zatopekmagazine.com
Edition
France
Zatopek
N°25 - trimestriel - février - mars - avril 2013 - France - 5.50 €
Le 1
er
Magazine Running & Santé de votre Région
Entraînement par intervalles
Construisez vos séances vous-même !
Insolite
Rencontre avec un curé-coureur
Test
Pourriez-vous entrer dans la mystérieuse confrérie des MQSA ?
LA COURSE À PIED FAIT-ELLE
MAIGRIR ? Une réponse surprenante en page 22
L 16992 - 25 - F: 5,50 € - RD
Cancer du sein
Jogging contre mammotest
L’actu courses de votre région
St Witz, Sénart, Rando Muco, TUV, Trail des Marcaires...
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www.coyote.be
ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tél: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 334 32 80 26 83 (France/Suisse), 001 819 571 9454 (Québec) et 0032 2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME Denis Thiry denis@perfecto.be REDACTEUR EN CHEF DU MAGAZINE Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, Fanny Borius, Aurore Braconnier, Alain Philippe Coltier, Louise Deldicque, Marc Francaux, Anne-Sophie Girault, Roger Igo, Anna Muratore, Myriam Paquette, Fabian Paulus, Palix, Vincent Rousseau, Naïm Schneyders. CREDITS PHOTOS Ranulph Fiennes:13; Petzl/Lafouche:4; P.Masclaux:5; Shaw Robertson:7; Newspower:18; Image Globe:29; Stefcande.com/Red Bull Content Pool:31; George Herringshaw:32,35; Ventilo/ Touhid Loudin:35; carlosgardel/Fotolia.com:38; Mickael Pouvreau/Fotolia.com:41; Meikesen/Fotolia.com:41; New Wave image bank:46; Fidal:46; Orgen States University:48; Siemens medical:51; Anne-Sophie Girault:54,55; René Pichon:55; Brigitte Crespo:56; Scott Markewitz/Salomon:58; Palix:60,61,62,63,64,65,66; Dumas/DR: 19,20,2 1,22,23,25,26,28,30,31,44,45,47,50 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 473 93 41 28 Tél: 00 352 26 90 86 69 Fax: 00 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France et la Suisse: Zatopek Email: pub@zatopekmagazine.com 213, Avenue Paul de Vivie 84210 Pernes-Les-Fontaines – France Tél: 00 334 32 80 26 83 Pour le Québec: Tél : 001 819 571 9454 Mathieu Poirier mathieu@zatopekmagazine.com COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tél: 02 555 02 11 Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 00 352 499 888 306 France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tél: 04 74 82 39 56 Trimestriel Février, Mars, Avril 2013 N° ISSN 1783-4104 La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite
SOMMAIRE_
EDITORIAL
D
ans ce numéro de Zatopek, vous trouverez des articles sur le vieillissement («La confrérie des MQSA», page 18), sur le surpoids («La course à pied fait-elle maigrir?», page 22) sur les baisses de forme («Une très mauvaise habitude», page 44) et même sur les maladies («Au nom de tous les seins», page 50). Un numéro très chouette, vous verrez. Car il démontre que l’on peut tout à fait traverser ces épreuves sereinement, à condition d’avoir la foi comme le père Pichon («Dieu, mon neveu et mes baskets» page 54) et une bonne condition physique («L’EPI Mode d’emploi», page 38). Voilà le programme avec, en guise de préambule, ce sujet de réflexion: le sport doit-il être médicalisé? Aujourd’hui, plus personne ne doute des vertus thérapeutiques de l’activité physique. C’est tellement vrai que des caisses d’assurance maladie réfléchissent désormais à l’opportunité de rembourser sa pratique au même titre que l’achat de médicaments parfois plus dangereux et moins efficaces que lui. En levant les freins économiques, on espère favoriser son expansion dans toutes les couches de la société. C’est possible. Mais la démarche comporte aussi certains dangers. Le cas échéant, qu’opposera-t-on aux réticences de trois types exposées ci-dessous? 1/ Si on rembourse tout ce qui fait du bien à la santé, on n’est pas sorti de l’auberge! Tôt ou tard, la caisse maladie devra aussi s’acquitter des dépenses liées à l’entretien des animaux de compagnie qui permettent, c’est bien connu, de vivre plus sereinement sa vieillesse, ou même des prostitués des deux sexes puisqu’on a démontré que la fréquence des rapports amoureux était inversement proportionnelle à la survenue de maladies telles les cancers, infarctus et dépressions. 2/ Le remboursement des séances sportives revient à enclencher un engrenage dont on ne sait pas à terme ce qu’il peut produire, le risque étant qu’on commence par encourager la pratique sportive, puis qu’on enchaîne en sanctionnant l’oisiveté. On aboutirait alors à un monde où chacun devrait faire ses pompes et ses kilomètres sous l’œil inquisiteur d’une sorte de Big Brother de la forme. Non merci! 3/ Enfin, il n’est pas sûr que la santé elle-même ait beaucoup à gagner à cette mise du sport sous tutelle. Le fait qu’on le pratique de façon librement consentie, sans pression d’aucune sorte, et même qu’on paye pour cela, contribue sûrement à l’efficacité du programme. Voilà qui fait penser à la théorie de Freud selon laquelle les honoraires du psy font déjà partie de la thérapie. Certes, on peut se montrer sceptique sur l’héritage du grand homme qui a tellement bidouillé ses cas cliniques qu’on ne devrait à l’avenir prononcer son nom qu’à l’allemande («fraude»). Mais cette réflexion précise est intéressante. La démarche qui nous mène à faire du sport n’est-elle pas aussi importante que le sport lui-même? Ah-ah! Voilà un numéro qui commence fort. Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef
04_AJOUTEZ À MON PANIER
Tout ce qu’il faut pour courir à la page
10_COURRIER DES LECTEURS
La parole est à vous
12_LA MUSE DU COACH
Posez vos questions à l’entraîneur
14_ZOOM
Vincent Rousseau décrypte une image
16_CULTURE-CLUB
Les nouveaux livres
LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un cahier régional placé au centre du magazine
18_BANC D’ESSAI
Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com Eric Cornu eric@zatopekmagazine.com Jérôme Jacot jejacot@yahoo.fr Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com
22_ POLEMIQUE
Etes-vous MQSA? La course à pied fait-elle maigrir?
Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com Rédacteur Québec: Mathieu Poirier mathieu@zatopekmagazine.com Conception et graphisme France/Suisse: Attr’Action info@attr-action.com
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ATTENTION
28_ TEMOIGNAGES
Ceux qui ont maigri Ceux qui n’y arrivent pas
34_ MACADAM PEOPLE
Zebda nous revient en pleine forme
38_ ENTRAINEMENT PAR INTERVALLES
Comment concocter ses séances
44_ DES CHERCHEURS QUI CHERCHENT
Pour ou contre les antioxydants
50_ CONSEILS SANTE
Jogging contre mammotest
54_ RENCONTRE
Un curé pas comme les autres
60_BD Melpomène et Stamathia, les pionnières du marathon
Ne ratez pas notre supplément à détacher au centre du magazine.
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AJOUTEZ_À MON PANIER CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS, VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays
PETZL E+LITE Une bonne étoile Grâce au bandeau enrouleur, cette lampe de petite taille (5 centimètres) et d’un poids modique (27 grammes) se glisse facilement dans la poche d’un vêtement ou dans le fond d’un sac. On n’y pensera plus. Sauf en cas de pépin. Sa lumière blanche permet de voir distinctement jusqu’à 30 mètres. Elle est également équipée d’une ampoule Led de couleur rouge qui vous rend repérable à 300 mètres. Allumée, son autonomie dépasse les 30 heures. Eteinte, elle reste opérationnelle pendant près de dix ans!
www.petzl.com
BON ANNIVERSAIRE
SAUCONY VIRRATA Les impossibles fiançailles
En 1973, Fernand Petzl confectionnait sa première lampe frontale avec système d’allumage piézoélectrique. Cela fait tout juste 40 ans! Au début, la production visait surtout les spéléologues et les alpinistes. Aujourd’hui, la marque française est aussi leader européen sur le marché du trail. Partenaire depuis la première édition de l’UTMB en 2003, elle propose une assistance technique en différents endroits du parcours si, par malheur, des coureurs sont victimes d’une extinction de feux.
www.saucony.com
En finnois, «virrata» signifie «fluidité». Tout est dit! Avec un drop nul (*) et une semelle de 18 millimètres d’épaisseur extrêmement flexible, cette chaussure réussit l’exploit de concilier l’inconciliable: l’impression de liberté et la sensation de sécurité.
QUI SE CACHE SOUS CE CASQUE?
Réponse Il s’agit de Lolo Jones. La double championne du monde en salle du 60 mètres haies a décidé de participer à la Coupe du monde de bobsleigh à deux. Elle fait équipe avec Jazmine Fenlator et cela marche! Le duo vient de décrocher une deuxième place dans l’épreuve de Lake Placid. Rendezvous à Sotchi!
PHOTO-MYSTÈRE
(*) Le drop définit l’écart de hauteur de la semelle entre le talon et la pointe.
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AJOUTEZ_À MON PANIER 5 Pages
COURRIER_DES LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France: 213 avenue Paul de Vivie, 84210 Pernes-les-Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere, 1180 Bruxelles
Une question de bon sens
Sacré dollar
Pourquoi court-on dans le sens inverse des aiguilles d’une montre sur une piste d’athlétisme?
Federico Resmini
Notre réponse:
En lisant Born to Run dans sa version française, j’ai découvert que les Indiens Tarahumaras consommaient une boisson à base de graines de Chia aux propriétés renseignées comme extraordinaires. Ne serait-ce pas une bonne idée de consacrer un article à cette denrée peut-être dans un prochain numéro?
Gilles Wilmart
Notre réponse: Les plantations de Chia ont connu le même sort que celles d’Amarante (voir page 5). Ces céréales formaient la base de l’alimentation à l’époque précolombienne. Puis elles furent interdites par les Conquistadors et on redécouvre aujourd’hui leurs vertus roboratives. Nous reviendrons sur le sujet. Promis!
Harry Vintcent
Juste pour rougir un peu Bravo pour la qualité de votre magazine dont j’attends la parution avec avidité et que je dévore avec gourmandise: thèmes intéressants, qualité et variété des articles, bande dessinée attrayante. Je lis même les encarts publicitaires!
Gérard Pennec,
heureux centbornard sexagénaire
ERRATUM Dans le précédent numéro, l’article sur les ampoules électriques et leurs caractéristiques plus ou moins écologiques donnait la parole à une représentante de la marque Petzl. Seulement, il ne s’agissait pas de Stéphanie Bodet comme renseigné par malheur dans le texte, mais de Stéphanie Chancelade, responsableproduits au sein de la société. En fait, Stéphanie Bodet est le nom de l’alpiniste sur la photo.
Création : Typographicarts.ch – Alexandre Schneiter
Graines de champions
Je vous félicite d’avoir appelé votre magazine «Zatopek» et tenais de ce fait à vous raconter une anecdote tout à fait révélatrice de la générosité de celui qui vous a inspiré ce titre. C’était en 1979. Cette année-là, je participais au Marathon de New York aux côtés de plus de 11.000 autres coureurs. Nous étions réunis à la fameuse «Tavern on the Green» située dans Central Park pour un petit-déjeuner gratuit, lorsque je reconnus Emil Zatopek qui avait été invité par l’organisation. Comme j’étais un fervent admirateur, je lui ai demandé un autographe. Problème. Ni lui ni moi n’avions un bout de papier. Qu’à cela le tienne! Il a sorti de son portefeuille un billet d’un dollar, qu’il a signé devant moi avant de m’en faire cadeau. Un souvenir et un billet qui, trente-trois ans plus tard, valent à mes yeux non pas un, mais des millions de dollars!
Création : Typographicarts.ch – Alexandre Schneiter
Les explications foisonnent. La première repose sur le fait que ce que l’on appelle l’ère moderne du sport a vu le jour en Angleterre dans la seconde moitié du XIXe siècle. Pour choisir un sens de rotation, ces pionniers se seraient logiquement inspirés du code de la route en vigueur dans le pays où, comme chacun sait, on roule à gauche et on dépasse par la droite. D’autres spécialistes prétendent que la coutume est héritée des hippodromes où furent organisées les premières épreuves de cross country réservées aux humains. Or la plupart de ces pistes virent à gauche, ce qui convient mieux aux pur-sang qui galopent souvent «à gauche» en ligne droite, ce qui signifie que leur antérieur gauche est le dernier à quitter le sol. En tournant dans l’autre sens, ils auraient été obligés soit de changer de pied, soit de galoper «à faux». Or la plupart des chevaux n’aiment pas beaucoup cela. La question suivante qui se pose est évidemment: «pourquoi les chevaux galopent-ils à gauche?» En l’occurrence, cela leur viendrait d’une position le plus souvent repliée sur leur côté gauche dans le ventre de la mère afin de protéger le cœur et les artères des contraintes en étirements au cours de la croissance. Ouf, nous y sommes! Notez que cette explication ne convainc pas tout le monde. Au hasard des lectures, on en trouve d’autres qui sont d’ordre physiologique. Le cœur à gauche subirait moins violemment les forces d’inertie. Stupide! On dit aussi que la force supérieure de la jambe droite rend le virage à gauche plus facile à négocier. Là, c’est crédible. D’ailleurs on dévie très souvent sur sa gauche lors des longues marches. Parfois même, on revient ainsi sur ses propres pas comme les Dupond et Dupont dans le désert. Notez enfin qu’aux premiers temps du sport moderne, la question du sens de la course s’est posée. Lors des Jeux d’Athènes en 1896, les athlètes couraient dans le sens des aiguilles d’une montre à l’inverse d’aujourd’hui; et ce n’est qu’en 1913 que, dans sa règle 163.1, la fédération internationale (IAAF) a définitivement fixé la rotation telle qu’on la connaît aujourd’hui. A l’époque, l’organisation était présidée par le Suédois Sigfrid Edström et on roulait encore à gauche en Suède!
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LA MUSE_DU COACH ENVOYEZ-NOUS VOS QUESTIONS ET NOTRE ENTRAÎNEUR ROGER IGO PRENDRA SA PLUS BELLE PLUME POUR VOUS RÉPONDRE. Le courrier doit être adressé à la rédaction: info@zatopekmagazine.com ou directement via notre site www.zatopekmagazine.com. Vous pouvez y poster directement vos questions en cliquant d’abord sur l’onglet «vos réactions» et puis sur «exprimez-vous». Face à l’abondance de courriers, seuls les abonnés auront désormais le privilège d’une réponse longue et personnalisée. Il suffit de mentionner vos noms et prénoms. L’ancien sous-officier d’élite Roger Igo exerce le métier d’entraîneur depuis plus de vingt ans. A 59 ans, il poursuit une carrière qui compte de nombreux titres et distinctions en cross, sur route et en montagne.
Parcourez aussi notre grande bibliothèque de questions et de réponses. Vous y trouverez peutêtre votre bonheur! www.zatopekmagazine.com
En attendant le printemps
Longue, longue nuit blanche
Je me suis préparé pour un marathon qui a été annulé pour cause d’ouragan. Dois-je préciser la ville? Du coup, je ne sais plus quoi faire. Dois-je recommencer une préparation pour la saison prochaine ou bien tenter de conserver mes acquis jusqu’aux prochaines échéances du printemps? David
Notre réponse
L’annulation d’une course pour laquelle on s’était longuement préparé génère toujours de la frustration, surtout lorsqu’il n’y a pas véritablement d’alternative. Le marathon de New York se déroule en novembre. Après cette date, les épreuves sont rares ou lointaines. Tant pis. Essayons de se servir de ce contretemps pour franchir un nouveau palier. L’objectif? Mettre son excellent niveau de forme au service d’un développement de la vitesse. Je vous propose donc d’enchaîner avec un programme destiné à faire des résultats sur des distances courtes (5 et 10 kilomètres) et vous inscrire cet hiver dans un maximum de corridas et de cross! Prévoyez ensuite une semaine ou deux de repos et vous serez fin prêt pour les premiers marathons du printemps.
La course avant la course Dans les programmes de préparation que vous proposez sur le site zatopekmagazine.com, vous préconisez toujours de faire des «compétitions contrôles» avant l’échéance proprement dite. Est-ce que cela signifie qu’il faut déjà se dépouiller pour faire une performance? Ou doit-on considérer ces courses comme des sorties d’entraînement un peu améliorées? Notre réponse
Gérard
En fait, on recommande de courir à l’allure de la compétition mais sur une distance plus courte, ce qui permet de ne pas trop puiser dans ses réserves. Pour un coureur novice, l’intérêt sera aussi de se familiariser avec l’ambiance des épreuves, la gestion des ravitaillements, la présence des autres coureurs et surtout l’excitation du départ qui fausse souvent la perception de l’effort. Porté par la foule, il arrive que l’on parte beaucoup trop vite et que l’on s’épuise ensuite. Les compétitions-contrôles visent à éviter ce genre de mésaventures.
Je cours tous les dimanches matin pendant une heure. J’adore cela. Depuis peu, je fais même des séances en côte et du fractionné. La suite de la journée se passe bien. Mais la nuit se transforme en véritable calvaire. Impossible de fermer l’œil. J’ai l’impression de faire de la fièvre. Ensuite, il me faut au moins deux jours pour récupérer. Que se passe-t-il? J’adore courir mais je pense que malheureusement mon corps ne le supporte plus.
Notre réponse
Benoit
Il est possible que vous soyez victime d’un phénomène appelé extra-chaleur qui se traduit par une forte élévation de la température corporelle après un effort inhabituel. Pour pallier ce problème, il suffit de programmer d’autres séances dans la semaine pour habituer votre corps à ne plus réagir aussi intensément. L’autre explication n’a rien à voir avec la course. Beaucoup de gens font des insomnies le dimanche soir, tout simplement parce que c’est la veille du lundi et donc l’annonce d’une nouvelle semaine.
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ZOOM_PHOTO DANS CHAQUE NUMÉRO, VINCENT ROUSSEAU COMMENTE UNE PHOTO. VOICI LE SPRINT FINAL DU 10.000 MÈTRES DES JEUX DE TOKYO EN 1964 ET LE SACRE DE L’AMÉRICAIN D’ORIGINE INDIENNE, BILLY MILLS. LA PLUS EXTRAORDINAIRE SURPRISE DE L’HISTOIRE DE LA COURSE!
_DE VINCENT ROUSSEAU Mills est âgé de 26 ans lors des Jeux de Tokyo. Il a déjà traversé beaucoup d’épreuves. La réserve Sioux où il a vu le jour sera désignée quelques années plus tard comme l’endroit le plus pauvre d’Amérique. Diabète, violence, alcoolisme font des ravages. Mills se retrouve d’ailleurs orphelin de père et de mère à l’âge de 12 ans. Les huit enfants de la famille sont dispersés. Mills lui-même est envoyé dans une école indienne au Kansas à des centaines de kilomètres de chez lui. Là-bas, il découvre le sport. Pas directement l’athlétisme qu’il considère comme un sport de fillettes, mais le football américain et surtout la boxe qu’il pratique assidûment pour suivre les traces de son père. Grâce à ses talents athlétiques, il obtient une bourse universitaire. Hors de sa communauté, il découvre le racisme et se réfugie littéralement dans la course à pied pour surmonter une immense solitude et les idées récurrentes de suicide. Son histoire a inspiré le film Running Brave en 1983 et de nombreux livres, notamment Leçons d’un Dakota co-écrit avec Nicholas Sparks. Mills est plus grand (1,80 mètre) que les autres concurrents. Plus costaud aussi. On peut le voir à la taille de ses biceps. Après ses études, il s’était engagé dans les Marines où il s’occupait de l’entraînement physique des soldats en partance pour le Vietnam. A l’époque, on recensait +/- 15 morts par jour, côté américain. Il évolue donc dans un monde effroyablement dur! Et c’est en guerrier qu’il remporte la course grâce à un incroyable sprint dans la dernière ligne droite. On n’avait jamais vu cela. On ne le verra plus jamais! Mills avait dû emprunter des chaussures pour la course. Il avait d’abord tenté d’en obtenir auprès du responsable de l’équipement de la délégation américaine qui lui avait répondu que, selon le règlement, les chaussures étaient réservées «à ceux qui avaient bon espoir de faire un résultat». Rien de mieux pour fouetter l’orgueil d’un athlète! Le jour de la course, il améliore son meilleur chrono de 46 secondes, établissant un nouveau record olympique en 28 minutes et 24 secondes.
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CULTURE_CLUB Courir. Méditations physiques Par Guillaume le Blanc Ed. Flammarion, 2012
Serge Girard – 365 jours, 640 marathons Par Serge Girard, avec Laure Magnan Ed. Jacques Flament, 2012
L
’auteur est professeur de philosophie à l’université de Bordeaux III et coureur à pied. Dans ce livre, il dresse des ponts entre ces deux activités. Les lecteurs qui ne seraient pas familiers de Foucault, Deleuze, Merleau-Ponty, Nietzsche ou Spinoza risquent peut-être de se sentir un peu perdus dans ses démonstrations. Certains points méritent pourtant d’être entendus. Ainsi Guillaume le Blanc souligne l’opposition entre la marche, présentée comme une activité propice à la réflexion et la course à pied à laquelle la philosophie, d’après lui, n’a jamais rien compris. Il le regrette et se dit persuadé que la course, par sa composante de vitesse opposée à la lenteur de la marche, favorise elle aussi l’élaboration de concepts nouveaux et intéressants. Il donne l’exemple de la perception du temps. Alors qu’une épreuve de 100 mètres ne dure que quelques secondes aux yeux du spectateur, elle semble interminable à celui qui y participe. Le Friedrich Nietzsche, l’école des marcheurs sprinteur-philosophe en conclura que le temps échappe aux données chronométriques et qu’il s’agit d’une notion subjective à mi-chemin entre le mouvement et le sentiment que nous éprouvons de la durée. Accessoirement, il sera ainsi devenu Bergsonien sans le savoir! Voilà le genre de découvertes que propose ce bouquin. Ceux qui s’accrochent trouveront d’autres sujets de réflexion sur les notions de liberté, de vitalité, de «recentrage sur soi du monde» auxquelles conduit chacune de nos foulées. On y parle même de frivolité: «Une vie ne tient que dans l’affirmation de gestes sans raison», écrit l’auteur. «Le frivole vaut la peine car c’est en lui que s’explore la zone de contingence de toute vie». C’est possible. On regrette seulement que le bouquin n’en soit pas plus empreint. Empreint de quoi? De frivolité, pardi! Johan Grzelczyk
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erge Girard fait partie de ces explorateurs qui ne cherchent pas à défricher de nouveaux territoires, mais à se découvrir à travers toutes sortes de défis sportifs. Après sa traversée des cinq continents en courant, il s’est mis en tête de battre le record du monde de la plus longue distance parcourue en un an, un record précédemment détenu par l’Indien Thirta Kumar Phani avec 22.581 kilomètres. Entre le 17 octobre 2009 et 2010, il a donc couru une moyenne de 74 kilomètres par jour pour atteindre le total faramineux de 27.011,88 kilomètres. Admirez la précision! Evidemment, Girard n’est pas seul dans l’aventure. Il est épaulé par une équipe bien rôdée au sein de laquelle Laure Magnan, sa compagne, s’est occupée de prendre les notes qui constituent la base de cet ouvrage. Dans l’introduction, elle souhaite que ce livre soit perçu comme un «témoignage authentique des difficultés au quotidien d’un tel exploit». Pour le lecteur aussi, l’exercice comporte quelques peines. Dans les premiers chapitres qui correspondent à la partie du voyage en France, on croise une foultitude de gens auxquels le texte rend poliment hommage, et ce au détriment de la fluidité du récit. Cela devient plus intéressant après le passage de la frontière espagnole, lorsqu’on s’intéresse davantage aux lieux traversés et surtout lorsqu’on décrit la vie quotidienne de cette étonnante petite troupe au sein de laquelle Serge Girard, surnommé le «Boss Runner» se charge de courir tandis que tous les autres s’affairent pour lui faciliter l’existence. On parle aussi de la pluie et du beau temps. Par moments, on s’ennuie un peu. Mais on imagine que cela reflète l’état d’esprit qui règne dans la petite caravane. D’autres passages sont passionnants. Savez-vous par exemple quelle est la crainte principale du voyageur pédestre sur les routes des pays du Sud de l’Europe, en Italie ou en Grèce? Les chiens errants! Ces animaux sont nombreux, paraît-il. Ils se déplacent en bandes et peuvent se montrer très agressifs. Serge explique qu’il porte toujours sur lui une bombe lacrymogène et un sifflet à ultrasons. Dans les passages les plus délicats, il se fait suivre de près par le van de l’équipe, se laissant ainsi la possibilité de s’y abriter en cas d’attaque. Fabian Paulus
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Bienvenue dans la confrérie des ATTENTION! CET ARTICLE VA PEUTÊTRE VOUS PRÉOCCUPER PENDANT TOUTE LA SECONDE PARTIE DE VOTRE EXISTENCE. IL SE POURRAIT EN EFFET QU’À L’ISSUE DE SA LECTURE, VOUS SOYEZ TENTÉ DE VOUS JOINDRE À CETTE NOUVELLE CONFRÉRIE DONT NOUS AVONS IMAGINÉ LA CONSTRUCTION AUTOUR DES QUATRE LETTRES MYSTÉRIEUSES: MQSA. VOUS VOILÀ PRÉVENU!
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ans ces pages, nous allons vous livrer le secret des initiales MQSA. Mais avant cela, il nous faut rapidement dresser un petit constat sur l’évolution de nos performances athlétiques au fil des années. Si l’on reporte nos records sportifs en ordonnée sur un grand tableau avec l’âge en abscisse, on constate qu’en général, les «perfs» s’améliorent jusqu’à l’âge de 25-30 ans. Puis se maintiennent en plateau pendant une période d’environ 10-15 ans. Ensuite, elles déclinent inexorablement. Cela se vérifie à tous les niveaux. Prenons le record sur marathon. Au fil des générations, il a été détenu par des athlètes parfois plus jeunes comme l’Australien Robert de Castella (24 ans), parfois plus vieux comme le Portugais Carlos Lopez (38 ans). Mais personne ne sort de ce créneau (*). Pourquoi? La question a fait l’objet de très nombreuses
études et il apparaît en définitive que passé l’âge de 40 ans, plusieurs fonctions organiques perdent en efficacité tant pour acheminer le sang aux cellules que pour extraire l’oxygène et l’utiliser lors de la contraction muscuMarco Olmo, double vainqueur de l’UTMB à l’âge de 58 et 59 ans
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laire. Le système cardiovasculaire rencontre aussi un problème de débit à la minute. En effet, celui-ci s’obtient en multipliant la quantité de sang envoyée dans les artères à chaque contraction du cœur par le nombre de contractions. L’équation s’écrit: débit = volume d’éjection systolique x la fréquence cardiaque. Or si la taille du cœur ne change pas fondamentalement au cours du temps, les forces de contraction, elles, diminuent et surtout la fréquence cardiaque maximale baisse avec les années. Quel que soit le niveau d’entraînement! Tout le monde connaît la fameuse équation FC max = 220 – l’âge. Alors, même si l’on sait qu’on doit la prendre avec un tas de pincettes, il n’en demeure pas moins que cette diminution de la FC max finit par affecter le débit sanguin et donc la capacité maximale à consommer de l’oxygène, une valeur à laquelle on fait référence sous l’appellation VO2 max.
faut tenir compte des variables selon les individus. Chez ceux qui s’entraînent régulièrement, la baisse des performances est lente et tardive. Certains notent même une amélioration de leurs performances grâce à un phénomène de surcompensation de la perte de forme par une meilleure économie de course. Dans l’histoire de la course à pied, on trouve ainsi quelques athlètes étonnants comme l’Italien Marco Olmo, double vainqueur de l’Ultra Trail du Mont-Blanc à l’âge de 58 et 59 ans face à des adversaires qui lui rendaient souvent dix, vingt, voire trente ans de moins. Rappelons tout de même que cette course parfaitement atypique consiste à faire le tour de la montagne, soit 170 kilomètres par monts et par vaux avec +/- 9000 mètres de dénivelé positif. On comprend que la physiologie n’entre pas seule en ligne de compte. Il faut compter aussi avec des facultés mentales,
Statistiquement, la baisse de VO2 max vaut +/- 0,6 millilitres d’oxygène par minute et par kilo chaque année après quarante ans. Soit 6 ml d’O2/min.kg en dix ans, 12 en vingt ans, 18 en trente ans et ainsi de suite. Bien sûr, il
sans doute redoutables chez Olmo! Sur une épreuve plus courte, et donc plus directement dépendante de la VO2 max, un tel exploit serait tout à fait impossible. En tout cas, cela ne s’est jamais vu!
MQSA
Une vérité qui dérange
Et alors, ces initiales MQSA? Que signifient-elles? On sent poindre une certaine impatience. Avant de lever le voile, on se doit néanmoins d’apporter une ultime précision qui concerne l’impact psychologique que peut avoir ce ralentissement d’allure. Car évidemment, personne ne se réjouit d’être un peu moins performant chaque année et tous ceux qui tiennent précieusement la comptabilité de leurs meilleurs chronos mesurent ainsi l’outrage du temps bien plus vite que leurs congénères. C’est vrai. Une personne non sportive ne se trouvera confrontée au déclin de sa propre forme qu’assez tard dans la vie. Sauf pépin de santé, cela surviendra vers cinquante ans lorsqu’apparaîtront les premiers signes d’essoufflement après avoir tenté de grimper quatre à quatre une volée d’escaliers. Et pour peu qu’on prenne systématiquement l’ascenseur, cette prise de conscience peut survenir encore plus tard, disons vers l’âge de soixante ans seulement, alors que pour le coureur du même âge, le déclin des performances physiques est une réalité depuis plus de vingt ans. On peut s’en féliciter. Cette lucidité aide à prendre précocement des mesures pour garder la forme le plus longtemps possible. On s’entraîne. On s’efforce de conserver le même poids. On essaye de ne pas trop boire, de ne pas trop fumer. En même temps, le sport impose cette perte d’innocence et les minutes qui s’ajoutent aux minutes à la fin des épreuves
Il n’est jamais trop tard pour franchir une barrière! (*) En décembre 1981, Robert de Castella avait couru le marathon de Fukuoka en 2 heures 8 minutes et 18 secondes. Quatre ans plus tard, Carlos Lopez s’emparait du record en bouclant la distance en 2 heures 7 minutes et 12 secondes au marathon de Rotterdam. N’oublions pas que 14 ans d’écart séparent ces deux coureurs. Dans ce calcul, nous n’avons tenu compte que des records d’après-guerre, écartant ainsi le plus jeune détenteur du titre: l’Américain Johnny Hayes, médaille d’or du troisième marathon olympique en 2 heures 55 minutes et 18 secondes en 1908. Il était âgé de 22 ans seulement. Mais les marathons de l’époque étaient trop rares (et mal mesurés) pour leur accorder du crédit. 25_ZATOPEK 19
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LA COURSE À PIED FAIT-ELLE QUELLE QUESTION! DANS UN MAGAZINE COMME LE NÔTRE, ON S’ATTEND À TROUVER UNE RÉPONSE NETTE, FRANCHE ET TRANCHÉE DU TYPE: «EVIDEMMENT, LA COURSE FAIT MAIGRIR!» MAIS L’HONNÊTETÉ NOUS OBLIGE TOUT DE MÊME À RECONNAÎTRE QUELQUES GROSSES FAILLES DANS LA DÉMONSTRATION. POUR SE SORTIR DE CETTE SITUATION EMBARRASSANTE, NOUS AVONS IMAGINÉ CETTE DISCUSSION ENTRE DEUX EXPERTS. L’UN PRÉTEND QUE LE SPORT FAIT MAIGRIR. L’AUTRE EST PERSUADÉ DU CONTRAIRE!
MAIGRIR? OUI
LE SPORT FAIT MAIGRIR
La chose ne fait aucun doute. D’ailleurs les gens ne s’y trompent pas! Lorsqu’on pose la question: «Pourquoi courezvous?» La moitié des coureurs répond «pour perdre du poids». Considéreriez-vous que tous ces gens s’égarent?
NON
LE SPORT NE FAIT PAS MAIGRIR
En menant ce genre d’enquête, vous ne faites en somme que vérifier l’endoctrinement d’une opinion publique littéralement matraquée de slogans abusifs et de campagnes culpabilisantes. Mais les temps changent et certains osent désormais dénoncer la supercherie. Vous connaissez la phrase d’Abraham Lincoln? «Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps.» La leçon d’Abraham Lincoln
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MINCE ALORS!
DANS LES SOCIÉTÉS MODERNES, ON ESTIME QUE LA MOITIÉ DES GENS DÉSIRE PERDRE DU POIDS. NOUS AVONS RECUEILLI LES TÉMOIGNAGES DE CEUX QUI ONT MISÉ SUR LA COURSE À PIED POUR OBTENIR LA SILHOUETTE DE LEURS RÊVES. AVEC PLUS OU MOINS DE SUCCÈS! Dossier réalisé par Olivier Beaufays
Bart De Wever, un ex-poids lourd de la politique belge.
BART DE WEVER MONSIEUR BIBENDUM
En février 2010, une enquête d’opinion réalisée à l’Université du Missouri aux Etats-Unis montrait que les hommes politiques en surpoids inspiraient plus confiance aux électeurs que les sveltes. Le politicien belge Bart De Wever ignorait-il l’existence de ce sondage? Toujours estil qu’il a maigri de façon spectaculaire juste après son rejet dans l’opposition lors de la constitution du gouvernement en décembre 2011. On le revit aux élections communales en octobre 2012. Il avait littéralement fondu. Soixante kilos perdus en neuf mois! Qui dit mieux? L’aventure n’est pas banale. Le personnage non plus. Bart De Wever compte en effet parmi les acteurs les plus décriés de la vie politique belge. Populiste de droite, il plaide pour une autonomie toujours plus grande des régions et à terme pour une scission du pays. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on soit d’accord ou non avec
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LA POCHETTE DU DERNIER DISQUE DE ZEBDA RÉSERVE UNE GROSSE SURPRISE. ON Y DÉCOUVRE EMIL ZATOPEK QUI MÈNE LA DANSE DEVANT ALAIN MIMOUN ET HERBERT SCHADE DANS LE SPRINT FINAL DU 5000 MÈTRES DES JEUX D’HELSINKI EN 1952… À CONDITION DE LES RECONNAÎTRE!
POCHETTE
SURPRISE D’OÙ VOUS EST VENUE L’IDÉE DE CETTE PHOTO POUR ILLUSTRER VOTRE ALBUM SECOND TOUR?
Mustapha Hamokrane: un ami marseillais nous l’a proposée et on a tout de suite senti qu’elle avait quelque chose de spécial. On aimait le décalage par rapport au titre et aussi cette idée d’abnégation, d’effort, de souffrance et de rythme.
ET LE FAIT QU’IL S’AGISSE PRÉCISÉMENT D’EMIL ZATOPEK. VOUS AVEZ UNE EXPLICATION?
On avait déjà évoqué Emil Zatopek sur notre album Essence ordinaire. Dans une chanson qui s’appelle «Y’a pas d’arrangement», on raconte nos parcours de musiciens. Au détour d’une rime, on décrit la frénésie des premières années. «Pour qu’on nous retienne, il eut fallu derrière nous un Zatopek à la course», dit la chanson. Enfant, on avait cette image du champion tchécoslovaque comme étant celui qui peut courir jusqu’au bout du monde sans se fatiguer. Et puis, un nom pareil, cela ne s’oublie pas! DE LA PHOTO, VOUS AVEZ FAIT UN DESSIN. POURQUOI?
Zebda, le retour
On voulait rendre l’image plus artistique donc on a eu l’idée de la faire repeindre. Tout a été très vite et on n’a peut-être pas mesuré à quel point on l’avait changée puisqu’au bout du compte, on ne reconnaît plus du tout Alain Mimoun. D’ailleurs, c’est dommage!
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Passe par chez vous... I Cahier régional
Édito Une question de repères Bleu, c’est la couleur repère de la Loco des Courses, cette partie du cahier central consacrée à l’actualité des courses, aux annonces et aux comptes rendus classés par région, puisque Zatopek reste le premier magazine Running & Santé de votre région. Rouge, c’est la couleur repère de la Loco Technique, basée sur les articles techniques de Volodalen – une part de vécu, assortie de l’analyse de l’entraînement d’un coureur – et de l’Actu Scientifique avec les dernières parutions décortiquées par Cyrille Gindre. Vous avez donc le choix : soit vous lisez toute la Locomotive, soit vous lisez uniquement la partie "bleue" ou la partie "rouge"… en fonction de vos intérêts. Finalement, c’est une question de couleurs ! Alors, ne vous mélangez pas les pinceaux… Sophie SARTET
La Loco des Courses page 02 : Île-de-France page 06 : Nord-Ouest page 09 : Nord-Est page 14 : Sud-Est et Suisse page 20 : Sud-Ouest
La Loco Technique page 22
Je cours pour ma forme Le rôle de l'animateur page 24
De la route au trail
Les routes de montagne sont sinueuses parfois... page 28
Les actus science
Du froid dans le cou, des doigts sur la table, l'alimentation et la performance, une gazelle, un guépard et plein d'autres choses... page 32
Une image... un mot
Une nouvelle rubrique d'analyse
Écrivez-nous ! >> contact@zatopekmagazine.com
Zatopek n° 25 I février / mars / avril 2013 I
LA LOCOMOTIVE 31 pages
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VOUS EN AVEZ FAIT UN COUREUR NOIR.
Oui. Je pense qu’on aurait dû être un peu plus vigilant là-dessus. L’image reste belle. La référence est parlante mais, a posteriori, je trouve qu’on n’aurait pas dû modifier autant l’image d’Alain Mimoun. Surtout que son histoire est un peu la nôtre. Il est de la génération de nos pères. Il est venu d’Algérie comme eux. Et il a réalisé un parcours sportif exceptionnel. (Ndlr: 29 fois champion de France. Médaille d’or olympique sur marathon à Melbourne). Dans les familles, on l’admirait autant que Zatopek, c’est sûr! ET AUJOURD’HUI, EST-CE QUE VOUS SUIVEZ ENCORE L’ACTUALITÉ DE L’ATHLÉTISME?
J’ai regardé les Jeux olympiques cet été à la télévision. Mais sans plus. Disons que mes références sont toujours affectives. Mimoun, c’est sûr. Zatopek aussi parce qu’il est de l’Est et que nous avons une culture un peu communiste sur les bords. Je suivais aussi les exploits d’Hicham El Gerrouj parce qu’il représentait l’Afrique du Nord. Même chose pour Noureddine Morceli. Il y a moins de coureurs qui m’inspirent aujourd’hui. EST-CE QUE VOUS COUREZ VOUS AUSSI?
Je cours, oui. Et j’ai toujours couru. Depuis mon adolescence jusqu’à aujourd’hui. J’ai même fait un peu de compétition en cross et en demi-fond. Ce sont mes distances de prédilection. PEUT-ON FAIRE UN LIEN ENTRE LA COURSE DE FOND ET LE FAIT D’ÊTRE MUSICIEN?
Bien sûr. On peut faire un tas de parallèles intéressants entre la musique et le sport dans la manière d’avancer, de durer, de tenir, de s’améliorer. La part de technique s’avère aussi très importante dans les deux cas. C’est elle qui conditionne la régularité des performances. Le fait de pouvoir assurer. Puis survient parfois une part de magie qui peut t’amener à te transcender. D’un coup, sans trop savoir pourquoi, tu deviens excellent. Cela se produit sur certains concerts. On réussit tout ce qu’on tente! C’est comme Noureddine Morceli, l’inspirateur passé!
La scène ne pardonne rien!
ce fameux second souffle qu’on ressent parfois en courant. On passe de la souffrance à la facilité. UN SECOND SOUFFLE QUAND ON COURT, ON SAIT À QUOI S’EN TENIR. MAIS SUR SCÈNE, COMMENT CELA SE PASSE?
Sur scène, c’est comme dans le sport. Il arrive que l’attention s’égare en raison de problèmes techniques. On se met à penser à des choses auxquelles on ne devrait pas prêter attention. On est étranger à ce qu’on est en train de faire. C’est très psychologique en fait. Parfois, il arrive qu’on soit véritablement frappé d’un gros coup de mou. J’ai déjà fait des points de côté en plein concert. Ou alors je me sentais trop essoufflé pour bien chanter. Lorsque commence un concert, on sait qu’on va au devant de telles souffrances. Puis, à un moment, on sait qu’on va les dépasser. C’est fascinant! VOUS ÊTES LE GROUPE LE PLUS PROGRAMMÉ DANS LES FESTIVALS EN FRANCE. QU’EST-CE QUE ÇA VOUS INSPIRE?
Ca veut dire avant tout qu’on est encore reconnu comme un vrai groupe de scène, ce qui a toujours été notre force et notre bonheur: être sur scène, dans le partage, les moments qu’on peut passer ensemble. C’est très agréable car la scène est très importante pour nous. POURQUOI CES HUIT ANS D’ABSENCE?
Cela faisait vingt ans qu’on jouait ensemble. Quand on dure, on devient meilleur, c’est vrai. En même temps, on s’enferme progressivement dans ce que l’on sait faire de mieux. Une préoccupation supplante le reste, celle de tenir dans la durée. A un moment, on a tous eu envie d’explorer d’autres univers, de faire d’autres rencontres artistiques. Cela a duré un temps. Et puis, on s’est retrouvés. Tout cela s’est fait très naturellement. Pour nous, notre break n’était clairement pas un break définitif. On savait que l’aventure de Zebda n’était pas terminée. Haile Gebrselassie, rhapsodie en bleu
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ENTRAÎNEMENT_
L’EPI MODE
D’EMPLOI
COMMENT COMPOSER D’EXCELLENTES SÉANCES D’ENTRAÎNEMENT PAR INTERVALLES QUAND ON NE CONNAIT PAS GRAND-CHOSE DE LA PHYSIOLOGIE DE L’EFFORT ET SURTOUT QU’ON NE DISPOSE PAS DE L’AIDE D’UN ENTRAÎNEUR CHEVRONNÉ?
P
our améliorer ses qualités athlétiques, il n’existe rien de mieux que l’entraînement par intervalles (EPI). Tous les spécialistes sont d’accord là-dessus! Seul l’EPI permet d’accumuler les kilomètres à vive allure. Quiconque ambitionne une amélioration de ses performances doit miser sur cette méthode d’entraînement à raison d’au moins une séance sur trois. Le conseil s’applique même à ceux qui font du sport dans un but d’entretien. On estime ainsi que le bénéfice que l’on tire d’une demi-heure d’entraînement intermittent est supérieur à celui d’une séance d’une heure à vitesse constante. Bref, les effets bénéfiques
de l’EPI ne font plus l’objet de débats! Comment se fait-il alors que les coureurs soient si nombreux à négliger sa pratique? Lorsqu’on leur pose la question, ceux-ci expliquent généralement qu’ils ne savent pas comment s’y prendre pour jongler avec les intensités, les durées d’effort et
Meb Keflezighi, attention aux excès de vitesse!
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NE PAS CONFONDRE Dans cet article, nous utiliserons les initiales «EPI» et le mot «fractionné» pour deux réalités légèrement différentes EPI signifie «Entraînement par Intervalles». Le principe est simple. On divise la session d’entraînement en périodes d’effort relativement intenses et en périodes de récupération plus ou moins actives. L’entraînement fractionné est une forme particulière d’EPI où toutes les fractions d’effort sont effectuées à une intensité égale ou la plus proche possible de celle que l’on désire adopter lors de sa prochaine compétition.
les temps de repos. Certes, on trouve quantités de magazines, de livres et de sites Internet pour proposer des recettes toutes faites qu’il suffit ensuite de personnaliser. Mais à force de reproduire les mêmes séquences, la monotonie s’installe et on retombe vite dans ses anciens travers. La méthode proposée dans ces pages se distingue de toutes les autres dans la mesure où elle ne propose pas une séance-type. Non. Elle donne plutôt les outils pour créer soi-même autant de séances qu’on le désire avec la promesse qu’elles seront bien balancées, efficaces, variées et parfaitement adaptées à chaque profil. Que demande le peuple?
La clé de la réussite
On l’a compris. Toute la difficulté pour concocter une bonne séance d’EPI consiste à établir une relation entre les paramètres des différentes fractions d’effort et des périodes de récupération. Il s’agit d’agencer le tout afin que l’épuisement ne survienne pas avant
la dernière répétition et en même temps que ce ne soit pas trop facile. Pour cela, on conseille de se servir d’un petit indice mathématique que nous appellerons «le rapport des vitesses» et que l’on calculera très simplement en divisant la vitesse à laquelle vous envisagez de courir vos fractions d’effort par la vitesse maximale que vous êtes capable de tenir sur la même distance au cours d’une compétition ou d’un test maximal (une seule répétition). Sa valeur varie entre zéro et un. A zéro, vous restez sur place. A un, vous êtes au maximum de votre vitesse. Il va sans dire que la valeur de ce rapport ne peut pas dépasser l’unité. Cela signifierait qu’un 25_ZATOPEK 39
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DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT
LES ANTIOXYDANTS SONT À LA MODE. SELON LA PUBLICITÉ, ILS PERMETTENT DE LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LA MALADIE ET LE VIEILLISSEMENT. BEAUCOUP D’ATHLÈTES SONT ÉGALEMENT PERSUADÉS QU’ILS AMÉLIORENT LA PERFORMANCE. ET DANS LA VRAIE VIE, QUE VALENT-ILS?
Une très
mauvaise habitude Q
Des antioxydants, moi? Jamais!
ui ne s’est jamais laissé tenter par un cocktail de vitamines ou un gel enrichi en antioxydants? Chaque marque de suppléments alimentaires a développé sa gamme de produits roboratifs à base de vitamines (A, C, E) mais aussi de sélénium et de zinc. Leur discours? Elles se targuent de fournir au corps les armes nécessaires pour combattre les radicaux libres et donc mettre l’organisme à l’abri du stress oxydatif. On oublie seulement une petite chose dans cette approche. C’est que l’amélioration des performances passe précisément par l’adaptation aux contraintes. Si on supprime le stress oxydatif, on s’empêche tout simplement de progresser. Un détail que ne précisent jamais les notices de ces compléments!
Claude Bernard ne l’avait pas prévu!
La médecine est un art, l’entraînement aussi! Il consiste à stresser l’organisme au maximum de ses capacités d’adaptation, sans jamais les dépasser pour ne pas sombrer dans les affres de la maladie ou de la dépression. Ensuite, on compte sur la propension naturelle du corps à réagir aux perturbations et à rétablir l’équilibre menacé par un renforce-
Claude Bernard invente l’entraînement
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Au nom de tous les POUR PRÉVENIR LE CANCER DU SEIN, LES MÉDECINS PRÉCONISENT AUX FEMMES MÉNOPAUSÉES DE SE SOUMETTRE À UNE MAMMOGRAPHIE TOUS LES DEUX ANS. ET S’IL ÉTAIT PLUS SAGE DE SIMPLEMENT COURIR?
L
e cancer du sein est l’un des plus fréquents. Dans les pays riches, il touche environ une femme sur neuf. Les taux d’incidence varient suivant les régions. Les plus élevés se trouvent en Amérique du Nord où, chaque année, 110 personnes sur 100.000 sont frappées. En Europe, on se situe un peu plus bas (100 cas environ). Mais le nombre de femmes atteintes est en constante augmentation. Heureusement, toutes n’en meurent pas! Les progrès accomplis en oncologie font qu’on dispose désormais d’un arsenal efficace de moyens pour bom-
barder la tumeur de rayons destructeurs, pour bloquer son expansion par des traitements médicamenteux ou encore, en dernier recours, pour la retirer chirurgicalement. Grâce à cela, la mortalité reste relativement faible, soit entre 10 et 25%. Cela dépend beaucoup de l’âge de la personne et de la précocité de la prise en charge. Plus un cancer est dépisté tôt et plus grandes sont les chances de guérison. De ce fait, on recommande aux femmes de se palper régulièrement la poitrine et de s’inquiéter de la présence d’éventuels nodules pouvant déboucher
plus tard sur un cancer. Du moins, c’est ce que l’on disait depuis une bonne trentaine d’années. Aujourd’hui, la prévention a changé de braquet! Les autorités sanitaires prônent désormais un dépistage systématisé par mammographie dans le cadre d’un examen appelé «mammotest». Le principe? On passe la glande au rayon x afin de repérer les noyaux de cellules cancéreuses qui apparaissent sous forme de taches blanches caractéristiques. Ce test est chaudement recommandé par les autorités sanitaires et, dans plusieurs pays, il est même remboursé par la
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DIEU, mon neveu, mes baskets NOUS NOUS ÉTIONS FIXÉ RENDEZ-VOUS À LA GARE DE CHAMBÉRY À 9 HEURES. CHACUN DEVAIT AVOIR UN EXEMPLAIRE DU DERNIER ZATOPEK DANS LES MAINS. JE M’ATTENDAIS NAÏVEMENT À TROUVER UN CURÉ «CLASSIQUE», CELUI QUE TOUT LE MONDE A PLUS OU MOINS EN TÊTE: COL ROMAIN, ROBE NOIRE ET SANDALES DE CUIR. AU LIEU DE QUOI, JE TOMBE SUR UN BONHOMME SOURIANT, EN JEANS, BLOUSON QUECHUA OUVERT AU COL, CHAUSSÉ DE GEL NIMBUS DE COULEUR ORANGE. CELA FAIT LONGTEMPS QUE JE NE SUIS PAS ALLÉE À LA MESSE!
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TU NE COURRAS POINT! TOUT AU LONG DE L’HISTOIRE DU SPORT, DES FEMMES SE SONT BATTUES CONTRE LES PRÉJUGÉS. VOUS LIREZ, DANS LES PAGES QUI SUIVENT, LES EXPLOITS DE MELPOMÈNE ET STAMATHIA DONT ON PENSAIT QU’ELLES N’ÉTAIENT PAS À MÊME DE COURIR COMME LES HOMMES.
D
urant des siècles, les hommes ont pensé que les femmes étaient incapables d’exploits sportifs. Trop grosses, trop maigres, trop fragiles, trop maladroites. Toutes les raisons étaient bonnes pour justifier l’interdit. «Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte» déclare Pierre de Coubertin à l’occasion des Jeux de la cinquième olympiade organisée à Stockholm en 1912. Puis il ajoute à l’attention de ceux et surtout celles qui n’auraient pas bien compris: «Le véritable héros olympique est, à mes yeux, l’adulte mâle individuel. Le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs.» Avec un tel pourfendeur du sport féminin à sa tête, le mouvement sportif campa longtemps sur ses positions phallocrates. De fait, ce ne fut qu’après la retraite du Baron, lors des Jeux d’Amsterdam en 1928, que les femmes purent faire enfin leur entrée dans le stade. Une épreuve de 800 mètres avait été organisée à leur attention. A l’arrivée de celle-ci, certaines concurrentes épuisées s’étaient écroulées dans l’herbe, ce qui suffit à raviver l’ancienne misogynie. Les journalistes se gaussaient. «Néophytes, elles répartissent mal leur effort», écrit l’un d’eux. «Donc elles s’époumonent. Après leur arrivée, elles ont le mauvais goût de se laisser tomber sur le gazon, ce qui ne se fait pas.» En réalité, les films
de l’époque ne montrent rien de très différent de ce qu’on voit encore très souvent aujourd’hui à l’issue de la dernière épreuve d’un heptathlon chez les femmes ou d’un décathlon chez les hommes. C’est-à-dire des concurrents dont le demi-fond ne constitue pas la spécialité et qui vont au bout de leurs forces, au point de vouloir s’asseoir ou même se coucher juste après avoir passé la ligne. Venant de pauvres femmes, le spectacle dut sembler plus choquant. Le 800 mètres fut aussitôt retiré du programme pour ne réapparaître qu’aux Jeux de Rome en 1960.
La longue marche du marathon
Pour le marathon, ce fut plus long encore! Avant les années 70, il n’était pas question d’admettre de femmes dans la course. Les courageuses qui voulaient transgresser la règle devaient s’inscrire sous une fausse identité et se travestir pour éviter d’être boutées hors de l’épreuve par des commissaires zélés. Le marathon de Boston fut le premier à créer la brèche. C’était en 1972! Progressivement, les autres grands rendez-vous internationaux lui ont emboîté le pas. Deux ans plus tard, les premiers championnats du Monde furent même organisés à Wadniel en Allemagne à l’instigation du célèbre Docteur Ernst van Aaken (le «père de l’endurance») qui ne croyait pas à toutes ces fa-
daises sur la prétendue infirmité des femmes. Le titre officieux de championne du marathon n’est devenu officiel qu’à partir de 1983 à l’occasion des premiers championnats du monde d’athlétisme à Helsinki. L’année suivante, l’épreuve faisait son entrée dans le programme des Jeux olympiques de Los Angeles. La course fut remportée par l’Américaine Joan Benoit devant la Norvégienne Grete Waitz. Dans le grand public, on se souvient surtout de l’arrivée de la Suissesse Gabriella Andersen. Complètement épuisée, elle mit plus de quatre minutes à boucler le dernier tour du stade, titubant et vomissant comme une personne ivre. Là encore, ce spectacle inspira des commentaires peu amènes sur le sport féminin. Mais à nouveau, il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Comme beaucoup de novices sur la distance, Gabriela avait commis une faute d’hydratation. Après l’arrivée, elle fut promptement refroidie. On la plongea dans un bain d’eau froide, on lui fit boire beaucoup avant de lui poser une perfusion pour accélérer le rééquilibrage des liquides corporels. Quelques heures plus tard, elle était sur pied. Quelques semaines plus tard, elle bouclait le marathon de New-York sans affoler la chronique. La course était entrée dans les mœurs. Stamathia et Melpomène avaient enfin gagné! Gilles Goetghebuer
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