Zatopek france 29 liseuse by Zatopek Magazine

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Ne manquez pas

le cahier

Volodalen (au centre du magazine)

Zatopek

N°29 - trimestriel - février - mars - avril 2014 - France - 5.50 €

Le 1

Magazine Running & Santé de votre Région

Ecologie

Nanoparticules ? Pas dans mes chaussettes !

Test

Evaluez la puissance de votre moteur

Embolie cérébrale La maladie des vieux coureurs

D’OÙ VIENT LE

BONHEUR DE COURIR ? ET POURQUOI TOUT LE MONDE NE L’ÉPROUVE PAS ?

Technique

Etirements, mythes et réalités

Entraînement

Préparez votre marathon du printemps

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ZATOPEK EST UNE PUBLICATION DES Editions Sport et Santé sprl 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles (Belgique) TVA: BE 0882 202 726 Tel: 00 32 (0)2 538 54 58 Fax: 00 32 (0)2 537 13 38 Email: info@zatopekmagazine.com Site web: www.zatopekmagazine.com SERVICE ABONNEMENTS Sur le site www.zatopekmagazine.com ou par téléphone: 00 33 (0)4 32 80 26 83 (France & Suisse) et 00 32 2 538 54 58 (Belgique et autres pays). EDITEUR RESPONSABLE Gilles Goetghebuer 177 rue Vanderkindere B-1180 Bruxelles DIRECTEUR DE PUBLICATION Jean-Paul Bruwier jpb@zatopekmagazine.com CONCEPTION ET GRAPHISME Denis Thiry denis@perfecto.be REDACTEUR EN CHEF DU MAGAZINE Gilles Goetghebuer gilles@zatopekmagazine.com SECRETAIRE DE REDACTION Anna Muratore anna@zatopekmagazine.com ICONOGRAPHIE Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com ONT COLLABORE A CE NUMERO: Olivier Beaufays, Antoine Billa, Aurore Braconnier, Jean-Paul Bruwier, Louise Deldicque, Marc Francaux, Anne-Sophie Girault, Roger Igo, Hilde Meesters, Anna Muratore, Guillaume Narguet, Vincent Rousseau, Naïm Schneyders. CREDITS PHOTOS New Wave Image:12; Centre tchèque:14,15; Reporters:16; Keystone:20; Enrico Romanzi/Tor des géants:21; Suunto databank:24; Franck Oddoux/ Ultra-Trail du Mont-Blanc:24; Erich Spiess/Red Bull Content Pool:26; Christophe Vissant:27; Marc Vanderlinden:28,34; Dunca Daniel:35; Greenpeace Russie:36; Tomasz Pietek:40; Peter Bernik:50; Dumas/DR:10,13,18, 19,22,30,39,41,42,43,44,45,46,47,48,49,52,5 3,54,57,58,60 REGIE PUBLICITE Toutes éditions, Belgique et Luxembourg: Ghislaine De Drijver et Isabelle Crutzen Podium Media Europe SA Mobile: 0032 473 93 41 28 Tel: 00 352 26 90 86 69 Fax: 352 24611082 info@podium-media.biz Skype: jpodium Pour la France et la Suisse: Pascal Leost pub@zatopekmagazine.com 213, Avenue Paul de Vivie 84210 Pernes-Les-Fontaines – France Tél: 00 33 (0)4 32 80 26 83 Pour le Québec: info@podium-media.biz COMMISSION PARITAIRE: 1115 U 89417 IMPRESSION Imprimé en Belgique/Printed in Belgium Imprimerie Bietlot rue du Rond-Point 185 B-6060 Gilly Belgique DISTRIBUTION Belgique: Tondeur Diffusion Patrick Malotaux 9 Avenue Van Kalken 1070 Bruxelles Tel: 02 555 02 11

SOMMAIRE_

EDITORIAL

haque année, un panel d’auditeurs des radios francophones (France, Belgique, Suisse et Canada) décerne un prix à ce qu’il considère comme la meilleure émission de l’année. En 2001, cette récompense échut à Véronique Julia, une journaliste de France Inter pour son reportage sur la vie dans les maisons de retraite. La misère, devrait-on dire! Elle décrivait un univers assez sordide où, à l’angoisse de la fin de vie, s’ajoutaient la solitude, l’ennui et la perte de dignité. Lors de ce reportage, le directeur de l’un des établissements répondait de façon absolument glaçante à une question pourtant anodine:

«Quel est le sentiment dominant parmi les pensionnaires à l’annonce de la disparition de l’un d’entre eux?» «L’envie», disait-il. On ne peut probablement pas faire de pire constat d’échec que celui-là. A chaque fois que nos sociétés battent des records de longévité, on doit se souvenir de la réflexion de ce directeur et se demander quelle est la valeur de ces années arrachées au néant si elles ne servent en définitive qu’à se languir de son propre trépas et à jalouser celui des autres. Un contre-exemple? Le 3 novembre dernier. Joy Johnson (photo ci-contre), une Américaine de 86 ans bouclait le marathon de New York pour la 25ème fois d’affilée. Elle mourait dans la foulée. Cette disparition rappelle un peu celle de Molière dont la légende veut qu’il soit mort sur scène alors qu’en réalité, il est mort chez lui quelques heures plus tard. D’ailleurs Joy Johnson aussi est décédée le lendemain de la course, probablement des suites d’une chute et d’un traumatisme crânien pendant la course auquel, dans l’excitation du moment, elle avait refusé de porter attention. Peu importe les détails. Ils disparurent l’un et l’autre de façon inopinée et, osons le mot, de façon enviable. Qu’éprouvezvous à l’égard d’une personne qui meurt dans son sommeil à l’âge de 86 ans, après avoir bouclé un ultime marathon? De la jalousie, peut-être. Mais pas du même ressort que celle qui règne dans les maisons de retraite. La délivrance ici prend des allures d’exultation. Et si le sport permet ça. Vive le sport!

Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef (en haut à gauche)

04_AJOUTEZ À MON PANIER

28_ SANTE

Luxembourg: MPK – Elisabeth Biever 11, rue Ch. Plantin – B.P. 2022 L-1020 Luxembourg Tel: 00 352 499 888 306

10_COURRIER DES LECTEURS

35_ SOCIETE

France, Suisse et Québec: MLP ZA de Chesnes -55 bd de la Noirée F-38070 Saint Quentin Fallavier Tel: 04 74 82 39 56

12_LA MUSE DU COACH

40_TEST

Trimestriel Février, mars, avril 2014

14_CULTURE CLUB

50_ ECOLOGIE

N° ISSN 1783-4104

La reproduction des textes et photos publiés dans ce numéro est interdite

16_ZOOM

56_ TENDANCE

18_SCIENCE

62_MACADAM PEOPLE

LA LOCOMOTIVE (toutes éditions) Est un supplément gratuit au trimestriel Zatopek et ne peut être vendue séparément Rédacteurs Belgique: Olivier Beaufays olivier@zatopekmagazine.com Eric Cornu eric@zatopekmagazine.com Jérôme Jacot jejacot@yahoo.fr Christophe Libin christophe@zatopekmagazine.com Jean-Paul Bruwier jp@zatopekmagazine.com Rédacteurs France et Suisse: Cyrille Gindre cyrille@volodalen.com Sophie Sartet sophie@zatopekmagazine.com Rédacteur Québec: Mathieu Poirier info@zatopekmagazine.com

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Tout ce qu’il faut pour courir à la page La parole est à vous

Posez vos questions à l’entraîneur Zatopek, source de zizanie Vincent Rousseau décrypte une image Au bonheur du macadam

Attention aux embolies! Un scandale nommé Sotchi Etes-vous un coureur naturel? (Partie II)

Alerte aux nanoparticules! Les courses les plus débiles de la terre

Kenny Moore parle de son pote, Steve Prefontaine

23_TEMOINS

Les gens heureux ont des histoires!

ATTENTION

Ne ratez pas notre supplément à détacher au centre du magazine.

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AJOUTEZ_À MON PANIER CHAQUE SAISON VOIT FLEURIR SON LOT DE NOUVEAUTÉS, VÊTEMENTS, CHAUSSURES ET AUTRES GADGETS POUR RENDRE LA COURSE À PIED PLUS MODERNE. TOUJOURS PLUS MODERNE. Rubrique réalisée par Olivier Beaufays

GARMIN FORERUNNER 620 Vous n’auriez pas la VO2max?

Plus besoin de se rendre dans un laboratoire d’effort ou de réaliser des tests de terrain pour connaître sa VO2max. Grâce à un ingénieux programme qui se base sur la vitesse de course, l’intensité de l’effort et surtout la variabilité cardiaque, la Forerunner 620 établit une approximation des aptitudes aérobies (VO2max) qui étonne par sa précision. Rappelons que la variabilité cardiaque est une mesure qui repose sur les temps de latence entre deux battements de cœur. Ces durées fluctuent en permanence, ce qui constitue plutôt un indice de forme. La Forerunner 620 s’en sert aussi pour fixer des recommandations précises avant chaque séance. La jauge de couleur est verte? C’est bon, vous pouvez y aller! Orange? Il vaut mieux lever le pied. Rouge? Attention à ne pas forcer. Vous êtes déjà épuisé. Reposez-vous ou faites un travail technique sur la foulée. Là encore, la Forerunner 620 sera d’un précieux secours. Elle est vendue avec une nouvelle ceinture baptisée HRM-Run, dotée de plusieurs accéléromètres qui enregistrent les oscillations verticales et les temps de contact au sol. L’exercice consiste évidemment à minimiser les deux. Pas facile!

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“

PLUS DE BOOGIE-WOOGIE!

Hartmann et Kelly Holmes

IL L’A DIT!

Avec ses 26 os, 33 articulations, 12 tendons et 18 muscles, le pied se comporte à la manière d’un pont suspendu répondant aux normes antisismiques les plus sévères. Mieux-même! La voûte plantaire est le plus ingénieux dispositif jamais conçu dans la nature pour supporter d’énormes pressions.

”

Cette flatteuse description est signée Gerard Hartmann, kinésithérapeute irlandais reconnu dans l’univers des stars comme l’un des meilleurs spécialistes du pied. Il a travaillé auprès de vedettes comme Paula Radcliffe ou Khalid Khannouchi. Un jour, il a même calculé que tous ses patients réunis comptabilisaient 61 médailles olympiques. Qui dit mieux?

ais qui est cette personne qui se cache derrière son dossard du marathon de New York? Un indice? En général, elle court plutôt sur la plage.

PHOTO MYSTÈRE

RÉPONSE: Il s’agit de Pamela Anderson qui a terminé le marathon de New York en 5 heures et 41 minutes. L’ancienne star d’Alerte à Malibu a reconnu ne plus avoir souffert comme ça depuis la naissance de ses deux fils.

n faussant compagnie à ses maîtres la veille du semi-marathon d’Evansville (Indiana) le 5 octobre dernier et en courant seul la totalité de la course, le labrador chocolat Boogie devenait le premier chien officiellement reconnu pour avoir effectué un semi-marathon de son plein gré. «Devenait» car il est malheureusement décédé deux jours plus tard. Alors, on ne connaît pas ses antécédents familiaux. On ne sait rien de son alimentation et de ses habitudes tabagiques. Son vétérinaire a refusé de parler de mort subite. Mais certains signes ne trompent pas. Boogie pesait 45 kilos et était âgé de 8 ans au jour de sa disparition. A l’échelle humaine, cela lui aurait fait un âge de 76 ans. Chez les chiens, en effet, on tient compte du poids pour établir ce genre d’équivalence. Ainsi un chien du même âge mais qui pèserait moins de 15 kilos aurait été gratifié d’un âge humain de 52 ans seulement. On pourrait procéder de la même façon chez les hommes et fixer l’espérance de survie en tenant compte à la fois de l’âge et du poids. Mais cela créerait de gros malaises.

www.garmin.com

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ

LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION

& SANTÉ DE VOTRE RÉGION

LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION AJOUTEZ À MON PANIER 6 pages

COURRIER_DES LECTEURS RÉAGISSEZ SUR WWW.ZATOPEKMAGAZINE.COM OU ENVOYEZ VOTRE COURRIER Pour la France: 213 avenue Paul de Vivie, 84210 Pernes-les-Fontaines Pour la Belgique: 177 rue Vanderkindere, 1180 Bruxelles

Cendrillon un peu À la lecture de l’éditorial du dernier numéro, je me suis souvenue de l’explication qu’une vieille amie irlandaise me donnait au sujet de la pantoufle de vair. Il s’agirait d’une déformation de «fur» («fourrure» en anglais) dans la transmission orale du conte. Rien à voir avec le vair de Balzac ou le verre de Perrault.

Françoise Riehl

Dans votre test «Êtes-vous un coureur naturel?», je me suis rendu compte que la question n°9, celle sur les mollets, pouvait générer un quiproquo. Faut-il pointer les orteils vers le haut ou vers le bas en contractant le mollet? Selon la position, j’arrive à des résultats tout à fait différents.

Thiébault

Notre réponse:

Une déchirante comparaison

Effectivement la bosse du mollet remonte quelque peu en pointant les orteils vers le bas et elle redescend si on les tire vers le haut. Idéalement, il faut donc contracter le muscle en gardant le pied et la jambe à 90°.

Dans votre dernier numéro, vous comparez les coureurs aux animaux. A ce propos, je me suis toujours demandée pourquoi ceux-ci n’avaient pas besoin de s’échauffer avant de livrer un effort intense pour fuir un prédateur ou rattraper une proie. Et ceux qui participent à des courses comme les lévriers ou les chevaux, leur arrive-t-il de se déchirer un muscle?

Nous avons posé la question à Jean-François Moniot, un vétérinaire spécialisé dans les soins apportés aux lévriers de course. «Bien sûr qu’ils se déchirent», nous a-t-il répondu. «Un lévrier de course ne doit jamais partir à froid.» Il pense d’ailleurs qu’on pourrait s’épargner bien des accidents si les propriétaires étaient plus vigilants. «Souvent, les chiens sortent du coffre de la voiture, courent jusqu’au box de départ et on considère qu’ils sont échauffés», déplore-t-il.

Le cul entre deux chaises Dans le Zatopek n°26, vous écrivez que le fait d’être assis l’essentiel du temps favorise la rétractation des muscles ischio-jambiers. Dans son livre «un corps sans douleur», Christophe Carrio prétend qu’elle favorise l’allongement et le relâchement des muscles fessiers. N’est-ce pas contradictoire? Par ailleurs, j’ai acheté une chaise suédoise qui promet une meilleure assise. Cependant j’ai l’impression que les muscles à l’arrière de la cuisse sont encore plus rétractés dans cette position. Qu’en pensez-vous?

Arielle

La position assise place effectivement les muscles fessiers en position plus étirée que debout. Surtout, ils sont écrasés, ce qui nuit à leur bonne irrigation. Pour les ischios, c’est différent. Le fait de replier les jambes sur les cuisses rapproche les points d’ancrage. Ces deux observations ne sont donc pas incompatibles. Quant à la chaise suédoise, son gros avantage sera de maintenir les courbures du dos. Elle soulage aussi un peu l’appui sur les fesses puisque le poids est également réparti sur les jambes. En revanche, elle ne résout rien du problème de raccourcissement des ischiosjambiers. La solution? Changez fréquemment d’assise!

Il est un peu rude votre test! Je cours avec plaisir depuis longtemps. Je participe à des compétitions. Bien sûr, mes résultats ne sont pas fantastiques: 38’ au 10km et 3h02’ au marathon. Mais j’ai pris un coup sur la tête en apprenant que j’appartenais au groupe des semelles de pierre. Et cela a bien fait rigoler mon collègue de travail que je coache.

Notre réponse:

typographicarts.ch

Semelle de pierre toi-même!

Christiane Fankhauser Notre réponse:

Notre réponse:

La clé à mollet

Didier

Si notre test d’aptitude vaut quelque chose, vous devriez cartonner dans le second volet d’exercices. Vous nous tiendrez au courant?

Faut-il se pincer le nez? Dans le dernier numéro, vous évoquez les techniques de renforcement des muscles respiratoires par le biais d’embouts buccaux qui entravent le passage de l’air. Personnellement, je suis convaincu des bienfaits qu’ils apportent. Mais j’ai tout de même une question: faut-il les utiliser avec ou sans pince-nez?

Notre réponse:

Jean-Jacques Moros

Les consignes d’utilisation du Powerbreathe stipulent effectivement l’usage du pince-nez. Au début, on conseille aussi de sélectionner une résistance faible dans la mesure où le seul fait d’avoir le nez bouché crée un état de stress qui tire la ventilation vers le haut.

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION COURRIER DES LECTEURS 3 pages

CULTURE_CLUB

DANS CETTE RUBRIQUE, NOUS FAISONS LE POINT SUR LA POLÉMIQUE QU’A SUSCITÉE EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE LA TRADUCTION DU LIVRE «COURIR» DE L’ÉCRIVAIN FRANÇAIS JEAN ECHENOZ.

Zatopek,

la zizanie E

n 2008, une biographie était consacrée au champion tchécoslovaque Emil Zatopek. Elle était signée de Jean Echenoz, lauréat du Prix Goncourt en 1999. Dans un précédent numéro, il nous expliquait qu’il avait pris soin de beaucoup se documenter pour piocher dans les journaux de l’époque les différents éléments de son récit (*). En même temps, il reconnaissait qu’il lui était aussi arrivé de laisser parfois libre cours à son imagination pour certaines scènes. L’ouvrage avait été bien accueilli en France (**). Beaucoup plus fraîchement en République tchèque. C’est un euphémisme! Si certains critiques littéraires ont compris l’angle choisi par l’auteur, tout en regrettant qu’il n’ait pas pris la peine de se rendre une seule fois en République tchèque en cours de réalisation de son œuvre, d’autres furent moins indulgents. «Zatopek à la sauce française» ou «Zatopek

courait-il vraiment comme ça?», s’est ainsi demandé le prestigieux magazine Respekt en novembre 2009. «Aux Français peut-être, mais aux lecteurs tchèques, le livre n’apporte rien de nouveau. Même s’il s’agit d’une histoire romancée, il y a trop d’inexactitudes historiques pour ne pas dire d’absurdités. On peut même se demander pourquoi il a été traduit».

Behat d’indignation

Retour en France. Il y a quelques mois, le comédien Eric Cénat (responsable artistique du Théâtre de l’Imprévu à Orléans), séduit, lui, par le récit de Jean Echenoz, propose d’en faire une lecture théâtralisée avec des images d’archives en toile de fond. Il choisit alors les passages-clés et monte un petit spectacle d’une heure et quart au cours duquel on est pris

Cénat en scène

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION CULTURE_CLUB 2 pages

ZOOM_PHOTO DANS CHAQUE NUMÉRO, VINCENT ROUSSEAU COMMENTE UNE PHOTO. CETTE FOIS, IL REVIENT SUR L’ÉVÉNEMENT DU 29 SEPTEMBRE DERNIER À BERLIN LORSQUE LE KÉNYAN WILSON KIPSANG A DÉPOSSÉDÉ SON COMPATRIOTE PATRICK MAKAU DU RECORD DU MONDE MARATHON EN COUVRANT LA DISTANCE 2 HEURES, TROIS MINUTES ET 23 SECONDES.

_DE VINCENT ROUSSEAU Pour réaliser ce nouveau record, Wilson Kipsang est parti vite. Il a bouclé la mi-course en 61’32 soit une projection à l’arrivée de 2h03’04. Il a légèrement ralenti dans la deuxième moitié avec notamment un temps de 29 minutes 42 entre le vingtième et le trentième kilomètre (voir schéma). Mais il a terminé à toute vitesse, bouclant les deux derniers kilomètres à 21,3 km/h soit un temps de 2’49 au kilomètre. Avec le vent de face! 15 14.9 14.8 14.7 14.6 14.5 14.4 14.3 14.2 14.1 14

Evolution du temps en minutes par tranches de 5km

2:54.8

2:56.4

2:53.8

2:54.8

2:58.8

2:57.6

20 25 Distance (km)

2:55.0

2:55.2

2:49.0

Quelques mètres avant l’arrivée, un spectateur imbécile s’immisce dans la course pour couper le cordon d’arrivée juste avant le vainqueur. Son but était de faire de la publicité pour un site internet de prostitution. Le seul intérêt de cette initiative est d’offrir une image comparative intéressante entre deux individus dans la même position: l’un taillé pour la course, l’autre pour la balourdise. On dirait un téléphone portable. Mais cela aurait parfaitement pu être une bombe. On voit par là que les événements sportifs populaires restent des cibles faciles pour d’éventuels terroristes, malgré le renforcement des mesures de sécurité prises après les attentats du marathon de Boston. Cette scène rappelle un peu la mésaventure survenue à Frank Shorter aux Jeux de Munich en 1972. Il avait été devancé dans le stade par un étudiant allemand, un certain Norbert Sudhaus, que le public a d’abord chaleureusement acclamé puis copieusement sifflé lorsqu’il comprit l’entourloupe. C’est donc sous les huées que Shorter a fait son entrée dans le stade. Le pauvre, il ne savait pas ce qu’il avait pu faire pour mériter cette hostilité. 16 ZATOPEK_29

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION ZOOM 2 pages

DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT

C’est quoi,

LE BONHEUR? CEUX QUI COURENT RÉGULIÈREMENT CONNAISSENT CETTE SENSATION DE BIEN-ÊTRE DANS L’EFFORT. PARFOIS MÊME D’EUPHORIE. LES ANGLOSAXONS UTILISENT L’EXPRESSION «RUNNER’S HIGH» PAR ANALOGIE AUX DROGUES. MAIS D’OÙ CELA VIENT-IL? PERSONNE NE LE SAIT!

«P

ourquoi est-ce que je cours sur d’aussi longues distances? Ce n’est pas sans raison, tout de même. Lors des courses d’ultra-endurance, j’en arrive à un point tel que mon corps est quasiment mort. Mon esprit doit alors prendre le dessus. Quand cela devient vraiment dur, une sorte d’affrontement se déroule entre mon corps et mon esprit. Si mon corps gagne, je suis obligé d’abandonner. Si mon esprit gagne, je continue. Dans ce dernier cas, j’ai l’impression que je suis à l’extérieur de mon corps. C’est comme si je vois mon corps en face de moi; mon esprit gouverne et mon corps suit. C’est un sentiment très spécial que j’apprécie particulièrement. C’est un très beau moment, le seul où je sens que ma personnalité se dissocie de

mon corps, comme deux choses étrangères.» Ces phrases sont extraites d’une interview accordée par Yiannis Kouros, une véritable légende dans le monde de l’ultra-endurance (1). Le côté extatique de cette description ne surprendra personne parmi les adeptes des sports d’endurance. Beaucoup de témoignages vont effectivement dans ce sens et associent des épisodes de fatigue extrême à des moments de grande sérénité. Que se passe-t-il exactement dans le cerveau lorsque cela se produit? On aimerait bien le savoir. Comment se fait-il aussi que certaines personnes soient manifestement plus sensibles à ce phénomène que d’autres? Là il semble que ce soit surtout une question de pratique. Un néophyte en course à pied devra faire preuve de patience et

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION DES CHERCHEURS_QUI CHERCHENT 5 pages

_TÉMOIGNAGES

Comment pourrait-on mieux décrire l’effet euphorisant de la course à pied qu’en laissant la parole à ceux qui ont déjà fait l’expérience de cette étrange sensation? Témoignages recueillis par Olivier Beaufays

Le RUNNER’S HIGH existe, je l’ai rencontré! UN BONHEUR EN HAUTE DILUTION A MBY BURFOOT Lauréat du marathon de Boston en 1968 «Comme son premier bal, son premier baiser ou son premier enfant, on se souvient de son premier pic d’endorphines comme si c’était hier. Je courais près du moulin à cidre de Clyde, à Old Mystic, dans le Connecticut. Le dense feuillage des chênes me protégeait du soleil. Leurs brindilles au sol craquaient sous mes pas. L’air était empli d’une odeur de pomme. Pendant un, deux, peut-être même trois kilomètres, je me suis senti glisser dans une autre dimension. Il n’y avait plus de notion d’envie, d’effort, de contrainte ou de temps. Plus d’hier, plus de demain. J’ai flotté comme ça pendant un quart d’heure, conscient de rien hormis ma propre dérive. Ensuite, un gros camion a klaxonné en me doublant et le charme fut rompu. Adieu runner’s high, bonjour les gaz d’échappement! Finalement, ce fut ma seule rencontre avec ce sentiment. Une bien maigre rencontre en regard des heures passées à m’entraîner. J’ai même fait le calcul. Cela représente 0,00185% de toutes mes sorties!»

L’IMPORTANT, C’EST LA DOSE! ARNE DIETRICH Marathonien et spécialiste des neurosciences cognitives de l’exercice physique à l’Université américaine de Beyrouth «Pour espérer rencontrer ce pic, il faut courir légèrement en-dessous de son allure du 10 kilomètres. Si on va plus lentement, le stress ne sera pas assez important. Si on court trop vite, on se sentira submergé par l’effort.»

LE SAVIEZ-VOUS?

e titre de ce dossier fait référence à un livre du journaliste André Frossard paru en 1969 qui s’intitulait Dieu existe, je l’ai rencontré. L’auteur racontait sa conversion au catholicisme survenue 34 ans auparavant. Il avait 20 ans lorsqu’il était entré par hasard dans une chapelle parisienne en attendant un copain. Là-dessus, paf, Dieu lui apparaît! Son livre a marqué toute une génération de croyants. 29_ZATOPEK 23

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION TÉMOIGNAGES 5 pages

DOSSIER_SANTÉ TOUT A DÉBUTÉ DANS LA NUIT DU 27 MAI 2009. MARC SE RÉVEILLE DANS UN ÉTAT DE TOTALE CONFUSION. HORREUR! IL CONSTATE QU’IL LUI EST POUSSÉ UN TROISIÈME BRAS SUR LE CORPS PENDANT QU’IL DORMAIT.

L’histoire de

MARC E

n journalisme, le terme «chapeau» (parfois orthographié «chapô») désigne les premières lignes d’un article. Elles doivent titiller la curiosité du lecteur. Ici, en l’occurrence, on doit se demander: «Qui est ce Marc?» et surtout, «Pourquoi lui est-il poussé un troisième bras sur le corps pendant la nuit?» Place aux réponses: Marc Vanderlinden est belge. Il excelle dans les courses à pied d’ultra-endurance où il s’est bâti un bon petit palmarès (*). «Je suis redevable au sport d’un grand nombre de choses», explique-t-il. «Il m’a permis de voyager, de rencontrer des gens, de gagner leur recon-

CE FUT CLAIREMENT LE RÉVEIL LE PLUS BIZARRE DE MA VIE. ET LE PLUS ANGOISSANT!

naissance et m’a aidé à surmonter les passages moins rigolos de l’existence.» A 55 ans, il lui est resté extrêmement fidèle et court quasiment tous les jours, en effectuant notamment les dix kilomètres qui le séparent de son lieu de travail. «Le sport m’a tout donné», poursuit-il. «Mais il a failli aussi tout me reprendre lors de cette effroyable nuit du printemps 2009.» Ce soir-là, il avait mangé chez lui avec ses trois enfants, de grands adultes déjà, puisque l’aîné a 25 ans et les jumeaux 23. Après le repas, chacun avait regagné sa chambre, mais lui était resté seul devant la télévision à siroter du vin. C’était un mercredi, jour de la finale de Champion’s League entre Barcelone et Manchester United. Les Catalans s’imposent sur le score de 2 buts à 0. Il décide alors d’aller se coucher. D’ordinaire, Marc dort plutôt bien. Mais cette nuit-là, rien ne se passe comme à l’accoutumée. Trois heures plus tard, il se réveille dans un état de panique totale. Il est comme ivre. Il a certes bu trois verres de vin, mais de là à lui faire cet effet! Il se cogne au mur en se rendant aux toilettes. Ameutés par le raf-

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION DOSSIER_SANTÉ 7 pages

loco

motive

par

cahier technique

Les lecteurs de la première heure se souviennent peut-être que la partie centrale de votre magazine, fut composée durant quelques années, d'un cahier Volodalen "épais" de 16 pages et de moult digressions techniques sur la course. Et puis un beau jour "piou-piou", le cahier s'est envolé pour laisser place à une Loco davantage centrée sur les courses qui peuplent nos villes et nos campagnes. Entre temps, vous nous avez gentiment murmurés que d'autres que nous faisaient cela plus abondamment et sûrement mieux que nous. Alors, on vous a écouté et on a demandé aux cahiers Volodalen de redescendre sur terre. Puisqu'il convient d'aller de l'avant sans renier ses arrières, on a eu une sacrée bonne idée au moment de nommer ce nouveau fascicule central. Figurez-vous qu'on l'a appelé "la Locomotive Volodalen". Il fallait y penser n'est-ce pas ? Fermez les marchepieds, ouvrez grand les yeux, la nouvelle et frétillante Loco Volodalen est au départ ; bienvenus à bord et bon voyage ! Cyrille Gindre - Volodalen

Sommaire

1 ÉDITO 2 ACTUALITÉS SCIENCES 8 DOSSIER

Un marathon fait le printemps

16 EN 2 TEMPS 3 MOUVEMENTS

LA SIX-QUATRE-DEUX À Six mythes sur les étirements Bien gainés

19 SANTÉ VOUS BIEN

Les abdos Kronenbourg

20 DERNIERS ÉCHOS DES COURSES 22 LE LABORATOIRE VOLODALEN

Le baladeur RS4

23 UNE IMAGE, UN MOT Altitude - Supporter

Zatopek n° 29 I février / mars / avril 2014

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LE 1ER MAGAZINE RUNNING & SANTÉ DE VOTRE RÉGION LA_LOCOMOTIVE CAHIER TECHNIQUE DE 24 pages

SOTCHI_2014

A lire pour

SE FÂCHER

dans le monde et qui exige de vraies qualités athlétiques. Et pourtant le cross n’a aucune chance de connaître un jour cette consécration. Il faut dire qu’il est marqué par deux handicaps majeurs. Enfin, surtout le deuxième. Pour le premier, on pourrait encore s’arranger. Une règle olympique prévoit en effet que les sports retenus pour les Jeux d’hiver ne peuvent se dérouler que sur la neige ou sur la glace. En faisant figurer le cross au programme, on devrait soit trouver un terrain enneigé, soit obtenir une dérogation. Pourquoi pas? Un pentathlon d’hiver a bien été organisé en démonstration lors des es Jeux olympiques sont confrontés à un double proJeux de Saint-Moritz en 1948. Il proposait pourtant des blème. En été, le programme est surchargé et plusieurs épreuves d’équitation, de tir et d’escrime qui ne se déroudisciplines qui rêvent d’y partilaient pas sur la neige ou la glace ciper restent sur le carreau. En hiver, (NB: Dommage, ç’aurait été rigolo). Mo Farah bat les Blancs en neige. c’est le contraire! Seule l’indigence Non! Le gros problème du cross, du calendrier explique l’admission c’est qu’il s’agit d’un sport bon marde sports comme le curling. Pourquoi ché et accessible à tous. Cela a l’air le curling? C’est étonnant tout de idiot, mais les disciplines qui ne némême! Il existe un tas d’autres discicessitent pas de gros investissements plines hivernales mille fois plus mérin’intéressent personne dans les tantes. A commencer par le cross! hautes sphères décisionnelles. Voilà un sport qui se pratique partout Enquête sur ce paradoxe!

LES ÉVÉNEMENTS SPORTIFS SONT L’OCCASION DE DÉTOURNEMENTS MASSIFS D’ARGENT PUBLIC. DANS LA SOCIÉTÉ CIVILE, TOUT LE MONDE EN PÂTIT! SURTOUT LES SPORTS MODESTES COMME LA COURSE À PIED.

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TESTEZ_VOTRE FORME

ans le précédent numéro de Zatopek, nous vous proposions un test en dix questions qui permettait d’évaluer vos aptitudes à la course à pied. Toute l’attention était alors portée sur des paramètres comme la longueur des jambes, le tour de taille, le poids des seins (pour les femmes), le diamètre crânien ou encore la hauteur des mollets. Cette première approche reposait donc uniquement sur des critères morphologiques. Dans ce deuxième volet, nous nous intéressons au «moteur». Le moteur? Oui! Dans le jargon des coureurs, on utilise souvent ce terme pour définir les qualités physiologiques de base, c’est-à-dire la capacité que possède chaque individu pour acheminer de l’oxygène à ses cellules musculaires et pour dépenser de l’énergie. On ne parle plus ici de profil plus ou moins favorable à la course, mais d’un potentiel cardiaque, pulmonaire et musculaire. Ce sont deux aspects très différents. On peut être affuté comme un rasoir et disposer d’un tout petit moteur. A l’inverse, on peut ressembler à un ministre et développer une puissance de feu. Pour rendre les choses encore plus claires, imaginez d’un côté une Formule 1 équipée d’un moteur de tondeuse à gazon et de l’autre, une voiturette de golf avec un moteur atmosphérique (8 cylindres en V, 2400 centimètres cube, 830 chevaux de pic de puissance) comme celui qui équipe la Red Bull de Sebastian Vettel. La combinaison idéale étant évidemment d’associer un gros moteur et un carénage aérodynamique. Et la pire? Un engin poussif

Etes-vous un

GROS MOTEU dans une carcasse déglinguée. Où vous situez-vous? Pour le savoir, voici dix nouveaux exercices, certains classiques, d’autres moins, qui vous aideront à le déterminer. Attention, vous aurez besoin pour le réaliser d’une montre avec les secondes, d’une craie, d’un mètre-ruban, d’une bougie, d’allumettes, d’un bâton et d’un minimum de cœur à l’ouvrage. Par Gilles Goetghebuer

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Test 1 Prenez votre pouls au repos

EUR?

Le premier test est le plus classique et le plus facile à réaliser. Il suffit de relever votre fréquence cardiaque au réveil, le matin ou après la sieste. Elle doit être la plus basse possible. Evitez donc de faire le moindre geste en dehors de celui de porter les deux doigts au poignet ou à la base du cou et n’ouvrez les yeux que pour suivre le mouvement de la trotteuse.

Résultats

Moins de 40............................... 0 point Entre 41 et 50........................... 2 points Entre 51 et 60........................... 4 points Entre 61 et 70........................... 6 points Plus de 71.................................. 8 points

LE SAVIEZ-VOUS?

ans des disciplines d’endurance, certains champions développent tant leur cœur que leur pouls au repos atteint des valeurs incroyablement basses. Le record en la matière serait actuellement détenu par le miler américain Alan Webb (notre photo) qui descendrait à 21 pulsations/minute. Dans des cas aussi extrêmes, on conseille aux individus de porter en permanence sur eux une attestation médicale qui précise le caractère non pathologique de ce pouls ralenti. On craint en effet qu’en cas de perte de connaissance, les secours interprètent mal cette bradycardie d’origine sportive et qu’un urgentiste ne soit tenté d’administrer un traitement de choc pour relancer la pompe. 29_ZATOPEK 41

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LE MONDE_SELON KANT

CHAUSSETTES, COLLANTS, T-SHIRTS: LES NOUVEAUX VÊTEMENTS DE SPORT INCORPORENT DE PLUS EN PLUS SOUVENT DES NANOPARTICULES D’ARGENT POUR LUTTER CONTRE LES MAUVAISES ODEURS. ET APRÈS?

L’ARGENT N’A PAS

D’ODEUR ! C

ontrairement à une idée reçue, la sueur fraiche est inodore. Elle ne se charge de relents fétides qu’en se dégradant sous l’influence des bactéries. Sans bactéries, pas de mauvaises odeurs! Voilà ce qu’ont pensé les industriels du textile. Pratique! Un sportif pourrait ainsi remettre les mêmes vêtements d’une séance sur l’autre sans être incommodé par leur puanteur. Et sans incommoder les autres. Existe-t-il un moyen pour détruire ces bactéries importunes? Oui! Une technique déjà ancienne consiste à utiliser les propriétés bactéricides d’un métal abondant dans la nature: l’argent. Cellesci sont connues depuis des siècles. Au

tout début de l’acupuncture, les médecins chinois recommandaient déjà d’utiliser des aiguilles en argent pour réduire le risque de contagion. Les Grecs aussi se servaient de récipients en argent pour conserver l’eau et purifier le vin. Dans l’Antiquité, on soignait les grands brûlés en broyant de l’argent pour en faire de la poudre que l’on mélangeait ensuite à de l’eau pour en imprégner des tissus dont on se servait pour recouvrir les plaies. Cette méthode était encore très utilisée lors de la Première Guerre mondiale et elle a permis de sauver la vie de centaines de milliers de soldats! On se sert aussi du métal pour prévenir l’ophtalmie du nourrisson, cause importante de cécité dans le monde jusqu’à ce que l’on s’aperçoive

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COURSES_EXTRÊMES LES ORGANISATEURS DE COURSES À PIED RESSEMBLENT UN PEU À CES PARENTS QUI NE SAVENT PLUS QUOI INVENTER POUR DISTRAIRE LEURS ENFANTS. VOICI UN PETIT SURVOL DES COURSES « LES PLUS…» Dossier réalisé par Olivier Beaufays

La saga des

courses im LA PLUS ANCIENNE

es courses à thèmes paraissent sûrement très modernes pour ceux et celles qui se pressent sur l’aire de départ. En réalité, elles ne sont que la perpétuation de très anciennes traditions qui, pour certaines, remontent au Moyen-Age. Elles connurent même une grosse période d’embellie à la fin du XIXe siècle. Postiers, cheminots, bouchers et même journalistes: toutes les corporations y passaient. Les garçons de café, par exemple, devaient courir en portant sur leur plateau d’énormes chopines de bière qu’ils ne pouvaient évidemment pas

renverser. Il y avait aussi des courses de nourrices qui poussaient un landau. Avec un enfant dedans! Si le landau se renversait et si l’enfant tombait, elles étaient disqualifiées et probablement renvoyées. Bien avant qu’on ne parle de sports paralympiques, il existait déjà aussi des courses pour mutilés de guerre qui prêtaient d’ailleurs à des performances étonnantes. En mars 1895, un certain Roulin remporta le 200 mètres des jambes de bois de Nogent-sur-Marne en 30 secondes (voir image). Ajoutez-y les courses pour obèses, celles sur des échasses ou encore sur planche à roulettes pour les cul-de-jatte. Notre époque n’a rien inventé!

LA PLUS COLORÉE

’est l’épreuve à la mode! On court sur une distance de 5 kilomètres en se faisant bombarder par ce qui ressemble à des canons à neige, sauf que ceux-ci ne soufflent pas des cristaux de glace mais des pigments de couleurs. Les participants finissent donc la course complètement peinturlurés. L’idée est récente. La première édition dudit «Color Run» s’est tenue en janvier 2012 à Phoenix dans l’Arizona. Elle réunissait 6000 coureurs tous vêtus d’un tee-shirt blanc au départ (fourni par l’organisation) et forcément irisé à l’arrivée. Ce fut un tel succès que l’année suivante, l’idée essaima partout sur le continent américain avec quelques incursions en Europe notamment à Bruxelles. Une édition est également prévue à Paris en 2014. Le prix de participation est assez élevé: 35 euros. Il faut dire que les organisateurs doivent verser des droits d’auteur à l’inventeur du concept, l’Américain Travis Snyder.

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imbéciles LA PLUS MEURTRIÈRE

en anglais signifie «dur au «T ough» mal, costaud». On vous laisse

imaginer ce que peut signifier une course réservée aux «Tough Guys». En résumé, il s’agit d’un cross suivi d’un parcours du combattant à faire saliver le sergent Hartman en personne, vous savez, celui qui hurle sur ses jeunes recrues dans le film de Stanley Kubrick Full Metal Jacket. Sir, yes, Sir! L’idée de proposer ce genre d’épreuve aux civils a germé dans la tête d’un ancien grenadier de l’armée anglaise, Billy Wilson. «Nous avons voulu mettre en place le circuit le plus dur au monde», explique-t-il. «Plus dur encore que celui des US Navy Seals.» Les concurrents doivent entre autres choses ramper sous des barbelés, courir au milieu de bottes de foin enflammées, grimper

sur des rochers, nager dans de l’eau glacée, s’agripper à des câbles électriques et encaisser au passage de violentes décharges. La première course des Tough Guys s’est déroulée en 1987 dans un camp militaire à Perton, près de Wolverhampton en Grande-Bretagne. A l’époque, Billy Wilson voulait surtout protéger les coureurs des dangers de la circulation. Lui-même avait été renversé par une voiture à l’entraînement quelque temps auparavant. Mais un péril peut en chasser un autre. Lors de l’édition 2009 de cette même épreuve à Perton, les bains de boue glacés ont causé pas moins de 600 hypothermies. Sur une course similaire en Virginie Occidentale, la Tough Mudder, un homme s’est également noyé après un saut dans un bassin boueux de 4,5 mètres de profondeur. Et pas de possibilité de se retourner contre l’organisation pour manque de prévoyance. Le défunt, comme tous les autres concurrents, avait signé un document appelé «death warrant» qui décharge l’organisation de toute responsabilité en cas d’accidents.

LA PLUS TRIVIALE

Le porté estonien, plus fort que le Kama Sutra!

réée en Finlande en 1992, du côté de Sonkajärvi, cette course commémore les exploits de Herkko Rosvo-Ronkainen, un bandit sévissant dans la région au XIXe siècle. Selon les versions, on raconte qu’Herkko recrutait ses hommes en les soumettant à une course d’obstacles où ils devaient porter leur épouse. Selon la légende, il se serait fait une spécialité de mises à sac de villages avec rapts de jeunes filles que les hommes transportaient, comme il se doit, sur leur dos. Peu importe. On a retenu l’essentiel. Dans ces épreuves de Wife Carrying, les messieurs doivent emmener 29_ZATOPEK 57

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MACADAM_PEOPLE L’AMÉRICAIN STEVE PREFONTAINE OCCUPE UNE PLACE À PART DANS LA GALERIE DES GRANDS COUREURS À PIED. CELLE D’UNE LÉGENDE! MAIS NE CHERCHEZ PAS D’ACCENTS MYSTIQUES DANS CETTE INTERVIEW. KENNY MOORE PARLE DE SON AMI ET FRÈRE DE CŒUR, AVEC BONHOMIE ET LUCIDITÉ, SANS JAMAIS SE DÉPARTIR DE CETTE FAMILIARITÉ RESTÉE INTACTE 40 ANS APRÈS SA DISPARITION.

Notre ROI de la COMPLAINTE K

enny Moore (69 ans) a fini quatrième au marathon des Jeux olympiques de Munich en 1972, la même place que Prefontaine sur 5000 mètres. La pire! A l’époque, ces deux champions étaient entraînés par Bill Bowerman, co-fondateur de Nike, également célèbre pour avoir introduit le jogging aux Etats-Unis. Reconverti dans le journalisme sportif, Kenny Moore raconte tout cela dans son livre Men of Oregon (Les hommes de l’Oregon, Ed. Rodale, 1996). Moore sera en outre prochainement à l’affiche du film de Pierre Morath, Free to Run, une coproduction Point Prod (Suisse), Yuzu Productions (France) et Eklektic Films (Belgique).

VOUS RENCONTREZ STEVE PREFONTAINE EN 1969. QUELLE EST VOTRE PREMIÈRE IMPRESSION?

Je connaissais bien la ville d’où il était originaire parce que lorsque j’étais enfant, ma famille et moi, allions souvent pêcher le crabe à Coos Bay. Mes plus anciens souvenirs remontent d’ailleurs à cette période d’après-guerre. La côte était alors en pleine mutation. Partout des nouvelles constructions jaillissaient de terre et les forêts étaient massivement détruites. Comme mon père travaillait dans le secteur de l’acier, j’ai suivi tout cela au plus près. Lui-même a fait le choix de vendre une partie de son patrimoine pour construire des scieries à bois. er e Frank Shorter (1 ) et Kenny Moore (4 ) Nous vivions en permanence dans un tel vacarme que j’en ressens encore de l’effroi aujourd’hui. C’est dire! Rétrospectivement, toute cette époque semblait marquée du même sceau: celui de l’explosion et de la démesure. Même les bateaux à quai étaient monstrueux. Sans parler des grues de levage! Dans l’imaginaire collectif, quiconque venait de Coos Bay devait forcément être doté d’une force exceptionnelle. A l’image de sa ville!

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