ESPACE INDUSTRIEL
AM ÉDITIONS 61 / JUILLET > SEPTEMBRE 2014 / REVUE BIMESTRIELLE
JUILLET > SEPTEMBRE 2014
ESPACE INDUSTRIEL LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE CASABLANCA . ABDELKADER KAÏOUA L’AGRO-PÔLE OLIVIER DE MEKNÈS LES ENTREPÔTS LOGISTIQUES À L’ÉCHELLE DE TANGER MED RÉSIDENCE POUR ÉTUDIANTS À FÈS SHOW-ROOM BMW, MINI UN ESPACE DE MARQUE INTERVIEW DE HASSAN RADOINE PRIX : 120 DH / 20 € / 25 $ CAN / 20 $ US / 50 FS
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SOMMAIRE BIOGRAPHIES
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ÉDITORIAL
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DÉBAT
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L’ERGONOMIE, UNE DISCIPLINE D’AVENIR
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LE « FACILITY » ET LE « PROPERTY » MANAGEMENT
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Khalil Benkhadra
LE BÂTIMENT INDUS- 22 TRIEL, TECHNIQUE, FONCTIONNEL ET VISUEL Mohamed El Ajmi
ARCHITECTURE 24 & DESIGN INDUSTRIEL À TANGER MED UN MARIAGE DE RAISON ?
82 L’AGRO-PÔLE OLIVIER DE MEKNÈS 84 UN PROJET AÉRONAUTIQUE AU CŒUR DE L’AÉROPORT MOHAMMED V
L’EXTENSION POUR RELOOKER
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LE CACTOPÔLE
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L’IMAGE D’UNE INDUSTRIE
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Handis SNC
Saâd Bargach
Abdellah El Ghrari, Hamdi Filali, Claude Costantini
ART / DESIGN
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GOUVERNANCE 26 EFFICACE, DÉCISION POLITIQUE ET PLANIFICATION POUR UNE URBANISATION DURABLE
PETITE HISTOIRE DE BIBLIOTHÈQUES LA SALLE DE BAINS « PLUG AND PLAY » AFRICA DESIGN AWARD 2014 AFTERMATH !
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CONCOURS
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CONSTRUCTION D’UNE RÉSIDENCE POUR ÉTUDIANTS À FÈS COUP DE CŒUR
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SHOW-ROOM BMW, MINI Aziz Lamrani Karim
ENVIRONNEMENT
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PATRIMOINE
L’ATELIER DE MAINTENANCE TGV
LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE CASABLANCA
Groupe 3 Architectes, Omar Kobitté
LES PARCS D’ACTIVITÉS SELON SOFTGROUP
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USINE PHARMACEUTIQUE PHARMA 5
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LOGISTIQUE DE PLATEFORMES DE STOCKAGE
66
Abdelilah Mseffer
Karim Ait Hadj Sliman
LE PÔLE INDUSTRIE 68 DE SOUS-TRAITANCE AUTOMOBILE, SOMACA
113
121
Abdelkader Kaïoua
MATÉRIAUX ET PRODUITS
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NACER-JET LAFARGE BRÈVES
Abdellah El Ghrari, Reda Chraibi
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Jean-François Daures
46
52 LES ENTREPÔTS LOGISTIQUES À L’ÉCHELLE DE TANGER MED
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UNE VOÛTE EN BOIS VÉGÉTALISÉE ET VIVANTE POUR UN HAUT LIEU DE LA SPÉLÉOLOGIE
ARCHITECTURE
Groupe Arep, Youssef Melehi Architecte
113
Abdellah El Ghrari, Claude Costantini
Sébastien Abribat
Hassan Radoine
104
Reda Chraibi
Najib Berrada
Badr El Yacoubi
45
72
USINE BOMBARDIER, 78 UNE ICÔNE
ESPACE INDUSTRIEL
39
USINE ÉLÉPHANT VERT
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HOMMAGES JACQUELINE ALLUCHON AIMÉ KAKON LES SOLUTIONS « AMUNDI » FORUM ÉCONOMIQUE MAROC-GUINÉE : OMAR ALAOUI & THOM MAYNE, ASSOCIÉS LA SCENE ARCHITECTURALE A L’HONNEUR A L’IMA
Najib Berrada
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ÉDITORIAL ESPACE INDUSTRIEL
Maquette réalisée par Nina Pilon pour Integral Philippe Délis
L’économie marocaine s’est longtemps construite autour du secteur primaire, favorisant agriculture et barrages. Aujourd’hui, notre pays se dirige vers une production mécanisée et concentrée sur la transformation des matières premières. Grâce à cette politique, l’industrie que nous voyons émerger à travers tout le Royaume rivalise d’intérêt. C’est un foisonnement de projets architecturaux qui se réalisent. Nous nous devions de vous les montrer. Dans ce numéro, vous découvrirez l’usine marocaine et son évolution à travers l’histoire. De l’atelier du XXème siècle devenu patrimoine à préserver, au parc d’activité qui offre des unités de production en location, aux zones industrielles, zones franches ou pôles de développement régional, ces lieux de production sont surprenants. L’ancienne unité industrielle familiale a su se développer en quelques générations, pour se hisser aux normes mondiales. La tendance au regroupement dans les parcs industriels s’épanouit et se spécialise par région comme à Meknès autour de l’olivier, ou à Guelmim-Es Semara autour du cactus. Outre des services communs classiques, un centre de recherche tient l’information à jour et encourage le développement de nouvelles idées. De l’échelle familiale, l’industrie marocaine passe à l’échelle nationale accompagnée d’une forte volonté politique de croissance maîtrisée. Nous sommes loin des ateliers du début du siècle dernier qui recevaient les ouvriers dans des espaces à peine éclairés avec des équipements précaires ! L’usine n’est plus là pour polluer et exploiter des ouvriers jusqu’à l’épuisement. Elle s’installe dans des paysages verdoyants et cherche à pratiquer les normes de développement durable pour préserver l’environnement. Aujourd’hui, de nouveaux métiers trouvent leur place pour hisser ce lieu de travail en espace de vie. C’est pourquoi l’ergonomie, le « property management », le « facility management » sont confiés désormais à des spécialistes. En tournant les pages vous verrez que notre sélection présente à la fois l’architecture dans son aspect technique mais aussi visuel. L’architecte joue alors un rôle précis, dans un cadre clair qui lui permet d’exprimer une créativité bordée toutefois par les contraintes. Ce n’est pas pour autant que l’on ne reconnaît pas la griffe des plus talentueux. Certains se spécialisent dans le secteur et deviennent de fins connaisseurs des contraintes de construction liées à la productivité. Ils savent que le panneau sandwich est isolant et rapide à poser, que les toitures doivent permettre lumière et ventilation, que la façade doit être avenante. L’industrie marocaine se soumet volontiers aux normes mondiales puisque le pays accueille des unités délocalisées de prestige comme l’usine Renault à Tanger. Avant de vous souhaiter une bonne lecture, je voudrais rendre hommage à deux amis et grands architectes disparus récemment : Aimé Kakon et Jacqueline Alluchon. Selma Zerhouni
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ÉVÉNEMENT LE MAROC À LA BIENNALE D’ARCHITECTURE DE VENISE
LE MAROC À LA BIENNALE D’ARCHITECTURE DE VENISE Le Maroc a participé pour la première fois à la Mostra Internationale d’Architecture de Venise. Considérée comme la Mecque de l’Architecture dans le monde, cette 14ème édition dirigée par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas a pour thème « Fundamentals ». Le commissaire scientifique du pavillon marocain, l’architecte Tarik Oualalou y répond par « Fundamental(ism)s ». L’exposition se déroule du 7 juin au 23 novembre 2014. Sur 200 m² au cœur du bâtiment de l’Arsenal, le thème a été décliné sur l’analyse de la pratique architecturale du siècle dernier et l’exploration de l’habitabilité dans le Sahara. Après une longue et stimulante traversée dans le mythique pavillon de l’Arsenal où se succèdent performances artistiques, danses, installations, dernières technologies, présentations conceptuelles, le visiteur arrive à un épais rideau noir. Dans une salle sombre, le pavillon marocain ne se dévoile pas d’emblée. La surprenante scénographie laisse le visiteur deviner l’espace avant de l’appréhender. Les murs nus, le peu d’informations contrastent avec le foisonnement extérieur. Les sens sont légèrement déstabilisés par le sol mouvant de sable importé de Laayoune (désert marocain) et le plafond animé d’images de jour et de nuit, le visiteur regarde en haut et en bas, mais pas en face. Réalisée par Ismail Laraki, la vidéo en travelling projetée au plafond augmente la tension. Cette façon poétique de présenter l’architecture se veut être l’analogie entre le déroulement d’une
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journée et l’évolution architecturale du siècle dernier. En effet, la nuit étoilée du désert marocain, l’architecture moderne des Habous, les immeubles Sémiramis et Nid d’abeille, l’hôtel des Gorges du Dadès, en passant par la médina de Fès, sont autant de paysages inédits que le spectateur immobile savoure. Le voyage à travers cette formidable épopée de l’architecture au Maroc est étonnant. Dans l’espace rectangulaire clairement délimité, un alignement de maquettes posées sur des socles d’un mètre cube invite le visiteur à découvrir les réalisations marquantes du siècle passé ainsi que les projets utopiques pour habiter le désert de demain. La partie historique cherche à restituer le laboratoire que fut l’architecture moderne du Royaume pendant cent ans : « un bac à sable où bien des concepteurs ont innové dans l’architecture et l’urbanisme », affirme Tarik Oualalou. Les maquettes blanches témoignent de cette vitalité de la recherche architecturale sur le plan constructif, formel, esthétique et pro-
grammatique. La Médina de Fès, le souk des Habous, l’immeuble Assayag, les immeubles Nid d’abeille et Sémiramis à Casablanca, la grande place Agadir, l’hôtel des Gorges du Dadès et les logements Dar Lamane montrent les détails que le public averti de la Biennale découvre. La vocation moderniste et radicale de l’architecture au Maroc, loin des clichés pour touristes et des résistances identitaires, s’ancre dans les esprits. La deuxième partie témoigne, quant à elle, de la créativité de la scène architecturale contemporaine. En effet, la Fondation pour l’Art, le Design et l’Architecture FADA a invité de jeunes architectes et étudiants à concourir sur la façon d’habiter un espace a priori inhabitable : le désert. L’enjeu revendiqué est l’appropriation d’un territoire aux conditions environnementales extrêmes. Les projets retenus rivalisent d’ingéniosité et proposent des spéculations allant de la tour à la structure troglodyte en passant par une simili-medina.
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© Luc Boegly / Pavillon Marocain à la Biennale d’Architecture de Venise
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ÉVÉNEMENT LE MAROC À LA BIENNALE D’ARCHITECTURE DE VENISE
© Fond Prost / Medina de Fès
© BAO + Ultra Architettura / In Sertum
© Luc Boegly / Pavillon Marocain à la Biennale d’Architecture de Venise
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© Journal Sydney W. Newberry London / Nid d’abeille
© Mikou Design Studio / Boucraa, une ville invisible, La draperie du Territoir
© Brian Brace Taylor, Aga Khan Trust for Culture / Hôtel des Gorges du Dadès
© Casamémoire / Immeuble Assayag à Casablanca
© Ilyassa Mountassir / Grande place d’Agadir
© Groupe 3 Architectes / Venise dans le Sahara
© BOM Architecture / La colline habitée
Les huit lauréats de ce challenge furent : X-TU Architects, Kilo, Mikou Design Studio, Menis Arquitectos, Groupe 3 Architectes, Stefano Boeri Architetti, BOM Architecture et BAO + Ultra Architettura. Indépendamment de la Biennale, le Maroc profite de l’événement pour se définir comme une terre de recherche et d’expérimentation architecturales de portée mondiale. Le « softpower » de cette exposition a permis, en outre, de montrer les efforts du Royaume pour le développement architectural du Sahara marocain. De nombreuses personnalités ont fait le déplacement pour l’inauguration avec notamment Monsieur l’ambassadeur du Maroc en Italie, Hassan Abouyoub, le Ministre de l’Habitat, Nabil Benabdallah, l’ex-ministre française du Travail et de l’Emploi, Martine Aubry, le président de la Biennale de Venise,
Paulo Baratta, des représentants de l’Ordre des architectes du Maroc et d’autres personnalités du monde de la culture, des arts et de l’architecture. Le pavillon marocain a suscitée l’enthousiasme de nombreux visiteurs qui découvraient la vitalité de la scène architecturale d’un pays attendu comme exotique et oriental. Le Royaume a pu démontrer aux yeux du monde son potentiel à intégrer sans complexes les courants architecturaux. Le premier pavillon du Maroc à la Biennale d’Architecture de Venise est une réussite tant sur le plan thématique, scénographique, logistique que par la qualité des projets présentés. Espérons qu’il puisse prétendre à une permanence dans le pavillon Giardini, au côté des grandes nations du monde. Jaafar Sijelmassi
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