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Lumières du Chabbath
BÉHAR-BÉ’HOUKOTAÏ
23 & 24 Iyar 5777 Entrée : 21h13 - Sortie : 22h32
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L’Hebdomadaire qui remet les pendules à l’heure ... de la Délivrance
Du 18 au 25/05/2017
Le thème de Lag-BaOmer, que nous avons vécu la semaine dernière, n’a pas fini de nous livrer toute sa richesse…
Un amour sans condition
En
effet, en plus des enseignements contenus dans l’anniversaire de l’élévation de Rabbi Chimon Ber Yo’haï -, ce jour est également mentionné dans le Talmud comme celui où s’arrêta la mortalité qui avait frappé les disciples des académies talmudiques dirigées par Rabbi Akiva, il y a près de 19 siècles. La cause de cette mortalité, enseigne la Guémara, résidait dans un défaut d’amour du prochain. On peut s’étonner de cette mise en cause. En effet, selon les enseignements du Tanya, l’étroite corrélation qui existait autrefois entre la santé de l’âme et celle du corps, affectant cette dernière dès qu’un préjudice spirituel était causé par une transgression de la Torah, avait cessé d’être apparente à partir de la chute d’Israël en exil. Sa dispersion parmi les nations, entraînant dans sa chute la Présence Divine attachée à l’âme collective d’Israël, introduisit une situation nouvelle: il recevait désormais sa vie physique par le canal dévolu aux nations dont il dépendait pour son existence physique. Cet exil, qui constitue une situation dénaturée pour nous, à cause du schisme apparent qu’il présente quant à notre vie véritable, permet cependant aux pécheurs de ne pas être frappés du fait de leurs fautes, et de poursuivre leur existence en attendant l’instant où ils reviendront de leurs erreurs et les répareront. Cette constatation rend encore plus étonnante l’explication talmudique quant à la cause spirituelle de la mort des disciples de Rabbi Akiva. Ceux-ci vivaient en effet après la chute du Temple, en période d’exil, et leur mort aurait pu être attribuée à des causes physiques, et non à une situation spirituelle déficiente! La seule réponse possible est que le niveau spirituel de ces disciples était tellement élevé qu’ils vivaient encore malgré l’exil sous la loi
d’autrefois, lorsque le corps et l’âme étaient en symbiose totale. Aussi, pour eux, négliger un Commandement de la Torah, a fortiori celui d’aimer son prochain, créait une déficience fondamentale dans la vie du corps. Cependant cette réponse suscite aussitôt une autre question: “Comment des érudits d’un tel niveau, comparables à ceux qui vivaient à l’époque du Temple, auraient-ils négligé l’une des bases de laTorah, au point d’attirer sur eux une telle catastrophe? Question encore accentuée quand on sait de quel maître ils étaient les disciples, celui qui faisait de l’amour du prochain la règle principale de la Torah, et qu’il n’avait certainement pas manqué d’enseigner, avant toute autre règle, à ses élèves!
Le préjugé favorable La réponse nous est donnée, une fois de plus, par le Rabbi, roi Machia’h, dans ses magistrales Si’hoth: “les disciples de Rabbi Akiva”,
explique t-il, “ne contrevenaient certes pas au Commandement de l’amour du prochain, qui constituait la base de leur service. Mais, puisque les conceptions dans le service de Dieu sont aussi nombreuses et variées que les êtres humains qui les conçoivent, chacun envisageait ce service à sa manière, et il y croyait avec avec tant de soncérité qu’il ne pouvait en même temps trouver les conceptions d’autrui aussi justes. Il ne dénigrait pas la position de l’autre, mais il ne parvenait pas à la voir aussi vraie que la sienne, ce qui entraînait d’office un sentiment de supériorité pour ses propres idées, de dédain inconscient pour celles d’autrui. Ce défaut, qui doit être constamment corrigé et qui ne le fut pas, entraîna pour eux du fait de leur niveau spirituel élevé, une sanction mortelle, qui ne cessa qu’au 33ème jour du Omer. La leçon de cet événement tragique est l’importance capitale de l’amour envers le prochain, à qui l’on doit attribuer le préjugé favorable dans tous les cas de figure, car on ignore a priori la valeur réelle d’autrui et de ses conceptions. Et même lorsqu’un jugement défavorable est avéré, il faut encore faire la distinction entre ce qui est resté bon en lui et que l’on doit aimer, avec ce qui est répréhensible et que l’on doit déplorer, ou mieux corriger, toujours guidé par un amour dont on ne doit pas se départir. Quant à nous, disciples d’un maître chez qui l’amour du prochain n’est pas seulement un principe fondamental mais l’essence même de sa vie, car il est l’âme collective de tout Israël, notre activité doit s’exercer au sein d’un amour permanent pour nos frères, quelle que soit leur situation spirituelle ou leurs idées, d’un amour incomparablement plus grand (ce sont les propres termes du Rabbi) “que celui qu’éprouveraient des parents âgés envers un enfant unique qu’ils auraient conçu à un âge avancé”.