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Les robots trouveront-ils une place dans les exploitations céréalières ?
from Terre-net Le Magazine n°95
by NGPA
Le coût des machines autonomes constitue le principal frein à leur développement. Cet AgBot de la start-up AgXeed sera commercialisé autour de 250 000 €.
ROBOTIQUE GRANDES CULTURES
ANTOINE HUMEAU
Les robots trouveront-i ls une pla ce dans les ex ploit ations céréalières ?
Qu’ils s’appellent Senti V, Robotti ou AgBot, ils ont constitué l’une des attractions majeures lors du dernier salon Innov-Agri. Les robots ont pour mission d’aider le chef d’exploitation dans ses prises de décision et surtout, d’alléger son travail. Mais des freins subsistent avant qu’ils n’investissent les fermes…
Le p l u s p e ti t d e s r o b o t s e n démonstration à Innov-Agri s’appelait « Senti V ». Une étrange bestiole de 15 kg et 50 cm de large, munie de deux caméras et deux g rande s roue s c on stitué e s de douze bâtons métalliques. Son travail consiste à arpenter la parcelle, la scanner et repérer la présence d’insectes, d’adventices ou de maladies pour créer une carte intraparcellaire géolocalisant les bio- agresseurs. Sans oublier de suivre les besoins nutritionnels et hydriques de la culture, et d’évaluer le potentiel de rendement ; des informations indispensables pour diagnostiquer précocement les maladies et ainsi localiser les interventions. Senti V peut parcourir jusqu’à 20 ha/jour grâce à son autonomie de dix heures, selon Meropy, la start-up grenobloise qui l’a conçu. Sur du blé, l’engin doit arpenter la parcelle tous les cinq à dix jours jusqu’à ce que le blé soit au stade cassant. Bref, de quoi séduire les agriculteurs, mais pas certain que pour 5 000 €/an, beaucoup d’exploitations sautent le pas… Les clients devraient plutôt être les entreprises de travaux agricoles (ETA), les coops et les structures expérimentales.
Précis au centimètre L’AgBot est sans doute celui qui of fre le plus de quoi faire rêver. Ce petit tracteur autonome à chenilles, guidé par GPS RTK, promet de réaliser tous les travaux du sol à précision centimétrique. Il sufit d’y atteler un outil compatible Isobus. À la livraison, le constructeur paramètre
les données parcellaires (périmètre, obstacles) et l’agriculteur n’a plus qu’à lui indiquer la tâche à efectuer. À 10 km/h, le robot enchaîne jusqu’à 50 ha par jour. Son réservoir contient 350 L de carburant, soit une autonomie de vingt heures à 70 % de sa puissance moteur. La marque, AgXeed (Pays-Bas), vise plutôt les exploitations céréalières de plus de 250 ha et les exploitations bio produisant des cultures à haute valeur ajoutée. Pour l’ heure, seul le prototype existe, mais la version commerciale devrait être proposée dans les prochains mois, autour de 250 000 €. Sous le capot, les 160 ch suiront-ils pour des travaux tels que le labour ? Des essais devraient être menés pour vériier si ses capacité s p ermettent de lab ourer en bonnes conditions. Autre bémol : impossible de circuler sur la route, il faut le transporter d’une parcelle à l’autre grâce à un tracteur classique.
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170 000 € le porte-outil Autre porte-outil autonome : le Robotti, développé par le Danois AgroIntelli. Il promet les mêmes ser vices que le précédent robot, à l’exception du labour et de la pulvérisation. L’engin bénéficie d’un moteur de chaque côté, pour permettre d’atteler l’outil au centre. Côté autonomie, le constructeur annonce entre seize
ANTOINE HUMEAU
Impossible de circuler sur la route, un tracteur classique est nécessaire
Senti V promet gain de temps et aide à la décision au chef d’exploitation. Il arpente les parcelles pour y détecter tous les pathogènes et permettre à l’agriculteur d’intervenir plus rapidement.
MEROPY
Robotti, déjà commercialisé, limite le tassement du sol grâce à son poids modeste. Il peut travailler pendant 16 à 20 h en autonomie grâce à sa faible consommation de carburant.
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et vingt heures. Avantage : sa répartition des charges qui limite le tassement du sol et son poids cinq fois inférieur à celui d’un modèle traditionnel. Le Robotti est déjà commercialisé et 17 unités ont été vendues en Europe. Mais s on pri x de 170 000 € pourrait être dissuasif… Autre frein : la réglementation. Actuellement, travailler au champ en autonomie est possible, mais les fabricants préconisent la présence d’un opérateur à proximité. La directive machine est en cours de toilettage et certains craignent que sa pro chaine version n’impose la présence obligatoire à proximité d’un engin pour inter venir à tout moment. Le robot perdrait alors tout s on intérêt. Comme pour la voiture autonome, la question de la sécurité n’est pas anodine. « En l’état actuel, impossible de garantir que le robot évite un accident, admet l’enseignant-chercheur en agronomie Davide Rizzo. Mais ce n’est que le début de la robotique. » Sans compter que pour convaincre les agriculteurs, il faudra des références agronomiques précises et des indicateurs sur le retour sur investissement. Sans négliger la partie SAV. « Le maillage territorial devra être aussi dense que pour les autres matériels et des techniciens spéciiques devront être recrutés », ajoute Davide Rizzo. ■