Screenology // Art Research

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ASSIGNMENT/PROPOSAL . ARTH 358 DUE: April 6 2010 (+ free week delay) / April 13

CALLIGARO VICTORIA # 9721274 (International Student Winter term only)

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AprĂšs mes recherches, j’ai dĂ©cidĂ© de me concentrer sur le travail de Carsten Höller et sa piĂšce Three Fold delayed Infrared room (2005), des connexions qu’il Ă©tablit entre les notions d’écran contrĂŽle, de dispositif vidĂ©o invisible, car ces Ă©crans font intervenir un feedback singulier Ă  l’Ɠuvre. Les Ă©crans dont il est question peuvent ĂȘtre aussi dans une certaine mesure ĂȘtre requalifiĂ©s d’interfaces-prothĂšses (dans le cas de cette Ɠuvre) puis je me concentrerai surtout sur la temporalitĂ© fragmentaire et Ă©tirĂ©e qui caractĂ©rise ces Ă©crans. Au dĂ©part, je m’étais orientĂ©e sur les nouvelles prĂ©sences urbaines et musĂ©ales de nouveaux Ă©crans (hyper-Ă©crans comme il y a de l’hypertexte, ou encore la rĂ©alitĂ© augmentĂ©e dĂ©finie dans le cours du 29 mars comme un espace qui fait lien/ interface Ă  un contenu digital externe). Je m’attache plus dĂ©sormais Ă  ausculter la typologie du dispositif d’écrans utilisĂ© par Carsten Höller, en ce ce qu’il soulĂšve des questions en lien avec notre environnement quotidien et contemporain. L’exploration de cette Ɠuvre et des divers aspects qui y entrent en jeu m’amĂšneront aussi Ă  consulter des Ɠuvres telles que Time delay room (1974) de Dan Graham mais aussi Sleep de Andy Warhol et enfin les Ɠuvres rĂ©centes de Bik Van der Pol Sleep with me et Sculpture publique (Sous les pavĂ©s la plage) (2009). La « Screen culture » dans la pratique contemporaine, convoque moins des Ă©crans-tableaux intouchables et hors de portĂ©e, que des dispositifs auxquels nous sommes directement confrontĂ©s, voire en contact (intĂ©grant ainsi littĂ©ralement une notion haptique). Loin de ces dispositifs faisant intervenir le dernier cri technologique, Carsten Höller vient Ă  soulever des questions fondatrices de ces nouvelles pratiques avec un procĂ©dĂ© simple et rĂ©fĂ©rencĂ©. Il met en regard des notions souvent traitĂ©es de façon collatĂ©rale dans nombres d’Ɠuvres de ses contemporains qui axent plus leurs dĂ©marches autour des enjeux de topologie ou de codification.

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(fig.1)

(fig.2)

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L’Ɠuvre Three Fold delayed Infrared room (fig.1), se compose d’une piĂšce de galerie (ou de musĂ©e) plongĂ©e dans le noir. Sur l’un des murs sont projetĂ©es trois images captĂ©es par trois camĂ©ras infrarouges invisibles pour le visiteur. Les images accusent un retard ce qui perturbe la perception du visiteur de ses propres mouvements. Au dĂ©part, Le feedback dĂ©range plus qu’il n’aide la personne pour se repĂ©rer dans l’espace noir. Le moindre geste est dĂ©composĂ© trois fois, ce qui lui greffe une temporalitĂ© inattendue. A l’instar de la chronophotographie (fig.2) du dĂ©but du siĂšcle qui visait Ă  comprendre la mĂ©canique de certains mouvements complexes, mais surtout Ă  garder une archive de ces mouvements, Carsten Höller nous interroge sur la persistance de notre image dans notre environnement aujourd’hui. L’artiste fait rĂ©fĂ©rence sans doute possible aux systĂšmes de video surveillance qui dĂ©termine tout l’environnement urbain : un contrĂŽle Ă  la fois invisible et intrusif de nos gestes. L’accent est ainsi mis sur le rapport inĂ©gal de force entre celui qui peut voir (ici mis en exergue par l’aspect infrarouge), et celui qui ne peut pas voir, de plus, qui est vu. On ne peut nĂ©gliger de rĂ©fĂ©rencer cette Ɠuvre aux cĂŽtĂ©s de l’Ɠuvre de Dan Graham, Time delay room (fig.3 : Dan Graham, «Time Delay Room», 1974 Installation view, exhibition ctrl_space, ZKM Karlsruhe, 2001/2002 ) qui dĂ©jĂ  en 1974 voyant Ă©merger ces dispositifs dans l’environnement quotidien de mĂ©tropoles qui s’urbanisent et se modernise, nous met en prĂ©sence de cette image − notre image − : Ă©cho technologique qui nous accapare une prĂ©sence malgrĂ© nous sur Ă©cran. De plus, avec la mĂȘme sensibilitĂ©, Dan Graham ne nous confronte pas directement avec cette sensation d’ĂȘtre constamment Ă©piĂ©, mais cherche Ă  dĂ©ployer lui aussi les possibilitĂ©s technologiques du systĂšme. PlutĂŽt qu’une critique en rĂšgle et frontale, il se dĂ©marque en usant des codes ainsi Ă©tablis pour les dĂ©tourner et en faire un usage ludique. En se concentrant sur la temporalitĂ© de ces sĂ©ries d’images (comme le fera aussi Carsten Höller), Dan Graham explore la fascination que peut exercer ces images presque immobiles, ce feedback continu et distendu dans le temps. Mais c’est encore un des auteurs de [Ctrl]Space, Gregor Stemmrich, qui en parle le mieux, en nous dĂ©crivant cet aspect fascinant de l’Ɠuvre Time delay room : 4


(fig.3)

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« The time-lag of eight seconds is the outer limit of the neurophysiological short-term memory that forms an immediate part of our present perception and affects this «from within». If you see your behavior eight seconds ago presented on a video monitor «from outside» you will probably therefore not recognize the distance in time but tend to identify your current perception and current behavior with the state eight seconds earlier. Since this leads to inconsistent impressions which you then respond to, you get caught up in a feedback loop. You feel trapped in a state of observation, in which your self-observation is subject to some outside visible control. In this manner, you as the viewer experience yourself as part of a social group of observed observers [instead of, as in the traditional view of art, standing arrested in individual contemplation before an auratic object]. » (1) A la fois acteur et spectateur Ă  des temps diffĂ©rents, la fascination exercĂ©e par l’aspect intrusif des cameras de Dan Graham (situĂ©es dans une autre piĂšce) et celles de Carsten Höller (infrarouges), est un Ă©lĂ©ment fondateur pour comprendre nombre de nĂ©vroses bĂ©nignes de nos sociĂ©tĂ©s contemporaines comme l’explore plus en dĂ©tails l’essai d’Olivier Asselin (2) sur les questions notamment d’identitĂ©s : que faire de ces identitĂ©s rĂ©siduelles Ă  ces imagesĂ©chos ? L’artiste nous prend Ă  contre-pied ici et nous rĂ©vĂšle l’aspect non pĂ©renne de ces images. Ce qui est inattendu dans ce dispositif et qui dĂ©marque le travail de Carsten Höller, c’est l’absence de mĂ©moire du systĂšme mis en place. L’archive vidĂ©o est de l’ordre de la fraction de seconde aprĂšs quoi elle disparaĂźt. Notre image rĂ©siduelle qui apparaĂźt sur les Ă©crans n’est qu’une persistance rĂ©tinienne de cette vidĂ©o surveillance. L’artiste laisse prĂ©sager la mise en Ă©chec de ce systĂšme de contrĂŽle qui, pour ĂȘtre efficace, doit enregistrer constamment ce qu’il voit. L’Ɠil omniscient qui promet de sĂ©curiser la ville est condamnĂ© Ă  une hypermnĂ©sie comme l’a caractĂ©risĂ© Nicolas Bourriaud dans son essai Le Radicant oĂč il introduit l’idĂ©e d’omnimĂ©moire (p.99) (3) : « (
)nous vivons dans un univers pomme S, une sociĂ©tĂ© en sauvegarde automatique dans laquelle l’enregistrement et l’archivage des faits culturels s’avĂšrent Ă©tendus et systĂ©matiques. »

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Or ici l’artiste rĂ©vĂšle une image invisible Ă  l’Ɠil sans l’enregistrer. Notre reflet retardĂ© glisse sur l’écran sans y adhĂ©rer. La critique est donc subtile ; pourquoi filmer de maniĂšre intrusive des gestes aussi banals sans mĂȘme les enregistrer, ou plus prĂ©cisĂ©ment, sans avoir l’intention de consulter les archives accumulĂ©es ? Ces Ă©crans de contrĂŽle incrustĂ©s dans notre quotidien, augmentent nos gestes d’une dimension temporelle : Ă  ces images sont associĂ©es des notions de mĂ©moire et de fraction de temps. Les trois images projetĂ©es par Carsten Höller n’étant pas synchrones, semblent Ă©tirer le temps de l’action. Comme pour dĂ©celer une erreur, ou distancier notre propre image, l’artiste use du vocabulaire policier voire clinique dans son dispositif. L’infrarouge fait Ă©cho aux rayons X utilisĂ©s en imagerie mĂ©dicale, Ă  mĂȘme de dĂ©tecter, de rĂ©vĂ©ler ce qui est cachĂ©. Ici il n’est pas question de rĂ©vĂ©ler quelque chose que l’on cache mais plutĂŽt de donner Ă  voir par le biais d’un sens qui serait exo-corporel. Le visiteur ne peut apprĂ©hender son espace car il est plongĂ© dans le noir, alors au lieu de se sentir captif et de surcroĂźt Ă©piĂ©, il voit son image captĂ©e en infrarouge projetĂ©e sur le mur. Agissant ainsi comme un senseur ou un radar les trois camĂ©ras sont dĂ©tournĂ©es de leurs significations premiĂšres, dĂ©tournant aussi au passage l’a priori que l’on peut avoir confrontĂ© Ă  un systĂšme de camĂ©ras infrarouges. Comme si la camĂ©ra infrarouge Ă©tait une interface-prothĂšse pour un visiteur rendu aveugle par le noir de la piĂšce. J’emploie cette terminologie Ă  dessein car l’artiste soulĂšve cette question de nos extensions, ici ce sont des prolongements de notre image sur Ă©cran. Ainsi l’artiste fait appel au bon vouloir du visiteur pierre angulaire de son Ɠuvre, l’interaction est la colonne vertĂ©brale de son dispositif. La notion d’ « alteraction » developpĂ©e par Louise Poissant met en lumiĂšre cet aspect : « the notion is even more interesting since it puts the emphasis not only on the action but also on the encounter with the ohter, who, in the context of cyberspace, risks becoming evanescent because this ‘other’ is not necessarily there, present on the screen. » (4) Toujours dans ce texte, l’auteur montre bien que ces instruments (ici cameras et Ă©crans contrĂŽle) agissent comme des « interfaces operate also on a 7


rehabilitation of forgotten, neglected, or lost sensoriality. » (5), puis “interfaces − understood as sensorial organs − first engendered a deconstruction of our usual modes of perception, a sort of fragmentation/ dislocation of the body.” (6) D’une certaine maniĂšre nous avons Ă  faire avec un dispositif de surveillance qui agirait comme un exo-sens (j’entends exo dans son acception latine, signifiant « hors de », ici hors du corps du visiteur) mais reste une coquille vide, il n’enregistre rien, mais paradoxalement sans lequel nous n’avons aucun repĂšre dans le temps et l’espace de cette piĂšce. Dans un champ des arts mĂ©dias oĂč les dispositifs de surveillance appartiennent au dernier Cercle dans la mythologie de l’Enfer de Dante, il est rare de voir un artiste qui fait montre de sa possible prĂ©sence inoffensive, non nocive. Notre perception de l’espace et du temps projetĂ© sur ces trois Ă©crans est donc difficile Ă  apprĂ©hender. L’artiste semble vouloir retenir le flux d’images qui passe sur ces Ă©crans, le fractionner pour le donner Ă  analyser par le propre sujet des vidĂ©os. Notre prĂ©sence dans ce lieu n’est tĂ©moignĂ©e que par ces bribes vidĂ©o Ă  retard car nous ne pouvons nous mĂȘme nous localiser avec prĂ©cision dans cette piĂšce.

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(fig.4)

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Cette notion de l’image vidĂ©o comme fragment d’image Ă©tirable fait Ă©cho Ă  la vidĂ©o Sleep de Andy Warhol (fig.4), oĂč figure un homme assoupi filmĂ© en plan fixe et plan sĂ©quence de plusieurs heures. Dans ce cas prĂ©cis ce qui nous intĂ©resse est de voir la transformation effectuĂ©e grĂące Ă  l’outil vidĂ©o de la captation de cette scĂšne : Andy Warhol passe cette bande vidĂ©o avec un ralenti trĂšs lĂ©ger, presque imperceptible dans lequel rĂ©side la teneur de l’Ɠuvre. « The films are projected not at the standard sound speed of 24 frames per second, but at silent speed–16 fps–thus further retarding the minimal action » (7) C’est ce ralenti qui permet de comprendre ce rapport Ă  l’archivage, Ă  une mĂ©moire d’écran, hypothĂ©tique voire fantasmĂ©e. Pour Carsten Höller il s’agit aussi d’interpeller sur une mĂ©moire d’écran, hypothĂ©tique, mais loin de la poĂ©sie de Warhol, il choisit de nous confronter Ă  une rĂ©alitĂ© sous-jacente Ă  chacun de nos gestes dans les lieux publics (et certains lieux privĂ©s). Pour l’artiste, ces Ă©crans de contrĂŽle n’ont aucune mĂ©moire, il va mĂȘme les rendre inoffensifs voire grotesques grĂące Ă  son dispositif cocasse qui relĂšve plus d’un jeu de miroir dĂ©formant (ici temporellement dĂ©formant) que d’une fouille d’un contrĂŽle douanier. Les images de nos gestes sont dĂ©cuplĂ©es, pour Ă©tirer notre prĂ©sence dans ce sas. Notre Ă©cho vidĂ©o inaccessible d’habitude et ainsi par ignorance, soumis Ă  maintes suspicions, est rendu trivial, amusant. Emphase Ă  notre prĂ©sence anodine et Ă©phĂ©mĂšre dans ce lieu, sous l’Ɠil de ces camĂ©ras. Au final, l’artiste renverse mĂȘme ce processus de contrĂŽle : c’est le visiteur qui veut bien rester sous l’Ɠil de ces camĂ©ras lui donnant Ă  voir les gestes qu’il veut bien faire mais surtout, c’est le visiteur et seulement lui qui gardera une trace, un souvenir de cette expĂ©rience. Son image sur l’écran de contrĂŽle ne subsistera pas mais lui en gardera mĂ©moire.

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(fig.5)

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En empruntant des voies similaires, l’artiste Bik Van Der Pol met en scĂšne des fragments vidĂ©o projetĂ©s lĂ  encore, de scĂšnes banales filmĂ©es en plan fixe, comme une archive d’un moment. Dans son Ɠuvre Sculpture publique (Sous les pavĂ©s, la plage)(2009)(fig.5), il joue avec notre mĂ©moire de ce qu’il nous a projetĂ©. Nous voyons un film de vacance projetĂ©. Plus tard dans l’exposition nous croisons çà et lĂ  des morceaux du dĂ©cor de ce film, ou plutĂŽt des rĂ©coltes de l’environnement qui fut le lieu de captation de ce film. Agissant comme des extensions tangibles de l’écran et de la vidĂ©o, ces objets sont des catalyseurs qui facilitent notre mĂ©moire de la vidĂ©o projetĂ©e. L’artiste ici peut questionner le visiteur de l’exposition, son Ɠil est-il seulement un rĂ©ceptacle provisoire de son Ɠuvre vidĂ©o ? Le dispositif de l’écran de projection formate-t-il ainsi le regardeur ? Mais plus encore que cette interrogation sur notre mĂ©moire Ă  court terme, Bik Van der Pol semble prendre Ă  rebours le processus d’hyperrĂ©alitĂ© dĂ©veloppĂ© par Baudrillard. Quand nous sommes nez Ă  nez avec la plateforme du ponton oĂč s’ébattaient des enfants en vacance, nous avons Ă  faire avec un rĂ©fĂ©rent spatial d’une image Ă©vanescente d’un Ă©cran Ă  l’autre bout de l’exposition. Ces indices dans l’espace semblent ajouter du temps, lĂ  encore, lĂ  oĂč l’écran formate. L’objet est prĂ©sent lĂ  mais aussi Ă  l’écran. Le processus que Baudrillard appelle l’hyperrĂ©alitĂ© est : « a simulation process where the natural world and all its referents are gradually replaced with technology and self-referential signs ». (7) DĂ©plier l’écran pour faire apparaĂźtre des bribes de rĂ©alitĂ© tangible mais qui sont exposĂ©es dans un musĂ©e, dans le contexte musĂ©al, l’artiste soumet son Ɠuvre vidĂ©o Ă  une sorte d’archĂ©ologie filmique. L’écran n’est plus le seul rĂ©fĂ©rent de l’Ɠuvre, il faut dĂ©sormais l’accorder Ă  des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs.

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Ces Ă©crans qui mettent en jeu des codes contemporains et triviaux dĂ©tournent chacun Ă  leur maniĂšre un systĂšme d’exploitation des images − dans le but soit de les archiver, soit des les analyser, soit de divertir − de leur objectifs initiaux. Les artistes remettent en question la place de ces Ă©crans dans notre environnement. Dans le cas de l’Ɠuvre Three-fold delayed infrared room, il s’agit des moniteurs de contrĂŽle et du rapport Ă  l’archive qui est entretenu entre les images apparaissant Ă  l’écran et leur sauvegarde. Par ailleurs, en jouant avec nos prĂ©conceptions de ces dispositifs, chaque artiste Ă©voque les fantasmes qui circulent silencieusement autour de ces images, de ces Ă©crans. De la sensation d’ĂȘtre Ă©piĂ©, Ă  une analyse Ă  la limite du diagnostic mĂ©dical en passant par le dĂ©sir de voir les rĂ©actions d’autrui hors de sa prĂ©sence, maintes inventions qui naissent grĂące Ă  ces jeux d’écrans. La prĂ©sence du visiteur peut ĂȘtre une des nombreuses grilles de lectures de ces Ɠuvres, et ici elle fait naĂźtre d’autres problĂ©matiques. Au final on est en droit de questionner la place du regardeur, spectateur. Est-il rĂ©ellement actif ? Influe-t-il rĂ©ellement sur la dimension Ă©cran ? Quelle place doit-on accorder Ă  ces Ă©crans permĂ©ables au rĂ©el : surface poreuse qui tend Ă  confondre les fictions crĂ©Ă©es dans la matrice de l’écran avec le monde tangible. Ici nous avons vu que l’écran est totalement dĂ©pouillĂ© des codes qu’on lui attribue, il n’est plus que le rĂ©ceptacle de la prĂ©sence du regardeur, visiteur. Ce n’est plus ni une machine, ni une surface, ni une image. La notion de prĂ©sence de cette personne devient ainsi les principes fondateurs de ces installations d’artistes. Et son image dupliquĂ©e, dissĂ©quĂ©e et Ă©tirĂ©e dans le temps, se propage d’un Ă©cran Ă  l’autre. Ces Ă©crans qui se multiplient de façon exponentielle dans notre environnement, et s’accumulent Ă  l’aune des bonds technologiques. Ils ne retiennent pas ces images perpĂ©tuellement renouvelĂ©es ou en boucle, c’est un Ă©cho dĂ©jĂ  lointain de ces personnes, de ces prĂ©sences qui s’étend peu Ă  peu dans notre espace, dans cette perspective toujours plus folle, des Ă©crans qui deviennent l’exclusive interface au rĂ©el possible et qui tendent Ă  « recouvrir le monde » comme la fameuse Carte dans la nouvelle de Jorge Luis Borges qui visait Ă  dupliquer Ă  l’échelle 1 :1 un territoire. (in De la Rigueur de la science, Aleph, Jorge Luis Borges, 1949)

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BIBLIOGRAPHIE (1) Gregor Stemmrich, «Dan Graham,» Thomas Y. Levin, Ursula Frohne, Peter Weibel (eds.), CTRL[SPACE]. Rhetorics of Surveillance from Bentham to Big Brother, ZKM, Center for Art and Media, Karlsruhe, 2001, The MIT Press, Cambridge, MA, London, 2002, p. 68. (2) Asselin, Olivier. “The Star and the Prisoner: The Spectacle and Surveillance of the Self on the Web.” Precarious Visualities: New Perspectives on Identification in Contemporary Art and Visual Culture. Ed. Olivier Asselin, Johanne Lamoureux, and Christine Ross. Montreal; Kingston: McGillQueen’s University Press, 2008. 198-225. (3) Nicolas Bourriaud, “Le Radicant”, Une esthĂ©tique radicante, ed. Denoel, Paris 2009 p.98-99 (4) Louise Poissant, Media Art Histories. Ed. Olivier Grau. Cambridge, MA ; London, UK : MIT Press, 2007. p.235 (5) ibid p.242 (6) ibid p.242 (7) John G. Hanhardt, The Films of Andy Warhol: A Cultural Context, in: Whitney Museum of American Art (ed.), The Films of Andy Warhol, exhib. cat., Whitney Museum of American Art, New York, 1988, p. 10. and http://www.medienkunstnetz.de/works/sleep/ (8) Best, Steven, and Kellner, Douglas. “Debord and the Postmodern Turn: New Stages of the Spectacle” (excerpt: read last two sections, “The Spectacle Continues
 and Expands” and “New Stage of the Interactive Spectacle). Substance90(1999)p.129-156. http://www.uta.edu/huma/illuminations/kell17.htm. Plus : Minsky Marvin, « The society of mind », 1986 & Mitchell, William J. “Networked Eyes.” Sensorium: Embodied Experience, Technology, and Contemporary Art. Ed. Caroline A. Jones. Cambridge, MA: MIT Press, 2006. 174-179. N72 T4S44 2006 Web

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APPENDICE

CARSTEN HÖLLER, Three-fold delayed infrared room, 2005 (3 infrared lamps, 3 computers, 3 Sony XCD-X710 infrared cameras on tripods, 3 repetitor, 3 beamer) ‱

in The expanded eye : stalking the unseen, (Kunsthaus ZĂŒrich), Bice Curiger, ed. Hatje Cantz Verlag, 2006. p. 203

‱

http://www.terminartors.com/holler-carsten/three-fold-delayed-infraredroom-1024472-p

BIK VAN DER POL, Sculpture publique (Sous les pavés, la plage), 2009 http://www.bikvanderpol.net/?book=1&page=941 BIK VAN DER POL, Sleep with me, 1997 http://www.bikvanderpol.net/?book=1&page=137 DAN GRAHAM, Time delay room, 1974 http://www.mediaartnet.org/works/time-delay-room/images/5/ ANDY WARHOL, Sleep, 1964 http://www.medienkunstnetz.de/works/sleep/

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