ICI, LA BAS ET AILLEURS Publication périodique irrégulière Directrice de la Publication Marie Amélie ANQUETIL Rédacteur en chef Vittorio E. Pisu Projet Graphique, Maquette, et Mise en Page L’Expérience du Futur Imprimé à Paris par UNISVERS Correspondance : ma.anquetil@yahoo.fr 98 avenue de la République 93300 Aubervilliers
Palazzi A Venezia / Palais à Venise / Palace in Venice / Palacio en Venecia
Ici, là bas et ailleurs
155 Boulevard Magenta 75009 Paris – France +33 (0)1 45 26 09 58 / + 33 (0)6 11 84 43 11 chanel.diagne@orange.fr http://www.diagne-chanel.com
DIAGNE CHANEL
une correspondance de Marie Amélie Anquetil
Publication Périodique de l’association homonyme régie par la Loi du 1er Juillet 1901 Fondateur et Directeur de la publication Vittorio E. Pisu Projet graphique, Maquette et Mise en Page L’Expérience du Futur Imprimé à Paris par UNISVERS Correspondance vittorio.e.pisu@free.fr 38, rue des Petits Champs 75002 Paris
Vingt Septième année / Automne 2016/ n. 137
Troisième Année /Septembre 2016 / n. 25 Prix au numéro 2 euros Abonnement annuel 9 euros Abonnement de soutien 50 euros Distribution par Abonnement Postal Distribution par courrier électronique voir aussi nos vidéos à https://vimeo.com/channels/maanquetilpresente ISSN : 2427-5808 Commission Paritaire : en cours
Création du Centre d’Art DIAGNE CHANEL SEDHIOU, CASAMANCE. Programme / OVER THE RAINBOW Réhabilitation de la demeure de Diagne Mapathé Création d’un Centre d’Art Création d’une bibliothèque Restauration de la plantation et revalorisation des cultures. Synergies avec les réseaux d’artistes et d’artisans à l’international activées par Diagne Chanel. Résidences d’artistes / Régionales & internationales Coopération et échanges avec structures partenaires / régionales & internationales Biennale d’Art Africain Contemporain de Dakar, Village des Arts de Dakar, la Galerie Nationale d’Art du Sénégal, les Manufactures des Arts Décoratifs de Thiès. L’atelier, la bibliothèque et la plantation créeront des emplois pour la ville de Sédhiou.
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OVER THE RAINBOW
DIAGNE MAPATHE PREMIER ECRIVAIN D’AFRIQUE FRANCOPHONE
Où jaillit l’arcanciel CASAMANCE
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Somewhere over the rainbow, way up high, There’s a land that I heard of, once in a lullaby. Somewhere over the rainbow, skies are blue, And the dreams that you dare to dream, do come true… That’s where you’ll find me.
uelque part pardelà de l’arcenciel, là haut, Un jour, une terre fut chantée dans une berceuse. Par delà de l’arc en ciel où les cieux sont bleus, Où les rêves qu’on ose se réalisent … C’est là que tu me trouveras.»
La terre «flottante» de Casamance, ses forêts irriguées de mangroves et de rivières nous révèlent notre quête sans fin: un territoire intact, un Jardin d’Éden célébré par Malraux en 1966, en écho à une romance… «Du grand arbre, la neige soyeuse du kapok tombait solennellement et s’accrochait à la toge verte [de la Reine Sebeth] sous laquelle tintaient ses colliers dans le silence […] dans le couloir aux piliers debois de son palais de terre et de chaume […] Le sentiment de sacrifice s’accordait plus puissamment pour moi à cette colonne de majesté qu’il ne s’était accordé à aucun temple…». Antimémoires, 1967. Les contours du rêve dans les brumes. La demeure de Diagne Mapathé, mon grand père, est située à Sédhiou ville de Basse Casamance, et haut lieu de la culture mandingue. Sur la rive droite du fleuve Casamance, Sédhiou est une ville dont l’histoire est intimement liée à celle du fleuve qui donne son nom à cette région du Sud du Sénégal. Son originalité repose sur le caractère de ses paysages et la diversité de ses communautés, qui font de Sédhiou le berceau de nombreuses civilisations plusieurs fois séculaires. Le territoire se présente comme une longue bande d’environ 40 Km de large. Il s’étend sur un grand réseau florissant, limité au Nord par la Gambie, au Sud par la Guinée Bissau, à l’Est, leFouladou, terre Peuhle, le sépare du Parc National du Niokolo
Photo DIAGNE CHANEL
Projet Réhabilitation de la demeure de DIAGNE MAPATHE
Koba; enfin, il s’ouvre à l’ouest sur l’océan atlantique par un majestueux delta, autour duquel scintillent les contes nocturnes de l’indéchiffrable Casamance. C’est ainsi qu’au fil de ses méandres et de ses innombrables bolongs, de part et d’autre d’une végétation de cocotiers et de palétuviers, la région offre une mosaïque de paysages, allant de la savane arbustive, jusqu’aux gigantesques forêts parsemées de caïcédrats, d’eucalyptus, de tamariniers, d’immenses baobabs, mais aussi de fromagers, évidemment sans lesquels les forêts africaines seraient dépossédées de leur mythe fondateur. Sédhiou, au petit matin, parée des quelques vestiges d’ancienne capitale régionale, bordée du
paisible fleuve Casamance, dévoile son passé et la grandeur ancienne des civilisations qui l’ont établie. La Casamance fait rêver et d’ores et déjà, plusieurs acteurs culturels envisagent de venir travailler dans la maison «Arc en ciel» de Diagne Mapathé, à Sédhiou. Un lieu où peinture, sculpture,littérature et nature se conjuguent. C’est une partie de l’histoire culturelle et du patrimoine du naturel du Sénégal qui peut être ici redécouverte et sauvegardée. Ce patrimoine mérite une revalorisation, afin que l’oeuvre, du premier écrivain d’Afrique francophone, à la fois citoyenne et littéraire, soit mieux connue et ne tombe jamais dans l’oubli. D.C.
é en 1886, mon aïeul Amadou Mapathé DIAGNE est le premier écrivain noir d’Afrique francophone. Dès 1916, paraît sous la rubrique “Folklore” du Bulletin de l’Enseignement de l’Afrique Occidentale Française son article “Origine des griots”. Il est alors premier d’une longue lignée à restituer la parole de ces historiens, généalogistes et chroniqueurs. Après une formation à l’École Normale de Saint Louis du Sénégal, il intègre en 1907 les écoles de Saint Louis, Dakar puis Podor,comme instituteur stagiaire. En 1915, le directeur de l’enseignement de l’AOF, Georges Hardy, l’invite à servir de “bras sénégalais” qui en structurera l’enseignement. Pour la Librairie LAROUSSE, il rédige alors le premier roman africain : “Les Trois Volontés de Malik”, publié en 1920 dans les livres roses pour la jeunesse avec Hamet Sow Télémaque et encore conservé aux archives d’Outremer. Le collège de Sédhiou porte aujourd’hui son nom. D.C.
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Sans entretien depuis plus 25 ans, la maison s’est dégradée. Dans un premier temps la demeure, comme l‘atelier nécessitent des travaux de mise aux normes A. Budget de restauration du bâtiment & équipements nécessaires : Phase 1: Plan de masse et relevé, toiture, maçonnerie, huisseries et clôture Phase 2: Extension ‘Case à Impluvium’, Plomberie, énergie, hydraulique Phase 3: Éco jardinage, portail B. Réhabilitation durable de la demeure, création de la bibliothèque (où l’on pourra consulter les écrits de Diagne Mapathé) de l’atelier, inspiré des ‘cases à impluvium’ et des cases à étage en adobe et bois, deux prototypes d’architecture Diola, pour l’accueil en résidence de création.
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C. Recréation du mur d’enceinte : orné de l’agrandissement des pages et des dessins du livre «Les Trois Volontés de Malik», et des livres pour la jeunesse de Diagne Chanel édités par Paris Musées: «Myriam Mafou Métis», «L’Histoire Sans Fin des Mafous et Ratafous»…
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DIAGNE CHANEL EST NEE ET VIT A PARIS Artiste Internationale, elle effectue son voyage d’études à Rome et à Florence en 1980 et reste marquée par l’architecture renaissance, les constructions géometriques, les dallages élaborées; ses personnages en pied, peint et sculptés, offrent un puissant contraste avec les compositions carrées dans lesquelles ils sont campés. Elle explore aussi des matériaux modestes, comme les bois recyclés ou le carton qu’elle transforme en textures sophistiqués. Elle publie plusieurs articles sur les guerres du Soudan et du Darfour, pour la revue MEMOIRE 2000, en 2004 pour le numéro 29 de la revue DIASPORIQUES, en juin 2005 pour la revue PROCHOIX éditée par Caroline Fourest, dans le livre «URGENCE DARFOUR» édité en mai 2007. En 2005 People TV tourne «Un peintre pour le Darfour» un reportage sur son engagement et sa production de plasticienne montrant les exactions commises au Soudan sur les populations Noires Africaines. Ce reportage a été diffusé dans les pays Africains, en Angleterre et dans plusieurs pays Asiatiques. La Fondation Blachère acquiert en 2004 l’ensemble des sculptures et peintures «Une Saison au Sud Soudan». Sa vidéo «SANCTUAIRES/SEPULTURES» relie le Soudan, le Darfour et la séculaire Traite Transsaharienne. Exposée dans divers Musées d’Europe elle fait partie de l’installation de l’artiste «MIROIRS MORTELS», présentée au Musée d’Ixelles à Bruxelles en 2008. Artiste engagée, elle est présidente du Comité Soudan (1996), vice-présidente d’Urgence Darfour et publie régulièrement depuis 2003, ses analyses sur les droits humains. Diagne Chanel s’exprime régulièrement à la radio, à la télévision, dans des colloques et fait des conférences sur le Soudan, l’esclavage. Elle a réalisé en 2010 un film «Même si tu pries, tu n’iras pas au Paradis» sur l’esclavage toujours d’actualité en Mauritanie. Un esclavage pourtant aboli trois fois depuis 1981. L’exposition «Boxe, Boxe!» à la fondation Blachère expose en juin 2012 une partie de son travail sur la boxe. Ce travail initié en 1989 avec le portrait de Battling Siki signe, avec celui sur les zoulous, le début de sa défense des droits humains. L’installation «SANCTUAIRES/SEPULTURES» présentée lors du IIIème Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar en 2011, a été exposée en avril 2012 à l’Iwalewa Haus de Bayreuth. La série «Quand vient le soir» l’installation «Métis dans les Villes» ont été présentées à la galerie à Amsterdam en juin 2012.
Photo Diagne Chanel
RÉHABILITATION DE LA DEMEURE DE DIAGNE MAPATHÉ
Par son engagement et son écriture elle rejoint l’oeuvre et les préoccupations de son grand père sénégalais, Amadou Mapathé Diagne, premier écrivain africain de langue française. Instituteur, il publie des essais dés 1919 et son premier romain «Les trois volontés de Malick» en 1920 évoque la confrontation de l’Occident et des civilistations africaines dans son village de Diamaguène. Cet écrit constitue le premier texte romanesque en langue française. La lutte contre les razzias esclavagistes Maures en terre noire africaine y apparaît très clairement. Diagne Chanel a initié un vaste projet de réhabilitation de la demeure historique de son grand père à Casamance, avec un projet de parc de sculptures. La phase 1 de «L’Allée de la Reine», un ensemble de 19 sculptures, a été installée devant l’Hôtel de Ville de Dakar, pour la Biennale de 2016. Après avoir publié, plusieurs livres pour la jeunesse, elle achève en 2010 un essai autobiographique, «Métis invisibles». Le livre «Myriam Mafou Métisse» vient d’être réédité en version bilingue, par les éditions Bernets de Vienne, en Autriche.
iagne Chanel: «“Miriam Mafou métisse” prône la tolérance» En pleine montée des populismes et recrudescence d’actes racistes en Europe, les éditions Bernest rééditent en version bilingue français-allemand, “Miriam Mafou métisse”, écrit par Marie Sellier et magnifiquement illustré par Diagne Chanel. Une fable sur les difficultés d’intégration d’une petite fille Miriam, au pays des Métis, qui résonne avec une acuité particulièrement forte, alors que les flux migatoires et les croisements de culture n’ont jamais été aussi nombreux. Diagne Chanel qui est à l’origne de l’ouvrage, l’un des rares sur le sujet, répond aux questions de Viabooks. Ouvrir le livre Miriam Mafou métisse et partir en voyage. Cela pourrait être ici ou ailleurs. Ce lieu qui ne se nomme pas est celui de la rencontre et de la différence : un pays peuplé de “mafous”, animaux étranges, dans lequel la petite Miriam, “mafou métisse”, a du mal à trouver sa place. Elle intrigue. Les Mafous ont du mal à admettre qu’elle soit du même pays qu’eux. Car être métisse, c’est être construction de soi, singulier issu d’un pluriel. C’est ne pas être reconnu par ceux qui ne se retrouvent pas en miroir. Et c’est pourtant, par un vis à vis croisé, que le/la métis va révéler l’autre, l’interroger sur ce qui existe d’universel, qui rassemble et non pas qui divise. Tel est le message exprimé de manière limpide par le livre de Diagne Chanel et Marie Sellier, qui vient d’être édité en version bilingue français-allemand par les éditions Bernest. Un livre message et un livre d’artiste Miriam Mafou métisse n’est pas seulement un album à “message”. Il se présente aussi comme un album aux illustrations issues du travail d’artiste de Diagne Chanel. (suite à la page 7)
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Un hectare de plantation entoure la maison. Relance des cultures existantes: citrons, mangues, mandarines, introduction de semis et pépinières. Valorisation par l’énergie solaire, l’hydraulique et le recyclage, sur la plantation et dans la maison.
III. ATELIER & RÉSIDENCE ARTS VISUELS, ÉCRITURE, DROITS HUMAINS, ÉDUCATION, CULTURE, PAYSAGISME.
Diagne Chanel a travaillé à Dakar et expose régulièrement au Sénégal et à travers le monde. Son activité de plasticienne se déploie également à Sédhiou. Pour assurer le suivi et l’administration de l’atelier résidence, un poste d’assistant(e) sera créé en dialogue avec la municipalité et les collectivités locales. Programmation & accueil en résidence Gestion de projets & Communication Action culturelle intégrée, événements Entretien, conservation et archives L’Association des Écrivains du Sénégal a organisé en Novembre 2009 un séminaire autour de l’oeuvre littéraire de mon grand père Diagne Mapathé, à partir de documents familiaux que nous avons mis à leur disposition.
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DIAGNE CHANEL
« FEMME ET MÉTISSE, UNE ADDITION EN NÉGATIF »
Cette plasticienne française expose ses peintures et sculptures à travers le monde. Monumentale et engagée, son oeuvre suit plusieurs lignes de réflexion : la représentation du corps noir, la violence du statut d’esclave qui persiste en Mauritanie et au Soudan, mais aussi sa propre place de femme métisse dans les sociétés française et sénégalaise. Diagne Chanel, qui a choisi les patronymes de ses parents comme nom d’artiste, a vécu quatre ans à Dakar, de 1988 à 1992. Installée depuis à Paris, elle retourne régulièrement dans le pays de son père et veut transformer, à Sédhiou en Casamance, une maison de famille en musée… AM : Vous êtes née et habitez à Paris, vous avez vécu à Dakar et retournez régulièrement en Casamance. Quelle est pour vous l’importance de ces points d’ancrage ? Diagne Chanel : Fondamentale… De 6 à 8 ans, j’ai subi un choc culturel en allant vivre au Sénégal avec mes parents. La violence contre les enfants à l’école, avec des seaux d’eau et des coups pour chaque faute, ne m’a pas seulement perturbée… Elle m’a horrifiée. J’ai aussi été choquée de voir des gens en situation d’esclavage, sans que cela ne dérange qui que ce soit. Bien des années plus tard, j’ai réalisé que ce qu’il se passait au Soudan était du même ordre. Dès que je me suis engagée sur ce sujet, j’ai été confrontée au refus d’en entendre parler – en Afrique comme en Europe. Quand je disais qu’il y avait au Soudanune guerre raciste avec un projet d’extermination des populations noires, on me répondait qu’ils étaient de toute façon tous noirs au Soudan ! En réalité, la population est mélangée, il y a eu un brassage avec la culture arabe. La confusion a été entretenue par la façon dont le conflit a été couvert. Le quotidien Le Monde a parlé de guerre de religion… Il y a eu un déni journalistique, un refus d’identifier les faits. Mais l’histoire m’a donné raison.
Photo Diagne Chanel
II. RESTAURATION DES CULTURES MARAÎCHÈRES DE LA PLANTATION
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L’ALLEE DE LA REINE
e président du Soudan, Omar elBéchir, est maintenant poursuivi par la Cour pénale internationale [CPI] pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Un mandat d’arrêt international a même été émis contre lui. A.M. Êtes-vous toujours militante ? Diagne Chanel : “Je me suis rendu compte que mon militantisme me mettait en danger, à cause de l’hostilité du monde artistique, des commissaires d’exposition et des artistes africains. J’ai parfois été attaquée et, à partir de 2002, j’ai décidé de me défendre moi-
même et de parler de ma propre histoire. C’est pourquoi j’ai commencé le projet artistique Métis dans les villes, composé de textes et de photographies. Je l’ai d’ailleurs proposé à la Mairie de Paris mais elle l’a refusé avant de s’en inspirer pour organiser l’exposition Paris la Métisse deux ans plus tard, en 2008. C’est fou ! Mon projet portait justement sur le fait que l’on ne donne pas sa place à quelqu’un qui n’est pas dans une case… C’est le thème de l’essai que j’ai écrit, Métis invisibles.” Propos recueillis par Sabine Cessou AM 349 Octobre 2014
(suite de la page 5) Les couleurs mises en lumière dans une nuit des mille et une différences révèlent les visages de chacun. En gouache sur papier kraft, les illustrations colorées, au trait moderne, représentent des petits animaux dans lesquels certains verront des petits cochons, d’autres des rongeurs, des êtres aquatiques, ou toute autre chose... Enfants comme adultes peuvent rentrer dans l’histoire par les dessins qui parlent avec force. Le texte court le long du livre comme un support à l’image et non l’inverse. Ce beau livre évoque avec élégance et simplicité la question du métissage, thème très rarement abordé et qui pourtant concerne des millions de personnes à l’heure de la mondialisation. Rencontre avec une artiste engagée Diagne Chanel arrive avec une robe qui semble danser sur ellemême. L’artiste nous reçoit dans son atelier qui ressemble à une grotte remplie de trésors. Elle nous accueille avec un large sourire qui croque la vie comme son héroïne : avec énergie et entrain. Engagée dans de nombreux combats, cette artiste sans-frontières milite pour la richesse de la pluralité et la beauté du geste comme art universel. Rencontre. 1/La réédition de Miriam Mafou métisse correspond à une demande croissante de la part des lecteurs. Comment expliquez-vous ce nouvel engouement ? Diagne Chanel : J’ai toujours pensé que le sujet du métissage aurait de plus en plus de succès, si l’on commençait à en parler. C’est une sorte de boite de Pandore, mais positive. Ce que l’on voulait cacher se montre enfin. Marie Sellier avait tout de suite réagi de manière très créative à mes propos, en souhaitant écrire ce livre pour la jeunesse. Maintenant Myriam Mafou commence à passer les frontières. (suite à la page 9)
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La collaboration de Diagne Chanel avec des réseaux d’artistes au Sénégal et à l’international, des réseaux d’institutions partenaires, offriront une visibilité croissante au site de travail et d’accueil ainsi qu’un rayonnement de l’atelier résidence. Toutes les expositions de l’artiste, depuis la Première Biennale de Dakar, toutes ses expositions internationales exaltent inlassablement le lien dynamique, la fécondation mutuelle et la synergie Afrique / Europe. Les populations locales et la jeunesse trouveront sur place un outil d’éducation, d’apprentissage, de travail, de formation et d’ouverture vers l’extérieur et la créativité artistique locale trouvera dans cet espace un potentiel d’épanouissement: • Ateliers, enseignement du dessin • Techniques de peinture à l’encaustique, à la tempéra, à l’oeuf, à l’huile • Exposition permanente des temps forts de l’oeuvre de Diagne Chanel • Visites d’atelier, travail vers les scolaires et le lycée • Étude de la culture diola, valorisation des écrits et des livres de Diagne Mapathé • Synergie avec le collège d’enseignement moyen (CEM) Amadou Mapathé Diagne de la commune de Sédhiou • Aire de jeux enfants • Installation de sculptures dans la plantation • Photos et vidéos de Sédhiou, son fleuve, ses bâtiments, ses habitants, dans l’esprit de Métis dans les villes, présenté à la ‘Nuit Blanche’ et dans divers musées.
L’ALLÉE DE LA REINE Dak’Art, 3 Mai – 2 Juin 2016 Les Jardins de l’Hôtel de Ville de Dakar Vernissage le, Mardi 3 Mai à 17h00 L’Allée de la Reine est un projet d’installation réalisé par l’artiste Diagne Chanel. Présentée dans les jardins de l’Hôtel de ville de Dakar, dans le programme du ‘OFF’ de la Biennale de Dak’Art 2016, cette exposition est produit en collaboration avec Clarisse Djionne, coordinatrice et Lydie Diakhaté, commissaire de l’exposition. Diagne Chanel est une artiste dont l’immense talent n’est plus à démontrer et occupe une place incontournable sur la scène artistique contemporaine. Elle a exposé sur tous les continents. Diagne Chanel, artiste plasticienne, Diplômée des écoles nationales supérieures des Arts appliqués et des Arts décoratifs de Paris, lauréate de l’Institut de France, effectuera son premier voyage d’études à Florence en 1980. Depuis, elle est sous le charme de la Renaissance italienne, la peinture française du XVIIe siècle, L’École de Paris et l’architecture sous toutes ses formes. Elle pratique la peinture ”à l’encaustique”, utilise des matériaux modestes, comme le carton, le papier kraft, les aquarelles, les pastels ou le fusain sur carton, qu’elle transforme en textures sophistiquées. La sculpture est présente tout au long de sa carrière. Femme engagée et militante déterminée, Diagne Chanel a reçu en 2007 le Trophée Paroles de Femmes pour son engagement au service des droits de l’homme. Sur quelques mois, Diagne Chanel a effectué plusieurs voyages à Sédhiou, ancienne capitale de la Casamance, dans la maison familiale construite par son grand-père Amadou Mapathé Diagne (1889- 1976), reconnu comme le premier écrivain de l’Afrique francophone avec la publication de son ouvrage éducatif « Les Trois volontés de Malick » publié en 1920. Ses différents séjours lui ont permis de produire une première série d’une vingtaine de sculptures monumentales en bois. Cet ensemble de personnages syncrétise le travail qu’elle mène depuis plus de trois décennies en peinture et en sculpture. Dans une installation magistrale, Diagne Chanel souhaite mettre en dialogue ses sculptures, l’histoire coloniale locale et le style de la Renaissance Italienne.
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Photo Diagne Chanel
IV. IMPACT
L’ALLEE DE LAVANS REINE HELENE
A travers ce travail, l’artiste se réapproprie l’histoire de Sédhiou et l’histoire familiale. Elle rend hommage à sa grand-mère, Maryame Doumbouya et à ses aïeuls. Elle célèbre le visible et l’invisible, l’histoire et le non-dit. En créant une synergie entre le passé et aujourd’hui, entre l’imaginaire et le réel, elle explore le déplacement du corps noir et métissé dans toute sa spatialité. Diagne Chanel crée de nouveaux territoires en termes d’esthétiques et de politiques. Au-delà de sa dimension artistique, ce projet est aussi réalisé avec l’objectif de la revitalisation d’une micro-écon-
omie locale et patrimoniale à Sédhiou. En effet, d’autres bâtiments comme la préfecture ou le Fort Pinet Laprade sont dans la même lignée architecturale de la maison familiale empruntée au style italien palladien. Pour rénover la maison familiale et réaménager la plantation qui l’entoure, Diagne Chanel fait appel aux talents et compétences locales dans différents domaines comme la menuiserie, la maçonnerie, la peinture et l’agriculture. Elle replante des essences rares, des agrumes et développe un projet apicole. L’éducation n’est pas oubliée avec l’implication de l’école de Sédhiou. Lydie Diakhaté
(suite de la page 7) J’espère qu’elle fera le tour de la terre. D’après les éditions Bernest, la publication bilingue allemand/ français correspond à l’une des composantes de la société autrichienne, que sont les mariages franco-allemands. 2/ De manière à la fois esthétique et pédagogique, vous amenez le lecteur, enfant ou adulte, à s’interroger sur la question de la différence et du métissage. Ce message n’est-il pas particulièrement d’actualité ? Diagne Chanel :Il est d’actualité à plusieurs titres. Tout d’abord parce que des couples dit mixtes sont de plus en plus nombreux et de plus en plus visibles. Les gens se déplacent beaucoup, pour diverses raisons. Les échanges Erasmus doivent aussi créer des rencontres entre étudiants et créer des couples. C’est d’ailleurs lorsqu’ils étaient étudiants tous deux à Paris, que mes parents se sont rencontrés. Ces couples peuvent mettre au monde des “Mafous Métis”. 3/ Cette confrontation de la différence qui peut aboutir au rejet, est une question à prendre des deux côtés des origines des “Mafou Métis. Comment expliquer cette crainte du « di-ssemblable ? Diagne Chanel :La crainte de l’autre diffèrent peut se comprendre et elle peut être surmontée. C’est du reste un des messages de Mafou Métisse. Ce qui est plus grave, c’est la haine de l’autre et la tentation de l’éliminer. Dans le cas du métissage l’autre est en fait un autre soi-même que l’on ne veut pas voir. Je vis effectivement la même chose depuis trois ans, lorsque je suis en Casamance, que ce que j’ai connu longtemps à Paris et dans le village de ma grand-mère pendant mes vacances en Bresse. Le personnage emblématique et historique de la ville est mon grand-père écrivain et l’avenue dans laquelle j’habite porte son nom. Mais les gens souvent m’interpellent en disant : « Voilà la Blanche qui passe» (suite page 11)
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Liens collaboratifs avec des structures continentales et internationales. 1. Jumelage avec Les Ulis (Essonne, France) Serment de Jumelage (2 mai 1992): «En ce jour, nous prenons l’engagement solennel de maintenir des liens permanents entre les municipalités de nos communes, de favoriser en tous domaines (notamment la culture), les échanges entre leurs habitants pour développer, par une meilleure compréhension mutuelle, le sentiment vivant de fraternité, De participer au développement de la Commune de Sédhiou, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la formation.» 2. Biennale d’Art Africain Contemporain de Dakar. 3. Village des Arts de Dakar. 4. Galerie Nationale d’Art du Sénégal. 5. Manufacture des Arts Décoratifs de Thiès. 6. Université de Ziguinchor, Fondation Blachère (Apt). 7. Alliance française de Ziguinchor. 8. Papis Demba Cissé, fils prodigue de Sédhiou et Capitaine de l’équipe nationale de football du Sénégal.
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L’allée de la Reine et Fabrique Empire in situ Moules de sculptures en live. Ces oeuvres se vivent aussi comme un résultat de fouilles d’un passé redécouvert et reconstitué. On peut donc penser également à des réalisations et tirages en direct. La fabrique peut être reconstituée in situ avec les briques estampillées et fabriquées sur place La sculpture, et principalement, la sculpture en bronze, est un art du multiple. Il n’est pas aisé de différencier une oeuvre d’art “originale” d’une “reproduction”. Au regard de la loi française, les douze premiers tirages d’une édition en bronze sont des oeuvres d’art “originales” et à partir du 13e, les tirages sont des “reproductions” et doivent l’indiquer de façon visible sur la sculpture. Les tirages peuvent être en argile, en plâtre en résine, et même en chocolat… Folie, du latin folia (feuille) désignait depuis le Moyen-Age une résidence de campagne entourée d’un jardin arboré. – ce que les italiens de la Renaissance appellent villa. La Villa Pietra sur les hauteurs de florence en est un exemple magnifique. Se crée dans ces villas un pays d’illusions. Essences rares, arbres alternent avec ce que l’on appelle des fabriques : Temples grecs, pagode chinoise, tente tartare, kiosques, moulins, obélisque, pyramide, fausses ruines agrémentent un parc à l’anglaise ou serpente une rivière entre les bois et les vignes. Ce temps des folies, au sens de parcs d’attractions, ne dure qu’un peu plus d’un demi-siècle, de 1760 à 1820. Elles connaissent un apogée sous la Révolution et l’Empire, en contrepoint à la Terreur et aux guerres napoléoniennes. Dès le début de la Restauration, la mode et les mentalités changent, la sociabilité se recentre sur les boulevards, les passages couverts et, sous l’effet de la pression immobilière, tous les grands parcs sont lotis. Seuls le parc Monceau subsiste en 1850. Au cours des prochaines années, ces fabriques seront construites dans le domaine pour faire revivre le rêve de Diagne Mapathé, qui conçut ce lieu comme un enclos parfait, d’exemple de culture livresque et de préservation de l’horticulture casamançaise. Les sculptures peuvent être moulées aves un élastomère, lui même contenu dans une résine. Tous deux sont légers et peuvent être aisément transportés, contrairement aux coques en plâtre beaucoup plus lourdes.
Photo Diagne Chanel
V. RESIDENCES D’ARTISTES LOCAUX, NATIONAUX ET INTERNATIONAUX.
L’ALLEE DE LA REINE
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ust a few minutes away at the OFF avenue, the grand Hôtel de Ville (City Hall), built in 1918, films were screened inside and artworks revived the exterior gardens and esplanade, notably the installation L’Allée de la Reine (The March of the Queen) by French sculptor Diagne Chanel. An homage to Sédhiou, the city of his father and the former capital of the southernmost province of Casamance, the artist’s nearly life size female figures carved in wood assumed strategic positions as if part of a political game of chess. Two figures stand guard on either side of an entrance to the government building while adjacent figures appear to face off, strategic maneuvers that reference the forty-year civil conflict that has embroiled Casamance over secession from Senegal from 1984 to 2014. Cheryl Finley Associate Professor Director of Visual StudiesCheryl Finley Richard Cohen Fellow in African and African American Art W.E.B Du Bois Institute Hutchins Center Harvard University 104 Mt. Auburn Street, #3R Cambridge, MA 02138 USA
STAFF REALISATION ALLEE DE LA REINE Assistant sculpture Diang Woury Le gardien jardinier Bala et Le Menuisier Monsieur Coly Monsieur Coly loue un petit atelier sur la plantation. Il s’occupe de la restauration de la villa, en reproduisant les fenêtres, les volets les portes, tels qu’ils ont été créés en 1945. Par ailleurs il fabrique les prototypes des meubles pilleurs d’épaves et participe à la création des sculptures en gravant les Signature. Il a également contribué à la mise en place de la fabrique empire. L’étudiante en aviculture et agriculture Le tailleur Papis Diop L‘électricien Le tronçonneur Le mécanicien soudeur Monsieur Mamady L’apiculteur Monsieur Diao Les maçons fabricants de briques L’apiculteur Monsieur Diao Le peintre Kekouta Sadio Sans oublier Mon cyber café et le web-master. D. Chanel
(suite de la page 9) et les enfants courent derrière moi en disant « Toubab ! », ce qui veut dire blanc ou étranger. J’essaye de ne pas m’énerver, je suis très ferme et explique chaque jour que l’on doit nommer une personne par rapport à ce qu’elle est et non pas ce que l’on croit voir. C’est à dire tout simplement dire, madame ou mademoiselle, ou juste dire, bonjour. Et ne pas transformer quelqu’un qui passe en objet en ne le reconnaissant pas comme une personne, mais comme une chose. Et je leur demande « Mais estce que moi je vous dis bonjour le Noir ? » Parfois de tous petits enfants se mettent à pleurer en me voyant et l’on m’explique gentiment qu’ils n’ont jamais vu de Blanc et qu’ils ont peur. Malgré cela, ces comportements, même très agaçants, non rien de comparable avec la haine à laquelle j’ai été confrontée dans ma ville, Paris, et mon pays, la France. En Casamance la population est flattée de rencontrer des étrangers, des Blancs. 4/ Avec ce livre, quel message, Marie Sellier et vous-même, souhaitez-vous transmettre ? Diagne Chanel : Marie Sellier avec beaucoup d’empathie et de finesse a retranscrit avec ce texte ce que j’ ai vécu dès la maternelle. C’était très important pour moi de connaître quelqu’un qui comprenait ce que j’avais vécu. C’est elle que j’aurais dû rencontrer dans ma classe... La cour d’école est souvent, et c’est consternant, un lieu de violence. Cela concerne tout le monde et pour de multiples raisons qui peuvent être autres que le métissage. 5/Le fait que cette réédition soit bilingue (français et allemand) est déjà en soi intéressante. Le métissage est une problématique par essence interculturelle… Diagne Chanel : Je parlerais plutôt d’une réalité du métissage que l’on refuse de voir. (suite à la page 13)
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1. DEVIS Plan de masse / relevé superficie 3 279 785 F. CFA = 5000 €
2. DEVIS Toiture / étanchéité 19 678 710 F. CFA = 30 000 € 3. DEVIS Plomberie & sanitaire 13 119 140 F. CFA = 20 000 € 4. DEVIS Énergie + hydraulique 19 678 710 F. CFA = 30 000 € 5. DEVIS Extension Atelier = ‘Case à Impluvium’ (adobe & bois entreprise locale) 13 119 140 F. CFA = 20 000 € 6. DEVIS Huisseries / Ndiaye & Frères 16/07/2012 3 279 785 F. CFA = 5 000 € 7. DEVIS Clôture / Maçonnerie & dallage/ Mbaye Ndiaye 13/07/2012 32 797 850 F. CFA = 50 000 € S/ TOTAL 104 953 120 F. CFA = 160 000 € VII. BUDGET FONCTIONNEMENT 1. Gestion / Administration 11807226 F CFA 18 000 € S/TOTAL
VIII. ACCUEIL EN RÉSIDENCES (X 1 an)
1. 4 séjours & voyages 9 839 355 F CFA 15 000 S/TOTAL
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126 599 701 F CFA 193 000 euros TOTAL
Un projet d’exposition A partir de la réproduction à l’échelle 1:1 de la maison de Diagne Mapathé qui sera matérialisée par une structure en bois, couverte par des toiles peintes et accessible au public, l’installation d’un certain nombre des reproductions des éléments qui constituèrent l’Allée de la Reine, ce projet d’une installation qui reprendrait les différents éléments qui relatent l’oeuvre de Diagne Chanel, se matérialisera par des sculptures et des peintures, mais aussi par des films vidéos diffusés sur des écrans, des bandes-son réalisées en Casamance de manière à restituer son ambiance, mais aussi par les différentes productions textiles, ainsi que les installations correspondantes à l’exposition “Objets Quotidiens d’une artiste parisienne” (galerie 23 Amsterdam juillet 2012 ). Le projet se veut la reconstitution globale du monde artistique de Diagne Chanel, matérialisée par l’ensemble de ses productions et par la maquette grandeur réelle de la maison, héritée de son grand père qui va les accueillir à terme. C’est la préfiguration d’un projet global qui va inclure toutes les composantes culturelles qui ont ainsi façonné l’univers de l’artiste. Depuis l’Italie de la Renaissance, en passant par la France de la fin du XVIII siècle et par toutes les manifestations africaines et particulièrement Sénégalaises, jusqu’à l’évocation de celui qui fut sans contexte le souverain le plus riche du monde. Mansa Moussa ou Kankou Moussa est le dixième «mansa » (roi des rois) de l’empire du Mali de 1312 à 1332 ou 1337. Lors de son accession au trône, l’empire du Mali est constitué de territoires ayant appartenu à l’empire du Ghana et à Melle (Mali) ainsi que les zones environnantes. Moussa porte de nombreux titres, émir de Melle, seigneur des mines de Wangara, ou conquérant de Ghanata, de Fouta-Djalon et d’au moins une douzaine d’autres régions. Il porte l’Empire du Mali à son apogée, du Fouta-Djalon à Agadez et sur les terres de l’ancien Empire du Ghana. Il établit des relations diplomatiques suivies avec le Portugal, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte. Son règne correspond à l’âge d’or de l’empire malien. Il est considéré comme l’un des hommes les plus riches de l’Histoire, voire le plus riche, sa fortune étant estimée à l’équivalent de 400 milliards de dollars ou 310 milliards d’euros actuels.
Photo Diagne Chanel
VI. BUDGET RÉHABILITATION
OVER THE RAINBOW
Empire in Situ complète Kanga Moussa signifie « Moussa, fils de Kankou Hamidou » en référence le dispositif avec les Folies réalisées à cette occasion et d’autres spécialeà sa mère, les mandingues étaient à ment créées pour l’exposition cette époque une société matriarcale, d’autres variantes de ce nom sont au Palais de Tokyo. Ce projet particulièrement imposant Kankou Moussa et Kankan Moussa. Il est la plupart du temps désigné sous de par sa structure et ses ramification le nom de Mansa Moussa dans les veut être l’amorce de la réhabilitation de la “Casa di Mansa” et la création textes historiques européens et dans la littérature. d’un Centre d’Art en Casamance en collaboration avec la Biennale D’autres variantes de son nom telles que Mali-koy Kankan Moussa, Gonga d’Art Africain Contemporain de DaMoussa et le « lion du Mali » existent. kar, avec le Village des Arts de Dakar, Justement la maison de son grand père la Galérie Nationale d’Art du Sénegal, la Manufacture des Arts décoratifs en porte la trace, puisqu’elle s’appelle “Casa di Mansa”, un nom moitié Por- de Thiès, l’Université de Ziguinchor, tugais, moitié Mandingo et qui signi- et la Fondations Blachère, l’Alliance Française de Ziguinchor. fie “la maison du roi”. La réproduction de l’Allée de la reine, Jusqu’à l’équipe nationale du football du Sénégal au travers de déjà exposée à Dakar en juin de cette année 2016 ainsi que la fabrique Papis Dembe Cissé.
(suite de la page 11) La problématique selon moi vient du regard sur le métis. L’autre projette sur le métis sa propre complexité et crée de ce fait un problème qui n’existe pas. L’Interculturel parle de plusieurs cultures. Mais Myriam Mafou, comme moi, ne connaît pas d’autres cultures puisqu’elle est née ici. C’est ça le sujet principal du livre: les autres pensent qu’elle vient d’ailleurs, alors qu’elle est d’ici. Avec le livre bilingue, l’éditeur autrichien Bernest, s’adresse également à ceux qui possèdent 2 langues maternelles et on peut l’imaginer 2 cultures. Une amie d’enfance dont les enfants sont métis et les petits enfants de langue française et allemande est venue acheter le livre au salon. C’est vraiment une richesse, puisque enfants et petits enfants, bénéficient dans cette famille réellement d’une triple culture puisque les couples sont restés unis. 6/D’autres traductions sont- elles en cours? Si oui lesquelles? Diagne Chanel : Il est question avec ces éditions d’une traduction en allemand-arabe. Je me souviens lors d’une lecture avec des enfants au Salon du livre. Nous leur demandions s’ils avaient vécu la même chose que Myriam Mafou. Un petit garçon très tendre qui s’appelait Fayçal, un prénom arabe, nous avait dit qu’on l’appelait fesses sales, cela m’avait fait mal au coeur. Je trouvais cela terriblement méchant. Ce qui est intéressant, c’est que ces livres bilingues s’adressent à une double culture. Je ne suis pas concernée par cette réalité, puisque je n’ai connu que la culture de ma famille française, c’est le cas de beaucoup de métis autour de moi. Je suis donc très contente du prolongement de ce livre qui s’adapte à cet aspect du monde dans lequel nous vivons. Je n’avais pas songé à cette possibilité. (suite à la page 15)
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Association régie par la Loi 1901, organise des expositions de peintures, sculptures et photographies depuis plusieurs années, d’abord à Paris dans l’atelier qui fut celui du peintre Henri Pinta, dans le 7ème arrondissement, aujourd’hui dans un centre d’art à Aubervilliers, et publie la revue homonyme. Marie Amélie Anquetil, Conservateur du Musée du Prieuré, auteur de nombreux ouvrages sur Gauguin et les Nabis, est aussi directrice de la publication homonyme. Vittorio E. Pisu, cofondateur de la revue et rédacteur en chef, réalise aussi des captations vidéo à l’occasion de chaque vernissage, elles sont consultables à l’adresse https://vimeo.com/channels/ maanquetilpresente Il a commencé à organiser des expositions de peinture, sculpture et photographie, d’abord à New York City au sein de la Anichini Gallery en 1983, puis à Paris dés 1989 avec la création de l’association
Palazzi A Venezia
et de la revue homonyme. Il soutient l’oeuvre de Diagne Chanel qu’il a connue en 1978 à l’occasion de l’exposition «Bébés cruels» à la Cité des Arts à Paris, il a aussi organisé l’exposition des peintures et sculptures au titre «Petite Afrique» en 1991, mêlant oeuvres, musique et gastronomie, et relatée par une vidéo consultable sur le site vimeo.com à https://vimeo.com/58247651
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Plus de trente ans dans l’art entraîne la visite d’un grand nombre d’ateliers. Pourtant la visite à Diagne Chanel n’est pas passée inaperçue. Elle travaille et habite à Paris. A proximité de Paris-Nord, dans un grand bâtiment, au fond d’un corridor typiquement français. La première impression fut saisissante. Toute la maison était remplie d’affaires. Ce n’était pas le chaos, mais chaque endroit était mis à profit. Les murs étaient couverts, partout il y avait des meubles, des tapis, des livres, des photos et surtout de nombreux objets. Il n’y avait guère de différence entre la salle de séjour et l’atelier. Les pièces se suivaient d’une manière continue. Tout portait la griffe de Chanel. Les œuvres accrochées aux murs avaient été créées par elle. Les sculptures avaient été créées ou collectionnées par elle. Elle avait conçu ou transformé une partie de l’ameublement. Les dizaines de ‘choses’ étaient les siens ou appropriés à elle. Dans le vestibule et le couloir se trouvaient les pièces détachées de ses installations. En partie emballées. Même les toilettes étaient bondées. Il n’y avait pas de différence entre high et low art. Toutes les œuvres avaient leur valeur, parce qu’elles témoignaient toutes de l’ardeur et de la passion de l’artiste Diagne Chanel. Elle était entourée de son travail, son métier, sa vie. Chanel est née d’un père sénégalais et d’une mère française. Bien qu’elle ait grandi à Paris, l’Afrique joue un rôle majeur dans son œuvre. Son engagement y trouve son origine. Pendant des années elle a travaillé et milité autour du souvenir du Génocide au Soudan. Notamment les enfants victimes l’ont poussé à l’action. Elle a traité les atrocités non seulement dans ses peintures et ses dessins, mais elle a aussi écrit sur ce sujet et elle a donné des interviews à la radio et la télévision. De différentes manières elle a essayé d’attirer l’attention sur ‘son’ histoire. Il y a quelques années, elle a pratiquement cessé ces activités. Non pas parce qu’elles ne soient plus nécessaires ou parce qu’elle ne croie plus à l’artiste comme ‘messager’, mais parce qu’on a de plus en plus contrecarré ses intentions. On lui a reproché de se mêler d’affaires qui ne la regardent pas, en tant que métisse de nationalité française vivant à Paris en toute sécurité. Il est difficile de décrire en quelques phrases son œuvre. (suite à la page 15)
PhotoDiagne Chanel
Ici, là bas et ailleurs,
ENGAGEE ET PASSIONNEE ‘annexer’ les espaces du musée. Ses dessins et peintures -souvent de grands formatsont été mis sur papier (d’emballage) ou sur toile dans Son œuvre est en plus difficile à décrire parce qu’on un style y trouve toutes sortes de contrastes et contradictions. Ses grands dessins sont le plus souvent présentés expressionniste dégagé. avec un style libre et sans apprêt, Son art est figuratif, sans être toujours réaliste. tandis que ses tableaux Elle abstrait, elle fait sa composition sont encadrés dans des moulures de grandes lignes. en or quelque peu clinquantes. Les mouvements semblent gelés (les figures parfois Ses dessins et peintures ne visent pas la séduction ou me rappellent les toiles de Tatlin le plaisir esthétique, mais par contre les photos que ou les costumes de Malevich). j’ai vues sont très agréables à l’œil. Les couleurs sont en général sombres. En général, elle est sérieuse quand il s’agit Le crème, le brun, le rouge brunâtre, de thèmes et leur réalisation. plutôt que des couleurs vives. Parfois le bleu doPourtant certains titres d’autres travaux mine. Il est probable qu’elles ont été inspirées par semblent avoir un sens ironique. les couleurs des paysages africains. Dans différentes Ils font des allusions à la manière dont œuvres, des textes et des cris font partie de l’image. l’Afrique est vue par l’Occident. Ses sculptures sont une traduction à trois dimensions des figures de ses autres travaux. Elles sont auto- La finition de sa céramique –par exemple ses vasesest lisse et reluisante, par contre ses sculptures en nomes ou bien elles font partie d’une installation, bronze ont une sorte de rugosité. et elles entourent le spectateur. Diagne Chanel peut être difficile à classifier, Pour Chanel, les installations servent à profiter de sa passion ne fait aucun doute. façon optimale de l’espace. Comme elle a fait de sa Rob Perrée, Amsterdam, mai 2012 maison atelier son espace à elle, Vertaling Marianne Ouwerkerk. elle semble aussi vouloir
(suite de la page 13) Marie Sellier et moi, sommes très heureuses de cette seconde vie pour notre ouvrage. 7/ Avant d’être un récit illustré, ce livre est le reflet de votre travail de plasticienne et de vos engagements. Pouvez-vous présenter aux lecteurs de Viabooks le sens global de votre démarche d’artiste ? Diagne Chanel : J’ai utilisé ma peinture, ma sculpture et la vidéo pour alerter sur le génocide du Soudan et l’esclavage toujours d’actualité en Mauritanie et au Soudan, Cette démarche m’a entrainée beaucoup plus loin que ce que j’imaginais, et m’a amenée a créer le Comité Soudan. Avec les évènements du Darfour j’ai rejoins le groupe Urgence Darfour, dont je suis vice-présidente. Des chercheurs m’ont demandé d’écrire des articles d’analyses politiques. Cet engagement m’a donc ouvert la voie de l’écriture. Ecrire était en fait très important pour moi, sans que je ne l’aie jamais mesuré. 8/Vous préparez aussi un essai sur le métissage. Où en est ce projet éditorial ? Diagne Chanel : Ce livre a en fait précédé “Mafou métis” dans la réflexion sur le métissage. C’est parce que j‘ai écrit pour défendre les autres, que j’ai pensé qu’il était temps d’utiliser le pouvoir du livre pour me défendre, puisque personne ne l’avait jamais fait pour moi, ni ma famille, ni mon entourage. Une manière de sortir définitivement de la cour d’école peut être … Ce que j’avais pressenti et écrit dans mon essai sur le métissage s’est produit. Entre autres, la radicalisation de la société française par le refus de nous voir, alors que nous sommes de la même culture de la même chair et que nous n’avons pas de revendication communautaire. Après un long chemin, cet essai devrait être publié dans l’année qui vient. ( NDLR : 2017). “Myriam, Mafou métisse” Marie Sellier et Diagne Chanel, Editions Bernest
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