W35yw45management octobre 2015

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LE NOUVEAU

OCTOBRE 2015 management.fr 4,90 €

GUILLAUME GIBAULT

FONDATEUR DU SLIP FRANÇAIS

“LE MOMENT N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI BON POUR ENTREPRENDRE”

RÉUSSIR EN FRANCE OUI, C’EST POSSIBLE ! +

COACHING

5

LEÇONS DE MANAGEMENT INSPIRÉES DES SPORTIFS PROS

STRATÉGIE COMMENT BURGER KING FAIT LE BUZZ POUR VENDRE SA FRANCHISE

CRÉATION MONTER SA BOÎTE EN SOLO, MAIS PAS EN SOLITAIRE

BEL : 5,10 € - CH : 7,90 CHF - CAN : 9,95 CAD – D : 5,50 € - ESP : 5,50 € - GR : 5,50 € - LUX : 5,10 € - PORT. CONT. : 5,50 €– DOM Avion : 6,30 €- MAY : 6,80 € - Maroc : 50 DH – Tunisie : 5,5 TND - Zone CFA Avion : 4 500 XAF - Zone CFP Avion : 1 500 XPF

L 12799 - 234 - F: 4,90 € - RD

(ET ON VOUS DIT COMMENT)







édito

LOmig guiLLO

rEsponsablE éditorial

Lea CReSPI

@lomigg

Qu’on se le dise : en France, il fait bon créer. Pourtant, certains hésitent encore à se lancer. aidons-les à se motiver !

pEur d’échouEr… ou dE réussir ?

E

n préparant ce numéro, j’ai appris un nouveau mot : kakorrahphiophobie. Le genre de mot qui vous permet de gagner, d’un coup, une partie de Scrabble. Plus sérieusement, il s’agit du nom scientifique de la peur de l’échec. Un vocable inconnu pour un mal extrêmement répandu. Car combien d’entre nous se sont, un jour, retrouvés paralysés à l’idée d’entreprendre quelque chose, simplement parce qu’il y avait une possibilité qu’ils échouent ? Trop, sans doute. Mais il y a pis : certains sont bloqués à l’idée… de réussir ! Or si la peur de l’échec peut se comprendre, celle du succès semble plus mystérieuse. Il s’agirait pourtant, selon les psychologues, de la même chose. Craindre de réussir une fois, c’est craindre d’échouer la fois suivante, de ne pas être capable de renouveler son exploit. Mais c’est aussi cette petite paresse qui nous pousse à penser : «Surtout, ne dites à personne que j’ai réussi à faire ça… ou on risque de me demander de le refaire !» La peur de réussir provient également de cette propension à vouloir aller trop loin, trop vite. A se fixer des objectifs irréalistes, une fois au pied du mur, on ne trouve plus les ressources pour se lancer. Et on se démotive. Bref, la peur de la réussite, comme celle de l’échec, est l’ennemie de l’entrepreneur.

Pour faire taire ces angoisses, il n’y a pas dix solutions. On peut se répéter les conseils des grands coachs sportifs – comme ceux que nous avons interviewés dans le cadre de notre enquête, p. 90 – pour qui il n’y a pas de belles victoires sans grandes défaites. On peut surtout chercher à dédramatiser les conséquences d’un échec comme celles d’une réussite. Car ce sont surtout les conséquences qu’on redoute. Si, dans certaines cultures, l’échec est considéré comme un apprentissage et valorisé en tant que tel, il reste en effet mal vu chez nous. Mais le plus gênant, c’est que la réussite l’est aussi ! On se méfie de quelqu’un qui réussit. Alors qu’on devrait se réjouir de son succès, s’en inspirer, on le critique ou on le jalouse. C’est pour aller contre ces idées reçues que nous avons décidé de faire ce numéro. Pour montrer que, oui, non seulement on peut réussir en France, mais qu’on le doit ! Ou, en tout cas, on doit tout faire pour. Car nous en avons les ressources autant que les moyens. Comme le dit Xavier Niel lui-même : «La France est un paradis fiscal pour les entrepreneurs. Il est plus facile de créer sa boîte ici qu’aux Etats-Unis.» Croyez-le, il sait de quoi il parle. Alors dites-vous que, quoi qu’il arrive, réussir ou échouer ne devrait vous donner qu’une envie : celle de recommencer ! I

PHOtOS : OLIvIeR ROLLeR POuR management, DR, DamIen gRenOn POuR management

Que faisait La rédactiOn ce mOis-ci ?

Comment déringardiser le slip ? andré mora a posé la question au fondateur du Slip français (p. 70).

OctObre 2015 management

en bras de chemise, Sébastien Pierrot (à dr.) tente notre photographe Christophe Lepetit en tenue de camouflage dans les locaux de ge Healthcare (p. 34). d’intimider le PDg d’Haier europe. Raté ! (p. 100).

7


sommaire OCTOBRE 2015 n° 234 management.fr

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28

Le bon génie des e-commerçants, Bruno Lévêque, en visite à Paris dans ses nouveaux locaux.

ÉdiTO

10

lEs iNFOs À PiCORER avant qu’elles ne s’évaporent. Hop, ça y est !

12

NOmiNaTiONs Chaises musicales au sommet de la culture

14

idÉEs NEUVEs La leçon de management du pape François

16

la VOiE dU GUERRiER La chronique de Pierre Blanc-Sahnoun, coach

18

la QUEsTiON mais pourquoi donc google Inc. a-t-il changé de nom ?

20

lE dRahiRama Chaque mois, la ligne de vie d’un grand patron

22

TRENdy Ce qui se fait ou se fera, et ce qui ne se fait pas…

dÉCOUVRiR 28

BRUNO lÉVêQUE L'homme aux

34

COUlissEs ge Healthcare soigne ses patients et ses clients

40

saGa Perrier, c'est fou ! et ça l'a

43

VOTRE missiON Faire grossir Burger King de retour en France

250 000 boutiques en ligne

été dès le début, il y a 150 ans

aNTiCiPER 48

N'EN jETEz PlUs ! Votre poubelle, une ressource pleine d'avenir

52

zOO dU FUTUR Ici, les humains se cachent pour voir les animaux

ENTREPRENdRE

34

Visite du labo de General Electric où s'élaborent les instruments de la médecine de demain.

56

CRÉER EN sOlO mais sans

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idÉEs d'iCi ET d'aillEURs

souffrir de la solitude

Le BlaBlaCar de l'aérien

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PREmiERs Pas StereoLabs capture en relief les images d'Avatar 2

66

VENdRE dE l'aRT sUR iNTERNET ?

C'est le nouvel eldorado du beau

Ce numéro comporte 1 encart Chridami 4 pages diffusé Paris-IDF ou 1 encart 4 pages Chridami diffusé sur les départements 09, 12, 24, 31, 32, 33, 40, 46, 47, 64, 65, 81 et 82 broché entre les pages 42 et 43, 1 encart Welcome Pack multitre, 1 encart GQ et 1 encart Salon des entrepreneurs posés en C4 sur sélections d'abonnés, 1 carte jetée abonnement kiosque + Duo France, 1 carte jetée abonnements kiosques Belgique, 1 carte jetée abonnements kiosques Suisse. 8

OCTOBRE 2015 management


Décrochez des entretiens d’embauche ! Management vous offre une expertise complète de votre CV, réalisée par CVFirst, accessible sur Management.fr. Cliquez sur «Faire un bon CV» dans le menu «Carrière».

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DOSSIER RÉUSSIR EN

FRANCE, C'EST POSSIBLE ! C'est le moment de vous lancer et de tirer parti des opportunités d'un pays de cocagne : la France

— Montrez-moi votre CV. — Et vous, montrez-moi votre algorithme !

PROGRESSER 90

ON A GAGNÉ ! Motiver son équipe comme un coach sportif

94

DANS LA MARE AUX CROCOS

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JURIDIQUE Un avocat vous répond

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ROBOTS ET DRH Le recruteur du

99

96

La chronique de Benjamin Fabre

futur n'a plus rien d'humain ! TIPS TOP Dix trucs à savoir

sur Windows 10

100

UN PATRON/UN CONSEIL Yannick

101

LE JARGONAUTE La chronique d'Alexandre des Isnards

70

La success story de Guillaume Gibault, fondateur zen et heureux du Slip français.

Fierling, PDG de Haier Europe

S’INSPIRER 104

GARDE À VOUS… Avec les recrues de la Légion étrangère

109

LE LEADERSHIP SELON FRANK

House of Cards, leçon n° 9 LE COIN PHILO Le vrai est parfois l'ennemi du bien, selon Nietzsche

VIVRE 118

ÉTÉ INDIEN Cinq week-ends pour profiter des derniers beaux jours

120

DÎNER EN VILLE Savoir parler

de ce qu’il faut voir sans l’avoir vu

ET AUSSI… 121

COURRIER DES LECTEURS

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ARTS ET MÉTIERS David Abiker monte le son chez Devialet

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Lisbonne, Prague ou Bruxelles ? Choisissez votre escapade pour la Toussaint.

COUVERTURE : OLIVIER ROLLER POUR MANAGEMENT, MAQUILLAGE : DOMINIQUE ALMON-LACOUR. SOMMAIRE : YANN RABANIER POUR MANAGEMENT, CHRISTOPHE LEPETIT POUR MANAGEMENT, OLIVIER ROLLER POUR MANAGEMENT, CZECH TOURISM. ILLUSTRATION : ROCCO

110

LE PROCHAIN NUMÉRO PARAÎTRA LE 22 OCTOBRE 2015 RETROUVEZ

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buzz du biz

LES INFOS ESSENTIELLES (OU PAS) À PICORER AVANT QU'ELLES NE S'ÉVAPORENT PAR ANDRÉ MORA

@AndrM6

QUI L’A DIT ?

«TOUT LE MONDE A DÉJÀ PLEURÉ AU MOINS UNE FOIS DANS L’ENTREPRISE ? SI VOUS ENTENDEZ DE TELLES HISTOIRES, GRIMPEZ VITE À LA DRH. NOTRE TOLÉRANCE SERA DE ZÉRO POUR UN TEL MANQUE D’EMPATHIE !» DELPHINE ERNOTTE, PDG DE FRANCE TÉLÉVISIONS JEFF BEZOS, CEO D’AMAZON VINCENT BOLLORÉ, NOUVEAU PATRON DES GUIGNOLS

PHOTOS : PROCTER & GAMBLE, B. MCDERMID/REUTERS, FOTOLIA, M. MURAT/ABACA, A. HARNIK/AP/SIPA

RÉPONSE : JEFF BEZOS, EN RÉACTION À UN ANCIEN SALARIÉ AFFIRMANT QU’IL «AVAIT VU TOUT LE MONDE PLEURER AU MOINS UNE FOIS CHEZ AMAZON».

BUZZ

BOUSE

CLASSE. Un e-mail de Tim Cook a sauvé Apple d’une chute de 70 milliards de dollars lors de la crise boursière d’août en Asie.

CRASSE. Zirtual, une start-up californienne de services à distance, ferme en licenciant ses 400 salariés par e-mail.

UN HOMME, UN LOGO Toilettage. Kärcher®, numéro 1 mondial des nettoyeurs haute pression, rajeunit son logo : police de caractères adoucie et suppression de l’emblème (trois flèches dans un carré). «Cette modernisation illustre les caractéristiques de notre marque, l’innovation et la qualité», explique Hartmut Jenner. Créée à Stuttgart en 1935, l’entreprise allemande emploie 11 000 personnes.

10

Hartmut Jenner, PDG d’Alfred Kärcher.

DAVID TAYLOR, LE NOUVEAU PATRON DE PROCTER & GAMBLE

DEUX TÊTES PLUTÔT QU’UNE C’EST UN HOMME D’EXPÉRIENCE qui prend les commandes du géant de la grande consommation, en pleine zone de turbulences. David Taylor, 57 ans, dont 35 chez P&G, devra enrayer une chute de 8% des ventes, pour un CA de 76 milliards de dollars. Mais il ne sera pas tout seul : son boss actuel, Alan George (A.G.) Lafley, le coachera «aussi longtemps que nécessaire», a-t-il confié au Wall Street Journal. Rappelé à la tête du groupe en 2013, après l’avoir dirigé entre 2000 et 2009, A.G. a préféré ne pas trop s’éloigner cette fois-ci !


PODIUM

LES 5 MÉTIERS QUI PAIENT DE PLUS EN PLUS

Les salaires des cadres français ont progressé, en moyenne, de 1,5% en 2015, contre un modeste 0,9% en 2014 et un riquiqui 0,5% en 2013. Dans le peloton des plus fortes hausses, les ingénieurs.

1

INGÉNIEUR EN R&D. Jackpot. Avec 4% d’augmentation en moyenne et une croissance de 23% des offres d’emploi sur un an, les chercheurs se taillent la part du lion. Leur salaire médian se situe à 41 190 euros.

2

INGÉNIEUR RÉSEAU. Les spécialistes de la connectivité voient leur rémunération grossir de 3,6% avec, eux aussi, une progression des offres d’emploi de 23%.

3

OBAMA ENCOURAGE L’EXPLOITATION DU SOUS-SOL DE L’ARCTIQUE

V

enu en Alaska constater les dégâts du réchauffement climatique dans l’Arctique, le Président américain a envoyé un bien mauvais signal aux écologistes du monde entier en signant l’autorisation de forage accordée au pétrolier Shell pour explorer le sous-sol de la mer des Tchouktches. Effet désastreux garanti à trois mois de la Cop21 à Paris, où les chefs d’Etat doivent tenter d’enrayer la hausse des températures, notamment en réduisant le recours aux énergies fossiles ! L’un de ses collaborateurs aurait dû montrer au Président

204

FOIS LE SALAIRE DE LEURS EMPLOYÉS

C’est en moyenne ce que gagnent les PDG des 500 entreprises américaines cotées à l’indice Standard & Poor’s, d’après Glassdor Economic Research. Ce revenu s’élève à 13,8 millions de dollars (77 800 dollars pour les employés). Le CEO de Discovery Communications gagne, lui, 1 950 fois plus que ses salariés. Bon appétit !

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

le remarquable film de Luc Jacquet, La Glace et le Ciel ? Le documentariste a accompagné le glaciologue Claude Lorius dans son périple polaire, recueillant les images chocs de la catastrophe climatique en cours. Hélas, Barack Obama a beau proclamer sa foi écolo, il cherche aussi les moyens de soutenir son économie. Selon l’Institut géologique américain, l’Arctique renfermerait 30% des réserves mondiales de gaz naturel et 13% des gisements pétroliers potentiels de la planète. Un eldorado bien tentant…

ACHETEUR. Chargés de réduire le coût des approvisionnements, ces négociateurs se voient octroyer un honorable 3,3%, tout comme leurs collègues de la direction marketing.

4

RESPONSABLE DES ACHATS. Avec 2,6% de progression, les chefs de service sont moins bien lotis que les acheteurs sur le terrain.

5

INGÉNIEUR BTP. Les pros du bâtiment gagnent 2%, pour cause de pénurie de candidats et de rattrapage après des années de vaches maigres. Source : baromètre Expectra.

IN/OUT

LES GAFA C’EST FINI, PLACE AUX Ce sont les nouveaux géants du numérique : après les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon), place aux «jeunes» (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber). L’acronyme Natu désigne des entreprises en hypercroissance (Netflix : + 127% en un an, Uber : 51 milliards en Bourse, un de plus qu’il y a un mois), œuvrant dans l’économie collaborative (Airbnb) ou en passe de bouleverser une industrie traditionnelle (Tesla).

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buzz du biz SITES DE MARQUE : PROPOS CORRECTS EXIGÉS

L

CHAISES MUSICALES

L

e secteur de la culture compte en France. Selon une étude gouvernementale, il pèse 3,2% du PIB. Mais les changements à la tête de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) et de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sont davantage dus aux retombées médiatiques de l’affaire des notes de taxi d’Agnès Saal (elle n’aura présidé l’INA qu’un an) qu’à des raisons économiques.

berté d’expression. «S’il est important d’éliminer les insultes sans objet, les enseignes ont compris l’intérêt de laisser en ligne les récriminations auxquelles elles ont su répondre rapidement», souligne Jérémie Mani.

Des modérateurs traquent sans relâche les propos excessifs publiés sur les sites des marques.

CONTRÔLEURS SOUS PRESSION. Une stratégie qui exige cependant une réactivité sans faille. Car les bad guys du commentaire sévissent à 40% la nuit et le week-end. De quoi mettre la pression sur les modérateurs. Jérémie Mani en témoigne : «Lors des attentats de Charlie Hebdo en janvier dernier, certains de nos 400 collaborateurs, dont une partie est basée sur l’île Maurice, ont fait des dépressions à cause du rythme et du niveau de violence des commentaires.» ANDRÉ MORA

FLORENCE PHILBERT devient DG de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles, à la place de…

AGNÈS SAAL, aujourd’hui chargée de mission au ministère de la Culture.

Vous avez changé de fonction ? Faites-le savoir : nominations@ nomination.fr

LAURENT VALLET, nommé à la présidence de l’Institut national de l’audiovisuel, succédant à…

L’ADDITION, S’IL VOUS PLAÎT !

NAJAT VALLAUDBELKACEM

Elle fut en 2012 (à 34 ans) la plus jeune ministre du gouvernement Ayrault.

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TONY BLAIR

Premier ministre britannique entre 1997 et 2007, ce social-démocrate a réalisé le quasi-plein-emploi chez lui.

JULIE LESCAUT

Incarnée par Véronique Genest, la commissaire a veillé sur la sécurité de ses concitoyens pendant 22 saisons.

MYRIAM EL KHOMRI

Autrefois chargée de la sécurité à la Ville de Paris, la jeune ministre du Travail fera-t-elle baisser le chômage ?

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

PHOTOS : NOMINATION, J. B. AUTISSIER - J. DE ROSA/STARFACE, F. CIMAGLIA/MAXPPP, J. CHAUVIN,/TF1. CAPTURES D’ÉCRAN : NETINO.FR

e client a toujours raison ? Gare aux débordements : 20% environ des commentaires laissés sur les pages Facebook d’une marque, son compte Twitter ou ses forums de discussion devraient entraîner l’intervention d’un modérateur, soit parce qu’ils tombent sous le coup de la loi (racisme, sexisme, homophobie…), soit parce qu’ils sont susceptibles de porter atteinte à son image (insultes, publicité déguisée, humour au 31e degré…) «Si les échanges s’enveniment et font fuir les “bons” commentateurs, l’image de l’entreprise et sa relation client en pâtissent», confirme Jérémie Mani, président de Netino. Cette start-up s’est fait une spécialité de modérer les avis sur les sites des marques ou des médias. Sans pour autant brider la li-


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buzz du biz

iDéeS neUveS Par LOmig guiLLO

@lomigg

cOach i n g

testez La fuck it therapy !

J

ohn Parkin, un coach anglais, est à l’origine d’une pratique à succès : crier un bon coup pour éliminer le stress. Selon lui, un «Fuck it !» sonore hurlé en groupe serait aussi efficace qu’une heure de relaxation. «C’est l’équivalent d’un massage pour l’esprit», explique-t-il dans Psychologies Magazine.

Un sUDaméricain à rome Le souverain pontife a su se servir de son expérience des faubourgs de Buenos aires pour imposer une image de l’eglise au service de tous.

étude

L’impOLitesse ne fait pas de bOns patrOns

PHOtOS : evanDrO inetti/zUma/viSUaL, éD. métanOïa

D

’après Christine Porath, professeur à l’université de georgetown, «en 1998, une étude montrait que 25% des employés s’estimaient victimes d’incivilités de la part d’un supérieur hiérarchique. en 2011, ils étaient plus de 50%». Or avoir un chef malpoli, grossier, rendrait moins productif. Selon un sondage auprès de 2 400 travailleurs et dirigeants américains, 100% des employés victimes d’incivilités au travail ressasseraient l’incident au lieu de reprendre leur activité et 50% feraient moins d’efforts après à un accrochage avec leur supérieur. De même, les employés évoluant dans un climat hostile sont moins efficaces. Lors d’un test de logique, les personnes à qui l’on avait mal parlé avant l’exercice ont été moins performantes (61%) et ingénieuses (58%) que celles qui n’avaient pas été malmenées par les examinateurs. Seule bonne nouvelle de l’étude : «Un style de management discourtois cause très souvent la chute des managers qui le pratiquent.»

14

e xe rcice du p OuvOir

Le vatican, une bOnne écOLe de management ?

L

’auteur américain Jeffrey A. Krames s’est inspiré de la façon dont le pape François a repris en main le Vatican pour en tirer 12 conseils applicables par tous, dans n’importe quelle entre­ prise. Dans Leadership et humilité. 12 leçons de leadership du pape François (éd. Métanoïa), il explique, par exemple, que, à l’image d’un pape ayant simplifié le décorum et adopté un train de vie modeste, beaucoup de grands patrons seraient bien inspirés de «délaisser leur bureau de cadre pour un bureau plus petit, voire un box dans un open space», signifiant ainsi qu’ils font partie d’une communauté, constituée de l’ensemble des salariés de la boîte. Il encourage encore les top managers à com­ muniquer avec tout le monde, sans tenir compte de la hiérarchie, à mettre l’accent sur les forces de chacun plutôt que sur ses faiblesses et à obliger les cadres à aller régulièrement sur le terrain. Des conseils de bon sens, sans doute, mais qui prennent du relief à mesure que l’on découvre les nombreux exemples de ce qu’a pu faire le pape dans différentes situations. L’idée principale de l’ouvrage est qu’il est inutile d’utiliser la force pour être un grand

leader. Et que seules la modestie et l’humilité paient sur le long terme. C’est aussi ce que pen­ sent les 2 700 chefs d’entreprise français réu­ nis au sein des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (lesedc.org), un mouvement qui pro­ pose de réfléchir autour de la justice dans le travail, des relations entre salariés, de la cohé­ rence entre la foi du patron et le fonctionne­ ment de l’entreprise…

mettre sa fOi en actiOn aiderait à pacifier les relations

Ainsi, pour Laurent Spanghero, figure de l’in­ dustrie de la viande, mettre en cohésion sa foi et ses actes en tant que patron, «c’est pouvoir se regarder le matin dans la glace sans avoir de reproches à s’adresser. Même si, parfois, rester dans le droit chemin peut se faire au dé­ triment de la réussite de l’entreprise». De même, explique Michel de Rovira, cofondateur de Michel et Augustin : «Le lien entre ma foi et ma manière d’aborder le travail, c’est l’idée de la communication non violente. Le fait de ne pas rendre responsables les autres de ce que je ressens.» Bref, manager en se référant à Dieu rendrait surtout plus humain. I

OctObre 2015 management


La Poste – SA au capital de 3 800 000 000 € - 356 000 000 RCS Paris - Siège social : 44, boulevard de Vaugirard – 75757 Paris Cedex 15 – Crédits photo Thinkstock -

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la voie du guerrier PIerre bLANc­SAHNOUN

COACH DE CADRES DIRIGEANTS, FONDATEUR ET DIRECTEUR DE WHITE SPIRIT

KICK-OFF

ILLUSTRATION : ALINE ZALKO

O

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ctobre, c’est le mois des Kick-Off. En bon français, des petits coups de pied au derrière… Finalité de l’exercice : faire redémarrer tous ces fainéants qui n’ont pas encore fait le deuil de leurs vacances d’été et qui commencent déjà à loucher sur le week-end de la Toussaint et les fêtes de fin d’année. Un œil dans le rétroviseur et l’autre dans les nuages, comment veux-tu qu’ils se concentrent sur les vraies priorités : atteindre l’objectif, ne pas dégrader encore une fois les prévisions de juin, mettre le coup de collier de fin d’année qui fera dire au Board «peuvent mieux faire, mais ont bien limité les dégâts»… et te permettra de garder ton job encore au moins un an ? Bref, c’est maintenant qu’il faut se re­mo­bi­li­ser. D’où le Kick-Off. En général, le Kick-Off se matérialise par un séminaire de rentrée. Il réunit une équipe dans un hôtel de standing et lui propose diverses activités susceptibles d’améliorer son efficacité. On y alterne discussions sur la culture de l’équipe, promenades à vélo, briefings stratégiques, petits vins de la propriété. Tous en ressortent gonflés à bloc avec des plans d’action plein la tête. On va voir ce qu’on va voir ! Et puis, une semaine après, tout s’est dissous à nouveau dans la nappe phréatique ordinaire des priorités à court terme et du chiffre trimestriel. Oubliés, les nobles résolutions, les chartes éthiques signées la main sur le cœur, les beaux moments d’émotion et les puissants insights qu’on a eus avec le coach. En bientôt

trente ans d’animation de séminaires, je peux dire que je n’ai pratiquement jamais vu un plan d’action décidé lors d’un sémi­ naire être appliqué dans la vraie vie. Tout le monde le sait et, pourtant, nombreux sont les dirigeants qui attendent un retour qualitatif concret et mesurable de ces réunions. Ils passent ainsi à côté de l’intérêt réel de ces deux ou trois journées préservées de la moissonneuse-batteuse des réunions-mails-sms-priorités-conf-calls-rappels-engueulades-mémos, etc. Le principe de ces séminaires, c’est d’installer entre les participants un es­ pace de sincérité qui leur permette, dans le respect de l’hypocrisie constitutive de tout rapport professionnel, de se parler vraiment pendant quelques heures. Quand ça fonctionne. C’est pour cela qu’il faut y aller, à ce «machin» de la direction. Tu es débordé et cela te paraît une perte de temps, soit. Mais ne pas y aller, c’est s’exclure du groupe. Une faute grave de bon élève qui oublie que l’essentiel se passe dans la cour de récréation. Quelqu’un a eu l’idée de ce séminaire, l’a vendue à la direction, qui l’a acceptée. Quelqu’un a conçu l’événement, l’a mis sur pied, budgété, etc. Toute attitude bou-

Le Kick-Off prend généralement la forme d’un séminaire de rentrée, dont tous ressortent gonflés à bloc avec des plans d’action plein la tête ! deuse ou sarcastique vient directement faire perdre la face à cette chaîne opérationnelle-là. Sur place, ne te lâche jamais complètement, reste toujours à deux verres derrière ton chef. Quitte à passer pour un parano, n’oublie jamais que tu demeures dans un contexte professionnel, même si le cadre, le lieu et le dress code casual business visent à le faire oublier. En gardant cela à l’esprit, vas-y comme si c’était un voyage en Inde, pars à la rencon­ tre du peuple exotique que forment tes collègues. Tu reviendras peut-être avec une seule idée nouvelle. Mais si tu sais la faire germer pour la transformer en un projet rentable, pour réorganiser ta façon de manager et améliorer ton hygiène de vie, ces quelques jours à arpenter les moquettes beige des grands hôtels n’auront pas été une parenthèse inutile. I OctObre 2015 MANAGEMENT



buzz du biz

LA QUESTION

POURQUOI CHANGE DE NOM ET DEVIENT ALPHABET ? LassÊ d’être rÊduit à des chiffres, Google mise dÊsormais sur les lettres. Pour rÊgner sur le Web de A à Z ? PAR MARTIN SOMA @MartSoma

PHOTO : D.R.

C

’est l’annonce surprise de l’ÊtĂŠ dans le high-tech. Dans un billet publiĂŠ sur son blog, Larry Page, directeur gĂŠnĂŠral et cofondateur de Google, a annoncĂŠ le changement d’identitĂŠ de sa compagnie, qui, d’ici Ă la fin de l’annĂŠe, va devenir Alphabet. En gĂŠnĂŠral, les compagnies changent de nom parce qu’elles souffrent d’un manque de notoriĂŠtĂŠ ou qu’elles s’attaquent Ă de nouveaux marchĂŠs, comme ce fut le cas pour la Compagnie gĂŠnĂŠrale des eaux, rebaptisĂŠe Vivendi. Mais ce n’est ĂŠvidemment pas le cas du moteur de recherche, archiconnu dans le monde entier. Alors pourquoi une telle stratĂŠgie qui, accessoirement, doit coĂťter des millions de dollars ? Renouer avec la crĂŠativitĂŠ. Le gĂŠant de Mountain View a essuyĂŠ quelques ĂŠchecs, notamment dans les rĂŠseaux sociaux. Peinant Ă concurrencer Facebook, il cherche Ă retrouver l’esprit start-up qui a fait son succès. ÂŤAvec le temps, explique Larry Page, une entreprise a tendance Ă s’installer dans le confort, Ă ne faire que des changements mineurs. Dans le monde de la technologie, poursuit-il, on a besoin d’être dĂŠstabilisĂŠ pour rester dans le coup.Âť RĂŠsultat : le boss s’apprĂŞte Ă morceler son groupe en petites entitĂŠs plus souples, toutes rĂŠunies sous l’Êtendard Alphabet. Sectoriser les activitĂŠs. Au fil des ans, Google est devenu un immense conglomĂŠrat. La compagnie lance tant de projets que les investisseurs ont du mal Ă en voir la rentabilitĂŠ. De la recherche sur Internet au mobile (Android), en passant par la santĂŠ (Calico, X Lab) et la cartographie, sans compter une kyrielle de projets plus ou moins futuristes (les AmĂŠricains parlent de moonshots) comme les lunettes connectĂŠes (Google Glass), la voiture sans chauffeur, les drones ou encore

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les ballons gonflables fournisseurs d’accès Internet, Google opère dĂŠsormais dans une foule de mĂŠtiers extrĂŞmement diffĂŠrents. En les sĂŠparant du cĹ“ur du rĂŠacteur, c’est-Ă -dire du moteur de recherche, le groupe veut rassurer les marchĂŠs et les investisseurs quant Ă sa soliditĂŠ financière. Restaurer la confiance. L’omniprĂŠsence de Google sur le Web n’est pas ĂŠtrangère Ă ce changement. MĂŞme si Larry Page ne l’Êvoque pas publiquement, ÂŤGoogle a, au fil des annĂŠes, acquis une image de Big Brother qui contrĂ´le tout sur la Toile, explique un cadre de l’entreprise en France. En crĂŠant Alphabet, on veut montrer qu’après tout, ce n’est qu’un moteur de recherche. Les autres activitĂŠs feront dĂŠsormais partie d’Alphabet, mais ce ne sera plus Google everywhereÂť. Une dĂŠcision qui tombe fort Ă propos Ă l’heure oĂš la sociĂŠtĂŠ est dans le collimateur de la Commission europĂŠenne pour abus de position dominante.

APPLE ADOPTE

LA STRATÉGIE INVERSE

S

i Google crĂŠe une sociĂŠtĂŠ mère pour se scinder en plusieurs entitĂŠs, la firme de Cupertino, elle, a choisi la voie de l’intĂŠgration. Lorsque le groupe Apple rachète une sociĂŠtĂŠ comme, en 2014, le site de streaming musical Beats Music, il l’intègre dans ses services et sous son propre nom. En juin dernier, Beats Music est ainsi devenu Apple Music. Une marque puissante qui jouit d’une image positive. Apple aurait eu tort de s’en priver‌

Alphabet, destinĂŠ Ă porter les nouveaux projets, est une entitĂŠ dont Google, dĂŠsormais recentrĂŠ sur le Web, ne sera que le ÂŤGÂť...

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MILLIARDS de dollars. C’est le cash dont dispose Google pour se diversifier. BMW GROGNE car une de ses filiales porte le nom d’Alphabet. Comme pas mal d’autres entreprises d’ailleurs... Des preuves‚? Allez voir sur Google‚!

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT



buzz LE DRAHIRAMA du biz

UN PDG DANS L’ACTUALITÉ, SES RELATIONS, SES SUCCÈS, SES ÉCHECS…

Le roi du câble qui s’est mué en ogre des médias

Inconnu du grand public il n’y a pas deux ans, cet orfèvre du bon coup financier ne quitte plus l’actualité. Après avoir avalé coup sur coup SFR et le groupe de presse Roularta, Patrick Drahi se lance à l’assaut de la télé en s’alliant à Alain Weill, le patron de BFM. Au prix d’un endettement record ? Les banquiers l’adorent. PAR FRANCIS LECOMPTE

CASABLANCA Fils de parents profs de maths, le petit Patrick voit le jour au Maroc. En 1978, la famille s’installe à Montpellier.

OPTIMISATION A coups de rachats, cet opportuniste se bâtit un petit empire dans le câble et devient résident suisse.

LA RAGE DE VAINCRE Débarquant

de sa province, ce petit-fils de tailleur se retrouve à Polytechnique, au milieu des fils de bonne famille. Il en sort diplômé à 19 ans, habité d’une ambition démesurée et d’un flair imparable, puisqu’il enchaîne avec l’Ecole nationale supérieure des télécommunications.

1963

1983

SIGNÉ DRAHI Déjà il se révèle un financier hors pair, qui garde un œil sur tout et contrôle chaque dépense.

1984

BONNES NOTES Au piano, il s’attaque à Liszt ou à Brahms.

1994

1995

Il crée Médiaréseaux, un nouveau câblo-opérateur

UN PROPHÈTE DANS LE DÉSERT

ARDOISE MAGIQUE Au CP, sa rapidité de calcul sidère ses profs et ses camarades.

UN ENFANT DE LA TÉLÉ Pour son premier

job, il développe la branche de réception par satellite de Philips, puis implante des réseaux de télévision privés dans les pays de l’Est, pour le groupe suédois Kinnevik/Millicom.

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1993

Fonde un cabinet conseil en communication

Il devient opérateur en créant Sud Câble Services à Cavaillon, dans le Vaucluse. Les débuts sont laborieux – il faut convaincre un par un des habitants perplexes de s’abonner à 40 chaînes de télé – mais le succès fait boule de neige quand il réussit à câbler les premiers HLM.


FORCE TRANQUILLE

Parti de rien, ce nouveau milliardaire se mesure désormais à des Bouygues et des Bolloré, dont il égale la fortune et l’impitoyable détermination.

BANDE CHASSANTE

Partout où il passe, le prédateur place ses hommes, un petit noyau de collaborateurs dévoués sur qui il s’appuie depuis des années. Aux finances, Dennis Okhuijsen (en haut) jongle avec les dettes. Eric Denoyer (ci-contre à gauche), camarade de promo, s’occupe des restructurations et Dexter Goei (à droite) joue le rôle d’alter ego opérationnel.

«ALLÔ, MARTIN ?»

Son plus gros coup à ce jour : l’acquisition de SFR pour 13,4 milliards d’euros, au nez et à la barbe de Martin Bouygues. Qui lui rendra la monnaie de sa pièce, un an plus tard, en refusant tout net l’offre de Drahi de lui racheter Bouygues Telecom.

2001

2009

Il rachète Hot, le premier câblo-opérateur israélien

2011

2014

2015

CONSENSUEL Il s’offre la chaîne d’info israélienne i24news, qui prône la cohabitation pacifique entre les communautés.

MÉTHODES «DRAHISTIQUES»

MISE EN ORBITE

La création du fonds d’investissement Altice lui permet de jouer dans la cour des grands. De Noos à Numericable, il rachète tout ce qui envoie des signaux électroniques, jusqu’à contrôler 99% du câble français.

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

UN SOU EST UN SOU Les business class, très peu pour lui. Vive les trajets low cost.

En grand patron digne de ce nom, il se doit d’investir dans les médias. Libération, L’Express, NextRadioTV… partout, les rédactions font les frais de ses restructurations menées au pas de charge.

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PHOTOS : A. DE CAZENOVE - M. GAILLARD - D. ALLARD/RÉA, FOTOLIA, C. MORIN/IP3/MAXPPP, CAPTURE D’ÉCRAN CNBC, P. WOJAZER/REUTERS, SFR, COSTA/LEEMAGE, F. VAN BEEK/PHILIPS, C. BRINKMANN/AIRBUS/EASYJET, BFM TV, L’EXPRESS

1999

PDG du câblo-opérateur UPC-France


buzz du biz

TRENDY

PAR ALIXANNE CHAPON Deux flacons collectors en l’honneur des All Blacks et de leurs légendaires tatouages.

CELA SE FAIT

J’AI L’OBJET !

LE NŒUD PAP INFROISSABLE EN MÉTAL

PHOTOS : GUSTAVE & CIE / BRUNO MORENO, BULGARI, JUSTINE PERSONNAZ / GARÇONNE & CHÉRUBIN, SONY PICTURES, IMAGE SOURCE / CORBIS, GETTY IMAGES

UN HOMMAGE À GUSTAVE EIFFEL

PARFUMS FÉTICHES POUR FANS DE BALLON OVALE

A l’occasion de la Coupe du monde de rugby 2015, Bulgari a fait appel à l’artiste néo-zélandaise Tana Salzmann pour créer une édition limitée de ses deux jus emblématiques (Man in Black et Man Extreme). En l’honneur des All Blacks, les fragrances orientales, puissantes et masculines composées par Alberto Morillas se pareront d’un écrin viril et racé, noir ou argenté, sur lequel sera gravé un tatouage maori. Bulgari, 105 € les 100 ml.

Pensez à l’enlever avant de passer sous un portique de sécurité.

Inventé par deux designers dijonnais, qui ont choisi d’appeler leur marque Gustave & Cie (en hommage au père de la tour Eiffel, né à Dijon), ce nœud pap révolutionnaire est découpé dans une tôle d’acier. Elégant, léger et résistant, il est de surcroît personnalisable : un procédé unique impliquant un ruban noué dans trois œillets permet en effet de varier les tissus à l’infini. Se décline sous plusieurs formes et en cinq teintes. 55 €, gustave-et-cie.fr

Plus sexy, tu meurs !

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DO

CELA NE SE FAIT PAS

CELA SE FERA

LE PANTALON DE JOGGING

Apparu à la fin du XIXe siècle, le vieux pull à col roulé, plus chic que jamais, voit sa cote grimper en flèche cet hiver. L’icône de ce revival ? Bond, James Bond. Le lendemain de la sortie de l’affiche officielle de Spectre, le vêtement moulant de la marque N.Peal porté par Daniel Craig était déjà en rupture de stock. Notre conseil : misez plutôt sur une taille large, car n’est pas 007 qui veut !

DON’T

ANTIGLAMOUR

Pas au bureau… et encore moins chez soi. Au sujet des pantalons de jogging, Karl Lagerfeld déclarait : «Ils sont un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging.» Ce cher Karl est parfois excessif, mais on est d’accord avec lui sur un point : le jogging, on n’adhère pas !

LE COL ROULÉ DE JAMES BOND

LA “JAZZETTE” POUR TOUS LA POMPE UNISEXE QUI VA FAIRE JAZZER

Chic et stylée, la jazzette va chauffer les dance floors et faire chalouper le pavé. Ce soulier mi-richelieu mi-espadrille a en effet été imaginé par un duo de musiciens, Edward Vizard et François Sabbagh (les créateurs de la jeune marque Garçonne & Chérubin sont connus des fans de musique jazzy sous le nom d’Astrazz). Dessiné à Paris et fabriqué à la main au Portugal, ce modèle se décline au fil des saisons. 180 €, Garçonne & Chérubin

LA BANANE Sorti tout droit des nineties, cet hybride mi-sac mi-ceinture a tenté un timide retour cet été, en ballottant furieusement autour de la taille d’une poignée d’adeptes de la tendance normcore (zéro style). Mais rassurez-vous : son étiquette plouc le poursuit et il devrait très vite retourner dans les oubliettes de l’Histoire. Pire que le sac à dos : le sac à ventre.


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En 1977, sur son affiche publicitaire «La Femme au collier», l’illustrateur Bernard Villemot transforme en bijoux les bouteilles de Perrier.


découvrir

Les managers inspirants, Les entreprises exempLaires… ou pas

Portrait

couliSSeS

Saga

à la louPe

vitrines virtuelles Avec

sa start-up Prestashop, spécialisée dans les Web boutiques pour petits commerçants, Bruno Lévêque a entre ses mains une pépite. P. 28

buc + 7 C’est à Buc, près de Versailles, que les ingénieurs et les médecins qui travaillent pour la division santé de General Electric mettent au point les appareils médicaux de demain. P. 34

une histoire pétillante

Perrier, c’est fou ! Mais c’est aussi très rentable. Retour sur la success story d’une marque qui a su s’adapter aux modes et traverser le siècle. P. 40

8,32 cm

visuel : perrier  /bernard villemot

C’est la hauteur très exacte du Whopper, le mythique hamburger de Burger King. Découvrez comment l’enseigne orchestre le buzz autour de son retour en France. P. 43

rubrique coordonnée par francis lecompte octobre 2015 management

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découvrir portrait BRUNO LÉVÊQUE COFONDATEUR ET PRÉSIDENT DE PRESTASHOP

L’E-COMMERCE ÉTAIT EN PLEIN BOOM, MAIS 80% DES PETITS COMMERÇANTS N’AVAIENT PAS DE SITE  : LE POTENTIEL ÉTAIT COLOSSAL.”

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IL LÈCHE VOS

VITRINES

SUR LA TOILE Sa start-up, Prestashop, aide les petits commerçants à créer leur site en ligne. Portrait d’un surdoué de l’informatique qui a su défricher en pionnier un business prometteur. PAR FRANCIS LECOMPTE, PHOTOS : YANN RABANIER POUR MANAGEMENT

A

lors que les invités se bousculent pour le congratuler ou lui arracher une poignée de main, il sourit calmement, l’air modeste, presque timide. Dans un joyeux vacarme de soirée meet-up, Bruno Lévêque savoure pourtant son succès : en ce 16 avril 2015, il inaugure les nouveaux locaux de Prestashop, la société de sites Internet pour petits commerçants qu’il a cofondée huit ans plus tôt. Le toutstart-up s’est déplacé en masse dans ce vieil immeuble parisien fraîchement rénové, planté sur le parvis de la gare Saint-Lazare. L’adresse n’a pas été choisie au hasard : elle se trouve au cœur d’un quartier qu’on dépeint comme une petite Silicon Valley à la française depuis que Google y a installé son antenne nationale en 2011. Mais le jeune dirigeant a tenu aussi à s’assurer que ce déménagement simplifierait la vie de ses 125 salariés, logés jusque-là à Levallois, en proche banlieue. Rien de plus simple : «En quelques dizaines de minutes, j’ai programmé un logiciel pour calculer les temps de trajet de chacun.» Résultat : 83% de ses collaborateurs gagnent en moyenne vingt-cinq minutes par jour de temps de transport.

Bruno Lévêque, 31 ans, dans les nouveaux locaux de Prestashop, en août dernier.

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

PROGRAMMEUR EN CULOTTES COURTES. Dire que l’informatique est un jeu d’enfant pour ce trentenaire à l’allure juvénile est bien l’expression qui convient. Quand on lui offre son premier ordinateur, en 1992, il délaisse immédiatement les jeux pour se lancer dans la programmation. Le petit Bruno n’a alors que 8 ans. Adolescent, il s’amuse à créer des sites Web, mais ses profs l’estiment inapte à suivre la filière classique des prépas et des grandes écoles informatiques. Son premier

BIO EXPRESS

2000 Premier job de développeur chez Le Guide.com.

2002 Rejoint l’école d’informatique Epitech, précurseur de l’école 42 de Niel.

2007 Fonde avec un associé la start-up Prestashop.

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découvrir AVANT DE CHOISIR NOS NOUVEAUX LOCAUX, J’AI PROGRAMMÉ UN LOGICIEL POUR CALCULER LES TEMPS DE TRAJET DE CHACUN.”

AU CŒUR DE L’ACTION. En avril 2015, la société quitte Levallois-Perret pour s’installer près de la gare Saint-Lazare, à Paris. Objectif du jeune patron : rejoindre ce quartier devenu une véritable pépinière de jeunes pousses.

EN CHIFFRES

11 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le monde.

125 salariés.

250 000 boutiques actives en août 2015.

30

job, il le décroche à 16 ans, comme développeur chez Le Guide.com, l’un des tout premiers comparateurs de prix et guides de shopping du Net. Et c’est ainsi qu’il se trouve d’emblée plongé dans l’univers particulier des start-up. «J’ai commencé un vendredi, nous étions environ 35 personnes. Le lundi, nous n’étions plus que 5 ! Une sacrée leçon.» OPEN SOURCE. Cinq ans plus tard, il fait une rencontre décisive : celle de Nicolas Sadirac. Cet informaticien dirige alors la toute jeune Epitech (Ecole pour l’informatique et les nouvelles technologies), qui se distingue par son modèle éducatif, en totale rupture avec le système scolaire traditionnel. «Le principe était de plonger tout de suite l’étudiant dans l’action, dans des projets concrets», explique Sadirac, qui s’est, depuis, lancé dans l’aventure de l’école 42 avec Xavier Niel. «Dans ce contexte, poursuit-il, Bruno s’est tout de suite révélé : il a démontré ses compétences techniques, mais aussi sa créativité et sa capacité à monter des projets.» Celui qui, gamin, ne tenait pas en

place sur les bancs de l’école profite à fond de ce mode de formation. Dès 2007, il se sent mûr pour créer sa propre entreprise. Avec Igor Schlumberger, un ex-développeur qui l’avait recruté au Guide.com, il lance Prestashop. Leur idée : permettre aux commerçants indépendants de créer gratuitement leur boutique en ligne. Un choix dicté non par une attirance particulière pour ce secteur, mais par un solide pragmatisme. «L’e-commerce était en plein boom, mais 80% des petits commerçants n’avaient pas de site Web, rappelle le jeune homme. Il y avait donc un potentiel colossal, et cela dans tous les domaines de la distribution.» La création d’une telle plateforme exigeant alors des investissements importants, il contourne le problème en optant pour l’open source : le code du logiciel est en accès libre et c’est toute la communauté des développeurs qui l’enrichit et l’améliore progressivement. CRISES DE CROISSANCE. Succès immédiat : en moins de trois mois, 40 000 commerçants adoptent la formule, et le site est OCTObRE 2015 MANAGEMENT



découvrir  IL S’AVOUE PLUS À L’AISE DANS LE RÔLE DE LA TÊTE CHERCHEUSE QUE DANS LES HABITS DU GESTIONNAIRE

STAFF RENOUVELÉ. Pendant la crise, le jeune patron fait face. «C’est la condition pour survivre dans le monde des start-up, observe Nicolas Sadirac. Savoir s’adapter à des situations critiques et, surtout, à des changements permanents et très rapides.» Bruno Lévêque renouvelle tout son staff et fait appel, pour la direction opérationnelle, à Benjamin Teszner, un HEC au profil financier (remplacé depuis par Corinne Lejbowicz, venue elle aussi du site LeGuide.com). Il cherche par ailleurs à afficher l’image d’une entreprise plus cool, ce qui passe, notamment, par les nouveaux locaux de SaintLazare, avec des lieux ouverts et aux couleurs vives. Côté stratégie, il répète qu’il faut «s’adapter aux demandes des consommateurs». En clair : proposer des solutions simples et garder les pieds sur terre, malgré le flot d’idées et de nouveautés qui déferle en permanence. Le modèle économique, lui, est resté le même : si la création d’un site est gratuite, Prestashop se rémunère en commercialisant des services supplémentaires (modules de paiement, gestionnaires de stock, place de marché… vendus entre 29,99 et 1099,99 euros). De même, les commerçants peuvent personnaliser le look de leur e-boutique en achetant des «thèmes» pour des montants allant de 29,99 à 149,99 euros. Désormais installé à San Francisco, en pleine Silicon Valley, pour être au plus près de l’innovation high-tech, il s’avoue plus à l’aise dans le rôle de la «tête chercheuse» que dans 32

les habits du gestionnaire. Pendant ses séjours réguliers à Paris – quelques jours chaque mois, au cours desquels il se loge via Airbnb –, il continue pourtant de s’impliquer dans l’écosystème d’Internet, en mettant son expérience au service des étudiants de l’école 42. «Bruno est un garçon qui aime aider les autres, commente un proche. Mais il sait aussi qu’il a besoin de ce réseau, de ce vivier d’idées et de compétences pour garder de l’avance sur ses concurrents.» Bien étonné sera donc le promeneur qui reconnaîtra Bruno Lévêque, une canne à pêche à la main, au bord de l’Yonne ou de la Creuse. Loin de la foule. «Pêcher, confie-t-il, cela vous oblige à retrouver la patience.» Et à rester humble ? «Oui, parce que, parfois, il faut aussi accepter de rentrer les mains vides.» I

160 PAYS, 65 LANGUES

Un marché sans frontières La version gratuite du site propose 350 fonctions de base, qui permettent de créer sa boutique en ligne... et plus de 5 000 modules et thèmes payants.

CHOISIR LE BON DESIGN POUR SON SITE de commerce en ligne, gérer ses livraisons et ses stocks, trouver des partenaires fiables pour le paiement en ligne, s’orienter dans le maquis des logiciels qui pullulent sur le marché… Les besoins en la matière sont énormes, comme le démontre l’affluence aux PrestaShop Days. Les créateurs de boutiques en ligne y assistent en nombre

à des ateliers de formation où des collaborateurs du site détaillent son fonctionnement. Grâce aux solutions qu’il propose, Prestashop a réussi à capter 40% de son marché en France et il est utilisé dans plus de 160 pays et en 65 langues. Avec 15 millions de dollars de chiffre d’affaires prévus en 2015, Bruno Lévêque affirme que l’entreprise est rentable depuis plusieurs années.

CAPTURES D’ÉCRANS

traduit en treize langues. Les années suivantes, l’histoire de Prestashop s’écrit comme un classique de l’épopée des start-up : montée en puissance éclair, levées de fonds successives (jusqu’à 10 millions d’euros à ce jour), gonflement des effectifs, essor international, course effrénée pour garder une longueur d’avance sur la concurrence – Magento, en l’espèce, arrivé dès 2008 et racheté, depuis, par eBay. Sans oublier les retournements de conjoncture, avec leur lot de crises internes et de remises en question stratégiques. En 2012 notamment, lorsque Prestashop est l’objet d’attaques violentes, venues de certains utilisateurs et développeurs, contestant sa fiabilité technique et dénonçant sa complexité croissante. Bruno Lévêque doit alors infliger une sévère cure d’amaigrissement à la boîte : «On était une centaine de salariés, il n’en est resté que 40», raconte un développeur qui a fait partie de la charrette.

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT


S A N T É

P R É V O Y A N C E

R E T R A I T E

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Notre boss nous a pris Solimut, Union Mutualiste de Groupe, organisme régi par le code de la mutualité, immatriculé au répertoire SIRENE sous le numéro 539 793 885, dont le siège est sis 47, rue Maurice Flandin, 69003 Lyon. - Crédit photo : Shutterstock. Conception : www.LesGeneriques.biz - 09/2015

une vraimutuel e bonnele… Maïa,

ASSISTANTE COMMERCIALE, CARACTÈRE EXPANSIF

…c’ est sûr, ça motive !

PROTECTION

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DEPUIS 1945

Un salarié bien couvert prend soin de lui et de sa famille, sans hésiter. Un salarié en bonne santé rayonne dans son lieu de travail. Un salarié épanoui participe à la croissance de son entreprise. Et une entreprise performante…

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EN cOULISSES

TOUT LE MONDE SOUS LE MÊME TOIT. Dans le vaste hall transformé en showroom, les passerelles entre les corps du bâtiment incarnent la proximité entre laboratoires de recherche, production et services commerciaux.

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ge HealTHcare : dans ces laboraToires, on prépare la médecine de demain A Buc, en région parisienne, cette filiale de general electric développe des outils de diagnostic high-tech. Sans oublier que ses premiers clients restent les patients…

L

Par Laure de Langeais. Photos : ChristoPhe LePetit Pour ManageMent

e voyage commence. Destination : le cœur. Lentement, nous remontons l’artère fémorale jusqu’à l’aorte. La position du cathéter est précise au dixième de millimètre. Encore un virage et nous arrivons à l’entrée du ventricule. On peut voir l’épaississement valvulaire sous toutes les coutures. Une fois ôtée, la valve malade est remplacée par une prothèse. L’opération a duré moins d’une heure et le patient, trop fragile pour subir l’ouverture du thorax, pourra bientôt sentir son cœur battre normalement. En 1966, dans son film Le Voyage fantastique, Richard Fleischer avait fait circuler des scientifiques miniaturisés dans les artères d’un chercheur à bord d’un mini-sous-marin. Cinquante ans plus tard, la science a largement dépassé la fiction. Top de l’imagerie médicale. La vision en direct de l’intérieur du corps, à l’aide de scanners de dernière génération, est désormais utilisée du diagnostic aux interventions. Et c’est en France, à quelques kilomètres

oCtobre 2015 mAnAgement

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découvrir

en cOUlisses

cAPiTAle de l’iMAGerie. Sous la houlette de Christophe Lala, Buc est un pôle d’excellence à l’échelle mondiale. le cOnFOrT dU PATienT. François Lenfant peaufine le design des équipements. Le but : détendre les patients et faciliter le diagnostic.

du château de Versailles, qu’opèrent les «réalisateurs» parmi les plus performants au monde. Plus précisément à Buc (Yvelines), où siège la division Healthcare du géant américain General Electric, qui développe et produit ici le scanner Revolution, le PET Scan Discovery ou encore le mammographe numérique Crystal… dernier cri de l’imagerie médicale.

VOiX AU chAPiTre. Avec le management de proximité, chacun peut contribuer à l’amélioration des produits, y compris dans les ateliers. 36

Un siècle de recherches. Cela fait plus d’un siècle que Buc attire la fine fleur de l’ingénierie française, d’abord avec la Compa­ gnie générale de radiologie (CGR), absorbée par Thomson­CSF, qui la céda à GE en 1987. Depuis, bien des rayons X ont circulé et l’his­ toire du site se lit dans la transformation des lieux. Dans le vaste hall qui fait aujourd’hui office de showroom, une longue passerelle re­ lie les ateliers historiques au bâtiment jumeau qui héberge les services commerciaux et le marketing. «Quand j’ai débuté ici, on vivait un peu en vase clos, on ne discutait qu’avec des techniciens et des médecins, raconte le direc­


DES SAVOIR-FAIRE HORS NORME. La production de tubes de rayons X : une rencontre étonnante entre la haute technologie et la maîtrise ancestrale du verre.

teur général, Christophe Lala. C’était une entreprise d’ingénieurs. Depuis, nous avons appris à nous tourner vers l’extérieur.» Business, commerce, international… l’effort a payé puisque Buc est devenu le pôle d’excellence du groupe en imagerie interventionnelle. Christophe Lala incarne cette mutation. Ingénieur de formation, il a navigué de l’engineering au commerce, du marketing à la direction du siège londonien puis de la filiale à Istanbul. Adaptation permanente au changement : c’est l’état d’esprit qu’il cherche à insuffler à ses troupes. Et l’espace ne manque pas pour accueillir à l’avenir de nouveaux projets, pourquoi pas des start-up, histoire d’aiguillonner les chercheurs maison. Quelques marches nous mènent dans les immenses ateliers de montage où nous vérifions que la souplesse voulue par le patron n’est pas un vœu pieux. OctObre 2015 management

«Ici, on est en perpétuelle réorganisation, raconte Eric Mérour, responsable de la production vasculaire. Les lignes de montage changent régulièrement de configuration en fonction des ventes et des innovations.» CONtRIbutION DE CHACuN. Rien à voir cependant avec un travail à la chaîne. Chaque opérateur dispose de son espace de travail et peut contribuer directement au développement des outils de production. Et, grâce à la proximité des services de R&D et de marketing, il a son mot à dire sur le développement des produits eux-mêmes. Car seul le résultat compte, c’est le big boss de GE monde en personne, Jeffrey R. Immelt, qui l’a répété lors de sa récente visite : «Il faut du tangible, les présentations PowerPoint où chacun raconte de belles histoires, je n’en veux plus !» Les laboratoires de recherche nous resteront malheureusement fermés et nous devrons nous contenter des salles de réunion aux équipements sophistiqués pour imaginer que les

en chiffres

1 500 employés à Buc, dont 400 chercheurs et ingénieurs.

95% de la production est destinée à l’export.

18,3 milliards de dollars de CA pour GE Healthcare à travers le monde.

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découvrir

structure sOuPLe. Les chaînes de montage, où chaque opérateur gère son espace de travail, sont reconfigurées dès qu’un nouveau produit est mis en fabrication.

 La forme des pièces est étudiée pour aboutir à des appareiLs dont L’aspect rassurera Le futur patient chercheurs de GE sont aujourd’hui beaucoup plus ouverts sur l’extérieur. En effet, des délégations viennent du monde entier à Buc, quand ce ne sont pas les gens de GE qui partent à la rencontre des pouvoirs publics et du corps médical. Il s’agit d’évaluer le potentiel commercial des nouveaux produits, leur rentabilité dans les systèmes de santé des différents pays et l’usage que pourront en faire les médecins. Sans oublier le bien-être des patients. Design antistress. Le bien-être du patient au cœur de la recherche ? Ce n’est pas une simple déclaration d’intention. Si le marketing a trouvé sa place chez GE, le design aussi y a obtenu droit de cité. Il bénéficie même d’un traitement à part, puisque François Lenfant et 38

son petit commando de designers sont logés dans un bâtiment à l’écart. Un environnement «très rafraîchissant», selon le designer en chef. Mobilier lounge, éclairage soigné, salons cosy, dans l’univers de ces créatifs décontractés devant leurs écrans, on est loin des blouses blanches croisées dans les autres bâtiments. Lignes des produits, matières, couleurs, lumières : le design est devenu une chose sérieuse dans le monde médical, parce qu’on sait que «si le patient est stressé par l’appareillage, cela peut fausser le résultat et vouer des campagnes de dépistage à l’échec». Quiconque a déjà vécu l’expérience du scanner comprendra… Passionnés par leur mission, les designers de GE n’en sont pas moins contraints par le marché, en l’occurrence le monde médical. L’échographe portatif, par exemple, qu’ils ont conçu avec le soutien du marketing et l’entière approbation des techniciens, a du mal à s’imposer. En effet, alors que cet appareil est plébiscité par les patients, il bouscule trop les habitudes des médecins, accrochés à leur bon vieux stéthoscope. Les blocages ne viennent pas toujours d’où l’on croit. I


TM © Rugby World Cup Limited 1986. © GETTY IMAGES

soirées entre PoteAUX.

DU 18 sePtembre AU 31 oCtobre tF1 DiFFUseUr oFFiCiel De lA CoUPe DU monDe De rUgby 2015

PARTAGEONS DES ONDES POSITIVES


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SAGA

PERRIER OU COMMENT METTRE LE BUZZ EN BOUTEILLE

150 ANS DE BULLES ET D’EAU FRAÎCHE Alors que la source Perrier est exploitée depuis cent cinquante ans, Nestlé, propriétaire de la marque, revient à ce qui a fait son succès : une image chic et des pubs décalées. Avec un objectif, faire pétiller le monde entier. PAR FRANCIS LECOMPTE

C

onnaissez-vous L’Atlas ? Pas le massif montagneux qui traverse le Maghreb ni le géant de la mythologie grecque. L’Atlas, avec son « L » majuscule, est un peintre et photographe parisien né en 1978, devenu une star dans le petit monde du graffiti et du street art. On croise ses œuvres tout en entrelacs géométriques dans les rues de Dakar, Bruxelles, Jakarta et de quantité d’autres villes dans le monde. Cet automne, les Parisiens pourront découvrir une installation qu’il prépare sur le thème de l’eau, mais aussi ses créations graphiques dans les supermarchés. Très exactement sur les étiquettes des bouteilles et canettes d’eau minérale Perrier, puisque la vénérable marque a choisi cet artiste d’avantgarde pour habiller sa nouvelle édition limitée, «Inspired by Street Art». Et elle a décidé de faire les choses en grand, car trois autres performances, centrées sur les trois autres éléments, seront programmées avant la fin de l’année à Séoul (le feu), New York (l’air) et Mexico (la terre).

13,5% de la Badoit de Danone –, elle plaît surtout aux seniors. Il faut donc frapper fort et, comme dans le dernier spot diffusé en juin (lire l’encadré p. 42), continuer la saga publicitaire qui a marqué les esprits des consommateurs. Jules Dedet Granel, alias L’Atlas, prend donc la suite des Andy Warhol, agnès b. et autres grands noms de l’art contemporain ou de la mode qui ont signé les flacons Perrier. L’aventure commence dans les années 1860, quand un certain Granier, Alphonse de son prénom, flaire le potentiel de cette eau gazeuse jaillie miraculeusement de la source des Bouillens, dans le Gard. Il exploite alors un établissement thermal situé juste au-dessus de la source, à Vergèze. Habile communicant, le négociant profite de l’engouement de Napoléon III pour le thermalisme, pour faire venir les curistes. A qui il ne se fait pas faute de rapporter la légende qui court dans la garrigue : en 218 avant Jésus-Christ, le général carthaginois Hannibal, dans sa marche sur Rome, aurait fait une halte à la source afin de désaltérer hommes et éléphants. «Mais l’histoire de Perrier ne commence réellement qu’en 1903, avec l’arrivée de John Harmsworth», raconte Philippe Gallard, responsable stratégie et développement chez Nestlé Waters. Ce jeune businessman britannique obtient la concession de la source avant de la racheter à Louis-Eugène Perrier, un médecin spécialisé dans le thermalisme qui en avait repris l’exploitation en 1894. Mais la mode des cures s’essoufflant, Harmsworth décide d’exploiter l’eau sous forme de boisson. Bien inspiré, il dessine la bouteille dodue qui deviendra recon-

DES FLACONS SIGNÉS PAR DES ARTISTES. «A chaque fois, nous voulons en faire un événement extraordinaire», annoncent les dirigeants de Perrier, qui utilisent ce terme d’extraordinaire comme nouvelle signature publicitaire de la marque. Cette incursion dans le monde du street art vise évidemment à attirer l’attention des jeunes, pas très portés sur l’eau minérale. Même si l’eau à bulles, propriété du groupe Nestlé Waters, caracole toujours en tête du marché français et continue de progresser avec 21% des ventes – loin devant les

L’HISTOIRE DE PERRIER RETOUR AUX SOURCES DU SUCCÈS 40

1863

1903

Napoléon III autorise Alphonse Granier à exploiter l’eau de la source des Bouillens, à Vergèze, dont ce dernier est propriétaire.

John Harmsworth, un homme d’affaires anglais, rachète les fonds de la source à son nouveau propriétaire, le docteur Perrier, spécialiste des cures thermales.

1908

La production atteint déjà 5 millions de bouteilles. Harmsworth fait construire une ligne de chemin de fer jusqu’à l’usine.

1947

Un jeune agent de change parisien, Gustave Leven, rachète l’affaire pour se lancer dans une production à grande échelle et la diversification des produits.


PHOTOS : PERRIER - ADAGP / SAUVIGNAC

naissable entre toutes. Et appose sur l’Êtiquette la marque Perrier, un nom simple et facile Ă prononcer mĂŞme pour un anglophone. Car c’est dans les lointaines armĂŠes des Indes britanniques qu’il va chercher ses clients, puis au palais de Buckingham oĂš il devient fournisseur officiel d’Edouard VII. DÉJĂ€ DES MILLIONS DE COLS EN 1908 ! Le jeune entrepreneur anglais, devenu entre-temps patron de presse, s’est attaquĂŠ au marchĂŠ français et a fait passer l’exploitation de la source Ă une phase industrielle. Dès 1908, la production se compte en millions de bouteilles, qui quittent l’usine de Vergèze par une voie de chemin de fer spĂŠcialement construite pour elle. S’ouvre une phase de trente annĂŠes de croissance ininterrompue, pendant lesquelles Harmsworth dĂŠveloppe l’outil industriel et invente le style publicitaire chic et dĂŠcalĂŠ qui sĂŠduit un large public. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, ce sont quelque 20 millions de bouteilles qui sortent des chaĂŽnes d’embouteillage, dont la moitiĂŠ environ part Ă l’export. Après le trou noir des cinq annĂŠes de guerre, pendant lesquelles l’eau de la source est rĂŠquisitionnĂŠe pour le seul usage des armĂŠes allemandes, un jeune agent de change parisien, Gustave Leven, redĂŠcouvre Perrier. A la fin des annĂŠes 1940, 1976

C’est le dÊbut de l’aventure internationale avec l’entrÊe sur le marchÊ amÊricain. Perrier ouvre un bureau à New York.

1990

1992

Devenu première marque d’eau minĂŠrale mondiale, Perrier est frappĂŠ par l’affaire du benzène. Les ventes s’effondrent aux Etats-Unis.

Perrier passe sous le contrôle du groupe NestlÊ, qui cherche à renforcer sa division Eaux. L’OPA atteint l’Êquivalent de 1,2 milliard d’euros.

ALORS, ON BULLE ? Au dÊbut du XXe siècle, John Harmsworth fait passer la production au stade industriel et invente un style publicitaire chic et choc qui traversera les annÊes.

on entre dans l’ère de la consommation de masse et il entend bien en tirer profit en reprenant la stratĂŠgie de son prĂŠdĂŠcesseur : un dĂŠveloppement industriel en accĂŠlĂŠrĂŠ portĂŠ par d’incessantes campagnes publicitaires. Dans les annĂŠes 1950, alors que toute la France s’amuse de ÂŤl’eau qui fait pschitt !Âť, Gustave Leven fait monter la production Ă 150 millions de bouteilles, mais veille aussi Ă se diversifier. Il absorbe les sources Contrex puis Volvic, avant de partir, en 1976, Ă l’assaut du marchĂŠ amĂŠricain. Un succès, puisque dix ans plus tard, il y vend 300 millions de bouteilles et y teste ses premières eaux aromatisĂŠes. La publicitĂŠ connaĂŽt alors son âge d’or, et Perrier n’est pas en reste : humour, autodĂŠrision, provocation, ĂŠrotisme‌ chaque nouvelle campagne montĂŠe autour de ÂŤPerrier, c’est fou !Âť fait ce qu’on n’appelle pas encore le buzz. L’entreprise ĂŠcoule alors plus de 1 milliard de cols. Mais la fĂŞte cesse brutalement Ă la fin des annĂŠes 1980. En fĂŠvrier 1990, un laboratoire amĂŠricain fait savoir qu’il a dĂŠcouvert des traces de benzène, un hydrocarbure dangereux pour la santĂŠ, dans treize bouteilles de Perrier. La marque subit alors de plein fouet le contrecoup de son exposition 2003

Pour la première fois, la marque modifie la formule de son produit de base, avec Eau de Perrier, qui est rebaptisÊe Perrier Fines Bulles.

2015

Afin de rajeunir sa clientèle, Perrier renoue avec les films spectaculaires dans sa campagne publicitaire Hot Air Balloons.

41


saga

médiatique. «A l’époque, les dirigeants ont eu la bonne réaction en jouant la transparence et en décidant de détruire 280 000 millions de bouteilles», commente-t-on aujourd’hui chez Nestlé Waters. De fait, même si leur gestion de la crise du benzène, la première du genre dans le secteur de l’agroalimentaire, est devenu un cas d’école, elle n’a pas empêché l’effondrement des ventes aux Etats-Unis. le flacon vert à la conquête du monde. Perrier, qui a perdu plus de 1 milliard d’euros dans l’aventure, fait, une fois encore, appel à la pub pour afficher sa résistance. En 1990, le film de Jean-Paul Goude où une belle blonde se montre plus forte que le lion rugissant remporte le Grand Prix au Festival du film publicitaire de Cannes. Mais Perrier est sérieusement affaibli, et le géant suisse Nestlé, déterminé à dominer le marché mondial de l’eau, en profite pour lancer une OPA sur l’entreprise de Vergèze. Qu’il s’offre en 1992 pour environ 1,2 milliard d’euros. Perrier y perd en indépendance et le ton de ses campagnes devient plus sage, mais y gagne en force de frappe. En attendant de regagner la confiance des Américains – ce seront des années de lente reconquête –, la marque étend son emprise sur le marché des boissons grâce à son intense politique de diversification. Nouveaux formats, bouteilles en plastique, canettes, multiplication des arômes et même une version «light» avec des bulles moins agressives… Perrier est sur tous les fronts pour conquérir les supermarchés. Car la bataille se gagne désormais moins sur le terrain de la publicité que sur celui des têtes de gondole. En 2015, la marque ne veut pourtant pas se laisser enfermer dans cette spirale de course aux volumes et aux promotions. Aujourd’hui que la seconde bataille d’Amérique du Nord a été gagnée et que Perrier y assure 35% de ses ventes, l’eau minérale gazeuse rêve de reprendre le fil de son histoire. De marquer les esprits avec des messages inattendus et de repartir en campagne dans le monde. Aujourd’hui, la France, les Etats-Unis et le Canada écoulent à eux trois 85% de sa production. Nul besoin d’un dessin pour comprendre que les célèbres bulles peuvent encore séduire des centaines de millions de consommateurs dans le reste du monde. I 42

Ça gaze ! Bien décidée à se donner un nouveau souffle, la marque fait mouche avec ce spot joyeux et coloré.

hot air balloons

Un MUsÉE PErriEr En 60 sEConDEs Un fEU D’artifiCE de montgolfières envahit le ciel et traverse les nuages pour se transformer en bulles avant de rejoindre la mythique bouteille… Avec le film Hot Air Balloons, perrier renoue avec les productions publicitaires à grand spectacle qui ont fait son succès dans les années 1980. et c’est un duo de jeunes réalisateurs, Fleur & Manu, très demandé dans le monde des clips vidéo, qui signe ce nouvel opus. Diffusé le jour de la finale sur le court central de roland-Garros, puis sur les écrans de télévision et de cinéma en juin dernier, ce spot de soixante secondes est un condensé de toute l’histoire de perrier, inséparable de son univers publicitaire. D’où les garçons de café, pom-pom girls, arbitre de tennis et autres personnages incongrus qui peuplent les nacelles… Même le lion de Jean-paul Goude y fait une apparition.

le design, c’est fou Les looks de l’édition limitée 2015, «inspired by street Art», ont été réalisés par l’artiste L’Atlas. oCtobrE 2015 MAnAGeMent

photos : perrier

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un cas d’entreprise à la loupe

Qu’auriez-vous fait à sa place pour

relancer burger King en france ? Quinze ans après son retrait du marché français, la deuxième chaîne mondiale de fast-food revient. et pas question pour elle de répéter les erreurs du passé ! par Pauline Darasse

e

n 1997, McDo et Quick font dans la surenchère : c’est à qui ouvrira le plus de restaurants. Le challenger Burger King, lui, ne peut pas tenir le rythme : en une quinzaine d’années, il n’a ouvert que 39 fast-foods, principalement à Paris. Rentabilité insuffisante, manque de visibilité, notoriété quasi nulle : le «roi du burger» quitte la France, laissant les aficionados de son Whopper sur leur faim. Or, voilà qu’en 2012, l’enseigne repointe son nez dans l’Hexagone. Discrètement d’abord, à l’aéroport de Marseille-Provence. C’est le groupe italien Autogrill qui tâte le terrain. Le champion des restaurants d’autoroute a observé que la donne avait profondément changé. Le hamburger a fini par gagner ses lettres de noblesse, au point de menacer la traditionnelle entrecôte-frites. C’est simple : aujourd’hui, un sandwich sur deux vendus en France est un burger. Les premiers Burger King font un tabac et l’investisseur Olivier Bertrand ne tarde pas à reprendre l’affaire. Il confie alors à l’ancien directeur des sandwicheries Bert’s, Jocelyn Olive, la tâche de conquérir, définitivement cette fois, le marché français. I

Jocelyn olive dg de Burger King France

trOis sOlutiOns s’Offraient à lui

Photo : StéPhane coRRea/FigaRo Photo.com

1. Racheter l’un de ses

2. Monter en gamme

3. créer le buzz pour

concurrents de manière à entrer en force

en misant sur le créneau des burgers de luxe

monter une franchise ultradynamique

c

D

l

e n’est plus un secret : Quick est à vendre depuis un an. a force de changer régulièrement de stratégie, les 379 restaurants du deuxième réseau de restauration rapide en France, derrière mcDo, ne font plus vraiment recette. mais le ticket d’entrée est élevé : il faudra débourser pas moins de 800 millions d’euros pour s’offrir un groupe qui pèse 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.

OctObre 2015 management

’autres le font : les frenchies big fernand ou King Marcel, qui cartonnent, mais aussi les poids lourds américains comme Five guys ou Steak ’n Shake. Pourquoi pas Burger King ? Des burgers sur mesure, où l’on choisit la viande et la sauce maison, concoctée avec un chef, il en vend déjà en espagne et au Portugal. mais le potentiel de développement est forcément plus limité qu’avec une offre classique.

a franchise est la méthode la moins coûteuse pour se développer rapidement. encore faut-il attirer des franchisés, alors que l’enseigne n’a pas bonne réputation dans le secteur. Le groupe doit donc prouver que la légende du Whopper n’a rien perdu de son éclat en ouvrant d’abord des restaurants en direct. et lancer une com offensive pour imposer très vite une image positive de l’enseigne. 43


découvrir IL A CHOISI LA TROISIÈME OPTION, LA PLUS OSÉE

L’ENSEIGNE montre ses muscles et multiplie les ouvertures pour reconquérir l’Hexagone

D

EN CHIFFRES

7 millions de clients en France en 2014.

11 000 restaurants dans le monde.

650 millions de burgers vendus chaque année en France, tous réseaux confondus.

LE WHOPPER AUTHENTIQUE Pain de blé au sésame

Pur bœuf grillé à la flamme

8,32 cm

5 MIN de préparation maximum

Presque plus connu que l’enseigne elle-même, le Whopper n’a pas changé de recette depuis 1957, lorsque le fondateur de Burger King, James McLamore, a parié sur un burger plus volumineux que ceux de ses concurrents. 44

epuis que Burger King a fait son retour en France, il y a trois ans, les inconditionnels du burger sont comblés. Revoici donc le fameux Whopper, l’équivalent du Big Mac, en plus goûteux vous diront les connaisseurs. Mais aussi en plus onéreux : chez Burger King, le ticket moyen est de 10 euros, contre 8 chez McDonald’s. C’est tout de même moins cher que dans les enseignes haut de gamme de nouvelle génération, comme Big Fernand qui décline le burger à la française – viande au choix, frites maison «découpées et épluchées sur place» – et propose en sus un dessert signé Christophe Michalak, le tout pour 14 euros. Beau joueur, Steve Burggraf, fondateur de Big Fernand, admet que «Burger King est le meilleur des fast-foods. Partout où il ouvre, il prend 25 à 30% de chiffre d’affaires au McDo d’en face. Ce dernier a du souci à se faire.» De fait, depuis son retour en 2012, le roi du Whopper enchaîne les inaugurations. Déjà 23 restaurants un peu partout en France et un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. Si les deux premières ouvertures à l’aéroport Marseille-Provence, puis à Paris, à la gare SaintLazare, l’année suivante, ont été pilotées par le groupe italien Autogrill, c’est le très discret, mais très puissant, Olivier Bertrand qui a acquis le contrat de licence pour la France. Son petit empire de plus de 600 millions d’euros compte déjà dans son panier des restaurants branchés comme La Gare, à Paris, ou l’Ô Restaurant, à Levallois-Perret, ainsi que les salons de thé Angelina et les sandwicheries Bert’s. DOUBLE DÉVELOPPEMENT. C’est d’ailleurs à l’ancien directeur de cette enseigne, Jocelyn Olive, qu’Olivier Bertrand a confié la relance de Burger King. Pour ne pas répéter l’échec précédent – la marque gérait alors en direct tous ses restaurants –, le nouveau patron a choisi de faire aussi appel à la franchise pour attaquer le marché français. «Cela nous permet d’agir sur le plan local, de façon plus cohérente, avec un partenaire qui est un spécialiste de la restauration, et pas simplement un investisseur», explique-t-il. N’empêche que, lorsqu’il faut mettre le paquet pour une ouverture spectaculaire, comme celle de l’énorme restaurant

SUR LES TERRES DE MCDONALD’S En août, l’enseigne a ouvert un immense restaurant à la Défense, jusqu’ici chasse gardée du leader, McDonald’s.

de la Défense (900 mètres carrés), cet été, c’est l’investisseur Olivier Bertrand qui est directement à la manœuvre pour apporter les fonds. Pas moins de 6 millions d’euros, selon les estimations des experts du secteur, à la hauteur de l’enjeu : Burger King entre sur les terres de McDo, qui exploite deux restos dans ce centre commercial, et de Quick, situé juste en face. RÉACTIVATION DU DÉSIR. Actuellement, sur 23 Burger King ouverts en France, seuls 8 sont des franchises. Mais, d’ici à la fin de l’année, l’enseigne devrait s’implanter dans une dizaine de villes, dont Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Nantes ou Toulon. D’autres, plus petites, sont aussi ciblées, comme Saint-Nazaire ou Poitiers, preuve que la chaîne de fast-food ne séduit plus seulement les hipsters urbains en manque de Whopper. Et qu’elle a compris qu’il ne fallait pas uniquement viser Paris. Comme Marks & Spencer, revenu en France après dix ans d’absence, Burger King a transformé en atout le manque qu’elle a suscité. «Cette absence a créé le désir, analyse Frank Rosenthal, consultant marketing. Aujourd’hui, l’ouverture d’un McDonald’s ne fait plus l’événement, celle d’un Burger King si, même si leurs emplacements ne sont pas toujours de première qualité.» De fait, le roi du Whopper ne déboule pas sur les Champs-Elysées, mais dans une rue adjacente. Et il n’hésite pas à s’ins-


L’aRt DE cRéER L’événEmEnt en 2013, à la gare saintlazare, les clients ont patienté des heures pour redécouvrir le fameux Whopper.

taller dans des zones périphériques, comme à Saint-Maximin, en Picardie, ou à Saint-Orens, dans la banlieue de Toulouse. De toute façon, la marque orchestre à chaque fois un buzz digne de la sortie du dernier iPhone. Buzzman, l’agence de com qui gère le budget, n’est pas une novice : elle vient de se faire remarquer en mettant des singes dans une cuisine Ikea. OUvERtUREs scénaRIséEs. Dans les villes où Burger King débarque, les fans sont avertis par des bâches tape-à-l’œil sur la façade et par les réseaux sociaux : «Ne vous inquiétez pas, personne d’autre que vous n’a été prévenu.» C’est ainsi que les habitants d’Aubervilliers ont appris qu’un restaurant allait ouvrir.

OctObre 2015 management

photos : burger king france, a. gelebato/20 minutes/sipa

LE ROI DU BUZZ l’ouverture du troisième restaurant parisien, fin 2014, a été précédée d’un intense teasing sur les réseaux sociaux et sur l’emplacement du futur fast-food.

Jocelyn Olive et Olivier Bertrand ne sont pas les derniers pour alimenter le buzz. En révélant un chiffre d’affaires moyen de 4,8 millions d’euros par restaurant, très supérieur aux 3,3 millions de McDo et aux 2,2 millions de Quick, ils montrent leurs muscles pour allécher de futurs franchisés. Idem quand ils annoncent un objectif de 20% du marché du fastfood dans dix ans, avec 400 restaurants, ce qui ferait de Burger King le numéro 2 du secteur, derrière McDo (1 300 points de vente aujourd’hui). Des ambitions que certains, comme Bernard Boutboul, président de Gira Conseil, spécialisé dans la restauration, jugent démesurées «au vu de leur développement trop incohérent jusqu’ici». Mais les nouveaux maîtres de Burger King font confiance à l’appétit insatiable des Français pour le burger : Five Guys, le fournisseur attitré de Barack Obama en burgers, ne s’apprête-t-il pas à ouvrir à Paris dans quelques semaines ? I

À REtEnIR

r

éinstallé en france après quinze ans d’absence, burger king fait un retour fracassant sur un marché dominé par mcDonald’s et Quick, mais qui garde un fort potentiel. sa stratégie, gagnante pour l’instant : se déployer à la fois en franchise et en direct, grâce à un buzz bien préparé et au soutien d’un groupe solide, piloté par un champion de la restauration. 45


Dans ce parc animalier futuriste, les visiteurs embarqueront dans des bulles sans tain, afin d’approcher les animaux sans se faire voir‌


anticiper prenez un temps d’avance sur les tendances

économie verte

475 kg

de déchets par an et par Français, c’est encore énorme. Mais des solutions existent pour transformer nos ordures en or… ou presque. P. 48

PHOtO : BIg - BjarKe Ingels grOuP

faune

safari urbain

Dans le futur zoo de Givskud, au Danemark, les visiteurs évolueront à l’insu des animaux. Afin de mieux les observer, sans les déranger. P. 52

rubrique coordonnée par Francis lecompte OctObre 2015 management

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anticiper

Ordures

demain, nos poubelles vaudront de l’or ! Transformer de vieux plastiques en carburant, chauffer sa maison grâce aux épluchures de patates, s’habiller à partir de bouteilles recyclées… autant de possibilités offertes par le traitement de nos déchets. Par marie le tutour

48


P jacques pierre/hemis

ouvez-vous imaginer un pays où pratiquement 100% des déchets seraient recyclés ? Avec ces rebuts, les habitants produiraient un tiers de leur électricité et vivraient dans des quartiers entièrement chauffés aux ordures ménagères. Pour se déplacer, ils emprunteraient des bus roulant au méthane, généré lui aussi à partir des déchets ménagers… Un pays où la majeure partie des matières premières utilisées par les industriels – papier, acier ou encore plastique – viendrait directement des poubelles. Projection utopique d’une France verte à la fin de ce siècle ? Ou maquette d’un futur «Ecololand» destiné à démontrer les bienfaits du développement durable ? Ni l’une ni l’autre : ce pays existe bel et bien, il s’appelle la Suède et attire sur lui tous les regards de la planète. La France pourrait bien lui ressembler… dans une quinzaine d’années.

A Lyon, l’écoquartier Confluences, sur les quais de la Saône, s’est fixé pour objectif de recycler 70% des déchets ménagers.

OctObre 2015 management

EnjEu économiquE capital. Car le potentiel caché de nos déchets est tel qu’il mobilise désormais de gros industriels. La transformation de vos bouteilles d’Evian en vestes polaires ou de «Kiki», votre défunt grille-pain, en bouilloire électrique – impossible d’échapper à la dernière campagne télé d’Eco-systèmes ! –, est un geste écologique qui évite la saturation des décharges. Mais c’est surtout la naissance d’une énorme filière économique. «Alors que la population mondiale croît, que les ressources s’épuisent et que les cours des matières premières menacent de s’envoler à tout moment, le réemploi des déchets constitue un enjeu capital pour nos économies», souligne Jean-Marc Boursier, DG adjoint de Suez, chargé de l’activité déchets en Europe. En France, chaque citoyen rejette 475 kilos de déchets ménagers par an, soit, à l’échelle du pays, un total de 31 millions de tonnes de matières premières transformables. De quoi pousser les industriels à favoriser l’émergence de l’économie circulaire, fondée sur un cycle en quatre étapes : produire, utiliser, trier, recycler. Au diable la vieille économie linéaire où l’on se contente de jeter ! Même les pouvoirs publics sont de la partie, puisque la 49


anticiper

coLLecte

automatisation

La collecte sélective, installée partout en France, est la première condition pour assurer la valorisation des millions de tonnes de déchets ménagers.

Le tri automatisé est l’option d’avenir, comme chez Suez Environnement, à Rotterdam.

 Le secteur des déchets doit passer au stade industrieL

en chiffres

photoS : xaviER popy/Réa, SuEz EnviRonnEmEnt, vEoLia, h&m, métRopoLE EuRopéEnnE dE LiLLE

31 millions de tonnes de déchets ménagers par an en France (475 kilos par habitant).

70% recyclés à l’horizon 2030 (50% aujourd’hui).

97% des Français disposent d’un système de collecte sélective.

122 000 emplois liés aux activités de gestion des déchets. 50

loi de transition énergétique votée cet été y consacre un chapitre entier et fixe des objectifs ambitieux en termes de valorisation des ordures ménagères. Aujourd’hui, la France recycle la moitié de ses déchets, un taux qui la classe juste dans la moyenne européenne. Encourageant, mais peut mieux faire ! Avec la loi de transition éner­ gétique, elle devra atteindre 55% en 2020, puis 65% en 2025. De son côté, l’Union européenne s’apprête à fixer à 70% le taux de recyclage des déchets ménagers à l’horizon 2030. De quoi stimuler un secteur déjà très actif… mais aux performances contrastées. «Nous retraitons déjà correctement le verre, le papier ou encore l’acier et l’aluminium, explique Mathieu Hes­ tin, responsable du département développe­ ment durable au cabinet Deloitte. En re­ vanche, il reste de gros efforts à faire sur les plastiques et les déchets organiques.» Ramassage amélioRé. Concrètement, le calcin – c’est­à­dire le verre concassé après collecte – fournit déjà 60% de la matière pre­ mière utilisée par l’industrie verrière. Même tendance pour les papiers et les cartons collec­ tés, qui apportent 60% des fibres transformées par l’industrie papetière et même 100% pour le carton ! Les améliorations, pour ces produits, doivent porter sur la collecte, «car il n’est pas rare que des papiers souillés par d’autres em­ ballages, ou réduits en confettis, soient écartés du tri», précise Bernard Harambillet, directeur de l’activité recyclage de Veolia en France.

Pour les emballages plastique, le défi de l’ave­ nir est plus technologique : ils ne fournissent aujourd’hui que 10% de la matière première. «Chaque type de plastique est constitué d’un mélange de résines spécifique, qui lui confère sa dureté, par exemple, et doit donc faire l’ob­ jet d’un traitement bien différencié», explique Bernard Harambillet. On transforme déjà les bouteilles plastique en granulés, lesquels ser­ vent à fabriquer des bancs de ville, des tubes pour le bâtiment ou… de nouveaux embal­ lages alimentaires, ce qui suppose des process industriels absolument irréprochables. Les autres plastiques – barquettes en polystyrène, films ou encore pots de yaourt – échappent en­ core totalement au filtre de la collecte. En faire de nouvelles ressources pour l’avenir implique un bouleversement complet de la filière. A commencer par le commencement : le tri. CentRes de tRi automatisés. «Dans la plupart des centres de tri, celui­ci est encore effectué manuellement par des employés mu­ nicipaux, rappelle­t­on chez Deloitte. On ne peut pas leur demander de reconnaître à l’œil nu les différents types de résines.» L’avenir est donc aux centres automatisés, où le tri sera réalisé par des outils optiques et des tables densimétriques capables de distinguer les ob­ jets en fonction de leurs forme, couleur et com­ position. Tout reste aussi à faire pour les ins­ tallations susceptibles de fournir aux industriels les produits de base dont ils ont be­ soin, et en volumes suffisants. «Ces adapta­ tions s’apparentent à une transformation ra­ dicale du secteur des déchets, qui devra passer d’une activité de service – débarrasser les villes de leurs détritus – à une véritable


empLOis

prODuctiOn lose the Loop, la collection C en textile recyclé de H&m.

Le tri téléopéré (ici chez Veolia, à amiens) supprime le contact avec les déchets et entraîne la création d’emplois qualifiés.

activité industrielle», analyse Bernard Haram­ billet. Ces évolutions posent aussi la question de la rentabilité, qui ne s’annonce pas moins complexe. Qui dit plastique dit pétrole. Or, la distillation des films plastique permet d’obte­ nir du fioul léger et du kérosène – vous avez bien lu, il est possible de récupérer du pétrole à partir du plastique ! Etant donné les volumes extravagants de films nécessaires pour pro­ duire un litre de fioul, la solution reste pour l’heure expérimentale… Mais elle a toutes les chances de devenir économiquement intéres­ sante quand les cours du pétrole repartiront fortement à la hausse. Ce n’est pas le seul exemple du formidable gisement que repré­ sentent les déchets dans le domaine de l’éner­ gie et qui commence à peine à être exploité. ReValoRisation des oRduRes. L’incinération fournit déjà de l’électricité et du chauffage à un certain nombre d’usines. En Suède, elle alimente directement les habita­ tions. Quant à la méthanisation, aujourd’hui expérimentée à grande échelle à Metz ou à Lille (lire l’encadré), elle donne enfin une nou­ velle vie aux 6 millions de tonnes de déchets organiques (nourriture avariée, épluchures, déchets verts de nos jardins…) que nous jetons chaque année. Les biodéchets, en se décom­ posant, fermentent et dégagent du méthane identique à celui que GDF distribue dans son réseau. «Le but des centres de méthanisation, c’est d’accélérer ce processus de décomposi­ tion et de récupérer le gaz produit – encore ap­ pelé biogaz –, soit pour l’utiliser localement, soit pour le réinjecter directement dans le ré­ seau de distribution de gaz de ville», explique Jean­Marc Boursier, chez Suez. OctObre 2015 management

C’est donc bien de l’or qui dort dans nos pou­ belles, pour autant qu’on trouve les 6 milliards d’euros que les pros du secteur estiment néces­ saires pour construire des centres de tri mo­ dernisés et des usines de transformation. Ils évoquent la possibilité de partenariats public­ privé pour financer certaines de ces installa­ tions et avancent un autre chiffre : 10 000 créa­ tions d’emplois directs dans les trois ans à venir. Reste à tous les maillons de la chaîne – particuliers, collectivités, éco­organismes, PME, industriels… – à entrer dans le jeu. I

LiLLe, métrOpOLe piOnnière

créer de l’énergie propre

Depuis 2008, les habitants du grand Lille disposent d’une poubelle spéciale déchets organiques. Ces résidus putrescibles sont ensuite acheminés vers le centre de valorisation organique de la métropole, qui le transforme en compost et en méthane. Ce biogaz permet de faire

A Lille, les bus circulent au biogaz, produit à partir des déchets organiques.

rouler les bus et d’alimenter en gaz de ville l’équivalent de 500 foyers. La métropole lilloise produit également de l’électricité en incinérant les déchets qui n’ont pu être recyclés. en 2013, la vente d’électricité à eDF a rapporté 7,7 millions d’euros à la métropole lilloise.


anticiper LE ZOO OÙ LES HUMAINS DEVRONT SE CACHER L’objectif de ce projet danois : amener les visiteurs au plus près des animaux, sans que ces derniers puissent les voir. Les pensionnaires auront ainsi le sentiment de vivre en liberté dans un milieu naturel.

PHOTOS : BIG - BJARKE INGELS GROUP

PAR FRANCIS LECOMPTE

UN PARC SANS GRILLES

C

omment donner à l’animal en captivité l’illusion de la liberté ? En faisant tomber les grilles et en les remplaçant par des frontières naturelles, bien sûr, mais aussi en rendant les visiteurs les plus discrets possible. C’est le double défi relevé par le cabinet d’architectes BIG (Bjarke Ingels Group), chargé d’imaginer ce que le parc animalier créé en 1969 dans la petite ville danoise de Givskud pourrait devenir dans une vingtaine d’années. Baptisé Zootopia, ce projet révolutionnaire n’a rien à voir avec le film d’animation que les studios Disney s’apprêtent à sortir en février prochain sous ce titre. Un point commun cependant : les auteurs des deux projets rêvent d’une cohabitation harmonieuse entre les espèces.

52

70 espèces

Le zoo de Givskud accueille actuellement 70 espèces. A l’avenir, elles devraient être réparties sur trois grandes zones sans enclos ni barrières, reproduisant l’environnement naturel et l’écosystème des trois continents dont elles proviennent : l’Afrique, l’Asie et l’Amérique.


NI VU NI cONNU

Tunnels, bunkers sous-marins et passerelles permettront aux touristes d’approcher l’animal de très près tout en échappant à son regard. Sans oublier des capsules équipées de miroirs sans tain, dans lesquelles ils pourront parcourir le parc sur les chemins, les canaux et dans les airs.

EN CHIFFRES

120 HECTARES de surface globale. C’est huit fois plus que le zoo de Vincennes.

4 KILOMÈTRES de balade à pied ou à vélo, sans compter le canotage sur les canaux.

700 MILLIONS de personnes visitent chaque année les parcs zoologiques dans le monde.

UN OVNI DANS LA VILLE

Posée comme une soucoupe volante à quelques pas des habitations, cette grande structure circulaire devra canaliser le flux des visiteurs sans perturber les groupes de gorilles ou les girafes. Et, Givskud s’annonçant comme un des parcs zoologiques les plus avancés au monde, il s’attend à voir affluer bien plus que les 300 et quelques milliers de curieux qui s’y rendent déjà chaque année. OctObre 2015 MANAGEMENT

53


Le site Early-work.com propose des Ĺ“uvres de jeunes artistes, comme cette huile sur scotch et toile de Marine Wallon, Papilio, Campground.


entreprendre Se lancer, percer, proSpérer

création

idées d’ici et d’ailleurs

Premiers Pas

tendance

adOpte un entrepreneur Pas toujours facile de se lancer en solitaire. Nos conseils pour bien s’entourer. P. 56

un thermOmètre à avaler Des gélules pour une prise de température vraiment fiable, une douche écolo à base d’eau atomisée, une bague qui fait office de vidéo-projecteur, le BlaBlaCar des avions… notre tour du monde de la planète start-up. P. 62

Objectif hOllywOOd Avec son

algorithme qui corrige les défauts de la prise de vue en 3D, StereoLabs a séduit James Cameron pour le tournage de la suite d’Avatar. P. 64

68%

peinture : marine wallon/early-work.com

de croissance en 2014 pour le marché de l’art en ligne. Découvrez ce secteur en plein essor.  P. 66

OctObre 2015 management

dossier

réussir en france, c’est pOssible ! A défaut de vous donner

toutes les recettes du succès, on vous explique pourquoi entreprendre en France est plus porteur (et facile) que jamais. P. 68

rubrique coordonnée par SébaStien pierrot et andré Mora 55


entreprendre DE L’ÉCOUTE ET DU SON

POUR CRÉER SA BOUTIQUE de casques audio, à Paris, il y a presque trois ans, François était seul. «Faute de moyens, j’ai failli tout arrêter.» Par l’intermédiaire d’une tante, il rencontre Olivier Caufment, un investisseur privé qui lui permet de se relancer et devient son mentor.

CE QU’IL A FAIT

«Je lui ai envoyé mon business plan et des maquettes du magasin. Nous nous sommes rencontrés et, en deux semaines, il a décidé d’investir. Grâce à lui, mon projet est devenu plus ambitieux.» Aujourd’hui, les deux hommes s’apprêtent à ouvrir un autre point de vente, à Lyon.

IL EST UTILE D’AVOIR UN MENTOR QUI VOUS RECADRE ET VOUS POUSSE À PERSÉVÉRER”

POUR FAIRE PAREIL LE MENTORING est proposé par les réseaux d’accompagnement Reseau-entreprendre.org et Initiative-france.fr. Et pour les moins de 30 ans : Moovjee.fr (si vous avez déjà déposé vos statuts). L’Institut du mentorat, lui, ne s’adresse pas aux solos.

FRANCOIS JOLLY, 29 ANS, FONDATEUR DE CASQUADE

CRÉER EN SOLO

MAIS PAS EN SOLITAIRE La création d’entreprise est une aventure périlleuse. Surtout si l’on est seul. Nos conseils pour bien s’entourer et rompre l’isolement. PAR SÉBASTIEN PIERROT PHOTOS HEDGE

56

L

orsqu’on crée son entreprise sans aide, il y a des choses que l’on ne fait pas au mieux. Moi, par exemple, je suis sûr que j’aurais pu économiser sur la première facture de mon comptable», regrette Louis Cottin, 31 ans, fondateur de Nau, une entreprise de fabrication de petits bateaux modulables et transformables. Aussi, pour être épaulé, il ne ménage ni son temps ni ses déplacements et frappe à la porte de tous les acteurs de l’économie locale : le service de développement de Quiberon, la ville où il est

installé, la chambre de commerce et d’industrie (CCI), celle des métiers et, de fil en aiguille, le technopôle de Vannes, le cluster nautisme du département et, enfin, Emergys, l’incubateur de la Région. «Cela m’a pris un an, raconte-t-il, mais le jeu en valait la chandelle. La CCI m’a mis en contact avec le bureau d’études qui est devenu mon partenaire le plus précieux. Et Emergys me permet de lever des fonds auprès de la Banque publique d’investissement (50 000 euros). La prochaine fois, je sais que serai deux fois plus rapide.» Tous


Dans un incubateur, vOus pOuvez pOser tOutes vOs questiOns sans crainDre D’être mal jugée”

Vinciane MouronValle-chareille, 44 ans, créatrice de thePlacetoBike

une solo fan de Vélo

les créateurs (et créatrices) le disent : se lancer dans l’entrepreneuriat en solo est un sport extrême («un piège» pour certains, «un danger» pour d’autres). Mais il en faudrait plus pour les décourager : ils sont plus de 400 000, en effet, à tenter l’aventure chaque année (microentrepreneurs compris). Entre le coworking, les clubs et les réseaux d’accompagnement, ils trouvent heureusement de nombreuses solutions pour les épauler. En partenariat avec le Salon des microentreprises*, voici nos pistes pour rompre l’isolement. rejoindre un incubateur. C’est la voie royale, mais les places sont chères. «La plus grande difficulté quand on entreprend seule, raconte Vinciane Mouronvalle-Chareille, est de trouver des gens bienveillants qui vous aident à remettre en question vos présupposés. Dans un incubateur, on revoit votre projet tant qu’il n’est pas solide.» Créatrice du site Theplaceto. bike (vêtements pour cyclistes urbains), elle est sortie en juin dernier de chez BoostInLyon. OctObre 2015 management

Toutes les semaines pendant quatre mois, des séances de coaching suivies de plages de travail avec les autres incubés lui ont permis d’améliorer le modèle de sa boutique en ligne. Structures disposant parfois de locaux et dont les associés dispensent de précieux conseils aux créateurs, les incubateurs et les accélérateurs sont très à la mode. Aujourd’hui, tout le monde en ouvre un : les fonds d’investissements privés (comme Kima Ventures, celui de Xavier Niel), les facs, les grandes écoles, les entreprises et même les villes et les Régions. En France, il y en a 221, selon l’éditeur d’applis Entreprise-facile sur mon-incubateur.com. A raison de dix incubations chacun, et ce, deux fois par an (les stages d’incubation durent rarement plus de cinq mois), il y a donc au moins 4 000 places à prendre par an. Mais la sélection est rude : les incubateurs n’acceptent que les jeunes pousses technologiques. Ils les aident à passer du stade de projet bien avancé à celui de vraie société, avec clients et chiffre d’affaires. En échange, ils s’invitent parfois

theplacetobike, le site de vente de vêtements chics et techniques pour cyclistes urbains qu’a lancé Vinciane, avait besoin d’être peaufiné pour fonctionner. «Chez BoostInLyon, ils ont passé leur temps à me demander de quelle façon je comptais toucher ma cible jusqu’à ce que je leur fournisse une réponse satisfaisante.» aujourd’hui, elle est hébergée dans l’entreprise de son mari, mais reste proche de ses anciens collègues de promo avec qui « les liens sont très, très forts».

ce qu’elle a fait

elle a intégré l’espace de coworking puis déposé un dossier à l’incubateur. après un pitch devant un jury de chefs d’entreprise, elle est acceptée pour quatre mois. «La personnalité et l’ouverture d’esprit sont essentielles pour être retenue», assure-t-elle.

pour faire pareil sur les 221 incubateurs et accélérateurs de France, trouvez celui qui est le plus proche de chez vous sur Mon-incubateur.com. 57


entreprendre  cinq ans après leur creation, 85% de ces entreprises ont trouvé leur place

au capital. On parle alors d’«accélérateur». Certains permettent même de trouver des associés : le Lab’O d’Orléans organise ainsi un week-end Start-up du 9 au 11 octobre prochains. Et tous enrichissent votre réseau. «Entre anciens accélérés, il y a beaucoup de solidarité, commente Vinciane. Nous restons en contact via Facebook, et quand je pose une question sur le choix d’un prestataire, par exemple, je reçois dix réponses dans l’heure. C’est une grande famille.» intégrer un réseau d’accompagnement. C’est une démarche classique et efficace : «Cinq ans après leur création, 85% des entreprises accompagnées existent encore, contre 50% quand elles ne le sont pas», indique Bruno Voyer, directeur du Réseau Entreprendre Bretagne. D’un côté, il y a les réseaux qui, comme BGE (les boutiques de gestion) et la Yump Academy, dispensent aux créateurs des formations et leur offrent un suivi le temps qu’ils ficèlent leur projet. Elles

leur apprennent notamment à réaliser un business plan. Et ce n’est pas tout. «Côtoyer d’autres “yumpers” et les voir avancer permet de se motiver les jours où l’on connaît une baisse de forme», témoigne Lala Gbeglebi, 32 ans. Il est en train d’ouvrir à Nantes un établissement Les Petites Graines, la première de ses crèches «à haute qualité éducative et environnementale» qui accueilleront des enfants valides et des handicapés. Yump lui a permis de visiter une structure du même type au Danemark et, via ses partenaires, de «rencontrer des entreprises, futures clientes». Ces réseaux s’adressent parfois à un public précis comme les Pionnières, tournées vers les femmes chefs d’entreprise. D’un autre côté, il y a des structures comme Initiative France et le Réseau Entreprendre qui accordent aux entrepreneurs des prêts d’honneur (de 10 000 à 25 000 euros à 0%). Elles leur fournissent surtout un mentor, un chef d’entreprise expérimenté qui parle le même langage qu’eux et est passé par les mêmes étapes. Leur regard est donc précieux. «Quand

pour gagner en crédibilité, rejoignez un club de dirigeants”

olivier serfaty, 42 ans, pdg de step-in

Une appli trois étoiles pour se lancer dans le mobile, un secteur dont il ignore tout, Olivier a revendu il y a trois ans sa société de logiciels. Aujourd’hui, Step-In, son application permettant de gagner des points fidélité en faisant son shopping, fonctionne dans 2 500 points de vente et compte déjà 100 000 utilisateurs.

ce qU’il a fait

Il a sollicité les membres d’OTC Agregator, le club d’entrepreneurs-investisseurs qu’il fréquente depuis dix ans, afin de vérifier le potentiel de son appli, de valider sa technique (les ultrasons) et de trouver les premières enseignes partenaires.

poUr faire pareil

identifiez les clubs de dirigeants en consultant placedesreseaux.com, rubrique Annuaire. Vous pouvez également rejoindre optimrezo.fr, un cercle pour trouver des clients et faire du business, ou adhérer aux syndicats patronaux (Medef, CJD, etc.). 58

octobre 2015 MAnAgeMenT


À gauche,

un condensÉ de technologies pour les professionnels. À droite aussi.

www.volkswagen-utilitaires.fr

nouveau caddy Van tdi 75 Business line : 179 € ht/mois1 sans apport. nouveau transporter tdi 102 Business line : 249 € ht/mois2 sans apport. Performances & Technologies : le nouveau Caddy Van et le nouveau Transporter réunissent le meilleur de l’utilitaire. Nouveaux moteurs TSI et TDI jusqu’à 204 ch, technologie 4 roues motrices 4MOTION et boîte automatique DSG.3 Le nouveau Caddy Van et le nouveau Transporter se dotent des nouveaux systèmes connectés tactiles et des systèmes d’aide à la conduite et de sécurité avec une caméra de recul, un détecteur de fatigue et un système de freinage d’urgence « Front Assist »3.

Modèles présentés : Caddy Van Business Line TDI 75 ch BVM avec option jantes 15" « Calundra », projecteurs Bi-Xénon et phares antibrouillard, 36 loyers de 212 € HT. Transporter Van Business Line TDI 102 BVM avec options jantes 17" « Cascavel », phares full LED et cloison haute avec fenêtre coulissante, 36 loyers de 317 € HT. 1 Offre de Location Longue Durée sur 36 mois et 45 000 km pour un Caddy Van Business Line TDI 75 ch BVM, 36 loyers de 179 € HT. 2 Offre de Location Longue Durée sur 36 mois et 45 000 km pour un Transporter Van Business Line TDI 102 ch BVM, 36 loyers de 249 € HT. Offres réservées à la clientèle professionnelle, du 10/07/2015 au 31/12/2015 chez tous les distributeurs Volkswagen Véhicules Utilitaires participant à l’opération de financement, sous réserve d‘acceptation du dossier par Volkswagen Bank GmbH, RCS Pontoise 451 618 904 voir conditions sur www.volkswagen-utilitaires.fr. 3 Equipements cités disponibles en option selon modèle et version. Volkswagen Véhicules Utilitaires recommande Castrol EDGE Professional.


entreprendre POUR TROUVER ENCORE PLUS D’APPUIS, ACTIVEZ VOTRE RÉSEAU un éditeur de sites Web a proposé de racheter ma société, mon mentor, François Piot, le PDG de Prêt-à-partir, m’a rassurée quant au potentiel de mon projet. J’ai décidé de ne pas céder aux avances et de poursuivre mon développement», se félicite Raphaële Leyendecker, 28 ans. Lauréate du Réseau Entreprendre Lorraine, elle a lancé en mai Horseee.fr, une plateforme Web permettant de réserver des cours d’équitation partout en France. Nombre de visiteurs en progression de 30% par mois, plus de 1 500 inscrits… «Tous les indicateurs sont au vert», se réjouit-elle. TRAVAILLER DANS UN ESPACE DE COWORKING. C’est l’arme anti-isolement la moins chère : pour 300 à 400 euros hors taxes par mois, vous avez un bureau dans un open space, du WiFi, une imprimante et, surtout, des collègues. «Ici, la plupart des gens sont des solos. Nous sommes confrontés aux mêmes problèmes, alors chacun partage ses bons plans avec les autres», assure Clément Batifoulier, 33 ans, fondateur de Dynamic Touch. En faisant visiter le site de BGE à Paris, où il a posé ses ordinateurs, ce créateur d’applis et de sites Web s’interrompt pour donner à une collègue qui le sollicite son avis sur le design d’une plateforme Internet. Attention, dans les espaces de coworking, le meilleur peut côtoyer le pire. «Pour trouver celui qui vous convient le mieux, n’hésitez pas à en visiter plusieurs», conseille Magali Narcissot, une graphiste freelance qui a elle aussi adopté les locaux clairs et colorés de BGE. Bureauxapartager.com, qui recense tous les espaces de coworking sur Coworking-carte.fr, est un outil précieux pour les patrons en herbe. SOLLICITER SES AMIS ET LES CLUBS. Enfin, pour trouver des appuis, ne négligez pas vos proches et leurs relations. «Votre réseau est là pour vous soutenir et vous donner des coups de main, résume Alain Bosetti, le fondateur du Salon des microentreprises. Il peut aussi vous apporter le quart ou la moitié de vos contrats. Plus une entreprise est petite, plus le chiffre d’affaires dépend directement du dirigeant.» Ainsi, c’est par l’intermédiaire d’une 60

tante que le fondateur de CasQuade, François Jolly, a rencontré l’investisseur qui a injecté 20 000 euros dans sa société (lire son témoignage p. 56). Pour développer ce premier cercle d’amis, fréquenter un ou deux clubs de créateurs se révèle aussi fort utile. «On y rencontre des gens bienveillants partageant nos préoccupations et prêts à nous aider, indique Flavia Redouin, 43 ans. Mais pour s’insérer dans ce genre d’endroits, rendez service en premier : pensez à ceux que vous connaissez et qui pourraient leur être utiles.» Fondatrice de Tessigraphes, un studio de création textile, à Lille, Flavia a rejoint un réseau de femmes et Lille-design, un groupe visant à promouvoir le design auprès des PME. Et a bénéficié du soutien de BGE. «Il y a quelques années, je m’étais déjà mise à mon compte. Mais ça n’avait rien à voir : avant, j’étais simple freelance ; aujourd’hui, je suis armée pour créer mon entreprise.»

EN CHIFFRES

10 000 coworkers en France, répartis dans 250 espaces. (Source : bureauxapartager.com)

407 500 créateurs français en solo en 2014. (Source : APCE)

* Le Salon des microentreprises se tiendra du 6 au 8 octobre au Palais des Congrès, à Paris, en partenariat avec Management.

TEST

Pourriez-vous créer en solo ? A

B

1

Rechignez-vous à aller chez le dentiste depuis plus de six mois ?

Oui

Non

2

Avez-vous déjà pratiqué un sport collectif ?

Oui

Non

3

Pour garder la forme, vous êtes plutôt…

Squash

Running

4

Question jeux de société, vous préférez le…

Scrabble

Time’s up

5

Avez-vous déjà été victime d’un burn-out ?

Oui

Non

6

Etes-vous un adepte des “to do lists” ?

Oui

Non

7

Vous arrive-t-il de regarder plus de deux épisodes de votre série favorite à la suite ?

Oui

Non

8

Au comptoir, quelqu’un vous grille la politesse et passe sa commande…

9

Avez-vous déjà organisé un anniversaire surprise pour votre chéri(e) ?

lui dites Vous laissez Vous d’attendre faire son tour

quinze derniers jours, avez-vous passé 10 Ces plus de trois après-midi devant la télé ?

COMPTEZ VOS POINTS A B

1 10 0

2 0 20

3 10 0

4 20 0

5 40 0

6 0 10

Oui

Non

Oui

Non

7 20 0

8 20 0

9 0 10

10 30 0

BILAN Moins de 40 points . Bravo, vous êtes sérieux et discipliné.

Créer votre société seul ne devrait pas vous causer trop de difficultés.

De 40 à 130 points. Pour réussir, il va vous falloir progresser sur la

rigueur. Etre son propre patron nécessite de savoir se fixer des limites. 140 points ou plus. Pour le moment, vous devriez éviter de créer votre entreprise tout seul car vous manquez encore de discipline.

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT



entreprendre

idées d'ici et d'ailleurs

par charlOtte laurent

@CharlotteLrnt

Partage équitable des frais et bénéfice interdit pour le pilote… Coavmi fait prendre de la hauteur au principe du covoiturage.

Suède, l’ère de l’auto connectée arrive à toute vitesse. volvocars.com PhotoS : CoaVmI, mUV InteraCtIVe, BoDYCaP

A P P l i C At i o n U S A

kiosque numérique en SaLLe D’attente

tRAnSPoRtS fRAnCE

coavmi, le blablacar du ciel

V

ous avez aimé le covoiturage ? Découvrez le coavionnage avec Coavmi, une plateforme collaborative française lancée en juin 2015 par Youssef oubihi ! Selon la Direction générale de l’aviation civile, la France compte près de 30 000 pilotes privés qui ont accès à plus de 400 aérodromes répartis sur le territoire. Pour éviter de voler à vide, ils peuvent désormais publier sur Coavmi une petite annonce de trajet

EnviRonnEmEnt USA

douche éCoLo

70% de réduction de la consommation d’eau sous la douche grâce à un pommeau révolutionnaire, c’est la promesse de nebia, une start-up de San Francisco. en atomisant l’eau en minuscules gouttelettes, il permet de multiplier les points de contact avec l’épiderme et d’économiser, pour la seule Californie, des centaines de milliards de litres d’or bleu. Un projet qui fait rêver dans cet etat en pleine sécheresse et qui, selon nebia, aurait séduit les investisseurs tim Cook et eric Schmidt. Début septembre, le pommeau avait déjà levé 2,8 millions de dollars sur Kickstarter, où il était proposé en prévente pour moins de 270 euros (livraison

62

invitant d’éventuels passagers à monter à bord en échange du partage équitable des frais (location de l’avion, essence et frais de parking). Il est possible d’aller d’un point a à un point B – par exemple de Pontoise au touquet pour 50 euros avec Sébastien P. – ou de survoler des lieux touristiques comme le mont Saint-michel. Coavmi vient même de s’ouvrir aux hélicoptères. coavmi.com

prévue au printemps 2016). Pour la petite histoire, les entrepreneurs ne demandaient que 100 000 dollars… lesquels ont été récoltés en seulement huit heures. home.nebia.com H i g H -t E C H i S R A ë l

Une BagUe De science-fiction

simple mouvement d’index, à condition que ce dernier soit orné… de la bague Bird. Conçu par mUV Interactive, cet accessoire connecté, bourré de capteurs et associé à un projecteur, changera définitivement votre expérience des présentations Powerpoint. muvinteractive.com

getfoli.com SAnté fRAnCE

thermomètre connecté

Une gélule high-tech à avaler avec un verre d’eau… Conçu par la start-up BodyCap, e-Celsius mesure avec précision la température du corps et la communique toutes les trente secondes par radio. Destinée dans un premier temps au personnel hospitalier et aux médecins entourant les sportifs, elle devrait un jour remplacer les thermomètres dans nos trousses à pharmacie et ouvrir la voie à la télémédecine. bodycapmedical.com

diStRibUtion SUèdE

livraison directe DanS Le CoFFre

Comme tom Cruise avec ses gants dans le film Minority Report, vous pourrez demain projeter et manipuler le contenu de votre PC sur n’importe quelle surface d’un

marre de n’avoir qu’un Management de 2011 à vous mettre sous la dent en attendant votre rendez-vous ?   La start-up américaine Foli propose aux professionnels (des médecins mais aussi des hôteliers) de mettre à disposition de leurs clients un kiosque numérique rempli de magazines récents à feuilleter sur smartphone et tablette.

Une appli conçue par volvo va révolutionner la logistique du dernier mètre en permettant que des colis soient déposés dans votre coffre. elle pourra localiser un véhicule, l’identifier et le déverrouiller (à l’aide d’une clé numérique à usage unique) pour qu’un livreur y installe vos achats. avec cette fonctionnalité, déjà testée en

Où rencOntrer des créateurs ce mOis-ci ? A Rennes, lors des Journées régionales de la création et de la reprise d’entreprise, les 7 et 8 oct. au parc des expositions. jrce.org

A Paris, au Consumer Electronics Show Unveiled, le 21 octobre au pavillon Cambon Capucines (75001). cesweb.org

OctObre 2015 management



entreprendre PREMIERS PAS

CÉCILE SCHMOLLGRUBER, STEREOLABS

RÉMY DELUZE / CAPITAL

SA TECHNO MET L’IMAGE EN RELIEF

Entre Orsay et Hollywood, StereoLabs s’impose sur le marché de la 3D après avoir fait ses gammes dans l’imagerie médicale. PAR JULIE KRASSOVSKY

L

es prodigieuses images d’Avatar 2 devront en partie leur qualité à une start-up française, StereoLabs. Ce spécialiste de la 3D a développé un algorithme qui corrige en temps réel les défauts des images filmées par des systèmes à deux caméras. Cécile Schmollgruber et ses deux camarades de promo de l’Institut d’optique Graduate School, Edwin Azzam et Olivier Braun, ne se doutaient pas, il y a dix ans, qu’un simple projet d’étude concernant l’imagerie médicale allait les mener si loin. Le trio avait alors élaboré avec le CHU de Tours un prototype d’endoscope 3D permettant aux chirurgiens de travailler sur des images plus précises, avec une réelle sensation de profondeur. Une fois leur algo-

rithme au point, les trois complices ont pris part à de nombreux concours d’innovation. Repérés par Samsung en 2009, ils créent une société avec l’aide de l’incubateur Essec Ventures pour pouvoir facturer leurs services au géant coréen. StereoLabs est né. Et tout s’accélère. DANS L’ŒIL DE CAMERON.

En 2010, Avatar 1 cartonne, les premiers téléviseurs 3D arrivent sur le marché, le contexte est porteur. Remarqué par des prestataires audiovisuels, dont Euromédia, la start-up réoriente son activité, du médical vers la télévision. Entre 2010 et 2012, elle participe à la retransmission de matchs de foot ou de tennis, d’opéras… Elle affine aussi ses produits, embauche et part à la conquête

SES CONSEILS POUR RESTER INNOVANT SE PARTAGER LES RÔLES. «Dans notre secteur, l’innovation va très vite. Nous assurons une veille constante des avancées technologiques. J’observe les business qui se développent, Edwin décortique les publications scientifiques et Olivier discute avec nos partenaires.»

OBSERVER LA CONCURRENCE. «Sans avoir travaillé avec Sony ni

3ality, nous les suivons via des donneurs d’ordre communs. Nous vendons les mêmes solutions, nous devons observer les tendances du marché.»

SAISIR LES OPPORTUNITÉS. «L’audiovisuel et le cinéma sont des

secteurs auxquels nous ne pensions pas. Nous avons saisi l’occasion.»

SA PLUS GROSSE ERREUR AVOIR TROP PRIVILÉGIÉ LA R&D. «Ne pas nous être tout de suite confrontés aux usages possibles de notre logiciel ni être allés voir les fabricants de supports mécaniques des caméras 3D nous a ralentis.»

64

des Etats-Unis. En avril 2012, au Nab Show de Las Vegas, un salon consacré à la production audiovisuelle et cinématographique, StereoLabs attire l’attention de James Cameron, le réalisateur d’Avatar et de Tita­ nic. Leur collaboration va durer deux ans : «Il s’est donné le temps de développer avec nous des produits qui répondaient à ses exigences.» La start-up lui fournit une dizaine de systèmes pour équiper ses caméras. Un beau coup de projecteur. LA 3D DE A À… ZED. Aujour-

d’hui, la société compte 14 salariés en R&D, sur le campus d’Orsay, en région parisienne, trois commerciaux (bientôt sept) à San Francisco et un bureau de représentation à Hong Kong. Son succès dans le cinéma – où elle concurrence Sony et l’américain 3ality Technica – ne lui fait pas délaisser le domaine médical. Et elle vise aussi le grand public. Sa technologie équipera les téléviseurs 3D sans lunettes prévus pour 2016. StereoLabs a aussi conçu Zed, une petite caméra stéréo pouvant être intégrée dans les téléphones et les tablettes. «Nous sommes passés d’un travail logiciel à la fabrication de matériel», s’étonne encore Cécile Schmollgruber. I

Cécile Schmollgruber et StereoLabs ont été choisis par James Cameron pour le second volet d’Avatar, dont la sortie est annoncée pour la fin 2016.

BIO EXPRESS

2007 Cécile Schmollgruber, Edwin Azzam et Olivier Braun sont lauréats d’un concours organisé par le ministère de la Recherche. Première subvention de 40 000 euros.

2010 Création de StereoLabs.

2011 Un nouveau concours du ministère de la Recherche leur apporte une aide de 200 000 euros.

2012 Grand prix de l’innovation de la Ville de Paris.

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT


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FOTOLIA, CAPTURE D’ÉCRAN

entreprendre

VENDRE DE L’ART

SUR LA TOILE Depuis l’irruption d’Amazon sur le marché de l’art, une multitude de nouveaux acteurs se sont engouffrés dare-dare dans la brèche du numérique. Portrait de groupe à l’occasion de la 42e édition de la Fiac. PAR CHARLOTTE LAURENT @charlottelrnt

liqué, vendu ! Le business de l’art s’est enfin décidé à passer au numérique. Et le démarrage se fait sur les chapeaux de roue, puisque les ventes d’art en ligne ont connu l’an dernier une croissance de 68%, selon l’assureur spécialisé Hiscox. Certes, ce n’est encore qu’une goutte d’eau (2,5 milliards d’euros en 2015 contre 33 milliards pour le marché «physique»), mais, pour Robert Read, directeur Fine Art chez Hiscox, «la rapidité avec laquelle les collectionneurs novices et aguerris adoptent ce canal marque l’avènement d’une nouvelle ère». 66

Flairant le bon filon, plusieurs acteurs français se sont déjà lancés sur ce créneau, dont Cyrille Coiffet, le directeur général d’Expertissim, un site de vente entre particuliers. Son mot d’ordre : «Appliquer à l’art les codes de l’e-commerce.» C’est aussi le choix des autres plateformes. Ainsi Artvizer fonctionne-t-il, comme Expertissim, sur le modèle du Boncoin. «Le vendeur poste une annonce et il est ensuite contacté par un acheteur potentiel», résume Louis Lamy, son fondateur, un ancien marchand de tableaux. Seule différence avec le numéro 1 digital des petites annonces : le ta-

EN CHIFFRES

5,9 milliards d’euros de valeur estimée pour le marché de l’art en ligne en 2019.

49% des collectionneurs ont acheté des objets d’art et de collection en ligne en 2014.

80% des amateurs voient dans la facilité d’accès aux objets d’art le premier atout des plateformes Web. Source : rapport Hiscox sur le marché de l’art en ligne 2015.


CLIENTÈLE RAJEUNIE. Ces pure players ne se contentent pas de faire entrer l’art dans le moule de l’e-commerce : ils le réinventent aussi en attirant à lui une nouvelle clientèle. Hugues Leblond a ainsi cofondé Early Work, un site qui offre aux étudiants en art de commercialiser leurs premiers travaux, pour des montants allant jusqu’à 1 000 euros. «Nous voulions OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

ARTISTES ÉMERGENTS. Assurer au plus grand nombre un accès à l’achat d’œuvres d’art grâce des prix attractifs ou offrir une autre option à ceux qu’intimident les galeries et le jeu ultracodifié des enchères ne sont pas les seuls arguments de ces plateformes. Elles prétendent aussi donner leur chance aux artistes. Chez Artistoon, le «Montmartre du Web», par exemple, une cinquantaine d’entre eux ont trouvé une source de revenus en tirant le portrait des internautes à partir de leurs photos. Les artistes se disent donc convaincus par ce canal de diffusion. Comme Nathalie Leverger, qui avait pourtant des réserves : elle pensait que le Web lui servirait surtout à exposer ses œuvres, pas à les vendre. Référencée sur Kazoart depuis son lancement en mars dernier, elle a changé d’avis : «J’ai vendu deux tableaux et le site nous laisse une belle marge.» En effet, Kazoart, qui recense 90 artistes «émergents», ne prend que 30% de commission, contre 40 à 60% dans les galeries «en dur». Mathilde Le Roy, sa fondatrice, raconte qu’elle voulait «faire se rencontrer une offre et une demande qui jusque-là s’ignoraient». Elle revendique une vente tous les deux jours et développe aussi une offre B to B pour les entreprises, comprenant une prestation de conseil en matière de défiscalisation. De quoi développer le chiffre d’affaires de la start-up… et faire entrer l’art partout, même dans votre bureau.

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BUSINESS MODELS VARIÉS. Longtemps réservée aux initiés, la vente d’art a été bousculée par l’arrivée d’Amazon dans le tableau, en 2013 (amazon.com/ Art). Une multitude de jeunes diplômés d’écoles de commerce et d’entrepreneurs du numérique se sont lancés dans le sillage de la firme de Jeff Bezos. «La marge de modernisation du secteur est significative et off re de belles perspectives», analyse Vincent Hutin, 53 ans, ex-professionnel de la téléphonie mobile et de l’ecommerce. Lotprivé, la plateforme qu’il a lancée en 2012, propose aux maisons de vente aux enchères de mettre en ligne certains de leurs «trésors cachés». Une croissance à trois chiffres (et une levée de fonds de 800 000 euros) ne l’a pas empêché de revoir sa copie pour mieux coller à la demande. Souvent contacté par des particuliers cherchant à revendre leurs bijoux de famille, il les met en relation avec les marchands d’art partenaires de son site, n’hésitant pas ainsi à inverser son business model. Quinze pour cent de ses ventes se font déjà sur ce mode. Comme dans tous les marchés naissants, les entrepreneurs tâtonnent, révisent leurs plans et parient sur des business models variés. François-Xavier Trancart, 26 ans, ancien de l’Edhec et cofondateur d’Artsper, une place de marché qui regroupe 310 galeries d’art contemporain, a vite ajusté son modèle : à la commission de 15 % sur les transactions se sont ajoutés des abonnements (de 39 à 69 euros par mois) pour les professionnels qui souhaitent être mis en avant sur le site. Il prévoit une levée de fonds de près de 1 million d’euros au troisième trimestre.

proposer à un nouveau public un contenu qu’on ne trouve nulle part ailleurs», indique-t-il. De fait, les sites de vente en ligne attirent une clientèle plus jeune que les galeries traditionnelles (chez Expertissim, par exemple, elle a entre 25 et 40 ans). Un renouvellement du public qui ne laisse pas les acteurs historiques indifférents : «75% des acheteurs qui enchérissent en ligne sur Christie’s Live sont de nouveaux clients», confie Edouard Boccon-Gibod, le DG France de la célèbre maison.

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INTERVIEW GUILLAUME GIBAULT (LE SLIP FRANÇAIS)

TALENTS CROISSANCE 7 JEUNES LES LEVIERS CRÉATEURS QUI À ACTIVER VOIENT GRAND

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entreprendre dossier RÉUSSIR EN FRANCE

GUILLAUME GIBAULT, FONDATEUR DU SLIP FRANÇAIS

LA FRANCE, C’EST UN PAYS GÉNIAL POUR ENTREPRENDRE !” Entrepreneur malin et excellent communicant, le patron du Slip français a réussi l’exploit de déringardiser le slip… au point d’en faire un nouvel étendard du made in France.

L

PROPOS RECUEILLIS PAR ANDRÉ MORA - PHOTOS : OLIVIER ROLLER POUR MANAGEMENT

a voix douce, le geste posé, ce garçon poli, tout juste trentenaire, est un redoutable entrepreneur. Avec une idée qui tient en deux mots dont un adjectif (slip français), Guillaume Gibault a créé la success story la plus marrante de la décennie. Mine de rien, en effet, son business constitue un véritable cas d’école. Comment réussir en France, dans un secteur a priori sinistré, en misant sur la communication virale et la sympathie du public ? On est allé lui poser la question.

avec 600 slips, en bleu, blanc, rouge et noir. Au pire, me suis-je dit, j’en ai assez pour toute ma vie. En quatre mois, j’ai réalisé 40 000 euros de chiffre d’affaires. En fait, à peine avait-on ouvert le site Web qu’on courait déjà après les stocks !

MANAGEMENT : De quelle manière a commencé l’aventure du Slip français ? GUILLAUME GIBAULT : Par un pari un peu stupide. Au chômage depuis quinze jours, j’avais envie de créer mon entreprise dans le secteur de la fringue. J’avais LVMH en tête. Il me manquait juste l’essentiel : le produit et l’histoire qui va avec. C’est en discutant avec des potes que j’ai eu l’illumination : Le Slip français ! J’ai parié que j’arriverais à vendre des slips 100% made in France avec cette marque.

Comment avez-vous fait ? G. G. : J’ai harcelé les rédactions. Dès le premier article – dans Metro –, le tourbillon a démarré. Puis il y a eu la campagne présidentielle de 2012. En déconnant, j’ai détourné l’affiche de François Hollande : «Le changement de slip, c’est maintenant». Le buzz a été énorme. Là, j’ai compris un truc : en créant du contenu décalé, mais lié à la marque, on trouve de vrais clients.

Ça ressemblait à une blague, non ? G. G. : Faire rire, c’est déjà exister. J’avais confiance dans mon idée. J’ai commencé par acheter des slips pour m’initier, car je n’y connaissais rien. Sur Google, j’ai trouvé un atelier de confection en Dordogne. J’ai rencontré les responsables, on a créé un modèle et je suis reparti

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Pourquoi un tel engouement ? G. G. : Dès le début, Le Slip a suscité le sourire et la sympathie. Un nom pareil, ça ne s’oublie pas ! Et le made in France a été un activateur de notoriété. Les gens cherchent du sens, dans leur vie, dans leur travail… et dans leurs achats. On est la seule marque de sous-vêtements masculins à faire travailler les ouvriers de la confection en France. Notre démarche a consisté à faire fructifier ce capital de sympathie.

Depuis, vous avez industrialisé cette façon de créer du contenu viral… G. G. : Oui. On ne dépense rien en pub, mais on réunit l’équipe chaque semaine et on trouve des idées en rebondissant sur l’actualité. On a 60 000 fans sur Facebook, plein d’infos à raconter et toujours un tweet marrant sur le feu. Cet été, on a lancé le camion du slip sur les plages, un concours Instagram… Il y a des pop-up

BIO EXPRESS

1985 Naissance le 17 juin.

2009 Diplômé d’HEC.

2011 Lancement du Slip français.

2014 Ouverture du premier magasin.

2015 Levée de fonds de 2 millions d’euros auprès du fonds d’investissement 360 Capital partners.

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“DÈS LE DÉBUT, LE SLIP A SUSCITÉ LA SYMPATHIE. NOTRE TRAVAIL  : FAIRE FRUCTIFIER CE CAPITAL”

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entreprendre dossier RÉUSSIR EN FRANCE G. G. : Je préfère voir les opportunités plutôt que les freins. Ce qui est sinistré, c’est la production, pas le marché. Les coûts en France sont certes dix fois plus élevés qu’en Chine. Mais les clients, eux, sont de plus en plus attentifs à leurs sous-vêtements. Sur le plan économique, l’essentiel est de réduire le nombre des intermédiaires. En vendant sur Internet ou dans nos boutiques en propre, on préserve notre marge, alors qu’un distributeur en prend 60%. Bien sûr, les coûts d’une boutique sont élevés. Mais si le chiffre d’affaires est bon, ça va !

“NOS CRÉATIFS, INGÉNIEURS, BUSINESS ANGELS ET MARKETEURS CONSTITUENT UN ÉCOSYSTÈME TRÈS PORTEUR” stores un peu partout, des partenariats avec d’autres marques, telle Agnès b., qui nous a lancé au Japon. L’objectif, c’est le buzz. Pour une petite boîte comme la nôtre, le storytelling est essentiel pour se démarquer. Ce travail, c’est la vraie rigueur du Slip français. C’est ce qui fait qu’on ne ressemble à aucune autre start-up. Comment définissez-vous votre image ? G. G. : On assume ce côté franchouillard, décalé. Notre modèle, c’est OSS 117, le remake, pas l’original. D’ailleurs, si Jean Dujardin nous faisait l’honneur d’une photo en slip… Il y a beaucoup de second degré chez nous, on s’amuse.

FRENCH CHIC. Outre ses deux adresses parisiennes, la marque a ouvert une boutique à Hong Kong et garde les Etats-Unis et la Corée en ligne de mire.

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Vous êtes le chaînon manquant entre la Dordogne et les réseaux sociaux ? G. G. : En France, on a la chance d’avoir un vrai savoir-faire dans la mode. On trouve des ateliers avec des ouvrières qui ont quarante ans de maison et qui travaillent avec amour. C’est vraiment un truc d’un autre temps. Mais on est compatibles. Les ouvrières viennent liker nos pages. Et nous, on leur donne du travail. Pourtant, on dit le secteur du textile sinistré. Vous n’avez pas eu peur de vous y lancer ?

L’argument made in France, cela suffit pour cartonner ? G. G. : C’est un argument parmi d’autres. Ce qui compte, c’est la qualité, et là, le made in France reste un label. Dites «France» à un Américain ou à un Japonais et vous verrez briller ses yeux. On n’est pas très conscients de nos atouts, mais la France, c’est génial pour entreprendre. Les créatifs, les ingénieurs, les marketeurs qui en veulent, les banquiers et les business angels constituent un écosystème porteur. Pas un reproche pour notre beau pays ? G. G. : Peut-être une certaine frilosité face au risque, même si c’est de moins en moins vrai. Et puis une tendance à juger un peu vite les entrepreneurs. On attend d’eux des résultats immédiats, alors qu’il faut du temps pour concrétiser. Moi, j’ai beaucoup de respect pour ceux qui se lancent. C’est quand même ça le plus dur. Et les formalités administratives, les charges sociales, les banques ? G. G. : Les banques ne sont pas forcément là pour prendre de gros risques. Moi, j’ai décroché mon premier prêt sans business plan, grâce à un chiffre d’affaires prometteur. Il a fallu se bagarrer, et cela prend du temps. Mais c’est la règle du jeu. Les charges salariales, c’est pareil. Ce serait bien si on était exonéré au début, mais ça ne change pas fondamentalement la donne. Quant à la lourdeur administrative, elle n’est pas propre à la France. Il faut trois jours pour créer sa boîte : ce n’est pas la mer à boire ! Vous aviez quel statut au départ ? G. G. : J’ai été auto-entrepreneur pendant cinq mois, à l’époque où je squattais chez ma grandmère. Puis j’ai créé l’entreprise, pris des stagiaires, fait appel à des prestataires pour rester souple. Il faut se débrouiller. Au final, tous les salariés du Slip ont commencé en stage et notre premier contrôle Urssaf s’est très bien passé !

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EN CHIFFRES

Avoir fait HEC, ça vous sert à quoi ? G. G. : Je me pose souvent la question. C’est utile, oui. On y acquiert une culture de l’entreprise. Mais à l’école, on rationalise beaucoup. On perd un peu le côté commerçant, qui est primordial. Vendre, c’est noble, c’est convaincre quelqu’un. Et ça, ça s’apprend sur le tas. Peutêtre qu’on apprend plus vite en ayant fait HEC ? Et vous, qu’avez-vous appris ? G. G. : D’abord, à ne jamais lâcher le morceau. Ensuite, que le bon sens est la seule chose qui compte pour avancer. Je suis cartésien. C’est très français, non ? Il faut prendre les choses dans le bon ordre et les faire l’une après l’autre. Rien n’est jamais trop compliqué. Et rien ne se crée par magie. Derrière le succès, il y a beaucoup de travail et un grain de folie. Ce qui fait qu’on y va ou pas. Quelle est votre méthode de travail ? G. G. : Je regarde et je compare. Je me mets toujours à la place de celui qui découvre. Quand on ne connaît pas, on fait table rase, on répond

à chaque question. Par exemple [il prend un verre sur la table], comment est-ce fait, avec quoi, pourquoi comme ça, etc. ? J’ai procédé ainsi avec les slips, je continue au quotidien. Je suis une éponge. J’observe ce que font les autres marques. Les boutiques, le recrutement, les sites… C’est un benchmark permanent. Le Slip français dans dix ans ? G. G. : Je suis pessimiste. Je dirais 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et si un grand groupe vous rachetait ? G. G. : Il ne faut pas en avoir peur. Dans cinq ans, si on continue à ce rythme, on n’aura peutêtre pas d’autre choix. Grandir, ça demande des moyens. On veut que les boîtes françaises deviennent des championnes ? Elles ne pourront pas forcément le faire seules, surtout à l’international. Si, un jour, on fait 20 millions d’euros de chiffre d’affaires au Japon, ce n’est pas idiot qu’un groupe japonais prenne 30% du Slip et triple nos ventes sur place. Au contraire, ça donnera encore plus de boulot en France ! I

3,5 millions

D’EUROS DE CHIFFRE D’AFFAIRES C’est l’objectif du Slip français pour 2015. Ambitieux, son patron compte tripler ce montant en 2017.

30 salariés

DIRECTS EN FRANCE Mais la marque fait aussi travailler une soixantaine d’ouvriers dans la confection.

60 000

SLIPS PAR AN La production est assurée par neuf sous-traitants en France. Source  : Le Slip français

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SEPT TALENTS QUE LE MONDE NOUS ENVIE… Il n’y a pas que le luxe et la gastronomie ! Dans cinq secteurs, du design au numérique en passant par le cinéma, portraits de ces Frenchies dont la réputation dépasse nos frontières et qui, chacun à leur façon, changent la donne mondiale. PAR CORALIE DONAS

DESIGN

RONAN & ERWAN BOUROULLEC

LEURS CRÉATIONS SÉDUISENT LA PLANÈTE ENTIÈRE Formés aux Arts déco à Paris pour l’un et à l’Ecole nationale supérieure d’arts de ParisCergy pour l’autre, Ronan et Erwan occupent le devant de la scène internationale du mobilier avec leurs meubles et objets fabriqués par les plus grandes maisons. Leurs dernières créations : la chaise Stampa en aluminium chez Kettal et des vases en édition limitée. Algue, un système de cloisons imaginé en 2004 pour le fabricant de meubles suisse Vitra, est l’une de leurs réalisations emblématiques. Les deux frères travaillent avec les plus grandes marques françaises et internationales : Vitra, Ligne Roset, Kartell,

CINÉMA PIERRE-LOUIS PADANG COFFIN

LE CHOUCHOU DES KIDS On les voit partout depuis cet été. Les Minions, personnages secondaires des films Moi, moche et méchant, sont désormais en haut de l’affiche. Leur créateur, PierreLouis Padang Coffin, a bénéficié du meilleur de la France, où il a été formé (à l’école des Gobelins) et où il travaille, et des Etats-Unis, qui lui ont apporté budgets et visibilité. C’est en 2009 que Chris Meledandri, producteur de L’Age de glace, lui a confié

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la coréalisation de Moi, moche et méchant. «Il a su créer son propre univers. A l’école, nous nous attachons à développer la créativité autant que la technique», souligne Moïra Marguin, responsable du département cinéma d’animation aux Gobelins. Pierre Coffin a démarré sa carrière au studio Amblimation de Steven Spielberg, à Londres, avant de revenir en France pour imaginer des personnages pour la pub et la télé. Il travaille à présent au troisième épisode de Moi, moche et méchant.

Kvadrat, Alessi… S’ils ne sont pas les seuls designers français à s’exporter, leur succès est considérable : expositions, entrées dans les collections du Museum of Modern Art de New York ou du Centre Pompidou. «Ils n’ont pas de défauts ! Ils sont très professionnels, vont au fond des choses. Cela se lit dans leur style, minimaliste, qui révèle en même temps une étude approfondie de la fonction de l’objet», analyse Jean-Paul Bath, directeur général de l’association Valorisation de l’innovation dans l’ameublement (VIA). Des créateurs complets qui n’en finissent pas de séduire le public, sur tous les continents.


ALIMENTATION AUGUSTIN PALUEL-MARMONT ET MICHEL DE ROVIRA

MICHEL ET AUGUSTIN

FRANCE, ÉTATS-UNIS… ET DEMAIN ? Des vaches à boire plutôt que de simples yaourts, une bananeraie en guise de siège social… Depuis leurs débuts, Michel de Rovira et Augustin PaluelMarmont, fondateurs de la marque, parient sur l’amusement et le décalage pour faire connaître leurs produits. Une stratégie qui leur a permis cet été de pénétrer en force le marché américain en séduisant le géant Starbucks (lire Management n° 233, p. 14). Sans doute les prémices d’un changement d’échelle pour les «trublions du goût»,

THE FAMILY

LA BONNE FÉE DES START-UP Alice Zagury, 30 ans, vient d’entrer au Top 100 européen des personnalités les plus influentes du numérique, établi par le magazine Wired. L’accélérateur The Family, qu’elle a cofondé avec Nicolas Colin et Oussama Ammar, fait rayonner la French tech. «The Family est une des organisations les plus en vue dans l’univers des start-up», indique Véronique Di Benedetto, présidente de Femmes du numérique. Alice Zagury avait déjà créé, en 2011, l’accélérateur Le Camping (devenu Numa Sprint) et travaillé sur le projet d’incubateur du Cent

Quatre, un vaste centre culturel créé par la ville de Paris. Son parcours est marqué par la volonté de pousser les start-up à croître à l’international, en s’inspirant des exemples américains et européens. «L’idée de voir grand tout de suite est de plus en plus répandue dans l’univers des start-up. Sur un marché, la prime au leader est importante, il faut donc se développer en visant dès le départ l’international. The Family a bien intégré cette idée et incite clairement ses protégés à devenir des champions internationaux», conclut Véronique Di Benedetto.

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

référencements dans les grandes surfaces américaines et, à terme, d’ouvrir de nouvelles bananeraies un peu partout dans le monde», explique Marie-Catherine Mars, professeure de marketing à l’Edhec.

ÉCONOMIE COLLABORATIVE FRÉDÉRIC MAZZELLA

LE COPILOTE DES NOUVEAUX VOYAGEURS Frédéric Mazzella n’a certes pas inventé le covoiturage. Mais il lui a donné un formidable essor en créant une plateforme logicielle facilitant la mise en relation entre chauffeurs et passagers. L’entreprise, créée en 2007, n’a pas été une success story dès le départ. Son fondateur a longtemps cherché le bon modèle économique, mêlant transactions sécurisées et esprit communautaire. Depuis trois ans, le développement international s’est accéléré (présence dans 19 pays) et BlaBlaCar a réalisé l’an dernier une levée de fonds de 100 millions de dollars. «Dans l’économie collaborative, le développement international implique de recréer dans chaque pays une nouvelle communauté d’utilisateurs. Mais le marché existe et le terrain est favorable», analyse Edwin Mootoosamy, cofondateur de OuiShare, collectif d’acteurs de l’économie collaborative. BlaBlaCar compte 20 millions de membres.

BLABLACAR PHOTOS : LEA CRESPI/PASCO AND CO, UPI FRANCE, BYRON PURVIS/ADMEDIA/STARFACE, LEA CRESPI POUR MANAGEMENT, C. LEBEDINSKY/CHALLENGES REA, PASCALITO POUR MANAGEMENT

NUMÉRIQUE ALICE ZAGURY

rejoints en 2013 par la famille Pinault, entrée au capital de l’entreprise : «Starbucks est une multinationale et va faire connaître leurs produits aux Etats-Unis puis dans le monde entier. Cela leur permettra d’obtenir des

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entreprendre dossier réussir en france

Objectif crOissance : quels leviers activer ? Investissement massif en R&D, marketing imaginatif, innovation participative, management collaboratif, montée en gamme… Découvrez les secrets du succès des champions tricolores. Par Céline Deval

en chiffres

136

entreprises sont classées «surperformantes» par le groupe d’études leaders league.

50%

d’entre elles procèdent à des opérations de croissance externe.

20%

de leur ca, en moyenne, sont consacrés à la R&D.

90%

combinent croissance organique, croissance externe, diversification, internationalisation…

49%

fonctionnent au niveau managérial de façon collaborative ou participative.

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L

e point commun entre Energie Perspective (bureau d’études en économie d’énergie), Outilacier (distributeur d’outillage et de fournitures industrielles) ou les boutiques Orchestra ? Leurs performances économiques remarquables. Selon le Grand Prix des entreprises de croissance, classement du groupe d’études Leaders League, elles font partie des 136 entreprises françaises les plus performantes. «Elles affichent toutes une croissance à deux chiffres au cours des quatre dernières années, preuve que l’hypercroissance est toujours possible en France, souligne PierreEtienne Lorenceau, présidentfondateur de Leaders League. Et ce, quels que soient le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise…» Pour réaliser ces success stories, ces sociétés ont su miser sur leurs points forts et combiner les facteurs de réussite. Mais aussi profiter des atouts d’une économie en pas si mauvais état qu’on le dit. Ces champions nous ont confié leurs secrets.

JoueR la caRte Du «maDe in FranCe» Un sondage Ifop indiquait, en 2011, que 66% des Français étaient prêts à payer un peu plus pour acheter tricolore.

Dans les faits, aucune étude marketing ne le prouve. Il n’empêche : «La pastille “Made in France” attire l’œil et peut faire augmenter les ventes, reconnaît Rachid Belaziz, fondateur et dirigeant du cabinet de conseil RBMG. C’est surtout à l’international qu’elle a le plus d’impact, notamment dans des secteurs où la qualité et le savoir-faire français sont reconnus, comme le luxe, la mode ou la gastronomie.» De son côté, Pierre-Yves Levy a de quoi être fier : depuis une dizaine d’années, sa PME, Outilacier, fait partie du club des 100 entreprises françaises les plus performantes. Son succès, il le résume en trois mots : «Made in France.» Ce chef d’entreprise lyonnais, spécialisé dans la distribution d’outillage industriel, met un point d’honneur à ne revendre que des produits fabriqués dans l’Hexagone. «C’est un argument qui fait mouche, affirme le PDG. Notamment auprès des grands donneurs d’ordre français comme la SNCF, Areva ou Vinci, qui sont aujourd’hui nos principaux acheteurs. Pour rester compétitifs, il nous a fallu raboter nos marges de 10%. Cela nous a obligés à améliorer nos performances en gestion de flux, qui sont aujourd’hui cinq fois plus élevées que la moyenne du secteur.» Résultat : Outilacier affiche un chiffre d’af-

faires en hausse continue, de 3 millions d’euros en 2000… à 35 millions aujourd’hui.

monter en gamme ou opteR pouR un maRché De nIche Autre stratégie gagnante : monter en gamme. Ça a été le choix de Wonderbox en 2011, lorsque la crise économique chahutait le marché des coffrets cadeaux. «Nous avons revu le packaging de nos coffrets pour leur donner un aspect plus luxueux, précise Bertile Burel, présidente et cofondatrice. Et négocié des partenariats exclusifs, notamment avec Lucien Barrière ou les Gîtes de France.» Pari réussi : l’entreprise devient leader sur son marché dès l’année suivante. «Monter en gamme est un bon moyen de se différencier des concurrents et de gagner, voire de sauver, des parts de marché si l’entreprise ou le secteur est en difficulté, analyse Laurent Halfon, associé chez Deloitte et responsable du Technology Fast 50 (classement des entreprises technologiques affichant la plus forte croissance ces cinq dernières années). Opter pour un marché de niche, afin d’éviter de se frotter à plus gros que soi, est aussi une bonne idée. «Cela permet de se faire une place sur un segment avant que la concurrence ne s’y intéresse.» C’est la voie qu’a choisie Criteo. Sur le


marché classique de la publicité en ligne, la start-up n’avait guère de chances face à Google ou à Facebook. En se spécialisant dans le reciblage publicitaire, elle a contourné la difficulté et réussi à s’imposer comme le champion mondial dans sa catégorie.

DÉPLOYER PLUSIEURS STRATÉGIES DE CROISSANCE Pour gagner, il faut savoir jouer sur plusieurs tableaux. La marque de vêtements Orchestra n’a ainsi pas hésité à diversifier tous azimuts. Elle couvre aujourd’hui l’ensemble des besoins de la famille. Après la mode enfant, elle s’est attaquée aux secteurs maternité et postnatal (rachat de Prémaman,

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

de Baby 2000) puis à l’univers du jouet en nouant des partenariats avec King Jouet. Résultat : une hausse de 86% de son chiffre d’affaires entre 2011 et 2014. «La plupart des entreprises très performantes déploient plusieurs stratégies de croissance, confirme PierreEtienne Lorenceau, de Leaders League. Elle privilégie la croissance organique au départ pour s’assurer des bases solides, avant de combiner croissance externe, diversification et internationalisation. Au bout du compte, le développement est équilibré, le dynamisme d’une option compensant les faiblesses d’une autre.» Quant à l’international, il est incontournable si l’on veut réaliser des économies d’échelle,

profiter de marchés plus vastes et se préserver des aléas locaux. La bataille entre LeCab et Uber l’a prouvé : le premier, trop franco-français, a plié face au second, qui a tout misé sur une croissance mondiale à marche forcée.

ACCROÎTRE SA VISIBILITÉ La réussite dépend aussi de son aptitude à se faire remarquer, comme l’a bien compris Guillaume Gibault, du Slip français (lire p. 70). Les trublions français Michel et Augustin sont passés maîtres en la matière. Depuis la création de la marque, ils ont posté sur Facebook et YouTube des dizaines de vidéos décalées. Leur dernier buzz – deux de leurs salariés envoyés

prendre un café avec Howard Schultz, le patron de Starbucks, pour lui faire goûter leurs biscuits – leur a permis d’être référencés par la chaîne. Autre stratégie, mêmes effets : pour accroître sa visibilité lors de son lancement en 2009, Videdressing.com a développé des partenariats avec des blogs de mode influents et des sites de médias féminins comme Elle.fr ou Aufeminin. com. En un an et demi, le volume d’affaires a doublé et le site est devenu la première plateforme de shopping communautaire consacrée à la mode. «Quelle que soit la stratégie (buzz sur les réseaux sociaux, partenariats…), le marketing est un formidable accélérateur, constate Eric Repérant,

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entreprendre dossier RÉUSSIR EN FRANCE ce sont les collaborateurs euxmêmes qui instruisent les autres sur un sujet donné. Pour Yann Person, l’un des trois cofondateurs : «Ce management collaboratif était indispensable, tant les recrutements vont bon train (3 salariés en 2010, 50 aujourd’hui et 150 d’ici à 2018) et les profils sont variés (du commercial au data scientist). De cette façon, nous intégrons vite et bien les nouvelles recrues.» Responsabilisés, les collaborateurs sont aussi plus impliqués. Au bout du compte, EP a fait fondre son turnover, ses frais de recrutement ont diminué et… le chiffre d’affaires a explosé : 300 000 euros en 2010, 10 millions en 2014.

FIDÉLISER UN CLIENT COÛTE CINQ À SIX FOIS MOINS CHER QU’EN ACQUÉRIR UN NOUVEAU directeur du cabinet de conseil Urbanicus. Mais si, ensuite, la qualité n’est pas au rendez-vous, gare au bad buzz ou à la déception.»

SOIGNER LA RELATION CLIENT Tout commercial sait que fidéliser un client coûte cinq ou six fois moins cher qu’en acquérir un nouveau. Pour devenir l’une des références du voyage sur mesure en ligne, Marco Vasco (ex-Planetveo) a tout misé sur la relation client. «Sur les 200 collaborateurs du site à Paris, 140 sont des conseillers, des spécialistes de chaque destination, qui accompagnent de A à Z le client dans l’élaboration de son voyage», précise Geoffroy de Becdelièvre, le PDG fondateur. Ce service clients d’excellence est une des clés de la réussite de l’agence, dont le chiffre d’affaires a at-

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teint 70 millions d’euros en 2014. «Le conseil et le service après-vente rassurent et fidélisent la clientèle, confirme Eric Repérant. Pour qu’ils soient de qualité, il faut être attentif à la valeur apportée au client et non à la seule productivité.»

PARIER SUR L’INNOVATION PARTICIPATIVE Pernod Ricard a fait de l’innovation participative un axe stratégique de son développement, rompant ainsi avec les modes traditionnels de R&D. Le géant mondial des spiritueux a en effet créé dès 2011, à Paris, le Breakthrough Innovation Group (BIG) : une sorte de start-up interne de sept créatifs (commercial, graphiste, community manager, etc.), chargés de faire aboutir les idées proposées par les collaborateurs du groupe. Plus de

300 projets (nouveaux business, services ou marques) y seraient en cours de développement. De quoi avoir toujours un coup d’avance sur les concurrents. «En plus d’être innovante, l’entreprise y gagne en termes d’implication et d’engagement des salariés», note Rachid Belaziz, de RBMG.

PRATIQUER LE MANAGEMENT COLLABORATIF L’implication des salariés est aussi recherchée au niveau du management. Chez EP (Energie Perspective), on pratique le happy management : on ne parle plus d’équipe mais de «EP family» avec des «membres» plutôt que des salariés, on travaille «en coopération» et non sous les ordres de… La PME nantaise a repris le principe des conférences en ligne TEDx, mais ici, au lieu de célébrités,

SE FINANCER AU BON MOMENT Enfin, pour réussir, il faut savoir quand et comment financer son développement. Selon Laurent Halfon, de Deloitte : «Le timing idéal est un tour de table régulier, tous les dix-huit à trente-six mois par exemple. Ou à un instant T, lorsque l’entreprise franchit un cap ou prend une nouvelle orientation stratégique.» Les moyens ? Bourse, fonds d’investissement, crowdfunding… Tout dépend des sommes nécessaires et du poids de l’entreprise. L’essentiel est de se donner les moyens de ses ambitions. Stéphane Treppoz, PDG de Sarenza, a ainsi attendu que le site qu’il a repris en 2007 s’impose comme leader européen pour procéder à l’été 2014 à une levée de fonds de 74 millions d’euros. Un record pour un acteur français du Web ces trois dernières années. «Objectifs ? Consolider notre leadership et accélérer notre déploiement à l’international, annonce le PDG. Cela nous a permis de lancer notre propre marque et de nous offrir une vaste campagne TV.»

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT


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entreprendre dossier RÉUSSIR EN FRANCE

CES NUMÉROS 1 QUE PERSONNE NE CONNAÎT On peut être leader mondial et inconnu du grand public. Nos «champions cachés» sont ces 450 entreprises à taille humaine qui se sont octroyé la part du lion sur leurs marchés en appliquant des recettes à la portée de tous. Inspirant ! PAR CHARLOTTE LAURENT

PHOTOS : SERVICES DE PRESSE

O

@CharlotteLrnt

n en compterait 450 en France. Les «champions cachés», notion développée par deux économistes, Hermann Simon et Stéphan Guinchard, sont en général des PME ou des entreprises de taille intermédiaire, leaders sur leur marché – dans le top 3 mondial ou leader français et européen – mais peu connues du grand public. Souvent familiales et évoluant sur des marchés étroits, elles font la force du tissu économique d’un pays : 60% des champions mondiaux de taille moyenne sont… allemands. «Etre un champion caché est un état d’esprit fondé sur l’innovation, sur l’ambition d’être numéro 1 et sur une vision à long terme, explique Stéphan Guinchard. Ces entreprises devraient donner de l’espoir aux Français car elles incarnent le capitalisme positif. Elles prouvent que le succès n’est pas une question de taille.» Et d’ajouter : «C’est presque le monde des Bisounours par rapport à la sinistrose ambiante.» Sur les 220 que ces économistes ont repérés dans l’Hexagone [dont certains sont cités dans leur ouvrage Les Champions cachés du XXIe siècle. Stratégies à succès, Economica], nous en avons sélectionné neuf dont la stratégie nous a semblé instructive.

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NUMÉRO 1 FRANÇAIS DES ABREUVOIRS À BÉTAIL

LA BUVETTE DÉSALTÈRE VEAUX, VACHES, COCHONS DATE DE CRÉATION 1945

V

CHIFFRE D’AFFAIRES 2014 14 MILLIONS D’EUROS

EFFECTIF 55 SALARIÉS

ous pensiez que les abreuvoirs n’étaient que de simples cuves de plastique au design basique et aux fonctionnalités quasi inexistantes ? Détrompez-vous. La société ardennaise La Buvette, reine de l’abreuvement du bétail français, qui domine le marché depuis les années 1970 et réalise un tiers de son chiffre d’affaires à l’export, vient de lancer le tout premier abreuvoir connecté. Le Blue Intelligence, qui gère à distance l’hydratation des chevaux,

surveille et lance un message d’alerte aux entraîneurs, cavaliers ou éleveurs en cas de consommation anormale de leur poulain. Pas question de rater le coche des objets connectés, même pour les abreuvoirs. POURQUOI ÇA MARCHE ?

La Buvette s’inspire des technologies de pointe pour les intégrer à ses produits. Elle investit 5,5% de son chiffre d’affaires en R&D pour se réinventer sans cesse.


NUMÉRO 1 MONDIAL

DU MATÉRIEL DE BALL-TRAP

LAPORTE, AS DU TIR AU PIGEON, TIENT UNE FORME OLYMPIQUE DATE DE CRÉATION 1927

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CHIFFRE D’AFFAIRES 2014 15 MILLIONS D’EUROS

n million de pigeons par jour. Voilà la capacité de production de la société Laporte, championne du monde du ball-trap, basée dans les Alpes-Maritimes. Sélectionnée pour ses huitièmes jeux Olympiques, à Rio, elle a développé pour l’occasion un lanceur «turbo», plus rapide. JeanMichel Laporte, petit-fils du créateur du premier lanceur manuel, ne jure que par l’in-

EFFECTIF 80 SALARIÉS

novation. Il a mis au point le pigeon télégénique flash – qui dégage une fumée de couleur lorsqu’il est touché –, a inventé une nouvelle discipline – le tir à l’arc sur cible mobile –, a lancé une application pour smartphone – véritable réseau social du ball-trap – et promet, sans en dire plus, un brevet unique au monde qui devrait faire de lui un «superleader» tirant plus vite que son ombre. POURQUOI ÇA MARCHE ?

Jean-Michel Laporte a 60 idées à la minute, brevette à tour de bras et crée un écosystème autour de ses produits de loisir sportif.

NUMÉRO 1 EUROPÉEN

DE LA BROUETTE

NUMÉRO 1 MONDIAL DES FINES HERBES SURGELÉES

DARÉGAL RAVIT NOS PALAIS DEPUIS QUATRE GÉNÉRATIONS DATE DE CRÉATION 1887

D

CHIFFRE D’AFFAIRES 2014 120 MILLIONS D’EUROS

u basilic à la cannelle, de la menthe au chocolat… Délirant ? C’est pourtant ce qui pousse déjà dans la pépinière qui jouxte le siège de Darégal, dans l’Essonne. C’est l’arrière-arrièregrand-père de l’actuel PDG, Charles Darbonne, qui a fondé l’entreprise en inventant le premier système de déshydratation mécanique. Son grandpère, lui, est passé du cheval au tracteur et s’est implanté à l’étranger – où Darégal réalise aujourd’hui 70% de son chiffre d’affaires. Quant à son père, il a vendu les terres, construit des

usines et inventé des machines capables de surgeler les herbes aromatiques, pour mieux conserver leurs saveurs. Aujourd’hui, elles sont partout : dans nos assiettes, dans les cuisines des restaurateurs et dans les usines des industriels de l’agroalimentaire. Et, avec ses nouveaux coulis aromatiques et ses huiles infusées, Charles n’a pas fini d’en faire voir de toutes les couleurs aux fines herbes. POURQUOI ÇA MARCHE ? Toujours plus d’innovation. Visionnaires de père en fils, les Darbonne ne se reposent jamais sur leurs lauriers.

HAEMMERLIN INNOVE À LA PELLE DANS LA BROUETTE DATE DE CRÉATION 1867 (rachat en 2008 par CDH)

C

CHIFFRE D’AFFAIRES 2014 90 MILLIONS D’EUROS (CDH)

’est en 1867 que Charles Haemmerlin crée en Alsace une ferronnerie qu’il baptise de son nom. Son fils, Georges, lancera la production de brouettes au tournant du siècle. Aujourd’hui, Haemmerlin appartient au groupe CDH avec Centaure et Duarib, respectivement spécialistes des échelles et des échafaudages. «Des entreprises historiques et emblématiques, dont les marchés se mondialisent et qui, seules, auraient du mal à résister», explique

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

EFFECTIF 450 SALARIÉS

EFFECTIF 350 SALARIÉS (CDH)

Christophe Vinsonneau, son président. Le trio gagnant compte 150 brevets actifs et n’a pas fini d’innover. CDH planche sur la pénibilité du travail avec des brouettes à pousser sans effort, se lance dans l’e-commerce avec BiBox, sa brouette en kit, et invente de nouveaux objets : une brouettebarbecue, ça vous dit ? POURQUOI ÇA MARCHE ? En s’alliant à d’autres fleurons français, Haemmerlin a réussi à garder la main sur le marché de la brouette.

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entreprendre dossier réussir eN FraNce Numér0 1 moNdial

de l’extrusion bivis alimentaire

clextral titille nos papilles avec une industrie de pointe date de création 1956 Numéro 1 moNdial du contrôle de la douleur

septodont s’occupe de nos dents depuis huit décennies date de création 1932

photos : services de presse

a

chiffre d’affaires 2014 effectif + de 200 millions 1 300 d’euros salariés

vec ses 500 millions de doses anesthésiques produites par an, Septodont domine le monde du pain control. «15 anesthé­ sies sont faites chaque seconde avec nos produits», souligne Olivier Schiller, l’actuel PDG, dont le grand­père a fondé la société. Trois générations se sont mises au service des den­ tistes de la planète : avec ses usines dans le Tarn et dans le Val­de­Marne, mais aussi en Amérique du Nord, au Brésil et en Inde, Septodont réalise plus de 90% de son chiffre d’af­ faires à l’international. La stra­

tégie d’Olivier Schiller ? Asseoir sa position de leader, y compris dans les pays émergents, dé­ velopper une activité de sous­ traitance industrielle pour le remplissage de cartouches sté­ riles et continuer à innover avec, par exemple, un produit capable d’annuler les effets de l’anes­ thésie après une opération. pourquoi ça marche ?  les choix stratégiques ont été les bons : dans les années 1970, plutôt que d’élargir une gamme généraliste, papa schiller s’engouffre dans un secteur de niche, l’anesthésique.

Numéro 1 européeN des voiliers en composites

l

commandes en 2014 55 millions d’euros

e point commun entre le plastique en granules, les céréales soufflées et la pâte à billets de banque ? L’ex­ trudeur bivis. Un gros mélan­ geur industriel, à l’origine uti­ lisé pour les plastiques, que l’entreprise ligérienne a l’idée de reconvertir dans les années 1970 pour élaborer la fameuse Cracotte de Danone. «Une in­ novation de rupture», selon son vice­président, Georges Hal­ lary, qui a fait de Clextral un pionnier dans l’agroalimen­ taire. Céréales, gâteaux apéro et croquettes pour animaux sont produits sur ses lignes de fabrication puis commerciali­ sés dans 92 pays. Et Clextral veut extruder toujours plus : il développe actuellement une technique d’extrusion­ porosification pour créer de nouvelles poudres poreuses

(qui se réhydratent au contact de l’eau) et planche sur les subs­ tituts à la viande en texturi­ sant des protéines végétales à l’aide, encore et toujours, de son cher extrudeur bivis. pourquoi ça marche ?

 parce que clextral ne cesse de perfectionner sa technologie en codéveloppant de nouveaux produits avec les géants de l’agroalimentaire.

Multiplast passe des bateaux de course à l’aéronautique date de création 1981

p

chiffre d’affaires 2014 8,5 millions d’euros

our nous, le Vendée Globe, c’est maintenant», insiste Yann Penfornis, DG de Multiplast. Si le célèbre tour du monde à la voile ne part qu’en novembre 2016, deux des bateaux concurrents sont déjà en fabrication au chantier naval de Vannes (Morbihan), créé en 1981 par Gilles Ollier. Cet architecte naval était con­ vaincu que les voiliers de course de l’avenir seraient en matériaux composites. Banco : aujourd’hui, Multiplast possède les plus grands fours d’Europe.

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effectif 277 salariés

effectif 90 salariés

De quoi construire de beaux voiliers mais aussi se diversi­ fier. Multiplast a ainsi réalisé un panneau de 1 000 m2 pour l’auditorium lillois du Nouveau Siècle et Yann Penfornis a dé­ bauché le directeur de l’usine Airbus de Nantes pour que, de­ main, ses 90 salariés travail­ lent pour l’aéronautique. pourquoi ça marche ?  grâce à une stratégie pertinente de capitalisation du savoir-faire pour se diversifier dans d’autres secteurs industriels.

octobre 2015 management

M


Guy DeGrenne se diversifie à très grande vitesse date de création 1948

C

chiffre d’affaires 86 millions d’euros

e n’est pas comme cela que vous réussirez dans la vie, M. Degrenne !» La publicité du cancre qui dessine des fourchettes a marqué une génération. Pourtant, l’entreprise ne se limite pas aux couverts. Dans les années 1990, à la cantine d’Areva, des ingénieurs se demandent comment transporter leur combustible nucléaire, lorsqu’ils tombent sur un pichet en Inox Guy Degrenne. Le géant du couvert fabrique aujourd’hui leurs conteneurs, mais aussi le bol du robot culinaire Thermomix,

effectif 1  100 salariés

par exemple. Car sa véritable spécialité, c’est l’emboutissage profond en Inox. Et la stratégie de Thierry Villotte, le président du directoire, est de développer cette sous-traitance industrielle qui représente déjà un tiers du chiffre d’affaires. Alors devinez qui fabrique les cuvettes des toilettes des TGV ? pourquoi ça marche ?

 Parce que guy degrenne n’a pas eu peur de s’ouvrir à d’autres secteurs industriels pour faire tourner ses usines en dépit de la crise du marché des arts de la table.

Numéro 1 européeN de la tige de frein

rossiGnol TechnoloGy passe à la vitesse supérieure date de création 1976

e

chiffre d’affaires 15 millions d’euros

lle équipe 40% des véhicules neufs de la planète. L’entreprise savoyarde Rossignol Technology produit 150 000 tiges de frein et d’embrayage par jour. Pour rester au plus près de ses clients à l’international, notamment en Amérique du Nord, Bertrand de Taisne, son président, a décidé d’ouvrir une usine au Mexique «qui, à terme, produira deux fois plus de volume que celle de Scionzier». De quoi continuer à inonder le marché de ses petits bouts de métal indispensables à nos autos.

effectif 200 salariés

pourquoi ça marche ?

 Parce que rossignol technology s’est concentré sur ses clients équipementiers et leurs besoins, en les suivant au bout du monde et en baissant les prix : autour de 0,50 euro la tige, qui dit mieux ?

MANAGEMENT • 1/2 Page Largeur Plein Papier • 213 x 140 mm • Visuel:PROXIMITÉ V2 • Parution=24/sept./2015 • Remise le=28/août/2015 • Ordre 1

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entreprendre dossier réussir en france

nous ne manquons pas d’atoutS ! Quitte à trancher sur le discours ambiant, disons-le tout net : la France présente de solides arguments pour inciter les créateurs à se lancer et pour motiver les investisseurs. Démonstration. Par Sandrine WeiSz

L

orsque Disneyland décida de s’im­ planter en Europe, c’est Marne­la­ Vallée, en région parisienne, qui eut la faveur des investisseurs américains. Le parc d’attrac­ tions ouvrit ses portes en 1992 avec, à la clé, la création de pas moins de 15 000 emplois. Vingt­ trois ans plus tard, les critères repères

qui présidèrent au choix du géant américain sont toujours d’actualité. Julien Kauffmann, vice­président en charge des revenus et études de Disney­ land Paris, évoque notamment «la qualité des transports et du système éducatif», mais aussi «la situation géographique de la France au cœur de l’Europe, la richesse économique de la région parisienne et sa démo­

Les régions Les pLus attractives

où entreprendre dans L’hexagone ? BreTaGne

Points forts : ++++ Accompagnement +++ Santé et sécurité +++ Environnement Points faibles : - Facilité de création -- Facilité de recrutement

rhône-alpes

Points forts : ++++ Accompagnement +++ Santé et sécurité +++ Environnement Points faibles : - Facilité de création -- Facilité de recrutement ça BouGe en réGion D’après l’édition 2015 de l’enquête «où entreprendre en France ?» réalisée par starofservice auprès de 22 000 dirigeants de pMe françaises, l’alsace, rhône-alpes et la Bretagne sont

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graphie dynamique». Peut­on en conclure que la France au­ jourd’hui est toujours aussi attrayante ? Oui, si l’on en croit la première édition, parue en juillet 2015, de l’indice d’at­ tractivité du territoire réalisé par le Comité national des conseillers du commerce ex­ térieur de la France. Construit sur la base de 12 critères, parmi lesquels les charges adminis­

alsace

Points forts : ++++ Accompagnement +++ Santé et sécurité +++ Environnement Points faibles : - Facilité de création -- Facilité de recrutement champaGneardenne

Points forts : ++++ Environnement +++ Santé et sécurité ++ Zonage Points faibles : - Facilité de création -- Facilité de recrutement

Degré D’attractivité

+

cette année les régions les plus propices à l’entrepreneuriat. parmi les critères retenus : l’attrait exercé par le lieu, la facilité de création d’une entreprise, la facilité d’embauche et la simplicité de l’environnement réglementaire.

trative et réglementaire, la fis­ calité, la qualité et le coût de la main­d’œuvre, la flexibilité du travail ou encore le climat social, cet indice reflète l’éva­ luation des atouts de notre ter­ ritoire par 1 300 conseillers de ce comité (dont les deux tiers sont basés à l’étranger, dans 146 pays). «La note glo­ bale est de 60/100, ce qui est plutôt bon», analyse Alain Bentéjac, son président.

infraStructureS et universités au top Parmi nos points forts : la qua­ lité des infrastructures ferro­ viaires, routières, portuaires et numériques. L’Hexagone possède le premier réseau rou­ tier, le deuxième aéroport pas­ sagers et premier en fret du continent (Roissy). Il affiche aussi le taux de pannes élec­ triques le plus faible du monde et se classe juste derrière les Pays­Bas en ce qui concerne la pénétration de l’Internet haut débit dans les foyers. Les pôles universitaires sont l’autre grand intérêt souligné par les créateurs et investis­ seurs. Un critère déterminant quand on sait que les entrepri­ ses les plus performantes sont celles qui proposent des pro­ duits et des services à forte valeur ajoutée. «Partout dans le monde, notre pays est iden­ tifié comme producteur d’une économie de la connaissance»,

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en chiffres

poursuit Alain Bentéjac, est source de créativité. Or la concurrence aujourd’hui se fait sur le design des produits, l’in­ novation, l’adaptation perma­ nente aux besoins des clients.» Enfin, le bon taux de natalité français est une force, puisqu’il permet de soutenir la consom­ mation des ménages.

une qualité de vie incomparable Protection sociale, richesse culturelle… «L’art de vivre à la française est un capital imma­ tériel qui nous distingue des autres pays européens », souli­ gne Alain Bentéjac. La richesse et la variété de notre offre cultu­ relle, notamment, ont un im­ pact direct sur la performance des entreprises. «La culture,

l’intervention des pouvoirs publics : un soutien apprécié Autre atout de taille : la poli­ tique de soutien à l’innovation. Devançant les Etats­Unis, la France propose ainsi les plus fortes incitations fiscales du monde pour soutenir la recher­ che. Et les créateurs et investis­ seurs ne s’y trompent pas, qui citent spontanément le crédit

impôt recherche et le pacte de responsabilité qui allègent de 40 milliards d’euros la fiscalité des entreprises.

concurrence entre les régions : prime à la création Enfin, la décentralisation a conféré aux régions leur auto­ nomie budgétaire. «Elles ont notamment récupéré la gestion des fonds européens», expli­ que Marie­Caroline Bonnet­ Galzy, commissaire général à l’égalité des territoires. Il en ré­ sulte une saine concurrence entre elles : les entreprises, françaises comme étrangères, «négocient à partir de leur ca­ hier des charges des subven­ tions avec les conseils régio­ naux », conclut Didier Hoff. I

27,5%

pour la r &D c’est la part de financement public allouée à ce secteur en France, (26% en europe). Source : Afil 2013

12 000 euros D’aiDe publique à la création par entreprise (en moyenne). Assemblée nationale 2013

15%

de l’effort de recher­ che a été mené par les pme, qui ont bénéficié de 2 milliards d’euros de soutien public. Enseignement et Recherche 2013.

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estime Didier Hoff, associé d’Ernst & Young. Nous avons de grandes écoles telles que HEC, Polytechnique ou l’In­ sead, et des universités publi­ ques renommées.» Un avan­ tage dont se réjouit Guy Maugis, président de Bosch France : «La France a les ingénieurs qui font défaut à l’Allemagne.»


entreprendre dossier réussir en france

Voyage au pays des éleveurS de chAmpionS Pour devenir un acteur majeur dans son secteur, il suffit parfois de taper à la bonne porte. ces structures sauront vous aiguiller selon l’avancement de votre projet. Par AdriAn de SAn iSidoro

en chiffres

759 millions

d’euros Montant des fonds levés par les startup françaises au cours du premier semestre 2015.

70%

d’augmentation de l’investissement global et 30% d’opérations de plus qu’en 2014. Source : baromètre du capital-risque Ernst & Young

@asanisidoro

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n tiers des start-up nées depuis 2010 n’ont pas dépassé le cap des trois ans, selon une étude de l’Insee. La faute à une conjoncture déprimée ? Pas seulement. Car les chances de survie à trois ans s’élèvent à 70% lorsque le créateur fait appel à l’une des nombreuses structures qui proposent un accompagnement aux jeunes pousses. Incubateur, accélérateur, fab lab ou pépinière, chacune de ces bonnes fées possède sa spécialité, qu’il s’agisse de dénicher un financement, d’étoffer votre carnet d’adres-

ses, de créer un prototype ou de réfléchir sur votre business model. Pour vous aider à en tirer le meilleur parti, nous sommes allés visiter les écuries où piaffent les as de demain.

our Peaufiner P votre Projet : leS incubAteurS

Destinés à accueillir les projets les plus jeunes, ces structures sont souvent liées à un centre de recherche publique ou à une école d’ingénieurs ou de commerce (Essec Ventures). Les créateurs y restent de douze à vingt-quatre mois. Objectif : mettre leur idée au clair avec les conseils de leurs aînés. Scène de la vie quotidienne chez Numa, le pionnier des accélérateurs en France.

 le focuS :

eurAtechnologieS Une centaine de start-up sont sorties des murs de cet incubateur lillois depuis 2009. Il accompagne des sociétés numériques, comme Vekia, qui a levé 2,5 millions d’euros en juin grâce à son logiciel de prévision de ventes. Avantage du lieu selon son cofondateur, Manuel Davy: «Ce n’est pas un ghetto de start-up, de grosses boîtes comme Capgemini ou IBM sont installées dans l’hôtel d’entreprises implanté à deux pas. Cela permet d’obtenir des infos précieuses sur les tendances du marché lors de déjeuners informels.» Autre atout : Euratechnologies, qui possède aussi son propre accélérateur, propose l’expertise d’une cinquantaine de pros à ses protégés. Le plus réjouissant ? Vous ne paierez pas un centime. Euratechnologies, 165, avenue de Bretagne, 59000 Lille euratechnologies.com

et aussi…  50 Partners, Agoranov (Paris), Belle de Mai (Marseille)

Pour créer un PrototyPe : leS fAb lAbS

Imprimantes 3D, machines à commande numérique : vous trouverez dans ces lieux tout ce qu’il faut pour créer votre prototype. Idéal pour réaliser le meilleur produit possible avant sa commercialisation.

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On s’échangeait

les bOns cv entre start-up

les locaux de l’incubateur agoranov à Paris. C’est ici que sont nés Criteo et aldebaran.

 le fOcus :

usine iO Ce temple du hardware vous donne accès à une cinquantaine de machines pour fabriquer l’objet de vos rêves. David Li­ bault y a mis au point sa trotti­ nette électrique pliable, qui a récolté 170 000 euros sur le site de crowdfunding Indiegogo. Des experts apprennent aux ré­ sidents comment utiliser les ap­ pareils de l’atelier. «En ne pas­ sant pas par un bureau d’études, vous divisez au moins par trois les coûts de conception», expli­ que Frédéric Wets, d’Usine IO. Comptez 180 euros par mois. Usine Io, 181-183, rue du chevaleret, paris usine.io

Et aussi…  l@Bx (Bordeaux), labFab (rennes), Etoele (amiens)

POur trOuVer un lOCal : les pépinières Accès au Web, conseils d’ex­ perts (avocats, entrepreneurs en série…), ces hôtels d’entre­ prises offrent une large palette de services aux créateurs.

OctObre 2015 management

 le fOcus :

pépinière 27 Déjà 75 start­up sont héber­ gées dans cette structure pari­ sienne de 2 800 mètres carrés ouverte en 2012. Parmi les suc­ cess stories locales, on trouve la plateforme de lingerie Lemon Curve (3 millions d’euros de CA en 2014). Les avantages du lieu sont avant tout financiers : pour 900 euros, le prix moyen d’un espace de 20 mètres car­ rés, vous bénéficiez en plus de l’accès aux salles de réunion, à la cafétéria, aux photoco­ pieuses… La possibilité de si­ gner un bail de trois mois per­ met en outre de ne pas engager de dépenses sur le long terme. Pépinière 27, 27, rue du chemin-Vert, paris pepiniere27.fr

Et aussi…  Paris Soleillet, la Pousada (grenoble), Prologue (toulouse)

POur renCOntrer un InVeStISSeur : les accélérateurs

Au sein de ces structures, vous êtes coaché par des pros sur les volets business, juridique et

technique. Vous y gagnerez en visibilité auprès des investis­ seurs tout en donnant un coup de fouet à vos affaires.  le fOcus :

numa sprint Cet accélérateur parisien offre une rampe de lancement de six mois à 22 start­up triées sur le volet. «Pour notre 7e promotion, nous avons reçu 650 candida­ tures», claironne le directeur, Romain Amblard. A l’origine de ce succès, une vitrine d’an­ ciens prestigieuse : les créateurs de Mesagraph, racheté 7 mil­ lions d’euros par Twitter, ou en­ core ceux de l’appli Bankin’. La force de Numa Sprint : son Demo Day, pendant lequel les créateurs pitchent devant une centaine d’investisseurs. De­ puis 2011, 50 millions de dol­ lars ont été levés par les boîtes accélérées. Attention : Numa prend 3% de votre capital en échange de son programme. numa Sprint, 39, rue du caire, paris numa.paris/Sprint

Et aussi…  the Family (paris), Idénergie (Laval), Boostinlyon (Lyon)

Deux millions d’euros levés fin 2014 et déjà une quarantaine d’employés : la start-up agorize, qui organise des défis auprès des étudiants pour permettre aux grandes sociétés de repérer les cracks de demain, se porte à merveille. C’est en 2011 qu’elle a intégré la première promo du programme d’accélération de numa Sprint. «Pour embaucher, on demandait à son voisin de table s’il connaissait de bons profils, se souvient Yohan attal, l’un des trois fondateurs. On s’échangeait les CV entre start-up : une mine d’or !» et lorsqu’il se demande quel statut juridique adopter pour l’entreprise, là encore, l’accélérateur lui facilite la tâche : «Il avait engagé le cabinet d’avocats Bamboo & Bees, qui nous a conseillé d’opter pour une société par actions simplifiée, plus pratique pour arrêter les responsabilités des cofondateurs. Passer par numa nous a fait gagner un temps considérable.»

Yohan attal cofondateur d’agorize passé par numa sprint

+ 2 Millions d'eurOs

levés fin 2014 87


Avec Windows 10, on peut paramĂŠtrer plusieurs bureaux virtuels sur sa tablette (puis la poser sur une bonne vieille table).


progresser maîtrisez votre trajectoire

coaching

dans la mare aux crocos

recruTemenT

managers de terrain(s)…

Pelouse, court de tennis, parquet de basket... Nous avons rencontré des sportifs de haut niveau sur leur terrain où ils nous ont donné leurs conseils de management. P. 90

moucher un macho

Les conseils de notre chroniqueur pour faire taire les remarques sexistes au bureau. P. 94

les robots détecteurs de talents De nouveaux logiciels

et services proposent aux entreprises de chercher, filtrer et classer les candidatures pour dénicher la perle rare parmi des milliers de profils. P. 96

TiPs

279 €

pour la version pro de Windows 10. Découvrez en quoi elle peut constituer un bon investissement, surtout si vous travaillez sur tablette. P. 99

un PaTron / un conseil

«un candidat incapable de me dire ce qu’il pense faire dans les deux à cinq ans à venir, c’est rédhibitoire» yannick fierling, pdg de haier europe

microsoft

P. 100

octobre 2015 management

rubrique coordonnée par sébastien pierrot 89


PROGRESSER

progresser

5 leçons de management inspirées des sportifs COLLECTIF ÉVALUATION Se concentrer sur la seule performance individuelle conduit à négliger l’importance du jeu collectif. Pour que l’individu progresse dans le groupe, il faut de surcroît lui fixer des objectifs qualitatifs.

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Véritable socle de l’engagement, la force du collectif est rassurante et salvatrice pour les individus. Au final, elle constitue une ressource mentale qui permet à chacun de mieux accepter les risques.


Valeurs collectives fortes, concentration sur les objectifs, culture de la gagne et du dépassement de soi… Et si le manage­ ment était un sport de haut niveau ? PAR MArIe LeLONG

E

ntre un joueur natu­ rellement doué et un bon compétiteur, je préfère le second, tran­ che Patrice Lagisquet, entraî­ neur adjoint du XV de France, qui dispute actuellement la Coupe du monde de rugby en Angleterre. Car le compétiteur a le mental pour réussir : il a horreur de l’échec et est cons­ tamment animé par l’envie de progresser.» Pour cet ex­ vain­ queur du tournoi des Cinq Na­ tions, aujourd’hui agent d’as­ surances chez Axa, l’idée selon laquelle seul le talent produit des champions est donc un my­ the. Et il est formel : ce qui est valable sur la pelouse l’est aussi dans l’univers professionnel. Après Patrice Lagisquet, nous avons interrogé d’autres anciens champions et sportifs de haut niveau reconvertis dans l’encadrement en entre­ prise pour savoir en quoi leur carrière sportive les avait ai­ dés à progresser profession­ nellement et comment les va­ leurs du sport les inspiraient dans leur métier. Leurs ré­ ponses devraient vous aider à vous forger, vous aussi, un mental de champion.

1. DÉCIDER vite et bien

Nul besoin d’être le meilleur au départ pour se hisser au top. Une grosse part de la réussite des sportifs dépend de leur envie d’en découdre.

OctObre 2015 MANAGEMENT

Vainqueur de la Coupe de la ligue de handball avec l’US Créteil en 2003, aujourd’hui expert en incinération des dé­ chets à la direction technique de Veolia, Aymeric Boutrais en est convaincu. «Dans le sport comme dans l’entreprise, ceux qui réalisent les meil leures performances ne sont pas for­ cément les plus forts, souligne­ t­il. En ce qui me concerne, plus que des capacités hors nor­ mes, ce sont ma force de carac­ tère et ma détermination qui m’ont guidé dans mon par­ cours. Et ces qualités mentales comptent aussi quand on évo­ lue dans un groupe com me Veolia, où le process industriel est continu, vingt­quatre heu­ res sur vingt­quatre, tous les jours de l’année.» Autrement dit, pour attein­ dre ses objectifs, il faut pouvoir se décider en un éclair, malgré le stress, comme un vrai cham­ pion. Et Ulrich Robeiri, maître d’œuvre informatique à la RATP, a justement cette capa­ cité mentale. En tant qu’ingé­ nieur, il crée des applications affectant l’ensemble du sys­ tème de données de la régie, ce qui impose de prendre les bonnes décisions dès l’origine du projet. Or son savoir­faire en la matière doit beaucoup à sa pratique de l’escrime à très haut niveau depuis de nom­ breuses années : il a été quin­ tuple champion du monde d’épée par équipe avant

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PHOTO : JAMES CROMBIE / PRESSE SPORTS

DÉTERMINATION L’aptitude à décider vite et bien malgré la pression fait partie de la panoplie mentale des sportifs de haut niveau, capables de résister au stress en toutes circonstances.


PROGRESSER

progresser

En cas d’échec, ne réagissez pas à chaud !

AGILITÉ Chez les sportifs, elle doit être permanente, car il s’agit d’adapter son comportement aux évolutions tactiques de l’adversaire et aux difficultés rencontrées. Dans l’entreprise, c’est la même chose.

En tant qu’encadrant, restez concentré sur ce qui fonctionne bien. Soyez créatif : il faut trouver les bons axes de travail, faciliter les décisions. Redresser une équipe est un vrai processus de fond, dont l’impact sera positif et durable.” Patrice Lagisquet, 53 ans, entraîneur, adjoint de Philippe Saint-André au sein de l’équipe de France de rugby. Cadre chez Axa.

d’obtenir le titre suprême en individuel, l’an dernier en Russie, à Kazan. «En indivi­ duel, témoigne­t­il, on est seul aux commandes. Au début, j’avais des blocages, j’hésitais. J’ai peu à peu appris à gérer la pression pour rester efficace et pouvoir m’imposer.»

2. S’ADAPTER PHOTOS : MARTIN / PRESSE SPORTS, F. PORCU / PRESSE SPORTS, DR

aux circonstances

Ensuite, qu’il s’agisse de sur­ monter des contraintes opéra­ tionnelles ou de déjouer la stra­ tégie de l’adversaire, il importe de savoir mobiliser ses capaci­ tés d’analyse pour réagir aux difficultés rencontrées. Selon

Patrice Lagisquet, qui conjugue rugby et assurances depuis des années, cette faculté d’adap­ tation est primordiale. «Je le vérifie au quotidien dans mes deux domaines d’activité, indi­ que­t­il. Depuis sa profession­ nalisation, le rugby est un sport en pleine évolution, dont les rè­ gles changent vite. Pour rester au top, il faut en permanence revoir son jeu et la façon de s’entraîner. Dans les assuran­ ces, l’exigence est la même : les changements de législation et la jurisprudence imposent une adaptation constante.» Parfois, cette agilité peut même se révéler vitale. «En mi­

LA COHÉSION DU GROUPE RASSURE, PROTÈGE ET REND CHACUN PLUS PERFORMANT 92

lieu extrême, raconte François Chollet, guide de haute monta­ gne, les interventions sont mi­ nutieusement préparées, mais rien ne se passe jamais comme prévu. Chaque obstacle exige donc une réévaluation de la situation et une adaptabilité totale.» Par ailleurs directeur associé du parc écotouristique Terre des lacs, à Saint­Au­ ban, dans les Alpes­Maritimes, il applique les mêmes princi­ pes sur le plan professionnel : «Dans une entreprise comme la nôtre, où l’on propose activi­ tés sportives et hébergement, les enjeux ne sont certes pas aussi cruciaux, mais je veille à effectuer des remises à plat ré­ gulières avec les équipes, à sou­ mettre des questionnaires de satisfaction aux clients, etc. Quelles que soient l’activité et la saison, nous devons ajuster

nos procédures à la sécurité et au bien­être des touristes. C’est à ces conditions qu’une entre­ prise progresse et survit, même en période de crise.»

3. MISER

sur le collectif

La capacité à s’engager totale­ ment est une autre clé du succès des sportifs. «Si, à l’en­ traînement, chacun se livre à fond et repousse ses limites, explique Ulrich Robeiri, c’est pour savoir ce qu’il vaut, mais également pour galvaniser ses coéquipiers en donnant le meilleur de lui­même.» Dans l’entreprise, la dynamique est la même : en renforçant les liens entre les individus, l’en­ gagement collectif devient une véritable ressource men­ tale qui permet de rendre ac­ ceptable la prise de risques. «Le


de pouvoir puiser dans des res­ sources communes.» D’une certaine façon, donc, le collec­ tif rassure, protège et rend chacun plus performant.

la dimension collective de l’engagement individuel, vous devrez conjuguer indicateurs quantitatifs et qualitatifs.

4. ÉVALUER

ses émotions

à bon escient

RESSENTI En exprimant librement leur joie, leur colère ou leur frustration, les compétiteurs évacuent une partie de leur stress et refont le plein de combativité.

collectif est une notion très concrète, confirme l’ancien handballeur Ay meric Bou­ trais. Il ne s’agit pas de cultiver un vague esprit d’équipe, mais de se fixer un objectif commun et, à partir de là, de construire une cohérence et une complé­ mentarité qui seront décisives en cas de difficultés.» Sa longue pratique d’un sport d’équipe est aujourd’hui bien utile à Aymeric Boutrais dans le monde professionnel : «En tant que manager, mon rôle consiste à valoriser les qualités de mes collabora­ teurs et à les faire monter en compétence pour que chacun se sente à sa place. Par la suite, si, par exemple, une panne in­ tervient sur une chaîne de tri et qu’il faut la réparer en ur­ gence, l’équipe réagit d’autant plus vite qu’elle a le sentiment

OctObre 2015 MANAGEMENT

Pour faire progresser ses trou­ pes, un manager doit jouer en­ vers chacun un rôle d’arbitre et de pédagogue, plutôt que de pousser à la compétition en in­ terne. Car même si elle est très importante, il n’est pas ques­ tion d’ériger la performance in­ dividuelle en modèle absolu. Ni dans le sport ni dans l’uni­ vers professionnel. «Elle peut même se révéler contre­pro­ ductive, prévient Patrice Lagis­ quet. Ainsi, la mode qui con­ siste, dans les sports d’équipe de haut niveau, à accoler aux joueurs des statistiques indivi­ duelles peut détourner ceux­ci de l’efficacité collective. Cha­ cun voulant se montrer irré­ prochable, sa conduite person­ nelle ne va alors pas toujours dans le sens du jeu. Dans le monde du travail, on observe le même type de dérive : trop d’évaluation individuelle ne sert à rien, il faut revenir à l’idée de rendement collectif.» Pour cela, il y a des métho­ des. «L’évaluation s’impose pour mesurer l’efficacité d’une stratégie, convient Charles Ma­ tin­Krumm, maître de confé­ rences en sciences et techni­ ques des activités physiques et sportives de l’Espe de Bretagne (formation des enseignants). Mais au lieu de juger un indi­ vidu sur ses seuls résultats, as­ surez­vous aussi qu’il a le sen­ timent que ses atouts sont bien utilisés, qu’il partage les objec­ tifs fixés, que les moyens dont il dispose sont suffisants et que le rôle qu’il s’attribue au sein de l’équipe correspond à l’idée que vous vous en faites.» Bref, pour réellement prendre en compte

QUeStIONS À MOHED ALTRAD

5. EXPRIMER Il n’y a qu’à songer aux colères de John McEnroe sur les courts ou à la joie des footballeurs après un but pour comprendre combien l’expression des émo­ tions est essentielle pour les sportifs. Selon Didier Truchot, psychologue du travail et de la santé à l’université de Franche­ Comté, il n’y a rien de plus dé­ létère que de se trouver en dis­ sonance avec ses émotions. Or, souligne­t­il, cette situation est fréquente en entreprise : «Avec le développement du tertiaire, 70% des emplois reposent au­ jourd’hui sur le contact. Beau­ coup de professions exigent de se montrer tour à tour aimable, enthousiaste et positif. Et cela ne correspond pas toujours à notre état émotionnel. Si cette dissonance devient régulière, elle risque de générer un stress chronique.». Il faut donc faire en sorte que chacun puisse ex­ primer ses émotions, sans con­ trôle du management sur la pa­ role des individus. Quelques mois avant la Coupe du monde de rugby, des questionnaires ont invité les joueurs du XV de France à s’exprimer sur leur état de forme : sommeil, récu­ pération, humeur, etc. Sou­ vent, leurs réponses sont sans rapport avec leurs performan­ ces objectives. «Pour un entraî­ neur, il est important de déve­ lopper ce type d’écoute, précise Patrice Lagisquet. Car le stress ou la fatigue ont un impact dif­ férent d’un individu à l’autre. Donner la parole à chacun per­ met de guetter les signes d’usure et de surmenage.» Et de prendre des mesures pour maintenir au top ses joueurs ou ses collaborateurs. I

PRÉSIDENT DU CLUB DE RUGBY DE MONTPELLIER ET DU GROUPE ALTRAD (MATÉRIEL POUR LE BTP) MANAGEMENT : Vous présidez un club de rugby et avez été élu entrepreneur de l’année par ernst & Young. Le sport et l’entreprise partagent-ils des valeurs ? M. A. : La solidarité, d’abord. Dans l’entreprise comme dans le sport, on réussit ou on échoue tous ensemble. Mais aussi l’esprit de combat, la loyauté, l’entraide et l’engagement à 100%. Ces valeurs imprègnentelles votre management ? M. A. : Bien sûr. La solidarité, par exemple, se révèle cruciale dans un groupe qui réalise 200 millions d’euros d’Ebitda avec des produits aussi basiques que des brouettes, et où chaque euro compte. Pour me seconder, j’ai 25 bras droits. Si l’un d’eux a une baisse de forme, tout le monde le ressent. Les autres doivent donc le soutenir. Est-ce dans les moments difficiles que rugby et entreprise se ressemblent le plus ? M.A. : Oui. Dans les deux cas, savoir gérer les temps faibles est essentiel. Chez Altrad, trois mois avant la clôture des comptes, la charge de travail augmente, l’ambiance devient infernale. Nous faisons le dos rond et restons concentrés sur nos tâches pour sortir par le haut de cette période délicate.

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PAR BENJAMIN FABRE

EX-CONSULTANT EN STRATÉGIE, ÉCRIVAIN ET COACH EN MANAGEMENT

L’ART DE RENVOYER UN MACHO DANS SES CORDES AU BUREAU

M

ILLUSTRATION : ALINE ZALKO

PROGRESSER

Dans la mare aux crocos

erci, Sophie. J’ai trouvé votre pré­ sentation extrêmement intéres­ sante. Et aussi, pour ne rien gâcher, pas désagréable pour les yeux. Hé hé…» A ces mots, il y a eu un bref silence dans la salle de réunion. La dénommée Sophie est restée figée, interdite, se demandant si elle avait bien entendu cet éloge impromptu qui, de toute évidence, ne visait pas la qualité esthé­ tique de ses diapositives. Incapable de répon­ dre, la jeune femme n’a pu que jeter un regard sombre à l’auteur de la remarque, un de ces poètes de bureau spécialisés dans les allu­ sions subtiles, les plaisanteries grivoi­ ses et les sifflets retentissants à l’adresse de tout ce qui porte jupons. Et ce n’est qu’un échantillon de ce que les femmes se voient infliger quotidiennement dans l’open space ou ailleurs. La liste, en effet, serait incomplète sans les accusations de cou­ cherie avec le PDG qui, immanquablement, fleurissent dès que l’intéressée commence à grimper dans l’organigramme. Sans parler, bien sûr, de l’excellent «Moi, macho ? Vous rigolez, je suis marié à une femme !» généralement accompagné d’éclats de rires aussi gras que le hachis parmentier du restau­ rant d’entreprise. Au lieu de vous laisser désta­ biliser comme Sophie, préparez­vous à contrer sereinement ce genre de spécimens.

Une option possible consisterait à bannir tous les atours susceptibles d’affoler leurs récep­ teurs sensoriels (mascara, tenues élégantes, etc.). En voilà une idée saugrenue ! Et puis quoi encore ? A rejeter d’office ! Il est hors de ques­ tion de céder un pouce de terrain à ces impor­ tuns : c’est à eux de battre en retraite. Deuxième option, à écarter également : l’ap­ pel à l’aide. Abstenez­vous, autant que pos­ sible, de demander du renfort à quiconque, que ce soit à votre boss, à la DRH ou à la Halde. Et pourquoi pas à votre mari, pendant que vous y êtes ? Montrez au goujat que vous n’avez besoin de personne pour vous défendre. Il ne sait pas à qui il a affaire… Troisième idée (bien meilleure) : inviter pu­ bliquement le poète à répéter la petite phrase qu’il vient de vous lancer. Faites cela d’une voix tranquille, légèrement condescendante, en sollicitant toute l’attention de l’assemblée. Jamais il n’osera réitérer sa brillante remar­ que. Sa première tentative a déjà épuisé tout son courage. Vous êtes sur la bonne voie… Enfin, si vous n’avez pas obtenu d’ex­ cuses (que vous éviterez d’exiger SVP), proposez au galant une riposte sèche et définitive. L’idée consiste à le défier sur son propre terrain de jeu. Car si les assauts sexistes résultent au minimum d’une éduca­ tion ratée, ils se révèlent aussi souvent la marque d’une frustration intime pour le moins

D’une voix tranquille, en sollicitant toute l’attention de l’assemblée, invitez le malotru à répéter sa brillante remarque. Il n’osera pas  ! aiguë. Tapez là où ça blesse. Renvoyez le to­ rero à ses carences amoureuses, en lui fai­ sant sentir la distance cosmique qui le sépare de la liste de vos amants potentiels. A choisir selon vos goûts : «Merci pour cette remarque élégante» (minimaliste) ; «J’aimerais vous retourner le compliment, mais l’honnêteté m’en empêche» (british) ; «Bravo pour cette li­ bido… qui n’a pas l’air de profiter à grand­ monde» (cinglant). Le tout saupoudré d’un éclat de rire aussi sucré qu’un cheesecake à la fraise. Au suivant. I

Benjamin Fabre est l’auteur de Comment devenir un parfait fayot au bureau (Le Livre de poche). Retrouvez-le sur 94

/benjaminfabre2000


progresser

Par Lucien Flament, avocat au cabinet Valmy

JuriDique

Loi macron pour L’activitÊ Êconomique

“A quelles conditions puisje demander Ă mes salariĂŠs de tenir boutique le dimanche ?â€?

L

e rĂŠgime du travail dominical est com­ plexe : les autorisations, la possibilitĂŠ pour les salariĂŠs de refuser et les contreparties financières dĂŠpendent de la nature de l’ac­ tivitĂŠ, du lieu de travail et de la convention collec­ tive de la sociĂŠtĂŠ. Et les règles du jeu ont une nou­ velle fois ĂŠtĂŠ modifiĂŠes par la loi Macron pour l’activitĂŠ ĂŠconomique. Première nouveautĂŠ : Ă par­ tir du 1er janvier prochain, un maire pourra ac­ corder aux commerces de dĂŠtail de sa commune jusqu’à 12 dimanches travaillĂŠs par an (au lieu de 5 prĂŠcĂŠdemment). Autre changement : le tra­ vail dominical pourra ĂŞtre autorisĂŠ dans des es­ paces bien dĂŠlimitĂŠs – zones touristiques, zones touristiques internationales (ZTI), zones commer­ ciales (ex­Puces) – ainsi que dans certaines gares très frĂŠquentĂŠes, Ă condition qu’il ait, au prĂŠala­ ble, fait l’objet d’un accord collectif (de branche, de groupe, d’entreprise ou d’Êtablissement) prÊ­ voyant notamment pour les collaborateurs des contreparties financières (dont le montant doit

ĂŞtre mentionnĂŠ). Dans les ĂŠtablissements de moins de 11 salariĂŠs, Ă dĂŠfaut d’accord, le travail domi­ nical peut ĂŞtre mis en place par rĂŠfĂŠrendum. Le dĂŠcret prĂŠcisant la dĂŠlimitation des zones gĂŠographiques sera publiĂŠ dans les semaines Ă venir. Dans les futures ZTI, le travail de nuit sera autorisĂŠ de 21 heures Ă minuit, Ă condition que les collaborateurs soient volontaires et payĂŠs au moins le double de leur rĂŠmunĂŠration horaire ha­ bituelle. Enfin, dans les commerces alimentaires de plus de 400 mètres carrĂŠs (c’est­à ­dire les su­ permarchĂŠs et les hypermarchĂŠs), qui peuvent d’ores et dĂŠjĂ rester ouverts le dimanche jusqu’à 13 heures, les salariĂŠs bĂŠnĂŠficieront dorĂŠnavant d’une majoration de salaire d’au moins 30%. I

ĂŠpuisement professionneL

“Le burn-out est-il reconnu comme maladie professionnelle ?�

PHOTO : ANdrew kOvALev POur mANAgemeNT

N

on, mĂŞme si, avec l’adoption de la loi Rebsamen sur le dialogue social, le lÊ­ gislateur a ouvert la voie Ă cette option. Car si le syndrome d’Êpuisement professionnel ne figure pas encore au tableau des maladies ayant une origine professionnelle, les parle­ mentaires ont d’ores et dĂŠjĂ adoptĂŠ le prin­ cipe selon lequel ÂŤles pathologies psychiques peuvent ĂŞtre reconnues comme maladies d’origine professionnelleÂť, dans des moda­ litĂŠs restant Ă dĂŠfinir par dĂŠcret. Celui­ci pour­ rait assouplir les conditions de la reconnais­ sance, notamment en faisant siĂŠger des psychiatres dans les comitĂŠs. En attendant ce fameux dĂŠcret, les comi­ tĂŠs rĂŠgionaux d’experts vont continuer de statuer au cas par cas. A suivre. I

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octobre 2015 mANAgemeNT


N’ayez pas peur des robots recruteurs ! De plus en plus de sociÊtÊs font appel à des logiciels pour filtrer les candidatures et dÊnicher le profil idÊal. DÊcouvrez ces DRH 3.0 et, surtout, apprenez à les maÎtriser, car vous aurez, un jour ou l’autre, affaire à eux. PAR BRUNO ASKENAZI ET SÉBASTIEN PIERROT

BENJAMIN BARDA

PROGRESSER

progresser

PrioritÊ à l’agilitÊ et au potentiel !

Demain, ce sont ces qualitÊs davantage que leurs expÊriences passÊes que les nouveaux outils de recrutement rechercheront chez les candidats. A vous de rester actifs sur les rÊseaux sociaux et de bien les alimenter en fonction de vos aspirations.� David Guillocheau, directeur associÊ de Talentys (solutions RH)

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C

@brunoaskenazi et @sebpierrot ILLUSTRATIONS : ROCCO

lustree, Qapa, Candirec, etc. Ces nouveaux outils de recrutement en ligne bousculent les vieilles habitudes des services RH. Rien Ă voir avec les systèmes de tri automatisĂŠs de CV (les fameux Applicant Tracking Systems), que font tourner les grandes entreprises depuis une dizaine d’annĂŠes. Ces derniers, en effet, ont un inconvĂŠnient majeur : ils se contentent, pour filtrer les profils, de repĂŠrer des mots-clĂŠs sur les CV, laissant ainsi passer de bons candidats potentiels. A l’heure oĂš les entreprises sont submergĂŠes par un ocĂŠan de candidatures (Google en reçoit près de 2 millions par an ; L’OrĂŠal, 1,2 million), les logiciels de nouvelle gĂŠnĂŠration, lancĂŠs par des startup audacieuses, n’ont pas seulement l’ambition de faire gagner du temps et de l’argent aux employeurs. Ils se targuent

aussi de rendre la phase de prĂŠsĂŠlection plus juste et plus ouverte en tenant compte des compĂŠtences rĂŠelles des candidats. Pas de leur âge, de leur genre ou de leur adresse. Mais pour tirer parti des opportunitĂŠs gĂŠnĂŠrĂŠes par ces outils, encore faut-il les connaĂŽtre et savoir les utiliser. Tour d’horizon par famille de produits.

LES OUTILS DE PRÉSÉLECTION

(Candirec, Scoringline, Seeing, EasyRecrue) Tous fonctionnent sur le même principe : un questionnaire associÊ à une offre d’emploi permet de trier les candidats. Si au cours de votre recherche d’emploi en ligne, vous tombez sur un lien renvoyant à l’un de ces outils (iris527@candirec. com, par exemple), rÊpondez aux questions jusqu’au bout. Car si vous abandonnez en cours de route (c’est ce que font

6 candidats sur 10 chez Candirec), vous ne figurerez pas sur la short list. Si, Ă l’inverse, vous remplissez le formulaire dans son intĂŠgralitĂŠ, vous serez considĂŠrĂŠ comme un profil de choix, motivĂŠ et dotĂŠ d’une bonne comprĂŠhension de la nature du poste. Il s’agit en effet d’un quiz mĂŠtier, concoctĂŠ en gĂŠnĂŠral par le recruteur. Certaines questions sont ouvertes, d’autres prennent la forme d’un questionnaire Ă choix multiples (QCM) avec des cases Ă cocher, d’autres encore – chez Seeing et Scoringline – nĂŠcessitent une rĂŠponse par vidĂŠo. Le classement s’effectue selon le pourcentage de bonnes rĂŠponses et l’entreprise paie pour ĂŞtre mise en relation avec les cinq ou dix premiers. Accor utilise Seeing pour recruter le personnel de rĂŠception de ses hĂ´tels. ÂŤQuand le flux des candidats est très important, le gain de de temps par


10 DÉTECTEURS DE TALENTS AU BANC D’ESSAI CIBLE

COMMENT ÇA MARCHE

VIDÉO

UTILISATEURS

NOTRE AVIS

Middle et middle high management.

Quiz complémentaire à l’annonce. Mesure le «coefficient d’affinité» des candidats.

Oui.

Grands comptes (Accor, Elior, Danone, Allianz).

De belles références clients.

SCORINGLINE

Tous types de profils.

Questionnaire couplé à l’offre d’emploi.

Oui.

Grands groupes et start-up (agnès b., M6, Mistergooddeal).

Une interface simple et conviviale.

CANDIREC

Cadres et non-cadres.

Questionnaire associé à l’offre d’emploi. Etablissement d’une short list.

Non.

Une dizaine de clients en test.

Dommage qu’il y ait encore si peu de références.

Fonctions commerciales et marketing.

Présélection de candidats via une séance vidéo en direct ou en différé.

Oui.

PME et grands groupes (180 clients).

Idéal pour les candidats brillants au parcours peu linéaire.

Profils atypiques.

Recrutement par cooptation : vous transmettez les offres à votre réseau.

Non.

PME et grands groupes (+ de 1 000 clients).

Excellent moyen de monétiser son réseau.

Jeunes diplômés et profils peu qualifiés.

Quiz associé à l’annonce. Résolution de problèmes et notation des autres candidats.

Oui.

Grands groupes (EDF, Saint-Gobain, Capgemini).

Evaluation très fine de vos compétences.

CLUSTREE

Cadres et ingénieurs.

Comparaison de votre parcours avec une base de 25 millions de profils.

Non.

Entreprises de plus de 2 000 salariés.

Pour ceux qui souhaitent évoluer en interne.

MONKEY TIE

Employés et cadres moyens.

Test de personnalité des candidats. Recrutement affinitaire.

Non.

PME et start-up (75% ont moins de 20 salariés).

Encore trop peu d’offres disponibles.

Cadres moyens.

Questionnaire en ligne. Comparaison de votre profil avec les annonces.

Non.

80 000 entreprises (Chanel, BlaBlaCar, Google).

Le plus grand nombre d’offres de notre sélection.

Tout le monde.

Sourcing de candidats sur les réseaux sociaux.

Non.

PME et grands groupes.

Un outil très complet.

SEEING

Plateforme Internet

Site internet

Plateforme Internet

EASYRECRUE

Plateforme Internet

MYJOBCOMPANY Réseau social

RICK RUT

Plateforme Internet

Logiciel

Site Internet

QAPA

Application

HELLO TALENT Application

rapport à un processus de présélection classique est de 50%», précise Bruno Croiset, directeur de l’emploi et des conditions de travail du groupe. Avec EasyRecrue, la vidéo joue un rôle central dans le processus de sélection. A la suite d’une annonce, vous envoyez votre CV. S’il est retenu, vous recevez un lien vous invitant à répondre par vidéo à des questions supplémentaires (disponibilité, vision du métier, langue étrangère, etc.). Un exercice oral qui ne laisse pas de place à l’improvisation. Avant de vous présenter face à la webcam de votre ordinateur, habillez-vous comme si vous vous rendiez à un entretien d’embauche «réel», choi-

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

sissez un décor neutre (pas de posters de cinéma ni de photos personnelles dans le champ) et préparez vos réponses. Pour les entreprises utilisatrices, ces vidéos remplacent le contact téléphonique et font gagner un temps appréciable car elles durent trois fois moins longtemps (une dizaine de minutes).

LES OUTILS DE MATCHING (Qapa,

Rick Rut, Monkey Tie) Ils comparent vos compétences et vos valeurs avec les critères souhaités par les employeurs. Si cela correspond, bingo ! vous avez toutes les chances d’être convoqué. On parle alors de «recrutement affinitaire»…

un peu sur le modèle des sites de rencontres. Sur Qapa, vous vous inscrivez en ligne en remplissant un formulaire standard, où vous décrivez vos expériences professionnelles. Celles-ci sont ensuite transformées en liste de compétences. Et le recruteur obtient une sélection de profils fondée sur les capacités réelles des candidats. «Pour un poste de commercial sédentaire, raconte Guillaume Desombre, DG adjoint du groupe Pratique [édition de sites Web], j’ai récemment recruté un senior dont le dernier poste était dans la gestion, mais qui avait effectué tout un parcours dans la vente. Avec des moyens classiques, j’aurais eu plus de mal à le repérer.»

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N’ayez pas peur des robots recruteurs !

FAITES-VOUS CHASSEUR DE TÊTES EN COOPTANT VOS CONTACTS SUR MYJOBCOMPANY Rick Rut est une plateforme Web où les candidats sont invités à résoudre une problématique professionnelle en ligne, puis à évaluer les réponses de trois ou quatre autres répondants. A partir de cette double épreuve, un algorithme maison les classe selon leurs compétences et leur compatibilité avec l’entreprise. Point important, précise Henri de Corn, l’un des deux fondateurs, «le candidat est informé de son classement même s’il n’est pas retenu. C’est un feedback utile pour la suite de sa démarche.» Ce site convient surtout aux profils courants, comme les jeunes diplômés, et pour les postes peu qualifiés. Sur Monkey Tie, vous répondez à un questionnaire de personnalité baptisé «Big 5». Ce test assez fastidieux (comptez quinze minutes) dresse votre portrait selon cinq critères : convivialité, conscience professionnelle, stabilité émotionnelle, degré d’extraversion et ouverture d’esprit. S’ensuit une rafale de questions sur vos

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motivations. A l’issue de ce double quiz , on vous communique une liste d’entreprises et de jobs en rapport avec votre personnalité et vos valeurs. De leur côté, les recruteurs reçoivent les candidatures présentant la meilleure adéquation avec leur société. Le groupe hôtelier Mama Shelter poste ainsi régulièrement des offres d’emploi de réceptionnistes, barmen, serveurs, etc. «A l’image de notre clientèle éclectique, nous voulons de la variété dans notre personnel», précise Célina Pestel, la DRH.

LES OUTILS RÉSERVÉS AUX RECRUTEURS

(Clustree, Hello Talent, Technomedia, MyJobCompany) Si vous êtes dans la communication ou dans la vente, pourquoi ne pas devenir community manager ? Clustree vous en offre la possibilité. La startup aide les entreprises à trouver la perle rare en interne. En comparant votre profil et votre parcours à ceux de 25 millions d’autres cadres dans le monde, sa matrice (qu’on pourra bientôt tester en ligne) révèle à votre employeur des passerelles inattendues et des profils atypiques auxquels il n’aurait jamais pensé pour certains postes. Elle met ainsi le big data au service des ressources humaines. Si vous voulez changer de job en interne, veillez à ce que votre CV soit toujours actualisé auprès de la DRH. LinkedIn, Viadeo, Facebook, les réseaux sociaux sont devenus le terrain de chasse habituel des entreprises en quête de cadres. Pour leur faciliter la tâche, l’éditeur Talensoft a créé Hello Talent, une application permettant d’y détecter des profils pertinents et de s’y constituer un vivier de candidats. Quant à Techno-

media, il a intégré les réseaux communautaires à sa solution de gestion RH. L’internaute n’a qu’à télécharger son profil LinkedIn ou Viadeo (et bientôt Facebook) sur le site Carrière de l’entreprise utilisatrice. Après un «matching» automatisé, il recevra des offres correspondant à son profil. Avec ces outils, le candidat n’a plus qu’à tenir son profil à jour (pensez à l’alimenter au moins une fois par mois avec une publication orientée métier). Pour avoir une chance d’être repéré, vous devez avoir au moins 500 contacts. Et dire ce que vous faites et non pas ce que vous recherchez. Pour conclure, enfin, un site inclassable : MyJobCompany. Il vous propose de devenir un chasseur de têtes en ouvrant

votre réseau aux employeurs. Une fois inscrit, vous recevez des petites annonces que vous transmettez à vos contacts susceptibles d’être intéressés et de correspondre. Si l’un d’eux est embauché, vous touchez une prime de 1 000 euros. Cent mille personnes ont déjà adhéré à cet outil de cooptation 2.0. «Nous intervenons lorsque les moyens traditionnels de recherche ont échoué», explique Grégory Herbé, le fondateur de cet Uber du recrutement. Le service fait un carton dans ce qu’on appelle en jargon RH les «profils pénuriques» (qui font souvent défaut) : développeur, data scientist, commercial expérimenté, etc. Si vous en connaissez dans votre entourage, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

LE POINT DE VUE DES DRH

Difficile de vérifier sur un CV le niveau d’anglais d’un candidat à un poste en réception. Avec la vidéo, on peut le faire sans avoir à le rencontrer.

Ces outils attirent des candidats qui n’auraient pas postulé via une voie classique. Nous touchons ainsi des profils différents.

BRUNO CROISET, DIRECTEUR DE L’EMPLOI D’ACCOR, UTILISATEUR DE SEEING

CÉLINA PESTEL, DRH DE MAMA SHELTER, UTILISATRICE DE MONKEY TIE

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

PHOTOS : ACCOR, MAMA SHELTER

PROGRESSER

progresser


TI P S TO P

10 trucs à savoir sur Windows 10 Le nouvel OS de Microsoft se révèle particulièrement efficace pour les tablettes hybrides. Notre test. PAR SÉBASTIEN PIERROT

@sebpierrot

PHOTO : MICROSOFT

L

e successeur de Windows 8 a été présenté cet été. En zappant ainsi la version 9 de son système d’exploitation pour passer directement à la 10, Microsoft affirme avoir voulu marquer une étape. S’agit-il pour autant d’une révolution ? Sûrement pas, mais cet OS, conçu pour tablettes et smartphones (et qui fonctionne aussi sur un PC classique), comporte de nouvelles fonctionnalités intéressantes. Nous l’avons testé sur une tablette hybride (écran tactile + clavier amovible). Tour d’horizon en dix points. PRIX. Gratuit pendant un an pour les utilisateurs des versions 7, 8.1 et Phone 8.1 de Windows. Les autres débourseront entre 135 euros (pour la version Famille) et 279 euros (pour la version Pro). CONTINUITÉ. Si vous utilisez une tablette hybride, Windows 10 s’adapte à votre configuration. En mode ordinateur, il détecte votre souris sans fil. Si vous retirez le clavier, il passe en mode tablette et change l’affichage de l’écran pour s’adapter aux applis ouvertes. CORTANA. C’est le nom de l’assistant intelligent. Il détecte la présence dans vos e-mails d’une invitation à déjeuner et vous envoie un rappel quelques heures avant. Vous pouvez aussi lui demander de calculer le meilleur itinéraire pour vous rendre à un rendez-vous. Il suffit de créer (en cinq minutes) un compte Microsoft. Malgré quelques hésitations au départ (il a besoin de plusieurs

OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

SÉCURITÉ. Le déverrouillage de l’ordinateur s’effectue grâce à Hello, un système de reconnaissance biométrique (visage, iris et empreinte digitale). Seulement disponible sur les tablettes équipées de trois caméras, comme la Surface 3 de Microsoft.

TABLEAU DE BORD. Le fameux menu «Démarrer» de Windows fait son grand retour. Il permet d’avoir sous les yeux tous les programmes de l’ordinateur. Et de le personnaliser en y ajoutant ses applications préférées, grâce à un simple glisser-coller.

NOTIFICATIONS. L’Action Center (ou barre des notifications) permet d’accéder à ses messages et aux principaux réglages de l’appareil (activation du Bluetooth, du WiFi, de la géolocalisation, etc.). On y accède en cliquant sur l’icône SMS en bas à droite de l’écran.

EDGE. C’est le nouveau nom du navigateur Web. Adieu Internet Explorer (mais le logo reste presque le même). Avec ou sans stylet, vous pouvez surligner et annoter les pages des sites que vous consultez. Une fonction très innovante.

requêtes avant de bien vous connaître), Cortana s’impose comme l’une des bonnes surprises de Windows 10. MULTITÂCHE. L’écran se partage en quatre fenêtres actives simultanément. Pratique pour travailler sur plusieurs applications. Ouvrez un programme et affichez-le en plein écran. Puis faites glisser les fenêtres vers la gauche ou vers la droite du moniteur : elles se positionnent de façon automatique.

BUREAUX VIRTUELS. On peut

paramétrer jusqu’à trois bureaux. Une fonction utile pour bien séparer documents professionnels et applications persos. Ouvrez plusieurs programmes et cliquez sur l’icône «Task View» de la barre des tâches. Ils s’affichent alors sous forme de minifenêtres. Cliquez sur le bouton «+ New Desktop» : le bureau numéro 1 apparaît. Recommencez pour en créer un second. Puis glissez les pro-

Le stylet permet d’effectuer des dessins très précis. Mais l’écran tactile se pilote tout aussi bien avec les doigts.

grammes dans les bureaux de votre choix. Pour aller d’un bureau à l’autre, il suffit de passer le curseur sur la petite barre verticale blanche, dans le coin inférieur droit de l’écran. CONFIDENTIALITÉ. Pour ne pas être pisté par Microsoft, allez dans «Paramètres» puis dans «Con fidentialité» et fermez les fonctions d’historique de navigation et de localisation que vous ne souhaitez pas voir activées.

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PROGRESSER

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PROGRESSER

progresser U N PATR O N / U N CO N S E I L

“Recrutez de jeunes talents capables de faire bouger les lignes” PAR YANNICK FIERLING, PDG DE HAIER EUROPE

PHOTO : DAVID GRENON POUR MANAGEMENT

P

remière marque mondiale de gros électroménager, avec 32,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014 (29 milliards d’euros), le chinois Haier occupe encore une position d’outsider en Europe. Notre ambition est d’entrer dans le top 5 du secteur dans les années à venir. Pour y parvenir, avoir une vision est fondamental. La nôtre consiste à placer le client et l’écoute du client au cœur de notre stratégie. Le facteur humain joue lui aussi un rôle essentiel. Il va nous falloir compter sur nos leaders et sur nos top managers pour nourrir nos ambitions et faire évoluer le groupe en Europe. Priorité aux battants ! Aussi, lorsque je recrute de jeunes talents, la qualité que je recherche avant tout est leur potentiel à faire bouger les choses. C’est à mes yeux l’un des moteurs essentiels du leadership. Afin d’évaluer cette capacité, je les interroge sur les situations les plus difficiles qu’ils ont affrontées, la manière dont ils s’en sont sortis et, bien sûr, les résultats obtenus. Je leur demande de me raconter l’histoire dont ils sont le plus fiers dans le domaine professionnel, celle qu’ils pourraient raconter à leurs enfants ou à leurs petits-enfants. A ces questions, les réactions sont variées. Il y a d’abord la façon classique de répondre : les

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FORMÉ À L’ÉCOLE AMÉRICAINE candidats me décrivent ce qu’ils ont entrepris pour redresser, par exemple, une situation économique dégradée, le projet qu’ils ont bâti, l’équipe qu’ils ont mise en place. Et il y a des réponses plus personnelles, comme leurs réactions face à des situations délicates dans une équipe qu’ils ont dirigée ou face à des problèmes humains. Ce type de réponse est aussi très intéressant. Ce que j’essaie surtout de détecter, c’est l’énergie que ces futurs collaborateurs sont capables de déployer pour surmonter des obstacles et parvenir à atteindre leurs objectifs. Viser le futur pour réussir le présent. A l’inverse, la chose que je considère comme rédhibitoire chez des candidats à un poste, c’est le manque d’intérêt et d’implication. Pendant les entretiens d’embauche, je leur demande donc également de me décrire ce qu’ils aimeraient faire dans les deux ou les cinq années à venir. S’ils ont du mal à me répondre et à m’expliquer vers où ils aimeraient que leur carrière les conduise, cela me dérange toujours. Car faire preuve de passion, de dynamisme et d’énergie dans ce que l’on entreprend et savoir ce que l’on aimerait faire dans le futur sont des facteurs importants de réussite PROPOS RECUEILLIS dans le présent. PAR SÉBASTIEN PIERROT

SON PARCOURS. Nommé au mois de mars dernier à la tête de Haier Europe, ce Français de 44 ans, ingénieur de formation, qui parle quatre langues (l’anglais, l’allemand et l’italien en plus du français), a effectué l’essentiel de sa carrière chez l’américain Whirlpool. Après quinze années passées chez cet autre géant de l’électroménager, il a atteint le poste de viceprésident pour l’Europe et le Moyen-Orient et de DG de la division lavage. POURQUOI IL EST INSPIRANT. Parce qu’il aborde avec enthousiasme l’ambitieux challenge qui se présente à lui. «Les produits innovants, la culture d’entreprise orientée clients, l’esprit de conquête de nos équipes, etc., tous les ingrédients de la réussite sont là. Il va juste nous falloir passer à la vitesse supérieure, et ce dans tous les pays et sur tous les marchés», affirme-t-il.

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“Je parle sous ton contrôle”

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our être honnête, l’expression date un peu : c’est même devenu le gimmick du salarié ringard par excellence ! La reprendre dans l’open space pour singer un collègue dépassé, c’est la certitude de vous tailler un succès à ses dépens. Elle s’est imposée comme une formule culte pour les rieurs depuis son apparition dans un spot TV en prime time. Deux conseillers bancaires s’y adressent ainsi à leur client : «Je parle sous ton contrôle, Jean-Claude, mais, pour l’international, faut voir avec le siège.» Faut les voir, justement, ces deux-là, incapables d’assumer une décision, mais impeccablement pros dans leur manière de se défiler ! «Parler sous contrôle» sert à se défausser en rendant la décision collégiale : «Comme ça, si tu ne dis rien, je ne serai pas le seul à me tromper.» Des juniors audacieux pourraient pourtant retourner à leur profit cette expression réputée frileuse. En l’utilisant par exemple en réunion pour se jouer de la hiérachie : «Je parle sous ton contrôle, Eric, mais, là, on ne pourra pas tenir les délais.» Le dénommé Eric, votre N + 1, vous avait interdit d’évoquer le planning devant les clients ? Par cette formule d’allégeance, vous l’obligez à assumer avec vous vos propos. A l’heure où les process sont gravés dans le marbre et les responsabilités attribuées une fois pour toutes, nos marges de manœuvre sont étroites. Et si «parler sous le contrôle de» constituait finalement l’un de nos derniers espaces de liberté ? I

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Intégrer la Légion, un vrai parcours du combattant…


s’inspirer

tout est management, le management est dans tout

cohésion

LeadershiP

PhiLo

quand la légion fait corps Pour faire vivre et travailler ensemble 146 nationalités, la Légion étrangère a mis en place un processus d’intégration efficace et exemplaire. Dont chacun peut tirer des leçons utiles. P. 104

la critique... et ses limites Selon Frank Underwood, héros de la série House of Cards, un bon collaborateur doit faire preuve d’une indéfectible loyauté. Toute critique publique exige d’être justifiée et constructive, faute de quoi les têtes des contestataires seront coupées. P. 109

«Ce n’est qu’un préjugé moral de Croire que la vérité vaut mieux que l’apparenCe» friedrich nietzsche, par-delà le bien et le mal

De l’utilité du mensonge pour huiler les rouages sociaux.

PHOtO : S. OLF / LégiOn etrangère 4e re

P. 110

rubrique coordonnée par Marie peronnau octobre 2015 management

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s’inspirer

la légioN étraNgère

une école de cohésion et d’intégration

Avec ses 1  000 recrues par an et ses 146 nationalités, ce corps de l’armée de terre est un modèle d’intégration. Reportage dans la «Ferme» où, pendant un mois, les nouveaux légionnaires apprennent leur métier. Et entament une nouvelle vie. Par henri weill

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les képis blancs arrivant de tous les continents, les légionnaires ont un mois pour apprendre à faire corps.

A José nicolas / réservoir photo

u sein de l’armée, on le surnomme le «régi­ ment des fortes têtes». Au 4e Régiment étran­ ger (RE), le creuset de la Légion étrangère, l’engagé volontaire apprend rapidement qu’il n’intègre pas une institution ordinaire, mais sa nouvelle patrie. C’est d’ailleurs ce que proclame sa devise : Legio patria nostra. Ils sont 6 400 à composer ce corps d’élite. Originaires pour la plupart de pays étrangers, ils ont laissé derrière eux des vies plus ou moins cabossées. Comme Cazin, qui aurait pu mal tourner et qui a vu dans la Légion une échappatoire à un destin mal engagé. Ou comme l’Italien Marco, dont la vie «allait ex­ ploser», selon ses propres mots… Beaucoup de ces hommes viennent à la Légion en quête d’une seconde chance.

OctObre 2015 management

Un corps solidaire et Uni. La sélec­ tion est rude : seul un candidat sur huit est retenu, après des tests physiques, médicaux, psychologiques et de sécurité. Une fois ces épreuves réussies, les recrues signent un con­ trat d’engagement de cinq ans et séjournent pendant un mois dans l’une des quatre fermes vouées à la formation initiale, à proximité de Castelnaudary, dans l’Aude. Ce sont leurs pre­ miers pas dans la Légion étrangère. On 105


«opé» simulées Apprentissage des rudiments du métier de combattant.

va leur y enseigner le français, le code d’honneur et, surtout, leur apprendre à constituer un groupe dans lequel la cohésion et la solidarité règnent en maîtres. un séminaire d’intégration. Ce régiment-école reçoit de 800 à 1 000 recrues par an, selon les besoins. Un cas unique dans l’armée française, puisque la Légion accueille 88% d’étrangers issus de 146 nationalités avec des cultures multiples, des religions diverses et des modes de fonctionnement distincts. Des individus très dissemblables, auxquels ce long séjour dans un endroit isolé va permettre de se forger des valeurs communes. «Le premier matin, ils se retrouvent entourés d’hommes venus des quatre coins du monde : ils vont apprendre à vivre ensemble. C’est l’acte I de la cohésion et de l’intégration», commente le colonel Marc Lobel, qui assurait jusqu’à cet été le commandement du 4e RE. Pour favoriser cette cohésion, les cadres vivent avec eux vingtquatre heures sur vingt-quatre, y compris à Noël. Du colonel aux derniers engagés volontaires (souvent coupés de leur famille), tous passent les fêtes ensemble, afin qu’aucun lé-

 les légionnaires apprennent vite que la solidarité du groupe prime sur l’individu 106

gionnaire ne se retrouve seul. «Pour atteindre nos objectifs, souligne un commandant de la compagnie, l’encadrement doit consentir un fort investissement.» Il lui faudra aussi faire preuve d’une grande patience en attendant que ces néo-légionnaires deviennent autonomes. Le régime est rude durant la formation : entre exercices physiques, entraînement aux manœuvres et découverte des techniques de combat, ces fortes têtes sont bien occupées. Et ont peu de temps libre : pas de téléphone mobile, seulement trois sorties en ville accompagnés de cadres, une activité de cohésion (paint-ball, karting, visite d’un musée, restaurant…). Au milieu du programme, ils suivent tout de même un «stage d’oxygénation» à Formiguères, dans les Pyrénées-Orientales, où la Légion possède un chalet : l’occasion de pratiquer des activités différentes pour casser le rythme de l’instruction. Malgré cela, en mars dernier, trois engagés (sur 38) ont demandé à partir. «C’était trop dur pour eux», explique le sergent-chef Aubert. un langage commun à maîtriser. A la Ferme, ces hommes se voient inculquer les rudiments du métier de légionnaire, avec sa vie, ses valeurs, sa symbolique et son histoire. Ils doivent aussi – et surtout – apprendre en un temps record la langue de travail de la Légion, le français, absolument inconnue de la majorité d’entre eux à leur arrivée. L’objectif ? Qu’un légionnaire étranger possède un


cours accélérés de langue grâce à la méthode «képi blanc» et à un système d’entraide entre légionnaires, les engagés étrangers sortent de la formation en maîtrisant au minimum 500 mots de français, leur langue de travail.

vocabulaire de 500 mots à la fin de sa forma­ tion. L’apprentissage se fait selon la méthode «képi blanc», fondée sur la répétition et l’im­ mersion. Les francophones sont mis à contri­ bution et prennent en charge leurs nouveaux camarades. C’est l’un des credo de la Légion : la solidarité du groupe prime sur la perfor­ mance individuelle. Dans le même esprit, les encadrants peuvent aussi accorder un surcroît d’attention aux engagés dits «hors barème» : des individus rencontrant des difficultés parti­ culières en français ou dans certaines discipli­ nes sportives, comme la natation (qu’ils soient incapables de parcourir 100 mètres dans un bassin ou qu’ils ne sachent tout simplement pas nager). «Nous leur dispensons un ensei­ gnement supplémentaire de mise à niveau afin qu’ils ne soient pas éliminés», explique un sous­officier. En 2013, 29 légionnaires hors barème sur 31 ont ainsi pu être «sauvés». un code d’honneur à respecter. A la Ferme, la moyenne d’âge est de 24 ans. «Nous recrutons des jeunes, souvent sans re­ pères. Lorsqu’ils arrivent, c’est le déracinement. Le sable devra devenir béton. C’est l’un des rôles assignés à la Légion», précise le comman­ dant François Hervé­Bazin, officier supérieur adjoint du régiment. «Notre savoir­être repose sur une exigence permanente, la solidarité et le respect du code d’honneur», explique de son côté le major Richard Charpentier, figure OctObre 2015 management

photos : José nicolas / réservoir photo

moyenne d’âge : 24 ans la légion étrangère attire des jeunes aux parcours de vie plus ou moins cabossés.

engagés volontaires pour entraînement à la dure un individu sur cinq ne confirme pas son engagement après avoir suivi la formation. trop exigeante !

histoire de la légion

un corps d’élite séculaire

l

a légion étrangère est créée en 1831 par louis-philippe. les cinq premiers bataillons rejoignent l’algérie, dont la conquête vient de commencer. une partie des engagés sont des révolutionnaires devenus réfugiés politiques en France après avoir quitté leur pays. la bataille de camerone. en 1863, au mexique, la légion conquiert son plus beau titre de gloire lors du combat de camerone. la compagnie du capitaine danjou – composée

de 3 officiers et de 62 hommes – y affronte 2 000 fantassins et cavaliers. sa résistance héroïque deviendra un symbole, célébré tous les 30 avril par le corps d’armée. maintien de la paix. la légion est de tous les combats : les deux guerres mondiales, l’indochine, l’algérie, les actions de maintien de la paix, les opérations extérieures… environ 36 000 légionnaires ont été tués depuis la création de ce corps d’élite.

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Photos : José nICoLas / réserVoIr Photo, s. oLF /  4e régIment étranger / LégIon étrangère

s’inspirer

frères d’armes Dans la galère du combat comme dans celle du quotidien, les légionnaires sont solidaires.

 chaque légiOnnaire est prêt à risquer sa vie pOur sOn «cOllègue»

autonome au sein du collectif L’encadrement doit faire preuve de patience pour autonomiser des recrues souvent sans repères.

de la Légion (il a sauté en 1978 sur Kolwezi avec les légionnaires du 2e Régiment étranger de parachutistes). Ce code d’honneur, les légionnaires vont l’apprendre par cœur, les étrangers sans le comprendre au début. Les mots feront sens au cours de la formation, et surtout pendant les opérations auxquelles ils participeront. Et en particulier le deuxième enseignement de ce code : «Chaque légionnaire est ton frère d’ar­ mes.» «Lorsque vous êtes projetés en opéra­ tion, vous devez faire confiance à votre cama­ rade de gauche et à celui de droite», souligne un chef de section. Les légionnaires risquent en effet leur vie pour leurs collègues. Comme cela a été le cas pour le caporal­chef Rodol­

phe Penon, infirmier du 2e REP, abattu en Afghanistan en août 2008, alors qu’il se por­ tait au secours d’un blessé. un képi gagné de haute lutte. Les légionnaires achèvent ce premier mois de for­ mation par une marche de 50 kilomètres, les­ tés de 20 kilos d’équipement. La réussite à cette épreuve leur permettra de recevoir, lors d’une cérémonie, le célèbre képi blanc, symbole d’ap­ partenance à la Légion. Ils passeront ensuite encore douze semaines au quartier Danjou, à Castelnaudary. Il y aura des échecs, des ruptu­ res de contrat (du fait de l’intéressé ou de l’ins­ titution), des inaptitudes médicales, des déser­ tions (moins nombreuses que par le passé). Sans compter ceux qui sont uniquement venus em­ pocher quatre mois de salaire (1 215 euros net, nourris et logés) et qui rentreront ensuite dans leur pays (un phénomène récent et marginal). Au final, cependant, 80% des hommes arrivés à Castelnaudary quitteront, au terme des seize semaines, le 4e RE pour être ventilés dans les différents régiments de la Légion étrangère. I

tatouages Des LégIonnaIres

Photos : VICtor FerreIra

marques d’identité et signes d’appartenance

Discret ou envahissant, fleur bleue ou martial, décoratif ou porteur d’un message, le tatouage du légionnaire exprime sa fierté d’appartenir à ce corps d’armée.

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L

e tatouage constitue depuis longtemps un mode d’expression chez les légionnaires. Les motifs sont divers : armes, grenades, Christ en croix, Vierge, visage féminin, initiales… Il peut marquer la fidélité à un régiment et figurer sur toutes les parties du corps, y compris la langue et les lèvres. Depuis qu’il a quitté la Légion, en 2007, Victor Ferreira les photographie. Il a publié un album de ses photos : La Légion dans la peau (ed. La Compagnie littéraire, 2014).

OctObre 2015 management


s’inspirer

lE lEadErshiP sElon

frank unDerwooD

le héros de la série House of Cards n’a qu’un objectif : le pouvoir. Pour se hisser à la présidence des Etats-Unis puis s’y maintenir, ce redoutable stratège use de méthodes plus qu’audacieuses. Et même si celles-ci nous semblent extrêmes et contestables, elles demeurent pertinentes pour qui veut exercer un leadership efficace en entreprise. par yaël gabiSon, coach et fondatrice du cabinet SmartSide

@YGabison

leçon no 9

Virer sur-le-champ les contestataires

A

u cours de la saison 3, Frank Underwood, récemment installé à la Maison-Blanche, est quelque peu malmené. Sa cote de popularité est en berne et son cabinet commence à contester son grand projet de lutte contre le chômage. C’est ainsi que, lors d’une réunion de travail, son chef de la sécurité intérieure exprime publiquement des doutes. Exaspéré, Frank le congédie dès que la réunion s’achève. «Lorsqu’une personne de votre équipe est là pour faire passer des propositions et que cette même personne souligne une faiblesse dans votre stratégie, il faudra l’informer que ses services ne seront plus nécessaires.» Le couperet est tombé.

Des critiques, oui, mais constructives ! Attention, cependant, à faire la différence entre le «parasite toxique», dont les doutes stériles compromettent l’avancée du projet, et le «challenger positif», qui questionne afin d’éviter d’aller dans le mur. A cet effet, observez leur attitude en public. Le premier adopte une allure défiante et émet des opinions négatives à peine masquées devant le staff. sachEz Avec lui, il faudra agir vite et fort, comme Frank. distinGUEr Le second, au contraire, sait canaliser sa spon- lE «ParasitE tanéité et exprime ses remarques en privé, avec tact et loyauté, préservant ainsi l’énergie et la toxiqUE» dU motivation de l’équipe. Un élément précieux et «challEnGEr rare que le leader devra garder à ses côtés. I Positif» octobre 2015 manaGEmEnt

sonY PictUrEs

le temps est à l’action. Nous sommes tous d’accord pour reconnaître les bienfaits de l’intelligence collective et pour souligner qu’un chef d’équipe doit savoir rester à l’écoute. Mais certains projets – parce qu’ils menacent sa crédibilité, son pouvoir ou son poste même – nécessitent une loyauté indéfectible de la part de ses collaborateurs. Sur de tels enjeux, il peut – et doit – se montrer intransigeant en excluant toute personne qui critique ouvertement sa stratégie. Ecarter un cynique ou un trublion, même si son expertise est précieuse, est indispensable pour affirmer son autorité. Cela aura valeur d’exemple, en particulier pour ceux qui n’auraient pas compris que le temps n’est plus aux questions mais à l’action. Un général demande-t-il à ses troupes si elles sont d’accord pour aller au front ?

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s’inspirer

le coin Philo

La citatiON

“Ce n’est qu’un préjugé moral de croire que la vérité vaut mieux que l’apparence.”

P

friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886.

ILLUStRatIOn : CatheRIne. meURISSe

our Friedrich Nietzsche, nous avons tendance à croire qu’il faudrait toujours «être dans le vrai», alors que c’est l’idée «la plus mal fondée qui soit au monde» (Par-delà le bien et le mal, 1886). Mentir – ou jouer avec les apparences – est parfois une façon de combattre des préjugés. Tricher sur son CV sera ainsi jugé acceptable en certaines circonstances : une femme enceinte pourra cacher sa grossesse, un père de trois enfants prétendre vivre en célibataire ou «se tromper» sur son âge… Cela n’est peut-être pas très moral, mais ces mensonges ou omissions constituent une façon de lutter contre des discriminations qui sont, elles, totalement illégales.

PrinciPe de réalité. On peut aussi mentir pour rendre la vie plus agréable. «Dire bonjour à un collègue qu’on n’aime pas est utile pour entretenir la cohésion et l’esprit d’équipe», fait valoir le consultant Jérôme Lecoq, auteur de La Pratique philosophique (Eyrolles). Cette politesse – que certains prennent pour de l’hypocrisie – est en fait un mensonge indispensable pour maintenir l’unité du corps social. Imaginez les tensions si, à l’inverse, tout le monde était à 100% sincère ! Attention toutefois : ces nécessaires arrangements avec la vé-

rité ne signifient nullement qu’il faille se complaire dans le déni ou dans une forme de lâcheté. Ne pas oser rapporter un dysfonctionnement ou une critique, prétendre que tout va très bien alors que de sérieux problèmes se profilent à l’horizon, rien de cela ne contribuera à résoudre les difficultés, bien au contraire. «Le réel, explique Jérôme Lecoq, c’est ce qui résiste au mensonge et à sa négation ; il revient avec d’autant plus de force qu’il a été passé fabieN trécOurt sous silence.» I

Les bONs cONseiLs d’aristOte POur bieN discOurir

POur caLmer Le débat, rePLacez La baLLe au ceNtre Dans la Rhétorique, le philosophe grec aristote traite de l’art oratoire. Il nous livre de précieuses techniques pour mener un discours et convaincre son auditoire. Ce mois-ci, apprenez à vous poser en arbitre. 110

Q

uand une dispute s’envenime, revenez en amont du désaccord, au point de consensus entre les partis : «On veut tous que le projet réussisse», «On est tous d’accord pour renouveler cette campagne de com», etc. Pour aristote, cette technique a l’avantage de calmer le débat. elle permet

à un orateur de faire une excellente impression, celle d’un homme qui s’élève au-dessus des querelles de chapelles pour se mettre au service du bien commun et de la vérité. et, en obtenant la confiance de l’auditoire, il se révélera plus persuasif quand il avancera lui-même un argument. Selon aristote, rappeler

ainsi les points de consensus ne s’apparente nullement à de la lâcheté, mais procède de la nécessité de réaliser la synthèse de points de vue opposés. La meilleure façon de résoudre un problème n’étant pas de trancher en faveur de l’un ou de l’autre, mais plutôt d’élaborer une troisième voie audacieuse et équilibrée. f. t. OctObre 2015 management


La sélection du service commercial de MANAGEMENT

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SOLIMUT MUTUELLE : Les Trophées Caractères récompensent, pour la 2ème année, les initiatives solidaires dans le travail. Initiés par Solimut Mutuelle, ils mettent en lumière des actions soulignant la générosité et l’entraide dans le monde professionnel, espérant ainsi qu’elles se multiplient... Un premier jury a sélectionné 10 finalistes en juin dernier, soumis au vote d’un second jury présidé par Xavier Emmanuelli, en octobre prochain. Aux trois Prix du Jury décernés le 2 novembre à Paris lors d’une grande soirée, s’ajoutera le Prix du Public, choisi par les internautes. Dès le 28 septembre, visualisez les films des candidats sélectionnés et votez ! www.tropheescaracteres.fr

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D O SSIER PARTENA IRE

MUTUELLE obLigaToirE :

© Voisin /  Phanie

J-100 !

L

le 1er janvier prochain, toutes les entreprises auront l’obligation de proposer une mutuelle complémentaire à leurs salariés. Êtes-vous prêt ? Voici les points-clés de la loi et les principaux conseils pour se mettre en conformité.

e compte à rebours est enclenché. Au 1er janvier 2016, toutes les entreprises françaises auront l’obligation d’offrir une mutuelle santé à leurs salariés. L’Accord national interprofessionnel (ANI), négocié par les partenaires sociaux et confirmé par la loi, concernera près de 500 000 entreprises, qui devront financer pour moitié au minimum une souscription à une complémentaire pour environ 4 millions de salariés. Que risQuera une entreprise Qui n’est pas en conformité ? Nombre d’entreprises voient dans cette réforme une charge supplémentaire, alors que le contexte économique est déjà tendu. Pas question pour autant d’essayer de s’y soustraire ou de traîner des pieds. Car le risque est réel pour un

chef d’entreprise qui refuserait d’offrir une complémentaire santé à ses collaborateurs. Ces derniers pourraient tout simplement lui demander la prise en charge intégrale, et sans limite de coût, de leurs dépenses de santé en cas de pépin. Par ailleurs, si la formule choisie par l’employeur ne correspond pas aux critères minimums définis par la loi, l’entreprise s’expose à d’autres sérieux problèmes : contrôle de l’Urssaf, poursuites aux prud’hommes… Il est donc essentiel de se mettre en conformité avec l’ANI dans les plus brefs délais. comment choisir sa complémentaire santé ? Depuis le 1er juillet 2014, les partenaires sociaux négocient au sein des branches professionnelles la généralisation de la complémentaire santé. Mieux vaut donc d’abord se

renseigner sur les termes de l’accord obtenu au sein de son secteur d’activité : celuici peut avoir fixé des minima supérieurs à ceux définis dans le cadre du « panier de soins », et mettre en avant des organismes assureurs via une « clause de recommandation ». Ce qui veut dire que l’on pourra choisir entre les contrats négociés par les partenaires sociaux, et tout autre contrat, à condition qu’il soit au moins aussi favorable pour les salariés. Si l’entreprise n’est affiliée à aucune branche professionnelle, il appartient au chef d’entreprise d’entamer au plus tôt des discussions en interne avec les délégués syndicaux ou le comité d’entreprise. À défaut d’obtenir un accord avec ces derniers, ou dans le cas des très petites entreprises (TPE) qui ne disposent pas de tels interlocuteurs, l’employeur est auto-

EN CHiFFrES

500 000 PMe françaises concernées

4 millions

environ de salariés en bénéficieront

50 %

minimum du coût de la mutuelle financé par l’entreprise


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pas à la surconsommation médicale, notamment avec un remboursement trop systématique des lunettes, et qui responsabilisent les assurés. Près de 90 % des offres du marché bénéficient de ce label.

Les saLariés peuventiLs refuser La mutueLLe coLLective ? Certains employés pourraient vouloir garder leur contrat individuel, et donc ne pas adhérer à la couverture santé choisie. Mais dans la très grande majorité des cas, ils n’auront pas le choix. Si le salarié a été embauché avant la mise en place de la couverture santé collective, il pourra garder son contrat individuel, mais uniquement jusqu’à la date annuelle d’échéance de son contrat. Il devra ensuite basculer sur la complémentaire d’entreprise. En cas de refus de sa part, l’employeur devra consigner la demande de dispense d’adhésion, signée par les deux parties, et la conserver en cas de contrôle par l’Urssaf. Les nouveaux salariés sont obligés de souscrire à la mutuelle collective de leur employeur, sauf dans certains cas précis : embauche en CDD de moins de 12 mois ou en apprentissage, mutuelle déjà souscrite par le conjoint, emploi à temps partiel. Les salariés qui désirent bénéficier de rembour-

sements plus généreux que ceux inclus dans le panier de soins réglementaire pourront souscrire des options ou des surcomplémentaires auprès de l’assureur de l’entreprise. Ils pourront également adhérer à une surcomplémentaire individuelle auprès d’un autre assureur. QueLLe sera Le coût de cette mutueLLe pour L’entreprise ? Selon l’assureur, le lieu d’implantation de l’entreprise et l’âge moyen des salariés, on peut estimer que le coût de la couverture santé s’élèvera en moyenne à environ 20 € par

Bon À savoir

risé par la loi à sélectionner une mutuelle de façon unilatérale. Cette dernière devra, quoi qu’il en soit, respecter les garanties minimales fixées par la loi.

mois et par salarié. Soit 10 € pour l’employeur en cas de financement à parts égales. Une somme qui sera assujettie à la CSG-CRDS et, excepté pour les entreprises moins de 10 salariés, au forfait social au taux réduit de 8 %. À noter : 100 € de prime coûteront moins cher à l’employeur que 100 € de salaire. Point important, les sommes allouées aux complémentaires seront déductibles du résultat de l’entreprise et, dans une certaine limite, exonérées de cotisations sociales. À condition toutefois que l’employeur choisisse une mutuelle labelisée « responsable ». En clair, celles qui n’encouragent

attention aux offres trop aLLéchantes Le basculement massif de l’assurance individuelle vers des contrats collectifs a déclenché une véritable guerre des prix. Certains professionnels proposent ainsi des offres low cost, mais pourront -ils maintenir des tarifs aussi bas sur le long terme ? « Nous conseillons aux chefs d’entreprise de préférer des offres dont les tarifs sont dans le marché, c’est-àdire entre 20 et 25 € par mois, à celles, très agressives, qui tournent autour de 15 €. Ces dernières ne sont pas viables économiquement, et il y a fort à parier que leurs tarifs grimpent significativement dès la deuxième année », confie Jérémy Sebag, président du groupe de courtage d’assurance SPVIE. « Et si vous trouvez, comme chez nous, des offres dématérialisées, qui se gèrent 100 % en ligne, foncez ! Ce sont celles que les salariés privilégient. » Un salarié bien protégé étant également plus reconnaissant, le calcul est vite fait…

votre entreprise propose déjà une mutuelle ? vérifiez sa conformité ! Ce n’est pas parce que vous avez déjà mis en place une complémentaire santé que vous êtes forcément en règle avec la nouvelle législation. au 1er juin 2016, les complémentaires collectives devront en effet assurer un « panier minimal de soins ». Ainsi, les frais dentaires ou d’orthopédie dento-faciale devront être remboursés à hauteur de 125 % (sur la base de remboursement de la Sécurité sociale), les frais d’optique à hauteur de 100 € pour des verres simples, 150 € pour des équipements mixtes ou 200 € pour des verres progressifs ou à forte correction.

Les prestations devront également inclure un forfait journalier hospitalier, sans limitation de durée, ainsi que le remboursement de l’intégralité du ticket modérateur lors des consultations. Chaque salarié, quel que soit son âge, versera les mêmes cotisations, dont au moins la moitié sera pris en charge par l’entreprise. Cette dernière n’est pas tenue de faire bénéficier de cette exonération les proches du salarié.


Au 1er janvier 2016, la mutuelle santé devient Des solutions qui libèrent dans obligatoire pour tous vosvous salariés. Appel non Spécialiste de la397 protection dessurtaxé et au 0 969 039 sociale entreprises, ADRÉA Mutuelle vous propose des réponses simples, modulables et efficaces, avec un accompagnement personnalisé.

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Le décor du prochain Emmanuelle ? Non, votre future destination week-end, face à la mer Egée.


vivre

culture, mode, tendances… il y a une vie après le boulot

TouRIsME

octobre bouge ? «On ira où

tu voudras quand tu voudras...» en choisissant parmi ces cinq destinations d’automne. P. 118

DÎNER EN VILLE

rayon culture Nos idées de sortie

ARTs & MÉTIERs

Hifigénie Face aux drôles

pour le mois : un vaudeville en open space, l’expo événement des œuvres d’Andy Warhol, le plus commercial des artistes, et les coulisses d’un hypermarché décrites par la plume acerbe de Frédéric Viguier. P. 120

PHOtO : mandarin Oriental HOtel

d’enceintes Phantom de la marque Devialet, notre chroniqueur David Abiker a ouvert ses oreilles en grand. Il a entendu un son parfait… et de belles histoires. P. 122

octobre 2015 management

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vivre

tourisme

Où partir cet automne  ? A peine revenu(e) de vacances et déjà envie d’un long week-end ? Cinq destinations pour aborder la rentrée avec le sourire. Par Bérénice DeBras

Lisbonne

sans coups De soleil Sous l’or tiède du soleil d’automne, la ville de Fernando Pessoa invite à flâner le nez au vent dans ses ruelles aux bal­ cons fleuris. Ici, le temps s’étire lente­ ment, la paresse l’accompagnant avec nonchalance. Empruntez le brinqueba­ lant tram n° 28 qui traverse la ville. Der­ rière ses fenêtres, les façades d’azulejos (carreaux de faïence traditionnels) dé­ filent avec poésie. Plus loin, elles se pa­ rent de décors street art, interprétations 2.0. de cette pratique ancestrale.

Y aller  Vol aller simple dès 41 €. transavia.com  Pousada de Lisboa, Praça do Comércio, double à partir de 210 € avec petit déjeuner. pousadas.pt/fr  Plus d’infos : visitlisboa.com

Prague

les pieDs Dans les vignes Coiffée par le château, la reine de Bohême offre de multiples visages (baroque, cubisme, Art nouveau, ves­ tiges communistes…). Mais la vie pra­ goise ne se limite pas à son centre his­ torique : elle se tient aussi dans des usines désaffectées où se déroulent expos et concerts, ou encore autour de

bonnes tables, comme celle d’Old ich Sahajdak, chef étoilé de La Dégusta­ tion Bohême Bourgeoise. A l’époque des vendanges, une dizaine de vigno­ bles vous accueillent, dont ceux nichés sur les hauteurs de Troja et de Havlí kovy sady. On y goûte le vin local les pieds dans les vignes… en pleine ville.

Y aller  Séjour de 4 jours/3 nuits à partir de 550 € par pers., vols, hébergement, petits déjeuners et transferts inclus. wiknd.com  Plus d’infos : czechtourism.com 118


Bruxelles Eclectique, l’architecture bruxelloise prête parfois à sourire. En dehors de la Grand-Place, très homogène, façades Art nouveau et blocs de béton se succèdent sans transition. Mais c’est là tout le charme de la capitale belge. Le surréalisme de Magritte n’est jamais loin :

PHOTOS : ArTur cABrAl, czecH TOurISM, TrAInHOSTel.Be, nAdege AugIer / VOyAgeurS du MOnde, dr

en train par-dessus les toits un wagon de train vient de se poser sur un toit, offrant la possibilité d’y dormir (ou d’y voyager sans se déplacer). A deux rames de là, le nouveau musée du train, Train World, ouvre ses portes fin septembre dans une mise en scène du dessinateur de BD François Schuiten.

Y aller  Train Paris-Bruxelles, aller-retour à partir de 58 €. thalys.com  Auberge Train Hostel, suite dans le wagon sur le toit et salle de bains privée, à partir de 180€, petit déjeuner inclus, trainhostel.be  Plus d’infos : visitbrussels.be

saint-PétersBourg avant les grands froids

Marcher dans les rues de Saint-Pétersbourg, c’est littéralement entrer dans un livre de l’Histoire russe. La ville de Pierre le Grand fascine par l’harmonie de ses bâtiments et de ses perspectives où seuls les canaux viennent rompre

les lignes. Dans les eaux sinueuses se reflètent des palais somptueux qui invitent à tous les rêves. Romantique à souhait, Saint-Pétersbourg est une Venise du Nord, à visiter avant qu’elle ne se drape dans son manteau blanc.

Y aller  Séjour 4 jours/3 nuits en chambre double et petit déjeuner à partir de 900 € par pers., vols, transferts et visas inclus.  Plus d’infos : voyageursdumonde.fr

Bodrum

été indien au bord de la mer egée Chaque été, depuis les années 1970 et 1980, la jet-set jette l’ancre au bord de la mer Egée. La péninsule de Bodrum a vu défiler les tribus de Mick Jagger, Claudia Schiffer, Sting et bien d’autres. Depuis quelques années, l’endroit se

réinvente au rythme des ouvertures d’hôtels de luxe (dernier en date, le Mandarin Oriental). Ce qui ne l’empêche pas de garder, de-ci, de-là, des airs de Riviera. Un petit paradis à croquer après le flot touristique estival.

Y aller  Vol aller-retour Paris-Bodrum via Istanbul, à partir de 376 €. turkishairlines.com  Mandarin Oriental, à partir de 595 € (sur base double) hors petit déjeuner. mandarinoriental.fr  Plus d’infos : goturkey.com


vivre dîner en ville

par aRiane dollfus

savoir parler de ce qu'il faut voir même si on ne l'a pas vu e x P o s i t i o n

andY waRhol suPeRstaR

t h é ât R e

les ambitieux : quiPRoquos au buReau C'est quoi ? La troisième pièce de Jean-Pierre About, ex-DG devenu auteur de théâtre… qui sait donc de quoi il parle quand il évoque la vie de bureau. PouRquoi faut-il y alleR ?

dR

Parce que cette comédie brosse un tableau féroce et drôle des relations de pouvoir dans l’entreprise, lorsque tous (et surtout le président) confondent vie privée et vie professionnelle. W Parce qu’à partir d’un argument classique – le président tire avantage de sa position pour séduire ses collaboratrices et s’en

débarrasser – la pièce mêle joyeusement le vaudeville, la satire sociale et l’absurde. qu'en diRe ? Que l’auteur, qui a longtemps officié aux manettes d’Air Inter, pose un regard aigu sur les relations humaines au travail. W Que les rapports de force dans l’entreprise, entre mensonge, culot, séduction, pression, petites phrases, statut social, drames et retournements de situation, ont tout d’un bon sujet de théâtre. leS ambitieUx, Théâtre 14, 20, avenue Marc-Sangnier, Paris 14e, jusqu’au 31 octobre, theatre14.fr

Warhol Unlimited, musée d’Art moderne de Paris 11, avenue du Président-Wilson, Paris 16e, du 2 octobre 2015 au 7 février 2016, mam.paris.fr

«La raison pour laquelle je fais de la sérigraphie, c’est que je veux être une machine», disait Andy Warhol. Ici, quelques-uns de ses Self Portraits.

R o m a n

Rayon management Un premier roman fulgurant, dans les coulisses d’un hyper. Parce que l’auteur propose une description réaliste et acérée des méthodes de management de la grande distribution. W Parce que le personnage central, une jeune stagiaire du secteur textile devenue bien vite chef de secteur, est aussi fascinant que méprisable. W Parce qu’un réel suspense prend corps au sein de cet univers étouffant. qu'en diRe ? Que l’auteur fait preuve d’un style très maîtrisé. W Que certaines phrases résonnent fortement, comme : «Ils se croient surveillés, alors qu’ils sont regardés» ou «C’est toujours bon pour la motivation, le châtiment d’autrui». Et surtout celle-ci : «Le vrai pouvoir, c’est celui qui laisse les fulgurances et les intuitions de ses collaborateurs s’exprimer. Le pouvoir absolu, c’est de savoir que l’on ne détient pas la vérité.» C'est quoi ?

PouRquoi faut-il le liRe ?

Coup d’essai, coup de maître : ce premier roman est une des pépites de la rentrée littéraire.

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reSSoUrceS inhUmaineS, de Frédéric Viguier, Albin Michel, 281 pages, 19 €.

© digital image, the museum of modeRn aRts new YoRk / scala, floRence

PhiliPPe matsas

Avec ses jeux de pouvoir et ses rapports de force, l’entreprise offre au théâtre une matière inépuisable.

C'est quoi ? Une rétrospective de plus de 200 œuvres du roi du pop art, dans le temple parisien de l’art moderne. PouRquoi faut-il y alleR ? Parce qu’on y découvrira pour la première fois dans sa totalité la célèbre série des Shadows (102 toiles). W Parce qu’on y verra aussi celles des Jackie, des Electric Chairs, des Mao, des Flowers, des Campbell’s Soup Cans, des Self Portraits, ainsi que ses portraits filmés et ses Silver Clouds… qu'en diRe ? Que Warhol a su épouser les codes de la production industrielle (sérigraphie, principe de répétitivité…) en les appliquant au monde de l’art. W Qu’il a dit des choses comme : «Quand on y songe, les grands magasins sont un peu comme des musées» ou «Plus on regarde exactement la même chose, plus elle perd tout son sens, et plus on se sent bien, avec la tête vide».


courrier RÉDACTION 13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers Cedex. Tél. : 01 73 05 45 45. Fax : 01 47 92 66 85. Pour joindre votre correspondant, composez le 01 73 05 puis les quatre chiffres figurant entre parenthèses après son nom. Pour lui envoyer un e-mail, tapez la (ou les) première(s) lettre(s) de son prénom, son nom et @prismamedia.com. Exemples : Marie Peronnau, mperonnau@prismamedia.com, Jean-Pascal Comte, jpcomte@prismamedia.com.

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Directeur marketing opérationnel : Charles Jouvin (53 28). Directrice des études éditoriales : Isabelle Demailly Engelsen (53 38). Directeur marketing client : Laurent Groley (60 25). Directeur commercialisation réseau : Serge Hayek (64 71). Directeur des ventes : Bruno Recurt (56 76).

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Rolf Heinz.

MANAGEMENT, 13, RUE HENRI-BARBUSSE, 92624 GENNEVILLIERS CEDEX. management@prismamedia.com N° 233, PROGRESSER

N° 233, DOSSIER

En tant que responsable RH dans un grand groupe, j’ai lu avec intérêt votre article «Changer de job sans changer de boîte». La promotion interne est en effet souvent négligée par les salariés qui ont envie de renouveau dans leur travail. Et ceux qui y pensent ont parfois tendance à oublier qu’ils doivent produire les mêmes efforts pour se «vendre» que des candidats externes. Certes, ils seront en général avantagés car, comme vous l’écrivez très justement, les DRH préfèrent souvent «un connu imparfait à un parfait inconnu». Mais cela ne les dispense pas de travailler leur candidature, de se renseigner le plus possible sur le poste et le service visés, d’activer leurs réseaux internes, bref de consentir un minimum d’efforts, comme s’ils avaient affaire à un nouvel employeur. Oui, la mobilité interne est une bonne solution en période de crise… pour peu qu’on y mette du sien et qu’on ne s’imagine pas que c’est un dû, une simple formalité.

Merci pour votre dernière couverture avec Laurent Ruquier et ses conseils pour mieux gérer une équipe. Je n’aurais jamais imaginé qu’il avait autant de choses à dire sur le sujet. Un vrai coach ! Et comme ça, désormais, je pourrai écouter Les Grosses Têtes au travail. Si mon patron me demande ce que je fais, je lui répondrai que je suis en formation !

C’EST DANS LA BOÎTE !

FLORENCE, PAR E-MAIL

C’était bien notre idée en vous proposant ce sujet : expliquer que si la mobilité interne permet (parfois) d’économiser l’envoi d’un CV, cela ne dispense pas le candidat de faire la démonstration de ses capacités et de sa motivation.

TÊTE BIEN FAITE

BLAISE, PAR E-MAIL

Avant de tester le sens de l’humour de votre patron, nous vous conseillons de lire (ou relire) un autre des sujets de notre dernier numéro : «Humour au bureau, jusqu’où peut-on aller ?»

AUTOPROMO

Je tiens à vous féliciter pour la qualité habituelle de votre revue et notamment du dernier numéro, comprenant l’excellent dossier «Travailler en équipe». Un dossier dans lequel je me retrouve parfaitement : j’ai appliqué les conseils que vous y donnez durant ma carrière et je les dispense maintenant en tant que conseil management/RH dans les mondes de l’entreprise et du sport. J’en ai même fait un livre, L’Accordeur de talents, paru chez Dunod. JEAN-PIERRE DOLY, PAR E-MAIL

Merci pour ce conseil de lecture !

ÉDITEUR :

Martin Trautmann.

Directrice adjointe marketing et business development : Dorothée Fluckiger (68 76). Chef de groupe : Hélène Coin (57 67). Imprimé en Allemagne : Mohn Media Mohndruck GmbH, Carl-Bertelsmann-Straße 16 1 M - 33311 Gütersloh. © PrismaMedia 2015. Dépôt légal : septembre 2015. Diffusion : MLP - ISSN : 1627-4792. Date de création : mars 1995. Commission paritaire : 1019 K 85861.

L’INCROYABLE

HISTOIRE CONTINUE !

13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers Cedex. Tél. : 01 73 05 45 45. Internet : www.prismamedia.com Société en nom collectif au capital de 3 000 000 d’euros ayant pour gérant Gruner und Jahr Communication GmbH. Ses trois principaux associés sont : Média Communication SAS, Gruner und Jahr Communication GmbH et France Constanze-Verlag GmbH & Co. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes ou des photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est strictement interdite.

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OCTOBRE 2015 MANAGEMENT

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arts et métiers Rêvons un peu avec Quentin Sannié, fondateur de Devialet, fabricant de hi-fi

PAr DAVID AbIKer

Ex-DRH, jouRnalistE à PaRis PREmièRE Et EuRoPE 1

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du recrutement chez Devialet – essentiellement des ingénieurs et des développeurs capables de concevoir l’avenir de l’entreprise avec le même engagement que ses fondateurs –, il pilote les quatre enceintes via son iPhone. Le son est tel qu’on a l’impression que Bach est dans la pièce, en train de diriger l’orchestre. Seul le prix du produit – 1 700 euros – reste un frein à sa diffusion. Cependant, quand je lui demande s’il ne plancherait pas déjà sur un modèle plus petit, de qualité comparable, qui achèverait la conquête du marché, l’homme ne dit pas non et sourit, comme si fabriquer de la hi-fi l’astreignait à se montrer hautement fidèle dans sa réponse. Verra-t-on bientôt un petit frère de la Phantom, qui serait à Devialet ce que l’iPhone fut à Apple, une sorte de baladeur très haute fidélité, par exemple ? Notre Steve Jobs de la hi-fi garde le silence… Mais le silence, c’est aussi du son, non ? I

l’enceinte-ampli Phantom, produit star de Devialet.

ILLUStRatIOn : aLIne zaLkO - phOtOS : davId abIkeR - dR

F

aut-il prendre ses rêves professionnels pour des réalités ? J’aurais pu en parler avec un psy, une voyante ou un romancier. J’ai préféré écouter Quentin Sannié, cofondateur et DG de la start-up française de hi-fi Devialet. Pourquoi ? Parce qu’il ambitionne ni plus ni moins que de devenir une sorte d’Apple du son très haut de gamme ! Avec sa Phantom, une enceinte-ampli dont le dessin évoque le casque des Daft Punk ou le masque du héros de Phantom of the Paradise, il veut démocratiser le son parfait. En effet, le souhait du coauteur de ce projet – conçu il y a dix ans au bord d’une piscine avec Emmanuel Nardin et Pierre-Emmanuel Calmel, ses associés – est de sortir la hi-fi très haut de gamme de sa niche de fins connaisseurs aisés. Il désire par-dessus tout inscrire la Phantom dans la grande histoire du son. «Quand on lance une innovation qui change la façon d’écouter, on a envie de la partager et d’en faire peu à peu un standard mondial, destiné au plus grand nombre», s’emballe le patron. Il y a du moine-soldat chez ce missionnaire du son qui veut convertir la planète au culte de la Phantom, à raison de 5 000 ventes mensuelles : «Le management de ma société découle d’une vision large et à long terme. Ce qui arrive aujourd’hui a été imaginé il y a longtemps», dit-il, heureux d’appliquer ce qu’il ne faisait que suggérer quand il était consultant en stratégie high-tech. «Cela suppose un scénario, un tempo», détaille-t-il. L’histoire, pourtant, aurait pu commencer par un énorme plantage. Quentin se souvient du jour où la décision a été prise d’équiper coûte que coûte la Phantom du Bluetooth. «Pour des raisons de pureté de son, on ne l’avait pas intégré au départ. Mais, plus la commercialisation approchait, plus cela s’imposait comme une obligation marketing.» L’épisode lui vaudra quelques nuits blanches. Seule période d’angoisse dans la glorieuse épopée de la marque, que Quentin Sannié se plaît à raconter. Avec une qualité rare chez les managers : allier ambition et souci du détail, enthousiasme et problèmes concrets, mélange de storytelling et de désarmante sincérité. Tandis qu’il nous parle

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