PA N D O R A P R O J E C T
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� (Clint Mansell - Stay With me) Ekkar — ÉtÊ astral 4509 Heather Êtait allongÊe sur sa couchette, immobile depuis de longues minutes. Seule sa poitrine se soulevant un peu trop rapidement au grÊ de ses inspirations dÊnotait sa difficultÊ à trouver le repos que Nate lui avait ordonnÊ de prendre. Même le coussin douillet qu’elle avait plaquÊ sur ses oreilles ne suffisait pas à Êtouffer le claquement ininterrompu des pans de sa tente. À chaque nouvelle bourrasque, les piliers de bois qui soutenaient la frêle installation se voÝtaient toujours un peu plus, menaçant de se briser et de faire crouler toute la structure. L’obscuritÊ derrière les paupières closes de la jeune femme, parsemÊe de taches colorÊes à peine mouvantes, soulignait d’autant plus le brouhaha de la tempête. Elle imaginait sans difficultÊ ses compagnons, à l’extÊrieur, courant à travers la place centrale à la recherche de solides cordages et de piquets destinÊs à arrimer abris et matÊriel. Le blizzard lui rapportait leurs cris et leurs ordres mÊthodiques par saccades, tels les murmures d’un poste de radio mal rÊglÊ. L’orage avait atteint son paroxysme et nomade avait la dÊplaisante sensation que rien ne pourrait stopper ce vent violent qui s’engouffrait dans leurs demeures. D’ordinaire si paisible, le DÊsert ne leur laissait dans des moments-là pas d’autres choix que de tous se mettre au service de leur propre survie.
Tous, sauf elle, confinĂŠe malgrĂŠ sa volontĂŠ Ă la demande de son ami.
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Leur vie les contraignait à déplacer leur campement fréquemment pour échapper aux ouragans dévastateurs qui balayaient le territoire. À chaque équinoxe, ils parcouraient des centaines de kilomètres à travers les dunes, à la recherche d’un lieu de vie sûr et confortable jusqu’à la prochaine migration. Ainsi se contentaientils de peu, vivant au jour le jour, les mains dans la terre et leurs cœurs battant au rythme du Désert. Pourtant, les rares effets qu’ils détenaient étaient à leurs yeux aussi précieux que leurs propres existences. Chaque hutte qu’ils s’évertuaient aujourd’hui à sauver abritait tous les témoignages de leurs coutumes et de leur histoire. Heather enrageait de ne pouvoir contribuer à la protection de leurs étoffes et bijoux cérémoniels laborieusement fabriqués à la main, des sculptures séculaires ou encore de leurs autels dédiés à d’étranges déités ancestrales dont eux seuls connaissaient les noms. À l’inverse de la majorité des autres tribus nomades qui transmettaient leur savoir oralement de génération en génération, les fondateurs d’Ekkar,jadis sédentaires dans d’immenses cités englouties depuis par le sable, avaient pris pour surprenante habitude de consigner leur périple par écrit, afin que jamais leurs descendants n’oublient les racines de leur culture. Décennie après décennie, les récits de leurs origines, de leurs traditions et de toutes les légendes à l’origine du Clan s’étaient ainsi accumulés dans des dizaines de parchemins, de vieux rouleaux et, plus rarement, de grimoires, qui s’entassaient sur de frêles étagères dans une tente jouxtant celle d’Heather. Laisser aujourd’hui le vent tout balayer était inconcevable. Tout perdre. Ne plus exister que par de vagues souvenirs, et finalement disparaître lentement au fil du temps, à l’image d’autres peuplades dont l’histoire ne fut plus qu’un mythe confus lorsque leur mémoire s’éteignit avec le dernier survivant.
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Impossible.
La pluie pilonnait la toile de ses lourdes gouttes et chaque impact produisait un entêtant grondement qui dispersait ses pensées. Çà et là, l’eau était parvenue à pénétrer à l’intérieur de la pièce, suintant le long des piquets de bois, mais Heather n’y prêtait pas la moindre attention. Un carillon métallique pendu au sommet de l’abri tinta alors au rythme des rafales et berça son esprit d’un doux son cristallin. L’étrange journée qu’elle venait de passer s’estompait progressivement de sa mémoire, comme s’il s’agissait d’un cauchemar duquel elle était sur le point d’émerger. Malgré la gravité de la situation, elle laissa sa rancœur s’envoler et se diluer dans l’obscurité.
Fracas. Cris.
Un rugissement perça soudain sa bulle de sérénité. Il a besoin de toi.
La nomade se redressa prestement et s’assit en tailleur sur ses draps, guettant le moindre bruit suspect. Le cœur battant, elle baissa les yeux en direction de ses mains tremblantes et constata qu’elle serrait si fort le couvre-lit entre ses doigts que ses articulations avaient blanchi. En quelques secondes à peine, tout le stress dont elle était parvenue à se défaire en dépit de ses inquiétudes était remonté en elle. La situation, à l’extérieur, s’annonçait sans nul doute plus délicate qu’ils ne l’avaient prévu et un craquement sec du pilier central, au-dessus d’elle, donna subitement corps à ses sombres prédictions. Le vent redoublait d’intensité et le campement risquait fort d’essuyer de regrettables dommages. Lorsque ce genre de tempête se déclarait, il leur était impossible d’anticiper sa puissance ; ils ne pouvaient que se contenter de résister Tous les textes et les images de ce document sont la propriété de Yuna Minhaï Dekebat. Toute copie, reproduction totale ou partielle ou modification du texte ou des images sans le consentement préalable de leur auteur est interdite et passible de poursuites. Si vous souhaitez diffuser ce document ou son contenu, merci d’en citer la source : HTTP://PANDORA.BLINDSYMPHONIA.NET
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coûte que coûte aux caprices du Désert dans l’attente d’une accalmie prochaine. Et, parfois, le sort semblait s’acharner sur leurs têtes. Au milieu de nulle part, ils n’étaient que de minuscules fourmis, dépendants du bon vouloir des dunes. Oui, ils étaient seuls au monde. Mais c’était justement cet anonymat aux yeux de l’univers qu’Heather appréciait le plus dans sa vie de nomade. Pouvoir évoluer sans attirer l’attention, dans le silence et l’immensité. Être un prédateur dont l’unique quête était de chevaucher sa destinée.
Libre.
Un nouveau hurlement dissipa ses réflexions. Le visage inquiet de Nayashi apparut aussitôt à travers l’ouverture, au moment où Heather se relevait, prête à se ruer hors de l’habitation. Les traits tirés de la sorcière et le voile sombre qui recouvrait son regard trahissaient ses craintes ; elle était exténuée et ses vêtements étaient si humides qu’ils collaient à sa peau, ruisselant sur le sable encore sec de la petite pièce. À bout de souffle, elle héla son amie dans un sifflement avant de faire volteface, désireuse de rejoindre ses compagnons au plus vite. — Heather, viens vite ! s’écria la guérisseuse sans même un salut. — Nate ? — Oui, c’est lui ! Et c’est plutôt grave ! Toutes deux se précipitèrent hors de la tente et rallièrent la place centrale du camp sous un assaut de grosses gouttes chaudes. Même le déluge ne parvenait pas à rafraîchir la lourde atmosphère qui opprimait continuellement la région depuis des décennies et le sable détrempé s’enfonçait mollement sous les pas des jeunes femmes. Malgré l’eau qui ruisselait le long de son front jusque dans ses yeux, Heather couvrit le campement d’un regard circulaire. La course du temps paraissait
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suspendue dans le petit village. Les membres du Clan s’étaient séparés en deux groupes dont l’un d’eux, en pleine panique, encerclait le réservoir d’eau. Une dizaine d’hommes avaient passé de solides cordages autour des piliers principaux qui maintenaient la structure de bois fragilisée par la foudre, tirant de part et d’autre afin de lui donner un semblant d’équilibre jusqu’à ce que les vents faiblissent enfin. Sans eau, leur espérance de vie n’était réduite qu’à quelques petits jours. Ravitailler suffisamment Ekkar depuis l’oasis la plus proche leur prendrait des semaines et un effort considérable, d’autant plus après une si rude épreuve.
Vital.
Constatant que la situation revenait tant bien que mal sous leur contrôle, Heather s’enquit rapidement de l’état de santé de Nate, inconscient au milieu du second groupe qui s’était formé autour de lui et qui empêchait la pluie d’atteindre son corps inerte, étendu sur le sol. — J’ai cru entendre Biakko, tout à l’heure… murmura Heather, troublée. — Il a tenté de le protéger quand un pilier s’est abattu sur lui, mais il n’a rien pu faire. Il faut que tu l’aides à se réveiller ! Le jeune homme semblait pourtant apaisé, insensible à toute cette fébrilité qui mettait le Clan sens dessus dessous mais son visage, d’ordinaire coloré et tanné par le soleil, était devenu si pâle que le cœur d’Heather, craignant déjà le pire, s’emballa. Répondant à ses plus profonds instincts, celle-ci plongea dans la petite foule et se fraya un passage à coups de coude afin de disperser ses compagnons. — Écartez-vous et allez soutenir les autres, je m’en occupe ! hurla-t-elle en se jetant à genoux. — Heather ! — Yggdrasil ne vous sera d’aucune utilité là bas, poursuivit-elle, mais elle peut l’aider à reprendre conscience. Perdre l’eau serait une plus rude épreuve encore ! Tous les textes et les images de ce document sont la propriété de Yuna Minhaï Dekebat. Toute copie, reproduction totale ou partielle ou modification du texte ou des images sans le consentement préalable de leur auteur est interdite et passible de poursuites. Si vous souhaitez diffuser ce document ou son contenu, merci d’en citer la source : HTTP://PANDORA.BLINDSYMPHONIA.NET
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— Tu sais bien que c’est dangereux qu’ils... — Partez ! Un grognement des plus convainquant permit à la nomade d’obtenir le dernier mot et tous s’Êloignèrent respectueusement, la laissant ainsi seule, recroquevillÊe dans le sable dÊtrempÊ, au chevet de son ami. Un lÊger mouvement du torse brÝlant de celui-ci, presque imperceptible sous son gilet de lin, fit immÊdiatement baisser la tension d’un cran. DÊlicatement, elle posa une main sur la joue de l’homme endormi et caressa sa peau irrÊgulière et mal rasÊe sur laquelle la pluie semblait s’abattre sans le moindre effet.
� (T.T.L. — Dark Shadows)
Nuit.
— Nate ? Nate, tu m’entends ? Puis elle dÊgagea son visage des quelques mèches de cheveux argent venues s’y coller et examina ses yeux clos. Pas le moindre mouvement ne faisait tressaillir ses paupières. Son sommeil semblait si paisible, sans rêve ni cauchemar, qu’il ne donnait pas l’impression d’être en danger. Heather avait si souvent veillÊ sur ses nuits, et rÊciproquement, que la situation lui parut tout d’un coup totalement incongrue. Une violente bourrasque l’Êbranla alors et la força à se courber sur le corps de son ami pour le protÊger.
Il dort. Mais l’autre veille. Toujours.
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— Nate, réveille-toi, je t’en prie, il ne faut pas rester là... insista-t-elle, tout en effleurant ses pommettes du bout des doigts, timidement, comme si elle craignait de le briser. Puis, n’obtenant aucune réaction, elle réitéra son geste avec plus de vivacité.
Attente... Silence. Rien.
Elle soupira profondément et sembla soudain hésiter sur l’attitude à adopter. Chercher une réponse du côté de ses compagnons ne lui aurait été d’aucune utilité. Seule Nayashi, immobile derrière elle, les bras croisés et les lèvres pincées, hocha discrètement la tête d’un air presque défaitiste. Leurs regards furtifs suffirent à la persuader. — Tu n’as plus vraiment le choix. Il faut l’appeler. Elle acquiesça à contrecœur et reporta à nouveau toute son attention sur Nate, consciente que ce qu’elle s’apprêtait à faire risquait à tout moment de les tuer tous deux. Faire le vide. Ne plus penser aux conséquences. Se focaliser sur lui. Ici et maintenant... Et le ramener. Heather inspira profondément puis tendit ses mains tremblantes au-dessus du torse du jeune homme, s’autorisant à peine à frôler sa peau. Aussitôt, la chaleur dégagée par le corps inerte de ce dernier réchauffa ses paumes glacées. Elle ferma les yeux et s’abandonna au noir total qui inondait ses paupières closes. Peu à peu, l’effervescence autour d’elle se fit plus discrète, jusqu’à ne devenir qu’un ronronnement distant dont elle s’accommoda progressivement. La pluie elle-même parut s’estomper tandis qu’elle se coupait du monde. Rien d’autre que Nate n’avait d’importance ; le campement n’existait plus, ni même les dunes frémissantes. Ses cheveux ruisselants le long de son cou et ses vêtements détrempés qui glaçaient sa peau n’étaient plus qu’un lointain souvenir. Le sable qui les soutenait sembla se dématérialiser, comme si elle flottait dans un immense vide, détachée de toute sensation.
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Ailleurs, au loin, elle l’implorait.
C’est notre seule solution.
Son esprit se recentra sur la tiédeur réconfortante qui s’installait entre leurs deux peaux et qui s’échappait progressivement de ses mains entrouvertes. Au creux de ses paumes apparut une légère aura cuivrée, discrète mais étincelante, qui se diffusa lentement sur tout le torse de Nate tel un nuage de brume recouvrant la terre. Peu à peu, la chaleur dégagée par le pouvoir de la jeune femme s’accentua, devenant de plus en plus intense, à la limite du supportable. La nomade serra les dents. Elle devait garder le contrôle de sa magie coûte que coûte. Le monde parut tourner dangereusement autour d’elle et prendre corps à nouveau. Vertige. Elle secoua la tête et tint bon, persuadée qu’elle arriverait bientôt à ses fins. Pourtant, elle sentait que, déjà, son âme glissait vers le néant et lui échappait petit à petit. — Allez, Nate, fais un effort... Reviens, supplia-t-elle entre ses lèvres pincées.
Je suis un sacrifice. Biakko, Biakko, je consume ta glace et ton pouvoir, Réveille-toi au monde ou tu mourras avec lui...
Un murmure, prononcé alors même que les lèvres d’Heather n’avaient pas bougé, fit naître un grognement sourd dans la gorge de Nate lorsqu’il retrouva ses esprits. Peu à peu, les joues du jeune homme se teintèrent d’un voile vermeil, mais ses yeux demeurèrent clos quelques instants encore. Consciente de ce que son geste allait Tous les textes et les images de ce document sont la propriété de Yuna Minhaï Dekebat. Toute copie, reproduction totale ou partielle ou modification du texte ou des images sans le consentement préalable de leur auteur est interdite et passible de poursuites. Si vous souhaitez diffuser ce document ou son contenu, merci d’en citer la source : HTTP://PANDORA.BLINDSYMPHONIA.NET
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certainement engendrer, Heather fixa ses paupières, le souffle coupé, tandis que, toujours un peu plus, elle sentait sa volonté faiblir. Ce n’est pas terminé. Reprends ta place... D’autres mots résonnèrent encore entre leurs esprits, au-delà de la simple parole, tantôt distincts, tantôt si lointains que la jeune femme n’en saisissait que des bribes. Des mots dangereux, hors de son emprise, dont personne dans le campement n’avait conscience.
Ne pas penser au Clan. La laisser faire son œuvre.
Heather ne remarqua pas l’inquiétude sur les visages de ses frères qui s’étaient éloignés de quelques pas, ni même les gardes qui agrippaient leurs lances en tremblant, entourant les deux nomades en rang étroit.
Simple précaution.
Machinalement, elle posa une main rassurante sur le front de son ami et caressa ses cheveux, comme une mère veillerait sur son enfant.
Douceur d’un moment qui ne l’était pas. Biakko !
Choc.
Elle hurla de surprise lorsque cinq doigts vigoureux s’emparèrent soudain de sa gorge et l’enserrèrent de toutes leurs Tous les textes et les images de ce document sont la propriété de Yuna Minhaï Dekebat. Toute copie, reproduction totale ou partielle ou modification du texte ou des images sans le consentement préalable de leur auteur est interdite et passible de poursuites. Si vous souhaitez diffuser ce document ou son contenu, merci d’en citer la source : HTTP://PANDORA.BLINDSYMPHONIA.NET
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forces avant de la repousser. Ses pieds se détachèrent du sol tandis que son compagnon se redressait. Puis il la projeta à plusieurs mètres de là. La pauvre vint s’écraser sur une barrière qui céda sous l’impact. Elle resta à genoux, béate, les mains plaquées sur son cou meurtri sur lequel apparaissaient maintenant une série de traces rouges. Au même moment, un violent coup de tonnerre répondit au rugissement qui résonna dans tout le campement. La jeune femme, suffocante, releva les yeux avec effroi vers l’homme qui se tenait debout face à elle. Personne, autour d’eux, n’osait réagir, craignant d’envenimer la situation. — Nate, qu’est ce que tu fais, arrête ! — Elle a essayé de me tuer ! hurla le nomade, hors de lui. Une vague de puissance à l’état brut succéda à la voix caverneuse et grondante qui s’était adressée à Heather et les submergea tous deux. Heather bascula en arrière, alors que son esprit refaisait surface. Elle sentait encore sous ses doigts le froid mordant du pouvoir de Biakko qui lui étreignait la gorge. Une fine pellicule de glace recouvrait sa mâchoire et descendait jusqu’à ses épaules. Elle ne comprenait pas.
Black-out, encore.
Elle grogna, incapable de se remémorer ce qui s’était réellement passé après que ses paupières se soient refermées. De cette scène ne lui subsistaient que des flashs et un noir abyssal. Elle était pourtant consciente d’avoir provoqué la colère de son compagnon pour le faire réagir, d’être à l’origine de cette rage sans limites qui venait de s’abattre elle, mais elle ne l’avait pas désirée. Jamais. Il fallait qu’il se réveille, elle n’avait eu aucune alternative. Qu’aurait-elle pu faire d’autre, sinon tout risquer pour lui sauver la vie ?
Elle est allée trop loin.
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Réveille-toi. Ses prunelles croisèrent celles de Nate un bref moment, glaciales, d’un gris éclatant telle une plaine hivernale gelée. Paradoxe. Celles-ci brillèrent quelques secondes d’une pâle lueur bleutée puis reprirent progressivement leur habituelle teinte sombre, abandonnant toute animosité. Heather, éberluée, était restée assise dans le sable, et laissait la pluie ruisseler sur sa peau frémissante. Pour la première fois, elle fixait son ami avec la douloureuse crainte qu’il ne la tue sur l’instant. Les secondes s’égrenèrent dans un silence tendu. Finalement, il ne prononça qu’un seul mot, sur un ton de reproche, avant de tourner les talons. — Yggdrasil. L’averse eut soudain sur la jeune femme l’effet d’une décharge électrique. Elle secoua vigoureusement la tête et se releva à son tour, refusant la main amicale tendue par Nayashi. Elle essuya ses coudes pleins de sable avec rage, noua ses cheveux détrempés qui lui collaient au visage à l’aide d’un ruban détaché de son poignet et s’avança avec détermination vers le petit groupe toujours occupé à maintenir la réserve d’eau afin d’effacer de son esprit l’incident qu’elle venait de causer malgré elle. Les premiers rayons d’un timide Soleil illuminaient déjà l’horizon, signe que l’orage ne tarderait pas à faiblir. Enfin. Ils sont ton Clan, ton rêve et ta famille. Ce n’est pas ta guerre, mais tu es prise à partie.
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