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Promotion de la filière riz au Bénin Coopération entre les organisations de producteurs béninoises, le distributeur belge Colruyt et l’ONG VECO/Vredeseilanden
Synthèse Septembre 2011 - www.veco-ngo.org
Les paysans sont gagnants
Jo Vandorpe
Léontine Batcho, productrice de riz, ‘Ce projet a complètement changé nos vies en tant que producteurs. Nous gagnons désormais davantage d’argent. Nous disposons d’aliments de meilleure qualité pour la famille. Les enfants vont à l’école.’ Nous allons maintenant vous raconter l’histoire de la relation qu’ont tissée des petits paysans producteurs de riz d’Afrique de l’Ouest avec des dirigeants du secteur agroalimentaire européen, une relation facilitée par un intermédiaire de confiance. La place occupée par le riz au Bénin devient de plus en plus importante. Encore considéré comme un produit de luxe il y a quelques années de cela, le riz est en passe de devenir l’aliment de base journalier d’une grande partie de la population. Face à cette popularité croissante et au déclin rapide des revenus issus de la culture du coton, les terres consacrées à la riziculture ont plus que doublé lors des 15 dernières années, tandis que la production totale a été quasiment multipliée par 5. Le riz constitue désormais la troisième culture la plus importante du Bénin, derrière le sorgho et le maïs. Le pays produit aujourd’hui plus de 34 % du riz qu’il consomme et dispose de la capacité nécessaire pour cultiver et devenir un exportateur net en direction des pays voisins.
L’ONG internationale VECO a initié le programme riz en 2002, afin de stimuler les capacités des producteurs et de leurs organisations pour produire du riz de haute qualité en mesure de concurrence, sur le marché national, le riz importé d’Asie et éventuellement pénétrer le marché de l’exportation. Le but premier du programme consiste à augmenter les revenus des producteurs en améliorant les conditions de culture et en permettant un accès aux marchés modernes et dynamiques. La stimulation de la production locale et le déploiement d’une filière locale efficace aideront également à faire face aux futures crises alimentaires. La production agricole du Bénin est confrontée à d’importants défis internes et externes. La filière agricole nationale est caractérisée par un faible taux de mécanisation, une maîtrise de l’eau déficiente, une indisponibilité des intrants agricoles au moment opportun, une faiblesse du système de transfert de l’innovation technologique, un régime foncier précaire, un support technique insuffisant,
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un manque d’infrastructures de transport et de stockage, une désorganisation des acteurs de la filière et la quasi-absence de financements en faveur de l’agriculture. Les défis externes auxquels sont confrontés les producteurs de riz sont les importations de riz asiatique à bon marché, et notamment l’aide alimentaire du Japon. Ces importations prennent la forme de produits subventionnés et d’une concurrence résolument déloyale. Par le biais d’une analyse et d’une intervention dans la filière, ces défis sont traités de front dans le programme riz de VECO, qui vient en aide aux producteurs de riz et à leurs organisations, dans le département de Collines, depuis 2002. Le programme a donné lieu à des résultats significatifs, y compris : une autosuffisance locale pour les ménages vivant dans les Collines, une augmentation de 50 % de la productivité par hectare, la professionnalisation des organisations de producteurs ayant développé une capacité à exporter, la certification Fair Trade, ainsi
En plus d’être une condition requise pour les exportations, l’amélioration de la qualité du riz constitue un énorme avantage pour les marchés locaux.
qu’une relation positive entre les producteurs et la chaîne belge de supermarchés Colruyt. Un des principaux moteurs du programme, à son début, a été la volonté des producteurs de renoncer à la culture du coton, qui était devenue moins rentable. Comme pour le coton, la plupart des producteurs vendaient leur riz directement auprès de grossistes du Bénin et de pays voisins tels que le Togo, le Niger et le Nigeria. VECO a d’abord apporté son soutien à la vente collective de riz paddy sur les marchés de gros, dans la plaque commerciale de Malanville, à la frontière avec le Niger. Cependant, ce système ne générait aucun avantage en termes de prix, en comparaison avec le marché local, et ne pouvait donc entraîner aucune amélioration de la filière. Cette pratique a été interrompue en 2006, date à laquelle les efforts ont été réorientés vers l’amélioration de la qualité et la transformation au niveau local. Grâce à la coopération entre VECO et Colruyt, la chaîne de supermarchés belges, une quantité supérieure de ressources financières a été investie dans les améliorations de terrain, l’extension du programme à d’autres communes, et l’exploration du marché de l’exportation. En 2005, 5 000 producteurs de riz participaient au programme. En 2009, ils étaient 8 500. Sur la même période, la productivité moyenne a augmenté de plus de 50 %, pour atteindre 3,3 tonnes de paddy / ha. VECO a complété la formation sur le terrain à l’aide de modules sur l’amélioration de la transformation du riz après la récolte. Les installations locales de décorticage se sont progressivement améliorées, grâce à l’aide d’une ESOP (Entreprise de Service aux Organisations des Producteurs) et d’autres initiatives locales. Une expérience locale a été acquise en matière d’étuvage, de contrôle du taux d’humidité du riz, de gestion des variétés, etc., tout ceci ayant d’importantes implications pour la qualité du produit final mesurée en pourcentage de grains de riz brisés.
Amidou Diallo, VECO Afrique de l’Ouest, ‘Le riz exporté en Belgique répond aux normes européennes ; nous pensons que ces normes ouvrent de nouvelles perspectives pour les marchés locaux, notamment dans les villes. Avant, nous ne mangions du riz qu’en période de fête. Peu à peu, il devient notre aliment de base. Tout comme les paysans des bas-fonds, nous pensons que si ce potentiel est exploité, l’agriculture familiale peut aussi bien engranger des bénéfices qu’être durable.’ dans le domaine de la distribution, ainsi que des systèmes de gestion du contrôle qualité.
possibilité d’exporter en direction de l’un des marchés les plus exigeants au monde.
Tout au long du programme, VECO a joué un rôle crucial d’intermédiaire, en cultivant sa capacité sur le terrain à s’entretenir avec les acheteurs et en suscitant chez Colruyt l’intérêt d’investir dans la capacité grandissante du Bénin à produire un riz de haute qualité. Lors d’une visite au Bénin réalisée en 2008, l’acheteur de Colruyt a indiqué qu’il serait possible d’exporter du riz en direction de la Belgique, sous réserve de respecter les strictes normes européennes en matière de sécurité sanitaire des aliments. Colruyt s’est engagé à acheter un volume symbolique de 36 tonnes de riz aux organisations de producteurs de Tchetti et Kpataba, de la commune de Savalou, dans le département des Collines. En l’espace de seulement six ans, ces producteurs sont passés du statut de producteurs de produits de qualité inférieure à celui d’être en mesure de profiter d’une
Le programme riz devait à la fois aider les producteurs à produire du riz répondant aux exigences strictes, mais différentes des marchés local et international. VECO a mené plusieurs études, afin de clarifier les exigences des normes de qualité européennes et les préférences des consommateurs du Bénin et du Niger, ainsi que pour examiner la meilleure manière d’atteindre chaque objectif. Ces recherches ont fourni des indications concernant le choix de la variété de riz la plus adaptée et les mesures à prendre pour obtenir le taux d’humidité requis. Le riz paddy qui est soit trop humide, soit trop sec est plus à même de se briser lors du décorticage. Une humidité excessive favorise la moisissure lors du stockage.
Au fur et à mesure que s’amélioraient la production et la transformation de riz à l’échelle locale, le personnel en charge du programme a été formé aux exigences relatives à l’exportation vers l’exigeant marché de détail que constituait le marché belge. En février 2007, deux Béninois, Hector Kpodonou, employé d’une ONG locale, et Chiaratou Oceni, employée de VECO, se sont rendus en Belgique pour réaliser un stage chez Colruyt, afin de se faire une idée des spécifications
Des essais en champ ultérieurs ont été organisés avec les producteurs de riz, afin de
Katrien Vandevelde
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Sommes-nous naïfs de penser que le soutien au modèle d’agriculture familiale durable est la seule solution pour éradiquer la pauvreté? Jef Colruyt, CEO Colruyt, ‘Je pense en effet que c’est le bon choix. En tant qu’outil de développement, l’agriculture familiale me semble être un bon choix.’
définir un timing adéquat en matière de plantation et de récolte, pour obtenir le taux d’humidité souhaité, des techniques de contrôle de l’érosion du sol et des quantités adaptées d’engrais et de pesticides. Enfin, des normes de production ont été établies afin de respecter l’ensemble des critères de qualité. Ces normes sont clairement énumérées et forment la base du système de contrôle interne instauré en 2009. En plus de satisfaire différentes préférences des consommateurs ainsi que les exigences des marchés, les organisations de producteurs bénéficieraient d’un mécanisme leur permettant de différencier leur produit. Un portefeuille diversifié d’acheteurs locaux et étrangers est essentiel à la durabilité à long terme du programme, raison pour laquelle VECO a proposé le processus de certification Fair Trade, pour une différenciation supplémentaire. Outre un label pouvant être utilisé à des fins de marketing, le processus d’obtention de la certification internationale Fair Trade peut induire d’importants bénéfices conjoints en termes de renforcement
organisationnel, d’autonomisation des producteurs et d’amélioration de la capacité de prise de décisions démocratiques.
statut d’organisations de deuxième degré, le coût de la certification Fair Trade est importante et la procédure est plus lourde que pour les groupements de premier degré : la Fair Trade Labelling Organization (FLO) réalise un audit approfondi afin de vérifier sur le terrain si toutes les conditions sont remplies, si les organisations sont suffisamment indépendantes, si le programme de politique environnementale est en place, etc.
Tout d’abord, Colruyt n’a pas demandé le label Fair Trade. Ce processus peut être long et fastidieux, en plus de rajouter des coûts au système. Néanmoins, le label Fair Trade a été adopté parce qu’il s’accompagne de directives claires, de critères contrôlés de l’extérieur, et parce qu’il fournit une influence supplémentaire sur le marché. Le riz est vendu sous le label privé Collibri, ce qui signifie que 5 % du prix est investi dans des projets éducatifs. Les producteurs de riz béninois profitent également de ces ressources.
Un programme de formation a été conçu pour connaître les opportunités associées à la certification, savoir comment obtenir la certification et augmenter la capacité entrepreneuriale des organisations de producteurs. Ce programme abordait un large éventail de problèmes, tels que l’amélioration de la gestion financière, l’administration, la transparence, la bonne gouvernance de ces organisations, ainsi que l’introduction d’un système de contrôle interne. Des co-investissements supplémentaires ont été réalisés dans les programmes de formation des producteurs, afin d’améliorer la gestion environnementale de leurs cultures, et notamment les opérations de paillage, compostage et l’utilisation des résidus de récolte.
La première étape consistait à réunir des représentants des groupements de Tchetti et de Kpataba pour un programme d’échange avec une organisation de producteurs d’ananas du Bénin, accompagnée par VECO, ayant obtenu la certification Fair Trade. Cette expérience a généré une longue liste de problèmes et de points d’action. En vertu de leur
Pendant ce processus, VECO a également procédé à plusieurs investissements dans des unités mobiles pour les deux organisations de producteurs, afin d’obtenir la qualité requise pour l’exportation et de répondre aux exigences de la FLO : un local d’entreposage, de petites installations d’étuvage, un humidimètre, des balances, des palettes, etc.
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Bernd Fink
Le processus de certification a également exigé des organisations de producteurs qu’elles recueillent une large gamme de documents officiels : certificat d’enregistrement officiel, statuts et règlements, rapports d’activité et comptes-rendus des Assemblées générales des trois dernières années, rapports d’audit, plans d’activité pour les années à venir. VECO a mobilisé l’ensemble de ses ressources humaines disponibles pour aider les organisations de producteurs à satisfaire à ces exigences. Les organisations de producteurs ont reçu leur certification FLO mi 2010 ; cette dernière est valide trois ans : des récoltes 2009-2010 à celles de 2011-2012. En août 2010, Jef Colruyt, PDG de la chaîne de supermarchés, a réalisé une visite au Bénin, accompagné de plusieurs personnes influentes de la presse et de groupes politiques belges, ainsi que d’organisations locales de producteurs. Il s’est agi d’une mission de haut niveau ayant bénéficié d’une importante visibilité, comprenant des réunions avec plusieurs ministres du gouvernement du Bénin et ayant fait l’objet d’une importante couverture médiatique, à la fois dans la presse belge et béninoise Entre temps, 24 premières tonnes de riz ont été envoyées en Belgique. À leur arrivée, ce lot s’avérait contenir davantage d’impuretés que les échantillons préalablement envoyés. Grâce à l’expertise et à la volonté de l’importateur belge, Boost de Merksplas, le riz a pu être purifié à nouveau en Belgique, pour respecter toutes les exigences de qualité et d’innocuité alimentaire.Mieke Vercaeren, Colruyt : « Nous avons organisé un échange avec tous les participants du projet, à notre siège belge. De nombreux collègues ont été impressionnés par le film de Vredeseilanden (VECO), qui montre les vies et les luttes des producteurs locaux. Les témoignages des paysans invités à cette rencontre à notre siège étaient forts et convaincants. Lorsque nous nous sommes rendus dans un supermarché pour leur montrer que leur produit était effectivement en rayon, un frisson a parcouru l’assemblée. C’était extraordinaire d’être associés à leur fierté : la preuve de leur dur labeur était là, devant eux. Dans leur enthousiasme, ils se sont mis à parler à des clients du magasin, les convainquant d’acheter le riz ; avec un sourire irrésistible, ils plaçaient les paquets de riz dans les chariots des clients, en leur disant que c’était du bon riz. »
exportations de produits estampillés Fair Trade est réduit, compte tenu du faible volume. Néanmoins, cela a permis aux producteurs de réaliser certains investissements qui n’auraient autrement pas été possibles, notamment dans des logements de meilleure qualité. Le succès de l’exportation du riz, combinée à l’obtention de la certification FLO sont deux arguments que peuvent invoquer les organisations de producteurs dans leurs efforts de commercialisation en direction des chaînes de supermarchés nationales et d’autres potentiels acheteurs haut de gamme. Les exportations vers la Belgique
ont prouvé qu’un riz de haute qualité peut être produit au Bénin, que les organisations Chris Claes locales peuvent respecter des normes de qualité strictes et qu’il n’y a plus de raison de préférer les importations asiatiques. Veuillez consulter le site internet www. veco-ngo.org pour lire la version en ligne contenant les liens hypertexte vers les entretiens réalisés avec les parties prenantes.
Pourquoi le Groupe Colruyt se focalise-t-il sur les dimensions éthiques et durables? Jef Colruyt, CEO Colruyt, ‘Je pense que c’est obligatoire. Nous devons tenir compte des aspects économiques, sociaux et écologiques de notre activité, et essayer de trouver un équilibre. Cela n’a rien à voir avec un quelconque avantage compétitif ; ce serait le cas si nous étions les premiers à faire cela. Mais, à long terme, il est évident qu’il s’agit de l’option qui doit être naturellement choisie, en plus d’être une nécessité’
À l’heure actuelle, l’impact économique des
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Mieke Vercaeren, coordinateur RSE chez Colruyt, ‘Lors des premières années, nous avons pris le temps de mieux nous connaître par le biais d’un programme d’échange mutuel : notre acheteur est allé découvrir le projet au Bénin, et quelques personnes du Bénin nous ont rendu visite pour découvrir notre manière de travailler, dans le cadre d’un stage. Ils sont rentrés dans leur pays avec une idée claire de ce qui était possible ; cependant, ils ont dû transformer ces connaissances dans leurs pratiques : comment pouvaient-ils répondre à ce processus ? Ultérieurement, le déroulement du projet VECO a commencé à produire ses effets sur notre activité quotidienne. Dès que nous avons décidé d’acheter le premier lot, l’intégralité du mécanisme interne de contrôle qualité, d’emballage et de marketing est entré en marche. De nombreux collègues se sont impliqués et se sont intéressés à ce projet Collibri, qui prenait vie dans l’entreprise. Il est vite devenu clair que ce produit était atypique à biens des égards. Bien que nous nous soyons engagés à vendre le riz, le choix du produit n’avait pas suivi les flux normaux de la demande du consommateur belge. Le riz africain est un produit complètement nouveau pour le consommateur belge. La plupart de ces produits « exotiques » disposent de caractéristiques ou de goûts spécifiques. Bien que ce riz colle un petit peu, il peut être utilisé pour cuisiner les plats normaux à base de riz : mais comment expliquer ceci à nos clients ?’
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Promotion de la filière riz au Bénin Coopération entre les organisations de producteurs béninoises, le distributeur belge Colruyt et l’ONG VECO/Vredeseilanden
Etude de cas complète
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Bernd Fink
1. Introduction En août 2010, 24 tonnes de riz estampillé Fair Trade produit par des organisations de petits producteurs du Bénin ont été exportées à l’intention du distributeur belge Colruyt. Cette initiative a stimulé la qualité de la production et de la transformation locales de riz et révèle qu’il existe de bonnes chances d’améliorer les ventes sur les marchés locaux du Bénin. Nous sommes entrés en contact avec l’ONG belge VECO à l’occasion d’un projet sur le bois de teck en Indonésie », indique Koen De Maesschalck, responsable RSE et relations publiques chez Colruyt lorsque le projet riz a débuté au Bénin. « Nous voulions en savoir plus les uns des autres, et nous avons trouvé une nouvelle opportunité, au Bénin, de créer un partenariat conjoint avec les organisations de producteurs béninois. Ils voulaient produire et vendre un riz de meilleure qualité, et VECO recherchait un partenaire expérimenté pour l’aider à faciliter ce processus. Colruyt souhaitait explorer comment améliorer la durabilité de nos pratiques d’achats. Nous avons découvert que nous ne proposions pas seulement une expertise et des financements : nous ouvrons également les portes de notre entreprise, en proposant par exemple un stage à deux personnes du Bénin. Mieke Lateir, VECO Belgique: ‘Avec l’aide de Colruyt, nous avons examiné comment renforcer les organisations de producteurs et comment améliorer la qualité de leur riz. Des rendements supérieurs et un riz de
meilleure qualité sont bénéfiques pour les disponibilités alimentaires nationales, en plus de générer une augmentation des revenus des producteurs et de leurs familles. Afin de concurrencer le riz bon marché en provenance d’Asie, la qualité du riz devait réellement être augmentée. Ceci a été un véritable défi. Avant le commencement du projet, les producteurs avaient peu d’expérience dans la culture du riz, et encore moins en ce qui concerne les normes de qualité des marchés modernes. Dès le début, nous voulions exporter un volume symbolique vers la Belgique. Il reste encore beaucoup de chemin à accomplir sur ce parcours semé d’embûches, mais les perspectives sont fascinantes et motivantes.‘ Dènanssé Dossou, membre du groupement AYIDOTE de l’organisation de producteurs de Kpataba: ‘Dans ma famille, nous ne nous nourrissons que de riz que nous cultivons nous-mêmes. Dans ce village, il est rare de trouver des personnes qui continuent de consommer du riz importé. Il y a environ dix ans, avant le Nouvel An, des fourgons venaient décharger du riz importé pour nourrir le village. Ces dernières années, cependant, pas un seul sac de riz importé n’a été apporté au village pour les vacances de fin d’année, parce que nous consommons tous du riz local. Le riz n’est plus un aliment réservé aux occasions spéciales, comme c’était le cas par le passé. Il occupe désormais une place bien particulière dans notre régime quotidien. Grâce à l’expérience du commerce équitable, nous mangeons désormais un riz de très bonne qualité.’ Frank Todekin, secrétaire général de l’organisation de producteurs de Kpataba: ‘Avant, nous mangions du riz une fois par
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an, le Premier de l’an. Aujourd’hui, c’est tous les jours une célébration ! Nos enfants ont maintenant assez de riz à manger tous les jours !’ Mieke Vercaeren, Colruyt: ‘Lorsque nous nous sommes rendus dans un supermarché pour leur montrer que leur produit était effectivement en rayon, un frisson a parcouru l’assemblée. C’était extraordinaire d’être associés à cette fierté : la preuve de leur dur labeur était là, juste devant eux. Dans leur enthousiasme, ils se sont mis à parler à des clients du magasin, les convainquant d’acheter le riz ; avec un sourire irrésistible, ils plaçaient les paquets de riz dans les chariots des clients, en leur disant que c’était du bon riz.’ Léopold Lokossou, président de la Fédération des unions de producteurs du Bénin: ‘Ce projet montre que la petite agriculture familiale a un futur au Bénin et que nous pouvons améliorer la durabilité par la pratique. À long terme, il ne fait aucun doute que le Bénin sera en mesure de produire une quantité suffisante de riz pour sa consommation intérieure. C’est ainsi que nous entendons vaincre la pauvreté. Par le passé, il existait un écart important entre l’investissement et la production. Grâce à ce projet, les investissements des producteurs sont désormais plus rentables. Merci au Groupe Colruyt pour ses efforts.’
2. Le commencement du programme riz de VECO au Bénin. L’objectif de ce programme est de renforcer les capacités des producteurs de riz et de leurs organisations afin qu’ils puissent produire du riz de qualité, en mesure de concurrencer le riz importé d’Asie, attrayant et séduisant aux yeux de la population béninoise. L’objectif du programme consiste aussi à augmenter les revenus des producteurs en améliorant leur accès aux marchés modernes et dynamiques. La stimulation de la production locale et l’introduction d’une filière efficace permettent d’anticiper de futures crises alimentaires et de contribuer à réduire la pauvreté. Le programme VECO vise à améliorer les méthodes de production, en facilitant l’accès aux intrants agricoles et en investissant dans la transformation, le perfectionnement de la qualité et la commercialisation. Le programme a débuté en 2002 dans le département central des Collines, au Bénin. 90 % de la population de cette région travaille dans l’agriculture sur des parcelles de 0,5 à 1,5 ha par famille détenues par de petites exploitations familiales. Ces familles gagnent en
Encadré 1: Brève présentation de Vredeseilanden (VECO) Vredeseilanden (VECO) est une ONG internationale basée en Belgique, dotée de 40 ans d’expérience dans le domaine du développement de l’agriculture durable ; elle est réputée pour son expertise en agriculture durable et pour ses efforts de renforcement des organisations de producteurs. Le principal objectif actuel de VECO consiste à développer des filières agricoles durables, de l’échelon local à l’échelon mondial. Nous réalisons des programmes par l’intermédiaire de huit bureaux régionaux, en partenariat avec des groupements de producteurs organisés, des ONG, des instituts de recherche,
moyenne moins d’un dollar par jour. Dans cette région, la tradition veut que les riziculteurs fournissent individuellement leurs produits aux négociants locaux. Les grossistes des marchés de Glazoué, Savalou et Anié (Togo) se déplaçaient de village en village pour recueillir les stocks de riz paddy. Les négociants dictaient le prix de vente, et les producteurs ne disposaient de peu, voire d’aucun pouvoir de négociation. Il existait peu d’incitation commerciale à améliorer la qualité du riz. Lors des 2 premières années du projet (20022003), VECO s’est focalisée sur l’amélioration de la qualité du produit et l’instauration d’un système interne de contrôle qualité. Les défis inhérents à cette période ont
des organismes publics et des acteurs du secteur privé (négociants, transformateurs, grossistes) dans 20 pays différents. Nous jouons un rôle de facilitation entre les diverses parties prenantes, afin de développer des stratégies conjointes, à partir d’une analyse et d’un suivi précis des marchés et des goulets d’étranglement. Notre objectif est d’améliorer le fonctionnement et d’augmenter les bénéfices de l’ensemble des maillons de cette chaîne, notamment pour améliorer les moyens de subsistance des producteurs et, au-delà de la filière, pour créer un environnement politique plus favorable.
mené VECO à demander des financements, ainsi qu’un soutien technique au Groupe de supermarchés Colruyt. En 2003, les premières mesures ont été prises avec les groupements de producteurs de la commune de Savalou, afin d’améliorer la qualité du riz. Les premières actions consistaient à réaliser des contrôles qualité visuels et à mettre en place un système de traçabilité simple, en inscrivant le nom du producteur sur chaque sac de riz. Les expériences en termes de marketing et d’amélioration de la qualité réalisées sur le riz par les groupements de producteurs de Tchetti ont connu des débuts difficiles lors des deux premières années. La situation s’est améliorée lorsque VECO et la chaîne de supermarchés belges Colruyt ont investi davantage de fonds pour améliorer la mise
Chris Claes
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en œuvre du plan d’action dans le groupement de producteurs de Tchetti.
Jelle Goossens
En 2004-2005, le programme s’est accéléré et a été étendu à trois communes , également situées dans le département des Collines. La coopération a aussi été initiée entre les différents groupements de producteurs des communes. En 2005, 5 000 riziculteurs ont été intégrés au programme. En 2009, ils étaient 8 500, disséminés sur cinq communes du département des Collines. En 2005, les producteurs détenaient une superficie totale de 832 ha de rizières ; en 2009, cette superficie a atteint les 9 500 ha, en raison du plus grand nombre de producteurs ayant rejoint le programme et des interventions réalisées dans le cadre du programme. La productivité moyenne par hectare est passée de 2 tonnes / ha en 2003 à 3,3 tonnes/ ha en 2009.
Encadré 2: L’importance du riz au Bénin En comparaison avec les autres pays d’Afrique de l’Ouest, le Bénin n’a pas une longue tradition de culture du riz. Jusqu’en 1995, la production nationale annuelle de riz ne dépassait pas les 20 000 tonnes, et le riz n’était consommé que pendant les vacances ou lors de cérémonies spécifiques. Ces vingt dernières années, il est devenu l’un des principaux aliments de base, en raison notamment des grandes quantités de riz bon marché importées d’Asie . Depuis 1996, la production nationale a également considérablement augmenté, passant de 22 259 tonnes à 151 604 tonnes, pour la saison 2009-2010 (voir le tableau de l’Annexe 1). Le riz occupe désormais la troisième place au rang des cultures produites, derrière le sorgho et le maïs. Il s’agit d’un aliment nourrissant, moins difficile à préparer que la plupart des autres céréales, et au prix plus abordable pour la plupart de la population. Depuis une dizaine d’années, on note un regain d’intérêt, à la fois de la part du Gouvernement et des bailleurs, en faveur de la culture du riz. L’engouement des producteurs s’explique par le spectaculaire déclin des revenus issus de la filière coton, obligeant les producteurs béninois à s’intéresser à d’autres filières productives, et par la récente crise alimentaire de 2008. Dans ce contexte, le riz semble être une filière capable non seulement de garantir la sécurité alimentaire des producteurs, mais aussi d’élever leur niveau de revenus et leurs conditions de vie. Le Bénin a pour but ultime de devenir un exportateur net de riz en direction des pays voisins. Le pays dispose d’un potentiel de 322 000 hectares de terres adaptées à la riziculture , dont
205 000 ha de bas-fonds et 117 000 ha des plaines inondables. . À l’heure actuelle, seuls 33 294 ha de ces potentielles terres rizicoles sont utilisés (voir l’Annexe 1). Ceci permettrait au pays de couvrir 70 % de sa consommation de riz nationale d’ici quelques années, contre un pourcentage actuel de 34 %. Le gouvernement du Bénin espère même exporter un excédent de riz vers d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Cependant, l’appareil de production béninois, marqué par la prépondérance de l’agriculture, est caractérisé par la non-mécanisation, une maîtrise de l’eau déficiente, une indisponibilité des intrants agricoles au moment opportun, une faiblesse du système de transfert des innovations technologiques, une insécurité foncière, un encadrement technique insuffisant, un manque d’infrastructures de développement économique (transport, stockage, etc.), une insuffisance dans l’organisation des acteurs de la filière, ainsi que l’absence quasi totale de financements des activités de production. Tous ces éléments représentent des obstacles majeurs à la production, à la productivité et à la compétitivité des produits agricoles béninois, et notamment du riz. La productivité est passée de 2,1 tonnes / ha en 2000 à 3,28 lors de la saison 2008-2009 (voir l’Annexe 1). La concurrence des importations massives de riz asiatique et de l’aide japonaise complique l’écoulement du riz local . Les grandes quantités de riz importées d’Asie sont un obstacle au développement de la production nationale, les consommateurs tendant à préférer le riz asiatique au riz local. Le riz asiatique n’est pas toujours meilleur marché , mais il bénéficie d’un conditionnement attractif et a gagné les
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faveurs du consommateur béninois. Le riz japonais étant importé sous la forme d’aide alimentaire, il constitue également une concurrence déloyale . Les chiffres de l’importation et de l’exportation de riz donnent une fausse idée de la situation du Bénin, à moins de les ajuster pour tenir compte des grands volumes importés d’Asie puis exportés clandestinement vers le Nigeria, afin d’éviter les droits à l’importation . Afin de promouvoir à la fois la production et la consommation de riz local, le gouvernement béninois a fixé un prix d’achat pour le riz paddy local de 160 CFA/kg, et abaissé le prix du riz long grain local de 600 CFA à environ 350 CFA par kg. Cette réduction des prix s’explique également par un faible intérêt de la population pour le riz long grain local, les Béninois préférant le riz asiatique importé, malgré son coût supérieur (entre 470 et 500 FCFA). Ce riz dispose en effet d’un conditionnement attractif, il est perçu comme un gage de qualité et représente également une sorte de symbole du statut social. À l’heure actuelle, 14 millions de tonnes de riz sont produites en Afrique subsaharienne, ce qui représente 60 % de la consommation totale. Les 40 % restants sont importés des pays asiatiques. Il existe un potentiel inexploité considérable pour la production de riz à l’échelle régionale. La stimulation de la production locale et la mise en œuvre d’une chaîne de valeur efficace permettront d’anticiper de futures crises alimentaires et de contribuer à réduire la pauvreté.
Encadré 3: La situation des organisations de producteurs de riz au Bénin Le Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin (CCR-B) est l’organisation faîtière nationale de riziculteurs du Bénin. Il a été officiellement créé en mai 2006 par les six unions régionales de riziculteurs (URR). En termes de structuration, chaque union régionale est constituée d’unions communales de riziculteurs (UCR). Une soixantaine d’UCR sont membres du CCR-B, à travers leurs unions régionales. Les unions communales se composent de groupements de producteurs de riz. Depuis les groupements jusqu’au niveau national, chaque organisation dispose pour son fonctionnement d’un conseil d’administration dirigé par un bureau exécutif. Depuis 2009, le CCR-B est activement impliqué dans la conception et la mise en œuvre de projets de développement, ainsi que dans la recherche de financements. Depuis mars 2010, le CCR-B a entrepris un recensement général des riziculteurs du Bénin. Ce recensement devrait permettre de connaître les organisations de producteurs de riz du Bénin, depuis le niveau des groupements villageois. Il permettra d’avoir une
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Dassa, Glazoué, Savé LDLD (Levier pour le Développement Local Durable), CASTOR, RABEMA (Recherche Action pour le Bien être des Masses rurales) et UN MONDE. Les Écoles pratiques d’agriculture (Farmers Field School) constituent une approche de vulgarisation des méthodes de gestion du riz utilisées par ces structures. Les expériences sont réalisées sur une parcelle de démonstration, sur laquelle viennent travailler des représentants de chaque groupement, qui partagent les expériences accumulées à leur retour. Des expériences ont donc été menées avec des producteurs sur la gestion de base des terres basses, le semis en ligne, les taux d’ensemencement, les doses d’engrais à appliquer, la protection des cultures contre
idée précise du nombre de groupements par union communale de riziculteurs, afin d’examiner les stratégies à développer pour mieux les structurer. Le CCR-B est impliqué dans des actions de plaidoyer pour la protection du riz local contre les importations massives, qui empêchent le développement de la production locale. Le CCR-B a contribué à l’élaboration de deux documents essentiels pour la filière riz. Il a joué un rôle actif dans le développement du Plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) et de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) au Bénin. Cette participation a permis d’obtenir une plus grande implication du CCR-B dans la mise en œuvre de la stratégie. L’accent a notamment été mis sur le rôle du CCR-B dans la mise à disposition des intrants (notamment les semences et les engrais) et la formation au renforcement des capacités techniques et organisationnelles des riziculteurs. Ces activités de plaidoyer sont menées avec l’appui technique et financier de l’ONG belge VECO.
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les ravageurs, la récolte, le battage et le vannage. En 2009, près de 550 000 tonnes de riz ont été importées, dont environ 100 000 étaient destinées à la consommation locale. La plupart ont été exportées, en grande partie clandestinement, en direction du Nigeria. http://www.tradingeconomics.com/benin/arable-land-hectares-wb-data.html http://www.lemaghrebdz.com/lire.php?id=19567 http://www.lanouvelletribune.info/index. php?option=com_content&view=article&id=6736:p lus-de-160000-tonnes-de-riz-invendu-yayi-appele-ausecours&catid=26:vie-societale&Itemid=77 Pour comparer les prix du riz local et du riz importé, veuillez
Le programme de riz comprend l’amélioration des techniques de production et de la qualité, ainsi que la mise en œuvre de deux installations locales de décorticage. Les riziculteurs ont augmenté leurs revenus en stockant les sacs de riz dès la récolte, en décembre, jusqu’au mois d’avril suivant, quand le prix est nettement supérieur. Le programme a été développé conjointement par quatre ONG locales financées par VECO . Cette dernière a assumé le rôle de facilitateur principal du processus. L’une des méthodes utilisées était l’École pratique d’agriculture. Depuis 2005, les groupements de producteurs se sont positionnés de manière plus indépendante par rapport aux ONG locales. Pendant cette période, il n’a pas été possible d’établir une intense collaboration avec l’UNIRIZ-C, l’organisation faîtière de riziculteurs du centre du Bénin. Cependant, cette dernière ouvre de nombreuses portes envers les autorités publiques, raison pour laquelle les groupements locaux continuent d’essayer de conserver cette relation.
(9) (10)
consulter le lien http://www.resimao.org/html/fr/Benin/home http://crrmc.ilemi.net/spip.php?article33 D’importantes quantités de riz asiatique sont illégalement exportées au Nigeria, ce qui prive le pays d’une importante source de revenus découlant des droits à l’importation et empêche également le démarrage d’une production de riz locale dans ce pays. Selon les estimations, en 2009-2010, près de la moitié des importations nigérianes de riz, soit environ 1,6 million de tonnes, sont entrées clandestinement dans le pays (http:// gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Rice%20 Trade%20-%20Quarterly_Lagos_Nigeria_2-16-2010.pdf)
Chris Claes
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vendre leur riz, ainsi qu’à leur impact sur le choix de la variété et la transformation.
Premières étapes dans l’augmentation de la transformation du riz
Lily Deforce
Explorer de nouveaux marchés Suite à l’effondrement des ventes de coton, depuis 2004, les producteurs des 6 communes du département des Collines se sont efforcés d’augmenter leurs revenus, en vendant du riz aux pays voisins que sont le Niger et le Nigeria. La ville frontalière de Malanville, située à 600 km de là, est un marché de transit pour les ventes en direction du Niger et du Nigeria. Par le passé, les producteurs y vendaient leur coton, sur lequel le riz a désormais pris le pas. Les groupements de producteurs locaux organisent la collecte des sacs de riz entre leurs membres, et le transportent pour le vendre à Malanville. La valeur ajoutée qu’en retirent les producteurs est insignifiante en comparaison avec les prix du marché local, notamment une fois pris en compte les frais de transport et d’organisation. Cependant, le marché de Malanville
peut absorber de plus importants volumes. Le Tableau 1 montre l’évolution du prix des ventes groupées de riz paddy sur la période 2004 - 2008. La vente a eu lieu à Malanville en 2004 et 2005, mais n’a plus été rentable à partir de 2006. VECO a ensuite organisé une mission au Nigeria avec les organisations de producteurs, afin de comprendre pourquoi leur riz ne se vendait plus. Dans les installations de stockage, ils ont trouvé des sacs de riz invendus de l’année précédente. Afin de mieux connaître les préférences des consommateurs du Nigeria en termes de qualité, les producteurs ont mené des enquêtes sur les marchés, auprès des vendeurs, des grands détaillants, voire des clients. C’est ainsi qu’ils ont découvert que leur variété de riz, le Béris, ne permettait pas de préparer la pâte de riz traditionnelle. Après cette visite, les groupements de producteurs ont commencé à réfléchir de manière plus systématique aux préférences des consommateurs des régions dans lesquelles ils espéraient
Tableau 1 : Évolution du prix des ventes groupées de riz paddy entre 2004 et 2008 Année Marché 2004 2005 2006 2007 2008
Malanville Malanville Glazoué ESOP Marchés locaux** ESOP Marchés locaux
Prix de vente / Kg de paddy (en FCFA) 131,25 150 139,58 -
Prix net / Kg de paddy* (en FCFA) 112,5 131,25 128,75 110 70,80 130 -
* Prix de vente net = Prix de vente – coûts de transport et impôts ** Marchés locaux : Glazoué, Savalou, Tchetti et Anié (Togo) Source : Enquête de terrain, janvier 2011
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Afin d’augmenter les revenus des producteurs, VECO, conjointement aux organisations de riziculteurs, a examiné la possibilité d’améliorer la transformation du riz. L’objectif consistait à réduire la quantité de grains brisés, ainsi que les impuretés telles que les cailloux, les restes d’insectes, les grains de riz non décortiqués et les taches noires. Le décorticage, principale opération de transformation du riz réalisée dans la région, est accompli manuellement et mécaniquement. En ce qui concerne le décorticage manuel, les producteurs ont recours à un mortier et un pilon. Cette activité est assurée par les femmes et porte principalement sur le riz destiné à l’autoconsommation. Cependant, suite à l’installation de plusieurs installations de décorticage à Glazoué, Savalou et Tchetti, les producteurs ont pris l’habitude de procéder à un décorticage mécanique (après l’étuvage), qui a pris le pas sur le processus manuel. Pour réduire le taux de brisure, les transformatrices étuvent le riz avant le décorticage. Certaines femmes se sont spécialisées dans cette activité, pour mettre le riz à disposition des marchés locaux. Initialement, les groupements de producteurs et VECO ont tenté de trouver une installation de transformation mobile susceptible d’être utilisée dans les villages. Cela s’est avéré impossible. Deux machines fixes, importées du Vietnam par des contacts de VECO, ont ensuite été testées. La gestion de ces dispositifs a été confiée à deux négociants en riz, également riziculteurs. Cette décision a été précédée d’âpres discussions : • Les ONG locales auraient souhaité gérer les installations, ce qu’avaient refusé les groupes de producteurs et la commune, pensant que les ONG étaient incapables de susciter la dynamique locale tout en participant également aux activités de vente. De plus, les ONG locales ne disposaient
d’aucune tradition d’entreprenariat. • Les groupements de producteurs locaux souffraient encore de capacités de gestion insuffisantes. Aucun des deux négociants locaux n’avait la capacité d’investir seuls dans une installation. VECO a fourni une garantie et un établissement de crédit a été contacté pour apporter son aide. Des dispositions furent prises pour garantir que tous les riziculteurs soient en mesure de décortiquer leur riz à l’aide de ces machines. L’objectif consistait à faire en sorte que l’établissement de crédit octroie des prêts supplémentaires pour de nouvelles machines dans d’autres régions, une fois le capital remboursé. Cependant, cette étape n’a jamais été atteinte, les résultats n’ayant pas été entièrement positifs. Leçons tirées de l’utilisation des deux machines : • Le décorticage du riz devrait tenir compte de l’humidité des grains de riz ; le moment où intervient la récolte est donc très important : le riz doit avoir été suffisamment séché dans le champ. Le riz qui est soit trop sec ou trop humide produit un pourcentage de grains brisés excessif.
Chris Claes
Tableau 2 : principales étapes de l’histoire de la production de riz à Savalou.
• Le fort pourcentage de riz brisé est également dû au décorticage simultané de différentes variétés, dont la taille et la largeur du grain varient. Lorsque les grains sont plus homogènes, l’on constate un taux de brisure inférieur lors du décorticage. Le prix de vente des sacs de riz dont la taille de grain est homogène et dépourvus de toute impureté est plus élevé. En 2007, une nouvelle entreprise de décorticage a été créée dans la région, dans la commune de Savalou, par une ESOP (Entreprise de Service aux Organisations des Producteurs). En comparaison avec l’ensemble des autres structures d’appui, l’ESOP a la particularité d’être une entreprise commerciale, qui transforme et vend le riz décortiqué. L’ESOP assure elle-même le transport des stocks de paddy achetés dans chaque village vers son usine. Les producteurs ne sont responsables que du transport du paddy du champ au village. L’ESOP vient en aide aux producteurs en leur garantissant la fourniture de matières premières à un prix compétitif. Elle les forme aux techniques de production du riz et leur facilite l’accès aux semences et aux engrais. Afin de garantir le volume de riz paddy leur étant fourni par les producteurs, l’ESOP a
Period
Stage
Characteristics
Avant 1995
Absence de structure d’appui ; - Utilisation de variétés traditionnelles Aucune maîtrise des techniques - Culture vivrière du riz modernes de production
1995 à 2008
Apparition de structures d’appui ; - Promotion de variétés de riz Difficultés liées à l’accès au marché améliorées et prix non rémunérateurs pour les - Appui à l’accès aux intrants (semences producteurs et engrais) - Formation générale aux techniques modernes de production du riz - Organisation des producteurs en organisations locales de riziculteurs et en Unions Communales de Riziculteurs (UCR) - Commercialisation du riz paddy par les producteurs - Appui aux producteurs pour la mise en marché collective du paddy - Organisation de la vente collective d’une partie de la production sur le marché de Malanville - Introduction, par l’ESOP, de contrats de production avec les producteurs - Introduction progressive du riz dans les habitudes alimentaires locales
2008 à 2010
Introduction du projet expérimen- - Certification des OP de Tchetti et Kpataba tal VECO sur le commerce équitable - Riz de meilleure qualité - Vente du riz à Colruyt (Belgique) - Installation d’unités de transformation de plus en plus performantes
Source : Field data11 Capitalization study of positive experiences in family farms: the case of the experimental project on fair trade in the rice (11)
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sector in the Collines department in Benin, Prof. Rigobert Cocou TOSSOU, January 2011
introduit des engagements contractuels dans ses relations avec les producteurs. Ce contrat stipule la quantité de paddy devant être fournie par chaque producteur, le prix de vente, la fourniture d’intrants (semences et engrais), ainsi que les normes de production. L’approche globale du programme ESOP consiste à moderniser les opérations d’agriculture familiale en garantissant l’accès au marché, en ciblant les marchés urbains locaux et en établissant une coopération durable entre deux dynamiques complémentaires : les organisations de producteurs et les entreprises de services. En 2008, par exemple, l’ESOP a payé des prix bien meilleurs que les marchés locaux (voir Tableau 1). Les impacts positifs du programme pour les producteurs, jusqu’en 2008, sont importants : de meilleurs prix et un meilleur accès aux intrants pour les producteurs, un taux de brisure inférieur et moins d’impuretés. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour concurrencer le riz asiatique importé. Le pourcentage de riz brisé dans les installations de l’ESOP locale est encore relativement élevé, et les volumes que l’ESOP peut traiter sont limités. C’est la raison pour laquelle le gouvernement béninois a investi dans deux grandes usines modernes de transformation du riz, construites en 2010, l’une au Nord du Bénin et l’autre dans le département des Collines. Ceci fournit de nouvelles
perspectives importantes pour répondre aux exigences de qualité des marchés modernes. D’une façon générale, trois phases peuvent être distinguées dans le développement de la filière riz dans la région de Savalou (voir le Tableau 2).
3. Des perspectives de nouveaux débouchés dans la région grâce à un détour par l’Europe Depuis 2006, VECO s’est particulièrement concentrée sur l’amélioration de la production de riz, conjointement à deux importantes organisations de producteurs locaux de la commune de Savalou : les organisations de producteurs de Kpataba et de Tchetti. Colruyt a continué à apporter ses financements et a communiqué sur ce sujet auprès de ses clients belges . Ces deux organisations comptent environ 380 membres, répartis dans 16 groupements locaux. Un appui quotidien était toujours fourni par quatre ONG de services . Bien que VECO souhaitait
également impliquer l’UNIRIZ-C, l’organisation faîtière de producteurs dans deux départements, malheureusement, le conflit interne au sein de cette dernière continuait de paralyser les relations avec les groupements de producteurs locaux. En février 2007, deux Béninois, Hector Kpodonou, employé de l’ONG locale ‘Un Monde’, et Chiaratou Oceni, employée de VECO, se sont rendus en Belgique pour réaliser un stage chez Colruyt, afin de se faire une idée des spécifications dans le domaine de la distribution, ainsi que des systèmes de gestion du contrôle qualité. Suite à la coopération entre VECO et Colruyt, et après discussion avec les organisations de producteurs, l’idée est née d’exporter un volume symbolique de riz vers les supermarchés Colruyt de Belgique. L’objectif était de rehausser le respect et l’appréciation des consommateurs béninois envers le riz local, en comparaison avec le riz asiatique, bien mieux considéré. Ceci a exigé une nette amélioration de la qualité. Richie De Jong, acheteur de riz chez Colruyt, a également observé cette tendance, lors d’une visite de travail effectuée en 2008. Son évaluation de la situation était positive, bien qu’il ait conclu qu’un travail important serait nécessaire pour atteindre la qualité nécessaire pour répondre aux normes européennes strictes en matière de sécurité sanitaire des aliments, ainsi qu’aux préférences des consommateurs belges. Colruyt s’est engagée à acheter 36 tonnes de riz auprès des organisations de producteurs de Tchetti et Kpataba, ainsi qu’à leur fournir un support technique. Richie De Jong, Colruyt, responsable achat riz : « J’ai été étonné de voir à quel point, en l’espace de quelques années, les organisations de producteurs étaient parvenues à améliorer leur structuration interne, du niveau local au niveau national. Je me souviens particulièrement de l’atmosphère positive et de leur forte motivation et croyance que ces nouvelles structures leur avaient permis d’augmenter leurs revenus et d’améliorer leurs moyens de subsistance. Ceci n’est pas uniquement dû à VECO, mais ils y ont certainement contribué. En tant que représentants de Colruyt, nous avons dû insister sur le fait que nous soutenons ce projet, mais qu’il leur incombait de faire le plus gros du travail, et que l’objectif premier de Colruyt n’est pas d’acheter du riz ! » http://www.collibrifoundation.com/collibri/static/fr/projet_ Benin.shtml#readmore (13) Rabemar, LDLD, Un Monde et Castor (12)
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Katrien Vandevelde
Travailler à améliorer la qualité Afin de satisfaire aux exigences de qualité européennes, une étude a été conduite afin d’identifier les domaines et les modalités d’amélioration. La faisabilité d’une certification Fair Trade a également été examinée. En raison de contraintes budgétaires, aucune analyse des capacités des organisations de producteurs n’a été menée pour favoriser le processus d’amélioration de la qualité. Une autre étude a examiné les préférences des consommateurs béninois et nigériens en termes de qualité, afin que les efforts déployés profitent également au marché régional. Ces études ont principalement fourni des indications concernant le choix des variétés de riz (voir Encadré 4) et le taux d’humidité. Le riz trop humide ou trop sec est plus sujet à la rupture au décorticage. Le riz trop humide génère des moisissures pendant le stockage. Il est important de surveiller attentivement le taux d’humidité du riz dans le champ et de le récolter au bon moment. Dans la pratique, il peut être difficile, pour
les riziculteurs, d’y accorder suffisamment d’intérêt, dans la mesure où ils doivent également assurer le suivi d’autres cultures. À partir des résultats de ces études, deux essais techniques ont été réalisés auprès de producteurs de riz. Ces tests ont permis de connaître de manière plus précise quel était le meilleur moment pour procéder à la plantation et la récolte, afin d’obtenir le taux d’humidité souhaité. Des techniques ont
également pu être développées pour contrôler l’érosion du sol et définir les quantités d’engrais et de pesticides adaptées. Au vu des résultats des essais, des normes de production ont été définies, afin de répondre à l’ensemble des critères de qualité. Ces normes sont répertoriées dans l’Annexe 2. Ce tableau sert de base au système de contrôle internet instauré en 2009.
Faustin Atomabey, Secrétaire général de l’Union Communale des Riziculteurs de Savalou. ‘Nos méthodes traditionnelles ne produisaient pas un riz étuvé de bonne qualité. Grâce à l’aide apportée par les ONG (formation, équipements, etc.), cette qualité a été augmentée. Nous avons également amélioré les techniques de production pour la maîtrise de l’eau, le semis… Par le passé, nous ne savions rien de la qualité de nos semences. Tout ceci a contribué à la rentabilité globale, et convaincu davantage de producteurs de nous rejoindre pour cultiver du riz.’ Quality analysis: ‘Elaboration of an action plan on the improvement of the quality of rice from Collines, Monhouanou, Jean Dansou, August 2007, financed by the Trade for Development Center http://www.befair.be/en/articles/www-befair-be/homepage.cfm
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photo Colruyt
Encadré 4: Choix de la variété de riz pour l’exportation La chaîne de supermarchés belges Colruyt dispose de différents types d’exigences qualité pour le riz qu’elle achète : i) Examen du riz à son arrivée, avant son déchargement du conteneur • Humidité < 15 % (pour éviter la formation de mycotoxine) • Grains brisés < 5 % (pourcentage ultérieurement relevé à 15 %) • Impuretés – corps étrangers < 0,1 %, grains verts < 3 % • Insectes (vivants ou morts) = 0 % • Goût (~ variété de riz) • Résidus de produits phytopharmaceutiques interdits = 0 • Métaux lourds : en deçà des normes applicables • Rapport longueur / largeur du grain > 3 (= riz long grain) ii) Exigences applicables aux fournisseurs : HACCP ou BRC (y compris HACCP) ou IFS iii) Respect des législations belge et européenne concernant l’utilisation des pesticides, des herbicides (liste des substances
interdites) et les résidus - www.fytoweb. fgov.be Trois variétés de riz utilisées dans la région peuvent répondre aux exigences de Colruyt : IR 841, Tox Long et Nerica 3. Ces trois variétés ont fait l’objet de tests de goût par Colruyt. Deux variétés ont passé les tests avec succès : IR 841 et Nerica 3. Les organisations de producteurs ont finalement choisi la variété IR 841 parce qu’elle bénéficiait du rendement le plus élevé à l’échelle locale, et parce qu’elle était connue et appréciée des consommateurs de la région. Dans cette région du Bénin, il est habituel de planter différentes variétés de riz afin d’étaler les risques de maladies, d’attaques de ravageurs, les périodes de sècheresse ou les inondations. Cette pratique de gestion des risques constitue une composante de la durabilité économique et environnementale, et peut subir la pression des exigences de qualité des marchés modernes et des préférences des consommateurs des différents marchés cibles.
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Le long chemin pour obtenir le label Fair Trade VECO a pensé important que le riz importé du Bénin obtienne le label Fair. Selon VECO, le label Fair Trade s’accompagne des garanties les plus larges pour les organisations de producteurs (garanties d’un prix minimum pour les producteurs, renforcement des capacités organisationnelles des organisations de producteurs, etc.) Le concept de commerce équitable était inconnu des groupements de producteurs locaux. En 2008, des représentants des groupements de Tchetti et de Kpataba ont participé à un programme d’échange avec une organisation de producteurs d’ananas au Bénin (Union des Groupements de Producteurs d’Ananas de Toffo - UGPAT) ayant reçu un accompagnement de la part de VECO, et ayant déjà obtenu le label Fair Trade. Après leur visite, les participants, aidés d’un collaborateur de VECO, ont dressé une liste des problèmes et des points d’action. Ceci a servi de base à un programme de formation conçu pour sensibiliser sur les
opportunités liées au label Fair Trade, savoir comment obtenir ce dernier et augmenter la capacité entrepreneuriale des organisations de producteurs (voir Encadré 5). VECO a contacté la Fair Trade Labelling Organization (FLO) afin de pouvoir fixer un prix minimum pour le riz, au-dessous duquel le riz ne saurait être acheté. Les organisations de producteurs ne pourraient demander le label Fair Trade une fois ce prix minimum défini.
Encadré 5 : Contenu du programme de formation pour l’obtention du label Fair Trade et le renforcement des compétences entrepreneuriales des organisations de producteurs : • Formation en gestion financière et administrative ; • Appui / accompagnement de la dynamique organisationnelle, de la gestion administrative et financière des OP ; • Appui à l’organisation et au déroulement des Assemblées générales des différentes OP ; Organisation de deux ateliers de réflexion pour la relance du fonctionnement des organes ; • Formation des membres du comité de contrôle sur le Système de Contrôle Interne (SCI) ; • Formation sur les normes de marché et la qualité du riz ; • Sensibilisation sur les exigences du commerce équitable, notamment sur les critères de transparence, bonne gouvernance et démocratie ; • Formation des producteurs aux techniques de paillage, compostage et utilisation des résidus de récolte
Le label Fair Trade a été demandé pour une période de trois ans par les deux organisations de producteurs (de Kpataba et de Tchetti), toutes deux classées comme des organisations de deuxième degré. Le coût engendré par l’obtention du label Fair Trade est de loin supérieur à celui encouru par une organisation de premier degré, la procédure étant également plus lourde . La FLO a organisé un audit approfondi afin de vérifier que toutes les conditions soient respectées et que les organisations étaient suffisamment indépendantes ; le plan de politique environnementale , entre autres, a aussi été vérifié.
À la fin de la campagne de production de 2009, un système de collecte du riz paddy a été introduit. Au début de la saison, les quantités de riz paddy exigées étaient définies pour chaque groupement de producteurs et pour chaque producteur, en fonction de la quantité de riz long grain décortiqué devant être livrée à Colruyt. Des réunions avaient lieu dans chaque OP, afin de discuter de cette question.
La crise alimentaire de 2008 a soudainement mis le projet entier en suspens, le gouvernement béninois ayant réduit les exportations de denrées alimentaires ; Colruyt et VECO craignaient que les exportations symboliques de petits volumes de riz soient perçues comme privant de nourriture une population souffrant de la faim.
Entre 2008 et 2010, VECO a réalisé plusieurs investissements dans les deux organisations de producteurs, qui ont également contribué à atteindre le niveau de qualité souhaité pour l’exportation et pour répondre aux exigences de la FLO : un local d’entreposage, petites machines à vapeur, un humidimètre, des échelles, palettes, …
En 2009, un dispositif complet de contrôle interne et de traçabilité a été instauré avec deux organisations de producteurs, afin d’assurer un suivi relatif aux exigences de la FLO et de prendre des mesures correctives en cas de problème. Comme mentionné précédemment, le système de contrôle interne se base sur les différentes exigences en termes de qualité (voir l’Annexe 2). VECO a également organisé une formation pour les autres groupements de producteurs de six communes, afin que le système de contrôle interne puisse être plus largement mis en œuvre. Chaque groupement a envoyé deux représentants afin de participer à un comité de contrôle du système de contrôle interne.
Pour préparer l’audit de la FLO, un large éventail de documents officiels a dû être recueilli par les deux organisations de producteurs : certificat d’enregistrement officiel, statuts et règlements, rapports d’activité et
Le Prix Minimum Garanti est une condition nécessaire, quoiqu’insuffisante, au commerce équitable. Le PMG doit avant tou couvrir les coûts de production et de vie décente des producteurs. Il s’agit d’un seuil au-dessous duquel les producteurs ne sauraient vendre leur riz, tant sur le marché local qu’international. Le PMG est fixé en fonction de plusieurs paramètres. Au nombre de ces paramètres, on peut citer : les coûts de production du produit, le coût de la vie, le prix de vente du produit au niveau national, régional et international. Il tient également compte du niveau de responsabilité de l’OP dans la chaîne de commercialisation. Le PMG est fixé
par la FLO. Si le prix sur le marché local est supérieur au PMG fixé, alors la FLO admet que le PMG équivaut au prix du marché local. Selon la classification de la FLO, on distingue les OP de degré n°1, degré n°2 et degré n°3. Les frais de certification sont définis en fonction du degré d’organisation des organisations de producteurs. Plus le degré d’organisation est élevé, plus le coût de la certification augmente. Les Groupements de Producteurs (GP) sont des organisations du premier degré, tandis que les OP de Tchetti et de Kpataba sont des organisations du second degré. L’Union Communale des Riziculteurs (UCR) de Savalou s’inscrit comme une
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comptes-rendus des Assemblées générales des trois dernières années, rapports d’audit, plans d’activité pour les années à venir. 2009 : Le PDG de Colruyt a souhaité se déplacer pour connaître le projet, une fois qu’il a été certain que le riz serait mis en rayon dans ses supermarchés. VECO a mobilisé du personnel à son siège, ainsi que dans son bureau béninois, où les employés disponibles ont été appelés à aider les deux organisations de producteurs à satisfaire aux exigences du label Fair Trade. Enfin, en juin 2010, ont commencé les opérations de décorticage du riz destiné à être exporté en Belgique. Le décorticage avait lieu à l’ESOP. En août 2010, toute une série de formalités officielles relatives à l’exportation de riz furent déclarées conformes, et 24 tonnes de riz furent ainsi envoyées en Belgique. À leur arrivée, le label Fair Trade n’avait pas encore été accordé. Une période relativement excitante, dans la mesure où il n’existait aucune alternative de commercialisation valable !
Chris Claes
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organisation paysanne de troisième degré. Les activités relatives à l’environnement sont les suivantes: - Étude des pratiques culturales et de leurs impacts sur l’environnement ; - Élaboration d’un plan de gestion de l’environnement pour la production de riz ; - Formation des producteurs des OP de Tchetti et Kpataba aux techniques de paillage, compostage et utilisation des résidus de récolte.
Le fort intérêt démontré à la fois par la direction exécutive de VECO et par l’entreprise principale Colruyt a permis de mobiliser les ressources nécessaires pour répondre à ses exigences strictes. Il était manifestement nécessaire de disposer de connaissances commerciales pour résoudre les différents types de problèmes inévitables qui survenaient. Ces connaissances ont été apportées par VECO et Boost (voir Encadré 6). Le long processus d’obtention de la certification ne peut pas toujours permettre le développement du marché d’entreprise. Il s’agit d’un risque pour les producteurs, qui doit être attentivement atténué.
Jelle Goossens
de ces produits « exotiques » disposent de caractéristiques ou de goûts spécifiques. Bien que ce riz colle un petit peu, il peut être utilisé pour cuisiner les plats normaux à base de riz : il fallait que nous expliquions ceci à nos clients.
4. Du riz béninois dans les rayons des supermarchés de la chaîne belge Colruyt. Colruyt15 est la plus grande chaîne de supermarchés belges ; le Groupe Colruyt entend s’investir dans la formation et l’éducation de la population des régions ou des pays en développement économique. C’est ainsi que le Groupe vend à ses clients des produits de ces régions, des produits estampillés « Collibri» (www.collibrifoundation.be), et attribue 5 % du produit de ses ventes au financement de programmes de formation ou d’éducation . Ces deux dernières années, une plus grande attention a été portée aux relations commerciales avec les cultivateurs impliqués. Quelles sont les raisons qui poussent un distributeur belge à investir dans l’importation d’une quantité symbolique de riz africain pour favoriser les marchés locaux ? Interview avec Mieke Vercaeren, coordinateur RSE chez Colruyt : En ce qui concerne le projet de riz béninois, nous avons testé la valeur ajoutée de cette approche en instaurant une coopération tout au long de la filière. Lors des premières années du projet, nous avons pris le temps de mieux nous connaître par le biais d’un programme d’échange
mutuel, notre acheteur est allé découvrir le projet au Bénin, et certains de nos partenaires nous ont rendu visite pour découvrir notre manière de travailler, dans le cadre d’un stage. Les producteurs sont rentrés dans leur pays avec une idée claire de ce qui était possible ; cependant, ils ont dû transformer ces connaissances dans leurs pratiques : comment pouvaient-ils répondre à ce processus ? Ultérieurement, le déroulement du projet VECO a commencé à produire ses effets sur notre activité quotidienne. Dès que nous avons décidé d’acheter le premier lot, l’intégralité du mécanisme interne de contrôle qualité, d’emballage et de marketing est entré en marche. De nombreux collègues se sont impliqués et intéressés à ce projet Collibri, qui est entré à part entière dans la vie de l’entreprise. Il est vite devenu clair que ce produit était atypique à biens des égards. Bien que nous nous soyons engagés à vendre le riz auprès du supermarché, le choix de produit n’avait pas suivi les flux normaux de la demande du consommateur belge. Le riz africain est un produit complètement nouveau pour le consommateur belge. La plupart
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La mise en œuvre d’un projet intéressant et innovant avec tous types de parties prenantes ne signifie pas que des consommateurs attendent d’acheter ce type de produit. Les défis en termes de communication sont notamment considérables, en ce qui concerne principalement l’emballage. Nous avons décidé d’expliquer à nos consommateurs l’histoire derrière le produit, par le biais d’un petit film qui serait projeté dans les magasins. Nous avons modifié l’emballage afin d’augmenter la visibilité et d’améliorer le côté pratique en le vendant en sachets. Nous avons ainsi appris qu’il était nécessaire de réaliser un examen critique en début de projet, afin de savoir s’il existe un marché pour le produit dans l’UE, afin de ne pas combiner un produit de niche (commerce équitable) avec une autre niche (vente de riz en vrac). C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour passer du riz en vrac au riz en sachets. Nous avons organisé un échange avec tous les participants du projet, à notre siège belge. De nombreux collègues ont été impressionnés par le film de Vredeseilanden (VECO), qui illustre les vies et les luttes des producteurs locaux. Les témoignages des paysans invités à cette rencontre à notre siège étaient forts et convaincants. Lorsque nous sommes rendus dans un supermarché pour leur montrer que leur produit était effectivement en rayon, un frisson a parcouru l’assemblée. C’était extraordinaire d’être associés à leur http://www.colruytgroup.com/colruytgroup/static/index.htm http://www.collibrifoundation.com/collibri/static/fr/index.shtml
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Jelle Goossens
fierté : la preuve de leur dur labeur était là, devant eux. Dans leur enthousiasme, ils se sont mis à parler à des clients du magasin, les convainquant d’acheter le riz ; avec un sourire irrésistible, ils plaçaient les paquets de riz dans les chariots des clients, en leur disant que c’était du bon riz. Ces producteurs se retrouvaient désormais face à leur propre produit, et la boucle était bouclée. Nous avons été stupéfaits par leur joie à constater les premiers résultats, mais aussi d’entendre les problèmes qui devaient être abordés pour pouvoir vraiment faire la différence. Il est devenu clair que même les produits estampillés de meilleurs labels, dans un magasin Colruyt, ne peuvent pas résoudre les immenses distorsions du marché de ce pays. Cependant, nous avons constaté que la fixation d’un prix minimum pour le riz peut aider les cultivateurs à réaliser des avancées et à sortir de la pauvreté ; sur le long terme, néanmoins, cela n’est pas suffisant. Nous pensons que grâce à leur forte personnalité, les cultivateurs que nous avons rencontrés influenceront ce processus politique. Simplement pour dire qu’il n’existe pas de réponses simples aux problèmes complexes, mais qu’une combinaison de réponses simples peut être un début. En termes commerciaux, nous devons certainement payer un prix pour ce processus d’apprentissage, et accomplir plusieurs essais soldés par des erreurs. Ces coûts devraient être progressivement absorbés. Ceci est possible via l’utilisation de meilleures unités de transformation au Bénin, un plus grand volume de ventes au Bénin, un meilleur transport, un
meilleur conditionnement et une plus grande coopération au niveau de la filière. La valeur ajoutée de ce projet n’est pas la vente du produit en soi, mais l’évaluation permanente visant à faire coïncider la demande du marché à une offre croissante, afin de toujours rechercher leur alignement.
Dans un même temps, nous testons cette approche de la filière avec d’autres projets. Ces expériences continueront d’inspirer notre vision de la consommation et de l’approvisionnement durables. Sur les 36 tonnes de riz béninois commendées par Colruyt aux groupes de producteurs
Encadré 6 : Rôle de l’importateur belge Boost : « Nous n’avions jamais entendu parler de riz importé du Bénin », indique Erik Van Deun, de Boost Nutrition « Mais je dois admettre que nous avons été agréablement surpris par la qualité des échantillons de riz que nous avons analysés, non pas en raison du taux de grains brisés, mais plutôt des différentes couleurs des grains. Par la suite, il s’est avéré que ces échantillons avaient été manuellement préparés et que les 24 tonnes suivantes n’atteignaient pas la même qualité. » Richie De Jong, Colruyt, responsable achat riz : « Il était nécessaire de disposer de ce partenaire industriel en Belgique. Sans lui, nous n’aurions jamais envisagé de vendre ce riz béninois sur le marché belge. » Boost Nutrition est une rizerie renommée située à Merksem (Belgique). À l’instar de Colruyt, Boost a joué un rôle crucial pour garantir que les importations de riz du Bénin en Belgique respectent les exigences de qualité. Les collaborateurs de Boost ont participé à la recherche de solutions locales pour satisfaire aux normes de qualité requises. Il est vite devenu évident qu’il était impossible
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de répondre aux normes HACCP obligatoires à partir de riz décortiqué dans les deux dispositifs de décorticage locaux installés dans les installations d’entrepreneurs de la région. Nous nous sommes ensuite demandé si ce serait possible avec des riz décortiqué dans l’ESOP locale. En mars 2010, des échantillons de riz décortiqués à l’ESOP ont été envoyés en Belgique. Boost a testé la qualité de ces échantillons afin de vérifier si les exigences de sécurité sanitaire des aliments étaient respectées. L’entreprise a ensuite jugé possible le respect des normes si un traitement supplémentaire était accompli en Belgique afin de retirer plusieurs impuretés à l’aide d’une machine Sortex ultramoderne. Sans la bonne volonté affichée par Boost, tout le projet d’exportation aurait dû être immédiatement abandonné. Même après l’arrivée du riz en Belgique, lorsqu’il est clairement apparu que le taux d’impuretés était bien supérieur à celui convenu et aux analyses effectuées sur les échantillons, Boost a de nouveau fait preuve de bonne volonté et grâce à la machine de tri optique, les impuretés furent facilement retirées. Plus d’informations sur : www.boost.be
de Tchetti et Kpataba, un premier envoi de 24 tonnes a été livré en août 2010. À leur arrivée au port d’Antwerp, certaines erreurs de « débutants » ont été relevées. Le riz n’était pas emballé comme d’habitude, ce qui a rendu entravé le déchargement du conteneur. Un plus grand nombre d’impuretés a été détecté par rapport aux échantillons préalablement envoyés. C’était en partie sur la base des analyses de qualité de ces échantillons que Colruyt avait accepté d’acheter le riz. Il s’est avéré que les impuretés contenues dans ces échantillons avaient été retirées manuellement après le processus mécanique. C’est grâce à l’expertise et à la bonne volonté de l’importateur Boost (voir Encadré 6) que le riz a pu être purifié à nouveau en Belgique, afin de répondre à l’ensemble des exigences de qualité. Cependant, il est clair que dans le futur, des exigences de qualité supérieures seront appliquées au riz importé de Belgique.
2010, Jef Colruyt (PDG de Colruyt), accompagné de Rik Van Cauwelaert (Directeur de Knack, l’un des principaux magazines d’information de Belgique), de Marianne Thyssen (députée européenne et ex-présidente du Parti démocrate-chrétien flamand), de Piet Vanthemsche (Président du Boerenbond, premier syndicat agricole de Belgique), de Lut De Clercq (elle s’est occupée pendant plus de 10 ans de la restauration d’artistes se produisant dans la célèbre salle de concert « Ancienne Belgique ») et de Luuk Zonneveld (Directeur général de VECO) s’est rendu au Bénin, pour, entre autres, rencontrer les riziculteurs. Des réunions ont été tenues avec plusieurs ministres, des officiels, des chefs d’entreprise et des responsables agricoles locaux et régionaux. Cette mission de haut niveau a généré une grande couverture de la part des médias en Belgique, ainsi qu’au Bénin.
Le fait de disposer d’un importateur / transformateur si professionnel et dévoué, désireux de travailler avec un nouveau fournisseur s’est révélé essentiel et a permis à Colruyt de continuer d’acheter le produit.
« Nous voulions des réponses à nos questions. Quels sont les obstacles auxquels sont confrontés les exploitants familiaux béninois pour vendre leur riz à bon prix ? Comment une chaîne de supermarchés belges peut-elle établir des relations commerciales durables avec des exploitants familiaux ? Comment une telle relation commerciale peut-elle contribuer au développement d’une communauté ? », s’interroge Luuk Zonneveld, de VECO. « L’objectif du projet de coopération et du déplacement au Bénin consistait à examiner ce projet depuis différentes perspectives et d’en tirer des enseignements. »
L’implication de Colruyt dans cette initiative a contribué à renforcer davantage encore la coopération entre Colruyt et VECO. Ceci semble apparent notamment au vu de la participation du PDG de Colruyt à une mission de haut niveau célébrée au Bénin, et à l’organisation d’une conférence conjointe, le 21 septembre 2010, au siège de Colruyt. Fin août
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Jef Colruyt, PDG de Colruyt : « Pour nous, l’aspect commerce du projet n’a jamais été la priorité. La priorité, pour nous, ce sont les chemins que nous avons parcourus et les enseignements que nous avons tirés, qui ont progressé à la vitesse des producteurs de riz. Au fur et à mesure que les organisations de producteurs se renforceront, nous réduirons progressivement nos financements et allouerons les ressources à la consolidation de nouveaux projets. Ce projet est le résultat de la coopération entre Vredeseilanden (VECO), le Groupe Colruyt et l’importateur de riz Boost Nutrition. Ils ont tous soutenu les riziculteurs béninois (aussi bien hommes que femmes), afin d’améliorer la qualité du riz et d’augmenter leurs revenus. Mais ils ont surtout profité de ce projet spécifique pour apprendre les uns des autres. » La bénédiction de l’obtention du label Fair Trade label a été reçue pendant la visite. À partir de septembre 2010, le label Max Havelaar (commerce équitable) a été apposé sur les paquets de deux organisations de riziculteurs du Bénin, désormais en vente dans les supermarchés Colruyt, Okay et Spar, détenus par le Groupe Colruyt.
Jelle Goossens
5. Résultats préliminaires : Rentabilité des producteurs sur le marché local et projet Commerce équitable Il ne fait aucun doute que les revenus et les bénéfices des producteurs de riz dépendent grandement du tonnage / ha. Ceci est vrai à la fois pour la vente sur le marché local et pour la vente sur le circuit Commerce équitable (voir Tableau 3). La production moyenne est estimée entre 2,5 tonnes / ha et 3,5 tonnes / ha. La productivité moyenne des riziculteurs de la région participant au programme VECO programme a connu une nette augmentation depuis le début du programme : de 2,0 tonnes / ha à 3,3 tonnes / ha (voir Tableau 3). Si l’on tient compte des opérations suivantes : désherbage, planage, binage, vaporisation, récolte, battage, vannage et chasse aux oiseaux, le coût de production d’1 kg de riz s’élève à 113 CFA pour un rendement de 2,5 tonnes / ha et à 97 FCFA pour un rendement de 3,5 tonnes / ha. Les revenus des ventes sur les marchés locaux sont compris entre 308 000 FCFA / ha pour une production de 2,5 tonnes / ha et 448 680 FCFA pour une production de 3,5 tonnes / ha. Les revenus par hectare, coûts de main d’œuvre compris, varient entre 118 000 et 218 780 FCFA / ha (voir Tableau 4).
Tableau 3 : Évolution des résultats quantitatifs des producteurs de riz participant au programme VECO (Source, VECO Bénin) Tableau 3
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Producteurs impliqués
200
260
4062
5057
6000
8210
8508
Productivité (tonnes / ha) 2.0
2.1
2.5
2.7
2.9
3.3
3.3
Surface plantée (hectares) 264
623
1021
4539
3296
5328
9679
1308
2554
12332
9572
17635
31475
Production (tonnes)
528
Prix en CFA / tonne de paddy
110000 110000 120000 125000 140000 150000 150000
Compte tenu des performances actuelles et du coût du décorticage, la vente du riz transformé sur le marché local ne génère qu’un revenu complémentaire faible, voire nul. Un revenu complémentaire ne peut venir que d’une augmentation de l’efficacité de la transformation, d’une réduction du taux de brisure du riz long ou de l’obtention de meilleurs prix pour le riz transformé . C’est le cas des groupements de producteurs ayant participé à l’expérience Commerce équitable de Tchetti et Kpataba. Le prix Commerce équitable est de 536 FCFA / kg pour le riz long grain, contre 370 FCFA en moyenne sur le marché local. Le revenu par hectare découlant de ce riz Commerce équitable est théoriquement 147 % supérieur à celui découlant du même riz vendu sur le marché local. Ce pourcentage est théorique, parce que seules 24 tonnes ont été vendues à ce prix ; un nombre relativement
faible de producteurs en a donc profité, à très faible échelle. Ces chiffres montrent cependant qu’il est utile de continuer à négocier un prix supérieur pour obtenir un produit de meilleure qualité. Les revenus obtenus par les producteurs sont utilisés à différents effets. Pour la plupart des producteurs, cet argent a contribué de manière significative à payer les frais de scolarité des enfants, les soins de santé, l’achat de motos, de ciment et d’éléments de toiture, les fêtes de famille et autres célébrations, etc. (Voir Encadré 8). Dans les usines de transformation du riz telles que les ESOP, 100 kg de riz paddy donnent environ 35 kg de riz long grain et 35 kg de riz cassé. Le taux de brisure peut être réduit de manière significative grâce à l’utilisation de décortiqueuses plus efficaces. (18) Main d’œuvre non comprise. Dans ce cas, la différence est de 215 % (voir Tableau 4) (17)
Tableau 4: coûts, revenus et bénéfices pour les producteurs de Tchetti et Kpataba comparés aux ventes sur le marché local Production en kg/ha Coûts de production Coût bord champ en FCFA* Coût / kg bord champ en FCFA Coût – main d’œuvre comprise – bord champ / ha en FCFA** Coût – main d’œuvre comprise – bord champ / kg en FCFA Coût de transformation (65,8 FCFA/kg) Revenus et bénéfices sur le marché local*** Revenu / kg sur le marché local (prix du riz paddy / kg=160 FCFA) en FCFA Bénéfice / kg sur le marché local – main d’œuvre comprise en FCFA Revenu / ha sur le marché local en FCFA Bénéfice / ha sur le marché local en FCFA Revenus des ventes de riz blanc (370 FCFA / kg) + riz cassé (300 FCFA / kg) Bénéfices des ventes de riz blanc + riz cassé (main d’œuvre de production comprise) Revenus supplémentaires après décorticage (en %) Revenus et bénéfices pour les producteurs de Tchetti et Kpataba*** Revenus des ventes de riz blanc (531 FCFA / kg) + riz cassé (300 FCFA / kg) Revenus comparés au marché local Bénéfices des ventes de riz blanc + riz cassé (main d’œuvre de production comprise) Bénéfices comparés au marché local * et **: estimation de 10 % de coûts supplémentaires pour chaque augmentation de production de 500 kg / ha. ***: Revenus : les coûts de main d’œuvre ne sont pas inclus ; Bénéfices : les coûts de main d’œuvre sont inclus
21
2500
3000
3500
92,000 37 282,000 113 161,914
101,200 34 310,200 103 194,297
111,320 32 341,220 97 226,680
123 47 308,000 118,000 320,690 130,690 104%
126 57 378,800 169,800 384,828 156,828 102%
128 63 448,680 218,780 448,966 182,966 100%
471,003 147% 281,003
565,204 147% 337,204
659,405 147% 393,405
215%
215%
215%
Encadré 7: Forces et faiblesses de la filière dans le département des Collines (2011). Les principales forces de cette filière s’articulent autour des points suivants : • Il existe des surfaces agricoles disponibles (bas-fonds, plaines inondables et plateaux) pour la culture du riz ; • Cette filière est en forte croissance (+ 10 % par an) ; • Il existe des appuis (projets, ONG) pour développer cette filière ; • Quelques magasins sont disponibles pour le stockage du riz ; • La qualité du riz local s’est beaucoup améliorée (moins de corps étrangers, calibrage) ; • Bonne rentabilité économique des activités de transformation ; • Les efforts entrepris pour la labellisation du riz produit localement. Plusieurs faiblesses continuent de ralentir l’expression des facteurs favorables. Il s’agit principalement de : • La taille des exploitations (qui se situent généralement en dessous du seuil de rentabilité). Les moyens de production sont restés rudimentaires ; • Le bradage des récoltes par les producteurs juste après la récolte ; • La faible capacité de gestion du taux d’humidité des stocks de paddy ; • Le non-respect des procédures de séchage ; • La mauvaise qualité des équipements ; • Le manque de professionnalisme des différents acteurs de la filière ; • La faible organisation de la commercialisation (vente groupée) ; • La faible promotion du riz local ; • Le faible regroupement de l’offre ; • L’absence d’unités performantes de décorticage entravera l’augmentation des niveaux de prix du riz local Les opportunités de développement de la filière rizicole dans les Collines se résument comme suit : • Conversion des producteurs de coton dans la production de riz ;
Innovations techniques : Les producteurs maîtrisent les exigences des normes de qualité promues par le commerce équitable. Ils produisent du riz de qualité certifiée. Ils respectent les bonnes pratiques de production de riz, notamment en ce qui concerne le choix d’un site de production convenable, l’utilisation de semences certifiées, le semis en ligne, la limitation des doses d’engrais, la traçabilité, etc. • La traçabilité du riz produit est assurée par les producteurs et par le système de contrôle interne. Chaque producteur membre d’un groupement donné détient un code d’identification unique. Au magasin de stockage, le stock de chaque producteur est identifiable par son code, inscrit sur les sacs correspondant à sa production • Semences certifiées : les producteurs
• Intérêt des bailleurs de fonds pour la filière riz au Bénin ; • Plans d’action des municipalités pour promouvoir le riz local ; • Volonté de certains partenaires d’accompagner la construction d’infrastructures de stockage ; • Mise en place de la décortiqueuse grande capacité performante à Malanville et Glazoué ; • Forte croissance de la demande de riz au niveau national et international ; • La hausse des prix du riz sur le marché international ; • La certification permet d’atteindre des marchés exigeants mais plus rémunérateurs ; • Organisation de l’étuvage : meilleur équipement (fours plus performants et plus écologiques), organisation du marché. Les résultats de l’identification des menaces les plus sérieuses sont les suivants : • Faible niveau de maîtrise de l’eau pour la riziculture ; • Non-disponibilité d’intrants spécifiques au riz ; • Pression des ravageurs du riz ; • Non-amélioration des équipements de production, surtout pour le labour ; • Développement disproportionné des unités de transformation ; • Mauvaise gestion des unités étatiques de décorticage de Glazoué et Malanville ; • Concurrence du riz importé ; • Le niveau des prix influence le développement de la filière ; • Prix de vente non rémunérateurs pour les producteurs. Source : Étude de capitalisation des expériences positives autour des exploitations familiales : cas du projet expérimental sur le commerce équitable dans la filière riz dans les Collines du Bénin, Prof. Rigobert Cocou TOSSOU, janvier 2011
n’utilisent pour la production du riz destiné au commerce équitable que des semences certifiées. Pour cela, VECO a initié la contractualisation de la multiplication des semences certifiées avec des semenciers expérimentés • Choix du site de production : contrairement aux pratiques en cours dans la région, et qui laissaient la liberté à chaque producteur de choisir selon ses préférences personnelles le site de production de riz qui lui convient, l’expérience du projet sur le commerce équitable exige de la part des producteurs un choix collectif des sites selon des critères bien établis. Ainsi, les sites situés en aval d’un champ traité avec des produits phytosanitaires chimiques ou à proximité d’un champ de coton ou de niébé sont déconseillés. Les parcelles individuelles ne sont plus isolées. Elles sont regroupées sur des sites communs spécifiquement destinés à la production du riz pour le commerce équitable. Ces critères
22
prennent en compte aussi les caractéristiques pédologiques du site • L’utilisation d’engrais chimiques par les producteurs a été limitée. La dose utilisée préalablement pour la production du riz dans la commune a été divisée par deux, soit 4 kg de NPK / casier (1 casier = 400m²) et 2 kg d’urée / casier au lieu de 8 kg de NPK / casier et 4 kg d’urée / casier • La création de valeur ajoutée au riz paddy par la prise en charge du décorticage, du calibrage et du conditionnement du riz long grain avant l’exportation.
Renforcement organisationnel : Les groupements et les deux organisations paysannes (OP) sont sortis de l’anonymat avec leur enregistrement officiel à la Mairie
Jelle Goossens
Encadré 8: Quelques exemples de l’utilisation faite des revenus individuels Faustin Atomabey, secrétaire général de l’Union Communale des Riziculteurs de Savalou. “Le revenu des producteurs a nettement augmenté grâce à la production et à l’étuvage du riz et en raison du succès rencontré par nos ventes. Ceci nous permet de faire face à différents besoins, comme la couverture des frais de scolarité et de logement. Nous pouvons également réaliser des investissements, tels que l’achat d’une moto.” Léandre FADOKE, président du groupement IFEDOU de l’OP de Kpataba : “J’ai livré 800 kg de paddy. Après déduction de mes dettes d’intrants, j’ai reçu 110 000 FCFA pour la première tranche de paiement et 33 000 FCFA pour la seconde. La première tranche nous a été payée à quelques jours du Nouvel An 2010 (27 décembre 2009). Les membres de mon groupement se sont cotisés, et nous nous sommes payé un bœuf, que nous nous sommes partagé. Autant vous dire que ma famille à passé de très bonnes fêtes de fin d’année. Avec le reste de l’argent, j’ai payé du ciment et des tôles pour construire une petite case en dur dans ma maison, car tous les murs étaient faits de terre battue.” Faolé OGOUGBE, membre féminin du groupement Kodjuma de l’OP de Tchetti : “J’ai reçu 12 000 FCFA pour la première tranche. Avec cet argent, j’ai acheté deux sacs de ciment, que j’ai utilisés pour terminer le sol de ma
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chambre. Je n’ai reçu que 1 800 FCFA pour la seconde tranche, avec lesquels j’ai préparé un bon repas pour mes enfants et mon mari.” Mme Ogougbé a donné 90 kg de son riz paddy pour le commerce équitable. Il convient de noter que sa production de 2009 était d’environ 1,355 T (riz commerce équitable et non commerce équitable). Elle a consacré deux parcelles d’une superficie totale de 800 m2 au commerce équitable. La vente du riz paddy lui a rapporté 15 300 FCFA (170 FCFA / kg) ; après déduction des dettes d’intrants, elle a reçu 13 800 FCFA. Son groupement se composait de 44 producteurs participant au commerce équitable, à hauteur de 7 513 kg de riz paddy, soit une moyenne de 170,75 kg de paddy par producteur. Une clé de répartition a été appliquée afin de déterminer à quelle hauteur participe chaque producteur commerce équitable. La situation de Mme Ogougbé reflète les limites du commerce équitable, en raison des faibles quantités qu’elle était en mesure de fournir. Il ne faut pas oublier que les producteurs ne cultivent pas que du riz. Paul Tonahin, organisation de producteurs de Kpataba “Cette région était vraiment touchée par la pauvreté. Grâce au riz, la situation s’est nettement améliorée, et nos familles vivent désormais paisiblement. Je peux payer l’éducation de mes enfants et les meubles de notre maison. Grâce au projet riz, j’ai également pu acheter une moto.”
Jo Vandorpe
de Savalou et au ministère de l’Agriculture. Grâce aux efforts de mobilisation de tous les membres, les deux OP ont obtenu la certification FLO pour trois campagnes de production successives, 2009 -2010, 2010 – 2011 et 2011 – 2012. Les seize groupements, les deux OP et l’Union Communale des Riziculteurs (UCR) développent des bonnes relations de collaboration : • Instauration d’un système interne de contrôle et d’un comité de contrôle interne (CSI) pour le suivi du respect des normes de production par chaque producteur. Instauration d’une fiche synoptique de contrôle utilisée par les membres du CSI (Annexe 2). • Renforcement du système de vente groupé avec une prime à la communauté pour la réalisation des infrastructures ; naissance d’une saine émulation au travail et renforcement du système d’entraide et de solidarité entre les producteurs pour assurer la certification de la production du groupement. • Redynamisation du fonctionnement des groupements et des OP, promotion de la transparence, de la bonne gouvernance et de la démocratie dans la gestion des groupements et des OP : tenue régulière d’AG, compte rendu de toutes les activités à la base, acquittement régulier des cotisations par les membres ; • Entrée sur le marché du commerce équitable grâce à l’obtention d’un certificat FLO pour une période de trois ans (2009 – 2011) pour chacune des deux OP et leurs groupements de producteurs impliqués dans le processus de commerce équitable :
contractualisation de la production et la définition, avant le démarrage de la campagne, du quota de production devant être livré par chaque groupement et chaque exploitant dans le cadre du commerce équitable ; • Contribution de l’UCR à la négociation des crédits intrants auprès des IMF (Instituts de Micro Finance).
6. Étapes à venir Des choix difficiles à prendre pour la transformation du riz local La plupart des décortiqueuses locales du Bénin sont des machines polyvalentes du Nigeria, qui ne peuvent ni tamiser ni nettoyer le riz, et qui rendent le vannage très difficile. Le riz produit est de mauvaise qualité et n’est pas apprécié par la population des villes. Bien que la collaboration avec l’ESOP ait entraîné de meilleurs résultats en termes de qualité, le taux de brisure demeure élevé (50 à 60 %), pour une capacité maximale de 1 000 tonnes / an par machine. De nouveaux investissements permettraient d’améliorer les performances des installations de l’ESOP. VECO étudie actuellement la possibilité d’installer sa propre unité de transformation, conjointement aux organisations paysannes. Un important effet psychologique est ici en jeu. Les producteurs seraient
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certainement fiers de disposer d’un système placé sous leur direction. Ils pensent également que cela les aiderait à créer leur propre marque, le « riz des Collines ». Pour disposer de leur propre usine de transformation, ils ont besoin non seulement d’investisseurs mais aussi de la garantie que les paysans de la région pourront utiliser les installations ; un nombre suffisant d’experts doit exploiter en permanence les machines, les machines doivent être bien entretenues, il doit être possible de se procurer des pièces détachées, etc. Les producteurs de riz sont en faveur de cette idée, d’autant plus qu’ils espèrent que VECO apportera la plupart des financements, même si cette dernière a toujours indiqué que telle n’était pas son intention. Ce type d’installation pourrait peut-être fonctionner conformément aux normes HACCP. Son coût serait d’environ 208 millions de CFA, soit 317 000 euros. Si chacun des 8 500 membres des OP contribuait à hauteur d’un sac de riz, cela couvrirait plus d’un tiers de la dépense. Avec un bon plan d’affaires, il est probablement possible de trouver des investisseurs pour les deux tiers manquants. Les bâtiments constituent le facteur de coût le plus élevé. Chaque étape du processus exige un bâtiment séparé. L’utilisation d’un bâtiment vacant précédemment consacré au stockage du coton serait une offense à la fierté locale et ne constitue pas une option. Jusqu’à présent, le choix d’une installation autogérée n’a pas encore été fait et devra être examiné par rapport à la possibilité d’utiliser l’une des deux nouvelles usines construites en 2010 par le gouvernement du Bénin. L’une de ces machines se situe dans le département des Collines, dans la municipalité de Glazoué. Le pourcentage de riz
cassé qu’elle produit est inférieur (40 %), sa capacité est supérieure (12 000 tonnes / an) et elle dispose d’une machine Sortex moderne en mesure de fournir un riz de très haute qualité.
Commercialisation dans la région Seule une faible partie de la production des riziculteurs de Tchetti et Kpataba a été vendue à Colruyt à un prix commerce équitable. Le reste a été vendu à un prix inférieur, sur le marché local. Les perspectives d’exportation et les revenus supplémentaires associés ont généré beaucoup de jalousie chez d’autres groupements de Savalou et des communes avoisinantes. VECO espère bientôt pouvoir débuter des projets de ce type dans d’autres régions. Le défi pour les années à venir consiste à impliquer plus de groupements et à vendre une plus grande partie de leurs produits à des prix supérieurs. L’augmentation de la qualité du riz dans le cadre de la vente à la chaîne de supermarchés belges Colruyt entraîne également un plus grand potentiel à vendre à un prix supérieur au Bénin. À l’heure actuelle, les organisations de producteurs ne sont pas organisées pour négocier avec les grands négociants du pays ni avec les supermarchés de la région. Plusieurs chaînes de supermarchés sont implantées au Bénin : Leader Price, Champion, Bénin Marché, etc. Ces magasins vendent presque uniquement du riz importé d’Asie. Jusqu’à présent, les
modalités du développement d’une relation avec ces supermarchés restent incertaines. Il faudrait qu’ils souhaitent promouvoir la qualité du riz local, alors que seul le riz asiatique est pour le moment considéré comme un gage de qualité. VECO explorera les perspectives offertes et en discutera avec les organisations de producteurs.
bas-fonds est la tâche la plus exigeante. L’appui aux producteurs pour accéder au labour mécanisé améliorerait leurs performances (notamment celles des femmes) et permettrait d’augmenter les superficies totales emblavées.
Aménagement d’envergure pour la maîtrise de l’eau Le département des Collines se situe dans une zone de transition climatique, ce qui explique les variations très importantes de la pluviométrie, dont la production est tributaire. Les aménagements en matière de maîtrise de l’eau constituent une préoccupation principale pour la stabilisation de la production. Les aménagements sommaires effectués par les producteurs ne les protègent pas des effets néfastes des aléas climatiques. Les rendements obtenus s’en trouvent fréquemment affectés. L’accompagnement des producteurs dans la réalisation d’aménagements d’envergure améliorerait leur rendement et leur offrirait l’opportunité de se lancer dans la production de riz de contre-saison.
Mécanisation du labour La non-mécanisation du labour est une contrainte majeure pour les producteurs. Depuis la nuit des temps, les producteurs de Tchetti et Kpataba utilisent des outils rudimentaires pour tous les travaux des champs. Parmi ces opérations, le labour manuel des
Paul Tonahin, organisation de producteurs de Kpataba “Le labour manuel pour la culture du riz est très exigeant, ne serait-ce que pour cultiver un seul hectare par an. Avec un tracteur ou un motoculteur, une même personne pourrait travailler 3 à 4 hectares. Il n’y a qu’un seul tracteur dans la région. Avant même qu’il soit disponible, il a déjà commencé à pleuvoir et les terres ont été inondées ; la terre est alors impraticable avec un tracteur”
Jo Vandorpe
25
26
7. Conclusions L’autosuffisance en riz est désormais une réalité pour la population locale de Savalou et dans le département des Collines d’une manière générale. Du riz de bonne qualité est disponible sur les marchés locaux, toute l’année. Aujourd’hui, tous les ménages producteurs disposent de riz de bonne qualité pour leur propre consommation pendant plusieurs mois après la récolte. Le riz, qui était un aliment de luxe, réservé aux jours de fête et aux nantis, il y a quelques années encore, est devenu un plat quotidien pour ces populations rurales. Il est présent toute l’année sur les marchés locaux et prend progressivement le pas sur le riz importé. Cette expérience du commerce équitable a aussi apporté la preuve que les petits producteurs des Collines sont capables de respecter des normes strictes afin de répondre aux exigences d’un marché très exigeant. L’obtention de la certification FLO par les OP de Kpataba et de Tchetti illustre l’aptitude des exploitants familiaux à développer des organisations transparentes et efficaces, et à répondre aux exigences du consommateur. Afin de réduire la dépendance alimentaire du Bénin et d’accroître les revenus des producteurs et des autres acteurs de la filière, il est désormais urgent d’élargir la taille du marché, notamment au niveau national. Une politique de taxation des importations de riz est nécessaire pour promouvoir la production locale. En effet, la concurrence des riz importés, qui proviennent parfois de vieux stocks (d’une qualité douteuse) et de dons de riz (japonais) perturbe les marchés, au détriment du riz local. Il est urgent de relever la taxation des importations pour garantir une part du marché à la production locale. Jelle Goossens
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Annexe 1 Tableau: Évolution des surfaces, des rendements et de la production de riz au Bénin19 N°
Années
Surface (ha)
Rendements (T/ha)
Production paddy (T)
1
1997/1998
14 233
1,889
26 891
2
1998/1999
17 079
2,082
35 562
3
1999/2000
17 561
1,938
34 040
4
2000/2001
23 323
2,252
52 512
5
2001/2002
26 504
2,071
54 901
6
2002/2003
28 787
2,196
63 219
7
2003/2004
23 440
2,312
54 183
8
2004/2005
24 754
2,614
64 700
9
2005/2006
28 904
2,710
78 329
10
2006/2007
26 108
2,368
61 818
11
2007/2008
25 531
2,858
72 960
12
2008/2009
33 294
3,285
109 371
13
2009/2010
151 604
Sources: Données statistiques MAEP- septembre 2009 (Guy-Jean Abel (2009), Étude sur le développement des filières riz et maraîchage au Bénin « FAREC BEN 08 015 11 ») DPP / MAEP, 2004 - DPP / MAEP, 2005 (E. ABIASSI (2006), Étude sur les instruments de régulation des importations de riz au Bénin CCR-B, FUPRO-BENIN. (19) http://www.roppa.info/IMG/pdf/Rapport_CCRB_Benin.pdf
28
Annexe 2 Normes techniques de production du riz pour le commerce équitable. N° Opérations culturales du riz
Information, normes et recommandations
Points d’attention et risques
1
Défrichage, débroussaillage, essouchement
- Défricher à temps (avant le mois de juin) - Essoucher les arbres et les arbustes - Laisser les herbes et les feuilles mortes se décomposer pour enrichir le sol
- Utilisation du feu - Destruction de tous les arbres
2
Aménagement
- Estimer la superficie - Déterminer les pentes et - Réaliser les diguettes et les drains selon les courbes de niveau - Garantir une bonne gestion des ressources en eau pour le riz
- Érosion du sol - Perte de fertilité - Lessivage des engrais
3
Labour / planage
- Retourner et ameublir le sol - Enfouir les résidus de récolte et la litière - Le labour peut se faire à la main ou au tracteur
- La profondeur du labour influence la capacité de rétention d’eau de la plante
4
Choix des semences
- La variété IR 841 est recommandée - Utilisation de semences certifiées - Tester le pouvoir de germination des semences (OP et Groupement) - Renouveler les semences chaque année
- Respect de la variété requise - Mélange variétal - Acquisition de semences avant fin mai
5
Semis
- Faire le semis en ligne - Respecter la densité (écartement de 10 cm entre poquet et 30 cm entre les lignes) - Mettre 4 à 5 graines par poquet - Semer au plus tard en juin (dans cette zone) - Nettoyer les alentours des champs afin de limiter les attaques de rongeurs - Ne pas utiliser de raticides ni d’aliments empoisonnés pour lutter contre les rongeurs - Installer une pépinière pour remplacer les mauvaises pousses par des plantes du même âge
- Enrobage du riz au produit chimique non recommandé avant semis - Dépassement de la superficie par rapport à la quantité de semence reçue
6
Démariage
- Procéder à un démariage au cours du premier sarclage - Limiter à 5 pieds maximum
- Fragilisation des plans
7
1er sarclage
- Réaliser le 1er sarclage 15 à 20 jours après le semis - Sarcler à l’aide d’une petite houe ou arracher les herbes à la main, suivant les conditions (taux d’enherbement ou inondation)
- L’utilisation d’herbicide est interdite
8
1ère fumure
- Fumer avec le NPK juste après le 1er sarclage - Ne pas dépasser la dose de 4 sacs de 50 kg par hectare soit 8 kg par casier de 400 m² - Fumer en ligne et non à la volée
- Éviter le surdosage - Utiliser le type d’engrais recommandé
9
2ème sarclage
- Sarcler une seconde fois 40 à 45 jours après le semis - Sarcler avec une petite houe ou par arrachage
- L’utilisation d’herbicides est interdite - Mauvais sarclage
10
Épuration
- Extirper les plants de riz hors variété
- Homogénéité de la récolte
11
2ème fumure
- Appliquer l’urée 45 à 60 jours après le semis, ne pas dépasser la dose de 1,5 sac de 50 kg par hectare, soit 3 kg par casier de 400 m2 - Fumer en ligne et non à la volée
- Éviter le surdosage - Utiliser le type d’engrais recommandé
12
Entretien ou 3ème sarclage
- Ce sarclage se fait en fonction du taux d’enherbement avec une petite houe ou par arrachage - Enlever les hors-types (suivi de l’épuration)
- Les pollens d’herbe affectent la qualité du riz - Le mélange de variétés
13
Protection contre les ravageurs et les oiseaux
- Placer des pièges traditionnels - Ceinturer le champ d’une corde blanche - Utiliser des bandes de cassettes ou des filets - Éviter d’utiliser des raticides et autres produits toxiques
- Santé humaine - Résidus de pesticides dans la récolte. - Observer ces prescriptions durant tout le cycle végétatif
14
Récolte
- Laisser la culture jusqu’à maturité - Récolter le riz quand les grains sont secs et durs - Installer les carrés de densité pour l’estimation des rendements - Utiliser des outils de coupe appropriés - Procéder au bottelage puis sécher pendant deux à trois jours au plus - Éviter le contact avec l’eau
- Perte de récolte en raison d’un manque de maturité ou de grains trop secs - Mélange de produits sans suivi ni contrôle depuis le début. - Un riz trop sec entraîne un fort taux de brisure au décorticage - Un riz trop humide moisit au stockage
15
Battage
- Préparer le matériel - Préparer l’aire de battage - Étaler les bâches - Battre légèrement contre du bois - Utiliser une machine batteuse-vanneuse
- Qualité du riz paddy non brisé - Présence de corps étrangers (grains de sable et autres impuretés dans le paddy)
16
Vannage
- Réaliser cette opération pendant la période de la journée où le vent souffle - Utiliser une machine à vanner
- Propreté du paddy sans débris végétaux, grains de sable et autres impuretés
17
Séchage
- Sécher le riz 2 à 3 jours à l’ombre afin de le rendre bien sec avant le stockage - Utiliser des bâches ou des aires de séchage bien propres - Contrôler le taux d’humidité à l’aide d’un humidimètre
- Taux d’humidité du paddy - Perte de produit au cours des manipulations - Introduction de corps étrangers
18
Stockage
- Stocker en sac sur des supports (palettes) - Inscrire sur chaque sac l’identifiant du propriétaire - Surveiller et contrôler le stock (taux d’humidité, rongeurs, moisissures et autres ravageurs) - Ne pas conserver dans des fûts ou en sachet
- Pourriture - Attaques des rongeurs, termites et voleurs - Utilisation de produits non recommandés
Source : Données d’enquête de terrain, janvier 2011 et manuel de procédure du système de contrôle interne, LDLD 2010
29
Annexe 3 COÛTS DE PRODUCTION DU RIZ DE LA MISE EN PLACE DE LA CULTURE À LA TRANSFORMATION – REVENUS ET BÉNÉFICES Coûts de production :
Unité
Coût unitaire
Quantité
Coûts hors main Coût de la main d’œuvre d’œuvre
Défrichage
Ha
15,000
1
Labour / planage
Ha
50,000
1
Engrais
Kg
14,000
4
56,000
Semences
Kg
350
60
21,000
Semis
Ha
37,500
1
37,500
Sarclages
Ha
12,500
3
37,500
Épandage
Ha
15,000
1
15,000
Récolte
Ha
20,000
1
20,000
Battage / vannage
Kg
10,000
1
10,000
Chasse aux oiseaux
Ha
20,000
1
20,000
Total
15,000 50,000
92,000
Coût total de production
FCFA/ha
Rendement moyen par hectare
Kg/Ha
190,000
282,000 2500 Kg/Ha
Coût de production bord champ hors main d’œuvre en FCFA/kg
36,8
Coût de production bord champ main d’œuvre comprise en FCFA/kg
112,8
Frais de transformation de 2 500 kg de riz paddy Transport et conditionnement
FCFA/Kg
3
2500
7,500
Décorticage
FCFA/Kg
40
2500
100,000
Tri du riz cassé
FCFA/Kg
50
616.375
30,819
Emballage du riz long grain
FCFA/Kg
4
934
3,735
Emballage du riz brisé
FCFA/Kg
26
764
19,861
Coût total pour 2 500 kg de riz paddy
161,914
Coût unitaire de transformation après obtention du riz paddy (FCFA/kg) = 164.552 FCFA/2.500 kg Coût unitaire total de la production à la transformation d’un kilo de paddy = 65,8+112,8
64.8 177.6
Coût total de la production (main d’œuvre comprise) et de la transformation de 2 500 kg de riz = 282,000 FCFA + 164,552 FCFA
443,914
Coût total de la production (hors main d’œuvre) et de la transformation de 2 500 kg de riz = 92,000 FCFA + 164,552 FCFA
253,914
30
Revenus et bénéfices de la vente du riz blanc Riz blanc mélangé (cassé + long grain) obtenu (70 %) de 2.500 kg Kg
1,750
Riz blanc obtenu après perte sur tri (3%) = 1.750 kg * 97% Kg
1,698
Prix pour riz blanc long grain obtenu non cassé (55% de 1.698 kg = 827 kg): le prix/kg obtenu sur le marché local = 370 FCFA; = 827kg * 370 FCFA FCFA
934
345,441
Prix pour riz blanc long grain obtenu non cassé (55% de 1.698 kg = 827 kg): prix/kg fair trade obtenu = 531 FCFA; = 934kg * 531 FCFA FCFA
934
495,755
Prix pour le riz blanc cassé obtenu (45% de 1.698 kg = 764 kg); prix/kg obtenu = 300 FCFA; = 676 kg * 300 CFA FCFA
764
229,163
Prix de vente Fair Trade de 2 500 kg de paddy transformé en riz blanc (long grain et cassé)
Prix de vente Fair Trade par kg de riz paddy transformé en riz blanc (long grain et cassé) Revenu (travail lors de la production non inclus) issue de la vente de riz paddy Fair Trade transformé en riz blanc (long grain et cassé) = 724.917 FCFA - 253.914 FCFA
Revenu par kg de riz paddy Fair Trade transformé
724,917
290
471,003
188
Bénéfice (travail lors de la production inclus) issu de la vente de riz paddy Fair Trade transformé en riz blanc (long grain et cassé) = 724.917 FCFA - 443.914 FCFA
Marge bénéficiaire par kg de riz paddy Fair Trade transformé
281,003
112
Prix de vente sur le marché local de 2 500 Kg transformé en riz blanc (long grain et cassé)
Prix de vente sur le marché local par kilo de riz transformé en riz blanc (long grain et cassé) Revenu (travail lors de la production non inclus) issu de la vente sur le marché local de riz transformé en riz blanc (long grain et cassé) = 574.604 FCFA - 253.914 FCFA
Revenu sur le marché local par kilo de riz paddy transformé
574,604
230
320,690
128
Bénéfice (travail lors de la production inclus) issu de la vente sur le marché local du riz paddy transformé en riz blanc (long grain et cassé) = = 574.604 FCFA - 443.914 FCFA Marge bénéficiaire sur le marché local par kilo de riz paddy transformé
31
130,690 52.3
Les paysans sont gagnants
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