JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
ÉDITÉE PAR / AM ÉDITIONS 29, av. Lalla Yacout - Mers Sultan - Casablanca T. +212 522 26 05 10 T. +212 522 49 26 21 F. +212 522 49 23 64 DIRECTION / DIRECTRICE GÉNÉRALE ET DIRECTRICE DE PUBLICATION Selma Zerhouni E. contac@architecturedumaroc.com COMITÉ DE RÉDACTION / Nadia Chabâa E. nadiachabaa@outlook.fr n.chabaa@ameditions.net Florence Michel-Guilluy E. f.michel@ameditions.net Selma Zerhouni E. s.zerhouni@ameditions.net CONSEILLER DE LA RÉDACTION / Jaafar Sijelmassi DIRECTION ARTISTIQUE / Nina Pilon CORRECTION ET RELECTURE / Ghita Harouchi ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO / Pascal Andignac Lamyae Belghiti Rachid Boufous Nadia Chabâa Omar Cherkaoui Empreinte d’Architectes Bouchra El Fares Jaime Fernandez de Castro Ruz Tayeb Mekouar Florence Michel-Guilluy Sarah Soukri Jaafar Sijelmassi Selma Zerhouni
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AM ÉDITIONS REVUE BIMESTRIELLE ESPACES MÉDICAUX
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AM.76 JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017
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3
SOMMAIRE DÉBAT / 12
COUP DE CŒUR / 30
CONCOURS / 38
ARCHITECTURE / 51
ÉTUDIANTS / 82
ÉVÉNEMENTS / 91
LE PETIT MANUEL DE LA VILLE ILLUSTRÉE / 106
JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
SOMMAIRE BIOGRAPHIES ÉDITORIAL
6
ARCHITECTURE
51
10
HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ
53
ESPACES MÉDICAUX DÉBAT
Boufous Rachid & Boufous Hamid
12
POUR UNE AMÉLIORATION 14 DES RESSOURCES HUMAINES ET DU MODE DE GOUVERNANCE DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ Interview de Houcine Maaouni
16 VERS UNE APPROCHE QUALITATIVE DE NOTRE ARCHITECTURE MÉDICALE Interview de Pascal Andignac
SÉCURITÉ, DURABLILITÉ, EFFICACITÉ LES DERNIÈRES TECHNOLOGIES POUR LES ÉQUIPEMENTS HOSPITALIERS
20
DU RÔLE DE L’ARCHITECTE 26 DANS L’HUMANISATION DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ Par Rachid Boufous
30
SOBRIÉTÉ ET TRANSPARENCE, LE NOUVEAU SIÈGE DE PRMEDIA Empreinte d’Architectes
CONCOURS
Youssef Melehi & Fouad Bekkali
GREEN TECH VALLEY, UN QUARTIER DU BOUREGREG
66
Younes Krim, Mohammed Hajji (Mygroup)
70 LA CLINIQUE AÏN CHOCK, DURABILITÉ ET ESTHÉTIQUE Khalid & Rachid Bohsina
LES HÔPITAUX DU GROUPE 76 ALLIANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE Jg Ingenieros
Par Jaime Fernandez De Castro Ruz
COUP DE CŒUR
60 LE CHU D’OUJDA, UN MODÈLE HOSPITALIER EN ÉVOLUTION
38
LE CENTRE HOSPITALIER PROVINCIAL D’AL HOCEIMA
AM.76 JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017
ÉTUDIANTS
82
L’IMPACT DE L’ESPACE SUR LA SANTÉ MORALE
84
ARCHITECTURE ET GÉOBIOLOGIE
88
ÉVÉNEMENTS
91
Omar Cherkaoui
Lamyae Belghiti
LE PETIT MANUEL DE LA VILLE ILLUSTRÉE 106
ARCHITECTURE ET LIMITE(S) Sarah Soukri
JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
BIOGRAPHIES PARUS DANS CE NUMÉRO
YOUNESS ALAMI LAÂROUSSI p_ 48
Ayant baigné dans le secteur du bâtiment auprès de son grandpère, Youness Alami Laâroussi ne se voyait pas devenir autre qu’un architecte passionné. Il fait une première tentative à Lyon pour finalement pour-
suivre sa formation à l’ENA. Avant de poursuivre sa carrière en solo, il a fait ses marques en tant qu’architecte collaborateur avec Chakib Jaïdi. En 2001, il se lance en créant son propre cabinet. Son premier concours, fut le concours national de l’Agence Urbaine de Fès. Sensible à tout ce qui est beau et à l’art en général, ses maîtres à penser sont Oscar Neimeyer, pour son architecture sobre, et Franco Diri, pour ses formes dynamiques. Sa démarche est dans la recherche de volumes sobres, purs, fins en contradiction avec un élément opposé faisant la différence.
FOUAD BAkkALI p_ 60
Youssouf bekkali & Nisrine Loubaris p_ 45
Nisrine Loubaris Née en 1978, Nisrine Loubaris obtient son Diplôme d’Architecte à l’ENA de Rabat en juillet 2001 et entame juste après sa carrière d’Architecte à la Direction des Investissements extérieurs jusqu’en mars 2008, où elle assiste à quelques-uns des grands projets d’investissements qu’à connu le Maroc pendant cette période, notamment dans le secteur touristique. Pendant cette période, l’architecte poursuit des études supérieures pour obtenir en 2006 un Master Européen de second niveau en « Architecture du paysage et Aménagement du Territoire ». Elle entame ensuite un doctorat
de recherches en Architecture du paysage « Architecture des parcs, Jardins et aménagement du territoire », qu’elle poursuit à UNIRC en Italie et l’obtient en 2010. C’est durant cette période de recherches (mars 2008) qu’elle décide d’ouvrir son agence à Rabat et de se lancer dans l’aventure. Youssouf Bekkali Né en 1966, Youssouf bekkali a obtenu son Diplôme en février 1995, de l’Institut technologique d’Art et d’Architecture de Tunis. Il rejoint ensuite l’équipe de l’Agence Urbaine et de Sauvegarde de Fès pour une longue carrière (1995-
AM.76 JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017
2006), où il participera à plusieurs opérations de gestion urbaine, de restructuration et d’études urbaines, notamment en tant que responsable des plans d’Aménagement et de développement de la Wilaya de Fès. L’architecte reprend ensuite ses études supérieures pour l’obtention d’un Master de second niveau en « Architecture du paysage et Aménagement du Territoire » avant de décider de franchir le pas du privé en février 2007, à Fès. Nisrine Loubaris & Youssouf Bekkali Ce groupement est né en 2010 d’une passion commune et d’une forte amitié entre les deux architectes. Le but étant de constituer une équipe pluridisciplinaire autour des métiers de l’Architecture et de l’Architecture du Paysage et de se donner les moyens humains et intellectuels d’entamer toute réflexion avec les facultés nécessaires pour un raisonnement juste et un projet efficient.
Ancien élève de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, Fouad Bakkali a été diplômé par l’Etat en 1979. Il a débuté sa carrière d’architecte en tant que stagiaire au Cabinet Louis Shneider à Paris et a obtenu, en 1981, le certificat d’Urba-
nisme Opérationnel et de Planification Urbaine à Tokyo. Après son service génie militaire, il fut désigné chef du Service des Plans de Développement au sein de la Direction d’Urbanisme et de l’Architecture du Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Fouad enseigne depuis 1984, à l’ENA et a été le directeur des Etudes durant plus de 5 ans. Parallèlement, il crée son agence où il répond à de nombreuses commandes dans les différents secteurs. Il a également participé à divers concours et a été nommé lauréat pour la construction de la Caisse des retraites, l’INPT, le Musée de l’artisanat islamique à Rabat et le CHU à Oujda.
7
KHALID BOHSINA & RACHID BOHSINA p_ 70
Atelier de recherche et de création architecturale Architectes DPLG à Toulouse, Ils sont passés par l’Ecole de Nancy. La théorie a servi de ciment à l’architecture. Ils ont assimilé la réflexion comme l’une des clefs de la technique du projet. S’ils ont côtoyé les maîtres à penser du noyau dur des enseignants de Nancy, ils leur reste l’exigence d’une méthode claire, qui ne cède
rien aux sirènes de la mode. De cette mainmise de la pensée sur le geste est née une architecture qui ne se réduit ni à un style, ni à des tics formels, c’est une production diversifiée. Leur grand rêve, c’est d’être minimaliste, ils noircissent leurs rouleaux de calque d’étude pour signer ensemble tous les projets, pour mener surtout, côte à côte, un même engagement… Pratique architecturale moderne, avec une main tendue vers le passé… Une structure professionnelle différente. Un minimum de foi politique, un maximum d’intérêt pour une architecture hors cadre. Le respect du soi créateur, des autres illustrateurs. Et beaucoup d’irrévérence à l’égard de l’ordre architectural établi. Les finalités : produire des espaces de rencontre et
d’échange, lieux de la possible compréhension des autres dans leur différence. Ils créent le WORKSHOP ON RESEARCH AND ARCHITECTURAL CREATION, un ATELIER DE RECHERCHE ET DE CREATION ARCHITECTURALE grâce auquel ils obtiennent de récents succès lors des concours et se positionnent sur des projets d’envergure, Parmi leur études architecturales et réalisations, on peut citer le siège de Maroc Phosphore pour le compte de l’OCP, l’aménagement de la séquence Bab El Bahr du Bouregreg à Rabat, les complexes résidentiels Casa Diaa avec Naciri Développement, Terre Océane pour le compte de Yamed Capital, l’Hôtel Tower 120 sur l’avenue des FAR à Casablanca, la gare maritime de Tanger Med en collaboration avec Yves Lyon, le Terminal Vrac &
marchandise au port Tanger Med, le PDA de Oued Rmel, le PFA de Dalia à Tanger Med, les centres de la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance de Casablanca, les délégations régionales de Diwan Al Madhalim à Fès – Meknès – Casablanca, une dizaine de Cliniques sur Casablanca… Chacune de ces réalisations est particulière et résulte d’une prise de position architecturale clairement argumentée. Les moyens de l’architecture étant en principe infinis, les situations ne se répétant jamais, leurs positions architecturales diffèrent à chaque projet. D’autant qu'ils cherchent à être précis. En conséquence, leurs bâtiments ne se ressemblent pas.
ATELIER D’ARCHITECTURE BOUFOUS SNC p_ 26 - 53
Hamid Boufous et Rachid Boufous sont tous deux diplômés de École Spéciale d'Architecture (Paris) le premier en 1990, le second en 1993. En tant qu’urbanistes, ils sont les maîtres d’œuvre de : - ZUN Ouled Zair à Ain Aouda (2003) : 100 Ha – Al Omrane. - Nouvelle Zone d’Aménagement Intégré (NZDI) Dar-Essalam Rabat (2006-2017) : 128 Ha – Immpotima.
- Pôle Urbain Issaguen (2009) : 95 Ha – CGI. - Pôle Urbain Sidi Laarbi à Ain Aouda (2010) : 140 Ha – Al Omrane. - Pôle Urbain Atlas à Ain Aouda (2016) : 140 Ha – RRA. En tant qu'architectes, ils sont les concepteurs des réalisations suivantes : - Tribunal 1ère Instance et tribunal de famille de Sidi Sli-
mane (2005-2009) : 10.000 m2 – Ministère de la Justice. - Village de Pêche de Tarouma à Laâyoune (2006-2010) : 10.000 m2 – APDS. - Halles au Poisson de Boujdour et de Larache (2010-2015) : 12.000 m2 – APDS/ONP – ONP. - Extension de l’Hôpital Cheikh Zaied de Rabat (2010-2013) : 20.000 m2 – Fondation HCZ. - Magasin IKEA à Zenata (20132016) : 30.000 m2 – ZCP. - Réaménagement de 3 hôpitaux de l’OCP à Khouribga/ Youssoufia/Ben Guerir (20132017) : 10.000 m2 - OCP/ Fondation HCZ. - Centre de Formation du FUS (2014-2017) : 4500 m2 – FUS Union Sport. - Plan de Développement Intégré (PDI) de Taounate : équipements socio-collectifs (2010-2017) : 6.000 m2- APDN.
JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
BIOGRAPHIES PARUS DANS CE NUMÉRO
Empreinte d’architectes p_ 32
JG ingenieros María José Herrero Álvarez p_ 76
L’agence Empreinte d’architectes, créée en 2006, est constituée de deux architectes associés, d’un architecte directeur d’agence et de quatre architectes collaborateurs. Badre Bouzoubaa, architecte associé, diplômé de l’École d’architecture de Toulouse en 2002, obtient un master (Villes, architecture et patrimoine Maghreb et ProcheOrient) à Paris Belleville en 2003. Il collabore en 2002 avec l’agen-ce d’architecture « Séquences » à Toulouse. Il devient enseignant en 2005 à l’École d’architecture de Casablanca.
hospitalier. Elle est convaincue que la planification hospitalière du point de vue architecturale, apporte une vision spatiale, sensorielle et constructive aux projets dès leur début, en plus des aspects fonctionnels essentiels, qui aboutissent à des bâtiments plus adaptés, plus efficaces.
Karim Rouissi, architecte associé, diplômé de l’École d’architecture de Toulouse en 2001, collabore avec l’agence Yvan Rousselet à Toulouse puis avec l’agence d’architecture « Séquences ». Il enseigne depuis 2006 à l’École d’architecture de Casablanca.
Née dans le sud d’Argentine en 1974, María José Herrero Álvarez est diplômée en Architecture en Argentine et en Espagne, et dispose d’un diplôme de troisième cycle en programmation hospitalière. Elle travaille depuis plus de 10 ans chez JG Ingenieros comme architecte. Depuis plus de 5 ans, elle s’est consacrée exclusivement aux projets hospitaliers, au sein d’une équipe multidisciplinaire intégrant ingénieurs, architectes et spécialistes en
Yacine Chadi, directeur de l’agence, est diplômé de l’École d’architecture de Toulouse (2002) et obtient un master d’ingénierie du développement urbain à l’école de Marne-LaVallée en 2004. Il collabore de 2006 à 2008 avec l’agence « D2F » à Paris, avant d’intégrer en 2008 l’agence « Empreinte d’architectes ».
Maria José a développé son travail principalement sur des projets en Amérique latine et en Afrique, ce qui lui a apporté un élément supplémentaire: l’engagement humain envers des projets qui constituent le stimulant le plus important de son travail aujourd’hui. Cela a été aussi l’opportunité d’apporter de l’expérience dans des environnements qui l’exigent et de travailler avec des partenaires locaux, unissant ainsi les efforts pour un objectif commun.
MGA - MY GROUP ARCHITECTURE p_ 66
MY Group Architecture est une société d’architecture marocaine qui a pu à travers ses travaux et les concours qu’elle a gagnées de confirmer sa place dans le domaine de la création architecturale. Une fusion de trois cabinets d’architecture d’expériences et de spécialisations différentes
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ce qui explique la diversité et la richesse de ses réalisations, opérant dans différent domaines : logements, bureaux, équipements, urbanisme, santé et éducation. L’architecture est un service rendu à l’homme qui est roi dans notre démarche, il est
le centre du projet, la mesure des choses, et sa satisfaction est notre finalité. Notre devoir est d’installer la vie et lui donner un sens. Ainsi, notre architecture se construit avec le site comme donnée naturelle, la générosité comme fondement, la savante conjugaison entre la géométrie et des matériaux comme outils. L’architecture se veut d’être sensible, elle trouve son équilibre entre le rêve et la réalité dessine les contours et les lignes d’un espace pour lui donner sens et vie et exprime ainsi les envies et les talents en intégrants les contraintes et en réinventant des espace vivants pertinents et durables.
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Youssef Melehi p_ 60
Né à Madrid, Youssef Melehi est diplômé de Paris et des USA. En 1989, il remporte le prix de la jeune architecture arabe puis le prix d’architecture du
Maroc pour l’Hôpital Militaire Mohamed V, réalisé avec feu Henri Tastemain et Eliane Castelneau. Lauréat des concours Bahia Beach de l’ONA et du Centre Hospitalier Universitaire d’Oujda de la CGI, Il a aussi enseigné à l’ENA. Hormis les cliniques, hôpitaux, résidences touristiques tel que la Kasbah Tamadot de Richard Branson, l’ONCF lui a confié la réalisation de plusieurs gares à Tanger, Marrakech, Nador. Ses maisons à patio, ont été nominées pour le prix Aga Khan d’architecture décerné à la ville d’Asilah en 1989.
Alfa Architecture p_ 41
Le groupement Alfa Architecture a été fondé par les architectes Abdelaziz Lahmouz et Fouad Agharmine en 2013. Il compte à son actif des projets privés, des projets avec le ministère de l’enseignement et les Forces Armées Royales, et plusieurs concours comme celui du tribunal de première instance d’Essmara, le tribunal de première instance de khénifra, le tribunal de famille d’Azrou ou la piscine couverte au centre d’estivage d’Agadir. Né en 1967 et Diplômé de l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat, Abdelaziz Lahmouz a entamé sa vie professionnelle comme cadre responsable à la division de l’urbanisme de la province de khenifra chargé des documents de l’urbanisme (1995-1996). Il se lance pour
son compte en 1997 et occupe en 2005, le poste d’enseignant vacataire à l’ENA. Fouad Agharmine né en 1982 est diplômé de l’ENA, en 1994. Il a obtenu en 2005 un diplôme d’animateur technique des chantiers de restauration du patrimoine délivré par l’association REMPART, à Noyers-surSerein en France. Dès 2007, il travaille comme architecte collaborateur avec la société d’architecture « My Group Architecture », jusqu’à l’ouverture de son agence d’architecture et d’urbanisme en 2012, année qui précède la fondation du groupement « Alfa Architecture ». Depuis 2014, il participe à l’enseignement de l’architecture d’intérieur dans le cadre du cycle Master, à l’école Art’com.
Yame Architecture Studio Meryem Fakkar / Mariam Chaouki p_ 48
Meryem Fakkar Meryem Fakkar a débuté ses études a Montréal avec une année de Business Administration, option Marketing à l’Université Guy Concordia. Elle a ensuite entamé des études d’architecture en France et obtenu en 2014 son diplôme d’Architecte à l’Ensa ParisMalaquais, puis le diplôme d’Architecte DESA HMONP, à l’Ecole Spéciale d’Architecture en 2016. Originaire de Rabat, Meryem Fakkar a opéré des aller-retour fréquents au Maroc pendant ses études afin d’y effectuer des stages au sein de grandes agences d’architecture. Elle intègre en 2014 l’agence d’Architecture JLA Studio à Rabat pour une durée de deux ans. En 2016, l’architecte crée l’agence Yamé Architecture Studio en association avec l’architecte Mariam Chaouki. Mariam Chaouki Après l’obtention d’une licence à l’école d’architecture de Casablanca, Mariam Chaouki poursuit ses études à l’Ensa Paris-Malaquais où elle obtient son diplôme d’architecte en 2013. Elle obtient ensuite le Diplôme d’Architecte DESA HMONP à l’Ecole Spéciale d’Architecture en 2015. Durant
ses études, Mariam Chaouki a effectué plusieurs stages afin de parfaire ses compétences : Agence Groupe3Architectes et Agence 345 Architecture. Elle intègre en Mars 2014 l’agence Fikri Benabdellah où elle participe en qualité d’architecte chef de projet à la réalisation de plusieurs projets tel que le Tribunal de première Instance de Meknès, des ensembles Immobiliers, ainsi que plusieurs concours d’architecture. Yame Architecture Studio Yame Architecture Studio est fondée sur le travail en groupe et les savoirs partagés de deux architectes convaincues qu’un projet réussi est un projet conçu et réalisé collectivement. C’est à l’ENSA Paris Malaquais que Mariam Chaouki et Meryem Fakkar se sont rencontrées. Après avoir acquis de l’expérience auprès de grandes structures, elles allient leur savoir tout en s’entourant de professionnels dans une démarche soudée. Cette jeune agence marocaine se développe à l’international à travers certains projets aux Emirats Arabes Unis. L’agence se développe sur deux pôles : l’architecture résidentielle et touristique et les équipements publics.
JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
ÉDITORIAL ESPACES MEDICAUX « L’hôpital doit fonctionner comme une machine à guérir » Michel Foucault
Mot de la directrice de publication Pour ce numéro nous avons demandé au docteur Tayeb Mekouar d’être notre rédacteur en chef invité. Cela nous a permis de rentrer dans le monde de la médecine, tout en maintenant le cap sur la conception et la réalisation de l’espace hospitalier. Nous n’avons pas encore saturé le sujet, mais l’on peut néanmoins vous présenter quelques projets nationaux prometteurs, à compléter dans une prochaine livraison. Selma Zerhouni
AM.76 JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017
Lorsque l’on parle de structures de santé, on entend souvent les mots, surchargé, attente, manque d’organisation, de transparence et de convivialité et bien d’autres critiques, alors même que les hôpitaux dispensent en général des soins performants. La plupart des structures de santé de notre pays ont été construites depuis une quarantaine d’années. Leur organisation ne distingue pas les flux internes (soignants - soignés) des flux externes (visiteurs - logistiques). Ce modèle qui a répondu aux attentes d’une époque révolue, est devenu obsolète. Le facteur humain prend dorénavant une part importante et modifie les paradigmes dans les milieux de soin, notamment dans son mode de conception. Les architectes, les ingénieurs et les designers ont adopté les concepts « de soin axés sur la personne » et « d’édifice qui soigne ». Les univers stériles, froids, impersonnels et purement techniques d’autrefois, se transforment en espaces chaleureux, accueillants, conviviaux qui prennent part au processus de guérison. Pour cela, la conception et la réalisation seront l’ouvrage commun de compétences complémentaires. Les équipes médicales, la programmation fonctionnelle, la programmation technique, les études techniques, les études architecturales, les études économiques, les exigences environnementales et de coresponsabilité, les nouvelles technologies, le système d’information et de communication, les relations humaines sont autant de préoccupations à conjuguer au préalable de la démarche conceptuelle. En effet, un établissement de santé doit obligatoirement prendre en compte trois facteurs : les facteurs médicaux dans leurs évolutions, les facteurs sociétaux dans ses valeurs et comportements et les facteurs techniques adaptés aux spécificités et aux découvertes. Il est donc légitime de se questionner sur nos futurs d’hôpitaux pour savoir s’ils répondent aux besoins des utilisateurs, de la réglementation, des normes marocaines, voire internationales, de s’inquiéter des programmations adaptées à notre contexte, de comprendre comment concilier entre fonctionnalité, convivialité, esthétique et facteurs économiques. C’est ainsi que l’adéquation entre le personnel et la qualité de prise en charge pourra se mettre au service de l’hôpital de demain. L’introduction de nouveaux investisseurs influe sur la programmation et représente un défi passionnant pour les réalisations à venir qui évoluent avec leur temps.
Docteur Tayeb Mekouar Chirurgien vasculaire Rédacteur en chef invité de AM
JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
PASCAL ANDIGNAC Programmiste hospitalier
HOUCINE MAAOUNI
Président du Conseil National de l'ordre des Médecins (CNOM)
AM.76 JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017
DÉBAT
13
RACHID BOUFOUS
Architecte et urbaniste
POUR UNE AMÉLIORATION DES RESSOURCES HUMAINES ET DU MODE DE GOUVERNANCE DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ Interview de Houcine Maaouni
VERS UNE APPROCHE QUALITATIVE DE NOTRE ARCHITECTURE MÉDICALE Interview de Pascal Andignac
JAIME FERNANDEZ DE CASTRO RUZ Ingénieur technique industriel, JG Ingenieros
SÉCURITÉ, DURABLILITÉ, EFFICACITÉ LES DERNIÈRES TECHNOLOGIES POUR LES ÉQUIPEMENTS HOSPITALIERS Par Jaime Fernandez De Castro Ruz
DU RÔLE DE L’ARCHITECTE DANS L’HUMANISATION DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ Par Rachid Boufous
JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017 AM.76
DÉBAT POUR UNE AMÉLIORATION DES RESSOURCES HUMAINES ET DU MODE DE GOUVERNANCE DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ
POUR UNE AMÉLIORATION DES RESSOURCES HUMAINES ET DU MODE DE GOUVERNANCE DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ INTERVIEW
HOUCINE MAAOUNI Le Président du Conseil National de l'ordre des Médecins (CNOM) a répondu aux questions de AM pour partager sa vision stratégique de l’offre médicale actuelle. La nouvelle loi a permis aux non médecins d’ouvrir des centres de soins, les fondations font un travail d’envergure, reste le mode de gouvernance à réviser…
Architecture du Maroc Vous êtes à la tête des instances ordinales des médecins au Maroc ; que pensez-vous de l’architecture des espaces médicaux dans notre pays ? Houcine Maaouni En tant que Président de l’ordre des médecins, je tiens tout d’abord à remercier votre revue d’architecture d’avoir dédié un numéro aux espaces de soins. Quand à l’état des espaces médicaux dans notre pays, je tiens à dire que s’ils ne sont pas uniformes, ils sont en nette amélioration. Certaines structures d’accueil pour soins sont dépassées et ne sont pas aux normes et l’écart en qualité est important selon les régions. Les grandes villes sont avantagées aux dépens des zones rurales. Des efforts sont en cours grâce à la régionalisation impulsée par SM le Roi, que Dieu le glorifie. Je tiens à souligner que les efforts de mise à niveau sont énormes. J’en tiens pour exemple les édifications des nouveaux CHU à Salé, Kenitra, etc.
AM.76 JUIN . JUILLET . AOÛT . SEPTEMBRE . OCTOBRE 2017
AM Êtes-vous en concertation avec les politiques pour les grandes décisions à l’échelle du territoire ? La nouvelle loi avantage-t-elle les médecins ? Pourquoi ? HM Pour les instances politiques, l’ordre des médecins n’a qu’un avis consultatif. Le CNOM donne son avis au ministère de la santé et au secrétariat général du gouvernement. Cependant, sur le plan opérationnel, il joue un rôle important pour les couvertures sociales. D’ailleurs ses statuts sont en cours de réévaluation. La nouvelle loi vient d’être adoptée et il est trop tôt pour en évaluer l’impact. La rareté des expériences sur le terrain ne peut permettre aux médecins de se prononcer sur ses résultats surtout dans le monde rural. La visibilité d’une nouvelle loi prend du temps. Actuellement, le médecin ne ressent pas les changements qu’elle propose à quelques exceptions près.
Houcine Maaouni Président du Conseil National de l'ordre des Médecins (CNOM)
La mise en place de l’assurance obligatoire est certainement l’une des grandes décisions de cette décennie. Le code constitue le fondement de la protection sociale en matière de santé. Il a institué une assurance maladie obligatoire de base (AMO) fondée sur les principes et les techniques de l’assurance sociale au profit des personnes exerçant une activité ou à la retraite.
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AM Quelles sont les grandes décisions de ces dix dernières années qui vont faire changer le paysage des centres de soin. À l’échelle urbaine ? À la campagne ? HM La mise en place de l’assurance obligatoire est certainement l’une des grandes décisions de cette décennie. Le code constitue le fondement de la protection sociale en matière de santé. Il a institué une assurance maladie obligatoire de base (AMO) fondée sur les principes et les techniques de l’assurance sociale au profit des personnes exerçant une activité ou à la retraite. Le Régime d’Assistance Médicale (RAMED) fondé sur les principes de l’assistance sociale et de la solidarité nationale au profit de la population démunie est encore plus important. Ce programme englobe en effet 9 millions de bénéficiaires à bas revenus. Le « Ramed » permet une prise en charge des populations vulnérables comme l’expérience de Tadla Azilal le montre. Le certificat d’indigence devient impropre sur le plan sémantique. Le Ramed a été mis en place aussi pour respecter toutes les étapes de la filière « soins », du centre de santé jusqu’à l’hôpital. Ceci constitue une amélioration notoire de la prise en charge des patients démunis qui présentent leurs cartes et sont suivis sans interruption. Le projet d’assurance maladie pour les indépendants (AMI) est bientôt prêt. Il a déjà été adopté à la 1ère et à la 2ème chambre au parlement et n’attend plus que l’additif de la CNSS pour voir le jour. Cette nouveauté permet aux médecins, architectes et autres professions libérales d’être couverts et de bénéficier d’un additif en matière de retraite. Je tiens à remercier la commission qui s’est penchée sur cette question pour la qualité de son travail. Un autre projet d’envergure porte sur l’assurance des étudiants (AME). Sans compter les nouveaux CHU en cours de construction à Tanger, Agadir, Laâyoune, Beni Mellal… et
La première amélioration à apporter concerne les ressources humaines et le mode de gouvernance.
les CHR qui sont les centres hospitaliers régionaux, au centre du rapprochement rural. Quelques fondations privées ont réalisé des hôpitaux aux normes internationales comme l’hôpital Cheikh Zaïd et l’hôpital Cheikh Khalifa. Je tiens à souligner l’importance de l’action de la fondation Lalla Salma qui lutte contre le cancer. Son action a été remarquable puisqu’ elle a bouleversé la cancérologie au Maroc. Du premier centre ouvert en 2003, nous en sommes à quinze aujourd’hui. Les maisons de vie, les centres de dépistage, la formation du personnel soignant, le respect des normes internationales ont contribué à faire du référentiel marocain un label à l’échelle internationale. Je tiens à saluer tous les efforts fournis par cette fondation. AM Notre pays dispose-t-il d’une carte sanitaire ? De quand date sa mise à jour ? HM Oui, notre pays dispose d’une carte sanitaire avec son décret d’application. Pour plus de renseignements, il faut consulter le ministère de tutelle et le SGG (secrétariat général du gouvernement). AM Lorsque vous exercez votre métier, pensezvous que des améliorations doivent être apportées aux cliniques privées, aux hôpitaux ?
HM La première amélioration à apporter concerne les ressources humaines et le mode de gouvernance. Viennent ensuite la mise à niveau des structures vétustes, la bonne gestion des flux, la création des espaces de vie, l’hygiène, l’accueil, la mise à niveau des plateaux techniques… Nous avons besoin d’améliorer le système d’information et l’informatisation hospitalière pour un meilleur suivi des dossiers des patients et pour l’échange sur les données médicales au Maroc. AM L’apparition de structures médicales aux meilleurs standards internationaux comme l’hôpital Cheikh Khalifa à Casablanca peutelle constituer un modèle ? Comment ? HM Ces projets sont en effet porteurs, et pourraient constituer un modèle excellent en termes de conception architecturale, de construction et de gestion aux normes internationales. Le mode de gouvernance, les équipements et les plateaux techniques sont performants avec des pôles d’excellence. Cependant, le mode économique et le business plan demeurent uniques. Ils ne pourraient devenir un modèle qu’à partir d’études à réaliser pour installer une pérennité dans le mode de financement. L’optimisation de l’exploitation y est de qualité incontestable. Cependant, pour que le Maroc devienne un Hub pour la prise en charge des patients étrangers, il y a lieu de tenir compte du pouvoir d’achat des patients et des référentiels de tarification en terme de santé pour offrir un modèle stable et équilibré. La fondation Ibn Saoud a certainement participé à la qualité de l’offre de soins dans notre pays et pour les pays africains dans le cadre de la politique initiée par notre Souverain. Propos recueillis par Selma Zerhouni
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DÉBAT VERS UNE APPROCHE QUALITATIVE DE NOTRE ARCHITECTURE MÉDICALE
VERS UNE APPROCHE QUALITATIVE DE NOTRE ARCHITECTURE MÉDICALE INTERVIEW
PASCAL ANDIGNAC
Le Maroc connait depuis peu l’apparition de nouvelles structures médicales édifiées dans le respect des meilleurs standards internationaux. Cette nouvelle donne met davantage en lumière les nombreux problèmes posés par notre infrastructure médicale jugée globalement insuffisante, et dont les normes et la qualité restent à améliorer. Avec l’émergence d’une maîtrise d’ouvrage spécialisée, le schéma évolutif de nos espaces médicaux serait plus d’ordre qualitatif que quantitatif et serait amené, à terme à s’appuyer sur une vision des soins centrés autour du patient (patient-centered care). C’est ce que nous explique Pascal Andignac, architecte et programmiste hospitalier. Architecture du Maroc Vous exercez au Maroc depuis une quinzaine d’années et avez participé à plusieurs projets d’envergure. Quel est l’état des lieux de notre infrastructure médicale ? Pascal Andignac Il serait quelque peu prétentieux de prétendre donner un diagnostic de l’infrastructure en quelques mots mais en résumant, nous pourrions dire que l’état des infrastructures est contrasté et que le meilleur côtoie encore le pire. Que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public, les créations des cinq dernières années sont le plus souvent de bonne qualité mais sans pour autant respecter toutes les normes de qualité tandis que les structures anciennes sont encore le plus souvent de mauvaise qualité. Notons toutefois que certains opérateurs privés à Rabat et Casablanca ont consenti des efforts de mise à niveau de cliniques anciennes. Le Ministère de la Santé est, quant à lui, en phase finale du programme Maroc Santé III visant la réhabilitation et l’extension d’hôpitaux provinciaux et régionaux,
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à côté de la construction de nouveaux hôpitaux de second recours. Sur le plan des équipements biomédicaux la situation est différente car le pays possède un très bon niveau pour ce qui est des technologies. AM Nous assistons depuis quelques années à l’apparition de structures médicales aux meilleurs standards internationaux. Quel est le pourcentage de ces projets sur notre territoire et comment ont-ils vu le jour ? PA En effet, les structures hospitalières les plus récentes ont incorporé des standards de conception, d’installations techniques, d’équipement biomédical et d’organisation hospitalière en ligne avec les pratiques et les orientations internationales. Pour l’instant, il s’agit d’un nombre très limité d’établissements de santé, concentrés principalement sur l’axe RabatCasablanca mais, ce qui est important, ce n’est tant le pourcentage de ces structures, mais l’effet d’entrainement et l’influence
Pascal Andignac Programmiste hospitalier
Un projet hospitalier « aux meilleurs standards internationaux » est lourd financièrement et complexe à manager : il nécessite une vision stratégique et une planification à très long terme dans un contexte de stabilité macro économique, politique et juridique et d’un climat d’affaires favorable avec un « marché de soins » de taille suffisante et bien structuré.
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qu’elles exercent sur l’ensemble de l’écosystème hospitalier privé ; c’est-à-dire, plus de concurrence, plus d’investissements technologiques, plus de dynamisme dans le secteur. Un projet hospitalier « aux meilleurs standards internationaux » est lourd financièrement et complexe à manager : il nécessite une vision stratégique et une planification à très long terme dans un contexte de stabilité macro économique, politique et juridique et d’un climat d’affaires favorable avec un « marché de soins » de taille suffisante et bien structuré. Une partie de ces conditions est d’ores et déjà présente mais le marché est encore instable avec un cadrage réglementaire insuffisant et une atomisation des acteurs qui n’encouragent pas l’apparition de grandes structures privées de niveau international. Gageons que cela sera le cas d’ici à dix ans avec la mise en place de l’assurance maladie des indépendants et la prochaine publication de nouvelles normes de cliniques privées par le Ministère. Il restera cependant à mettre à plat la question de la nomenclature des soins médicaux et de la tarification de référence. AM Une nouvelle maîtrise d’ouvrage spécialisée dans le domaine médical serait-elle en train d’émerger ? PA Pour ce qui est de la maitrise d’ouvrage, quelques agences marocaines ont développé une expérience significative en conception hospitalière et des compétences certaines en architecture de la santé. Cependant, c’est l’amont qui fait encore défaut ! Les programmistes peinent toujours à s’imposer comme acteurs clefs des projets hospitaliers et leur intervention est trop souvent considérée comme superflue par des maîtres d’ouvrages qui pensent maîtriser les contours de leur projet. Nous sentons tout de même que le secteur est en train de muer avec une demande croissante en conseils de la part des promoteurs de projets.
Pour ce qui est des règles d’hygiène, les normes nationales sont peu exigeantes et ne sont pas de nature à pousser vers plus de sécurité. La prochaine version des normes des cliniques privées devrait amener un niveau d’exigence bien plus élevé.
AM Quelle est la place accordée aux normes environnementales d’efficacité énergétique, d’hygiène et de sécurité dans les nouveaux projets ?
PA Les cahiers de charges font presque toujours la part belle au respect des normes environnementales et à la durabilité du bâti (plus encore dans le secteur public que dans le secteur privé) mais les maîtres d’œuvre se heurtent sans cesse à l’exigence de respect de budgets toujours sous dimensionnés au regard des ambitions et sont amenés, sous la pression du maître d’ouvrage à abandonner les prétentions environnementales. Pour ce qui est des règles d’hygiène, les normes nationales sont peu exigeantes et ne sont pas de nature à pousser vers plus de sécurité. La prochaine version des normes des cliniques AM privées devrait amener un niveau d’exigence La nouvelle loi sur le statut des hôpitaux bien plus élevé. et cliniques privés est-elle aussi en train de changer la donne ? AM PA Compte tenu des contraintes économiques, Sans nul doute, l’ouverture du capital des techniques, voire culturelles locales, cliniques privées aux investisseurs non méde- quels sont les principes qui président à la cins, va amener une structuration et une sys- construction d’une entité médicale de qualité, tématisation de la demande et une profes- évolutive et pérenne ? sionnalisation accrue de la maîtrise d’œuvre. PA Cependant, il y a encore trop peu d’investis- Je ne souhaite pas reprendre ici le discours seurs intéressés par le secteur pour induire convenu sur les exigences de durabilité, évoun changement de donne. Cela se produira lutivité et pérennité des établissements hosdans un horizon d’une dizaine d’années. Plus pitaliers mais faire plutôt un plaidoyer pour que l’ouverture du capital, ce sont les normes que les maîtres d’ouvrages abandonnent hospitalières marocaines qui sont en mesure la dichotomie entre budgets d’investissede changer la donne et de professionnaliser ment et budget de fonctionnement. Il faut le secteur tout en poussant les médecins considérer le coût d’une entité médicale sur promoteurs de projets de s’adjoindre les ser- au moins 15 ans et consentir des budgets vices de professionnels dans la définition des d’investissement plus élevés pour faire des besoins, la programmation et l’architecture économies en fonctionnement sur la période. de leurs cliniques. Un nouveau cadre normatif Nous sommes presque toujours amenés à pour les cliniques privées est en projet au faire, à regret, des choix conceptuels et techMinistère de la santé et devrait donc faire niques coûteux pour le fonctionnement sous bouger les lignes. la contrainte d’un budget d’investissement
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trop étriqué. Pour le secteur privé, s’ajoute le problème de la rareté et du coût du foncier qui conduisent à des projets tellement optimisés qu’ils respectent à peine les normes minimales de sécurité et de fonctionnalité et sans possibilité d’évolutivité. AM Quelles sont les perspectives d’évolution de notre infrastructure médicale dans les prochaines années et quel en serait le rythme ? PA L’évolution de l’infrastructure médicale, aussi bien au Maroc qu’à l’échelle internationale est fortement influencée par une série de facteurs d’ordre social, économique et technologique. Ainsi par exemple, la transition démographique et épidémiologique comporte une plus grande espérance de vie, la prévalence de pathologies chroniques et complexes ou du handicap. La vitesse des avancées dans la biomédecine et les technologies médicales impose la nécessité de la modernisation constante des plateaux techniques hospitaliers pour rendre accessibles les nouveaux moyens diagnostiques et thérapeutiques à la société, de maintenir la compétitivité et l’attractivité des établissements de santé et de repenser l'organisation des équipes et des services de soins classiques. Un exemple paradigmatique est l’émergence de la chirurgie ambulatoire, qui transforme significativement le concept séjour hospitalier. En parallèle, l’augmentation des coûts des soins hospitaliers spécialisés suppose un défi, surtout pour la viabilité financière des systèmes de santé publics. En général, au Maroc, l’évolution de l’infrastructure médicale sera plus liée à la modernisation des établissements, des technologies et l’adaptation et la réorganisation de la prise
en charge qu’à l’augmentation du nombre d’établissements ou de lits hospitaliers. Certes, il existe encore au Maroc des villes de petite ou moyenne taille qui sont insuffisamment dotées en structures hospitalières mais il y a plusieurs initiatives en cours. À notre avis, l’évolution globale des hôpitaux sera plus d’ordre qualitatif que quantitatif, déterminée par la vision des soins centrés autour du patient (patient-centered care), de la qualité et la sécurité du patient, d’une pratique médicale basée sur l’évidence, d’une gestion de l’établissement plus efficace et efficiente. Le rythme d’une telle évolution est difficile à prévoir car, dans une grande mesure, elle est tributaire de l’évolution économique, politique, sociale et règlementaire du pays. AM Sur quels projets travaillez-vous actuellement ? PA Notre cabinet de conseil travaille aussi bien avec le secteur public que le privé, ce qui nous permet d’avoir une vision globale de l’écosystème hospitalier au Maroc et des complémentarités et disparités entre les deux secteurs. Dans le secteur public, nous sommes impliqués dans la rédaction d’un référentiel de standards a minima pour la conception et la gestion des établissements de réhabilitation et rééducation physique. Dans le secteur privé, nous assistons deux groupes d’investisseurs privés pour l’élaboration du projet médical, la programmation fonctionnelle et technique, le plan d’équipement biomédical et la conception architecturale pour une clinique polyvalente et une clinique spécialisée à Rabat. À l’échelle internationale, nous sommes dans la phase finale d’un projet d’envergure au
En général, au Maroc, l’évolution de l’infrastructure médicale sera plus liée à la modernisation des établissements, des technologies et l’adaptation et la réorganisation de la prise en charge qu’à l’augmentation du nombre d’établissements ou de lits hospitaliers. Cameroun pour le compte du Ministère de la Santé, comprenant huit hôpitaux régionaux et la réhabilitation de trois centres hospitaliers universitaires. Nous avons réalisé l’analyse des besoins dans les zones concernées, la programmation fonctionnelle et technique et les plans d’équipement de l’ensemble des hôpitaux. Ce projet représente le plus grand effort de modernisation du plateau hospitalier public au Cameroun. Au Pérou nous avons été invités à participer à une réflexion sur la réorganisation stratégique de trois centres hospitaliers de référence nationale à Lima, appartenant à la sécurité sociale. Propos recueillis par Nadia Chabâa
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DÉBAT SÉCURITÉ, DURABLILITÉ, EFFICACITÉ LES DERNIÈRES TECHNOLOGIES POUR LES ÉQUIPEMENTS HOSPITALIERS
SÉCURITÉ, DURABLILITÉ, EFFICACITÉ LES DERNIÈRES TECHNOLOGIES POUR LES ÉQUIPEMENTS HOSPITALIERS PAR
JAIME FERNANDEZ DE CASTRO RUZ Les étapes initiales de la conception d’un hôpital sont essentielles. Elles permettent de définir la fonctionnalité du futur équipement qui doit pouvoir s’adapter aux différentes spécialités et aux équipements biomédicaux. Sont étudiées également les systèmes de sécurité passifs et actifs permettant de prévenir tout incident. Enfin, il s’agit d’obtenir les meilleures conditions techniques à travers la pertinence des systèmes d’installations avec toujours le même objectif : l’efficacité, la durabilité de l’équipement, le confort des praticiens et des patients. Voici une revue de détails très technique proposée par JG Ingenieros, BET espagnol spécialisé dans l’hospitalier, mais qui indique le niveau d’exigence des normes internationales. La participation d’une équipe de professionnels multidisciplinaires s’appuie à la fois sur des personnes ayant des capacités de planification et des profils très techniques dans les domaines de l’architecture et de l’ingénierie comme c’est le cas de JG Ingénieurs. Leur travail comprend deux volets, à savoir l’organisation fonctionnelle des services sanitaires d’une part, et, d’autre part, la définition des caractéristiques physiques et environnementales qui devront être mentionnées dans le projet architectural tout en respectant les normes en vigueur. En intégrant ces profils de professionnels dès le début de l’opération et en travaillant en étroite collaboration avec le maître d’ouvrage, la phase de planification apporte un point de vue technique adapté à chaque cas spécifique et ne se limite pas à une simple répétition de modèles. Cette vision théorique est complétée par la prise en compte des conditions du terrain, de l’environnement, de la lumière et de l’orientation, des matériaux adéquats, du type d’usager ainsi que des coutumes et traditions de la région, etc.
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D’où l’importance d’un travail en étroite collaboration entre l’architecte et les différents spécialistes, comme par exemple les spécialistes médicaux et équipements biomédicaux, les spécialistes de l’evacuation et sécurité, et les spécialistes des installations, tout au long de la conception du projet et lors du chantier. SÉCURITÉ C’est un des points essentiels : pendant la conception de l’hôpital, l’architecte et le spécialiste de l’évacuation et sécurité doivent travailler en étroite collaboration afin d’assurer la sécurité optimale du bâtiment en cas d’imprévu. À cette fin, il y a lieu d’installer des éléments passifs (cloisonnement des espaces avec des murs, des portes, des dalles coupe-feu, des escaliers d’évacuation) comme des éléments actifs comme les détecteurs d’incendie (détecteurs – boutons poussoirs – sirènes d’alarme), les moyens de distribution d’eau en cas d’incendie (diffuseurs et tuyaux), les extincteurs, les extracteurs de fumée par évacuation (naturelle) ou à travers des ven-
Jaime Fernandez de Castro Ruz Ingénieur technique industriel, JG Ingenieros
La participation d’une équipe de professionnels multidisciplinaires s’appuie à la fois sur des personnes ayant des capacités de planification et des profils très techniques dans les domaines de l’architecture et de l’ingénierie.
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Schéma d’un climatiseur avec les états de ventilateurs, vannes et sondes On peut visualiser les paramètres de température, humidité, différentiel de pression, ouverture de vannes, fonctionnement de batteries. Dès qu’un paramètre change, le programme envoi l’information et fait travailler la CTA pour atteindre les paramètres désirés.
tilateurs et extracteurs (évacuation forcée). Les éléments passifs permettent aux services d’être loin du feu et de la fumée tout en garantissant l’évacuation des personnes du bâtiment. Quant aux éléments actifs, ils permettent d’aviser le personnel, d’évacuer les lieux et indiquent le point de départ de l’incident, dont il peut venir à bout par l’usage, si nécessaire, d’éléments d’extinction comme les diffuseurs (arroseurs), tuyaux et extincteurs. DURABILITÉ ET EFFICACITÉ Le choix des solutions les plus efficaces pour chacun des composants des installations s’accompagne du souci d’optimiser l’efficacité énergétique de l’ensemble dans le but de réduire la consommation annuelle et l’émission du CO2, respectant ainsi l’engagement en faveur de la durabilité et du respect de l’environnement. Parmi les systèmes utilisés par JG (à la demande du client) dans la classification des bâtiments durables, se trouve la certification LEED® qui est un système d’évaluation et de certification environnemental de caractère international et volontaire, basé sur des critères de développement des constructions durables de grande efficacité. Ce système de certification a été conçu par le US Green Building Council (USGBC) et il est constamment en évolution. Le système LEED-NC pour les bâtiments modernes et de grande hauteur fournit un cadre complet pour évaluer l’efficacité du bâtiment et atteindre les objectifs de dévelop-
Écran de contrôle d’électricité par étage : Éclairage (allumés), tableaux électriques et ascenseurs). On peut contrôler l’intensité de l’éclairage en réduisant de ce fait la consommation électrique, et le programmer en mode allumé ou éteint. Il est aussi possible de contrôler le coup de feu des protections magnéto thermiques quand il y a une faille et pouvoir la remettre à zéro à travers le GTC.
pement durable en tenant compte de la mise en œuvre des critères de durabilité aussi bien dans le projet architectural et installations techniques que dans la phase de construction, de mise en service et d’utilisation du bâtiment. Pour réussir un bon hôpital, il est important de bien choisir les équipements et matériaux certifiés qui ont apporté leurs preuves et de compter aussi sur la compétence de l’entreprise chargée de l’installation et de la réalisation des travaux en raison de la complexité de la tâche.
Le système le plus courant de la climatisation dans les hôpitaux est celui des étages réfrigérés à air condensé. Mais l’une des principales craintes vis-à-vis de ce type de système est le développement de la bactérie dite legionella dans la tour de refroidissement par condensation de l’eau, ce qui nécessite un bon entretien. On a de plus en plus tendance à faire en sorte que l’un des étages de refroidisseurs dispose d’un système de récupération de chaleur utilisée par la suite dans les batteries de chaleur des CTAS, aérateur de convecteurs et pour l’eau chaude sanitaire.
Il convient de souligner l’importance du choix de chaque système ainsi que la connaissance de son mode de fonctionnement par la future équipe d’entretien. Pour réussir le bon fonctionnement d’un hôpital, il est primordial de s’appuyer sur une équipe connaissant parfaitement l’usage des systèmes.
Pour ce qui est la production de la chaleur, l’expression typique des ingénieurs « ferme la porte (ou la fenêtre) par où rentre le froid » est de grande utilité car selon les principes de la thermodynamique, c’est la chaleur qui se perd. Alors, pour produire le froid, il faut « produire » de la chaleur, et c’est là où il faut TECHNOLOGIE DANS LES INSTALLATIONS : « profiter » des refroidisseurs qui la récupèrent Avant d’évoquer les différentes installations, pour une production d’eau chaude en réduisant on pourrait les comparer au corps humain. Le ainsi la consommation. système de communication représenterait le système nerveux, la climatisation représenterait On a commencé à mettre en place dans les le système respiratoire, l’électricité représen- hôpitaux l’installation de différents systèmes terait le système circulatoire, le mécanisme de production d’eau froide et chaude en le système digestif et la Gestion Technique fonction des saisons de l’année et des besoins. Centralisée (GTC) serait le cerveau. Il s’agit au début d’un investissement un peu coûteux mais l’avantage en est le gain consi- Le Système de climatisation est l’un des sys- dérable obtenu sur l’augmentation de l’efficatèmes les plus complexes à dessiner et à exé- cité énergétique. À travers des systèmes intécuter lors du chantier. grés comme le GTC, la lecture des paramètres
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se fait ainsi en fonction de la demande intérieure et des conditions extérieures, en faisant fonctionner un système ou l’autre. Il faut signaler aussi la substitution de la tuyauterie plastique (polypropylène) par l’acier noir (ou dérivés), en obtenant une installation plus économique et plus flexible pendant la mise en place. - Système electrique : on doit prêter beaucoup d’importance à ce système car il est chargé d’alimenter électriquement tous les équipements de l’hôpital. Normalement, il s’appuie sur un centre transformateur pour réduire la tension moyenne (fournie par la compagnie électrique externe) à une tension basse, à travers une série de transformateurs. Nous optons pour le système TN-S (Terre Neutre – Séparé) avec trois phases, neutre et terre. Le choix du système électrique TN-S au lieu du TN-C (Terre Neutre-Assemblage) est un critère de choix de sécurité opté par le cabinet JG. En séparant la terre et le neutre, on protège aussi la partie neutre par les protections tétra-polaires (quatre pôles) ayant la terre pour faciliter la dérivation en cas de fuite. En cas de coupure d’électricité, il est obligatoire selon les normes que les surfaces critiques soient alimentées aussi par un groupe électro-
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gène en cas d’urgence. Ce dernier est constitué par un moteur à combustion diesel qui a pour fonction de faire tourner un alternateur pour produire de l’énergie électrique. Parmi les surfaces critiques, on trouve les services de Réanimation, les salles d’opération, l’UCI, les urgences, les endoscopies interventionnelles, l’hémodynamique …. équipés avec des transformateurs séparés, détecteurs d’isolation et aussi par ASI. L’utilisation des interrupteurs différentiels super immunisés est de plus en plus fréquente car ils permettent d’éviter les déconnections intempestives par des courants de haute tension produits entre autres par les circuits informatiques, circuits avec réactances électroniques ou des courants induits par les décharges d’origine atmosphérique. Un autre point à souligner est celui de la dotation d’une ASI (Alimentation Sans Interruption) pour tout ce qui est communication, à savoir postes avec ordinateurs et serveurs, services des soins vitaux ou éléments de communication (caméras CCTV, système de détection et alarmes d’incendie, sonorisation, Patient-Infirmerie, GTC). L’importance de cet équipement est d’éviter une coupure d’électricité dans les systèmes car l’ASI est un ensemble de batteries qui assurent le maintien du courant dans les équipements, sans aucune cou-
Les blocs opératoires représentent l’une des zones les plus délicates à traiter au moment de la conception. C’est une zone clé où une bonne conception et un bon entretien sont nécessaires afin de minimiser d’éventuelles contaminations ou infections dans l’air pendant l’intervention chirurgicale. pure pendant 15 à 25 secondes le temps que le groupe électrogène puisse démarrer. - Système de connexion : il est centralisé dans une salle appelée aussi « Data Center » où se trouvent tous les serveurs des différents systèmes appelés « rack principaux ». Ils sont reliés à travers la fibre optique (connexion de
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Images du Software avec des exemples de proposition de signaux recueillis dans les différentes installations par la Gestion Technique Centralisée (GTC)
données) et tuyaux multipare (connexion de voix) à ce qu’on appelle « rack secondaires », répartis dans tout le bâtiment pour réduire la distance par rapport aux points finaux et pouvoir connecter aux lignes UTP lesdits points de communication moyennant les connecteurs RJ45, qui sont des points de réseau installés normalement dans les postes de travail. Le système Patient-Infirmerie a été spécialement conçu pour les hôpitaux. Il permet au patient d’attirer l’attention de l’infirmière pour l’assister. Après l’intervention et le premier diagnostic de l’infirmière, soit elle éteint le signal soit elle demande de l’aide auprès de ses collègues ou médecins, en parvenant à réduire le temps de réponse au patient. - Système Mécanique : De même que le traitement de l’Eau Froide Sanitaire (AFS) par des produits de chloration pour le maintien du PH dans les meilleures conditions pour son utilisation, le traitement « de décalcification du système de l’Eau Chaude Sanitaire (ACS) et d’« osmotisation » par des produits spéciaux, permet de réduire au maximum le calcaire dans les câbles hydrauliques et équipements. Car en présence de la température le calcaire a l’habitude de se coller dans les murs des tuyauteries et à l’intérieur des équipements en les endommageant avec le temps.
Les Gaz Médicinaux sont un système que nous trouvons pratiquement dans tous les bâtiments de santé, avec divers éléments de Vide, Oxygène, air médical / Comprimé, Dioxyde de carbone, protoxyde de nitrogène… L’Air Médical / Comprimé peut être généré dans le même hôpital ou clinique moyennant des compresseurs, avec des filtres, séparés. L’oxygène protoxyde et dioxyde de carbone sont fournis à travers des bonbonnes distribués par une entreprise externe. Habituellement, l’oxygène est produit par un réservoir cryogénique, mais sa mise en œuvre devrait être bien étudiée étant donné le coût de l’investissement initial et celui de la maintenance. Dans le transport pneumatique un système permet de gérer le transport des échantillons munis d’une codification propre à chaque patient, des analyses et des approvisionnements non programmés ou urgents de pharmacie. On emploie aussi dans les hôpitaux des grands systèmes robotisés de transport de charriots. Dans tous les systèmes de communication, la Gestion Technique Centralisée (GTC) est chargée de recevoir et de centraliser l’information des installations pour gérer le travail des équipements à travers les Hardwares installés, comme les modules de contrôle, moniteurs, capteurs. Le Software est le pro-
gramme qui se configure en fonction de la quantité des signaux captés, permettant de visualiser ou de modifier les données reçues à partir de l’ordinateur ou même à partir du mobile. Il s’agit bien, comme indiqué plus haut, du « cerveau » responsable de la gestion optimale de la durabilité et de l’efficacité des bâtiments. Le GTC reçoit à chaque instant les paramètres de fonctionnement de chaque salle, de chaque équipement, et en fonction des données programmées et selon l’usage, il enverra les signaux pour que l’équipe ou les équipes traitent l’information. Il est à souligner la possibilité de contrôler et de gérer le GTC par téléphone mobile. Chaque jour, plusieurs fabricants donnent la possibilité au client d’avoir accès au programme à travers le téléphone portable avec la possibilité de changer les caractéristiques à partir dudit portable. BLOC OPÉRATOIRE Les blocs opératoires représentent l’une des zones les plus délicates à traiter au moment de la conception. C’est une zone clé où une bonne conception et un bon entretien sont nécessaires afin de minimiser d’éventuelles contaminations ou infections dans l’air pendant l’intervention chirurgicale.
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Images du Software avec des exemples de proposition de signaux recueillis dans les différentes installations par la Gestion Technique Centralisée (GTC)
Il faut souligner que par rapport au système de climatisation, chaque bloc opératoire dispose d’une Centrale de Traitement d’Air (CTA) indépendante, produisant 50 rénovations par heure de la salle, c’est-à-dire qu’en 1’12” 100% de l’air de la salle est renouvelé, contrôlant la température et l’humidité ainsi que l’état du bloc opératoire en le maintenant « surpressé » par rapport à la partie centrale et à l’entrée de salle avec un niveau de filtrage d’une efficacité H14, qui contient des particules de taille entre 0,12 et 0,3 microns par exemple. Les blocs opératoires hybrides sont dotés d’un système de toit fluide laminé avec des plaques microperforées, garantissant une diffusion laminaire de 0,45 m/s dans la zone de l’intervention. Le système électrique se dessine de manière indépendante avec une alimentation 100% du (es) groupe (s) électrogène (s) et avec une ASI (Alimentation Sans Interruption) indépendante, de manière à assurer le courant électrique dans le bloc opératoire en cas de coupure d’électricité. L’importance de ce matériel (ASI) est d’assurer l’électricité de manière continue. Il est constitué par un onduleur et un redresseur qui permettent d’avoir un courant Alternatif-Continu-Alternatif,
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pour charger un ensemble de batteries qui fournit de l’électricité au bloc opératoire de manière continue et sans interruption même s’il se produit une coupure de 15-20 secondes, le temps que le groupe électrogène démarre. Un des autres points à souligner est le remplacement des protections différentielles par la boîte d’isolement. L’installation de telles protections est en effet à prohiber car il faut assurer au bloc opératoire la continuité de la production électrique grâce à une protection de l’ouverture différentielle et ce pour éviter de transmettre la fuite électrique à travers l’équipement médical au patient ou de causer des blessures importantes durant l’intervention chirurgicale. Avec la boîte d’isolement, on installe le système de contrôle ou détecteur d’isolement qui fait constamment un test pour empêcher la production de fuites et mesurant jusqu’à 0,04 mA. À travers ladite boîte, on passe du système TN-S (Terre Neutre – Séparé) au système IT (Terre Isolée) c.à.d. on passe de trois phases neutre et terre (TN-S) à trois phases (IT). L’isolement du bloc opératoire se fait à travers la conductivité du sol et des parties métalliques
connectées à la barre équipotentielle de terre, qui sont à leur tour connectés à travers le système de surveillance ou le détecteur d’isolation. Un des points qui attire l’attention est celui de la tension électrique dans le bloc opératoire. Si on prend par exemple le cas d’une tension secondaire de 380/220V, triphasique/monophasique respectivement, fournie par les transformateurs en passant du système TN-S au système IT, la tension dans le bloc opératoire est de 110 V due à l’inexistence du neutre. Afin de pouvoir offrir les meilleurs éléments de réponse aux médecins spécialistes, c’est au niveau des blocs opératoires comprenant le matériel de chirurgie, d’anesthésie et appareillages techniques que se centralisent toutes les installations, points de communication, gaz médical, points électriques ainsi qu’un Hardware avec un clavier spécialisé à ce type d’environnement permettant de visualiser l’historique des patients.
Jaime Fernandez de Castro Ruz ingénieur technique industriel, JG Ingenieros
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Les luminaires scialytiques sont chargés d’apporter la luminosité désirée pour pouvoir bien visualiser l’espace où s’effectue l’intervention chirurgicale du patient et pouvant atteindre les 1.000 lux dans la dite zone.
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DÉBAT DU RÔLE DE L’ARCHITECTE DANS L’HUMANISATION DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ
DU RÔLE DE L’ARCHITECTE DANS L’HUMANISATION DES ÉQUIPEMENTS DE SANTÉ PAR
RACHID BOUFOUS
Concevoir des établissements recevant du public, communément connus sous le vocable d’ERP, n’est souvent pas chose aisée, tant ces équipements exigent de l’architecte une connaisance certaine de l’environnement auquel ils sont destinés. C'est ce que nous explique Rachid Boufous, architecte et urbaniste.
Les équipements hospitaliers font partie de ces projets qui nécessitent une réflexion approfondie menée par le maître d’œuvre. Au delà de la réponse à un programme, souvent complexte et sophistiqué, l’architecte se trouve dans l’obligation impérieuse d’apporter des réponses à même de permettre à cet équipement de trouver toute sa place dans un environnement sociologique et culturel particulier. L’hôpital n’est pas un équipement anodin. On n’y va pas de gaité de cœur, mais souvent contraint et inquiet, chacun portant en soi l’espérance d’un réablissement rapide ou d’une information heureuse ou rassurante. Mais l’indicible, l’angoisse est là, palpable tant elle est visible sur les visages et jusque dans les gestes des visiteurs, qu’ils soient malades ou bien portants. L’hôpital ou la clinique sont d’abord des lieux où on soigne des détresses physiques ou morales, souvent lourdes et multiformes, mais ce sont aussi des lieux où on donne la vie et où on la restitue. Le malheur et le bonheur confinés
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en un seul lieu, si proches, à quelques mètres de distance et pris en charge par le même personnel, qui se doit de toujours garder le sourire et de trouver le bon mot pour réconforter, rassurer ou féliciter… L’hôpital est aussi cet équipement qui ne ferme jamais, en activité permanente, de jour comme de nuit, toute l’année et durant toutes les saisons. Ce qui exige une mobilisation de tous les instants du personnel médical, médecins, infirmiers, et du personnel administratif et technique. Les rythmes s’enchaînent de manière soutenue, tant les actes dispensés, de par leur variété et leur complexité, imposent une attention importante de la part de tous les intervenants. L’architecte doit justement être à l’écoute de toute cette diversité de fonctions et d’attentes, en amont et durant toute sa période de conception architecturale. L’architecte se doit aussi d’associer à son travail de conception celles et ceux, médecins, infirmiers et autres personnels œuvrant dans cet environnement confiné, et
Rachid Boufous Architecte et urbaniste
L’hôpital est aussi cet équipement qui ne ferme jamais, en activité permanente, de jour comme de nuit, toute l’année et durant toutes les saisons.
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L'hôpital régional de Kaedi en Mauritanie a reçu le prix Agakhan en 1989. Entièrement en terre, il a été conçu pour accueillir les familles auprès du malade. Architectes : ADAUA Jak Vauthrin Fabrizio Carola Birahim Niang
dont l’occupation de l’espace diffère d’un environnement culturel à un autre. Le rôle de l’architecte n’est-il pas, in fine, d’apporter cette part d’humanité à laquelle personne ne pense de prime abord, mais qui est indispensable et qu’on doit percevoir dans l’environnement hospitalier ? Jusqu’à des temps pas si lointains, l’hôpital n’aimait que la couleur blanche, celle des murs, des blouses du personnel, des toques des chirurgiens, des draps, des lits, des ambulances… couleur qui symbolisait, croyait-on, la propreté, l’hygiène et la longue lutte contre les microbes, les épidémies et les pandémies. Et pourtant l’introduction de la couleur par les architectes en milieu hospitalier a apporté cette quiétude visuelle nécessaire pour rassurer les malades et leurs familles et donner une ambiance moins « hideuse » ou « guindée » aux espaces d’activités médicales. Et c’est cette autre humanité apportée par l’architecte qui doit se refléter dans sa conception d’un espace hospitalier lumineux et fonctionnel, aux formes
simples et sans ostentation, le tout inséré dans un océan de verdure. Ces ambiances chaleureuses et visuellement agréables contribuent pour beaucoup dans cette part mystérieuse de la convalescence des malades. L’architecte a donc un rôle important à jouer dans cette quête d’humanisation de l’espace hospitalier, car si la maladie n’est pas un choix humain, il n’en demeure pas moins que les lieux où l’on se soigne doivent apporter la quiétude nécessaire aux malades et à leurs familles et offrir le confort utile aux professionnels et aux praticiens de l’acte médical, loin de cette agressivité visuelle et inutile de certains matériaux onéreux qui dénaturent souvent la fonction de l’espace médical et qu’on observe malheureusement de plus en plus, particulièrement dans les cliniques.
C'est cette autre humanité apportée par l’architecte qui doit se refléter dans sa conception d’un espace hospitalier lumineux et fonctionnel, aux formes simples et sans ostentation, le tout inséré dans un océan de verdure.
Rachid Boufous Architecte et urbaniste
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COUP DE CŒUR
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Empreinte d’Architectes
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COUP DE CŒUR SOBRIÉTÉ ET TRANSPARENCE, LE NOUVEAU SIÈGE DE PRMEDIA
SOBRIÉTÉ ET TRANSPARENCE, LE NOUVEAU SIÈGE DE PRMEDIA
INTITULÉ DU PROJET / Siège social de PRMEDIA et PAR3COM MAÎTRE D’OUVRAGE / GPO ARCHITECTE OU GROUPEMENT / Empreinte d’Architectes SITUATION DU PROJET / 19, Rue Ben Al Hadj Safi Addine, Anfa, Casablanca PROGRAMME / Espaces de bureaux
ARCHITECTES
EMPREINTE D’ARCHITECTES
SUPERFICIE DU TERRAIN / 655 m2 SUPERFICIE DES PLANCHERS / 936 m2 COÛT GLOBAL DE LA RÉALISATION / 11.000.000,00 Dhs DATE DE DÉMARRAGE DES TRAVAUX / Août 2015 DATE DE FIN DES TRAVAUX / Février 2017
Façade sud
L’histoire du nouveau siège des agences PRMEDIA et PART3COM est avant toute chose l’histoire de deux sœurs, deux working girls. Leur force commune a guidé ce projet d’une écriture éminemment sobre et empreinte de légèreté, œuvre de l’agence casablancaise Empreinte d’architectes. Les deux entités PRMEDIA et PART3COM devaient cohabiter dans un même espace profitant de commodités communes tout en existant l’une indépendamment de l’autre. La spatialité du lieu est fortement liée à leur collaboration et à leur complémentarité. La programmation avait comme consigne de base « vivre ensemble séparément ». C’est ainsi que PRMEDIA occupa le premier étage, PAR3COM le rez-de-chaussée. Aux sous-sols se situent des espaces communs, des bureaux, une salle de repos mais aussi une cuisine et une salle de sport. Les différentes entités se juxtaposent, leur liaison est verticale. Un soin particulier a été accordé aux escaliers. Visibles de l’intérieur comme de l’extérieur par leur matérialité en béton brut de décoffrage, celle-ci contraste avec la légèreté des marches suspendues en habillage bois et couronnées d’un skydôme, donnant à cet espace la lumière nécessaire sur ses quatre niveaux.
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Les volumes sont simples, sans prétention mais paradoxaux dans leurs écritures architecturales : cubique et massif à l’étage, transparents, légers et ouverts au rez-de-chaussée. Le jardin est omniprésent de par la position centrale du bâtiment. Peu dense, il laisse le bâtiment imposer sa masse sans trop le dénaturer. Quelques tiges ici et là lui donnent un élan vertical, rien de plus ! Le paysage joue le jeu de la sobriété, il accompagne plus qu’il ne s’impose. La cour anglaise illumine le sous-sol par son éclairage naturel mais aussi par le jaune vif d’une fresque murale de plus de 20 mètres de long, œuvre originale de l’artiste urbain Yann Chatelin. Composition graphique faite de portraits et de calligraphie abstraite, elle ajoute une touche dynamique à cet ensemble fortement conceptuel, tout en offrant aux occupants des lieux le luxe de cohabiter avec une œuvre d’art. EA
ENTREPRISES / Gros œuvre / Étanchéité : KSTBAT Plomberie / Climatisation : PLOMBERIE AYOUCH Menuiserie aluminium : MAGAL Courant faible / Courant fort : OMETEC Menuiserie bois / Menuiserie Métallique : ESPACE AMENAGEMENT Faux plafonds : NBM ÉTUDES / - Architecture d’intérieur : Radia Lemseffer - Paysagiste : Camélia Bouazzaoui - Coordination : PRESTOBAT - Bureaux d’études : TROSS - Ingénieurs / Conseils - Bureaux de contrôle : TECHNITAS - Laboratoire : NBR FRESQUE MURALE / Yann Chatelin
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COUP DE CŒUR SOBRIÉTÉ ET TRANSPARENCE, LE NOUVEAU SIÈGE DE PRMEDIA
Plan rez-de-chausee
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Plan étage 01
Plan sous-sol -2
« Les volumes sont simples, sans prétention mais paradoxaux dans leurs écritures architecturales : cubique et massif à l’étage, transparents, légers et ouverts au rez-de-chaussée. »
Plan étage 01
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COUP DE CŒUR SOBRIÉTÉ ET TRANSPARENCE, LE NOUVEAU SIÈGE DE PRMEDIA
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L’artiste Yann Chatelin a bénéficié d’une grande liberté dans la réalisation de cette fresque envisagée en amont par les architectes pour apporter de la lumière et plus de vie à cette large terrasse d’une longueur de 25 mètres.
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CONCOURS
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LE CENTRE HOSPITALIER PROVINCIAL D’AL HOCEIMA
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CONCOURS LE CENTRE HOSPITALIER PROVINCIAL D’AL HOCEIMA
LE CENTRE HOSPITALIER PROVINCIAL D’AL HOCEIMA
INTITULÉ DU CONCOURS / Concours architectural pour la conception, le contrôle et le suivi des travaux du centre hospitalier provincial d’Al Hoceima MAÎTRE D’OUVRAGE / Ministère de la santé MAÎTRE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉ / Direction des équipements publics, Ministère de l’équipement des transports et de la logistique SITUATION DU PROJET / Ville d’Al Hoceima sur la nationale 16 vers Nador SUPERFICIE DU TERRAIN / 5 hectares CAPACITÉ LITIÈRE / 250 lits SURFACE TOTALE / 25 600 m2 BUDGET DU PROJET / 200 000 000 Dhs hors taxes DATE DE LANCEMENT DU CONCOURS / 13 février 2017
Dans le cadre du projet de construction du Centre Hospitalier Provincial de la ville d’Al Hoceima, la Direction des Equipements Publics a été désignée par le Ministère de la santé comme maître d’ouvrage délégué. Le concours lancé en février 2017 met l’accent sur le renforcement et l’amélioration de l’accès aux services de santé des habitants de la ville, de son agglomération et de sa province en général. L’opération consiste en la construction d’un Centre Hospitalier Provincial d’une capacité de 250 lits sur un terrain de cinq Ha environ. Ce dernier est situé à la sortie de la ville d’Al Hoceima sur la route nationale 16, en direction de la ville de Nador. Il présente un dénivelé dans le sens ouest / est. Un programme détaillé a été formulé à l’intention des architectes afin de répondre au mieux aux exigences d’un hôpital dont la longévité est un élément primordial. En effet, il s’agit d’un ensemble complexe qui doit continuellement faire face à de nouvelles données, à différentes techniques et s’adapter au progrès des nouvelles technologies. La conception du nouvel établissement devait proposer une flexibilité permanente des locaux, en éliminant toutes implantations ou affectations figées dans le temps. Le choix structurel devait permettre la modularité, la flexibilité et l’extensibilité. Il a été demandé aux architectes de tenir compte également d’une gestion stricte et globale des flux (public,
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patients, urgence, logistique, personnel…). Outre la formulation précise des besoins (capacité litière, surfaces des locaux, définition de l’enveloppe financière..) le programme insistait sur certaines exigences relevant de la qualité architecturale du projet, comme son insertion dans le site et le dialogue établi avec son environnement. L’intégration devait se faire selon un état projeté d’urbanisation puisque le site est amené à connaître une véritable dynamique urbaine. Le critère de la pérennité a été abordé et concerne les volumes et espaces intérieurs, mais également la qualité des matériaux ou la maîtrise des circulations de l’eau sur les façades de même que les salissures éventuelles. L’annonce du groupement lauréat a eu lieu en avril 2017. Il s’agit de celui formé par les architectes Abdelaziz Lahmouz et Fouad Agharmine. Bouchra El Fares Architecte
NOMBRE DE CONSULTATIONS DU PORTAIL DES MARCHES PUBLICS / Plus de 400 NOMBRE DE DOSSIERS DÉPOSÉS / 13 dossiers NOMBRE DE DOSSIERS ADMIS À PARTICIPER / 13 dossiers DATE D’OUVERTURE DES PLIS / 07 avril 2017 MEMBRES DU JURY / Le jury est composé d’un architecte, d’ingénieurs et d’un représentant du Trésor. Ce jury a désigné une commission technique composée d’architectes et d’ingénieurs du Ministère de la santé et de la Direction des équipements publics NOMS DES PROJETS PRIMES / - Lauréat : Abdelaziz Lahmouz et Fouad Agharmine - 2 ème prix : Nisrine Loubaris et Youssef Bekkali - 3 ème prix : Youness Alami Laaroussi et Meriam Fekkar NOMBRE DE PRIX ALLOUES / 5 primes 300 000 Dhs, 250 000 Dhs, 200 000 Dhs, 150 000 Dhs, 100 000 Dhs
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1ER LAURÉAT /
ABDELAZIZ LAHMOUZ FOUAD AGHARMINE « « Le centre Hospitalier d’Al Hoceima est traité de manière à être ouvert sur son environnement immédiat et accessible à tous les usagers pour que le bâtiment soit par son architecture à l’image de notre pays qui aspire à une administration transparente et démocratique », soulignent les architectes. »
Ce projet propose de lancer l’urbanisation de cette zone par une expression très moderne et une ouverture sur son environnement immédiat. « La situation et l’importance de ce projet nous imposent un traitement particulier non seulement de la façade mais aussi des espaces extérieurs pour participer et accompagner les efforts entrepris par les autorités locales dans le cadre de la mise à niveau de la ville, et ainsi saisir cette opportunité pour marquer le paysage urbain » déclarent les architectes. Le bâtiment a été implanté en recul par rapport aux voies publiques qui le desservent. L’entrée et la façade principale sont implantées sur la voie d’aménagement, à l’est du projet et ce pour éviter l’encombrement dû à la route nationale. La morphologie du terrain a imposé d’occuper la partie la plus large au croisement des voies et de céder la partie sud, plus étroite et irrégulière, à une éventuelle construction future. La récupération des niveaux s’inscrit dans un modelage du terrain naturel qui vise à estomper les différences de niveau en donnant l’impression d’un aménagement paysager volontaire. Cette façon d’épouser le terrain naturel présente l’avantage de minimiser les coûts relatifs aux terrassements et de diminuer les façades enterrées, tout en optimisant l’éclairage naturel. Quant à l’accès principal, il est aménagé en une grande esplanade assurant la continuité du trottoir. Elle est agrémentée d’espaces verts, d’alignements d’arbres d’ornement avec des bancs publics et de jets d’eau qui font référence à la grande richesse en eau de la région. Adoptant le principe de place publique, l’esplanade met en valeur la construction, renforce sa présence urbaine et sa visibilité tout en facilitant son accès aux piétons. Les concepteurs mettent par la même occasion en avant son caractère citoyen et ouvert sur la ville. Le mur de clôture se constitue d’une importante partie ajourée. Ainsi, le centre hospitalier et la ville ne font qu’une seule entité « Le centre Hospitalier d’Al Hoceima est traité de manière à être ouvert sur son environnement immédiat et accessible à tous les usagers pour que le bâtiment soit par son architecture à l’image de notre pays qui aspire à une administration transparente et démocratique », soulignent les architectes. Le projet adopte une sobriété extrême dans sa façade principale. Rythmée par une série d’ouvertures verticales qui atténuent l’horizontalité du bâtiment, celles-ci lui confèrent un certain élancement. Sans oublier les éléments marquant l’entrée, notamment l’auvent en acier
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ajouré qui donne au projet un aspect de légèreté, tout en servant d’ombrage. La façade latérale droite est rythmée d’ouvertures horizontales qui donnent plus de stabilité et viennent équilibrer l’ensemble. L’idée de transparence se traduit par un murrideau permettant de voir le hall de l’extérieur. D’ailleurs, le centre hospitalier s’organise autour de ce dernier. Il a été travaillé selon un répertoire simple et minimaliste par la mise en place d’un système d’espaces verts servant à l’animer et à y amener de la lumière. Ceux-ci contribuent également à drainer l’air frais à partir des jardins omniprésents et contribuent ainsi au confort thermique du bâtiment. Ce travail poussé de la volumétrie n’a pas fait oublier aux architectes qu’un centre hospitalier se doit avant tout d’être fonctionnel. Le projet accorde une grande importance à la gestion des flux des différents usagers et à la performance en matière d’efficacité énergétique, sans oublier les dispositifs constructifs antisismiques.
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« L’idée de transparence se traduit par un mur-rideau permettant de voir le hall de l’extérieur. D’ailleurs, le centre hospitalier s’organise autour de ce dernier. Il a été travaillé selon un répertoire simple et minimaliste par la mise en place d’un système d’espaces verts servant à l’animer et à y amener de la lumière. »
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« Ce travail poussé de la volumétrie n’a pas fait oublier aux architectes qu’un centre hospitalier se doit avant tout d’être fonctionnel. Le projet accorde une grande importance à la gestion des flux des différents usagers et à la performance en matière d’efficacité énergétique, sans oublier les dispositifs constructifs antisismiques. »
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2ÈME LAURÉAT /
NISRINE LOUBARIS YOUSSEF BEKKALI
« Le parti architectural tient compte des différentes contraintes du fonctionnement du bâtiment hospitalier, tout en travaillant autour des grandes directives de la psychologie environnementale dans le domaine de la « Healing architecture ». »
Vu son importance et sa situation stratégique à l’entrée de la ville, le projet du centre hospitalier a été considéré par les architectes comme un moteur de développement non seulement sur le plan sanitaire mais également urbanistique et architectural. Le parti architectural tient compte des différentes contraintes du fonctionnement du bâtiment hospitalier, tout en travaillant autour des grandes directives de la psychologie environnementale dans le domaine de la « Healing architecture ». « Nous avons pris ces grandes lignes comme fond de parti, le transcrivant dans notre forme, suivant juste notre instinct et laissant faire l’architecte » affirment les auteurs du projet qui optent pour une architecture résolument moderne aux formes épurées, aux volumes sobres mais à l’identité forte. Les architectes se sont basés sur quelques indicateurs majeurs et éléments clés de cet environnement idéal pour viser un « environnement curatif ». L’idée étant d’évoluer à moyen et à long terme vers un espace régénératif, favorisant les espaces dits « lieux de sociabilité internes », comme les espaces communautaires multifonctionnels. En effet, ces derniers possèdent un fort impact sur la psychologie du patient et la rapidité de sa guérison sans oublier la qualité de vie des professionnels œuvrant sur place. Par exemple, une trame qui apporte la vie aux espaces et aux personnes par le biais des couleurs, des odeurs et le microclimat qu’elle génère. L’Atrium, zone ambulatoire est la partie de l’hôpital qui reçoit le plus grand nombre d’utilisateurs et comprend des activités générant des temps d’attente parfois importants. Considéré comme le cœur du projet, il a été conçu sous forme d’une promenade verte, un voyage agréable à travers une série de jardins thématiques. La circulation vers les services de l’ambulatoire, dans sa globalité est organisée autour de cet espace de vie humanisé et convivial, un futur espace génératif, un lieu de sociabilité par excellence. Une ouverture sur son paysage profite de la vue panoramique avec une orientation quasi générale sur l’extérieur, et à l’intérieur autour d’un système de jardins. Pour les espaces de vie, hospitalisation et ambulatoire, la nature sera à toutes les portes aussi bien sous forme de jardins que de percées sur la mer. Chaque chambre aura sa perspective, son lien et sa continuité vers l’extérieur. Quant aux autres patios, traités en jardins thématiques, ils apportent une identité particulière à chaque lieu et offrent un accès, au moins visuel, aux différents espaces notamment les services d’hospitalisation. Il s’agit de patios plantés, de terrasses jardins, de balcons ou de jardins extérieurs.
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« « Nous avons pris ces grandes lignes comme fond de parti, le transcrivant dans notre forme, suivant juste notre instinct et laissant faire l’architecte » affirment les auteurs du projet qui optent pour une architecture résolument moderne aux formes épurées, aux volumes sobres mais à l’identité forte. »
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« L’Atrium, zone ambulatoire est la partie de l’hôpital qui reçoit le plus grand nombre d’utilisateurs et comprend des activités générant des temps d’attente parfois importants. »
« Considéré comme le cœur du projet, il a été conçu sous forme d’une promenade verte, un voyage agréable à travers une série de jardins thématiques. La circulation vers les services de l’ambulatoire, dans sa globalité est organisée autour de cet espace de vie humanisé et convivial, un futur espace génératif, un lieu de sociabilité par excellence. »
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3ÈME LAURÉAT /
YOUNESS ALAMI LAAROUSSI MERIAM FEKKAR « Pour répondre aux exigences de celui-ci, le choix d’un hôpital compact s’est imposé et son concept de distribution et de forme a été clairement établi. »
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Situé dans un environnement remarquable, cette architecture revendique la dimension humaine et s’appuie sur un programme fonctionnel rigoureux conjuguant la mutualisation des espaces et l’autonomie des différentes activités. Pour répondre aux exigences de celui-ci, le choix d’un hôpital compact s’est imposé et son concept de distribution et de forme a été clairement établi. D’une part, l’entrée du projet est marquée par une place dont la couverture en structure métallique légère fait office de parvis intérieur et permet un éclairage zénithal qui plonge patients et visiteurs dans une ambiance sereine. Un patio central végétalisé est l’élément fort autour duquel se développe le projet puisqu’il relie l’ambulatoire aux différents pôles et départements. La création d’un espace vert au cœur du projet, d’une rue intérieure naturellement ventilée et de patios ombragés s’inscrit dans une politique volontariste de développement durable. Les unités d’hospitalisation s’organisent autour de patios permettant une lumière naturelle largement présente. Elles profitent toutes d’un confort visuel que permet le site, proche de la mer. Ce confort visuel est recherché dans la conception architecturale par la présence de terrasses végétalisées, qui permettent la création de balades et des espaces de détente agréables. D’autre part, le centre hospitalier offre une aptitude au changement de l’équipement avec des plateaux modulaires, transformables et extensibles. Les principes généraux structurant le bâtiment, en plus de l’organisation interne des services et départements sont aussi le respect des accès, des liaisons entre départements, de la fluidité des circulations et de la gestion des flux (public, patients, urgences, unité technique des accouchements (UTA), logistiques et flux du personnel). Le respect de la matrice des liaisons était essentiel dans la conception du projet et dans la gestion et distribution des flux des patients, personnel et logistique. Les différents services et départements communiquent entre eux selon des liaisons aisées, de proximité ou contiguës. Cette proposition préserve en effet les qualités humanistes : échelle intimiste et rassurante avec un parcours facile dans un projet très étendu.
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« Un patio central végétalisé est l’élément fort autour duquel se développe le projet puisqu’il relie l’ambulatoire aux différents pôles et départements. »
« La création d’un espace vert au cœur du projet, d’une rue intérieure naturellement ventilée et de patios ombragés s’inscrit dans une politique volontariste de développement durable. »
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ARCHITECTURE
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HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ Boufous Rachid & Boufous Hamid
LE CHU D’OUJDA, UN MODÈLE HOSPITALIER EN ÉVOLUTION
Youssef Melehi & Fouad Bekkali
GREEN TECH VALLEY, UN QUARTIER DU BOUREGREG
Younes Krim, Mohammed Hajji (Mygroup)
LA CLINIQUE AÏN CHOCK, DURABILITÉ ET ESTHÉTIQUE Khalid & Rachid Bohsina
LES HÔPITAUX DU GROUPE ALLIANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE Jg Ingenieros
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ARCHITECTURE HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ . RABAT
HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ R ABAT
ARCHITECTES
BOUFOUS RACHID & BOUFOUS HAMID
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INTITULÉ DU PROJET / Extension de l’hôpital Universitaire International Cheikh Zaid de Rabat MAÎTRE D’OUVRAGE / Fondation Cheikh Zaid Al Nahyane ARCHITECTES OU GROUPEMENT / Boufous Rachid & Boufous Hamid Architectes - Urbanistes DESA SITUATION DU PROJET / Rabat - Boulevard Allal Al Fassi – Madinat Al Irfane - Hay Ryad SUPERFICIE DU TERRAIN / 4 Ha SUPERFICIE DES PLANCHERS / 20 103 m2 DATE DE DÉMARRAGE DES TRAVAUX / 2010 DATE DE FIN DES TRAVAUX / 2013
L’Hôpital Universitaire International Cheikh Zaid a été le premier équipement dans les années 90 à répondre aux standards internationaux. Sa rénovation et la construction d’extensions (achevées en 2013) ont été l’objet d’un processus architectural qui a associé en amont l’ensemble des acteurs : médecins, personnel infirmier et, cas encore trop peu répandu, le service technique. Une structure professionnalisée qui prend en charge la maintenance et la pérennité de l’équipement. L’extension principale s’inscrit dans la continuité du bâtiment existant construit entre 1994 et 1998, le long de l’avenue Allal Al Fassi. Le concept architectural de la même manière en est le prolongement : volumes sobres, modénature et rythme des ouvertures identiques. L’architecte bénéficiant par ailleurs d’une solide expérience d’urbaniste a entamé une réflexion approfondie sur la fonction de l’hôpital. C’est ainsi que le mur d’enceinte a été abattu pour permettre d’ouvrir l’hôpital sur son environnement urbain et offrir, avec la création d’une esplanade et d’un espace vert le long de la façade du nouveau bâtiment, un entre-deux apaisant entre la ville et l’équipement. Une annexe abritant une pharmacie et une banque a été implantée à proximité des Consultations externes afin de pallier l’absence de services de proximité. Ainsi, cet équipement structurant s’intègre-t-il désormais dans la vie économique et sociale de la ville.
déceler des besoins fonctionnels et humains : un service d’Urgences digne de ce nom, un centre d’Oncologie de pointe, un système d’accueil performant. L’architecte a ainsi convaincu de programmer deux bâtiments à l’arrière de la parcelle pour abriter ces nouveaux services et de déployer le service des consultations externes sur trois niveaux au lieu du rez-dechaussée prévu pour l’extension principale. Aujourd’hui les bâtiments occupent dans leur globalité près de 40 000 m2, doublant ainsi l’emprise initiale. L’aspect technique et fonctionnel traité avec la conception des circulations (largeur de couloir de 2m40 selon les normes), des circuits sale, propre, des zones stériles, de même que le regroupement et redéploiement dans le bâtiment originel des services par spécialités afin de rationaliser les déplacements, représente un travail d’écoute attentif avec chaque service. La rénovation dont a fait l’objet le premier bâtiment, après vingt ans de vie, s’est limité aux La concertation avec les médecins a permis renouvellements des installations techniques d’identifier le quotidien des pratiques et de et des produits de second-œuvre (faux plafonds,
PROGRAMME / Extension de l’Hôpital existant comprenant : 1. Consultations Externes 2. Hébergement (100 Chambres et suites) 3. Enseignement médical et paramédical 4. Services d’Urgences 5. Service d’Oncologie BUREAUX D’ÉTUDES / Pyramide BUREAU DE CONTRÔLE / M-Controle
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ARCHITECTURE HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ . RABAT
Bâtiment originel construit entre 1994 et 1998
L’extension principale achevée en 2013
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« L’architecte a ainsi convaincu de programmer deux bâtiments à l’arrière de la parcelle pour abriter ces nouveaux services et de déployer le service des consultations externes sur trois niveaux au lieu du rez-de-chaussée prévu pour l’extension principale. »
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Vue latérale montrant la passerelle de liaison entre les bâtiments principaux et côté de l’extension
« Le hall d’accueil des Consultations où les visiteurs et les patients peuvent s’asseoir. »
L’entre-deux entre l’hôpital et la ville
sols, murs, plomberie, climatisation, éclairage, portes etc.). Les produits dédiés sont sélectionnés en fonction des recommandations du Ministère de la Santé. Mais pour l’architecte, la notion d’accueil ne se limite pas aux liens avec la ville, ni à la générosité des espaces intérieurs. Elle a été approfondie dès le hall d’accueil des Consultations où les visiteurs et les patients peuvent s’asseoir, où des boxes individuels sont prévus, permettant de démultiplier le nombre d’actes. C’est ensuite le choix de la couleur, dans les couloirs et les chambres, couleurs pastel apaisantes, au sol et sur les murs, le carrelage remplacé par la peinture lavable et des courbes douces pour les plinthes par mesure d’hygiène. C’est aussi la possibilité de chambres individuelles et des espaces d’accueil à proximité pour permettre aux familles de venir voir en nombre leurs proches, selon la tradition locale. L’ex-
tension propose même des suites VIP et, en tant qu’hôpital universitaire, un auditorium et des salles de stage ou de formation destinés aux étudiants. L’hôpital Cheikh Zaid a été le premier hôpital répondant aux normes internationales. Ce standard a sa contrepartie : des exigences de maintenance prises en charge par un Service technique qui rassemble une trentaine de personnes, dûment formées et organisées en équipes responsables des équipements dédiés : les mécanismes (climatisation et électricité qui comptent à eux seuls 18 personnes,) l’informatique, le gros-œuvre, le biomédical, sans oublier les sous-traitants qu’il faut aussi contrôler. Les nouveaux équipements ont permis de réduire de moitié les consommations d’énergie mais le budget, du fait des coûts des contrats de maintenance, tourne autour de 10 millions de Dirhams par an… FM Entrée principale
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ARCHITECTURE HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ . RABAT
Plan de masse
Coupe
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Oncologie - plan de rez-de-chaussée
Oncologie - plan du 1er étage
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ARCHITECTURE HÔPITAL CHEIKH ZAID, LES CONDITIONS DE LA PÉRENNITÉ . RABAT
« Le choix de la couleur, dans les couloirs et les chambres, couleurs pastel apaisantes, au sol et sur les murs. »
Vue intérieure de la passerelle de liaison
Hall d’accueil, salon d’accueil à l’intérieur des services
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Auditorium destiné aux formations
« C’est aussi la possibilité de chambres individuelles et des espaces d’accueil à proximité pour permettre aux familles de venir voir en nombre leurs proches. »
Chambre individuelle et suite VIP
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ARCHITECTURE LE CHU D’OUJDA, UN MODÈLE HOSPITALIER EN ÉVOLUTION . OUJDA
LE CHU D’OUJDA, UN MODÈLE HOSPITALIER EN ÉVOLUTION
OUJDA
INTITULÉ DU PROJET / Centre Hospitalier Universitaire de Oujda MAÎTRE D’OUVRAGE / Ministère de la Santé, Direction des équipements et de la maintenance MAÎTRE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉ / Compagnie Générale Immobilière - CGI ARCHITECTES OU GROUPEMENT / Groupement : Youssef Melehi et Fouad Bekkali PROGRAMMISTE / Alain Le Coq
ARCHITECTES
YOUSSEF MELEHI & FOUAD BEKKALI
CONSEIL / Louis Schneider SITUATION DU PROJET / Oujda SUPERFICIE DU TERRAIN / 10 Ha SUPERFICIE DES PLANCHERS / 46 000 m2 COÛT GLOBAL DE LA RÉALISATION / 350 000 000 Dhs DATE DE LIVRAISON / 2014
Livré en 2014, le CHU d’Oujda a été érigé en réponse à de nouveaux besoins en matière d’équipements hospitaliers universitaires au Maroc. Il tient compte de l’évolution des prestations médicales mais également de l’apparition d’exigences nouvelles en matière de confort et d’amélioration des conditions des usagers. Comme tout équipement médical de la taille d’un CHU, celui d’Oujda a été conçu dans le respect des normes strictes liées à un fonctionnement et à une programmation complexes, mais visait également à faire avancer la réflexion sur « le modèle hospitalier » pour une meilleure adaptation aux besoins des patients, du personnel médical et ceux des visiteurs. L’hôpital se devait également de véhiculer une image d’ouverture sur la ville par une architecture mettant en valeur sa vocation de lieu de vie et de convivialité. L’ensemble hospitalier a été conçu comme un îlot urbain selon une volumétrie linéaire horizontale animée par des jeux de pleins et de vides, et des éléments de marquage sous forme de portiques. L’expression architecturale est de type contemporain et dépouillé. L’ensemble est accessible depuis la rue, sur laquelle s’articulent l’hôpital Mère / Enfant, l’hôpital des Spécialités et la Direction Générale. Bien que reliées entre elles, ces entités s’organisent in-
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dépendamment autour de patios et de jardins intérieurs agrémentés de fontaines avec des traitements différenciés selon les secteurs. En amont du projet, les recommandations du programmiste ont eu trait à la fonctionnalité du bâtiment, à la gestion et à la séparation des différents flux : patients ambulatoires, patients couchés, personnel médical, visiteurs, logistique... La flexibilité et la compacité ont été érigées en principes directeurs de la conception, dans la perspective de possibles extensions futures. L’étude de la gestion des flux, élément primordial du fonctionnement d’un hôpital, a fait de la protection du malade et de la réduction des circuits des objectifs de premier plan. Ainsi, une circulation distincte et contrôlée dessert l’ensemble des urgences : hôpital des Spécialités et hôpital Mère et Enfant (accès ambulances et malades couchés). Une circulation séparée permet l’accès des visiteurs,
PROGRAMME / Centre Hospitalier Universitaire de 500 lits Hôpital mère enfants avec 7 services d’hospitalisation, 125 lits. Hôpital des spécialités avec 24 services d’hospitalisation, 375 lits. Deux plateaux techniques, 16 salles d’opérations BUREAUX D’ÉTUDES / Groupement : Omnium Technologique + PYRAMIDE BUREAU DE CONTRÔLE / Expertec OPC COORDINATION / CRX Maroc ENTREPRISES / Gros œuvres / Badr Beton Terrassements / Société Houar Revêtement sols - Revêtement murs / Général de projet Faux plafonds / Matisol Électricité CFO CFA / Belectrabat Plomberie / Rapibat Climatisation - Chauffage / Mif Maroc Menuiserie bois / Conforamat Menuiserie aluminium ext / Grenson & Pert Menuiserie aluminium int / Jet Alu Réalisation métalique / Grenson & Pert Fluides / Air Liquide Cuisine + Buanderie + Morgue / Polyvalent Lamel Vrd + Assainissement + Aménagement extérieur / Bioui Travaux Sécurité - Téléphonie / Belectrabat Plombage + Rev speciaux / Afrique Décor
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Accès principal
« Comme tout équipement médical de la taille d’un CHU, celui d’Oujda a été conçu dans le respect des normes strictes liées à un fonctionnement et à une programmation complexes, mais visait également à faire avancer la réflexion sur « le modèle hospitalier » pour une meilleure adaptation aux besoins des patients, du personnel médical et ceux des visiteurs. »
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ARCHITECTURE LE CHU D’OUJDA, UN MODÈLE HOSPITALIER EN ÉVOLUTION . OUJDA
Plan de masse
Plan général du Rez-de-chaussée haut
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Plan général du Rez-de-chaussée bas
Façade principale
Façade arrière
Façade nord
Façade sud
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ARCHITECTURE LE CHU D’OUJDA, UN MODÈLE HOSPITALIER EN ÉVOLUTION . OUJDA
Parking et bloc hébergement
« Une volumétrie simple, à dimension humaine, loin de l’expression monumentale, et une optimisation des trajectoires entre les différents services répondent aux nouvelles exigences de l’hôpital qui se veut un lieu de vie et de convivialité capable de redonner confiance à l’usager dans son environnement médical. » consultants, personnel médical et paramédical à travers la rue centrale, qui s’articule depuis les parkings jusqu’aux accès de l’ensemble hospitalier. À leur opposé, se situe l’accès aux services généraux, réservé aux entrées et aux sorties des matières.
Bloc hébergement
malades couchés et au personnel soignant. Le rez-de-chaussée haut comprend les services des consultations, de radiologie, des exploitations ainsi que l’accueil des visiteurs, ce qui lui confère un caractère d’ouverture au grand public. Enfin, les étages alloués à l’hospitalisation regroupent les unités de soins et d’héUne organisation fonctionnelle différenciée bergement et les locaux communs de traitepar niveau a été adoptée : le rez-de-chaussée ment et de la logistique. bas accueille le plateau médico-technique, regroupant notamment les blocs opératoires, Le souci des architectes de réduire les coûts les services de réanimation et les urgences. d’exploitation de l’hôpital et d’optimiser le Ces espaces sont accessibles exclusivement aux confort des patients et celui du personnel soi-
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gnant a induit une organisation de la majorité des services autour de patios, et une orientation est / ouest de la plupart des chambres, favorisant ainsi un éclairage naturel des plus profitables. Une volumétrie simple, à dimension humaine, loin de l’expression monumentale, et une optimisation des trajectoires entre les différents services répondent aux nouvelles exigences de l’hôpital qui se veut un lieu de vie et de convivialité capable de redonner confiance à l’usager dans son environnement médical. NC
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« Le souci des architectes de réduire les coûts d’exploitation de l’hôpital et d’optimiser le confort des patients et celui du personnel soignant a induit une organisation de la majorité des services autour de patios, et une orientation est / ouest de la plupart des chambres, favorisant ainsi un éclairage naturel des plus profitables. »
Hall principal
Patio
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ARCHITECTURE GREEN TECH VALLEY, UN QUARTIER DU BOUREGREG . SALÉ
GREEN TECH VALLEY, UN QUARTIER DU BOUREGREG ARCHITECTES
YOUNES KRIM MOHAMMED HAJJI (MYGROUP)
INTITULÉ DU PROJET / Clinique Green-Tech Valley MAÎTRE D’OUVRAGE / Société Smi-Smip représentée par M.Rahal Boulgoute ARCHITECTE OU GROUPEMENT / Mygroup Architecture PROGRAMMISTE / Pascal Andignac SITUATION DU PROJET / Marina Bouregreg, Commune de Salé, Arrondissement Bab Lamrissa SUPERFICIE DU TERRAIN / 5416,63 m² environ SUPERFICIE DES PLANCHERS / 16 363,15 m² COÛT GLOBAL DE LA RÉALISATION / 196 357 800 Dhs DATE DE DÉMARRAGE DES TRAVAUX / 02 Janvier 2018 DATE DE FIN DES TRAVAUX / 31 Août 2019 BUREAUX D’ÉTUDES / BTP CONCEPTS
Green Tech Valley est un projet à composante tertiaire, commerciale, hôtelière, et résidentielle, qui permettra de créer un petit centre-ville dans le nouveau quartier du Bouregreg. Un pôle médical est programmé avec l’ambition de mettre en place un nouveau modèle de gestion… Le projet d’ensemble du nouveau quartier, exclusivement locatif et d’investissement, répond à des besoins mis en évidence par des études de marché. Pour chaque projet, un contact direct a été établi avec des professionnels gestionnaires. Dans ce cadre, un nouvel équipement de santé est programmé, prévoyant au départ une clinique, un centre de rééducation et un spa thérapeutique, une école de formation d’infirmières. Mais le choix des spécialités médicales est encore en évolution, dépendant d’un futur gestionnaire qui n’est pas encore désigné. Si ce dernier a en effet son mot à dire - les critères de rentabilité dépendent à la fois des conditions de location du foncier comme du nombre d’actes cliniques annuel attendu - la nouveauté est l’association des médecins, comme conseillers de l’investisseur, en amont du projet. C’est donc le principe du groupement qui est mis en œuvre avec l’ambition de proposer un outil performant, élaboré en fonction des plus hautes normes internationales. Un programmiste in-
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ternational est d’ailleurs intervenu, un préalable essentiel dans ce secteur éminemment technique et complexe pour atteindre un tel objectif et assurer une exploitation efficace et une qualité de maintenance adéquate. On peut juger inhabituel, voire contradictoire, l’association médecins-investisseurs, c’est une configuration inédite au Maroc mais déjà éprouvée à l’étranger. À l’international également des groupes spécialisés dans la gestion d’établissements privés de santé ont vocation à créer un réseau d’équipements où l’effet groupe est escompté au niveau, notamment, de centrales d’achat. C’est le modèle que cherche à atteindre le projet de clinique de Green Tech Valley. Quant à l’architecture du bâtiment, la configuration du terrain de Green Tech Valley a son influence : il n’y a pas d’extension possible, d’où la proposition par l’agence MyGroup d’un bâtiment compact incluant six blocs de spécialisations (dont pôle cardiolvasculaire et oncologie)
BUREAU DE CONTRÔLE / SOCOTEC
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ARCHITECTURE GREEN TECH VALLEY, UN QUARTIER DU BOUREGREG . SALÉ
« La trame restera identique, même si le bloc opérationnel doit augmenter quitte à diminuer le nombre de chambres. Gaines techniques surdimensionnées, éléments pré installés sont autant de dispositions qui doivent permettre à l’équipement d’évoluer dans le temps, vers, par exemple, des chambres dotées des équipements de réanimation. »
avec un nombre de lits (environ 180 lits) et d’actes cliniques à l’année paramétrés. La trame restera identique, même si le bloc opérationnel doit augmenter quitte à diminuer le nombre de chambres. Gaines techniques surdimensionnées, éléments pré installés sont autant de dispositions qui doivent permettre à l’équipement d’évoluer dans le temps, vers, par exemple, des chambres dotées des équipements de réanimation.
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Quant à l’agence MyGroup, après des commandes directes du ministère de la santé, elle confirme sa professionnalisation (deuxième au concours de l’hôpital d’Agadir) dans un domaine si particulier où blocs, pôles, flux, circuits, optimisation des surfaces, rentabilité et fonctionnalité sont autant d’équations complexes à résoudre. FM
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ARCHITECTURE LA CLINIQUE AÏN CHOCK, DURABILITÉ ET ESTHÉTIQUE . CASABLANCA
LA CLINIQUE AÏN CHOCK, DURABILITÉ ET ESTHÉTIQUE ARCHITECTES
Khalid & Rachid Bohsina
INTITULÉ DU PROJET / Clinique Ain Chock MAÎTRE D’OUVRAGE / Sociétés Ain Chock & Disac Sarl représentées Par Dr Bouziane Azeddine Dr Bouziane Mohamed Dr Daoudi Khalid Dr Eddlimi Mokhtar ARCHITECTES / Bohsina Khalid & Rachid PROGRAMMISTE / Georges Trifilieff SITUATION DU PROJET / Avenue du 2 Mars, à Casablanca PROGRAMME / Clinique médico-chirurgicale pluridisciplinaire SUPERFICIE DU TERRAIN / 1 021 m2 SUPERFICIE DES PLANCHERS / 3 140 m2 COÛT GLOBAL DE LA RÉALISATION / 25 128 000 dh DATE DE DÉMARRAGE DES TRAVAUX / 29 Juin 1999
Les architectes de cette clinique casablancaise, située sur l’avenue du 2 Mars, ont privilégié une trame diversifiée de circulations où s’enchaînent les vides et les pleins et un dialogue permanent entre l’intérieur du bâtiment et sa façade sculptée. En effet, le concept impliquait des qualités scéniques et de communication. Pari relevé par l’agence des frères Bohsina. Il s’agissait de construire des espaces selon un concept de fluidité assurant le continuum des fonctions et un maximum de confort pour les usagers. Des espaces ordonnés et lisibles devaient assurer les fonctions essentielles, mais aussi générer un lieu attractif. Le langage architectural et urbain devait générer une série d’émotions provoquées par la qualité des matériaux, les grandes perspectives du site, les différentes orientations et la présence magnifiée de la végétation et de la lumière. Les architectes ont tenté d’introduire la diversité par l’imbrication de volumes simples dans le respect des principes d’intégration au site, de convivialité et d’homogénéité.
lui confère un aspect léger et aérien. Elle souligne aussi la hauteur autorisée dans le secteur des constructions avoisinantes. L’implantation de la clinique par rapport aux voies est de 4m, ce qui lui permet de bénéficier d’un jardin privatif, véritable espace naturel pour le bienêtre des malades, souvent en situation de stress à leur arrivée à la clinique. À l’étage, les chambres se répartissent le long d’une fente lumineuse, qui conduit à l’escalier, offrant à tous un regard sur l’extérieur. Situé à l’angle de la clinique, cet escalier devient un repère urbain en se glissant entre deux voiles courbes, et en se déboîtant au fur et à mesure de la montée en niveau, jusqu’à dialoguer avec l’auréole circulaire de la pergola. Un double vitrage s’est imposé du fait de la situation de la clinique et fait bénéficier toutes les chambres du silence absolu.
En proposant des ambiances et des cheminements pluriels, la clinique Ain Chock se développe en s’intégrant au site de manière organique. En effet, depuis la rue, les passants perçoivent une façade volontairement sculptée par la lumière, qui change d’aspect par un S’inscrivant dans une démarche écologique, les jeu d’ombres projetées. Une pergola au dernier architectes ont privilégié la lumière naturelle niveau fédère tout le travail de volumétrie et dans l’ensemble des locaux et ont eu recours
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DATE DE FIN DES TRAVAUX / Mise à niveau en cours ENTREPRISES / UAEM Sarl BUREAUX D’ÉTUDES / IBEM BUREAU DE CONTRÔLE / SOCOTEC Maroc LABORATOIRE / NBR
« Les architectes ont tenté d’introduire la diversité par l’imbrication de volumes simples dans le respect des principes d’intégration au site, de convivialité et d’homogénéité. »
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ARCHITECTURE LA CLINIQUE AÏN CHOCK, DURABILITÉ ET ESTHÉTIQUE . CASABLANCA
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« Il s’agissait de rechercher des proximités entre les différents services : hospitalisation de gynécologie et bloc obstétrical, bloc obstétrical et bloc opératoire, bloc opératoire et consultation, anesthésie et ambulatoire, urgences et imagerie etc. Cette démarche conduit notamment à économiser des déplacements pour le personnel et à renforcer la sécurité médicale de l’établissement. »
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ARCHITECTURE LA CLINIQUE AÏN CHOCK, DURABILITÉ ET ESTHÉTIQUE . CASABLANCA
à l’usage de matériaux durables et d’entretien facile. En matière de confort thermique, le climat casablancais nécessite une protection efficace des bâtiments contre les apports caloriques. Les solutions passives ont cependant été privilégiées : orientation des façades, dimensionnement judicieux des baies, brise-soleil adaptés, isolation et inertie du bâti, ventilation naturelle efficace. Compte tenu de la complexité de l’environnement médical, Il était important de comprendre les gestes précis des praticiens, toutes disciplines confondues, pour anticiper et réaliser des espaces optimisés, des cheminements techniques accessibles et sécurisés. Pour cela, le staff médical, doté d’une expérience reconnue à l’international a été un atout majeur pour peaufiner la conception, mais également le choix de s’adjoindre un programmiste. Contrairement à beaucoup de cabinets d’architectes qui s’associent à d’autres cabinets spécialistes des centres hospitaliers ou des cliniques, ce choix était la garantie pour les maîtres d’œuvre de produire une conception qui leur soit propre.
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Le programmiste oriente, met en exergue, suggère, vérifie, calcule, repousse ou optimise une proposition, mais ne dessine pas le projet. De fait, sa recommandation principale a été une logique de compacité. Il s’agissait de rechercher des proximités entre les différents services : hospitalisation de gynécologie et bloc obstétrical, bloc obstétrical et bloc opératoire, bloc opératoire et consultation, anesthésie et ambulatoire, urgences et imagerie etc. Cette démarche conduit notamment à économiser des déplacements pour le personnel et à renforcer la sécurité médicale de l’établissement. Les flux intérieurs ont été conçus avec un souci de simplicité et de compacité. Un premier flux public relié au hall distribue les points de montée pour les visiteurs. Un second flux parallèle au premier est situé à l’arrière et relie de manière identique les étages. Il est destiné aux malades et à la logistique. L’implantation des Urgences au rez-de-chaussée sur la façade principale du bâtiment leur donne une grande lisibilité et une facilité d’accès depuis une voie à usage restreint. L’imagerie médicale est située en liaison directe avec le
hall, au même niveau que les hospitalisations de chirurgie orthopédique et contiguë aux urgences, ce qui complète le plateau technique. Un noyau de circulation verticale assure les liaisons vers les différents services d’hospitalisation. Au rez-de-chaussée sont également situés la zone d’accueil et de consultation, un hôpital de jour, le secteur de l’hébergement et l’extension de la clinique. Quant à la logistique, elle s’organise aussi au rez-de-chaussée, à l’arrière du bâtiment et bénéficie d’un accès propre, différencié des autres flux. Pour ce qui concerne la pérennisation et l’évolutivité du projet, la clinique se prête à un certain nombre d’extensions, soit déjà naturellement inscrites dans l’enveloppe initiale du bâtiment, soit par la position du bâtiment sur le site constitué d’une réserve foncière mitoyenne sur laquelle travaillent actuellement les architectes pour une mise à niveau.
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« Pour ce qui concerne la pérennisation et l’évolutivité du projet, la clinique se prête à un certain nombre d’extensions, soit déjà naturellement inscrites dans l’enveloppe initiale du bâtiment, soit par la position du bâtiment sur le site constitué d’une réserve foncière mitoyenne sur laquelle travaillent actuellement les architectes pour une mise à niveau. »
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ARCHITECTURE LES HÔPITAUX DU GROUPE ALLIANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE . CAMEROUN
LES HÔPITAUX DU GROUPE ALLIANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE CAMEROUN
INTITULÉ DU PROJET / ACC - Alliances Construction Cameroun MAÎTRE D’OUVRAGE / Ministère de la Santé de la République du Cameroun MAÎTRE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉ / ALMOD PROGRAMMATION / Avicena ARCHITECTE / JG Ingenieros
ARCHITECTE
JG INGENIEROS
SITUATION DU PROJET / Cf carte communiquée (chefs-lieux des régions du Cameroun et Yaoundé et Douala) COÛT GLOBAL DE LA RÉALISATION / 300 millions € PROGRAMME / Cf texte BUREAUX D’ÉTUDE / CID / JG Ingenieros Gestion et coordination des achats d’équipements biomédicaux Altadec, filiale d’Alliances
Depuis quelques années, le Groupe capitalise sur son savoir-faire pour s’ouvrir à l’international et concrétiser plusieurs projets en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Dans le but d’améliorer l’offre de services sanitaires ainsi que les conditions de vie des populations camerounaises, l’Etat du Cameroun a mis en place un Plan d’Urgence Triennal (PLANUT). Dans ce contexte, le Groupe Alliances s’est vu confier la conception et la réalisation des volets Santé et Pôle Urbain de ce Plan. L’ensemble pour un montant d’environ 300 millions d’euros se décline comme suit : - La conception, construction et équipement de huit hôpitaux régionaux de référence (CHR) dans les Chefs-lieux de régions du Cameroun pour une superficie totale d’environ 100 000 m² ; - La réhabilitation des plateaux techniques des hôpitaux généraux de Yaoundé et Douala et du CHU de Yaoundé ; - La construction de 800 logements et équipements socio-culturels associés (écoles, bâtiments administratifs et commerces) à proximité de chaque CHR pour une superficie totale d’environ 100 000 m².
sur tout le territoire Camerounais. Il s’agit de la programmation des Plans Fonctionnels, l’APS, l’APD et les Plans d’Exécution ainsi que de l’Ingénierie sur les installations des équipements biomédicaux. Ce projet est le fruit d’une étroite collaboration entre les acteurs locaux et l’équipe en charge du projet qui a démarré dès la phase d’identification des besoins en matière sanitaire. Les huit établissements en construction sont des hôpitaux généraux dont deux hôpitaux universitaires, trois hôpitaux de Pédiatrie et trois autres de Spécialités. L’offre totale comprend 921 lits et chaque hôpital compte :
À ce jour, l’ensemble des projets (11 hôpitaux - Trois blocs opératoires ; et 8 sites de logements) sont en cours de - Une unité de soins intensifs de 10 à 12 lits ; - Trois à quatre salles d’accouchement ; construction. - Un service d’imagerie ; - Un laboratoire ; Une architecture qui s’adapte au local JG Ingenieros a collaboré avec le Groupe - Un service d’urgence ; Alliances pour la mise en place des études - 9 à 15 salles de consultation ; architecturales des huit nouveaux hôpitaux - 5 à 19 salles d’exploration.
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« Ce projet est le fruit d’une étroite collaboration entre les acteurs locaux et l’équipe en charge du projet qui a démarré dès la phase d’identification des besoins en matière sanitaire. »
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ARCHITECTURE LES HÔPITAUX DU GROUPE ALLIANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE . CAMEROUN
Le Groupe Alliances s’est spécialisé, depuis sa création en 1994, dans l’étude, le montage et la conduite de réalisations immobilières et touristiques de grande envergure. Intervenant sur l’ensemble du territoire marocain, Alliances offre à sa clientèle des programmes immobiliers de qualité et accompagne ses partenaires dans la réalisation de leurs projets. Sa capacité à développer de grands projets s’appuie sur une solide expertise dans la promotion immobilière et la réalisation d’établissements hôteliers. En deux décennies, il est devenu un acteur incontournable dans tous les secteurs où il intervient. Que ce soit en Maitrise d’Ouvrage Déléguée, en Assistance à Maîtrise d’Ouvrage ou en contractant clé en main, Alliances s’impose comme un partenaire conseil, véritable appui pour ses clients. Au plan national et africain, le Groupe s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire disposant de connaissances techniques solides et rompue à la collaboration avec des architectes et designers réputés.
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« Chaque bloc pavillonnaire constitue une unité hospitalière dotée d’une capacité d’agrandissement et d’adaptation aux différents programmes de fonctionnement par simple prolongement des axes circulaires et ajout de nouveaux blocs. »
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ARCHITECTURE LES HÔPITAUX DU GROUPE ALLIANCES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE . CAMEROUN
D’un point de vue architectural, ce projet présente des caractéristiques particulières : - Des délais de conception et de réalisation limités compte tenu du plan d’urgence triennal imposant un hôpital standard décliné selon différentes variantes sur les autres hôpitaux. - Plusieurs localisations avec des nécessités d’adaptation à l’environnement. - Des contraintes technologiques et techniques déterminantes qui ont été prises en considération pour garantir la faisabilité du projet. - Des spécificités culturelles qui ont été prises en compte. Chacun des hôpitaux a été conçu en conciliant les tendances actuelles de l’architecture hospitalière et les coutumes et usages locaux, mais également trois constantes de principe : HUMANISATION : l’espace représente en luimême une thérapie par un environnement agréable qui facilite le séjour des patients et le travail du personnel. FLEXIBILITE : chaque hôpital s’adapte aux évolutions technologiques et usages sanitaires ainsi qu’aux changements de la demande des usagers. La conception flexible permet une adaptation évolutive du bâtiment dans le futur
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avec un minimum de travaux et de nuisance pour l’activité de l’hôpital. CONCEPTION ENVIRONNEMENTALE : Compte tenu des conditions climatiques, les stratégies de conception environnementale passives retenues sont essentielles afin d’obtenir un maximum de confort avec un minimum de dépenses en énergie. Ainsi, les paramètres de conception sont identiques pour les huit hôpitaux : - Façades conçues de manière ordonnée et modulaire offrant une image unifiée et moderne. Par ailleurs, l’utilisation de brise-soleil et autres matériaux permet d’optimiser l’efficacité énergétique. Enfin, les motifs et couleurs utilisés ont été adaptés à l’environnement de chaque hôpital. - Conception de modules ou blocs bénéficiant d’un maximum de flexibilité : chaque bloc pavillonnaire constitue une unité hospitalière dotée d’une capacité d’agrandissement et d’adaptation aux différents programmes de fonctionnement par simple prolongement des axes circulaires et ajout de nouveaux blocs. - Les patios ou cours intermédiaires entre les
pavillons permettent de maximiser la surface de la façade et apportent luminosité et ventilation à une grande partie des espaces internes, tout en améliorant les conditions de confort intérieur. - Les cours sont également utilisées pour disposer d’espaces verts semi-ouverts servant de zones intermédiaires de circulation et d’attente, améliorant ainsi considérablement les conditions d’accueil, chaleureuses et conviviales, de l’hôpital. - La hauteur est limitée à deux niveaux, une option qui permet d’éviter les difficultés et contraintes liées à la circulation verticale en misant sur des rampes et des escaliers et limitant l’installation d’ascenseurs. - La simplification des circulations qui se limite à deux axes distincts, l’un public et l’autre technique, permettant de faciliter l’orientation des patients. En conclusion, la conception du projet hospitalier s’est adaptée aux usages et technologies locaux en construisant des bâtiments humanisés parfaitement adaptés aux nécessités de l’environnement médical moderne.
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« La conception du projet hospitalier s’est adaptée aux usages et technologies locaux en construisant des bâtiments humanisés parfaitement adaptés aux nécessités de l’environnement médical moderne. »
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ÉTUDIANTS
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L’IMPACT DE L’ESPACE SUR LA SANTÉ MORALE Omar Cherkaoui
ARCHITECTURE ET GÉOBIOLOGIE Lamyae Belghiti
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ÉTUDIANTS L’IMPACT DE L’ESPACE SUR LA SANTÉ MORALE
L’IMPACT DE L’ESPACE SUR LA SANTÉ MORALE
Omar Cherkaoui contribue à la présente rubrique alors qu’il prépare son Master en psychologie cognitive appliquée, à l’Université de Leiden en Hollande. Il nous explique comment l’architecture agit sur l’inconscient individuel et collectif en entreprise.
Le rôle que joue l’espace sur l’individu est finalement accepté et approuvé. En effet, que ce soit la lumière, l’air, la température ou la géométrie qui les compose, les espaces que nous occupons impactent l’individu. Se trouvant à l’intérieur des lieux, ou simplement les observant, la place majeure de l’espace agit sur notre quotidien en terme de bien-être, de positivité et de performance ou inversement. L’avantage résiderait dans la manipulation de stimuli afin d’atteindre un niveau de performance souhaité en maximisant son potentiel personnel (réponse adéquate au stimulus). Le schéma ci-dessous représente l’absorption de stimuli que nous vivons au quotidien, la façon dont notre cerveau encode et agit en fonction de ces stimuli, et la façon dont nous allons nous exprimer sous l’influence de ces stimuli (physiquement ou psychologiquement)
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Il semble que ce que l’on perçoit et ressent autour de nous, à travers nos cinq sens, ait d’importantes répercussions sur le déroulement de nos actions et de nos pensées. Il est donc possible d’affirmer que l’espace qui nous entoure a un impact inconscient sur notre personne. Cela reviendrait à dire que nos futurs réalisations, raisonnements, ou encore notre humeur, peuvent être conditionnés afin d’orienter notre potentiel vers une direction précise. Les décisions d’une personne qui se trouve en situation de stress ou de tension seront biaisées par sa situation psychologique, et finissent par ne plus être totalement rationnelles. Le Dr Melanie Dodd, directeur du programme de pratiques spatiales à l’école de Central St Martins art, affirme que « l’impact de l’architecture sur le moral d’une personne est énorme. Il serait même possible de dire que ce concept représente les fondements de l’architecture : non pas l’apparence, mais le ressenti que le lieu apporte à travers nos comportements, réflexions et pensées une fois dans le lieu ». Certaines grandes entreprises telles que Google, Amazone ou
Omar Cherkaoui Étudiant en Master en Psychologie Cognitive Appliquée à l’Université de Leiden (Hollande)
Bio express Omar Cherkaoui Après avoir parcouru différent pays et avoir accumulé de l’expérience dans les domaines du social, de l’organisationnel, et du médical (psychopathologies/psychiatrie), Omar Cherkaoui prépare un Master en Psychologie Cognitive Appliquée, à l’Université de Leiden (Hollande). Ses champs d’investigation s’orientent vers l’impact de l’environnement et de ses variables sur l’esprit humain, et les résultats qui en découlent — qui peuvent être d’ordre psychologique, physique ou physiologique.
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Zaandam, ville localisée à proximité d’Amsterdam, reconnue pour son architecture atypique haute en couleurs, et ses canaux bordant les rues de la ville, impactant l’esprit humain suite à l’expérience de l’originalité des lieux. © google
encore Apple pourraient être considérées comme étant des « earlyadopters » en ce qui concerne la perception nouvelle de stimuli et l’effet qu’elle exerce sur nous. Les résultats sont en effet frappants lorsque l’on observe la corrélation entre l’amélioration de l’espace et la hausse de productivité chez l’individu. L’architecte Sergio Altomonte, professeur associé dans le département d’architecture à l’université de Nottingham s’exprime à ce propos : « les buildings et les espaces urbains devraient tout d’abord être conçus en fonction de leurs occupants. L’importance de l’architecture en tant que promoteur de bien-être physique, psychologique et physiologique est aujourd’ hui devenu un sujet d’importance considérable. » La prise en compte de tous ces facteurs pour la pérennité de l’entreprise se soumet à une science bien précise, portant sur l’optimisation et l’orientation de l’environnement vers une harmonie avec l’individu dans le but d’accéder à un sentiment de confort et de satisfaction qui améliore sa performance et sa motivation.
Les concepts d’espaces conscients et inconscients portent sur le visible, le palpable (ce que l’on peut voir et sentir physiquement) ; mais aussi sur les émotions et ressentis inconscients que les stimuli environnant génèrent (bien-être, mal-être, joie, stress). Par exemple, il a été prouvé que la perception (même sur papier peint) d’arbres ou de plantes vertes augmenterait la positivité et le sentiment de satisfaction chez l’individu. D’autre part, l’interaction avec la lumière bleutée empêcherait la production de « l’hormone du sommeil » et serait donc favorable pour la concentration et la précision. Dr Birgitta Gatersleben, chargée de cours principale en psychologie environnementale à l’université de Surrey explique : « Les gens exercent une gamme de métiers, différents les uns des autres, et ont donc des besoins différents : parfois être seul, parfois être avec d’autres. Une gamme d’espaces qui offrent différentes utilités ou atmosphères fonctionne mieux ». Un second aspect de l’impact de l’espace sur la psychologie est l’ergonomie (physique et matérielle dans ce
cas précis) ; à savoir, le potentiel d’utilisation de cette espace via les outils ou les lieux euxmêmes. En effet, un espace avec une mauvaise ergonomie est susceptible d’augmenter les risques de surmenage, de perte de productivité, de motivation ou de bien-être chez l’individu. En d’autres termes, l’expérience d’un espace ressenti comme négatif peut se trouver accentuée par l’utilisation des lieux eux mêmes. La manipulation des espaces (conscients ou inconscients) est donc une question à traiter méticuleusement. Ses répercussions peuvent être dévastatrices pour ceux qui l’occupent, comme elles peuvent être génératrices de bienêtre et de motivation. La particularité de ces variations induites chez les individus de façon passive et implicite, ne bouleverse donc aucunement ces derniers sur le moment. L’espace est un élément crucial à considérer lorsqu’il s’agit d’y créer une interaction avec l’Homme conditionné par son environnement.
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ÉTUDIANTS L’IMPACT DE L’ESPACE SUR LA SANTÉ MORALE
Exemples de bureaux aux designs ouverts chez Google, réduisant l’impact de la pression ressentie par l’individu, améliorant donc son bien-être et sa productivité personnelle. © google
L’impact de l‘espace sur la psychologie n’a pas toujours été à l’ordre du jour, pourtant d’anciennes cultures y ont porté un grand intérêt. Le Vastu Shastra (communément appelé « Feng Shui Indien ») est une science consacrée à l’architecture et au design des constructions, précédant l’art populaire du Feng Shui d’environ 1500 ans. Elle se base sur nos rapports ésotériques avec le monde et vise à optimiser ces rapports pour une vie saine sur les plans
psychologique, physiologique et physique grâce à un équilibre intérieur généré par les lieux et leurs ajustements. Elle a été mise de côté durant bon nombre d’années, suite à l’acculturation de certains peuples et de certaines régions. Néanmoins, on constate un retour à ces anciennes pratiques. Cela pourrait-il laisser penser que nous dépassons l’aspect matériel ? Ou encore que les individus recherchent plus de confort et de sérénité intérieure ? Omar Cherkaoui Étudiant en Master en Psychologie Cognitive Appliquée à l’Université de Leiden (Hollande)
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« Le Vastu Shastra (communément appelé « Feng Shui Indien ») est une science consacrée à l’architecture et au design des constructions, précédant l’art populaire du Feng Shui d’environ 1500 ans. »
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Différents types d’espaces (ici de travail) avec lesquels nous interagissons, générant ainsi différentes sensations chez l’individu, et donc une utilisation différenciée de son énergie. © google
« Les concepts d’espaces conscients et inconscients portent sur le visible, le palpable (ce que l’on peut voir et sentir physiquement) ; mais aussi sur les émotions et ressentis inconscients que les stimuli environnant génèrent (bien-être, mal-être, joie, stress). »
Espace surchargé, potentiellement oppressant psychologiquement pour l’individu qui y réside sur une longue durée. - © google
Optimisation de l’espace dans un lieu donné,atténuant les ressentis psychologiquement négatifs de l’architecture des lieux, ou par la disposition des objets. - © google
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ÉTUDIANTS ARCHITECTURE ET GÉOBIOLOGIE
ARCHITECTURE ET GÉOBIOLOGIE
Lamyae est étudiante en Master II à l’École d’architecture de Rabat (UIR). Mélomane et passionnée par l’histoire de l’art et de l’architecture, elle nous livre ici ses impressions sur l’ouvrage de son choix « Médecine de l’habitat » par Jacques La Maya.
Nous vivons dans un environnement qui exerce différentes influences sur nous. Il y a plusieurs paramètres à étudier dans un habitat selon les principes de la géobiologie, qui consiste en l’étude des lieux dans lesquels nous vivons. Celle-ci prend racine dans les influences du sous-sol sur l’être vivant. Notre santé dépend autant de l’endroit où nous vivons que des espaces que l’on fréquente. La géobiologie peut expliquer les effets négatifs sur la santé physique et morale des personnes exposées aux ondes nocives (ON). Elle induit l’étude des terrains à construire et des habitations existantes. Les avancées technologiques et l’invention des téléphones portables, du Bluetooth et du wifi, de même que les radars et les ordinateurs n’ont fait qu’intensifier les points de transmission des ondes nocives.
Il y a différentes catégories d’influences ou de sources de ON. À commencer par le soussol, qui comprend les rivières et les eaux souterraines, croisement de rayons telluriques ou points géopathogènes, variations du champ magnétique terrestre, etc. Nos habitats peuvent aussi être sources de ON, en raison de leur forme ou de leurs matériaux : les canalisations, emplacements de meubles et de lits, etc. La dernière catégorie est celle des ON provenant de notre environnement direct, soit les lignes à haute tension, le matériel électronique, informatique et nucléaire. L’idéal étant d’atteindre un équilibre entre les forces cosmiques et telluriques, et de pouvoir purifier, grâce à des pratiques et des rituels ancestraux, un espace ou une habitation. Lamyae Belghiti Étudiante en Master II à l’école d’architecture de Rabat (UIR)
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Lamyae Belghiti Étudiante en Master II à l’école d’architecture de Rabat (UIR)
« Notre santé dépend autant de l’endroit où nous vivons que des espaces que l’on fréquente. La géobiologie peut expliquer les effets négatifs sur la santé physique et morale des personnes exposées aux ondes nocives (ON). »
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ÉVÉNEMENTS
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ÉVÉNEMENTS UN ENSEIGNEMENT POUR UNE APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE DES MÉTIERS DE L’AMÉNAGEMENT
UN ENSEIGNEMENT POUR UNE APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE DES MÉTIERS DE L’AMÉNAGEMENT L’AAPM, Association des professionnels architectes-paysagistes qui exercent au Maroc, a organisé, les 13 et 14 juillet derniers, la 5e édition du Symposium Africain du Paysage et de l’Environnement (le SAPE) à Rabat en tant que ville-hôte au Centre de conférences de la Fondation Mohammed VI de Promotion des Œuvres Sociales, de l’Éducation et de la Formation.
L’association a souhaité mettre en avant lors de cet événement international ce que nous considérons comme étant la priorité pour le développement africain, à savoir la formation des talents de demain aux métiers et aux savoirfaire en termes de préservation de l’environnement au niveau mondial et régional, notamment en Afrique. Durant ces deux jours, le sujet était abordé et développé par des experts du paysage et de l’environnement provenant d’Afrique, d’Europe et d’Amérique sous le thème « Apprendre le Paysage - Paysages d’Apprentissage ». Les conférenciers ont eu l’occasion de débattre des composantes d’un programme d’enseignement universitaire en architecture du paysage adapté à l’époque et au continent africain, au regard des expériences de plusieurs pays. Le point d’ancrage de notre thématique qui me tient particulièrement à cœur se situait au ni-
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veau de notre patrimoine ancestral paysager s’opère par plusieurs institutions d’enseigneet ses enseignements en matière de durabilité ment pour constituer un véritable parcours et d’environnement. de formation et d’apprentissage, avec des programmes académiques rigoureux mais qui En tant que métier d’avenir, l’architecte-pay- devront être surtout largement reconnus par sagiste touche aux domaines d’activité au cœur la communauté internationale a travers l’IFLA, des enjeux d’adaptation de l’humain (et du vivant seule garante du niveau de professionnalisme en général). Il ouvre la voie à des débouchés nécessaire pour reconnaître un professionnel dont nous avons un besoin pressant sur le architecte-paysagiste. Ces enjeux en termes continent africain pour relever les défis de d’enseignement vont bien au delà pour moi croissance économique tout en en préservant d’une simple considération déterministe d’un les équilibres environnementaux… Malgré ce métier – bien que celui-ci soit bel et bien enrebesoin, nous nous confrontons à un constat gistré dans la classification et la nomenclature sans appel : il n’existe pas à ce jour de pro- des métiers et professions de l’Organisation gramme complet, c’est-à-dire comprenant une International du Travail de l’ONU. licence et un master à même de former de nouveaux diplômés en architecture du paysage Aujourd’hui, les projets sont de plus en plus selon les normes internationales au Maroc, et complexes. Nous ne pouvons plus faire reposer dans plusieurs autres pays africains. Face à cela, l’acte de bâtir sur le travail d’une seule perla réponse s’organise bien sûr : un mouvement sonne ou discipline, et ce quels que soit la
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« Durant ces deux jours, le sujet était abordé et développé par des experts du paysage et de l’environnement provenant d’Afrique, d’Europe et d’Amérique sous le thème « Apprendre le Paysage Paysages d’Apprentissage ». »
Depuis la création de l’AAPM, et son intégration au Conseil Mondial de l’IFLA (International Federation of Landscape Architects) en 2010, l’association a poursuivi un certain nombre d’actions qui ont fait son rayonnement, autant à l’échelle internationale que nationale : de sa participation à la MEDCOP et à la COP22 en passant par sa mobilisation autour d’un vote du Conseil mondial de l’IFLA en faveur de la création du groupe de travail sur les changements climatiques. Pour représenter les professionnels de l’Architecture du paysage au Maroc, l’AAPM s’illustre comme la seule association membre accréditée par l’IFLA. Membre de l’UNESCO, la Fédération est une institution garante de la préservation des plus hauts standards dans l’exercice de la profession. Elle est organisée autour de 4 régions dont IFLA Afrique qui a choisi l’AAPM pour tenir cette 5ème édition du symposium africain. Cette édition a eu lieu sous le Haut Patronage de S.M. Le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste. Notre association a eu l’opportunité de présenter une thématique forte porteuse d’enjeux concrets pour le continent Africain. Face aux défis que représentent à la fois nos besoins de croissance et de durabilité, le Royaume du Maroc est non seulement concerné mais également engagé dans cette coopération Sud/Sud au service du développement du continent.
taille ou l’envergure du projet. C’est d’autant plus le cas avec des projets que l’on veut durables et intégrés à leur environnement. De ce fait, les champs d’expertises sont en train de s’élargir ouvrant la place à de nouveaux débouchés qui représentent le salut des professions de la construction au Maroc et en Afrique. L’architecte-paysagiste est intimement impliqué dans l’aménagement de l’espace, à tous les niveaux, à toutes les échelles et sur tous les types de territoires (urbain, rural, parcs, jardins, etc.). Il partage avec l’architecte en bâtiment, la méthodologie et les outils, sans être limité à l’un ou à l’autre. Les secteurs de l’aménagement, de l’habitat, de l’environnement doivent donc s’appuyer de façon impérative sur une approche pluridisciplinaire. Au niveau de ce système, l’architectepaysagiste représente un élément-pivot car sans
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ÉVÉNEMENTS UN ENSEIGNEMENT POUR UNE APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE DES MÉTIERS DE L’AMÉNAGEMENT
« Concernant le second sujet de la thématique du SAPE, les enseignements des apprentissages, tout reste à faire ou plutôt à refaire ! En effet, notre patrimoine ancestral de confection du paysage,que nous côtoyons tous les jours a beaucoup à nous apprendre. De la gestion ancestrale de l’eau, des ressources végétales, de l’utilisation des sols, en passant par les modes de vie et les pratiques ancestrales : tout était déjà là ! » lui, l’intégration au site et à l’environnement s’intéressent à cette cause depuis plusieurs dans sa globalité se retrouve incomplet et ino- décennies ! pérant. Cette vastitude de spécialisation de ces métiers Concernant le second sujet de la thématique permettra d’ouvrir la voie à de nouveaux produ SAPE, les enseignements des apprentissages, fessionnels et ils justifieront complètement tout reste à faire ou plutôt à refaire ! En effet, une orientation et un positionnement clairs notre patrimoine ancestral de confection du de la part des acteurs directs de ce métier face paysage, que nous côtoyons tous les jours a à l’enseignement à fournir. beaucoup à nous apprendre. De la gestion ancestrale de l’eau, des ressources végétales, de L’IFLA reconnaissant le droit à un environnement l’utilisation des sols, en passant par les modes sain consacré dans la Constitution du Royaume de vie et les pratiques ancestrales : tout était du Maroc pour la sauvegarde et l’amélioration déjà là ! À travers chacune des anciennes villes du paysage et notant l’exigence de tous les États africaines, les traces de ces savoir-faire durables membres de s’acquitter de leurs obligations sont présentes. Et bien au delà, il suffit de de respecter les objectifs de développement revoir l’histoire de la gestion de l’eau dans des durable fixés par les Nations Unies, le sympovilles à fort stress hydrique telles que Marrakech sium a conclu que l’accent devra être mis sur pour comprendre que le Royaume possède l’éducation des architectes paysagistes de deun patrimoine de gestion écologique de l’eau main, grâce au développement de nouveaux qu’il est primordial de réintégrer de façon programmes complets avec des partenariats plus importante dans nos enseignements et panafricains pour la formation du métier preen faisant appel a tous les experts locaux qui nant en compte ces spécificités et spécialités.
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Ce message que l’AAPM a appuyé sans relâche a fait l’unanimité durant l’événement et pu raisonner sans équivoque pour le continent africain ainsi que sur le plan international. Bien au-delà des partenariats qui ont pu être établis durant l’événement entre plusieurs acteurs institutionnels marocains avec des acteurs étrangers dont les pays ont évolué dans le domaine, il a permis de placer ce sujet au cœur des préoccupations pour l’avenir du métier en Afrique. À l’issue du SAPE, la Déclaration de Rabat sur les Paysages fut rédigée, votée et adoptée par la Fédération Internationale des architectes-paysagistes ainsi que sa subsidiaire africaine pour emboîter le pas et définir l’objectif de l’enseignement comme partie intégrante et prioritaire de la stratégie de développement de la profession dans le continent.
Akram El Harraqui Président de l’AAPM
ÉVÉNEMENTS LA FERIA DE VALENCE HABITAT FAIT PEAU NEUVE
LA FERIA DE VALENCE HABITAT FAIT PEAU NEUVE Cette année, la Feria de Valence a renoncé à se produire en même temps que Cevissama, le salon de la céramique. Une reprise de l’économie espagnole du secteur du mobilier est à l’origine de ce changement de calendrier. Le président de ANIEME, l’association des producteurs de meubles et fournitures de maison, nous a accordé une entrevue pour expliquer cette nouvelle stratégie qui allie architecture et design, arts de la table et dégustation culinaire.
Quoique petit, ce salon met en avant le savoirfaire de la région de Valence en s’appuyant sur les 60 entreprises qui ont pris part activement à sa renaissance. « En premier lieu, on a changé la date du mois de Février pour celle de Septembre qui est un mois où les acteurs du mobilier se rencontrent avec plaisir à Valence » explique M. Carlos Munoz Melero, président. La température y est plus douce et les journalistes du monde entier font l’effort de se déplacer. C’est aussi le bon moment pour les quelque 1 000 acheteurs qui démarrent leurs nouvelles collections. Cette année, la majorité des stands est animée par des Espagnols et des Portugais et, en troisième position, les Italiens. C’est le rendez-vous des
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exportateurs de meubles, qui occupent une place importante dans l’activité du marché. La renaissance de la Feria de Valence Habitat se fait un point d’honneur à trouver une identité marquée par l’innovation technique et la créativité. L’intérêt marqué pour le Maroc se traduit par l’invitation de la presse. Mais la recherche et le développement s’affichent au travers des expositions d’étudiants en design du monde entier, où la Corée du Sud fait bonne figure. Les architectes participent au prix du design qu’organise l’agora Nude. Installé dans le stand de Tecninova, le président de l’association Anieme tient à faire remarquer que l’avancement technologique et la recherche sont la clef de voûte du renouveau espagnol.
En effet, le stand Andeu Word sont des industriels depuis 62 ans qui ont construit leur réputation sur leur savoir-faire. Ils ont tenu à rassembler les journalistes internationaux dans un show-room de grande qualité pour présenter leur expérience dans le mobilier en plastique et en bois. Avec 80% de la production à l’export, ils produisent dans leurs trois ateliers où travaillent 350 personnes, des chaises d’intérieur et extérieur d’un design minimaliste. L’entreprise parvient à une belle qualité grâce aux designers qui épurent la ligne de la chaise, aux artisans impliqués, et au niveau d’exigence des managers. Entreprise familiale, elle vend ses meubles dans le monde entier.
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« La renaissance de la Feria de Valence Habitat se fait un point d’honneur à trouver une identité marquée par l’innovation technique et la créativité. »
Un autre exemple, est la société Capdell qui a organisé un repas de haute gastronomie pour les journalistes internationaux, réalisé par un chef trois étoiles Michelin Quique Dacosta. De quoi faire chanter les papilles tout en appréciant le mobilier d’hôtellerie dont ils sont les spécialistes. Service impeccable et design culinaire original ont fait oublier quelques instants le marketing commercial. La démarche du manager à l’export, le belge Gautier De Nutte, a été ovationnée, beaucoup plus que des dépliants commerciaux classiques. La Feria Habitat de Valence a pris ses repères. Sa renaissance a été réfléchie pour faire prudemment petit mais voir grand !
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ÉVÉNEMENTS LE TISSU D’AMEUBLEMENT DANS TOUS SES ÉTATS SHANGHAIHOME TEXTILES, THE ITSH17
LE TISSU D’AMEUBLEMENT DANS TOUS SES ÉTATS SHANGHAIHOME TEXTILES, THE ITSH17 Intertextile est dédié aux textiles d’ameublement durant le mois d’août, en Chine, sous la houlette de Messe Franckfurt. Malgré la concurrence chinoise et turque, le pavillon marocain y a été bien représenté grâce à Maroc Export. Le salon a reçu 1 106 exposants de 30 pays et régions et 38 964 visiteurs en provenance de 99 pays. Les stands foisonnaient de créativité.
Selon les organisateurs allemands de ce grand salon en Chine, la légère croissance constatée par rapport à 2016 est due à son ouverture sur l’étranger. C’est la première fois que ce salon fait flotter des pavillons d’exposants en provenance de Taïwan, de Turquie, d’Inde, de Corée, de Belgique et du Maroc. Les exposants internationaux ont été regroupés dans une aile dédiée du salon d’exposition. L’accueil a été surprenant par la fluidité des flux humains, l’organisation impeccable mais surtout par ce chant d’engagement d’un groupe. « Cette entreprise locale de confection démarre ainsi toutes ses journées », explique notre guide. « Ce sont les employés qui déclament à haute voix leur implication dans la réussite, tel un cri
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de guerre. » Nous voilà bien en Chine qui n’a rien perdu de ses années de communisme. Les organisateurs du salon, Messe Frankfurt ont leurs bureaux à Hong Kong, mais c’est bien à Shanghai qu’ils créent l’événement commercial. En effet, cette ville possède l’énergie des grandes métropoles, et les expositions incontournables y émergent et y prospèrent. La conférence sur 20 ans de design en Chine de Andrew Martin a connu une grande affluence. Les journalistes internationaux ont pu assister au « Design Awards » dans un hôtel somptueux, le Waldorf Astoria Shanghai. Le salon, sous forme de trèfle à quatre feuilles, impose un circuit de visite fluide et montre les innovations chinoises. Les stands d’éditeurs et
de designers se côtoient pour vendre des motifs connus ou originaux, sur planches ou sur CD. La durée d’utilisation ne dépasse pas cinq ans et reviennent à l’artiste à terme. Les livres rappellent les motifs classiques et « vintage » et offrent les moyens de les imprimer grâce à un DVD qui accompagne l’édition papier. Mais la plupart des industriels du textile se ruent sur l’exposition des jeunes créateurs « free of charge. » Et si l’interdiction de photographier était largement affichée, beaucoup utilisaient leurs smartphones sans aucune gêne. Les nouvelles tendances dans le textile portent en premier lieu sur les textures. En effet, la Chine a présenté des tissus non tissés dans toutes les
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Les exposants du pavillon marocain Velvedex : Usine de velours à Bouskoura qui fabrique du tissus plat, Jacquards etChenil. Les Alami fabriquent du tissu d’ameublement depuis 91 ans,grâce à leur père qui a été commerçant à Derb Omar. De la vente et distribution, la famille a fini par créer son unité industrielle qu’elle perfectionne au fil des jours, pour répondre aux règles internationales de l’export. Elle achète le fil en Chine et en Turquie et réalise la teinture en interne. Elle est la seule au Maroc à faire du fil en polypropylène. Ils font aussi de l’ennoblissement et du finissage ainsi que de la teinture après tissage.
couleurs, les épaisseurs, les gaufrages... Nous sommes loin des tissages classiques en jacquard ou autres techniques. Les imprimés se coordonnent de façon improbable et empruntent des variantes étonnantes. Avec des prix à l’export dérisoires, la Chine est sûre de sa place de leader sur le marché international et tend à investir le design comme carte supplémentaire. Le « lin » prédomine comme matériaux d’ameublement de luxe. Les stands proposent des rendez-vous avec des designers prêts à dessiner des ambiances sur consultations gratuites. Vous l’aurez compris, le salon de Shanghai est une récréation par sa créativité et ses négociations à haute voix ou l’on n’hésite pas à vous bousculer. Ce en quoi il nous paraît familier, car le Home Textile de Shanghaï ressemble parfois à nos souks si animés.
Les stands marocains ont présenté en premier lieu des Jacquards baroques, dans un tissage classique. Cela a beaucoup plu, notamment aux clients russes et… japonais. Ces derniers en raffolent, car ils en fabriquent des sacs ethniques et des fournitures d’intérieurs. Ce qui a fait le succès des exposants marocains, c’est aussi la démarche artisanale du « tout possible » qui leur permet d’être éditeurs et de fabriquer selon la commande, sans gêner la notoriété des designers et des grandes signatures. Il n’est pas question de collection « made in Morocco » mais plutôt de diversité de possibilités d’exécution. Les industriels présents ne fabriquent à l’export que pour les enseignes installées comme Lelièvre, Jab, Zimmerwood ou encore Sako… La puissance créative du design n’est pas de mise. En effet, tant que les affaires marchent bien à l’étranger, « Trik Mediouna » est abandonnée au profit de l’export.
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PIF : Leurs usines se sont établis entre Casablanca, Berrechid et Rabat. Les frères Tazi Nabil et Samir représentent deux marques. Deuxième génération d’une entreprise familiale créée en 1975, ils fabriquentdu tissu de l’habillement et d’ameublement pour répondre à des commandes d’hôtels. Leurs plus ? La rapidité d’exécution. En 15 jours, livraison comprise, ils parviennent à réaliser des collections pour de grands noms comme l’allemand JAB, ou encore Zimmer Wood, ou Shako ou encore Lelievre, Casamance, ou Rubelli. Ils peuvent étayer la signature d’un architecte en réalisant en exclusivité son dessin de tissu. L’élégant stand de Shanghai montre l’effort consenti. Scénographie noire et présentoirs discrets, ils regrettent le peu d’investissement des politiques qui pourraient réduire les taxes à l’export pour concurrencer les produits turcs. Avec des clients dans 50 pays en Europe et en Afrique, la diversité des tissus qu’ils proposent les rends compétitifs. Des rideaux au stores, des draps de chambres aux tissus de salons, ils ont les moyens de répondre à la commande pour des hôtels et des bureaux. Vasco : M. Benmansour poursuit l’effort familial d’une entreprise créée en 1999. Présent dans de nombreux salons internationaux, il vend des tissus unis ou faux-unis (avec un effet cinétique). Il a créé sa propre marque Louchem en 2007 pour des velours unis et des Jacquard ainsi que leurs ennoblissements. Installé dans les zones industrielles de Moulay Rachid et de Tit Mellil, l’industriel a aussi un point de vente au triangle d’or à Casablanca. À la fois grossiste et détaillant, ils sont aussi éditeur. Lelievre achète chez lui du tissu selon des modèles exclusifs. Il peut aussi faire des propositions de motifs grâce à une équipe de
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ÉVÉNEMENTS LE TISSU D’AMEUBLEMENT DANS TOUS SES ÉTATS SHANGHAIHOME TEXTILES, THE ITSH17
designers en interne ou parfois des free lance. C’est la 4ème année que M.Benmansour expose à Shanghai, bien avant que Maroc export s’y intéresse. Ses points de vente privilégiés sont Heimtextil à Franckfurt ainsi que Flex en Turquie. Ses clients proviennent des USA, d’Europe, de Russie et du Moyen Orient. Il prévoit d’aller à ProposteFair à Côme en Italie. Mais son souhait le plus cher est de gagner le marché du Maroc après 25 ans de lutte en tant qu’opérateur économique. Car pour répondre aux contraintesde l’OMC, il a dû investir dans les outils de production. Or, l’importation massive de la Turquie empêche sa prospérité sur le marché national. La place privilégiée que la Turquie a pu gagner,s’est faite grâce aux subventions de l’Etat et uneTVA à 13% à l’export. La concurrence est rude car elle est aggravée par les tissus en contrebande et s’effectue au dépend des tisseurs marocains.
Shanghai à visiter - Le musée de Shanghai - La place du Peuple - Balade dans l’ex-concession française (les plus vieilles maisons de Shanghai éparpillées dans le quartier le plus vert de la ville) - Balade en side-car dans la ville et thé sur le Bund, avec une superbe vue sur Pudong - Et, si vous aimez les tissus, un petit tour sur la Lujiabang Lu, pour vous faire confectionner des vêtements sur mesure (réalisables en 24h) - Rockbund Art Museum - Les galeries de Moganshan Lu ou RedTown pour l’art contemporain chinois dans toute sa splendeur - Finir sa soirée dans le quartier de Taixiang Lu ou la vieille ville chinoise
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GESTION URBAINE DURABLE, RENFORCEMENT DE LA GOUVERNANCE LOCALE ET DE LA PARTICIPATION CITOYENNE AU CAMPUS DES PENSEURS URBAINS
LE SALON LIGHT + BUILDING SE TIENDRA À FRANKFURT DU 18 AU 23 MARS 2018
C’est du 29 juin au 02 juillet derniers que s’est tenue à El Jadida la 56ème réunion du Conseil de l’Union Africaine des Architectes (UAA). En marge de l’événement, le Conseil National de l’Ordre des Architectes a accueilli le Campus des Penseurs Urbains (Urban Thinkers Campus). L’organisation de cet événement au Maroc obéit à la politique de consolidation des relations avec les pays africains et du renforcement de la coopération Sud-Sud, initiée par le Souverain. L’évènement était une initiative conjointe des institutions représentatives de l’acte de bâtir, et se plaçait dans la continuité du thème de la conférence internationale « Habitat III » tenue à Quito, en octobre 2016. L’esprit du Campus des Penseurs Urbains, dont la première édition s’est tenue en octobre 2014, à Caserta (Italie) est de mettre en œuvre le nouvel agenda urbain approuvé. Grâce à une série de discussions et de débats menés par les partenaires de la Campagne Urbaine Mondiale, les campus doivent permettre à tous les participants d’exprimer leurs points de vue, en vue de dégager des pistes de solutions innovantes pour la ville demain. En outre, leurs membres s’engagent à mettre en œuvre le plan, à être partie prenante de son processus d’application et à l’enrichir d’idées nouvelles. Ses campus urbains sont ouverts à toutes les régions et partenaires afin de constituer une représentation diversifiée d’autant de groupes et de perspectives. À cette occasion, le Conseil National de l’Ordre des architectes (CNOA), en partenariat avec le Ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a organisé une rencontre sur le thème : « Stratégie urbaine: une planification territoriale pour des villes durables ». D’ores et déjà, les résultats des prochains campus alimenteront une première ébauche (Draft Zero) du nouvel agenda urbain.
C’est le salon le plus important au monde et le plus couru pour l’éclairage, le design et le bâtiment intelligent. Les nouvelles technologies et les plateformes digitales dédiées au bâtiment révolutionnent la construction de demain. Tous les deux ans, Light and Building présente les divers aspects et les thèmes des tendances futures à travers le monde. Les conférences et les démonstrations permettent de se rendre compte des avancées technologiques en matière de confort et de sécurité. L’industrie prépare l’intelligence et les solutions de réseautage pour organiser l’efficience énergétique, économique À noter que l’événement d’El Jadida qui a accueilli une présence internationale ainsi que le confort et la sécurité des usagers. de plus de 500 personnes a été l’occasion de présenter au public les résultats Mais l’esthétique n’est pas en reste. La Smart city se profile à et les dernières avancées de nos stratégies gouvernementales, en matière de travers les stands et la technologie de l’éclairage évolue autant dans les installations urbaines que dans les maisons. développement durable et d’efficacité énergétique. La salon Light +building vaut le détour pour tous les acteurs du monde du bâtiment.
« D’ores et déjà, les résultat des prochains campus alimenteront une première ébauche (Draft Zero) du nouvel agenda urbain. »
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ÉVÉNEMENTS LES MATINALES DE L’IMMOBILIER, 10ÈME ÉDITION
LES MATINALES DE L’IMMOBILIER, 10ÈME ÉDITION Les banques participatives font leur entrée sur le marché bancaire. Quelles sont les conséquences sur le marché de l’immobilier ? Telle est la question posée par la 10ème édition des Matinales de l’immobilier.
Des crédits « halal » et des comptes conformes à la loi islamique : les banques islamiques ont fait leur entrée sur le marché bancaire et proposent l’ouverture de compte et le placement des ressources. L’origine de leurs fonds propres n’est autre que leurs maisons mères, des établissements conventionnels. Les doutes quant à la conformité à la Charia seraient levés du fait que c’est la relation contractuelle qui est établie entre les banques islamiques et leurs clients qui serait déterminante plus que la provenance des fonds propres.
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Autre sujet d’interrogation, le fait que les produits participatifs semblent similaires aux solutions conventionnelles comme pour les Mourabaha Immobilière et Automobile (les seuls produits disponibles actuellement) : paiement d’une mensualité et taux similaire au crédit classique. La Charia ne stipulerait, contrairement à l’idée répandue, aucune limite à la marge bénéficiaire. La différence entre banques islamistes et banques conventionnelles se situe ainsi dans la relation contractuelle. La banque conventionnelle agit comme prêteur, la banque
islamiste assume, selon les produits, le rôle d’investisseur, acheteur, vendeur, bailleur, autrement dit elle assume une part du risque avec son client, légitimant ainsi ses transactions visà-vis de la Charia. Un appareil règlementaire et institutionnel est mis en place pour encadrer scrupuleusement cette ligne de conduite : le Conseil supérieur des oulémas (CSO) permet au Maroc, par la centralisation des émissions de Fatwa, de s’assurer de l’uniformité des avis sur le territoire national. FM
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MAPIC 2017, DU 15 AU 17 NOVEMBRE AU PALAIS DES FESTIVALS ET DES CONGRÈS, À CANNES
LA BIENNALE DE MARRAKECH, ÉDITION 2018, AURA-T-ELLE LIEU ?
Le MAPIC est le Marché International de l’Implantation Commerciale et de la Distribution. Durant trois jours d’exposition, de conférences et d’événements de networking, le MAPIC couvre tout type d’immobilier de commerce : centres commerciaux, villes, magasins d’usine, zones de loisirs et de transit. L’événement rassemble plus de 8 400 participants internationaux, dont plus de 2 400 enseignes et 2 300 promoteurs. Quelque 9 000 m² de surface d’exposition accueillent près de 250 stands représentant plus de 650 sociétés liées à l’immobilier de commerce. Plus de 1 000 m² d’espace sont dédiés à la découverte de tendances, principalement liées aux loisirs et à l’innovation, avec une forte présence du Moyen-Orient et des délégations asiatiques, un pavillon américain de 200 m² et près de 300 m² de show-room Ikea. Cet espace, présenté sous le nom « Trends Hub », offrira une vitrine à plus de 100 acteurs internationaux qui animeront quelque 80 sessions de présentation de projets. Plus de 2 000 représentants d’enseignes représentent 1 280 marques, dont environ 400 participent au MAPIC pour la première fois.
La Biennale de Marrakech prévue en octobre 2018 est reportée sine die faute de financement. Créée il y a 13 ans par la Britannique Vanessa Branson (sœur du patron de Virgin), la manifestation avait pourtant réussi en 2016 à lever 900 000 euros et avait surtout démontré sa maturité grâce à la belle prestation de son commissaire, la Palestinienne Reem Fadda. C’est la Marocaine Mouna Mekouar qui a été pressentie pour l’édition 2018, mais ce bel élan est pour l’instant stoppé net. Il est vrai que la Biennale accuse un déficit de 300 000 euros d’où des critiques mettant en cause sa gestion autant que l’implication réelle des habitants. Le fait est que la Biennale a réussi à attirer la presse internationale et des visiteurs venant de divers horizons. Est-ce à dire pour autant que les habitants ont été négligés ? Les écoles et le public ont été largement sollicités dans le cadre de visites spécifiques. Mais des journées Portes Ouvertes comme celles organisées pour le patrimoine à Casablanca ont démontré qu’il fallait du temps pour installer ces événements culturels dans les esprits. « D’ores et déjà, les commerçants confirment les retombées positives de cet afflux, argumente Amine Kabbaj, président exécutif de la Biennale. La Biennale s’appuie autant sur notre héritage patrimonial que sur notre culture d’hier et d’aujourd’hui ; cela constitue un formidable levier économique et social que la Ville et la Région auraient tort de sous-estimer ». FM
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LE PETIT MANUEL DE LA VILLE ILLUSTRÉE # 5 ARCHITECTURE ET LIMITE(S)
LE PETIT MANUEL DE LA VILLE ILLUSTRÉE #5 ARCHITECTURE ET LIMITE(S) Sarah Soukri Architecte
Architecte diplômée de l’école nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, Sarah a terminé un second master de recherche en design, art et architecture. Dans cette chronique illustrée régulière comportant des extraits d’ouvrages de son choix, cette jeune francomarocaine se propose de nous révéler comment la littérature participe à signifier l’architecture, en nous donnant les outils nécessaires à la compréhension d’un monde toujours plus complexe. Rencontre entre l’écrivain et l’architecte.
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« L’espace de notre vie n’est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus, des points de friction, on a parfois la vague impression que ça coince quelque part, que ça cogne. Nous cherchons rarement à en savoir davantage et le plus souvent nous passons d’un endroit à un autre sans songer à mesurer, à prendre en compte ces laps d’espace. Le problème n’est pas d’inventer l’espace, encore moins de le réinventer (trop de gens bien intentionnés sont là aujourd’hui pour penser notre environnement…), mais de l’interroger, ou, plus simplement encore, de le lire ; car ce que nous appelons quotidienneté n’est pas évidence, mais opacité : une forme de cécité, Chronique sensible ou essai décalé, Espèce une manière d’anesthésie. » d’espace entraîne le lecteur dans le jeu vertigineux de l’emboîtement des échelles. George Perec, en effet, non sans humour et sans lâcher Espèce d’espace, George Perec1, Ed° Galilé, une once de rigueur, tend à lister, ordonner, Collection Espace Critique, sous la direction de Paul Virilio, 1974/2000 (nouvelle édition revue hiérarchiser, décoder, comprendre tous les types d’espaces que l’on côtoie quotidienneet corrigée), Paris. ment. Et il en va du plus petit champ à la plus grande étendue, depuis l’espace borné de la page, jusqu’à l’incommensurable univers. Perec, au-delà de la notion de l’espace, questionne également la notion du territoire, ou, autrement dit, de-ce-qui-se-reconnait-parses-limites. La limite. Le mot est jeté. Pesé. Engagé. Il s’agit alors de s’interroger sur ce qui fonde l’espace architecturé, de ce quelque chose qui singularise l’espace d’un autre, de saisir ce qui crée un intérieur et ce qui le distingue d’un extérieur, ce qui distancie l’ici et le là-bas, de saisir ce qui se traverse ou ne se traverse pas, enfin, de ce qui est objet hermétique ou objet de passage. La limite est une lutte permanente de l’entre deux. Jeu de tensions perceptibles, elle contient les forces, les détourne les empêche de filer librement2. En une phrase, elle fonde et maintient un monde. Ainsi peut se définir idéalement et simplement la limite. Un paradoxe dont les architectes se font les prestidigitateurs. Mais de magie il n’en est rien, et des idéaux, bien qu’il en faille, ne peuvent suffire. Aussi, penchons-nous plus en avant et regardons de plus près... 1. George Perec (1936-1982), poète et écrivains français, membre de l’OuLiPo
2. « […] elle empêche ces indestructibles forces de suivre leur voie directe et de s’exercer librement ; elle les détourne pour les contenir : elle prolonge ainsi la lutte et elle rend visible sous mille aspects l’effort infatigable des deux forces. Livrée à son impulsion naturelle, la masse totale de l’édifice ne serait qu’un amas informe qui s’efforcerait autant que possible d’adhérer au sol […] » Arthure Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, Traduction par Auguste Burdeau, (tome premier), Librairie Félix Alcan, 1912 ,p222.
Illustration Sarah Soukri
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Perec à travers sa réflexion, appelle à lire l’espace et à comprendre la limite comme ce qui donne sens à l’espace. Ce qui nous amène à nous interroger : en quoi la limite participet-elle à signifier l’architecture ? « Faire sens », en architecture, c’est trouver un langage cohérent qui associe forme, dimension et usage. « Faire sens », en d’autres mots, tient de l’ordre de l’« habitable ». En ménageant un jeu spatial, et poussé par une certaine inspiration, l’architecte formalise l’espace, le signifie, et le prépare3. Dès lors, limite et architecture tiennent au plus haut point de la question de l’Etre. Elles relèvent du « là » et du « là-bas », « du quoi » et « du moi » et rendent possibles les conditions de notre représentation et de notre manière d’être au monde et à autrui. Ainsi, l’architecte, en tant qu’il-est-celuiqui-spatialise, usera de la limite comme d’un dispositif spatial capable de répondre à ses intentions : par conséquent, la limite n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’action dont tire parti l’architecte. À l’architecte, donc, de rendre palpable l’impalpable, de rendre visible l’invisible, d’œuvrer à la convergence des forces, de la matière et de la lumière. A l’architecte de faire exister le non existant et de faire de la limite un moment inédit, un évènement qui cristallise l’idée du lieu. Sarah Soukri 3. « L’architecture est un espace préparé » Benoit Goetz, Benoit Goetz, La dislocation, Architecture et philosophie, Ed° de la Passion, 2001, Paris
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