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Lumières du Chabbath
VAyIKRA
4 & 5 Nissan 5777 Entrée : 20h02 - Sortie : 21h09
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L’Hebdomadaire qui remet les pendules à l’heure ... de la Délivrance
Du 30/03 au 06/04/2017
Nous venons d’entrer dans le mois de Nissan, un mois exceptionnel, appelé par le Rabbi «Mois de la Délivrance»…
Le printemps de la Délivrance fait, cette appellation est très ancienne, puisqu’elle figure dans la Guémara et dans le Midrach, qui identifient le mois où s’opéra la délivrance d’Egypte à celui où nous-mêmes serons délivrés de ce dernier exil. Mais cette affirmation va plus loin que la simple désignation du moment de la Délivrance définitive, elle définit surtout un type de délivrance. En fait, deux modèles existent : une délivrance consécutive à un travail personnel de Téchouva, de retour à D-ieu et à Sa Torah. De manière plus générale, cette Délivrance est le salaire de l’œuvre accomplie par les hommes, et elle est désignée allusivement comme arrivant «en Tichrei», le mois du jugement et de la Téchouva. L’autre type de délivrance est semblable à ce qui arriva lors de la sortie d’Egypte, où nos ancêtres reçurent leur libération en don gratuit, puisqu’ils n’avaient à leur actif, hormis la foi, aucune réalisation d’un commandement de D-ieu. C’était un pur miracle, détaché de la réalité rationnelle à laquelle nous sommes habitués, et pourtant c’est cette dernière opinion qui prévaut chez l’ensemble de nos Maîtres pour qualifier la délivrance d’Egypte. Mais ce qui est plus surprenant est le fait qu’une partie d’entre eux désigne la Délivrance future par le même terme allusif, «Nissan», alors que, sans l’ombre d’un doute, nous ne sommes plus dans la même situation que nos ancêtres, puisque nous avons reçu la Torah et que, de l’avis de tous, nous devons mériter, par la Téchouva, notre libération définitive de l’exil. Certes, même ceux qui déclarent que «nous serons délivrés en Nissan», en pur don, lorsque sera venu le moment de la Délivrance, admettent que l’E-ternel enverra alors un roi qui imposera des décrets cruels comme ceux de Haman, qui nous contraindront à revenir à
En
D-ieu et à être ainsi délivrés, ce qui conserve à la Téchouva son rôle agissant. Mais cette Téchouva forcée peut-elle être inscrite à notre mérite, et correspond-elle vraiment à notre situation d’hommes libres, dotés d’un libre-ar-
bitre et ayant reçu, par les commandements de la Torah, le moyen de l’exercer ? De plus, au niveau de la loi pratique, Rambam présente les deux positions, juxtaposées dans la même décision, et ne semble pas trancher pour l’une ou l’autre: «Israël ne sera délivré que par la Téchouva, mais la Torah a promis qu’ils finiront par faire Téchouva à la fin de leur exil»! Est-ce un acte volontaire ou une prédiction qui se réalisera fatalement le moment voulu, nonobstant leur libre-arbitre?
Tous ont fait Téchouva
A ces questions fondamentales, le Rabbi, roi Machia’h, apporte magistralement les réponses, et toutes sont complémentaires et en phase avec la réalité d’aujourd’hui: Il est nécessaire avant tout, explique t-il, de voir l’œuvre à accomplir pour mériter la Délivrance parfaite comme s’étendant sur la totalité des générations, depuis le Don de la Torah et surtout depuis la chute en exil, et non sur chaque génération prise isolément. Et de ce point de vue-là, le nombre incommensurable des bonnes actions accomplies par l’ensemble des générations passées, ajouté aux souffrances endurées
par le peuple juif pendant l’exil, et surtout par les dernières générations, ont pratiquement achevé l’œuvre de purification du monde, ne laissant que très peu de Mitzvoth à finir d’accomplir à notre époque. Par conséquent, on peut affiemer que la Téchouva a bien été accomplie par tous. Secundo, la majeure partie des individus de notre génération est composée de «bébés arrachés à leur berceau», n’ayant jamais grandis dans un milieu où la Torah était pratiquée. Et ce genre de personnes fait l’objet d’une juridiction spéciale dans la Loi juive, car elles sont considérées comme n’étant jamais en état de péché, même à l’occasion de transgressions flagrantes des commandements. Au contraire, explique le Rabbi, les quelques Mitzvoth qu’elles accomplissent – et a fortiori si l’on considère le développement exponentiel du Judaïsme à notre époque sur toute la terre – sont à inscrire à leur actif comme largement méritoires. De plus, il leur suffit d’avoir simplement conçu pendant un petit instant de leur vie une envie de Téchouva, pour qu’elles soient considérées comme étant revenues à D-ieu au plus haut niveau de la Téchouva. Enfin, et pour répondre à la question posée en début d’article, si les souffrances envoyées par le Ciel ont pour effet de provoquer une prise de conscience dont il résulte une Téchouva qui déclenchera le processus de la Délivrance, cette dernière est malgré tout totalement volontaire, car elle est latente chez chaque Juif, et le facteur qui l’a révélée (les souffrances de l’exil) ne l’a pas créée. Par conséquent, conclut le Rabbi, notre libérateur, c’est bien en Nissan que nous serons délivrés. Les souffrances de l’exil sont maintenant derrière nous, et le printemps est arrivé, laissonsle fleurir nos vies.