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Embarquer des extincteurs adaptés pour être moins vulnérable

Bien que le Code de la route n’impose aucun moyen de lutte contre le départ de feu sur les engins agricoles, dès lors qu’un conducteur est embarqué, c’est le Code du travail qui l’oblige. Vu le prix du matériel, s’équiper d’un extincteur adapté au risque s’avère indispensable. Sans compter qu’avec la fréquence des fortes chaleurs, un départ de feu peut arriver à chaque instant.

Avec les périodes de forte chaleur, les risques d’incendies se multiplient. Les causes de départ peuvent être nombreuses, notamment lorsque l’agriculteur fait le plein de carburant des engins pendant la moisson ou encore durant les chantiers de pressage. Question réglementation, notons que les matériels agricoles ne sont pas concernés par le Code de la route, qui impose la mise en place d’extincteurs dans les véhicules de transport de marchandises ou de transport en commun de personnes. Il convient cependant de se référer aux textes du Code du travail et des arrêtés préfectoraux en vigueur à échelle départementale.

Un extincteur de 6 kg pour les feux de classes A et B Le Code du travail impose de munir d’un extincteur un engin dès que celui-ci est pourvu d’un emplacement. Son article R 4324-45, relatif aux mesures d’organisation, aux conditions de mise en œuvre et aux prescriptions techniques auxquelles est subordonnée l’utilisation des équipements de travail, prescrit que les équipements de travail mobiles automoteurs qui, par eux-mêmes ou du fait de leurs remorques ou de leur chargement, présentent des risques d’incendie, doivent être munis de dispositifs de lutte contre le feu. Sauf si le lieu d’utilisation en est déjà pourvu et à condition que les équipements soient suffisamment rapprochés. L’utilisateur d’un engin agricole automoteur ou d’un tracteur est donc concerné.

Les moissonneuses-batteuses comptent de nombreuses pièces en mouvement dont la température élevée et le contact avec la paille peuvent rapidement provoquer un démarrage d’incendie. Mieux vaut donc s’équiper d’un extincteur adapté au risque.

Le conducteur doit avoir à sa portée un extincteur portatif de 6 kg pour lutter contre les feux de classes A et B. C’est le cas, évidemment, sur la moissonneusebatteuse ou sur le tracteur attelé à la presse à balles rondes ou rectangulaires.

Dans le Cher, par exemple, un arrêté préfectoral prévoit que tout tracteur ou moissonneuse-batteuse utilisé pendant la moisson doit être muni d’extincteurs à poudre polyvalente de grande capacité. L’objectif étant de lutter contre un départ d’incendie. Sans oublier de préciser que tout matériel équipé d’une batterie devra comporter un interrupteur coupe-circuit et des fusibles conformes aux normes en vigueur. En outre, les automoteurs devront bénéficier d’un extincteur portatif homologué, de nature et de capacité appropriées au risque. La sortie du pot d’échappement doit renvoyer les gaz verticalement et à au moins 1,75 m au-dessus du sol. Le pot, enfin, doit se doter d’une chicane pare-étincelles.

Cinq catégories de feu

Dans le jargon professionnel, différentes classes de feux existent : la classe A caractérise ceux de matériaux solides, généralement de nature organique, dont la combustion se fait normalement avec des braises ; la classe B désigne les feux de liquides ou de solides liquéfiables ; la classe C les feux de gaz ; la classe D les feux de métaux (pour lesquels seuls les extincteurs à poudre spécifique – à base de graphite, de carbonate de sodium, de chlorure de sodium – doivent être utilisés) ; et la classe F les feux liés aux auxiliaires de cuisson sur les appareils de cuisson (huile et graisse). Vous l’aurez compris, mieux vaut d’abord savoir quel combustible brûle. C’est évidemment ce qui détermine le choix de l’agent extincteur. Les extincteurs à eau pulvérisent de l’eau additivée pour éteindre les feux de classes A et B. Leurs agents chimiques créent une pellicule de protection sur le matériau en combustion et l’isolent de l’air. Ils agissent par refroidissement et peuvent être utilisés contre les feux d’origine électrique (tension inférieure à 1 000 V). À savoir que les additifs, corrosifs, risquent d’abîmer les installations. Les extincteurs à eau sont identifiables facilement grâce à la couleur bleue de leur étiquette ou de leur poignée. Les extincteurs à mousse, quant à eux, servent à éteindre les feux de classes B et A.

Des dispositifs d’attelage spécifiques, à décrochage rapide, peuvent limiter le risque de voir l’ensemble tracteuroutils partir en fumée.

Leur contenu est similaire à celui des extincteurs à eau additivée, mais leur diffuseur transforme l’eau en une mousse lourde dont le but est d’isoler le combustible de l’air. Eux aussi agissent par refroidissement. La mousse se montre plus efficace sur les feux de liquides inflammables, elle retient les vapeurs et empêche le redémarrage des flammes. La poignée de ce type d’extincteur est souvent bleue.

Dispositifs à poudre et à CO2

QUE FAIRE EN AMONT POUR LIMITER LES RISQUES D’INCENDIE ?

La moissonneuse-batteuse doit faire l’objet de l’attention de l’agriculteur. Entretenir parfaitement sa barre de coupe permettra de limiter les points de chauffe quand elle est en action. Celle-ci doit être correctement dégrippée puis graissée, et il faut veiller à garder du jeu afin d’éviter qu’elle ne chauffe trop. Sur la machine, les zones d’accumulation de poussières et pailles doivent être nettoyées très régulièrement. Faites-leur la chasse pour prévenir les dépôts. Si besoin, n’hésitez pas à ôter une tôle ou un carter sur lequel l’accumulation pourrait devenir source d’incendie. La moissonneuse-batteuse se doit bien sûr d’être dotée de plusieurs extincteurs facilement accessibles. En disposer à différents endroits reste conseillé, de manière à toujours en avoir un à portée de main. Installer, éventuellement, des caméras supplémentaires, notamment au niveau des zones non équipées, s’avérera utile pour identifier plus rapidement les éventuels départs de feu. Avoir toujours un déchaumeur attelé au tracteur, prêt à partir en cas de besoin, est également recommandé. De même, enfin, que de disposer d’un extincteur dans chacun des tracteurs, surtout en période de moisson.

Les extincteurs à poudre ABC sont les plus polyvalents puisque, comme leur nom l’indique, ils s’avèrent efficaces contre les feux de types A, B et C. Leur agent chimique étouffe les flammes en isolant le combustible. L’extincteur à poudre s’utilise sur feu électrique, mais il endommagera fortement l’installation tant la poudre est corrosive. Par ailleurs, le côté irritant de celle-ci implique de l’utiliser en extérieur et avec précautions. Le plus souvent, la poignée de ces extincteurs est jaune. Des extincteurs à poudre spéciale existent également, ils éteignent notamment les feux de classe D et sont réservés aux sapeurs-pompiers ou aux locaux à haut risque de type industriel. Les extincteurs à CO2, aussi appelés « extincteurs à neige carbonique », permettent de lutter contre les feux de classe B et sur ceux d’origine électrique. Ce sont d’ailleurs les plus appropriés pour ces types d’incendies, car ils ne laissent aucun résidu et ne provoquent aucun dégât sur le matériel. Le gaz émis va chasser l’oxygène autour des flammes, provoquant leur extinction par étouffement. La couleur grise identifie ces modèles au niveau de la poignée, de l’étiquette, de la goupille…

Les feux de classe F, correspondant à l’embrassement d’huiles ou de graisses de cuisson, doivent pour leur part être éteints de préférence avec une couverture incendie. C’est le plus efficace et le moins risqué. Inutile de rappeler que jeter de l’eau sur de l’huile enflammée peut provoquer des projections très importantes et dangereuses. ■

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