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SCULPTURES VÉGÉTALES

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L’ÉVASION

L’ÉVASION

ÉCOLE BUISSONNIÈRE

La réplique d’une petite école typique de la fin du xixe siècle dans le Montana a servi de décor pour deux installations de Patrick Dougherty, à sept ans d’intervalle, au Tippet Rise Art Center : Daydreams, 2015, et Cursive Takes a Holiday, 2022.

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L’INSTANT

Le travail singulier, ou « stick work », de Patrick Dougherty conjugue la force brute de branches entrelacées à un répertoire de symboles poétiques. Ses installations architecturales trouvent un environnement à leur mesure au Tippet Rise Art Center, dans le Montana, qui vient de dévoiler sa dernière œuvre.

PAR Neka Champey

ÉCRITURE AVEC STYLE

PAGE DE GAUCHE 1. L’installation Cursive Takes a Holiday, 2022, a été conçue à partir de branches de saule ramassées sur le site exceptionnel du centre Tippet Rise, à Fishtail. Ce lieu d’art, de musique, d’architecture et de nature est abrité par un ranch en activité de 125 hectares, avec les montagnes Beartooth comme toile de fond. 2. Daydreams : le bois tressé prend la forme de tourbillons et symbolise les rêves d’aventures des élèves. Plusieurs sculptures occupent l’intérieur de l’école, deux autres se trouvent à l’extérieur. L’installation de 2022 poursuit un thème similaire, mais seulement à l’extérieur. PAGE DE DROITE 1. Patrick Dougherty au cœur de son œuvre Daydreams. 2. Avec Simple Pleasures, 2001, l’artiste a investi le parc universitaire rattaché au Bowdoin College, à Brunswick, dans le Maine.

ŒUVRE À VIVRE

Cursive Takes a Holiday . Quand l’écriture cursive part en vacances, elle devient une aire de jeu pour enfants. On retrouve les boucles et le mouvement d’une belle graphie, mais elle est libérée des contraintes des trois lignes parallèles pour devenir ludique, vivante et totalement naturelle. Cette sculpture a été construite sur trois semaines avec l’équipe de Patrick Dougherty.

Out of the Box, 2009, occupe un mur du café du North Carolina Museum of Art, à Raleigh. Cette sculpture semi-permanente, bien qu’éphémère de nature, semble prendre son élan depuis le sol pour traverser le mur avec énergie et esprit. Hauteur, 4,8 m, longueur, 21 m. Jeunes arbres d’érable.

Né en 1945 en Caroline du Nord, Patrick Dougherty est un pion nier du land art américain. Ses installations, imposantes sculptures qui imbriquent des branches d’essences variées, frappent par l’hommage sincère qu’elles rendent aux techniques de construc tion primitive. Sa première création, Maple Body Wrap, exposée à la Biennale d’art de la Caroline du Nord en 1982, était une pièce simple présentée sur piédestal. Au fil des années, l’expertise s’est affinée, sophistiquée et les branches de saule, noisetier ou d’orme ont donné naissance à des sculptures monumentales construites in situ. En trente ans, l’artiste a conçu plus de 330 œuvres organiques à travers le monde. On les admire dans les jardins botaniques, les musées, les parcs des universités. Une histoire racontée, l’émotion transmise par la beauté naturelle d’un lieu sont le point de départ original, avec, toujours, l’envie de s’inscrire dans le paysage. Pour longtemps. En juillet dernier, Patrick Dougherty a complété une installation créée sept ans auparavant au Tippet Rise Art Center, dans le Montana. En 2015, Daydreams avait pour décor la réplique d’une école typique du temps des pionniers. La sculpture imbrique, à l’intérieur, cinq ensembles de branches, tandis qu’à l’extérieur ce sont deux formes sinueuses qui se rejoignent, pour mieux symboliser l’envie d’échappée belle, vers la nature toute proche, des élèves « vissés » à leur table de travail… Dévoilée cet été, Cursive Takes a Holiday est venue compléter ce tableau scolaire. Cette fois, c’est la ligne d’écriture qui est la muse inspiratrice : elle part en vacances en s’envolant vers les bois, sous la forme d’une vrille, depuis le toit du porche d’entrée. Les lignes d’écriture se libèrent, s’échappent, à l’image des enfants qui se précipitent dans un tohubohu enthousiaste et turbulent en récréation. Une énergie primale et une joie de vivre qui deviennent, sous la main de l’artiste, principes d’architecture.

© Peter Lippmann

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