Zatopek 19 FR by Zatopek Magazine

zatopekmagazine.com N°19 - trimestriel - août - septembre - octobre 2011 – France - 5.50 € - Suisse - 10CHF – Canada - 8.75 CAD

Marathon de Paris, le bilan

Zatopek Le 1

Magazine Running & Santé de votre région

Ecologie

Calculez votre bilan carbone

Psychologie

Pourquoi ma femme est grosse!

Bekele ou Contador

Quel type d’athlète êtes-vous ?

Info ou intox? Le jus de betterave rouge retarde la fatigue

Le succès des courses

exclusivement

féminines Les courses dans votre région Actualités et analyse technique de Volodalen

ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopek.be et info@zatopek.fr Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 0033 9 62 33 75 05 (France) et 0032 2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopek.be CONCEPTION ET GRAPHISME Denis Thiry denis@perfecto.be REDACTEUR EN CHEF DU MAGAZINE Gilles Goetghebuer gg@zatopek.be SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore am@zatopek.be ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays ob@zatopek.be ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, Janlou Chaput, Roger Igo, Anna Muratore, Palix, Vincent Rousseau, Naïm Schneyders, Eric Verschueren, Louise Deldicque et Marc Francaux SERVICE ABONNEMENTS Belux info@zatopek.be France info@zatopek.fr REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 473 93 41 28 Tel: +352 26 90 86 69 Fax: +352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France: Attr’Action Email: pub@zatopek.fr 213, Avenue Paul de Vivie 84210 Pernes-Les-Fontaines – France Tél: 0033 04 32 80 26 83 Fax: 0033 04 90 61 25 50 CREDITS PHOTOS Image Globe: cover; Reporters: 14,49; Manu Molle/Arc-en-ciel: 27; Vincent Rousseau: 17; Ric Cruse/XTERRA:24; Catherine Friant: 28; Alexandre Vandystadt: 37,38; Christian Petit: 39; Yves Boutsen:42; Olivier Beaufays: 52; C. Hélie/Gallimard: 55; Joseph Kanayi: 56; Palix: 60,61,62,63,64,65,66; New Wave group: 19,22; BF/FFA: 29; Photopresse: 35,39; Boxstuff: 37,38,52; Victor Gonzalo: 25; Lisa Bliss: 43; Paularadcliffe.com: 34; Dubai marathon: 20; La Parisienne: 39; Odyssea: 40; Nike: 16,31; Beet it: 44; Dumas/DR: 4,5,6,7,8,12,13,16,18,21 26,32,33,41,46,48,50,55.

SOMMAIRE_

EDITORIAL

u milieu du XIXe siècle, la Mexicaine Julia Pastrana avait la réputation d’être la femme la plus laide du monde. Elle mesurait 1,35 mètre. Son visage possédait une expression simiesque qui la faisait passer à l’époque pour le fruit des amours d’une femme et d’un gorille. On disait d’ailleurs qu’elle avait été trouvée dans une grotte où elle vivait seule avec sa mère. Toute sa vie, elle fut exhibée dans les cirques rejoignant ainsi la célébrité d’autres «femmes-singes» comme Olga Roderick, Joséphine Clofullia ou Annie Jones. En réalité, le physique de cette petite Mexicaine n’avait rien de surnaturel. Son apparence provenait sans doute d’un problème de rachitisme dans l’enfance et d’une carence en vitamine C qui lui valait ces gencives proéminentes et une vilaine déformation de la bouche. Quant à son extraordinaire pilosité, elle résultait d’un petit défaut sur la 17ème paire de chromosomes à l’origine d’une maladie connue sous le nom d’hypertrichose (du grec «hyper» qui signifie «supérieur» et «thrix», «les poils»). Rien de monstrueux donc. Pastrana était d’ailleurs une jeune fille brillante qui dansait avec grâce, chantait avec justesse et parlait trois langues. Elle est morte en couches à l’âge de 26 ans. A l’époque, son mari qui était aussi son impresario avait exigé qu’on l’embaume (ainsi que son fils mort-né) et il continua à exhiber les corps dans un cercueil de verre sur les foires jusqu’à sa propre mort en 1884. A sa manière, l’histoire de Julia Pastrana illustre bien la cruauté des tentatives de cloisonnements dans lesquels on veut si souvent emprisonner l’espèce humaine. Et si l’injustice qui lui fut faite apparaît avec évidence aujourd’hui, on perpétue pourtant des discriminations de toute nature. Dans ce numéro, la question apparaît en filigrane de plusieurs dossiers. Page 35, vous trouverez une enquête consacrée à essayer de comprendre le succès actuel des courses réservées aux femmes. Sur quoi repose-t-il exactement? Page 61, un personnage secondaire de notre bande dessinée mérite lui aussi toute notre commisération rétroactive: Foekje Dillema dont le seul tort était de trop ressembler à un homme et qui fut rejetée de ce fait de la communauté des gens «normaux». Comme Julia Pastrana un siècle auparavant. Dans notre dossier «entraînement», vous découvrirez encore que, malgré les apparences, les cyclistes et les coureurs à pied ne sont pas faits du même bois. Page 46, nos lecteurs-coureurs seront sans doute tentés de boire du jus de betterave. Peut-être pour se consoler de s’être fait bêtement arracher les ongles à la page 42. Leurs conjoints découvriront en page 50 l’origine de leurs problèmes de poids. Du moins ceux que cela concerne. Quant à l’article sur la responsabilité des coureurs à pied dans le processus de réchauffement climatique à la page 30, il comporte des équations tellement idiotes qu’elles valent indubitablement le détour. Bonne lecture à tous! Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef (en haut, à gauche)

COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly - Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles - Belgique Tel: 02 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 00 352 499 888 306 France: MLP – Céline Ricci ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 04 74 82 39 56 Trimestriel Août - Septembre - Octobre 2011 N° ISSN 1783-4104 La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite LA LOCOMOTIVE (édition belge) LA LOCOMOTIVE (édition française) Sont des suppléments gratuits au trimestriel Zatopek et ne peuvent être vendus séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays ob@zatopek.be Eric Cornu ec@zatopek.be Jérôme Jacot jejacot@yahoo.fr Christophe Libin christophe@zatopek.be Rédacteur Luxembourg: Paul Zens paulzens@internet.lu Rédacteurs France: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopek.fr Conception et graphisme France: Attr’Action info@attr-action.com

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04_AJOUTEZ À MON PANIER

35_SOCIÉTÉ

10_COURRIER DES LECTEURS

42_SANTÉ

Tout ce qu’il faut pour courir à la page La parole est à vous

12_LA MUSE DU COACH

Posez vos questions à l’entraîneur

14_ZOOM

Vincent Rousseau décrypte une image

16_ENTRAÎNEMENT

Pourquoi les cyclistes ne font pas (forcément) de bons coureurs. Et vice versa

24_TÉMOINS

Les coureurs parlent aux coureurs

Ces courses où les hommes sont persona non grata

Faut-il se débarrasser des ongles encombrants?

46_NUTRITION

A nos amies, les betteraves rouges

50_MAIGRIR?

Pourquoi ma femme est grosse

54_LITTÉRATURE

Jean Hatzfeld, auteur du roman Où en est la nuit?

60_BD

Fanny Blankers-Koen: La ménagère volante

30_ECOLOGIE

Calculez votre bilan carbone

ATTENTION

Ne ratez pas notre supplément à détacher au centre du magazine.

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AJOUTEZ_À MON PANIER CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS: VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE! Rubrique réalisée par Olivier Beaufays

SALOMON XR CROSSMAX Du macadam au sentier

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«Du macadam au sentier»:: c’est le slogan retenu par la marque Salomon pour ce nouveau modèle de pompes tout terrain. On se sent effec effectivement à l’aise sur la route grâce à une gomme relativement dure au niveau du talon et grâce aussi à l’« l’«Oversize Oversize TenTen don»: »: un système qui, comme son nom l’indique, se targue d’offrir la même élasticité qu’un tendon pour stocker l’énergie en phase d’étirement et la restituer en phase de propul propulsion tout en maintenant le pied dans l’axe de la foulée. En pleine nature, on se réjouira de bénéficier d’une efficacité d’accroche incomparable grâce à la géométrie travaillée de la semelle extérieure. Surtout pratique en montée! On appréciera aussi l’incorporation d’une mousse sous l’avant du pied pour atténuer les impacts. www.salomonrunning.com Surtout pratique en descente.

L’AVIS D’UN PRO

JONATHAN WYATT, SEXTUPLE CHAMPION DU MONDE DE COURSE DE MONTAGNE “Que je décide de courir une trentaine de kilomètres sur route ou de partir pour une course en montagne, la XR est le modèle idéal pour mes entraînements quotidiens.”

196 KILOS

C’EST LE POIDS DU SUMOTORI AMÉRICAIN KELLY GNEITING, DEVENU OFFICIELLEMENT LE PLUS LOURD MARATHONIEN DE LA PLANÈTE LORS DU DERNIER MARATHON DE LOS ANGELES. IL A MIS PRÈS DE 10 HEURES POUR BOUCLER LA DISTANCE (9H49’52). IL A D’ABORD COURU 13 KILOMÈTRES. PUIS IL S’EST MIS À MARCHER ET IL A PERDU BEAUCOUP DE TEMPS EN SE FAUFILANT ENTRE LES PASSANTS ET LES VOITURES EN RAISON DE LA RÉOUVERTURE DES ROUTES À LA CIRCULATION. «J’AI VRAIMENT DÛ M’ARRACHER LORS DES HUIT DERNIERS KILOMÈTRES», A-T-IL EXPLIQUÉ À L’ARRIVÉE «MAIS J’ÉTAIS RÉSOLU À LE TERMINER COÛTE QUE COÛTE, MÊME EN RAMPANT S’IL AVAIT FALLU.» PROCHAIN OBJECTIF: LA TRAVERSÉE DE LA MANCHE À LA NAGE. 4 ZATOPEK_19

ENERGIX LIQUIDE Le secret d’une course fluide Près de l’arrivée, beaucoup de coureurs apprécient la prise d’un condensé de glucides, parfois surnommé «topette» ou «coup de fouet» pour bien marquer cette fonction de réveil de l’organisme au moment de livrer ses dernières forces dans la bataille. D’ordinaire, ceux-ci se présentent sous forme de gel. Avec Energix liquide, la marque Overstim’s a opté pour une texture liquide plus facile à digérer. Parfumé au citron ou aux fruits des bois, ce gel comme les autres de la gamme Energix associe trois types de sucres (maltodextrine, sirop de glucose et fructose) afin de procurer une glycémie progressive et optimale tout au long de l’effort, sachant qu’un tube permet de tenir une heure de course environ.

19,5 e la boîte de 10 tubes www.overstims.com

Ajouter Ă mon panier 5 pages

COURRIER_DES LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France: 213 avenue Paul de Vivie, 84210 Pernes-les-Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere, 1180 Bruxelles

Lettre du 10091 En mars 2010, j’avais 31 ans. Je pesais 103 kilos pour 1,75 mètre. J’ai entamé un régime amaigrissant. Six mois plus tard, je me suis mis à la course à pied dans le but de stabiliser mon nouveau poids. Un objectif? Je me donnais un an pour boucler un marathon. Mes amis trouvaient cela un peu trop ambitieux. Mais le 20 mars dernier, Avant Après j’étais sur la ligne de départ du marathon de Rome avec le premier dossard de ma vie: le numéro 10091. Trois heures et 56 minutes plus tard, je franchissais la ligne d’arrivée. Pourquoi vous écrire tout ça? C’est simple, il y a un an j’étais obèse et en mauvaise santé. Aujourd’hui, je suis un marathonien qui ne rêve que de recommencer. Ma vie a changé et je voulais remercier tous ceux et toutes celles qui ont permis ce changement. Le magazine Zatopek fait clairement partie du lot. Donc merci.

Jérôme Larive

Silence, on court

Dans votre dernier numéro, vous faites l’apologie de la musique en courant. Or dans tous les clubs d’athlétisme que j’ai pu fréquenter, je n’ai jamais vu un spécialiste du sprint ou du demi-fond s’entraîner avec des écouteurs. La musique «dope» peut-être les coureurs du dimanche. Mais les vrais athlètes doivent rester concentrés sur leur course!

Notre réponse:

Nicolas Descours

Ce n’est probablement pas une question de niveau mais de type de séances. La musique peut aider lors d’un travail à intensité continue alors que, de l’avis général, elle est effectivement incompatible avec l’attention que requiert le fractionné. De plus, on n’entendrait pas les consignes… ou les cris de ceux qui veulent qu’on libère la corde.

Kilian Jornet mis à nu! Je tenais à féliciter Olivier Beaufays pour la qualité de l’article sur Kilian Jornet. Ca, c’est du journalisme! Complet, synthétique, efficace. On le lit et on a tout compris. Puis ça rassure aussi de voir à quel point ce garçon est humain, tout en étant en fait un extra-terrestre!

Bruno Heubi

Une forme inespérée J’ai 43 ans. La course a toujours fait partie de ma vie, que ce soit sur route ou dans les trails. Là, je sors d’une période de trois mois sans entraînement liée à l’accumulation d’événements déstabilisants: un enfant, un hiver rude, un gros coup de déprime. Au moment de la reprise, je m’attendais donc à galérer. Surprise! Mes sensations sont aussitôt revenues. Elles sont même meilleures qu’avant. Pensez-vous qu’on puisse mettre cette facilité sur le compte des sept kilos perdus durant cet intermède ou bien serait-ce une forme d’endurcissement après avoir traversé des vrais moments de souffrance? «Cela m’interpelle» comme on dit.

Pascal Motte

Notre réponse: Les deux, mon général. Le poids joue un rôle très important en course à pied. Par des rapides calculs, on peut ainsi estimer qu’un kilo de plus ou de moins se solde par une différence de 3 minutes à l’issue d’un marathon. Quant au sentiment de plus grande robustesse après une dépression, il découle de la prise de conscience que nos petites douleurs physiques pèsent peu finalement par rapport à celles plus existentielles qui touchent l’âme.

Allo Zatopek, icitte le Québec Juste pour vous dire qu’au Québec, les revues spécialisées de course à pied sont exclusivement américaines, donc souvent sans contenu scientifique très poussé! Depuis un an que je suis lectrice de votre revue, je l’emmène toujours avec moi de façon à la faire connaître à d’autres coureurs avec toujours le même constat: on se l’arrache, on en redemande. On veut une revue comme ça, qui parle aux coureurs des vraies affaires!

Rachel Paquette

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LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER IGO PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE. Le courrier doit être adressé à la rédaction du magazine Zatopek: info@zatopek.fr (pour la France) ou info@zatopek.be (pour la Belgique). On peut aussi se rendre sur notre site (www.zatopekmagazine.com) et poster sa question en cliquant d’abord sur l’onglet “vos réactions“ et puis sur “exprimez-vous“. Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de vingt ans. A 57 ans, il poursuit une carrière qui compte de nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne.

Détournement aérien Je voudrais faire évoluer ma façon de courir et passer d’une foulée terrienne à une foulée plus aérienne. J’ai fait quelques recherches sur le net pour trouver les bons évolutifs. A part la recommandation de faire des foulées bondissantes, je n’ai rien trouvé. Ingrid

Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses après trois ans de rubrique “Muse du Coach“. Vous y trouverez peut-être votre bonheur! www.zatopekmagazine.com

VOIR PARIS ET PUIS COURIR!

J’ai fait le marathon de Paris en 4 heures 30. Mais la veille, j’avais marché toute la journée pour visiter cette ville que je ne connaissais pas. Sans cela, je me dis que normalement, j’aurais pu descendre en-dessous de 4 heures, non? Et quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent combiner sport et tourisme? Renaud Notre réponse

Notre réponse

La plupart des athlètes ont une manière de courir qui s’est imposée naturellement à eux en fonction de leurs qualités musculaires certes, mais aussi de leur fragilité spécifique. Une personne qui souffre du genou par exemple aura tendance à réduire l’amplitude des oscillations du centre de gravité de façon à diminuer l’impact sur l’articulation en phase de réception. Bref, on ne décide pas vraiment. La nature le fait pour vous et, en général, elle ne se trompe pas. On peut néanmoins jouer sur l’écologie du geste, c’est-à-dire tout ce qui détermine le choix d’un style. Le conseil? Faites de l’entraînement fractionné et améliorez vos qualités de pied par des exercices techniques: pas de l’oie, pas d’allégresse, tape-fesses, skipping, pas chassés… et foulées bondissantes! 12 ZATOPEK_19

Avant une course, les représentants de l’élite ne pensent évidemment qu’à la performance. Mais les autres? Ce serait dommage en effet de ne pas profiter du voyage pour s’instruire un peu. Quant à savoir si une balade en ville coûte réellement une demi-heure à l’arrivée, nous sommes sceptiques. Les coureurs ont souvent tendance à exagérer l’importance des éléments perturbateurs. A écouter les confidences de certains à l’arrivée, on réalise qu’en soustrayant de leur chrono le temps qu’ils disent avoir perdu en bousculade au départ, les erreurs liées à une méconnaissance du parcours, la météo maussade (trop chaud ou trop froid), la mauvaise nuit de sommeil la veille de la course, les fatigues du voyage… ils auraient mis le record du monde en danger, c’est sûr!

FC Max contre FC Max Je viens de passer un test de fréquence cardiaque maximale lors duquel, je ne suis pas parvenu à dépasser 187 pulsations/minute. L’année passée, à la même époque, j’étais arrivé à 197. Est-il possible de perdre 10 battements en un an? Jim

Notre réponse

Non. On considère généralement qu’une fréquence cardiaque maximale diminue d’un battement par année. Chez le sportif qui continue d’entretenir cette capacité à pousser son organisme à fond, la baisse serait même plutôt d’un demi-battement par an. Une baisse de dix battements en un an indique plutôt une profonde fatigue parasympathique. Levez le pied pendant quelques semaines. Et recommencez le test.

La Muse du coach p.2

ZOOM_PHOTO DANS CHAQUE NUMÉRO, VINCENT ROUSSEAU COMMENTE UNE PHOTO. CETTE FOIS, IL PORTE LE REGARD SUR LES DEUX LEADERS DU DERNIER MARATHON DE BOSTON, DÉSORMAIS DÉTENTEURS DES DEUX CHRONOS LES PLUS RAPIDES DE L’HISTOIRE. A GAUCHE MOSES MOSOP (2H03’06). A DROITE GEOFFREY MUTAI (2H03’02).

_DE VINCENT ROUSSEAU

Après la course, les coureurs ont déclaré qu’il leur avait semblé que le vent n’était pas trop fort. Mais cette impression est souvent trompeuse. Eux-mêmes se déplacent à une vitesse de 20 kilomètres/heure. En course, on prend donc difficilement conscience d’une brise qui souffle dans le même sens et à la même vitesse. Jusqu’à 35 kilomètres/heure, on est bluffé. Il faut alors s’intéresser à des détails. La sueur par exemple. Lorsqu’on court avec le vent de face, elle s’évapore facilement et le visage reste sec. Lorsqu’on a le vent dans le dos, elle perle sur le front comme on le voit sur la photo. Moses Mosop ne comptait pas véritablement parmi les favoris. C’était son premier marathon et son palmarès sur piste ne comporte comme principal fait d’armes qu’une médaille de bronze aux championnats d’Helsinki en 2005. Ce jour-là, il n’est pas le seul à signer une performance exceptionnelle. Les 5 premiers du classement masculin battent leur record personnel. Même chose pour les 5 premières femmes. Le marathon de Boston compte parmi les plus anciens du monde. En 2011, il en était à sa 115ème édition. Personnellement, je ne l’ai jamais couru. Mais je connais la ville pour y avoir participé à des Mondiaux de cross. J’étais sous le charme. Boston ressemble peu aux autres grandes villes américaines. Elle possède un charme plus européen. Et puis les gens adorent la course à pied, là-bas. Lorsqu’on analyse les résultats de ce marathon, on est toujours frappé par la dispersion des chronos. En règle générale, ceux-ci sont moins bons que sur les autres grandes épreuves. Les meilleurs coureurs doivent s’attendre à perdre environ 1 minute et 15 secondes par rapport au parcours très rapide de Londres ou 30 à 40 secondes par rapport à Berlin. Normal! A Boston, la course est souvent balayée par un vent violent. De plus, sa seconde partie comporte plusieurs côtes. Toutefois, il arrive aussi que certaines éditions soient particulièrement rapides. Tous les dix ans environ, on bénéficie de la conjonction d’une température idéale, autour de 10 degrés, et d’un puissant vent dans le dos. Il faut savoir qu’à Boston le marathon se court pratiquement en ligne droite entre Hopkinton (le lieu de départ) et Boston (le lieu d’arrivée). On peut plus facilement bénéficier du vent que sur un parcours en boucle. Et cela fait une grande différence. On peut passer d’une vitesse de 2 minutes 55 secondes au kilomètre à 3 minutes 5 secondes, selon qu’on a le vent de dos ou de face. C’est très impressionnant. On voit que les deux coureurs ont gardé leurs chronos. Sans doute ne s’attendaient-ils pas à faire la course en tête car dans ce cas-là, il suffit de lire son temps sur le toit de la voiture de tête. 14 ZATOPEK_19

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Le Zoom p.2

SCIENCE_ENTRAINEMENT

LA FIN D’UN GRAND MYSTÈRE LES EFFORTS EN COURSE À PIED ET À VÉLO SE RESSEMBLENT BEAUCOUP. ALORS POURQUOI LES MEILLEURS MARATHONIENS DU MONDE NE REMPORTENT-ILS PAS AUSSI LE TOUR DE FRANCE? LA QUESTION PARAÎT SIMPLE. ELLE FAIT PARTIE DES PLUS COMPLEXES QU’ON PUISSE SE POSER EN PHYSIOLOGIE DE L’EFFORT. AVIS AUX COURAGEUX!

ans l’histoire du sport, on trouve un tas d’exemples de champions qui sont parvenus à briller dans deux disciplines différentes. Ce fut le cas pour l’Américain Roy Jones (boxe et basket), le Français Olivier Magne (rugby et ski) ou encore la Canadienne Clara Hugues (cyclisme et patinage de vitesse). Curieusement, on ne trouve pratiquement aucun transfert entre la course à pied et le cyclisme. A notre connaissance, la Française Edwige Pitel est probablement celle qui est parvenue à grimper le plus haut dans les deux hiérarchies. Elle faisait notamment partie de l’équipe de cross-country, championne d’Europe par équipes en 1996. Actuellement, elle mène toujours une car-

rière de cycliste professionnelle avec plusieurs titres de championne de France à la clé. Mais elle est quasiment la seule de cette catégorie. Or c’est très étonnant! A priori, les meilleurs coureurs possèdent toutes les qualités pour exceller aussi à vélo. Et vice versa. Pourtant, non, cela ne marche pas. On observe très peu de passages entre ces deux sports. Ni dans un sens, ni dans l’autre. Prenons l’exemple du cycliste américain Lance Armstrong. Et retrouvons-le lors de sa première retraite sportive qui fait suite à sa septième victoire dans le Tour de France en 2005. A l’époque, il dominait le cyclisme mondial de la tête et des épaules. Pour garder la forme, il décide de participer à trois marathons

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Science_EntraĂŽnement Dossier de 7 pages

CHANGEMENT_DE_CASQUETTES

LES COUREURS PARLENT AUX COUREURS PLUSIEURS CHAMPIONS CYCLISTES SE SONT LANCÉS SUR LE MARATHON OU LE TRAIL APRÈS AVOIR RACCROCHÉ LE VÉLO. RÉCITS ET TÉMOIGNAGES. Enquête réalisée par Eric Verschueren

LANCE ARMSTRONG 40 ANS 15 années de professionnalisme chez Motorola, Cofidis, US Postal, Discovery Channel, Astana et Radioshack – 7 victoires sur le Tour de France (de 1999 à 2005) + champion du monde en 1993 – Meilleur temps sur marathon: 2h46’43 (New York 2007) “Avant de mourir, je veux être l’ancien coureur professionnel le plus rapide sur marathon”. Voilà ce que disait l’ancien cycliste américain Lance Armstrong en 2010. Une fanfaronnade de plus? 19_ZATOPEK 23

Les coureurs parlent aux coureurs Dossier de 7 pages

A L’HEURE OÙ CHACUN SE SOUCIE DE DIMINUER SON BILAN CARBONE, NOUS NOUS SOMMES DEMANDÉ S’IL ÉTAIT BIEN SAGE DE CONTINUER À COURIR ET RÉCHAUFFER INUTILEMENT LA PLANÈTE. VOICI LE FRUIT DE NOS FUMEUSES COGITATIONS.

a double perspective du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources pétrolières n’a pas encore eu pour effet de nous faire changer radicalement de mode de vie: on continue de rouler en voiture ou de prendre l’avion. Du moins ceux qui en ont les moyens. En revanche, elle alimente toutes sortes de calculs où l’on cherche frénétiquement à mettre en relation l’actuelle gabegie énergétique et le poids de nos habitudes de vie. C’est ainsi qu’on a vu paraître des études étonnantes comme celle qui montre par exemple qu’un chien de compagnie produit chaque année davantage de gaz carbonique qu’un gros véhicule 4x4 (*). D’autres recherches ont marqué les esprits avec des équivalences surréalistes. On sait ainsi qu’il faudrait les ressources de 5 planètes pour que les (presque) 7 milliards d’individus qui peuplent la terre puissent vivre demain selon les standards de confort d’un Américain moyen. Chaque année, l’institut «Global Footprint Network» fixe aussi une date symbolique pour Arrête de courir, ça pollue!

CALCULEZ

LE MONDE_SELON KANT

VOTRE B

célébrer le jour où la terre a épuisé son quota annuel de ressources naturelles. A partir de ce jour, ces experts considèrent qu’elle a dépassé son «budget écologique» de l’année et qu’elle se met à vivre à crédit. En clair, ils traduisent le développement durable en une logique économique plus facile à comprendre. Bien sûr, la date fatidique (appelée «earth overshoot day») survient de plus en plus tôt dans l’année. En l’an 2001, c’était le 9 octobre. Dix ans plus tard, elle tombera vraisemblablement au début du mois d’août. Enfin, il existe toutes sortes d’équations pour convertir l’impact des grands événements populaires

en mesures plus évocatrices comme par exemple des hectares de forêt ravagés. En 2004, Andrea Collins, chercheuse à l’université de Cardiff avait ainsi évalué le coût énergétique de la finale de la Coupe d’Angleterre de football opposant Manchester United à Millwall. D’après ses calculs, les 73.000 spectateurs présents ce jour-là dans le stade avaient parcouru un total de 42 millions de kilomètres pour se rendre dans la capitale du Pays de Galles. Ils avaient ingurgité 36.500 hamburgers et produit 60 tonnes de déchets divers. Tout cela représentait les ressources de 3051 hectares de forêt. Pour un match de foot!

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E BILAN CARBONE Une démonstration à couper le souffle

L’avalanche de toutes ces données donne évidemment le bourdon. A la longue, on en arriverait presque à perdre l’envie d’entreprendre quoi que ce soit (un projet de construction, un voyage, un bébé) de peur d’être accusé de contribuer exagé-

Les hectares de Manchester dévastés

rément à la dégradation générale de l’environnement. Le mot d’ordre serait: que chacun reste chez soi et s’efforce de respirer avec parcimonie un air devenu tellement précieux. Et surtout pas de sport. Pensez donc! L’effort physique augmente la production de gaz carbonique dans l’atmosphère et participe à la fonte des glaces et à l’élévation du niveau des océans. Quel est véritablement son impact? Pour le savoir, nous nous sommes livrés à une série de calculs inspirés. Petit message à l’attention des lecteurs qui n’ont plus fait de chimie depuis longtemps et qui n’ont aucune envie de réveiller ces anciens souvenirs: ils sont dis-

pensés de la lecture des lignes suivantes. Que ceux-là nous rejoignent directement au prochain paragraphe. Pour les autres, voici comment nous avons procédé. Première étape, il nous fallait établir grossièrement la consommation d’oxygène d’un coureur par kilomètre parcouru. Depuis une cinquantaine d’années, plusieurs auteurs ont planché sur le sujet et ont enregistré les échanges gazeux chez des athlètes à plusieurs vitesses en marche et en course. Sur base de quoi ils ont établi un tas de formules prédictives de la consommation d’oxygène. Pour les besoins de la démonstration, nous avons retenu celle du chercheur 19_ZATOPEK 31

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Calculez votre bilan carbone Dossier de 5 pages

Passe par chez vous... I Cahier régional /02/ Ile-de-France /08/ Les pages de la Ligue Nord Pas-de-Calais d'Athlétisme /10/ Région Nord /11/ Région Nord-Est /12/ Région Nord-Ouest /14/ Région Sud-Ouest

Courir l’été Il y a les adeptes, ceux qui aiment se lever tôt pour profiter du soleil tant qu’il ne tape pas trop et qui utilisent mille petits trucs pour ne pas souffrir de la chaleur et puis il y a les autres, ceux qui raccrochent les baskets en attendant que le frais revienne. Pour les 1ers, voici quelques courses à faire près de chez soi ou, mieux encore, en vacances. Car il faut savoir que même si les mois d’été ne sont pas ceux les plus fournis en nombre de courses, on a quand même largement le choix (pas moins de 85 courses en Provence-Alpes-Côte d’Azur par exemple sur les 2 mois d’été). Et pour la 2nde catégorie, pourquoi ne pas se fixer un objectif sur septembre ou octobre ? Ça aidera à garder juste ce qu’il faut d’entraînement en juillet et en août... Un parcours en forêt ou les pieds dans l’eau et le tour est joué.

À vos bouteilles !

Sophie SARTET Rédactrice en chef

/16/ Région Sud-Est /20/ Un peu plus loin... /22/ La Loco du moment /23/ Le Dossier de Volodalen

Ce trimestre avec Volodalen

marathon de Paris le bilan...

que ViVe la Pasta Party

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Ils ont tous terminé leur 42,195 km, analyse détaillée des résultats...

FranCis a dit !

Des pâtes, oui... mais Dossier spécial c'est surtout une histoire pages 23 et 24 de sucre.

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Zatopek n° 19 I août / septembre / octobre 2011

La Locomotive 24 pages d'actualitĂŠs courses dans les rĂŠgions

_ENQUÊTE

RÉSERVÉ AUX FEMMES! D’OÙ VIENT L’EXTRAORDINAIRE SUCCÈS DES COURSES RÉSERVÉES EXCLUSIVEMENT AUX FEMMES? Enquête réalisée par Olivier Beaufays

es courses uniquement féminines n’ont rien d’une grande nouveauté. On en organisait déjà au Moyen-âge. Seulement, à cette époque, elles réunissaient surtout des femmes de petite vertu, des «filles de remparts», disait-on, prêtes à tous les sacrifices pour gagner une volaille ou un rouleau de drap. Le profil des coureuses actuelles est assez différent. Elles viennent entre copines. Parfois en famille. Dans leurs rangs, on trouve autant d’habituées que de débutantes. Et surtout, elles sont très nombreuses! La mode a pris en Europe du Nord à la fin des années 80. Elle s’est propagée en France avec l’organisation de

la première «Parisienne» en 1997. Chose étonnante: c’est un homme qui se trouve à l’origine du projet, Patrick Aknin, directeur pendant dix ans du marathon de Paris mais aussi responsable des courses hors-stade lors des championnats du monde à Paris en 2003. Sa motivation? «Je trouvais que les performances féminines étaient trop souvent ignorées des médias», explique-t-il aujourd’hui. Elles étaient 1500 en 1997; elles seront 25.000 à prendre le départ en septembre. Ce succès inouï a inspiré la mise en place de beaucoup d’autres épreuves réservées aux femmes: l’Amiénoise, la Rochambelle, Courir pour Elles 19_ZATOPEK 35

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Enquête : Réservé aux femmes Dossier de 7 pages

ULTRA_ENDURANCE

ARRACHEZ-LES

SI VOUS VOULEZ! SUR LONGUES DISTANCES, LES ONGLES DES ORTEILS POSENT SOUVENT PROBLÈME. ILS SE FENDILLENT, ILS SAIGNENT, ILS TOMBENT. AUX ETATS-UNIS, CERTAINS TRAILERS ONT OPTÉ POUR LA SOLUTION EXTRÊME QUI CONSISTE À SE LES FAIRE ARRACHER. PUREMENT ET SIMPLEMENT.

e toutes les douleurs répertoriées en course à pied, celles que suscitent les lésions au niveau des ongles comptent parmi les plus fréquentes et les plus pénibles à supporter. Elles surviennent surtout lors des trails et plus précisément encore lors de ces longues courses en descente lorsque le pied «tape» sur l’avant de la chaussure. A la longue, il arrive que l’ongle du gros orteil soit littéralement décroché de la peau sous la poussée d’un hématome sousunguéal. C’est gênant et, avouons-le, un peu ridicule. Ce n’est pas le genre de blessure qu’on arbore avec fierté comme un étendard de sa vaillance. En général, on se contente de souffrir en silence pour ne pas hériter d’une réputation de chochotte.

Mon ongle d’Amérique

Certains se reconnaîtront dans les affres de cette introduction, notamment ceux qui sont victimes de ce problème de façon récurrente. Que faire? Il n’existe malheureusement pas de recette miracle. On peut essayer différents types de chaussures, de chaussettes, des crèmes, des bandages, des pommades, des bains de pied. Rien ne marche vraiment. En désespoir de cause, certains trailers étatsuniens ont donc choisi la solution la plus radicale: celle de l’extraction. Ils se rendent chez le médecin et lui confient la charge d’enlever ces ongles tyranniques. Pour se faire une idée de ce que ce type d’opération représente vraiment, rendez-vous sur le site internet

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Ultra_Endurance Dossier de 3 pages

DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT

GLOIRE AUX

BETTERAVES LA DIÉTÉTIQUE EST DÉCIDÉMENT PLEINE DE SURPRISES. VOILÀ QU’ELLE PLACE UN LÉGUME SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE SPORTIVE: LA BETTERAVE ROUGE!

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ans un précédent numéro de Zatopek, nous avions déjà évoqué l’engouement déclenché par la betterave rouge dans la communauté des coureurs à pied (*). Est-ce sa couleur sang qui inspire les consommateurs? Pas du tout! La betterave est surtout recherchée pour ses hautes teneurs en nitrates, un composé qui présente de nombreux avantages en matière de production d’énergie. Nous verrons cela plus loin. Pour l’heure, notons simplement que cette racine n’est pas le seul légume à afficher des concentrations aussi élevées (de l’ordre de 2500 milligrammes de nitrates par kilo). Elle partage ce privilège avec le céleri, la laitue, les épinards ou les radis. Alors pourquoi ce traitement de faveur? Pour une raison toute simple. Il faut ingérer entre 300 et 500 milligrammes de nitrates par jour pour obtenir un effet significatif sur la performance. Cela fait +/- 200 grammes de légumes, soit une grosse platée que beaucoup de sportifs n’auront l’envie ni de se préparer, ni de manger. Par rapport à ses congénères, la betterave offre cependant l’atout de pouvoir être

consommée sous forme de jus. Voilà le secret de sa réussite! Désormais les spécialistes recommandent de boire environ 1/2 litre de jus par jour. Parfois un peu plus, parfois un peu moins. Car le contenu en nitrates varie selon le site de production et le moment de la récolte. On conseille aussi de l’avaler à petites goulées en lui laissant le temps de macérer dans la cavité buccale, un peu comme si vous dégustiez un grand cru, bien que ça n’en ait vraiment pas le goût!

A déguster avec sagesse

Les premières recherches scientifiques vantant les bienfaits des nitrates datent d’il y a 2 ou 3 ans à peine. Elles montraient un effet positif sur la performance lors d’exercices allant de quelques minutes à plusieurs heures. Pour le coureur à pied, la gamme des distances sur lesquelles le jus de betterave serait efficace s’étend donc du 800 mètres jusqu’au marathon. D’après ces études, une seule prise de nitrates permet déjà d’améliorer la performance de 2 à 3% (1). Mais on peut reculer le seuil de fatigue de 10 à 15% après une supplémentation d’une semaine (2). Comment

La première boisson au classement ATP!

agissent-ils? Grâce à un article publié récemment dans la prestigieuse revue Cell Metabolism, on le sait un peu mieux aujourd’hui (3). Première phase, les nitrates (NO3-) doivent se transformer en nitrites (NO2-) dans la bouche sous l’action d’enzymes salivaires. D’où cette recomman-

LE SAVIEZ-VOUS?

Une racine qui donne des ailes

LES MITOCHONDRIES SONT DES ORGANITES SPHÉRIQUES QUI JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL DANS LA PRODUCTION D’ÉNERGIE AU NIVEAU DE LA CELLULE. IL LEUR REVIENT EN EFFET DE SYNTHÉTISER L’ADÉNOSINE TRIPHOSPHATE (ATP) INDISPENSABLE AUX MÉCANISMES DE CONTRACTION. POUR LES COUREURS À PIED, LA PRODUCTION D’ATP EST L’UN DES PRINCIPAUX FACTEURS LIMITANTS DE LA PERFORMANCE SPORTIVE SUR TOUTES LES DISTANCES À PARTIR DU 800 MÈTRES. 19_ZATOPEK 47

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Des chercheurs qui cherchent Dossier de 4 pages

CONSEILS_SANTÉ

POURQUOI MA FEMME EST

GROSSE! PARDON POUR LE TITRE À TOUS LES LECTEURS QUE CELA CHOQUE. PARDON SURTOUT À MA FEMME! MAIS NON, CHÉRIE, TU N’ES PAS GROSSE. D’AILLEURS L’ARTICLE AURAIT TRÈS BIEN PU S’INTITULER: «POURQUOI MON MARI EST OBÈSE». IL ÉVOQUE DE FAÇON TRÈS SÉRIEUSE LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR LE CONJOINT NON SPORTIF D’UN COUREUR À PIED OU D’UNE COUREUSE À PIED AU MOMENT DE PASSER À TABLE! 50 ZATOPEK_19

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force de vivre ensemble, les couples finissent par se ressembler. C’est bien normal! Le partage des mêmes conditions de vie joue sur les apparences: ceux qui vivent au soleil sont plus bronzés, ceux qui habitent près d’un aéroport ont plus de cernes, ceux qui lisent beaucoup portent des lunettes. Et ainsi de suite. Parfois les similarités débordent même sur des terrains où, a priori, on ne les attendait pas. La santé par exemple. En 2002, une superbe étude paraissant dans le British Medical Journal démontrait qu’au sein des couples, les maris et les femmes développaient souvent les mêmes pathologies: maux de ventre, fatigue anormale, céphalées, lombalgies. Tout se passe comme si le choix de ces symptômes se faisait dans une sorte de répertoire familial commun sans qu’on puisse distinguer clairement la part des influences environnementales et culturelles. Car l’un et l’autre jouent certainement un rôle. On comprend que les deux membres d’un couple qui habitent une même maison insalubre soient l’un comme l’autre atteints des

Pour le meilleur et pour le pire

L’AMOUR, C’EST PRENDRE LES MÊMES REPAS, DANS LES MÊMES QUANTITÉS! mêmes maladies. Mais cela ne suffit pas à tout expliquer. Il arrive effectivement que celles-ci surviennent sans raison apparente par un phénomène très étonnant d’appropriation du malheur de l’autre de nature purement psychosomatique.

Je mange comme toi, tu manges comme moi

Ce mimétisme existe aussi au moment de passer à table. On a découvert en effet que la prise de calories dépendait beaucoup des habitudes de ceux avec qui on partage ses repas. Au Moyen-âge déjà, cette constatation avait étonné les membres du clergé. A l’époque, ils avaient remarqué que les jeûnes répétés du christianisme (jusqu’à 150 jours par an) n’avaient pas le même impact sur les curés replets que sur les moines étiques. Explication? Les premiers vivaient au contact des populations. Ils mangeaient donc comme leurs ouailles et ripaillaient même les jours de fête, tandis que les seconds restaient soumis aux sévères règles monastiques tout au long de l’année. Bref, la quantité de nourriture qu’on ingurgite dépend beaucoup de l’ambiance autour des repas et du profil de ceux et celles avec qui on les partage. Ce serait même une caractéristique commune à l’ensemble du monde animal. 19_ZATOPEK 51

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Conseil_SantĂŠ Dossier de 4 pages

LIVRE_

L’ETHIOPIEN AYANLEH MAKEDA EST CHAMPION OLYMPIQUE DE MARATHON DEPUIS SA VICTOIRE AUX JEUX D’ATHÈNES EN 2004. IL A RÉCIDIVÉ À PÉKIN QUATRE ANS PLUS TARD AVANT D’ÊTRE DISQUALIFIÉ POUR DOPAGE ET DISPARAÎTRE DE LA CIRCULATION. SI VOUS VOULEZ DES NOUVELLES, LISEZ LE ROMAN DE JEAN HATZFELD OÙ EN EST LA NUIT?

AYANLEH MAKEDA

LE CHAMPION OLYMPIQUE DU MARATHON QUI N’EXISTE PAS 54 ZATOPEK_19

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ean Hatzfeld est un ancien journaliste sportif à Libération, devenu reporter de guerre dans les années 80 et désormais écrivain. Il vient de publier son troisième roman. Ou peut-être faudrait-il présenter ce livre comme une sorte de carnet de route tenu par un journaliste fictionnel, Frédéric, qui relate ses rencontres avec une série de personnages étonnants qui tous ont gravité dans l’entourage d’un ancien champion de marathon tombé en disgrâce: Ayanleh Makeda. Il n’y a pas véritablement d’intrigue, très peu d’interaction entre les personnages, mais certains passages font mouche, surtout ceux où transparaît l’attachement sincère et véritable de l’auteur pour le sport en général et la course à pied, en particulier.

couvrir une guerre pendant la journée et lire la presse sportive le soir, ou téléphoner à ses enfants pour savoir s’ils ont bien travaillé à l’école. IL Y A DE QUOI ÊTRE TROUBLÉ TOUT DE MÊME PAR L’INCROYABLE VOLATILITÉ DES PASSIONS HUMAINES ET CETTE GYMNASTIQUE PERPÉTUELLE À LAQUELLE SE LIVRENT LES MÉDIAS POUR METTRE EN PARALLÈLE, PRESQUE SUR PIED D’ÉGALITÉ, DES ÉVÉNEMENTS DRAMATIQUES COMME LES GUERRES OU LES CATASTROPHES NATURELLES ET D’AUTRES BEAUCOUP PLUS FUTILES, NOTAMMENT TOUT CE QUI EST LIÉ AUX COMPÉTITIONS SPORTIVES.

LORSQU’IL EST EN MISSION PARTOUT DANS LE MONDE, LE JOURNALISTE FRÉDÉRIC LIT LA PRESSE EN COMMENÇANT PAR LES PAGES SPORTIVES. EST-CE ÉGALEMENT VOTRE HABITUDE?

Oui, c’est vrai. Partout où je voyage, j’essaye de me tenir au courant de l’actualité sportive. Parfois même de manière un peu obsessionnelle et abrutie, je le reconnais très volontiers. D’autant qu’autrefois, ce genre d’information n’était pas très accessible. Aujourd’hui, avec Internet, c’est beaucoup plus facile. C’EST UN PEU ÉTONNANT DE LA PART D’UN GRAND REPORTER QUI, PAR SON MÉTIER, SE TROUVE SOUVENT PLONGÉ AU CŒUR DE SITUATIONS TRAGIQUES. QU’EST-CE QU’UN MARATHON FACE À L’EXPLOSION DE LA CENTRALE DE FUKUSHIMA?

La profession de journaliste ne fait pas de vous un sauveur de l’humanité. Le journaliste n’est pas là pour arrêter les guerres. Ni pour les déclencher, du reste. En cas d’accident nucléaire, il ne lui revient pas de réparer la fissure du réacteur ou de couler par-dessus une chape de béton. Un journaliste, c’est quelqu’un qui passe et qui raconte. C’est tout! Bien sûr, il arrive que l’on soit bouleversé par ce qu’il nous est donné de voir. Certains ne s’en remettent jamais. On a vu des journalistes revenir du Vietnam complètement alcooliques. D’autres se tournent vers l’activisme, le militantisme ou l’engagement de type sacer sacerdotal ce qui, effectivement, ne laisse pas de place aux autres passions. Personnellement, j’ai toujours essayé de garder une certaine distance entre moi et mon travail. Donc, oui, on peut

Il arrive qu’on soit déstabilisé par certaines situations. Personnellement, j’ai traversé beaucoup de conflits: le Liban, le Congo, et surtout la Bosnie où je suis resté pendant deux ans et demi. Certains épisodes de cette guerre ont été incroyablement intenses: le massacre de Srebrenica ou le siège de Vukovar qui a duré 87 jours. Dans ces moments-là, effectivement, il paraît impensable de prêter attention au sport. Puis le temps passe. On revient à une normalité et, petit à petit, l’actualité sportive reprend sa place. Alors, bien sûr, elle est futile. Surtout pour moi qui m’intéresse au sport de façon non partisane. Je ne suis fan d’aucune équipe. Je ne suis le supporter d’aucun champion. Ces infos n’ont aucun impact sur moi. Je me contente de regarder le sport, de lire les rubriques sportives des journaux. Je trouve cela reposant. Même dans les moments dramatiques. Peut-être même surtout dans les moments dramatiques… VOUS VOULEZ DIRE QU’ON PEUT ÊTRE SÉDUIT PAR LE CONTRASTE DES SITUATIONS ET QU’ON PEUT TROUVER DU CHARME À LIRE SOUS LES BOMBES LE RÉCIT D’UNE ÉTAPE DU TOUR DE FRANCE.

Exactement! C’est une lecture un peu bête, un peu inutile. On se lave la 19_ZATOPEK 55

Livre Dossier de 5 pages

BANDE_DESSINÉE

FANNY ET SON CONTRAIRE LE PORTRAIT DE FANNY BLANKERS-KOEN POSE DILEMME. FAUT-IL RACONTER L’HISTOIRE OU LA LÉGENDE? IRONIE DE LA CHOSE: LE PLUS CRUEL DE TOUS CES DILEMMES S’APPELLE PRÉCISÉMENT FOEKJE DILLEMA!

a plupart de ceux qui se sont intéressés à la vie de Fanny Blankers-Koen insistent certes sur son extraordinaire talent athlétique, mais aussi sur la force morale qu’il lui a fallu pour briser les convenances de son époque, selon lesquelles une mère de famille qui se respecte ne devait surtout pas se livrer à de vulgaires compétitions sportives. Ses biographes ont tout à fait raison. A sa manière, la “ménagère volante” a contribué à mettre sur les rails le mouvement d’émancipation féminine qui devait marquer les décennies suivantes. Même si Fanny Blankers-Koen a toujours cherché à minimiser son influence. “Qu’ai-je fait sinon courir?”, disait-elle lorsqu’on la présentait comme l’une des grandes personnalités du siècle. On rapporte aussi des échanges emprunts d’une grande humilité comme aux Jeux de Munich

en 1972 lorsqu’elle s’étonne que le grand Jesse Owens l’ait reconnue dans la foule de ses admiratrices. Plus récemment encore, lors d’une cérémonie organisée à Monaco en 1999, elle se déclare tout à fait surprise d’être accueillie par une haie d’honneur for formée des meilleurs athlètes du monde: Maurice Greene, Cathy Freeman, Edwin Moses ou encore Maria Mutola. “Il me connaissent?”, demande-t-elle avec un brin de coquetterie. A moins bien sûr que l’Alzheimer naissant qui devait l’emporter quelques années plus tard lui ait momentanément sorti de l’esprit qu’elle se trouvait précisément là, car elle venait en effet d’être désignée comme “athlète féminine du siècle” à l’instar de Carl Lewis chez les hommes. Ce portrait plein de tendresse et de réserve correspond sûrement à une réalité. Mais d’autres lectures de sa vie sont évidemment possibles. Dans une biographie parue quelques mois avant sa mort, le jour journaliste hollandais Kees Kooman décrit un personnage assez différent, celui d’une femme ambitieuse, exigeante et egocentrique qui exprimait très dif difficilement ses sentiments, notamment envers ses enfants, et qui manifestait particulièrement peu de pitié pour tous ceux qui se dressaient en travers de sa route. Ce fut notamment le sort réservé à Foekje Dillema. Lorsque celle-ci s’adjuge, le 18 juin 1950, le record du monde du 200 mètres jusque-là détenu par Blankers-Koen, elle signe pratiquement son arrêt de mort. Le couple Blankers-Koen exige en effet qu’elle soit soumise à un test de détermination de genre, masculin ou féminin, à l’issue duquel on ne lui dira rien jusqu’au jour où on l’exclut

du train qui emmène l’équipe batave pour une compétition en France. Foekje Dillema est laissée seule sur le quai de la gare d’Hilversum dans l’état désemparé que l’on imagine. A l’issue de cette épreuve douloureuse, elle restera deux ans sans sortir de chez elle. Plus jamais, elle ne refera de sport et jusqu’à la fin de sa vie, elle refusait même que l’on évoque cet épisode en sa présence, tant ce souvenir était resté douloureux. Ce n’est qu’après sa mort, en décembre 2007, que l’on put à nouveau enquêter sur le sujet. Des analyses génétiques sur base de cheveux retrouvés sur de vieux vêtements aboutirent à l’innocenter totalement. Dillema souffrait vraisemblablement d’une forme rare d’hermaphrodisme qui n’aurait pas dû lui valoir de sanctions. Les règles récentes émises par l’IAAF (Fédération Internationale d’Athlétisme) pour distinguer les sexes ne reposent plus sur un examen gynécologique comme dans les années 50 ni même sur un dépistage génétique. On mesure simplement les taux de testostérone. Le cas échéant, on peut préconiser un traitement hormonal pour corriger les aberrations. Mais sans exclure des athlètes qui ne se rendent coupables d’aucune effraction comme ce fut récemment le cas pour l’athlète sud-africaine Caster Semenya. Consciente d’avoir commis une injustice, la fédération hollandaise adressa officiellement des excuses à la famille Dillema et Foekje s’est vue réattribuer son record personnel à titre posthume: 24,1 secondes! Il nous semblait juste qu’elle partage dans ces pages un peu de la formidable célébrité de Fanny Blankers-Koen. Gilles Goetghebuer

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BD - 4 pages

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