin d’aide », constate le docteur Jeanson. À Bordeaux, il existe trois missions mobiles : « gens du voyage » (accès aux droits fondamentaux, on se souvient du cas du Village andalou), « saturnisme infantile » (MdM a découvert des cas d’empoisonnement du sang par le plomb dans les quartiers historiques) et « réduction des risques » (bus d’échange de seringues et accueil de la rue des Étables). La mission bordelaise travaille également en collaboration avec les collectivités locales sur l’accompagnement social des jeunes, avec notamment un projet de guide d’information jeunesse réalisé par et pour des 18/25 ans. Autre programme local prioritaire, l’aide médicale aux femmes enceintes migrantes. Prévue initialement pour 30 personnes, elles sont désormais 45. Commentaire de Françoise Jeanson : « C’est l’exemple type du projet lancé à partir d’un travail de bénévoles sur le terrain. En l’occurrence, des sages-femmes qui prennent en charge des femmes d’origine étrangère n’ayant pas accès aux soins hospitaliers pour des raisons administratives. On voit sur le terrain les effets du retour en arrière des lois nationales sur l’AME (aide médicale d’État). C’est le grand recul de l’année 2004 en France. Or, sans nous, ces femmes seraient à la rue ! » ■

54

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : musée de la mer, Biarritz

La « Mission France » en Aquitaine

Un monde marin attractif avec

ses aquariums, ses collections

et ses maquettes.


RENCONTRES

Le musée

de la mer de Biarritz, une affaire de passion 4 l ISABELLE CASTÉRA

Françoise Pautrizel & Laurent Soulier

dirigent depuis quatre ans le musée de la mer de Biarritz. Un duo de scientifiques qui travaille à l’avenir du site et à la transmission du savoir. Rencontre. 2005 / H20

■■■

55


Crédit photo : musée de la mer Biarritz

Crédit photo : Isabelle Castéra

RENCONTRES

«

Dans un style

« Art Déco », le musée

est situé face au Rocher

de la Vierge à Biarritz.

Françoise Pautrizel

et Laurent

Soulier, un duo scientifique

e repas des phoques » voilà résumé en quelques mots la particularité du musée de la mer de Biarritz. Il n’existe pas un enfant dans la ville qui n’ait assisté au rituel lancer de poissons dans le bassin à ciel ouvert. Une attraction aussi connue que le coucher de soleil sur le Rocher de la Vierge. D’ailleurs le touriste averti peu même enchaîner les deux, le Rocher se situant au pied du musée. Curieusement, Françoise Pautrizel, directrice de l’établissement depuis quatre ans n’évoque même pas cet incontournable. Pour elle, la spécificité du musée réside dans la présentation de toutes les espèces propres au Golfe de Gascogne. D’ailleurs, son bras droit, Laurent Soulier directeur scientifique et technique ne dit pas autre chose. « On est connu pour ça » répète-il. Lorsque Didier Borotra sénateur-maire de Biarritz a sollicité Françoise Pautrizel afin qu’elle prenne la direction de son musée, il lui a présenté sa fonction comme une mission. « L’ancienne directrice venait de partir à la retraite, le nombre d’entrées baissait d’année en année, souligne-t-elle. Ma mission ? Relancer le musée. » A ce moment, l’établissement offrait une image vieillotte voire surannée, le musée n’avait pas grand chose d’exceptionnel à proposer aux visiteurs et s u r t o u t , s o u f f r a i t d ’ u n e a b s e n c e totale de communication. Françoise Pautrizel ne débarque pas dans l’inconnu. Cette dacquoise a derrière elle

56

■ ■ ■ H20 / 2005

quelques années d’études en océanographie sanctionnées par un doctorat. Elle a fait de la recherche sur les sédiments profonds de la mer des Caraïbes, avant de s’installer au Pays Basque pour des raisons familiales. A Bayonne, elle développe le Centre d’études technique de la mer (Cetem), créé et dirige l’Institut du milieu aquatique qui réunit tous les professionnels de la pêche. Entre temps, elle n’oublie pas de réussir le diplôme de l’Institut régional de gestion administrative en entreprise (Irgae). Jusqu’à cette proposition du maire de Biarritz, à laquelle elle répond favorablement, sans même hésiter. « Mon arrivée sur les lieux a été un peu… brutale, reconnaît-elle. Personne ne m’attendait et pour commencer je devais faire passer les 35 heures. Dure prise de contact pour les 22 salariés. D’un autre côté, ça nous a permis de brûler très vite les étapes. » A ses côtés, Laurent Soulier déjà directeur scientifique et technique, connaît la maison depuis cinq ans. « Les rôles ont dû se répartir un peu différemment, commente-t-il. Je suis vétérinaire de formation et j’ai toujours conservé cet aspect de soigneur dans ma pratique professionnelle. J’ai commencé ma carrière au Centre de recherche sur les mammifères marins de La Rochelle. Les animaux échoués, les autopsies et le soin sont dans mes compétences. » Le docteur des phoques -- il a à son actif une quinzaine de bêtes sauvées à La Rochelle et une bonne


RENCONTRES

Communiquer et transmettre

« Il fallait communiquer vers l’extérieur et être dans l’actualité scientifique du moment, voire la devancer, dit-elle. Aussi, lorsqu’un pêcheur me parla un jour, d’un calmar géant capturé dans les Asturies. L’histoire me sidéra, car moi, une scientifique je croyais que ça n’existait pas. » Installée au musée de la mer, elle n’a de cesse de trouver le monstre. Et elle y arrivera. Via Internet et après quelques coups de fil, la voilà qui part aux Asturies. Sur place, elle rencontre un certain Luis Laria, pêcheur de son état, dans son petit bar du port de Luarca. « Il m’a montré sa pêche miraculeuse conservée dans du formol. Impressionnant. Le calmar le plus gros jamais pêché dans le monde. Il a été aussitôt d’accord pour me louer sa bête, et, pour la petite histoire nous a préféré au musée de Monaco. » Lorsque le calmar entre à Biarritz avec force d’affiches, Françoise Pautrizel et son équipe préparent une salle en prenant soin d’y apporter toute la mise en scène adéquate. Le Capitaine Némo n’est pas loin. Le public se bouscule au portillon, les horreurs qui se cachent dans les profondeurs abyssales nous fascinent ! Dans la foulée, elle met en place une exposition entière sur le mystère des abysses. Un succès total ! N’empêche le calmar ne fera qu’un séjour limité au musée de la mer de Biarritz, il doit partir aux Etats-Unis en février 2005, il va falloir trouver autre chose. « Développer, agrandir, aménager encore » martèlent Françoise Pautrizel et Laurent Soulier. « Nous n’avons pas seulement la mission de faire des entrées au musée mais aussi de transmettre notre savoir au plus grand nombre. » C’est dans ce souci qu’ils ont créé ensemble le Centre de la mer, dont le but est de développer

les activités scientifiques à visée pédagogique. Bien au-delà des réponses apportées par un musée. Le Centre de la mer est une association qui bénéficie de subventions de l’Etat. Laurent Soulier assure la vulgarisation scientifique auprès de tous les publics. « Il s’agit de sensibiliser le public au milieu naturel. Par exemple, je propose des visites au port, sur des sites naturels… » Un musée, des ramifications autour et, tout près un paysage à couper le souffle, un spectacle à lui tout seul sur ce plateau de l’Atalaye. Juste au-dessus de l’océan. ■

Le Musée de la mer de Biarritz

C’est une société d’économie mixte présidée par le docteur Jean-Pierre Daulouède, le bâtiment est propriété de la ville de Biarritz. Ouvert en 1933, l’établissement a été

entièrement rénové en 1992, sans y perdre son âme, son particularisme architectural et scientifique, à savoir la présentation des espèces vivant dans le Golfe de Gascogne. Les collections

z la mer Biarrit o : musée de Crédit phot

dizaine à Biarritz -- poursuit sa tâche, tandis que Françoise Pautrizel s’attaque à son premier objectif au sein du musée. Casser l’image ringarde et gagner du public.

anciennes ont subsisté, les amateurs d’objets curieux ou chargés d’histoire sont servis. Aujourd’hui autour des attractions phares, bassin des phoques, Mystère des abysses, la grotte aux squales on découvre la vie

autour de la faune et la flore sous-marines du Golfe de Gascogne, une exposition très exhaustive sur les techniques de pêche, les traditions, l’économie, mais aussi une diversité d’aquariums de grande qualité.

2005 / H20

■■■

57


RENCONTRES

Brigitte Latrille

Un parcours atypique a mené

Crédit photo : Matthieu Tonneau / CAP SCIENCES

à la tête d’une société non moins particulière. Son élevage de sangsues ne se contente pas de la commercialisation de l’animal, il concerne également la recherche médicale.

sangsues Ces qui soignent 4 l MATTHIEU TONNEAU

n des meilleurs outils de la chirurgie plastique et réparatrice se trouve dans les marais d’Aquitaine. La sangsue médicinale – Hiduro medicinalis –, puisque c’est d’elle dont il s’agit, est utilisée depuis très longtemps pour ses vertus thérapeutiques. La recherche fondamentale tend aujourd’hui à élargir ses utilisations. Une bactérie qu’elle héberge et les enzymes de sa salive passionnent les scientifiques (voir encadré). En France, la gardienne de ce trésor est Brigitte Latrille. Etablie à Eysines, la société « Ricarimpex », dont elle est présidente, est la dernière entreprise en France et une des dernières au monde à élever et exploiter l’animal. « Nous possédons une quinzaine de bassins à Audenge et quatre de plus à Pouydesseaux, dans les Landes, explique Brigitte Latrille. Ils sont régulièrement approvisionnés et chacun d’entre eux peut facilement contenir 30 à 40 000 sangsues ». Les deux tiers des sangsues vendues chaque mois sont exportées en Amérique du Nord. Ricarimpex compte également parmi ses clients réguliers une soixantaine de services hospitaliers de chirurgie plastique ou réparatrice en France, et plus d’une vingtaine un peu partout en Europe. Le succès s’est forgé progressivement depuis le début des années 1990. La société employait alors deux personnes. Ils sont maintenant quatre et un biologiste est spécialement délégué aux programmes de recherche. L’obtention en juin 2004 de l’agrément américain de la Food & Drug Administration (FDA) promet un avenir

U Brigitte Latrille,

c’est surtout la recherche

qui l’intéresse.

58

■ ■ ■ H20 / 2005

encore meilleur. Ricarimpex est le seul élevage à avoir obtenu cette distinction que certains considèrent comme une reconnaissance ultime, en termes de qualité et de sécurité pour des produits de santé. « Nos sangsues sont maintenant reconnues comme dispositif médical, ça crédibilise formidablement leur utilisation, ajoute Brigitte Latrille. »

Une fine lame à la rescousse Pourtant cette réussite n’était pas jouée d’avance. En effet, si la France comptait plus de 100 millions de sangsues médicinales à la fin du XIXe siècle, l’assèchement des régions marécageuses et la pollution des zones d’habitat des sangsues a depuis, lentement mais sûrement, mis l’espèce en péril. Seuls certains lacs préservés de Russie et d’Asie centrale abritent encore l’animal à l’état sauvage. Au début des années 80, l’espèce est même classée en voie de disparition et l’élevage d’Audenge, le dernier en France, est en plein déclin. À la même époque, Brigitte Latrille connaît la victoire à Moscou, avec une médaille d’or olympique au sein de l’équipe de France de fleuret. Après les JO de Séoul (1988), fatiguée de 16 années au plus haut niveau international de l’escrime, elle s’envole comme hôtesse de l’air : « J’avais peur de


Crédit photo : Matthieu Tonneau / CAP SCIENCES

RENCONTRES

quitter le sport et de reposer les pieds sur terre, confesse-t-elle. Je craignais de ne pas retrouver d’intérêt pour autre chose. Les horaires décalés, les voyages… Il me fallait ça, je pense, pour récupérer une vie normale. » Son aventure à la tête de Ricarimpex débute en 1993. Elle rejoint son père : Jacques Latrille, ancien président de l’Université Victor Segalen Bordeaux 2, qui vient de racheter la société et son élevage. Sans aucune formation s c i e n t i f i q u e particulière, elle a tout appris auprès de lui et d’un grand spécialiste russe : le professeur Nikonov, avec lequel elle travaille toujours.

La conviction de leur efficacité Les maîtres mots de l’entreprise bordelaise sont santé et environnement. « Environnement, parce que cette sangsue est particulièrement utile à l’homme, argumente la championne reconvertie, c’est normal qu’on la protège et qu’on mette tout en place pour recréer des conditions favorables à son développement et à sa reproduction. On espère que plus tard on

Secrets de laboratoires

Ricarimpex a déposé plusieurs brevets : « Nous ne sommes pas de vrais commerciaux, c’est la recherche qui nous intéresse, explique la présidente ». Le projet Hiru4 est le plus récent. Mené à son terme, il permettra de réduire les risques de complications dans la pose de « stents » en chirurgie cardiaque. Ces petits treillis

pourra la réintroduire dans la nature, par étapes. » En ce qui concerne l’objectif santé, Hiduro medicinalis en fait son affaire. Phlébite, hypertension, arthrose… on ne compte plus les pathologies pour lesquelles la médecine en a abusé à une époque, mais en use trop peu de nos jours. Pourtant, il est un domaine chirurgical de pointe aujourd’hui, dans lequel les sangsues ont su se rendre indispensables : les greffes. En effet, des enzymes confèrent à leur salive des propriétés anesthésiantes, anti-inflammatoires et anticoagulantes qui favorisent la prise des greffons. Pour diminuer le risque de rejet, la pose de sangsues améliore le retour veineux et permet la mise en place d’un nouveau réseau de capillaires sanguins dans les régions anatomiques concernées. « Elle est la seule à pouvoir faire ça, explique Brigitte Latrille, les chirurgiens en sont incapables : c’est trop fin, trop petit. » Et à l’écouter, les sangsues n’ont pas fini de nous étonner. La collaboration de son entreprise avec le professeur Salzet, du CNRS de Lille, pourrait bien encore apporter son lot de surprises : « Peu coûteuses, les sangsues constituent des auxiliaires thérapeutiques naturelles et il y a beaucoup de domaines de recherche qui pourraient être concernés » conclut-elle. ■

cylindriques et métalliques sont installés dans les artères des malades pour leur redonner un diamètre satisfaisant. Hiru4 consiste en l’élaboration de liposomes – des capsules microscopiques – qui renferment quatre enzymes purifiées, extraites de la sangsue, et qui habilleraient le matériel chirurgical. « Les propriétés

enzymatiques, anticoagulantes notamment, éviteront aux artères de se reboucher comme cela arrive parfois. » Le projet, en collaboration avec l’Université de Pampelune, entre dans une phase d’essais. Evidemment, la recherche implique des fonds importants et la société investit progressivement : certains projets sont en attente. C’est le cas

Les sangsues sont

des auxiliaires

thérapeutiques

indispensables.

d’un brevet déposé sur Aeromonas. « On se penche actuellement sur cette bactérie qui fait le ménage pour assurer à la sangsue le meilleur repas sanguin possible » raconte Brigitte Latrille, « ses propriétés bactéricides et les enzymes qu’elle produit nous intriguent particulièrement. Mais je ne peux pas vous en dire plus… c’est encore secret, finit-elle par lâcher avec un sourire. »

2005 / H20

■■■

59


Crédit photo : Rip Curl

RENCONTRES

rançois Payot, F une planète faite de vagues 4 l PHILIPPE-HENRI MARTIN

osséder une grande villa à Bali, une ferme landaise près d’Hossegor, une hutte de pêcheur à Madagascar et un confortable pied-àterre en Australie, toujours au bord d’un des trois océans. Dans ce bas monde, cela ressemble au rêve réalisé du gagnant du loto. Mais c’est la vie de François Payot, 49 ans, sans conteste l’une des plus belles réussites professionnelles qu’on ait jamais vu en Aquitaine. En 1982, alors qu’il s’apprête à passer son diplôme de fin d’études en architecture à Bordeaux, il convainc les deux fondateurs de Rip Curl, la marque de planches

P L’accomplissement de soi,

une des valeurs

qui ont conduit

la vie de François Payot.

60

■ ■ ■ H20 / 2005

Surfer tous les jours, les plus belles vagues de la planète.

François Payot,

fondateur de Rip Curl Europe, nous raconte son épopée.

née en Australie, de lui confier le marché français. Il faut dire que cette année 82, Payot est capitaine de l’équipe de France de surf et l’ami du géant Maurice Cole, l’un des meilleurs surfeurs de l’époque. Il ne passe plus son diplôme d’archi. Son truc, c’est le surf. Il se lance dans le business. C’est la naissance à Hossegor de Rip Curl Europe. Il lancera dans la foulée Billabong et Quicksilver, dont on sait les brillantes destinées, avant de se concentrer sur Rip Curl. Lors des déplacements professionnels, tout le staff, à savoir trois jeunes chevelus qui n’avaient peur de rien, est dans la


RENCONTRES

La glisse, toutes passions confondues La glisse lui est venue tout petit, à Chamonix, où son arrière-arrière-grand-père fut un pionnier du ski alpin. Il découvre les vagues à 13 ans, dans les Landes de sa mère. Il est mordu, ne pense plus qu’à la houle. A 19 ans, il taille la route, seul, pour surfer les côtes d’Afrique du Sud. L’année suivante, il passe des mois à chasser les vagues du Pérou à la Californie, traverse le Nicaragua en guerre, toujours seul. Plus tard, il découvrira les vagues monstres d’Hawaï, déflorera les spots les plus secrets de Thaïlande et d’Indonésie. Jamais le moindre pépin. L’incarnation de l’indépendance, solide comme un roc insulaire. Un côté dur au mal, à la Tabarly. François Liets, un des bons surfeurs d’Hossegor, raconte : « Lui qui vendait des combis, on le voyait surfer en maillot jusqu’en novembre. » Avec sa carrure et son crâne ras, on le verrait bien, Payot, général d’une armée en campagne, debout dans un command-car. Et l’on apprend qu’il a servi chez les paras. Son entreprise, il l’a dirigée avec autorité. Avec exigence. Mais aussi avec générosité. Il est arrivé plusieurs fois qu’il passe Noël avec ses équipes, au siège de la boîte ou chez lui, la porte grande ouverte. Liets, à nouveau : « Quand j’ai commencé la compétition, j’étais sponsorisé par une autre marque. Mais François, qui a créé le circuit pro en Europe, m’emmenait quand même à toutes les

compèt’, dans sa voiture, avec les surfeurs qui évoluaient pour Rip Curl. » Payot a instauré chez Rip Curl des cours de surf gratuits pour ses salariés. Il force leur respect. Le surfeur-businessman insiste sur les deux autres valeurs qui ont conduit sa vie et qui font partie de la philosophie de sa marque. La quête, d’abord : celle de la vague, plus belle, plus forte, et dont il dit que la meilleure est toujours la prochaine. L’accomplissement, ensuite : la réalisation de soi-même dans l’environnement ; probablement égoïste, lâche-il, s’agissant de surf, mais c’est ainsi. L’indépendance, toujours. Il voyage léger, ne collectionne pas les planches ou les gris-gris de la culture surf. Et lorsqu’il ne pourra plus courir la Terre et ses vagues, sans doute pas avant vingt ans, il se posera au milieu des siens à Hossegor. Il sera à deux pas de Pampelune, dont il est fidèle à la feria depuis trente ans. Il a la réputation d’être raisonnable. Lorsqu’il accompagnait les jeunes sur le circuit des compétitions, il faisait la fête avec eux. Liets : « Les compétiteurs tournaient à l’alcool ; lui qui n’était là que pour regarder buvait du Cacolac. C’était presque un gimmick. » Pas un agité, Payot. Il savait où il allait, sans se poser trop de questions compliquées. Sur sa réussite, il reste modeste, avançant que le marché était porteur, que l’explosion A 49 ans,

François Payot est un

des actionnaires

les plus importants de Rip Curl et assure

la présidence

de l’Association des industries de la glisse en Europe.

Rip Curl Crédit photo :

même voiture, celle qui sert à aller à la plage avec les planches sur le toit. Vingt ans plus tard, lorsque Payot quitte la direction de Rip Curl Europe, les salariés sont près de 300 et le chiffre d’affaires est de 80 millions d’euros. Ce n’est pas rien pour le département des Landes. Entre temps, si la signature de la marque reste « Made by surfers, for surfers », Payot comprend qu’il ne peut plus s’appuyer uniquement sur des employés surfeurs, qui désertent les bureaux dès que la houle arrive. Il embauche des spécialistes du marketing, de la vente et du textile. Moyenne d’âge : 29 ans. Au cours de ces vingt années, la marque devient leader mondial des combinaisons isothermes, produit des montres, des chaussures, des bagages. C’est un poids lourd du sportswear, présent partout où il y a des vagues, du Brésil au Japon et des Etats-Unis à l’Irlande. Le job de François Payot, désormais, c’est de siéger au conseil d’administration du groupe, dont il est l’un des quatre grands actionnaires, en Australie. Il reste aussi président de l’Association des industries de la glisse en Europe et de la branche européenne de l’ASP, le circuit pro. Ce qui lui laisse du temps pour surfer, beaucoup de temps.

de la planche à voile dans les années 80 a boosté ses affaires, qu’il ne savait pas au départ qu’il y avait un tel potentiel de croissance. N’empêche. Elles étaient nombreuses les premières marques de surf, les Hang Ten, les Lightning Bolt, les Town and Country, les Victory, les Gordon and Smith, qui ont percé sans connaître le destin de Rip Curl. Il serait absurde de dire que François Payot a tout compris. Mais il a peut-être compris l’essentiel. Surfer tous les jours. ■ 2005 / H20

■■■

61


QUESTIONS

... Q

E

UESTION D’ NVIRONNEMENT

62

■ ■ ■ H20 / 2005


QUESTIONS

Crédit photo : CRPF

le Bois de la forêt

2005 / H20

■■■

63


l’Aquitaine première région boisée en France

QUESTIONS

La forêt est-elle rentable ?

Près de 43 % de la surface totale de l’Aquitaine sont recouverts de forêts. Sur les 1,8 million d’hectares boisés, les Landes de Gascogne avoisinent 1 000 000 d’hectares, suivies par les forêts de DordogneGaronne, (530 000 ha) et celles d’Adour-Pyrénées (280 000 ha). L’essence la plus courante est le pin maritime, qui couvre 900 000 ha, suivie par ordre décroissant du chêne, du châtaignier, de l’aulne, du robinier et du peuplier. Les forêts de Dordogne et d’Adour-Pyrénées, à la différence de la forêt des Landes, ne sont pas industrielles. Elles traversent d’importantes difficultés économiques en raison de l’ancienneté de leurs bois et de l’absence d’unités de transformation à proximité.

Secteur fort de l’Aquitaine, la forêt fonctionne selon un système original où les aspects patrimoniaux et affectifs priment sur les considérations économiques.

es estimations sur l’activité de la filière bois en Aquitaine sont impressionnantes. Son chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros par an équivaut à celui de l’exploitation viticole régionale. Elle constitue l’un des plus grands bassins d’emplois, avec ses 28 000 salariés directs. Le pin maritime, qui représente 80 % de la filière aquitaine, avoisine les 9 millions de m3 par an, soit le quart de la récolte nationale. Enfin, la majorité de la production est transformée dans les 8 500 industries régionales, scieries, unités de trituration et de bois d’œuvre, usines de papier… Autant dire que le massif forestier aquitain joue dans la cour des grands.

Un aquitain sur dix est propriétaire

Mais cette économie repose sur un système très particulier. Les forêts aquitaines (Landes, Dordogne-Garonne, AdourPyrénées) appartiennent à 94 % à des propriétaires privés, l’Etat et les communes se partageant le reste. Au total, près de 300 000 aquitains sont propriétaires forestiers,

64

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : CRPF

L

soit un habitant sur dix. Les 3/4 d’entre eux possèdent des bois de moins de 10 hectares. Ces terres, acquises au milieu du XVIIIe siècle , n’ont pas été revendues mais généralement divisées entre les héritiers, qui se retrouvent de plus en plus nombreux avec des surfaces de plus en plus petites. « Les forêts font partie des patrimoines familiaux et sont transmises à 90 % par héritage ou donation », précise Yves Lescourgues, directeur du Centre régional de la propriété forestière.

Des forêts non rentables

Force est de reconnaître que posséder des forêts, n’est pas particulièrement lucratif avec une gestion qui dépasse la durée d’une génération. Un propriétaire peut escompter 7 600 E par hectare de pins au bout de 40 ans et 27 500 E par hectare de chêne en 120 ans. « A part pour ceux qui possèdent 300 ou 400 hectares, la


Crédit photo : CRPF

QUESTIONS

Près de 300 000 aquitains sont propriétaires forestiers. Mais leurs sources de revenus ne proviennent pas de ces terres en grande majorité.

forêt n’est pas rentable. Le montant de la coupe sert généralement à amortir des frais et investir pour reboiser. Neuf fois sur dix, pour ces propriétaires, la source de leur revenu est ailleurs. C’est pourquoi un cadre juridique a rendu l’activité forestière obligatoire. Tout propriétaire forestier doit reboiser et a l’interdiction de défricher. Si cette loi était supprimée, la moitié de la forêt française disparaîtrait », constate Christian Pinaudeau, secrétaire général du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest.

De multiples intérêts

Si les petits propriétaires ne font pas vraiment d’affaires, les retombées économiques, en termes d’activités pour les filiales spécialisées dans la transformation du bois et de création d’emploi, sont plus conséquentes. Par ailleurs, le rôle de la sylviculture dépasse largement la simple activité forestière. Les pins sont un formidable moyen de pomper

les eaux de surface et d’assainir et fixer la lande. Grâce à eux, la région a pu s’enrichir et se doter d’infrastructures routières et ferroviaires. Sans compter que c’est l’image de l’Aquitaine qui est en jeu. « Si les forêts n’étaient pas entretenues, les stations touristiques de la côte n’auraient pas un tel succès », note Christian Pinaudeau. « Et enfin, il ne faut pas oublier la relation émotionnelle et affective qu’entretiennent ces propriétaires avec leurs forêts. C’est grâce à ça que le système fonctionne. Si on ne se basait que sur des ratios économiques et financiers, tout le monde ferait autre chose ».

Les Landes, une forêt artificielle

La forêt landaise telle qu’on la connaît aujourd’hui est une création humaine relativement récente. Au XVIIIe siècle, les Landes n’étaient que de vastes plaines marécageuses couvertes

de bruyère et de joncs, où vivotait une activité pastorale. Le sable, poussé par le vent d’ouest, menaçait villages et cultures potentielles, obstruait les cours d’eau qui, faute de pouvoir s’écouler jusqu’à la mer, inondaient les terres. On ne savait que faire de ces étendues insalubres et stériles, peuplées de rares habitations et de quelques bosquets de pins maritimes. On y tenta la culture du coton et de l’arachide, l ’ i n t r o d u c t i o n de buffles et même de chameaux... En vain. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle, alors qu’on souhaitait construire un canal entre Bordeaux et Bayonne, que l’ingénieur Brémontier réussit à fixer 90 000 ha de dunes en plantant des pins. Cet arbre autochtone, qui servait à des fins économiques depuis l’Antiquité, était le seul à pouvoir s’épanouir sur ce sol sableux et acide. Au milieu du XIX e siècle, une autre initiative lumineuse, de Chambrelent, allait changer la destinée des Landes. Il procéda avec succès, sur la commune de Cestas, à un test d’assainissement du sol en creusant des fossés 2005 / H20

■■■

65


QUESTIONS Roger Torlois, dans son étude sur l’« Aliénation des landes communales du bazadais au XIXe siècle » (1). Les parcelles de grande dimension et la nécessité d’apporter rapidement des capitaux écartèrent d’emblée les habitants de condition modeste. « Il est permis de penser », conclut Roger Torlois dans son étude, « que les conseils municipaux ont dilapidé les biens de la communauté (…) pour privilégier leurs intérêts et ceux des plus fortunés ». (1) « Les cahiers du Bazadais »,

l’exploitation du bois d’œuvre ne prit son essor qu’après la seconde guerre mondiale.

La main mise des notables au XVIIIe siècle

Lorsque la loi de 1857 obligea les communes landaises à boiser leurs terrains, beaucoup d’entre elles décidèrent de les vendre à des particuliers. Les maires et conseillers municipaux, instigateurs de ces ventes, profitèrent de l’occasion pour « acquérir des propriétés à vil prix », indique

66

■ ■ ■ H20 / 2005

Le PGV ou Pin à Grande Vitesse

Depuis les années 60, chercheurs et sylviculteurs ont multiplié les progrès pour améliorer le rendement de la récolte des pins. La productivité est passée de 4,8 m3/ha/an en 1965 à 11 à 12 m3/ha/an aujourd’hui. Dans un premier temps, les techniques culturales ont été révolutionnées par l’arrivée de la mécanisation : tracteur de labour, machine à distribuer les graines… La fertilisation initiale du sol par l’apport de phosphore est devenue une pratique courante et efficace. Le temps de travail pour reboiser un hectare a été divisé par six. Enfin, le travail sur la sélection des graines, leur reproduction dans des vergers et leur manipulation génétique, depuis les années 80, a permis de fournir des plants améliorés de 30 % en vigueur et en rectitude, avec un cycle de production raccourci. Aujourd’hui, les chercheurs

Crédit photo : CRPF

1er trimestre 1994.

Crédit photo : CRPF

Crédit photo : CRPF

permettant l’écoulement des eaux. Peu de temps après, Napoléon III promulgua la fameuse loi de 1857 faisant obligation aux communes d’assainir et de boiser les Landes. L’application de cette loi fut rapide et efficace. En un siècle, on passa de 100 000 ha de pins maritimes à 900 000 ha. Jusqu’en 1930, le gemmage ou la récolte de résine, transformée en essence de térébenthine, fut l’activité principale et fit sortir de l’isolement cette contrée sous-développée. L’industrie papetière, elle, ne se développa que dans les années 1920 et

En 40 ans, la productivité du pin maritime est passée de 4,8 m3/ha/an à 12 m3/ha/an.

planchent sur la 3e génération de plants améliorés, « le Pin à Grande Vitesse », comme certains l’appellent, qui serait coupé vers 38 ans. Entre autres, l’Inra, le Cemagref, l’Afocel, le Centre de production forestière, le site pilote de la Communauté des communes de Mimizan… poursuivent leurs études dans des domaines aussi divers que l’écophysique, la génétique, la modélisation, la lutte contre les incendies… Depuis la tempête de 1999, des recherches portent sur la résistance aux vents, les modalités de stockage du bois, les effets du réchauffement climatique et les problèmes phytosanitaires…


crédit : Papeteries de Gascogne

QUESTIONS

La transformation du bois, un secteur essentiel en Aquitaine

Les Papeteries de Gascogne, leader mondial du papier kraft naturel frictionné, produisent sur le même site la pâte à papier – exclusivement destinée à l’alimentation des machines à papier – et les papiers kraft naturels.

En matière de transformation du bois, c’est le pin maritime qui occupe la place la plus importante en Aquitaine. Sciage, rabotage, trituration, il fait l’objet de différents modes de transformation.

Le sciage du bois correspond à la première transformation de ce matériau. Il produit la planche non rabotée tirée principalement du pin maritime des Landes pour un volume de 1,6 million de m 3, et secondairement le chêne de Chalosse, le peuplier de la vallée de la Garonne ou encore le hêtre transformé en Pyrénées Atlantiques et en Espagne. On en fait le bois de charpente traditionnelle, marché essentiellement local, qui représente à peu près 5 % du volume total. Ce sont aussi les planches à coffrages, les voliges pour les toitures, ou des produits traités pour usage extérieur tels que caillebotis de terrasse ou traverses de chemin de fer. L’Aquitaine occupe la première place en France en matière de sciage avec 20 % de la production nationale totale. La deuxième transformation couvre plusieurs secteurs. Le rabotage du bois massif est utilisé pour la fabrication des caisses

palettes (55 % du volume des sciages utilisés), le lambris de parquet et les moulures (30 %) mais aussi les « bois roulés » comme les manches de balais ou d’outils divers, ou encore les emballages-caisses dont les plus connus sont les caisses à vin. Plus importante, l’industrie de la trituration concerne deux grands secteurs, la papeterie et les panneaux. Situées respectivement à Facture et Mimizan, les entreprises Smurfit (Irlande) et Gascogne (France) sont spécialisées dans la papeterie. Smurfit s’est spécialisé dans la fabrication de papier (« kraft liner ») destiné au carton et aux sacs tandis que Gascogne, dans l’emballage et les sacs (« kraft verger frictionné ») et une production très diversifiée allant du sachet de frites pour fast-food à l’emballage des aliments pour animaux, les sacs pour les produits de jardinage etc. A Tartas, l’usine Tembec (Canada) occupe un créneau

très différent avec la production de pâte blanchie ou « pâte fluff », cellulose raffinée qui entre dans les composants de très nombreux produits aussi divers que les couches-culottes, la pâte dentifrice ou les balles de ping-pong. Le troisième secteur concerne la production de panneaux de différents types. Trois usines en Aquitaine produisent des panneaux de particules (1). Dans ce troisième secteur, on trouve, également, le « MDF » (Medium Density Fibre), panneaux de fibres pour décoration intérieure et mobilier fabriqués par Wyerhaeuser à Morcenx, ou le contre-plaqué produit par Smurfit à Labouheyre à destination de la construction ou d’emballages de caisses industrielles. La souplesse et l’adaptabilité des chaînes de production, les innovations, la recherche placent la filière bois aquitaine au premier rang national en termes de sciage (1/5 e ) et de production de 2005 / H20

■■■

67


Crédit photo : CRPF

Crédit photo : CRPF

QUESTIONS

lambris et d’emballage. Selon Stéphane Latour, directeur de la Fédération de l’industrie du bois d’Aquitaine, d’autres pistes restent à exploiter, comme le secteur des maisons en bois pour lesquelles les constructeurs font encore appel à des fournisseurs étrangers d’Amérique du Nord ou du nord de l’Europe. « La filière bois est d’autant plus intéressante, explique-t-il, qu’elle présente une valorisation très optimisée de l’ensemble de la matière première. » En effet, dans le bois tout est bon jusqu’aux « d é c h e t s ultimes ». Tous les sous-produits sont utilisés, la sciure pour la fabrication des panneaux ou plaquettes pour papier, le reste retraité en énergie utilisé sur les sites de production. Christine Abdelkrim-Delanne (1) Le groupe américain Wyerhaeuser à Linxe, l’autrichien Egger à Rions des Landes et le français Ceripanneaux à Saint-Vincent de Tyrosse.

68

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : CRPF

Dans le bois, tout est utilisé jusqu’aux déchets qui peuvent être recyclés.

Le peuplier a une croissance très rapide et permet la production de bois d’œuvre de 120 à 130 cm de circonférence en près de 15 ans.

Le peuplier, un arbre plein d’avenir Le peuplier planté dans les vallées de Garonne, Dordogne et Adour est utilisé pour sa partie la moins noble à la production de pâte à papier blanc (écriture). Sciée, sa partie plus noble servira à la fabrication de palettes de transport, de lattes de sommier, de portes. Déroulée, on en tire le bois d’emballage léger (boîtes à fromage, cagettes, bourriches à huîtres, boisselerie). Constitué de petites entreprises (2/3 emploient moins de 50 salariés), ce secteur représente 9 % du chiffre d’affaires de la filière emballage. Les unités de production sont situées majoritairement à l’ouest de la France à proximité des zones maraîchères (40 % des emplois du secteur). Grâce à l’exportation de tonneaux, aux Etats-Unis principalement, les échanges commerciaux sont largement bénéficiaires. 30 % de la récolte de peuplier sur pied de la plus belle qualité est exportée en Italie. Cependant, l’industrie du peuplier n’est pas à l’abri de la crise économique mondiale et cherche de nouveaux débouchés et procédés, tel le « peuplier rétifié » imputrescible pour utilisation en extérieur. L’Aquitaine est au premier rang national en matière de plantation (30 000 ha). Mais il faudra attendre quelques années pour rentabiliser l’exploitation de ces jeunes peupleraies.


Crédit photo : Entreprise Capdevielle

QUESTIONS

Hagetmau, capitale du meuble Hagetmau, petite commune de Chalosse de 4 000 habitants, dont le nom trouve son origine dans « hayet mau », le « mauvais hêtre ». Une histoire de bois, donc. C’est à la fin du XIXe siècle qu’y naît une nouvelle activité

d’exploitation des ressources forestières. Du hêtre, on tira d’abord les sabots, puis des chaises simples. Puis, de génération en génération des essences plus nobles ont été utilisées, transformant ce qui était jadis artisanat en une industrie de pointe. Capables de s’adapter à l’évolution des tendances, les entreprises familiales ont fait leur chemin en

se spécialisant sans se concurrencer. Au troisième rang en Aquitaine, l’entreprise Capdevielle par exemple, à l’origine artisan chaisier, se place aujourd’hui au premier rang européen en matière de meubles de salon. Sur un site ultramoderne, les établissements Lonné ont gardé une activité chaisière en introduisant des éléments en fer forgé. Sièges de style haut de gamme pour des marques de prestige nationales et internationales, mobilier professionnel de bureau, chaises et meubles en tout genre, l’activité représente plus de 2 000 emplois très qualifiés dans un bassin de main d’œuvre d’un rayon de 30 kilomètres et produit plusieurs milliers de pièces par jour. Générant une taxe professionnelle d’environ

3 millions d’euros, ce secteur est essentiel pour le développement d’Hagetmau qui dispose, entre autres infrastructures, d ’ u n complexe d’entraînement sportif national. Juste retour des choses car la commune s’est activement engagée dans le passé aux côtés des entreprises en créant une zone artisanale et en engageant des fonds importants pour éviter les délocalisations. Aujourd’hui, de nouveaux marchés s’ouvrent aux Etats-Unis, dans les pays de l’Est et en Russie, tandis qu’à la direction des entreprises comme derrière les machines, les générations continuent de se succéder. Christine AbdelkrimDelanne

Du pôle sciage de bois au pôle construction et ameublement, le CTBA participe à l’amélioration du rendement des exploitations.

De la technique dans le bois !

Crédit photo : CRPF

Crédit photo : CRPF

Le Pôle Construction du Centre technique du bois et de l’ameublement (CTBA), organisme créé en 1952 à la demande des professionnels, a pour mission de leur apporter une aide et de valoriser ce matériau dans la construction. Installé à Bordeaux dans un bâtiment tout de bois et de verre au design élégant, il dispose de 13 000 m2 de bureaux et de laboratoires lui permettant d’assurer dans les meilleures conditions ses cinq grandes missions : analyse, consultance, recherche, information, certification. En 2000, la part du bois représentait 10 % des matériaux de construction. L’accord national cadre signé en 2001 fixe un objectif de 20 % à l’horizon 2010. « La ressource française est largement suffisante, estime Philippe Paquet, responsable « Axe Bâtiment ». En Aquitaine, le bois part majoritairement vers la papeterie et la transformation, il faudrait donc réorienter et diversifier ses débouchés. » Comme, par exemple, la recherche faite sur un dérivé du bois, le « carboglulame », composé de pin lamellé-collé renforcé avec de la fibre de carbone et qui offre une très grande résistance. Cette nouvelle matière pourrait trouver de nombreuses applications dans la construction ou le bâtiment, car elle supporte une pression deux fois plus forte que les autres matériaux.

2005 / H20

■■■

69


Crédit photo : Communauté de communes de Mimizan

QUESTIONS

Située à une centaine de kilomètres de Bordeaux la communauté de communes de Mimizan présente une couverture forestière de 85%.

La Sylvicole Valley à Mimizan Cité du bois de Mimizan, un projet de grande envergure Espace de découverte inédit de la culture scientifique et technique du bois et de la forêt, la Cité du bois, sera bientôt un lieu de rencontre et de travail pour les professionnels et pour le public. Elaboré par la Communauté de Communes de Mimizan ce projet, est aujourd’hui en phase de programmation architecturale et scénographique. Il sera par ailleurs associé à l’enseignement supérieur au cours de l’année 2005. Un concours est en effet organisé avec le mastère « Construire et réaliser avec le bois » de l’Ecole d’architecture de Bordeaux. Des équipes d’étudiants et d’ingénieurs travailleront sur la conception de la construction de ce vaste projet.

70

■ ■ ■ H20 / 2005

Située sur la côte atlantique, la « Sylvicole Valley » est une pépinière d’entreprises mise en place par la Communauté de communes de Mimizan. En effet, celle-ci compte sur son territoire marqué par une longue culture sylvicole, de nombreuses activités allant de la préparation des sols et de la sélection des essences aux formes de transformation les plus variées. S’appuyant sur les nouvelles technologies de communication, le projet de la « Sylvicole Valley » donne une nouvelle dimension au développement de ce territoire. Son objectif est d’accueillir des sociétés informatiques de préférence orientées sur les problématiques de la filière bois. Mettant à disposition différentes structures (locaux, club de start-up, réseau local et accès à Internet haut-débit, aide gratuite pour les différentes démarches de création d’entreprise), le site pilote de Mimizan envisage également de développer un pôle de formation continue à distance sur la forêt, le bois et l’environnement comme cela se fait au Canada. Ce télé-enseignement s’adressera principalement aux professionnels ou personnes désirant accéder à une formation professionnelle continue quel que soit son secteur géographique. Nouvelle venue à la Sylvicole Valley, l’Agence régionale de gestion forestière spécialisée dans la sylviculture « en ligne » (Argefo) a ouvert un bureau en septembre 2004.


Crédit photo : Communauté de communes de Mimizan

QUESTIONS

Les forêts d’Aquitaine représentent quelques 25 000 emplois forestiers et industriels

« De l’écorceur » à l’agent technique, une rapide évolution L’introduction des machines et des nouvelles technologies, l’intensification de l’exploitation, ont transformé les métiers ou fait disparaître les plus traditionnels. Le travail forestier a subi, dans les dernières décennies, des évolutions considérables. Qui se souvient aujourd’hui des fagoteuses ou des tailleuses de bruyères, des écorceurs et des scieurs de long, toujours par deux, des charbonniers qui travaillaient en plein bois, des équarrisseurs qui mettaient le bois « d’équerre » avant qu’il n’arrive dans les mains des scieurs ? Ou d’autres encore, comme les fendeurs-lattiers qui taillaient des lattes pour les toitures,

des lattis à plâtrer ou des piquets de vigne, les mérandiers qui fendaient les merrains pour la tonnellerie et les débardeurs-rouliers qui transportaient le bois de la coupe à la route et dégageaient le chantier. Le gemmage, activité essentielle dans la forêt des Landes, et avec lui le gemmeur, a disparu en 1990 -- la Chine ayant développé ce métier à un moindre coût. Le garde-forestier, lui, est devenu « agent technique forestier » et surveille les travaux sur le terrain ; le bûcheron, « bûcheron ouvrier d’exploitation forestière », exécute mécaniquement des coupes de bois en forêt, façonne, tronçonne, doit savoir calculer le volume de

bois abattu. L’ « ouvrier forestier » est chargé des plantations et du débroussaillage tandis que le « technicien forestier » gère l’exploitation et le peuplement de la forêt. Il y a aussi le « chef de p r o d u i t forêt-bois » ou le « conducteur de machine d’exploitation forestière », les ingénieurs du Génie rural ou des Eaux et forêts. Et puis, en bout de chaîne, les « agents technicocommerciaux » font le lien entre l’exploitation et la transformation, la distribution ou la commercialisation. Le développement et la modernisation de l’exploitation forestière avec la concentration de l’industrie du bois ont entraîné également la disparition de centaines de scieries familiales ou communales dont on peut encore voir les bâtiments abandonnés dans la plupart des villages des Landes. Et avec elles, une population ouvrière dont la culture a très fortement marqué cette partie de l’Aquitaine depuis le XIXe siècle. Christine Abdelkrim-Delanne

2005 / H20

■■■

71


Crédit photo : CRPF

QUESTIONS

72

■ ■ ■ H20 / 2005


QUESTIONS

La forêt aquitaine passée au crible Vaste forêt centenaire en Dordogne. La diversité des espèces d’arbres fait aussi la richesse de l’Aquitaine.

La forêt aquitaine, forêt artificielle plantée sur des sols ingrats et pauvres en éléments nutritifs, est un exemple type d’écosystème particulièrement fragile. Chaque jour, elle subit des agressions dues aussi bien à son exploitation par l’homme qu’à la pollution et aux variations climatiques. Depuis la tempête de 1999, l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a renforcé ses programmes d’étude dans ces domaines. L’équipe Ecologie fonctionnelle et physique de l’environnement (Ephyse) de l’Inra s’intéresse particulièrement à l’étude du cycle du carbone. Sur deux parcelles de la forêt des Landes (pins adultes et coupes rases), ils réalisent toutes sortes de mesures (flux de dioxyde de carbone, croissance des arbres, météorologie, etc.). L’atmosphère de la Terre contient de plus en plus de gaz carbonique, principal gaz à effet de serre d’origine humaine. Or, les arbres captent le carbone atmosphérique et l’utilisent principalement pour leur croissance. Une forêt qui grandit accumule donc du carbone et participe à la réduction des effets négatifs de la pollution. Une forêt qui grandit tout comme les constructions en bois. Ainsi, pour Guillaume Chantre, directeur de la station territoriale Sud-Ouest de l’Association forêt cellulose

Production de matière première, source d’énergie, tourisme vert. On en demande toujours plus au fragile écosystème forestier et sa pérennité semble menacée. A l’aube du XXIe siècle la gestion de la forêt doit être gouvernée par un seul mot d’ordre : la durabilité. Le défi des scientifiques est d’élaborer des techniques et des modèles satisfaisant aussi bien aux contraintes économiques qu’environnementales.

(Afocel) « le bois est l’éco-matériau par excellence. Malheureusement, notre culture est celle des trois petits cochons. Dès leur plus jeune âge, on raconte aux enfants qu’une maison en bois peut être détruite d’un simple souffle. » Avant d’encourager le développement de l’utilisation du bois comme matériau de construction, l’objectif de l’équipe Ephyse est de déterminer quelles sont les conséquences des variations climatiques et des travaux forestiers sur le cycle du carbone. Mais aussi de déterminer l’impact sur le climat d’une forêt comme lieu de stockage du carbone. L’équipe de l’Inra, Transfert sol-plantes et cycle des éléments minéraux (TCEM) souhaite modéliser la fertilité de la forêt. Pour cela, les chercheurs tentent de quantifier les flux d’éléments nutritifs entrant et sortant de la forêt. L’exploiter c’est exporter une partie de sa biomasse. L’un des enjeux est de déterminer à quel point le prélèvement de bois et notamment d’écorce, où se concentrent les éléments nutritifs, peut influer sur les réserves d’une forêt. Dans les Landes, la fertilisation artificielle au phosphore, élément nutritif déficitaire, se fait empiriquement. Elle intéresse l’équipe TCEM, tout comme le phénomène de fixation symbiotique de l’azote. Certains végétaux, les légumineuses

(genêts, ajoncs, etc.), sont capables de fixer l’azote inerte de l’atmosphère, de le transformer en une forme accessible et de s’en nourrir. A leur mort, ces végétaux libèrent dans les sols l’azote rendu utilisable pour les autres espèces. Un apport précieux dans l’écosystème de la forêt des Landes qui fonctionne à l’économie. Les dépôts d’éléments fertiles en provenance de l’atmosphère ne sont pas négligeables non plus. A l’occasion d’orages par exemple, l’action des éclairs sur les éléments nutritifs des embruns marins ou de la pollution atmosphérique rend ces éléments utilisables par la forêt. « Vu la gestion actuelle de la forêt en Aquitaine, il ne semble pas y avoir de grand risque concernant sa fertilité. Mais, les méthodes d’exploitation peuvent évoluer rapidement et mettre ce fragile équilibre en péril », conclut Sylvain Pellerin directeur de l’unité TCEM à l’Inra. L’équipe TCEM étudie aussi les transferts sol-plante des éléments minéraux. Des travaux importants car destinés à définir dans quelles mesures une plante prélève des éléments polluants contenus dans le sol. Eléments provenant par exemple d’épandages de boues de stations d’épuration et potentiellement toxiques. Une synthèse d’expérimentations menées partout en France est 2005 / H20

■■■

73


Crédit photo : TCEM

QUESTIONS

Le carottage des sols permet de tester régulièrement les différentes propriétés de la terre et d’évaluer ainsi l’évolution de l’écosystème de la forêt.

actuellement en cours dans les locaux girondins de l’Inra. Son ambition : apporter un maximum d’éléments objectifs dans ce débat brûlant. Et, des résultats objectifs, l’équipe biodiversité et génétique des écosystèmes terrestres (Biogeco) en a obtenus. Ils concernent l’importance du maintien de la diversité biologique au sein de la forêt. Diversité végétale aussi bien qu’animale. Des études menées depuis une dizaine d’années semblent montrer les bénéfices que peut tirer une forêt de pins maritimes de la présence en son sein de feuillus, d’oiseaux et d’insectes divers. Une solution proposée pour lutter contre la prolifération d’insectes ravageurs comme la chenille processionnaire est donc de restaurer la biodiversité de la forêt afin de renforcer l’efficacité de leurs ennemis

74

■ ■ ■ H20 / 2005

naturels. Car, avec les changements climatiques en cours, les insectes ravageurs pullulent. « On vit là un effet du réchauffement », explique Hervé Jactel directeur de recherche à l’Inra, « et il faut maintenant transférer nos résultats vers les professionnels. Heureusement, ils semblent plutôt bien accueillir nos recommandations ».

La forêt du futur

La forêt aquitaine se porte bien. Elle a actuellement l’un des taux de croissance les plus élevés d’Europe. Mais, les bouleversements climatiques à venir pourraient la mettre en danger. L’accroissement prévu du déséquilibre entre précipitations hivernales et estivales, d’ici 2100,

par exemple, pourrait bien avoir un impact néfaste. La forêt risque de perdre du terrain et de sa productivité. Les scientifiques doivent donc se pencher sur l’étude d’espèces plus adaptées à ces nouvelles conditions au travers notamment d’un programme d’amélioration génétique du pin maritime initié dans les années 60. Un projet qui a bien sûr aussi pour objectif le maintien de la productivité. Côté environnemental, il s’agit par exemple de comprendre les bases génétiques de la résistance à la sécheresse. Mais aussi d’éviter des erreurs commises par le passé comme la plantation en masse de graines originaires de pays plus arides, plus adaptées donc à la chaleur mais, qui donnent naissance à des arbres incapables de résister à la survenue d’hivers exceptionnellement rudes.


Crédit photo : TCEM

QUESTIONS

L’Inra a élaboré ce système de mesures de flux turbulents de gaz carbonique, vapeur, chaleur et énergie échangés entre la forêt et l’atmosphère. Les mesures sont faites en continu depuis 1996 au-dessus du site de la forêt du Bray (Gironde).

Cap Forest Exploiter c’est protéger

L’Afocel travaille principalement à améliorer la compétitivité durable de la forêt aquitaine. L’une de ces ambitions est de sensibiliser les entrepreneurs à la nécessité d’inclure dans leur travail une démarche environnementale. Franchir un cours d’eau ou utiliser des produits polluants devient rapidement problématique dans ces milieux d’une grande fragilité. L’Afocel propose ainsi aux forestiers des techniques permettant de limiter l’impact de leurs travaux sur la nature. Mais, si les exploitants vivent de la forêt et se doivent de la protéger, celle-ci vit et s’étend également grâce à eux. Selon Guillaume Chantre « une forêt laissée à son propre sort est en

danger de mort et si la forêt aquitaine se porte si bien, c’est qu’elle est raisonnablement entretenue ». Les études des sylviculteurs portent ainsi par exemple sur le comportement des peuplements arboricoles en réponse aux éclaircies. Ces pratiques permettent notamment aux arbres de se développer dans un environnement plus ouvert. Elles fournissent également aux papetiers leur matière première. Nathalie Mayer

Le 1er janvier 2004, une « Convention aquitaine de partenariat pour les sciences et techniques de la forêt et du bois » (Cap forest) a été signée, pour une durée de quatre ans entre des organismes de recherche, des structures techniques et des professionnels (Inra, Université Bordeaux 1, Université Bordeaux IV, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Enita, Afocel, Ctba, Centre régional de la propriété forestière, association pour la recherche sur la production forestière et le bois en Aquitaine). Leurs objectifs : fédérer e t coordonner les actions de recherche, de formation et de transfert de la filière forêt-bois-papiers et dérivés afin d’améliorer la gestion durable des forêts et de valoriser l’éco-matériau bois.

2005 / H20

■■■

75


QUESTIONS

Vie active sous les arbres… Dans la forêt, il y a les arbres. Et sous les arbres ? Bien sûr, à l’automne, on y ramasse champignons et châtaignes et l’on y chasse le sanglier ou le chevreuil. Mais sous les arbres, toute l’année, on rencontre aussi des activités humaines parfois ancestrales. Entre Gascogne et Bigorre, parcourant prairies, landes et sous-bois de chênes et de châtaigniers, le

76

■ ■ ■ H20 / 2005

« Porc noir gascon » profite du grand air et se nourrit délicatement de racines, glands, herbes sauvages, escargots ou graminées pendant qu’ailleurs, ses frères font de la mauvaise graisse dans les b a t t e r i e s d’élevage. Car le cochon noir gascon est un cochon libre qui ne supporte pas la surpopulation (pas plus de sept porcs à l’hectare) ! D’origine très ancienne (on

trouve sa trace sur la paroi des grottes préhistoriques), il fait partie des quatre dernières races porcines locales de notre région. Sans la passion de quelques éleveurs, il aurait disparu dans les années 50, emporté par la fièvre de l’élevage intensif. Son jambon conservé selon le traditionnel salage doux au sel gemme des salines du Bassin de l’Adour est l’un des plus recherché.


Elevage de reines, vente de miel, l’apiculture reste une activité courante en Aquitaine.

Crédit photo : CRPF

Engouement écologique, effet de mode, les activités sont aujourd’hui multiples et variées pour ceux qui aspirent au retour à la nature.

Cochons pour le salé, abeilles pour le sucré ! Car la forêt aquitaine abrite une multitude de ruches d’où coule l’or jaune. D’acacia, il est doux et liquide. Très apprécié, le miel de la bourdaine qui pousse dans les bois humides, et, plus difficile à trouver sur le marché, le miel de la bruyère callune pourtant si présente dans les forêts sableuses, ou encore, réputé pour ses qualités diurétiques, le miel de la bruyère érica. Dans nos forêts où se mêlent ronces, lierre, bruyères, conifères, chênes, hêtres, acacias et autres

essences, les abeilles connaissent la magie de l’alchimie. Prise de conscience écologique, retour à la nature, les promenades et randonnées en forêt sont devenues une activité de découverte et d’observation très prisée aujourd’hui. En Aquitaine, le tourisme vert se développe dans une grande variété. Dans le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, une trentaine de circuits balisés sont ouverts au public proposant des randonnées pédestres thématiques comme les tourbières ou la faune. La forêt de la Soule accueille les

Crédit photo : Gilles Fert

QUESTIONS

amoureux des cerfs qui pourront les approcher en milieu naturel, tandis qu’en suivant les itinéraires de grande randonnée en Dordogne, traversant bois et vallées, le randonneur découvre la gastronomie locale proposée par des tables d’hôtes généreuses. Dernière née de ces activités forestières, le sport en forêt avec les parcours VTT ou, plus récents, les parcours acrobatiques, comme le Parc Robinson de Labenne (Landes), premier de la côte atlantique, équipé de plus de six parcours de difficulté croissante accessibles à partir de 5 ans. A Moliets, un parcours dans les arbres propose 40 ateliers aériens avec saut de Tarzan et passerelle oscillante. Tout un programme à condition de mesurer 1,80 mètres bras levés ! A Aramitz, face aux Pyrénées, du parcours enfant à la « piste noire », ce sont 73 jeux aériens dont le saut à l’élastique. Avec le développement de ces activités forestières modernes, nombreuses et variées, les habitants des forêts d’Aquitaine ont su s’adapter et générer une économie qui contribue à la lutte contre la désertification des zones rurales. Christine Abdelkrim-Delanne

2005 / H20

■■■

77


QUESTIONS

... Q

UESTION DE

78

■ ■ ■ H20 / 2005

SOCIÉTÉ


QUESTIONS

2005 / H20

■■■

79

Crédit photo : Photo Laplace

les Aquitains au travail


QUESTIONS

Les dures réalités du travail es enquêtes nationales sur la qualité de la vie classent régulièrement l’Aquitaine parmi les régions les plus attractives, ainsi que ses grandes villes. Soit le Sud conjugué à l’Atlantique… Et à l’heure de la réduction du temps de travail, la région offre de quoi bien vivre ses loisirs. Les Aquitains semblent donc ne pas souffrir exagérément du syndrome « métro-boulot-dodo », ou du moins s’en accommoder mieux qu’ailleurs. Car vivre en Aquitaine, c’est avant tout y travailler. L’Insee, le Conseil économique et social régional, la Direction régionale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, ainsi que l’Assedic et l’Anpe sont les organismes qui étudient le travail dans la région. Mentionnons aussi l’Institut d’économie régionale du Sud-Ouest (Ierso) créé en 1951 par le professeur Lajugie, dépendant de l’Université Bordeaux IV. Ils produisent une foule de chiffres et d’études à destination des décideurs politiques régionaux et départementaux, des acteurs locaux de la politique de la ville ou de l’aménagement, des universitaires, mais aussi des entreprises, avec des profils de populations à la recherche d’un emploi, la nature de la main d’œuvre disponible, les qualifications ou la disponibilité des travailleurs. Ces services travaillent à la collecte des données locales mais aussi à l’analyse de données nationales issues des recensements nationaux, de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, en charge de la publication des études et chiffres du ministère du travail), de l’Urssaf, et également des

80

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photos : CCI de Bayonne-Pays Basque

L

institutions européennes. Autant dire, vu la multiplicité des sources, que statisticiens, économistes et démographes ont fort à faire. Parmi les difficultés relevées, celle de l’écart pouvant exister entre les chiffres selon qu’on se place du point de vue de l’employeur ou de celui du salarié : ainsi du problème du travail à temps partiel ou de contrats successifs, voire simultanés, auprès de différents employeurs.

Panorama aquitain

Quelques chiffres tracent le portrait de l’Aquitaine au travail : en janvier 2003, sur 3 millions

d’Aquitains, 1 175 000 avaient un emploi, salarié ou non, dont près de 500 000 en Gironde. Le tertiaire occupe l’écrasante majorité des Aquitains. Viennent ensuite l’industrie, la construction, puis l’agriculture et la pêche. Enfin, plus de 128 000 personnes travaillent dans l’administration publique. Actuellement, deux secteurs en particulier retiennent l’attention des responsables régionaux, l’aéronautique et la viticulture. Ces deux secteurs pèsent en terme d’emplois et de valeur ajoutée, mais aussi et surtout en termes d’image pour l’Aquitaine. Or, si l’aéronautique se porte convenablement, grâce à la reprise des commandes d’avions d’affaires et au programme A380, la filière viti-vinicole connaît une crise qui ressemble


QUESTIONS

Il est difficile de parler de nouveaux métiers. Ce sont plutôt des métiers déjà existants qui s’adaptent à de nouveaux outils, à de nouvelles technologies.

de plus en plus à une débâcle. Les grands crus résistent mais les petits viticulteurs sont aux abois, ainsi que certaines sociétés de négoce. D’autres nuages noirs pèsent sur le paysage du travail en Aquitaine, à commencer par les inégalités. En effet, si le taux de chômage reste dans la région conforme aux moyennes de la métropole, la précarité et la pauvreté gagnent du terrain. Aujourd’hui, pas moins de 11% des Aquitains sont considérés comme précaires, qu’ils bénéficient des minima sociaux ou soient des travailleurs pauvres, alors que le revenu moyen dans la région est supérieur à la moyenne française hors Ile-deFrance. Autre souci : la région est plus sensible que les autres à la baisse de la fréquentation

touristique, notamment par les touristes étrangers. Par ailleurs, le nombre d’actifs va baisser à partir de 2008 avec le départ à la retraite des baby-boomers. Enfin, la région peine à prouver et à faire connaître ses atouts en matière d’activité. Ainsi, une étude de 2003 a montré un grave déficit d’image de la Communauté urbaine de Bordeaux, qui représente tout de même près du quart de la population régionale. La CUB vient donc d’investir 700 000 € dans une campagne de communication mettant en avant ses efforts en matière d’accueil des nouvelles entreprises, de desserte, d’innovation, le nombre d’étudiants, son avance en matière d’équipements en haut-débit ou véhicules électriques. La campagne vise

notamment à faire des habitants les « ambassadeurs » de leur ville et de leur région. Ambassadeurs au travail, ils ont fait le pari que les Aquitains n’oublieront pas ce qu’écrivit le plus grand d’entre eux, Montaigne : « Mon métier et mon art, c’est vivre. » Philippe-Henri Martin

Pages 78/79 Hendaye, l’ouverture des frontières, le 1er janvier 1993, a bouleversé la vie économique de la ville d’Hendaye. Placée au cœur d’une conurbation de 600 000 habitants allant de Bayonne à Saint-Sébastien, et sur un axe stratégique d’échanges entre le nord et le sud de l’Europe, Hendaye trouve dans cette situation géographique privilégiée, les opportunités de son développement.

2005 / H20

■■■

81


Crédit photo : Chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine

QUESTIONS

Le secteur viticole compte aujourd’hui 12 000 exploitations et près de 50 000 salariés

La situation de l’emploi en Aquitaine « L’emploi est l’indicateur le plus sûr pour étudier l’activité économique locale », indique Pierre Delfaud, économiste à l’IERSO (Institut d’économie régionale du Sud-Ouest, Université Bordeaux IV). En effet, le chiffre d’affaires d’une entreprise ou d’un secteur, pas plus que la valeur ajoutée, ne sont significatifs à l’échelle régionale. Une raffinerie, par exemple, peut voir sa production et sa valeur ajoutée redistribuées ailleurs qu’en Aquitaine. Les retombées économiques seront donc faibles localement. Les salaires qu’elle distribue, en revanche, restent dans la région. Ce que gagnent les ménages correspond à ce que les entreprises et administrations leur ont versé, et à ce qu’ils pourront dépenser dans le circuit de l’économie régionale. La répartition de la masse salariale par secteurs et par catégories socioprofessionnelles est mal connue. Les effectifs, en revanche, sont suivis de près par les statisticiens. Au 31 décembre 2002, 1 175 000 Aquitains avaient un emploi, salarié ou non. Comme dans le reste de la

82

■ ■ ■ H20 / 2005

France, ce sont les services qui occupent le plus de monde : 844 000 emplois. Viennent ensuite l’industrie avec 171 000 travailleurs, puis l’agriculture et la construction avec chacune près de 80 000 emplois. En ce qui concerne l’emploi salarié, le tertiaire occupe plus de 778 000 personnes, l’industrie 161 000 personnes, la construction 63 000 personnes, l’agriculture et la pêche 37 000 personnes. Plus de 128 000 personnes travaillent dans l’administration publique. Au total, 1 million d’Aquitains sont salariés et 175 000 travaillent sans l’être.

Les spécificités régionales

Pour dégager les spécificités régionales en termes d’emploi, les économistes utilisent le quotient de localisation, aussi appelé indice de spécialisation. La valeur 1 est attribué à la moyenne française. Si le quotient d’un secteur dépasse 1 dans la région, c’est qu’il « pèse »

plus qu’ailleurs. Si le quotient est inférieur à 1, c’est l’inverse. Avec un quotient de 2,4, le salariat agricole est la caractéristique la plus marquante de l’Aquitaine. Sachant que l’agriculture emploie encore plus de non salariés (43 000) que de salariés (37 000), nous sommes devant l’évidence du poids économique et social des productions agricoles en Aquitaine. Le Conseil régional favorise d’ailleurs l’émergence ou le renforcement de filières de qualité, notamment par la création de labels et des aides aux producteurs, qu’il s’agisse de vins, de canards, de fruits et légumes, de charcuterie ou de produits bio. Le secteur de la construction navale (plaisance, notamment) et aéronautique (avions d’affaires et maintenance) a un quotient de 2,3 prouvant là encore une spécificité régionale. La filière bois-papier, bénéficiant de l’un des plus grands massifs forestiers d’Europe, pèse presque deux fois plus en Aquitaine que dans la France entière. Enfin, il faut encore noter deux particularités de l’emploi en Aquitaine : d’abord, le nombre important de retraités induit de nombreux emplois de services personnels et domestiques, ensuite l’importance de la population rurale explique le nombre important de garages de vente ou de réparation automobiles. En revanche, les services financiers ou l’éducation sont inférieurs en Aquitaine à la moyenne française. Il faut noter que c’est la construction qui crée, proportionnellement, le plus d’emploi depuis 2000. Le mini baby-boom qu’a connu la France


QUESTIONS

Crédit photo : Agrotec

Ci-contre / L’agroalimentaire reste un secteur assez dynamique en Aquitaine. A Agen, Agrotec est un pôle multidisciplinaire d’appuis et de services technologiques agroalimentaires.

entre 2000 et 2003 (15 à 20 000 naissances supplémentaires par an) et le retour de couples de jeunes parents ou l’arrivée de jeunes retraités dans la région peuvent expliquer la croissance de ce secteur. Enfin, Robert Pierron, chercheur associé au Conseil régional, souligne que l’Aquitaine est bien placée parmi les régions créatrices d’e m p l o i , avec des variations plus fortes qu’ailleurs aussi bien sur les pertes que les créations. Autre

preuve des capacités d’adaptation de la région à la conjoncture, le potentiel de nombreuses entreprises innovantes soutenues par le Conseil régional par le biais d’aides à un programme d'investissements à l'innovation ou au salaire d'un chercheur : ainsi Sokoa (fabricants de sièges - 64), Infolia (informatique – 24), Rhodia (chimie – 33) ou Flamel (pharmacie – 33), toutes créatrices d’emplois. Et Robert Pierron conseiller technique au conseil

régional auprès du directeur général adjoint pôle éducation insiste sur les efforts en matière de formation, en particulier en direction des lycées techniques et professionnels et des bacs + 2, qui sont les plus gros bataillons de travailleurs de demain dans tous les secteurs, de l’agriculture au tertiaire. Philippe-Henri Martin

Le secteur social est en progression régulière en Aquitaine avec une augmentation de 5 % par an.

Plus de 100 000 aquitains, soit 10 % de l’emploi de la région, travaillent dans les « entreprises » de « l’économie sociale et solidaire », c’est à dire l’ensemble des structures à but non lucratif comme

Crédit photo : CHU Bordeaux

L’économie sociale et solidaire

les coopératives, les associations, les mutuelles d’assurance et de santé ou les fondations, qui emploient des salariés. L’emploi de ce secteur est en progression régulière de 5 % par an, soit bien plus

que le secteur « marchand ». L’essentiel de cette économie est tournée vers les services. Ces emplois ont souvent un fort impact social : insertion des exclus, aide aux handicapés, crèches, animation culturelle et sportive, hébergement, enseignement, par exemple. Richard Peyres, président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, souligne la notion de « bien public » dans ces activités. Il précise que ces entreprises répondent à des besoins précis dans un village, dans un quartier, mais jamais ne créent ce besoin, comme le font le marketing et la publicité.

Les revenus moyens des salariés n’y sont que très légèrement inférieurs à la moyenne des salaires dans les activités « marchandes » en Aquitaine. Certains cadres d’associations de santé ou de mutuelles d’assurances y perçoivent même des s a l a i r e s dépassant l a r g e m e n t la moyenne régionale. Un grand nombre de femmes travaillent dans ces structures qui offrent bien souvent des possibilités de temps partiel. Enfin, il faut ajouter au cent et quelques mille emplois salariés plus de 100 000 bénévoles actifs dans ce secteur.

2005 / H20

■■■

83


QUESTIONS Des efforts en matière de formation sont nécessaires, surtout pour les lycées techniques et professionnels et les bacs + 2.

Crédit photo : Onisep

Les nomades du travail

Près de 10 % de la population active régionale touchée par le chômage, multiplication des CDD au détriment de CDI, boom des entreprises d’intérim et des contrats aidés... La précarité de l’emploi n’épargne pas l’Aquitaine. Ce phénomène, devenu « habituel », modifie pourtant en profondeur le rapport de l’homme au travail. « Dans les années 80, les jeunes se sont vus proposer des emplois sous-qualifiés alors qu’ils étaient bardés de diplômes et espéraient, comme la génération de leurs parents, accéder facilement

84

■ ■ ■ H20 / 2005

à un emploi. Certains se sont retrouvés à travailler dans le tourisme, l’agriculture, le bâtiment, des secteurs importants en Aquitaine, dans des emplois saisonniers, précaires et souvent mal payés. Une conception dévalorisée du travail, des diplômes et de l’individu est apparue, renforcée actuellement par les atteintes aux droits du travail » constate Jean-Michel Quinconneau, chargé d’étude à la direction régionale de l’Anpe. « Cela se traduit par des comportements d’évitement du travail ou de rétraction frileuse sur des intérêts autres

Un rapport plus complexe au monde du travail se dessine. La précarité et l’évolution des mentalités bousculent les modèles traditionnels. Les Aquitains, comme tous les Français, affrontent ou accompagnent ces nouvelles tendances.

que le travail. Cet individualisme entraîne une perte du sens du collectif. A contrario, d’autres individus se replient vers des communautarismes porteurs de dangers . A un moindre degré, cette précarité bouscule le schéma traditionnel « un métier toute sa vie dans une même entreprise ». Ce modèle est en effet devenu obsolète par rapport à la réalité des entreprises qui prônent la flexibilité pour s’adapter à un marché fluctuant. Le nomadisme dans le travail s’impose. Désormais, le travailleur change


QUESTIONS d’entreprises, de régions, de pays, voire de métiers... Cette tendance, subie par les uns, est aussi voulue par d’autres. Certains cadres refusent des CDI, démissionnent, se recyclent dans une autre branche, posent des conditions vis-à-vis de leur entreprise pour se libérer du temps et privilégier un confort de vie ou une éthique.

Ma petite entreprise

Cette prise de risque, cet esprit d’indépendance se traduisent notamment par un nombre croissant de personnes qui créent leur propre entreprise. Cette tendance touche particulièrement

l’Aquitaine depuis une dizaine d’années et s’est accélérée en 2003. Environ 8 500 sociétés s’implantent dans la région depuis 2000. Le domaine des services, activités de conseils et assistance aux entreprises, représente 44 % de ces créations, suivi par le commerce de détail, la construction et l’industrie. Le nouvel entrepreneur est souvent un homme âgé de 30 à 49 ans, et qui une fois sur deux sort d’une période de chômage ou d’inactivité. Dans un cas sur quatre, il démarre avec moins de 2000 e d’investissement (1). « Ce sont souvent des microentreprises, boutiques de prêtà-porter, sociétés d’études de marché, agences Internet ou de création de logiciels... Ce phénomène correspond à une alternative

pour intégrer le marché de l’emploi. Il a été impulsé par une volonté politique d’aider ces créateurs mais également par la vague des start-up qui a créé une sorte d’effervescence. On a entendu beaucoup de personnes dire « J’en ai assez d’être salarié, je vais me lancer ». L’image négative des patrons est en train de s’atténuer. A cela se rajoutent des facteurs plus subjectifs, de rapport conflictuel à l’autorité ou le refus de subordination, le besoin de maîtriser son destin et de laisser libre cours à sa créativité », indique Fabien Reix, étudiant en d o c t o r a t de sociologie à l’Université Bordeaux 2, qui effectue un travail sur « Les entrepreneurs en Aquitaine ». Mais cette tendance mérite d’être relativisée : la moitié de ces sociétés ferment au bout de cinq ans.

Crédit photo : Chambre des Métiers d’Aquitaine

Afflux vers l’Aquitaine

Du domaine des services à celui de la construction, près de 8 500 sociétés se sont implantées en Aquitaine depuis 2000.

Par ailleurs, ce phénomène en pointe un autre qui risque de modifier le paysage professionnel et intrinsèquement le cadre de vie des Aquitains : l’arrivée d’actifs venant d’autres régions ou pays, qui accompagne un mouvement de décentralisation. Depuis 1990, l’Aquitaine enregistre un solde positif des entrants par rapport aux sortants. « Ils ont entre 20 et 59 ans, sont diplômés et potentiellement employables. Ils choisissent l’Aquitaine en raison de sa nouvelle image de dynamisme économique, mais également sous l’effet des tropismes que sont le soleil, la mer, les jolis paysages, la bonne « bouffe »... Ils suivent le mouvement de retour à la ruralité, à l’authentique, à l’envie de privilégier un confort de vie par rapport au travail. Mais plus la concentration de populations sera forte, plus justement ce « confort » diminuera. « Les Aquitains habitant les métropoles 2005 / H20

■■■

85


Crédit photo : Onisep

Production des confitures Berhnard bien connues en Aquitaine.

Les nouveaux arrivés en Aquitaine ont entre 20 et 59 ans. Ils sont diplômés et sont potentiellement employables.

vont de plus en plus souffrir de vivre dans des conditions proches des franciliens », poursuit Jean-Michel Quinconneau. Aujourd’hui, les unités urbaines concentrent 80 % des emplois régionaux sur 9 % du territoire. Trois habitants sur cinq se déplacent hors de leur commune pour travailler. Les kilomètres et les temps de trajets entre son domicile et son lieu de travail ont doublé depuis les années 80 (2). En outre, en dix ans, l’étalement urbain a conquis plus de 200 communes réduisant cet espace rural qui fait le charme de notre région (3). Les zones commerciales géantes prolifèrent au détriment des petits commerces. Pour Jean-Michel Quinconneau, « La provincialité est en voie d’extinction. Toutes les métropoles en France tendent à se ressembler. Les différences sur le rapport et l’accès au travail se feront désormais entre les quartiers riches ou pauvres, entre l’espace urbain et l’espace rural au sein d’une même région ».

86

■ ■ ■ H20 / 2005

Toqués de TICs

L’apparition des Technologies d e l ’ I n f o r m a t i o n et de la Communication a révolutionné le quotidien des travailleurs. En Aquitaine, aujourd’hui, 96 % des PME possèdent un ordinateur, 68 % sont équipées de téléphones mobiles, 75 % sont connectées à Internet et 33 % sont connectés à haut débit. Même le secteur de l’industrie agricole et agroalimentaire enregistre un taux d’informatisation de 84 %. La majorité de ces entreprises, soit 92 %, considère l’utilisation des Tics comme bénéfiques en termes de gain de temps, de meilleure organisation, de notoriété, de diminution des frais de communication, d’augmentation de la zone clientèle (4). Selon Yves Lasfargue, auteur de « Techno mordus, Techno exclus ? Vivre et travailler à l’ère du numérique », les Tics favorisent, en effet, l’accès, la quantité et la rapidité d’obtention d’informations et d’échanges pour le salarié. En revanche, l’utilisateur est confronté à un travail plus « abstrait » et à une « charge mentale » accrue. Il doit souvent

En Aquitaine, 75 % des PME sont connectées à Internet, et 33 % ont le haut débit.

Crédit photo : Onisep

Crédit photo : Chambre des Métiers d’Aquitaine

QUESTIONS

gérer une abondance de données complexes qui peut aller jusqu’à la saturation. Se pose également le problème d’une soumission plus grande du salarié à la machine. Enfin, l’outil de travail se confond désormais avec l’outil de loisirs et les frontières entre vie professionnelle et vie privée sont désormais plus floues. L’employé utilise l’accès Internet de son entreprise pour envoyer des mails personnels comme il peut être joint sur son portable à tout moment ou se retrouver à travailler les soirs ou les week-end sur son ordinateur portable. Marianne Peyri

(1) : Chiffres INSEE sur « Les créateurs d’entreprises en Aquitaine » , Nov. 2003. (2) : Chiffres INSEE sur « Se déplacer pour travailler en Aquitaine » , Dec. 2002. (3) : Chiffres INSEE sur « l’espace rural aquitain » , Fév. 2003 (4) : Étude réalisée par Aquitaine Europe Communication. Diagnostic 2004.


Bénéfique pour l’homme, le travail peut parfois avoir des conséquences sur son physique et son psychique. Des dispositifs sont mis en place pour promouvoir, en Aquitaine, la politique de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.

Crédit photo : Chambre des Métiers d’Aquitaine

QUESTIONS

L’instauration de « document unique » oblige chaque employeur à faire l’inventaire des risques de santé de son entreprise.

Sécurité, ergonomie, santé En Aquitaine, la Caisse régionale d’assurance maladie d’Aquitaine (Crama) qui produit chaque année des statistiques sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, note une relative stagnation des accidents du travail tandis que les m a l a d i e s professionnelles sont en nette progression avec une augmentation des cancers professionnels et une augmentation annuelle des troubles musculosquelettiques d’environ 40 %. Une meilleure connaissance de ces pathologies contribue certes à cette évolution mais le phénomène de sous-déclaration et de sousreconnaissance reste encore très fort. Selon la Crama, il ne suffit pas de traiter le problème individuellement. Une remise en question profonde de l’entreprise est souvent nécessaire à l’amélioration des conditions et à l’optimisation du travail, par des investissements lourds dont les dirigeants d’entreprise ne voient pas toujours l’intérêt immédiat. Depuis deux ans, la demande sociale sur les questions de santé au travail est fortement stimulée

par l’instauration du « document unique » qui oblige chaque employeur à procéder à l’inventaire exhaustif des dangers et risques de son établissement, préalable à l a m i s e en place d’un plan de

organisationnelle de la prévention des risques fondée sur une meilleure connaissance de l’activité et des causes des risques. Sont pris en compte dans ce diagnostic, les aspects ergonomique, sociologique,

Nombre de salariés exposés aux risques cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques

Source DRTEFP – rapports médicaux des médecins du travail des services de santé Aquitaine – 2002.

prévention. En partenariat avec la Crama, l’Agence régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (Aract) aide les PME et TPE à envisager, à partir de leur propre expérience une approche

médical, gestionnaire, technologique et psychique. Les risques chimiques (toxicologie, incendie, explosion) sont analysés par les spécialistes de l’Aract sur site ou dans son laboratoire. L’ensemble des acteurs de l’entreprise, 2005 / H20

■■■

87


QUESTIONS partenaires sociaux (Medef et syndicats) représentant les organisations nationales signataires, en septembre 2000, d’un accord portant sur l’amélioration du d i s p o s i t i f de prévention des risques professionnels. Christine Abdelkrim-Delanne

Crédit photo : Y. Cousson

y compris les salariés, participent au projet afin de mieux détecter et évaluer l’ensemble des risques pour réduire le nombre et la gravité des accidents du travail et des maladies professionnelles. L’Aract accueille également dans ses locaux l’Observatoire de la santé au travail en Aquitaine créé en 2003 par les

BLANCHISSERIE DE LA NEGRESSE Nouveaux locaux, nouvelle approche En 2000, l’établissement Teinturerie Blanchisserie Biarrote a reçu le trophée 2000 « Qualité des Lieux de travail » décerné par la Caisse régionale d’Assurance maladie d’Aquitaine. La conception des nouveaux locaux de l’entreprise a été réalisée en tenant compte de l’intégration de la prévention des risques santé et sécurité.

88

De l’arrière grand-mère lavandière à la « Teinturerie Blanchisserie Biarrotte » située dans la zone industrielle de Maysonnabe, à Biarritz, l’histoire de l’établissement géré depuis quatre générations par la famille Séguela est aussi celle des évolutions technologiques et en matière de santé au travail. C’est à l’occasion

■ ■ ■ H20 / 2005

de la réhabilitation du lac Marion qu’en 1999, expropriée, l’entreprise s’est déplacée dans la nouvelle zone industrielle voisine. Le passage d’un très ancien local à une structure moderne a été l’occasion d’une étude ergonomique, d’hygiène et de sécurité sur tous les aspects de l’activité et ce, en partenariat avec

l’architecte, la CRAM, l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail et en étroite collaboration avec le personnel. Pour résoudre le problème de la vapeur, des ouvertures hautes et basses et une inclinaison du toit permettent une aération naturelle, un système qui élimine les courants d’air et les


QUESTIONS

passages d’air froid dans le cou. L’isolation thermique du bâtiment dispense de chauffer l’air de renouvellement. Pour plus d’hygiène, les parties linge sale - linge propre sont séparées par une cloison et les chariots désinfectés dans des cabines spéciales. Ce système permettra à l’entreprise d’obtenir la certification ISO-90012000 nécessaire au t r a i t e m e n t du linge des m a i s o n s de santé nombreuses dans la région et particulièrement sensibles. Linge sale et propre ont un accès séparé, en début et fin de chaîne, équipés de quais de transbordement avec une mise à niveau à hauteur des planchers des véhicules qui évitent de décharger les lourds chariots de linge manuellement, et d’un auvent de protection des intempéries. A l’intérieur, sol anti-poussière, isolation des sources de bruit, suppression des machines de lavage remplacées par un tunnel de lavage e t u n e s s o ra g e p a r pression ont mis fin aux nuisances sonores et environnementales. L’informatisation de la chaîne, agencement des machines, le rapprochement des postes, tout est prévu pour diminuer la fatigue et la souffrance musculosquelettique. La

Crédit photo : Y. Cousson

En réaménageant ses locaux selon les normes de santé et de sécurité, la blanchisserie a obtenu le trophée 2000 « Qualité des lieux de travail ».

seule manutention, légère, concerne les postes de repassage et consiste à introduire le linge dans les machines qui se chargent de toutes les opérations jusqu’au pliage. Pour répondre aux normes de sécurité exigées par l a C a i s s e régionale d ’ a s s u r a n c e maladie d’Aquitaine des dispositifs particuliers ont été mis en place tels que les escaliers permettant de laver les vitres, le local de produits lessiviels tandis que les doseurs automatiques vers le tunnel

de lavage qui suppriment les manipulations de produits chimiques. Avec un investissement de 1 067 140 E (achat du terrain, construction, tunnel de lavage, séchages automatiques, déménagement), aujourd’hui, la Teinturerie Blanchisserie Biarrote traite dans des conditions modèles de travail, environ cinq tonnes de linge en moyenne par jour (quatre fois plus pendant les périodes de vacances que le reste de l’année). En 2005, TBB met en

place un programme de formation de l’ensemble du personnel pour le sensibiliser au risque bactériologique et élabore un « document unique » équivalent à celui de l’inspection du travail, poste par poste, pour garantir un risque zéro bactériologique. Christine Abdelkrim-Delanne

2005 / H20

■■■

89


QUESTIONS

... Q

UESTION DE

90

■ ■ ■ H20 / 2005

Recherche


QUESTIONS

Crédit photo : Frédéric Desmesure

la Pratique du Design

2005 / H20

■■■

91


QUESTIONS

La démarche design

Crédit photo : Grove

Page 90/91 Esquisse d’une bouteille présentée au Musée du cognac

Nacelle élévatrice Grove servant à faire des interventions entre 8 et 14 m selon les modèles

L

Crédit photo : Grove

e design aujourd’hui, c’est souvent un malentendu. Il est (presque) partout, mais on ne le voit pas toujours. Dans l’esprit du grand public, le design se résume à une création esthétique, pour ne pas dire artistique, généralement limitée au mobilier et aux petits objets de la maison (arts de la table ou luminaires par exemple). La démarche du designer, en réalité, va beaucoup plus loin : « C’est une approche globale, créative et méthodique, explique AnneMarie Boutin, présidente de l’Agence pour la promotion de la création industrielle (1). Le designer place au centre de sa

92

■ ■ ■ H20 / 2005

démarche l’utilisateur, visant à lui offrir une part de rêve tout en répondant à son besoin. Un bon travail de designer donne un objet bien conçu et un objet bien conçu est celui dont on a pensé la fabrication aussi bien que l’utilisation, et destiné au plus grand nombre. » Didier Garrigos, designer indépendant installé à Sainte-Eulalie en Gironde, va dans le même sens : « Certains objets de designers sont presque anti-design tant ils sont mal conçus, par exemple ce célèbre presse-agrumes haut de gamme, qui ne recueille pas les pépins et qui vaut 100 fois plus cher qu’un presse-agrumes


Crédit photo : Didier Garrigos

QUESTIONS

Le designer a eu la liberté totale en design prospectif pour proposer à Grove une version futuriste d’une nacelle élévatrice.

ordinaire, pourtant bien plus facile à utiliser. » Primé à de nombreuses reprises, notamment pour des chariots-élévateurs, Garrigos insiste lui aussi sur la globalité de sa démarche : « Le designer doit étudier et valider la demande de l’industriel, en menant une investigation sur les produits existants, les normes, les technologies disponibles, fixer ensuite un cahier des charges, c’est-à-dire une série de contraintes cohérentes, puis proposer des dessins, parfois des croquis, souvent des images 3D, élaborer les plans de fabrication, réaliser une maquette, puis un prototype, et enfin

suivre la mise en fabrication des séries ». Au cours de son travail, le designer s’interroge sur la valeur d’usage de l’objet (disons son côté pratique), sur sa valeur d’estime (son « look », ou l’affect qui le liera à l’usager), sur son ergonomie, sur la facilité de démontage, de nettoyage et d’entretien, parfois sur son packaging, mais aussi, de plus en plus souvent, sur l’aspect écologique de la fabrication, du transport et du stockage. Ainsi Steelcase, leader mondial du mobilier de bureau, a fait travailler un designer pour réétudier l’un de ses sièges de bureau. Résultat : un fort gain de poids, donc un gain en

termes de manutention, moins de pièces, donc des économies de fabrication, et un nouveau mode de montage-démontage avec à la clef un stockage moins volumineux. Dans les grandes entreprises, on sait déjà depuis quelques dizaines d’années que la valeur ajoutée apportée par le designer est loin d’être négligeable : « Good design is good business. » Des designers sont donc intégrés aux entreprises ou, plus souvent, collaborent de l’extérieur. Parfois, designers internes et designers free-lance travaillent main dans la main, « les uns avec la connaissance du savoir2005 / H20

■■■

93


QUESTIONS

Crédit photo : Didier Garrigos

Lampe à graisse aux lignes pures retrouvée dans la grotte de Lascaux

éd

Cr

o

ot

ph it

:

to

An c-

r Ma

e in

Une radio qui permet d’avoir des fonctions modem en passant par les ondes radio

faire de l’entreprise, les autres apportant un regard critique essentiel. C’est une bonne formule », note Didier Garrigos. Le design peut permettre de prendre des parts de marchés, voire de créer un marché par l’innovation. Il permet aussi à une marque de modifier ou d’imposer son image, si bien que le design pèse de plus en plus dans les stratégies marketing. Plus inattendue, une étude récente a montré une corrélation favorable entre l’obtention par les entreprises de prix et distinctions pour le design de leurs produits et leur valorisation boursière. Les pays du nord de l’Europe favorisent clairement l’utilisation du design par les entreprises. La Corée, elle, en a fait une « cause nationale » en lançant un plan de cinq ans pour la promotion de cette activité. En France, les progrès sont sensibles depuis le début des années 80, notamment grâce à l’industrie du luxe ou de grands projets comme le TGV. Les formations ont été améliorées ou créées et les grandes entreprises ont adhéré à la démarche. L’Aquitaine, de son côté, est largement en retard dans ce domaine. « Notre région, c’est le Darfour du design », se désole Marc-Antoine Florin,

94

■ ■ ■ H20 / 2005

professeur de design à la faculté d’arts plastiques et à l’Ecole d’architecture de Bordeaux. Il explique que la réticence des PME à l’égard du design reste forte : « Les petits patrons considèrent souvent que leur produit marche et qu’il n’y a donc rien à changer. En plus, ils sont souvent les propres créateurs de leurs produits. Ils considèrent parfois que les designers sont des artistes, donc des farfelus et, presque toujours, que le design coûte cher pour un résultat aléatoire. » Tout en reconnaissant la valeur du design de certains produits traditionnels comme la chaise de campagne ou la barrique bordelaise, Marc-Antoine Florin relève que « nous sommes dans une région de tradition, où la tradition confine à l’immuable, au ratatinage ». Comme AnneMarie Boutin et Véronique Johnston (voir « Histoires vécues »), il déplore un problème largement culturel et ajoute que les responsables politiques locaux manquent d’initiative et de connaissance dans le domaine de la création,

rin

Flo

alors qu’ils devraient avoir un rôle moteur. Et pourtant ! Et pourtant, le design mondial est né il y a 17 000 ans en Aquitaine : on a retrouvé dans la grotte de Lascaux 70 lampes à graisse, dont l’une est le premier exemple de design dans l’Histoire. L’œil de Marc-Antoine Florin se met à friser lorsqu’il la décrit : « Cette lampe est parfaite par ses lignes pures et équilibrées, l’emploi de la figure simple du cercle, l’innovation et le soin apporté à sa fabrication à partir d’un bloc de grès, et sa conception : un manche assez long pour ne pas se brûler, un réservoir à graisse ni trop grand, ni trop petit, quelques sobres ornements. Avant cette lampe, il y avait des objets techniques, comme des pointes de flèches, ou esthétiques, comme des bijoux. Après cette lampe, on a eu du design. » Philippe-Henri Martin (1) L’APCI est la principale association oeuvrant pour la promotion du design en France et la promotion du design français à l’étranger.


QUESTIONS

Dans les coulisses de l’innovation Un service R&D dans une entreprise est une perle rare. Un secteur stratégique et top secret, où des cerveaux phosphorent et où naissent les produits et les technologies de demain. Bienvenue dans le monde de la recherche privée !

Amplificateur Hi-Fi numérique pour NeoSystemes

L

Crédit photo : Didier Garrigos

a R&D n’est pas un service traditionnel au sein d’une entreprise. Ingénieurs, thésards mais aussi commerciaux, techniciens ou chargés de production s’y côtoient. Certains travaillent sur un projet à temps plein, d’autres collaborent sur un point précis. Autant dire qu’aucune R&D ne se ressemble. « La R&D peut être soit interne à l’entreprise, soit à cheval sur l’entreprise et une université ou des labos privés. De même, plusieurs entreprises peuvent se rassembler pour créer une R&D commune. Cela se pratique beaucoup au niveau européen. En tout cas, une société qui fait de la recherche est forcément ouverte sur le monde », explique Pascal Le Roux, professeur à l’Ensam (1). Si l’organisation varie suivant chaque entreprise, l’objectif est pourtant bien le même : créer des produits ou mettre au point de nouveaux procédés de fabrication. Une question de survie pour des sociétés qui jouent dans la sphère très concurrentielle de la haute technologie. Sur le terrain, cette recherche prend de multiples visages : « Les chercheurs peuvent inventer une nouvelle matière, développer une méthodologie de conception comme un nouveau logiciel, travailler sur des systèmes en faisant de l’intégration numérique, ou sur de la simulation en procédant à des calculs sur le comportement du produit... »

Crédit photo : Claude Prigent

A partir d’une base de moule, on peut avoir un déclinaison de plusieurs modèles avec frises et poignées interchangeables.

2005 / H20

■■■

95


QUESTIONS

ajoute Pascal Le Roux. Bien souvent, les frontières sont floues entre innovation pure et travail plus traditionnel des bureaux d’études, axé sur l’adaptation de produits existants et du suivi industriel. « En vérité, seules 1 % des entreprises font réellement de la R&D. Innover est un pari risqué. Il faut accepter qu’un problème ne soit réglé que dans cinq ans ou que la recherche n’aboutisse peut-être jamais. Le coût est donc difficile à maîtriser », analyse Pascal Le Roux. La R&D reste en effet marginale et concerne essentiellement les grandes entreprises. En Aquitaine, elle se cantonne dans les secteurs de l’aéronautique, la chimie-pharmacie, les nouvelles technologies comme le laser... « La région est dominée par de grandes entreprises et une multitude de sous-traitants qui ne dégagent pas de marge suffisante pour créer leur propre R&D » indique Laurent Rey-Lescure, directeur

96

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : Square/Thomas Félix

La pratique de design, c’est tout d’abord, dessiner sur un papier une idée, une première esquisse, l’affiner, pour arriver au produit fini. Fauteuil Ceranova de la marque Square. Ligne dessinée par Thomas Félix, créateur industriel

de l’Innovation au Conseil régional d’Aquitaine (2). « Cependant la tendance évolue. Ces grandes entreprises qui fusionnent et réduisent leurs délais de production sont en demande de sous-traitants innovants. Aujourd’hui, dans un contexte de délocalisation, si on n’est pas en capacité de fournir de la matière grise, on disparaît ». L’Aquitaine est considérée comme la 5e région française pour les dépenses R&D (hors Défense). Ces dernières années, les entreprises, l’Etat et les collectivités locales, ont mis un

coup d’accélérateur. Les passerelles entre le monde de l’université et de l’entreprise se multiplient. La région a désormais rattrapé son retard sur l’ensemble de la France. En 2001, 6 100 personnes travaillaient dans les R&D des entreprises aquitaines, soit plus que l’ensemble des chercheurs du secteur public. Les dépenses intérieures de R&D des entreprises se chiffraient à 748 millions d’euros.


Crédit photo : Acteon

QUESTIONS

Une veille technologique indispensable pour constituer une banque de données par axe technologique.

La R&D sur le terrain Le groupe Acteon (4), basé à Mérignac, réalise des produits pharmaceutiques et des appareils électroniques pour le domaine dentaire et chirurgical. Francis Dieras, directeur de la R&D à Acteon, nous livre les secrets de la réussite d’un pôle recherche particulièrement dynamique. Mon premier : en amont faire de la veille technologique. « Grâce à un travail d’investigation, nous constituons une banque de données par axe technologique (ultrasons, micro-moteurs...) ou par produits (bistouris, détartreurs...). » En aval : étudier le marché ainsi que les besoins des clients. Des données socio-économiques sont observées attentivement. « Par exemple, en repérant que le marché des personnes âgées est en pleine expansion, on a lancé avec succès une valise spéciale pour faire des soins à domicile. » Mon second : avoir recours au transfert de technologies qui permet « un réel gain de temps et l’accès à des solutions innovantes à moindre coût ». Acteon a ainsi mis au point le plus petit laser du monde dédié au traitement de la dentine cariée. « Nous avons adapté

un laser CO2 émettant dans l’infrarouge utilisé dans les avions de chasse. ». Mon troisième : développer le savoir-faire de l’entreprise dans ce qu’il a de plus spécifique. « A Mérignac, une cellule entière est dédiée à la recherche sur les ultrasons de puissance. La conception d’un bistouri à ultrasons pour la neurochirurgie ou des générateurs à ultrasons pour l’odontologie nous ont ainsi permis de nous placer comme leader mondial sur ce marché. » Et chaque société du groupe se focalise ainsi sur des axes technologiques qui lui sont propres. Mon quatrième : collaborer avec des laboratoires privés ou universitaires nationaux et internationaux. Inserm, CNRS, ICMCB... sont quelques uns des partenaires du groupe. Des collaborations internationales ont aussi été nouées sur la technologie des plasmas froids. « C’est essentiel car on ne peut rivaliser avec la compétence très pointue de la recherche fondamentale. » Dernière étape : protéger ses innovations par des brevets et limiter les risques en recourant à l’aide financière publique. L’Anvar, l’Association nationale

de la recherche technique, le Conseil régional d’Aquitaine, et ses pôles technologiques (santé, matériaux...) participent ainsi à l’aventure d’Acteon.

Marianne Peyri

(1) Professeur en génie mécanique à l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers et coordinateur de 4 Design, un institut de formation qui propose de l’aide à la conception de produits et design aux entreprises. (2) La Direction de l’innovation est chargée d’aider les entreprises à se développer et les accompagne dans des projets innovants. (3) Généralement, Etat et entreprises partagent les investissements financiers sur un projet à hauteur de 50 % chacun. (4) Acteon regroupe trois sociétés : Satelec (matériel électronique dentaire et chirurgical), les laboratoires Pierre Rolland (produits pharmaceutiques dentaires) et Sopro (vidéo intra-orale, endoscopie et imagerie X). Il emploie 523 personnes dont 195 collaborateurs dans des filiales étrangères et réalise un chiffre d’affaires de 71 millions d’euros.

2005 / H20

■■■

97


Crédit photo : Camif

QUESTIONS

Cr

éd

it

ph

ot

o

:D av id

Fa b

br

i

Innovations, inventions, l’Aquitaine se positionne E

n matière de dépôt de brevet, l’Aquitaine se place au 11 e rang des 23 régions françaises. Parmi les inventeurs, 25 % sont indépendants. Avant d’obtenir un brevet à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi), l’inventeur indépendant doit parcourir un chemin long, compliqué et souvent coûteux. Depuis 1994, l’association Transtech Aquitaine a mis en place un dispositif régional pour répondre aux besoins des petits porteurs de projet, solitaires et occasionnels, qui ne disposent pas de l’information ou du conseil nécessaire (153 en 2004). Car il ne suffit pas d’avoir « la » bonne idée, encore faut-il que le projet soit validé sur le plan technologique, économique ou juridique et, finalement, commercial. C’est souvent à partir d’une expérience personnelle que naît l’invention.

98

■ ■ ■ H20 / 2005

En Aquitaine, les inventions sont inspirées par les expériences les plus diverses, reflétant souvent les activités traditionnelles de la région et son art de vivre, du nouveau couteau à ouvrir les huîtres au meuble pour la cave à vin par exemple. Parmi les inventeurs aquitains, certains sont devenus de vrais professionnels et multiplient les créations, les dépôts de brevets et surtout la commercialisation de leur produit. Le procédé « gazon minute » ou tapis de gazon inventé par Michel Chamoulaud est aujourd’hui largement utilisé dans les jardins, les parcs ou les stades. Pascal Jarry, inventeur de la selle antivol « I-lock » est consultant et expert en management de la créativité et a déposé six brevets autour du vélo, tels qu’un dispositif permettant de boire en roulant sans se déconcentrer ou ralentir sa course, ou encore le « Tub-air »

Fabbri o : David Crédit phot

qui dispense d’utiliser une pompe pour regonfler sa roue. Autre inventeur, autre secteur, le marmandais Gille Labardin est l’un des rares français qui figure sur le « Grand livre des inventions » édition 2004. Créateur du « Cinostar », un matériau visuel et esthétique aux multiples applications, il est également le père du portail en éventail, du parasol électronique


QUESTIONS

Cré

dit

pho

to : Dav id

Crédit photo : Camif

Conçu par David Fabbri, designer industriel, ce sac/tapis de sol transformable, « Pik nik bag », a été lauréat du concours Camif en 2002. Le projet a été retravaillé (photos 2 et 3) et est libre à l’édition.

Fab b

ri

Conçu pour la grande distribution, ce projet se veut ludique, simple et modulable

Cré

dit

ph

oto

:D avi d

Fab b

ri

télécommandé en forme de palmier ou encore de la piscine auto débordante « bio » avec traitement par ultraviolet sans apport chimique. Dans la longue liste des inventions aquitaines, on trouve aussi, par exemple, les poignées moto pour passager d’Eric Bourguignon, la structure m odulaire pour abris et terrasses de restaurant de Claire Perez ou le gabarit de couture de Lucie Talbi. Chaque

année Transtech, à l’occasion de son salon « Les Estivales de l’Innovation » distribue des trophées. En 2004, à Pau, Pascal Jarry, Rita Martinez (foulard multifonction) et le landais Jean-René Broustet (« Landinette », chalet en bois pour enfant) ont été récompensés. En Aquitaine, les entreprises innovantes sont nombreuses. Qu’il s’agisse de PME ou TPE, de laboratoires de recherche ou de créateurs d’entreprise, elles ont souvent, comme les inventeurs indépendants, besoin d’être accompagnées depuis la faisabilité du projet à la préparation du lancement industriel. Avec au centre, une aide au financement. C’est la mission de l’Agence nationale de valorisation de la recherche (Anvar) qui met en place des actions sur-mesure destinées à favoriser la croissance par l’innovation. Ingénieurs et chargés d’affaires de l’Anvar

travaillent sur le terrain avec le réseau régional des chambres de commerce, des chambres des métiers, des pôles de compétences, et tous les acteurs qui oeuvrent dans le développement économique et l’innovation. En Aquitaine, aujourd’hui, près de 50 % des interventions de l’Anvar concernent des entreprises qui n’ont pas trois ans d’existence, donc fragiles, et où le partage du risque est important entre l’Agence et les porteurs de projet. En 2003, la délégation aquitaine a financé 212 projets pour un montant de 13,98 millions d’euros. L’agroalimentaire, les sciences du vivant (secteur santé) et les technologies de l’information et de la communication électronique sont les secteurs les plus importants répartis principalement sur la Gironde et les Pyrénées Atlantiques. Parmi les innovations « réussies » soutenues par l’Anvar en 2005 / H20

■■■

99


Crédit photo : Pascal Jarry

QUESTIONS

Aquitaine, on peut citer le nid d’abeille aluminium mis au point par la société Derenid ou les nanoparticules magnétiques au service des sciences de la vie d’Ademtech, ou encore Spherido, un système innnovant de prise de vue et de restitution vidéo

accès à cette émission, la société ASP64 pour son bureau virtuel disponible par Internet « InfraPack », Deal Informatique pour le Deal ERP, gamme de progiciels de gestion, 2JTEL pour le « Kiapel », outil d’assistance téléphonique destiné aux PME, et la société

L’antivol I-lock, inventé par Pascal Jarry, s’adapte à tous les vélos. Deux brevets ont été déposés et ont reçu le prix du public et le prix mondial de la créativité ASIT.

4 Design est un institut

de conception de design industriel à Bordeaux. Il a pour vocation de développer la conception de produit et le design

en Aquitaine. Il permet d’assurer une assistance auprès des PMI

d’Aquitaine, de former des chefs

sphérique de Doo Interactive. L’Anvar est également partenaire de l’émission de F r a n c e I n f o « Partenaires d’entreprises » visant à mettre en relation des inventeurs et des partenaires commerciaux, techniques ou financiers. En 2004, quatre entreprises aquitaines ont eu

100

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : Frédéric Desmesure

d’entreprise en conception

Eric Divoux, designer à Bordeaux, se veut hors des sentiers battus en créant des gammes de produits à caractère unique et constamment renouvelés.

Easy-do-it pour ses notices vidéos et/ou 3D pour réussir des opérations de bricolage. Christine Abdelkrim-Delanne

de produits industriels

et de s’intégrer dans les réseaux

européens du design. Cet institut a aussi pour vocation de créer l’incubateur de produits

d’Aquitaine avec des partenaires régionaux et le soutien

du Conseil régional d’Aquitaine, de l’Union européenne

et la DRIRE Aquitaine..


QUESTIONS

Véronique Johnston éditrice de design

V

Crédit photo : Spirit

é r o n i q u e Johnston exerce à Bordeaux un métier peu commun, puisqu’ils ne sont qu’une dizaine en France : éditrice de design. Sous sa marque, Spirit, elle diffuse des meubles et objets des arts de la table dessinés par des designers indépendants. Elle choisit les objets dont les lignes lui plaisent, des lignes exprimant du sens autant que de l’esthétique, mais elle choisit aussi des personnes : « certains designers ont trop d’ego et sont ingérables », dit-elle. Ensuite, elle les aide à mener à bien leurs projets jusqu’à la production en série, et consacre beaucoup de temps à la partie commerciale. Si elle ne néglige pas les boutiques, elle sait que c’est un débouché très limité - quelques pièces par-ci par-là, et se tourne aussi vers des professionnels comme les restaurateurs et les hôteliers, soit directement, soit sur des salons. Des marques nationales peuvent aussi s’intéresser à son catalogue, un industriel du sucre pour un sucrier, par exemple. Comme d’autres, elle déplore le manque de culture des

Français en matière de design, et le manque de soutien des institutions de la région. Mais sa hantise principale reste la copie. En à peine quatre ans d’existence, elle en a été victime à plusieurs reprises, comme avec ce photophore contrefait par un industriel chinois. Dans un tel cas, comme les objets ne sont en général p r o t é g é s que sur la France, il n’y a rien à faire. Reste la fierté de celle qui a eu l’œil la première. Philippe-Henri Martin

Pictogramme : Spirit

2005 / H20

■■■

101


QUESTIONS

Béatrice Hervot un design plus pragmatique

A

Un chariot plus ergonomique

« En 2002, l’entreprise girondine Strato Compo, spécialisée dans les matériaux composites, m’a demandé de concevoir un chariot de nettoyage. Destiné aux femmes de ménage travaillant dans les grandes surfaces, ce chariot devait contenir une poubelle, un balai, des chiffons, un seau. J’ai mené une enquête préalable auprès des femmes de ménage et des entreprises de nettoyage pour connaître leurs méthodes d’utilisation et leurs opinions sur les chariots 102

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : Béatrice Hervot

rchitecte de formation, Béatrice Hervot s’est lancée dans le design en 2001 en suivant les cours de l’Institut 4 Design de Talence. Une première réalisation, un chariot de nettoyage, lui a valu le prix « Ascop » 2001-2002 décerné par le Conseil régional d’Aquitaine. Depuis 2003, elle a créé à Bordeaux sa propre entreprise « Atelier B’Ton design » et réalise des produits industriels mais également du design d’espaces et de communication.

existants. J’en ai retiré un point important : la poubelle restait constamment ouverte et les femmes de ménage, pour pousser le chariot, mettaient leurs mains dedans. De plus, cette poubelle apparente renvoyait, selon elles, une image dévalorisante de leur profession auprès

des clients du supermarché. J’ai donc trouvé une astuce pour relier le couvercle de fermeture de la poubelle avec la poignée du chariot. Ainsi elles ne peuvent pousser le chariot sans fermer la poubelle. Je me suis notamment inspiré du fonctionnement d’une visière de casque de


Crédit photo : Jazz Mutant

QUESTIONS

Concevoir pour la musique électronique un écran tactile

« L’entreprise JazzMutant a créé un produit innovant : un écran tactile dédié à la musique électronique. Elle m’a chargé de mener une démarche design globale pour concevoir un boîtier, une protection et l’emballage de ce produit. Mon premier travail a été de bien maîtriser la technique de l’objet, d’interviewer des musiciens, d’assister à des concerts, lire des revues spécialisées sur la musique électronique pour m’imprégner de cet univers. J’ai aussi mené, entre autres, une enquête pour connaître les caractéristiques et le coût de différents matériaux comme le plastique

injecté, l’aluminium… Mon choix s’est porté, dans un premier temps, sur le caoutchouc. Mon idée était de travailler sur une matière malléable afin que le musicien puisse enrouler la housse de protection sous l’écran et ainsi gagner en confort d’utilisation. J’avais également ajouté des anneaux à cette housse pour que l’utilisateur puisse l’accrocher au mur s’il souhaitait jouer debout. C’est justement le rôle du designer d’arriver à transformer des objets qui pourraient être embarrassants -- comme une protection d’écran -- en un objet utilitaire

et intelligent. Malheureusement, on a dû abandonner cette idée et se rabattre sur un boîtier en aluminium moins original mais plus économique et plus résistant à la chaleur de l’écran. C’est souvent la difficulté du métier, il faut savoir se plier aux exigences financières et techniques de l’entreprise, quitte à brider sa créativité. » Marianne Peyri

Crédit photo : Béatrice Hervot

moto, d’un look « automobile » et de couleurs ludiques. Enfin, ce prototype présente aussi l’avantage de n’être composé que de quatre moules au lieu de treize habituellement, ce qui permet une plus grande rapidité de fabrication. »

2005 / H20

■■■

103


QUESTIONS

Gilles Labardin un design haut en couleurs

104

■ ■ ■ H20 / 2005

Crédit photo : Gilles Labardin

C

355 mètres. Autre invention de Gilles Labardin qui semble avoir un avenir commercial, la « porteailes », portail en éventail qui déploie ses ailes à partir des deux poteaux porteurs. Elégant et efficace, il fera sa première apparition publique à Palm Island, île artificielle et immense projet touristique immobilier également à Dubaï. Il s’agit

d’une version « artistique » avec incrustation de pierres « précieuses » en cinostar et autres éléments décoratifs adaptés au contexte. La commercialisation de la version industrielle de la « porteailes » est prévue pour février 2005. Christine Abdelkrim-Delanne

Crédit photo : Gilles Labardin

ertains le considèreront comme un « inventeur un peu fou », d’autres comme un concepteur-designer. A 45 ans, Gilles Labardin est sans doute les deux à la fois. Ses inventions récentes lui ont valu de figurer dans le « Grand Livre des Inventions » (Edition 2004) qui répertorie chaque année les inventions marquantes du monde entier. Son expérience acquise dans l’entreprise Plastiforme de François Cassagneau à Marmande l’a conduit à s’intéresser au problème de la couleur dans le domaine du plastique. Il crée le « cinostar » ou « résine d’étoile », matériau avantgardiste esthétique utilisé entre autres comme carrelage ou plaquage mural. Le cinostar « algébrique » qui se présente sous forme de pièces de puzzle intéresse particulièrement les Emirats arabes où Gilles Labardin, soutenu par la Chambre de commerce et d’industrie de Midi-Pyrénées et l’ambassade de France à Dubaï, a signé un contrat avec DEPA Design, entreprise de décoration d’intérieur de l’ hôtel Burj Al Arab, édifice en forme de voile d’une hauteur de


Le site de Cap Sciences Vitrine des activités développées par le Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle de la région Aquitaine, le site Internet de Cap Sciences reçoit chaque mois la visite de plus de 3 500 personnes. Il permet aux internautes de se renseigner sur les expositions et les heures d’ouverture du Hangar 20, consulter l’agenda des événements liés aux sciences et aux techniques, télécharger des dossiers documentaires thématiques, avoir accès à des brèves sur l’actualité des sciences et techniques en Aquitaine, préparer des visites scolaires et télécharger des dossiers pédagogiques. En 2003, le nouveau bâtiment de Cap Sciences, la multiplication de ses activités et de ses publics ont motivé la création d’un nouveau site, qui permet d’héberger plus d’informations et répond mieux aux attentes des internautes en matière de contenus, de lisibilité et d’animations multimédia (sons, images, vidéo).

Un site plus clair

Le nouveau site a été l’occasion de moderniser et harmoniser la charte graphique, plus légère et aérée, qui permet une meilleure lisibilité des contenus. L’accès aux informations a été facilité, grâce à un repérage plus facile des rubriques, des renvois directs à des contacts ou des informations et la séparation des pages d’information à consulter et des pages d’archives à télécharger. L’appel d’offres pour la réalisation de ce nouveau site a été remporté par Systonic, une agence située à Pessac.

Un site plus riche

Ce nouveau site a aussi permis à Cap Sciences de multiplier les contenus et les animations. Entre autres nouveautés, le visiteur peut désormais :

Le portail du s@voir de

l’Aquitaine est un annuaire de sites web traitant de tous les domaines de la connaissance, du patrimoine aquitain aux sciences humaines, des langues

• Visiter les espaces du Hangar 20 grâce à des images à 360°. Ce service permet notamment de mieux préparer une location d’espace. • Ecouter les interviews sonores de chercheurs aquitains réagissant à l’actualité nationale (le réchauffement de la Planète, les bébés du double espoir, etc.) • Consulter une suggestion d’ouvrages sélectionnés par la Librairie Mollat, en relation avec les thématiques des expositions et des événements de Cap Sciences. • S’informer et s’inscrire à des visites de sites touristiques scientifiques et techniques. Un Guide réalisé et actualisé par Cap Sciences recense déjà plus de 50 sites aquitains ouverts à la visite et un programme de visites gratuites d’entreprises (10 entreprises sont déjà partenaires) est proposé au public. • Effectuer une recherche libre sur l’ensemble du site de Cap Sciences grâce à un moteur de recherche. • Accéder directement au Réseau aquitain de diffusion de la culture scientifique (Créasciences, Lacq Odyssée) et à une sélection de sites scientifiques. au vi v a nt , c o nsul t a bl e sur internet. Cap Sciences est chargé par le Conseil régional d’Aquitaine de recenser et présenter les sites scientifiques et techniques. Ce portail du

s@voir est accessible sur internet à http://savoir.aquitaine.fr et depuis le site de Cap Sciences. Il permet d’effectuer une recherche de si t es pa r r ubr i que ou p a r type de ressource.


REFERENCES

REFERENCES

Au cours de l’année, nous avons été sensibles à quelques publications, soit pour la transmission d’une recherche réalisée en Aquitaine, soit pour le regard scientifique porté sur l’Aquitaine ou tout simplement pour leurs auteurs aquitains.

A CONSULTER

A CONSULTER

Recomposer la ville - Mutations bordelaises Patrice Godier et Guy Tapie, éditions L’Harmattan, 2004. En l’espace de quelques années, Bordeaux s’est profondément transformée. Des initiatives ont été prises dès 1996 pour donner une autre image de la ville et changer les pratiques des habitants. La restructuration des quais de Garonne et le lancement de trois lignes de tramway illustrent de façon spectaculaire ce vaste mouvement de recomposition urbaine. Au-delà de la description de ces réalisations, les auteurs nous invitent à découvrir les coulisses souvent ignorées de la fabrication de la ville. Patrice Godier et Guy Tapie sont sociologues, enseignantschercheurs à l’école d’architecture et de paysage de Bordeaux. Lascaux et les mythes Guiot-Houdart Thérèse, Pilote 24, 2004 Depuis plusieurs années l'auteur étonne par son interprétation totalement nouvelle des peintures de Lascaux. Au fond, sa recherche se place dans la droite ligne de la réflexion de André LeroiGourhan qui écrivait «Animaux et signes se comportent comme l'illustration d'un mythe». Vagues, le fabuleux spectacle de l’océan Pierre Nouqueret, éditions La Martinière, 2004 Fabuleuses et éphémères,

106

■ ■ ■ H20 / 2005

LIVRES

LIVRES

les vagues offrent à l’homme un spectacle naturel somptueux et sans cesse renouvelé. Masses liquides mouvantes à la puissance parfois incroyable, énergies d’écume et de lumière, les vagues sont aussi pour les surfeurs un formidable terrain de jeu. De Tahiti à Hawaï, du Brésil aux îles Mentawaïs, cet ouvrage entraîne le lecteur dans un véritable voyage initiatique sur tous les océans du monde à la découverte des plus belles vagues du monde. Saveurs d’Estuaire Charles Daney, éditons Cairn, 2004 Semblables à des bonbonnières dont on défait les cordelettes, le fond des estuaires offre avec gourmandise des friandises dont on ne se lasse pas. Les poissons migrateurs pris dans les grandes nasses révèlent leurs origines, leurs secrets . Cet ouvrage nous permet de découvrir la saga de ces poissons si appréciés tels que les aloses, les pibales, les lamproies, qui ont influencé jusqu'au vocabulaire des hommes qui les fréquentent. Un lexique présente d’ailleurs un sud-ouest atlantique souvent méconnu.

Aires protégées insulaires et littorales tropicales Pierre-Marie Decoudras, JeanMichel Lebigre Bordeaux : PUB, 2004 Existe-t-il des caractères propres aux aires protégées établies sur des îles et des littoraux tropicaux ? Le questionnement des participants au colloque de Nouméa d’octobre 2001 relance un débat déjà ancien en insistant sur les dynamiques contemporaines, partagées entre une modélisation d’ensemble et la prise en compte de spécialités locales. Qu'il s'agisse d'îles ou de littoraux, la proximité et l’omniprésence de la mer créent une communauté de milieux et un contexte dans lequel s’impose le thème de la vulnérabilité aux impacts humains. Trésors gourmands du Bordelais Photographies de Jérémie Buchholtz Préface de JeanPierre Coffe, éditions Confluences, 2004 La lamproie, l’esturgeon et le caviar, les crevettes blanches de l’Estuaire, les pibales… On pourrait en trouver d’autres, les tricandilles, les radis de Bègles, etc. L’énumération est assez longue déjà pour un constat, la multitude de produits qui font l’objet de ce livre, disent tous quelque chose de l’identité patrimoniale du sud-ouest. A travers l’œil du photographe et les textes de neuf auteurs amoureux des goûts et saveurs, le lecteur part à la rencontre de ces trésors gourmands typiquement bordelais. Les bons petit plats Anne Bodsredon, éditions SudOuest, 2004 Des recettes simples et gourmandes qui apprendront


REFERENCES aux enfants les bases de la cuisine traditionnelle, adaptée aux goûts et modes de vie d'aujourd'hui. Avec des descriptions claires et illustrées, ils adopteront les gestes et les astuces de la préparation maison, celle qui reste dans les souvenirs. Pour que les enfants deviennent, en s'amusant, de fins gourmets, amateurs de produis frais et naturels et de saveurs authentiques.

L’école des chances. Qu’est-ce qu’une école juste ? François Dubet, éditions du Seuil,2004 L’école des chances exige un redéploiement de notre conception de l’égalité. Comment mieux traiter ceux qui en ont moins ? Comment fonder une culture commune ? Comment conjurer le verrouillage des destins sociaux par le diplôme ? Comment respecter la personne quand on sanctionne l’élève ? Autant d’interrogations qui appellent un peu de courage et d’audace : l’avenir de l’école ne se tient pas dans son passé. François Dubet est sociologue à l’université de Bordeaux II et Directeur d’études à l’EHESS.

Dictionnaire de la sexualité humaine Philippe Brenot, éditions L’esprit du temps, 2004 Qu’est-ce que la sexualité ? Question aux multiples réponses : la sexualité c’est la vie, l’amour, le sexe, l’instinct, la pulsion, l’érotisme…à laquelle notre regard contemporain propose une image de la complexité. La sexualité humaine n’est pas seulement instinct, pulsion, comportement, elle est une part de l’édifice de la personnalité, elle fonde nos relations, intimes ou non, avec les autres et organise le tissu social, selon l’attraction ou la répulsion des individus entre eux. C’est pourquoi contribuent à cet ouvrage de nombreux spécialistes de disciplines différentes telles que la sociologie, la médecine, le droit, la sexologie, la psychanalyse…

Le vin & la médecine Marc Lagrange, Préface Professeur Christian Cabrol, éditions Féret, 2004 En ces jours où l’on s’interroge sur les effets bons ou mauvais du vin sur la santé, le livre de Marc Lagrange, chirurgien et oenophile averti, vient à son heure pour nous apporter sur cette boisson, le témoignage de l’histoire et le verdict du temps. Abondamment illustré de peintures et de photographies remarquables, l’ouvrage est organisé en deux parties. En premier lieu l’auteur retrace dans un passionnant voyage l’utilisation médicale du vin, des origines à nos jours. Le second volet est consacré de façon plus spécifique à l’évolution de la consommation du vin et aux effets bénéfiques de celui-ci sur la santé.

La grue cendrée. Histoire naturelle d’un grand migrateur Laurent Couzy, photographies de Pierre Petit, Coll. Guides Sud Ouest, fév. 2005

La Grue centrée est un animal qui fait rêver. Partout en Europe, des passionnés comptent, observent, étudient. Un seul objectif : la préservation de l’espèce. Dans cet ouvrage sont abordés les différents aspects de sa biologie et de sa répartition et sa migration. La problématique de son avenir tient également une bonne place. Enfin, les dernières pages permettent d’entrevoir le champ considérable que constitue la symbolique de l’oiseau dans de nombreuses cultures.

Une histoire de Banjo Nicolas Bardinet, éditions Outre mesure, 2004 Une histoire du banjo raconte, depuis sa genèse complexe et tourmentée jusqu’à nos jours, le parcours d’un instrument emblématique des Etats-Unis. Ses disparitions ou résurgences, ses adaptations, améliorations ou accouplements successifs (avec la mandoline, la guitare, le ukulélé…), son apport décisif à l’histoire de la musique populaire des Etats-Unis et à la culture de l’entertainment : tous ces éléments sont traités avec méthode et passion. Derrière le destin de cet objet en tout point singulier apparaissent en filigrane l’histoire d’un peuple déraciné et les grandes étapes de l’histoire musicale et culturelle américaine. Aquaculture et environnement / INRA , 2004 Cet ouvrage résulte d'un colloque organisé à Bordeaux par l'INRA et la profession, en septembre 2002. Adressé à un public élargi, il fait le point sur les impacts potentiels, encore mal connus, des fermes aquacoles sur les rivières et l'environnement en général : compétition entre individus échappés et poissons autochtones, transmission de parasites, de maladies, nouvelles capacités de résistance aux antibiotiques, nouvelles combinaisons génétiques, eutrophisation du milieu par les effluents d'élevage. Les tontons surfeurs : aux sources du surf français Alain Gardinier , éditions Atlantica, 2004 Qui fut le tout premier surfeur français ? Comme toujours, c'est une histoire d'hommes, des tontons courageux, obstinés, et souvent chanceux... Une aventure ayant pour environnement Biarritz et ses alentours. Une histoire où l'on croisera des personnages aussi captivants qu'Ernest 2005/ H20

■■■

107


REFERENCES Hemingway et Sosthène Larcebeau, Arnaud de Rosnay ou Catherine Deneuve.. La première planche de surf fut présentée en 1956 par Peter Viertel, scénariste d'Orson Welles, John Huston ou Alfred Hitchcock. Peter Viertel nous raconte dans cet ouvrage les tout débuts et la façon dont sa planche permit à tous les sportifs du coin de s'initier au sport des rois hawaiiens, ceux que l'on appelle aujourd'hui les « tontons surfeurs » : Georges Hennebutte, Michel Barland, Henri Etchepare... Guide archéologique de l’aquitaine Louis Marin, J.P Bost, Jean-Michel Roddaz, Ausonius, 2004 Richement documenté le Guide archéologique de l’Aquitaine constitue un outil indispensable pour qui souhaite découvrir la région à travers ses monuments, musées et sites archéologiques ouverts au public. Il propose onze itinéraires pour des excursions terrestres mais aussi aériennes avec huit promenades au départ d’aérodromes locaux. A la découverte des orchidées sauvages d’Aquitaine Franck Jouandoudet, éditions Mèze, Biotope, 2004

Un beau livre qui présente l'intégralité des 65 espèces d'orchidées connues à ce jour en Aquitaine. Très abondamment illustré, cet ouvrage nous fait

108

■ ■ ■ H20 / 2005

découvrir ces plantes fascinantes pas toujours connues en Aquitaine, avec des informations précieuses sur leur répartition géographique. Des itinéraires de découverte des sites les plus représentatifs des cinq départements de la région sont proposés. Elisée Reclus ou la passion du monde H. Sarrazin, éditions Du sextant, 2004 «Né en 1830 en Dordogne, Élisée Reclus est aujourd'hui l'un des plus grands géographes français. Théoricien, parmi d'autres, de l'anarchie, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont la célèbre Géographie universelle, publiée en dix-neuf tomes, sans oublier l'Histoire d'un ruisseau, Voyage dans la sierra Nevada, ou encore l'Évolution, la Révolution ou l'idéal anarchique... » Hélène Sarrazin raconte avec passion une vie d'aventures où les voyages, les épreuves sont autant de rencontres, d'observations et d'expérimentations que ce soit en Europe, en Amérique ou en Afrique. Car Élisée Reclus n'est pas seulement un amoureux de la Terre et un précurseur de l'écologie, il est aussi à la recherche d'une société libre qu'il voudrait bonne pour tous. Cahiers Art et Science Numéro spécial 8 –revue annuelle 2004, éditions Confluences, 2004 En 2003, à l’occasion du 550e anniversaire de la bataille de Castillon, l’Université Bordeaux 1 a organisé un colloque international, à Castillon, autour de l’année 1453, année charnière pour l’histoire de l’Occident. La bataille, l’invention de l’imprimerie, la chute de Constantinople, la parution du Traité de la perspective de Piero della Francesca qui marqua le début d’une nouvelle représentation du monde, les découvertes médicales et astronomiques ont fait l’objet

de remarquables interventions. Les Cahiers Art et Science est une revue annuelle co-éditée par les éditons Confluences et l’Université Bordeaux 1, et dirigée par Allain Glykos, enseignant, écrivain et responsable du service culturel de l’Université Bordeaux 1.

Lascaux : le geste, l’espace et le temps Norbert Aujoulat, éditions du Seuil, 2004

Docteur en préhistoire et géologie du Quarternaire, Norbert Aujoulat dirige depuis 1980 le département d’art pariétal au Centre national de la préhistoire de Périgueux. Il vient de publier le résultat de dix ans de recherches sur les peintures de la grotte de Lascaux. Le livre réunit photographies, analyses des peintures et résultats des recherches sur l’art pariétal de ce site. Un très bel ouvrage !

La technique Association internationale Jacques Ellul, Cahiers Jacques Ellul, n ° 2, 2004 Au sommaire : La technique considérée en tant que système (J. Ellul) ; Jacques Ellul ou La condamnation morale de la technique (D. Bourg) ; Jacques Ellul ou L'illusion du progrès technique (A. Gras) ; Peut-il exister une "culture technicienne" ? (J. Ellul). Avec aussi quelques textes de J. Ellul sur les chrétiens et la guerre, "théologie et technique"...


Comment devienton amoureux ? Lucy Vincent Editions Odile Jacob, 2004 Comment caractériser le coup de foudre ? Pourquoi l’émotion suscitée est-elle souvent décrite comme la plus forte de toute une vie ? Que sait-on aujourd’hui de la chimie très particulière de l’état amoureux ? S’agit-il d’un phénomène purement subjectif ou bien est-il, au contraire, observable « de l’extérieur », mesurable et visible dans le cerveau ? Autant de question auxquelles nous répond Lucy Vincent, docteur en neurosciences.

Terre d’Océan Magazine vivant des sciences de l’environnement. Destiné à tout public, ce semestriel présente la recherche en environnement, son fonctionnement, ses enjeux sociaux ainsi que les impressions des chercheurs. Avec des interviews de scientifiques travaillant dans le domaine de l’environnement, ce magazine nous offre un large éventail de l’actualité en ce secteur. Le numéro 3 paru en 2004 nous propose par exemple un dossier sur le changement climatique, un sujet abordé lors d’une conférence avec le scientifique Robert Kandel à l’Aquaforum des Rives d’Arcins. L’Aquitaine monumentale 20 ans de protections et de restaurations de Monuments historiques, 2004 A l’ occasion des Journées du Patrimoine 2004, le Festin propose, en collaboration avec la conservation régionale des Monuments historiques de la DRAC d’Aquitaine, un numéro hors série consacré à vingt ans

La Librairie Mollat et Cap Sciences sont partenaires depuis octobre 2003 et collaborent lors des expositions présentées à Cap Sciences.

Martine Vimare, responsable du rayon sciences de la Librairie Mollat a porté un regard professionnel sur l'année 2004 : « Le public s'intéresse beaucoup à la culture scientifique. Nous avons de nombreuses demandes

de restauration. En 144 pages illustrées par des photographies, cet ouvrage est un parcours des cinq départements aquitains. Il permet au lecteur d’aborder des sites tels que les grottes préhistoriques de la Dordogne, la citadelle de Blaye, la cité Frugès de Le Corbusier à Pessac… Physique impériale Catalogue réalisé en 2004, sous la direction de Francis Gires, professeur de sciences physiques au LycéeCollège Saint-Joseph à Périgueux. Edité à l’occasion de l’exposition « Physique impériale », organisée par l’association de sauvegarde et d’étude des instruments scientifiques et techniques de l’enseignement. Cet ouvrage permet de découvrir des collections scientifiques impressionnantes. Tous ces instruments exceptionnels ont été inventoriés et réunis, avec la participation active des élèves et des enseignants de Périgueux. Avec pour objectif la sauvegarde des collections scientifiques pédagogiques ainsi que la sensibilisation du monde enseignant, des élèves et du grand public à la physique.

sur l’histoire des sciences, sur la relativité, la génétique… le plus difficile est de trouver un ouvrage accessible à tous. L’astronomie est le domaine le plus demandé et c’est souvent par ce biais que certains lecteurs franchissent le pas vers les sciences. L’année 2004 a été très riche en nouveautés dans le domaine scientifique. La collection « L’esprit des sciences » aux éditions Ellipses s’est enrichie cette année avec des nouveautés telles que « Des esprits aux atomes » dont l’auteur est Bernard Tyburce. »

Cette exposition et donc cet ouvrage en sont les plus belles preuves et illustrent bien cette volonté de parler de ce domaine au public, à l’occasion de l’Année mondiale de la Physique en 2005.

Protégeons notre planète océan ! Hors série « Spécial environnement » Edité par Surf Session en coédition avec Surfrider Foundation, 2004 Un ouvrage qui fait découvrir la nature du littoral, explorer les fonds marins de la côte atlantique et appréhender les différents problèmes écologiques tels que la pollution de l’eau, les déchets... Les schémas, les graphiques inclus dans ce livre offrent une approche scientifique indispensable pour des sujets d’actualité pointus. Ceux qui concernent la marée noire par exemple ou le développement durable sont appréciables pour ces sujets qu’il n’est pas toujours facile de synthétiser. Ce Hors série a été rédigé d’après l’exposition « Vagues et littoral », dont le commissaire est Pierre Nouqueret.

2005 / H20

■■■

109


REFERENCES A CONTACTER

■ Mediaforest T : 05 58 09 44 55

18 / 20 ■ CEA Cesta T : 05 57 84 40 00 I : www.cea.fr

■ Communautés des communes de Mimizan T : 05 58 09 44 55 E : contact@mimizan.com

23 / 24 ■ Port Médoc T :08 00 50 54 04 I :www.port-medoc.com 25 / 27 ■ CTIFL T :05 53 58 00 05 I : www.fruits-et-legumes.net 28 / 30 ■ Cnes I :www.cnes.fr 31 / 32 ■ Centre Jean Rostand T : 05 58 93 92 43 33 / 38 ■ Aéroport de Bordeaux I :www.bordeaux.aeroport.fr ■ Direction générale de l’aviation civile I :www.dgac.fr 39 / 42 ■ MSHA T : 05 56 84 68 00 I : www.msha.u-bordeaux.fr 43 / 45 ■ Bassin de Lacq T : 05 59 60 03 46 E : contact@cc-lacq.fr I :www.cc-lacq.fr 50 / 52 ■ ZK Productions E : atelierz.k@wanadoo.fr 53 / 54 ■ Médecins du monde T : 05 56 79 13 82 E : medecinsdumonde.bx@wanadoo.fr 55 / 57 ■ Musée de la mer de Biarritz T : 05 59 22 75 40 I : www.museedelamer.com 58 / 59 ■ Biorica T : 05 56 57 97 75 I : contact@biorica.com

78 / 89 ■ INPI T : 05 56 81 12 60 I : www.inpi.fr ■ IERSO T : 05 56 84 85 51 E : lacour@u-bordeaux4.fr I : www.ierso.u-bordeaux4.fr ■ CESR T : 05 57 57 83 15 E : com@cesr-aquitaine.fr I : www.cesr-aquitaine.fr ■ CRAMA T : 05 56 11 64 00 I : www.cram-aquitaine.fr ■ ARACT T : 05 56 79 63 30 I : www.aquitaine.aract.fr ■ INSEE T : 05 57 95 05 00 E : insee-contact@insee.fr I : www.insee.fr ■ Ville de Hendaye T : 05 59 48 23 23 E : mairiehendaye@hendaye.com ■ CCI de Bayonne Pays Basque T : 05 59 46 59 46 E : com@bayonne.cci.fr ■ Anvar T :05 57 01 65 55 I :www.anvar.com

60 / 61 ■ Rip Curl T : 05 59 24 38 40 I : www.ripcurl.com

■ Medef I : www.medef.fr

62 / 77 ■ Inra T : 05 57 12 23 00 I :www.bordeaux.inra.fr ■ CRPFA T :05 56 01 54 70 E :bordeaux@crpfaquitaine.fr ■ Papeteries de Gascogne T : 05 58 09 25 25 E :info@PAPETERIESdeGASCOGNE.com I :www.papeteriesdegascogne.com ■ CTBA T : 05 56 43 63 00

■ Smurfit T : 05 56 03 88 00 I : www.smurfitcellulosedupin.com ■ Argefo T : 05 56 88 71 30 E : contact@argefo.net I : www.argefo.net

90 / 100 ■ Transtech Aquitaine T :05 56 51 39 18 I :www.transtech.fr ■ Acteon T : 05 56 34 06 07 E : info@acteongroup.com ■ APCI I : www.apci.asso.fr ■ Didier Garrigos T : 05 57 6 97 48 I :www.garrigos-design.com ■ 4 Design T : 05 56 84 54 44 I :www.4design-France.com ■ Pascal Jarry E : Info@Jarry.Biz I : www.Jarry.Biz

■ Apiculteur Gilles Fert I :www.ABEILLES-SELECTIONNEES.COM ■ Afocel T : 05 57 88 82 33 E : sudouest@afocel.fr I : www.afocel.fr

■ Michel Chamoulaud T : 05 56 26 62 55 I : www.Tapisminute.com ■ Ademtech T : 05 57 02 02 00 I : www.ademtech.com

■ Enita T : 05 57 35 07 07 I : www.enitab.fr

110

■ Entreprise Capdevielle Tél. : 05 58 79 70 70

■ Doo Interactive T : 05 56 78 88 74 I : www.doo-interactive.com ■ ■ ■ H20 / 2005

■ ASP64 T : 05 59 52 26 30 E : info@asp64.com ■ Deal Informatique T : 05 56 75 56 65 E : infos@deal.fr ■ 2JTEL T : 05 53 24 26 01 I : www.2JTEL.com ■ Easy-do-it T : 05 57 87 11 20 I : www.easy-do-it.com ■ Steelcase T : 05 56 01 65 40 I : www.steelcase.com ■ Thomas Felix T : 05 56 51 24 97 E : felix.design@club-internet.fr ■ Eric Divoux I : www.2visu.com

■ ■ ■ POUR CONTACTER LES UNIVERSITÉS Univerité Bordeaux 1 Anne Lassègues, T : 05 40 00 24 21, E : a.lassegues@presidence.u-bordeaux1.fr Université Victor-Segalen Bordeaux 2 Thérèse Durousseau, T : 05 57 57 13 69, E : communication@u-bordeaux2.fr Université Michel-de-Montaigne Bordeaux 3 Isabelle Froustey, T : 05 57 12 46 73, E : isabelle.froustey@u-bordeaux3.fr Université Montesquieu Bordeaux IV Régine Briant, T : 05 56 84 25 59, E : briant@u-bordeaux4.fr Pôle universitaire de Bordeaux Norbert Loustaunau, T : 05 56 33 80 84, E : communication@poleuniv.u-bordeaux.fr Université de Pau et des Pays de l’Adour Véronique Duchange, T : 05 59 40 70 30, E : veronique.duchange@univ-pau.fr

POUR CONTACTER LES CENTRES DE RECHERCHE CEA Cedric Garnier, T : 05 57 04 42 12, E : cedric.garnier@cea.fr Cemagref Chantal Gardes, T : 05 57 89 08 18, E : chantal.gardes@cemagref.fr CNRS Marie-Noëlle Gouineau, T : 05 57 35 58 56, E : gouineau@dr15.cnrs.fr Inra Jean-Claude Meymerit, T : 05 57 12 26 52, E : meymerit@bordeaux.inra.fr Inserm Evelyne Cremer, T : 05 57 57 36 54, E : evelyne.cremer@bordeaux.inserm.fr

■ ■ ■ SIGLES UTILISÉS DANS H20 CNRS : Centre national de la recherche scientifique Ifremer : Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer Inra : Institut national de la recherche agronomique Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale


Vous avez aimé la revue ? Vous avez des critiques à apporter ? Dites-le nous !

Nous aimerions mieux vous connaître et prendre en compte vos remarques. S’il vous plait, prenez quelques minutes pour remplir le questionnaire. Restez anonyme si vous le souhaitez, ou envoyeznous vos coordonnées au verso pour être tenu informé des actualités de CAP SCIENCES, entre autres de la parution de la prochaine revue. Au verso, vous pouvez également passer une commande de publications de CAP SCIENCES. Renvoyez le coupon à :

Info Sciences Aquitaine, CAP SCIENCES, Hangar 20, Quai de Bacalan, 333000 Bordeaux

Connaissez-vous Info Sciences Aquitaine ? Info Sciences Aquitaine est le pôle d’information et de publication de CAP SCIENCES. Ce service est chargé de collecter l’actualité des milieux de la recherche et de l’industrie d’Aquitaine pour la diffuser auprès du public par le site Internet de CAP SCIENCES, sa Galerie Industrie & Recherche et les publications H20 que sont la revue annuelle et le journal de l’expo.

Qu’en pensez-vous ? Où vous êtes-vous procuré la revue 2005 ? ❑ En kiosque ❑ Par correspondance ❑ A Cap Sciences ❑ Autre ……………………… En kiosque, avez-vous facilement identifié la revue dans les rayonnages ? ❑ Oui ❑ Non Aimez-vous le contenu de cette revue ? ❑ beaucoup ❑ pas vraiment ❑ un peu ❑ pas du tout Pourquoi ? …………………………………………………… Quelles sont vos trois rubriques ou articles préférés ? 1 ……………………………………………………………… 2 ……………………………………………………………… 3 ……………………………………………………………… Aimez-vous la présentation de la revue (couverture, mise en page, illustrations) ?

❑ beaucoup ❑ un peu

❑ pas vraiment ❑ pas du tout

Pourquoi ? …………………………………………………… Avez-vous des suggestions/commentaires concernant la revue ?

Avez-vous lu le premier numéro de la revue ?

Sorti en mars 2003, il proposait une chronique de l’actualité des sciences et de l’industrie en Aquitaine, des visites (colline Gaztelu, chantier du tramway, Institut européen de chimie et de biologie, Institut du tabac, musée basque, lac Mouriscot…), des rencontres (un archéologue, un neurobiologiste, un spécialiste des images de synthèse de monuments historiques…), des questions d’environnement (les ressources en eau, les énergies renouvelables, l’agriculture raisonnée), des questions de société (le vieillissement de la population, les drogues douces, les jeunes et la violence), des questions de recherche (nos origines, les biomatériaux), une rubrique mémoire (astronomie d’hier, le chevalier de Borda, les pionniers de l’aérospatiale…) et un focus sur les lasers en Aquitaine.

Avez-vous ouvert le Journal de l’Expo ?

Le Journal de l’Expo est destiné à approfondir les thèmes des grandes expositions présentées au Hangar 20 (« La fabrique du regard », « Bruit et Musique », « Le sommeil, un art de vivre » et « Des gènes et des hommes »). On y retrouve des articles-reportages, des interviews, des zooms… Il permet en particulier de découvrir les travaux réalisés en Aquitaine sur le thème présenté.

Pour commander, tournez la page !

Pour tout renseignement sur Info Sciences Aquitaine, contactez Nathalie Caplet : 05 57 85 51 39, n.caplet@cap-sciences.net

Que pensez-vous du rapport qualité/prix de la revue ? ❑ La revue est trop chère ❑ Le prix est correct ❑ La revue n’est pas chère Où avez-vous entendu parler de la revue H20 ? ❑ TV / Radio (précisez) …………………………………… ❑ Presse (précisez) ………………………………………… ❑ Affiches ❑ Prospectus ❑ Autre ………………… Avez-vous lu le précédant numéro ?

❑ Oui

❑ Non

Connaissez-vous les actions, animations et publications de Cap Sciences ? ❑ Oui ❑ Non Si oui, lesquelles

Quelle est/a été votre profession ?………………………… ❑ Salarié ❑ En recherche d’emploi ❑ Retraité ❑ Au foyer ❑ Etudiant (précisez)………………………………………… Connaissez-vous d’autres lectures appartenant à la même catégorie que la revue H20 ? ❑ Oui ❑ Non Si oui, lesquels ? ……………………………………………… MERCI BEAUCOUP


Souhaitez-vous être informé ? Envoyez-nous vos coordonnées pour recevoir l’actualité de CAP SCIENCES. Elles ne seront diffusées à aucun autre organisme. Nom ……………………………………………………………………………… Prénom ………………………………………………………………………… Mél …………………………………………………………………………………

(Votre adresse internet nous permettra de vous communiquer nos informations de manière plus efficace. L’argent économisé sera réinvesti dans nos activités. Merci.)

Partager l’esprit découverte Au cœur de la métropole bordelaise,

CAP SCIENCES offre un lieu

Téléphone (bureau/personnel) ………………………………………

pour explorer les sciences et l’industrie :

Adresse (professionnelle/personnelle) ………………………………

expositions, animations, manifestations.

Code postal ……………………

pour une visite en famille ou en groupe,

………………………………………………………………………………………

Ville ……………………………………

Si votre profession peut vous amener à être en relation avec CAP SCIENCES : Votre organisme professionnel ou entreprise (précisez éventuellement les coordonnées) ………………………

………………………………………………………………………………………

Votre fonction …………………………………………………………………

Souhaitez-vous commander ?

Toute l’année, une programmation variée, des ateliers éducatifs pour les établissements scolaires.

Un équipement culturel Au cœur du réseau aquitain, en partenariat avec des collectivités, des institutions, des entreprises et des laboratoires de recherche,

CAP SCIENCES coordonne

LA REVUE ANNUELLE :

les grandes opérations de culture

Edition 2003 : 5 €

et va à la rencontre des publics.

Edition 2004 : 5 €

CAP SCIENCES propose

participation aux frais de port 1 € Quantité ……………… x 6 € =…………………… €

scientifique, technique et industrielle En Aquitaine et au-delà,

Quantité ……………… x 6 € =…………………… €

un catalogue d’expositions itinérantes,

Quantité ……………… x 8 € =…………………… €

pédagogiques et d’animations ludiques.

Edition 2005 : 7 €

LE JOURNAL DE L’EXPO :

participation aux frais de port 0,50 €

Editions des années précédentes : 0,50 €

“ Bruit & Musique ” Quantité …………………… “Le sommeil, un art de vivre” Quantité ……………

d’ateliers découverte, de malettes

Un pôle de compétences Concevoir et réaliser des produits culturels, accompagner des projets éducatifs, organiser des événements.

“ Des gènes et des hommes ” Quantité …………

Accueillir et animer, gérer et distribuer,

Edition 2004 : 1 €

que CAP SCIENCES met au service

Quantité totale …………… x 1 € =………… €

“ A table ! L’alimentation en question ”

Quantité ………………… x 1,50 € =………………………… € Total de la commande : ……………………… €

Adressez votre chèque à l’ordre de CAP SCIENCES et renvoyez-le avec le coupon et vos coordonnées à : Info Sciences Aquitaine, CAP SCIENCES, Hangar 20, Quai de Bacalan, 33300 Bordeaux

éditer et diffuser, autant de savoir-faire de ses partenaires. C D E

E

N

T

R

E

C U L T U R E

SCIENTIFIQUE

H a n g a r Q u a i

d e

3 3 3 0 0

2 0

B a c a l a n

B o r d e a u x

Tél. (33) 05 56 01 07 07

T E C H N I Q U E

Fax (33) 05 57 85 93 81

I N D U S T R I E L L E

mél : contact@cap-sciences.net

R E G I O N A Q U I TA I N E




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.