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Cathy Biass-Morin face aux défits du zéro-phyto

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Cathy Biass-Morin

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face aux défis du zéro-phyto

Nous avons rencontré Cathy Biass-Morin, directrice des Espaces verts de la Ville de Versailles, l’occasion de parler du zéro-phyto, son cheval de bataille.

Quelle a été votre feuille de route à votre arrivée à Versailles ?

J’ai rejoint la Ville de Versailles en 2002. Ma mission première a été de réorganiser la direction des espaces verts et d’augmenter le fl eurissement. On m’a demandé ensuite de réfl échir à une gestion écologique. Le zéro-phyto est l’aboutissement de cette réfl exion.

Comment avez-vous procédé pour le fl eurissement ?

Nous avons voulu introduire des plantes vivaces et planter une belle quantité de bulbes pérennes dans les massifs. Ce programme a été mis en place sur les grandes artères telles que les avenues de Paris, de Saint-Cloud et de Sceaux. Mes prédécesseurs avaient déjà commencé le fl eurissement sur les talus. Mais en dix ans, nous avons réussi à le multiplier par quatre, ce qui est énorme. Aujourd’hui, on compte environ 300 000 bulbes et, au printemps, c’est magnifi que !

Avec le zéro-phyto, la Ville de Versailles fait fi gure de précurseur…

Nous avons été des pionniers, dès 2005, en n’utilisant plus d’engrais chimiques dans tous les espaces verts. Il en a été de même, en 2006, pour les voiries et les 240 km de trottoirs, où nous avons arrêté tous les désherbants, puis, en 2007, pour tout le patrimoine arboré. En 2009, à l’arrivée de François de Mazières, j’ai récupéré la gestion des cimetières. Il a été décidé, concernant les quatre cimetières, de passer aussi à zéro pesticide. Ce choix, pour une ville moyenne comme Versailles, était complètement novateur. Même Rennes, une des villes pionnières dans ce domaine, s’en tenait, à l’époque, aux espaces verts.

Quels sont les enjeux et les défi s du zéro-phyto ?

Au début, nous avons essuyé les plâtres ; nous étions beaucoup

dans l’expérimentation. Le zéro-phyto coûte plus cher en main-d’œuvre. Mais grâce aux économies réalisées sur les produits chimiques et les économies d’eau, nous avons pu faire appel à des personnes en réinsertion professionnelle pour nous aider ponctuellement pendant les périodes diffi ciles, le plus souvent au printemps et à l’automne. Pour un jardinier, les mois de mai et juin sont très chargés. Il faut arracher, fl eurir, replanter les plantes annuelles, désherber et tondre. C’est à ce moment-là qu’il est nécessaire de mettre des gens en renfort. Ce fonctionnement souple et autonome nous permet aussi d’être très réactif. Par exemple, il y a deux ans, il avait plu énormément au mois d’août et la pousse avait été très forte. Une partie des agents étant en vacances, nous aurions pu nous trouver en grande diffi culté sans le recours à ce personnel d’appoint. Certains ont d’ailleurs pu se réinsérer socialement grâce à ce travail en équipe et, parfois, être embauchés.

Le cimetière des Gonards, c’est un peu votre terrain d’essai ?

En effet nous sommes sur d’anciennes parcelles forestières et nous pouvons y expérimenter des choses ! Actuellement, nous réengazonnons les trottoirs et en profi tons pour refaire les bordures en grès. Sur des grandes prairies, à proximité des tombes, la pelouse est tondue régulièrement, mais le reste est fauché. Nous créons aussi des îlots de verdure au sein des cantons, où nous plantons des arbres. Il y a moins de problème d’arrosage car le nombre de petites sources présentes dans le sol de Versailles est impressionnant.

Les chiffres

167 m2 d’espaces verts par habitant 1 arbre pour 4 habitants 14 500 m2 de massifs fl euris 77 km de pistes cyclables 20 km de ceinture verte 430 parcelles de jardins familiaux 56 jardiniers, (dont 3 encadrants et 12 jardiniers polyvalents, chargés spécifi quement de l’entretien des cimetières), un paysagiste, un responsable événementiel, un responsable du patrimoine arboré

Massif de plantes vivaces, à Versailles Cimetière des Gonards à Versailles, un lieu d’expérimentation pour Cathy Biass-Morin.

“Le zéro-phyto coûte plus cher en main-d’œuvre. Mais grâce aux économies réalisées sur les produits chimiques et les économies d’eau, nous avons pu faire appel à des personnes en réinsertion professionnelle.”

Versailles à l’honneur dans le documentaire de Guillaume Bodin, « Zéro-phyto, 100 % bio », actuellement au cinéma.

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