ZATOPEK 18 FR

Page 1

www.zatopek.fr

Le plaisir comme Plan d’entraînement En pages centrales

Zatopek

L e 1 er M a g a z i n e R u n n i n g & S a n t é d e v o t r e r é g i o n

Entraînement

La surcompensation pour les nuls

Alcoolisme

Boire ou courir: il faut choisir

Musique

N°18 - trimestriel - mai - juin - juillet 2011 - France - 5.50 €

Qu’écoutez-vous en courant?

Plage, dune, désert Mangez du sable!

Histoire Spyridon Louis a-t-il triché?

Les courses dans votre région Actualités et analyse technique de Volodalen


Vous organisez votre propre évènement ? Vous souhaitez le faire connaitre facilement sans éventrer votre budget ?

le pAcK orgAnisAteUr Votre solution de communication clé en main

Zatopek s'associe à votre évènement et réalise : Votre annonce presse dans Zatopek magazine vos affiches et vos prospectus votre site internet Vos inscriptions en ligne l'outil que vous attendiez ! Votre présence sur le site internet de Zatopek Votre insertion dans la newsletter Zatopek l'impression de vos dossards à partir de

950 €

> > > >

Faites davantage connaître votre événement en local, national voire international Développez votre notoriété et attirez de nouveaux sponsors Bénéficiez de la notoriété de Zatopek Augmentez le nombre de participants Choisissez simplicité et professionnalisme avec le pack organisateur

Pour en savoir plus et bénéficier d’une offre personnalisée gratuite

pub@zatopek.fr ou 04 32 80 26 83


ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopek.be et info@zatopek.fr Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 0033 9 62 33 75 05 (France) et 0032 2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles

sommaire_

Editorial «

C

DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopek.be CONCEPTION ET GRAPHISME Denis Thiry denis@perfecto.be REDACTEUR EN CHEF DU MAGAZINE Gilles Goetghebuer gg@zatopek.be SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore am@zatopek.be ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays ob@zatopek.be ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, Janlou Chaput, Blaise Dubois, Cyrille Gindre, Raphaël Godet, Yves Jeannotat, Roger Igo, Bernard Massiera, Anna Muratore, Palix, Vincent Rousseau, Naïm Schneyders, Eric Verschueren CREDITS PHOTOS Reporters: cover; Image Globe: 14; Photopress: 17; Marathon de Genève: 18; New Wave group: 18,35; George Herringshaw: 20,40; Ed Lacey: 24,44; Frank Wechsel/triathlon.org: 21; Mike Arzt/Red Bull Content Pool: 21; Spomeidis/triathlon.org:25; Delly Carr/ Triathlon.org: 30; Focalive: 32; James Schmidt/triathlon.org: 37; Marathon du Medoc: 39; R.Bogensperger/ Red Bull Content Pool: 41; Raphael Godet: 44; RSO/Cyril Fondeville: 45; World Wide image : 56; Prague marathon: 58; NASA: 59; Palix: 60,61,62,63,64,65,66; Dumas/DR: 4, 5,6,7,8,9,10,12,13,19,22,23,27,28, 29,31,33,34,38,41,47,48,49,50,51, 52,53,54,55,57 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver Podium Media Europe SA Mobile: 0032 473 93 41 28 Tel: 00 352 26 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France: Attr’Action Email: pub@zatopek.fr 213, Avenue Paul de Vivie 84210 Pernes-Les-Fontaines – France Tél: 0033 04 32 80 26 83 Fax: 0033 04 90 61 25 50 COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 02 555 02 11

haque fois que je rencontre un fait publié, une nouvelle observation ou une idée qui se trouve en opposition avec mes résultats généraux, j’en prends note immédiatement et fidèlement car je sais par expérience que pareils faits et idées disparaissent beaucoup plus facilement de la mémoire que ceux qui sont avantageux.» Cette réflexion de Darwin traduit son exceptionnelle honnêteté intellectuelle. Surtout lorsqu’on sait l’âpreté des combats qu’il lui fallait livrer contre les partisans des thèses créationnistes ou fixistes. Il aurait été tentant pour lui de se fier seulement à son intuition et de bidouiller ses découvertes comme n’ont pas hésité à le faire quelques-uns de ses prestigieux confrères: Pasteur, Mendel, Freud... Mais pas Darwin! A plusieurs reprises, au contraire, il lui arrivait d’avouer son impuissance pour expliquer l’apparition ou la persistance de tel ou tel caractère: les cheveux, les yeux, les ailes des oiseaux et même le goût pour la musique, comme vous le découvrirez page 54.

Le secret de son humilité? Peut-être tout simplement le fait que Darwin était heureux en famille. Il adorait sa femme, Emma, bien qu’elle ait tenté jusqu’à la fin de sa vie de le persuader de l’existence de Dieu. Il était aussi un formidable père pour ses dix enfants. Attentionné, drôle et observateur, il consignait, dans un journal, leurs progrès physiques et intellectuels, ainsi que des bribes de conversation. Cela donne des pages magnifiques où percent à la fois la tendresse du père et la curiosité du savant. Fort de ce bonheur, Darwin était peu sensible aux gratifications extérieures et s’accommodait très bien des injustices de la notoriété. «En science», disait-il «l’honneur va à l’homme qui convainc le monde et non pas au premier homme auquel l’idée se présente.» La plupart des personnes qui lisent Zatopek sont persuadées des bienfaits de la course à pied. C’est également le cas de ceux qui l’écrivent. Dans chaque numéro, nous présentons ses bienfaits sur le corps et l’esprit. Dans celui-ci, par exemple, un homme de 37 ans raconte comment cette activité l’a sauvé de l’alcoolisme (page 35). Bref nous sommes probablement autant attachés aux valeurs de la pratique sportive que Darwin l’était à sa théorie évolutionniste. C’est pourquoi nous nous devons comme lui de faire aussi attention lorsqu’il arrive que des études révèlent des faits contrariants. Pensons aux rats solitaires que l’on oblige à déployer des efforts dont ils ne tirent aucun bienfait (lire page 34). Pensons au pauvre Lambda dont nous avons inventé l’histoire sur des éléments que tout le monde reconnaîtra aisément (page 30). Pensons enfin à la complexité des mécanismes qui guident l’évolution de la forme et dont on ne peut, en définitive, pas s’étonner qu’ils fonctionnent différemment selon les individus (page 16). Certaines personnes sont réfractaires au sport et n’ont probablement rien à gagner dans une pratique qui se développerait sur des bases contraintes et forcées. Cette observation contrarie nos théories? Empressons-nous de la noter de peur que notre mémoire ne l’efface. Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef (en haut, à gauche)

04_Ajoutez à mon panier

35_Histoire vraie

10_Courrier des lecteurs

37_DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT

Tout ce qu’il faut pour courir à la page La parole est à vous

Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 00 352 499 888 306

12_La Muse du coach

France: MLP – Céline Ricci ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 04 74 82 39 56

14_ZOOM

Trimestriel Mai, juin, juillet 2011 N° ISSN 1783-4104

16_DOSSIER

La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays ob@zatopek.be Eric Cornu ec@zatopek.be Jérôme Jacot jejacot@yahoo.fr Christophe Libin christophe@zatopek.be Rédacteurs France: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopek.fr Luc Bizouerne Isabelle et Olivier Lavastre Conception et graphisme France: Attr’Action info@attr-action.com

Posez vos questions à l’entraîneur Vincent Rousseau décrypte une image La surcompensation pour les nuls

26_INTERVIEW

Emil Zatopek, 33 ans plus tard

Moi Kris, ancien alcoolique D’une ivresse à l’autre

42_TECHNIQUE DE COURSE

Courir dans le sable

46_QU’ECOUTEZ-VOUS?

La parole est à vous

56_MACADAM PEOPLE

Des records délirants

60_BD

Spyridon Louis a-t-il triché?

30_CONSEILS SANTE

Comment faire pour se blesser?

Attention

Ne ratez pas notre supplément à détacher au centre du magazine.

18_Zatopek 3


ajouteZ_à mon Panier ChaQue saison Voit Fleurir son lot de nouVeautés: Vêtements, Chaussures et autres GadGets Pour rendre la Course à Pied Plus moderne. toujours Plus moderne! Rubrique réalisée par Olivier Beaufays

LaFuma sPeed tRai R L Rai une sacrée pointure Cette chaussure est destinée essentiellement aux courtes et moyennes distances (jusqu’à 40 kilomètres). L’accent a été mis sur la légèreté (270 grammes) et le dynamisme grâce notamment à une semelle en caoutchouc de la marque «Vibram» «Vibram». Cela vous dit quelque chose? Eh oui, il s’agit de la société italienne qui commercialise la désor désormais célèbre chaussure FiveFingers. Sans aller aussi loin sur la voie du minimalisme, ce modèle «Speed trail» procure lui aussi l’agréable sensation d’être très près du sol et épouse parfaitement la forme du pied grâce au système de lacets élastiques réglables sur toute la longueur du pied.

100 e

www.lafuma.com

l’aVis d’un Pro

antoine Guillon, 2ème du Grand raid de la réunion en 2010 “Cette chaussure offre un excellent compromis entre légèreté et sécurité. Bien qu’elle ne soit pas considérée comme une véritable chaussure d’ultra-endurance, je l’avais aux pieds lors de mes participations à l’utmB et au Grand raid de la réunion, deux épreuves qui comportent des parties très techniques et beaucoup de cailloux. Ce n’est probablement pas une expérience à tenter pour les personnes un peu plus lourdes. mais cela montre le potentiel de la chaussure.”

BV sPoRt drôlement culotté! Ce cuissard fonctionne exactement comme les chaussettes de récupération qui ont fait la renommée de la marque BV Sport. Porté dans les deux heures qui suivent l’effort, il accélère le phénomène de drainage veineux et lymphatique et favorise la récupération. 75 e

en BReF

www.bvsport.com

edison n’est pas une lumière Le pauvre Edison Pena comptait parmi les 33 mineurs bloqués pendant deux mois sous la terre à San Jose dans le nord du Chili. A sa libération, il avait connu son heure de gloire en participant au marathon de New York. Il a remis cela à Tokyo en bouclant la distance en un peu plus de cinq heures, soit une amélioration de son record personnel de 30 minutes. Cette performance pourrait néanmoins lui valoir quelques ennuis avec la Sécurité Sociale de son pays qui, sur base de ses exploits athlétiques, envisage à présent de suspendre le versement d’une pension octroyée sur base… de son invalidité!

4 ZatoPek_18

l’aVis d’un Pro

Julien ranCon, Champion de FranCe de trail “J’utilise ce cuissard aussi bien après une séance sur piste qu’après une sortie longue avec beaucoup de dénivelé. Ce maintien musculaire me fait du bien. Je pense aussi qu’il m’aide à regagner plus rapidement des forces.”


Ajouter Ă mon panier Dossier de 3 pages


COURRIER_DES LECTEURS Zénon ou Epictète? Réagissez SUR WWW.zatopekmagazine.com ou envoyez votre courrier Pour la France: 213 avenue Paul de Vivie, 84210 Pernes-les-Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere, 1180 Bruxelles

Pleure pas la bouche pleine C’est toujours un grand plaisir d’ouvrir sa boite aux lettres et de voir une grande enveloppe avec à l’intérieur LA revue de course à pied. Dans le dernier numéro, j’ai bien aimé l’article sur la fragilité du record en marathon et l’interview de Jan Haluza, pleine d’humilité. Changement de décor avec « Macadam People » où l’on nous explique Cathy Freeman continue les malheurs du « pauvre » Delarue. Je lis : de défendre la cause aborigène. « les professionnels du petit écran vivent des métiers extrêmement stressants ». Mes yeux se remplissent de larmes ! Je suis sûr que les demandeurs d’emplois compatissent, ainsi que les ouvrières du textiles, les professionnels du bâtiment… je continue ma lecture avec l’article « Courez, buvez, crachez ! » Etonnant. « Les silences du cœur » : une découverte pour moi. Juste un petit bémol avec l’histoire de Cathy Freeman en bande dessinée. L’auteur écrit: « Cathy Freeman était parvenue à réconcilier le pays sans dire un mot. Seulement en courant ! » Connaissant un peu l’histoire de l’Australie et la question aborigène, cela me semble exagéré.

Serge D’Ignazio

Attention amalgame dangereux Votre article sur la podologie dans le dernier Zatopek est très instructif. En tant que podologue-posturologue (notamment sur l’UTMB), cela me fait plaisir de lire que le syndrome de l’essuie-glace n’est pas causé par un varus calcanéen ou qu’une tendinopathie d’Achille n’est pas forcément soignée par une talonnette contrairement à ce que prétendent la totalité des autres revues. Mais le titre « Attention podologue dangereux » m’a choqué. Les gens risquent de ne retenir que l’association des deux termes et de se détourner d’une profession qui ne mérite pas tel amalgame.

Notre réponse: Nous n’avions pas pensé à cela. Dans notre esprit, le titre rappelait plutôt l’écriteau « attention chien dangereux », ce qui ne signifie évidemment pas que tous les chiens soient dangereux.

La promesse de Jim Je trouve géniale l’idée de faire une bédé qui raconte la vie des légendes de l’athlétisme. Surtout pour moi qui suis passionné de bédés et d’histoires du sport. Une suggestion? Pourriez-vous raconter aussi l’histoire de l’Américain Jim Thorpe, champion olympique du décathlon qui a été forcé de remettre sa médaille pour cause de professionnalisme.

Frédéric Xhonneux Notre réponse: Promis juré! 10 Zatopek_18

Dans l’éditorial du magazine « Zatopek » n°16, vous écrivez: « le philosophe Zénon enseignait à ses disciples que le monde était divisé entre deux types d’emmerdements: ceux qui dépendent de nous et ceux qui ne dépendent pas de nous ». Or il s’avère que cet enseignement était plutôt celui d’Epictète, un philosophe stoïcien qui vécut au premier siècle de notre ère (50-127). « De toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas » disait-il. « Celles qui en dépendent sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions; en un mot, toutes nos actions. Celles qui ne dépendent point de nous sont le corps, les biens, la réputation, les dignités; en un mot, toutes les choses qui ne sont pas du nombre de nos actions ». Cette citation figure dans le « Manuel d’Épictète » un ouvrage compilé par l’historien romain Arrien (95-175).

Pascal Minault (humble coureur à pied et grand admirateur de Diogène le cynique) Notre réponse:

Merci d’avoir mis Epictète en lumière. C’est un personnage très étonnant. Ancien esclave, on l’appelait « le boiteux » depuis que son maître en colère lui avait cassé la jambe. Ce jour-là, Epictète très calme l’aurait alors averti: « cette jambe va casser ». Et puis après la fracture : « je vous avais prévenu ». Par rapport à Zénon et les emmerdements, je pense qu’ils devaient être plus ou moins sur la même longueur d’ondes. Certes, il y a trois siècles d’écart entre les deux. Mais il semble que le temps qui passe ne change rien à l’affaire. La preuve ? Vous-même, vous vous sentez proche d’un type qui vivait dans un tonneau!

Courrier du cœur Excellent l’article sur la variabilité cardiaque dans le dernier numéro. Cela m’a donné des idées ! Car je possède un cardiofréquencemètre équipé de cette fonction (Polar RS 800 CX). Jusqu’à présent, je n’avais jamais réussi à l’exploiter.

Gregory Molinaro



la muse_du CoaCh enVoyeZ-nous Vos Questions et notre entraîneur roGer iGo Prendra sa Plus Belle Plume Pour Vous réPondre. le courrier doit être adressé à la rédaction du magazine Zatopek: info@zatopek.fr (pour la France) ou info@zatopek.be (pour la Belgique). on peut aussi se rendre sur notre site (www.zatopekmagazine.com) et poster sa question en cliquant d’abord sur l’onglet “vos réactions“ et puis sur “exprimez-vous“. Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de vingt ans. A 57 ans, il poursuit une carrière qui compte de nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne.

parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses après trois ans de rubrique “muse du Coach“. Vous y trouverez peut-être votre bonheur! www.zatopekmagazine.com

un Blanc dans la conversation

a la Pointe de l’auBe

A l’approche de mon premier marathon, une chose m’angoisse: l’heure du départ. Elle est prévue à 8 heures 30. Comment fait-on dans ces cas-là pour observer la règle des trois heures entre le dernier repas et le début de l’effort ? Jean-Christophe

Je me suis inscrite pour le marathon du mont Blanc à la fin du mois de juin. Bien sûr, je me pose plein de questions: faut-il suivre un entraînement marathon normal ou travailler spécifiquement dans les côtes? marie-astrid

notre réponse

Le marathon du mont Blanc part de Chamonix et arrive à Planpraz et son magnifique panorama sur le mont Blanc. La course fait 2500 mètres de dénivelé positif et 1500 mètres de dénivelé négatif. Les meilleurs effectuent la distance en moins de 4 heures. Les derniers mettent 5 heures de plus. La préparation ne peut pas tout à fait être celle d’un marathon dans la mesure où, bien que la course fasse 42,195 mètres, le terrain accidenté la rend beaucoup plus longue. En général, on estime que 100 mètres de dénivelé positif équivalent à 500 mètres en plus sur le plat. Pour les coureurs, c’est donc comme si l’épreuve faisait 42,195 + (500 x 25) = 57,695 kilomètres. En phase de préparation, privilégiez les sorties longues et entraî entraînez-vous, si possible, en terrain montagneux du type de celui qui vous sera proposé. Courage!

Valeurs actuelles notre réponse

Beaucoup de marathons prévoient effectivement des départs matinaux à la fois pour minimiser l’exposition aux grosses chaleurs et aussi pour restreindre les embarras de circulation. Comment gérer ce paramètre ? Le plus efficace consiste à décaler son cycle de sommeil dans les jours qui précèdent la course. Efforcez-vous de vous coucher et de vous lever plus tôt que d’habitude. Debout à 5 heures, cela vous laisse le temps de prendre un bon petit déjeuner et surtout de le digérer. 12 ZatoPek_18

Je prépare actuellement le Marathon de Paris en utilisant le plan proposé sur le site de Zatopek que j’ai d’abord paramétré sur base de mon temps sur 10 kilomètres (53 minutes en septembre 2010). Malheureusement, je me suis blessé juste après cette course et des problèmes au tendon d’Achille m’ont contraint à plusieurs semaines d’arrêt. Aujourd’hui, je m’aperçois que je n’ai pas les capacités pour garder l’allure prévue (11,3 km/h) pendant les 3 heures 45 de performance programmée. Que me conseillezvous ? didier notre réponse

Le programme doit correspondre à vos possibilités réelles du moment et pas celles du passé. Il convient donc de refaire le test sur 1200 mètres et retenir ces valeurs pour déterminer les allures


La Muse du coach p.2


zoom_photo Dans chaque numéro, Vincent Rousseau commente une photo. Cette fois il porte un regard sur David Rudisha, le jeune coureur kényan qui, l’année passée, a battu le record du monde du 800 mètres de Wilson Kipketer. Il pourrait très vraisemblablement récidiver cette année.

Nous sommes au meeting de Berlin le 22 août 2010. Sur cette piste, le jeune David Rudisha avait été éliminé en série lors des Championnats du Monde un an plus tôt. «Une erreur tactique» avait-il plaidé à l’époque. Ici, il s’apprête à battre le record du 800 mètres en 1 minute 41 secondes et 9 centièmes, soit deux centièmes de moins que le coureur danois d’origine kényane Wilson Kipketer en 1997. Pour les spécialistes, ce n’est pas vraiment une surprise. Ce chrono s’inscrit dans une série extraordinaire de performances avec notamment 1’41’’51 au meeting d’Heusden-Zolder le 10 juillet ou encore 1’41’’01 à Rieti, huit jours plus tard. Nouveau record du monde! Regardez où sont ses adversaires. Rudisha est seul sur sa planète. Personne ne peut le pousser dans ses ultimes retranchements comme le faisaient Steve Ovett ou Steve Cram face à Sebastian Coe dans les années 80. Avec son chrono de 1’41’’71 établi en 1981, le Britannique reste d’ailleurs le troisième «performer» de tous les temps, derrière Kipketer et Rudisha. On le voit, la hiérarchie du 800 mètres est plus stable que sur les autres distances. Chez les femmes aussi, le record est toujours détenu par la Tchèque Jarmila Kratochvilova avec une performance (1’53’’28) qui date de 1983. Je trouve beaucoup d’analogies entre David Rudisha et Usain Bolt. Tous deux sont très jeunes (22 et 24 ans) et très grands (188 et 196 cm). Surtout ils dégagent la même puissance de course avec une foulée interminable. Ce serait intéressant de les opposer sur 400 mètres. Rudisha aurait toutes ses chances. Il a déjà signé un chrono de 45,5 secondes sur cette distance. C’était d’ailleurs sa discipline préférée avant que son entraîneur irlandais, Colm O’Connell, ne le persuade de passer sur 800 mètres. Ceci dit, je miserais tout de même sur Bolt. Quelle trace laissera Rudisha dans l’histoire? Il est évidemment trop tôt pour le dire. S’il gagne encore une ou deux secondes sur 400 mètres, il pourrait être le premier athlète à imiter le Cubain Alberto Juantorena à Montréal en 1976, c’est-à-dire remporter les épreuves du 400 et du 800 mètres lors des mêmes Jeux olympiques. Un exploit que l’on croyait impossible à rééditer! Certains le croient aussi capable de pulvériser le record actuel du 800 mètres de 3 ou 4 secondes. Le secret? Peut-être réside-t-il dans la tactique de course. Le 800 mètres est une épreuve bizarre ou l’on est obligé de partir vite pour occuper une bonne place dans le peloton. De ce fait-là, le premier tour est toujours couru trois ou quatre secondes plus rapidement que le deuxième. Lors de son record, Rudisha emmené par son lièvre Sammy Tangui est passé au 400 mètres en dessous des 49 secondes. Je serais curieux de savoir ce qui se passerait dans une course avec deux lièvres où l’on s’assurerait d’une vitesse plus homogène du début jusqu’à la fin de la course.

14 Zatopek_18

_ d e v i n c e n t r o u ss e a u


Le Zoom p.2


sCienCe_entrainement

A QUOI BON s’entRaîneR?

16 ZatoPek_18


A quoi cela sert-il de s’entraîner? De prime abord, on se dit que la réponse à cette question ne devrait pas poser d’énormes problèmes sémantiques. On se trompe! C’est l’une des plus délicates de toute la physiologie de l’effort.

On progresse aussi à ne rien faire

P

armi nos lecteurs, ceux qui s’occupent d’enfants en bas âge savent bien que, dans le cours de leur développement intellectuel, ils passent par un stade, à partir de trois ans, où ils cherchent des explications à tout ce qu’ils observent. Chaque phrase ou presque commence alors par «pourquoi?» Exemples: Pourquoi le ciel est bleu? Pourquoi tu mets du parfum? Pourquoi il faut aller à l’école? Cela n’arrête pas. D’autant que ces questions se suivent en rafale et que l’enfant reprend très souvent la formulation de la réponse précédente pour poser une nouvelle question. Cela donne des discussions interminables du type de celle-ci:

• Pourquoi je dois aller me coucher? • Parce que tu es fatigué • Pourquoi je suis fatigué? • Parce que tu as beaucoup joué • Pourquoi j’ai beaucoup joué? • Parce que tu as des amis. • Pourquoi j’ai des amis? Pendant ce temps, l’heure passe. Et la stratégie de l’enfant qui entend veiller le plus tard possible fonctionne à merveille, jusqu’au moment où ses parents se rendent comptent de la manœuvre et mettent fin aux échanges par un tonitruant: «Parce que!» ou alors ils optent, comme le faisait mon père, pour une formule énigmatique qui, 50 ans plus tard, me laisse toujours aussi perplexe: «Pourquoi? Pourquoi? Parce que les fèves, c’est pas des petits pois». Comprenne qui pourra!

Le retour de l’âge «pourquoi»

Cette longue introduction vise à nous remettre dans l’esprit d’innocence et de curiosité qui caractérise l’enfance. On s’aperçoit alors que le regard de fraîcheur que l’on pose sur n’importe quelle problématique constitue souvent l’approche la plus pertinente pour parvenir au cœur du problème. Prenons la question 18_Zatopek 17


Science_EntraĂŽnement Dossier de 10 pages


Science_EntraĂŽnement Dossier de 10 pages


Interview_1978

Le texte que vous avez sous les yeux est une pièce d’anthologie! Il s’agit d’une interview d’Emil Zatopek réalisée à Prague en septembre 1978.

33 ans

après Zatopek! Pour une des rares fois de son existence, celui que l’on surnommait la «Locomotive» acceptait de détailler les grands principes qui constituaient la base de son entraînement. Trente-trois ans plus tard, son témoignage est encore riche d’enseignements.

Emil Zatopek (lors du 10.000 mètres des Jeux de 1948) 26 Zatopek_18


Interview Dossier de 4 pages


Conseils_santé

Le Jeu

DeS erreUrS UrS des artiCles sur la Pré réVention des Blessures, on en a tous lus Par diZaines. mais Cela n’emPêChe rien. en janVier 2011, une étude sur le marathon de niCe-Cannes réVélait Que Près de la moitié des PartiCiPants ants s’ét s’étaient Blessés Pendant la Phase de PréParation. ara aration. alors, Plutôt Qu’une énième mise en Garde, nous aVons Pris le ProBlème à l’enVers en déCriVant Ci-aPrès l’itinéraire d’un Coureur -aPPelons-le lamBda- Qui enChaîne les mauVais Choix. VoiCii son histoire. aattention, le texte est Parsemé de Petites BomBes es . a ChaQue Fois Que Vous en renContreZ une, PoseZ-Vous les Questions: «est-Ce Vraiment une Bonne idée?» ou «est-Ce Vraiment un ProBlème?»

30 ZatoPek_18

P

our le pauvre Lambda, tout a commencé un soir de juin alors qu’il était confortablement affalé sur son divan, un œil sur la télévision, l’autre sur les préparatifs de sa femme pour son jogging quotidien. Petit short, petit singlet, les écouteurs, le bandeau dans les cheveux. Lambda la regardait faire avec tendresse… Jusqu’à ce qu’elle entame son habituelle tirade culpabilisante sur l’impérieuse nécessité qu’il y aurait pour lui aussi de se bouger un peu et sur les dangers d’une vie trop sédentaire . D’ordinaire, ce type d’argument ruisselle sur sa personne comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Cette fois-ci pourtant, la ré-


Conseil_SantĂŠ Dossier de 5 pages


Passe par chez vous... I Cahier régional /02/ Ile-de-France /04/ Les pages de la Ligue Nord Pas-de-Calais d'Athlétisme /06/ Région Nord-Est /08/ Région Centre

Les régions ont la parole... La Locomotive, c’est le cahier central qui aborde l’actualité des régions. Mais avec le succès toujours grandissant de la course à pied : nombre de courses en augmentation, diversification des épreuves… difficile d’être exhaustif en quelques pages. Alors, comme pour le reste du magazine, nous avons décidé de traiter cette actualité de manière un peu différente en liant le terrain et le technique grâce à l’approche scientifique complémentaire de Volodalen qui fait des incursions en rapport avec la spécificité des événements. Sans oublier l’Actu Science et un dossier spécial sur le plaisir de courir.

Alors faîtes-vous plaisir !

/10/ Région Ouest

Sophie SARTET Rédactrice en chef

/14/ Région Sud-Est /16/ Dom-Tom /17/ Un peu plus loin... /20/ La Loco du moment /21/ Le Dossier de Volodalen

ce trimestre avec Volodalen

6 coureurs préparent le marathon de paris En attendant le départ, nous suivons pour vous la préparation de chacun...

tous À l'eau ! Courir dans l’eau augmente diablement la difficulté. Alors pourquoi se lancer dans une telle course ?

À Votre Bon plaisir Dossier spécial pages 21 à 24

page 10

page 2

Écrivez-nous ! >> contact@zatopek.fr

Zatopek n° 18 I mai/juin/juillet 2011


La Locomotive 24 pages d'actualitĂŠs courses dans les rĂŠgions


Vous êtes un club, une association, un coach, une mairie, une entreprise ou tout autre structure impliquée dans le domaine du sport et de la santé :

organisez vous aussi un programme

Je cours pour ma Forme !

Je Cours Pour Ma Forme

est un programme d’initiation à la course à pied conçu pour répondre à une demande croissante de la population en quête d’activité physique régulière, bon marché et pas trop loin de chez soi. Le principe est simple : les participants se donnent rdv 2 ou 3 fois par semaine pour une initiation à la course à pied sous les conseils d’un animateur. Les objectifs du programme tiennent en 2 mots : SANTÉ & CONVIVIALITÉ.

Tout est mis à votre disposition pour la réussite du programme : > > > > > >

Supports de communication Logistique, assurances Formation animateur Carnet Forme & Santé et diplômes participants Assistance technique Cadeaux…

Pour en savoir plus >>

Offrez-vous une image dynamique Séduisez vos adhérents, collaborateurs, habitants, patients… Capitalisez sur un projet autofinancé Diversifiez vos activités

www.jecourspourmaforme.fr • tél. : 04 32 80 26 83


ALCOOL ET SPORT

histoire_Vraie

V iCi MON hiSTO VO hiSTOiRE le maGaZine ZatoPek existe en trois Versions: une Pour la FranCe, une autre Pour la BelGiQue FranCoPhone et enCore une autre Pour la BelGiQue néerlandoPhone. Cette dernière rédaCtion a reçu la lettre Parti Par artiCulièrement touChante d’un leCteur –Prénommé kris– et Que ue nous aaVons Choisie de reProduire Ci-aPrès dans son intéGralité. kris raConte sa desCente aux enFers liée à son alCoolisme et le rôle joué PPar la Course à Pied dans la Phase aCtuelle de reConstruCtion. ediFiant!

“J’écris cette lettre le 7 mars 2011 car cette date marque le premier anniversaire de ma vie sans alcool. Je voulais apporter ce témoignage pour dire aux personnes qui sont esclaves de la boisson comme je l’ai été, qu’une vie sans alcool est possible et même mieux: qu’elle vaut kris Van la peine d’être vécue! Je m’appelle k Wettere. J’ai 37 ans et j’habite à Semmerzake, non loin de Gavere. J’avais 18 ans lorsque j’ai bu mon premier verre. Plutôt tardif, je sais. Mais cela s’explique par le fait que, jusqu’à cette date, le vélo constituait mon unique passion. Je vivais pour ce sport et j’excluais tout ce qui aurait pu m’en détourner. très t vite le fait de boire s’est transformé en un réel problème. Je me suis retrouvé totalement esclave de l’alcool avant même de prendre conscience du problème. Cela a ruiné ma vie. J’ai été impliqué dans plusieurs accidents de la circulation. J’ai été déchu de mon permis de conduire par trois fois. et malgré tous ces emmerdements, je continuais à boire. Je ne pouvais pas m’en empêcher. a boire et à conduire! Même lorsque j’avais mes deux enfants, aaron et oona, dans la voiture. Ma vie se résumait à cela: boire et conduire! Je travaille à Deinze comme chauffeur de poids lourds. rétrospectivement je me dis que j’ai vraiment de la chance d’avoir pu garder cet emploi et récupérer mon permis, parce qu’il y eut une époque où ma vie partait vraiment en lambeaux. Je me saoulais tous les soirs après le boulot. Je m’arrêtais de boire seulement quand je n’en pouvais plus. Le matin, je me levais à 5 heures pour reprendre le travail et, bien sûr, j’étais encore totalement imprégné par l’alcool de la veille. Le soir, je remettais cela. L’addiction était totale! Un jour, je me suis retrouvé dans un très sale état. C’était après un de ces week-ends d’orgie éthylique que connaissent malheureusement beaucoup d’al d’alcooliques. J’ai sombré dans une sorte de coma. J’étais totalement atone quoiqu’encore plus ou moins conscient de ce qui se passait autour de moi et je me suis laissé prendre en charge. Je n’avais pas vraiment le choix. J’étais convaincu d’être arrivé à un stade où aucune issue, hormis la mort n’était possible. C’était un dimanche soir. Mon amie a appelé mes parents et j’ai été interné dans l’aile psychiatrique de l’hôpital Maria Middelares à Gand où je suis resté d’abord alité pendant deux semaines. ensuite, on m’a transféré au centre Saint-Camille à Westrem St-Denis pour un séjour de 18_Zatopek 35


Histoire_Vraie p.2


D’une ivresse à l’autre De prime abord, l’alcool et le sport ne font pas bon ménage. Surtout la course à pied. L’image ascétique de l’athlète est incompatible avec l’intempérance du pochtron. Dans la réalité, la distinction n’est pourtant pas aussi nette. On peut facilement passer d’une activité à l’autre. Parfois même concilier les deux.

L

ors d’un grand sondage dont les épidémiologistes états-uniens ont le secret, des centaines de milliers de citoyens étaient interrogés sur leur pratique sportive et leur consommation alcoolique. Les auteurs s’attendaient sans doute à démontrer que ceux qui boivent ne font pas de sport et vice-versa. Eh bien, pas du tout! Il apparaissait au contraire que plus les gens font de l’exercice physique, plus ils picolent! “Les gros buveurs font de l’exercice physique

10 minutes de plus par semaine que les buveurs modérés, et 20 minutes de plus que ceux qui ne boivent pas du tout”, commentaient les auteurs dans le journal américain de la promotion de la santé (American Journal of Health Promotion). A notre connaissance, une étude aussi rigoureuse n’a jamais été menée en Europe. Mais on peut extrapoler les résultats sans trop de risques de se tromper, dans la mesure où il apparaît que la relation entre l’alcool et l’exercice physique transcende les cultures et même les frontières phylogénétiques entre les espèces. Du moins, c’est ce que montre une autre étude menée récemment sur un groupe de rats répartis dans deux cages. Tous avaient accès à l’alcool. Seuls les rats de la première cage bénéficiaient d’infrastructures sportives, en l’occurrence une petite roue à l’intérieur de laquelle ils pouvaient courir librement; tandis que les rats de la deuxième 18_Zatopek 37


Des chercheurs_qui cherchent Dossier de 5 pages


Des chercheurs_qui cherchent Dossier de 5 pages


teChniQue_de Course

CouRiR DANS LE tout le monde a en tête Cette sCène du Film les Chariots de Feu eu où les athlètes donnent l’imPression de Courir sans Fa Fati atiGue sur une interminaBle PlaGe. la réalité CinématoGraPhiQue est Bien tromPeuse!

o

n a tous eu l’occasion de passer des vacances en bord de mer. Peutêtre aura-t-on aussi profité de cette aubaine pour courir sur la plage. Si c’est le cas, il ne faut pas longtemps pour remarquer que les efforts consentis sur le sable sont plus conséquents que sur piste ou sur route. Quelques mètres suffisent pour déclencher chez le coureur à pied un sentiment immédiat d’essoufflement et de fatigue. A priori, l’explication est simple. La course pâtit tout bêtement des effets d’un

42 ZatoPek_18

sol mou et instable. Mais encore? Le Professeur belge Patrick Willems a dirigé une thèse sur la question, celle du Docteur Thierry Lejeune au sein de l’Unité de physiologie et biomécanique de la locomotion de l’Université de Louvain-la-Neuve en Belgique (*). Il s’agissait de décrire les particularités de la course dans le sable et ses conséquences sur la locomotion humaine aux différentes allures. Les auteurs se sont livrés à une analyse biomécanique du geste en plaçant des capteurs de force sous des bacs remplis de sable. Des caméras enregistraient aussi l’enfon-

Au laboratoire!


sable cement du pied dans le sable. “Le sujet devait marcher, puis courir sur cette piste circulaire de 50 mètres de long, remplie de 8 tonnes de sable”, explique Patrick Willems. “evidemment et pour ne pas fausser les résultats, nous avons pris soin d’égaliser le sable après chaque passage.” Les conclusions de l’étude furent sans appel: le fait de courir sur le sable multiplie par 1,15 le travail mécanique par rapport à une sur surface dure. En clair, on doit dépenser davantage d’énergie pour couvrir une même distance. Ils voulurent ensuite mesurer le surcoût énergétique qu’implique cette augmentation du travail mécanique. Cette fois-ci, ils évaluèrent la production énergétique des sportifs sur base des variations de leur consommation d’oxygène. On sait en effet que chaque millilitre d’oxygène permet de dégager +/- 21 joules. A vitesse égale, il faut dépenser 1,6 fois plus d’énergie

que sur une surface dure. Comment expliquer un tel gaspillage? Pour Patrick Willems, l’augmentation de la dépense énergétique est clairement reliée à la diminution de l’efficacité de travail positif effectué par les muscles et les tendons. En d’autres termes, un sol meuble annihile les bénéfices d’une foulée élastique et pour compenser cette perte d’énergie, il faut à chaque fois réinsuffler un maximum d’énergie dans le mouvement. “Quand on court sur une surface dure, le pied ne glisse pas sur le sol ou très peu. et pour limiter encore cette perte d’énergie, les sprinteurs portent des pointes sous la semelle. Dans le sable, c’est tout différent. Le pied s’enfonce à chaque appui ce qui lui fait perdre toute sa vitesse et augmente conséquemment le temps de contact avec le sol. La phase de poussée s’avère très problématique elle aussi. on chasse le sable vers l’arrière et cette

Schiester dans le Sahara

énergie est perdue pour la progression. Il est donc primordial d’adapter sa foulée, notamment en la raccourcissant de façon à poser le pied le plus à plat possible pour réduire la phase d’enfoncement.” 18_Zatopek 43


Technique_de course Dossier de 4 pages


Technique_de course Dossier de 4 pages


Qu’éCouteZ_Vous ?

Certains ne PeuVent Plus s’en Passer. d’autres Perdent ComPlètement les Pédales dès Qu’ils n’entendent Plus leur resPiration et le martèlement de leurs Pieds sur le sol. et Vous? Que PenseZ-Vous de la musiQue en Courant? dossier réalisé par olivier Beaufays

EN AVANT

LA ZiZiqUE! 46 ZatoPek_18


François

Pour les séances de fractionné, je ne mets jamais de musique. Le cordon des écouteurs me gênerait dans le mouvement. De plus, il y a un petit côté asocial qui ne me plait guère. On se trouve ensemble dans le stade. Alors, même si chacun effectue ses séries de son côté, on peut discuter, échanger des impressions. Je trouverais dommage que chacun s’enferme dans son monde. Donc pas de MP3 sur la piste. En revanche, je ne conçois plus une sortie longue sans musique, ne serait-ce que pour couvrir les bruits de la circulation. A l’entraînement, j’écoute simplement les albums que je n’ai plus l’occasion de mettre à la maison, famille nombreuse oblige. En course, je crée une playlist qui commence sur un tempo t end nd des Doors pour finir par un mor mor-lent, du style de the ceau d’ACDC, idéal pour s’arracher les tripes.”

le SaVieZ-VouS ? il existe des petits logiciels téléchargeables gratuitement sur internet qui permettent de déterminer le battement par minute des fichiers mp3. C’est le cas par exemple de Bpm detector, Bpm pro Scan ou Bpm Beats per minute detector. alain

Autant je ne pouvais pas me passer de mon lecteur MP3 quand je vivais en Eure-et-Loire tant l’envi l’environnement me paraissait terne et mono monotone, autant j’ai rangé mon attirail depuis que j’habite dans le Lot-et-Garonne. Les paysages sont tellement magnifiques! Cela suffit à mon bonheur. En course, c’est différent. Sur des ultras, la musique m’aide parfois à oublier la douleur, comme ce fut le cas avec les tendinites lors de mon défi, la «4 Monségur», une course de 444 kilomètres en 6 étapes. On a beau être accompagné, il arrive un moment où l’on n’a plus grand-chose à se raconter et, quand bien même on essaierait de se parler, le bruit des voitures sur les grands axes couvrirait nos voix. Plutôt que de s’égosiller, je préfère ressortir mon bastringue: un superbe lecteur MP3 sans fil avec le boitier directement intégré dans les écouteurs. Je me réfugie alors dans ma bulle musicale. Ca m’aide à faire le vide autour de moi pour avancer vers un repos bien mérité.”

18_Zatopek 47


Qu'ĂŠcoutez-vous ? Dossier de 9 pages


Qu'ĂŠcoutez-vous ? Dossier de 9 pages


macadam_People Pour la plupart des gens, courir suffit à sa peine. Mais ce n’est manifestement pas le cas de tout le monde.

Flagrants

délires Voici une petite sélection des exploits les plus dingues commis au cours de ces dernières années par une belle brochette d’hurluberlus.

56 Zatopek_18


Stuart Kettel Hamster dans une autre vie

Prenez une roue tournante adaptée à la taille d’un homme, soit un diamètre de 2,4 mètres. Introduisez une personne dedans en tenue de joggeur. Puis regardez-la courir: longtemps, longtemps. C’était le principe du défi imaginé ce printemps par Stuart Kettel, un Irlandais de 45 ans qui, un an plus tôt, s’était déjà fait connaître en passant 7 jours dans une petite cage de verre suspendue à 7 mètres du sol. Ici, il tenait le rôle du hamster. Au rythme d’un marathon par jour pendant une semaine, l’expérience retransmise en direct sur internet lui a permis de récolter des fonds pour encourager la lutte contre le cancer.

Pour lui, c’est encore beaucoup trop long! En juin 2011, il a prévu de s’attaquer au record du monde des 6 jours… sur tapis de course! D’après ses estimations, il devrait dépasser les 800 kilomètres. “Ce projet me trotte dans la tête depuis longtemps”, explique-t-il. “Il existe un record sur 7 jours. Mais celui sur 6 jours reste à établir”. Il compare ensuite l’expérience à une plongée dans les grands fonds marins. “Il s’agit d’une apnée mentale” dit-il. “Et ma façon de préparer ce rendez-vous se rapproche de celle des apnéistes”.

Michaël Micaletti est un ultra-runner marseillais aux origines corses et vietnamiennes. Depuis quelques années, il s’est spécialisé dans les épreuves de 6 jours. En règle générale, celles-ci se déroulent sur des circuits très courts: 1000 mètres à Athènes, 1295 mètres à Antibes…

Lloyd Scott Expert en n’importe quoi!

Mike Buss Un petit vélo dans la tête

Michaël Micaletti Mondial moquette

En 2003, il a pédalé pendant 96 heures d’affilée (avec seulement une pause de 15 minutes toutes les 8 heures). A la fin, sa jambe gauche le faisait tellement souffrir qu’il l’a posée sur le guidon pour continuer seulement avec la droite.

Intrigués par le témoignage de Micaletti, nous avons voulu savoir qui détenait le record des 7 jours sur tapis de course. Et nous l’avons trouvé! Il s’agit de Mike Buss, ex-instructeur d’éducation physique dans l’armée anglaise qui consacre désormais son temps à signer des exploits loufdingues au profit d’œuvres caritatives. Outre le record qui consiste à courir sur place pendant toute une semaine (832,4 km en 2010), il possède aussi celui de la plus longue distance sur tapis de course en portant un sac à dos de 18 kilos (122 kilomètres en 48 heures). Il détient également un chrono personnel d’une heure, 56 minutes et 57 secondes sur 10 kilomètres. Pas de quoi pavoiser. Sauf si l’on sait qu’en cette occasion, il portait une charge de 54 kilos sur les épaules! Enfin Buss est aussi l’homme qui est resté le plus longtemps à pratiquer du spinning dans une salle de sport.

Dans cette galerie de frappadingues, on ne peut s’empêcher de présenter leur père à tous: l’Écossais Lloyd Scott. Ancien leucémique (NB: il pense que c’est d’avoir inhalé trop de fumée toxique durant sa carrière de pompier), l’homme fait preuve depuis plus de dix ans de courage et d’imagination pour monter des “happenings” et récolter ainsi des fonds destinés à lutter contre la maladie qui faillit l’emporter. Son défi? Boucler des marathons avec des déguisements totalement extravagants et surtout très pesants. On l’a vu ainsi déguisé en sous-marin jaune (référence aux Beatles), en Indiana Jones tirant un boulet, en dragon et bien d’autres choses encore. Mais c’est le costume de scaphandrier (60 kilos) qui l’a véritablement rendu célèbre aux marathons de Londres et de New York en 2002. D’ordinaire, il boucle la distance aux alentours de 5 jours. A Edimbourg en 2003, il a mis un peu plus longtemps: 6 jours, 4 heures, 30 minutes et 56 secondes. Record (de lenteur) battu! L’explication est simple. Le pauvre scaphandrier a été victime d’un empoisonnement alimentaire. “Il fallait tout le temps que je fonce aux toilettes” raconte-t-il. Et ce genre de costume n’est pas le plus 18_Zatopek 57


MACADAM_PEOPLE Dossier de 4 pages



BD de 6 pages


ABONNEz-vOus !

le coupon au dos nt ya vo ren en res off s no de z ite of pr et

de ce formulaire.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.