9 minute read

les attaques de corvidés Récolte des betteraves

RÉCOLTE DES BETTERAVES Vers une compaction irréversible

Parmi toutes les opérations culturales, le transport et la récolte de betteraves constituent les plus intenses au niveau de la compaction des sols. Les contraintes générées par ces travaux sont souvent une fois et demie à deux fois plus élevées que celles admissibles par nos sols.

Que le chantier soit décomposé ou non, l’allègement des ensembles doit permettre d’esquiver des limites agronomiques pour les futures implantations. sol mécanique est de favoriser le développement des racines, augmenter la profondeur de travail des outils de fissuration s’avérera de plus ces mêmes interventions sur la structure des horizons. En période de récolte automnale, ce sont tout d’abord les conditions climatiques qui pénalisent le respect des sols. Une teneur en eau de ces derniers supérieure à 20% s’avère quasi-systématique à cette époque de l’année. Les charges particulièrement lourdes

que représentent les équipements de récolte constituent alors un facteur aggravant leur compaction. Paradoxalement, la solution pour parvenir à un débit de chantier important tout en limitant l’acfenêtre météo restreinte s’avère bien être l’augmentation de taille des machines. Alors que certains spécialistes communiquent sur un seuil de 6t par essieu à ne pas dépasser pour conserver une structure saine en profondeur, les plus grosses intégrales dépassent les 10t… par pneu! Même si l’économie de temps ou l’exploitation des fenêtres compatibles constituent une priorité pour l’agriculteur, ce dernier risque in fine de devoir affronter les conséquences d’une sévère compaction en profondeur. Il pourra ainsi subir à la fois une baisse du potentiel des rendements dans la rotation, et un surcoût de traction et d’usure des outils de travail du sol.

Compromis

Les trains de chenilles, les pneus basse pression ou encore les dispositifs de conduite en crabe ont réduit considérablement les dénivellations en surface.

Si l’un de vos objectifs de travail du

FRANQUET

Mais contrairement aux idées reçues,

ces évolutions bienvenues ont masqué la compaction en profondeur. Un betteravier en retraite avouait voici quelques années: «Les roues des machines de récoltes ne marquent plus, mais maintenant, l’ornière, c’est tout le champ!» Les résultats d’études de l’association picarde C en plus tentant, et parfois nécessaire. Bien caparement de main-d’œuvre dans une montrent que les ensembles de récolte J que leur action conserve leur automoteurs génèrent des entière efficacité, vous entrerez «Les ensembles de récolte compactions à plus de 50cm CM probablement dans une spirale vicieuse nécessitant un nombre automoteurs génèrent de profondeur, sans correc tion possible. Si la vie biolo MJ CJ croissant d’outils lourds pour corriger les effets négatifs de des compactions à plus gique limite la prise en masse en maintenant une forte poroCMJ Agro-Transfert, ressources et territoires M

de 50cm de profondeur, sans correction possible.»

sité, elle n’est pas capable N d’ameublir un sol sur une année culturale. Dans ce cas, si la fis-

suration ou l’ameublissement mécanique s’avère indispensable, autant que l’intervention ait lieu à faible profondeur. Pour viser cet objectif, deux solutions: alléger les ensembles qui circulent au champ ou réduire le taux d’humidité

du sol. Évidemment, seule l’une d’entre elles s’avère réaliste… Les prestataires d’épandage d’engrais en quad ont assimilé que la pression de contact au sol est moins discriminante que la charge par essieu. Malgré l’utilisation de roues étroites, offrant peu de surface adhérente, c’est bien la réduction du poids sur chaque roue qui impactera en premier la capacité à passer sans orniérage. Comment faire, alors, pour concilier abaissement des charges par essieu, réduction des jours disponibles et contraintes de main-d’œuvre? Seule la robotique offrirait une voie possible en intégrant une réduction du poids d’ensemble autonome sans pénaliser le débit de chantier. La mise en œuvre de tracteurs standards composant plusieurs ensembles attelés n’atteint pas les performances des plus grosses automotrices et sollicite davantage de main-d’œuvre. Mais le fait de rendre indépendant un tracteur à l’arrachage ou au débardage divise par deux le poids de trafic. Les technologies limitant la compaction (télégonflage, pneus IF et VF, CTF1…), en voie de vulgarisation, ont avant tout été mises au point pour répondre au problème de l’inexorable accroissement du poids des machines. Gardez néanmoins en tête que les fondamentaux agronomiques sont souvent plus déterminants que la meilleure des technologies développées pour préserver vos sols. ■

1 Controlled traffic farming: voies de passage permanentes limitant les zones de compaction du sol.

Pour aller plus loin, accédez via la réalité augmentée à un document détaillant les facteurs à l’origine du tassement et énumérant des solutions préventives et correctives.

Malgré une pression de contact inférieure avec un pneu large, le seuil critique de 100 kPa est retrouvé jusqu’à 60 cm de profondeur en augmentant la charge par essieu.

Conservez une longueur d’avance.

Un nombre croissant d’acquéreurs choisissent de suréquiper leur semoir pour anticiper les besoins à moyen ou long terme.

RENOUVELLEMENT DU SEMOIR EN LIGNE Un investissement à long terme déterminant

Dans un marché très changeant, le renouvellement du semoir en ligne suscite chez l’agriculteur de multiples interrogations. Le choix d’un modèle adapté requiert la détermination claire des itinéraires techniques adoptés ou à suivre dans les années à venir. Voici quelques tendances observées par des constructeurs de premier plan pour alimenter la réflexion du céréalier.

Dans son dernier rapport économique, le syndicat des industriels de l’agroéquipement Axema indiquait une croissance des ventes de semoirs traînés pour l’implantation de cultures en semis simplifié, direct et sous couvert. Il soulignait également une augmentation de la valeur moyenne des machines en raison d’une largeur et d’un niveau d’équipement technologique supérieurs. Semoir mécanique ou pneumatique, solo ou combiné, conventionnel, simplifié ou direct… lequel privilégier? «La solution du semoir passant partout, par tous temps, disposant d’une vitesse de travail et d’une précision élevées pour toutes les semences, tout en travaillant de façon à la fois conventionnelle sur labour, simplifiée ou directe n’existe pas», prévient Jean-Luc Farges, chef produits Lemken en travail du sol et semis. Le choix de l’appareil est largement influencé par le mode de production de l’exploitation, par sa surface… «Aujourd’hui, on est de plus en plus sollicités pour un conseil d’approche et non plus pour une comparaison de nos modèles par rapport à ceux de la concurrence, constate Olivier Groué, chef produit sol et semis passif chez Amazone. L’agriculteur choisit avant tout son semoir pour réaliser des couverts, quitte à investir à plusieurs. Certains remettent aussi en cause leurs pratiques pour le semis d’automne et notamment la préparation du sol.»

Météo influente

Les agriculteurs préoccupés par la simplification de leurs itinéraires techniques privilégieront l’acquisition d’un semoir simplifié, voire de semis direct. Si ces types d’appareils

réduisent ou suppriment le nombre de passages mécanisés de préparation du sol, ils se révèlent en revanche plus onéreux à l’achat. D’où la tendance croissante à l’achat groupé. Depuis cinq ans environ, le semis direct a pris beaucoup de place sur le marché. «Cette évolution a néanmoins été freinée l’an dernier par le manque de clarté politique sur l’usage du glyphosate, ainsi que par l’absence de visibilité sur la rémunération du stockage de carbone dans le sol», estime Rémi Bohy, responsable produits semis chez Horsch. Selon plusieurs constructeurs, la progression vigoureuse des ventes de semoirs de TCS a elle aussi subi un ralentissement en France, en raison de conditions d’implantation difficiles liées à la sécheresse estivale et aux précipitations excessives à l’automne. Ces aléas climatiques auraient donné un nouvel élan aux combinés de semis, plus polyvalents. «En combiné classique, il se vend bien sûr des modèles de 3m, mais les produits sont de plus en plus larges, jusqu’à 6m en version portée arrière, semi-portée ou avec trémie avant», indique Jean-Luc Farge (Lemken). Quelques constructeurs commencent aussi à proposer une largeur de 8m, mais le volume d’appareils vendus reste pour le moment limité.» La course à la vitesse d’implantation observée ces dernières années sur le marché du semoir de précision ne s’est pas étendue au semoir en ligne: plusieurs fabricants évoquent une allure cible de 10 à 12km/h tout au plus. Car semer vite provoque la remise en germination d’adventices. Mieux vaut donc emblaver, par exemple, à une allure modérée, quitte à augmenter la largeur de travail pour conserver le même rendement de chantier. Un nombre croissant d’acquéreurs choisissent de suréquiper leur semoir pour anticiper les besoins à moyen ou long terme. Cette tendance est observée, entre autres, avec les trémies multiples (jusqu’à quatre) compartimentées ou externes afin d’opérer en single shot (dans le même rang), par exemple en fertilisation au semis, pour implanter des variétés multiples… ou mettre en place des cultures associées (colza notamment) avec des plantes

Trémies multiples

«La demande en trémies multiples concerne principalement les dispositifs destinés sa revente.» pression au sol depuis la cabine, ou encore

compagnes, en double shot (rangs séparés). aux appareils pour semis simplifié ou polyvalence des appareils modulaires. Afin direct, mais elle se raffermit également d’éviter une déconvenue après l’achat, en semis conventionnel où la simple tré- mieux vaut s’assurer de la disponibilité mie reste encore majoritaire, relève dans la durée des pièces détachées. Attention également à ce que les

«La polyvalence appareils traînés soient bien immatriculés. Mieux vaut mentionner générée par la présence la fourniture du certificat d’homologation sur le bon de commande de trémies multiples avant signature! Que réservent les constructeurs de valorisera l’appareil semoirs pour les années à venir? lors de sa revente.» La profondeur de semis ou la pré cision sur l’interrang feraient par DAVID GUY, responsable commercial du groupe Burel tie des pistes de développement. Le prix de vente préoccupe aussi

David Guy, responsable commercial nologie que concentrent aujourd’hui les du groupe Burel. La polyvalence géné- appareils neufs, un agriculteur pourrarée par la présence de trémies multi- t-il, demain, se permettre l’acquisition ples valorisera aussi l’appareil lors de d’un semoir? ■

Les constructeurs proposent également la coupure de section. Sur les appareils haut de gamme, nombre d’entre eux prévoient l’ajustement des quantiLE MARCHÉ FRANÇAIS DES SEMOIRS EN LIGNE EN 2019 tés du ou des produits distribués à par2950 semoirs en ligne tir de cartes de modulation. Ils ont aussi travaillé sur les aspects de confort: sim(estimation) 75 % de semoirs conventionnels (solos et combinés/mécaniques plification des réglages, amélioration de et pneumatiques) l’accès aux organes, plus grande commo- 25 % de semoirs de semis direct dité d’étalonnage, jalonnage plus souple, et simplifié réduction du bruit de la turbine ou de la Source: Axema

Polyvalente, la trémie frontale dissociée du semoir peut être couplée à une barre de semis en ligne conventionnel, un semoir de précision ou des outils de préparation du sol pour implanter une culture, semer des couverts végétaux ou fertiliser.

certains d’entre eux: avec la tech-

This article is from: