YEGG MARS 2014

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N°23 MARS 2014

YEGGMAG.FR

LE FÉMININ RENNAIS

YEGG . . .

IT GRATU

N O U V E L L E G É N É R AT I O N

MÉDECINES DOUCES

EN QUÊTE DU BIEN-ÊTRE PAGE 12


© CÉLIAN RAMIS


Celle qui

C

navigue sur les flots familiaux

’est une passionnée de la mer, une passionnée des beaux bâteaux et une passionnée de courses. Elle impressionne de par son tempérament. Une personnalité réservée à la motivation inébranlable. Une fois ses études à l’ESC de La Rochelle terminées, la malouine Servane Escoffier se lance dans une carrière de navigatrice. Fille du skipper Bob Escoffier et nièce du navigateur Franck-Yves Escoffier, elle baigne dans ce milieu depuis son enfance. Mais c’est son caractère et sa détermination qui font sa force et son talent. La vingtaine à peine, elle aménage ses périodes de cours pour effectuer ses régates, elle convainc son père de faire la transat Jacques Vabres en duo. « Au départ, c’était une parenthèse pour savoir ce que j’allais faire plus tard. Ça a été un déclic », explique-t-elle. En 2006, elle entame sa première course en solitaire, la Route du Rhum, de Saint-Malo à Point-àPitre. Puis devient la plus jeune française à accomplir le tour du monde en course au cours de la Barcelona World Race, avant de s’engager, en 2010, pour sa 2e Route du Rhum, « sur un bateau de la taille d’un ter-

rain de tennis ! » Mère de deux enfants en bas âge, Servane Escoffier arrête de naviguer. Mais n’arrête pas pour autant de s’impliquer dans la voile, en tant que femme d’entreprise, initiatrice du projet Espoir pour le Rhum avec son compagnon de Louis Burton – ensemble dans l’écurie BG Race. Aujourd’hui, elle allie vie de famille, travail et entrainements puisqu’elle reprendra en novembre 2014 la route qui mène en Guadeloupe. Et c’est sa famille qu’elle emmènera à bord de ses pensées pour affronter les moments difficiles. « Il y a des phases très intenses, la météo, le mauvais temps, les imprévus. Dans ces moments, j’ai des soutiens avec moi : j’emporte mon compagnon, mes enfants, mon entourage », précise-t-elle. La navigatrice se fixe des paliers à franchir au fil de la course, pour l’aider à passer des caps. Son objectif final ? « Faire une belle course. Je veux bien me battre. Et j’ai aussi envie de partager cette expérience avec toutes les femmes qui ont des vies bien remplies et qui se demandent comment concilier tout ça avec une vie de famille. Sans dire que je suis meilleure que les autres. Juste envie de partager », conclut-elle. I MARINE COMBE

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RETROUVEZ CHRISTINE ZAZIAL DU LUNDI AU VENDREDI DE 6H À 9H SUR FRANCE BLEU ARMORIQUE (103.1 FM)


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ÉDITO l MARS, LE MOIS ZEN

PAR MARINE COMBE, RÉDACTRICE EN CHEF

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ars, un mois important dans le calendrier féminin. Le 8 mars, précisément, nous célèbrerons la journée internationale des Femmes. Et à Rennes, la manifestation prend son temps et son pied en étalant les festivités jusqu’au 8 avril (et en commençant le 5 mars, ne soyons pas avares). Sur le thème de l’égalité femmes – hommes en Europe. Conférences, ateliers, performances artistiques, projections de documentaires, voilà qui devrait poser les bases et remettre les idées en ordre à celles et ceux qui seraient tentés de clamer haut et fort que cette journée ne sert à rien. Sans intention moralisatrice, elle nous remet en mémoire les luttes des femmes qui se sont battues pour le droit à l’avortement (un droit qui ne tient aujourd’hui qu’à un fil et que certains seraient tentés de couper tel un cordon ombilical), pour le droit de vote, le droit de travailler, le droit d’ouvrir un compte en banque sans autorisation de notre cher et tendre, le droit à l’égalité des salaires (hum) et j’en passe ! L’occasion également de réfléchir sur la condition actuelle des femmes. Celle qui voudrait que l’on soit des Super Women, des acharnées du travail, des pros du biberon, des copines pêchues, des épouses modèles ou des célibataires épanouies, et là aussi j’en passe. Et dans toute cette pression se crée la confusion. Voilà qui pourrait expliquer l’engouement des femmes pour les pratiques du bien-être, appelées médecines non conventionnelles, visant à se recentrer sur soi, à s’écouter et à prendre en compte notre corps et notre esprit. Qui sont les praticiennes et comment évolue ce secteur en pleine expansion depuis plusieurs années ? C’est l’enquête de notre Focus. Objectif détente !

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SAUTES D’HUMEUR . . .

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ì TOUTES À POIL(S) !

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ean-François Copé a de quoi trembler ! Lui qui s’inquiétait de la diffusion du livre Tous à poil à l’école… Il n’y a pas que les libraires du Nord qui se mettent à poil contre la censure. La révolution est en marche et elle se fait à poil, qu’on se le dise ! Que ce soit pour lutter contre des accusations injustifiées, pour accepter son propre corps ou encore bousculer le marketing, les femmes font tomber les fringues. En effet, on note la prolifération de sites Internet visant à mettre en lumière les corps féminins, pas plus vêtus que ne l’était Éve. Ainsi, The Nu Project propose divers et variés clichés de participantes volontaires pour poser nues à leurs domiciles. Né en 2005, le projet vise à photographier « des modèles non-professionnelles, avec un minimum de maquillage et pas de glamour ». Le tumblr Mon corps m’appartient prend aussi son élan. La créatrice invite les femmes à poster « une photo de vous, anonyme ou pas, visage apparent ou pas, corps dénudé ou pas ». Accompagnés de textes, les visuels cherchent à démontrer la beauté de tous les corps, ronds, petits, disproportionnés, abimés, oubliés, chéris, etc. Poilus également… Les poils comme arme de lutte et de buzz ! C’est le choix de la marque de prêt-à-porter américaine, American Apparel, qui début janvier créait la polémique en mettant en vitrine des mannequins aux poils pubiens très développés. De quoi hérisser les poils de Monsieur Copé et autres juges des bonnes conventions…

I MARINE COMBE

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I MARINE COMBE

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PAS POUR LES

LESBIENNES

n mai 2013, la loi Taubira autorisait les couples homosexuels à se marier. La Manif pour tous n’avait donc pas eu raison de cet engagement qu’avait pris le candidat Hollande, avant son élection. C’est du moins ce qu’on espérait. Mais il semblerait que les pressions soient trop fortes pour que le gouvernement puisse assumer entièrement ses positions. La question de la PMA – procréation médicalement assistée – avait d’abord été écartée du Mariage pour tous pour des raisons de confusion dans un débat qui s’annonçait déjà extrêmement houleux. La porte restait pourtant ouverte avec la possibilité pour les couples lesbiens d’avoir recours à la PMA à l’occasion de la loi sur la famille. Le 2 février 2014, la Manif pour tous réunit des milliers de manifestants dans les villes de France. Le lendemain, Manuel Valls, rapidement soutenu par Matignon, annonce que la PMA ne figurera pas dans le projet de loi et que le gouvernement rejettera les amendements des parlementaires. Depuis les réactions de gronde se font entendre, à très juste titre ! Madame Figaro publie sur son site une interview du professeur François Olivennes, gynécologueobstétricien, qui explique le mépris de la France envers les techniques d’aide médicale à la procréation et qui regrette le manque d’informations autour des dons d’ovocytes – très faibles dans l’Hexagone – et Le Monde dresse un portrait de plusieurs couples de femmes homosexuelles qui se sont vues refuser, par le Parquet, l’adoption de l’enfant de leur conjointe pour « fraude à la loi ».

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SOMMAIRE l MARS 2014

Entre terre et mer . page 2 Acceptation limitée . page 6 Le genre fait trembler l’école ? . page 8 La politique en bref . page 9 Restriction espagnole . page 10 Les praticiennes de l’énergie positive . page 12 Elles déplacent le ciel . page 20 La culture en bref . page 22 Femmes documentées . page 23 Jugement dernier . page 24 Sacrées cocottes . page 25 Riez, c’est bon pour la santé ! . page 26

LA RÉDACTION l NUMÉRO 23

YEGG l 7 RUE DE L’HÔTEL DIEU 35000 RENNES

MARINE COMBE l RÉDACTRICE EN CHEF, DIRECTRICE DE PUBLICATION l marine.combe@yeggmag.fr CELIAN RAMIS l PHOTOGRAPHE, CRITIQUE CINÉMA l celian.ramis@yeggmag.fr MARIE LE LEVIER l JOURNALISTE l marie.lelevier@yeggmag.fr MORGANE SOULARUE l JOURNALISTE l morgane.soularue@yeggmag.fr CHLOÉ RÉBILLARD l JOURNALISTE l chloe.rebillard@yeggmag.fr LAURA LAMASSOURRE l JOURNALISTE l laura.lamassourre@yeggmag.fr ANNAÏG COMBE l CRITIQUE MUSIQUE & LIVRES l annaig.combe@yeggmag.fr SOPHIE BAREL l MAQUETTISTE & ILLUSTRATIONS l sophie.barel@yeggmag.fr

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société

DÉCRYPTAGE . . .

L’ABCD de l’égalité

Lutter contre les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge

© CÉLIAN RAMIS

L’ABCD de l’égalité sera mis en œuvre dans les écoles du premier degré en septembre prochain. Il devrait permettre à la société d’être plus juste et plus équilibrée.

L

’ABCD de l’égalité vise la parité entre filles et garçons l’habillement à travers les siècles où l’on voit des garçons en dans le système éducatif, en luttant contre les stéréo- jupe. Mais cela n’a rien de nouveau », rappelle Guislaine Datypes de genres - une fille ne peut pas être routier, un vid, membre du SNUipp-FSU 35. L’enseignante souligne en garçon ne peut pas aimer le rose. L’affaire aurait pu passer outre que c’est un thème transversal, abordé tout au long de inaperçue si des agitateurs haineux n’avaient déversé leur la journée, à travers tous les enseignements et en toutes cirvenin au travers de SMS où il était question « d’appren- constances. « Nous avons les enfants 6 heures par jour, nous tissage de la masturbation, de négation des différences les connaissons bien et nous pouvons donc intervenir quand sexuelles…etc ». Une rumeur entretenue par certains poli- il se disputent, s’insultent, excluent un enfant d’un jeu… Nous tiques et des appels au boycott d’une journée à l’école. À sommes confrontés au quotidien à ces questions et nous detel point que le malaise suscité provons agir en tant qu’adultes éducavoque des réactions de repli sur soi « Nous sommes confrontés au quoti- teurs. Cela fait partie du « vivre enet de mutisme. Ainsi, l’Académie de dien à ces questions et nous devons semble », l’un des objectifs majeurs Rennes, sollicitée par la rédaction de la maternelle, qui se poursuit en agir en tant qu’adultes éducateurs », primaire », appuie-t-elle. Pour Claire de YEGG, n’a ainsi pas souhaité Guislaine David. communiquer sur les vrais tenants Lauden, secrétaire départementale de cet ABCD, estimant que la podu SE-UNSA, chaque instituteur litique de l’autruche fera taire les racontars. « Il y a un vide doit avoir une attitude professionnelle : « Nous reprenons les de communication énorme qui favorise l’incompréhension, la enfants à chaque réflexion ou comportement irrespectueux. peur et les clans », juge Tanguy Jouault, membre du syndicat De plus, nous travaillons pour donner toutes les chances de SE-UNSA. réussite à chacun, les mêmes chances ». L’ABCD de l’égalité Pourtant, le dispositif n’a rien de révolutionnaire. « La lutte ne va donc ni pervertir ni réformer l’école, « il va formaliser contre les discriminations à l’école, quelles qu’elles soient, un peu plus les choses et permettre de repréciser notre rôle est inscrite dans la loi depuis 25 ans – loi Jospin de 1989 - il pédagogique », ponctue Tanguy Jouault. Car cette idée de n’y a donc pas ici de bouleversement. Les fiches techniques l’égalité des sexes est heureusement défendue depuis longmises à notre disposition dans le cadre de l’ABCD sont inté- temps par les enseignants dans leurs classes. ressantes, ce sont de bonnes pistes de travail, comme celles I MORGANE SOULARUE sur la réflexion autour d’œuvres d’art mettant en lumière


société

AU COEUR DE LA RENNES . . .

bref

bref chiffre

SPERME BRETON : LA QUALITÉ !

Les bretons auraient-ils un sperme de compétition ? Une étude effectuée par des chercheurs de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) révèlent que la qualité du sperme en France décline. Pourtant, deux régions enregistrent une évolution positive, avec une augmentation des petits nageurs de morphologie normale : la Franche-Comté et la Bretagne ! Y a de quoi être fiers, non ?

du

mois

PRÊTS, VOTEZ !

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1ère

Peut-être une grande première dans la capitale bretonne : la candidate socialiste, Nathalie Appéré, sera-t-elle la première femme maire de Rennes ?

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chiffre

À VOS POSTES (DE RADIO),

du

mois

Les 23 et 30 mars, Rennaises et Rennais sont appelés à se rendre dans les isoloirs afin de voter pour le ou la candidat(e) qui succédera à l’actuel maire de Rennes, Daniel Delaveau. Tous les mercredis, de 12h à 13h, la Midinale – à écouter sur Canal B, 94 Mhz – analyse, décrypte et informe autour de la campagne des élections municipales dans la capitale bretonne, axée sur les thématiques de l’emploi et du social. Bonne écoute !

bref

bref

le tweet du mois sur

la

toile

Breaking news: en Bretagne, il ne pleut pas que sur les cons (ou alors on est vraiment tous très très cons) #Rennes

sur

la

toile

@Dansmacuizine / 13-02-14 à 8H46

L’ACTU FÉMININE

EST À SUIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX !

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@Yeggmag sur

Yegg Mag Rennes sur

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YEGG

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3

Le projet de loi visant à restreindre les possibilités d’Interruption Volontaire de Grossesse a été approuvé en décembre par le gouvernement espagnol. Depuis les manifestations se sont multipliées. Les Rennais se sont mobilisés, début février, en soutien à la population hispanique.

© CÉLIAN RAMIS

IRENE GARCIA-ARANDA GONZALO EXPATRIÉE ESPAGNOLE À RENNES

Quel est l’état d’esprit actuel des Espagnols ? Du côté de mon entourage, ils le prennent comme une revanche. J’étais en Espagne en 2010 lorsque la loi pour repousser les délais d’avortement est passée. Il y a eu une forte mobilisation des anti-avortements, des mouvements pour la famille qui étaient assez forts. Ils étaient bien organisés mais ils n’ont pas pu faire pression sur le Parti socialiste (à l’époque, au pouvoir, ndlr). On sentait alors qu’ils voudraient prendre leur revanche. Même si c’était une promesse de campagne de Mariano Rajoy, ce projet de réforme sur l’IVG était ambigu. Pour ne pas choquer d’un côté et pour plaire de l’autre. Les Espagnols sont scandalisés par ce pas en arrière. Cette loi va avoir de lourdes conséquences dans le futur. C’est une agression dans la conception de la femme et cela va creuser des inégalités sociales. Ils pensent également aux dangers qu’il y aura en avortant. Et la ministre de la Santé n’est même pas intervenue dans ce débat. La loi est simplement portée par le ministre de la Justice. C’est très personnaliste.

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Quel est l’enjeu de cette loi pour le Parti Populaire ? C’est l’enjeu du pouvoir conservateur. C’est un débat idéologique dû au lien trop important qu’entretient le gouvernement avec l’Église. On ne sait pas si c’est elle qui instrumentalise le Parti Populaire ou si c’est l’inverse. Il y a une lassitude de la politique espagnole. Elle est très idéologique, très fallacieuse, très manipulatrice. Je le ressentais déjà au moment où je suis partie, en 2011, lors de la campagne électorale. Ce qui est paradoxal, c’est que les tendances européennes sont un modèle en général pour le pays. Et avec cette loi qui restreint énormément les possibilités d’avortement (l’IVG pourra être pratiqué dans seulement deux cas : danger pour la vie ou la santé physique ou physiologique de la femme et viol. Dans ce cas, il faudra avoir porté plainte, ndlr), on va à l’encontre de l’Europe. Pourtant, on n’aime pas être en retard sur les autres pays mais là, on ne suit pas. Le désir de la droite espagnole est d’être leader de la droite européenne. La politique est toujours dans cette tension et c’est souvent pour le pire.

Selon vous, la même loi pourrait-elle être approuvée en France ? Si des gens se sont mobilisés à Rennes et ailleurs en France, c’est par solidarité mais également par peur que cette idéologie rétrograde arrive. En tout cas, je ne crois pas en la possibilité de faire pression, ni d’ici, ni en Espagne. Après je ne dis pas que ce n’est pas une bonne chose, s’il y en avait d’autres à Rennes, j’irais les soutenir également. Je pense simplement qu’il ne faut pas se laisser envahir et enfoncer par la peur. C’est comme essayer de faire taire le FN, c’est contre-productif. Il faut laisser leur juste place, sinon on les stimule. Il n’y a pas de véritable forme de dialogue et c’est ce qui crée aussi la grande couverture médiatique de ce type d’événement. I MARINE COMBE

« C’est un débat idéologique dû au lien trop important avec l’Église.»


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des pratiques

non

La tendance est à la remise en ques tion. Une remise en question qui interroge notre socié té et nos pratiques, nos automatismes, notre quotidien. Et la médecine dite traditionnelle n’y échappe pas. L’imp ortance, pour ne pas dire le monopole, de l’industrie pharmaceutique, les nombreux scandales autour de certa ins médicaments (Mediator, Alli, pilules 3ème géné ration, etc.), la déshumanisation et le manque d’éco ute (dû au manque de temps) accordé aux patients, tende nt à interpeller et à questionner les occidentaux. Les instit utions européennes - le Parlement et le Conseil de l’Europe - se sont penchées sur la question des médecines non conventionnelles définies - par le Parlement en 1997 - comm e « les procédés thérapeutiques qui ne relèvent pas, ou pas encore, de la médecine traditionnelle, qui entrainent très probablement la guérison qu’ils promettent et dont l’exercice n’est pas nécessairement lié à l’obtention d’un diplôme d’État dans le domaine de la science médicale » et en appellent à la reconnaissance de ces médecines et nouvelles professions de santé, à condition d’en encadrer strict ement l’exercice et la formation. À plus haute échelle, l’Org anisation Mondiale de la Santé se prononce en faveur « de leur intégration dans les systèmes de santé pour compléter la gamme de soins offerts aux patients », préci se la note d’analyse n°290 du Centre d’Analyse Stratégiqu e (CAS), en octobre 2012 (Rapport : Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ?).

I PAR MARINE COMBE ET MARIE LE LEVIER I PHOTOGRAPHIES DE CÉLIAN RAMIS I INFOGRAPHIES DE SOPHIE BAREL


focus

L’engouement

du

E

n Suisse, le ministère de la Santé a accordé six là pour intervenir avant », détaille Isabelle Hernandez, années « test » à 5 disciplines non conventionnelles praticienne en âyurveda. Le corps comme signal d’alerte. (médecine anthroposophique, homéopathie, Pour nous faire comprendre « qu’on a fait fausse route », médecine traditionnelle chinoise, thérapie neurale et selon Laura Lefebvre, avant de préciser : « Ce n’est pas phytothérapie). En Allemagne, il existe plus de 20 000 pour nous punir. Il n’y a pas de culpabilité à avoir. Ce qui est Heilpraktiker : des « non médecins » utilisant des techniques important de comprendre, c’est que l’on est responsable non conventionnelles pour traiter les problèmes physiques de sa santé, que l’on en soit conscient ou non ». ou psychiques. Le CAS explique qu’afin d’obtenir le titre, ils « doivent réussir un examen (connaissances cliniques et Un esprit sain dans un corps sain ? physiologiques de base et points de droit) ». Un examen Les praticiennes rencontrées ont en commun leurs parcours dont le taux de réussite ne dépasse pas 20%. En France, atypiques. Aucune ne se destinait à devenir praticienne pas de reconnaissance officielle mais une ouverture sur du bien-être. Seule Emmanuelle Royer (photo ci-contre / la complémentarité des médecines, avec photo de Une) a commencé le yoga à l’âge de l’exemple de l’AP-HP (Assistance publique- « Il faut comprendre 12 ans et n’a pas cessé de le pratiquer depuis. hôpitaux de Paris) adoptant dans son que l’on est À 20 ans, elle approfondit ses connaissances plan 2010-2014 un volet sur ces pratiques responsable de sa par des stages et des retraites puis passe des et créant, en 2011, un centre intégré de santé, que l’on en soit examens en Asie, où elle vit à cette époque, médecine chinoise. Aussi, le Centre de et se spécialise dans le Hatha yoga, pratique Médecines Douces du Mans fait intervenir des conscient ou non », la plus ancienne en Inde. En 2007, elle ouvre acuponcteurs, kinésiologues, naturopathes, Laura Lefebvre son studio à Rennes, Pur Yoga. « C’est une ostéopathes ou encore des sophrologues. Et philosophie de vie basée sur la respiration et même dans la capitale bretonne, les professionnels de la l’alignement dans les postures. On oxygène son sang, ce santé y ont recours. Tel est le cas du centre d’évaluation qui permet de mieux nourrir nos muscles et nos organes. et du traitement de la douleur – à Pontchaillou – qui utilise On mange mieux, on dort mieux, on est plus relâché et l’hypnose (lire page 18). Si peu de médecins acceptent de on se muscle partout », explique-t-elle. Une pratique qui répondre à nos questions, ils confient néanmoins que ces s’apparente à du sport, sans en être un. Les postures sont médecines pourraient être intégrées, dans un cadre de physiques, les mouvements sont doux et apaisants, les prévention santé. bienfaits s’en font rapidement ressentir. « Nous ne sommes pas des médecins, nous ne soignons Laura Lefebvre avait ça dans ses tripes, elle voulait être pas, nous apportons du bien-être », déclare Sylvie médecin. Elle s’orientera dans les ressources humaines Hurel, coach de vie - aromatologue et co-gérante de la avant de devenir énergéticienne en 1995 : « C’est un Maison du Bien-Être à Rennes. Quant à Laura Lefebvre, cheminement de vie. Mais je pense qu’il faut avoir ça au énergéticienne-géobiologue-naturopathe, installée fond de nous pour le pratiquer, c’est une vocation ». Dans à Betton, elle est convaincue « qu’on ne fera jamais l’énergétique, on se détache du principe du corps physique, l’économie des médecins ! Ce sont les seuls capables de « on considère que le problème de santé est présent dans le poser un diagnostic et d’accompagner efficacement un corps énergétique avant d’arriver dans le corps physique ». malade ». L’enjeu est ailleurs. Le clivage entre médecines Grâce aux centres d’énergie – les chakras sont reliés à proviendrait principalement de l’industrie pharmaceutique un ou plusieurs organes vitaux – la praticienne rétablit la bien décidée à verrouiller les potentielles alternatives bonne circulation pour retrouver son équilibre. Plusieurs susceptibles de diminuer le besoin de médicaments. Et outils permettent de réaliser le bilan énergétique, à l’aide de concernant la baisse d’intérêt des français la radiesthésie (utilisation de la baguette, du pour la médecine classique, il semblerait « C’est une philosophie de pendule, de l’antenne de Lecher) ou de la que plusieurs raisons entrent en jeu, et géobiologie qui travaille sur les phénomènes notamment celle du manque d’écoute vie basée sur la respiration concernant la personne dans son lieu de et d’attention des médecins face à leurs et l’alignement dans les vie et/ou de travail. Elle en vient ensuite à patients. De là nait un véritable engouement postures. » Emmanuelle la naturopathie. Une pratique qui axe les pour les pratiques holistiques - la personne consultations sur des aspects physiques Royer est prise en compte dans sa globalité, sans et sur l’hygiène de vie. Le but : rééquilibrer dissociation du corps et de l’esprit. « La médecine traite les le corps en utilisant des compléments alimentaires, des symptômes mais pas les causes. En général, lorsque l’on va bourgeons, des huiles essentielles ou encore des élixirs chez le médecin, la maladie est au stade 4. Nous sommes floraux. Mars 2014 / yeggmag.fr / 14


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Solenn Tilly s’est elle aussi orientée vers l’énergétique et la j’ai fait un burn-out. J’étais dans le trop », commente-t-elle. naturopathie, après avoir travaillé dans l’agroalimentaire. Elle prend le temps de s’écouter, de revenir en Bretagne C’est à la naissance de sa fille qu’elle réalise qu’elle n’aime et d’approfondir ses connaissances de la médecine pas lui donner des sirops en guise de traitements : « trop traditionnelle indienne, vieille de 5 millénaires : « je me suis sucrés, trop de rechutes ». En fouillant dans reconnectée à ma nature ». Depuis deux ans les biocoop, en diversifiant l’alimentation, « Je me suis reconnectée et demi, la praticienne reçoit une majorité de elle finit par suivre des séminaires sur la pour des bilans ou des massages à ma nature », Isabelle femmes naturopathie. « Ça a été une révélation. J’y ayurvédiques en suivant sa règle d’or : « Pas Hernandez suis retournée pendant 4 – 5 ans, 3 fois par plus de quatre personnes par jour et pas an en moyenne avant d’obtenir, en 2009, plus de deux massages. Il faut pouvoir être le diplôme CERS-TA, de Heilpraktiker », se souvient-elle. disponible et à l’écoute. Et puis avant chaque consultation, En 2008, elle s’est formée à la pratique de l’antenne de je dois méditer pour me recentrer et être dans les meilleures Lecher. Une méthode qui vise à définir, par les vibrations conditions ». La médecine indienne part du principe que qu’émet ou non l’antenne, les zones du corps énergétique tout l’univers est constitué des 5 éléments (éther, air, feu, à rééquilibrer : « On utilise les points d’entrée de la eau et terre) dans des proportions différentes. Ils sont réunis médecine chinoise et on interroge l’antenne sur les besoins en trois doshas (énergies vitales combinant un ou plusieurs en huiles essentielles, en fleurs de Bach, en oligoéléments, des 5 éléments) : Vata, Pitta et Kapha. « Nous avons tous en homéopathie, etc. ». Pour Solenn Tilly, pas de pression un ou deux doshas prédominants, c’est notre constitution à avoir, chacun doit s’écouter. « On conseille, on oriente de naissance, celle qui influence notre personnalité et notre vers des plantes, des sons, des thérapies naturelles afin de corps. Il faut la maintenir durant sa vie pour être en bonne soigner les terrains dévitalisés. Cela passe souvent par des santé, dans le sens d’épanoui », selon la spécialiste. Elle changements de comportements alimentaires », précise-tdéfinit la constitution de naissance et détermine à quel elle. point la personne s’en est éloignée ou à l’inverse est dans L’alimentation est souvent cause de déséquilibrage l’excès. L’intervention se fait ensuite sur la diététique et/ corporel. Isabelle Hernandez en est convaincue et le ou sur le style de vie. Des positions de yoga pourront être confirme : 90% des préconisations données concernent prescrites « car c’est un outil important de l’âyurveda ». la diététique. « J’ai des patientes qui mangent sainement Autre médecine non conventionnelle, la kinésiologie. et qui pensent bien faire. Mais il faut Sophie Tchékaloff exerce cette profession connaître sa propre constitution pour être « La connaissance de soi, depuis septembre 2012, quartier Sainten bonne santé », souligne-t-elle. Après une c’est le travail d’une vie ! » Hélier. Avant, elle a passé 17 ans dans expérience dans une agence de publicité, l’agroalimentaire en tant que responsable Emilie elle devient, à 23 ans, formatrice dans un qualité. En parallèle, elle pratique la danse centre auprès de personnes handicapées « pour nourrir le besoin de laisser s’exprimer en région parisienne. Elle se plonge dans le yoga et se forme mon corps ». Quand elle décide de se réorienter, il lui en parallèle de son boulot, ce qui la mènera petit à petit à semble naturel en lisant la définition de la kinésiologie de la pratique de l’âyurveda en autodidacte. « Et il y a 4 ans, suivre cette voie : « ça m’a parlé car on prend en compte

Cours de Hatha yoga, au studio Pur Yoga, à Rennes.

© CÉLIAN RAMIS Mars 2014 / yeggmag.fr / 15


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du corps, en travaillant les mémoires corporelles ». Après Le bien-être : un marché convoité une formation à Nantes, elle obtient son diplôme et s’établit Actuellement, nombreuses sont les praticiennes à s’installer à son compte. En kinésiologie, les points d’entrée utilisés en milieu urbain, ou en périphérie. Et les Rennais en sont sont les différents méridiens du corps. Le professionnel va friands. Pour Laura Lefebvre, « il y a une évolution positive alors les rééquilibrer : « On donne du sens à une douleur, on du côté clientes, surtout sur le bassin rennais ». Isabelle réajuste. On étudie ce que le corps ramène à la conscience. Hernandez, souligne une ouverture d’esprit et une réelle C’est lui qui nous mène et nous guide ». Pour cela, Sophie prise de conscience de la part des bretons, qui viendrait de Tchékaloff se munie de plusieurs listes constituant un guide leur naturel, de leur simplicité et de leur authenticité. d’entretien. Le test musculaire va lui Pourtant ces pratiques n’étant pas « Ce n’est pas une thérapie reconnues et intégrées officiellement permettre d’établir un dialogue avec le corps via les bras de la patiente, classique. Généralement, les dans la communauté médicale qui répondent par oui ou par non, en femmes viennent de manière traditionnelle, les consultations ne utilisant la tonicité ou le relâchement ponctuelle », Florence Delaune sont pas remboursées. En moyenne, des muscles sans contrôle conscient elles oscillent entre 50 et 70 euros la du cerveau. « C’est une communication séance (entre 1h et 2h). « Ce n’est énergétique qui s’établit. Le corps sait de quoi il a besoin », pas une thérapie classique. Généralement, les femmes confie-t-elle. Tout son savoir-faire repose sur les mémoires viennent de manière ponctuelle. Certaines reviennent du corps, depuis sa vie intra-utéro à l’instant T. Il pose son mais elles le font quand elles en ont besoin. On leur donne traumatisme, permettant ainsi à la spécialiste de rectifier des clés pour s’adapter au quotidien », explique Florence via des remèdes naturels, comme les huiles essentielles, Delaune, coach sophrologue et co-gérante de la Maison des sons, des mouvements, des symboles, etc. : « je suis du Bien-Être de Rennes. La structure qu’elle gère avec l’intermédiaire entre le corps et la conscience de la personne. Sylvie Hurel permet à de nombreuses praticiennes de Ensuite, c’est un travail de développement personnel. » partager les locaux mais aussi leurs expériences et leurs pratiques. Chaque mois, des ateliers, des conférences et des Happy Lab sont proposés en lien avec le bonheur, Majorité féminine le bien-être, les différentes pratiques encadrées dans Les praticiennes sont, en majorité de sexe féminin. Idem ce domaine. À Rennes, il suffit de naviguer sur Internet pour la clientèle. Selon Isabelle Hernandez, « elles ont pour trouver bon nombre d’animations organisées par les besoin de se reconnecter à ce qu’elles sont ». Un premier associations, les praticiennes ou encore des structures pas se fait souvent dans le cadre d’une guérison puis telles que l’association Joséehoued, qui organisait le 21 s’élargit à une philosophie de vie due à une prise de février dernier une conférence animée par la chaman Elli conscience. Une prise de conscience qui se généralise Mizikas (lire ci-contre). À cette même date s’ouvrait le salon depuis 4 – 5 ans, selon les praticiennes. « Il y a une vraie Bio Respire la vie, au parc expo de Rennes. Durant trois demande, ça devient presque incontournable. On devient jours, une multitude de stands de cristaux, massages, soucieux de son bien-être. On commence à se lasser de naturopathie, géobiologie, feng-shui, huiles essentielles la prise de médicaments, on essaye de trouver d’autres entre autres, étaient à la disposition des curieux à l’affut de solutions », observe Laura Lefebvre. Pour Solenn Tilly, il est toutes les pratiques et nouveautés en terme de bien-être. primordial de retrouver l’estime de soi et de s’écouter : « Il Les médecines non conventionnelles bénéficient donc faut le faire en douceur pour ne pas choquer le cerveau ». d’un intérêt certain depuis plusieurs années et tendent à Emilie* vit à Rennes. Issue d’une famille attentive au se démocratiser. Un bémol survient alors : « L’industrie a bien manger et aux alternatives des médicaments bien compris que ça marchait et met la main sur certains – homéopathie, acuponcture – elle participe aux produits de type lait de soja. Elle popularise l’information constellations familiales, en individuel dans un premier mais ne sensibilise pas », conclut Solenn Tilly. temps en 2006, animées par Véronique Ghezel. Puis * Le prénom a été modifié de manière collective en 2009 et travaille sur de lourds héritages émotionnels familiaux. Il y a un an, elle s’est e formée avec Laura Lefebvre à la pratique du reiki – qui pularis trie po ensibilise s fait appel au magnétisme : « Cela équilibre les parties du u d in ’ s «L ais ne corps, c’est doux, chaud, très cocooning. C’est important ation m lenn Tilly m r fo de le pratiquer sur soi pour être disponible pour les autres ». l’in So pas », Elle apprécie la considération holistique de l’être humain. Une manière aussi d’aller plus loin « dans la connaissance de notre propre personne. C’est le travail d’une vie ! »

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Secrets de

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Roue médecine, cercle sacré chamanique

Magnétiseuse en séance

Isabelle Gillet, magnétiseuse Au quotidien, Isabelle Gillet propose ses conseils et ses études : en Feng Shui, en Géobiologie et en Home Staging. Dans la discrétion, elle partage ses talents de magnétiseuse. Un don qu’elle découvre dès l’âge de 20 ans. Il consiste à utiliser son énergie ou l’énergie captée pour soulager une douleur, enlever une verrue ou cicatriser une brûlure. « J’appose mes mains sur un individu ou sur une photo. Je ferme les yeux et je me concentre pour que l’énergie pénètre. J’éprouve un ressenti, comme des fourmis et lorsque mon corps est fatigué, je m’arrête », décrit la magnétiseuse. En général, une pratique de 15 minutes tous les 2 ou 3 jours suffit pour

éradiquer le problème. Pour profiter de ce don, le prix s’élève entre 20 et 25 euros (2 à 3 séances). Elle éprouve également des ressentis physiques avec les lieux : des vertiges, des évanouissements lorsque les énergies y sont négatives : « Je suis allée dans une maison à Rennes où une dame était gênée par une pièce. Je me suis effondrée. » Après des recherches, sa réaction est expliquée. Il s’agissait d’un lieu de torture pendant la seconde guerre mondiale. Pour guérir l’habitat, elle y pratique un nettoyage énergétique. « Une remise à niveau, où j’utilise de l’encens, du sel ou des bols tibétains pendant plus d’une heure », détaille-t-elle.

Elli Mizikas, shamanka et éveilleuse d’ame

Spécialiste des mythes, des contes et des tradition s populaires, psychothérapeute et écrivain, Elli Mizikas rencontre durant ses voyages de nombreux maîtres chamaniques. Elle décide, à son tour, de transmettre ses connaissances lors de conférences, de formations, d’atelie rs, sans s’affilier à une tradition en particulier. Il sert à faire découvrir, naître et réconcilier les gens avec les énergie s, pour guérir et soigner. Cela passe par la méditation profond e, la danse, les rituels, l’utilisation de plantes, de minérau x et d’outils (crânes, bâtons). « Le chamanisme m’a apporté beaucoup sur la compréhension psychiatrique des individu s », explique-t-elle. Elle utilise « nos mots, pour parler de leur

sagesse à eux, afin que nous puissions nous réapproprier leurs merveilles ». Elli Mizikas s’est intéressée très tôt aux espace s ésotériques, dès l’âge de 6 ans, en posant beaucoup de questions aux adultes, comme une soif de comprendre tous les mystères de l’existence. Aujourd’hui, elle continue de se former. « Il faut travailler sur soi, sur l’ensemble de l’être et expérimenter » avoue-t-elle avant de préciser que « chaque chamanisme est une parcelle de vérité et une mise en forme qui est propre à chaque culture ». C’est pour cette raison qu’elle n’exclut aucune famille. « Les chamans ont une connaissance de la terre, de la vie et de la psyché humaine que certains scientifiques ne découvrent que maintenant », conclut-elle.

Anna, panseuse de feu Surprise de panser les brûlures, Anna reste discrète sur son don : « Je suis quelqu’un de terre à terre ». Lorsqu’elle pose ses mains à côté d’une plaie, la douleur disparaît. « Mes mains deviennent chaudes », explique-t-elle. Et la personne se sent soulagée. « Ma mère était enceinte de quelques semaines lorsqu’un feu s’est déclaré dans la maison. Le voisin lui a dit que

son bébé serait panseur de feu ». Sa prédiction se confirme : Anna soulage, très jeune, une femme brûlée par l’huile d’une friteuse. Elle vient en aide à ceux qui le lui demandent. « Jamais, je ne le ferai payer. Ce serait une aberration pour moi », précise-t-elle.

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Une thérapie complémentaire

qui fait ses preuves rsitaire de Rennes. Il est anesthésiste au Centre Hospitalier Unive Le docteur Philippe Rault est médecin que une thérapie complémenprati y Il ur. doule la de ment traite du et responsable du centre d’évaluation explique. taire : l’hypnose ericksonienne. Il nous

En quoi consiste l’hypnose ericksonienne ?

Il s’agit d’une hypnose assez originale, mise au point par l’américain Milton Hyland Erickson. Un homme très astucieux qui a développé une technique très personnelle pour aider les patients à trouver des ressources en eux - afin de répondre à leurs questions de santé mentale et physique. Jeune, il avait contracté la polio. Pour ne pas être paralysé, il a travaillé sur son mental. Il a imaginé ses muscles en activité et ça a fonctionné : il n’a pas connu le destin tragique qu’on lui prédisait. Il a voulu aider les autres.

Dans quel cas utilisez-vous cette technique sur vos patients ? Je la pratique en cas de douleurs chroniques, c’est-à-dire d’au moins trois mois. Chez des personnes souffrant de migraines, de problèmes lombalgiques, neurologiques, mais aussi lorsqu’elles ont une contre-indication ou refusent d’être anesthésiées. Je l’utilise comme moyen alternatif pour la réalisation d’une coloscopie, par exemple. Le patient est éveillé et entre dans une transe hypnotique où la douleur est différente. Sa partie émotionnelle est déconnectée de sa partie sensorielle, ce qui lui permet de trouver la solution en lui, pour mieux supporter la douleur. On est dans une concentration intérieure où la transe est comparable à celle que nous vivons lorsque nous sommes perdus dans nos pensées.

Comment cela fonctionne ?

Le médecin s’assure de la motivation du patient et entretient un lien thérapeutique avec lui. Lors de l’hypnose, il l’accompagne dans un souvenir agréable, l’invite - avec des mots positifs, une voix tranquille et monocorde - à entrer dans des

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pensées positives. Plus le patient est dans ses idées réconfortantes, moins il est dans la salle d’examen et donc dans la douleur.

Il s’agit ici d’une thérapie dite complémentaire. A-t-elle pour vocation de se substituer au traitement médical ?

En aucun cas l’hypnose ne remplace le traitement de départ. Elle vient toujours en complément. Pour la douleur, elle fait partie de l’arsenal pour soigner le patient, au même titre que les médicaments, la chirurgie, la kinésithérapie ou l’homéopathie. Elle n’est pas une fin mais un moyen de traiter la douleur.

Peut-on dire, dans le cas de traitement contre la douleur, que la médecine traditionnelle et les thérapies non conventionnelles se complètent ? Oui, elles peuvent fonctionner ensemble en harmonie. La médecine classique repose sur les médicaments et la technique alors que les thérapies complémentaires apportent une synergie sans oublier l’aspect psychologique. Elles fonctionnent toujours (à moins que le thérapeute soit incompétent ou le patient résistant) et offrent un bon complément. Cependant, à la différence de la médecine, l’hypnose n’est pas remboursée par la caisse d’assurance maladie. Du coup, je la pratique en consultation classique pour que les patients soient dédommagés financièrement.

L’hypnose traite-t-elle le patient dans son ensemble ? Elle offre une vision globale, écologique et systémique du patient. Ce dernier est perçu comme un système complexe dans lequel il doit trouver sa place.

© CÉLIAN RAMIS

Le 5 mars 2013, l’académie de médecine a publié un rapport sur ces thérapies - incluant l’hypnose, la médecine manuelle, le tai-chi et l’acupuncture - dans le but « de préciser leurs effets, de clarifier leurs indications et d’établir de bonnes règles pour leur utilisation ». Étaitce essentiel ?

Oui, lorsqu’on utilise des techniques, il faut un minimum de cadres. Il était nécessaire de poser des règles, sinon les gens sont perdus. C’est aussi une réponse aux mauvaises pratiques d’hypnose.


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L’ART & LA MARINIÈRE . . .

Trois femmes dans les nuages Le 21 mars prochain, sera jouée, à l’Aire Libre, à Saint-Jacques de la Lande, la nouvelle pièce de Leslie Kaplan : « Déplace le ciel ». Une pièce de théâtre, sur l’amour, le désir, les mots et les rêves, mise en scène et interprétée par deux comédiennes : Elise Vigier et Frédérique Loliée.

© CHRISTIAN BERTHELOT

L

’histoire se déroule dans une pièce fermée : un appartement ou un bar avec une télévision allumée. Deux femmes ont vécu une rupture amoureuse. Elles sont en arrêt et se posent des questions. L’une cherche un certain Léonard, l’autre dort et ne veut plus sortir. Elles discutent et s’interrogent sur le sens du langage, sur le sens de la vie. « Elles piétinent pour se remettre en mouvement et faire évoluer les choses », explique Frédérique Loliée. C’est une pièce qui fonctionne par association d’idées et d’images. Un mot est sorti et toute une réflexion en découle. Elles jouent sur les codes du western, en décalé, sans romantisme et utilisent des mots de cowboy pour mettre en évidence la longue traversée de la recherche ou de la perte amoureuse. « Le langage est une matière brute avec lequel on essaye de se dépêtrer pour s’en sortir », raconte Elise Vigier. Il prend ici tous ses sens. Mise en scène et jouée à partir du texte de la romancière Leslie Kaplan, cette création est poétique et comique. Elle évoque la femme d’aujourd’hui sans jamais donner sa définition précise, pour que le spectateur construise sa propre idée. Ainsi, « il n’y a pas une réponse mais plein de réponses », explique Frédérique Loliée. Ce n’est pas Mars 2014 / yeggmag.fr / 20

la première fois que les deux comédiennes travaillent avec Leslie Kaplan. « Toute ma vie, j’ai été une femme » et « Louise, elle est folle » ont été montées sur scène à partir des écrits de l’écrivain. La première traite des femmes et de la consommation, la deuxième de la folie et des mots en ville. L’amour et l’imaginaire sont ainsi les nouveaux éléments de cette troisième réalisation. « On est toujours très liées au désir et à une idée de révolution, de faire bouger les choses face au piétinement actuel », confie Frédérique Loliée, avant de préciser que sur ces thèmes, Leslie Kaplan travaille sur le détail : « Elle pense que l’identité est faite de plusieurs fragments et que par exemple, on ne quitte pas quelqu’un pour des grandes choses, mais pour des petites choses ». Une trilogie est née mais sans être anticipée. Il est d’ailleurs prévu qu’elles jouent deux pièces à la suite au Théâtre du Nord, à Lille : « Louise, elle est folle » et « Déplace le ciel ». Ce qui ravit déjà les comédiennes (même si aucune date n’est arrêtée).

Des années de complicité…

Toutes les deux se sont rencontrées à l’école de théâtre du TNB à Rennes, promotion 1991/1994, avant de fonder le


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L’ART & LA MARINIÈRE . . . collectif du théâtre des Lucioles. Vingt ans de fidélité qui leur a apporté une grande qualité de jeux et d’entente. « C’est une force. On essaye toujours de ne pas reproduire les mêmes choses, d’être exigeantes et d’aller vers ce qu’on ne connait pas », précise Frédérique Loliée. C’est en animant un atelier à la prison des femmes de Rennes qu’elles ont ensuite croisé le chemin de Leslie Kaplan. Elles avaient fait appel à elle pour travailler sur son premier roman L’excèsl’Usine et l’adapter au théâtre. « Elle est venue voir la présentation du travail et ça lui a plu », explique Frédérique Loliée. De là a commencé leur collaboration. Sensible à la modernité, à la sonorité et à l’humour des textes de l’auteur, les deux jeunes femmes lui ont demandé d’écrire pour le théâtre. « Son écriture est tellement musicale et jeune. On aime sa façon de penser ici et maintenant. C’est une vraie rencontre », confie l’artiste. Ensemble, elles suivent chaque étape de la rédaction de la pièce et participent à son élaboration. Ce qui demande un long processus de travail. Ainsi, elles se retrouvent, parlent, remettent en cause le monde, se demandent ce que signifie être une femme, une mère, une amoureuse et Leslie Kaplan retranscrit sur

papier. Pour continuer leur travail sur la pièce « Déplace le ciel », les deux comédiennes ont le projet de faire un film/ documentaire avec la réalisatrice Lucia Sanchez. Il sera tourné en périphérie de Paris avec une production rennaise. Leurs personnages soulèveront les thèmes abordés dans la pièce, mais en ville. L’improvisation donc sera de mise. « L’écriture de Leslie Kapan est assez urbaine. Dans ses romans, la ville et la banlieue sont très importantes », explique Elise Vigier. L’objectif ? Ouvrir le dialogue et pousser à la réflexion. « Si on est à côté des gens, ils vont réagir », s’imagine la comédienne. « Et pour le choix du titre « Déplace le ciel » ? Comment a-t-il été choisi ? Leslie Kaplan s’est inspirée d’un slogan de mai 68 « Soyez réaliste, demandez l’impossible ». Parce-ce qu’« on est tellement assénées d’impossibilités, que peut-être faut-il déplacer le ciel ? » », s’interroge-t-elle.

« On est toujours très liées au désir et à une idée de révolution, de faire bouger les choses face au piétinement actuel. » I MARIE LE LEVIER

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L’ÉQUIPE DE YEGG

VOUS SOUHAITE UN BON MOIS DES FEMMES

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YEGG

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PLANS CU’ . . . chiffre

bref FEMMES EUROPÉENNES

Journée internationale des Femmes oblige, le 8 mars met la gente féminine à l’honneur. Et à Rennes, la manifestation prend place du 5 mars au 8 avril, avec l’Europe comme thème central. Au programme, entre autre : une exposition de portraits de femmes européennes, habitantes de Maurepas à l’Espace Social Commun du Gros Chêne, un vernissageapéro proposé par 9 artistes qui interrogent les conditions des femmes en Europe à l’Orangerie du Thabor ou encore un débat sur le port du voile et le travail des femmes dans l’Union Européenne à Carrefour 18.

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FEMMES RENNAISES

70e

anniversaire du droit de vote des femmes françaises, accordé le 21 avril 1944, par le Comité français de la Libération nationale.

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du

bref

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Dans le cadre de la journée internationale des Femmes, plusieurs événements sont organisés dans la capitale bretonne pendant 5 semaines. Les Rennais pourront parcourir la ville à la découverte des rues et des façades qui témoignent de l’histoire des femmes, assister à des conférences autour de la prostitution ou de l’avortement, visionner des documentaires comme Les chevalières de la table ronde : liberté, sexualités et féminisme, de Marie Hélia ou encore découvrir la pièce Les voyages de Médée jouée bref

bref

yegg kiffe à

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à

Le 19 mars à 12h30 – Dalle Kennedy

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DES ENVIES DE JOURNALISME ? REJOIGNEZ NOTRE RÉDACTION !

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via redaction@yeggmag.fr YEGG contactez-nous RETROUVEZ . . . LES PIPELETTES AUTOUR DE CHRISTINE ZAZIAL TOUS LES JEUDIS À 18H SUR TVR ET SUR WWW.TVRENNES35BRETAGNE.FR 20

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culture

L’ART & LA MARINIÈRE . . .

Documentaires au féminin, une programmation européenne Pour la 7ème année consécutive, les Champs Libres - dans la salle de conférence s’associent au Comptoir du doc et à la ville de Rennes pour proposer quatre documentaires, les 15 et 16 mars, autour des femmes. Une façon d’apporter un autre regard sur la journée de la Femme.

© CÉLIAN RAMIS

D

ocumentaires au féminin en est à sa 11ème édition. Les Champs Libres s’y sont associés dès leur ouverture, il y a huit ans. À partir de la journée de la Femme – 8 mars - est décidée la programmation de cet événement. Loin de participer à l’esprit bien-pensant d’une telle journée, la manifestation ouvre le débat sur la condition des femmes, donnant une dimension militante à une célébration qui en manque parfois. En 2014, les documentaires projetés auront un dénominateur commun, l’Europe. Un choix très actuel en vue des élections européennes qui se dérouleront en mai prochain. Quatre documentaires ont été sélectionnés. La programmation oscille entre optimisme et pessimisme. Femmes des douze frontières ouvrira le bal sur une note joyeuse. Il sera question de femmes des balkans qui vont au-delà des fractures qu’a laissé la guerre dans leurs pays et qui franchissent ensemble les frontières. Une manière de montrer une Europe unie à travers ces femmes de nationalités différentes. Le samedi 15 se refermera sur un documentaire nettement plus sombre. Une lettre d’Allemagne raconte l’enfer de la prostitution subie à travers les voix de trois femmes venues de l’Est dans l’espoir d’une vie meilleure. Le film résonne avec l’actualité et le débat autour de la prostitution qui a secoué la société française, fin 2013. Selon Astrid Massiot, responsable de la programmation culturelle des Champs Libres : « Ce film montre un présent difficile, très dur. Cependant le réalisateur a fait le choix de lui donner une dimension artistique peu

commune dans le milieu des documentaires, cela permet d’apporter un autre regard sur la prostitution. » Le 16 mars, les thèmes abordés seront également durs. Mama illegal raconte l’exil économique de femmes moldaves vers l’Europe de l’ouest. Elles laissent tout derrière elles et vivent dans la peur de l’expulsion pour subvenir aux besoins d’une famille qu’elles ont quitté. Les filles des ruines nous plongent dans l’Histoire. Trois femmes écrivent à Berlin en 1945 leur quotidien, dont les viols en série qu’elles subissent de la part des forces armées. Bruno Leroux, de l’association Comptoir du doc estime que « c’est un film assez positif finalement, elles osent affronter la caméra, leur témoignage est très digne. » Astrid Massiot juge que « la programmation est plutôt équilibrée et touche à pleins d’aspects: l’immigration, la prostitution, l’Histoire... » Chaque projection sera suivie d’un débat avec un intervenant. Les réalisateurs de Mama illegal et Des filles des ruines seront présents. Pour le film Femmes des douze frontières, Ghislaine Glasson Deschaumes, initiatrice de la « caravane de femmes », viendra animer le débat. Astrid Massiot se souvient que lors des précédentes éditions, il y a eu des moments très émouvants, grâce à un mélange des composantes du public: « Bien sûr qu’une partie du public est issu du milieu militant, mais nous arrivons à attirer d’autres personnes, et nous proposons un autre regard. » I CHLOÉ RÉBILLARD

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culture

VERDICT . . .

[ IVORY

La sélection culturelle et subjective de la rédaction

FÉVRIER 2014

Un peu plus d’un an après leur premier EP The red album, les briochins-rennais de The 1969 Club dégainent Ivory, un EP de 5 titres financé en partie par crowfunding qui confirme leur incroyable énergie. C’est un rock garage sans concession, riffs secs et basse lourde, porté par la voix fougueuse de la chanteuse et bassiste charismatique Hermann. Un rock explosif, qui cogne, mais dont la subtilité étonne et détonne. Impressionnants sur scène (et d’ailleurs en avril prochain a l’Ubu), The 1969 Club montrent qu’ils savent aussi peaufiner leurs enregistrements et qu’il va falloir définitivement compter sur eux pour dynamiter la scène rock française. I ANNAÏG COMBE

STEVE MCQUEEN FÉVRIER 2014

Sacré meilleur film à la cérémonie des Oscars 2014, début mars, 12 years a slave était grand favoris pour rapporter quelques prix. Parfaitement calibré pour les Oscars puisque film historique tiré d’une autobiographie, il est l’adaptation de l’ouvrage de Solomon Northup relatant l’histoire vécue de l’auteur lui-même. Une histoire de vie stupéfiante. 1841, état de New York, Solomon Northup est un afro-américain né libre qui travaille et est père de famille. L’homme sera kidnappé et réduit à l’esclavage en Louisiane dans les champs de coton. Son calvaire durera 12 ans et l’homme s’en sortira par chance, ce qui lui donnera l’occasion de témoigner vivant et écrire son histoire. C’est donc avec force et précision des détails que l’enfer vécu sera conté. Servi par de belles interprétations et une image implacable, le film frappe avec autorité et puissance dans l’émotionnel et la répulsion. Les tortures physiques et supplices psychologiques ébranlent avec effroi le spectateur qui se voit poussé dans les limites de sa perception de l’horreur. Entre excitation et commotion, on pourra néanmoins reprocher à la réalisation une complaisance certaine qui, à travers un schéma classique de narration, lasse par la semi pauvreté de l’enchaînement des actions visant à émouvoir. Entre devoir de mémoire et curiosité, un film à découvrir. I

DVD

Livre LES GARÇONS ET GUILLAUME À TABLE GUILLAUME GALLIENNE MARS 2014

Très largement récompensé lors de la dernière cérémonie des Césars, Les garçons et Guillaume à table est l’adaptation du one-man-show vieux de 7 ans de Guillaume Gallienne. Pour son premier film, le comédien fait rimer, autour d’une autobiographie, Comédie Française et comédie populaire. L’histoire trouve sa source dans la fascination et l’adoration d’un petit garçon pour sa mère qui grandit dans le fantasme d’être une fille. Un malentendu familial et des conventions qui pousseront le jeune homme qu’il deviendra à aimer les garçons. Le parti pris dans l’écriture de Guillaume Gallienne est là de se questionner sur l’obligation de devoir, par conformisme, être homosexuel lorsque l’on est efféminé. La réussite de l’œuvre réside dans le pouvoir comique du génie de l’interprétation du comédien qui interprète à la fois son propre personnage et celui de sa mère. Dans l’élégance absolue, l’auteur et comédien se travestit et incarne avec autant de douceur que de vulgarité les nombreuses situations à la fois tristes et ironiques de la vie du jeune homme. Une sensibilité révélée à l’écran par un personnage dans l’apprentissage des expériences d’une vie qui le mènera à faire son coming out hétéro. Véritable hommage à la figure maternelle mais aussi aux femmes. Une œuvre à déguster assurément et un artiste complet à suivre. I CÉLIAN RAMIS

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cinéma

12 YEARS A SLAVE

musique

THE 1969 CLUB

]

CÉLIAN RAMIS

Livre

LES FEMMES S’EN VONT EN LUTTE !

PATRICIA GODARD ET LYDIE PORĖE FÉVRIER 2014

À une époque où, d’un côté, la nouvelle génération pourtant avide de plus d’égalité ne semble plus vouloir se reconnaître dans le terme féminisme et où, de l’autre, certaines minorités revendiquent haut et fort (trop trop fort) la remise en cause de droits les plus fondamentaux de la femme (droit à l’avortement, d’accéder à la maternité), l’ouvrage de Patricia Godard et Lydie Porėe, fruit d’une enquête menée pendant plus de quatre ans, est essentiel. Parce qu’il raconte l’histoire de militant(e) s, d’associations et de luttes locales, de combats qui se sont greffés à une action nationale qui ont pris place dans les lieux que nous fréquentons tous les jours. Ainsi, on apprend qu’au 13 rue St Michel, un appartement abritait un cabinet d’avortement clandestin avant la promulgation de la loi Weil, géré par des étudiantes en médecine. Plus généralement, l’ouvrage est un outil de réflexion formidable pour comprendre l’engagement des rennaises dans la lutte pour l’égalité des 1960 et encore de nos jours. Aux éditions Goater. I ANNAÏG COMBE


DANS LE FRIGO DE...

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MÉLANIE LATOUR

Œufs cocottes aux légumes d’antan et mouillettes au piment doux nes urs person ambo 4 n i p r o u t Po de fs bio ais – 100 g arottes - 4 œu g de c an

de p s – 75 - 250 g de rutabaga es d’ail ss lon - 250 g on – 2 gou curcuma 1 bouil ( e n s d e ig é o um caf - 1 de lég lère à - 1 cuil de bouillon ’eau) d e - 1 litr tte et 1 litre uide e l l b a me iq en t de crè k l m bric - 20 ika ille de - 1 feu ées de papr du c n live - 4 pin e beurre fo d’huile d’o d e p - 20 g ères à sou ill - 2 cu

(Le retour du jet d’ail)

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my Yum

Bientôt le printemps ! Yiha !

Préchauffez votre four à 180°. Placez-y un plat rempli d’eau. Épluchez les légumes, l’oignon et l’ail. Coupez-les en tout petits dés. Emincez l’oignon et hachez l’ail. Mettez à chauffer le bouillon jusqu’à ébullition. Plongez-y les légumes et laissez cuire pendant 10 minutes. Faites revenir l’huile d’olive, l’oignon et l’ail, ajoutez le curcuma. Ajoutez les légumes égouttés de leur bouillon. Faites revenir le tout 5 minutes. Assaisonnez. Répartissez vos légumes dans 4 cocottes, creusez un trou au milieu pour y casser les œufs. Salez, poivrez. Versez 5 ml de crème par cocotte. Enfournez au bain marie (dans le plat rempli d’eau préalablement mis au four) pendant 12 minutes. Quand le blanc est cuit et le jaune voilé, l’œuf est prêt ! Pour les mouillettes, coupez la feuille de brick en 4 puis en 2 pour obtenir 2 mouillettes par personne. Badigeonnez de beurre fondu, saupoudrez de paprika, roulez comme une buche, faites tenir avec un pique, dorez 5 minutes au four et posez-les sur les œufs. I RECETTE RECUEILLIE PAR MORGANE SOULARUE

le nes Le Q de Paou sselot - Ren 37, rue V 5 91 02 99 79 0

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nombre de rs 20 14 clopes : 97 nombre de verres : 8

(On est b ie n b ie n b ie n !)

poids : 63 kilos

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© CÉLIAN RAMIS


& © CÉLIAN RAMIS

YEGG & THE CITY

Épisode 7 : Quand j’ai intégré le cercle des rieurs.

C

’est à l’espace JA de Bruz que j’entre dans le cercle des rieurs – et surtout des rieuses, avouons-le, les femmes sont en majorité. Marjorie Hauser est professeur de yoga du rire, « inspiratrice de joie », depuis 2008, après s’être formée auprès du concepteur de la méthode, le médecin indien Madan Kataria. « Ma première compétence était la sophrologie. En découvrant cette discipline, j’ai trouvé ça complémentaire et j’en ai fait mon activité principale. Ça m’a fait beaucoup de bien le yoga du rire. Rire comme quand j’avais 10 ans… J’en avais besoin », explique-t-elle. Un vendredi soir de février, une dizaine de participants se réunit en cercle. Assis, dans un premier temps. On s’échauffe. On lève un bras, on lève l’autre bras, puis les deux, on lance en chœur « Bravo, bravo, formidable ». On sourit, on rit, on inspire, on expire, on applaudit. Ici, on adopte la physiologie de la joie et on fait le plein de positif : « On libère de l’endorphine avec le rire. Cela stimule le système immunitaire, aide à

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la gestion du stress, améliore notre résistance à la douleur et permet de faire le plein d’oxygène ». Pendant une heure, plusieurs exercices vont être proposés. Tout le monde se tient debout à présent et investit l’espace. Des pas de danse, des regards, des sourires, des éclats de rire. Forcés ou naturels, peu importe. Il faut vivre l’expérience pleinement. Au maximum, en tout cas. Si le rire est un langage universel, le lâcher prise en revanche est culturel. Au yoga du rire, une bulle se forme autour du cercle. À l’intérieur, on peut se lâcher, évacuer, s’évader. Après quelques dizaines de minutes d’appréhension et de lutte contre moi-même, je libère petit à petit la pression du quotidien – sans toutefois me dégager de tous les poids - jusqu’au fou rire incontrôlé qui survient lors de la méditation du rire. Les zygomatiques sont légèrement douloureux, les abdos renforcés, mon corps est lessivé, détendu, souple. Tous allongés en fleur sur le sol, dans le noir, nous rions. Tout simplement.

I MARINE COMBE


CAROLE BOHANNE CÉLINE JAUFFRET ANA SOHIER ANNE-KARINE LESCOP

ANNE LE RÉUN BÉATRICE MACÉ ANNE CANAT SYLVIE BLOTTIERE ÉVELYNE FORCIOLI YUNA LÉON BRIGITTE ROCHER FANNY BOUVET MARIE-LAURE COLAS GAËLLE AUBRÉE DORIS MADINGOU KARINE SABATIER ARMELLE GOURVENNEC MARIA VADILLO GAËLLE ANDRO VÉRONIQUE NAUDIN NADINE CORMIER ESTELLE CHAIGNE ALIZÉE CASANOVA DOMINIQUE IRVOAS-DANTEC FRÉDÉRIQUE MINGANT MATHILDE & JULIETTE

LAURENCE IMBERNON

NATHALIE APPÉRÉ ANOUCK MONTREUIL NATHALIE APPÉRÉ ÉMILIE AUDRENMARIE HELLIO CÉLINE DRÉAN VALÉRIE LYS

ISABELLE PINEAUMARINE BACHELOT CHLOÉ DUPRÉ ANNE LE HÉNAFF GÉRALIDINE WERNER DOROTHÉE PETROFF

GWENAËLE HAMON MARION ROPARS

CATHERINE LEGRAND

JEN RIVAL

LES FEMMES QUI COMPTENT,

CHAQUE MOIS DANS YEGG YEGG

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LE FÉMININ RENNAIS NOUVELLE GÉNÉRATION

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