Photo roberto rinaldi
CARME ALBAIGES
PRECARITE DES ARTISTES
RINALDO DONATI DIEU HAIT LES FEMMES PETER MARINO CHIARA LECCA FAZ TIVITAL ALESSANDRO TOFANELLI
Supplement à l’édition de “Palazzi A Venezia “ Mai 2020
PALAZZI A VENEZIA Publication périodique d’Arts et de culture urbaine de l’association homonyme régie par la Loi de1901 ISSN/Commission Paritaire : en cours Distribution postale/digitale Président Directeur de la Publication Vittorio E. Pisu Photo paintinghere.com
Comité de Rédaction Marie-Amélie Anquetil Arcibaldo de la Cruz Vittorio E. Pisu
Rédacteur Arts Demetra Puddu Supplement à l’édition de Palazzi A Venezia du mois de Avril 2020 Textes et documents photographiques publiées ne seront pas rendus Tous droits reservés
Correspondance vittorio.e.pisu@free.fr palazziavenezia@gmail.com https://www.facebook.com/ Palazzi-A-Venezia https://www.vimeo.com/ channels/palazziavenezia
CARME ALBAIGES / GNG ointue et raffinée, rationnelle et passionnée, cette artiste possède la volonté affirmée, au gré d’une œuvre foisonnante, de caractériser l’expérience humaine et d’autopsier les sentiments : « Je cherche à refléter les ressentis, les passions, les inquiétudes, le doute, le manque de congruence… Mes toiles veulent exprimer l’incompréhension devant un univers étrange, gigantesque, dans lequel l’individu est immergé et qui ne lui est pas toujours compréhensible. Pour moi, le monde est absurde, j’essaie de donner forme à cette sensation dans mon travail.» Ces personnages expriment la tension dramatique de la vie mais aussi son côté burlesque, empli d’agitation fébrile. Comment rencontrer l’autre dans un univers codifié, dont chacun est comme prisonnier ? Ses toiles interrogent, bousculent. Carme Albaiges n’admet aucune concession et veut transmettre un message critique et permanent, cri d’alerte sur la condition humaine.
3, rue Visconti 75006 Paris 00 33 (0)1 43 26 64 71 galeriegng@wanadoo.fr http://www.galeriegng.com PALAZZI 2 VENEZIA
omme promis, nous voilà encore une fois avec un supplément au mensuel Palazzi A Venezia, avec l’intention de vous entretenir de quelques actualités artistiques plus ou moins chamboulées par cette pandémie dont les conséquences devraient prendre fin à plus ou moins brève échéance. Au milieu de ce capharnaüm d’opinions contradictoires, souvent démenties quelques jours ou même quelques heures plus tard, il est rassurant de retrouver les œuvres des artistes, qui apparemment continuent dans leurs trajectoire tout en s’accommodant des cotangentes. Bien que leur condition déjà précaire, risque de l’être encore plus, et souvent dans une pauvreté de moyens matériels, dans des conditions très border line, ils continuent à produire des œuvres qui nous émerveillent, nous interpellent, nous instruisent et nous poussent à mieux comprendre ce monde dans lequel nous vivons et essayons d’exister, tout en participant à son embellissement pour notre plus grand plaisir. Des ventes aux enchères sont organisées pour venir en aide au plus démunis et ils sont malheureusement nombreux. Participons avec nos moyens, les œuvres sont proposées à des prix particulièrement attrayants et ce sera peut-être l’occasion d’acquérir une œuvre d’un artiste que l’on apprécie et avec lequel nous pourrions par la suite développer une proximité profitable à chacun. Je crois et j’espère. que cette pandémie, nous aidera à changer nos modes de vie et à reconsidérer certains choix consumeristes qu’ils soient alimentaires ou d’apparence. Cette clausure forcée nous aura peut être aussi aidé à revoir la façon dont nous occupons l’espace, qu’il soit notre espace privé propre que l’espace publique dans le quel nous sommes encore obligé de respecter des règles que certains trouvent attentatoire à leur supposée liberté. En attendant la fin des restrictions je vous souhaite bonne lecture. Vittorio E. Pisu
Photo Sarah Moon
PRECARITE’ DES ARTISTES n fonds de solidarité a été mis en place, d’un montant bien trop modeste pour venir en aide aux artistes plasticiens et aux petites galeries que la crise met encore plus en difficulté. En attendant des aides plus efficaces, une vente aux enchères en ligne permet de soutenir les créateurs. Les Français adorent aller au musée. Les chiffres de fréquentation en sont la preuve et les visites virtuelles d’expos et de musées durant le confinement aussi. Mais les artistes visuels (peintres, sculpteurs, dessinateurs, céramistes, graveurs, photographes) et les plus petites galeries d’art sont aujourd’hui très touchés par la crise sanitaire et demandent des aides, dont une indemnité de compensation. Car Jeff Koons, qui met le marché de l’art et les milliardaires en extase, n’est qu’un bouquet en trompe l’œil qui cache la détresse économique de l’immense majorité des 65.000 artistes visuels que compte l’hexagone, selon le CIPAC - Fédération des professionnels de l’art contemporain qui publie un rapport sur les conséquences du Covid-19 sur le milieu de l’art contemporain. Cinq choses à faire pour aider le monde de la culture à survivre pendant la crise du coronavirus La crise sanitaire met en péril artistes et galeries les plus fragiles Pendant le confinement, les galeries sont fermées, pas d’expos, pas de foires, pas de vernissage... et donc, pas de ventes. Pour aider les créateurs, une vente aux enchères en ligne “#soutiensUnArtiste” a lieu jusqu’à mercredi 15h (avec l’efficace implication d’Artension magazine). Cinq cents lots, dont 145 offerts par des artistes solidaires avec les plus précaires. Les 355 autres œuvres sont mises en vente par des artistes qui ont un besoin urgent de gagner un peu d’argent. Le précurseur de l’art urbain, le talentueux Ernest Pignon Ernest, à la fibre toujours rebelle et solidaire, soutient cette initiative en offrant une œuvre pour cette vente. Pour lui, les artistes plasticiens sont les grands oubliés de la culture. Et ça ne date pas du Covid-19. “La crise sanitaire exacerbe la situation des artistes, mais cette précarité ne date pas de trois mois. La majorité des artistes sont dans une situation désespérée”, explique-t-il. “Cela fait plusieurs décennies que les institutions, les musées, le ministère de la Culture, dans le domaine des arts plastiques, n’a pas joué son rôle, qui devrait être de favoriser la diversité des sensibilités, des courants, des propositions artistiques. 90% de l’art qui se fait aujourd’hui est ignoré par les institutions.” Et Ernest Pignon Ernest, qui n’est pas un adepte de la langue de bois et de la flagornerie, enfonce le clou dans le tableau noir de cette crise des artistes. “Le secteur des arts plastiques, au niveau des institutions, est entre les mains d’une sorte de nomenclature qui s’est auto-proclamée spécialiste de l’art contemporain et qui s’est alignée sur l’art officiel mondialisé”, dénonce le plasticien. “C’est très bien que l’aristocratie de la fortune s’intéresse à l’art. Elle choisit Jeff Koons, c’est son choix ! PALAZZI 3 VENEZIA
Célébrons les artistes avec les différentes initiatives lancées pour les aider durant le #confinement. Découvrez l’opération #SoutiensUnArtiste https://buff.ly/35mOru0
@RouillacSas #1ermai2020 #1erMai #1erMaiSolidaire Connaissancedesarts @Cdesarts
Au XIXème siècle, les bourgeois choisissait Bouguereau (peintre représentatif de la peinture académique, ndlr). Ce qui est grave, c’est que ‘le service public’ s’aligne sur eux, de façon assez servile, au lieu d’affirmer la nécessité d’une diversité de courants”. Autre difficulté : par rapport aux métiers du spectacle vivant et du cinéma, les artistes plasticiens ont une pratique très individuelle et donc la profession ne se défend pas aussi bien que les gens du spectacle. “Les gens du théâtre, du cinéma ont obtenu des aides que n’ont pas obtenu les artistes plasticiens qui n’ont pas de pratique collective. Mais le syndicat national des artistes plasticiens revendique une compensation comme l’équivalent du chômage partiel”, insiste Ernest Pignon Ernest “Il faudrait que les cotisations sociales de cette année soient complètement prises en charge. Enfin, les expositions qui ont été annulées ou reportées doivent être rémunérées. C’est absolument indispensable.” Un tiers des 13.000 galeries françaises pourraient couler suite à la crise sanitaire Bien sûr, il y a les galeries stars qui n’exposent que les artistes “bankable” (qui rapportent de l’argent) et qui ont assez de trésorerie pour survivre à la crise. Mais les plus petites galeries, militantes d’un art pluriel, qui investissent toute leur énergie pour faire émerger, lancer des jeunes talents et faire rayonner la scène française, sont plus que fragilisées après ces semaines de fermeture. Marion Papillon, la très dynamique présidente du Comité professionnel des galeries d’art, affiche une réelle inquiétude : “On craint la fermeture d’un tiers des galeries. Et si ces galeries disparaissent, cela veut dire qu’elles ne représenteront plus un nombre important d’artistes, en particulier ceux de la scène française.” C’est tout un écosystème qui est touché car nous faisons travailler des restaurateurs d’art, des commissaires d’expositions, des transporteurs spécialisés.” Un fonds de solidarité a été alloué aux artistes visuels d’un montant de 500.000 euros. Les artistes ne sont pas des banquiers mais ils savent compter : chacun recevra moins de 8 euros, et ça, ce n’est pas un trompe l’œil ! franceinter.
Photogoogleartproject
ous nous sommes retrouvés par hasard, grâce à un post que j’ai publié quelques semaines sur Musicabile: l’interview de Paolo Alesssandrini, auteur de Matematica Rock. Dans le texte de présentation que j’avais écrit sur Facebook, je soutenais que la distance entre la musique et les maths n’est pas si sidérale ; il était le premier à intervenir avec une formule courte mais efficace : “Mais non, allez, s’il vous plaît” ! Et il a immédiatement pris la réprimande d’un autre lecteur auquel, grand seigneur et homme intelligent qu’il est, il a répondu en déplaçant le centre d’intérêt vers les émotions, pour “sentir” la musique, vers ce qu’elle peut donner à chacun de nous, prêt à recevoir des sentiments, des rêves, des images. Alors, je l’ai appelé et... je l’ai interrogé. L’homme en question est un musicien, un bon musicien. Et c’est aussi un photographe, un bon photographe. Il s’appelle Rinaldo Donati, il a 58 ans et est un guitariste d’un rare raffinement avec lequel je partage une passion infinie pour un pays magique en termes de culture et de musique, le Brésil. Parenthèse : le géant sud-américain traverse depuis un certain temps une crise culturelle et identitaire qui a culminé avec l’élection d’un président ultra-conservateur, qui se réfère aux “valeurs” de la dictature militaire des années 60 et 70, peu enclin à l’ouverture d’esprit qui a toujours caractérisé la culture brésilienne, notamment la culture musicale. Giorgio Gaslini, le légendaire compositeur et musicien de jazz de Donati, a écrit : “Une qualité musicale incontestable avec une qualité stylistique très rare”. Je suis intrigué par la contamination des arts pratiqués par les nôtres. La musique et la photographie ont beaucoup en commun. Bryan Adams, la rock star canadienne, est également un fantastique portraitiste. Ses photos reflètent sa musique (et vice versa). Rinaldo est comme ça, un visionnaire qui reconstruit ses rêves tantôt avec de la musique, tantôt avec de la photographie et, de plus en plus souvent, en fusionnant les deux activités.
voir les vidéos https://youtu.be/H43D2HWa8D4 https://youtu.be/8TKO3zRMnmQ https://youtu.be/AWHSP5vE54M
https://youtu.be/yiZUU-zxiEA
RINALDO DONATI Rinaldo, déblayons immédiatement le terrain : les mathématiques en musique sont là, c’est indéniable, mais la musique ne vit pas que pour ce “mélange”... “Je dois dire que je n’ai pas lu le livre d’Alessandrini, mais j’ai pris la liberté de répondre à une observation qui m’a été faite : les mathématiques peuvent être un parent de la musique, c’est certain, mais la musique, en tant qu’expression intime de l’être, traduction d’un monde émotionnel et imaginaire n’a rien à voir avec les mathématiques. Comme en littérature : la grammaire est essentielle pour la connaissance d’une langue, mais elle ne peut pas exploiter la poésie ou la littérature. L’art, en général, est un canal intuitif...”. Selon votre expérience... “...la musique peut être faite de différentes manières. Quand je compose, j’imagine des lieux non vus, des vies non vécues. Alors, je les retravaille en harmonies et en notes. Dans les années 90, j’ai écrit de la musique pour des spectaPALAZZI 4 VENEZIA
cles de danse contemporaine où il m’est arrivé plus d’une fois d’être sur scène avec les danseurs, de faire partie du spectacle. Mon effort a été de composer non seulement des tapis musicaux où les danseurs pouvaient s’exprimer, mais de concevoir une musique qui puisse avoir une vie propre”. Depuis des années, en plus de la musique, vous vous exprimez à travers des images... “La photographie, ce type particulier de photographie auquel je me suis consacré, était pour moi la conséquence naturelle de mon travail en musique : j’ai essayé de reproduire ce que j’avais composé, j’ai fixé dans l’objectif des images “travaillées” à travers mon monde, grâce à l’utilisation de filtres et à un réglage bien défini de l’appareil. J’ai essayé de trouver et de traiter un monde visuel qui respecte ma musique. C’était comme trouver visuellement ce que j’avais imaginé avec le son. Un exemple est le travail que j’ai fait à São Paulo. Je n’avais jamais visité la
mégalopole brésilienne, même si je l’avais imaginée en sons et en harmonies. Muni d’un appareil photo, j’ai voyagé pendant 15 jours au loin grâce à des amis qui m’ont accueilli. Et, pendant que je photographiais, j’ai trouvé un parallèle visuel avec la musique dans un “son global””. Vous sentez-vous plus comme un musicien ou un photographe ? “La photographie est l’autre facette de ma créativité. J’ai besoin des deux pour reconnaître qui je suis. Je construis des formes d’empathie avec l’autre mais aussi avec moi-même. Je ne suis pas lié à un genre, j’ai beaucoup de couleurs que je découvre pour les croiser et les unir”. Donnez-moi une définition de la musique... “Mon sens de la musique ? Un lieu pour m’exprimer, c’est pourquoi je suis toujours à la recherche de lieux qui sont des “ondes de choc” émotionnelles très fortes. Revenons aux mathématiques et à la musique : le Conservatoire est indispensable pour apprendre les bases de
Photo roberto rinaldi
ce langage, comme la grammaire l’est pour une langue, mais le Conservatoire peut vous harnacher, vous empêcher d’explorer votre monde émotionnel, vous raidir dans les schémas...”. D’autre part, si nous parlons d’artistes qui sont principalement des musiciens de rock mais aussi de jazz, beaucoup d’entre eux ont fait de grandes chansons sans savoir lire la musique... “C’est là que l’attitude entre en jeu : il faut l’avoir, il faut avoir ce quelque chose en plus qui vous passionne pour la musique. Pour moi, c’est comme tomber amoureux. Il est si attirant que rien ni personne ne peut vous arrêter. C’est une vague émotionnelle très forte. Le musicien aime jouer avec les notes, le photographe avec la lumière, l’écrivain avec les mots, c’est un jeu que l’on emmène à l’intérieur de soi quand on est enfant : comment peut-on couper les ailes d’un enfant qui, un bâton à la main, rêve d’être à la barre d’un vaisseau spatial pour découv-
rir de nouveaux mondes”. La musique évolue inévitablement, suit le chemin de l’homme et de ses découvertes... “C’est une conversation très complexe. Ce que je peux vous dire, c’est qu’aujourd’hui parmi les nouveaux genres et les nouveaux musiciens, il y a des perles qui luttent pour sortir d’un tas confus. Le langage (musical et écrit) est implosé, il n’y a pratiquement personne qui ait le courage de poser son cul sur un siège devant un piano et d’essayer sur le clavier de reproduire des genres, des harmonies nouvelles, des techniques sans recourir à des sons échantillonnés. Arnold Schönberg, dans son Traité d’harmonie, écrit à un moment donné : “Il y a encore tant de choses à découvrir sur la gamme de do”, c’est-à-dire la base de l’étude de la musique. Chacun se nourrit de la nourriture à laquelle il croit, un maximum de liberté. Mais il manque des éléments de liberté expressive, les
genres les plus populaires aujourd’hui semblent tous être des boîtes à musique préfabriquées, les mêmes les unes que les autres...”. Ils ont écrit à votre sujet : “Son son confine à la musique et au jazz brésiliens, aux sons tribaux et à l’électronique, aux suggestions de la danse et des arts visuels. Une âme d’explorateur “salgarien”, dans laquelle musique et images coexistent un impressionnisme raffiné et un goût inné pour l’espace... “Je suis très attiré par le langage du jazz, il m’inspire une grande liberté, il me fascine, mais je ne suis pas pour le free jazz, l’improvisation pure, et puis j’aime la musique brésilienne”. Rinaldo, revenons à notre passion, le Brésil... “J’étais probablement dans une autre vie là-bas. Une passion que j’ai depuis mon enfance, depuis que j’ai lu Le Corsaire noir de Salgari : elle m’avait attiré dans ce monde tropical si loin de nous. En grandissant et en jouant de la guitare, j’ai été frappé par João Gilberto. PALAZZI 5 VENEZIA
Quand je l’ai découvert, je suis littéralement devenu fou. Sa musique m’a donné un grand sentiment de paix. Quand j’arrive au Brésil, j’y vais toujours en tant qu’Européen. Je ne prétends pas être l’un d’entre eux, mais là, je me sens chez moi. De cette passion est né deux projets, Rio Noir et Paulistas”. Votre dernier record remonte à 2008... “Je suis un peu perdu : j’ai trois albums prêts à sortir dans mon tiroir, mais je ne me décide jamais. Je travaille depuis longtemps sur des projets qui incluent aussi de grands musiciens internationaux, sur des morceaux connus, en restant toujours dans le discours des bandes sonores de ma vie. Je suis très intéressé par le dialogue entre les musiciens, en restant dans un certain environnement harmonique à travers diverses compositions qui sont un “continuum”. Si je réussis à le terminer, il pourrait aussi devenir une belle vie. Evidemment, de la musique mais aussi des images. Depuis quelques années, j’ai trouvé un refuge, une maison de la fin du XIXe siècle au bord du lac d’Orta, au milieu d’une forêt. Mon rêve, que j’espère voir se réaliser, est de créer un “petit Woodstock” parmi les arbres, deux jours de musique, avec des artistes du monde entier qui jouent, des gens dans les prés, une longue chaîne harmonique...”. Si vous voulez l’écouter, retrouvez ses albums sur Spotify : bons rêves !
Un chemin transversal qui côtoie la musique brésilienne et le jazz, les sons tribaux et l’électronique, les suggestions de la danse et des arts visuels. Une âme d’explorateur “salgarien” dans laquelle la musique et les images coexistent.“un impressionnisme raffiné et un goût inné pour l’espace. www.rinaldodonati.com/ musicabile.tgcom24.it/
ieu, Allah, Bouddha. Quel que soit le nom que vous lui donnez, c’est en son nom que les hommes déchaînent leur haine contre les femmes. La Bible, la Torah ou le Coran sont les instruments de cette agression, souvent utilisés de manière inappropriée. Et quand les Saintes Écritures ne suffisent pas, les saints viennent à la rescousse de ceux qui les adorent, les miracles pour ceux qui y croient, les hadiths du Prophète (vrais et faux), les dogmes. Les religions sont l’alibi du patriarcat”. Ainsi s’ouvre le très intéressant livre de Giuliana Sgrena, avec le titre - indéniablement fort Dieu déteste les femmes. Sans prétendre à l’exhaustivité, comme l’avoue l’auteur elle-même dans l’introduction du texte, Dieu déteste les femmes présente à ses lecteurs une recherche personnelle sur les causes du patriarcat qui, au fil des siècles, ont conduit à l’établissement d’une société fortement misogyne, qui a fini par empoisonner la vie des femmes et mutiler toute ambition. Cette recherche a pour objet les trois religions monothéistes qui, nettes d’oppositions délicieusement dogmatiques, finissent par trouver un dénominateur commun dans leur façon de voir le monde féminin. Dans le livre, différents thèmes inhérents à la condition des femmes sont abordés : chacun d’entre eux est analysé à la lumière des différentes confessions religieuses, avec l’aide des sources. L’auteur analyse tout d’abord l’origine de la misogynie, soutenue par le mythe de la création : Eve, la première femme, a été créée pour divertir Adam, car aucun animal ne s’était montré apte à remplir cette fonction. C’est précisément en raison de son infériorité sur l’homme que la femme est marquée par le péché originel, condamnée à passer toute son existence dans l’espoir de se racheter. À vrai dire, la misogynie n’est pas née avec les religions monothéistes : Aristote, le grand philosophe grec, a théorisé l’infériorité de la femme et son incapacité à penser de manière rationnelle, malgré le fait que la culture grecque, et en partie aussi la culture latine, soient passées par de brèves parenthèses d’égalité entre les sexes. Bien que la littérature elle-même nous offre des exemples de femmes fortes, comme Antigone ou Médée.
DIEU HAIT L Il s’agit toutefois d’exceptions. La nature biologique des femmes est utilisée pour les confiner aux marges de la vie publique et souvent privée. Le cycle menstruel, la période de grossesse et la période qui suit immédiatement l’accouchement sont considérés, selon les textes sacrés, comme des preuves tangibles de la grossièreté de la femme. Les textes religieux ne manquent pas de passages dans lesquels il est interdit aux femmes de s’approcher du temple pendant la période des menstruations, ou de participer aux cérémonies après l’accouchement. Aux yeux de ceux qui vivent dans un monde sécularisé, de tels préceptes semblent anachroniques, et liés à un passé désormais dépassé. Ce n’est pas le cas. Dans un rapport publié en 2014, Amnesty International a dénoncé le fait qu’au Népal, même aujourd’hui, les femmes sont encore obligées de vivre plusieurs jours dans des étables avec des vaches. Cette ségrégation physique des femmes due au cycle menstruel appartient également à d’autres cultures que celles liées aux trois religions monothéistes : toujours au Népal, les commu-
nautés hindoues attendent des femmes qu’elles passent leur temps dans des grottes spécialement conçues pour elles pendant leurs périodes menstruelles. Bien que la législation nationale ait interdit en 2005 ces pratiques, particulièrement dangereuses pour la santé des femmes qui y sont contraintes, il s’agit d’une tradition difficile à éradiquer. Du voile au terrible fléau des mutilations génitales féminines, une pratique malheureusement de plus en plus répandue dans le monde occidental en raison des phénomènes migratoires, ce qui est évident, c’est la phobie du sexe qui sous-tend la culture misogyne qui, partout, tente de réduire les femmes au silence, et y parvient souvent. En particulier, en ce qui concerne les mutilations génitales féminines, à partir de 2016, le record européen de la diffusion de cette pratique est détenu par l’Angleterre : dans ce classement de l’horreur, l’Italie occupe la deuxième place, avec environ 40 000 femmes stériles. À ce jour, dans notre pays, cette pratique de mortification du corps est un crime, grâce à la loi n° 7 du 9 janvier 2006, point de départ d’une controverse qui a
LES FEMMES enflammé le débat public pendant un certain temps. Un médecin somalien, en 2004, avait expressément demandé la possibilité de pratiquer la MFG (Mutilation Génétique Féminine) à l’hôpital, obtenant l’avis positif du Comité de Bioéthique de Toscane. Cependant, une campagne de sensibilisation menée par une association de femmes immigrées originaires de pays où la pratique est particulièrement répandue, a réussi à empêcher que les mutilations hospitalières ne trouvent une place. Malgré l’opposition de ces femmes qui connaissaient bien l’horreur de ces opérations de boucherie humaine, certains anthropologues se sont toutefois prononcés en faveur de la MFG à l’hôpital, en raison de la forte identité de l’intervention Une identité basée, évidemment, sur la mutilation permanente et irréversible de la sexualité féminine, jamais de la sexualité masculine. Cacher son apparence extérieure, les priver de parole dans les espaces publics, réduire leur liberté de mouvement, mutiler leur vie sexuelle à jamais : autant de pratiques, de traditions, qui continuent à être perpétrées en suivant l’alibi
des dogmes religieux, souvent élevés au rang de véritables règles de droit. Un droit qui, de dérivation divine directe, ne protège jamais les demandes féminines. C’est ce qui se passe, par exemple, avec la discipline qui régit le divorce dans les pays musulmans : l’institut, bien que non inconnu, est plié à la volonté masculine. En payant, et à un prix élevé, une femme est autorisée à divorcer de son mari, si ce dernier est d’accord. Mais dans le cas des enfants, c’est l’homme qui reste le tuteur légal. Bien qu’il semble que la loi coranique prévoie une sorte de séparation consensuelle entre les époux, l’institution est laconiquement citée dans un seul verset et ne trouve pas de discipline explicite. Elle est donc complétée par les interprétations qui sont données de ces versets. Par les hommes, bien sûr. Au contraire, la répudiation est largement théorisée et peut être soutenue par les causes les plus diverses et les plus disparates. La marque d’infamie d’une épouse répudiée a conduit plusieurs femmes à vivre dans la pauvreté ou à gagner leur vie par la prostitution. Les hommes sont autorisés à
répudier leurs femmes pour les raisons les plus diverses, même la maladie : selon les statistiques, plusieurs femmes musulmanes sont mortes d’un cancer du sein. Elles évitent les examens périodiques, seul véritable moyen de prévention en cas de maladie, de peur que le mari n’utilise l’apparition de la maladie pour justifier sa répudiation. Le silence, cependant, s’avère aussi fatal que et plus que la marque de l’infamie. Le voyage que l’auteur nous permet de faire à travers l’analyse des écritures et la façon dont leur interprétation plus fanatique finit par mortifier l’identité féminine a pour but de nous inciter à réfléchir. Et c’est précisément l’objectif déclaré par Sgrena elle-même: “J’espère que ce livre pourra contribuer au débat, à un moment où la crise des valeurs conduit à un besoin généralisé de spiritisme, qui voit les forces les plus agressives et les plus fondamentalistes prévaloir aux dépens des plus “modérés” (si l “on peut parler de modération dans ce domaine). C’est ce qui se passe au Moyen-Orient chez les sunnites, les chiites et les juifs, en Birmanie avec les bouddhistes, en Inde avec les hindous, en Occident avec les chrétiens. Et les victimes du fondamentalisme sont principalement des femmes”. Loin d’attaquer ou de juger la nécessité de professer une foi religieuse, expressément prévue comme un droit fondamental de l’individu par notre propre Constitution, il faut cependant rester sur ses gardes : renoncer à l’évolution culturelle, à la sécularisation, à la poursuite d’un mythe vide et archaïque de la tradition, en divers endroits du monde nous essayons d’élever à l’identité d’un peuple des instruments de mortification de l’identité féminine. Comme si priver la moitié d’une population de sa dignité humaine pouvait réellement constituer la base d’un pacte social entre les individus d’une même communauté. Il n’y a pas de raison d’exister, et il ne pourrait en être autrement, une société qui peut chirurgicalement réduire les femmes au silence, et donc les éliminer. Veronica Sicari Acheter le livre h t t p s : / / w w w. i b s . i t / d i o - o dia-donne-ebook-giuliana-sgrena/e/9788865765203.
eter Marino est le directeur de Peter Marino Architect PLLC, un cabinet d’architecture de 160 personnes, basé à New York et fondé en 1978. Largement reconnu pour avoir redéfini le luxe moderne en mettant l’accent sur l’architecture et la décoration intérieure, le travail de Marino comprend des projets primés dans le monde entier dans les domaines de l’habitat, du commerce de détail, de la culture et de l’hôtellerie. Peter Marino, où êtes-vous en ce moment ? Ma famille et moi avons quitté New York pour Southampton, où j’ai deux maisons, parce que New York semble complètement infectée par la maladie de Corona. La vie a changé. Je travaille tous les matins pendant deux heures dans mon jardin de printemps, où les plantes fleurissent. Puis je marche sept pâtés de maisons jusqu’au village de Southampton, où j’ai un bureau. Très tristement, je passe devant le bâtiment où nous construisons ma Fondation, mais tout s’est arrêté et nous n’avons aucune idée de quand cela va recommencer. Dans le bureau, je suis assis devant un ordinateur. J’utilise Zoom avec mes architectes et mes clients, pendant huit heures par jour. Je dois dire que je déteste m’asseoir devant un ordinateur. N’avez-vous pas toujours dit que vous n’utiliseriez jamais un ordinateur ? Je voulais être le dernier homme à aller dans sa tombe sans utiliser un ordinateur. Malheureusement, au cours des six dernières semaines, j’ai dû apprendre à me servir d’un ordinateur. Je trouve les ordinateurs insuffisants, lents et extrêmement limités dans ce que l’on peut faire par rapport à la simple liberté de dessiner et de penser. Avec Zoom, vous devez appuyer sur quatre boutons pour partager. Si je pense que nous sommes en 2020, je suis ébranlé de découvrir à quel point les ordinateurs sont maladroits. Peter Marino, tu voyageais tout le temps. Et maintenant ? Maintenant, c’est le paradis absolu de ne plus avoir à prendre l’avion. Tu te sens seul ? J’adore être seul. Puis je rentre à la maison et je
PETER MARINO REAGIR A dîne avec ma famille, et nous prenons une série comme Babylon Berlin, The Crown, ou les Médicis pour la regarder sur Netflix ; et puis j’ai le temps de lire. Que lisez-vous ? Une biographie de Catherine la Grande, un livre merveilleux ; et “Leap Before you Look” d’Helen Molesworth. J’écris la préface d’un livre d’art d’un de mes amis, et pour cette raison je relis un livre de Victoria Newhouse, “Art and the Power of Placement”. Je travaille sur mon deuxième livre sur la céramique française, sur Pierre-Adrien Dalpayrat, car à la grande surprise de mes éditeurs chez Phaidon, le numéro complet de mon dernier livre sur Théodore Deck s’est vendu en six mois. Et vos projets ? J’ai deux types de projets. Ceux où nous concevons comme des maisons privées et un hôtel à Los Angeles - et ceux qui sont en phase de planification et où les clients ont déjà fondé leurs projets, donc le travail ne manque pas. PALAZZI 8 VENEZIA
Ensuite, il y a le commerce de détail. Dans le monde entier, les magasins de détail ont arrêté 80 % de leurs projets, mais chacune des marques a de grands projets qui se poursuivent parce qu’ils étaient déjà en construction lorsque le virus Corona a frappé. Citons notamment l’immeuble Christian Dior, avenue Montaigne, le projet Bulgari de 2000 mètres carrés sur la place Vendôme à Paris, et un projet Chanel à Los Angeles en cours de construction. Mais tous les nouveaux projets sont retardés d’un an. “Pour certaines personnes, être seul dans un monastère est un luxe”. Peter Marino, vous avez travaillé en Chine, en Corée, au Japon, à Hong Kong, à Singapour, à Taïwan. Que se passe-t-il là-bas ? Curieusement, il y a deux semaines, des projets ont repris à Hong Kong. Nous avons un bâtiment en cours pour Louis Vuitton à Tokyo, et nous pensons qu’il ouvrira en septembre.
Que se passe-t-il en Amérique ? L’Amérique est fermée à 100 %. Ils ont dit qu’ils réexamineront la situation le 15 mai. Je ne peux pas imaginer que ce soit si tôt. Pensez-vous que l’Amérique n’était pas préparée ? Je pense que le monde entier n’était pas préparé. Personne n’était préparé. Quelle est votre réaction ? Dans l’histoire du monde, les pandémies ne sont pas vraiment choquantes, comme nous en avons déjà eu beaucoup auparavant, par exemple la grippe espagnole. Aujourd’hui, avec des millions de personnes qui prennent l’avion, je ne suis pas surpris par la propagation. Je suis surpris par le temps que les dirigeants ont mis pour réagir. Les gens du gouvernement ont été très lents à réagir par rapport à la rapidité des informations disponibles. Les murs ont été très symboliques tout au long de l’histoire. Les gens les construisent et ensuite les détruisent.
Photo Jason-Schmidt
A LA REALITE VIRTUELLE Aujourd’hui, y a-t-il des murs pour une pandémie ? C’est le contraire, car les contacts humains ont augmenté. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de murs. Je vis dans un pays où il y a un président qui aimerait construire des murs. Pensez-vous qu’à cause de la pandémie, les architectes devront adopter de nouvelles mesures de sécurité ? Je sais que la distance sera nécessaire pendant un certain temps, et que les gouvernements adopteront des systèmes de distanciation sociale. Nous ne nous serrerons plus jamais la main, et les Français ne s’embrasseront plus sur les joues. Je pense que des limites seront imposées aux réseaux de métro pour éviter la surpopulation. Quel genre de monde imaginez-vous ? Je pense qu’il y aura une réaction au fait que nous avons eu deux à trois mois de réalité virtuelle. Les gens retourneront au sport, au shopping et aux mu-
sées. En gros, les humains sont des animaux sociaux. Les gens vont probablement revenir à ce qu’ils étaient avant. Si nous ne sommes pas contraints par la loi, nous ne garderons pas nos distances. Ils devraient trouver un vaccin, et je suis sûr qu’ils le feront. Le VIH semblait sans espoir, et ils ont trouvé un vaccin. Quelle sera, selon vous, l’attitude des gens face au luxe ? Les définitions du luxe sont toujours fluides. Pour certaines personnes, être seul dans un monastère est un luxe. Pour moi, ne pas avoir à voyager en avion et vivre à la campagne, c’est un grand luxe. Mais qu’en est-il des marques de mode de luxe ? C’est certainement un besoin humain d’avoir quelque chose de beau et de bien fait, depuis les Égyptiens, depuis 10 000 ans. Peter Marino, qu’en est-il de l’art ? L’art est et a toujours été une valeur.
L’art sera plus important que jamais, parce que dans le monde occidental et en Chine, il apporte une certaine spiritualité qui n’était auparavant fournie que par la religion organisée. Vous avez été l’architecte et l’ami d’Andy Warhol. Que pensez-vous qu’il aurait pensé cette fois-ci ? Il prendrait des photos de cellules du virus Corona et les colorierait avec des couleurs pop, et je pense que les peintures se vendraient comme des petits pains chauds. Il ferait des peintures sur le microbe, une série de catastrophes sur ce qui s’est passé dans les hôpitaux, et il ferait des peintures sur les décès dans les hôpitaux et montrerait des scènes d’horreur. C’était un grand artiste, et ses peintures reflétaient les valeurs et les événements dans lesquels nous vivions. Ses peintures ont défini les années 60 et 70, et s’il était vivant aujourd’hui, il définirait 2020 par les sujets qu’il a choisis et la façon dont il les a peints. PALAZZI 9 VENEZIA
Y a-t-il des artistes vivants comme lui aujourd’hui ? Je pense notamment à Richard Prince. Ses peintures définissent la société américaine à l’époque où nous vivons. Je collectionne follement Georg Baselitz. Il peint ces portraits d’hommes en chute libre qui semblent vraiment pertinents en ce moment. Il m’a demandé de concevoir son exposition à la Biennale de Venise en mai 2021 au Palazzo Grimani. Vous êtes un passionné de moto. Pouvez-vous conduire en ce moment ? J’irai dans deux semaines. Il fait vraiment trop froid. Je recommencerai dès qu’il fera assez chaud, avec ma KTM et ma Triumph. Ta façon de travailler va-t-elle changer après la pandémie ? Ma façon de travailler ne va pas changer. Certains disent que nous allons travailler davantage à la maison. Ma réponse est la suivante : Non ! Je ne pense pas que le travail à domicile soit le meilleur. Il faut un environnement dans lequel on peut être productif, c’est pourquoi je ne suis pas favorable à l’idée de rester à la maison. En architecture et en design, la créativité ne se fera pas à la maison. Je n’ai pas l’intention, une fois cette quarantaine terminée, de continuer à travailler sur l’ordinateur. Je veux dessiner avec ma Pentel noire, et voir et toucher des matériaux. Avec Zoom, vous pouvez montrer des plans, mais les ordinateurs ne transmettent pas le sens de la matérialité. Tout est plat sur un ordinateur. Les ordinateurs n’ont pas de sensualité. L’effet est aplatissant. Ils essaient de rendre tout égal, ce qui est triste et difficile à travailler. Puis-je comprendre que vous n’allez pas travailler pour Apple ou Microsoft ? Ce ne sont vraiment pas mes clients. Interview menèe par Alain Elkan le 24 avril 2020 Portrait de Peter Marino par Manolo Yllera. h t t p s : / / w w w. a l a i n e l k a n ninterviews.com/peter-marino-2/?fbclid=IwAR0_ H l h P B S k y Z b W- s l y f r o I TBa1GfJnxnNTg3eYDdMtbbTieStSXk6uipew
Photo galleriafumagalli
hiara Lecca est née en 1977 à Modigliana, dans la province de Forlì-Cesena, où elle vit et travaille. Elle grandit en contact étroit avec la nature et le monde animal sur les terres de la ferme familiale, conservant de précieux souvenirs qui marquent largement son travail artistique. Après avoir obtenu son diplôme de l’Académie des Beaux-Arts de Bologne, il se concentre sur la recherche du rapport entre l’homme et la nature afin de faire ressortir la fracture opérée par la société contemporaine et la contradiction inhérente au comportement collectif humain consistant à supprimer la partie instinctive (émotionnelle et ancestrale) par opposition à la sphère rationnelle (pensée scientifique, technologique et spéculative). En 2016, Chiara Lecca fait partie des finalistes du 17e prix du Caire et expose au Palazzo Reale de Milan. En 2018, elle est artiste en résidence à l’Institut culturel italien de Madrid et en 2019 au MACRO Asylum à Rome. Outre de nombreuses participations à des expositions collectives, l’artiste a exposé ses œuvres dans le cadre d’expositions individuelles dans des institutions italiennes et étrangères, telles que Museo Carlo Zauli, Faenza et Collezioni Comunali D’Arte - Palazzo D’Accursio, Bologne (2017), Fondazione Ghisla Art Collection, Locarno (2016), Naturkundemuseum Ottoneum, Kassel (2015), Villa Rusconi, Castano Primo, Milan et Palazzo del Monte, Faenza (2013), MAR - Museo d’Arte della Città di Ravenna (2010), Kunst Meran, Merano (2009). Les recherches de Chiara Lecca visent à retrouver la nature atavique, irrationnelle et sauvage de l’être humain, à briser la perspective anthropocentrique contemporaine et à faire ressortir le lien étroit avec l’élément animal omniprésent dans la vie quotidienne (il suffit de penser à la nourriture, aux vêtements, aux cosmétiques...). L’artiste extrapole des fragments de la réalité, surtout organiques, en les présentant dans des compositions inattendues, ironiques et
GALLERIA FUMAGALLI Via Bonaventura Cavalieri 6 20121 Milano du mardi au samedi de 11 à 19 heures Info: +39 02 36799285 | info@galleriafumagalli.com www.galleriafumagalli.com Ufficio stampa PCM Studio Tél +39 02 36769480 | press@paolamanfredi.com
CHIARA LECCA presque kitsch, qui trompent le spectateur au premier coup d’oeil et le forcent à remettre en question sa façon d’interagir avec la nature. Les oreilles, les peaux et les fourrures de lapin, les ampoules de bœuf et de porc, traitées par taxidermie, prennent de nouvelles formes dans des sculptures et des installations où la nature dialogue avec la composante architecturale et industrielle, représentée par des matériaux issus de la chaîne de production tels que le bois, la céramique, le polyuréthane et la résine synthétique. “J’aspire à reproduire la tromperie à laquelle nous sommes confrontés chaque jour, je pense qu’il est presque impossible de percevoir la réalité sans que notre esprit nous filtre, nous avons tendance à nous tromper tout le temps”. Chiara Lecca Décontextualisant les objets et les matériaux par rapport à leur utilisation PALAZZI 10 VENEZIA
et à leur environnement, Chiara Lecca réalise des “natures mortes” qui sont présentées sous des formes fascinantes mais déroutantes. En fait, un examen attentif révèle des éléments inattendus qui bouleversent les conventions éthiques et esthétiques. Les pétales des natures mortes sont constitués d’oreilles d’animaux taxidermisés ; les totems de marbre des séries “Fausses billes” et “Vraies fausses billes” se révèlent être des vases en verre recouverts de cloques d’animaux ; et les silhouettes des défenses, qui ressemblent à des trophées de chasse accrochés au mur, se révèlent être constituées de pare-brise et de garde-boue recouverts de fourrure. “Qu’est-ce qui nous répugne tant ? La vision d’une réalité brute et brisée ou l’idée que la mort peut devenir une décoration ?” Sabrina Samori Un fort sentiment d’alién-
ation est également provoqué par d’autres séries de sculptures qui redonnent des caractéristiques organiques ou même animales alors qu’elles sont faites de matériaux inorganiques. C’est le cas de l’éléphant, une grande dent préhistorique en céramique, associée pour sa forme à un éléphant qui marche ; et les sculptures de la série des Jardins, c’est-à-dire les crânes de différents mammifères d’élevage reproduits grandeur nature en grès blanc, d’où poussent quelques petites plantes grasses, symbole de renaissance. Des dichotomies évidentes transparaissent de ces compositions : l’organique est camouflé dans l’inorganique, la vie émerge de la mort. Dans l’oeuvre Lapped rocks, l’élément organique n’est pas évoqué par la forme, mais plutôt incorporé dans l’action qui a produit l’oeuvre : les blocs de sel minéral, avant de devenir
une sculpture modulaire et adaptable, ont été laissés dans les écuries et soumis à l’usure de l’animal qui les a léchés. Chiara Lecca privilégie la création d’œuvres ironiques qui ouvrent une réflexion sur la manière dont les êtres humains abordent le monde animal. Elle joue sur la promiscuité entre les deux mondes, et sur ce sentiment d’appartenance / de proximité au règne animal tant redouté par l’homme. Dans le même esprit de contrefaçon avec lequel l’artiste modifie les éléments d’une nature morte, il présente une nouvelle version des Trois Grâces : des perruques en fibres naturelles et synthétiques accrochées à des tréteaux dissolvent toute la douceur de l’iconographie traditionnelle des trois figures classiques. Liée à la culture rurale, Chiara Lecca conserve l’idée d’une chaîne de production (alimentaire et ma-
nufacturière, par exemple) dans laquelle ce qui est habituellement considéré comme un déchet n’est pas jeté, mais subit une transformation supplémentaire pour trouver une destination. Dans ses œuvres, les déchets deviennent un art et un prétexte pour remettre en question la durabilité de l’approche consumériste de la société contemporaine. “Précieux et fondamentaux tout au long de mon voyage sont les souvenirs liés à l’enfance ou plutôt les sensations primitives qu’ils m’ont laissées. Dicté par les cycles de la vie et de la mort, par la peur de la solitude, de l’inconnu et le grand sens de la liberté, l’affection entre les créatures, la cruauté de devoir s’en séparer, les parfums, les odeurs nauséabondes et en même temps rassurantes... tout cela vu à travers les yeux d’une petite fille”. Chiara Lecca Le projet Coypu Panties
(2006) est ironique par rapport aux canons de beauté contemporains et à l’habitude obsessionnelle de l’épilation. L’artiste propose des toupets faits de cheveux nutria qui émergent sans vergogne des sous-vêtements de jeunes filles habillées avec vivacité. Le poil est peut-être ce que l’homme a le plus en commun avec l’animal et donc méprisé par la société actuelle dans son idée spasmodique de détachement du monde animal. À l’occasion de cette étude approfondie, la Galleria Fumagalli participe à la diffusion en streaming de l’œuvre vidéo “Coypu Panties”, créée en 2006 et présentée deux ans plus tard dans l’ancien siège de la Galleria Fumagalli à Bergame pour l’exposition solo “Del maiale non si butta niente”. La vidéo est disponible sur vimeo.com/413581959 en tapant le mot de passe : Coypu PALAZZI 11 VENEZIA
’espère que vous vous portez tous bien. Je vous traduis le message de ma galerie belge ART & ADVICE qui s’associe à une très belle organisation d’entraide dont je suis solidaire. L’art crée une grande famille au delà des frontières …La pandémie n’a pas de frontière non plus … Avec l’Art , la vie est toujours plus belle …surtout quand l’Art s’associe à une organisation “Supportteam Rouwbegeleiding Corona” qui vient de se créer pour soutenir psychologiquement et financièrement des gens qui ont perdu un proche à cause du Covid 19 sans avoir pu les accompagner lors de leur départ. Une équipe de 30 professionnels (psychiatres, psychologues et spécialistes en deuil) les aident déjà gratuitement. 10% du montant de la vente sera reversée à cette association. C’est un moyen d’être solidaire dans ces moments difficiles. Veuillez trouver le lien vers la présentation des différentes sculptures extérieures mises à la vente dans le cadre de cette opération sur le site online: http://www.artandadvice. com/corona-rt Une autre très jolie chaîne de solidarité entre artistes vient de se créer à laquelle j’adhère également : les amis des artistes. Elle ne peut exister sans vous les collectionneurs... (beaucoup d’oeuvres sont à moins de 500€) 30 % des ventes générées par cette chaine est offerte aux artistes nécessiteux par l intermédiaire d’associations. Parmi les 3 oeuvres proposées, vous trouverez “Tantrisme”de ma série Kintsugi. Toutes les oeuvres mises en vente peuvent se voir sur l’Instagram #lesamisdesartistes et toutes les information sur le site: http://lesamisdesartistes.com
FAZ
50, av Pierre Sémard 94200 Ivry sur Seine France faz@faz-sculpture.com www.faz-sculpture.com
Chers amis et collectionneurs, Tout d’abord j’espère sincèrement que vous et vos proches allez bien, dans cette période étrange… Apres des remaniements obligés d’agenda, voici mon actualité d’artiste confite ! - Exposition personnelle à la Galerie Florence B. à Noirmoutier
à partir du 30 mai jusqu’au vendredi 17 juillet puis en exposition collective durant la saison.
www.galerieflorenceb.com - Exposition collective à la galerie Gilbert Dufois à Senlis, avec de nouveaux tableaux ,
à partir du 12 mai. Photo outsiders alfredo accatino
- Et 2 actions solidaires: (Destinées à alimenter en partie un fonds de solidarité pour les artistes en difficulté)
- Vente aux encheres en ligne #SoutiensUnArtiste, où mon tableau « Point de départ » , 60x92 cm, sera mis en vente
Photo Simon Gillespie Studio
www.galeriegilbertdufois.com
ALESSANDRO TOFANELLI
du 30 avril 18h au 6 mai. Le catalogue en ligne le 30 avril à 18 h, 450 artistes de renom y participent . #Soutiens Un Artiste ! | Rouillac - Vente en ligne #lesamisdesartistes Les amis des artistes L’élan de solidarité entre artistes plasticiens Prenez soin de vous!
Marion Tivital
https://www.facebook.com/ OutsidersDiAlfredoAccatino/
a peinture d’Alessandro Tofanelli est une sagesse ancienne dans la technique ; tout cela est combiné et dialogue avec une interprétation moderne, qui vient d’aujourd’hui, de la mémoire immédiate oubliée, isolée, silencieuse, libre. Et c’est précisément le silence, parce que ses peintures ne doivent pas seulement être vues mais écoutées : c’est le silence de ce qui est encore, lentement construit par la couleur, de ce qui est tellement aimé qu’il est inaccessible, sacré, irréaliste. L’imagination poétique trouve alors sa place, reconnaît son “humus” et se laisse entraîner dans un équilibre rigoureux et en même temps imaginatif des formes. Ses tableaux sont des “portraits de paysage”, des portraits non plausibles, caractérisés par des variations physionomiques infinies, par des situations d’éclairage théâtrales typiques de cette scène artificielle spécifique, gérées par un sage et par une opération intellectuelle singulière. Des portraits de paysages inexistants, résultat d’une stratification d’images chères à l’auteur, des images faites à partir de souvenirs et retravaillées par l’art de la mémoire. Tofanelli est un romantique qui prend son temps. Ses coups de pinceau mettent en valeur chaque brin d’herbe, chaque branche d’arbre, chaque fleur de la pelouse de manière légère et nuancée. C’est comme s’il caressait, avec tendresse, la nature qu’il aime. Cette caractéristique se révèle dans la multitude de façons dont il capture la beauté dans la simple élégance de la nature. Ses œuvres inspirent un sentiment de tranquillité et il ne nous reste plus qu’à observer les détails avec discrétion et à “écouter” cette force créatrice spontanée et lentement irrépressible qui caractérise chaque détail de ses peintures. Il a réalisé de nombreuses expositions personnelles dans des espaces publics, des fondations et des musées en Italie, sur presque tout le territoire et à l’étranger. Prix remportés : en 1975“La resistenza in Lucchesia” et le premier prix “INA- Concours de tournée” au Palazzo Strozzi à Florence. En 1984, “Giotto d’Oro”, en 1987 “Onda Verde” à Florence et “Ibla Mediterraneo”. Ses tableaux sont mis aux enchères chez Christie’s. En 2018 Réalisation et production du film “44 giorni”, écrit et réalisé par lui (parmi les acteurs : Stefano Dionisi). En 2013 : Réalisation et production du film “Senza ritorno”, qu’il a écrit et réalisé. En 2012 Pendant le festival de cinéma Viareggio Europa, Alessandro Tofanelli a reçu le prix Monicelli. En 2006 : Le film, “Contronatura” et produit par R&C Produzioni, a remporté le prix spécial du jury au festival Europacinema et au festival de Nice à New York et San Francisco. il a ouvert le festival de Nice à Amsterdam ; l’édition du festival à Saint-Pétersbourg, Moscou et Perm. En 1997 dans le cadre du Festival Europa Cinema, “Il canto delle nuvole” avec la voix narrative de Giancarlo Giannini et la musique de Federico De Robertis (Nirvana). En 1991 : il est assistant réalisateur dans le long métrage “Confortorio” du réalisateur Paolo Benvenuti. En 1992, le film a participé au Festival du film de Locarno. En 1986 : il est assistant réalisateur dans le long métrage (réalisé en 35 mm) intitulé “Il bacio di Giuda” du réalisateur Paolo Benvenuti. En 1988, le film a été présenté à la “Semaine de la Critique” du Festival international du film de Venise. Il a collaboré avec le réalisateur Francesco Alberti sur un court métrage pour l’école d’Ermanno Olmi à Bassano. https://www.galleriagagliardi.com/it/biografia-artista/alessandro-tofanelli
PALAZZI 12 VENEZIA