Phot wikipedia
Stefano Boeri Lee Krasner Odile Gaillard Alys Tomlinson Jenna Westra Cary Fagan Ron Jude Le Bazar de la Charité Découverte à Pompei Sensationnalisme en Archeologie Soutien aux modèles vivants Amanda Shingirayi Mushate Concetta Scaravaglione Oscar Ghiglia Ludwika Ogorzelec Fonte des glaces et Archéologie Toutankhamon et le Fer Extraterrestre Galerie Brugier-Rigail Florence Léoni Barbara Crane Navarro A Table ! Le répas tout un Art Zitkala-Sa Marion Charlet Karin Lewin
PALAZZI A VENEZIA Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : en cours Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Projet Graphique Maquette et Mise en Page L’Expérience du Futur Correspondance vittorio.e.pisu@free.fr palazziavenezia@gmail.com https://www.facebook.com/ Palazzi-A-Venezia https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia Trenteunième Année / numéro 12 / Décembre 2020 Prix au numéro 5 euros Abonnement annuel 50 euros Abonnement de soutien 500 euros
Photo : IG @kyrenian /
oici l’une des deux tours Bosco Verticale situées à Milan. Son architecte, Stefano Boeri, l’a imaginée comme “Une cabane dans les arbres qui accueille également des humains et des oiseaux”. Cette forêt verticale possède au moins 730 arbres, 11 000 mètres carrés de verdure et plus de 5 000 arbustes pour un total d’environ 17 000 plants. Mélèzes, cerisiers, pommiers, oliviers, hêtres ont été soigneusement placés en fonction de leur besoin de soleil, d’eau ou de protection du vent. Pour lutter contre les parasites, et ne pas employer des pesticides, 9.000 coccinelles ont été déposées dans cette incroyable verdure. “La chose extraordinaire à laquelle nous n’attendions pas est également la quantité incroyable d’oiseaux qui ont nidifié. Nous avons des petits faucons sur les toits, des martinets qui avaient disparu auparavant de la ville de Milan”, précise le créateur. Envie de parer de verdure et de poésie toutes nos villes de demain ? IG @stefanoboeriarchitetti
vec ce numéro qui termine l’année 2020 dont je me demandais l’année dernière si l’année 2019 était bien la fin des années 10 ou si c’est plutôt l’année 2020 qui en était la fin. Je penche plutôt pour cette hypothèse, le 1er janvier 2021 est assurément le début des années ‘20 de ce siècle qui laisse derrière nous quelques années qu’on aimera bien oublier. Surtout celle qui va se terminer tantôt et qui nous laissera encore pantois devant tant de impossibilités manifestes à démêler le vrai du faux, face à tant d’affirmations le plus contradictoires les une et les autres et ce déferlement d’experts autoproclamés qui de constitutionnalistes se transforment en virologues en un battement de cils. En espérant très franchement de voir bientôt la fin de cette pandémie, en attendant bien entendu les prochains virus qui, faute d’animaux dont nous nous évertuons à détruire systématiquement l’habitat naturel, ne peuvent donc trouver meilleur solution que de ce rabattre sur nous même qui somme, parfois on l’oublie, des animaux comme les autres. Reste l’Art pour nous consoler, nous stimuler, nous apprendre, nous rendre la vie plus supportable et plus agréable. Bien sûr, beaucoup d’activités artistiques on fermé leurs portes, depuis les théâtres, en passant par les musées, sans oublier les galeries privées et jusqu’aux restaurants. Alors décrire les événements actuels, en cours ou à venir ce n’est pas très facile, d’autant plus que nombre d’entre eux, fermés avant même de commencer, essayent timidement de réouvrir dans une situations on ne peu plus confuse. Même étant un expert du sabir institutionnel j’ai du mal à comprendre ce qui est permis, ce qui est toléré, ce qui est interdit et à quell’heure on fait l’amour. Dés le 28 novembre beaucoup de galeries ont réouvert leur porte en essayant de retrouver le temps perdu. Certaines, dont la programmation est établie depuis long temps, sont obligées de clore les expositions déjà arrivées à leur date de fin et qui finalement n’ont été pas vues par grand monde. D’autres essayent la prolongation, sachant que le mois de décembre, ou déjà dés novembre la préoccupation essentiel du quidam sera plutôt Noël et qui ne s’avise pas de réaliser que l’offre d’une oeuvre d’Art, même un petit format, durera plus longtemps et donnera plus de plaisir que n’importe quel gadget électronique en provenance de l’extrême Orient. Alors n’hésitez surtout pas, les galeristes et les artistes vous attendent pour vous permettre de découvrir, connaître, et acquérir des oeuvres, petites ou grandes selon vos moyens, qui ne vous décevrons jamais tout au long de votre vie et même de celle de vos petits enfants, charmés de recevoir un tel héritage. Foins de tristes pensées, je vous souhaite une très bonne fin d’année même (ou surtout) en petit comité et vous donne rendez vous aux années ‘20 du XXIème siècle. V.E.Pisu
Photo https://judithbenhamouhuet.com/
n histoire de l’art, la postérité favorise le malheur et les héros qui meurent jeunes. Nous aimons Van Gogh, qui est mort à 37 ans sans avoir vendu une seule œuvre d’art. Nous aimons Nicolas de Staël, qui s’est suicidé à cause d’une histoire d’amour ratée à l’âge de 41 ans. De même, nous déplorons le fait que le grand Jackson Pollock (1912-1956), qui dansait littéralement pour éclabousser ses toiles de jets de peinture dans ses célèbres “drip paintings”, ait connu sa fin dans un accident de voiture avec sa maîtresse. Face au rouleau compresseur de cette légende de génies maudits, il n’y a pas de place pour leurs partenaires. C’est ainsi que l’épouse de Jackson Pollock, Lee Krasner (1908-1984), qui faisait partie du mouvement expressionniste abstrait avec son mari, a été reléguée au rang de dessinatrice d’art contemporain de second ordre, du moins en Europe. Il faut donc se réjouir qu’une exposition itinérante rétablisse l’importance de ce peintre. Jusqu’au 10 janvier, soixante deux œuvres d’art seront présentées au Guggenheim Bilbao. L’impact global est fort car les peintures exposées, qui illustrent ses différentes périodes, sont d’une très grande qualité. Ses premières œuvres étaient inspirées par le cubisme et un certain expressionnisme, mais la véritable révélation est venue plus tard. Krasner n’avait pas qu’un seul style. Elle était toujours en quête et en évolution, elle a rencontré Pollock en 1942.
Lee Krasner Living colors la redécouverte d’un peintre extraordinaire éclipsée par la puissance créatrice de son mari jusqu’au
10 janvier 2021 Museo Guggenheim Bilbao Avenida Abandoibarra, 2 48009 Bilbao Tél.: +34944 35 90 00 +34944 35 90 80 www.guggenheim-bilbao.eus.
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Ils se marient et vont vivre à Springs, un village des Hamptons près de New York, dans une maison que l’on peut encore visiter aujourd’hui, où elle crée ce que l’on appelle ses “petites images”. Mais ses premières œuvres exceptionnelles apparaissent au milieu des années 1950. Découragée, elle commence à déchirer ses dessins abstraits. Lorsqu’elle revient à l’atelier quelques semaines plus tard, elle réorganise ces bouts de papier déchirés. A la fois violentes et cadencées, ces peintures sont organisées par des éclats de couleurs rythmés, et sont très abouties. La commissaire de l’exposition, Lucia Agirre, déclare : “elle se cannibalise”. En 1956, Lee se rend à Paris et Pollock meurt pendant son séjour. Elle venait d’entamer un nouveau cycle de peintures majeures, les “prophéties”. Il s’agissait d’images de corps densément emmêlés dans des tons de rose, soulignés de noir, rappelant Picasso et l’expressionnisme abstrait de Willem de Kooning. Son partenaire étant maintenant mort, elle a repris le vaste atelier et s’est appliquée à des œuvres de grande envergure. (suit page 4)
voir les vidéos https://youtu.be/giE0LqylYOA https://youtu.be/36DJ2g0V0gc https://youtu.be/aaWXNFICgps https://youtu.be/9QX9vzjjXBY écouter un interview https://www.aaa.si.edu/ collections/interviews/ oral-history-interview-lee-krasner-12507 Museo Guggenheim Bilbao Avenida Abandoibarra, 2 48009 Bilbao Tél.: +34944 35 90 00 +34944 35 90 80 guggenheim-bilbao.eus.
Photo Odile Gaillard
(suit de page3) De là est né un style de peinture très gestuel et dense, ressemblant à des paysages sans début ni fin. Matisse était l’une de ses principales références, et elle a dit “avec la couleur, on obtient une énergie qui semble provenir de la sorcellerie”. On pourrait dire que les images dynamiques de Krasner sont magiquement belles. À l’exception de quelques peintures plus faibles vers la fin, ses abstractions qu’elle a osé donner des formes infiniment différentes sont (chacune à leur manière) les héritières du meilleur de l’art moderne. Impressionnant. (Lee Krasner est née le 27 octobre 1908) https://judithbenhamouhuet.com/
riginaire des Deux-Sèvres, née à Niort Odile Gaillard a commencé la peinture en 1961. Elle rejoint la région parisienne ou elle dessine pour des stylistes renommés, Primerose Bordier (lingerie de maison Descamps) et Maïté Arnaudin. Puis elle se lance dans la création de jouets en bois. Elle intervient auprès des collèges et écoles primaires de la région parisienne, pour promouvoir le dessin et l’art de dessiner. Quand elle revient à Fenioux en 1996, elle organise son atelier de la Primaudière, des cours de peinture et aussi des stages de teinture avec les plantes. En tant que professeur, elle organise avec le lycée professionnel de Loudun, un voyage d’études au Burkina Faso. Ce sont douze élèves qui vont participer à ce projet basé sur l’étude de l’art, les métiers de la mode, les coutumes et usage des couleurs dans la peinture, l’utilisation des matières pour la conception des teintures par les plantes, etc. Son œuvre permet la confrontation du regard extérieur et de l’intimité, de la pudeur et du voyeurisme, laissant comme un goût amer, une impression de blessure ? Et si le champ d’investigation d’Odile Gaillard se trouvait là, plutôt que dans la mémoire, là dans cet équilibre secret entre le dicible et l’indicible, entre l’innocence apparente d’une image allégorique et la puissance du message sous-jacent qui lui donne vie. https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/commune/ardin/le-regard-exterieur-et-intime-d-odile
Odile Gaillard (janvier / août 2020)
ODILE GAILLARD
Photo Odile Gaillard e suis partie aux Beaux-Arts à 17 ans. J’ai fait du dessin pour le textile, des jouets en bois peints animés, des costumes pour le théâtre, j’ai fait des mises en couleurs, du théâtre. J’ai peint des machines volantes, une série sur le jazz … Après avoir peint les habitants de mon quartier parisien métissé, l’envie m’est venue d’aller à l’essentiel et de donner plus de sens à mon travail. De retour en Gâtine, en liberté dans mon atelier au bout de mon jardin d’aujourd’hui, je peins. Je peins le fond du jardin de mon enfance, les racines de mes rêves, les amours oubliés, les peurs d’enfants, la vie qui s’envole, ce n’est pas triste, seulement joyeux et nostalgique. On s’envole dans mes tableaux Souvenirs d’enfance et d’ailleurs De ceux depuis longtemps disparus Matins d’été Vacances au bord de la mer Jardin sauvage sous les grands arbres Jeux de miroirs : Illusion de mouvement de ce qui n’est plus Et en partant s’envole qui veut ! « C’est la route des vacances, ne pleure pas Jeannette » Dans les valises petits canifs à bouts ronds pour jouer sur le sable, Maillots de bains en laine, pêchettes pour les crevettes, Méduses pour les pieds... Et dans l’auto quatre petites filles chantent la Jeannette que l’on pendouille avec son ami Pierre dont le moulin tourne trop vite.
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e rencontré Odile au début des années ‘90; J’ai tout de suite été conquis par cette grande et belle femme pleine d’énergie et surtout par ses oeuvres qui me paraissent comme des souvenirs revus en songe qui continuent à nous hanter et à nous conforter lorsque le quotidien n’est pas très rose. Sa technique est éprouvée, très personnelle et ne rassemble à aucune autres. Il s’agit d’un figuratif qui parfois peut évoquer Chagall tout en étant absolument unique. J’ai eu le plaisir de proposer à Odile de réaliser une exposition, dans le cadre de Palazzi A Venezia qui venait de commencer ses publications et aussi l’organisation périodiques d’expositions d’ami(e)s et de connaissances dont nous aimions le travail. Son titre “Paris Tokyo aller et retour” évoquait en fait sa participation à une exposition dans le lointain Japon où ses oeuvres furent particulièrement appréciées. Elle s’est rappelée à mon souvenir s’inquiétant du destin d’une de ses oeuvres qu’elle m’avait offerte à l’occasion. Elle me plaît toujours autant et fait partie d’une collection d’oeuvres construite au fil du temp et leur contemplation me donne toujours autant de joie. Vittorio E. Pisu Voir la vidéo de l’expo vimeo.com/56089937
Photo alystomlinson
ALYS TOMLINSON
e verrouillage de Covid-19 a permis à beaucoup de gens de voir leur quartier sous un nouveau jour ; le magasin du coin, le parc local, et même l’arrêt de bus sont soudainement devenus des pierres de touche importantes de la vie quotidienne. Pour Tomlinson, cette localité a été le point de mire de son dernier travail. Lost Summer comprend 44 portraits de jeunes adultes, âgés de 15 à 19 ans, dont les examens finaux ont tous été annulés en raison de Covid-19. Tous les portraits représentent des personnes vivant dans la communauté locale de Tomlinson à Holloway, Londres. “Je voulais qu’ils soient réfléchis”, dit-elle. “Il y a une sorte de sentiment de perte et de nostalgie... cela montre la résilience dont ces jeunes font preuve en ces temps particulièrement difficiles.” Tomlinson a photographié ses sujets dans leurs jardins et parcs locaux, habillés comme ils l’espéraient pour leurs bals de fin d’année, annulés en raison de la pandémie. Pour Lost Summer, Tomlinson s’est inspirée de sa série de cinq ans Ex-Voto, pour laquelle elle est devenue la photographe de l’année lors des Sony World Photography Awards de 2018. Ex-Voto documente les pèlerinages chrétiens à
travers Lourdes (France), Ballyvourney (Irlande) et Grabarka (Pologne). Composée de paysages, de portraits et de natures mortes intimes, la série capture des voyages spirituels de culte. Ex-Voto, qui a également été présélectionné pour le prix du portrait Taylor Wessing et le prix de la photographie de la Renaissance, a enseigné à Tomlinson l’importance de la conversation et de la confiance dans l’acte de faire un portrait. “J’ai l’impression que c’est plus une collaboration”, dit-elle. “Il est important qu’ils voient cela comme un portrait et non comme une participation à leur travail”. Qu’elle photographie des prêtres, des religieuses ou des adolescents du nord de Londres, l’approche de Tomlinson est toujours la même : respect, espace et collaboration. “[Si le photographe] ne semble pas si dérangeant, [ils] ne voudront pas le laisser voir dans leur âme.” Tomlinson a étudié la photographie au Central Saint Martins de Londres, avant d’entreprendre une maîtrise en anthropologie des voyages, du tourisme et des pèlerinages à l’université SOAS de Londres, pour développer Ex-Voto. “J’ai failli abandonner Ex-Voto, parce que ça ne marchait pas. Il m’a fallu cinq ans. Il a fallu étudier l’anthropologie et il a fallu revoir le projet pour trouver une approche qui fonctionne vraiment”, explique-t-elle.
Photo alystomlinson
Les intérêts artistiques de Tomlinson sont centrés sur les interactions entre les personnes et les lieux, un thème qui se retrouve dans Ex-Voto, Lost Summer et son deuxième projet de verrouillage, Night Wanderings. La série de paysages urbains nocturnes met en évidence le vide des rues de Londres par contraste avec la circulation régulière qui les consomme ; un effet déconcertant de l’enfermement. Inspiré par le photographe américain Robert Adams dans Summer Nights, Walking, Tomlinson a commencé à s’aventurer dans des promenades nocturnes, réalisant que le Londres nocturne était devenu un lointain souvenir. Pour documenter le nouveau monde qu’elle a trouvé, Tomlinson a d’abord compilé les images pour elle-même comme un passe-temps, avant de réaliser que le travail était devenu un projet. “Je me sentais un peu à cran, et j’ai trouvé cela assez apaisant, d’une certaine manière, de me promener dans le quartier”, explique Tomlinson. “J’étais intéressée par les ombres et la lumière, les formes qu’elles créaient. Il y avait une sorte de vide, quelque chose de troublant et d’inquiétant”. Les deux projets ont commencé comme des exercices pour Tomlinson, en gardant son esprit et sa caméra actifs avant qu’elle ne puisse retourner à Vera, le documentaire sur lequel elle travaille actuellement. Cependant, au fur et à mesure que ces expériences de PALAZZI 7 VENEZIA
verrouillage photographique ont progressé, elles sont devenues les leurs : d’abord un passe-temps, elles sont devenues une exposition. Tomlinson ne savait pas où elles iraient et avait hâte de découvrir la suite. “Je n’ai pas tendance à avoir ces grandes idées à l’avance. Souvent, c’est juste quelque chose de minuscule qui suscite une petite pensée et qui se transforme ensuite en quelque chose de plus”. Exposés à la HackelBury Gallery de Londres, les derniers projets sont des travaux d’enfermement. Dans ces deux œuvres, Tomlinson utilise son style sensible pour refléter sa communauté. “Je pense qu’il est facile pour les photographes de penser qu’il faut aller vers ces destinations lointaines pour être inspirés”, dit-elle. “Nous étions tous dans cet étrange limbe, cet espace liminal. En fait, travailler sur quelque chose de très local, vraiment, vraiment me convenait.” Isaac Huxtable Lost Summer et Night Wanderings sont exposés à HackelBury Fine Art, Londres, à partir du 10 novembre 2020. Les préventes du Lost Summer PhotoBook sont maintenant disponibles auprès du British Journal of Photogrqphy. https://www.1854.photography/2020/11/
Photo Jennawestra
JENNA WESTRA
’ a r t i s t e new-yorkaise Jenna Westra s’est intéressée à la photographie pour la première fois en 2009, lorsqu’elle s’est inscrite à contrecœur à un cours d’histoire. “J’avais besoin d’un cours d’histoire de l’art pour obtenir mon diplôme, et je me suis inscrite tardivement. La seule option était une section sur l’histoire de la photographie, alors je me suis inscrite, malgré le peu d’intérêt que cela suscitait”, dit-elle. “J’ai tout de suite été fascinée par les premiers procédés de fabrication d’images... Imaginer ce que cela devait être de créer pour la première fois un enregistrement visuel direct du monde - une façon de voir et de regarder qui était nouvelle et différente - m’a semblé vraiment passionnant”. Westra a commencé à collectionner de vieux appareils photo, à les démonter et à les remonter pour comprendre les mécanismes de la production d’images. Au début, elle faisait des autoportraits pour “apprendre comment la lumière et la forme sont traduites sur la pellicule”. Finalement, elle a commencé à travailler avec des modèles féminins, souvent des danseuses, car elles ont une bonne compréhension de l’apparence et du mouvement de leur corps. Ses images sont tendres et fluides, peintes avec des membres et des torses qui
bougent et s’entremêlent dans l’espace. “Je travaille de cette manière particulière, avec des modèles comme collaborateurs dans le studio, depuis environ sept ans”, dit-elle. Aujourd’hui, une collection d’œuvres de Westra est réunie dans une exposition à la galerie Lubov de New York, ainsi qu’un livre de photos intitulé Afternoons. “C’est le moment de la journée où je suis la plus productive”, dit Westra, expliquant que l’inspiration pour le titre provient d’un des chapitres du film Hannah and Her Sisters de 1986. “J’avais aussi passé une grande partie de mes après-midi à photographier les gens dans les parcs de la ville. Le mot a une certaine texture qui s’inscrit dans l’ambiance que j’essaie de transmettre dans mon travail. Il a une qualité poétique”. Ci-dessous, Westra réfléchit sur la présence et l’évolution du corps dans son travail. Marigold Warner “Je suis toujours intéressée par la façon dont la caméra façonne les idées de la psyché féminine. J’ai appris par l’autoportrait, à une époque où je cherchais à découvrir ma propre identité, mais je n’aimais pas le manque de contrôle que l’on obtient en regardant dans le viseur la genèse d’une image. J’ai fini par me remplacer par d’autres femmes qui sont en quelque sorte physiquement similaires. J’ai commencé à travailler avec des danseuses quand j’ai fait mon premier film en 16 mm. Il s’agissait d’une artiste blessée qui ne pouvait plus bouger comme elle le faisait auparavant.
Photo jennawestra
J’aimais l’idée d’une danseuse qui ne pouvait plus bouger, mais qui pouvait poser d’une manière spécifique et apprise et comment cette idée est liée à l’immobilité et à la photographie en général. Elle pose et fait des mouvements lents et méditatifs au cours du coucher du soleil dans le parc Prospect. Deux corps, la caméra et la danseuse, tous deux dotés d’une capacité de mouvement, qui, lorsqu’ils sont immobiles, vibrent ensemble. Je n’ai jamais été un photographe qui travaille en “série”. Je considère cette collection de photos comme une enquête en cours sur la manière dont la forme féminine peut être imaginée de manière nuancée et féminine, qui résiste aux dynamiques de pouvoir traditionnelles entre les sexes et qui remet en question la politique du regard. Le contact humain nous manque à tous. Peut-être que ce travail est un rappel de la tendresse qui s’y trouve, et qu’il est rafraîchissant de le revoir. Mais j’espère aussi que c’est un rappel de continuer à faire, à pousser et à trouver du réconfort dans le travail créatif, quelle que soit la manière dont il est présenté. Mon studio et ma chambre noire ont été à la fois un sanctuaire et une bouée de sauvetage au cours de cette année éprouvante. Je suis très reconnaissante pour ces espaces et pour les personnes qui continuent à me soutenir. Jenna Westra Afternoons est exposée à Lubov, New York, jusqu’au 22 novembre 2020. Le livre qui l’accompagne est publié par Hassla. PALAZZI 9 VENEZIA
e ne tourne pas trop souvent, peut-être une fois tous les deux mois, mais entre les tournages, je pense à des façons de voir les corps se toucher ou interagir des vignettes qui contiennent une sorte de tension. Les instructions que je présente aux modèles peuvent être très simples, comme un pied qui touche un bras, ou un accessoire à fruits tenu de manière inattendue, ou encore un corps qui s’appuie sur un autre en arrière. Je suis également très conscient que ce qui est laissé hors du cadre est tout aussi important que ce qui est réellement représenté, et j’utilise le recadrage comme stratégie pour mettre cela en évidence. Je suis également ouvert à l’idée de laisser les choses se faire de manière organique, ce qui est encore plus possible lorsque l’on travaille avec des danseurs ou des personnes qui ont un lien particulièrement étroit avec leur physicalité. Dans le spectacle actuel, Dancers (Backbend) 2020 est issu d’un moment où les modèles essayaient des choses et se déplaçaient sans aucune direction. J’en suis venue à apprécier et même à essayer de tirer davantage de ces moments de hasard, en particulier dans ce spectacle. (suit page 10)
Photojennawestra
(suit de la page 9) Les œuvres de mon dernier spectacle avec Lubov en 2018 sont toutes issues d’un tournage de cinq heures. Je voulais voir ce qui se passerait si je me donnais une limite de temps et d’espace. Dans l’exposition actuelle, j’ai deux de ces images très construites en studio mais aussi une photo prise dans un parc public ainsi qu’une œuvre de 2015 et une de 2017. Je m’intéresse de plus en plus à l’aplatissement d’une hiérarchie perçue des techniques de fabrication d’images à travers le temps, et à la manière dont cette approche peut s’inscrire dans une conversation plus large sur la relation entre les images vernaculaires et construites, et sur la mécanique de la photographie elle-même. J’ai toujours utilisé mon studio comme un décor, qui est assez petit et qui comporte une chambre noire au sous-sol. Récemment, je ne me sentais pas en sécurité en y invitant des gens, alors j’ai loué un studio professionnel pour la première fois, mais je suis aussi sorti pour faire des photos pour la première fois depuis des années. J’ai filmé le couple en train de s’embrasser au parc Hunter’s Point à Long Island City. Ce n’est pas la première fois que je photographie un homme - je l’ai fait et je le ferai encore, mais
je choisis des hommes qui ont peut-être une sorte de sensibilité. À ce moment-là, j’étais intéressée par la tendresse et le toucher, quelque chose qui vous touche et qui reste avec vous. Cette image est le début d’une recherche continue que j’ai l’intention de poursuivre, de trouver des images en même temps que de les construire, en pensant encore une fois à la hiérarchie perçue là-bas. “L’esthétique moderniste a été une partie importante de mon développement en tant que photographe. J’ai toujours été attirée par les photos de performances de chorégraphes modernes et post-modernes, en particulier de Pina Bausch et Yvonne Rainer. Elles m’inspirent des idées sur la façon dont un appareil photo peut changer une performance. Lorsqu’une caméra est présente à la place d’un public, la façon dont les danseurs s’orientent change. Je suis attirée par le corps, l’espace et la performance d’un moment spécifique, qui est généralement capturé dans la danse moderne ainsi que dans les films des artistes féministes des années 1970”. Afternoons est un titre approprié pour l’exposition actuelle de l’artiste new-yorkaise Jenna Westra à la galerie Chinatown, Lubov et un livre coïncident, publié par Hassla. Osman Can Yerebakan https://www.1854.photography/2020/10/jennawestra https://www.anothermag.com/art-photography/
CARY FAGAN
Photo caryfagan
omment peut-on prendre quelque chose d’aussi visuel que la photographie et le transformer en une forme physique - quelque chose que l’on peut démonter et remonter ? C’est une question à laquelle le photographe Cary Fagan, basé à Houston, réfléchit depuis un certain temps. Et si la construction des images était placée dans les mains du spectateur comme, par exemple, un puzzle ? Il y a trois ans, Fagan a imaginé un puzzle pour que des amis puissent le tester, en utilisant une image tirée d’un lookbook de collection qu’il avait réalisé pour le créateur de mode Recho Omondi, dans lequel trois mannequins se blottissent les uns contre les autres, portant des tenues assorties aux couleurs vives et éclatantes. “J’ai été confronté à la difficulté de choisir ce que [l’image] pouvait figurer sur un puzzle”, explique Fagan; toutes ses images, qui comportent souvent un espace sombre et impossible à distinguer, ne fonctionnaient pas. “Tout peut se trouver sur un puzzle, mais comment mon public se sentirait-il en le faisant ?” Après de nombreux essais et erreurs, timeless.goods, comme le nom du projet l’indique, a été dévoilé aux premiers jours du verrouillage. Les 20 puzzles vont de 260 à 2000 pièces, et cette même image tirée du lookbook d’Omondi, Three, a été le best-seller à ce jour. Fagan en déduit que la popularité de la photographie pourrait être due à ses éclats de couleur distincts, qui créent des points de référence utiles. L’image est également l’une de ses œuvres les plus re-
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connaissables, et a été incluse dans The New Black Vanguard : Photography Between Art and Fashion, de l’écrivain et critique Antwaun Sargent, publié en 2019 par Aperture, ce qui le place parmi les jeunes photographes noirs les plus prometteurs. En tant qu’artiste émergent, Fagan a réalisé la couverture de l’album de A$AP Rocky en 2018, Testing ; l’image du puzzle intitulé Chairs in Arcosanti a été prise lors d’un tournage avec Solange en 2017. Fagan insiste cependant sur le fait que les histoires qui se cachent derrière ses images sont plus importantes que les récompenses. En traduisant ses images en puzzles, Fagan tisse une partie intégrante de sa pratique dans ce nouveau média. Sa préférence pour le cinéma analogique contraste avec l’omniprésence de l’Internet, et avec les puzzles, cela va plus loin. “La technologie a vraiment diminué notre façon de communiquer, et il y a maintenant une opportunité de se reconnecter”, note Fagan, le bien-être de son public étant un élément central de la croissance des biens intemporels. Les photographies prises lors d’une résidence d’artiste au Japon l’année dernière sont les derniers puzzles à être inclus : “Les gens sont restés si longtemps à l’intérieur cette année, alors j’ai voulu leur donner des images de la nature pour leur redonner un sentiment de normalité”. (suit page 12)
RON JUDE
(suit de la page 11) Il n’est donc pas étonnant que Deer Reborn, tiré de cette œuvre, soit un autre best-seller. “Quand je regarde ça, je me sens à la fois vulnérable et connecté à la nature”, explique-t-il. Il y a une conscience qui résonne à travers l’objectif du photographe ; la même tendresse est accordée aux yeux de son sujet qu’à un paysage. Ce souci du détail s’applique également aux biens intemporels. “Toutes mes images ont une histoire derrière elles, mais celles que je choisis pour intemporel.goods doivent refléter la marque”, explique-t-il. “Qu’est-ce qu’un bien intemporel ? C’est une image qui est racontable”. Pour cette raison, Fagan cherche à tourner davantage de scènes de nature morte ; des images comme Bloodshed, qui à la fois rappellent des sujets de puzzle traditionnels et capturent un moment dans le temps qui est si essentiel à sa pratique. Dans l’ensemble, Fagan voit la longévité des puzzles au-delà de 2020, année perturbée par la pandémie. Il constate que les clients reviennent à la charge à la recherche de puzzles plus complexes, comportant jusqu’à 2 000 pièces. Pour Fagan, c’est la plus grande réussite : “Le temps n’existe pas - il s’agit de donner du pouvoir à quelqu’un d’autre.” timelessgoods.store https://www.1854.photography/2020/11/
e dernier titre de Jude rappelle l’ampleur des forces naturelles, qui ont opéré indépendamment de nos expériences anthropocentriques, des milliards d’années avant nous, et pour des milliards d’années à venir La lave refroidissante, les courants de marée et la cascade de glace glaciaire se retrouvent dans le dernier album photo de Ron Jude, 12 Hz. “Beaucoup de choses sont dites, dans beaucoup d’endroits, beaucoup de mots s’agglutinent, et les pensées bourdonnent autour d’eux dans les nuages comme des mouches, et les idées s’y agglomèrent comme des maladies”, dit un court texte qui accompagne les images. “Et sous toutes les idées et les pensées... Sous tout cela, il y a le Rock.” Professeur d’art à l’Université de l’Oregon, le travail de Jude explore souvent la relation entre les gens, le lieu, la nature et la mémoire. Réalisées entre 2017 et 2020 sur le continent américain, à Hawaï et en Islande, les images en 12 Hz représentent des rochers, des glaciers et des volcans de vastes entités vivantes, capturées en noir et blanc. Mais Jude fait preuve de patience avec les paysages qu’il capte, car il a l’impression qu’ils ne bougent pas dans un délai fixé par l’humanité. Le titre de l’œuvre fait référence au seuil sonore le plus bas de l’audition humaine, faisant allusion à des forces d’une ampleur insaisissable, agissant indépendamment de nos expériences anthropocentriques. En cette période de crise écologique et politique, l’œuvre de Jude rappelle que ces forces ont éclaté, se sont effondrées et se sont développées, des milliards d’années avant nous, et qu’elles le feront encore pendant des milliards d’années. Nous n’en sommes que les gardiens temporaires, et elle perdurera, même si nous ne le faisons pas. Marigold Warner Marigold Warner a rejoint le British Journal Photography en avril 2018, et occupe actuellement le poste de rédacteur en chef adjoint. Elle a été précédée d’un diplôme en littérature anglaise et en histoire de l’art à l’université de Leeds, suivi d’une maîtrise en journalisme de magazine à l’université de Londres, City. Ses travaux ont été publiés par des titres tels que le Telegraph Magazine, Disegno et l’Architects Journal. https://www.1854.photography/2020/10/12-hz-byron-jude/
Photo ronjude
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LA BAZAR DE LA CHARITE’
e Paris de la Belle Époque était imprégné d’un enthousiasme pour les nouvelles découvertes scientifiques et d’un élan culturel extraordinaire, mais le 4 mai 1897, un événement tragique l’a submergé. C’était la scène du Bazar de la Charité. À la fin du XIXe siècle, Paris a connu une longue période de bouleversements. Près d’un siècle après la Révolution française, elle avait vu de multiples formes de gouvernement alterner entre la Terreur et ce que l’on appelait la Troisième République, alternant des périodes d’absolutisme, de monarchie et de gouvernement du peuple. Lorsque la stabilité politique interne a enfin été atteinte, la France a été frappée par une terrible crise économique, la Grande Dépression, qui s’est propagée comme un feu de forêt de l’Autriche à l’Amérique. Après cette période d’impasse, la France est finalement entrée dans une phase de redressement, dans laquelle la vie de ses citoyens a radicalement changé. Paris est en pleine ascension grâce aussi au grand succès de la Tour Eiffel et l’art, qui avait déjà donné vie au mouvement impressionniste, s’épanouit de façon fulgurante. C’était le Paris de Toulouse-Lautrec, Manet, Can Can et Apollinaire
et ses habitants ont été favorisés par des innovations extraordinaires qui ont changé leur vie quotidienne, comme l’électricité et l’automobile. Dans ce climat d’espoir, c’est précisément le mauvais usage d’une technologie naissante qui a causé une tragédie... L’atmosphère était festive cet après-midi-là, dans le grand hangar en bois décoré dans le style médiéval avec des tissus et du papier mâché. Le bâtiment, d’environ mille mètres carrés, avait été divisé en trois nefs grâce à des comptoirs. Pour compléter l’ameublement, il y avait une loggia pour les bureaux, un petit salon pour les femmes et un buffet riche et appétissant. Enfin, face à la grande cour arrière, il y avait une salle sans fenêtres dédiée à la plus grande attraction : le cinéma. C’est là qu’a lieu cette année-là le “Bazar de la Charité”, une foire de charité fondée en 1885 à laquelle participent les citoyens les plus riches de la ville - et surtout les petits citadins. Parmi les invités, le plus illustre était certainement Sofia Carlotta de Bavière, soeur de Sissi, qui, bien qu’encore mariée au duc d’Alençon, avait rejoint un ordre monastique il y a quelques années. Sous le nom de Soeur Madeleine, elle avait commencé à se consacrer aux bonnes oeuvres. Avec elle, il y avait plus de 800 personnes, surtout des femmes, lorsque la fumée et le feu ont envahi le salon. La foule paniquée s’est jetée vers les deux sorties,
mais il n’y avait pas de place pour tout le monde, et l’intervention des pompiers ne fut d’aucune utilité malgré la rapidité de leur intervention. . Le grand hangar a brûlé rapidement, faisant 126 morts et des centaines de blessés et de brûlés. Sophia Charlotte de Bavière a choisi de laisser les plus jeunes s’échapper en premier et de ne quitter la pièce que lorsque les autres étaient en sécurité, mais elle n’est jamais sortie de cet enfer de feu. Elle meurt en embrassant la vicomtesse de Beauchamp.“Qu’ont fait les hommes ?” C’est la question qu’a posée Caroline Remy, une journaliste connue sous le pseudonyme de Séverine, au lendemain de la tragédie. Parmi les 126 victimes, il n’y avait que 5 hommes, et cela n’était pas seulement dicté par le fait qu’ils étaient moins nombreux. Ses sources ont affirmé que les aristocrates les avaient poussés et frappés, piétinant les femmes plus lentes dans leurs vêtements encombrants. Contrairement à eux, les ouvriers, les cuisiniers et les jarretières avaient tout fait pour sauver le plus grand nombre de personnes possible. Une cinquantaine de personnes avaient été secourues par les ouvriers d’une imprimerie voisine et plus de cent cinquante par le personnel de l’hôtel voisin, l’Hôtel du Palais. C’est peu avant 16h15 que la lampe fournie au projectionniste, Monsieur Bellac, s’est éteinte. La salle dans laquelle ils se trouvaient n’avait pas de PALAZZI 15 VENEZIA
fenêtres et le lourd rideau qui les séparait des spectateurs ne laissait pas passer beaucoup d’air. À l’époque, l’électricité n’était pas utilisée comme source de lumière “portable”, mais comme système éther-oxygène, et les films étaient en celluloïd et hautement inflammables. Dans une pièce fermée saturée de vapeurs, une étincelle aurait suffi à provoquer un terrible incendie... Lorsque Bellac a demandé à son assistant de lui donner de la lumière, celui-ci, inconscient du danger, a allumé une allumette et le feu s’est déclaré en quelques instants et a rapidement atteint le toit et les tentures en tissu qui ornaient le hall principal. Ce n’est que lorsque le Bazar de la Charité a été complètement détruit que les flammes se sont éteintes. Les corps retrouvés étaient en grande partie méconnaissables et identifiés non seulement par leurs effets personnels mais aussi par les marques de dents. Les bases de l’odontologie légale avaient été jetées. Aux victimes a été dédiée la construction de la Chapelle de Notre-Dame de Consolation, construite sur le site même de la tragédie. Une mini-série française a fait ses débuts sur Netflix en 2019. www.annamariapierdomenico.it/
DECOUVERTE A POMPEI
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es corps de deux anciens Pompéens accablés par la fureur de l’éruption de 79 après J.-C. ont refait surface grâce à la technique des moulages en plâtre. La découverte a eu lieu ces jours-ci lors de l’activité de fouilles à Civita Giuliana, à 700 mètres au nord-ouest de Pompéi, dans la zone de la grande villa de banlieue où les restes de trois chevaux barbus ont été trouvés en 2017. A Pompéi, l’ancienne technique de fabrication de moulages inventée au XIXe siècle par Giuseppe Fiorelli, qui consiste à introduire une coulée de craie liquide dans les cavités laissées par les corps des habitants de l’ancienne cité romaine à l’intérieur du matériau volcanique. En novembre, malgré la fermeture du parc, les fouilles se poursuivent, mettant au jour les restes de deux hommes, très probablement un riche Pompéen et son esclave, morts en 79 après J.-C. lors de la grande éruption du Vésuve. Grâce au raffinement de la technique chalcographique au fil des décennies, on nous restitue aujourd’hui l’image de deux fugitifs avec des détails surprenants, des draperies des anciens vêtements romains aux veines de leurs mains. Lors de la première phase éruptive, lorsque l’ancienne ville romaine était recouverte de lapilli, les premières victimes ont été celles piégées dans l’environnement, frappées par les effondre-
ments causés par la matière volcanique déposée jusqu’à une hauteur de trois mètres. De ces personnes, il ne restait que les squelettes. Peu de temps après, lorsque la ville a été frappée par le flux pyroclastique qui a rempli les espaces non encore envahis par le matériel volcanique, les gens sont morts instantanément d’un choc thermique. Les corps sont restés dans la position dans laquelle ils avaient été frappés par le flux, et la matière cynergique s’est solidifiée et a conservé son empreinte après la décomposition. C’est exactement ce qui est arrivé aux deux Pompéens qui venaient de retourner à la villa de banlieue du Sauro Bardato à Civita Giuliana, où une fouille en cours depuis 2017 a mis au jour les restes d’une luxueuse demeure qui, avec une grande terrasse panoramique, donnait sur le golfe de Naples et Capri. C’est précisément sous cette terrasse, dans le cryptoportique, que les corps des deux fugitifs ont été retrouvés : celui d’un homme riche, le maître, et, très probablement, celui de son esclave. Les détails renvoyés des moulages sont impressionnants. La première victime est, presque certainement, un garçon de 18 à 23 ans, mesurant 1,80 m. Il a la tête inclinée, les dents et les os du crâne étant encore partiellement visibles ; il porte une tunique courte, pas plus longue que le genou, dont l’empreinte de draperie est clairement visible sur la partie inférieure du ventre, avec des plis riches et épais. Les traces de tissu suggèrent qu’il s’agit d’un tissu lourd, probablement des fibres de laine.
Le bras gauche est légèrement plié, la main, bien dessinée, repose sur l’abdomen, tandis que le bras droit repose sur la poitrine. Les jambes sont nues. Près du visage, il y a des fragments de plâtre blanc, traînés par le nuage de cendres. La présence d’une série d’écrasements vertébraux, inhabituelle pour le jeune âge du garçon, laisse penser qu’il pouvait effectuer des travaux lourds : c’est pourquoi on pense qu’il était esclave. Lors de la réalisation de ce premier moulage, les os d’un pied ont été découverts, ce qui a révélé la présence d’une deuxième victime. Elle se trouve dans une position complètement différente de la première, mais attestée par d’autres moulages à Pompéi. Le visage est au sol, à un niveau inférieur du corps, et le plâtre a dessiné avec précision le contour du menton, des lèvres et du nez, tandis que les os du crâne sont partiellement préservés à vue. Les bras sont repliés avec les mains sur la poitrine, tandis que les jambes sont écartées et les genoux fléchis. Les vêtements sont plus articulés que ceux de l’autre. Sous le cou de la victime, près du sternum où le tissu crée des plis évidents et lourds, il y a, en fait, des empreintes de tissu clairement visibles qui peuvent être retracées jusqu’à une cape de laine qui a été arrêtée sur l’épaule gauche. En correspondance avec la partie supérieure du bras gauche, il y a aussi l’empreinte d’un tissu différent, celui d’une voir la video tunique, qui semble être long jusqu’à la région pelvienne. https://agcult.it/files/artiPrès du visage de la victime se trouvent également des frag- coli/video/28032.mp4 PALAZZI 17 VENEZIA
ments de plâtre blanc, dans ce cas probablement effondrés de l’étage supérieur. La robustesse du corps, surtout au niveau du thorax, suggère que dans ce cas également il s’agit d’un homme, plus âgé que le premier, avec un âge compris entre 30 et 40 ans et une taille d’environ 1,62 mètre. “Cette découverte extraordinaire montre que Pompéi est importante dans le monde non seulement en raison du nombre énorme de touristes - dit le ministre du patrimoine et des activités culturelles et du tourisme Dario Franceschini - mais aussi parce que c’est un lieu incroyable pour la recherche, l’étude et la formation. Il reste encore plus de vingt hectares à fouiller, un grand travail pour les archéologues d’aujourd’hui et de demain”. “Une fouille très importante à Civita Giuliana - dit le Directeur du Parc archéologique de Pompéi, Massimo Osanna - parce qu’elle a été réalisée en collaboration avec le Parquet de Torre Annunziata pour éviter les fouilles clandestines et qu’elle rapporte des découvertes touchantes. Ces deux victimes cherchaient peut-être refuge dans le cryptoportique, où elles ont été emportées par le courant pyroclastique à 9 heures du matin. Une mort par choc thermique, comme le démontrent également les membres, les pieds, les mains contractés. Une mort qui est pour nous aujourd’hui une source incroyable de connaissances”. https://agcult.it/
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Pompéi, les corps de deux victimes de l’éruption ont été reconstitués sous forme de moulages. Un plâtre n’est pas un corps intact, ni un corps “presque intact”, comme l’a intitulé l’ANSA, après une interview exclusive avec la direction du Parc Acheologique de Pompéi, et dans une avalanche presque tous les journaux et bulletins d’information italiens. La technique du moulage a été mise au point par Giuseppe Fiorelli, qui en 1863 a eu l’intuition qu’en remplissant de plâtre les “vides” laissés dans les cendres par le cadavre décomposé, il était possible d’obtenir une reconstitution fidèle de la forme et de la position du défunt dans ses derniers moments de vie. Rien d’intact alors : un squelette avec du plâtre autour. Il y a environ 90 personnes décédées “reconstruites” avec cette technique
NON, AUCUN “CORPS INTACT” N’A ÉTÉ TROUVÉ À POMPEI
de 1863 à aujourd’hui. Une technique très instructive il y a 150 ans, oui, mais la découverte elle-même fait pleinement partie de ce qu’est le site de Pompéi : une source d’information extraordinaire. Avec les technologies actuelles, il existe des techniques beaucoup moins invasives pour étudier un corps, qui évitent d’incorporer des os et de minuscules traces matérielles à jamais. Dans la découverte annoncée hier, certainement intéressante et importante comme toute découverte archéologique, il n’y a que le traitement extraordinaire des deux morts : exposés dans tous les journaux dans les derniers moments de la vie, comme des trophées, sans justification scientifique valable pour ce genre de traitement médiatique, ignorant complètement le débat interne au sein de l’archéologie et de l’anthropologie sur le traitement à donner aux morts. Il y a quelque chose d’inquiétant dans le fait qu’un mouvement comme le nôtre doit préciser l’évidence, refuser l’ANSA et clarifier ce que le Parc de Pompéi et MiBACT ne clarifient pas. Si ceux qui connaissent bien les faits et les données non seulement n’aident pas le public à comprendre, mais créent la confusion en augmentant le sensationnalisme, il deviendra de plus en plus difficile pour le public de distinguer entre les vraies et les fausses nouvelles, au détriment de nous tous. Mais c’est un signe de l’époque dans laquelle nous vivons, une époque où la recherche de la vérité laisse place à l’information à tout prix. Et nous devons nous y opposer. http://www.miriconosci.it/ miriconosci.beniculturali@gmail.com https://www.facebook.com/miriconoscibeniculturali/
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l n’aura fallu que quelques heures pour faire comprendre à tout le monde que le contexte rituel trouvé dans le Forum romain, peut-être lié au culte de Romulus, n’était pas du tout une “découverte exceptionnelle”, comme le définit le communiqué de presse publié par le Parc archéologique du Colisée le 17 février. À vrai dire, il ne s’agit même pas d’une “découverte” au niveau technique, mais d’une confirmation ou d’une redécouverte pertinente d’un contexte déjà connu : paradoxalement, le communiqué de presse du parc du Colisée le dit aussi, mais il n’est pas exempt de le qualifier, sans fondement, de “découverte exceptionnelle”. L’histoire ressemble beaucoup à ce qui s’est passé en octobre 2018, lorsque le parc archéologique de Pompéi a publié un communiqué de presse décrivant comme “une découverte qui a changé l’histoire” une inscription intéressante qui, tout au plus, a ajouté un élément supplémentaire à ce que l’on savait déjà grâce à diverses preuves et études, à savoir que l’éruption du Vésuve s’était produite en octobre. À l’époque, nous avions rédigé un long commentaire qui soulignait qu’une utilisation aussi peu scrupuleuse des communiqués de presse par le directeur du parc archéologique de Pompéi aurait causé de grands dommages à la discipline archéologique et aurait fait de plus en plus d’émules : oui, parce que si le directeur de Pompéi, qui n’a pas besoin d’inventer des bêtises ou d’exagérer les faits pour attirer davantage de touristes, se pliait à une utilisation réduite et sensationnelle des communiqués de presse,
Sensationnalisme en archéologie:
il faut dire “assez”...
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tout site plus petit et moins connu, qui doit au contraire inventer quelque chose pour attirer les touristes, aurait été poussé à faire de même. Le Parc de Pompéi n’a jamais cessé de faire de tels communiqués de presse et, comme on s’y attend, le problème s’étend maintenant. Soyons clairs, il ne s’agit pas seulement d’un problème archéologique ni d’un problème italien, il suffit de se souvenir du prétendu portrait de Machiavel attribué à Léonard, qui n’a certainement pas été fait par Léonard ni représenté par Machiavel. Ce sont des gadgets de l’ère du tourisme de masse, dans laquelle des personnes sans compétences spécifiques en matière de gestion et sans bureaux qui s’occupent de la promotion et de la valorisation de manière sérieuse et qualitative, ont recours à des comités de choc, peutêtre même de bonne foi, pour braquer les projecteurs sur le site ou le musée qu’ils dirigent ou représentent. Dans ce contexte, les journalistes qui écrivent des bêtises sont en fait victimes de leur source, qui doit être la plus précise et la plus crédible possible : le directeur d’un parc archéologique. Nous ne pouvons justifier cette attitude en aucune façon, pas par les directeurs de sites qui comptent des millions de touristes chaque année. Qu’il soit clair que même pour les petits sites, l’utili-
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sation des mots “extraordinaire” ou “exceptionnel” à la légère est acceptable ou justifiable, non : mais il est au moins vaguement compréhensible que l’on tente, maladroitement et à tort, d’attirer davantage de touristes et d’attirer l’attention des projecteurs. Mais nous insistons fortement sur le fait que le langage est erroné, toujours et de toute façon. Le mot découvert donne une idée d’aléatoire, d’extraordinaire, qui ne convient pas au nécessaire professionnalisme que nous apportons sur le terrain, jour après jour. Il n’y a pas de progrès, pas de “découverte”, sans des années d’études et de recherches. Et non, nous ne pouvons pas nous plaindre que nos professions soient considérées comme amateuristes par les chasseurs de trésors si nous sommes les premiers à décrire nos études et nos recherches avec ces mots. Enfin, faisons un effort : arrêtons, une fois pour toutes, de prétendre que la faute incombe aux journalistes qui se contentent de lire et d’interpréter un communiqué de presse écrit, délibérément, pour créer un scandale et de l’excitation. Nous le disons depuis des années et nous le répétons : les ennemis de notre catégorie sont aussi dans notre catégorie, même de bonne foi, même aux plus hauts niveaux. Nous en avons assez de lire certains communiqués de presse.
Photo René MAGRITTE - Tentative de l’impossible 1928 ous alertons sur la situation catastrophique des modèles vivants, salariés précaires et multi- employeurs. Lors du premier confinement trop de modèles n’ont pas été rémunérés ou n’ont pas bénéficié du chômage partiel. Les employeurs « oublieux » sont nombreux: écoles supérieures privées comme publiques, ateliers en lien avec l’action culturelle des collectivités territoriales, cours municipaux, conservatoires et centres d’arts etc... La plupart des modèles subissent depuis de longs mois des pertes de revenus ! Certains d’entre eux ne peuvent toujours pas justifier leurs droits à l’assurance chômage ! Une captation d’images attentatoire à la dignité Pendant le confinement et au-delà, plusieurs écoles ont instauré des cours à distance en présence de modèles vivants, via des captations vidéo diffusées en ligne ou sur une plateforme d’échange numérisée. Des vidéos représentant des modèles d’art ont été piratées et déviées de leur contenu vers des sites pornographiques. Cette pratique va à l’encontre des usages et de la déontologie de la profession qui interdit toute prise de photographies des modèles vivants pendant le cours. Des modèles, dans une grande précarité financière, ont accepté de poser dans ces conditions. Pour d’autres le refus d’être filmé a débouché sur l’annulation des heures de pose au profit d’autres salariés. Cela instaure une concurrence dommageable à tous ! Nous sommes farouchement opposés à la captation des séances de pose. Un cours de modèle vivant ne peut s’accommoder d’un apprentissage à distance en 2D sans la présence du modèle in vivo et in situ. Nous demandons, pour tous les établissements employant des modèles vivants, l’interdiction de la captation des séances de pose, quel que soit le mode de diffusion de leurs images.
PÉTITION de soutien aux modèles vivants Une perte de revenus insoutenable
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Ce pour des raisons évidentes d’éthique et de respect de l’intimité des modèles vivants De nombreux abus sont constatés Des établissements abusent de leur autorité, le modèle ne posant plus pour un nombre déterminé d’étudiants présents mais pour des publics externalisés, y compris à l’étranger. Toute une profession est prise en otage. Modèle, c’est un métier mais c’est aussi une personne qui pose. Les modèles ne sont ni de la main d’œuvre numérique, ni des images libres de droits, vouées à être exploitées dans un monde globalisé sur internet. Protégeons les modèles et un enseignement de qualité Nous affirmons notre solidarité aux modèles vivants : il est urgent qu’ils bénéficient d’un statut protecteur et de conditions de travail préservant leur dignité et leurs droits sociaux. Le dessin d’après modèle appartient au dessin d’observation, technique qui consiste à reporter sur un « tableau » plan une construction en relief. Dessiner d’après un autre « tableau » (écran !) s’apparente à une reproduction mécanique. Le professeur de dessin enseigne ou révèle au dessinateur l’art de cette transformation du réel sensible. Sans cette présence « en relief! » du modèle vivant, son enseignement se révèle vide de sens ... Le travail pédagogique ne sera plus de même nature. Nous interpellons Madame la Ministre de la Culture afin que des décisions soient prises quant au statut des modèles vivants et à l’interdiction de la captation vidéo. Pétition initiée par le collectif des modèles vivants du SNPEFP-CGT Adresse courriel de contact : petition.modeles@efp-cgt.org
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manda Shingirayi Mushate est née le 29 octobre 1995, à l’hôpital général de Marondera. Elle a étudié à l’école des arts visuels et du design de la National Gallery où elle a développé un intérêt pour la peinture et la sculpture. Depuis l’ouverture de sa première exposition personnelle en 2018, à la galerie First Floor de Harare, l’estime pour son travail n’a cessé de croître au niveau international. Les œuvres d’Amanda parlent des relations et de la façon dont elles affectent la société. Elle explore la peinture, la sculpture et l’art des médias mixtes. Elle s’inspire des gens qui l’entourent et elle peint et sculpte son bonheur et ses fardeaux, ainsi que les choses qu’elle prend le temps de visualiser. Le travail d’Amanda porte sur les relations et leur impact sur la société, et
Amanda Shingirayi Mushate
https://news.afyc. com/15-african-artists-on-the-rise/ https://www.firstfloorgalleryharare.com/amanda-mushate-biocv.html
elle s’inspire d’icônes zimbabwéennes comme James Chimombe et Paul Matavire, dont elle a écouté les chansons pendant son enfance. Ses peintures reflètent certains des mots récités par les musiciens, comme la chanson “Tanga wandida” de Paul Matavire, qui montre à quel point une femme est vulnérable lorsqu’elle cherche un emploi. En sculpture, elle utilise des techniques mixtes, des épis de maïs qui lui rappellent comment son père a quitté sa mère et elle quand elle avait deux ans. L’utilisation exceptionnelle et sophistiquée de la couleur et les propriétés narratives de Mushate ont attiré un soutien critique au niveau international. Elle a été finaliste de l’Emerging Painting Invitational 2019 et a été sélectionnée pour présenter une exposition personnelle dans le cadre de “Tomorrows/ Today”, un projet de l’Investec Cape Town Art Fair 2020. Elle vit et travaille à Harare, Zimbabwe. “Comme le suggère le titre de mon travail, “Ndiri papi lapa ? (Où suis-je ici ?), j’ai créé cette pièce avec la seule intention de me retrouver. Je me retrouve toujours à faire les choses que je déteste, que les gens veulent toujours que je fasse. Je finis par faire des choses juste pour impressionner les gens plutôt que de les confronter à mes opinions personnelles intéressantes. L’œuvre est une huile sur toile composée de portraits qui éclipsent l’image que j’ai de moi-même. C’est mon écriture personnelle sur un “avenir” pour tous les individus afin qu’ils ne soient jamais éclipsés par des influences négatives qui nous détournent de notre véritable cause.” Amanda Shingirayi Mushate
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CONCETTA SCARAVAGLIONE ujourd'hui, qu'il n'y a peut-être pas, une seule page en italien consacrée à la "reine de pierre" Concetta Scaravaglione. Même pas de Calabre, d'où elle est venue dans le ventre de sa mère à Ellis Island, avec sa famille de la province de Cosenza (probablement de Morano Calabro, d'autres sources indiquent Spezzano della Sila). Ce qui en fait l'artiste le plus célèbre de la région, et l'un des plus grands. Un artiste à succès, mais seulement pour les États-Unis, ce qui n'est pas rien... Née à New York en 1900 dans une famille de pauvres, elle est rapidement devenue orpheline de son père avec huit autres frères et a dû retrousser ses manches. Dans une de ses biographies, elle écrit que le travail et le labeur ont toujours fait partie de l’histoire de sa famille. “Il y a toujours eu des Scaravaglione qui travaillaient avec leurs mains. Depuis l’enfance, la création a été le plus grand plaisir pour moi. Quand j’étais jeune, je construisais des étagères, des tables et même des chaises pour les poupées et, ce dont j’étais très fier, un chariot à espresso que je faisais rouler sur les trottoirs bondés de la Petite Italie.” Avec ces mots, Concetta Scaravaglione se souvient de son enfance faite de mouvement continu et de grande frénésie. “Dans le quartier où je suis né, les rues grouillaient
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de vie. Personne ne s’ennuyait. Je ne me souviens pas d’une seule seconde de ma vie où je n’étais pas en pleine effervescence...”. Concetta, en somme, tombe amoureuse de la créativité, revient de l’école qu’elle fréquente dans le Lower East Side de Manhattan, encouragée par son professeur, et dit à ses parents qu’elle veut étudier l’art, ce qui provoque étonnement et confusion. Ce sont des émigrés et même dans la haute société, disons sur Madison Avenue, une femme artiste n’aurait pas été vue d’un bon œil. Cependant, un oncle non-conformiste vient à son secours et la soutient et l’aide financièrement à faire ses premiers pas. “Si j’étais née en Italie, dit Concetta, je ne serais jamais devenue sculptrice. Les possibilités que m’offrent les écoles américaines - heureusement - je ne les aurais certainement pas rencontrées dans un pays de Calabre”. Elle s’est inscrite à la Ligue des étudiants en art, après que l’Académie nationale du design ait supprimé la classe spéciale de sculpture pour les filles, mais même là, elle est la seule femme. La famille avale, mais elle restera toujours distante depuis, ce qui la fera beaucoup souffrir, (suit page 24)
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(suit de la page 23) car elle écrit plusieurs fois à ses frères. Mais elle ne quittera jamais ses racines, continuant à aider les parents restés en Calabre, envoyant de l’argent et des colis de nourriture, devenant l’une des nombreuses “tantes de l’Amérique”. Elle a un caractère ensoleillé et enthousiaste, qui lui donne toujours le sentiment d’être privilégiée, même lorsqu’elle remporte la médaille d’or de l’élargissement à 35 ans à l’Académie d’art et de lettres de Pennsylvanie. À l’âge de 45 ans, elle a obtenu une bourse de l’Académie américaine des Arts et des Lettres et, deux ans plus tard, le prix de Rome de l’Académie américaine à Rome. Toujours la première femme à gagner des prix aussi importants, à l’exclusion de la domination masculine. D’un point de vue artistique, c’est une moderniste, qui commence et fait évoluer le style Art nouveau yankee pour s’adapter à la nouvelle architecture. Dans les gratte-ciel, où ils trouvent encore de la place pour les fontaines, les monuments et les bas-reliefs. Une sculpture compacte et physique qui devient à l’américaine. Ce n’est pas un hasard s’il expose au Rockfeller Center, qui est l’art et le style même qu’il impose au monde.
Un art, certes, “masculin”. Et en fait, cette femme devait avoir une belle fibre, car elle apparaît petite sur les photos même quand elle est mûre, et elle choisit, au lieu de cela, de façonner le plus dur des matériaux, où le pinceau est remplacé par le bouquet et où il faut une vraie force physique et travailler dans un nuage de poussière et de sédiments. L’Italienne, comme on l’appelle, grâce à la bourse, elle parvient également à retourner en Italie, et à travailler à Rome (1948). Elle a déjà commencé à enseigner et, de 1941 à 1945, elle a donné son propre cours à l’université Sarah Lawrence, tandis qu’en 1952, elle a commencé à collaborer avec le Vasar College (un collège privé, mixte, d’arts libéraux dans la ville de Poughkeepsie, New York, fondé en 1861), où elle est restée pendant 16 ans. Malgré les satisfactions en tant que professeur, Concetta Scaravaglione est toujours restée surtout une artiste. Ses œuvres sont largement représentées dans les musées et les collections américaines et sa sculpture est présente, avec celles d’autres artistes italiens, dans le Triangle fédéral à Washington. D’après les photos, elle ressemble à Tina Pica, ce qui la rend encore plus sympathique pour moi. Son nom de famille semble imprononçable, beaucoup de ses proches le changent pour l’américaniser en Scarvalone. Elle ne le fait pas. Dure et têtue. Elle est morte en 1975. https://ilmuseoimmaginario.blogspot.com/
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l y a donc un grand artiste que peu de gens mentionneraient et qui est vraiment connu, mais je vous mets au défi de faire deux choses : 1) googler sur ses images 2) voir une de ses œuvres en direct, pour comprendre qu’il a été un des maîtres du début du XXe siècle, un de ceux dotés du don des non-exprimés, qui parvient à se démarquer et à s’imposer parmi les autres œuvres de genre, peut-être du même sujet. Oscar est né à Livourne en 1876, et dans sa ville natale, il commence à fréquenter le milieu artistique en autodidacte, rencontrant Amedeo Modigliani, qui est évidemment étonné par ce talent naturel. En 1900, Ghiglia s’installe à Florence, où il loue une chambre avec Amedeo, quelques années plus âgé que lui, et sur les conseils de Giovanni Fattori, qui enseigne à l’Accademia di Belle Artifi, il s’inscrit à la Scuola Libera del Nudo. Mais c’est aussi son amitié avec Modigliani, qui a toujours été en contact avec le nu, qui l’a amené à quitter la région de la province et à découvrir l’art européen de ces années-là. En 1901, il fait ses débuts à la Biennale de Venise.
OSCAR GHIGLIA
“Il n’y a rien en Italie, j’ai été partout. Il n’y a pas de peinture qui vaille la peine. J’ai été à Venise, j’ai fait des études. En Italie, il y a Ghiglia, il y a Oscar Ghiglia et c’est tout”. Amedeo Modigliani, raconté par Anselmo Bucci
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Grâce à ces relations, il rencontre Ugo Ojetti, et Gustavo Sforni, collectionneur de Cézanne et Van Gogh, qui devient le mécène de Ghiglia pendant de nombreuses années - lui offrant une cotisation annuelle qui lui garantit le droit de premier refus sur toute sa production, qui commence à être de qualité absolue. En fait, il a senti des suggestions très loin de son environnement, créant une dizaine d’œuvres que je considère comme des petits chefs-d’œuvre, intimes, caractérisées par une peinture moelleuse. Giovanni Papini saisit cette évolution stylistique qui conduit le peintre à “représenter extérieurement non pas des choses et des objets, mais une émotion, un état d’esprit à travers des figures simples et communes”. Pendant une longue période, Ghiglia a abandonné l’activité d’exposition et s’est retirée à Castiglioncello. Federico Poletti écrit : “Ce sont des années où les recherches de Ghiglia se sont surtout concentrées sur la peinture d’intérieur et les natures mortes, des compositions dont les formes, clairement marquées - selon la leçon de Cézanne - apparaissent exaltées par l’utilisation de couleurs brillantes. L’éloignement progressif du naturalisme post-macchiaiolo le conduit vers (suit page 26)
(suit de la page 25) ces effets d’”hyperréalisme” qui font de lui un précurseur des atmosphères immobiles du “réalisme magique”.
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Les années du Futurisme l’ont vu s’isoler. Sa dernière participation à une exposition a eu lieu à l’occasion de la deuxième quadriennale nationale d’art de 1935. Il est mort en 1945. Il est le père de Paulo Ghiglia, et de Valentino Ghiglia, tous deux peintres.
Chère Ghiglia, ...et cette fois vous répondez, à moins que le poids de vos lauriers n’aggrave votre plume. Je lis maintenant dans la Tribune l’annonce de votre acceptation à Venise : Oscar Ghiglia, Autoportrait. Je peux imaginer cet autoportrait dont vous m’avez parlé et auquel vous pensez depuis que vous êtes à Livourne. Je me réjouis beaucoup et très sincèrement. Vous allez croire que cette nouvelle m’a secoué ! Je suis ici à Capri (un endroit char-
mant, soit dit en passant) en train de faire le traitement... Et cela fait quatre mois maintenant que je n’ai rien fini, quel tas de matériel. Je vais à Rome, puis à Venise pour l’exposition... Je suis anglais. Mais le temps viendra aussi de m’installer à Florence probablement et de travailler... mais dans le bon sens du terme, c’està-dire de me consacrer avec foi (tête et corps) à organiser et développer toutes les impressions, tous les germes d’idées que j’ai recueillis dans cette paix, comme dans un jardin mystique. Mais parlons de vous : nous nous sommes séparés au moment le plus critique de notre développement intellectuel et artistique et nous avons suivi deux chemins différents. J’aimerais vous trouver maintenant et vous parler. Ne prenez pas cette lettre comme une vulgaire félicitation, mais comme un témoignage de l’intérêt sincère que l’ami porte à vous. Modigliani
L’exposition présentera les premières œuvres de la série des années 1980, Equivalent Instruments [Przyrządy równoważne], qui comprend des sculptures mobiles construites en référence à la forme de l’arbre. L’exposition sera complétée par quatre sculptures - créées spécialement pour l’exposition au Centre d’art contemporain du château Ujazdowski - de la série intitulée Krystalizacje przestrzeni [Cristallisations de l’espace] : des actions créatives impliquant des interventions dans l’espace existant, réalisées au cours des 29 dernières années dans différents endroits du monde. Les instruments équivalents sont des structures ajourées créées à l’aide d’une ligne ferme, mais en même temps très délicate.
LUDWIKA OGORZELEC
I’m Looking for a Moment of Equilibrium jusqu’au 28 fèvrier 2021
U-jazdowski Ujazdowski Castle
Centre for Contemporary Art
Jazdów 2, 00-467 Warsaw Tél.:22 628 12 71 ext. 135 +48 510 160 779 info@u-jazdowski.pl https://u-jazdowski.pl/en/
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Photo ludwikaogorzele
Photo u-jazdowski
’exposition des sculptures de Ludwika Ogorzelec au Centre d’art contemporain du château Ujazdowski est la première présentation aussi complète de sa production artistique. Les œuvres exposées permettront au spectateur de suivre l’évolution de son programme créatif unique réalisé depuis près de quarante ans. “Je voudrais que ma sculpture soit une sensation fugace issue du monde de la biologie, des machines et des instruments (Ogorzelec écrit à propos de son travail). De la compréhension de la sculpture comme quelque chose de lourd, vu de l’extérieur, fait de matériaux durables, je prends une ligne qui parle avec les propriétés de la matière dont elle est dérivée (...); Prenant le sens des mondes de la biologie, des machines et des instruments, j’analyse le problème du sens et de l’absurde. Je cherche un moment d’équilibre. Les résultats de mes explorations sont des structures-objets légers et délicats qui combinent ces significations en une nouvelle qualité.”
Même s’ils se fondent dans l’espace environnant, ils restent des objets portables qui peuvent être vus de l’extérieur et s’inscrivent dans la formule traditionnelle de la sculpture. D’autre part, la série des Cristallisations de l’espace renverse la compréhension du médium où l’espace lui-même est l’œuvre d’art, la sculpture et la matière, c’est-à-dire le conglomérat de phénomènes physiques et chimiques que l’œil humain ne peut pas voir. Les lignes visibles qui s’entrecroisent et qui forment la matière solide (ce sont des matériaux différents : durs et mous), introduites dans l’espace par l’artiste, aident l’œil humain à voir quelque chose qui est invisible. Elles constituent un contour dans le processus de cristallisation de l’espace, c’est-à-dire sa division subjective en figures distinctes mais coexistantes : les “cristaux de l’espace”. Elle invite le spectateur à ne pas montrer un objet esthétique, mais à toucher sa compassion première et universelle à l’aide d’un changement physique de l’espace auquel il est confronté. Les artistes associent ce processus à des sentiments esthétiques résultant du contraste entre le sentiment de légèreté et d’insaisissabilité et l’ordre géométrique et la ligne d’organisation qui divise l’espace de l’exposition. Cette expérience a pour but de sortir le spectateur de la vie quotidienne et de lui faire vivre une nouvelle expérience, dans un état émotionnel positif. Peut-être le spectateur réalisera-t-il qu’il n’est pas seulement un rouage de la machine sociale, mais aussi une personne ayant le droit de choisir et de prendre des décisions. (suit page 28)
Photo afp fabricecoffrini
(suit de la page 27) udwika Ogorzelec nait et grandit à Wroclaw en Pologne, où elle restera jusqu’à l’âge de trente-deux ans après avoir passé brillamment sa maîtrise à l’école des Beaux-Arts. Parallèlement à ses études, la jeune femme prendra tous les risques en s’engageant dans le mouvement Solidarité combattante, pour l’indépendance de la Pologne où elle deviendra une sorte d’égérie. Elle distribue alors des journaux indépendants, tout en fréquentant les amphithéâtres. Ludwika Ogorzelec est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Wrocław depuis 1983. Elle vit à Paris depuis 1985. Entre 1985 et 1987, elle a poursuivi son travail dans l’atelier du professeur M. César à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Dès 1986, elle expose à la Jeune Sculpture, d’Automne, Réalités Nouvelles, et commence à travailler avec la prestigieuse galerie Barbier Beltz à Paris. Dans les années qui suivent, elle travaille en Suède, aux États-Unis, en Grèce, en Suisse, au Japon, au Costa Rica, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Bulgarie, en Espagne, en Australie, au Canada, en Chine, en Corée du Sud et au Bangladesh. Elle a également exposé à de nombreuses reprises en Pologne. Presque toujours, ses expositions et, plus tard, ses œuvres spécifiques à un site étaient des événements qui attiraient l’attention des médias. En 2007, elle a reçu la Croix d’officier de l’Ordre de Polonia Restituta pour ses activités d’opposition au sein du réseau clandestin Solidarité sur Wrocław entre 1980 et 1985.
FONTE GLACIERE ’ils ne se réjouissent pas des effets dévastateurs du réchauffement climatique, les chercheurs reconnaissent toutefois qu’il a créé “une occasion” de combler les immenses lacunes dans notre compréhension de la vie dans les montagnes il y a plusieurs millénaires. La fonte des glaciers révèle des trésors enfouis depuis bien longtemps. “Nous faisons des trouvailles fascinantes, qui nous ouvrent une fenêtre sur une partie de l’archéologie à laquelle nous n’avons normalement pas accès”, explique à l’AFP Marcel Cornelissen, qui a emmené l’expédition sur le site mésolithique à 2.800 mètres d’altitude, près du glacier de Brunifirm dans le canton oriental suisse d’Uri. “Le petit groupe a gravi péniblement les pentes escarpées d’un glacier des Alpes avant de trouver ce qu’il cherchait : une veine de cristal de roche.” La scène se déroulait il y a quelque 9.500 ans, et ces hommes du Mésolithique se servaient du précieux cristal pour fabriquer leurs outils. Autant de déductions faites par des archéologues, qui peuvent fouiller ce site de l’extrême - et beaucoup d’autres -, à la faveur de la fonte des glaciers alpins qui libère des artefacts de la gangue de glace qui les protégeait des outrages du temps, parfois depuis presque 10.000 ans. Jusque dans les années 90, il était communément admis que les hommes préhistoriques ne s’aventuraient guère en haute montagne.
E & ARCHEOLOGIE Tout le monde se souvient d’”Oetzi”, le corps parfaitement conservé d’un chasseur vieux de 5.300 ans découvert en 1991 en Autriche et qu’on pensait être une exception. Mais des découvertes, parfois spectaculaires, ont révélé que les Alpes étaient au contraire arpentées et fréquentées depuis des millénaires. “Nous savons désormais que des gens gravissaient les montagnes jusqu’à 3.000 mètres pour y chercher des cristaux et d’autres matières premières”, explique un archéologue du canton d’Uri, Christian auf der Maur. Un carquois fait d’écorce de bouleau, qui a été fabriqué autour de 3.000 avant notre ère, a été retrouvé sur le col du Schnidejoch, dans les Alpes bernoises, à plus de 2.700 mètres d’altitude, confirmant ainsi la richesse de ce site. Un pantalon de cuir et des chaussures, appartenant au même chasseur, ont été découverts plus tard avec des centaines d’autres objets pour certains vieux de 6.500 ans. “C’est très enthousiasmant, parce qu’on trouve des choses qu’on ne trouverait pas généralement dans des excavations”, car la glace les a préservées se réjouit l’archéologue Regula Gubler. Et pour preuve, en septembre elle a découvert du raphia noué, vieux probablement de 6 millénaires, qui ressemble à un fragile panier tressé dans le même matériau découvert l’année dernière. Si le changement climatique est une aubaine pour découvrir ces objets, c’est aussi la raison de leur ra-
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pide destruction une fois qu’ils sont de nouveau exposés aux éléments. “La retraite des glaciers et la fonte des champs de glace est déjà trop avancée. Je ne pense pas qu’on trouvera un autre Oetzi”, regrette Marcel Cornelissen. Parfois, il faut beaucoup de temps et beaucoup de chance, raconte l’archéologue Pierre-Yves Nicod, qui a organisé il y a deux ans une exposition sur l’archéologie des glaciers. Il a eu vent d’une découverte par deux randonneurs italiens, qui en 1999 sont tombés sur une sculpture de bois sur le glacier d’Arolla, à 3.100 mètres d’altitude. Ramassée, nettoyée, la sculpture d’environ un mètre de haut a fini sur le mur de leur salon. Face à l’urgence, les archéologues comptent sur les randonneurs et autres alpinistes pour les aider à sauver ce qui peut l’être. En fait, il s’agissait “d’un objet celte remontant à l’âge de fer”, vieux de plus de 2.000 ans mais dont la fonction reste inexpliquée à ce jour. Pour Pierre-Yves Nicod, il est urgent “de sensibiliser la population qui pourrait tomber sur ce genre d’artefact”. “C’est une urgence archéologique”, insiste-t-il.
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/ archeologie/la-fonte-desglaciers-des-alpes-devoiledes-tresors-enfouis-depuisdes-millenaires
Photo daniela comelli
TOUTANKAMON EXTRATERRESTRE
’est un joyau royal… extraterrestre ! La lame de fer du poignard du pharaon Toutankhamon - à pommeau de cristal de roche et manche en or serti de pierres précieuses - pourrait bien, en effet, venir de l’espace. C’est ce que vient de révéler une analyse géochimique publiée dans la revue Meteoritics and Planetary Science*, montrant que le fer utilisé pour sa fabrication pourrait provenir d’une météorite. Cette pièce prestigieuse a été découverte en 1925 par Howard Carter et était exposée depuis au Musée égyptien du Caire (Egypte). Elle avait été retrouvée dans les bandelettes qui emmaillotaient la momie de ce célèbre souverain de la 18e dynastie, le long de son flanc droit. C’est en utilisant des méthodes non invasives de spectrométrie de fluorescence des rayons X* (X-ray fluorescence) que des chercheurs italiens de l’Ecole Polytechnique de Milan, de l’Université de Pise, de Turin, et leurs collègues Egyptiens du musée du Caire et de l’université du Fayoum, ont pu établir la composition de la lame de fer (photo d’ouverture). Selon Daniela Comelli, du département de physique de l’Ecole Polytechnique de Milan (Italie), l’une des co-signataires de l’article jointe par Sciences et Avenir, “les concentrations en nickel et les quantités (plus faibles) de cobalt, phosphore, carbone et soufre décelées dans la lame
sont typiques du fer d’origine météoritique”. En effet, une présence de 10% de nickel a été enregistrée, là où elle est d’environ 4% pour du minerai terrestre.Les Egyptiens semblent avoir attribué une très grand valeur au fer Les Egyptiens percevaient-ils ces éléments de fer tombés du ciel et récupérés dans les météorites comme des envois divins ? Toujours est-il qu’ils semblent avoir attribué une très grande valeur à ce matériau rare car d’autres objets précieux de cette composition ont déjà été exhumés en Egypte. Ainsi, dans un cimetière de la période prédynastique située le long du Nil, une parure préhistorique composée de neuf perles tubulaires avait été mise au jour en 1911, à Gerzeh, au sud du Caire. Après les avoir analysées en 2013, les chercheurs avaient pu établir que ces perles étaient façonnées à partir de fer d’origine météoritique vers 3300 ans av. J.C. “C’est en effet le taux de nickel mesuré qui permet de confirmer cette origine”, avait alors expliqué à Sciences et Avenir Philippe Fluzin, directeur du Laboratoire Métallurgie et cultures, du CNRS. L’art de la métallurgie du fer a longtemps été inconnu des Egyptiens. Il n’aurait commencé à se répandre qu’aux environs de 1000 avant notre ère. https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/
Photo galeriebrugierrigail
homa Vuille nous présente une exposition très personnelle, reflet de son intériorité, regard intime posé sur les différents moments marquants cette étrange et déstabilisante année 2020. Nous entrainant dans un voyage intérieur peuplé d’aventures imaginaires, M.CHAT n’en reste pourtant jamais bien loin de la réalité. L’artiste nous invite à une immersion cognitive au travers de ses réflexions, mentalisées et retranscrites dans ses œuvres. Nous vous proposons de retracer le fil des éléments contextuels qui ont jalonné cette année. Janvier 2020 : Fin du solo show « PARISEOUL » à Paris et préparation de l’exposition prévue en avril et mai à la Galerie Brugier-Rigail Séoul, période marquée par la réalisation des œuvres « Seoul Subway to New York City Voyage avec un graffiti » et « Souvenir de la Tour de Séoul ». Février/ Mars / Avril 2020 : La crise sanitaire engendrée par le Covid-19 entraîne l’annulation de l’exposition personnelle de M.CHAT en Corée du Sud. En France, le confinement conduit à la fermeture temporaire de la galerie de Paris. Cette période conduit M.CHAT à un retour à la nature; Thoma s’installe dans le Jura, loin de la tourmente,
C’EST PAS LE PEROU M. CHAT Une année de rébondissement jusqu’au
16 janvier 2021
Galerie Brugier-Rigail 40, rue Volta 75003 Paris Tél.: +33 1 42 77 09 00 http://galerie-brugier-rigail.com
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où il improvise un atelier de campagne. L’artiste y mène une réflexion sur des formats plus petits, précieux : le confinement se fait ainsi le théâtre de la naissance de ses premières icônes. Sur des supports en bois, il jongle entre les techniques, mêlant acrylique, crayon feuille d’or ou feuille d’argent. Ce travail foisonnant met en lumière le message d’espoir et de joie que Thoma tend toujours à communiquer. Juin/ Juillet/ Août 2020: Avec le déconfinement, Thoma entre dans une période de grande création, mu par l’espoir d’enfin pouvoir réaliser le solo show prévu à Séoul quelques mois auparavant. Cette étape voit l’élaboration d’une série d’œuvre intitulée « Murs de Paris» ; M.CHAT redécouvre son atelier, se libérant progressivement du climat anxiogène lié à la crise du Covid-19. Thoma se réapproprie les rues de Paris, où vont dès lors se propager ses M.CHAT, nous accompagnant de leur sourire bienveillant, à croiser au détour d’un mur, à l’entrée d’un magasin ou à l’intérieur d’une école. Le Chat est de retour chez lui. Septembre/ Octobre/ Novembre 2020 : Nouveau report d’exposition et voyage différé pour M.CHAT … au Pérou, en mars 2021 ! (suit page 32)
Photoflorenceleoni
FLORENCE LEONI
(suit de page 31) Cet évènement est prévu à Lima, ville pour laquelle l’Alliance française et l’ambassade de Suisse au Pérou ont commandé à Thoma une fresque peinte sur un bâtiment classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Cet ultime rebondissement dans son programme a fait germer dans l’esprit de Thoma l’idée de présenter une partie des œuvres créées pour l’exposition péruvienne différée, à la Galerie Brugier-Rigail en décembre 2020. Après les moult péripéties de cette année rocambolesque, la joie de vivre de l’artiste a triomphé, et Thoma nous prouve que finalement, amener l’exotisme à la maison, « C’est pas le Pérou ! ». Laurent et Éric
JonOne Dédicace et exposition Online et réel
jusqu’au 10 décembre 2020 https://art.kunstmatrix. com/apps/artspaces/dist/ index.html?timestamp=1606325920494#/?external=true&splashscreen=true&language=en&uid=13409&exhibition=3149917&utm_source=sendinblue&utm_campaign=Galerie_BrugierRigail_Exposition_JonOne__depuis_ chez_vou
voir les vidéos vimeo.com/42147094 vimeo.com/54599125 vimeo.com/60816493 vimeo.com/67110803 vimeo.com/79974049 vimeo.com/85018962
lorence Leoni, née en 1985 est une artiste pluridisciplinaire, qui vit et travaille à Paris. Plus connue pour sa galerie d’art, créé en 2011, on se souviendra de ce lieu comme d’un laboratoire tentaculaire où se mêlait, artistes diplômés des beaux-arts, parrains confirmés, musiciens underground mais surtout noctambules affamés d’art., elle y a créé un journal destiné à rendre plus accessibles les à propos des artistes exposés. D’articles en articles, Florence s’est prise au jeu de l’écriture, que d’habitude, elle réservait à quelques cahiers esseulés au fond d’un tiroir. Ayant toujours cherché à proposer des sujets de réflexions, plus que des réponses, l’écriture est devenu aujourd’hui la suite logique dans sa jeune carrière artistique... Elle jouera longtemps à cache-cache avec le public, parsemant ses expositions ... Sa recherche se promène autant dans la musique, la photographie, que dans ses collages. Tout s’assemble. On retrouve dans ses œuvres, la recherche du mot, les siens ou d’autres parfois empruntés directement au dictionnaire faisant de la définition même une poésie primaire. Sa dernière série, intitulée Bonjour Tristesse, porte un regard sur la jeunesse actuelle et pose cette triste question: C’est quoi avoir vingt ans en 2020? https://maison-contemporain.com/artiste/leoni-florence/
BARBARA CRANE NAVARRO
omme le dit le porte-parole des Yanomami Davi Kopenawa dans son livre “La Chute du Ciel”: “Lorsqu’un être humain meurt, son fantôme ne transporte aucun de ses biens sur le dos du ciel, même s’il était très avide. Les choses qu’il a faites ou acquises sont laissées sur terre et tourmentent les vivants en ravivant le désir de sa présence. Nous sommes différents des Blancs et notre pensée est autre. Parmi eux, quand un père meurt, ses enfants se disent heureux: «Nous allons partager sa marchandise et son argent et les garder pour nous!» Nos vrais biens sont les choses de la forêt: ses eaux, ses poissons, son gibier, ses arbres et ses fruits. Pas de marchandise! C’est pourquoi dès que quelqu’un meurt, nous faisons disparaître tous les objets qu’il gardait. Nous broyons ses colliers de perles; on brûle son hamac, ses flèches, son carquois, ses gourdes et ses ornements de plumes. Les pierres, les eaux, la terre, les montagnes, le ciel et le soleil sont immortels comme les esprits xapiri. Ce sont des choses que… nous appelons parimi, éternelles. Le souffle de vie des humains est très court. Nous vivons peu de temps. Les blancs ont déjà plus qu’assez de métal pour fabri-
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quer leurs marchandises et leurs machines; terre pour planter leur nourriture; tissu pour se couvrir; voitures et avions pour se déplacer. Pourtant, maintenant, ils convoitent le métal de notre forêt pour en faire encore plus, même si le souffle nauséabond de leurs usines se répand déjà partout. … Plus tard, après ma mort et celle des autres chamans, leur obscurité peut descendre dans nos maisons pour que les enfants de nos enfants cessent de voir le soleil. “ La Fondation Cartier incarne la pratique insidieuse d’utiliser une fondation “artistique” pour séduire le public en lui faisant croire que sa marchandise et son modèle d’affaires sont en réalité le contraire de sa véritable relation avec la nature et les intérêts des peuples indigènes…
“Pas de Cartier !”
Les Yanomami et les arbres Extraction d’or et articles de luxe en or / COVID-19 propagé par les mineurs d’or… L’EXPOSITION EST PROLONGÉE
jusqu’au 7 février 2021
Bridge Gallery 4, rue Hédelin Prolongée, Nemours Tél.: +33 6 60 74 49 21 www.barbaranavarro.com
Photo realvenice.org
e concept corporatif du parrainage artistique a été si parfaitement décrit par Hans Haacke dans « libre-Echange », le livre de Pierre Bourdieu et Hans Haacke, publié par Editions du Seuil / les presses du réel en 1994, que je cite un extrait ici : « Mais ce serait sous-estimer la Biennale … que de croire qu’elle n’est qu’une aide au développement en faveur du site de Venise et qu’il ne s’agit ici que de parts du marché profane de l’art. Du moins, Philip Morris n’était pas dupe quand, en 1988, ce géant des biens de consommation a sponsorisé le pavillon américain pour Isamo Naguchi. La montée de la cote de Noguchi sur la marché de l’art laissait les cow-boys Marlboro de glace. Bien en selle, ils poursuivaient leur chevauchée; une chose était claire : ‘“t takes art to make a company great”. (‘C’est par l’art que l’entreprise se développe‘, slogan de Philip Morris sur ses publicités en double page, parues dans le presse américaine sur les événements culturels des années 70 et 80 que la firme avait sponsorisés. Examples :”Which is ‘primitive’ ? Which is ‘modern’ ?”, The New York Times, 1984.) En Italie, lors de la biennale 1993, Philip Morris s’est présenté avec le slogan “La culture dei tempi moderni “.
L’ART DE LA M Nous pourrions être tentés de penser que ces mecs à la peau burinée pensent à des tableaux montrant leurs chevaux ou les couchers de soleil incandescents sur les Rockies. Non, ils sont habitués à d’autres calibres : ils visent les haut lieux internationaux du high art. On devine leur stratégie au jargon employé dans un livre publié par le journal conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung qui analyse ce type de comportement de la manière suivante : “le sponsoring vise trois objectifs majeurs : notoriété, attitude et communication.”Il s’agit de transférer les composantes positives de l’objet sponsorisé sur le sponsor (transfert d’image) “. Conclusion du journal : “Le sponsoring donne l’occasion d’entretenir des relations avec une sélection de gros clients, les partenaires commerciaux, les faiseurs et les multiplicateurs d’opinion dans un cadre agréable.” (Manfred Bruhn, ‘Sponsoring. Unternehmen als Mäzen und Sponsoren’, - L’entreprise en tant que Sponsor et mécène -1987) En comparaison, les ‘huiliers’ de Mobil sont plus directs : ‘ Art for the sale of business ‘. Aux perplexes, ils fournissent un complément d’informations : “What’s in it for us or for your company? Improving - and ensuring - the business climate“(L’art pour le bien des affaires Qu’en tirons-nous, ou votre entreprise ?) Il améliore et assainit le climat des affaires‘. (Publicité Mobil, The New York Times, 10/10/1985.)
MANIPULATION Ce qui revient à peu près à dire que cette pratique allège le poids des impôts, édicte les lois favorables aux intérêts des grandes sociétés en ce qui concerne la santé publique et l’environnement, et que c’est une aide à l’exportation quel que soit le type de marchandises, et le pays destinataire. De plus, le sponsoring rend caduques les critiques contre les pratiques du sponsor en affaires. Pour les Wehrwirtschaftsführer (terme Nazi pour les responsables de l’industrie d’armement) de Daimler-Benz par exemple, il est alors plus facile d’envoyer élégamment promener un plumatif qui s’indigne du copinage qu’entretient cette société avec Saddam Hussein et les gardiens de la Révolution iraniens. Avec élégance, Alain-Dominique Perrin, chef du Cartier, une prestigieuse échoppe parisienne, comparait ce mécanisme à la conquête amoureuse : “Le mécénat n’est pas simplement un formidable outil de communication, mais beaucoup plus que ça ; c’est un outil de séduction d’opinion “ (Alain-Dominique Perrin, ‘Le Mécénat français: La fin d’un préjugé’, interview de Sandra d’Aboville, Galeries Magazine, no. 15, 1986) D’ailleurs, le plus beau est qu’en fin d’opération les victimes de cette séduction ont payé les coûts de fonctionnement aphrodisiaques de cette entreprise. Ils sont déductibles des impôts. Les cow-boys de la clope cancérigène ont eu raison de se fier à leur rouerie paysanne et de mettre Noguchi en selle à Venise.
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‘La culture est à la mode, tant mieux. Tant qu’elle le restera, il faut s’en servir ‘, ajoute le maître de la place Vendôme (Alain-Dominique Perrin dans le même article dans Galeries Magazine). Visiblement, il est conscient que la sur-valorisation actuelle de la culture est éphémère. “Les grands événements culturels comme la Documenta ou la Biennale sont des mythes modernes”, délire son collègue Thomas Wegner, l’homme qui, au Cyberspace de Hambourg, met en scène une aire de l’électronique grand public (la MEDIALE) avec injection d’arts plastiques, en 1993. C’est avec satisfaction que les experts de la communication et leurs collègues du marketing ont découvert que le prestige et le pouvoir symbolique de ces forums mythiques sont à leur disposition. Les émanations rentabilisantes du bien, du vrai et le beau (BVB), débarrassés de tous soupçons, représentent un énorme capital symbolique même s’il est difficilement chiffrable. Ricardo Selvatico, le fameux maire auteur des comédies, disait déjà dans son appel que “l’art est l’un des éléments les plus précieux de la civilisation” et qu’il représente “un esprit sans préjugé…”(A. Lagler, op. cit., 1989) Les managers n’ont pas à se soucier de ce que cachent ces paroles (suite page 36)
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(suit de la page 35) tant que leurs groupes ciblés croient en l’immaculée conception et qu’il n’est pas encore question de licenciements massifs. Casanova le Vénitien leur a enseigné que toute chose n’est pas bonne en matière de séduction. Ils peuvent se reposer sur les institutions quant au choix des moyens adaptés. Nous savons par Philippe de Montebello, qui connait parfaitement le milieu et dirige le Metropolitan Museum de New York (de 1977 à 2008), que le sponsoring possède un mécanisme interne : ‘C’est une forme dissimulée et perverse de la censure.’ (cité en ‘A Word from our Sponsor,’ - un mot de notre sponsor - Newsweek, November 25, 1985). BVB n’est pas seulement un lubrifiant, et une valeur d’échange sur les marchés de l’art. Le bien, le vrai et le beau sont des emballages qui peuvent contenir les mélanges les plus divers. Voilà pourquoi, depuis toujours, parmi les fabricants, dans les dépôts et les bazars BVB, on lutte avec acharnement pour que tel ou tel ingrédient domine. Et pas uniquement ici. Le fait de définir ce qui est bien, vrai et beau dépasse de loin ce que la politique de clocher du monde de l’art est capable d’imaginer. La définition du langage fait partie du management idéologique et politique un aspect qu’il est facile de reconstituer au vu du contenu des pavillons en cent ans de Biennale. » Barbara Crane Navarro
’Exposition “A table! Le repas au Musée et Manufacture de Sèvres, tout un art” aborde des thèmes aussi variés que “Les banquets antiques”, “Aux origines du festin français”, “une Renaissance gastronomique ?”, “Le triomphe du modèle français au Grand Siècle”, “Raffinement au Siècle des Lumières”, “L’obsession gastronomique”, “Une nouvelle ère pour le repas gastronomique”,... L’art de la céramique à l’honneur Mais, noblesse oblige, en raison de la spécificité des collections de Sèvres ainsi mises à l’honneur, la céramique prédomine. L’exposition propose une grande diversité d’objets et de matériaux (couverts, assiettes, verres, plats, terrines, saupoudreuses, salières, chocolatières, services à thé, café ou chocolat, coffrets en cuir, menus, huiles sur toile, gouaches, estampes, livres anciens, documents d’archives, photographies, installations contemporaines et orfèvrerie), élégamment scénographiés par Jean-Paul Camargo. Célébrant la convivialité, le partage et la transmission retrouvés après une longue période de confinement, cette enquête passionnante sur l’histoire du repas gastronomique des Français, de l’Antiquité à nos jours, célèbrera à la fois les 10 ans du classement du repas gastronomique des Français par l’UNESCO et les 280 ans de la Manufacture de Sèvres, haut lieu de la création et du patrimoine. Elle évoque dans le même temps la préparation des mets et leur consommation, les arts de la table, mais
aussi celui de la conversation. Les exceptionnelles créations de la Manufacture de Sèvres ponctueront la mise en scène de près de 1 000 œuvres provenant en majorité des riches collections du Musée national de céramique de Sèvres et du Musée national Adrien Dubouché de Limoges, le Musée des Arts décoratifs et de grandes maisons françaises comme Christofle ou Saint-Louis. Gastronomie, nutrition, biovidersité et arts de la table. Au piano de cette exposition, l’agence Alimentation générale, spécialisée dans les expositions et évènements dédiés à la gastronomie, ce programme invite cuisiniers, designers, artisans, historiens et scientifiques. Pour compléter les thèmes abordés par l’exposition et s’interroger sur des questions actuelles liées à la gastronomie, la nutrition, la biodiversité ou les arts de la table, une programmation de rencontres suivies d’un atelier est prévue le 3ème dimanche du mois. En parallèle, l’établissement organise des visites, des conférences et des ateliers de pratique pour les familles, les scolaires ou les spécialistes. Autour du thème fédérateur de la gastronomie, l’exposition s’adresse au plus grand nombre :familles, jeune public ainsi qu’aux amateurs et connaisseurs de gastronomie, d’histoire et d’arts de la table... “Les épices sont à la cuisine ce que la ponctuation est à la langue française. Comme la ponctuation révèle les mots, les épices permettent de révéler la face cachée des mets” . Olivier Roellinger.
A TABLE LE REPAS TOUT UN ART du 16 décembre 2020 jusqu’au 16 Mai 2021 TOUS LES JOURS DE 10 H À 12 H 30 ET DE 13 H 30 À 17 H, SAUF LE MARDI. FERMÉ LE 1ER JANVIER, LE 1ER MAI ET LE 25 DÉCEMBRE
SÈVRES MANUFACTURE ET MUSÉE NATIONAUX
2 PLACE DE LA MANUFACTURE
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èvres - Manufacture et Musée nationaux réunit la Manufacture de porcelaine de Sèvres en activité depuis le XVIIIème siècle et le musée national de Céramique créé au siècle suivant. Située à Sèvres dans les Hauts-de-Seine, l’institution fait partie de la Cité de la céramique - Sèvres et Limoges, établissement public administratif sous tutelle du ministère de la Culture. La manufacture est un foyer unique de création de formes et de couleurs où les savoir-faire d’excellence se transmettent de génération en génération. Sous l’impulsion des artistes invités, y naissent les œuvres en porcelaine les plus audacieuses. Le musée représente une source inépuisable d’inspiration, pour les artisans de la manufacture, les créateurs et les collectionneurs. Les céramiques du monde entier et de toutes les époques (poterie, faïence, grès, porcelaine de Sèvres et d’ailleurs…) qu’il conserve et expose, invitent aux voyages et aux regards croisés. En 1740, la Manufacture de Vincennes est fondée, grâce au soutien de Louis XV et de Madame de Pompadour, afin de concurrencer les productions de Chantilly et de Meissen. En 1756, la manufacture est transférée à Sèvres dans un bâtiment construit à l’initiative de Madame de Pompadour, à proximité de son château de Bellevue. La manufacture est rattachée à la Couronne en 1759.
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itkala-Ša (“Oiseau rouge”) est née dans la réserve indienne de Yankton, dans le Dakota du Sud, le 22 février 1876. Membre des Yankton Dakota Sioux, elle a été élevée par sa mère après que son père ait abandonné la famille. Lorsqu’elle avait huit ans, des missionnaires quakers ont visité la réserve, emmenant plusieurs des enfants (dont Zitkala-Ša) à Wabash, Indiana, pour qu’ils fréquentent l’Institut du travail manuel de White dans l’Indiana. Zitkala-Ša est partie malgré la désapprobation de sa mère. Dans ce pensionnat, Zitkala-Ša a reçu le nom de missionnaire Gertrude Simmons. Elle fréquente l’institut jusqu’en 1887. Elle était en conflit d’intérêts et a écrit à la fois sa grande joie d’apprendre à lire et à écrire et à jouer du violon, ainsi que sa profonde peine et sa
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douleur d’avoir perdu son héritage en étant obligée de prier comme quaker et de se couper les cheveux. Elle est retournée vivre avec sa mère dans la réserve de Yankton en 1887, mais n’est partie que trois ans plus tard. Elle a eu le sentiment de ne pas s’intégrer après ses expériences à l’Institut. À quinze ans, elle est retournée à l’Institut pour poursuivre ses études. Ses études de piano et de violon ont conduit l’Institut à l’engager comme professeur de musique. Elle obtient son diplôme en 1895. Lorsqu’elle a reçu son diplôme, Zitkala-Ša a prononcé un discours en faveur des droits des femmes. Au lieu de rentrer chez elle, Zitkala-Ša accepte une bourse qui lui est offerte au Earlham College de Richmond, dans l’Indiana. C’est à Earlham qu’elle a commencé à recueillir les histoires des tribus autochtones. Elle a traduit ces histoires en latin et en anglais. En 1897, six semaines à peine avant d’obtenir son diplôme, Zitkala-Ša a dû quitter Earlham pour des raisons financières et de santé. Une fois de plus, elle choisit de ne pas retourner à la réserve. À la place, elle s’installe à Boston, où elle étudie le violon au Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre[1]. En 1899, elle a accepté un poste de professeur de musique à l’école industrielle indienne de Carlisle en Pennsylvanie[2]. De 1879 à 1918, c’était le pensionnat indien phare des États-Unis, et il a servi de modèle à beaucoup d’autres. En 1900, l’école a renvoyé Zitkala-Ša dans la réserve de Yankton pour y rassembler plus d’élèves. Elle fut choquée de constater que la maison de sa famille était en mauvais état, que la pauvreté était grande et que des colons blancs occupaient les terres
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données au peuple de Yankton Dakota par le gouvernement fédéral. Elle retourne à Carlisle et commence à écrire sur la vie des Amérindiens. Ses récits autobiographiques et lakotas présentaient son peuple comme généreux et aimant au lieu des stéréotypes racistes courants qui dépeignaient les Amérindiens comme des sauvages ignorants. Ces stéréotypes étaient utilisés comme arguments pour justifier l’assimilation des Amérindiens à la société américaine blanche. Ses écrits, profondément critiques à l’égard du système des pensionnats, ont été publiés dans les magazines nationaux anglais, dont Atlantic Monthly et Harper’s Monthly. En 1901, elle a écrit pour le Harper’s Monthly un article qui décrivait la profonde perte d’identité ressentie par un élève de l’école indienne de Carlisle. Elle a été licenciée. Par la suite, elle a passé un certain temps à la maison, sur la réserve, à s’occuper de sa mère et à recueillir des histoires pour son livre, Old Indian Legends. Elle a également travaillé au bureau du Bureau des affaires indiennes (BIA) de la réserve indienne de Standing Rock en tant que commis. Elle a épousé le capitaine Raymond Talefase Bonnin en 1902. Ils sont affectés à la réserve Uintah-Ouray dans l’Utah, où ils vivent et travaillent pendant les quatorze années suivantes.
voir les vidéos https://youtu.be/ dMUWP5uKIA0 https://youtu.be/0NNiQiPG40k https://youtu.be/9lUVW_sAmxs https://youtu.be/7XC4G39HsLc https://youtu.be/YMXDXJHKa4w https://youtu.be/P1qpX-oGP3c https://youtu.be/ioIMpe_i4i4 https://youtu.be/xHmVAo5gQAE https://youtu.be/oHaggw_Za7g https://youtu.be/ D0bEIejja70 https://youtu.be/meODwnYOuhM
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Pendant leur séjour, ils ont eu un fils, Raymond Ohiya Bonnin. En 1910, Zitkala-Ša rencontre William F. Hanson, professeur à l’université Brigham Young dans l’Utah[d]. Ensemble, ils collaborent à un opéra. Le Sun Dance Opera est achevé en 1913. Basé sur le rituel sacré des Sioux, interdit par le gouvernement fédéral, Zitkala-Ša en a écrit le livret et les chansons. Le Sun Dance Opera est le premier opéra amérindien écrit. Il symbolise la façon dont Zitkala-Ša a vécu et a jeté un pont entre son monde traditionnel amérindien et le monde de l’Amérique blanche dans lequel elle a été élevée. Alors qu’elle se trouvait dans la réserve d’Uintah-Ouray, Zitkala-Ša a rejoint la Société des Indiens d’Amérique, un groupe fondé en 1911 dans le but de préserver la culture amérindienne traditionnelle tout en faisant pression pour obtenir la pleine citoyenneté américaine. À partir de 1916, Zitkala-Ša a été le secrétaire de la Société. À ce poste, elle correspondait avec la (BIA). Elle se fait de plus en plus entendre dans sa critique des politiques et pratiques assimilationnistes du Bureau, en dénonçant les abus dont sont victimes les enfants lorsque, par exemple, ils refusent de prier en tant que chrétiens. (suit page 40)
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(suit de la page 39) Son mari Raymond a été licencié du bureau du BIA en 1916. La famille a déménagé à Washington, DC. Zitkala-Ša poursuit son travail au sein de la Société des Indiens d’Amérique, où elle travaille avec Marie Louise Bottineau Baldwin. De 1918 à 1919, Zitkala-Ša édite leur journal, l’American Indian Magazine. Elle donne des conférences dans tout le pays pour promouvoir la préservation des identités culturelles et tribales des Amérindiens (bien qu’elle soit fermement opposée à l’utilisation traditionnelle du peyotl, du likeni aux effets destructeurs de l’alcool dans les communautés autochtones). Tout en critiquant vivement l’assimilation, elle était fermement convaincue que les indigènes d’Amérique devaient être des citoyens américains et qu’en tant que citoyens, ils devaient avoir le droit de vote : “Sur la terre qui fut autrefois la sienne - l’Amérique - il n’y a jamais eu de moment plus opportun que maintenant pour les Américains d’affranchir l’homme rouge”[3] En tant que premiers occupants de la terre, a-t-elle fait valoir, les Amérindiens doivent être représentés dans le système de gouvernement actuel. La loi fédérale sur la citoyenneté indienne a été adoptée en 1924.
Elle accordait des droits de citoyenneté américaine à tous les Amérindiens. Cependant, cela ne garantissait pas le droit de vote. Les États ont conservé le pouvoir de décider qui pouvait et ne pouvait pas voter. En 1926, Zitkala-Ša et son mari ont fondé le Conseil national des Indiens d’Amérique. Jusqu’à sa mort en 1938, Zitkala-Ša a été présidente, organisatrice de collectes de fonds et conférencière. Le Conseil a travaillé à l’unification des tribus à travers les États-Unis afin d’obtenir le droit de vote pour tous les Indiens. Elle a également travaillé avec les groupes de suffrage blancs et a été active au sein de la Fédération générale des clubs de femmes à partir de 1921. Ce groupe s’est efforcé de maintenir une voix publique pour les préoccupations des diverses femmes. Zitkala-Ša crée le Comité de protection sociale des Indiens de la Fédération en 1924. Cette année-là, elle a lancé une campagne d’inscription des Amérindiens sur les listes électorales, encourageant ceux qui le pouvaient à s’engager dans le processus démocratique et à soutenir les lois qui seraient bonnes pour les Amérindiens[4] : Les Indiens riches et pauvres de l’Oklahoma : An Orgy of Graft and Exploitation of the Five Civilized Tribes - Legalized Robbery”. Cet article a contribué à ce que le gouvernement enquête sur l’exploitation et la fraude des Amérindiens par des étrangers pour accéder à des terres riches en
(1919) : 162. 4] Ce n’est qu’en 1962, lorsque le Nouveau-Mexique a accordé le droit de vote aux Amérindiens, que tous les Indiens d’Amérique ont pu voter. 5] Le district historique du cimetière national d’Arlington a été inscrit sur le registre national des lieux historiques le 11 avril 2014. Elle pouvait être enterrée au cimetière national d’Arlington parce que son mari avait été capitaine de l’armée.
pétrole et à ce que la loi de 1934 sur la réorganisation des Indiens soit adoptée. Jusqu’à sa mort le 26 janvier 1928, Zitkala-Ša a continué à travailler pour l’amélioration de l’éducation, des soins de santé et de la reconnaissance légale des Amérindiens ainsi que pour la préservation de la culture amérindienne. Elle est décédée à Washington, DC. Elle est enterrée au cimetière national d’Arlington avec son mari. Partageant une pierre tombale, elle est commémorée comme : “Sa femme / Gertrude Simmons Bonnin / Zitkala-Ša des Indiens sioux / 18761936”[5].
A propos de l’opéra Sun Dance https://www.britannica. com/topic/The-Sun-Dance https://youtu.be/DNP_4MDuG_A
Notes : 1] Le Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre, situé au 290 Huntington Avenue, Boston, Massachusetts, a été inscrit au Registre national des lieux historiques le 14 mai 1980. 2] L’école indienne de Carlisle, en Pennsylvanie, a été ajoutée au Registre national des lieux historiques le 15 octobre 1966. Elle a été classée monument historique national le 4 juillet 1961. Explorez l’histoire de l’école industrielle indienne de Carlisle avec notre plan de cours Enseignement des lieux historiques, “L’école industrielle indienne de Carlisle” : Assimilation avec l’éducation après les guerres indiennes”. 3] Zitkala-Ša (sous le nom de Gertrude Bonin), “Editorial Comment”, American Indian Magazine 6 PALAZZI 41 VENEZIA
Sources : Barker, Joanne. 2015. Féminismes indigènes. The Oxford Handbook of Indigenous People’s Politics, édité par Jose Antonio Lucero, Dale Turner et Donna Lee VanCott. Oxford University Press. Conley, Paige Allison. 2013. Stories, Traces of Discourse, and the Tease of Presence : Gertrude Simmons Bonnin en tant qu’oratrice et activiste indigène. Thèse de doctorat, Université du Wisconsin-Milwaukee. Trouver une tombe. “Gertrude Simmons Bonnin (1876-1938)”. Johnson, David L. et Raymond Wilson. 1988. Gertrude Simmons Bonnin, 1876-1938 : “Américaniser le premier Américain.” American Indian Quarterly, vol. 12, no. 1, pp. 27-40. https://www.nps.gov/articles/000/the-places-ofzitkala-sa.htm
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’œuvre de Marion Charlet s’impose au regard comme l’expression d’un univers construit, reconnaissable et homogène, créant instantanément l’ambiguïté et le trouble : que nous dit cette artiste inclassable qui, à certains égards, pourrait être, le message politique en moins, rattachée à une figuration narrative de la dernière génération? Entrer dans un tableau de cette véritable peintre, c’est être convoqué au cœur d’un songe qui ne nous appartient pas, c’est partager avec elle, dans une forme de naufrage psychanalytique, des visions, des espaces sans référents, procédant du vide, de l’absence, du silence et de l’attente. (Constantin Chariot, 2017) Marion Charlet ne peint pas la réalité : ses paysadu samedi 28 novembre 2020 ges évoquent au contraire un songe d’été dans au samedi 30 janvier 2021 lequel elle nous convie. Sa démarche est marquée par le souvenir de lieux aimés qu’elle va modifier, en créant à partir de photographies grâce auxquelles elle s’est constituée une véritable mémoire de motifs et de formes. 62 rue de Turbigo Elle retravaille leurs dimensions, leurs lignes, 75003 Paris leurs perspectives, avant Tél : 01 42 74 32 36 de les peindre dans des tons toujours clairs, sans www.galerieparisbeijing.com ombres ou presque, dans des aplats parfaits, qui Métro participent à cette imLigne 3,11 Arrêt : Arts et Métiers pression d’irréalité.
...Et l’été reviendra
Marion Charlet
Galerie Paris-Beijing
Ligne 3 Arrêt : Temple
Ses couleurs acidulées donnent forme à ses compositions et ses atmosphères psychédéliques, dont un certain kitsch marque encore ce décalage entre une apparence de repos et un calme inquiétant. Tout cela donne l’impression d’un monde contenu, en dehors de tout, dans lequel le spectateur peut se projeter : ce que Marion Charlet veut créer avant tout, ce sont des « espaces atemporels où tout le monde [peut se] retrouver, y être attiré. » Séduisant par sa palette, puissant par la qualité de son dessin et l’intensité de ses aplats, l’art de Marion Charlet s’applique à la représentation d’un monde à part, tant féérique qu’étrange. Sous le titre « … Et l’été reviendra » elle célèbre une sorte d’Arcadie, d’Eden perdu avec cette palette aux couleurs vives qui nous rappelle l’insouciance de nos étés, de notre jeunesse, dans une attente d’avant la menace. Pour la première fois elle introduit la figure humaine dans des séries récentes. Nous sommes heureux de pouvoir finalement ouvrir l’exposition de Marion Charlet « … Et l’été reviendra. » dés le samedi 28 novembre à partir de 11h en présence de l’artiste. Marion Charlet est née à Paris en 1982. Diplômée de l’École des Beaux-Arts, Villa Arson (Nice), de Chelsea College of Art and Design (Londres) et de l’Institut Supérieur des Art Appliqués (Paris), elle vit et travaille à Paris. Elle est lauréate du Prix Art [ ] Collector en 2018 et du prix de la Fondation Colas en 2016.
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epuis plus de 30 ans (mai 68 exactement), Karin Lewin s’énhardis à perturber l’âme latine qui nous caractérise, paresseuse, superficielle et disons la vérité, un peu lâche, avec une recherche inlassable et apparemment sans fin annoncée, des limites de notre aventure spirituelle et sociale. Du haut de son atelier face au soleil, bercée par le ressac inextinguible du boulevard périphérique parisien à la place de son océan natal, Karin s’évertue sans relâche et sans pause à nous amener à la conclusion que le vide des questions qui nous habitent, en essayant de se satisfaire de réponses improbables, est inutile, car la vie n’a de réponse que dans le fait qu’elle est vécue. Il n’y a donc pas de solutions dans les œuvres de Karin Lewin, mais plutôt des questions qui sont finalement les nôtres, celles de chacun d’entre nous, qui peuvent les accepter et les reconnaître ou, au contraire, les ignorer et s’arrêter à la surface lisse de ses empreintes. Si les outils de l’artiste ne sont évidemment ni les pinceaux, ni les couteaux ou les ciseaux qu’elle utilise pour faire passer sa vie à travers elle complètement, dans ce cas, cette œuvre, cette exposition nous fait voir le corps de l’artiste comme l’outil principal, un corps physique et mental confus. Son corps offert à notre place et pour nous. Ce n’est pas très rassurant”. La performance “L’espace comme outil” en avant-première du “Projet Paravent” réalise, si je puis dire, mon
KARIN LEWIN sur rendez vous GALERIE SONIA MONTI 6, avenue Delcassé 75008 Paris Tél. : +331 45 61 45 56 soniamontigalerie@gmail.com
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intuition, de sorte que le corps du danseur devant l’écran des “outils de l’artiste” devient littéralement ce corps offert par et pour nous. Toutes les disciplines qui participent à ce spectacle (peinture, mode, musique, danse) se confondent et se fondent en un seul moment suspendu, dans lequel nous pouvons reconnaître nos impulsions et hésitations quotidiennes face aux petits et grands défis que nous croyons devoir relever. Je n’ai pas trouvé cette proposition très rassurante dans le sens où je comprends qu’il n’y a pas d’issue à la vie qui est la nôtre, je veux dire la vie de chacun de nous, et nous ne pouvons l’assumer qu’avec la certitude qu’elle est à la fois unique et irremplaçable et que (c’est la bonne nouvelle) nous pouvons la forger à notre goût. Etre conscient de cette vie qui nous traverse complètement est peutêtre le premier pas pour en faire une œuvre d’art et si nous ne comprenons pas toujours ce que nous faisons, nous pouvons toujours apprendre de nos gestes et mieux nous orienter sur notre chemin. Il n’y a pas de questions, seulement des réponses, elles sont toutes en nous, nous pouvons les écouter et les comprendre, c’est ce que suggère Karine Lewin. Vittorio E. Pisu Sardonia Octobre 2018 PizouNews 1990