Palazzi A Venezia Juin 2021

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Phot valeriamelis

Anne Anne Slacik Slacik L’Art L’Art Noir Noir Sophie Sophie Sainrapt Sainrapt JYB’Art JYB’Art Gallery Gallery Agnès Agnès Baillon Baillon Marion MarionTivital Tivital Caroline Caroline Secq Secq SKETCH SKETCH Giorgio Giorgio Morandi Morandi Guido Guido Crepax Crepax Louise Louise Jallu Jallu Domus DomusArtist Artist Residency Residency Katia Katia Bourdarel Bourdarel Marc Marc Riboud Riboud Salvador Salvador Dalì Dalì Untold Untold Stories Stories Peter Peter Lindbergh Lindbergh S.E.D.I.A. S.E.D.I.A. Clara ClaraWieck Wieck Scumann Scumann Kaija Kaija Saariaho Saariaho Kate Kate Bush Bush

PALAZZI A VENEZIA Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : en cours Distribution postale/digitale aPrésident Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Projet Graphique Emmerick Door Maquette et Mise en Page L’Expérience du Futur Correspondance zoupix@gmail.com palazziavenezia@gmail.com https://www.facebook.com/ Palazzi-A-Venezia https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia Trentedeuxème Année / numéro 06 /Juin 2021 Prix au numéro 5 euros Abonnement annuel 50 euros Abonnement de soutien 500 euros


Anne Slacik La Bohème est au bord de la mer Manoir des Livres Michel Butor jusqu ‘au

16 juin 2021

14h-18h du mardi au samedi 91 chemin du Château 74380 Lucinges

Tél. : +33 04 58 76 00 40

www.archipel-butor.fr Photo artension

Anne Slacik

Tél (33)-06 13 75 70 65

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a situation a l’air de s’améliorer en ce qui concerne la possibilité de circuler, l’ouverture des galeries, des musées, des restaurants, des plages est certaine mais l’été se fait un peu désirer en cette fin du mois de mai bien pluvieuse selon l’endroit où l’on se trouve. En attendant le pass sanitaire pour pouvoir se déplacer en Europe, ils ne manquent pas les réfractaires qui poussent leurs cris d’orfraie en nous prétextant une dictature sanitaire et un control stricte de la population, le tout bien entendu en utilisant leur Smartphone et s’exprimant sur les réseaux sociaux où sont déjà tracés depuis qu’ils ont souscrit à leur abonnement en électricité et en eau potable, sans oublier leur carte bancaire et bien entendu celle de fidélité de leur supermarché préféré. C’est vrai que l’on ne met plus de tampon sur leur passeport, à moins qu’ils se rendent en Inde ou aux États Unis mais cela croient ils est une autre histoire. Vous trouverez dans ce numéro, comme d’habitude un choix on ne peut plus éclectique et subjectif, puisque non seulement j’aime citer les artistes que j’aime et que je suis mais aussi ceux et surtout celles que je découvre dans ma recherche de productions artistiques intéressantes et rigolotes afin d’égayer ces jours bien sombres où la pandémie a plombé nos loisirs. Je ne crois pas d’ailleurs que cela nous ai aidé à réfléchir sur notre mode de vie et à penser à trouver d’autres moyens de satisfaire nos exigences. Aux dernières nouvelles les oiseaux tels que moineaux, hirondelles et alouettes seraient en train de disparaitre, au profit des pigeons, ces rats volants. Il paraitrait aussi que la thèse du virus fabriqué en labo par nos amis les chinois serait plutôt vraisemblable mais il est difficile de faire la part des choses avec tant de contradictions et d’avis d’experts auto déclarés et autres politiques à la remorque. Il nous reste l’Art, les Artistes, et cela devrait suffire à rendre nos journées plus agréables, je vous en propose un choix et je n’arrête pas de découvrir à quel point mon genre, c’est adire les garçons, sont si jaloux des succès des filles, au point de vouloir systématiquement les escamoter, mais rien n’y fait. Ici non seulement des peintresses (peintres ?) mais aussi des musiciennes, des compositrices si souvent oubliées et des chanteuses à succès. Sans oublier néanmoins quelques talentueux masculin ou alors particulièrement rigolo genre Salvador Dalí, dont je me souviens se fut le premier livre (une monographie) que j’achetais au début de mon séjour parisien et que je m’empressais d’offrir à quelqu’un qui appréciais les œuvres de cet artiste forcement unique, mais lequel ne l’est pas? Bonne lecture. V.E.Pisu PALAZZI 2 VENEZIA


Photo galerie David Zwirner/D.R.

ANNE SLACIK LE SENTIR VOIR

nne Slacik est née à Narbonne. Elle vit et travaille à Saint-Denis et dans le Gard. Prix de peinture de la Fondation Fénéon en 1991. Depuis 1981 de nombreuses expositions personnelles ont été consacrées à son travail, notamment au Centre d’Art de Gennevilliers, au Théâtre de St Quentin en Yvelines, à la Bibliothèque du Carré d’Art de Nîmes, au Musée PAB d’Alès, à la Bibliothèque Municipale de Strasbourg, au Musée de Gap, au Musée Stéphane Mallarmé à Vulaines sur Seine et au Musée de Melun en région parisienne. En 2012 le Musée de Saint Denis associé au musée du Cayla dans le Tarn a consacré une grande exposi22 rue des Coutures Saint-Gervais tion à son travail avec l’édition d’une monographie Paris 75003 , accompagnée de textes de Bernard Noël chez IAC-Ceysson. En 2013 expositions personnelles au musée Ingres à Montauban,au musée Rimbaud à Charleville Mézières et au musée de l’Ardenne, ainsi qu’au Centre d’Art Contemporain d’Arcueil.. En 2014 la bibliothèque Forney, bibliothèque historique de la ville de Paris a présenté ses livres peints et un ensemble de toiles et en 2015 sept lieux d’expositions dans les Yvelines dont le musée national de Port Royal des Champs se sont réunis pour présenter différents aspects de son travail. A cette occasion une nouvelle monographie a été éditée chez IAC-Ceysson. En 2016 et 2017 son travail a été exposé à la maison deVictor Hugo à Paris dans le cadre de l’exposition

jusqu’au au 5 juin 2021 de 15 à 19 heures

Galerie Convergences

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«La Pente de la réverie » et a fait l’objet d’une exposition personnelle au musée de Périgueux . En 2018 le musée Paul Valéry de Séte a organisé une exposition de son travail,Petits Poèmes Abstraits , grandes peintures et livres peints. En 2019 la bibliothèque du Carré d’Art de Nîmes exposera son travail , à l’occasion de l’acquisition de la collection des 130 livres manuscrits-peints. Son travail est représenté par la galerie Hervé Courtaigne , la galerie Convergences à Paris, la galerie Artenostrum à Dieulefit, la galerie Samira Cambie à Montpellier , la galerie Adoue de Nabias à Nîmes et la galerie Monos Art Gallery à Liège en Belgique. La librairie Artbiblio à Paris représente ses livres peints. La Galerie Convergences organise l’exposition “Le Sentir Voir” avec l’Édition du catalogue par la galerie, texte de Bernard Noël. 51 pages, 42 reproductions couleur 15 € port inclus auprès de la galerie ou de l’artiste

Anne Slacik

Tel (33)-06 13 75 70 anne.slacik@wanadoo.fr 65www.anneslacik.com graisvalerie@yahoo.fr www.galerieconvergences


Photo lemonde

’art « noir », victime du mépris raciste Impossible de ne pas le rappeler en préambule : on ne peut ébaucher une histoire de l’art enAfrique, raconter ses acteurs, ses pays fertiles, ses esthétiques, sa création actuelle, sesréussites et ses difficultés, sans évoquer la traite des esclaves et la colonisation. Toutes deux reposent sur une certitude : les « Nègres» qui habitent l’Afrique ont pour destind’être asservis par les « Blancs » des Etats européens et leurs agents militaires, commerciauxet religieux. Il en est ainsi du XVII e au XIXe siècle. La conférence de Berlin, à l’hiver 1884-1885, marque l’apogée de ce processus. Elle partage le continent en délimitant les frontières entre les territoires qui se trouvent sous l’autorité duRoyaume-Uni, de l’Empire allemand, de la République française et de plusieurs royaumes – Belgique, Espagne, Italie et Portugal. Les deux principales puissances sont la britannique etla française. Ne subsistent que deux Etats indépendants : l’Ethiopie (plus tard conquise parl’Italie fasciste) et le Liberia, devenu république en 1847. Des peuples bons à être razziés et vendus comme esclaves dans les Amériques ou instrui-

L’Art Noir victime du mépris raciste

ts parles colonisateurs ne peuvent être capables de création artistique. Qu’attendre de « sauvages »,de « primitifs » ? Rien. Pourtant, au XVI e siècle, posséder une salière ou un olifant d’ivoire sculpté de figures par desartistes des côtes du Bénin et du Congo était un signe de prestige en Europe. Ces ivoires dits « afro-portugais », exécutés en Afrique et commandés par des marchands principalement portugais, séduisaient. Deux cents ans plus tard, il ne reste rien de cette compréhension initiale. Le mépris raciste est confirmé par la certitude de la supériorité religieuse. Le vocabulaire est explicite : vers 1900,on ne dit pas une « statue africaine », mais un « fétiche », terme péjoratif. Les « Nègres »doivent être convertis, c’est-à-dire extirpés de leurs « magies » païennes pour accéder à latranscendance du monothéisme chrétien. Les objets de leurs cultes ne peuvent donc êtreconsidérés, au mieux, que comme des curiosités. Le deuxième moment du récit est celui du primitivisme. A la fin du XIXe siècle, des artistesoccidentaux commencent à s’intéresser aux « fétiches » et aux maGroupe d’indigènes afri- sques que la colonisationfait parvenir en Europe. cains, avec un personnage Dans le meilleur des cas, des ethnologues, qui sont européen, à l’Exposition aussi souvent linguistes ou géographes,collectent universelle de1900. des objets destinés à l’étude des systèmes religieux, PALAZZI 4 VENEZIA


politiques et sociaux que la colonisation et l’acculturation sont en train de faire disparaître. Ces objets aboutissent dans des musées, Musée d’ethnographie du Trocadéro à Paris, BritishMuseum à Londres, etc. Il arrive que des missionnaires aient la même attitude et, tout encontribuant à la perte des religions autochtones, contribuent à la préservation de sculptures rituelles : c’est le cas au Congo belge et dans les colonies allemandes. Des membres des troupes coloniales, des fonctionnaires,des commerçants et, plus tard, des marchands spécialisés reviennent en Europe avec dans eurs malles quelques pièces ou des ensembles plus importants. Dans le meilleur des cas, les objets sont acquis par échange ou à très bas prix. Dans le pire, ce qui est fréquent, ils sont pillés. Ce fut le sort des bronzes du palais royal d’Abomey (Bénin),mis à sac par les troupes françaises en 1894, et de bien d’autres œuvres, saisies dans des opérations « punitives » ou extorquées de force. En Europe, ces pièces suscitent bientôt un marché, qui passe des Puces vers 1900, à de luxueuses galeries quinze ans plus tard. Ce laps de temps est celui de l’avènement de l’« artnègre ». Des artistes d’avant-garde, français (Matisse, Derain, Picasso, Braque) et allemands (Kirchner, Nolde, Pechstein), achètent des pièces africaines, les vantent, PALAZZI 5 VENEZIA

en parlent, etsemblent les accompagner dans leur volonté de casser les codes de la peinture et de lasculpture. Cet engouement a ses princes du commerce, les marchands Paul Guillaume etCharles Ratton à Paris. Mais il a aussi ses poètes: Guillaume Apollinaire, Tristan Tzara ouMichel Leiris. Le mouvement s’amplifie dans l’entre-deux-guerres et tourne à la mode confuse, associantstatuaire sacrée Baoulé (Côte d’Ivoire) ou Fang (Gabon), jazzbands de La Nouvelle-Orléanset danses érotico-exotique à la Joséphine Baker. Primitivisme est le nom que donnent à cemouvement deux historiens américains de l’art moderne, Robert Goldwater en 1938 etWilliam Rubin en 1984.Cette année 1984, William Rubin est le principal auteur d’une exposition restée dans lesmémoires : «Primitivism in XXth Century Art». Elle a lieu au Museum of Modern Art(MoMA) de New-York, lieu saint de la modernité. De Gauguin jusqu’aux années 1960, en passant par le fauvisme, le cubisme, Dada et le surréalisme, l’exposition montre comment lesarts africains, océaniens et amérindiens ont été déterminants pour les mouvements artistiquesen Europe et aux Etats Unis. (suit page 6)


Photo centregeorgepompidou

(suit de la page 5) Admirable par le choix des œuvres, elle est discutable sur bien de ses affirmations et comparaisons. L’essentiel n’est pas là, mais dans ce fait : en 1984, l’art « nègre » est présenté exclusivementdu point de vue des avant-gardes occidentales et présenté comme un art du passé. Ses qualités plastiques, son inventivité et sa variété formelle, la prodigieuse maîtrise d’œuvres dont on mesure désormais la complexité ne sont (en principe, du moins) plus en cause à cette date. Que l’art « nègre » est digne du même intérêt que les arts des autres parties du monde, les visiteurs de l’exposition « Primitivism » en sont convaincus, comme le sont, au même moment, ceux du Musée de l’homme, au Trocadéro. Et comme le sont, aujourd’hui, les visiteurs du Musée du quai Branly, vieux de dix ans seulement. Mais il s’agit d’arts anciens. Autrement dit : si l’intérêt pour le primitivisme a contribué très fortement à la reconnaissance des arts de l’Afrique, il les a enfermés dans une époque révolue. Dès 1963, Alain Resnais et Chris Marker ont intitulé leur film sur la sculpture nègre “Les statues meurent aussi”. C’est tout dire.

Or, des artistes en Afrique, en 1984, il y en a : des vivants, jeunes ou moins jeunes, actifs et productifs. Mais on ne les montre que très peu, pas plus à NewYork ou Londres qu’à Paris. Il n’y a pas un seul artiste africain vivant dans le dernier chapitre de « Primitivism » consacré aux années 1970 et 1980 et Kirk Varnedoe, son auteur, ne songe même pas à s’en expliquer, trop occupé à discuter du land art , du minimalisme et de l’artiste conceptuel allemand Joseph Beuys. Sur le moment, la critique non plus n’en dit rien. Cinq ans plus tard, un conservateur de musée prend conscience du problème : Jean-Hubert Martin. C’est en France que ça se passe. En 1989, il est l’auteur de l’exposition « Magiciens de la Terre », dont les œuvres sont partagées entre le Centre Pompidou et la Grande Halle dela Villette. Le principe est de confronter 101 artistes, moitié occidentaux, dont nombre de célébrités internationales du moment, moitié de créateurs venus du reste du monde. Quand on lui demande aujourd’hui ce qui l’a poussé à se lancer dans ce projet, M. Martin répond qu’il a toujours « été un peu dadaïste ». Dans sa préface du catalogue, il prenait position sans équivoque : « L’idée communément admise qu’il n’y a de création en arts plastiques que dans le monde occidental ou fortement occidentalisé est à mettre au comptedes survivances de l’arrogance de notre culture. PALAZZI 6 VENEZIA


Sans parler de ceux qui pensent toujours que, parce que nous possédons une technologie, notre culture est supérieure aux autres. » L’événement fut majeur, le scandale durable. « J’avais conscience des réactions qui allaient venir, confie Jean-Hubert Martin, qui s’en amuse désormais. Le petit monde de l’artoccidental a été révulsé. » C’est en effet assez conforme aux souvenirs que l’on a gardés de cet épisode. « Magiciens de la Terre » est «la première grande expo qui ait ouvert la porte», ajoute leconservateur. On ne peut lui refuser ce mérite, quelles que soient les critiques qui ont contestéle mode de choix des artistes non occidentaux. L’année 1989 reste bien une date repère pourles arts non occidentaux. Pour le Centre Pompidou aussi, qui s’ouvrait à des régions du mondequ’il ignorait. Il y a avait plusieurs Africains parmi les Magiciens, dont Seyni Awa Camara, EstherMahlangu, Frédéric Bruly Bouabré, Bodys Isek Kingelez, Cyprien Tokoudagba et l’atelierKane Kwei.Auparavant, leurs noms et leurs œuvres étaient à peu près totalement inconnus. Les peinturesmurales géométriques de Mahlangu, le panthéon vaudou de Tokoudagba ou les cercueils enforme de Mercedes ou de requin de Kane Kwei ont immédiatement intéressé celles et ceux (pas si nombreux, car l’affluence était modeste) qui se sont alors PALAZZI 7 VENEZIA

rendus à Beaubourg et à LaVillette. « Je cherchais des œuvres qui aient un impact visuel. Et des artistes qui n’avaientrien à voir avec le système de l’art occidental plutôt que des artistes sortis des écoles », explique Jean-Hubert Martin. Aujourd’hui, comment ne pas penser qu’il fallait un choc aussi violent que possible pour faire enfin douter de ses certitudes narcissiques le milieu et le marché de l’art contemporain ? «Personne ne parlait alors de mondialisation, la notion n’était pas encore une banalité. Or je voyais comment des corrélations étaient en train de s’établir entre les parties du monde partout sauf en art », dit Jean-Hubert Martin. En 2014, le Centre Pompidou a organisé une exposition et un colloque pour commémorer etanalyser «Magiciens de la Terre ». Le moins que l’on puisse dire est qu’en 1989, on n’aurait pas parié sur une telle sacralisation par l’histoire. Par Philippe Dagen En savoir plus sur h t t p : / / w w w. l e m o n de.fr/festival/article/2016/07/25/l-art-noir-victime-du-mep r i s - r a c i ste_4974143_4415198. html#gUXIgcHWRgay4avF.99


Photo loeildelafemmeabarbe

ophie Sainrapt aime l’érotique et s’intéresse aux arts premiers depuis longtemps. Collectionneuse d’objets d’art africain et « primitif», Sophie Sainrapt ne renie pas l’influence que les Arts premiers exercent sur son travail et l’inspiration qu’elle en retire. En 2013, elle réalise “Éros noir”, une série de 11 gravures au carborundum; en 2017, revenant de Chine par cargo mixte, elle remplit un carnet de dessins à partir des photos de Jacques Lombard sur l’étonnant et très érotique art funéraire Sakalava de Madagascar; plus tard, elle visite l’exposition Picasso primitif et croque une série de masques et sculptures, déjà très admirative de l’artiste, le sujet ne pouvait que la passionner. après quoi elle développe ces croquis en peintures, gravures et céramiques. Elle tombe sous le charme, son imagination s’en-

flamme et elle « croque » 27 masques et sculptures dans un carnet de dessins. Enfin, elle décide de réunir la série “Éros noir”, les masques primitifs et l’art funéraire Sakalava dans un même ouvrage qui s’intitulerait “Les Mondes magiques” et qui paraîtrait dans la collection “L’œuvre contée” . Pour “Éros noir”, Marie Delarue invente une genèse à sa façon, un conte érotique, exotique et impertinent. Jacques Lombard se charge d’un récit contemporain et éternel sur la vie et la mort, à partir de la statuaire Sakalava. Pour les masques primitifs, Pascal Aubier, à l’humour fleuri, rédige les “Contes masqués”, une histoire de familles trans-culturelles post-colonialiste ; écrits en 2019, ils revêtent aujourd’hui un étrange caractère prémonitoire.. Comme c’est devenu une tradition chez “L’œil de la signatures et rencontres femme à barbe”, la sortie officielle du livre est accomles week-ends à partir de pagnée d’une grande exposition des oeuvres concernées. 15h En effet, aimant traiter ses sujets de prédilection selon différentes techniques, Sophie a déjà réalisé (à partir de en partenariat avec et accueillie par ses dessins originaux) des grandes peintures sur papier, des gravures et des céramiques peintes ou traitées selon la technique antique du sgraffito. Créée par un collectionneur amateur de son travail, la 27 rue Jules Guesde, toute nouvelle galerie Jyb’Art à Levallois-Perret lui 92300 Levallois Perret confiera son inauguration. Ainsi ces Mondes magiques, important ensemble d’oeuvres réunissant l’univers « primitif » de l’artiste, se déploieront sur deux étages, trouvant naturellement leur Entrée libre du mardi au samedi place dans les différents espaces. de 14h à 20h, https://loeildelafemmeabarbe.fr/librairie/les-monle dimanche de 14h à 19h des-magiques et toujours dans le respect des https://loeildelafemmeabarbe.fr/evenements/les-monrèglementations sanitaires. des-magiques PALAZZI 8 VENEZIA

Jusqu’au 20 juin 2021 LES MONDES MAGIQUES

Sophie Sainrapt

Jyb’Art Gallery


Photo sophiesainrapt

la collection « L’œuvre conté », avec le concours de Pascal Aubier, les anthropologues Michèle Fléloux et Jacques Lombard, Nicolas Menut : un florilège d’histoire vraies et inventées, mêlant leurs univers à celui de Sophie Sainrapt. Ileana Cornea

ur deux étages, une soixantaine d’œuvres nous introduisent dans le monde jubilatoire de cette artiste qui depuis plus de 25 ans fait le pari de nous transmettre la

joie. Invitée par la toute nouvelle galerie JYB’Art à Levallois Perret, Sophie Sainrapt présente une sélection d’œuvres inspirées par les arts premiers. Des objets, des masques, des sculptures glanées un peu partout dans le monde enchantent l’imaginaire du couple Sophie Sainrapt et Pascal Aubier (son époux, écrivain et cinéaste) qui les collectionnent. Sophie s’en réapproprie les formes, les réinterprète. Elle les transporte ainsi dans un univers sensuel, les baignant dans des lumières solaires, mystérieuses, pleines de vitalité. Ses traits accentuent les rondeurs grisantes qui nous donnent follement envie de les caresser. Sur papier ou en céramique, en grand ou en petit format, sur les cimaises de la galerie l’artiste imprime son sceau bouillant d’une exquise friponnerie. Intimés par une mandorle, un téton, un phallus, ses masques, ses animaux, ses oiseaux rappellent le rire de Perséphone quand la tenancière Baubo soulève sa jupe pour consoler la déesse, désespérée. De la perte de sa fille. Les œuvres de Sophie Sainrapt prouvent qu’Éros jaillit vainqueur du coté tragique de la vie. Accompagnant cette exposition, les éditions de La Femme à Barbe publient « Mondes magiques » dans

Jyb’Art Gallery

27 rue Jules Guesde 92130 LEVALLOIS-PERRET Tél. : +33 (0)6 11 80 22 37 +33 (0)7 58 06 12 07 E-mail et Paypal :

jbartgallery@gmail.com www.jybartgallery.com

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Critique d’art née en 1959 en Roumanie, Ileana Cornéa collabore à plusieurs magazines dont Elle et Artension. Elle écrit régulièrement des préfaces pour des catalogues d’artiste, notamment James Coignard, André Raffin… Auteur de la première monographie de l’artiste Raymond Hains, elle enseigne l’histoire de l’architecture à la FEMIS et en histoire de l’art en formation continue à l’Université de Nanterre (en 2007). https://www.facebook. com/ileana.cornea.94 yb’Art Gallery est une plateforme permettant de découvrir des artistes contemporains et d’acheter en ligne des œuvres d’art originales en direct auprès des artistes. Jyb’Art Gallery sélectionne les artistes présentés sur son site, avec l’aide d’experts du monde de l’art. Jyb’Art Gallery souhaite aider les artistes et créateurs de talent à trouver de nouveaux collectionneurs grâce et amateurs d’art sur la toile du web.


Photo loeildelafemmeabarbe

a galerie Gilbert Dufois est très heureuse de présenter un double show avec les sculptures d’Agnès Baillon et les peintures de Marion Tivital, cette exposition s’intitule “Présences silencieuses”. Un jour, un visiteur est entré dans une de mes expositions et m’a dit : « ce sont les vestiges d’une civilisation pacifiste… » Il était hésitant et sollicitait mon approbation ou son contraire. Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. On apprend finalement toujours de soi dans le verbe des autres. Vestiges… Oui, mes personnages sont les réminiscences ou fragments d’une autre époque, révolue peut-être, mais en réalité d’une époque qui n’existe pas. Pacifiste, oui aussi, je suis profondément et intiment convaincue, de la force de la non violence. J’ai grandi sur un terrain de lutte pacifique, au profit d’une cause juste et humaniste. Cela me définit jusqu’à aujourd’hui et je pense que je milite à mon tour en ce sens à tra-

Agnès Baillon Marion Tivital Présences silencieuses jusqu’au samedi 03 juillet 2021

Galerie Gilbert Dufois

8, place Henri IV 60300 Senlis

+33 (0)3 44 60 03 48 +33 (0)6 76 63 73 66 infos@galeriegilbertdufois.com www.galeriegilbertdufois.com

vers mes sculptures. Dans le silence et l’absence de hurlements. Peut-être que je m’efforce de rappeler l’espoir comme valeur essentielle de l’humanité, par la dimension poétique et la tendresse inhérentes à mon travail. Je travaille en ce moment sur le corps blessé. Je ne peux en rester là, sur cette « note » à la dimension dramatique. La blessure ne peut se suffir à elle-même. Mes blessés s’auto-guérissent et se protègent des agressions du monde extérieur. Je veux croire que l’humain porte en lui la faculté de renaître de ses cendres. J’éprouve aussi, en inventant ces corps qui ont leur propre existence, comme un apaisement, l’idée de donner la vie à des personnages qui nous survivront. Je me rappelle d’un film de Scorcèse « After hours» ou le personnage principal, pour sortir d’un interminable cauchemar, est recouvert de papier mâché et se retrouve transformé en sculpture… comme si la sculpture était la seule issue… Elle l’est pour moi. A travers la sculpture, je suggère ce qui parfois n’a pas besoin d’être dit ou formulé, revendiqué, j’essaye de rappeller l’essentiel et la beauté de la nature humaine sans pour autant la mythifier. Agnès Baillon https://agnesbaillon.com/biographie/ Entourée de sculptures de toutes tailles, assise sur un tabouret haut, Agnès pose son pinceau et observe la petite femme en face d’elle. D’une main sûre de maman expérimentée, elle enlève quelques résidus de poussière sur l’épaule de sa création, lui masse un peu les épaules puis laisse glisser sa main jusqu’à s’en détacher. Dans le vide. Elle a sauté. Elle se raccroche au regard translu- cide de celle qu’elle vient de quitter. Elle lui sourit. On s’approche de la petite femme posée sur le trépied pour mieux la voir. Vêtue d’un maillot et d’un bonnet de bain, le regard droit et clair, elle semble déjà loin des questions que l’on pourrait se poser, du qu’en-dira-t-on de son corps imparfait et de son crâne lisse. Marjolaine Nonon

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Photo tivital

’est un grand terrain de nulle part…Comme Bashung, la peintre Marion Tivital (49 ans, vivant à Paris), parcourt, mais des yeux, ces no man’s land contemporains, ces sites industriels qui, vus sous un certain angle et à une certaine distance, ressemblent à des legos. Elle apprécie en particulier les ports industriels, les docks, les containers, les palettes, les raffineries, les déchetteries, les usines modernes… Elle en fait des pochades ou des croquis sur place, prend des photographies, puis «travaille à l’atelier en reprenant plusieurs fois ses toiles, en passant une multitudes de couches de peinture, en simplifiant le motif pour en retirer l’essentiel, en gommant ses aspects utilitaires et durs». Et ce parfois jusqu’à l’abstraction : toute une partie très touchante de l’exposition représente des espaces industriels vidés de toute présence humaine, réduits à quelques parallélépipèdes de couleurs aux lignes flottantes plongés dans des camaïeux de gris. Fantômes tremblants, émouvants et un peu inquiétants. «J’aime bien peindre des choses ingrates », ajoute l’artiste, « et dénicher la beauté là où elle n’est pas évidente. J’éprouve un plaisir sensuel à peindre cela, à m’employer aussi à composer des masses, des plans… Les lumières grises sont aussi très importantes». Les œuvres de Marion Tivital sont simples, lourdes de mystère, silencieuses, un brin mélancoliques. Jean-Emmanuel Denave https://www.mariontivital.com/textes/ Dans sa création enchantée, dans les paysages d’une modernité enfin habitable, Marion Tivital fait respirer l’étendue. A coups de fabuleux vertiges d’espace. A coups retenus de formes adoucies, et de chromatique assourdie et délicate. PALAZZI 11VENEZIA

De mystères latents et d’insaisissables surgissements. On voit au loin, au bord de l’horizon, des blocs d’architecture, déserts et désertés. Rien ne se passe plus. Tout est passé au profond. Tous les dehors aigus du monde ont disparu. Profondeur enfon- cée dans la profondeur…. L’univers subtil de Marion Tivital prend sa source dans les marques souterraines du dedans. Et dans l’ivresse éternisée de l’immobile, nature et architecture fusion- nées vivent les secrets de l’impossible plénitude. Marion Tivital ignore la violence pulsionnelle, gestuelle et chromatique, qui répond durement aux surfaces fabriquées des écrans contemporains. Elle ose la sensibilité la plus vive et la plus rare. Elle laisse sourdre les mesures exactes d’un monde qui n’existe pas, qui n’a jamais existé et qui n’exis- tera jamais. Enigme de l’étendue qui s’étend sans limite. Tout est là, et en même temps, tout a eu lieu. Fusion de l’espace et du temps, de la peinture et de l’affect intime. Le temps de ces étendues envoûtées est temps d’oubli, suspendu, sans pesanteur et hors durée. Empreintes-étreintes du temps. Marion Tivital voile de souterraine mélancolie les affres de la réalité, les blessures des apparences. La brutalité colorée, comme le sang, s’est retirée. Dans l’effacement des plaies mondaines, elle enregistre une lente gestation d’univers, une possible espérance. Christian Noorbergen


Photo aquitaineonline.com

aroline Secq est née à Lille. Elle fréquente Hyppokhâgnes, étudie les arts plastiques et les lettres modernes. Elle obtient également un Master en psychologie spirituelle à l’Université de Santa Monica (Etats-Unis). Conceptrice en agence de publicité, elle devient ensuite thérapeute du langage, responsable de presse pour Musicora et Consultante internationale en communication. Elle commence à dessiner au pastel à l’huile et à façonner des compositions qui se transformeront en familles de fétiches et en « Marées basses», constituées de matériaux ballottés par les eaux. Après son séjour aux Etats-Unis, elle poursuit sa création qui, après les fétiches et les gris-gris, s’oriente vers les « Echeveaux Sauvages », un travail d’assemblage textile « qui vient caresser l’œil autant que la main », précise-t-elle. Artiste reconnue, installée sur la côte landaise depuis une vingtaine d’années, elle travaille ses assemblages à partir de matériaux récupéré s sur les plages et utilisé tel quel, brut, sans ajout, peinture ou transformation. Malgré le désordre apparent des compositions, rien n’est le fruit du hasard : la recherche permanente d’harmonie permet d’entrer en rés-

CAROLINE SECQ

jusqu’au 4 juillet 2021 Crypte Sainte Eugénie Place Sainte-Eugénie 64200 Biarritz www.biarritz.fr

onance avec l’oeuvre, révélant des morceaux de vie, des traces, des empreintes, des couleurs exceptionnelles...: une invitation à voir le monde différemment et à déconstruire nos propres représentations. « Mon travail se construit tout en strates, superpositions, emboîtements, mais aussi entremêlements et méli-mélo.Caroline Secq J’y conjugue et j’y assemble nos débris en dérive sur les plages pour inviter au voyage paradoxal qui va du rebut au re-beau. De l’art d’accommoder les restes! D’un côté le déchet, rejeté dans tous les sens du terme, celui qui dérange et que l’on voudrait ne pas voir, celui qui aujourd’hui nous déborde littéralement autant que littoralement ! De l’autre, l’incroyable beauté de ces restes échoués, divinités déchues, trésors maculés, morcelés, abandonnés; fragments de plaisir, d’utile ou d’improbable. Évocations merveilleuses et dégénérées d’une autre vie, celle d’avant... Sur le mouroir de nos plages, je travaille avec ce qu’il reste et ce que nous laisserons; méditation sur origine et devenir, perte de sens et renaissance, esprit et matière, gloire et décadence, transformation et sublimation.» Caroline Secq « Non, je ne vois pas dans l’oeuvre de Caroline Secq de message de dénonciation de la pollution des mers, je ne vois pas non plus de «récup’art» de type «brut» ou «singulier»…

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Photo carolinesecq

Je vois seulement un magnifique et très personnel travail de composition, intelligent, ludique et sensible, plein d’inventivité et de plaisir dans la mise en forme, entièrement dédié à la seule sublimation d’un matériau d’une grande richesse sensuelle, chargé certes fantasmatiquement par des années de macération au gré des courants marins, mais qu’il faut prendre pour ses qualités plastiques immédiates, pour sa beauté intrinsèque et non pour ses aventures passées. Et c’est dans ce dépassement de l’histoire vécue des objets qu’elle assemble, dans leurs retrouvailles au bout d’un long voyage, sur une autre histoire, que la création de Caroline Secq est forte, distanciée et unique ». Pierre Souchaud, critique d’art Caroline Secq vit entre Paris et les Landes où elle possède son atelier. A vécu successivement, et parfois simultanément, à Lille, Toulouse, Clermont-Ferrand, Paris, Santa Barbara (USA) et Bordeaux… Quelques expositions • Centre d’art contemporain Raymond Farbos, Mont-de-Marsan, 2019 • Musée de la faïence, Samadet, 2019 • Musée Georges de Sonneville, Gradignan, 2018 • Château La Croix-Davids, Bourg-sur-Gironde, 2018 • Biennale art sacré, Lyon, 2017 • Drapart, Musée de la mer, Barcelone, 2017 • Comparaisons, Grand Palais, Paris, 2012 à 2015 • Musée de la sculpture romane, Cabestany, 2016 • Galerie la Boucherie, Saint-Briac, depuis 2010 PALAZZI 13VENEZIA

• Le Temple, Plobannalec-Lesconil, 2015 • Le Patio, Ville d’Anglet, 2014 • Chapelle Saint-Libéral, Ville de Brive, 2013 • Le Présidial, Ville de Quimperlé, 2011 • Galerie Espace Point barre, Lille, 2010 • Musée de la Création Franche, Bègles, 2006 L’église Sainte-Eugénie est située à Biarritz, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle dépend de la paroisse Notre-Dame-du-Rocher qu’elle forme conjointement avec les communautés paroissiales de l’église Saint-Joseph, de l’église Saint-Charles, de l’église Saint-Martin, de la chapelle du Saint-Esprit du Braou et enfin de l’église Sainte-Thérèse de Biarritz. L’église est desservie depuis 2012 par la communauté Saint-Martin, à la demande de Mgr Aillet, évêque de Bayonne. L’église Sainte-Eugénie est placée sous le vocable de sainte Eugénie, patronne de la femme de Napoléon III, l’impératrice Eugénie de Montijo. C’est une église néo-gothique en pierres grises qui domine le Port Vieux1. La crypte abrite la tombe du curé Gaston Larre, premier curé de la paroisse en 1884 et qui avait décidé la modification de la petite chapelle originelle. Aujourd’hui elle accueille des expositions d’art de la ville1. Isabelle Chanut


et encore d’autres à suivre...

Provenances : Fonds d’archives des artistes et Collections privées

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Artistes exposés : AIR ALEXONE - BIRDERLINE - BLADE - BOM.K - BROK - COKNEY - CRASH - DEE NASTY - DARCO - DEACE DER - DIZE - DONDI - DR CLARK - ESBONER - FAST - FYRZE - GIGEL NICOLAS GLU - HOLD - HONDO - ICE - IEAONE - INOV - IOYE JAYONE - JONONE - JUAN - KATRE - KONGO - KOOL SHEN - LADY PINK- LEK - LES GENS - LOKISS MARTHA COOPER - MARKO 93 - MEO - MEUSHAY - MIST- MODE2 - MONER - MONSTA - Mourad BO - MOZE156 - MYRE - NEBAY - NESH - NESTA NOC167 - NUBIAN - OGRE -Olymp_SF_rs_MOKER - MANK -ONICKX - ORUS - PART1 - PAZER - PISKO LOGIK - POPAY - PRINCESSE - PSYCKOZE - QUIK - RCF1 - RESE - RETRO RIME -ROND75 - SAERONE - SAN ONE - SEEN - SERA -SIDNE – SILVIO MAGAGLIO - SINO - SONER - STESI -TCHEKO - TIGA SAND - T KID170 - TAREK -TONCE -TORE - TREBOR TURF ONE - VISION - WIRE -WXYZ - YOME - ZEKY…

« SKETCH, de l’esquisse au graffiti »

Exposition organisée par TAXIE GALLERY. Commissariat : Valeriane Mondot / Myriama Idir Conseil artistique: Hondo Du 12 juin au 12 septembre 2021. Cité Musicale de Metz

Arsenal 3 avenue Ney, 57000 Metz

tous les artistes. D’abord un grand merci ! A ceux qui découvriraient leurs noms dans la liste et s’en étonneraient, je vous présente mes excuses. Certains n’ont pas répondu à mes mails - probablement tombés dans d’anciennes boîtes, ou sur des insta non visibles ou encore parfois oubliés. Un petit nombre d’œuvres d’artistes dont le travail me semble essentiel, et que j’apprécie fortement m’ont été alors proposées via des collections privées. Elles sont très peu nombreuses. Sur les quelques 300 œuvres exposées, pas plus de 20 viennent de là et d’environ 5 collectionneurs. Toutes les autres proviennent de tous ceux qui ont souhaité participer. L’exposition prévue initialement en 2020 a du être renouvelée et réétudiée au moment d’une réorganisation de l’équipe constituant l’exposition. Mais beaucoup déjà avaient reçus des 2019 même quelques informations sur le sujet. .. il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font aucune erreur.. J’en ferais certainement encore beaucoup ! Je suis à votre disposition pour toutes vos réclamations, coups de gueule, ou satisfaction (ça aussi ! ) Vous trouverez mes contacts aisément. Sinon ici https://www.facebook.com/valeriane.gallery Bien à vous tous, Valériane.

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onnu avant tout pour ses natures mortes dépouillées et énigmatiques, pour son attachement viscéral à sa ville natale, Bologne, et pour sa vie monacale entièrement dédiée à l’exercice de son art, Morandi s’est imposé ces dernières décennies comme un artiste majeur du XXe siècle. C’est à travers le regard de l’un de ses collectionneurs, Luigi Magnani, que cette exposition se propose d’aborder l’univers du maître bolonais. Grâce au prêt généreux consenti par la Fondation Magnani-Rocca de 50 oeuvres de l’artiste, complété par celles conservées dans les musées français, le parcours se veut avant tout une introduction intimiste à l’univers de Morandi. Catalogue Sous la direction de Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble, Sophie Bernard, conservatrice en chef chargée des collections d’art moderne et contemporain au musée de Grenoble, Alice Ensabella, enseignante d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Grenoble-Alpes et Stefano Roffi, directeur scientifique de la Fondation Magnani-Rocca. Coédition Musée de Grenoble / In Fine éditions d’art Reliure : Cartonnée contrecollée Pages : 256 Illustrations : 126 Format : 22 x 28 cm Langues : Français EAN/ISBN : 9782382030066 Prix : 28€

Le musée de Grenoble présente une exposition consacrée au grand peintre et graveur italien

Giorgio Morandi (1890 - 1964)

jusqu’au 4 juillet 2021 en partenariat avec la Fondazione Magnani-Rocca

5 place Lavalette 38000 Grenoble

TéL.: +33 04 76 63 44 44 musee-de-grenoble@grenoble.fr

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Giorgio Morandi est à l’honneur au musée jusqu’au 4 juillet. Avant de découvrir l’exposition, nous vous dévoilons 5 anecdotes à connaitre sur l’artiste italien. « Certains peuvent voyager à travers le monde et ne rien en voir. Pour parvenir à sa compréhension, il est nécessaire de ne pas trop en voir, mais de bien regarder ce que l’on voit » (Giorgio Morandi). Morandi, éternel célibataire surnommé “le moine” ou « l’ermite bolonais », a vécu de 1910 à 1964 dans le même appartement de la Via Fondazza à Bologne, avec ses trois sœurs. Il ne quittait sa chambre-atelier de 9m2 que pour aller enseigner à l’académie d’art toute proche, et ne fit que de très rares voyages dans son pays natal (principalement en Emilie-Romagne, la région de Bologne) ou en Suisse. Un artiste confiné avant l’heure ! Une seule commande ! Au début de leur relation, Luigi Magnani, collectionneur et ami de Morandi, décida un jour de lui passer une commande spécifique. Le voilà donc qui arrive avec un luth vénitien et des flûtes indiennes, un univers musical et fastueux totalement étranger à l’artiste. Embarrassé, Morandi ne peut pas refuser… et réalise “Natura morta con strumenti musicali (suit page 16)


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(suit de la page 15) qui deviendra un unicum dans toute la production de l’artiste. Cette œuvre est à découvrir dans l’exposition mais vous allez vite vous rendre compte que le tableau réalisé ne correspond pas à l’œuvre commandée… En difficulté par le choix du sujet et face à la préciosité de ces objets, Morandi se rend aux puces, achète un jouet en forme de guitare ! Il récupère aussi une petite trompette et une vieille mandoline oubliée par l’un de ses cousins. Ce sont ces instruments que Morandi décide de saisir dans sa nature morte. Lorsque Magnani vient récupérer sa peinture, ses instruments précieux sont oubliés dans un coin de l’atelier ! Cet épisode, certes anecdotique, nous dit beaucoup sur la rigueur et la profondeur de la démarche artistique de Morandi, que Magnani reconnaît à postériori, et avec regret, ne pas avoir comprise et respectée à l’époque: «Je suis parti heureux, mais inconscient de la grande et généreuse preuve de sympathie qu’il était en train de m’accorder en acceptant de peindre son premier (et ce fut le dernier) tableau “sur commande”» A leur arrivée, chaque nouveau président américain sélectionne une série d’œuvres pour décorer leurs quartiers privées à la Maison Blanche. Lorsque Barack Obama est arrivé en 2009, il a choisi, fait rare, deux artistes non améric-

ains : Nicolas de Staël et… Giorgio Morandi avec pas moins de deux de ses peintures. Aujourd’hui encore, le travail de Morandi fascine les autres artistes. On peut observer ses œuvres dans des films de Michelangelo Antonioni (La notte, 1961) ou de Federico Fellini (La dolce vita, 1960). Dans ce dernier film, Marcello (joué par Marcello Mastroianni) décrit ainsi une peinture de Morandi : « Les objets sont baignés dans une lumière de rêve, et pourtant, ils sont peints avec une matière, une précision, une rigueur qui les rend presque tangibles. C’est un art où rien n’arrive par hasard ». La littérature aussi est captivée par l’œuvre de Morandi. On le retrouve cité dans les écrits de Pier Paolo Pasolini, Paul Auster, Don De Lillo (L’homme qui tombe) et Siri Hustvedt (Vivre, penser, regarder, 2012). Un Morandi au musée de Grenoble ? Un rêve devenu possible après une traque de 2 ans, de Londres au Canada, en passant par Genève ! Guy Tosatto, directeur du musée, a réalisé cet exploit en 2015 grâce au club de Mécènes. “Si un moment, on ne décide pas d’acheter une œuvre d’un artiste important, le temps passant ça devient totalement impossible. Pour Morandi, c’est la date limite, le moment où jamais parce que je fais le pari que dans 5 ans, ce tableau vaudra au moins le double, voire plus.” (Guy Tosatto) L’œuvre est venu compléter le fonds d’art italien du XXe siècle déjà très riche. https://www.museedegrenoble.fr/ PALAZZI 16 VENEZIA


Photo archivescrepax

’exposition, réalisée en collaboration avec les Archives Crepax et sous la direction d’Alberto Fiz, présente la recherche artistique de l’un des maîtres les plus influents de la bande dessinée, Guido Crepax (1933-2003), à travers son personnage le plus emblématique, Valentina, et consiste en une exposition immersive expressément conçue pour le Centre Saint-Bénin d’Aoste, avec plus d’une centaine d’œuvres comprenant des planches originales, des objets de design et des silhouettes tridimensionnelles. Le spectateur sera accueilli par un parcours thématique divisé en sept sections, allant de l’art à la musique, du cinéma au théâtre, de la littérature à la publicité, autant de domaines dans lesquels s’est exprimée la recherche artistique de Guido Crepax. Une section portera sur la mode, la publicité et le design avec des objets créés par Crepax, dont certains n’ont jamais été vus auparavant. L’exposition comprendra également une reconstitution de l’atelier de l’artiste, avec sa table de travail et la caisse du violoncelle de son père, qui apparaît dans de nombreuses images des bandes dessinées. Le Centre Saint Bénin, ouvert au public comme centre d’exposition de la Région Vallée d’Aoste en 1986, a des origines très anciennes qui remontent aux environs de l’an 1000, date de sa fondation par les Bénédictins. Présentera la recherche artistique de l’un des maîtres les plus influents de la bande dessinée, Guido Crepax, à travers son personnage le plus emblématique.

GUIDO CREPAX

I mille volti di Valentina du 12 juin 2021 au 17 octobre 2021

Centro Saint-Bénin via Bonifacio Festaz 27

Aosta, tel. +39 0165272687 u-mostre@regione. vda.it.

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Crepax (Milan 19332003), architecte et graphiste, était certainement l’un des plus célèbres dessinateurs et auteurs de bandes dessinées italiens au niveau international. Au cours de sa carrière, il a créé plusieurs personnages féminins, Belinda, Bianca, Anita, Giulietta, mais c’est à Valentina, qui apparaît pour la première fois dans Linus de la série Neutron en 1965, qu’il a sans doute consacré la majeure partie de son talent artistique. Photographe agitée et non conventionnelle, ressemblant à l’actrice L. Brooks, Valentina est rapidement devenue la protagoniste absolue de la série, À Valentina, expression d’un érotisme qui bénit la culture, Crepax a donné un monde de voyages, de rêves, d’art, de littérature, de cinéma, de photographie, de psychanalyse. Pendant près de quarante ans, Valentina a été presque son alter ego féminin. Avec Valentina, Crepax a révolutionné l’histoire de la bande dessinée, en offrant aux hommes, de préférence des intellectuels, le rêve d’une provocation intelligente de la féminité. Plongés dans une atmosphère onirique, les événements sont exprimés par un savant montage de vignettes et une accumulation de gros plans qui révolutionnent la mise en page traditionnelle de la bande dessinée.


Photo louisejallu

e nombreux hommages ont été rendus au maître du tango nuevo, dont nous avons célébré le centenaire de la naissance en 2021. Bien trop peu ont égalé le niveau d’excellence du musicien lui-même, monument de son vivant. C’est le pic himalayen que Louise Jallu a osé gravir avec toute sa désinvolture juvénile. La bandonéoniste s’est entourée de deux hommes d’expérience : Bernard Cavanna, co-créateur de la chaire de bandonéon du conservatoire de Gennevilliers, et l’étonnant pianiste Gustavo Beytelmann qui a eu la chance de jouer aux côtés de Piazzolla. Tous deux savent bien qu’avant de se mesurer à celui qui fut à la fois un visionnaire rénovateur du tango, il leur faut suivre le chemin qui leur offre la possibilité de s’imprégner de l’ambivalence essentielle de Piazzolla : puiser au plus pro-

Le 17 juin 2021 vous êtes invités au Camargo pour une soirée concert avec

Louise Jallu bandonéoniste de renom et véritable sensation de tango moderne. Evénement en partenariat avec le Marseille Jazz des Cinq Continents. Événement gratuit, réservation obligatoire https://www.weezevent. com/louise-jallu-solo

Fondation Camargo 15 avenue de l’Amiral Ganteaume 13260 Cassis www.marseillejazz.com/

fond de la tradition pour trouver des voies jusque-là inexplorées. Plus on plonge dans la musique de Piazzolla, plus on se rend compte qu’il faut renoncer aux évidences et chercher dans son “moteur secret” - ce moteur secret avec ses articulations, ses ruptures de rythme, ses mélodies constamment étirées et étendues - de nouveaux espaces, d’autres élans possibles - quitte à se perdre dans ses méandres. Au fond, on ne sait pas vraiment où elle va nous mener”, prévient Louise Jallu qui a judicieusement choisi d’utiliser comme loupe, comme couteau parfois, elle s’attaque à une dizaine de pièces écrites par ce mélodiste hors pair. Oblivion, Buenos Aires Hora Cero, Soledad, Adiós Nonino, et bien sûr Libertango sont au menu de cet album. La Française ne joue pas ici la carte du revival, elle préfère s’éloigner de l’original. C’est-à-dire : dans l’esprit de, jamais à la lettre de. “Si tu veux apporter quelque chose de nouveau, tu dois faire autre chose. Vous vous emparez de sa musique comme si c’était un classique, puis vous lui donnez une autre direction.” Loin d’être un faible simulacre, Louise Jallu adopte un virage vivifiant aussi scrupuleux que critique, ralentissant le tempo, défrichant de nouvelles voies harmoniques, reformulant la mélodie. En un mot, Louise ajoute son propre commentaire, comme des notes de bas de page, même si elle prend le parti d’une certaine irrévérence pour mieux prouver sa déférence envers l’Argentin... Il s’agit de s’accorder parfaitement avec la post-modernité singulière qui imprègne ce corpus. C’est le point sensible, le seul, où se produit une relecture pertinente de ce maître et où les clichés peu-

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Photo louisejallu

vent être éludés, à condition de savoir écouter entre les lignes. Une accentuation ici, un tempo finement composé là. Plus loin, un rythme qui swingue, une modulation qui libère les fréquences, une superposition de sons d’ambiance, autant de reconstructions pleines de promesses de lendemains qui chantent. Louise Jallu sait exploiter tout l’arsenal des potentiels créatifs contenus dans la trame des partitions originales. Elle les utilise comme les obliques gravées par son quatuor (le violoniste Mathias), claviériste Grégoire Letouvet, contrebassiste Alexandre Perrot), l’extraordinaire clairon de l’iconoclaste Médéric Collignon. Une présence emblématique, un chatoiement fantomatique offrant une splendide improvisation avant de revenir à ces quelques touches du clavier électronique. Son écho se répercute bien après qu’il ait cessé. Comme s’il fallait s’y attendre. Révélation du tango moderne, cette jeune virtuose du bandonéon, propose un répertoire mélangeant d’une part, des morceaux de son répertoire « Francesita » autour des compositions du compositeur Enrique Delfino (1895–1967), et inspiré par l’étonnant livre d’Albert Londres sur la « traite des blanches » en Argentine, d’autres part, des œuvres du grand Astor Piazzolla, inventeur du tango nuevo, dont on a célébré en 2021 le centenaire de la naissance. L’hommage que lui a rendu Louise Jallu sur son nouvel album « Piazzolla 2021 » a été unanimement salué par la presse.

voir la vidéo ht t ps: //yout u. be/ ahJek0MS8hc

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Authentique révélation du tango moderne, débute le bandonéon à l’âge de 5 ans au Conservatoire de Gennevilliers avec Jean-Baptiste Henry, Juan José Mosalini et César Stroscio. Ce dernier lui confie sa chaire de professeur au Conservatoire de Gennevilliers en 2018. Elle étudie également la composition avec le compositeur Bernard Cavanna (Pensionnaire de la VillaMédicis 1984 /Victoire de la musique 2000). En 2011, alors âgée de seize ans, elle remporte le 2ème Prix de la catégorie bandonéon solo du Concours International de Klingenthal en Allemagne. Désireuse de repousser les limites du tango, Louise Jallu fonde sa propre formation avec un Quartet composé de Mathias Lévy (violon), Grégoire Letouvet (piano) et Alexandre Perrot (contrebasse), qui ouvre l’univers du tango au jazz et aux modes de jeux contemporains, notamment au travers d’une collaboration avec Bernard Cavanna sur son projet « Francesita », recueil d’arrangements de tangos d’Enrique Delfino (Label Klarthe, distribution Harmonia mundi/ Pias). Elle multiplie les collaborations avec Sanseverino, Claude Barthélémy, Claude Tchamitchian, Tomas Gubitsch, Katerina Fotinaki, César Stroscio, Anthony Millet et actuellement avec le pianiste Gustavo Beytelmann. https://en.louisejallu.com/


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e suis un artiste de performance, je suis le langage le plus hybride de l’art, je défends la thèse de l’anti-psychiatrie. Mon corps est au centre de mon questionnement, il est à la fois l’objet de mon travail et le sujet de mes recherches. Mon corps est un moyen de dénoncer tous les abus et les limitations de la société contemporaine concernant nos corps. Je mets mon corps à disposition pour créer une image vivante à partager avec le public. Les installations spécifiques du site, les installations vidéo, les photos et les vidéos sont des traces et des issues d’œuvres d’art de mes performances. Mes performances sont très longues et les gestes sont répétitifs. La répétition que j’utilise sert de loupe sur les détails de nos vies. L’accent n’est pas tant mis sur la répétition que sur le temps.

ROMINA DE NOVELLIS Nous travaillons à la résidence Domus Artist Residency de cet été à Galatina et à la conception du dîner écoféministe The last supper project/ La Cène avec de nombreuses et nombreux chercheur. se.s de la Méditerranée !

Je veux partager le temps, un moment avec le public. “Hic et nunc”. À une époque où le virtuel permet de faire des milliers de choses en même temps, c’est un défi pour moi de retenir le regard du public pendant plus de dix minutes. La répétition n’est pas seulement dans mon mouvement mais aussi dans ce regard : pour une fois, ils ne regardent qu’une seule chose se répéter encore et encore. Ils doivent s’adapter à un rythme différent. Certains ne viennent que pour le début et finissent par rester plusieurs heures. Mon corps est au service d’une analyse et d’une critique des systèmes culturels et politiques qui affligent la Méditerranée et ses habitants, dans l’histoire contemporaine. Je travaille sur les questions relatives à la zone euro-méditerranéenne. Ma cause concerne la condition des femmes dans le contexte plus large de toutes les cultures de la Méditerranée et pas seulement de la société occidentale, le drame que vivent les réfugiés et les migrants en traversant nos eaux, les droits des LGBT et des personnes handicapées, et plus précisément la précarité physique et psychologique, les hypocrisies internes d’un système social qui broie les êtres humains et les réduit à une carcasse qui se traîne dans la vie quotidienne. Je considère mon pays, l’Italie, comme étant au milieu d’une sorte de “sandwich” : L’Italie est en fait pressée entre l’Afrique et l’Europe, et elle représente la “zone de limbes” de ces deux mondes opposés. L’Italie se trouve au “Sud de l’Europe” et au “Nord de l’Afrique” en même temps et dans la même zone géographique métaphorique qu’un grand continent, l’”Eurafrique”, sans frontières mais avec tous les blocs et limites politiques, économiques et culturels.

lesamisdedomus@gmail.com www.domus-artistresidency.com/ PALAZZI 20 VENEZIA


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système politique occidental en crise).

Tout mon travail est entièrement inspiré et dédié à mes origines et à mon histoire personnelle. Je m’intègre dans un discours lié à la Méditerranée. Mon histoire et mon corps deviennent alors des métonymies d’une vision plus large de l’histoire commune. Romina de Novellis Romina De Novellis est une artiste de performance, née à Naples en 1982, qui a grandi à Rome et vit et travaille à Paris depuis 2008. Après quelques années consacrées à la danse et au théâtre, elle subit un grave accident de scooter en 2004. Par la suite, elle atterrit dans le milieu des arts de la scène en coupant le discours et la chorégraphie de sa recherche artistique, décidant de se concentrer sur le langage des gestes, remplaçant globalement le corps dans un environnement urbain. En 1999, elle obtient le diplôme de la méthode de la Royal Academy of Dance de Londres (certification RAD) et poursuit ses études au DAMS de l’Université de Rome 3, elle a été l’assistante du directeur artistique de Luigi Squarzina pour le Théâtre de l’Opéra de Rome. A Paris, elle étudie l’anthropologie (ph D) à l’EHESS.Les traces de son travail sont des photos et des vidéos tournées par son mari Mauro Bordin. Sa première monographie MEDITERRANEO (2019) présente une sélection de travaux des dix dernières années consacrés à la Méditerranée. (Des années durant lesquelles l’histoire et les cultures de la Méditerranée souffrent à cause de la précarité et des erreurs d’un

voir les vidéos vimeo.com/198582273 vimeo.com/139013280 vimeo.com/133810542 vimeo.com/129407086

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Les œuvres de Romina De Novellis ont été présentées sous forme de performances live ou d’expositions (vidéos, vidéo-installations, tableaux, installations) au : Kulturzentrum Faust 2019, Museo d’arte moderna e contemporanea Ca’ Pesaro Venise 2018, Manifesta collateral events Palermo 2018, Fondation Villa Datris Avignon 2018, Arco Art Fair Madrid 2018, Pompeii ruins 2017, Labanque Art Center Béthune 2017, Galerie Alberta Pane Paris et Venise (solo show 2016, group show 2017 et 2018), Armory Show 2016 et 2017 et 2017, Salotto Missoni NY 2017, Poznan Biennale 2016, Artissima Fair 2016, Video Art Verona 2016, MADRE Museum Naples 2016, Cairo Biennale Something Else 2015, Espace Louis Vuitton Paris 2015, Palais de Tokyo Paris 2015, Nuit Blanche Paris (2010, 2011, 2012), FIAC Art Fair Paris 2014, Friche Belle de Mai (Marseille Capitale Culturelle 2013), Opening week collateral program Venice Biennale 2011, 2013 et 2017 (opening week program), Musée de la Chasse et de la Nature Paris 2013, Zico House Beirut 2012, Le 104 Paris 2011. En 2020, ses œuvres sont présentées à : Fondazione Cerasi Palazzo Merulana et Fondazione Romaeuropa. romina-denovellis.com


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J’ai le plaisir de vous annoncer, de nouveau, mon expo solo sur une invitation de la GALERIE SATOR dans son espace du Marais ’est sous le signe de la nuit et de la nature que se placent les nouvelles toiles de Katia Bourdarel présentées à l’espace du Marais de la galerie Sator. Le noir ici domine : théâtre nocturne des métamorphoses. Métamorphoses végétales où se meuvent bribes d’arbres et nus mêlés, femmes nymphes et déesses originelles, ici Daphné, là Driopé ou les Héliades... Et nous voilà plongés dans une forêt intérieure nimbée de mysticisme et de mythes. Echo d’une nature ancestrale perçue comme retour aux sources, révélatrice de troubles vérités.

LES OMBRES QUE NOUS SOMMES KATIA BOURDAREL du 22 Mai 2021 au 6 juin 2021

GALERIE SATOR-MARAIS 8 passage des Gravilliers 75003 Paris https://galeriesator.com/ voir la vidéo https://youtu.be/NYL9RBj9yVE

La représentation du corps chez Katia Bourdarel trouve ses fondements dans une tradition classique qui ne cesse d’être pervertie, tamisée au filtre du présent et de ses vertiges. Chez elle, la beauté, et tout ce que cela draine d’idéal, de paradis, de joie, de lumière, de fleurs, ne cesse d’être ambivalente. Monstrueuse. Trouble. Monstrueuse beauté que l’on retrouve dans les toiles antérieures où l’artiste représente des corps liés, entravés, enfermés, transformés. Dans les toiles actuelles, une même ambiguïté demeure. « Ici », nous dit l’artiste, « les corps entre chien et loup se transforment dans un slow motion interrompu dans une image ambiguë : une volonté de retenir l’instant qui fuit, de ralentir, d’incarner la lenteur, de faire un pas de côté, vers une autre voie ». Les visages se dédoublent. Les corps se mutent, se diluent, s’étirent, se transforment en présence énigmatique. Dans ce mouvement de l’image, toute fixité du sens nous échappe. La peinture s’ouvre et nous interroge. Elle est comme cette nuit étoilée dépeinte par l’artiste : Etoiles ? Lucioles ? lumières électriques perdues dans les feuillages ? Elle s’éteint autant qu’elle illumine. Féerie de l’absurde. Sanctuaire de fêtes avortées. Elle révèle autant qu’elle dissimule. Une prière fanée. Un soleil perdu. Amelie Adamo https://galeriesator.com/-propos https://www.katiabourdarel.com/news

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ès son adolescence, Marc Riboud, silencieux, regarde. D’abord à Lyon, sa ville natale, puis en Europe, et bientôt vers l’Orient, l’homme aux semelles de vent traverse sans œillère et avec un profond intérêt pour l’Homme un siècle tourmenté. Il rejoint l’agence Magnum. Témoin privilégié, humaniste, il frôle les événements cardinaux ou dramatiques à travers le monde et toujours laisse à penser que la lumière peut arriver du cœur de l’homme. Une grande partie de ses voyages ont pour destination l’Asie. Marc Riboud, né le 24 juin 1923 à Saint-Genis-Laval (Rhône) et mort le 30 août 2016 à Paris, est un photographe français. Il est connu, entre autres, par ses livres sur ses reportages en Asie : Les Trois bannières de la Chine, Face of North Vietnam, Chine Instantanés de voyage, et ses plus récents Vers l’Orient et Cuba. Marc Eugène Riboud est le cinquième enfant d’une fratrie de sept. Il est élevé dans une famille bourgeoise lyonnaise (son père était diplômé de Sciences Po et un ami de jeunesse de Maurice Schlumberger, qui suivit la carrière des enfants Riboud, et son grand-père avait été l’un des fondateurs de la Lyonnaise de Banque). Il est le frère des industriels Antoine et Jean Riboud. En 1944, résistant, il participe aux combats du Vercors, qu’il rejoint avec le fiancé de sa sœur Françoise.

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www.guimet.fr/

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Celui-ci fut abattu par les forces d’occupation, une expérience qui l’a marqué à vie et déterminera sa vocation. Après la Libération, il étudie à l’École centrale de Lyon de 1945 à 1948. Il commence la photographie avec l’appareil photographique Vest Pocket Kodak offert par son père. En 1937, à 14 ans, il prend ses premiers clichés à l’exposition internationale « Arts et techniques dans la vie moderne» à Paris. Il photographie aussi les châteaux de la Loire. En 1951, alors ingénieur à Villeurbanne, il «oublie» de rentrer d’un congé pris pour photographier le festival de Lyon et s’installe alors à Paris où, grâce à son frère Jean, il rencontre Henri Cartier-Bresson puis Robert Capa, deux des créateurs de Magnum Photos. En 1953, il photographie “Le Peintre de la Tour Eiffel” où éclate déjà son talent et son goût de la composition de l’image. Cette photographie sera sa première publication dans Life et son ticket d’entrée à Magnum Photos. Après un premier reportage en Yougoslavie, sur les conseils de Robert Capa, il part un an en Grande-Bretagne et photographie Londres et Leeds qui se relèvent lentement de la guerre. En 1955, il prend la route à Istanbul (suit page 24)


Photo centregeorgepompidou

(suit de la page 23) (avec la Land Rover de George Rodger) et traverse l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan pour atteindre l’Inde. Il y séjourne une année avant d’obtenir son visa pour la Chine où il fait en 1957 son premier long séjour. En 1958 il termine son voyage en Extrême-Orient par un séjour au Japon qui sera avec “Women of Japan” le sujet de son premier livre (avec un texte de Christine Arnothy). Il reprend à nouveau la route à partir de l’Alaska en hiver 1958 jusqu’à Acapulco. De 1960 à 1962, Marc Riboud photographie les indépendances africaines, fait plusieurs séjours en Algérie et photographie la liesse de l’indépendance en juillet 1962. En 1965, il retourne en Chine et photographie les prémices de la révolution culturelle ; il publie “Les Trois Bannières de la Chine” aux éditions Robert Laffont. En 1967, à Washington lors d’une manifestation contre la guerre au Viêt Nam, il photographie une militante qui tend une fleur aux soldats. Cette photographie, “La Fille à la fleur” deviendra une icône de la paix. En 1968, il photographie les manifestations étudiantes de mai à Paris et voyage au Nord et au Sud Viêt Nam. Il retourne au Viêt Nam en 1969, en 1972 et aussi

en 1976 ; il photographiera la rééducation forcée des cadres par le pouvoir communiste. Au cours des années 1970, il retrouve la Chine où il retournera régulièrement pour suivre son évolution et ses transformations jusqu’à son dernier séjour à Shanghai en 2010. En 1973, il couvre le procès du Watergate à Washington. Il se rend plusieurs fois à Prague pour soutenir les signataires de la Charte 77 et surtout son amie Anna Farova, historienne de la photographie. En 1979, il est à Téhéran lors de la prise d’otages de l’ambassade des États-Unis et pour photographier les foules en délire fêtant le retour de l’ayatollah Khomeiny. En 1980, il se rend en Pologne pour un long reportage sur les débuts de Solidarnosc. En 1987, il photographie à Lyon le procès de Klaus Barbie. À partir de 1986, sur les conseils de son ami le peintre Zao Wou-Ki, il découvre Huang Shan, et est fasciné par la beauté de ces montagnes qui ont inspiré les peintres chinois. Il fait aussi plusieurs séjours à Angkor, amoureux de ces temples envahis par les racines et les arbres séculaires. Dans les années 1990, il accompagne ses expositions à travers le monde et s’attache à publier des livres. En 1998, après l’apartheid, il va en Afrique du Sud, à Johannesburg, à Soweto et dans des villages éloignés PALAZZI 24 VENEZIA


Photo marcriboud

de la capitale. En 2008, il se rend à New York pour photographier la victoire de Barack Obama. En 2009, il publie des photos du Tibet dans Les Tibétains avec les textes d’André Velter qu’il a rencontré pour ce livre comme il le relate lors de leur entretien dans l’émission “Sagesses bouddhistes” en novembre de la même année. En 2010 il fait un dernier voyage à Shanghai pour inaugurer une exposition. Sa santé fragile le contraint à rester à Paris jusqu’à sa mort, le 30 août 2016. Il faut avoir bon pied bon œil et le cœur sacrément accroché pour monter à l’assaut du vieil escalier en colimaçon aujourd’hui disparu de la Dame de Fer de Gustave Eiffel. Surtout lorsque l’on a 30 ans, l’étonnement provincial et le tempérament timide, armé d’un seul film Kodak et d’un Leica en bandoulière dont le viseur, sur les conseils d’Henri Cartier-Bresson, a la fâcheuse manie de voir le monde à la renverse. Premier vertige de photographe pour Marc Riboud, ingénieur reconverti en reporter du hic et nunc, ici à près de 300 mètres au-dessus de Paris. De cette poignée de funambules peignant à contre ciel sans filet, un seul passera à la postérité. À l’heure du casse-croûte, entre deux rondelles de saucisson, on le surnomme Zazou, et c’est vrai qu’il a de l’élégance et du swing, même 55 ans après, à

À l’occasion du legs de toute son œuvre au musée, le MNAAG organise la première rétrospective Marc Riboud. Publication : Marc Riboud, catalogue publié en coédition avec la Rmn-GP, 272 pages, 35 €

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jamais acrobate de tout son être, oiseau de pied en cap sur fond de brume et de Trocadéro. Face à l’équilibriste, un voyeur discret, fermant les yeux de peur chaque fois que le professionnel se penche pour tremper son pinceau, et qui réalise là sa première photo-fétiche. Sur la planche contact, une fois le guetteur redescendu sur terre, Robert Capa choisit la bonne, la 24ème, et la vend à un magazine prestigieux. “Bienheureux en haut de la Tour Eiffel”, c’est ainsi que Life a titré l’homme au faux air de Chaplin et au trois-quarts profil fumeur à la Humphrey Bogart. « C’est la réalité qui est au bout de la ligne de mire – la réalité que le cadrage peut transformer en rêve » nuance Marc Riboud, qui ne cesse de répéter que non è pericoloso sporgersi, et qu’il faut désobéir aux mises en garde des chemins de fers de notre enfance. S’il lui arrive de préférer au Leica trop lourd un appareil jetable, c’est que ce grand nom de l’agence Magnum sait que la seule chose qui compte ce n’est pas la technique ni le métier, mais le coup d’œil : « Si le goût de la vie diminue, les photos pâlissent parce que photographier, c’est savourer la vie au centième de seconde. » Sophie Nauleau https://www.eyrolles. com/


Photo thegardian.com

l’entretien quotidien de la fameuse moustache relevée, figure incontournable de l’esthétique dalinienne. L’homme, le maître, le merveilleux. Qui ne le connaît pas ? Salvador Dalí est certainement l’un des artistes plus exceptionnels et extravagants que histoire ait jamais connue. Dali est l’incarnation du surréalisme, mais il est aussi connu pour son personnage hors-norme. Salvador Dalí pensait qu’il était la réincarnation de son frère Avant la naissance de Dalí, sa mère a donné naissance à son frère. Son frère était malade et mourut alors qu’il était âgé de seulement 22 mois. Neuf mois plus tard, le Dalí que nous connaissons était né...avec le nom de son frère. Quand il avait cinq ans, ses parents lui dirent qu’il était la réincarnation de son frère décédé. Il garda cette croyance tout au long de sa vie d’adulte. Dalí avait une obsession un peu étrange pour Hitler À l’époque de la prise de pouvoir d’Hitler, la plupart des artistes surréalistes se démarquèrent totalement du fascisme et d’Hitler. Dalí, en revanche, était fasciné par Hitler. Il a exécuté en 1939 une peinture appelé “L’énigme d’Hitler”. Ses amis surréalistes l’accusèrent de glorifier le dictateur. Cependant, Dalí nia être un sympathisant nazi. Après la guerre, il a créé deux autres œuvres faisant référence à Hitler ; “Métamorphoses du visage d’Hitler dans un paysage lunaire avec accompagnement “ (1958) et “Hitler se masturbant” (1973). Lorsque Dalí rencontra son épouse bien-aimée, Gala, elle était encore mariée au poète Français Paul Eluard. Elle avait dix ans de plus que Dalí. Ils restèrent ensemble jusqu’à la mort de Gala, malgré ses nombreuses relations adultères. PALAZZI 26 VENEZIA

SALVADOR DALI

ous sommes en 1970 et Salvador Dali participe en tant qu’invité à un talk-show américain populaire, The Dick Cavett Show, diffusé sur ABC. Dans cette vidéo, qui témoigne de l’événement, on voit l’artiste espagnol histrionique se livrer à l’une de ses performances publiques les plus classiques. Après l’entrée scénographique avec un tamanoir en laisse (“c’est le seul animal angélique, avec le rhinocéros”, explique-til), Dali se lance dans une conversation surréaliste avec le présentateur, pleine d’affirmations et de phrases sibyllines composées dans un étrange mélange de langues: un peu d’anglais, un peu de français et une touche d’espagnol. Parmi les nombreux sujets abordés, un peu “en vrac“, tandis que le fourmilier se promène dans le studio sans être dérangé : le nombre d’or, la fameuse scène de l’œil coupé dans le film “Un Chien Andalou” et


Photo thegardian.com

Dalí acheta un château pour son épouse en 1969 à Pubol (Espagne), et il était seulement autorisé à lui rendre visite avec par invitation écrite. Malgré cela, c’était, apparemment, un mariage heureux. Leur union était si forte que Dalí a souvent signé ses peintures de leurs deux noms. Dalí a créé le Logo de Chupa Chups En 1969, Dalí fut approché par la marque espagnole Chupa Chups, afin de concevoir un nouveau logo pour la sucette. Il a conçu le nouveau logo, et la sucette est devenue un énorme succès. De nos jours, le logo est presque toujours le même. Les artistes surréalistes trouvaient que le travail deDalí était devenu excessivement commercial. Il fut exclu du mouvement surréaliste et on lui donna le surnom suivant : « Avida Dollars», en référence à son goût pour l’argent. Dalí avait une relation étrange avec les animaux de compagnie. Dans les années soixante, Dalí avait un ocelot domestiqué nommé Babou. Même son choix d’animaux de compagnie était exceptionnel. Il y a la rumeur selon laquelle Dalí eut un fourmilier comme animal de compagnie. Il s’est avéré que ce n’était pas complètement faux, puisqu’il l’a exhibé à la television aux Etats Unis. Dali trouva un sens profond au chou-fleur Dalí conduisit une fois sa voiture d’Espagne à Paris remplie de choux-fleurs.

voir la vidéo https://youtu.be/ 2Y4btzjsb0c

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Il expliqua qu’il avait trouvé un sens profond à ce légume. «Tout tire ses origines de la corne du rhinocéros !» «Tout tire ses origines de La Dentellière de Vermeer!» «Tout prend fin avec le chou-fleur !». Dalí publia son propre livre de recettes. Salvador Dalí avait une prédilection pour la bonne cuisine. Il aimait tellement la gastronomie qu’il publia son propre livre de recettes en 1973. Il contenait 12 lithographies originales et 136 recettes illustrées. Dalí a rendu ses secrétaires millionnaires. Dalí ne se souciait tellement pas des contingences quotidiennes qu’il «oubliait» parfois de verser leur salaire à ses secrétaires. Au lieu de les payer, en fait, il leur donnait un pourcentage sur ses ventes. Cela ne faisait pas forcément beaucoup à l’époque, mais aujourd’hui, cela peut représent des milions. Dali a failli s’étouffer en donnant une conférence en tenue de plongée.Dalí cherchait toujours à marquer les esprits, même lorsqu’il donnait une conférence. Une fois, il donna même une conférence vêtu d’une tenue de plongée et avec un casque de plongée! Quand il a commencé à étouffer à l’intérieur de la combinaison, le public a estimé que cela faisait partie de sa performance. Il faillit en mourir...mais s’en sortit sain et sauf. https://www.catawiki.eu/


Photo paratissima peterlindbergh

é en 1944 et élevé à Duisbourg, le photographe allemand a passé deux ans à travailler sur une collection libre de 140 photographies qui offrira une vue approfondie de sa vaste œuvre, du début des années 1980 à aujourd’hui. L’exposition célèbre l’héritage de Peter Lindbergh, décédé en septembre 2019, et montre l’approche très personnelle de ce maître dans son travail. L’exposition est conçue en trois chapitres. Deux installations à grande échelle complètent la présentation et jettent un éclairage nouveau et surprenant sur l’œuvre de Lindbergh. “Manifest”, l’installation d’ouverture monumentale, qui présente plusieurs dos bleus à grande échelle, a été conçue spécialement pour la présentation et constitue une introduction intéressante et stimulante à la compréhension de la photographie de mode de Lindbergh.

Dans la section centrale de l’exposition, Lindbergh a choisi et arrangé ensemble les images qu’il considérait personnellement cruciales pour la portée de son travail. Il a expérimenté avec ses matériaux d’archives et a révélé de nouvelles histoires tout en restant fidèle à son langage. Des photographies emblématiques et d’autres jamais vues sont présentées par paires ou par groupes, ce qui donne lieu à des interprétations inattendues et évocatrices. L’exposition se termine par l’installation vidéo “Testa“(2014), qui révèle une facette jusqu’alors inconnue est la première exposition ment de la pratique et du caractère du photographe allemand. sur Peter Lindbergh, Tournée à travers un miroir sans tain, la vidéo montre l’échange silencieux entre la caméra de Lindbergh et Elorganisée par l’auteur mer Carroll. lui-même. Le condamné à mort de Floride a passé 35 minutes à reA Turin sera présenté garder attentivement son reflet : méditation, introspection la version complète du et expression faciale minimale. Présentée pour la première fois, l’installation Testament projet ajoute une dimension inattendue à l’exposition et ouvre une discussion sur des sujets qui étaient d’une importance capitale pour Peter Lindbergh : l’introspection, l’emjusqu’au pathie et la liberté. “La rétrospective consacrée à Peter Lindbergh (19442019) est à la fois un hommage, un portrait et un autoportrait. La sélection d’images a été réalisée par Lindbergh luimême, qui s’est longuement plongé dans ses archives à travers quarante ans de vie et de travail. ARTiglieria Con/temporary Une exposition intime, presque un testament inconscient, Art CenteR qui se développe comme un journal intime, où Lindbergh raconte son histoire à travers ses images. Via Verdi, 5 Il y a beaucoup de photographies célèbres, beaucoup TORINO d’inédits, des pages célèbres et d’autres secrètes, des hiPARATISSIMA stoires non racontées, qui maintenant, toutes ensemble, https://paratissima.it/ forment un voyage enveloppant et évocateur. PALAZZI 28 VENEZIA

Untold Stories

13 agosto 2021


Photo peterlindbergh

Ce sont les images qui créent la narration, qui racontent Lindbergh comme les mots ne pourraient le faire, établissant une relation directe avec le spectateur, avec une intimité et une sensorialité qui nient la nature froide et brillante de l’objectif de la mode. D’autre part, Lindbergh est un photographe, et pas seulement une icône de cette photographie de mode qu’il a révolutionnée au début des années 90, lorsqu’il a fait le portrait d’un groupe de jeunes mannequins inconnus dans la rue, sans maquillage et vêtus de jeans et de t-shirts. Il s’agissait de Linda Evangelista, Naomi Campbell, Christy Turlington, Tatjana Patitz et Cindy Crawford. De belles et vraies filles, chacune avec sa propre personnalité. Quelque chose de complètement différent des stéréotypes habituels. Un cliché que la nouvelle directrice de Vogue, Anna Wintour, a utilisé pour la couverture de janvier 1990, le début du phénomène des supermodèles. Personne ne les avait jamais montrées comme des femmes, comme des personnes, dont la beauté prend vie audelà du niveau purement esthétique. Il en a été de même pour tous ceux qui se sont trouvés devant son objectif, visages et corps d’actrices, de mannequins et d’acteurs qui se révèlent dans des portraits intimes et psychologiques, profondément humains et organiques. Des prises de vue au naturel, empathiques, sans retouches post-production.

voir la vidéo https://youtu.be/y-Rsf5fYQ4I

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“Telle devrait être la responsabilité des photographes d’aujourd’hui: libérer les femmes, pour enfin libérer tout le monde, de la terreur de la jeunesse et de la perfection”, écrivait-il en 2015 dans son livre “Images de femmes II”. Un focus esthétique et éthique sur le pouvoir de la vérité spontanée de la beauté féminine, qui évoque celui de la grande photographe Eve Arnold, celle qui racontait les divas (et pas seulement) en essayant de les connaître en tant que personnes à travers l’objectif. Et c’est ainsi qu’elle les a rendus stupéfiants et immortels. On pense aussi aux portraits picturaux de Lucien Freud, qui tirait de ses modèles des confessions privées, réussissant à transfuser la charnalité de leur corps dans leur nature et leur esprit le plus profond. Comme avec Freud, on se sent parfois presque gêné devant des personnes célèbres dont on sent l’âme, et on perçoit toujours une certaine mélancolie. Lindbergh, en effet, disait de ne pas chercher le sourire sur les visages, car il enlève les nuances et tout ce qui se dégage des traits. Et c’est à partir des visages qu’il a découvert la photographie, après avoir travaillé comme peintre, étalagiste et d’autres emplois à travers le monde. Olga Gambari https://paratissima.it/peter-lindbergh-untold-stories-torino


PETER LINDBERGH

Photo stefanrappo

"Mon frère a eu de merveilleux enfants avant que je ne devienne père et, pour une raison quelconque, j'avais envie de les photographier. C'est là que j'ai acheté mon premier appareil photo. Il y a quelque chose de totalement inconscient chez les enfants. C'est comme ça que j'ai appris, a-t-il déclaré au Guardian en 2016. ans son regard et dans son sens de la composition, on retrouve le réalisme d'un certain documentaire anthropologique, de Walker Evans, Garry Winogrand et August Sander à Paul Strand et Dorothea Lange (quel visage a une beauté plus poignante que celui de la femme qui regarde l'horizon avec ses enfants autour du cou, vêtue de haillons, déjà âgée d'une trentaine d'années, symbole des États-Unis épuisés par la Grande Dépression de 1929). Et nous trouvons aussi la leçon de la vue de la rue, l'œil agité qui erre dans les rues métropolitaines et photographie des aperçus et de petits événements soudains, des masses et des individus, la solitude dans la foule. Sa vision et son cadrage sont souvent cinématographiques, avec des images en mouvement qui, tantôt ressemblent à des images tirées d'un film, tantôt font référence aux décors des studios et aux genres cinématographiq-

ues, de la route dans le paysage américain à la science-fiction. Son noir et blanc dur et pâteux caractéristique, fortement contrasté, porte en lui la force dramatique du cinéma expressionniste allemand, avec une inspiration directe de Metropolis, le chef-d'œuvre visionnaire de 1927 dans lequel Fritz Lang fait un manifeste d'accusation contre la société mécanisée et déshumanisante naissante. Une atmosphère familière pour Lindbergh, qui a grandi à Duisbourg, une ville industrielle du nord de l'Allemagne. Connu pour ses images mémorables en noir et blanc, Peter Lindbergh a été le pionnier d'une nouvelle forme de réalisme en redéfinissant les normes de beauté. Son approche honnête le distingue des autres photographes en donnant la priorité à l'âme et à la personnalité de ses sujets. Lindbergh a radicalement changé les normes de la photographie de mode à l'époque des retouches excessives, estimant que "la beauté, c'est avoir le courage d'être soi-même". À la fin des années 1980, Lindbergh acquiert une renommée internationale et lance la carrière d'une nouvelle génération de mannequins, en les photographiant successivement en chemise blanche et maquillée à peine, puis dans les rues de New York pour le numéro de janvier 1990 du British Vogue. Considérée par beaucoup comme "l'acte de naissan-

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Photo peterlindbergh

ce des supermodèles", cette couverture désormais légendaire a lancé la carrière de personnalités telles que Linda Evangelista, Naomi Campbell ou Tatjana Patitz. Lindbergh a été le premier photographe à inclure un récit dans ses séries de mode et sa narration a introduit une nouvelle vision de la photographie de mode. Son œuvre est surtout connue pour ses portraits singuliers et révélateurs et les fortes influences du premier cinéma allemand et des sons industriels de son enfance passée à Duisburg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Depuis la fin des années 1970, Peter Lindbergh a collaboré avec toutes les grandes marques et tous les grands magazines de mode, notamment les éditions américaine et italienne de Vogue, Rolling Stone, Vanity Fair, Harper's Bazaar US, Wall Street Journal Magazine, Visionaire, Interview et W. Son travail fait partie des collections permanentes de nombreux musées d'art et ses photographies sont régulièrement exposées dans des institutions prestigieuses du monde entier, notamment au Victoria & Albert Museum (Londres), au Centre Pompidou (Paris), au MoMA's PS1 (New York), au Hamburger Banhof (Berlin), au Bunkamura Museum of Art (Tokyo), au Pushkin Museum of Fine Arts (Moscou) et, plus récemment, au Kunstpalast de Düsseldorf. Olga Gambari https://paratissima.it/peter-lindbergh-untold-stories-torino/ PALAZZI 31 VENEZIA

e nom est plus simple que vous ne l’imaginez, “Chair”, mais il promet d’être le premier fauteuil intelligent à révolutionner la mobilité à l’intérieur des musées. En partant de notre Gam. Un système d’aide au déplacement du public, avec l’utilisation des meilleures technologies du monde de la robotique. Grâce à Alba Robot, une startup turinoise fondée en 2016 et capable de transformer les véhicules électriques personnels en véhicules autonomes et intelligents. Les formes et le confort, quant à eux, sont signés par Granstudio, une société spécialisée dans le conseil créatif dans le domaine du design de la mobilité. Le résultat est un fauteuil à conduite assistée et à commande vocale, capable de transporter l’utilisateur aux quatre coins du musée et de raconter l’histoire et les anecdotes des œuvres d’art. Un service complet initialement conçu pour les personnes handicapées, mais qui convient à tous. “En 2016, ma grandmère a dû commencer à se déplacer en fauteuil roulant à cause d’une arthrite au genou (raconte Andrea Segato Bertaia, 46 ans, informaticien et esprit du projet Alba) et de là est née notre idée : créer des plateformes pour le déplacement autonome (suit page 32)


Photo corrieredellasera

(suit de la page 31) de véhicules électriques aussi bien pour les personnes handicapées que pour celles ayant des capacités normales. Nous voulons faire passer un message qui va au-delà de la morale commune et qui renverse les points de vue, en faisant comprendre aux gens que la technologie est avant tout une liberté, même pour apprécier la beauté de notre pays. La pandémie a eu un fort impact sur la culture et les différentes institutions ont reformulé et adapté leurs propositions aux nouveaux besoins, à tel point que 80 % des musées proposent désormais au moins un contenu numérique. Cela a rendu la culture plus accessible et a permis de l’expérimenter dans différentes situations. Grâce à la technologie numérique, en effet, l’opportunité s’est ouverte de repenser la relation avec l’utilisateur comme une expérience étendue dans le temps et l’espace. “Chair” intercepte ce nouveau besoin, en augmentant l’expérience muséale à la fois physique et numérique. Une chaise mobile pour ceux qui ont du mal à rester debout pendant des heures, mais aussi un parfait guide de musée. “À partir de mon expérience personnelle, en tant qu’universitaire et amateur d’art en fauteuil roulant, je me suis rendu compte que, souvent, dans

les musées, l’espace de passage n’est pas adapté au passage des fauteuils roulants et des poussettes”, explique Lorenza Trinchero, consultante d’Alba Robot, “la hauteur des objets exposés ne permet pas aux personnes ayant un champ de vision réduit de les voir facilement, et le même problème se pose avec les panneaux explicatifs. J’ai donc associé ma formation historico-artistique aux compétences d’Alba Robot pour rouvrir des lieux de culture et de beauté à tous, afin que ce nouveau départ - également du système artistique - puisse être plus inclusif envers les catégories les plus fragiles”. Mais le potentiel de “Sedia” est infini et, en fait, la startup a déjà attiré l’attention internationale : “Nous sommes actuellement en pourparlers avec des entreprises américaines pour introduire notre plateforme dans les aéroports et les hôpitaux (dit Bertaia) avec des chaises moins esthétiques mais plus fonctionnelles pour les patients. Dans la ville plutôt, nous collaborons déjà avec Torino City Lab, et nous avons signé le premier accord avec le musée GAM. Notre objectif est de pouvoir satisfaire tous les musées d’Italie avec des fonctions personnalisées. Nous espérons être en mesure de garantir les premiers produits d’ici la fin 2021”. Nicolò Fagone La Zita https://torino.corriere.it/economia/21_maggio_26/nasce-sedia-poltrona-smart-che-ti-sposta-musei-ti-spiega-l-artePALAZZI 32 VENEZIA


Photo anfiteatro mastaura

es dernières années, les “découvertes exceptionnelles” dans le domaine archéologique n’ont cessé de se succéder : mais est-ce vraiment le cas ? Ce qui est communiqué dans les médias est toujours exceptionnel ? Que se passe-t-il dans la réalité et comment sont les choses ? Pour un lecteur avide de journaux, s’il est peu enclin à l’investigation personnelle, cela pourrait, devrait apparaître comme une époque extraordinairement prospère pour la recherche archéologique italienne et mondiale. Au cours des cinq dernières années, des découvertes ont été communiquées au monde, comme celle d’une ville qui serait “la plus importante découverte archéologique en Égypte après la tombe de Toutankhamon”, ou l’inscription qui “change la date” de l’éruption de Pompéi ; et encore, la découverte du “Colisée d’Anatolie”, de la tombe d’Aristote, du plus vieux vin du monde, de la plus vieille brasserie du monde, de la plus vieille peinture du monde... a été communiquée. Et pour ne parler que de l’Italie, de nouvelles découvertes qualifiées d’”exceptionnelles” émaillent les pages des journaux locaux et d’ailleurs, qu’il s’agisse de villas avec mosaïques, d’amphithéâtres, de têtes d’Auguste, de nécropoles puniques, de traces d’établissements préhistoriques et bien d’autres choses encore. Un rapide coup d’œil sur les principaux moteurs

Mais pourquoi en cette periode tombent sans arret autant de “dècouvertes exceptionnelles” en archeologie?

di Leonardo Bison https://www.finestresullarte.info/

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de recherche suffit pour constater que, en se limitant à la langue italienne, des “découvertes archéologiques exceptionnelles” ou “extraordinaires” sont signalées environ une fois par mois, voire plus, des Alpes à la Sicile. Tout cela peut laisser le lecteur perplexe : est-il possible que cela se produise à un moment où la discipline de l’archéologie se plaint depuis des années de coupes et de déficiences structurelles, tant dans sa partie ministérielle que dans sa partie recherche universitaire ? Ces archéologues héroïques sont-ils vraiment capables de faire autant de découvertes extraordinaires malgré des fonds limités ? La réponse à cette question est complexe et n’est pas seulement, ou en grande partie, liée au besoin des journaux d’obtenir de nombreux clics avec des titres retentissants. Il y a plusieurs raisons et motivations qui conduisent à annoncer des découvertes “extraordinaires” avec cette fréquence : à travers l’analyse de quelques cas récents, nous allons essayer de les illustrer brièvement. La terre d’où proviennent sans doute la plupart des découvertes exceptionnelles qui ont eu un écho mondial au cours des cinq dernières années est l’Égypte.


Foto pompei termopolio

Ici, on annonce, sans ordre particulier, seulement entre fin 2019 et aujourd’hui, (suit page 34) (suit de la page 33) la découverte de la tombe de Cléopâtre, d’une centaine de sarcophages intacts, de la plus vieille brasserie du monde mais surtout de la “cité d’or perdue” d’Aton, près de Louxor, annoncée en avril 2021 et présentée comme “la plus importante découverte depuis celle du tombeau de Toutankhamon”. Présenter ces découvertes, dans un climax interrompu seulement par le démenti en bonne et due forme sur le supposé tombeau de Cléopâtre, c’était toujours lui, Zahi Hawass, le directeur des antiquités du gouvernement d’Al-Sisi, qui avait déjà occupé le même poste pour le gouvernement de Moubarak, déchu par les émeutes de 2011. Comme toujours dans ces cas, les communiqués de presse précèdent toute publication scientifique contenant des données de fouilles. Et d’après les communiqués de presse, nous savons que l’on a trouvé “une grande ville en bon état” (habitée puis abandonnée au XIVe siècle avant J.-C.) pleine d’outils qui racontent l’histoire de la vie quotidienne : on ne sait pas encore en quoi elle représenterait la découverte la plus importante depuis la tombe

de Toutankhamon (qui, pour les non-initiés, possédait un kit complètement intact, chose presque unique en archéologie étant donné les pillages répétés des tombes pharaoniques survenus au cours des siècles). La région de Louxor, qui s’élève, comme on le sait depuis le XVIIIe siècle, sur le site de l’ancienne Thèbes, la capitale de l’Égypte au Moyen Empire, est un trésor de découvertes archéologiques continues. L’excavation du site identifié a commencé en septembre 2020 et malgré la comparaison évidente avec Pompéi prônée par les excavateurs, les éléments diffusés jusqu’à présent ne semblent pas permettre de conclure sur l’impact que l’excavation aura sur la connaissance de l’Égypte ancienne. Dans le cas égyptien, la prolifération des découvertes exceptionnelles et extraordinaires, plutôt que leur caractère extraordinaire réel, découle d’un avantage commun : d’une part, pour le puissant Hawass, qui utilise la communication pour accroître sa propre popularité à l’intérieur et à l’extérieur du pays ; d’autre part, pour le régime d’Al-Sisi, qui, par cette annonce cadencée de nouvelles découvertes, légitime son propre pouvoir, comme c’est le cas pour les gouvernements nationaux égyptiens qui veulent se distancer de la tradition islamique du pays et de la politique islamiste (Al-Sisi est au pouvoir après avoir renversé le gouvernement des Frères musulmans). Il s’agit d’une utilisation nationaliste et politique de l’archéologie, pour accomplir qui trouve toujours un PALAZZI 34 VENEZIA


Photo tombeau romulus

certain soutien de la part des leaders archéologiques, comme dans ce cas. Un modus operandi qui trouve des épigones évidents, bien que dans une moindre mesure, même dans les pays européens. Le cas le plus évident est la relation entre Massimo Osanna et les fouilles de Pompéi, déjà analysée par ce journal. En juillet 2017 a rebondi sur les journaux nationaux et internationaux la nouvelle d’une découverte surprenante : dans certains récipients préhistoriques siciliens ont été retrouvées des traces du plus vieux vin du monde, daté même à 6 mille ans. Une découverte capable de réécrire l’histoire de l’archéologie et de l’alimentation humaine, puisqu’avant cette annonce les traces solides de la fabrication du vin n’existaient qu’à partir de l’âge du bronze, donc à partir d’environ 3 mille ans plus tard. Pour faire cette annonce, avec un communiqué de presse, des chercheurs de l’Université de Floride du Sud. En quelques heures, la nouvelle a explosé sur tous les médias. Quelques mois plus tard, la surintendance locale a envoyé une note brève et claire sur Facebook : nous n’avons pas été consultés, disent-ils, les composés chimiques utilisés pour identifier le vin ne sont pas suffisants et la datation proposée de ces fragments de céramique semble sans fondement. Très peu de personnes ont lu cette note, et c’est ain-

si que la fausse nouvelle selon laquelle du vin datant de 6 000 ans a été découvert en Sicile continue de circuler jusqu’à ce jour. Ce type d’annonce s’inscrit dans une tendance où les universités américaines annoncent qu’elles ont fait des découvertes extraordinaires dans leurs laboratoires sur des objets provenant de pays lointains, de l’Italie à la Géorgie. Des découvertes qui impliquent souvent le vin. Cette tendance est tellement problématique qu’en 2020, un groupe de chercheurs de York, Tübingen et Munich a publié une longue revue scientifique pour expliquer quand et comment il est possible de dire qu’une découverte archéologique particulière a pu contenir du vin.

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Le facteur aggravant, dans le cas de la Sicile, est que l’annonce a été faite sans même le consentement des archéologues locaux, qui, conscients de l’improbabilité absolue (archéologique) de trouver du vin dans des découvertes aussi anciennes, auraient au moins alerté les chercheurs américains. Mais cela ne s’est pas produit. Il s’agit d’un deuxième volet de l’exceptionnalisme “forcé”, typique de la recherche scientifique qui, complice de la baisse des financements et de la rhétorique de l’excellence, est de plus en plus poussée à publier à tout prix, et rapidement, en laissant parfois de côté l’exactitude des données et de l’interprétation. Afin d’obtenir une carrière plus rapide et davantage de financement: il ne s’agit pas d’un problème strictement archéologique, mais aussi d’un problème archéologique. L’exceptionnalité des pauvres : la chasse au dernier financement Il existe ensuite des cas très différents, dans lesquels les archéologuesattribuent des adjectifs tels que “exceptionnel” ou “extraordinaire” à des découvertes qui ne le sont que relativement, voire pas du tout. Des cas dans lesquels, cependant, le “petit caractère exceptionnel” n’est connu que des initiés. (suit page 36)


Photo egypte cité aten

(suit de la page 35) L’éventail est ici très large, allant de la découverte d’amphithéâtres ou de tombes dont on connaissait l’existence, mais pas l’emplacement exact; de très belles mosaïques ou élévations, mais dont on connaît de nombreux spécimens similaires; ou de sites et contextes archéologiques d’une importance et d’un intérêt extraordinaires, capables de fournir beaucoup de nouvelles informations, mais pas de changer l’histoire comme le voudrait le communiqué de presse. Parfois, il s’agit de forcer l’évidence, en présentant comme exceptionnels des contextes ou des découvertes en fait normaux dans certains contextes (pensez aux fresques trouvées à Pompéi, ou aux pierres tombales inscrites ou aux tombes riches trouvées dans des cimetières où cela était habituel). Le cas récent le plus connu est le cénotaphe de Romulus, un contexte déjà connu mais présenté comme une découverte exceptionnelle en février 2020. En général, deux types d’entités sont responsables de la diffusion de ce type de nouvelles : les universités ou les superintendances. Et la raison est similaire, sinon la même : le besoin absolu de nouveaux fonds. Parfois, cela est le fait d’une mission de recher-

che universitaire qui veut convaincre le recteur (ou d’autres directeurs) de renouveler ou d’augmenter le financement ; parfois, cela est le fait de la surintendance qui veut convaincre l’autorité locale de permettre, par le biais d’un financement, la fouille de ces contextes autrement destinés à être promptement ré-enterrés. En tout cas, c’est précisément le moment de crise de la discipline qui nous pousse à cette attitude : face à une trouvaille extrêmement intéressante, on ne se limite pas à la raconter comme telle, mais on pousse l’accélérateur de l’exceptionnalité, de l’extraordinaire, en la décrivant comme incroyable, unique. En effet, l’étau du manque de fonds oblige à se battre pour les quelques fonds qui sont disponibles (ou que l’on espère pouvoir obtenir). Dans ce contexte, vous n’êtes pas toujours en mesure de maintenir une approche collaborative et équilibrée : parfois, un communiqué de presse bien fait est, ou est considéré comme, le seul moyen d’émerger. Et peu de mal, pense-t-on, si elle offre aux lecteurs des informations partiellement fausses ou exagérées. En bref, cette prolifération de découvertes exceptionnelles, loin d’être un signe de vitalité, est le signe d’une grande faiblesse. L’archéologue lance une déclaration à haute teneur, exagérée ou même trompeuse ; les rédactions des journaux, également en grande difficulté et à la recherche de clics, la relancent, parfois en ajoutant des PALAZZI 36 VENEZIA


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détails, parfois en faisant un simple copier-coller ; cela est suivi (souvent) d’un débat social dans lequel les initiés réduisent ou même nient la pertinence de la découverte : mais ce débat n’atteint presque jamais le grand public, ou en tout cas jamais avec la force de la première annonce. Crise des financements, crise de l’édition, peut-être aussi crise de notre société, obsédée par l’idée d’unicité et d’excellence, de sorte que ceux qui financent, ceux qui paient, ne veulent pas d’une multiplicité de situations, de sites, de contextes, “normaux”, voire banals parfois, qui, ensemble, racontent une histoire extraordinaire, qu’il s’agisse de l’histoire d’une région, d’une ville, de l’histoire humaine des origines à nos jours. Non, de nos jours, les gens préfèrent toujours “la découverte la plus importante” et non “une pièce de plus pour comprendre notre passé”. Et c’est le résultat de la rhétorique d’une société qui se veut individualiste, et qui veut se représenter à travers le passé. Mais si tout devient exceptionnel, plus rien ne le sera : pas même les découvertes (très peu nombreuses, mais toujours existantes) qui peuvent réellement réécrire l’histoire de l’humanité, poussées dans le tourbillon des annonces mensongères. Leonardo Bison https://www.finestresullarte.info/opinioni/eta-delle-scoperte-archeologiche-eccezionali-perche ? PALAZZI 37 VENEZIA

es jeunes femmes changent le monde. Elle s’appelle JessyMccabe, elle a maintenant 22 ans et est basée à Londres. Il y a cinq ans, alors qu’elle est encore étudiante en musique, elle découvre quelque chose. Elle découvre que sur les 63 œuvres prévues pour son examen, il n’y en a pas une seule d’un compositeur. Ce n’est pas possible, se dit-elle. “J’ai donc envoyé un courriel à Edexcel, qui réglemente les examens scolaires, pour signaler cette anomalie. Je pensais que l’absence de femmes était simplement une erreur, un oubli.” “Plus tôt cette année, BBC Radio 3 a réussi à programmer toute une journée de compositrices pour honorer la Journée internationale de la femme. Si la BBC Radio 3 peut diffuser de la musique composée par des femmes pendant toute une journée, Edexcel pourrait certainement en sélectionner au moins une pour faire partie du programme, aux côtés de compositeurs comme Holborne, Haydn et Howlin’ Wolf. “Il faut que cela change. Comment pouvons-nous espérer que les filles aspirent à devenir compositrices et musiciennes si elles n’ont pas l’occasion de connaître des modèles à suivre ? (suit page 38)


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(suit de la page 37) Comment pouvons-nous accepter que le plus grand organisme d’attribution de prix du Royaume-Uni ne reconnaisse pas comme il se doit le travail des musiciennes? Pourquoi limitons-nous la diversité dans une discipline qui s’épanouit grâce à son étonnante diversité ?” Mais Edexcel répond que “les compositrices n’avaient pas été si importantes pour la musique classique et c’est pourquoi ils n’avaient pas pensé à les inclure.” Jessy crée alors une pétition en ligne #just1woman. Les compositrices ne sont peut-être pas aussi connues que les compositeurs. Pourtant, BBC RADIO a réussi à programmer une journée entière de compositrices pour la Journée internationale de la femme. Pourquoi Edexcel n’en a pas trouvé un seul à inclure dans le programme? Face à la pression publique croissante, Edexcel a changé d’avis. Jessy reçoit des excuses personnelles de Mark Anderson, le PDG de l’entreprise. En décembre 2016, Edexcel annonce avoir intégré 5 compositrices: #ClaraSchumann, #RachelPortman, #KateBush, #AnoushkaShankar et #KaijaSaariaho. Leur nombre augmente chaque année. Merci Jessy

lara Wieck, de son nom d’épouse Schumann, née à Leipzig le 13 septembre 1819 et morte le 20 mai 1896 à Francfort-sur-leMain, est une pianiste et compositrice alle-

mande. Considérée comme l’une des plus grandes pianistes de l’époque romantique, elle compose des concertos pour piano et de la musique de chambre. Elle est l’épouse du compositeur romantique Robert Schumann et le couple est très proche de Johannes Brahms. Elle est la première à avoir interprété les œuvres de son mari et celles de Brahms, et elle se produit également auprès du violoniste Joseph Joachim. À l’âge de onze ans, elle commence à partir en tournée. Sa carrière internationale se poursuit pendant 61 ans. En 1878, elle intègre le Conservatoire Hoch de Francfort comme professeure de piano. Après le départ de sa mère en 1824, son père, Friedrich Wieck, célèbre professeur de piano, travaille à faire d’elle une concertiste prodige. Il lui enseigne un répertoire tape-à-l’œil, correspondant à un style contemporain, des pièces appartenant à Kalkbrenner, Henselt, Thalberg, Herz, mais dans ses créations elle s’inspire de compositeurs baroques tels que Scarlatti ou Bach. À six ans, elle donne son premier concert auprès d’Émilie Reichhold, une pianiste très réputée, et rencontre son premier succès. PALAZZI 38 VENEZIA


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En 1827, l’année de ses huit ans, elle rencontre Robert Schumann, qui étudie auprès de son père et est âgé de dix-sept ans. À l’âge de seize ans, elle s’éprend de lui. Celui-ci demande sa main à son père lorsque la jeune fille atteint sa 18e année. Mais Wieck s’oppose vigoureusement à leur mariage. Les amoureux sont séparés de force, mais communiquent par le biais d’amis et de messages musicaux dans les concerts de Clara. Le mariage est finalement célébré en 1840 à Schönefeld en exécution d’une décision judiciaire. Huit enfants, dont Felix Schumann, vont naître de leur union, ce qui ralentit fortement le parcours musical de Clara Schumann. Première interprète des œuvres de son mari, elle fait connaître et apprécier sa musique dont, selon ce dernier, elle est alors la seule à bien comprendre les délicatesses[réf. souhaitée]. Clara Schumann est elle-même la compositrice d’une quarantaine d’œuvres, mais elle néglige en partie la composition au profit du piano et de son rôle de maîtresse de maison. En tant que pianiste, elle est considérée comme l’une des plus grandes pianistes du xixe siècle2. En 1854, Robert Schumann est interné à l’asile pour aliénés du Dr Richarz, près de Bonn. Veuve en 1856, Clara Schumann devient l’amie, la conseillère et l’inspiratrice de Johannes Brahms, mais elle affirme désormais que ses seuls moments de PALAZZI 39 VENEZIA

bonheur sont ceux où elle joue ou écoute la musique de son mari disparu. De son vivant, Clara Schumann est reconnue à travers le monde. Elle se lance dans des tournées en Angleterre, en France, en Russie jusqu’en 1891, date de son dernier concert. Entre 1831 et 1889, elle réalise plus de 1 300 performances dans toute l’Europe. Elle passe une grande partie de sa vie à interpréter les œuvres de son mari, de Brahms, Chopin et Mendelssohn. En 1831, elle se produit au Gewandhaus de Leipzig, où elle est remarquée par les grandes personnalités et compositeurs de l’époque comme Goethe ou Chopin. « Nous avons entendu la petite Wieck à Leipzig. C’est une véritable merveille. Pour la première fois de ma vie, je me suis surpris à admirer avec enthousiasme un talent précoce. Exécution parfaite, mesure irréprochable, force, clarté, difficultés de tout genre surmontées avec bonheur [...] Le piano sous ses doigts prend de la couleur et de la vie. » Charles Alexandre, grand-duc de Saxe-Weimar-Eisenach1 En tournée à Paris, elle connaît un triomphe. Dès 1829, Clara publie ses premières œuvres, Quatre Polonaises tandis qu’en 1832, Robert publie Papillons ; (suit page 40)


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CLARA WIECK SCHUMANN

(suit de la page 39) Clara joue cette œuvre en concert l’année même. Entre 1834 et 1836, elle compose les Soirées musicales, qui connaissent un grand succès notamment auprès de Liszt. Sa plus grande période de production a lieu après la mort de son mari, entre 1856 et 18734. En 1865 elle est applaudie pour son interprétation de l’œuvre de Beethoven, Piano Concerto en sol majeur, en Grande-Bretagne. Son travail de composition est moins conséquent que son travail d’interprétation et de transcription en tant que pianiste, alors qu’elle semble posséder facilité et sensibilité vis-à-vis de la création. De 11 à 29 ans, elle compose une à huit pièces par an. Sa rencontre avec Brahms en 1853 a stimulé sa créativité. En effet, cette année-là, elle compose 16 morceaux, qui seront publiés un an plus tard. Les 43 années suivantes seront dédiées à la transcription au piano des travaux de son défunt mari et de Brahms. Elle enseigne par ailleurs le piano au conservatoire Hoch de Francfort de 1878 à 1892. Elle est reçue dans le salon de la landgravine de Hesse-Cassel, nièce de l’empereur, mélomane et musicienne au talent reconnu. La dernière année de sa vie, elle réalise plusieu-

rs ébauches de préludes au piano pour ses étudiants mais la plupart demeurent incomplètes Ce serait en écoutant son petit-fils, Ferdinand, interpréter une œuvre de son célèbre aïeul (Romance en fa majeur, op. 28 no 2) qu’elle meurt le 20 mai 1896, ayant enduré vers la fin de sa vie des problèmes de surdité. Elle est enterrée aux côtés de son mari au Vieux-Cimetière de Bonn. La majeure partie des travaux de Clara Schumann n’a jamais été jouée de son vivant, puis l’artiste a été effacée des mémoires jusqu’en 1970. Depuis, ses œuvres sont activement retravaillées et enregistrées. Son effacement du milieu de la composition est directement lié à sa condition de femme. Une des raisons pour lesquelles Friedrich Wieck s’est opposé à l’union de sa fille avec Robert Schumann est qu’il n’était pas connu alors que sa fille l’était. Clara Schumann semblait aspirer à une certaine liberté avant de se marier : « J’ai besoin d’une vie sans soucis afin d’exercer mon art en toute tranquillité. [...] Vois si tu penses pouvoir m’offrir une existence telle que je la souhaite. » 24 novembre 1837 La tranquillité s’estompe vite quand l’artiste se voit confrontée aux tâches domestiques, que son père lui avait épargnées durant sa jeunesse pour qu’elle se concentre sur son art. Elle doit désormais s’occuper de huit enfants, d’un

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mari lunatique qui ne gagne pas suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille. Aussi donne-t-elle des concerts. Elle ne peut pas composer, doit se contenter d’être mère et musicienne à temps partiel. Robert Schumann ne l’encourage pas : « Clara sait bien qu’être mère est là sa principale mission ». Même après la mort de son mari, Clara Schumann ne poursuit pas la composition. Sa correspondance témoigne de la difficulté à concilier sa condition de femme et sa vocation de compositrice : « Il fut un temps où je croyais posséder un talent créateur, mais je suis revenue de cette idée. Une femme ne doit pas prétendre composer. Aucune encore n’a été capable de le faire, pourquoi serais-je une exception ? Il serait arrogant de croire cela, c’est une impression que seul mon père m’a autrefois donnée. » Bien qu’elle ait renié ses capacités de son vivant, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des rares compositrices à avoir marqué le xixe siècle, avec Fanny Mendelssohn, Louise Farrenc et Cécile Chaminade. Christian Wasselin, Clara, le soleil noir de Robert Schumann, Scali 2008 Agnès Boucher, Comment exister aux côtés d’un génie, Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Alma Mahler et les autres, L’Harmattan, 2012 wikipedia.org PALAZZI 41 VENEZIA

aija Anneli Saariaho (née Laakkonen le 14 octobre 1952 à Helsinki) est une compositrice finlandaise. Kaija Saariaho apprend la musique à partir de l’âge de 6 ans, avec comme instruments le violon, le piano et l’orgue. Elle s’oriente vers l’académie des beaux-arts d’Helsinki pour y étudier la peinture et le dessin, tout en ayant la volonté de devenir compositeur. Elle décide d’étudier sérieusement la musique en 1976, et entre à l’Académie Sibelius de Helsinki, dans la classe de Paavo Heininen. L’enseignement de Heininen est rude, mais Saariaho le reconnaît comme essentiel, lui permettant notamment de lever un blocage sur son expression musicale1. Elle participe à des rencontres entre jeunes compositeurs, et forme un groupe qu’ils appellent Korvat auki (oreilles ouvertes en finnois), qui comprend entre autres Magnus Lindberg, Jouni Kaipainen, Esa-Pekka Salonen, Jukka Tiensuu. En 1980, Saariaho se rend à Darmstadt et y découvre l’école spectrale française, en particulier la musique de Tristan Murail et de Gérard Grisey, ce qui a été pour elle une vraie révélation1. Elle termine ses études à l’académie Sibelius en 1981. Elle quitte ensuite la Finlande (suit page 42)


KAIJA SAARIAHO

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(suit de la page 41) pour étudier à Fribourg-en-Brisgau, auprès de Brian Ferneyhough et Klaus Huber, pendant deux ans, puis à l’IRCAM à Paris, pour se former à l’informatique musicale. Elle est compositeur en résidence du conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg et du Festival Musica en 2005. Elle vit à Paris depuis 19822. Elle est l’auteur de quatre opéras : “L’Amour de loin” (2000) et “Adriana Mater” (2006) où la même équipe a collaboré: le librettiste Amin Maalouf, le metteur en scène Peter Sellars et le chef d’orchestre Esa-Pekka Salonen, “Émilie” (2010) sur un livret d’Amin Maalouf, une mise en scène de François Girard, par l’Opéra national de Lyon dirigé par Kazushi Ōno et “Only the sound remains” (2016) créé d’après deux pièces de théâtre nô. “L’Amour de loin” a été décrit par The New York Times comme «Best New Work of the Year 2000 » (meilleure nouvelle œuvre de l’an 2000). Kaija Saariaho est très influencée par la musique spectrale : “Petals”, pour violoncelle solo ou avec électronique, illustre parfaitement cette forme de musique travaillant sur la matière même du son. Nombre de ses pièces utilisent des ressources électroniques en plus des instruments traditionnels, à l’exemple de “Nym-

phéa” (Jardin secret III, 1987), pour quatuor à cordes et électronique en direct. Kaija Saariaho a beaucoup écrit pour le violoncelle, et l’utilise de manière novatrice, en jouant notamment sur la texture de l’instrument grâce à l’électronique et à des techniques de jeu inventives (variations de pression et d’inclinaison de l’archet...). Sa proximité avec le violoncelliste finlandais Anssi Karttunen, qui a créé plusieurs de ses œuvres, a sans doute contribué au développement du travail de Kaija Saariaho sur le violoncelle. Elle dit elle-même : « Le violoncelle est mon instrument préféré, c’est du moins ce que je crois parce que j’y reviens régulièrement. Qu’il existe des violoncellistes remarquables qui ont toujours été prêts à coopérer avec moi n’a pu que contribuer à cet état de fait. Kaija Saariaho, Paris 2005 ». J’ai eu l’opportunité, la chance et l’honneur ainsi que le plaisir, d’avoir madame Kaija Saariaho, en tant qu’invitée, a mon émission Solo Opèra et aussi de pouvoir assister à la conférence au sujet de l’opéra “L’Amour de Loin” au centre culturel finlandais à Paris et, au final, d’avoir aussi le plaisir immense d’interviewer Peter Sellars , le metteur en scène, qu’en quelques mots définitifs nous décrit l’essentiel de son amour pour l’Opéra. Vittorio E. Pisu Voir les vidéos https://vimeo.com/142243271 https://vimeo.com/142243401

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Photo pendragon gianniverna

KATE BUSH

ate Bush, née Catherine Bush (Londres, 30 juillet 1958), est une auteur-compositeur-interprète, compositeur, danseuse, musicienne et productrice de disques britannique. Connue pour sa voix de soprano, elle connaît un succès international depuis ses débuts en 1978 avec le tube “Wuthering Heights” inspiré du roman du même nom d’Emily Brontë. La chanson est restée à la première place des hit-parades dans presque toute la planète, y compris en Italie, et lui a valu une citation de la Brontë Society. Outre cette chanson, d’autres succès ont grimpé dans les classements internationaux au fil des ans, tels que “Babooshka”, “Moving”, “Running Up That Hill”, “The Sensual World”, “The Man with the Child in His Eyes”, “Don’t Give Up” (avec Peter Gabriel). Considérée comme étant peut-être l’artiste britannique la plus éclectique et la plus talentueuse, et selon les revues journalistiques, l’auteur-compositeur-interprète ayant l’héritage le plus substantiel de tout le Royaume-Uni, elle a été la première artiste féminine à atteindre le sommet des charts britanniques avec une chanson qu’elle a composée et un album, “Never for Ever”, puis avec plusieurs autres tout au long de sa carrière. Elle est également la seule (à partir de 2013) à avoir eu au moins un album dans le top 5 pendant cinq décennies consécutives. Grâce à son style singulier, Kate Bush a influencé voir la vidéo la musique de nombreux autres artistes, d’Elizabeth https://youtu.be/-1pMMIe4hb4 PALAZZI 43 VENEZIA

Fraser des Cocteau Twins à Sinéad O’Connor et Björk, de The Cure à The Futureheads (qui ont repris la chanson Hounds of Love) en passant par Tricky et Tori Amos. Elle a travaillé avec Peter Gabriel sur deux de ses albums (contribuant dans les deux cas à des succès: “Games Without Frontiers” et “Don’t Give Up”). Elle a été introduite dans le monde de l’enregistrement par son ami David Gilmour des Pink Floyd, qui a reconnu son talent attirant ainsi l’attention de sa propre maison de disques, EMI. Depuis lors, ils ont souvent travaillé ensemble, tant sur des projets occasionnels qu’en concert. Au début de son adolescence, Kate a étudié la danse, le mime, et a continué ses études musicales au piano qu’elle avait commencé à l’âge de 5 ans seulement. Entre 1973 et l’année de ses débuts, l’artiste a eu l’occasion de composer certains de ce qui sont devenu plus tard ses premiers succès dont “Déplacement” dédié au maître Lindsay Kemp, Même dans ses premiers travaux où le piano était l’instrument principal, Bush a réuni diverses influences, mêlant musique classique, rock et un large éventail de sons ethniques et folkloriques. Plus d’un critique a utilisé le terme “surréaliste” pour décrire sa musique. (suit page 44)


Photo radiocapital

(suit de la page 43) L’utilisation sans réserve de sa voix est l’une de ses caractéristiques. Elle a abordé des sujets sensibles et tabous bien avant que cela ne soit “à la mode” ; “Kashka from Baghdad” est une chanson sur un couple homosexuel, un thème également présent dans la chanson “Wow ; Breathing” analyse les conséquences d’une catastrophe nucléaire. Ses textes sont remplis de citations savantes et parfois relativement obscures, comme la référence à Wilhelm Reich dans Cloudbusting, ou à G. I. Gurdjieff dans Them Heavy People. La chanson “Wuthering Heights” tire son nom du célèbre livre d’Emily Brontë. Sa première apparition à la télévision a eu lieu en Allemagne dans l’émission Bio’s Bahnhof avec le single Wuthering Heights, premier extrait de l’album “The Kick Inside” le 9 février 1978 ; en Grande-Bretagne, elle a fait ses débuts le 16 février de la même année dans “Top of the Pops” ; tandis qu’aux États-Unis d’Amérique, elle a fait sa première apparition dans Saturday Night Live le 9 décembre 1978. Le premier album devait présenter comme premier single la chanson “James and the cold gun”, caractérisée par un arrangement plus nettement rock, mais Bush a préféré opter voir la vidéo pour la chanson “Wuthe- https://youtu.be/6xckBwPdo1c

ring heights”. The Kick Inside a trouvé un grand succès commercial au niveau planétaire, atteignant le top 5 et la première position des charts dans plusieurs pays. De celui-ci ont été extraits 4 autres singles : Moving caractérisé par un arrangement sinueux et assez sophistiqué, avec le chant d’ouverture et de clôture des baleines, et dont la production a collaboré avec des artistes tels que Andrew Powell et David Gilmour leader de Pink Floyd. Le single a été extrait pour le marché japonais où, à la deuxième semaine de sa sortie, il a également conquis la première position dans les charts. Bush a interprété cette chanson, entre autres, au festival de musique de Tokyo et aux Saturday Nights de la BBC. Il existe deux vidéoclips différents pour cette chanson. Them heavy people est le troisième single extrait, qui a réussi à atteindre le top 10 au Royaume-Uni et la troisième position dans les charts japonais. La chanson a été choisie pour la publicité des montres Seiko, où l’on peut voir l’une des deux vidéos réalisées pour le marketing de la chanson. Le mois suivant est arrivé le quatrième single The man with the child in his eyes qui a eu un bon retour commercial, grimpant dans les charts internationaux et gagnant, comme le précédent, la troisième position dans les charts, cette fois sur le marché irlandais. Il a été présenté dans plusieurs spectacles, parmi lesquels il faut retenir la performance au Saturday Night Live. La chanson a été composée au piano par l’auteure

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alors qu’elle n’avait que 15 ans sous la supervision de David Gilmour et enregistrée en 1975 aux studios EMI de Londres, ainsi que les titres “The saxophone song” et “The beautiful Humming”, dédiés à David Bowie, publiés inexplicablement seulement en 2018. La première version de ce dernier, datée de 1973, a été enregistrée en une seule session avec 15/20 autres titres dont “Passigng trough air” faisait également partie, partageant les arrangements. “Humming” a été diffusé à la radio en 1978 en présence du même auteur, ce qui laisse supposer une publication ultérieure. Le cinquième et dernier single de l’album est “Strange phenomena”, sorti en 1979. En Italie, l’auteur-compositeur a reçu le Telegatto comme meilleure révélation étrangère de l’année. La même année, elle participe en tant que super invitée à la vingt-neuvième édition du festival de Sanremo en interprétant les chansons “Wow” et “Hammer Horror”, toutes deux extraites de son deuxième album: Lionheart. Le deuxième album, Lionheart, a été bien accueilli au niveau international, atteignant le top 5 dans plusieurs pays. Toujours en 1979, l’auteur a réalisé une émission spéciale de Noël où elle a proposé en direct certaines des chansons appartenant aux deux premiers albums et leurs singles et faces B, en duo également avec Peter Gabriel dans la chanson “Another day”. La vidéo de la chanson, déjà réalisée, est visible à l’in- voir la vidéo térieur du spécial lui-même. https://youtu.be/pllRW9wETzw PALAZZI 45 VENEZIA

En avril 1979, Kate Bush se lance dans ce qui sera sa première et unique tournée pendant les trente années suivantes, jusqu’à “Before the dawn”. Les raisons de son choix ne sont pas connues et diverses hypothèses ont été émises, parmi lesquelles le fait que l’artiste souhaitait contrôler totalement le produit final, ce qui était incompatible avec le fait de se produire sur scène. Cependant, des rumeurs ont également fait état d’une peur irrésistible de l’avion et on a également émis l’hypothèse qu’elle avait été profondément choquée par la mort à seulement 21 ans de Bill Duffield, son chef éclairagiste, qui est décédé dans un accident lors de son concert du 20 avril 1979 au Palladium de Londres en tombant d’une hauteur de six mètres. Bush a organisé un concert de charité pour sa famille à l’Hammersmith Odeon de Londres le 12 mai, avec Peter Gabriel et Steve Harley. De la tournée de ‘79, intitulée “Tour of life”, est sorti le EP “On stage”, qui ne contient que quelques morceaux de la performance et qui est entré dans le top 10. Entre 1978 et fin 1979, l’auteur est présent dans les charts mondiaux avec 12 disques, dont trois à la première place, trois dans le top 5 et deux dans le top 10. (suit page 46)


Photo EMI

(suit de la page 45) En 1980, Bush est à nouveau au sommet des charts, d’abord avec le single “choc” “Breathing”, qui présente des arrangements et des sons nouveaux par rapport à ses singles précédents. La chanson, qui anticipe la sortie de son troisième album “Never for Ever”, traite de la catastrophe post-nucléaire, et dans la vidéo, l’artiste simule la vie prénatale dans le ventre d’une mère. Le deuxième single extrait est le nouveau hit international, “Babooshka”, qui atteint le sommet des charts de toute la planète. La chanson parle d’une femme mariée qui décide de tester la fidélité de son mari. Parmi les diverses interprétations internationales de la chanson, l’auteur a eu l’occasion de se produire à plusieurs reprises en Italie, notamment lors de la XVIe exposition internationale de musique légère à Venise. L’album “Never for Ever” est sorti en septembre de la même année et a de nouveau atteint le sommet des charts dans plusieurs pays. Pour l’enregistrement de l’album, l’auteur-compositeur-interprète a une fois de plus fait appel à des collaborations exceptionnelles, notamment Ian Bairnson du Alan Parsons Project et Roy Harper. Un autre single, “Army Dreamers”, est entré dans voir la vidéo les charts internationaux, https://youtu.be/F8xk_AkeP5c

confirmant le succès de Bush et atteignant la deuxième place dans les charts israéliens. Le single “Christmas” December Will Be Magic Again, sorti fin 1980, connaît également un certain succès, à tel point qu’il est ensuite choisi par Elton John pour figurer dans sa collection Elton John’s Christmas Party. La chanteuse avait également contribué au troisième album de Peter Gabriel, sorti la même année ; c’est sa voix qui entonne le refrain dans la chanson “Games Without Frontiers”. Bush inclut le nom de Gabriel parmi les remerciements de l’album Never for Ever. Toujours en 1980, l’artiste participe à l’album “The Unknown Soldier”, en faisant un duo avec Roy Harper dans la chanson You. 1981 voit la sortie du single “Sat in Your Lap”, qui connaît un certain succès en termes de ventes. La chanson ouvre l’album “The Dreaming”, sorti en 1982, qui aura moins de succès que l’album précédent, atteignant la troisième position au Royaume-Uni et entrant dans le top 5 dans les autres pays. L’album sera le moins vendu de la carrière de la chanteuse. Le single “The Dreaming”, qui a été présenté au XVIIIe Salon international de la musique pop à Venise, et “There Goes a Tenner” n’atteindront pas le top quarante des hit-parades. Le quatrième single, “Suspended in Gaffa”, ne rencontre qu’un succès mitigé.

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En novembre 1983 est extrait le dernier single de l’album, “Night of the swallow”, très apprécié par la critique et caractérisé par des sons qui rappellent la tradition écossaise et irlandaise. La même année, l’EP intitulé simplement “Kate Bush” est publié pour le marché américain et canadien. En 1985, sort l’album “Hounds of Love”, précédé du single “Running Up That Hill” (A Deal With God), qui connaît un succès international, atteignant le sommet des hit-parades dans le monde entier. Il existe également plusieurs reprises de la chanson, parmi lesquelles il faut retenir celles de Within Temptation et Placebo. The Big Sky sort en avril 1986 et est nominé pour les MTV video music awards. La même année, l’artiste collabore à nouveau avec Peter Gabriel, avec la chanson “Don’t Give Up” de l’album So qui obtient un bon succès commercial en entrant dans le top cinq des charts internationaux. C’est également en 1986 qu’est sorti le premier recueil de hits de Bush, “The Whole Story”, qui a conquis la première place, et dont a été extrait un nouveau single, “Experiment IV”, qui a comme face B le nouvel enregistrement vocal du célèbre “Wuthering Heights”. Au début de la décennie, sort le coffret “This Woman’s Work”, une collection sur CD des albums studio de Kate Bush, des “faces B” et des remixes de divers singles qui sont publiés pour la première fois en format numérique. C’est également en 1990 que sort le EP “Aspect of the voir la vidéo sensual world”, contenant la chanson “Ken”, bande https://youtu.be/RkYcD-Kh78o PALAZZI 47 VENEZIA

sonore de la série télévisée britannique GLC. “The red shoes” est le quatrième single sorti en avril 1994 et montre l’auteur sur la couverture en couple avec l’actrice Miranda Richardson. La même année, elle enregistre la chanson “The man I love”, un hommage à George Geshwin. En novembre, le cinquième et dernier single de l’album And So is Love est sorti. Le double album Aerial est sorti le 7 novembre 2005, dépassant le million de disques la première semaine. En 2011, Kate Bush a fondé une maison de disques, Fish People, car son contrat avec EMI était rompu. Le 10 avril 2013, elle a reçu le titre de commandeur de l’Empire britannique des mains de la reine Elizabeth II du Royaume-Uni au château de Windsor. Le 31 août 2014, Kate Bush a établi un nouveau record en devenant la première artiste féminine à avoir huit albums ensemble en même temps dans les charts, avec deux albums dans le top 10 (The Whole Story et Hounds of Love) et six autres dans le top 40 (50 Words for Snow, The Kick Inside, The Sensual World, The Dreaming, Never for Ever et Lionheart), juste derrière Elvis Presley avec 12 albums dans le top 40 après sa mort en 1977 et les Beatles avec 11 albums en 2009.


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